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1970)
Séquence 1 – Une nouvelle donne géopolitique : bipolarisation et émergence du tiers monde
Walter Lippmann, journaliste américain, inventa en 1947 l’expression « Guerre froide ». Cette expression n’est pas
satisfaisante. Pour preuve, dès 1950, la guerre de Corée montre que les choses vont plus loin qu’une tension. De plus,
la notion de guerre froide est eurocentrée, l’Asie (Corée, Indochine) et l’Afrique ont été très touchées, ainsi que
l’Amérique latine. C’est pourquoi SOUTOU préfère parler de « conflit Est-Ouest »
C’est un conflit global, qui a eu des répercussions dans la culture, l’économie, les sciences.
La Guerre froide n’est pas seulement une affaire américano-soviétique, elle a impliqué toute l’Europe de l’Ouest, et
toute l’Europe de l’Est.
Pourquoi cette Guerre froide n’a pas débouché sur une guerre mondiale ? L’existence de l’arme nucléaire n’est pas la
seule réponse. Certes, à partir des années 70, les négociations nucléaires deviennent un élément essentiel des relations
américano-soviétiques, mais pour les Soviétiques, la guerre nucléaire est toujours restée une possibilité.
Quelles peuvent être les autres raisons, alors ? D’abord, ce conflit Est-Ouest est fondamentalement idéologique et
politique, il ne s’agit pas de prendre des territoires à l’adversaire mais à le transformer de l’intérieur.
Comment l’antagonisme entre les deux superpuissances est-il devenu un élément de structurant de l’organisation
du monde dans la seconde moitié du XXe siècle ?
1. L’engrenage
La conférence de Potsdam du 17 juillet au 2 août 1945 confirme celle de Yalta : la reconstruction de l’Europe libérée
ne se fait pas selon une collaboration universelle. Les puissances libératrices gardent une influence dans les pays
libérés à condition d’y établir des régimes démocratiques.
Le terme « démocratie » est polysémique. Dans l’idéologie libérale, les élections libres sont la garantie de la
démocratie. Dans l’idéologie communiste, seul le parti communiste est réel représentant du peuple ➝ démocratie
libérale vs démocratie sociale (ou démocratie populaire).
La tactique du salami : expression du chef du parti communiste hongrois, Mattias Rakóczi. Il s’agit d’une tactique
politique où l’on prend le pouvoir tranche par tranche.
Les leaders communistes de certains pays d’Europe de l’est bénéficient du prestige de la résistance et du soutien
logistique et financier de l’URSS. Ils annexent ou calomnient et disqualifient peu à peu tous les partis d’opposition.
De plus, ils obtiennent les postes-clés (notamment les ministères de l’intérieur : contrôle des forces de l’ordre) et
finissent par prendre le pouvoir même s’ils ne représentent qu’une minorité à l’assemblée qui finit par être renversée.
Le processus prend un an à Georgi Dimitrov en Bulgarie (1945), trois ans à Bolesław Bierut en Pologne (1947), quatre
ans à Mattias Rakóczi en Hongrie (1949). En Yougoslavie, Josip Broz Tito met en place en novembre 1945 une
dictature indépendante sur le modèle de l’URSS, imité par Enver Hoxha en Albanie.
La Tchécoslovaquie est un modèle de démocratie à la frontière de l’Autriche et de l’Allemagne. En mai 1946, avec
38% des sièges à l’assemblée, le PC compose le gouvernement du président démocrate Edvard Benes avec le
communiste Klement Gottwald à la tête du gouvernement.
Coup de Prague : le 20 février 1948, tous les membres du gouvernement alliés aux communistes démissionnent pour
provoquer une élection. Il dénonce un coup d’état communiste.
Le Premier ministre PC Klement Gottwald dénonce dans la presse un coup d’état impérialiste et appelle l’aide
soviétique. Le Secrétaire général du PC Rudolf Slanksi organise de puissantes manifestations de soutien. En
compromis, les ministres démissionnaires sont remplacés par des membres de l’aile gauche du parti social-democrate
qui fusionne avec le PC dans les jours qui suivent.
Jan Masaryk, seul ministre socialiste qui ne démissionne pas est assassiné le 10 mars.
Le 9 mai 1948, la constitution de la République populaire de Tchécoslovaquie est proclamée, des élections à parti
unique ont lieu en juin.
La Chine et la Grèce sont en guerre civile, l’URSS mène des offensives diplomatiques vers la Turquie et l’Iran : les
ambitions soviétiques sont flagrantes.
Réaction de Truman : discours au Congrès le 12 mars 1947 (prétexte d’envoyer des fonds à la Turquie et à la Grèce).
Il proclame que les États-Unis sont les champions du monde libre face au totalitarisme soviétique et avance un
appareil rhétorique antifasciste devient anti-communiste le « Containment » : le secrétaire d’État américain George
Marshall a pour mission d’endiguer le communisme.
Le 5 juin 1947, il présente le Plan Marshall : aide financière pour désamorcer la crise sociale qui fait le lit du
communisme et en parallèle création d’un marché européen offert à l’offre américaine. Une solidarité naît entre les 16
pays européens qui l’accepte : l’atlantisme. Dans chacun de ses pays, les partis communistes sont désavoués (surtout
en France et en Italie, champions de la résistance).
Le 22 septembre 1947, le Kominform est fondé lors de la Conférence de Varsovie, réunissant l’ensemble des pays du
bloc communiste. L’idéologue Andrei Jdanov appelle les partis communistes du monde entier à résister à
l’oppression impérialiste (là aussi, rhétorique antifasciste) et à rejoindre les « démocraties populaires ».
2. La cristallisation
24 juin 1948 : Blocus de Berlin. Staline dénonce la conférence de Londres d’avril 1948 (FR/GB/EUA prévoient de
fusionner leurs trois zones d’occupation) en isolant Berlin Ouest. Un pont aérien par l’aéroport de Tempelhof est
assuré au quotidien. Après 11 mois de tensions, Staline cède le 12 mai 1949.
RFA crée en février 1949, RDA à l’automne. Berlin ouest, vitrine de l’économie de marché est subventionnée par
Bonn (Konrad Adenauer) et les États-Unis.
Si la Turquie, la Grèce et l’Iran demeurent dans le camp occidental, la Chine est une perte importante (abandon par les
Américains des nationalistes qui perdent Pékin en janvier 1949. Le 1 er octobre 1949 : proclamation de la RPC et
alliance sino-soviétique : expansion communiste en Asie).
L’ONU donne un mandat pour riposter, profitant d’une absence des Soviétiques qui refusent de siéger car l’ONU ne
reconnait pas la RPC, c’est Taiwan qui siège au conseil de sécurité permanent.
Le général McArthur (au nom de l’ONU mais c’est clairement l’armée américaine) repousse les nordistes en deux
mois puis entre au nord vers la frontière chinoise. C’est une erreur tactique.
16 octobre 1950 : la Chine entre en guerre avec le soutien soviétique. En quatre mois, retour des forces du Nord à
Séoul.
Débat : McArthur souhaite larguer une bombe atomique en Mandchourie, Truman et Atlee (GB) sont pour revenir au
statu quo ante. L’opinion américaine est mal informée, les journalistes ont peu d’images. Cela tourne au débat
républicains/démocrates dans un climat de Maccarthysme qui décrédibilise les Républicains.
McArthur est viré. Début des négociations (1951 – 1953) : 27 juillet 1953 : armistice de Pan Mun Jon au 38 e parallèle,
deux millions de morts, deux dictatures coréennes se regardent.
Au final, le bloc occidental a eu une frayeur et le reconstruction de la RFA et du Japon deviennent une priorité (débat
CED, réarmement allemand ou pas, veto français en 1954, entente gaullistes/communistes). La Chine porte les
couleurs du communisme en Asie. Soutien essentiel face aux Français en Indochine (Dien Bien Phû, 1954).
Le bloc occidental se protège à ses frontières : OTAN (1949) accueille Grèce, Turquie (1952) et RFA (1955). Dans
le Pacifique et en Asie avec l’Australie, la NZ, les Philippines, la Thailande, le Pakistan c’est l’OTASE (moins
intégrée que l’OTAN).
Le bloc communiste riposte : Pacte de Varsovie (1955) : escalade militaire certes mais pas de guerre mondiale.
La coexistence pacifique n’a rien de pacifique. Elle correspond en fait à un changement de stratégie dans chaque bloc :
une rivalité moins frontale, dans des domaines plus variés.
Khrouchtchev n’est pas Staline. Il change de stratégie : développer économiquement l’URSS pour en faire un modèle
et faire de l’URSS le champion de la cause anticoloniale pour rallier les peuples colonisés au communisme.
Eisenhower n’est pas Truman : du containment au roll-back (le refoulement) : les États-Unis veulent être champion de
la paix. Eux aussi soutiennent la cause anticoloniale contre les vieilles puissances. Il fait l’erreur de ne pas soutenir
Fidel Castro en 1959 qui se tourne vers Soviétiques.
1961 : JFK : New Frontier : continuation du roll-back par tous les moyens et dans tous les domaines.
Focus : l’armement
1949 : Bombe A soviétique, 1952 : bombe H américaine : équilibre de la terreur, 1953 pour l’URSS. Les Soviétiques
ont de l’avance. En 1957, ils peuvent atteindre le sol américain et il lance le satellite Spoutnik.
Première crise : Berlin, vitrine du bloc ouest et point de fuite des dissidents de RDA. MK exige un statut de ville libre
débarrassée des Américains en janvier 1959. Ça piétine et finalement le 25 juillet 1961, JFK se rend à Berlin. NK
furieux ➝ Mur de Berlin 12/13 août 1961 : gros symbole.
La crise de Cuba a révélé la possibilité de négocier : cela devient plus fréquent par la suite, on parle alors de détente.
1. Caractéristiques de la détente
Hypothèse de Soutou : processus de transformation en profondeur du système international devant mener à la fin du
communisme en Europe de l’Est début dès la fin des années 1960, notamment avec le « choc Nixon » de 1971 et
l’Ostpolitik (qui dans un 1er temps semble profiter à l’URSS mais finalement ne sait pas en tirer parti).
Phénomène surtout européen. La détente ne signifie pas la fin de la rivalité mais plutôt son déplacement. Plus
vraiment de crise en Europe avant les années 80 ➝ déplacement vers le Tiers-monde, Amérique latine, Asie, Afrique.
1963 : premier traité de non-prolifération nucléaire (traité de Moscou) entre EUA, GB et URSS puis sous l’égide
de l’ONU en 1968 la culture pacifiste interfère avec la culture de guerre froide. Les générations changent, les
représentations aussi :
o Ostpolitik : à partir de 1966, le ministre des affaires étrangères allemandes Willy Brandt inaugure
l’Ostpolitik. Il est ensuite chancelier de 1969 à 1974. C’est la reconstruction culturelle de la nation
allemande ➝ Le Warschauer Kniefall (l’agenouillement de Brandt devant la plaque commémorative du
soulèvement du ghetto de Varsovie) à l’occasion de la ratification du traité de Varsovie qui reconnait les
frontières polonaises par la RFA après une longue histoire tumultueuse. Cela replace les relations
germano-polonaises dans une plus longue temporalité que la guerre froide. Brandt reçoit le Prix Nobel de
la paix en 1971
Dans les années 1968-1969, les arsenaux stratégiques des deux superpuissances se trouvent en situation de parité. Les
deux protagonistes (Lyndon Johnson puis Richard Nixon / Leonid Brejnev) réalisent que la course aux armements
nucléaires risque à la fois d’imposer aux économies des coûts insupportables et de menacer la stabilité internationale
de 1962.
Richard Nixon et Henry Kissinger : politique extérieure réaliste va bien avec Brejnev : mettre États-Unis et URSS sur
un pied d’égalité stable.
Cet accord n’entraîne pas de réduction des armements stratégiques offensifs ni aucune forme de désarmement, mais,
pour la première fois, fixe un plafond au niveau atteint au moment de sa conclusion pour deux catégories
d'armements : les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) et les missiles balistiques lancés depuis des sous-
marins.
Les bombardiers stratégiques et les autres armes nucléaires américaines et soviétiques déployées en Europe ne sont
pas couvertes par cet accord.
Période complexe : point d’orgue de la détente mais les tensions EUA/URSS perdurent.
CSCE (Commission on Security and Cooperation in Europe) ouvre le 3 juillet 1973 à Helsinki.
3 grands thèmes :
questions politiques et problèmes de sécurité (= reconnaissance des frontières, enjeu soviétique)
questions économiques
liberté de circulation des idées et des personnes (= droits de l’Homme, enjeu occidental)
Notion de « sécurité en Europe » n’a pas le même sens pour les 2 camps : confirmation de l’Europe communiste pour
l’URSS ; érosion de l’intérieur du communisme en Europe orientale pour l’Occident (tjr pareil).
Sur le moment, pessimisme en Occident, impression que l’URSS est le grand vainqueur
Pour Syrie et Liban : lors de la défaite française, le Reich ne fournit aucune aide à Vichy pour tenir ses mandats et doit
évacuer le 12 juillet 1941
> les Alliés déploient des armées
> en 1945 : tentative d’imposer la présence de l’armée française, situation insurrectionnelle inquiète la GB qui met un
ultimatum > indépendance
Dans les anciens mandats britanniques (officiellement, Irak/Jordanie/Egypte sont des monarchies indépendantes
depuis les années 1930 mais divers prétextes ont permis à la GB de garder main mise sur leurs politiques extérieures et
armées)
> alternance entre négociations et coups de pression
> les coups de pressions britanniques excitent de plus en plus les jeunes officiers nationalistes
> coups d’Etats
Egypte : coup d’Etat des officiers libres dans la nuit du 22 au 23 juillet 1952
> Nasser dirige le gouvernement, puis abolition de la monarchie en 1953
Irak : 1958
Jordanie : maintien monarchie sous influence britannique
En Inde : négociation
L’Inde est la matrice des mouvements indépendantistes. Le mouvement Quit India (1942) de Gandhi a profité de la
Seconde Guerre mondiale pour rendre impossible le maintien des Britanniques dans le pays. Le dernier vice-roi des
Indes, Lord Mountbatten, négocie l’indépendance. Une fédération mélangeant hindous et musulmans est inventée.
Ali Jinnah, ancien membre du Congrès puis de la ligue musulmane (1916), inquiet pour les musulmans, violences
communautaires au nord du pays ➝ Partition négociée avec Gandhi ➝ Deux états prennent leur indépendance le 15
août 1947 : l’Union indienne de Nehru et le Pakistan de Jinnah (en deux parties).
> Faites le PPO Indochine et Vietnam du manuel (p. 156-157, questions 1 à 4 puis la carte mentale)