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Dissertation-Rire-Savoir - 240329 - 201858 - Copie
Dissertation-Rire-Savoir - 240329 - 201858 - Copie
Sujet : Gargantua est-il comme l'affirme Montaigne dans ses Essais un ouvrage «
simplement plaisant ?
Gargantua de Rabelais est publié en 1544 alors que l'Humanisme est en plein essor. Le roman
détone dans le paysage littéraire car il est un mélange de réflexions sérieuses et de propos plus
comiques dans la tradition du carnaval moyenâgeux. Cette double dimension a dérouté bon
nombre de critiques qui voient dans ce roman tour à tour un livre sérieux ou un livre divertissant.
Ou
Gargantua de Rabelais est publié en 1544. Ce chef d’œuvre de l’Humanisme est d’abord un
roman très érudit. Mais c’est aussi une œuvre destinée à faire rire, qui n’hésite pas à utiliser toutes
les formes de comique, de la plus raffinée à la plus grossière. Le savoir est pourtant
traditionnellement considéré comme une chose sérieuse, voire austère. Rabelais explique dans le
prologue comment rire et savoir peuvent se concilier : il ne faut pas s’arrêter à l’aspect comique de
son œuvre, mais lire « à plus haut sens » c'est-à-dire en cherchant un sens plus élevé, pour pouvoir
en tirer la « substantifique moelle ». le rire ne serait ainsi que l’aspect le plus superficiel du texte, qui
cacherait en réalité un savoir profond.
Sujet / problématique (ex : Nous nous interrogerons alors sur ce qui fait la complexité du roman.
Si dans un premier temps, nous pouvons voir dans Gargantua un ouvrage divertissant, nous verrons
que sous cette image se cachent des réflexions humanistes.)
Annonce du plan
(ex : Le rire n’est-il qu’une manière de rendre plaisant le savoir qui, lui, reste toujours sérieux ? ne
peut-on pas dire aussi qu’on acquiert aussi bien un savoir par le rire lui-même ?etc etc)
I. un roman divertissant
Ccl : Le rire en lui-même a pour seul but le comique, c'est-à-dire qu'il existe pour surprendre et
distraire. Le rire dans Gargantua est largement présent car comme nous le rappelle Rabelais dans
son « avertissement au lecteur » : « le rire est le propre de l’homme ».
A. Le savoir a, depuis toujours, été associé au sérieux, s’opposant donc à l’essence même du rire.
- En effet, le rire est une réaction de l’esprit et du corps provoquée par le comique. Plus
encore, le rire a longtemps été condamné car associé à la folie.
- Ce rire permet au lecteur de découvrir un nouvel univers, celui des géants. Il est donc
d’abord associé aux personnages.
- Le comique de caractère est manifeste : avant d’être éduqué, Gargantua « se vautrait
dans les ordures… pissait sur ses souliers ». Les exploits guerriers de frère Jean au chapitre 27 fonçant
dans le tas des ennemis pour sauver le vin de l’abbaye plus que l’abbaye elle-même est bien
évidement très risible pour le lecteur qui facilement s’imagine la scène tant elle est imagée.
- Le rire peut prendre aussi la forme d’un comique verbal qui permet de créer tout un
univers aux contours fantasques. La langue de Rabelais est riche et haute en couleur. L’auteur utilise
avec profusion des néologismes comme « torcheculatif », au chapitre 13, forgé à partir du nom
« torchecul » qui désignait un valet d’écurie, ou une chose sans importance.
- La cacophonie culmine au chapitre 5 "Les propos des bien-ivres" : il utilise de
nombreuses énumérations, jeux de mots, pour provoquer un vertige comique pour le lecteur pris
dans ce flux de paroles.
- Ainsi, dans Gargantua, on assiste au triomphe d’une joie libre, sans queue ni tête pour
le plus grand plaisir du lecteur
CCL : le rire s’oppose au savoir. Rabelais a inventé un terme dans le Quart Livre pour désigner ceux
qui ne savent pas rire : « les agelastes » : ce sont ceux-là même que l’auteur cherche à critiquer ; ils
sont avant tout les théologiens de la Sorbonne, ennemis de Rabelais. Mais les cibles sont bien plus
nombreuses. (transition) Aussi le rire pourrait avoir une visée bien plus sérieuse qu’il n’y parait.
Rabelais sait également faire son rire discret lorsqu’il s’agit de donner une leçon de morale ou de
parler de thèmes plus sérieux. Alors rire et savoir s’associent, le rire donnant un caractère plaisant au
discours sérieux.
III Le rire peut dans certains cas donner une leçon de morale
et contribue à mettre en valeur les idées humanistes de Rabelais.
Ccl : Parce qu’il permet de faire preuve de lucidité et de sens critique, le rire permet de démasquer
les illusions d’un savoir qui serait trop sûr de lui. Il permet un certain relativisme, c'est-à-dire la
conviction qu’il n’existe pas de vérité absolue mais que la vérité est toujours à construire par soi-
même. Satire, parodie et ironie sont donc trois formes comiques qui permettent d’instaurer une
distance salutaire. Le rire est donc définitivement au service de la réflexion c'est-à-dire la recherche
de la vérité au-delà des certitudes toujours provisoires et fragiles de l’humanité.
Conclusion
(Après le bilan des axes, qq chose comme : ) Gargantua est réellement une œuvre comique
et drôle. Ce rire s’associe au savoir, comme une sorte de faire valoir. Par le rire, le lecteur apprend à
mettre à distance le savoir, à en critiquer les méthodes, à en examiner les résultats. Grâce au rire, rien
n’est jamais tenu pour acquis. Le rire apporte la nuance, permet de rejeter les faux savants et les
illusions d’un savoir trop assuré au profit d’un savoir qui s’interroge sur lui-même. Etre capable de
rire du savoir, c’est obéir pleinement aux principes de l’humanisme : la quête de la connaissance du
monde doit s’accompagner d’une quête de la connaissance de soi.