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Sujet : Le rire ne sert-il qu'a créer une critique à distance avec le savoir ?

Sujet : Gargantua est-il comme l'affirme Montaigne dans ses Essais un ouvrage «
simplement plaisant ?

Gargantua de Rabelais est publié en 1544 alors que l'Humanisme est en plein essor. Le roman
détone dans le paysage littéraire car il est un mélange de réflexions sérieuses et de propos plus
comiques dans la tradition du carnaval moyenâgeux. Cette double dimension a dérouté bon
nombre de critiques qui voient dans ce roman tour à tour un livre sérieux ou un livre divertissant.

Ou

Gargantua de Rabelais est publié en 1544. Ce chef d’œuvre de l’Humanisme est d’abord un
roman très érudit. Mais c’est aussi une œuvre destinée à faire rire, qui n’hésite pas à utiliser toutes
les formes de comique, de la plus raffinée à la plus grossière. Le savoir est pourtant
traditionnellement considéré comme une chose sérieuse, voire austère. Rabelais explique dans le
prologue comment rire et savoir peuvent se concilier : il ne faut pas s’arrêter à l’aspect comique de
son œuvre, mais lire « à plus haut sens » c'est-à-dire en cherchant un sens plus élevé, pour pouvoir
en tirer la « substantifique moelle ». le rire ne serait ainsi que l’aspect le plus superficiel du texte, qui
cacherait en réalité un savoir profond.

Sujet / problématique (ex : Nous nous interrogerons alors sur ce qui fait la complexité du roman.
Si dans un premier temps, nous pouvons voir dans Gargantua un ouvrage divertissant, nous verrons
que sous cette image se cachent des réflexions humanistes.)

Annonce du plan
(ex : Le rire n’est-il qu’une manière de rendre plaisant le savoir qui, lui, reste toujours sérieux ? ne
peut-on pas dire aussi qu’on acquiert aussi bien un savoir par le rire lui-même ?etc etc)

I. un roman divertissant

A) une histoire plaisante •


- Le roman est structuré selon le schéma habituel des contes avec des personnages qui vont
divertir le lecteur.
- Ainsi, Gargantua est un géant dans la lignée des Chroniques réjouissantes du moyen -âge
auxquelles nous renvoie le narrateur au début du chapitre sur la naissance du héros.
- Grandgousier et Gargamelle par leur nom semblent tout droit sortis d'un conte merveilleux
avec des noms qui évoquent leur particularité : un grand gosier pour ce père qui aime « boire sec ».
une mère qui pense plus à se nourrir qu'à accoucher, sans parler de Gargantua dont le nom est
directement dérivé de sa capacité à crier, « que grand tu as » lui dira son père en l'entendant réclamer
« à boire » à peine né. Chapitre 6
- Ce sont donc les aventures joyeuses et divertissantes de ces personnages que le lecteur
suivra au fil d'un roman construit comme un conte.
- En effet, Alcofribas Nasier narre les aventures de Gargantua de sa naissance à son
apprentissage de la royauté.
- La structure est celle des romans de chevalerie et des contes où se succèdent l'éducation du
héros avec les sophistes puis son départ pour Paris afin d'y suivre l'enseignement de Ponocratès.
- La guerre qui oppose les fouaciers de Grandgousier à ceux de Picrochole donnera l'occasion
à Gargantua de s'illustrer dans des prouesses guerrières et de ramener la paix en son pays.
- Le roman s'achève sur la fondation de l'abbaye de Thélème.
- Ainsi, le roman montre la formation d'un géant « niais » et radoteur, sa lente transformation
en un « un roi philosophe » capable de mesure et de sagesse.
B) Un roman du rire
- Référence au dizain initial : il s'agit d'un roman qui ne contient d'autre perfection que celle
du « rire », un roman qui met donc en œuvre tous les ressorts du comique
- Écriture comique qui relève du carnaval, celle de la scatologie célébrant le corps : ex le jeu
de mots sur « flacon », les tripes qui provoquent la naissance.
- Comique de mots aussi avec les jeux de mots qui émaillent le roman ex : « ce bon vin breton
qui ne vient d'ailleurs pas en Bretagne » où le cépage « breton » sert d’accroche à un calembour.
- Rire de connivence avec le lecteur grâce à la parodie ex : l'urine de la jument de Gargantua
qui noie les pèlerins et rappelle le déluge de la Bible = désacralisation des textes sacrés // la naissance
de Gargantua engendré par l'oreille qui rappelle la naissance du Christ, verbe divin.
- Le rire est bien le moteur du roman, et chaque épisode ou presque est associé au comique :
naissance extraordinaire du héros éponyme, éducation farfelue, repas démesurés, situations
cocasses…

C. De ce vertige verbal souvent délirant, à la folie il n’y a qu’un pas.


- En effet, celui-ci est une réaction du corps et en cela, il s'éloigne du savoir. Le rire est provoqué
par une situation comique et n'est pas contrôlable donc ne peut être intellectuel.
- Ainsi, dans Le nom de la rose, Umberto ECO crée un personnage qui dénonce ce
phénomène qu'il désigne comme « l'hérésie des simples ». Il estime que le rire remet en question les
lois et l'ordre établis par Dieu, et pense que c'est l'arme des faibles.
- Dans Gargantua de François Rabelais, le rire est une réaction physique déclenchée par
l'alcool. L'ivresse les fait rire car ils ne peuvent pas se contrôler. Ils tiennent alors des propos décalés
voire fous et expriment tout ce qui leur passe par la tête : « Allez, mon pays, trinque, à ta santé,
compagnon, gaillard, gaillard là, là, là, ça, c'est morfaler » (chapitre 5).
- Ce rire entraîne donc chez ces personnages des comportements déraisonnables.
- Bakhtine dans son ouvrage L’œuvre de François Rabelais explique que le rire
rabelaisien est associé au renversement du monde, au carnaval, et donc à cet instinct débridé
de l’homme : excréments, urine, scatologie participent de ce monde à l’envers et sont comme
une « soupape de sécurité » qui permettent de se libérer de la contrainte.
- Cette carnavalisation du monde que représente aussi Jérôme Bosch dans son tableau
« la Nef des fous » nous montre que le rire, souvent considéré comme folie, permet de
s’affranchir du sérieux du monde.
- Le rire est une réaction du corps que l'on associe à la folie : il est par conséquent ennemi du
savoir, et souvent condamné.

Ccl : Le rire en lui-même a pour seul but le comique, c'est-à-dire qu'il existe pour surprendre et
distraire. Le rire dans Gargantua est largement présent car comme nous le rappelle Rabelais dans
son « avertissement au lecteur » : « le rire est le propre de l’homme ».

II Le rire s’oppose au savoir

A. Le savoir a, depuis toujours, été associé au sérieux, s’opposant donc à l’essence même du rire.
- En effet, le rire est une réaction de l’esprit et du corps provoquée par le comique. Plus
encore, le rire a longtemps été condamné car associé à la folie.
- Ce rire permet au lecteur de découvrir un nouvel univers, celui des géants. Il est donc
d’abord associé aux personnages.
- Le comique de caractère est manifeste : avant d’être éduqué, Gargantua « se vautrait
dans les ordures… pissait sur ses souliers ». Les exploits guerriers de frère Jean au chapitre 27 fonçant
dans le tas des ennemis pour sauver le vin de l’abbaye plus que l’abbaye elle-même est bien
évidement très risible pour le lecteur qui facilement s’imagine la scène tant elle est imagée.
- Le rire peut prendre aussi la forme d’un comique verbal qui permet de créer tout un
univers aux contours fantasques. La langue de Rabelais est riche et haute en couleur. L’auteur utilise
avec profusion des néologismes comme « torcheculatif », au chapitre 13, forgé à partir du nom
« torchecul » qui désignait un valet d’écurie, ou une chose sans importance.
- La cacophonie culmine au chapitre 5 "Les propos des bien-ivres" : il utilise de
nombreuses énumérations, jeux de mots, pour provoquer un vertige comique pour le lecteur pris
dans ce flux de paroles.
- Ainsi, dans Gargantua, on assiste au triomphe d’une joie libre, sans queue ni tête pour
le plus grand plaisir du lecteur

B. La satire des savants


- - Rabelais utilise aussi la parole de ces personnages contre eux-mêmes pour leur faire perdre
toute crédibilité auprès du lecteur.
- - En effet dans le chapitre 19, le discours de Mâitre Janotus est totalement incohérent et n'a
aucune forme précise ni aucun sens.
- - La satire des savants est également présente dans une autre œuvre de l’humanisme : Eloge
de la folie de Erasme. Cette œuvre relève de l’éloge paradoxal : Erasme fait parler la folie qui fait
l’éloge de tous les fous et aussi des savants. Il passe en revue les grammairiens qui « bourrent le
cerveau des enfants de pures extravagances », puis la satire s’attache ensuite aux religieux, aux
évêques et aux souverains pontifes.

C. l'ironie permet une mise à distance du savoir.


- - En effet, elle décrédibilise la connaissance et l'apprentissage en les ridiculisant.
- - De la simple moquerie à la dénonciation, elle contraint les lecteurs à réfléchir sur la
signification profonde de l’œuvre.
- - Les noms inventés par Rabelais sont pleins d’ironie : le précepteur Bridé fournit une
éducation qui sera « bridée » c'est-à-dire sans avenir. Ponocrates dont le nom signifie « dur à la
tâche » amène au contraire son élève vers le vrai savoir humaniste. l’ironie permet la complicité.
- - La longue énumération des connaissances acquises par Gargantua semble démontrer que
l'enseignement suivi, par le jeune géant serait en train de l'élever progressivement au rang de savant.
On peut également relever l’expression : "il devient si sage" lorsque Rabelais décrit Gargantua, à la
fin du chapitre 14.
- - Or on finit par apprendre au chapitre suivant que cette éducation a un effet inattendu :
Gargantua deviendrait "fou", "niais" ,"rêveur" et "rassoté". De cette première éducation du géant, il en
est ressorti que Rabelais nous avait déjà à demi révélé ce changement, à la fin du chapitre 14.
- - Ainsi nous découvrons que Rabelais considérait qu'on n’avait jamais vu un être "mieux sorti
du moule", en parlant de Gargantua.
- - Cela nous montre donc toute l'ironie de ce savoir inculte.
- - L’ironie permet à Rabelais de faire réfléchir le lecteur sur ses certitudes et sur le jeu des
apparences.
- - Voltaire dans Candide en 1759, fait rire du philosophe Leibniz à travers le personnage
de Pangloss.
- - Au chapitre 1, le champ lexical de l'apprentissage vient renforcer ce sentiment d'ironie
envers les scientifiques :"leçon de physique expérimentale ","remplie du désir d'être savante ".
- - Dans cet extrait Voltaire commence donc par expliquer la thèse adverse, qui est celle
de l'optimisme (tout est au mieux dans le meilleur des mondes), il finit en ridiculisant cette façon
de penser "tout fut consterné dans le plus beaux et le plus agréable des châteaux possibles",
alors que Candide vient d'être chassé à "grand coup de pied dans le derrière" et le château
n'est donc plus paisible.

CCL : le rire s’oppose au savoir. Rabelais a inventé un terme dans le Quart Livre pour désigner ceux
qui ne savent pas rire : « les agelastes » : ce sont ceux-là même que l’auteur cherche à critiquer ; ils
sont avant tout les théologiens de la Sorbonne, ennemis de Rabelais. Mais les cibles sont bien plus
nombreuses. (transition) Aussi le rire pourrait avoir une visée bien plus sérieuse qu’il n’y parait.
Rabelais sait également faire son rire discret lorsqu’il s’agit de donner une leçon de morale ou de
parler de thèmes plus sérieux. Alors rire et savoir s’associent, le rire donnant un caractère plaisant au
discours sérieux.
III Le rire peut dans certains cas donner une leçon de morale
et contribue à mettre en valeur les idées humanistes de Rabelais.

A. On retrouve cette morale par le rire dans Gargantua, Visée didactique


- cette morale prend place tout au long du roman et est transmise au lecteur par le biais
du comique rabelaisien qui transporte un message, une idéologie ainsi qu'une philosophie.
- L’un des enjeux majeurs concerne l’éducation et le savoir. Le programme d’étude
préconisé par Ponocrates au chapitre 23 est d’abord comique car il dépasse largement le volume
horaire d’une journée.
- Mais au-delà du comique, cette démesure permet à Rabelais de montrer l’étendue du
savoir humaniste à acquérir.
- A l’inverse, c’est par le rire qu’est condamné la mauvaise éducation des sophistes
donnée par Tubal Holoferme dans les chapitres 14 et 15 : ex alphabet appris à l’endroit et à l’envers,
- Le résultat déplorable de cette éducation prônée par les « docteurs en gai savoir » chap
13, est terrible : le prince Gargantua est incapable de s’intéresser à autre chose qu’à des
« torcheculs ». Il n’est pas prêt à gouverner son royaume : il est « niais ».
- Son père s 'émerveille de l'intelligence de son fils capable de disserter sur les différentes
façons de se torcher tandis que le lecteur qui lui réfléchit s'amuse devant tant d'ignorance.
- Ce qui importe, c'est donc de réfléchir aux connaissances, ce que la seconde éducation
de G. met en œuvre en soulignant les nombreuses discussions entre lui et ses nouveaux maîtres.
L'éducation des Humanistes est donc préférable à celle des Sorbonnards qui ne produisent que des
discours vides.
- Le roman n'est donc pas simplement plaisant, il n'a pas pour unique but le rire, il
propose une réflexion sur les préoccupations des humanistes de l'époque et une réflexion sur
l'époque elle-même.
- Au XVIIe siècle, sur le même modèle les moralistes s’efforcent de dispenser dans leurs
œuvres un savoir moral à travers des formes plaisantes, conformément au principe du « placere
et docere » cad « plaire et instruire ». Les Fables de La Fontaine vulgarisent des propos sérieux en
tournant vers le comique afin d'être mieux compris et appréciés par tous.
- Ainsi la fable a une dimension pédagogique et elle appelle à une lecture qui aille au-
delà de l’aspect comique.

B. Le rire a aussi une fonction satirique qui n’épargne rien ni personne.


- Les chapitres qui abordent le thème de la guerre reposent sur une alternance entre le
comique et le sérieux : la dimension morale n’est jamais loin. Ex ch 33
- Picrochole est ridiculisé par son portrait de souverain colérique
- Picrochole signifie d’ailleurs « mauvaise bile » donc celui qui est poussé par ses
humeurs). Son délire de conquête est moqué et condamné au travers d’Echephron « n'est-ce pas
mieux que dès maintenant nous nous reposions, sans nous mettre dans ces dangers ? ».
- Par opposition, au chapitre 50, dans sa « harangue aux vaincus », Gargantua apparait
comme le modèle du souverain bon et humaniste.
- La religion n’est pas épargnée non plus : il la montre comme pesante, et possédant
trop de règles.
- Rabelais va jouer sur un comique qui va insister sur les erreurs du système qu'il critique.
Dans le chapitre 40, Gargantua dit : "la raison décisive est qu'ils [les moines] mangent la merde du
monde », c'est à dire les péchés. On les rejette comme les « machemerdes » dans leurs couvents,
leurs abbayes, loin de la conversation publique.
- La satire religieuse est féroce : Rabelais condamne sous des aspects comiques les
moines et les excès de la religion.
- Dans Dom Juan de Molière, à la scène 3 de l’acte III, la rhétorique de Sganarelle
est ridiculisée face à son valet, ce qui provoque le rire, empêchant le lecteur de le prendre au
sérieux.
- Dans Bouvard et Pécuchet Flaubert va mettre en exergue le ridicule de ces
personnages en montrant l'inefficacité de leurs méthodes d’apprentissage. On voit donc que
la satire est une arme puissante, s’appuyant sur le rire, pour critiquer et dénoncer.
C. Enfin, le rire peut être mis au service de la connaissance, en permettant par exemple de
combattre les préjugés.
- En effet, dans le prologue de Gargantua, le narrateur livre un mode de lecture de
l’œuvre : il nous invite à voir au-delà de nos premières impressions et des apparences qui peuvent
parfois être trompeuses pour découvrir des vérités cachées.
- Il invite ensuite le lecteur à « rompre l’os et sucer la substantifique moelle ».
- Ainsi, le lecteur doit être capable de comprendre les sous-entendus, capable de
discerner l'ironie de son narrateur et comprendre ce que le roman lui enseigne.
- Rabelais fait ainsi référence aux Silènes, qui étaient des petites boîtes peintes de figures
comiques mais qui contenaient des poudres précieuses.
- Le rire met le lecteur dans de bonnes dispositions pour qu’il puisse s’imprégner des
idées non seulement humanistes, mais aussi philosophiques.
- Fontenelle dans l’épisode de « la dent d’or » extrait d’Histoire des oracles
propose aussi de démasquer ces faux savants, ceux qui glosent et font des livres avant de
vérifier la véracité des informations. Le texte est chargé de critique adossée à la plaisanterie.

D. Enfin, le rire est libérateur, c’est un rire qui appelle à la sagesse.


- de nombreux érudits se montrent prétentieux par leurs connaissances qui s'avèrent
limitées.
- Si tout est raconté en riant, c’est aussi pour apprendre à vivre avec plus de légèreté en
ayant acquis un savoir solide.
- le roman débute avec le poème des « Fanfreluches antidotées » mais il se clôt avec la
description de l’abbaye de Thélème, symbole du triomphe du savoir.
- Si les lecteurs de l'époque peuvent voir que Rabelais joue des différents genres (celui du
roman de chevalerie ou de la farce), ils constatent également qu'il ouvre la voie à une nouvelle forme
romanesque.
- Ce modèle est celui qui inspirera la littérature à venir par la réflexion sur la langue qu'elle
propose, celle qui mêle poésie et fantaisie par exemple au chapitre des « bulle d'air immunisées »
n'est pas sans évoquer pour nous le travail surréaliste.
- de même, la satire de la religion nous fait penser à la « Prière à Dieu » de Voltaire, dans
laquelle il manie l’ironie afin de lancer un véritable appel à la tolérance religieuse.
- De même, la parodie de guerre nous fait penser à Candide ou à l'article « Guerre » du
Dictionnaire philosophique de Voltaire.

Ccl : Parce qu’il permet de faire preuve de lucidité et de sens critique, le rire permet de démasquer
les illusions d’un savoir qui serait trop sûr de lui. Il permet un certain relativisme, c'est-à-dire la
conviction qu’il n’existe pas de vérité absolue mais que la vérité est toujours à construire par soi-
même. Satire, parodie et ironie sont donc trois formes comiques qui permettent d’instaurer une
distance salutaire. Le rire est donc définitivement au service de la réflexion c'est-à-dire la recherche
de la vérité au-delà des certitudes toujours provisoires et fragiles de l’humanité.

Conclusion

(Après le bilan des axes, qq chose comme : ) Gargantua est réellement une œuvre comique
et drôle. Ce rire s’associe au savoir, comme une sorte de faire valoir. Par le rire, le lecteur apprend à
mettre à distance le savoir, à en critiquer les méthodes, à en examiner les résultats. Grâce au rire, rien
n’est jamais tenu pour acquis. Le rire apporte la nuance, permet de rejeter les faux savants et les
illusions d’un savoir trop assuré au profit d’un savoir qui s’interroge sur lui-même. Etre capable de
rire du savoir, c’est obéir pleinement aux principes de l’humanisme : la quête de la connaissance du
monde doit s’accompagner d’une quête de la connaissance de soi.

C’est là une manière de comprendre ce célèbre adage rabelaisien du chapitre 8 de


Pantagruel : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». le rire apporte au savoir la distance
et la conscience sans lesquelles il resterait vain.

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