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EXPLICATION LINÉAIRE N°6 : ENTRETIEN D’UN PÈRE AVEC SON FILS

Introduction.
Manon pousse son amant des Grieux à escroquer avec elle, le fils du riche GM
qui l’entretient. Mais leur plan échoue, emprisonné au Châtelet, le chevalier
des Grieux reçoit la visite de son père, extrêmement en colère et déçu.

Nous allons procéder désormais à la lecture

Comment le père de Des Grieux incarne-t-il une sorte de contrepoint moral


dans ce passage ?

Mouvement 1 : une arrivée inattendue théâtrale du père, allant de la Ligne 1 à


sept
Mouvement 2 : première partie du discours du père : les reproches d’un père,
de la ligne huit à 13.
Mouvement 3 : deuxième partie du discours du père, la douleur d’un père,
long de la ligne 14, jusqu’à la fin

Mouvement 1
Sous forme d’un passage narratif, des Grieux, nous annonce l’arrivée
inattendue du père à la prison du Châtelet. Cette arrivée crainte par le fils
semble déranger des Grieux.
“J’étais à m’entretenir tristement de mes idées”(l.1), ce début de phrase est
marquée par la présence du pronom personnel, de la première personne du
singulier, qui montre une sorte d’égoïsme de Des Grieux, qui est trop enfermé
sur sa propre personne, et qui semble s’apitoyer sur lui meme “tristement”
avec l’emploi de l’adverbe, “et à réfléchir sur la conversation que j’avais eue
avec M. le Lieutenant général de Police” (l.1 à 2), sa situation délicate nécessite
l'aide du lieutenant général de police. “Lorsque j’entendis” (l.2), marque la
surprise de la visite. La ponctuation : les 2 points apportent une explication et
montrent l’identité de la personne qui arrive dans la chambre.
C’était mon père qui qualifie cette entrée de scène théâtrale, “quoi que je
dusse être à demi préparé à cette vue, puisque je m’y attendais quelques
jours plus tard, je ne laissais pas d’en être frappé si vivement que je me serais
précipité au fond de la terre, si elle s’était entrouverte à mes pieds” (l.3 à 5),
cette longue phrase qui montre l’état d’esprit dans lequel se trouve des
Grieux. Il a une appréhension : rencontrer son père car il sait que cette
rencontre ne sera pas facile pour lui.
La crainte de la rencontre est exprimée par la figure de style imagée “que je
ne serai précipité, au fond de la terre, si elle était entrouverte à mes pieds”
(l.5), Qui laisse penser que la relation que Des Grieux à avec son père est une
relation difficile depuis qu’il fréquente Manon contre l’avis de son père. Elle
exprime, elle signifie également qu’après avoir commis un grave, et vil délit,
des Grieux n’a pas le courage d’affronter son père.
Et pourtant, il y a un sentiment de tendresse et d’affection qui le lie à son
père, “j’allais l’embrasser, avec toutes les marques d’une extrême confusion”
(l.5 à 6), “il s'assit sans que ni lui ni moi eussions encore ouvert la bouche” (l.6 à
7), il s’assis, désigne le refus du père, du moindre élan de tendresse, de son
fils envers lui. Il met une distance entre lui et son fils, qui laisse entendre que
le père n’est pas satisfait de l’attitude du fils.

Mouvement deux de la ligne huit, la ligne 13,

Après un paragraphe narratif, le deuxième mouvement est le début du


discours du père. Un discours précédé par l’attitude, adopté par des Grieux,
“comme je demeurai, debout, les yeux, baisser la tête, découverte” (l.8), une
attitude d’accusé, il se tient debout et semble prêt à assister à son procès de
honte : “les yeux baissés”, de respect : “la tête, découverte,” “asseyez-vous”,
“monsieur”, “asseyez-vous”, “gravement” (l.8 et 9), et la colère du père montre la
froideur du père. On remarque la répétition de “asseyez-vous” qui montre
l’agacement du père et de l’adverbe “gravement”, l’implication affective, le
terme monsieur, apporte une distanciation entre lui et son fils.
Le père, ensuite, après lui avoir donné l’idée de s'asseoir, lui reproche son
attitude immorale. Il est celui qui représente la moralité chez l'abbé Prévost,
alors que des Grieux tombe dans l’immoralité.
Cette immoralité est désignée par des termes condamnant son rapport aux
femmes “libertinage” (l.9) et “friponnerie” (l.10), il faut noter préalablement que
toute cette première partie du discours est sur un ton ironique, tout d’abord
par l’expression grâce au scandale, en effet, l’attitude immorale de des Grieux
est accentuée par le registre ironique, “grâce au scandale” (l.9) “mérite tel que
le vôtre” (l.10 à 11), “vous allez à la renommer” (l.11), “j’espère que le terme en
sera bientôt la grève” (l.12).
Il lui reproche d’avoir mal agi et de faire en sorte que ses crimes soient
connus par tout le monde. “C’est l’avantage d’un mérite tel que le vôtre de ne
pouvoir demeurer cacher” (l.10 à 11). Il en vient même à lui souhaiter d’être
exécuté, “j’espère que le terme sera bientôt la grève” (l.12), j’espère ici on a
l’emploi du verbe espérer, le mot “terme” qui signifie la fin et bientôt qui est un
adverbe du temps.
En effet, la grève est une place où les condamnés à mort sont exécutés. Sa
colère le conduit à dire encore plus et d’être plus méchant envers son fils,
“être exposé à l’admiration de tout le monde” (l.13).
Les crimes que des Grieux sont si insupportables au point qu'il en est à le voir
mourir et exposé sur la place public. C’est dire la colère qu’il ressent envers
lui.

Le mouvement trois est la suite du discours du père qui passe de la colère


aux mentalités. Face à ce flot de paroles colériques, des Grieux adopte le
silence. “Je ne répondis rien” (l.14), on n’en serait à se demander si il s’agit de
la sorte parce qu’il ressent de la honte, de l’indifférence ou est-ce un simple
calcul, atteindre patiemment que son père finisse son discours, qu’il s’en aille,
pour qu’il puisse se concentrer sur la douleur de la séparation avec Manon.
Ce qui permet au Père le contrarier, “il continua” (l.14), “Qu’un père est
malheureux, lorsqu’après avoir aimé tendrement un fils et en avoir rien
épargné pour en faire un homme honnête, il n’y trouve à la fin, qu’un fripon
qui le déshonore” (l.14 à 16). On remarque que le père parle de lui-même à la
troisième personne du singulier. Il remplace le “je” par “il”, il devient dès lors
une personne morale, il st loi morale face à temps d’immoralité. Toutefois, il
revient sur deux éléments qui sont marquants à ses yeux, l’amour qu’il a
donné à son fils, “après avoir aimé tendrement un fils” (l.14 à 15) et l’éducation
parfaite d’un noble, “n’avoir rien épargné pour en faire un honnête homme”
(l.15),

Or, il ne peut constater que l’échec, “il n’y trouve à la fin qu’un fripon qui le
déshonore” (l.15 à 16), le résultat final malgré l’amour est une bonne éducation,
si bien décevant, l’emploi de la négation restrictive ne….que suivi du groupe
nominal, un fripon ainsi que l’exclamation insiste sur le côté négatif de Des
Grieux qui, au lieu de se comporter, en honnête homme, en un jeune homme
dont l’éducation est basé sur l’honneur.

Tout en lui, respire, selon son père, le vice et la malhonnêteté. “On se console
d’un malheur de fortune : le temps, l’efface, et le chagrin diminue ; mais quel
remède contre un mal qui augmente tous les jours, telles que les désordres
d’un fils vicieux, qui a perdu tout sentiment d’honneur” (l.15/16/17)
On sent que le père est abattu, qu’il a tout essayé, et qu’il n’a plus la moindre
solution au mal qui ronge des grieux. “Quel remède contre un mal”. On
remarque ici l’emploi du lexique de médecine.
Il oppose ici un mal passager, “un malheur de fortune” au mal permanent,
celui de l'amour, maudit que ressent des Grieux pour Manon, qui le pousse à
trahir les valeurs sociales et familiales, que son père lui a inculquées. à cause
de cette annonce, que le père qualifie de mal, il a perdu tout sens de
l’honneur.

“Tu ne dis rien” (l.19) indique le silence du fils. Le prochain passage, nous
indique que le père perd patience, et qu’il est sous le coup de l’émotion.
L’adjectif pour nommer son fils “malheureux”, Voilà ce que pense le père de
Des Grieux, de plus, l’impératif “voyez” qui prend à témoin Des Grieux,
hypocrite de menteur, (modestie fausse) (l19), Ces phrases qui servent à
désigner, témoignent ici qu’il a du dédain, du mépris pour le fils, et toujours
avec une prise à témoin, comme si le père est devant des gens, un public, des
personnes, comme dans un procès. La double oxymore : “douceur, hypocrite”,
“modestie contrefaite”, montre que des Grieux fait de la simulation, de la
dissimulation et fait preuve d’une absence de sincérité. Le père dénonce la
double nature de des Grieux, qui se fait passer pour ce qu’il n’est pas.
“ne le prendrait-on pas pour le plus honnête homme de sa race” (l.20) qui vient
conclure le discours du père, “ne le prendrait-on pas”, l’emploi du “le plus”
superlatif de sa race, renvoie à son sang, sa noblesse de honnête, homme,
qualité morale, ces deux aspects que des Grieux, selon le père à renié.

Un face à face intense entre un père déçu et un fils indifférent au désespoir


du père. Des Grieux ne pense qu’à Manon, il ne peut plus donner de
l’importance à autre chose. Le père veut jeter au visage de “des Grieux”, toute
sa déception, mais des Grieux, trop amoureux, ne peut écouter un tel
discours, il adopte une attitude silencieuse qui ne fait qu’augmenter la rage
du père car il ne sait plus quoi penser.

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