Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L’expression
“appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d’utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l’attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d’afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère.
En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le frano̧ais, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adresse http://books.google.com
INSTI
T
n
DOMI MINA
NUS MEA
ILLU TIO
V L
N
VM1 . 1784 ( 2)
Zate
152
coll. 24.4.63 /
1
ŒUVRES
COMPLÈTES
DE
M. DE MONTESQUIEU.
TO M. II.
DES
LOIS.
DE
L'ESPRIT
DES LOIS.
NOUVELLE EDITION ,
TOME SECON D.
M. DCC. LXXXIV.
INS
TIT
UTI
OR
O
YL
31 JUL 1965
RD
OF OXFO
AR
LIBR
DE L'ESPRIT
DES
LOIS.
Tom. 11.
DE
L'ESPRIT
DES LOI S.
LIVRE X.
CHAPITRE PREMIER,
De la force offenfive.
CHAPITRE II.
De la guerre.
CHAPITRE III.
Du droit de conquête.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
R
S
LO
T
RD
FO '
0
LIV. X. CHAP. VI. II
CHAPITRE VI.
CHAPITRE VII. .
Continuation du mêmesujet.
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE IX .
1
D'une monarchie qui conquiert autour d'elle.
CHAPITRE X.
D'une monarchie qui conquiert une autre mo¬
narchie.
CHAPITRE XI.
CHAPITRE XII.
B
1.8 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XIII.
CHARLES XII.
CHAPITRE XIV.
ALEXANDRE.
Ibid.
Ibid.
Ibid. liv. III.
22 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
C'eft ainfi qu'il fit fes conquêtes : voyons com
ment il les conferva.
Il réfifta à ceux qui vouloient qu'il traitât [e]
les Grecs comme maîtres , & les Perfes comme
efclaves il ne fongea qu'à unir les deux na-
tions , & à faire perdre les diftinctions du peuple
conquérant & du peuple vaincu : il abandonna
après la conquête , tous les préjugés qui lui
avoient fervi à la faire : il prit les mœurs des Per-
fes , pour ne pas défoler les Perfes , en leur faiſant
prendre les moeurs des Grecs ; c'eſt ce qui fit
qu'il marqua tant de refpect pour la femme &
pour la mere de Darias , & qu'il montra tant de
continence. Qu'est-ce que ce conquérant , qui eft
pleuré de tous les peuples qu'il a foumis ? Qu'eft-
ce que cet ufurpateur , fur la mort duquel la fa-
mille qu'il a renversée du trône , verſe des lar-
mes? C'eſt un trait de cette vie , dont les hiſto-
riens ne nous difent pas que quelqu'autre con-
quérant puiffe fe vanter.
Rien n'affermit plus une conquête , que l'u-
nion qui fe fait des deux peuples par les ma-
riages. Alexandre prit des femmes de la nation
qu'il avoit vaincue ; il voulut que ceux de fa
cour en priffent auffi ; le refte des Macédo-
niens fuivit cet exemple. Les Francs & les
Bourguignons (g) permirent ces mariages : les
Wifigoths les défendirent [4] en Eſpagne , &
(m) Ibid.
(n) Ibid. lib. VIL
sées
LIV. X. CHA P. XIV. 25
rées plutôt comme des malheurs , que comme
des chofes qui lui fuffent propres ; de forte que
la poftérité trouve la beauté de fon ame prefque
à côté de fes emportemens & de fes foibleffes ;
de forte qu'il fallut le plaindre, & qu'il n'étoit plus
poffible de le haïr.
Je vais le comparer à Céfar : Quand Céfar
voulut imiter les Rois d'Afie , il défefpéra les
Romains pour une choſe de pure/ oftentation ;
quand Alexandre voulut imiter les Rois d'Afie ,
il fit une chofe qui entroit dans le plan de fa con-
quête.
CHAPITRE XV.
CHAPITRE XVI.
CHAPITRE XVII.
C 2
28 DE L'ESPRIT DES LOIS ;
LIVRE XI.
CHAPITRE PREMIE R.
Idée générale.
CHAPITRE II.
I.
Il L n'y a point de mot qui ait reçu plus de dif-
férentes fignifications , & qui ait frappé les ef-
prits de tant de manieres , que celui de liberté.
Les uns l'ont pris pour la facilité de dépofer
celui à qui ils avoient donné un pouvoir ty-
rannique ; les autres , pour la faculté d'élire
LIV. XI. CHAP. II. 29
celui à qui ils devoient obéir ; d'autres , pour le
droit d'être armés , & de pouvoir exercer la
violence ; ceux-ci , pour le privilege de n'être
gouvernés que par un homme de leur nation , ou
par leurs propres lois (a). Certain peuple a
long-temps pris la liberté , pour l'ufage de por-
ter une longue barbe (b) . Ceux- ci ont attaché
ce nom à une forme de gouvernement , & en
ont exclu les autres. Ceux qui avoient goûté du
gouvernement républicain , l'ont mife dans ce
gouvernement ; ceux qui avoient joui du gou-
vernement monarchique , l'ont placée dans la
monarchie (c). Enfin chacun a appellé liberté le
gouvernement qui étoit conforme à fes cou-
tumes , ou à fes inclinations : Et comme dans
une république on n'a pas toujours devant les
yeux , & d'une maniere fi préfente , les inftru-
mens des maux dont on fe plaint , & que même
les lois paroiffent y parler plus , & les exécuteurs
de la loi y parler moins ; on la place ordinai-
rement dans les républiques , & on l'a exclue
des monarchies. Enfin comme dans les dé-
mocraties le peuple paroît à peu près faire ce qu'il
veut , on a mis la liberté dans ces fortes de gou-
vernemens ; & on a confondu le pouvoir du
peuple , avec la liberté du peuple.
CHAPITRE III..
CHAPITRE IV,
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
De la conftitution d'Angleterre.
(a) A Venife.
LIV. XI. CAAP. VI. 35
formés par des magiftrats du même corps ; ce
qui ne fait guere qu'une même puiffance.
La puiffance de juger ne doit pas être don-
née à un ſénat permanent , mais exercée par
des perfonnes tirées du corps du peuple (b),
dans certains temps de l'année , de la maniere
prefcrite par la loi , pour former un tribunal
qui ne dure qu'autant que la néceffité le re-
quiert.
De cette façon , la puiſſance de juger , fi ter-
rible parmi les hommes , n'étant attachée ni à
un certain état , ni à une certaine profeffion ,
devient pour ainfi dire inviſible & nulle. On
n'a point continuellement des juges devant les
yeux , & l'on craint la magiftrature & non pas
les magiſtrats.
Il faut même que , dans les grandes accufa
tions , le criminel, concurremment avec la loi ,
fe choififfe des juges ; ou du moins qu'il en
puiffe récufer un fi grand nombre , que ceux
qui reftent , foient centés être de fon choix.
Les deux autres pouvoirs pourroient plutôt
être donnés à des magiftrats , ou à des corps
permanens ; parce qu'ils ne s'exercent fur aucun
particulier , n'étant l'un , que la volonté géné-
rale de l'état , & l'autre , que l'exécution de cette
volonté générale.
Mais files tribunaux ne doivent pas être fixes ,
les jugemens doivent l'être à un tel point , qu'ils
ne foient jamais qu'un texte précis de la loi. S'ils
étoient une opinion particuliere du juge , on
vivroit dans la fociété , fans favoir précisément
les engagemens que l'on y contracte.
CHAPITRE VII.
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE IX.
L'EMBA
'EMBARRAS d'Ariftote paroît viſiblement ,
quand il traite de la monarchie [4]. Il en établit
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
E 3
54 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XII.
CHAPITRE XIII.
CHAPITRE XIV,
Comitiis centuriatis.
Voyez là- deffus Tite-Live , liv. I ; & Denys d'Ha
licarnaffe , liv. IV & VII.
Liv. XI. CHA P. XIV. 61
f) , les patriciens.
Dans la divifion par curies (
n'avoient pas les mêmes avantages. Ils en
avoient pourtant. Il falloit confulter les aufpices ,
dont les patriciens étoient les maîtres ; on n'y
pouvoit faire de propofition au peuple qui n'eût
été auparavant portée au fénat , & approuvée par
un fénatus-confulte. Mais dans la divifion par
tribus , il n'étoit queftion ni d'aufpices , ni de
fénatus- confultes , & les patriciens n'y étoient
pas_admis.
Or le peuple chercha toujours à faire par cu-
ries les affemblées qu'on avoit coutume de faire
par centuries , & à faire par tribus les affem-
blées qui fe faifoient par curies ; ce qui fit paffer
les affaires des mains des patriciens dans celles des
plébéïens.
Ainfi quand les plébéïens eurent obtenu le droit
de juger les patriciens , ce qui commença lors de
l'affaire de Coriolan (g) , les plébéïens voulurent
les juger affemblés par tribus (h) , & non par
centuries ; & lorfqu'on établit en faveur du peu-
ple les nouvelles magiftratures (i) de tribuns &
d'édiles , le peuple obtint qu'il s'affembleroit par
curies pour les nommer; & quand ſa puiſſance
fut affermie , il obtint (k) qu'ils feroient nommés
dans une affemblée par tribus.
*
DE L'ESPRIT DES Lois ,
CHAPITRE XV.
CHAPITRE XVI.
CHAPITRE XVII.
3
LIV. XI. CHA P. XVII. 67
Les confuls faifoient la levée des troupes
qu'ils devoient mener à la guerre ; ils com-
mandoient les armées de terre ou de mer ; dif-
pofoient des alliés : ils avoient dans les pro-
vinces toute la puiffance de la république ; ils
donnoient la paix aux peuples vaincus , leur en
impofoient les conditions , ou les renvoyoient
au fénat.
Dans les premiers temps , lorfque le peuple
prenoit quelque part aux affaires de la guerre
& de la paix , il exerçoit plutôt fa puiſſance lé-
giflative que fa puiffance exécutrice. Il ne fai-
foit guere que confirmer ce que les rois , &
après eux , les confuls ou le fénat avoient fait.
Bien loin que le peuple fût l'arbitre de la guerre',
nous voyons que les confuls ou le fénat la fai-
foient fouvent malgré l'oppofition de fes tri-
buns. Ainfi ( b ) il créa lui- même les tribuns
des légions , que les généraux avoient nommés
jufqu'alors ; & quelque temps avant la premiere
guerre Punique , il régla qu'il auroit , feul, le
droit de déclarer la guerre (c ).
F2
68 DE L'ESPRIT DES Lois ,
CHAPITRE XVIII.
CHAPITRE XIX.
CHAPITRE XX.
Fin de ce Livre.
LIVRE XII.
CHAPITRE PREMIER.
Idée de ce Livre.
CHAPITRE II.
De la liberté du citoyen.
CHAPITRE III.
Continuation du mêmefujet.
CHAPITRE IV.
(a) Saint Louis fit des lois fioutrées contre ceux qui
juroient , que le pape fe crut obligé de l'en avertir,
Ce prince modéra fon zèle , & adoucit fes lois . Voyez
fes ordonnances..
86 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
qui fait la mefure & le temps de fes vengean-
ces. Que fi , confondant les chofes , le magiftrat
recherche auffi le facrilege caché , il porte une
inquifition fur un genre d'action où elle n'eſt
point néceffaire : il détruit la liberté des citoyens
en armant contr'eux le zèle des conſciences ti-
mides , & celui des confciences hardies.
Le mal eft venu de cette idée , qu'il faut ven
ger la divinité. Mais il faut faire honorer la di-
vinité , & ne la venger jamais. En effet , fi l'on
fe conduifoit par cette derniere idée , quelle ſe-
roit la fin des fupplices ? Si les lois des hom-
mes ont à venger un être infini , elles fe régle-
ront fur fon infinité , & non pas fur les foiblef-
fes , fur les ignorances , fur les caprices de la
nature humaine.
Un hiftorien (a) de Provence rapporte un
fait qui nous peint très bien ce que peut pro-
duire fur des efprits foibles , cette idée de ven-
ger la divinité. Un Juif , accufé d'avoir blaſphê-
mé contre la fainte Vierge , fut condamné à
être écorché . Des chevaliers mafqués , le cou-
teau à la main , monterent fur l'échafaud , & en
chafferent l'exécuteur , pour venger eux-mêmes
l'honneur de la fainte Vierge.... Je ne veux point
prévenir les réflexions du lecteur.
La feconde claffe , eft des crimes qui font con-
tre les mœurs. Telles font la violation de la con-
tinénce publique ou particuliere : c'eſt- à- dire "
de la police fur la maniere dont on doit jouir des
plaifirs attachés à l'ufage des fens & à l'union
des corps. Les peines de ces crimes doivent en-
core être tirées de la nature de la choſe : la pri-
CHAPITRE V.
CHAPITRE VL
CHAPITRE VII.
Du crime de lèfe-majesté.
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX.
(e) Ibid.
(ƒ) Aliudve quid fimile admiſerint. Leg. 6. ff. að
leg. Jul maj.
(g) Dans la loi derniere au ff. ad leg Jul, de adul-
geriis.
CHAP .
LIV. XII. CHAP. IX, 97
CHAPITRE X.
CHAPITRE XL.
Des pensées.
CHAPITRE XII.
CHAPITRE XIII.
Des écrits.
I3
102 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XIV.
CHAPITRE XV.
K
*
I
N
R
S
LO
T
I4
OXFURT
104 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XVI.
CHAPITRE XVI .
CHAPITRE XVIII.
CHAPITRE XIX.
(f) Sacris & epulis dent hunc diem : qui fecùs faxit,
inter profcriptos efto.
(4) Il ne fuffit pas , dans les tribunaux du royau-
me , qu'il y ait une preuve telle que les Juges foient
convaincus ; il faut encore que cette preuve foit for-
melle , c'est-à-dire , légale ; & la loi demande qu'il y
ait deux témoins contre l'accufé : une autre preuve
ne fuffiroit pas. Or , fi un homme préfumé coupable
de ce qu'on appelle haut crime , avoit trouvé le moyen
d'écarter les témoins , de forte qu'il fût impoffible de
le faire condamner par la loi , on pourroit porter
contre lui un bill particulier d'atteindre ; c'est- à- dire ,
faire une loi finguliere fur fa perfonne. On y pro-
cede comme pour tous les autres bills : il faut qu'il
paffe dans deux chambres , & que le roi y donne fon
confentement ; fans quoi , il n'y a point de bill , c'eſt-
à-dire , de jugement. L'accufé peut faire parler fes
avocats contre le bill; & on peut parler dans la cham-
bre pour le bill.
(b) Legem defingulari aliquo ne rogato , nifi fex mil-
LIV. XII . CHAP. XIX. 109
faites par le fuffrage de fix mille citoyens. Ils fe
rapportent à ces lois qu'on faifoit à Rome contre
des citoyens particuliers , & qu'on appelloitpri-
vileges [c]. Elles ne fe faifoient que dans les
grands états du peuple. Mais de quelque maniere
que le peuple les donne , Cicéron veut qu'on
les aboliffe , parce que la force de la loi ne
confifte qu'en ce qu'elle ftatue fur tout le mon-
de (d). J'avoue pourtant que l'ufage des peu-
ples les plus libres qui aient jamais été fur la
terre , me fait croire qu'il y a des cas où il faut
mettre pour un moment un voile fur la liberté ,
comme l'on cache les ftatues des dieux.
CHAPITRE XX.
CHAPITRE XXI.
CHAP.
LIV. XII. CHA P. XXII. 113
CHAPITRE XXII.
CHAPITRE XXIII.
CHAPITRE XXIV.
CHAPITRE XXV.
CHAPITRE XXVI.
CHAPITRE XXVII.
CHAPITRE XXVIII.
CHAPITRE XXIX.
CHAP.
LIV. XII. CHAP. XXX. 112
CHAPITRE XXX .
Ox
LIV. XIII, CHAP. I. 123
LIVRE XIII.
CHAPITRE PREMIER.
CHAPITRE II
CHAPITRE III.
L3
126 DE L'ESPRIT DES Lors ;
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
(*) Plutarque.
(a) C'eft ce qui fit faire à Charlemagne fes belles
inftitutions là- deffus. Voyez le liv. V. des capitulai-
res, art. 303.
;
L1 v. XIII. CHA P. V; 127
taire. Mais s'il veut lever des tributs en argent
fur les efclaves de fa nobleffe , il faut que le Sei-
gneur foit garant [ b ] du tribut , qu'il le paye
pour les efclaves & le reprenne fur eux : & fi
l'on ne fuit pas cette regle , le Seigneur & ceux
qui levent les revenus du Prince vexeront l'ef-
clave tour-à-tour , & le reprendront l'un après
l'autre , jufqu'à ce qu'il périffe de miſere , ou fuie
dans les bois.
CHAPITRE VI.
L4
128 DE L'ESPRIT DES LOIS ;
CHAPITRE VII.
LORS
LORSQUE dans un état tous les particuliers font
citoyens , que chacun y pofféde par fon domaine
ce que le Prince y poffède par fon empire , on
peut mettre des impôts fur les perſonnes , fur les
terres , ou fur les marchandifes ; fur deux de ces
chofes , ou fur les trois enfemble.
Dans l'impôt de la perfonne , la proportion
injufte feroit celle qui fuivroit exactement la pro-
portion des biens. On avoit divifé à Athenes
( a ) les citoyens en quatre claffes. Ceux qui re-
tiroient de leurs biens cinq cent mefures de fruits
liquides ou fecs , payoient au public un talent ;
ceux qui en retiroient trois cent mefures , de-
voient un demi talent ; ceux qui avoient deux
cent mefures , payoient dix mines , ou la fixieme
partie d'un talent; ceux de la quatrieme claffe ne
donnoient rien. La taxe étoit jufte , quoiqu'elle
ne fût point proportionnelle : fi elle ne fuivoit .
pas la proportion des biens , elle fuivoit la pro-
portion des befoins. On jugea que chacun avoit
un néceffaire phyfique égal , que ce néceffaire phy-
fique ne devoit point être taxé ; que l'utile ve
noit enfuite , & qu'il devoit être taxé , mais moins
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE IX .
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
CHAPITRE XIL
CHAPITRE XIII.
CHAPITRE XIV.
M
138 DE L'ESPRIT DES LOIS,
CHAPITRE XV.
Abus de la liberté.
CHAPITRE XVI.
CHAPITRE XVII.
(a) Il est vrai que c'eſt cet état d'effort qui main-
tient principalement l'équilibre , parce qu'il éreinte les
grandes puiffances .
(b) Il ne faut , pour cela , que faire valoir la nou-
velle invention des milices établies dans preſque toute
l'Europe , & les porter au même excès que l'on a fait
les troupes réglées.
LIV. XIII. CHAP. XVII. 141
troupes des plus petits , cherchent de tous côtés
à payer des alliances , c'eft-à-dire , prefque tou-
jours à perdre leur argent.
La fuite d'une telle fituation eft l'augmenta-
tion perpétuelle des tributs : & ce qui prévient
tousles remedes à venir , on ne compte plus fur
les revenus , mais on fait la guerre avec fon ca-
pital. Il n'eft pas inqui de voir des états hypo-
théquer leurs fonds pendant la paix même ; &
employer pour fe ruiner , des moyens qu'ils ap-
pellent extraordinaires , & qui le font fi fort ,
que le fils de famille le plus dérangé les imagine
à peine.
CHAPITRE XVIII.
CHHPITRE XIX.
CHAPITRE XX.
Des traitans.
Tome 11. N
146 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
LIVRE XIV.
CHAPITRE PREMIER .
Idée générale.
CHAPITRE II.
N 4
732 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
CHAPITRE VIL
Du monachifme.
*
K
Liv. XIV. CHA P. VIII. 157
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE IX.
CHAPITRE X.
» des doigts ; j'en bois dix pintes par jour , & cela ne
» me fait point de mal «. Voyage de Bernier , tom. II.
pag. 261 .
(b) Il y a dans le fang des globules rouges , des par-
ties fibreuſes , des globules blancs , & de l'eau dans
laquelle nage tout cela.
(c) Platon , liv. II . des Lois : Ariftote , du ſoin des
affaires dom ftiques : Eufebe , prép. évang. liv. XII . ch.
XVII.
160 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
Vous y trouverez l'ivrognerie aller vers le
midi [ d], comme de ce côté - ci elle avoit été
vers le nord.
Il eft naturel que , là où le vin eft contraire
au climat & par conféquent à la fanté , l'excès
en foit plus févérement puni , que dans les pays
où l'ivrognerie a peu de mauvais effets pour la
perfonne ; où elle en a peu pour la fociété ; où
elle ne rend point les hommes furieux , mais
feulement ftupides. Ainfi les lois [e ] qui ont puni
un homme ivre , & pour la faute qu'il faifoit
& pour l'ivreffe , n'étoient appliquables qu'à
l'ivrognerie de la perfonne & non à l'ivrognerie
de la nation. Un Allemand boit par coutumne ,
un Eſpagnol par choix.
Dans les pays chauds , le relâchement des
fibres produit une grande tranfpiration des li-
quides mais les parties folides fe diffipent
moins. Les fibres , qui n'ont qu'une action très
foible & peu de reffort , ne s'ufent guere ; il
faut peu de fuc nourricier pour les réparer ; on
y mange donc très peu.
Ce font les différens beſoins , dans les diffé-
rens climats , qui ont formé les différentes ma-
nieres de vivre ; & ces différentes manieres de
vivre ont formé les diverfes fortes de lois. Que
dans une nation les hommes fe communiquent
beaucoup , il faut de certaines lois ; il en faut
d'autres chez un peuple où l'on ne fe commu-
nique point.
CHAPITRE XI.
CHAPITRE XII.
CHAPITRE XIII.
CHAPITRE XI V.
CHAPITRE XV.
Tom. 11. P
170 DE L'ESPRIT des Lois,
LIVRE XV.
CHAPITRE PREMIER
De l'esclavage civil.
L'ESCLAVAGE ,
ESCLAVAGE , proprement dit , eft l'éta-
bliffement d'un droit qui rend un homme tel-
lement propre à un autre homme , qu'il eft le
maître abfolu de fa vie & de fes biens. Il n'eft
pas bon par fa nature ; il n'eft utile ni au maître
ni à l'efclave : à celui ci , parce qu'il ne peut rien
faire par vertu; à celui-là , parce qu'il contracte
avec les efclaves toutes fortes de mauvaiſes habi-
tudes , qu'il s'accoutume infenfiblement à man-
quer à toutes les vertus morales , qu'il devient
fier , prompt , dur , colere , voluptueux , cruel.
Dans les pays defpotiques , où l'on eft déjà
fous l'esclavage politique , l'efclavage civil eft
plus tolérable qu'ailleurs . Chacun y doit être affez
content d'y avoir fa fubfiftance & la vie. Ainfi
la condition de l'efclave n'y eft guere plus à
charge que la condition du fujet.
Mais dans le gouvernement monarchique , où
il eft fouverainement important de ne point abat-
LIV. XV. CHAP. I. 171
tre ou avilir la nature humaine , il ne faut point
d'efclave. Dans la démocratie , où tout le monde
eſt égal , & dans l'ariftocratie , où les lois doi-
vent faire leurs efforts pour que tout le monde
foit auffi égal que la nature du gouvernement
peut le permettre , des efclaves font contre l'ef-
prit de la conftitution ; ils ne fervent qu'à don-
ner aux citoyens une puiffance & un luxe qu'ils
ne doivent point avoir.
CHAPITRE II.
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
P 4
176 DE L'ESPRIT DES LOIS ;
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII.
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE IX .
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
CHAPITRE XII.
Abus de l'esclavage.
CHAPITRE XIII.
CHAPITRE XIV.
CHAPITRE XV.
CHAPITRE XV I.
CHAPITRE XVII.
CHAPITRE XVIII.
Des affranchiffemens.
R 2
196 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XIX.
R 3
198 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
LIVRE XVI.
CHAPITRE PREMIER.
De la fervitude domeftique.
LEES s efclaves font plutôt établis pour la fa-
mille , qu'ils ne font dans la famille. Ainfi je
diftinguerai leur fervitude de celle où font les
femmes dans quelques pays , & que j'appellerai
proprement la fervitude domeftique.
CHAPITRE II.
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
De la polygamie en elle-même.
CHAPITRE VII.
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE I X.
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
CHAPITRE XII.
De la pudeur naturelle.
CHAPITRE XIII
De la jaloufie.
CHAPITRE XIV.
CHAPITRE XV.
CHAPITRE XVI.
T2
220 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
LIVRE XVII.
CHAPITRE PREMIER.
De la fervitude politique.
CHAPITRE II.
CHAPITRE III.
Du climat de l'Afie.
CHAPITRE IV.
Conféquence de ceci.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
CHAPITRE VII.
CHAPITRE VIII.
De la capitale de l'Empire.
XXXXXXXXXXXXXXXX
LIVRE XVIII.
CHAPITRE PREMIER.
CHAPITRE II
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
CHAPITRE VIL
CHAPITRE VIL
CHAPITRE IX.
Du terrein de l'Amérique.
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
CHAP.
Liv. XVIII. CHA P. XII. 241
CHAPITRE XII.
CHAPITRE XIIL
CHAPITRE XIV.
"
De l'état politique des peuples qui ne cultivent
point les terres.
CHAPITRE XV.
(a) C'est ainsi que Diodore nous dit que des ber-
gers trouverent l'or des Pyrénées.
X2
244 DE L'ESPRIT DES LOIS;
CHAPITRE XV I.
CHAPITRE XVII.
CHAPITRE XVIII.
Force de la fuperftition.
CHAPITRE XIX.
CHAPITRE XX.
CHAPITRE XXI.
CHAPITRE XXII.
Tit. 62.
Nullas Germanorum populis urbes habitari fatis
notum eft , ne pati quidem inter fe junctas fedes ; colunt
difcreti, ut nemus placuit. Vicos locant , non in noftrum
morem connexis cohærentibus ædificiis fuam quif-
que domum fpatio circumdat. De morib. Germ.
LIV. XVIII. CHAP. XXII. 257
qui eft clos & fermé. « Tacite parloit exacte-
ment. Car plufieurs lois des codes ( c ) barbares
ont des difpofitions différentes contre ceux qui
renverſoient cette enceinte , & ceux qui pénétroient
dans la maiſon même.
Nous favons , par Tacite & Cefar , que les
terres que les Germains cultivoient ne leur étoient
données que pour un an ; après quoi elles rede-
venoient publiques. Ils n'avoient de patrimoine
que la maifon , & un morceau de terre dans l'en-
ceinte autour de la maiſon [4 ]. C'est ce patri-
moine particulier qui appartenoit aux mâles. En
effet , pourquoi auroit-il appartenu aux filles ?
Elles paffoient dans une autre maiſon.
La terre falique étoit donc cette enceinte qui
dépendoit de la maifon du Germain ; c'étoit la
feule propriété qu'il eût. Les Francs , après la
conquête , acquirent de nouvelles propriétés , &
on continua à les appeller des terres faliques.
Lorfque les Francs vivoient dans la Germa-
nie , leurs biens étoient des efclaves , des trou-
peaux , des chevaux , des armes , & c. La mai-
fon, & la petite portion de terre qui y étoit jointe ,
étoient naturellement données aux enfans mâles
qui devoient y habiter. Mais lorsqu'après la con-
quête , les Francs eurent acquis de grandes ter-
res on trouva dur que les filles & leurs enfans
ne puffent y avoir de part. Il s'introduifit un
ufage , qui permettoit au pere de rappeller fa
fille & les enfans de fa fille. On fit taire la loi ;
Tit. 62.
(t) Tit . v . § . 3. tit. 14. 5. I. & tit . 5 I.
(u) Liv. IV. tit. 2. §. I.
(x) Les nations Germaines , dit Tacite , avoient des
ufages communs ; elles en avoient auffi de particuliers.
(y) La couronne " chez les Oftrogoths , paffa deux
fois par les femmes aux mâles ; l'une , par Amalafun-
the , dans la perfonne d'Athalaric ; & l'autre, par Ama-
lafrede , dans la perfonne de Théodat. Ce n'eft pas
que chez eux les femmes ne puffent régner par elles-
mêmes : Amalafunthe , après la mort d'Athalaric , régna ,
& régna même après l'élection de Théodat , & con-
curremment avec lui. Voyez les lettres d'Amalafum-
the & de Théodat , dans Caffiodore , liv. X.
Y
258 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
dans la monarchie des Francs & dans celle
des Bourguignons , tous les freres fuccéderent-
ils à la couronne , à quelques violences , meur-
tres & ufurpations près , chez les Bourguignons.
CHAPITRE XXIII.
CHAPITRE XXIV.
CHAPITRE XXV.
CHILDERIC.
Y 2
260 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XXVI.
CHAPITRE XXVII.
Continuation du mêmesujet.
CHAPITRE XXVIII
CHAPITRE XXIX.
CHAPITRE XX X.
(b) Ibid.
(a) Nec regibus libera aut infinita poteftas. Cæterùm ,
neque animadvertere , neque vincire , neque verberare , &c..
De morib. Germ.
(b) In pace , nullus eft communis magiftratus ; fed'
principes regionum atque pagorum inter fuos jus dicunt.
De bel'o Gall. liv. VI.
(c) Livre II.
Tome I Z
266 DE L'ESPRIT DES LOIS ;
« Les Princes (d) , dit Tacite , déliberent for
» les petites chofes , toute la nation fur les
grandes ; de forte pourtant que les affaires
» dont le peuple prend connoiffance , font
" portées de même devant les Princes ». Cet
ufage fe conferva après la conquête , comme [e)
on le voit dans tous les monumens.
Tacite (f) dit que les crimes capitaux pou
voient être portés devant l'affemblée. Il en fut
de même après la conquête , & les grands
vaffaux y furent jugés.
CHAPITRE XXXI.
IN
OR S
OXFORD
TABLE
DE'S
1.
LIVRES ET CHAPITRES
LIVRE X.
LIVRE XI.
LIVRE XII.
LIVRE XIII.
LIVRE XIV.
1
Des lois > dans le rapport qu'elles ont
avec la nature du climat.
LIVRE XV.
LIVRE XVI.
LIVRE XVII
LIVRE XVIII