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La Corruption Dans Le Secteur Public - ratsimbaniainaMarieJ - DT - M1 - 11
La Corruption Dans Le Secteur Public - ratsimbaniainaMarieJ - DT - M1 - 11
DEPARTEMENT DROIT
Présentée par :
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font partie de la politique de l’Etat inséré dans le MAP au plan d’action pour Madagascar
dont l’un des défis c’est de réduire substantiellement la corruption d’une part, par le
changement des valeurs et des mentalités et d’autre part, par une confiance accrue du public
envers l’administration dans le cadre d’un environnement des affaires assainis.
Selon l’article 2 de la convention de l’union Africaine sur la prévention et la lutte
contre la corruption et les infractions assimilées : « Il appartient à chaque Etat partie de
promouvoir et de renforcer la mise en place des mécanismes nécessaires pour prévenir,
détecter, réprimer et éradiquer la corruption ». Madagascar s’est résolument engagé de
combattre fermement la corruption, et cette volonté politique s’est matérialisée par la création
du conseil supérieur de lutte contre la corruption en 2003. Ce dernier a été chargé d’élaborer
la loi, de concevoir la stratégie nationale et le cadre institutionnel adéquat.
C’est ainsi que la loi 2004-030 sur la lutte contre la corruption a été promulguée le 09
Septembre 2004 et publié le 16 Septembre 2004 portant la mise en place du BIANCO ou
Bureau Indépendance Anti-Corruption. Notre présent étude porte sur l’analyse de ce dernier,
Il est chargé de mener l’exécution d’une stratégie nationale de lutte contre la corruption, et
devant la difficulté sinon l’impossibilité de réunir des preuves en matière de corruption, on a
accordé à cet organe spécialisé des pouvoir d’enquêtes, un droit de communication élargie et
un maximum d’indépendance.
Le bon fonctionnement de l’organe sera en outre observé par le conseil supérieur de
lutte contre la corruption (CSLCC)
Le bureau œuvre dans le secteur public que privé, mais ce sera l’intervention du
Bureau Indépendant Anti-corruption (BIANCO) dans le secteur public qui va être exposée.
En effet, dans l’Administration publique Malgache, la corruption se trouve vraiment érigée en
système et cela peut nuire et porte atteinte aux intérêts, aussi bien des administrés que de
l’Administration elle-même. C’est la raison pour laquelle, on a trouvé particulièrement
intéressant de faire une analyse des actions du BIANCO concernant cette lutte contre la
corruption surtout dans le secteur public, Plusieurs questions se posent lorsqu’on porte le
regard au Bureau Indépendant Anti-corruption, à savoir : D’abord, quelles sont les
manifestations de la corruption à Madagascar et ses impacts en général? Ensuite, quelles
sont les actions entreprises par le BIANCO pour le lutter ? Mais la question essentielle est de
savoir l’efficacité et les limites de cette stratégie de lutte mise en place. Alors, c’est en
réponse à toutes ces questions que nous allons consacrer le développement qui va suivre.
Ainsi donc, pour mieux cerner notre étude et répondre à toutes ces questions, il faudra dans un
premier temps voir les manifestations de la corruption dans quelques secteurs et ses impacts
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en général (Titre I), après quoi, nous examinerons le cadre stratégique de lutte entrepris par le
BIANCO (Titre II), ce qui nous conduira d’analyser l’efficacité et les limites à la mise en
œuvre du programme (Titre II
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PARTIE I : LES MANIFESTATIONS DE LA CORRUPTION ET SES IMPACTS
Chapitre I : Les manifestations de la corruption dans quelques secteurs
Enumérer de façon exhaustive les diverses formes de la corruption serait impossible, puisque
la pratique en est occulte. En citer quelques secteurs suffit à comprendre le caractère expansif
de ce phénomène. Ici nous allons voir les manifestations dans le secteur judiciaire (section I),
dans la gestion des ressources publiques (Section II) et au niveau des collectivités
territoriales décentralisées (Section III)
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Section II : La corruption dans la gestion des ressources publiques
Concernant la gestion des ressources publiques, la corruption se manifeste tout
d’abord par le détournement de fonds (PI), la concussion dans l’établissement d’impôts et
l’entrave à la réglementation (PII)
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faire le contrôle des marchandises exportées, mais on perçoit qu’il y a quand même une sorte
d’abus de pouvoir de la part du vrai responsable.
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Chapitre II : Les impacts de la corruption en général
La corruption entraine d’importants impacts sur la société. Mais généralement, et dans
notre présent étude, elles peuvent être classés en deux dimensions, à savoir : dimension social
lorsqu’elle a pour conséquence le discrédit de l’Administration, dimension économique en ce
sens qu’elle freine le développement économique.
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D’abord parce que la corruption dans l’attribution des marchés publics a pour conséquence
un travail de qualité médiocre dont le coût peut être surévalué en raison de l’octroi du
marché par favoritisme sans considération de mérite et de compétence.
Et aussi parce que le détournement dans l’utilisation des fonds réservés au
financement du projet de développement socioculturel, économique a pour effet
l’accumulation des dettes sans résultats concrets et satisfaisants à l’issue. On constate que les
résultats ne sont pas proportionnels à l’importance des aides reçues même s’il est vrai que
des progrès ont été accomplis. Il faut reconnaître que si ces fonds allouées servaient
réellement et en totalité à réaliser les projets donnant lieu aux crédits, nous ne serions pas à ce
stade de développement.
La pratique de corruption au niveau de la perception des ressources publiques est aussi
l’une des causes du manque à gagner à l’Etat car la concussion pratiquée par différents agents
de l’Administration et surtout les comportements de ces derniers incitent les contribuables à
la fraude fiscale, et ceci tend à la réduction des recettes de l’Etat.
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PARTIE II : LE CADRE STRATEGIQUE DE LUTTE DU BIANCO
Le Bureau Indépendant Anti-Corruption Opérationnel depuis le 15 octobre 2004 est
chargé de conduire la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la corruption axée sur les
trois principaux volets suivants : volet Education et communication (Chapitre I), volet
Prévention (Chapitre II) et volet Application de la loi (Chapitre III)
La formation des agents publics par la défense des valeurs prônant l’intégrité, la
transparence et la redevabilité commence des leur passage aux centres spécialisés de
formation de fonctionnaires
Les actions de formation sont conçues de telle sorte que les agents publics formés
dans ces établissements spécialisés se sentent investis de la mission de promouvoir l’intégrité
dans leur lieu de travail respectif en tant qu’agents de changement.
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Des séances de sensibilisation et de formation ont été réalisées dans les instituts
spécialisés de formations suivantes :
Ecole Nationale de Magistrats et des Greffiers (ENMG), Ecole nationale d’Administration de
Madagascar (ENAM), Ecole des Inspecteurs de Douanes.
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Chapitre II : Volet prévention
Cette division est chargée de veiller à ce que les procédures et pratiques des systèmes
dans le secteur public favorisent la probité (PI)
Par ailleurs, elle est chargée de conseiller toute personne (physique, morale,…) sur les
mesures susceptibles d’éliminer la corruption, il y a aussi accompagnement des entités dans le
cadre de promotion de la transparence (PII)
Section I : Revue des systèmes et analyse des procédures dans les secteurs prioritaires
Les travaux de revue des systèmes et d’analyse ont pour objectif de déterminer les
défaillances du système et les faiblesses des procédures soumises à l’étude en vue de cerner
les risques de corruption et de proposer des recommandations pour amélioration et le
redressement de la situation existante.
A l’issue des travaux effectués, des plans de mise en œuvre de ces recommandations
sont établis en concertation avec les entités concernées.
Les problèmes majeurs constatés lors des travaux de revue de système et d’analyse
effectués par le bureau sont le disfonctionnement du système d’organisation de
l’administration, l’existence des réseaux d’exploitants informels, l’insuffisance de
vulgarisation des textes et des procédures, l’inadéquation des textes par rapports aux réalités.
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Chapitre III : Volet Investigation ou application de la loi
La division dans le domaine investigation a pour mission de recevoir et de traiter les
doléances relatives aux actes soupçonnés de corruption ou d’infractions assimilées
(section 1) et reçoit et conserve les déclarations de patrimoine des personnes qui y ont
assujettis en l’application de l’article 2 de la loi n° 2004 – 030 du 09 septembre 2004. (Section
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Section I : Réception et traitement des doléances
Si on a réfère à l’année 2009, le bureau a reçu 5868 doléances dont 1701 à
Antananarivo, 798 à Fianarantsoa, 751 à Mahajanga, 894 à Toamasina, 1266 à Antsiranana et
448 à Toliara
On peut ainsi constater ; les doléances affluentes au siège et leur proportion
s’accordent en fonction de l’ancienneté de la branche territoriale qui les reçoit.
Les doléances parviennent au BIANCO sous plusieurs formes : écrite, par téléphone
ou même courrier électronique, elles peuvent être anonymes ou identifiées.
Ce département mène alors des investigations des faits susceptibles de constituer des
infractions de corruption et saisir le ministère public
La poursuite et le jugement relèvent des juridictions classiques et la Chaine Pénale
Anti Corruption pour ce qui est de la circonscription du tribunal de Première Instance d’
Antananarivo.
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PARTIE III- ANALYSE DES ACTIONS DE LUTTE ENTREPRIS PAR LE BIANCO
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Section II - Dans le domaine de Prévention
On peut dire que des résultats sont acquis à propos de l’analyse des procédures (paragraphes
I), ce qui conduit à la mise en place des dispositifs anti-corruption pour les entités ciblées
(paragraphes II)
Paragraphe I- Les Résultat de la revue des systèmes et procédures
On constate que les pratiques et les circonstances favorables à la corruption sont
réduites, de nombreux procédures simplifiées sont mises en œuvre par les entités cibles parmi
lesquels les communes en matière de perception de tickets de marché et les procédures de
versement des recettes fiscales, l’administration des finances a propos des procédures
relatives aux soldes et pension par exemple.
Les zones de risque de corruption dues aux défaillances des systèmes et procédures
sont détachées et éliminées et de nombreux systèmes et procédures sont redressés. Il en est
par exemple du revue de système et analyse des procédures de jouissance de droit de visite
dans les maisons centrales de Tananarive et Toamasina aboutissant ainsi à des
recommandations.
Paragraphe II- La mise en place des dispositifs anti-corruption pour appui aux entités
ciblées
Puisque la majorité des cas de corruption dénoncés se sont produits au niveau des
collectivités territoriales décentralisés. Il est normal que les appuis de la branche territoriale
du bureau pour la mise en place des dispositions anti-corruption aient été focalisés
principalement sur les communes et les services territoriaux déconcentrés. Il en est ainsi par
exemple le standard minimum de service et les normes d’accueil des usagers qui visent
essentiellement d’une part, au renforcement de l’information des usagers du service public et
à l’amélioration et la régulation des rapports de ces derniers avec les agents de
l’administration, et d’autre part, à l’élimination des pratiques de corruption et infractions
assimilées dans les locaux administratifs ; notamment par l’élimination des rabatteurs et
intermédiaires.
Et concernant, la prévention de la corruption dans la décentralisation de la gestion
foncière, une collaboration du bureau a été sollicitée afin de déceler et éliminer les risques de
corruption et infractions assimilées au niveau du processus de délivrances des certificats
foncières par les guichets fonciers communaux. Une convention de partenariat avec le
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programme Millenium Challenge Account (MCA) a été conclue dans ce sens mais ce
programme a pris fin du fait de la crise politique.
La mise en place du guichet unique foncier constitue aussi l’une de ces dispositifs anti-
corruption, surtout pour faciliter les procédures et accentuer la rapidité des actions
Administratives.
Mais dans le cadre de prévention, on peut aussi citer la convention entre le BIANCO-
SAMIFIN (Service de Renseignement Financier) et la Direction Générale du Trésor visant à
renforcer la transparence dans la gestion et la protection des deniers publics.
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Le BIANCO n’a reçu que très peu de déclarations et comparé au nombre des
personnes assujettis, il apparait que la mesure est loin d’être suivie. Bien que le BIANCO ait
pris le soin de ne pas indiquer le nombre exact de hautes personnalités devant se soumettre à
cette obligation, tout le monde sait que des centaines parmi celle-ci ignorent superbement cet
impératif. Et bien évidemment, le BIANCO n’a pas encore jugé utile et nécessaire d’ouvrir
des enquêtes judiciaires à l’encontre de ces récalcitrants, est-ce du à leurs statut de gros
bonnets ?
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Chapitre II- Les obstacles à la mise en œuvre du programme
Plusieurs causes peuvent être à l’origine de la perpétuation de la corruption et
constituent de ce fait une limite aux actions du BIANCO. Elles peuvent être classées de trois
(3) ordres à savoir les causes politiques (Section I), les causes sociales (Section 2) et les
causes juridiques (Section 3).
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La réduction des moyens disponibles a donc contraint le bureau à recentrer ses
activités, c’est pourquoi le BIANCO souhaite faire appel à la volonté ferme des autorités
dirigeantes afin que des mesures appropriées soient prises pour qu’il soit doté tous les ans des
moyens suffisants lui permettant de mener à bien sa mission.
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D’autre part, sur le plan financier, le BIANCO est rattaché à la présidence car le
budget utilisé est inscrit dans le budget de la présidence de la république.
Cette ambiguïté justifie le souci du public sur l’indépendance du bureau. Le bureau à été
perçu à tort comme étant un instrument politique.
Il faut surtout souligner qu’à l’évidence, le public aurait davantage confiance en une
unité que serait indépendante et autonome par rapport à toutes les Administrations.
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corruption (CPAC) : guichet unique judiciaire spécialisé dans le traitement des dossiers de
corruption.
En effet, les actions entrepris par le BIANCO dans le volet investigation par exemple s’arrête
au traitement des dossiers signalant le cas de corruption, le bureau n’a pas le pouvoir
d’arrêter les personnes soupçonnée, il revient à la juridiction compétente de le prendre en
charge ; mais souvent dans le secteur judiciaire, les actes de corruption se poursuivent
encore, ainsi l’impunité des acteurs persiste car en raison du principe d’indépendance du
juge, le BIANCO ne peut rien faire.
Cette situation constitue vraiment une limite à l’action du BIANCO qui s’avère
ainsi de ce fait insignifiant.
Rappelons que la réussite de la lutte est conditionnée, entre autres, par l’existence d’une
synergie d’actions entre ces trois organisations.
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CONCLUSION
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Ainsi, le BIANCO doit s’assurer du soutien de l’opinion : faites savoir encore et
encore est l’une des tactiques efficace pour y parvenir c'est-à-dire faites connaître vos
intentions, précisez bien les règles et les sanctions et claironnez vos victoires.
Surtout, il faut convaincre le public de votre sérieux : mettre la main sur quelques
responsables et les poursuivre est un excellent moyen de prouver que votre politique anti-
corruption est sérieuse. En tout état de cause, des sanctions politiques exemplaires feraient
réfléchir plus d’un par exemple.
Les évènements liés à la crise politique et qui s’en sont suivis ont été le théâtre de
nombreuses interpellations publiques à l’endroit de l’efficacité, voire le bien fondé de la lutte
contre la corruption et la neutralité du bureau et ses performances. Il est important d’éclairer
le public afin de regagner sa confiance quant à l’impartialité et la neutralité du bureau et son
désintéressement de toute cause ou enjeux politique.
La lutte contre la corruption n’est pas seulement un investissement consenti par une
nation dans le but d’appuyer ses efforts de développement mais un élément clef dont la
réussite est une condition importante de stabilité sociale et politique.
Enfin, il convient plus que jamais de rappeler que les efforts doivent contribuer à
rendre le service public plus fluide et accessible aux usagers, à établir une justice impartiale et
sûre, à assainir l’environnement des affaires, à assurer une bonne gestion des ressources
nationales et à instaurer la transparence et sans oublier selon Madagascar Action Plan,
l’objectif est d’atteindre le niveau 5 de l’indice de Perception de corruption de l’ONG
Transparency International en 2012.
Appelons nous à la persévérance, à la patience et à l’engagement de tout un chacun.
L’enjeu, la stabilité du pays et son développement harmonieux « en vaut la chandelle ».
Ensemble, nous vaincrons la corruption.
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MOTS CLES
Concussion : c’est le fait pour une personne investie d’une autorité public ou chargée d’une
mission de service public de percevoir une somme indue.
Exonération et franchise illégales : c’est le fait pour une personne investie d’une autorité
public ou chargée d’une mission de service public d’accorder des exonérations illégales de
droits, impôts ou taxes ou de donner gratuitement des produits des établissements publics.
Favoritisme : c’est le fait pour un agent public ou un élu ou pour toute personne agissant
pour eux, de favoriser, par un acte irrégulier, un soumissionnaire dans un marché public.
Code de conduite : ensemble des règles et des standards souhaités dans un environnement
particulier. Il définit les droits et les obligations de tout un chacun et se base sur des valeurs
éthiques.
Corruption active : c’est le fait pour toute personne de proposer à un agent public ou à un
élu un avantage illégal pour qu’il accomplisse ou s’abstienne d’accomplir un acte de ses
fonctions.
Corruption passive : c’est le fait pour tout agent public ou élu de solliciter ou d’accepter d’un
usager un avantage illégal pour qu’il accomplisse ou s’abstienne d’accomplir un acte de ses
fonctions.
Abus de fonction : c’est le fait pour un agent public de faire un acte illégal pour obtenir un
avantage indu
Le conflit d’intérêts : c’est le fait pour un agent public ou une autorité publique, de ne pas
déclarer un intérêt privé coïncidant avec un intérêt public, cette situation étant susceptible
d’influencer une décision liée à ses fonctions.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES GENERAUX:
Robert KLITGAARD : « Combattre la corruption »
DOCUMENTS SPECIALISES:
Rapport annuel du BIANCO 2009
Rapport annuel du BIANCO 2007
TEXTES :
Convention des Nations Unies sur la lutte contre la corruption.
Loi n° 2004- 030 du 09 septembre 2004 sur la lutte contre la corruption.
COLLECTE :
Guide sur la déclaration de patrimoine
Brochure: Natao ho antsika ny ady amin’ny kolikoly”
Brochure: « Le BIANCO et la lutte contre la corruption »
PERIODIQUE :
WEBOGRAPHIE :
www.bianco.mg.org