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SES

Chapitre 5 : Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice
sociale ?
I-Des inégalités multiformes et cumulatives
1) Des inégalités multiformes
a) Des inégalités économiques
a. Inégalités de revenus

Bilan :
Les inégalités de revenu ont évolué de façon contrastée depuis le début du 20ème siècle :
-jusqu’au début des années 1980 : elles ont diminué. En effet, on constate une baisse du « top 1 % »
(la part du revenu national détenue par les 1 % les plus riches) que ce soit en France, aux États-
Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Suède. De même, on peut voir une baisse du rapport
interdécile des niveaux de vie en France entre 1970 et 1980. Cela montre un mouvement de
réduction des inégalités de revenus. Cela est surtout dû à la croissance des Trente Glorieuses ; à la
mise en place de la protection sociale. Ainsi, en France, en 1910, les 1 % les plus riches détenaient
20 % du revenu national, contre 8 % « seulement » en 1982.
-par contre, depuis les années 1980, surtout entre 1980 et 2008, inégalités de revenus : réaugmenté.
En effet, la crise économique a frappé davantage les plus pauvres que les plus riches, notamment en
raison du chômage de masse ; de la précarisation de l’emploi qu’elle a entraîné. Ainsi, entre 1982 et
2008, en France, la part détenue par les 1 % les plus riches dans le revenu national a augmenté de 3
points environ.
Depuis 2008, les inégalités de revenus : stables. Cependant, conséquences économiques de la crise
sanitaire font craindre une réaugmentation des inégalités.
Par ailleurs, l’étude de l’évolution des inégalités de revenus entre les générations permet de voir que
la corrélation de revenus parents-enfants varie selon les pays. Ainsi, elle est beaucoup plus forte au
Royaume-Uni qu’au Danemark. En effet, au Royaume-Uni, un parent transmet 50 % de son
avantage économique à ses enfants, contre 15 % environ au Danemark.

b. Inégalités de patrimoine

Bilan :
Les inégalités de patrimoine ont également évolué de façon contrastée depuis le début du 20ème
siècle, de façon similaire aux inégalités de revenus.
T. Piketty a montré que, de 1900 jusqu’aux années 1980, les inégalités de patrimoine ont diminué.
Ainsi, en 1900, en France, les 10 % les plus riches détenaient 84 % du patrimoine total, contre 52 %
en 1980. Parallèlement, la part du patrimoine total détenue par la classe moyenne ; par la classe
populaire a augmenté. Mais les inégalités de patrimoine ont ensuite réaugmenté entre 1980 et le
début des années 2000, avant de se stabiliser. Ainsi, en 2000, comme en 2014, les 10 % les plus
riches détiennent environ 55 % du patrimoine total.
Les inégalités de patrimoine sont donc très élevées, et beaucoup plus fortes que les inégalités de
revenus. Ainsi, en 2014, le patrimoine moyen détenu par les 10 % les plus riches était 43 fois plus
important que le patrimoine moyen détenu par les 50 % les plus pauvres.

b) Des inégalités sociales

Bilan :
Au-delà des inégalités économiques, on constate également des inégalités sociales au sein de la
population. En effet, tous les individus ne sont pas égaux face aux problèmes de santé par ex. Les
cadres : moins exposés aux accidents du travail, ont des revenus qui leur permettent un bon accès au
soins (notamment aux médecins spécialistes) et ont un mode de vie (ex : alimentation équilibrée) et
des valeurs (ex : écoute du corps lorsqu’on ressent des douleurs) qui leur permettront de rester en
bonne santé. Par contre, les ouvriers sont davantage exposés aux accidents du travail, ont des
revenus plus faibles qui ne leur permettent pas toujours d’être bien protégés en cas de maladie, et
ont un mode de vie (ex : alimentation riche) et des valeurs (ex : résistance face à la douleur, « il ne
faut pas s’écouter ») qui peuvent favoriser les problèmes de santé.
De même, il y a des inégalités dans le domaine de la réussite scolaire. On sait que les enfants de
cadres obtiennent plus souvent un baccalauréat général que les enfants d’ouvriers ; font plus
souvent des études longues (ex : Master, grandes écoles). Au contraire, les enfants d’ouvriers sont
sur-représentés dans les baccalauréats professionnels ; technologiques, et s’orientent plus souvent
vers des études courtes (ex : BTS).
Les inégalités sont à la fois économiques et sociales, on dit qu’elles sont multiformes.

2) Des inégalités cumulatives

Bilan :
On peut dire que les inégalités se cumulent de 2 façons différentes :
-Au sein d’une même génération, les catégories défavorisées dans un domaine le sont le plus
souvent aussi dans les autres domaines. Ainsi, il y a interdépendance entre inégalités de revenu et
inégalités de patrimoine : ceux qui ont les revenus les plus faibles sont également souvent ceux qui
ont le patrimoine le plus faible (du fait de la plus ou moins grande capacité d’épargne).
Inversement, le fait d’avoir un fort patrimoine permet de bénéficier de forts revenus du patrimoine
ce qui accentue les inégalités de départ. De la même façon les inégalités de revenus entraînent des
inégalités face à la maladie et à la mort, de même que les inégalités de conditions de travail (ex :
risques d’accidents du travail). Or, les conditions de travail les plus difficiles se trouvent souvent
dans les domaines où les salaires sont faibles. Les inégalités économiques ; les inégalités sociales
vont se cumuler.
-de plus, d’une génération à l’autre, il y a souvent reproduction des inégalités. Ainsi, les inégalités
de capital culturel, économique et social au sein de la génération des parents entraînent des
inégalités scolaires entre les enfants, qui engendreront plus tard des inégalités de revenus.
Les inégalités forment donc un système : elles s’engendrent les unes les autres ; forment un
processus cumulatif qui entraîne le fait que les avantages s’additionnent à l’une des extrémités de
l’échelle sociale tandis qu’à l’autre extrémité, les désavantages se renforcent mutuellement. On dit
que les inégalités sont cumulatives.

II-La justice sociale face aux inégalités


1) Différentes formes d’égalité

Bilan :
La justice sociale permet de définir si une situation est égalitaire ou inégalitaire. Les sociétés
démocratiques associent la justice à l’égalité, mais quelle égalité ?
-l’égalité des droits est une égalité juridique : tous les citoyens se voient appliquer les mêmes règles
juridiques. Ex : tout le monde a le droit de devenir cadre
-l’égalité des chances rend effective l’égale chance d’accès aux ressources, ce que ne fait pas
l’égalité des droits. Mais l’égalité des chances peut s’accompagner d’une situation très inégalitaire à
la fin. Ex : tout le monde a les mêmes chances de devenir cadre (ce qui ne veut pas dire que tout le
monde devient cadre)
L’égalité des droits n’implique pas l’égalité des chances. Ainsi, avoir un droit garanti et égal
d’accéder à l’école jusqu’à 16ans en France n’est pas une garantie de réussite égale pour tous : il
persiste des inégalités de réussite scolaire en fonction de l’origine sociale des élèves.
-l’égalité des situations est une égalité réelle où les situations économiques et sociales des individus
sont très proches, voire identiques. C’est la forme la plus absolue d’égalité, qui égalise toutes les
positions économiques et sociales. Ex : puisque le nombre d’emplois de cadres est limité, le salaire
des cadres est égal à celui des autres emplois.
2) Différentes conceptions de la justice sociale

Bilan :
On distingue 2 grands courants de la justice sociale, qui vont ensuite donner 4 conceptions plus
précises. Il y a tout d’abord les conceptions libérales, qui privilégient la liberté au détriment de
l’égalité. Elles considèrent qu’il n’est pas légitime de restreindre trop les libertés individuelles au
profit d’une plus grande égalité (des situations en particulier). Elles ont donné le libertarisme et
l’utilitarisme.
Il y a ensuite les conceptions égalitaristes, qui privilégient l’égalité au détriment de la liberté. Elles
considèrent qu’il est légitime de restreindre les libertés individuelles pour atteindre plus d’égalité.
Elles ont donné l’égalitarisme strict et l’égalitarisme libéral.
-le libertarisme est un courant de la justice sociale mené par F. Hayek et R. Nozick. Selon Nozick, il
est impossible de demander à un individu de supporter un coût quelconque, au motif d’apporter un
bénéfice à d’autres individus, car cela constitue une atteinte à ses libertés individuelles ; au droit de
propriété privée. Pour le libertarisme, une société juste est une société qui respecte les libertés
individuelles ; les droits de propriété. Dans cette conception, on ne recherche que l’égalité des
droits.
-l’utilitarisme est fondé par J. Bentham et J. S. Mill, à la fin du 18ème siècle. Dans cette doctrine,
une société juste est une société qui maximise le bonheur (ou l’utilité) du plus grand nombre
d’individus. Dans cette conception, basée sur l’égalité des utilités individuelles, les inégalités
économiques et sociales sont admises.
-l’égalitarisme libéral est une doctrine développée par J. Rawls. Dans cette doctrine, les libertés
individuelles des individus doivent être garanties, et certaines inégalités sont admises, si elles sont
au bénéfice des plus défavorisés. Dans cette conception, on recherche l’égalité des chances.
-l’égalitarisme strict est basé sur la théorie de K. Marx. Elle considère que l’égalité des droits n’est
que formelle et qu’elle permet de légitimer ; reproduire les inégalités déjà en place. Dans cette
conception, c’est l’égalité des situations qu’il faut rechercher.

III-L’action des pouvoirs publics en matière de justice sociale


1) La fiscalité et la protection sociale

Bilan :
La fiscalité peut permettre de réduire les inégalités de revenus.
En effet, certains prélèvements obligatoires sont progressifs. Cela signifie que, plus le revenu est
élevé, plus le % du revenu qui va être prélevé sera important. C’est surtout l’impôt sur le revenu qui
permet cette réduction des inégalités car il est progressif. Cela permet de réduire les inégalités entre
ménages riches et ménages pauvres.
De plus, la fiscalité permet de financer les services collectifs ; la protection sociale (grâce
notamment aux cotisations sociales).

Bilan :
La protection sociale, et la redistribution qu’elle opère permettent également de réduire les
inégalités de revenus ; la pauvreté. Ainsi, on voit que, après prélèvements obligatoires et prestations
sociales, les inégalités de revenus sont toujours plus faibles qu’avant. De même, on peut voir que
plus les transferts de richesses sont importants dans un pays, plus le taux de pauvreté est faible.
Ainsi, en France, en 2014, les prélèvements obligatoires et les prestations sociales font baisser le
taux de pauvreté de 26 points. Cela s’explique facilement :
-les cotisations sociales : essentiellement payées par les ménages ayant les revenus les plus élevés
-les prestations sociales : essentiellement perçues par les ménages ayant les revenus les plus faibles
Les prélèvements obligatoires sur les ménages les plus riches permettent donc de financer les
prestations sociales perçues par les ménages les plus pauvres. Les inégalités de revenu disponible
sont donc moins fortes que les inégalités de revenu avant redistribution.
La redistribution permet donc de réduire les inégalités entre ménages riches et ménages pauvres. Il
s’agit d’une redistribution verticale.

2) Les services collectifs

Bilan :
Grâce aux prélèvements obligatoires (impôts, taxes et cotisations sociales), les pouvoirs publics
vont également financer des services collectifs, tels que les services d’éducation et de santé. Or, ces
services assurent une réduction importante des 3 formes d’inégalité :
-ils réduisent l’inégalité des droits, car ils assurent un droit d’accès à des services fondamentaux
-ils réduisent l’inégalité des chances, en permettant par ex, l’accès aux diplômes par le biais de
l’éducation
-ils réduisent l’inégalité des situations, en fournissant des services gratuits et donc accessibles à des
populations sans ressources. S’ils ne l’étaient pas, une partie de la population ne pourrait pas y avoir
accès. C’est ce qu’a montré l’épidémie de coronavirus aux États Unis. En effet, aux États Unis, les
dépenses de santé sont essentiellement couvertes par des assurances privées, et 10 % de la
population environ ne bénéficie pas de ce type d’assurance. En conséquence, beaucoup de
personnes refusent de se faire soigner ou, si elles se font soigner, doivent payer des sommes qu’elles
n’ont pas toujours les moyens d’assumer.
De plus, ces services étant financés par les prélèvements obligatoires, ce sont les ménages les plus
riches qui assurent la plus grande partie du financement, ce qui assure une redistribution verticale.

3) Les mesures de lutte contre les discriminations

Bilan :
La discrimination est contraire à l’égalité des droits et à l’égalité des chances. L’État va donc
prendre des mesures pour lutter contre la discrimination.
Tout d’abord, il peut mettre en place des lois interdisant les discriminations, ex : entre les hommes
et les femmes. Ainsi, en 1972, une loi a été votée pour affirmer le principe de l’égalité des
rémunérations entre les hommes et les femmes (travail égal, salaire égal). D’autres lois ont été
votées depuis 1972 (ex : la loi Roudy en 1983, et la loi Génisson en 2001) pour réaffirmer ce
principe.
Il peut également mettre en place des institutions dont le but explicite est de lutter contre la
discrimination. Ainsi, en 2005, il a créé la Halde, qui a été remplacée en 2011 par le Défenseur des
Droits. Un des buts du Défenseur des Droits est de prévenir ; de sanctionner toute forme de
discrimination.
Enfin, pour lutter contre les discriminations, l’État peut également mettre en place une politique de
discrimination positive. On donnera donc des avantages à ceux qui, au départ, sont désavantagés.
Ainsi, à l’heure actuelle, le motif le plus important de discrimination est le handicap. Or, en 2005,
une loi a été votée obligeant les entreprises de plus de 20 salariés à employer 6 % de travailleurs
handicapés, sous peine de sanction financière.

IV-L’action des pouvoirs publics en matière de justice sociale se heurte à des limites
1) L’action des pouvoirs publics en matière de justice sociale se heurte à des contraintes de
financement et à des problèmes d’efficacité
a) Des contraintes de financement

Bilan :
La 1ère contrainte que pose l’action des pouvoirs publics en matière de justice sociale, c’est un
problème de financement. En effet, les prestations sociales et la fourniture de services collectifs
représentent, du point de vue de l’État, un coût. Or, celui-ci est de plus en plus élevé et, de ce fait, la
Sécurité sociale ; les administrations publiques sont en déficit. Ainsi, en 2022, en France, le déficit
des administrations publiques représentait 4,7 % du PIB.
Ce déficit est dû à plusieurs facteurs :
- la crise économique, notamment en 2008-2009, qui a fait augmenter le nombre de bénéficiaires de
prestations sociales (ex : les allocations chômage pour les chômeurs), tout en réduisant les recettes
de l’État (ex : les cotisations sociales). C’est ce qu’on appelle un effet de ciseaux.
-le vieillissement de la population, qui entraîne une augmentation des dépenses liées à la santé et à
la retraite.
Cette contrainte de financement pousse l’État à réduire son intervention en réduisant ses dépenses
dans différents domaines :
-les prestations sociales, ex : déremboursement de médicaments ou réforme des systèmes de retraite
pour augmenter l’âge du départ à la retraite
-les services collectifs. Ainsi, par ex : entre 1993 et 2018, près de 100 000 lits d’hôpital ont été
fermés.
Néanmoins, en 2020, avec la crise du coronavirus, le gouvernement a pris la décision de soutenir
massivement l’économie, notamment avec les aides aux entreprises ; le dispositif du chômage
partiel. Cela a entraîné une augmentation du déficit public, qui a représenté 9,2 % du PIB en 2020,
et qui représente encore 4,7 % du PIB en 2022.

b) Des problèmes d’efficacité

Bilan :
La 2ème contrainte qui se pose à l’action des pouvoirs publics en matière de justice sociale est un
problème d’efficacité. En effet, en dépit de dépenses importantes, les pouvoirs publics ne
parviennent pas à résorber les inégalités économiques et sociales. Celles-ci persistent, voire, depuis
le début des années 1980, réaugmentent. Ainsi, depuis de début des années 1980, en France, le taux
de pauvreté reste stable, aux alentours de 14 %, ce qui signifie que 14 % de la population (1
personne sur 7) a un revenu inférieur à 60 % du revenu médian. De plus, des inégalités persistent
entre les territoires, telles que les inégalités d’accès aux soins, en raison de la proximité plus ou
moins grande des hôpitaux. Enfin, de nouvelles inégalités apparaissent avec la dématérialisation des
services publics ; la réalisation de nombreuses démarches administratives par Internet. Ainsi,
l’inscription à Pôle emploi et la prise d’un 1er rendez-vous doivent normalement se faire par
Internet. Mais certaines communes françaises sont en zone blanche et tout le monde n’a pas les
mêmes facilités avec l’informatique et internet. Cela crée donc de nouvelles inégalités.
Tout cela remet donc en cause l’efficacité de l’action des pouvoirs publics en matière de justice
sociale.

2) L’action des pouvoirs publics en matière de justice sociale fait l’objet de débats
a) Des débats en termes de légitimité

Bilan :
L’action des pouvoirs publics en matière de justice sociale fait l’objet de débats en termes de
légitimité. Cela peut s’expliquer de 2 façons différentes.
Tout d’abord, une partie de la population accepte de plus en plus difficilement de payer des impôts,
car ces individus n’ont pas l’impression de recevoir une contrepartie à leurs impôts. En effet, dans
les zones rurales notamment, des services publics, tels que des maternités ou des hôpitaux ferment,
alors que la population continue de payer des impôts. L’impression est donc de payer pour rien. Le
montant des impôts payés est alors considéré comme excessif, et le consentement à l’impôt s’en
trouve fragilisé. Ainsi, en novembre 2018, des gilets jaunes s’étaient mobilisés pour que la
maternité de Bernay dans l’Eure, reste ouverte.
Par ailleurs, il existe également une remise en cause de la légitimité du versement des prestations
sociales. En effet, une partie de la population considère, dans la lignée libérale, que si certaines
personnes sont pauvres, c’est parce qu’elles n’ont pas fait d’effort. Cela relève donc uniquement de
leur responsabilité. On peut alors remettre en cause la nécessité de les aider (pourquoi aider
quelqu’un qui ne fait pas d’effort?), et donc du versement de l’impôt pour financer les prestations
sociales. Ainsi, en 2018, environ 35 % des personnes interrogées pensent que certaines personnes
sont pauvres parce qu’elles n’ont pas fait d’effort. Certains en déduisent alors qu’il faudrait baisser
le RSA.

b) Des débats en termes d’effets pervers

Bilan :
L’action des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale entraîne également des débats en termes
d’effet pervers, de désincitations. En effet, selon certains économistes, les minimas sociaux (revenu
minimum d’insertion (le RMI qui est l’ancêtre du RSA), allocation parent isolé, etc) auraient des
effets dissuasifs sur l’offre de travail. Les bénéficiaires de ces minimas sociaux seraient dissuadés
de travailler car le supplément de revenu entraîné par le travail serait faible, voire nul. Ceela
s’explique par le fait que les emplois proposés à ces personnes sont souvent des emplois peu ou pas
qualifiés, faiblement rémunérés, à temps partiel. Ils entraînent des coûts tels que frais de garde des
enfants, frais de transport, etc. Il ne serait donc rémunérateur d’accepter ces emplois : travailler
n’entraîne pas de supplément de revenu. Selon ces économistes, les minimas sociaux encouragent
donc les bénéficiaires à ne pas travailler. Il s’agit d’un phénomène de désincitation, et d’un effet
pervers de l’action publique en faveur de la justice sociale. On parle également de « trappe à
inactivité », lorsque les individus sont « piégés » dans l’inactivité, car il n’est pas rentable de
reprendre un emploi.
Cependant, pour remédier à ce phénomène, l’État a réformé en 2009, puis en 2016 le RMI. Il a
transformé celui-ci en RSA « socle » et « activité », puis le RSA « activité » en prime d’activité.
L’État a ainsi permis le cumul d’un salaire avec des prestations sociales (RSA « activité » puis
prime d’activité). De cette façon, la reprise d’un emploi, même à temps partiel, devient rentable.
Ainsi, en 2023, pour une personne seule, la reprise d’un emploi au SMIC à mi-temps permet
d’augmenter son revenu de 400 euros par mois.
De plus, l’idée de désincitation et de trappe à inactivité revient à considérer l’emploi sous un angle
purement économique, alors que reprendre un emploi apporte des avantages non économiques,
notamment en termes d’intégration sociale.

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