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Les fonctions du langage

Le plan:
1. Les actes de langage: fondements historiques
2. L’acte de langage – définition
3. La théorie des actes de langage. Les types d’actes de
langage.
4. Performatif versus constatif (J. Austin)
5. Performatifs explicites et implicites
6. La taxinomie des actes illocutionnaires selon Austin
7. La taxinomie des actes de langage selon Searle.
8. Les fonctions du langage (R.Jakobson)
Les actes de langage: fondements
historiques
 La théorie des actes de langage a
constitué, le développement de la
pragmatique.
 Elle est basée sur l’idée que la fonction
du langage n’est pas seulement celle de
décrire le monde mais aussi d’accomplir
des actions, comme l’ordre, la promesse,
etc.
John Austin dans son ouvrage
Quand dire c’est faire (1970)
propose une vision selon laquelle
 le langage sert à accomplir des
actes.
L’acte de langage – définition
 Un acte de langage est un moyen mis en
œuvre par un locuteur pour agir sur son
environnement par ses mots : il cherche à
informer, inciter, demander, convaincre,
promettre, etc.
 Un acte de langage : a un but (aussi appelé
intention communicative), un corps (c'est-
à-dire une réalisation) et un effet.
La théorie de Austin et de Searle
 insiste sur le fait qu'outre le
contenu sémantique d'une assertion, un
individu peut s'adresser à un autre dans l'idée
 de faire quelque chose,
 de transformer les représentations de choses et
de buts d'autrui, plutôt que
simplement dire quelque chose:
 on parle alors d'un énoncé performatif (faire,
accomplir), par contraste avec un
énoncé constatif.
Acte de langage performatif et constatif
 La thèse d’Austin s’appuie sur une distinction parmi les
énoncés affirmatifs entre ceux qui décrivent le monde
et ceux qui accomplissent une action:
 (1) Le chat est sur le paillasson.
 (2) a. Je te promets que je t’emmènerai au cinéma
demain.
 b. Je baptise ce navire le "Queen Elizabeth".
 c. Je déclare la guerre au Zanzibar.
 d. Je m'excuse d’être en retard.
 f. Je te nomme sénateur.
 g. Je te condamne à dix années de travaux forcés.
 i. Je te donne ma parole d'honneur.
 Les énoncés de la première catégorie,
comme (1), sont dits constatifs, tandis
que les seconds, comme (2), sont
performatifs.
 Les énoncés constatifs peuvent avoir une
valeur de vérité: ainsi (1) est vrai si le
chat est sur le paillasson.
Les énoncés performatifs
ne peuvent pas recevoir de valeur de
vérité. Toutefois les actes qu’ils
accomplissent peuvent être réussis
ou échoués ou, dans la terminologie
de Austin, ils peuvent être heureux
ou malheureux.
 Un énoncé performatif décrit une certaine action
performative; son énonciation revient à
accomplir cette action. Par exemple:
 Je baptise ce bateau le Queen Elizabeth
 on dit quand on brise une bouteille contre le navire:
mon acte ne peut être considéré réussi si le navire a
un autre nom, ou s'il n'y a pas de témoins, de
bouteille de champagne, si le navire n’est pas dans
une cale de construction, etc. Pour la bonne réussite
du baptême d'un navire il est nécessaire que
certaines conditions institutionnelles soient
satisfaites, autrement l'action est nulle.
Performatifs explicites et implicites
 Austin a remarqué qu’à côté de
performatifs explicites il y a des
performatifs implicites comme:
 Je t’emmène au cinéma demain.
 L’énonciation de cet exemple peut
correspondre à une promesse, mais le
verbe promettre n’est pas explicitement
employé.
 Les constatifs correspondent aussi à des
actes de langage implicites.
 Un énoncé constatif, performatif
implicite, peut être transformé dans un
performatif explicite. Par exemple, la
phrase peut être transformée dans une
phrase performative explicite:
 J’affirme que le chat est sur le paillasson.
 Austin distingue trois types d’actes de
langage:
1. les actes locutionnaires que l’on
accomplit où on dit quelque chose et
indépendamment du sens que l’on
communique;
2. les actes illocutionnaires que l’on
accomplit en disant quelque chose et à
cause de la signification de ce que l’on dit;
3. les actes perlocutionnaires que l’on
accomplit par le fait d’avoir dit quelque
chose et qui relèvent des conséquences
de ce que l’on a dit (le plus souvent
certains effets sur les sentiments, les
pensées, les actes de l'auditoire).
Exemples
 a. Je te promets que je t’emmènerai au
cinéma demain.
 Acte A - locutionnaire: Il a dit: « Je te
promets que je t’emmènerai au cinéma
demain »
 Acte B - illocutionnaire: Il m’a promis de
m’emmener au cinéma demain
 Acte C - perlocutionnaire: Il m’a assuré que
demain nous irons ensemble au cinéma.
Exemples
 b. Entre dans la chambre!
 Acte A - locutionnaire: Il m'a dit: «Entre dans
la chambre!»
 Acte B - illocutionnaire: Il me pressa (ou me
conseilla, ou m'ordonna, etc.) d’entrer dans la
chambre.
 Acte Ca - perlocutionnaire: Il me persuada
d’entrer dans la chambre.
 Acte Cb - perlocutionnaire: Il parvint à me
faire entrer dans la chambre.
La théorie des actes de langage
 Austin fait la distinction entre trois types d’actes réalisés
dans le langage:
 a. acte locutionnaire: DIRE quelque chose (avec un
sens et une référence)
 b. acte illocutionnaire: réalisé EN DISANT quelque
chose
 Action réalisée au moyen d’énoncés: affirmation,
promesse, question, requête, conseil, etc.
 c. acte perlocutionnaire: accompli PAR LE FAIT DE
DIRE quelque chose: effrayer, convaincre, persuader,
etc.
Actes directs et indirects
 Dans un acte direct, le locuteur explicite
littéralement son intention de communication.
 Dans un acte indirect, le locuteur réalise un acte via
un autre, sans que son intention ne soit transparente:
 1. Ferme la fenêtre!
 2. Je te demande de fermer la fenêtre.
 3. Pourrais-tu fermer la fenêtre, s’il te plaît?
 4. Voudrais-tu fermer le fenêtre?
 5. J’aimerais que tu fermes la fenêtre.
Taxinomie des actes illocutionnaires selon Austin
 Austin considère que toute énonciation correspond à
l’accomplissement d’un acte illocutionnaire. Cet
acte peut présenter des valeurs différentes, selon le
type d’acte accompli.
 Austin distingue cinq grandes classes d’actes
illocutionnaires:
 les verdictifs (de verdict) ou actes juridiques:
acquitter, condamner, décréter, etc.;
 les exercitifs (de exercer): dégrader,
commander, ordonner, pardonner, léguer, etc.;
cinq grandes classes d’actes illocutionnaires:
 les promissifs (de promettre): promettre,
garantir, parier, jurer de, etc.;
 les comportatifs (de se comporter): s’excuser,
remercier, déplorer, critiquer, etc.;
 les expositifs (de exposer): affirmer, nier,
postuler, remarquer, etc.
Les actes de langage dans la version
searliene
 Searle a ajouté à la théorie austinienne des actes de
langage le principe d’exprimabilité, selon lequel
tout ce que l’on veut dire peut être dit.
 Le principe d’exprimabilité exprime le rôle essentiel
de l’intention de communication du locuteur.
 Le locuteur qui s’adresse à son interlocuteur a
l’intention de lui communiquer un certain contenu
et le lui communique grâce à la signification
conventionnellement associée aux expressions
linguistiques qu’il énonce.
La taxinomie des actes de langage selon Searle

 Searle a proposé une autre classification des actes de


langage selon les critères:
1. le but de l’acte illocutionnaire,
2. la direction d’ajustement entre les mots et le monde,
3. les états psychologiques exprimés,
4.les statuts respectifs du locuteur et de l’interlocuteur
et leur influence sur la force illocutionnaire de
l’énoncé,
5. les relations de l’énoncé avec les intérêts du locuteur
et de l’interlocuteur, etc.
Searle dégage cinq classes principales d’actes de
langage:

 les représentatifs (assertion, affirmation,


etc.);
 les directifs (ordre, demande, conseil, etc.);
 les promissifs (promesse, offre, invitation,
etc.);
 les expressifs (félicitation, remerciement,
etc.);
 les déclaratifs (baptême, nomination,
déclaration de guerre, etc.).
Sperber et Wilson ont proposé
 de réduire radicalement les classes d’actes de langage
à trois classes: dire que, dire de et demander si:
 1. les actes de dire que correspondent en gros aux
phrases déclaratives (assertions, promesses,
prédictions, etc.);
 2. les actes de dire de correspondent grossièrement
aux phrases impératives (ordres, conseils, etc.);
 3. les actes de demander si correspondent aux
phrases interrogatives, dans le sens large du terme,
c’est-à-dire aux questions et au demandes
d’information.
Les fonctions du langage
 Le problème des fonctions du langage a
été posé par les théoriciens de l’école de
Prague qui considèrent que le langage a
un but bien déterminé .
 Le nombre des fonctions du langage
reconnues a varié selon les théories
linguistiques.
Le psychologue allemand Karl Bühler
 a distingué trois facteurs qui
interviennent dans le processus de la
communication :
 l’émetteur
 le destinataire (ou le récepteur)
 le référent (ou le contexte)
Karl Bühler propose trois fonctions du langage qui
leur correspondent :

 la fonction expressive (qui se trouve en


relation avec l’émetteur du message)
 la fonction conative (en rapport avec le
destinataire)
 la fonction référentielle (qui établit une
relation entre l’énoncé et l’univers
extérieur, correspondante au référent)
 Le linguiste Roman Jakobson donne une
image plus complexe de cette idée et y ajoute
d’autres éléments.
 Dans son ouvrage Essais de linguistique
générale (1963), il considère que c’est
nécessaire de décrire les fonctions du
langage en se référant aux éléments
nécessaires à toute communication
linguistique qu’on pourrait représenter
dans le schéma suivant :
En tenant compte des éléments présentés, les fonctions du
langage peuvent être regroupées de la manière suivante:
La fonction dénotative/référentielle
 renvoie à un contexte ou situation de communication.
 Elle est fondée sur le référent et établit une relation
entre le message et l’objet auquel il renvoie.
 C’est la fonction utilisée pour donner une information,
décrire la réalité, rapporter objectivement un
événement.
 Les messages sont purement informatifs, le contenu
des messages est objectif et prédominant dans certains
types d’énoncé comme : récit, poésie épique, documents
publicitaires, textes de loi, etc. Les verbes conjugués à la
troisième personne du singulier et du pluriel sont la
marque de cette fonction.
La fonction émotive/expressive
 concerne l’émetteur et
 elle a comme but l’expression directe de l’attitude
du locuteur à l’égard de ce dont il parle.
 Tout message porte une trace affective, exprimée
habituellement par des interjections, des
exclamations ou des intonations.
 La référence est le sujet parlant. La fonction émotive
prédomine dans la poésie lyrique , dans le
journal autobiographiqueet les mémoires, etc.
La fonction phatique
 porte sur le canal dont l’objet est le contact
avec l’interlocuteur.
 Elle a pour but la fixation, le prolongement ou
l’interruption de la communication et vérifie le
fonctionnement du canal ou du circuit.
 Le message est alors dominé par le maintien
de la relation entre les interlocuteurs présents.
Il ne s’agit pas de parler des faits, mais d’entrer
en relation.
 Cette fonction du langage peut se manifester
par un échange de formules rituelles ou par des
dialogues qui se proposent de continuer une
communication : « Allô », « n’est-ce
pas », « eh bien », « ben », « heu », « tu
vois », « tu sais », « bonjour », « ça va », etc.,
prouvant ainsi que le langage n’est pas un
simple instrument de communication d’un
contenu.
 Derrière elle, se profile la fonction
interpersonnelle qui permet d’exprimer les
relations sociales et personnelles.
la fonction métalinguistique
 est centrée sur le code.
 Cette fonction s’exerce lorsque l’échange porte sur le
code lui-même et que les partenaires vérifient qu’ils
utilisent bien le même code.
 c’est utiliser un langage pour expliquer un autre
langage.
 On fait appel à la capacité qu’a la langue de pouvoir
expliciter ses propres codes, ses propres règles et son
propre lexique. – les définitions, les explications, les
gloses, les commentaires, etc.
La fonction conative
 le message acquiert une valeur pragmatique orientée sur le
destinataire.
 Elle suppose une dimension interactionnelle – il s’agit de
reconnaître au langage une visée intentionnelle sur le
destinataire et une capacité d’avoir sur ce dernier un
certain effet.
 Elle va efforcer le récepteur à agir, à écouter, à émouvoir,
etc. Les ordres, les défenses, les plaidoiries des avocats, les
prédications religieuses et les conseils en sont quelques
illustrations. Du point de vue grammatical, les verbes à
l’impératif et au vocatif et le pronom personnel tu/toi sont
l’expression la plus directe de cette fonction.
La fonction poétique
 l’accent est mis sur le message lui-même.
 Elle met en évidence le côté palpable des signes .
 Elle ne se limite pas à la seule poésie, car tout message
est expressif.
 L’accent est mis sur le message dont la forme importe
autant que le fond. La rime, la métaphore,
l’antithèse, l’ironie, les jeux des mots font partie des
procédés qui ont une fonction esthétique et qui font
que le message comporte plus d’information que le
message lui-même.
Les fonctions du langage existent
rarement à l’état pur, et c’est
souvent plusieurs fonctions que
prennent les messages de façon
simultanée.

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