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LE DROIT À

L’AUTONOMIE
B OT N A R U A L E X A N D R U
DEFINITION
Le droit à l’autonomie de la personne correspond à son droit de disposer de
son corps selon sa volonté. C’est un droit fondamental reconnu par la Charte
canadienne et la Charte québécoise, notamment sous le concept du droit à la
liberté de la personne.
ÉVOLUTION
• Ce droit a connu une évolution considérable depuis les années 1980. Avant cette époque, la
personne jouissait d’un droit à l’autonomie qui lui conférait une liberté décisionnelle assez
limitée sur son corps. En pratique, la personne pouvait décider de ce qu’elle voulait pour son
corps, sauf qu’elle ne pouvait pas prendre de décisions qui lui causaient un préjudice. Si la
personne prenait une mauvaise décision, les prestataires de soins de santé pouvaient ne pas
respecter son choix, passer outre son refus de traitement et lui prodiguer les traitements malgré
son refus. C’était le concept du « paternalisme médical » qui primait, c’est-à-dire que le médecin
pouvait décider à la place du patient et dans son meilleur intérêt, même si la décision du
médecin allait à l’encontre de la volonté du patient
• Suite à une évolution importante de la jurisprudence et de la législation, le concept de
« paternalisme médical » a peu à peu cédé le pas à un autre concept, celui de l’autonomie de la
personne. En Common Law , on parle du droit à l’autodétermination de la personne
DESCRIPTION
• Ce concept d’autonomie fait de la personne la seule apte à décider de son meilleur intérêt et ce, peu
importe l’opinion des gens qui la traitent. De plus, la marge décisionnelle de la personne s’est
considérablement élargie. Même si la personne prend une décision susceptible de lui causer un
préjudice grave ou d’entraîner sa mort, peu importe l’avis de son équipe traitante, le concept de
l’autonomie de la personne lui garantit le respect de sa décision, pourvu qu’elle soit apte à
consentir, qu’elle soit majeure et que la loi ne limite pas expressément l’exercice de sa
volonté.
• Pour donner son plein effet au droit à l’autonomie, les tribunaux ont également généré une extension
considérable du droit à l’information du patient et, en conséquence, du devoir d’information du médecin
ou du professionnel de la santé qui dispense les traitements. Le fondement même du droit à
l’autonomie de la personne repose sur l’accès de celle-ci à toute l’information pertinente pour décider
en pleine connaissance de cause.
• Les tribunaux francaises ont, à plusieurs reprises, donné effet à des refus de traitement exprimés par
des personnes aptes à consentir ou à refuser des soins, même si leur refus de traitement risquait
d’aggraver leur état ou de leur causer la mort. L’état du droit est aujourd’hui clair sur cette question. La
‘’Loi concernant les soins de fin de vie ’’ réaffirme expressément ce principe à son article 5. Bien que la
loi entrera en vigueur d’ici le mois de décembre 2015, ce principe affirmé dans la loi exprime tout
simplement l’état actuel du droit. Par exemple, le patient de 21 ans qui arrive à la salle d’urgence en
hémorragie et qui refuse toute transfusion sanguine parce qu’il est Témoin de Jéhovah ne peut, s’il est
apte à consentir, être transfusé contre son gré et ce, même s’il perdait ensuite conscience et que sa vie
était en danger.
CONCLUSION
• Le droit à l’autonomie est la pierre angulaire des droits du patient et ce, pratiquement dans
toutes les juridictions à travers le monde. Il reconnaît finalement à chaque personne le droit de
diriger sa vie et de décider selon ses propres valeurs sans dépendre des autres personnes et ce
même si la personne est limitée fonctionnellement en raison d’une maladie ou d’un handicap.
• C’est également la portée que la Cour Suprême du Canada a donné au concept de liberté de la
personne énoncé à l’article 7 de la Charte canadienne. Selon une interprétation énoncée
graduellement dans plusieurs décisions, dont la première remonte à la décision de la Cour dans
l’affaire Morgentaler en 1988, le plus haut tribunal du pays a établi qu’il existe une sphère de
décision tellement personnelle, tellement privée, qui dépend tellement de la vision que la
personne se fait de sa vie, que l’État ne devrait pas intervenir pour contrecarrer les décisions de
la personne.

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