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CHAPITRE IV

CROISSANCE BACTERIENNES

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II. CROISSANCE BACTERIENNE
En microbiologie, la croissance :
- définie par un accroissement du nombre de cellules.
- constitue une étape essentielle de la vie.
Les cellules ont une période de vie limitée et le maintien d’une espèce est lié
à une croissance continue de sa population.
La cellule bactérienne constitue une machine vivante capable de se dupliquer.
Une bactérie donne deux cellules filles chacune d’elles recevra une copie
du chromosome et la moitié des composants cellulaires, soit par :
- scissiparité
- bourgeonnement (cyanobactéries) et
- fragmentation (bactéries filamenteuses).
Diverses techniques sont appliquées pour analyser, accompagner et mesurer
la croissance.
Chacune a des points positifs et des points négatifs.
On identifié des procédés directes et des procédés indirectes.
Certaines différencient les cellules vivantes des cellules mortes et d'autres,
en sont inapte
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Mesures directes : Dénombrement des bactéries sur milieu solide
Le résultat est formulé en nombre de bactéries par ml.
On peut partir de 1 ml de lait, de jus ou quelques mg de viandes broyées,
dans 9 ml d'eau stérile (première dilution 1/10 : (10¨1)).
On procède ensuite à une dilution en série de 1/100 : (10¨2), 1/1000 : (10¨3),
1/10000 : (10¨4 ), 1/100000 : (10¨5), 1/1000000 : (10¨6).
Après, 1 ml de toute dilution est étalé soit en profondeur soit en surface en
utilisant des milieux de cultures solides sur boite de Petri.

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Figure 1 : les deux méthodes possibles pour les dénombrements en boîte de Pétri :
étalement et ensemencement en masse 4
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Figure 2 : Technique de dilution
A partir d'un volume connu d'une suspension bactérienne on peut faire une
numération totale des cellules au microscope.
Grâce à une coloration (au Bleu de Méthylène ou au colorant de Newton),
de différencier si on le souhaite les bactéries mortes des bactéries vivantes.
On utilise une lame spéciale appelée chambre de comptage de Petroff-Hausser
il y’a d’autre cellule de numération comme :
- Cellule de Thoma et
- Cellule de Malassez
L'inconvénient est que la méthode est :
- lente,
- peu sensible,
- peu juste (peu exacte) et
- fatigante pour l'observateur.

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Figure 3 : Comptage direct sur une lame spéciale appelée chambre de comptage
de Petroff-Hausser 7
Mesures indirectes de la turbidimétrie
La turbidimétrie est :
- la mesure du degré de turbidité d'une suspension.
- fait partie de la photométrie des milieux troubles.
- déterminée grâce à un système optique, en général
un spectrophotomètre classique, on mesurant la densité optique (DO) ou
Absorbance (A).
La grandeur de lumière transmise à une cellule photosensible est inversement
proportionnelle à la quantité de bactérie.
Plus, il y a de bactéries, plus l'absorbance est faible.
On peut tracer des courbes de relation entre le nombre de bactéries et
l'absorbance.
Dans la phase exponentielle, elle est indiquée en moyen d’une droite.
(il faut environs 107 bact/ ml pour mesurer une densité optique).
Les milieux abondamment colorés ne peuvent pas être utilisés.
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Figure 4 : mesure de la turbidimétrie par spectrophotométrie
II. 1. Constantes de la croissance
II. 1.1.Le temps de génération
C'est l'intervalle de temps entre 2 divisions successives
 
G = t /n t = temps (connu)
n = nombre de divisions
 C'est le temps (h) nécessaire à :
- 1 bactérie pour produire 2 bactéries,
- 2 bactéries pour donner 4 bactéries,
- 4 bactéries pour produire 8 bactéries etc.
L'accroissement de la bactérie se fait selon une progression exponentielle à un
temps régulier 1cellule → 2 cellules → 4 cellules → 8 cellules →16 cellules etc.
Lorsqu'une cellule bactérienne se reproduit dans un milieu favorable, toutes les
premières divisions sont synchronisées puis très rapidement les divisions
s'effectuent de façon asynchronique (à cause de différences mineures entre cellules
individuelles).
En effet la croissance s'effectue de façon continue et non pas « par paliers »
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Figure 5 .Croissance synchrone, Croissance asynchrone. 11
G : n'est pas le même pour toutes les bactéries et peut varier en fonction
des conditions de culture
G : est d'environ :
20 min pour Escherichia coli,
100 min pour Lactobacillus acidophilus,
1000 min pour Mycobacterien tuberculosis
 

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II. 1. 2. Taux de croissance
C'est le nombre de divisions par unité de temps
r = n / t n = nombre de divisions
t = temps (connu)
C'est donc l'inverse de G.
Donc Pour
E.coli G = 20 min donc r = 3 divisions/heure.
Lactobacillus acidophilus = 100 min donc r = 0,6 divisions/heure.
Mycobacterien tuberculosis = 1000 min donc r = 0,06 divisions/heure.

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II. 2. Croissance en milieu non renouvelé.
II. 2. 1. Courbe de croissance
Quand on trace la courbe de croissance représentant le nombre de cellule
en fonction du temps, N = f (t), on obtient la courbe suivante. (figure 6)
Il est préférable de l'exprimer en coordonnées semi-logarithmiques
compte tenu du nombre élevé de bactéries.

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Figure 6 .Courbe de croissance. a : N = f(t); b : log N = f(t); c : µ = f(t) 
Figure 7 : Les paramètres de la croissance. Méthode d’estimation du temps de génération (g) sur la base de
représentations semi-logarithmiques pour des populations en phase exponentielle de croissance, dont les
temps de génération sont de 6 heures (a) et 2 heures (b).
La pente de chacune des droites est égale à 0,301/g et n est le nombre de générations durant le temps t. Tous
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les nombres sont exprimés en notation scientifique (10 000 000 = 1 ×10 7 ; 60 000 000 = 6 ×10 7).
La relation entre N et N0 avec n
L’équation N= N0 2n peut permettre de déterminer n comme suit :

N= N0 2n
log N= log N0 + nlog2
log N- log N0 = nlog2

n = log N– log N0
log2

= log N– log N0
0,301

= 3,3 (log N– log N0)

Cette nouvelle équation permet de déterminer le temps de


génération à partir des quantités mesurables que constituent N et N 0
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.

Par exemple, d’après les données de la figure (en bas) ou N = 10 8 cellules.mL–


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, N0 = 5 ×107 cellules.mL–1
et
t=2h:
n = 3,3 [log (108) – log (5 ×107)]
= 3,3 (8 – 7,69)
= 3,3 (0,301)
=1
Dans cet exemple,
le temps de génération g = t/n = 2/1 = 2 h.
Si la croissance exponentielle continuait pendant deux heures de plus,
la concentration en cellules au final serait de 2 × 108 cellules.mL–1
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II. 2. 2. Les phases d'une culture bactérienne
Dans la courbe (b), courbe de croissance typique d'une culture bactérienne,
on distingue :
a - phase de latence
b - phase d'accélération N augmente, µ augmente
c - phase exponentielle
d - phase de décélération µ diminue
e - phase stationnaire
f - phase de déclin

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II. 2. 2.1. La phase de latence
N = No : phase ou les bactéries ne se devise pas, mais c’est une période
où les bactéries s’adaptent en synthétisant les enzymes nécessaires
et spécifiques pour les nutriments se trouvant dans le milieu
Cette phase peut être invisible ou absente chez des bactéries inoculées
à partir de la phase exponentiel
Caractérisée par le taux de croissance µ = o.

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II. 2.2.2. Phase exponentielle ou logarithmique
Expression mathématique de la croissance
Les cellules bactériennes se multiplient sans arrêt, tant que
les nutriments sont disponibles et
les substances toxiques absentes et
le pH est optimal.
Le taux de croissance : µ est maximal.
Le temps de génération : G minimal et constant

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Cette phase est caractérisée par une relation directement proportionnelle entre
log N et t
Que l'on peut exprimer mathématiquement par r et G.
Si nous considérons une population initiale N0, elle augmentera à chaque
génération de la façon suivante :
- après 1 génération : N1 = 2N0
- après 2 générations : N2 = 2 x 2N0 = 2²N0
- après n générations : Nn = 2n N0
Cette équation peut être exprimée en fonction du taux de croissance horaire
(r = n/t d’où n = r t); soit N = 2rt. N0 que l’on peut exprimer en logarithmes
 Log N = r t log 2 + log N0
  r = log N - log N0
t log2

G= t log 2
log N – log N 0
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Ces équations sont applicables lorsque la phase de latence est nulle. Si non, on
prendra 2 valeurs de log N prises en phase exponentielle et on écrira :
 
r = log N2 – log N1 = 1
(t2 -t1) log N0 G
 
Si la phase de latence est nulle :
 
r = log N – log N0 et μ = log N- log N0
t log 2 t
 
→ μ = r. log 2
 
μ : taux népérien de croissance r : taux horaire de croissance

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II. 2. 2-3- Phase stationnaire maximale
N est à son maximum et s'y maintient
Lorsque la culture est faite dans une boite de pétri ou un tube à essai, à un
certain moment, les nutriments s'épuisent, les produits toxiques se rassemblent
et le pH varie.
Le nombre de cellules ne change plus.
Il y a autant de multiplication que de mort cellulaire.
Le taux de croissance (r) est constant.
On parle même d'une croissance cryptique, ou des cellules se nourrissent du
contenu libéré par des cellules mortes.

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II. 2. 2-4 Phase de déclin
Le taux de croissance  : r est négatif
Pas de multiplication cellulaire dans cette phase suite à l’épuisement des
nutriments dans le milieu et donc on vas avoir lyse cellulaire

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II. 2. 3- Phénomène de diauxie

Figure VI.3. Phénomène de diauxie chez E. coli cultivé sur un milieu avec fructose
et arabinose comme seule source de carbone. 26
on cultive E.coli sur un milieu contenant comme source de carbone un mélange
de fructose et d’arabinose.
On observe :
- une première phase de croissance exponentielle (A) suivie d’un plateau
correspondant à la phase stationnaire puis, après une période de latence
intermédiaire (B),
- une deuxième phase exponentielle de croissance (C). L’analyse montre que,
pendant la première période A, seul le fructose est utilisé, et épuisé,
l’arabinose étant métabolisé seulement dans la deuxième partie (C).
On a pu obtenir la même « double » croissance avec un mélange glucose-sorbitol.
On peut ainsi classer les sucres en deux groupes :
G1 : glucose, saccharose, fructose, man­nose;
G2 : maltose, sorbitol, arabinose, inositol.
Seuls les mélanges G1+ G2 donneront un phénomène de diauxie.
On a décrit des phénomènes de triauxie, notamment avec le mélange de
glucose-glycérol-sorbitol.

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II. 2. 4- Facteurs influençant la croissance

- Limitation en éléments nutritifs.


- Disponibilité limitée en oxygène.
- Accumulation de déchets toxiques.
- Population atteint une densité critique.
 

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II. 3. Croissance en milieu renouvelé : Croissance continue
Dans le cas de la croissance en milieu non renouvelé
la phase exponentielle ne peut durer que quelques heures.
Dans certains cas, il est souhaitable de maintenir les cellules bactériennes
en phase exponentielle de croissance pendant de longues périodes.
Ceci peut être réalisé :
- soit par transferts successifs de bactéries dans un milieu neuf semblable.
- soit en renouvelant constamment le milieu de culture avec au même temps
élimination des produits du métabolisme.

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Principe :
La culture bactérienne se fait dans un récipient relié à un réservoir contenant
du milieu neuf, qui à l'aide d'un robinet réglable est amené de façon continue.
D'autre part le récipient de culture est muni d'une tubulaire de sortie placée de
telle manière qu'une quantité de culture égale à la quantité amenée soit retirée
à chaque instant.
Dans un tels système où la culture microbienne reste sous un volume constant
(V ml) tout en recevant un débit (d en ml/h) de milieu neuf, la concentration
cellulaire varie en fonction de µ de l'espèce.
dN / dt = (µ - D) N
t = temps; D = taux de la dilution;
N = concentration cellulaire initiale

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Quand la valeur de µ est maximale et constante (phase exponentielle),
on peut considérer 3 éventualités :
- si µ max < D; l'effet de dilution est supérieur à l'incidence de croissance.
La population tend vers 0.
- si µ max = D; le D est calculé pour que la population reste constante,
certains dispositifs ont été conçus pour correspondre à cette situation :
turbidostats
- si µ max > D; l'effet de dilution est moins important que celui de la
croissance :
dN / dt > 0; la population tend à augmenter.
Elle peut être autorégulée dans des appareils comme
le bactogène (MONOD) ou le chémostat (NOVICK et SZILARD).

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Turbidostat
Dans ce cas on choisit N en phase exponentielle et on le maintien constant
grâce à une régulation de D
Cette autorégulation de D est en fonction de la concentration bactérienne
mesurée à la sortie.  
la vitesse à laquelle les cellules quittent le réacteur (mesurée par la turbidité
ou l’opacité, du flux sortant) commande l’introduction des substances
nutritives.

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Figure VI.4.Turbidostat 33
Chémostat
Un chémostat est un appareil de laboratoire (de type bioréacteur)
dans lequel poussent de façon contrôlée, des organismes (bactéries,
phytoplancton).
On peut schématiser un chémostat de la façon suivante:

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Figure VI.5. Chémostat. 35
On place dans la chambre du chémostat les organismes dont on veut étudier la
croissance.
Ces organismes sont "nourris" par l'entrée dans le système de nutriment, à un
taux D et une concentration sin.
Trois modes de fonctionnement :
- en batch  : l'entrée et la sortie sont nulles, on assiste à une croissance
exponentielle des organismes.
- en fed batch : seule la sortie est nulle. C'est le mode de fonctionnement
préfère lorsque l'objectif est le contrôle de la population.
- en continu : le débit de la sortie est égal au débit de l'entrée. Le volume est

donc constant dans la chambre.


Dans le cas du chémostat, c'est le troisième type de fonctionnement (en
continu) qui est privilégié. Ainsi, le mélange phytoplancton-nutriment est
chassé du chémostat au même taux D que l'entrée. 
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