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Surveillance

épidémiologique

Dr A.LARINOUNA
Service d”Epidémiologie et de Médecine préventive
CHU Béni Messous
Objectifs du cours
■ Définir la surveillance épidémiologique

■ Citer les buts de la surveillance


épidémiologique

■ Identifier les différentes sources de


données

■ Citer et définir les modalités de


déclaration des maladies à déclaration
obligatoire (MDO)

■ Connaître le rôle des différentes


institutions
Introduction
Les maladies transmissibles demeurent en Algérie une préoccupation
majeure de Santé publique.
Pour pouvoir agir sur les maladies transmissibles prioritaires, c'est-à-dire :
- Identifier les priorités
- Planifier
- Mobiliser
- Allouer des ressources humaines matérielles financières etc.…
- Evaluer
- Prévenir etc…
Il est essentiel de pouvoir disposer d’un système national de surveillance
des maladies transmissibles qui fonctionne efficacement.
Définition
En 1963, Alexander Langmuir a défini la surveillance des maladies
comme étant «l’observation attentive et continue de leurs distributions
et de leurs tendances à travers la collecte systématique, la
compilation et l’analyse des données de morbidité, de mortalité et
d’autres données pertinentes, ainsi que la dissémination régulière et à
temps à ceux qui ont besoin de savoir ».

En pratique, la surveillance épidémiologique est un processus systématique


et continu, composé de quatre activités principales
01 02
collecte de données pertinentes sur
regroupement et tabulation de
une population et une région
ces données
spécifique
.
.

03 04
analyse et interprétation des diffusion de l’information
données traitée
. .
Figure1 : organisation pratique de la surveillance épidémiologique
OBJECTIFS
• Décrire: caractéristiques de temps, de personne et
de lieu

• Alerte: Détecter les phénomènes (épidémies)

• Evaluer : tendances des maladies et l’impact des


mesures de prévention et de contrôle

• Identifier les groupes, zones et périodes à risque

• Améliorer les connaissances de la chaîne de


transmission des maladies
• Aider à la décision (priorité de santé publique)
• Diffuser l’information aux personnels de santé
QUALITES D’UN SYSTEME DE SURVEILLANCE
 Simplicité :
Un système de surveillance simple est facile à comprendre et à appliquer.
Sa structure est légère, ses procédures de recueil et de transmission de
l’information sont rapides et standardisées. Il est peu coûteux.

 Souplesse :
C’est la capacité du système de s’adapter facilement à des changements
de la définition de cas, des données à collecter ou des sources
d’information.

 Acceptabilité :
C’est le niveau d’adhésion des personnes et des structures qui participent
au système de surveillance. Cette qualité est affectée par la complexité des
procédures et des supports utilisés, ainsi que par le nombre et le type de
données à collecter.
.
 Sensibilité :
C’est la capacité de détecter un phénomène quand il existe réellement.
Le système doit être capable d’identifier tous les cas.

 Valeur prédictive positive :


C’est la capacité de détecter correctement un vrai phénomène. Lorsque le
système identifie un cas, celui-ci doit être un vrai cas.
 Représentativité :
C’est la capacité d’un système de décrire correctement la distribution des
phénomènes de santé selon les caractéristiques de temps, de lieu et de
personne.
 Réactivité :
Elle est représentée par la rapidité de circulation de l’information, de détection
des épisodes épidémiques et de l’instauration de mesures de contrôle.
C’est le délai entre l’apparition du phénomène surveillé et la riposte
(l’intervention)
Les différents types de surveillance
- Surveillance passive :
Les informations sont acheminées sans sollicitation ou intervention de la
part des services responsables de la surveillance. Le système attend les
notifications.

- Surveillance active :
C’est la collecte de données de façon périodique par un contact régulier
avec les services concernés pour chercher la présence ou l’absence de
nouveaux cas d’une maladie particulière. Le système cherche l’information.

Ex : dans un établissement recherche hebdomadaire des cas d’infection


nosocomiales
.
- Surveillance semi-active :

C’est un système de surveillance passive dans lequel tout


informateur qui a omis de se manifester dans les délais prévus est
systématiquement recontacté, ou si chaque cas déclaré fait l’objet
d’une investigation complémentaire à la recherche d’autre cas.
Exemple : les cas de PFA entraine une réalisation d’une enquête sur
le terrain à la recherche éventuelle d’autre cas de PFA.
.

La Surveillance en réseau sentinelle


■ est utilisée lorsque l’on veut établir une simultanéité des
données à recueillir, soit pour couvrir une zone
géographique assez vaste soit pour établir une
comparabilité entre différentes entités, comme entre
plusieurs établissements de santé.

■ La surveillance en réseau sentinelle suppose un centre


coordinateur chargé d’établir un protocole commun
standardisé et gérer les données collectées par les
membres participants. Ce centre doit analyser les données
et les restituer sous forme de résultats destinés à être
partagés par l’ensemble des acteurs
.
En pratique, c’est généralement un groupe de services, de cliniques,
de cabinets médicaux ou de laboratoires qui participent à un réseau
sentinelle dans le cadre d’un engagement volontaire.
Exemple :le réseau sentinelle de surveillance de grippe saisonnière
installé en 2006 (plus de détails ).
limité à quatre wilayas du centre du pays : Blida, Alger, Boumerdes
et Tipaza. Soixante douze médecins ont été recrutés

Surveillance sentinelle par site


■ c’est une surveillance spéciale qui s’effectue d’une façon limitée
dans le temps et dans l’espace et qui est répétée régulièrement à
la même période de l’année. Elle permet de suivre la tendance
d’une maladie spécifique, dans un site précis et chez des groupes
particuliers de la population.
■ Exemples :Haemophilus influenzae type b (Hib) WHO
Modalités de la surveillance des maladies
transmissibles
■ La déclaration obligatoire des maladies à partir de critères cliniques (pour
les praticiens) ou biologiques (pour les biologistes). La liste des maladies à
déclaration obligatoire est différente d’un pays à l’autre. En Algérie, en plus
de la liste officielle, tout phénomène ayant un impact sur la santé et
possédant un risque épidémique doit être déclaré
■ Tout médecin quelque soit son type d’exercice est tenu de déclarer les maladies à
déclaration obligatoire (MDO) à l’EPSP territorialement compétent selon «
CIRCULAIRE 1126 DU 17/11/1990 »
Et décret exécutif N°22-250 Aouel dhou el Hidja 1443 correspondant au 30 juin 2022
fixant la liste des maladies transmissibles à déclaration obligatoire complétant la liste
des maladies à déclaration obligatoire
.

■ La surveillance par un réseau de laboratoires et/ou un réseau de


médecins sentinelles.

■ Les enquêtes épidémiologiques ponctuelles ou périodiques qui


concernent soit un échantillon sélectionné, soit une population suivie
régulièrement :
-par interview.
-par examen clinique.
-par examen para clinique.

■ Les résultats des laboratoires de référence : ces laboratoires sont installés


à l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA) et à l’lnstitut National de Santé
Publique(INSP).
Exemple : la majorité se situe à l’IPA, le laboratoire de la rougeole, de la
poliomyélite, de la grippe, du VIH/SIDA, des méningites, de la brucellose…à
l’INSP se trouvent le laboratoire du paludisme et celui de la bilharziose.
.

■ La surveillance de la résistance et de la sensibilité des agents


microbiens aux antibiotiques. La surveillance de la résistance
s’effectue localement mais pour certaines maladies elle est
coordonnée par les laboratoires de référence. Un réseau sentinelle
de surveillance dirigé par le laboratoire de bactériologie de l’IPA
existe et fonctionne avec certains laboratoires de bactériologie des
CHU, des EPH et privés.

■ Les études entomologiques en vue d’identifier les vecteurs de


maladies, leur biologie, leur répartition géographique et leur
sensibilité aux moyens de lutte
.

■ L’analyse des certificats de décès est une source de données très


importante cependant elle reste peu fiable.

■ La surveillance des ventes de médicaments : lorsqu’un


médicament est spécifique à une maladie donnée, l’augmentation
de la demande de ce médicament témoigne de l’augmentation
des besoins de ce médicament et donc de cette maladie.

■ Les activités de dépistage systématique permettent l’identification


de malades et/ou de simples porteurs de germes (parasites,
HIV…).

■ L’étude de la morbidité hospitalière.


ORGANISATION DE LA SURVEILLANCE DES MDO

Les différents services concernés par la prévention et la surveillance des


maladies transmissibles sont :
■ Au niveau central :
la direction de la prévention au ministère de la santé (MS)
l’Institut National de Santé publique (INSP)
l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA
■ Au niveau intermédiaire :
Les directions de santé des wilayas : dans chaque direction, il existe un
service de surveillance des maladies transmissibles
Au niveau local :
■ Les services de santé sont organisés en:
- établissements publics de soins de proximité(EPSP), comprenant chacun un
service d’épidémiologie et de médecine préventive(SEMEP),
- établissements publics hospitaliers (EPH),
- établissements hospitaliers spécialisés (EHS),
-centres hospitalo-universitaires (CHU).
Activités des différents participants à la surveillance des maladies
transmissibles

 Le ministère de la santé
-initie, élabore et impulse toutes les activités liées à la prévention et à la prise en
charge des maladies.
-Il coordonne les actions de lutte contre une épidémie importante.
-Il décide l’initiation d’un programme national de santé, il assure sa conception, sa
mise en œuvre et son suivi sur le terrain, Il dégage les moyens nécessaires à sa
réalisation
■ L’INSP assiste techniquement le MS dans tous les domaines.
-Il est chargé de traiter, analyser et diffuser l’information épidémiologique.
-Il assure la veille épidémiologique en particulier pour les maladies à potentiel
épidémique.

Pour le paludisme, il assure le suivi du programme national de lutte, confirme les


cas diagnostiqués dans les wilayas et assure le contrôle de qualité de la
microscopie
.

■ L’institut Pasteur d’Algérie analyse au niveau de ses laboratoires


de référence, les souches isolées dans les laboratoires
périphériques. Il assure les diagnostics biologiques très particuliers
comme la biologie moléculaire, l’identification des souches, la
surveillance de l’apparition de résistance aux antibiotiques

 Les services de prévention des DSP veillent à coordonner, animer


et évaluer l’exécution des instructions relatives à l’information et à
la surveillance épidémiologique
.

■ Au niveau local
Les déclarations ou notifications se font à partir des praticiens,
médecins ou responsables de laboratoire de diagnostic, quelque soit
leur mode d’exercice (privé et public) et leur lieu d’exercice (cabinets,
laboratoires, centres de santé, polyclinique, clinique, service
hospitalier…).

■ Ces notifications sont transmises au SEMEP ; Celui-ci :

-assure la collecte, le traitement et la diffusion de l’information,


-effectue les enquêtes épidémiologiques et les inspections,
-riposte aux épidémies,
-coordonne les actions avec les services intra et extra sectoriels
Modalités pratiques de la déclaration

■ Pourquoi? Alerter pour arrêter la propagation de l’épidémie,


Décrire la situation sanitaire, MDO.

■ Qui doit déclarer? Tout médecin

■ A qui déclarer? SEMEP  DSP / W  MSPRH et INSP

■ Quoi? MDO confirmée ou suspecte


■ Comment? Sur un imprimé préétabli (fax, mail, tel)
Cas particulier
 Surveillance épidémiologique de l’infection VIH/SIDA
 La déclaration se fait après confirmation de façon anonyme par le laboratoire
national de référence à l’INSP et au MS
 Surveillance de la tuberculose : Il existe un réseau de l’unité de contrôle de
la tuberculose et maladies respiratoire (UCTMR), un par secteur sanitaire
(EPSP). Ces UCTMR transmettent un état mensuel de tous les cas traités
dans le SS à l’INSP sur un support qui est la copie du registre de consultation
du service.
 Surveillance de la poliomyélite :
 Le laboratoire national de référence, situé à I’IPA , service virologie, reçoit
les prélèvements de selles et de sérums de tous les cas de PFA (paralysie
flasque aiguë) ou suspects de poliomyélite et transmet les résultats positifs.
 Surveillance du paludisme :
Un programme national d'éradication existe. Tous les cas sont soumis à une
enquête épidémiologique et les lames positives sont adressées à un laboratoire
central de référence situé à l’INSP pour confirmation
EVALUATION
Un système de surveillance des maladies transmissibles doit être
évalué régulièrement en vue de réajustements afin de l’améliorer et en
fonction des données nouvelles.

L'évaluation permet de répondre aux questions suivantes :


1. Quels sont les points forts et les lacunes du système de
surveillance ?
2. Le système de surveillance répond-il à ses objectifs en matière de
santé publique ?
3. Comment la surveillance fournit-elle aux intervenants le soutien
requis et comment leur profite-t-elle ?
4. Quelles mesures pourraient améliorer le rendement et la productivité
du système de surveillance et le(s) programme(s) qu'il appuie ?
.

Cette évaluation est quantitative et qualitative.

 L’évaluation quantitative est le suivi ou monitoring : a-t-on reçu les


déclarations hebdomadaires de tous les SEMEP ? A-t-on reçu les
déclarations mensuelles de la tuberculose de tous les services de lutte
contre la tuberculose ?...

 L’évaluation qualitative c’est la supervision.

L’évaluation de l’efficacité (atteinte des objectifs fixés) c’est l’évaluation


proprement dite telle qu’elle est comprise le plus souvent. Elle nécessite une
revue interne par des experts nationaux (ex : un ou deux pneumo-
phtisiologues de CHU différents sont désignés pour effectuer la revue du
programme de lutte contre la tuberculose dans une ou deux wilayas du pays,
ils sont souvent accompagnés d’épidémiologistes et de microbiologistes) et
une revue externe par des experts étrangers (OMS…).
Surveillance des maladies non transmissibles
L’ approche STEPwise (par étape)de l’OMS pour la surveillance des facteurs de risque
des maladies chroniques

Step 1 : Habitudes sanitaires


- Consommation de tabac
- Consommation d’alcool
- Habitudes alimentaires
Step 2 : Mesures physiques
- Taille et poids
- Indice de Masse Corporelle (IMC)
- Rapport tour de taille / tour de hanches
- Pouls radial
- Pression sanguine
Step 3 : Mesures biochimiques
- Glycémie
- Cholestérolémie
-Triglycérides
.

■ Les registres de maladies : Sont essentielles dans la surveillance épidémiologique des


MNT (cancer ou les cardiopathies ischémiques, diabète…)
Les buts poursuivis par ces registres sont de faciliter le contrôle de la maladie et de fournir
un instrument de recherche. Un registre bien fait permet de calculer la durée de la maladie;
sa létalité; son incidence, sa prévalence, de suivre au cours du temps et de façon précise
l’évolution de ces données.
En pratique ,sont des structures qui réalisent un recueil continu et exhaustif de données
nominatives intéressant un ou plusieurs événements de santé dans une population
géographiquement définie, à des fins de recherche et de santé publique, par une équipe
ayant les compétences appropriées .
Il existe plusieurs types de registre :
■ Le registre hospitalier : qui contribue à la qualité des soins médicaux prodigués aux
patients. Il a aussi une certaine utilité en recherche clinique.
■ Le registre général de population (par wilaya) : recueille les données sur tous les
nouveaux cas de cancer survenant dans une population bien définie.
■ - Les registres spécialisés : qui recensent que certains types de maladie (ex registre
des cancers digestifs…).
CONCLUSION
■ Pour faire face à la dynamique de l’épidémiologie des maladies infectieuses,
aux enjeux de santé publique qui en découlent et aux attentes croissantes de
la population en termes de sécurité sanitaire, un système de surveillance de
ces maladies reste une obligation majeure pour détecter à temps les
problèmes qui peuvent menacer la santé des populations, pour conduire les
investigations nécessaires à la mise en place réactive de mesures de
contrôle.
■ Cette surveillance nécessite encore et toujours l’implication active des
professionnels de santé à la source des données, la simplicité, l’accessibilité
du système de surveillance et la modernisation des systèmes d’information
sont des enjeux pour améliorer leur efficience.
■ L’évaluation de ces système est un élément essentiel pour évaluer leur
pertinence et leurs performances afin d’adapter au mieux ces outils aux
besoins de santé publique.

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