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Arendt, Conditions de l'homme moderne, p222, Calman Levy Sur l'oa.

Thse gnrale : la dure, la permanence des oa, n'est pas le signe qu'elles appartiennent un monde spar. Non seulement elles appartiennent bien notre monde, mais elles font plus que cela, elles sont la condition de possibilit d'un monde humain comme tel. 1) Les oa font partie de ces objets qui offrent une stabilit aux hommes. Mais parmi eux, elles sont de tous les objets tangibles les plus intensment du monde. Elles peuvent atteindre la permanence travers les sicles. Les oa font qu'il y a un monde humain unifi, en ce qu'elles assurent un lien entre les poques. Elles reprsentent ce qu'il y a de non mortel dans l'humanit et parce qu'elles persistent travers les temps, elles font qu'on peut parler d'un monde humain. Dans cette permanence, la stabilit de l'artifice humain qui, habit et utilis par des mortels, ne saurait tre absolu, acquiert une reprsentation propre. Nulle part, la durabilit pure du monde des objets n'apparat avec autant de clart, nulle part, par consquent, ce monde d'objets ne se rvle de faon aussi spectaculaire comme la patrie non mortelle d'tres mortels. Pressentiment d'immortalit qui devient tangible. La stabilit du monde se fait transparente dans la permanence de l'art. 2) Cette permanence, les oa la tiennent de ce qu'elle ne sont pas soumises l'utilisation qu'en feraient des cratures vivantes. Une chaise est actualise quand on s'assoit dessus, et alors on l'use. Pour les oa, cette utilisation ne les actualise pas, au contraire, elle les dtruit. Les oa sont spares de la sphre des choses fonctionnelles, sans tre situes dans un monde spar. Cette sparation est juste ce qui les maintient et conserve. 3) Cette sparation, se matrialise par des frontires physiques : le muse comme sphre part. Elles appartiennent en un sens notre monde, et seulement notre monde, mais en un autre sens, elles ne sont pas simplement contenues en lui, mais elles le constituent comme tel.

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