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PRATIQUES ET MÉTIERS
Sauvetage-secourisme
du travail : repères à l'usage
du médecin du travail
AUTEURS :
P. Hache, Institut national de recherche et de sécurité, Paris
en R. Dulieu, EDF, Mission secourisme, Levallois-Perret
résumé D. Deluz, Service départemental d'incendie et de secours 77, Melun
P. Cassan, Croix-Rouge française, Paris
A. D'Escatha, CHU Poincaré, Garches
S. Goddet, SAMU92, Garches
,Encadré 1
lage plastique). Toutefois, en cas sonnes impliquées dans cette si-
> CONDUITE À TENIR EN CAS D'AES d'urgence telle une hémorragie, le tuation ont été prises en charge par
OPiqûres et coupures ou projection sur la peau : SST évaluera le rapport bénéfice/ une « cellule psychologique ».
- ne pas faire saigner, risque à enfiler ses gants avant de La prise en compte des séquelles
- nettoyer immédiatement à l'eau et au savon réaliser une compression. psychiques que peut laisser une
puis rincer, Compte tenu de la durée relative- intervention à caractère particu-
- désinfecter de préférence avec de l'hypochlorite
ment courte de l'intervention du lier (mort violente, accident brutal,
de sodium (eau de Javel à 2,6 % de chlore actif
SST, des gants en vinyle peuvent suicide…) a débuté dans les années
dilué au 1/5e ou solution de Dakin) ; laisser agir 5
à 10 minutes. être utilisés [5]. La méthode pour les 90 pour les sapeurs-pompiers et les
OProjection sur muqueuse (œil, bouche...) : retirer sans se contaminer les mains policiers. Les attentats de 1995 ont
- rincer abondamment à l'eau ou avec du sérum est à connaître, mais le lavage des fait apparaître une nouvelle caté-
physiologique pendant au moins 5 à 10 minutes. mains après intervention reste la gorie de victimes : les « impliqués ».
OConsulter un médecin et déclarer l'accident du mesure de prévention primordiale. Ces individus étaient indemnes
travail. La transmission d'agents bio- physiquement mais présentaient
Source : Guide EFICATT logiques pendant le bouche-à- des états de stupeur, d’agitation ou
bouche peut être prévenue par de peur intense qui nécessitaient
soit par contact avec les mu- l'utilisation d'écrans faciaux, le une prise en charge spécialisée im-
queuses (bouche-à-bouche). Ces recours à un insufflateur manuel médiate afin de stopper l’évolution
agents peuvent être bactériens nécessitant une formation com- de ces symptômes. Chez d’autres
(bacille de Koch, méningocoque, plémentaire. Néanmoins, dans une « impliqués », les symptômes appa-
agent de la coqueluche...) ou viraux récente étude menée avec 60 se- raissaient quelques jours plus tard
(virus zona-varicelle, virus de la couristes testant ces matériels sur lorsqu’une prise en charge préven-
rougeole, virus de la grippe...) [3]. des mannequins, il s'avère que le tive n’avait pu être effectuée.
Le virus de l'hépatite B peut être bouche-à-bouche est la technique C’est sous l’impulsion du médecin
transmis par la salive si cette der- d’insufflation la plus performante général L. Crocq que les Cellules
nière contient du sang. pour la victime. En effet, elle per- d’urgence médico-psychologique
L'apprentissage de la réanimation met de réduire de manière signi- (CUMP) ont ainsi été créées (enca-
cardio-pulmonaire se fait sur un ficative le temps d'arrêt des com- dré 2).
mannequin utilisé par plusieurs pressions thoraciques (« no flow Tout comme les acteurs profes-
personnes au cours d'un même time ») par rapport aux écrans et sionnels du secours, le SST peut
stage. En l'absence de mesures aux insufflateurs et elle délivre un nécessiter une prise en charge psy-
spécifiques (peau de visage indi- volume d'air plus important que chologique après une intervention.
viduelle, dispositif de protection l'insufflateur [6]. En revanche, l'in-
des poumons artificiels, proto- térêt du bouche-à-bouche peut être > SITUATIONS STRESSANTES
cole de nettoyage, exclusion des discuté lorsque les secours spécia- OU TRAUMATISANTES
stagiaires ayant une infection lisés (sapeurs-pompiers et services Chaque intervention gérée par le
ORL), des contaminations par des mobiles d'urgence et de réanima- SST est source de stress. En effet,
agents présents dans les sécré- tion) peuvent être présents rapide- ce dernier, face à une victime ex-
tions oro-pharyngées peuvent être ment (cf paragraphe primant une souffrance (souvent
observées [4]. « Arrêt cardio-respiratoire »). physique) ou ayant perdu connais-
Enfin, la vaccination contre l'hépa- sance, doit faire appel à l’ensemble
> PRÉVENTION DU RISQUE tite B est recommandée chez les de ses connaissances pour réaliser
INFECTIEUX secouristes [7] et obligatoire chez les gestes et les comportements
Le lavage des mains avant (sauf les sapeurs-pompiers. adaptés à cette situation. Cette si-
urgence) et après l'intervention tuation urgente génère chez le sau-
est un geste essentiel. veteur une charge émotionnelle
Le port de gants permet d'éviter ou STRESS ET TRAUMATISME qui peut être importante.
de limiter le contact avec le sang PSYCHIQUE POST- Certaines interventions peuvent
de la victime. Ils doivent être faci- INTERVENTION engendrer un traumatisme psy-
lement accessibles dans la trousse Lors d’un événement à fort reten- chique. En effet, « le traumatisme
de secours ou dans le vêtement de tissement psychologique, il n’est psychique provient de la rencontre
travail du salarié (dans un embal- pas rare d’entendre que les per- avec le réel de la mort qui surprend
sifs plus ou moins marqués, le sujet Plusieurs éléments doivent être éva- proposer un soutien psychologique
présente des reviviscences trauma- lués : le SST a-t-il pu mettre en œuvre spécialisé dans ce domaine.
tiques. Ces dernières reproduisent toutes ses connaissances, disposait-il Un suivi à J + 1 semaine et J + 3 se-
l’expérience traumatique inaugu- des ressources matérielles néces- maines est également à effectuer,
rale tant le jour que la nuit. Elles saires à l’exécution de ses tâches ? En éventuellement par le médecin du
peuvent se manifester sous formes cas de sentiment d’impuissance ou travail.
d’hallucinations visuelles ou audi- de crainte d’un geste mal effectué, il Stress dépassé
tives, voire olfactives, gustatives et faut éviter de stigmatiser l’interven- En cas de stress dépassé, la pre-
kinesthésiques [11]. tion du SST dans un premier temps, mière action du médecin du tra-
afin qu’il puisse se concentrer sur vail, ou de tout autre personnel de
> RÔLE DU MÉDECIN DU TRAVAIL l’après. Une fois les émotions éva- soins, est de remettre le secouriste
cuées, le retour d’expérience permet- dans la réalité qu’il aura « quitté »
Post-intervention immédiat tra de revenir avec lui sur ce qui s’est au moment de l’événement déclen-
OActions communes passé, afin d’améliorer si besoin les cheur. Pour cela, il confie au SST une
Afin d’analyser la situation, le procédures ou la prise en charge des tâche, la plus simple possible, afin
contexte de l’intervention est utile personnes. que le SST puisse reprendre pied
à connaître (élément déclenchant dans « l’ici et maintenant ».
[accident, malaise…], notion de OActions spécifiques Autre situation
situation violente et/ou de décès, Situation intense et/ou violente En dehors des situations intenses
nombre de victimes…) ainsi que Si la situation vécue est très intense, ou violentes, lorsque le secouriste
des éléments concernant le SST : violente (décès brutal, suicide, mort semble choqué ou présente des
déroulé de l’intervention, son res- violente, décès de plusieurs vic- signes d’angoisse, une prise en
senti, ses facteurs personnels de times), avec une réelle implication charge médico-psychologique adap-
fragilité (difficultés profession- du SST, le médecin du travail peut tée est à organiser, éventuellement
nelles ou personnelles, enfants en contacter la Cellule d’urgence mé- en milieu hospitalier (service assu-
bas âge, deuil…)… dico-psychologique (CUMP) de son rant les urgences psychiatriques).
Dans les premiers instants suivant département via le SAMU (Service
la fin de l’intervention, il est pri- d’aide médicale urgente), afin de En amont de l’intervention SST
mordial de remettre le SST dans la prodiguer aux SST une première Le médecin du travail peut agir à
dimension présente et réelle. Ce der- prise en charge psychologique. deux niveaux : formation des SST et
nier doit pouvoir mettre un terme Afin de dépister l’apparition éven- appartenance à un réseau de soin
temporel à son intervention. Il est tuelle d’un traumatisme psychique, psychologique.
important de revenir avec lui sur un debriefing peut être organisé Au cours de la formation des SST, le
ce qui s’est passé, le déroulé de son dans les 48 heures à 5 jours suivant médecin du travail peut évoquer les
intervention, et envisager la suite les faits. N’y assistent que les per- notions de stress (adapté et dépas-
pour qu’il puisse se projeter dans un sonnes ayant vécu la même situa- sé) et de traumatisme psychique.
avenir proche et ne pas rester figé tion, au même instant. Dans cet L’objectif de cette information est de
au moment de son intervention. espace de parole spécialisé, le SST prévenir un risque ou bien des com-
Les paroles utilisées doivent être peut reconstituer le déroulement portements qui pourraient être mal
rassurantes, mais ne pas être intru- de l’événement, en établissant un interprétés par le SST au moment où
sives : il faut respecter son souhait lien entre ses actions, ses pensées il y sera confronté. La connaissance
éventuel de ne pas parler immé- et ses émotions, lui permettant de de ces symptômes rend le SST plus
diatement. En effet, l’écoutant a mettre un terme à la situation. vigilant et plus prompt à consulter
parfois tendance à vouloir combler Le debriefing psychologique doit en cas de besoin.
des silences qui peuvent lui paraître être réalisé par un professionnel L’appartenance à un réseau de soin
angoissants, le SST souhaitant sim- (psychiatre, psychologue clinicien) psychologique permet une prise
plement une présence à côté de lui. formé à ce type de méthode. En en charge coordonnée du SST (de-
Un geste réconfortant (une main dehors de la CUMP, il peut être fait briefing…). Elle permet également
sur l’épaule, par exemple) peut être appel à l’Institut national d’aide de préparer son retour au sein de
envisagé, mais avec douceur et en aux victimes et de médiation (INA- l’entreprise en cas de psychotrau-
appréciant si ce geste est accepté VEM) qui possède une antenne matisme. Ce réseau peut se faire en
par la personne. dans chaque département et peut lien avec la CUMP ou l’INAVEM. La
mier témoin de l’arrêt cardiaque humide ou métallique), leur intérêt selon l’InVS [25]. Trente et un pour
effectue uniquement des compres- est bien moins souligné actuelle- cent (31 %) des patients sont des en-
sions thoraciques. Bien que cer- ment. fants de moins de 4 ans. Vingt pour
taines de ces études ne possèdent En effet, aucun accident grave n’a cent des brûlures surviennent dans
pas de valeur significative for- été recensé chez les sauveteurs un contexte professionnel.
melle sur le plan statistique, elles ayant utilisé un défibrillateur en- Parmi les agents physiques à l’ori-
plaident néanmoins pour la procé- tièrement automatique (DEA). La gine d’une brûlure, on distingue : la
dure « hands only ». crainte, aujourd’hui sans objet, d’un chaleur (origine la plus fréquente),
La non-réalisation du bouche-à- risque d’électrisation ou d’électro- l’électricité et les rayonnements io-
bouche, lorsque la RCP débute ra- cution avec un DEA provient sans nisants (brûlure d’apparition retar-
pidement après l’arrêt cardiaque, doute des accidents survenus dans dée). L’origine électrique entraîne
se justifie par l’absence de dette le passé, lorsque les défibrillateurs des brûlures sur le trajet du cou-
en oxygène dans l’organisme de utilisés étaient manuels et connec- rant, qu’il ne faut pas sous-estimer
la victime. Les compressions iso- tés au courant alternatif. [26, 27].
lées doivent être suivies de la mise L’utilisation d’un DEA en milieu Les agents chimiques peuvent pro-
en place précoce d’un défibrilla- humide ou métallique (patient sur voquer des lésions profondes en
teur automatique, en raison de la plancher en métal) expose bien fonction du produit en cause.
présence fréquente, chez l’adulte, plus à une perte d’efficacité du choc
d’une fibrillation ventriculaire à électrique qu’à un véritable risque > ÉVALUATION DE LA GRAVITÉ
cette phase de l’arrêt cardiaque. pour le sauveteur. D’ailleurs, afin L’évaluation de la gravité de la brû-
Par ailleurs, les recommandations de réduire au maximum le no flow lure va reposer sur les éléments
internationales émises en 2010 time lié à l’absence de compres- suivants : sa profondeur, sa super-
confirment que le sauveteur peut sions thoraciques lors de l’arrêt car- ficie, sa localisation, l’agent cau-
ne pas effectuer d’insufflation en diaque, il est recommandé de pour- sal, les antécédents du patient, les
cas de répulsion, de vomissements suivre la RCP tant que l’appareil ne lésions associées.
de la victime, ou s’il pense ne pas stipule pas l’arrêt de celle-ci, en par-
être efficace. Il pratique alors les ticulier lors de la montée en charge Profondeur
compressions thoraciques seules et de l’appareil. Les progrès tech- La profondeur de la brûlure est
fait alerter. niques pourraient, dans un avenir évaluée en observant l’aspect cu-
La répartition des sauveteurs proche, permettre de maintenir la tané. On distingue ainsi plusieurs
secouristes du travail au sein des réalisation des compressions tho- niveaux d’atteinte (figure 1).
entreprises leur permet d’interve- raciques durant la délivrance du OAtteinte superficielle ou 1er degré :
nir très rapidement auprès d’une choc électrique. La seule protection il s’agit de l’atteinte de l’épiderme
victime. Le médecin du travail individuelle requise pour l’opéra- (couche cornée). L’exemple typique
peut donc tenir compte des élé- teur serait alors le port de gants à correspond au « coup de soleil ». La
ments précédemment cités et de usage unique. Néanmoins, cette guérison se fait ad integrum sans
la proximité, ou non, d’un centre de pratique n’est pas encore possible séquelle.
secours (exemples : sapeurs-pom- à ce jour. OAtteinte intermédiaire ou 2e degré :
piers, centre hospitalier avec ser- il s’agit d’une atteinte du derme.
vice mobile d’urgence et de réani- Le 2e degré superficiel respecte la
mation) pour préférer une RCP sans BRÛLURES membrane basale ; des phlyctènes
ou avec bouche-à-bouche. apparaissent, la brûlure est rouge,
> GÉNÉRALITÉS chaude et douloureuse. Le 2e degré
> DÉFIBRILLATEUR ENTIÈREMENT Les brûlures correspondent à une profond ne respecte pas la mem-
AUTOMATIQUE : Y A-T-IL UN RISQUE destruction plus ou moins impor- brane basale qui est détruite ; les
POUR LES SAUVETEURS ? tante de la peau et des tissus sous- phlyctènes sont détruites ; l’aspect
Alors que les recommandations cutanés, suite à une exposition à de la peau est souvent plus blanc ;
antérieures mettaient en exergue un agent physique ou chimique. les poils sont toujours présents.
les mesures de sécurité (nécessité L’incidence des brûlures par agents O Atteinte profonde ou 3e degré : la
de s‘éloigner du patient, vigilance physiques est de 300/100 000 habi- peau est blanche, nacrée, carton-
par rapport aux appareils élec- tants par an en France ; 11 984 pa- née. Les terminaisons nerveuses
triques et de transmission, milieu tients ont été hospitalisés en 2009 sont atteintes. La guérison est im-
Âge et antécédents
Glande L’âge du patient et ses antécédents
sudoripare
doivent aussi être pris en compte.
L’âge inférieur à 3 ans ou supérieur
HYPODERME
à 60 ans est un facteur de gravité,
de même que des pathologies pré-
existantes comme le diabète, l’in-
suffisance cardiaque, respiratoire
ou rénale et l’immunodépression.
possible sans une prise en charge En se basant uniquement sur son > PRONOSTIC
spécifique. étendue, une brûlure est considérée Le pronostic de la brûlure est corré-
D’autres niveaux sont décrits, grave par le corps médical lorsque lé à sa profondeur et sa superficie. Il
jusqu’à l’atteinte osseuse et la car- sa surface est supérieure à 10 % de est fréquent de prendre en compte
bonisation des tissus cutanés et la surface corporelle chez l’adulte et deux surfaces : l’une représentée
sous-cutanés. chez l’enfant et à 5 % chez le nour-
risson. Pour le secouriste, la brûlure ,Figure 2 > RÈGLE DE WALLACE [28]
Superficie est dite grave lorsque la surface
La superficie de la brûlure est ex- brûlée correspondant aux phlyc-
9%
primée en pourcentage de surface tènes est supérieure à celle de la
corporelle brûlée. Elle peut être es- paume de la victime.
timée de plusieurs façons. Le caractère circulaire de la brûlure 18 %
O La paume de la main du patient doit être toujours recherché, afin
18 %
correspond à 1 % de sa surface d’anticiper sur un éventuel syn- 9%
9%
corporelle. Elle n’est utilisable que drome de loge.
pour des petites surfaces ;
1%
O La règle des 9 de Wallace [28], Localisation
utilisée chez l’adulte, précise que la Une brûlure est grave si elle atteint
tête correspond à 9 % de la surface le visage et le cou, les voies respi-
corporelle totale, au même titre ratoires (risque vital), les mains 18 %
que le membre supérieur, la face (risque fonctionnel) ou le périnée 18 %
antérieure ou postérieure du tho- (risque infectieux).
rax ou de l’abdomen, la face anté-
rieure ou postérieure d’un membre Lésions associées
• 1 tête = 9 %
inférieur (figure 2) ; Les brûlures liées à des incendies • 1 membre supérieur = 9 %
RÈGLE
Chez l’enfant, l’évaluation de la sur- ou à des explosions sont souvent • 1 tronc antérieur = 18 %
DES 9
face brûlée, en fonction de l’âge, se des brûlures graves. En cas d’incen- • 1 tronc postérieur = 18 %
DE WALLACE
fait à l’aide de la table de Lund et die, le risque surajouté est dû à l’in- • 1 membre inférieur = 18 %
• les organes génito-externes = 1 %
Browder. halation des fumées, dont la prin-
par les brûlures superficielles, in- la brûlure thermique est prise en tique à celui d’une brûlure ther-
termédiaires et profondes, l’autre charge au-delà de la 30e minute, il mique).
étant représentée uniquement par n’y a pas d’indication au refroidisse- La prise en charge d’une brûlure
les brûlures intermédiaires et pro- ment. Il est préférable de la laisser à chimique débute systématique-
fondes. En effet, une brûlure super- l’air ou de réaliser une protection ne ment par une décontamination
ficielle peut comporter des critères touchant pas la zone brûlée. afin d’éviter le suraccident. Des
de gravité. La prise en charge de la douleur doit précautions doivent être prises par
Le pronostic peut être estimé à être la plus précoce possible. L’effet le sauveteur pour éviter le contact
l’aide de la formule suivante per- antalgique du refroidissement doit avec les vêtements imbibés. La
mettant le calcul de l’UBS (Unité de être complété par des antalgiques décontamination se fait à l’eau
brûlure standard) : UBS = % de sur- adaptés au niveau de la douleur. tempérée après avoir retiré les vê-
face totale brûlée + 3 x % surface En cas de signes de gravité, il faut tements ; sa durée est déterminée
brûlée au 3e degré. procéder à la pose d’une voie vei- par un avis médical.
Plus l’UBS est élevée, plus le risque neuse en peau saine avec un rem- En fonction du type de produit, des
vital est en jeu : inférieure à 50, plissage vasculaire par Ringer antidotes spécifiques peuvent être
l’accident est considéré comme Lactate, ou à défaut par sérum phy- proposés (exemple : gluconate de
bénin ; de 50 à 150, il est classé siologique, à la dose de 30 ml/kg lors calcium dans le cadre de l’acide
comme grave et très grave si l’UBS de la première heure. Une demande fluorhydrique).
dépasse 150. de secours médicalisé est à effec- On notera la place discutée de la
Le pronostic peut aussi être estimé tuer auprès du médecin régulateur Diphotérine®, produit commer-
par la règle de Baux correspondant du SAMU. cial hypertonique, qui peut être
au calcul suivant : % de surface A contrario, des soins locaux un agent de décontamination
totale brûlée + âge du patient. La peuvent être organisés en ambula- chimique intéressant pour les
mortalité est d’environ 50 % pour toire ou dans un service d’urgences brûlures cutanées comme ocu-
tout résultat supérieur à 95. hospitalières. laires. Néanmoins, il n’existe pas
Ces scores pronostiques sont peu Dans tous les cas, le personnel de de consensus sur le sujet et cela
utiles en milieu de travail, ils re- santé peut prendre conseil auprès doit être réévalué dans l’ensemble
lèvent essentiellement de la prise du SAMU. des procédures d’urgence avec le
en charge spécialisée et influent Certains discutent l’intérêt des gels réseau local entre l’entreprise et le
sur le déroulement de la réanima- d’eau (exemple : Watergel®) en SAMU correspondant.
tion des brûlés graves. milieu de travail. Néanmoins, leur
coût et leur bénéfice par rapport à
> PRISE EN CHARGE INITIALE EN un refroidissement à l’eau (mêmes HÉMORRAGIES
SERVICE DE SANTÉ AU TRAVAIL indications) font que, sauf cas parti- L’absence de contrôle des hémorra-
La prise en charge initiale d’une culiers où l’eau n’est pas disponible, gies, aboutissant à un état de choc,
brûlure d’origine thermique se ils ne sont pas recommandés [30]. est la principale cause de décès
base sur l’évaluation de la gravité, dans les 24 premières heures chez
le refroidissement rapide et la prise > CAS PARTICULIER DES BRÛLURES les victimes de traumatisme [30].
en charge de la douleur [29]. CHIMIQUES Face à une hémorragie externe, le
La base du traitement par refroi- Les brûlures chimiques sont rares SST comprime immédiatement la
dissement est un lavage prolongé et sont plus souvent oculaires que plaie avec sa main. S’il doit se libé-
à l’eau (comme pour les produits cutanées. Ce type de brûlure est rer (alerte des secours ou prise en
chimiques). Ce refroidissement est grave car l’aspect initial est fausse- charge d’une autre victime), le SST
à poursuivre jusqu’à l’avis médical ment rassurant. utilisera un pansement compressif.
qui peut être pris auprès du Service La nature du produit chimique, sa En cas d’inefficacité de ce dernier, la
d’aide médicale urgente (SAMU) quantité, sa concentration ainsi compression manuelle sera reprise
– Centre 15. On fera attention à la que sa durée de contact avec la sans enlever le pansement.
température de l’eau qui doit être peau sont des facteurs de gravité La prévention de l’hypothermie de
tiède afin d’éviter un refroidisse- spécifiques et importants à évaluer. la victime est indispensable [31].
ment notamment en cas de bles- D’autres éléments sont à recher- L’utilisation d’un garrot aux
sures et en cas de brûlures étendues cher : lésions d’inhalation, surface membres supérieurs ou inférieurs
(risque d’hypothermie). Lorsque brûlée, profondeur… (bilan iden- est restreinte. Il est indiqué lorsque
cas est déclarée chaque année par tion devant la trace des crochets, possible d’une réaction allergique
les intervenants (réseau ou clients) l’existence d’un œdème local, pouvant évoluer vers une réaction
d'Électricité de France. ferme, et de signes généraux. Ces anaphylactique avec mise en jeu
signes sont souvent trompeurs car du pronostic vital.
> MORSURE DE CHIEN ils peuvent être attribués à une Il faut plus d’une minute pour que
Les morsures de chien sont des réaction anxieuse : malaise général le sac à venin d’une abeille se vide
plaies graves, qui nécessitent des avec nausées, vomissements, diar- d’où l’intérêt de retirer très rapide-
soins immédiats de la part du SST. rhée, angoisse. ment le dard resté planté dans la
Outre le risque infectieux (rage, Le SST rassure la victime et l’al- peau. À noter que, contrairement
tétanos…) des séquelles fonction- longe. Il prévient systématique- à l’abeille, la guêpe et le frelon ne
nelles, esthétiques voire psycholo- ment les secours médicalisés et laissent pas leur dard dans la peau.
giques sont à redouter. aide la victime à enlever tout ce En cas de réaction locale, le SST
La plaie est lavée immédiatement et qui pourrait être source de garrot nettoie et désinfecte la plaie, puis
soigneusement à l’eau et au savon potentiel (bagues, bracelets…). applique une poche de froid pour
pour enlever les sécrétions salivaires Après avoir nettoyé et désinfecté limiter l’œdème. Si la piqûre a lieu
du chien, puis rincée abondamment la plaie, un bandage non serré (il sur l’extrémité d'un membre supé-
à l’eau claire et désinfectée avec le faut pouvoir passer un doigt entre rieur, les bagues et bracelets seront
produit contenu dans la trousse de la peau et la bande) peut être réa- retirés.
secours. Un avis médical est systé- lisé en partant du haut du membre L'alerte des secours médicalisés est
matiquement demandé, même si la atteint et en descendant jusqu’au systématique lorsque :
plaie est minime. niveau de la morsure, sans la recou- O la localisation de la piqûre en-
Dans un second temps, le secou- vrir. Si possible, le membre atteint traîne un risque d'obstruction des
riste recueille le nom du proprié- est immobilisé pour soulager la voies aériennes (œdème buccal ou
taire et le statut vaccinal du chien. douleur (écharpe pour le membre laryngé),
S'il s'agit d'un animal errant, la vic- supérieur, calage du membre infé- Oles piqûres sont multiples, en rai-
time sera orientée vers une consul- rieur). son de la réaction toxique liée à la
tation antirabique. Le refroidissement de la zone de quantité de venin injectée,
morsure, à l'aide d'une poche de Ola piqûre est suivie d'une réaction
> BLESSURE CAUSÉE PAR UNE VIPÈRE froid ou d'un sac rempli de glaçons allergique avec malaise, prurit, ur-
Une vipère peut être responsable permet de lutter contre la douleur. ticaire aiguë généralisée, anxiété,
d'une morsure, d'une piqûre ou Enfin, le SST couvre la victime avec oppression thoracique… [34].
d'une envenimation. Lors d'une une couverture de survie et la sur- Le SST assure les gestes adaptés à la
morsure, les mâchoires de l’animal veille jusqu’à l’arrivée des secours. situation (malaise, dyspnée, voire
pincent la peau sans que les cro- La vipère est un animal relative- arrêt cardiaque) en attendant l'arri-
chets n’entrent en action. Il n’y a ment pacifique qui préfère la fuite vée des secours.
donc pas d’inoculation de venin. La à l’attaque. L’agressivité de la vipère Afin de prévenir les piqûres d'hy-
piqûre correspond à la pénétration vis-à-vis de l’homme ne se mani- ménoptères, il convient d'être vigi-
des crochets dans la peau sans qu'il feste que lorsqu’elle se sent mena- lant lors d'une activité à proximité
n’y ait obligatoirement inocula- cée. Des mesures simples peuvent d'une ruche ou de toute ouverture
tion de venin. En effet, les glandes réduire le risque de blessure : port d’où s’échappe ce type d’insecte.
à venin peuvent être vides au mo- de chaussures montantes et de Une présence importante d’hymé-
ment de la piqûre. L'envenimation, pantalons longs ; bâton de marche noptères peut nécessiter l'inter-
quant à elle, traduit l'inoculation et déplacement bruyant ; contrôle vention de professionnels spécia-
de venin. visuel de l’endroit où l’on pose ses lisés dans leur retrait. Dans le cas
Les accidents en rapport avec une mains ou ses pieds. d’abeilles, il peut s'agir d'un apicul-
morsure sont relativement rares teur.
et leurs risques sont largement > PIQÛRE D'HYMÉNOPTÈRE Sur le plan individuel, l'usage des
surestimés par le public. Il est donc La piqûre d'hyménoptère est res- parfums et eaux de toilette est
important de dédramatiser cet ac- ponsable d'une réaction locale dou- déconseillé. En effet, ces produits
cident engendrant une forte réac- loureuse avec rougeur et œdème attirent les insectes. En saison à
tion émotionnelle. qui persistent 24 à 48 heures. La risque, il est conseillé de porter des
Le SST doit suspecter l’envenima- gravité réside dans la survenue chaussures fermées et des vête-
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