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CRÉATION DE VALEUR ACTIONNARIALE
ET COMMUNICATION FINANCIÈRE
I – LE CONTEXTE
Dans les années 80, le creusement des déficits publics dans les grandes éco-
nomies occidentales, associé au processus de désinflation, a contribué à la mon-
tée des taux d’intérêt réels élevés à des niveaux très supérieurs à la rentabilité
du capital physique. Il en a résulté une forte concurrence entre emprunteurs
publics et privés ainsi que, pour ces derniers, une hausse du coût d’oppor-
tunité de l’investissement liée à la meilleure rémunération des placements finan-
ciers alternatifs.
Dans les années 90, d’autres investissements en actions sont venus élever les
normes de rentabilité. Il s’agit des titres cotés sur les marchés émergents et des
valeurs technologiques qui ont offert des rendements supérieurs à ceux des actions
traditionnelles.
Certes, on peut trouver dans les systèmes comparés de droit des sociétés des
conceptions différentes, faisant de l’entreprise une communauté organique qui
doit faire prévaloir, à égalité avec ceux de ses propriétaires, d’autres intérêts
prioritaires. Elles tendent à s’effacer devant l’approche dominante en raison de
leurs moindres performances, comme en attestent les évolutions des économies
japonaise et d’Europe continentale dans les années 90.
Les fonds propres ne sont pas une ressource gratuite. Parce que les actions
constituent un actif risqué, leurs détenteurs demandent un taux de rendement
élevé. Si le capital n’est pas correctement rémunéré, il se réallouera vers d’autres
secteurs susceptibles de lui fournir un rendement plus élevé.
Le coût des fonds propres ne se limite dès lors pas pour l’entreprise au paie-
ment des dividendes (point de vue traditionnel qui prévaut dans les modèles
d’évaluation des actions basés sur l’actualisation des dividendes). Il est le coût
d’opportunité d’un placement alternatif et de même niveau de risque. Sa mesu-
re est équivalente au rendement total (dividendes et plus-values en capital) des
titres en capital du secteur et/ou du marché.
1. Lorsque les stratégies de recentrage sur les métiers de base ne sont pas
mises en œuvre par les dirigeants, les investisseurs les imposent. Les
marchés financiers exercent sur les émetteurs une discipline afin qu’ils créent de
la valeur et concentrent leurs activités.
Les performances relatives des groupes diversifiés entraînent une déception des
investisseurs et attirent les acquéreurs potentiels. Les offres publiques, souvent
hostiles, sur des conglomérats ou entreprises multimétiers se font alors à des
conditions intéressantes pour l’acquéreur et permettent la génération de plus
values par revente des activités non essentielles. La crainte des OPA constitue
une incitation à la mise en œuvre d’une stratégie centrée sur la création de valeur
actionnariale.
2. La création de valeur s’opère par une gestion économe des fonds propres
Afin de minimiser et ajuster en permanence leur capital, les entreprises font des
plans de rachat qu’elles mettent en œuvre “ au fil de l’eau ” en fonction non
seulement du comportement de leur titre mais aussi des nécessités d’une gran-
de f lexibilité dans l’ajustement du niveau des fonds propres.
On voit également réapparaître, mais c’est surtout le cas aux Etats-Unis, un cer-
tain recours au levier d’endettement. A la différence cependant de ce que l’on
pouvait observer dans les années 70 où l’effet de levier était obtenu par une
croissance positive mais différenciée des éléments du passif, il s’agit aujourd’hui
d’une contraction des fonds propres associée à une moindre diminution de la
dette.
Toutes les méthodes d’évaluation des entreprises partent d’une même consta-
tation incontournable : les actifs économiques de la firme sont évalués en valeur
comptable et non pas en valeur de marché. Même lorsque la valeur comptable
retient le coût de remplacement et non pas le coût historique, une différence
demeure. Cette différence est précisément la création de valeur.
Valeur de marché (VM) = valeur de remplacement des actifs (VR) + valeur créée
(CV).
A – DE LA VALEUR DE MARCHÉ
(NORMATIVE OU CONSTATÉE)
À LA CRÉATION DE VALEUR 1. L’établissement d’un lien entre les dividendes (ou les bénéfices)
et le cours des actions
D t+1
Pt =
R-g
On peut perfectionner cette approche en partant des bénéfices futurs et en fai-
sant des hypothèses sur leur taux de distribution aux actionnaires sous forme
de dividendes. On peut également utiliser des ratios plus frustes (valeur de
rendement, PER, délai de recouvrement).
Lorsque Q>1, il y a création de valeur puisque les revenus futurs anticipés ont
une valeur actualisée supérieure à celle de transaction des actifs, telle qu’elle
peut être approchée par leur valeur comptable.
Capitalisation de marché
C’est le “ Market to Book Ratio ” =
Capitaux propres
3. Le modèle des “ Free Cash Flows ” constitue une des méthodes modernes
les plus employées de détermination normative de la valeur actionnariale.
- elle s’appuie sur un très grand scepticisme à l’égard des soldes de gestion tra-
ditionnellement utilisés pour valoriser les entreprises. C’est, en particulier,
le cas du bénéfice net : il relèverait d’un arbitraire comptable, variable selon
les législations nationales et rendant difficiles les comparaisons. Ses liens
avec le cours de bourse apparaissent au demeurant tenus. C’est enfin un
mauvais indicateur de gestion dont la croissance n’est pas synonyme de ren-
tabilité. Le vrai critère est celui du cash f low qui mesure le f lux de liquidi-
tés généré par l’entreprise. Le concept pertinent est celui du “ cash flow disponible ”
c’est-à-dire le cash flow total après impôts et charges financières et investissements
à la disposition des apporteurs de ressources financières : créanciers (pour
remboursement de la dette) et actionnaires 2.
- INVESTISSEMENTS DE LA PÉRIODE
3 Le Résultat Brut d’Exploitation net de l’impact corrigé est souvent cité sous le vocable de
NOPAT (Net Operating Profit After Tax). Par impôt corrigé, on entend celui que paierait l’entre-
prise si elle ne déduisait pas les charges d’intérêt.
En réalité, la méthode consiste en une actualisation à l’infini des cash flows libres
pour laquelle a été retenue une période d’estimation séquentielle sur laquelle
on a une certaine visibilité ; au-delà, les capacités d’anticipations des analystes
apparaissent limitées à des raisonnements basés sur des régularités. Sur les pre-
mières années, en revanche, il est permis de prendre en compte des cash f lows
libres irréguliers, voire négatifs certaines années en raison d’investissements
d’exploitation exceptionnels et importants dont les effets seront pris en comp-
te pour les périodes suivantes ou dans la valeur terminale.
On peut d’ores et déjà repérer quatre séries d’éléments de f lexibilité qui méri-
teraient d’être précisés lorsque l’on présente les résultats de cette méthode :
B – DE LA CRÉATION
DE VALEUR
À LA VALEUR DE MARCHÉ 1. Le modèle type est celui du Goodwill des experts-comptables.
EVA : Economic Value Added ou flux de liquidités libres de toute affectation pou-
vant potentiellement être distribuées
RE : Résultat d’exploitation
Le résultat d’exploitation est corrigé de l’impact ajusté c’est-à-dire celui que paie-
rait l’entreprise si elle n’opérait pas de déduction de ses charges financières.
Cela permettra de considérer cette déduction comme un facteur minorant du
coût des ressources financières.
Chiffre d’affaires
- Coûts de fonctionnement
- Coûts des capitaux
} NOPAT
= EVA
C’est une moyenne des coûts des capitaux engagés dans l’exploitation de l’en-
treprise :
- capitaux propres,
- dettes financières nettes.
● Le coût des fonds propres et des titres hybrides, apport central du modèle,
constitue à la fois l’élément qui a le plus d’impact sur les résultats mais aussi
celui dont la mise en œuvre laisse le plus de liberté aux analystes.
Le rendement des fonds propres, ou leur coût d’opportunité pour l’entreprise, est
celui que le marché attend sur la moyenne période de ce type de produit et qu’il
faut compléter par la rémunération du risque spécifique du titre considéré.
Prime de risque
Taux sans risque X moyenne de marché X β du titre
des actions
. Le taux sans risque retenu est en général le taux de rendement des emprunts d’Etat
à long terme. On notera que, pour ce dernier, le benchmark est en Europe conti-
nentale 10 ans, aux Etats-Unis 30 ans. Il y a là un premier facteur de variabilité.
. Le β du titre est le coefficient, estimé selon une régression statistique, qui expri-
me la sensibilité du titre aux conditions générales du marché des actions.
Lorsqu’il est égal à 1, le titre se comporte comme le marché. Au-dessus de 1 il
amplifie (à la hausse comme à la baisse) les évolutions globales. Sous l’unité,
c’est une valeur qui sous-réagit aux mouvements de la conjoncture boursière
(ex : les valeurs dites “ défensives ” des gérants).
Au coût des fonds propres classiques, il faut également ajouter celui de ceux
qui résultent d’une incorporation de réserves, d’une émission d’actions gra-
tuites ou de titres prioritaires. Leur mode de calcul, bien que relativement stan-
dardisé en analyse financière, est différent (prise en compte du niveau du cours
constaté, des frais spécifiques ou part fixe des dividendes distribuables).
● Le coût de la dette financière diffère selon qu’il s’agit d’emprunts cotés sur
le marché (rendement observable) ou bancaire. Dans ce dernier cas, il convient
d’ajouter une prime (fonction du rating lorsqu’il existe) aux conditions ban-
caires standards.
● Le coût du crédit bail relève lui d’une autre approche actuarielle avec prise
en compte de la perte d’économie fiscale liée à l’amortissement.
Enfin, tous ces éléments doivent être pondérés pour obtenir un coût moyen du
capital. Les coefficients de pondération peuvent varier : on retient soit la struc-
ture observée des ressources, soit une structure cible en fin de période ou
encore une pondération normative (par exemple celle du secteur).
CE = Capitaux engagés
ou, dit autrement, lorsque le Rendement des Capitaux Engagés (ROCE) est supé-
rieur au coût moyen des ressources :
NOPAT
EVA (%) = - CMPC
CE
ROCE
Création
MVA
VM
Valeur
comptable
Destruction
MVA
Valeur
comptable
VM
Pour qu’il y ait création de valeur, il faut que la rentabilité des capitaux enga-
gés NOPAT soit supérieure à leur coût. Dans le cas contraire, même s’il y a
CE
croissance du résultat d’exploitation, l’entreprise détruit de la valeur. Ce n’est
pas la croissance en soi qui est source de richesse mais la capacité à dégager
un résultat opérationnel supérieur au coût de tous les capitaux engagés.
On a en effet :
FCF t = NOPAT + A t - I t
A t : Amortissement
I t - A t = CE t – CE t-1
Variations des
capitaux engagés
Or,
L’EVA est égale au Free Cash Flow auquel on ajoute la variation nette des capi-
taux investis et retranche leur rémunération.
Ce qui donne :
∞ EVA t
VM = CE0 + ∑
0 t=1 (1 + CMCP) t
Dans son rapport annuel, la société ACCOR annonce les résultats suivants :
Un tel niveau de détails figure parmi les plus approfondis observés dans des com-
munications financières d’entreprises françaises. Accor peut, à cet égard, être
considérée comme à la pointe de l’information en matière de création de valeur
pour ses actionnaires. On a cherché à tester sur l’année 1998 la sensibilité de
ces données à des hypothèses non précisées.
Les calculs rudimentaires qui vont suivre ont été effectués à partir des seuls chiffres
du rapport annuel ou d’indicateurs globaux de marché (taux d’intérêt, prime
de risque, indices d’actions). Leur objectif n’est nullement de vérifier l’adéquation
des données publiées à la réalité économique de l’entreprise. On verra d’ailleurs,
que si tel en était l’objet, il conviendrait de conclure à une parfaite sincérité et
à l’excellente significativité de l’information publiée.
L’objectif est de tester le modèle EVA/MVA à partir de données réelles afin d’en
identifier les paramètres les plus sensibles. Les conclusions permettront d’éta-
blir les éléments que tous les émetteurs souhaitant fournir une information sur
la valeur actionnariale au niveau de celle d’Accor, auraient intérêt à préciser à
l’intention des utilisateurs de données (analystes financiers, gestionnaires,
actionnaires, journalistes ou intermédiaires).
Loyers (402)
Impôts (153)
Fonds réservés Titres de Services 205 Autres dettes à long terme 1 176
Coût (charges d’exploitation + loyer) (4 674) Coût (sans les coûts d’amortissement) (4674)
En millions d’euros
Le coût de la dette sera obtenu en affectant à chacun de ces taux l’effet de l’im-
pôt sur les sociétés(Id).
Pour le coût des fonds propres, on a calculé un β que l’on a appliqué au taux
sans risque augmenté de la prime de risque des actions.
● Prime Emetteur :
➢ 0,5 %
➢ 0,75 %
➢ 1,00 %
➢ 1,25 %
● Le β a été calculé :
➢ sur 1 an
➢ sur 1 an avec moyenne glissante de 20 jours
➢ sur 20 jours en fin d’année précédente
CAC 40 EuroStoxx
b 1 an b Moyenne sur 1 an glissant b 20 jours en fin d’année b 1 an b Moyenne sur 1 an glissant b 20 jours en fin d’année
Taux sans risque b valeur 1,084 0,940 0,793 1,041 0,920 0,846
20 ans français
Les deux principaux facteurs de variabilité sont du côté du calcul des fonds propres :
- mode de calcul du β,
- prime de risque normative des actions retenue.
En prenant :
(EBE =942 *(1-T IS=41,7%)
EVA = (EBE =942 *(1-T IS=41,7%) - CMPC*(capitaux engagés =5707) = - CMPC
(capitaux engagés =5707)
NOPAT = 553
nous obtenons en millions d’euros.
b1 b2 b3 b1 b2 b3
Taux sans risque PR du marché 3 % 200,00 213,13 254,22 204,00 214,84 221,69
20 ans français
Taux sans risque PR du marché 3 % 226,26 239,38 280,47 229,68 241,09 247,94
10 ans français
Taux sans risque PR du marché 3 % 202,29 215,41 256,50 205,71 217,12 223,97
10 ans américain
b1 b2 b3 b1 b2 b3
Taux sans risque PR du marché 3 % -14,00 -0,87 40,22 -10,00 0,84 7,69
20 ans français
Taux sans risque PR du marché 3 % 12,26 25,38 66,47 15,68 27,09 33,94
10 ans français
Taux sans risque PR du marché 3 % -11,71 1,41 42,50 -8,29 3,12 9,97
10 ans américain
A – LA RÉFÉRENCE AU CONCEPT
DE CRÉATION DE VALEUR
ET/OU DE VALEUR
ACTIONNARIALE TEND
À SE GÉNÉRALISER Sur 40 entreprises, 21 abordent le thème de la création de valeur. Il convient
d’y ajouter deux autres qui, bien que ne faisant pas explicitement référence à
ce concept, utilisent deux notions liées (rentabilité des capitaux investis et
rentabilité des capitaux employés). A l’inverse, parmi les 21 précitées, cer-
taines utilisent le terme général de “ valeur ” sans préciser si elle concerne l’ac-
tionnariat ou d’autres partenaires de l’entreprise et sans le relier à un modèle
précis de valorisation.
C’est le message du Président qui est le plus souvent l’occasion d’un “ coup de
chapeau ” à la création de valeur.
Message du Président 14
Données boursières 3
Partie activités 4
● (Danone) : 1996 et 1997 ont été deux années de réf lexions, d’analyses et
de concrétisation de la nouvelle stratégie du Groupe Danone : Recentrage sur
trois activités mondiales, réorganisation des structures, redynamisation des
grandes marques du Groupe, développement de l’international, amélioration de
la rentabilité, création de valeur pour l’actionnaire. …. “Créer de la valeur
actionnariale. Le Groupe a mobilisé l’ensemble de ses managers et aménagé
ses indicateurs de gestion en vue d’accroître régulièrement la création de valeur
actionnariale par l’amélioration de la rentabilité des capitaux qui lui sont confiés
par ses actionnaires.”
- Pour le groupe Danone : “La stratégie du Groupe Danone repose sur trois
lignes directrices : le recentrage sur ses trois métiers mondiaux où il détient
déjà des positions de leader (produits laitiers frais, boissons et biscuits),
internationalisation et le développement de la rentabilité donc de la valeur
créée pour l’actionnaire.”
1. Professionnalisme,
2. Partenariat,
3. Esprit d’équipe,
4. Création de valeur,
5. Respect de l’environnement,
6. Ethique.
- Le groupe Vivendi présente ses grands principes dès les premières pages du rap-
port annuel et les développe dans plusieurs chapitres. Dans le message du Président,
dans le chapitre “métier du groupe “dans la communication, Vivendi concentre son
développement sur deux activités en forte croissance pour les décennies pro-
chaines, créatrices de valeur, puis développe sa démarche dans sa partie “l’action
et la bourse” et surtout dans le chapitre consacré à la création de valeur.
● Le groupe CCF communique quant à lui sur la performance du titre pour 100 FF
investis en avril 1987 dans l’action.
Lorsqu’on les trouve, ils diffèrent sensiblement les uns des autres.
Parmi les entreprises du CAC 40, six seulement (Danone, Suez, Accor, Lagardère,
Peugeot et Air liquide) ont une présentation de la création de valeur qui se dif-
férencie des approches purement descriptives du rendement du titre. Même dans
ces cas, la communication sur la création de valeur reste souvent éloignée des
standards académiques et des pratiques internationales en vigueur.
Les définitions, les modalités de calculs et les indicateurs utilisés sont rarement
publiés ou le sont de manière lacunaire voire simplificatrice. La référence à la
méthodologie employée (EVA,CFROI ou autres) fait assez largement défaut. On
notera pour l’anecdote qu’un groupe, en reprenant le classement EVA/MVA du
journal de l’Expansion, fait référence à ce modèle, en s’abstenant d’explications
rigoureuses sur la définition des concepts employés.
On trouvera dans le tableau ci-dessous, pour ces six sociétés qui donnent une
information basée sur une mesure interne de la valeur, une synthèse de leur com-
munication dans le rapport annuel.
- Le Groupe Lagardère emploie le terme valeur économique créée. Tous les autres
utilisent l’expression de création de valeur.
● On observe cependant des efforts pour présenter dans certains cas les
modalités de calcul et les définitions des concepts liés à la création de
valeur.
On donnera ici quatre exemples d’entreprises non françaises qui présentent dans
leur rapport annuel de façon approfondie et détaillée des résultats de création
de valeur actionnariale ainsi que la stratégie associée.
A – LE MESSAGE DU PRÉSIDENT La communication sur la création de valeur figure pour l’essentiel dans les pre-
mières pages des rapports annuels. Il constitue le fil conducteur des messages
délivrés par les Présidents à leurs actionnaires.
- RWE :”And I would also like to thank you, the shareholders, for having
placed your trust in RWE. We will continue to pursue our value-oriented
corporate policy to improve the performance of the RWE share.”
- VEBA : “By undergoing sweeping change, we are building a basis for grow-
th and increasing shareholder value.”
- Coca-Cola : “Our mission is to create value for you, and we will do just that”.
- RWE “In order to increase the value of your company, we will also
continue to optimise the financial structure of the RWE Group further.
The planned repurchasing of prefer-enceshares is a vital part of reaching
this goal; we will submit a corresponding draft resolution to the Annual
General Meeting on November 18, 1999.”
a) Le choix de la méthode
Siemens
Economic Value Added (EVA)
“On October 1, 1997, the company introduce a new value-based measure of per-
formance called Economic Value Added, which became the obligatory perfor-
mance measure within the entire Siemens organisation on 1, October 1998.”
Coca-cola
“Economic Profit provides a framework by which we measure the value of our
actions.(…) We use value-based management(VBM) as a tool to help improve
our performance in planning and execution. VBM principles assists us in mana-
ging economic profit by clarifying our understanding of what creates value
and what destroy it, encouraging us to manage for increased value. With VBM,
we determine how best to create value in a very area of our business. “
RWE
Return on capital concept
“Our return on capital concept is a key instrument for planning, controlling
and monitoring the business units in the RWE group. It was first introduced
in 1995. On the basis of the experience we have gained in the meantime, we
elaborated and implemented a new concept in the year under review. It also
serves shareholders and the capital market as a tool for evaluating the com-
pany’s performance”.
Les quatre émetteurs ont adopté le même cadre d’analyse, abordant tous les thèmes
suivants, même si l’ordre et l’importance de leur traitement peuvent varier.
1. Le groupe VEBA
QWE - Konzern
- D’autre part, les quatre groupes publient et commentent largement leurs travaux
d’identification des leviers de la création de valeur.
* les groupes Siemens, RWE et Veba fournissent une analyse précise et par activité,
sur la manière dont le groupe a créé ou va créer de la valeur.
* le groupe Coca-Cola présente quant à lui une approche globale de la gestion par
la valeur , “We use value-based management (VBM) as a tool to help and
improve our performance in planning and execution.”
* Pour Siemens, “Capital cost using net operating assets, which consist essentially
of our balance sheets assets less advances received from customers and liabilities
that normally bear no interest”. Par la suite, Siemens qui emploie le terme moins
fréquent de “net operating assets” informe le lecteur sur le fait qu’il est équivalent au
concept de capitaux nets employés (plus couramment utilisé) puis, le groupe évalue
cet indicateur sur la base d’une moyenne de quatre dernières années fiscales.
* Pour le groupe VEBA, “to determinate the total amount of capital invested in
a business field, cumulative write-downs on depreciation fixed assets are
added back to book values in the denominator.” Ce groupe définit le CFROI
comme le rapport entre l’EBITDA et le capital total investi.
* Pour RWE, le concept de rendement sur capitaux est égal au rapport entre le
profit de l’année en cours et la moyenne des actifs (appelée également retour sur
capitaux investis ROIC) ; enfin, pour calculer le ROIC, le résultat est divisé entre
les actifs opérationnels.
* Le groupe Siemens dans son calcul des objectifs d’EVA inclut certaines
transactions financières. Il diffuse également les amortissements et dépréciations
pour l’année fiscale en cours. Enfin, pour se conformer aux pratiques
internationales, il ajuste ses définitions de la dépréciation et des amortissements
- Le choix du taux d’imposition est précisé seulement chez Siemens qui fait
référence au taux d’imposition standard ;
- Seul le groupe RWE donne une évaluation du bêta par secteur d’activité ;
Du côté de la gestion des entreprises, la prise en compte du coût global des fonds
propres dans les critères de gestion constitue également une donnée durable.
Il paraît même surprenant que cet impératif, pourtant en ligne avec une théo-
rie micro-économique standard déjà ancienne, ne se soit pas généralisé plus tôt.
Le calcul économique change de nature dès lors que l’on est passé d’un univers
où les fonds propres avaient un coût faible ou aléatoire (les dividendes) à celui
où ils représentent la ressource la plus onéreuse.
Il est aussi permis de s’interroger sur l’engouement pour les stratégies de recen-
trage sur un seul métier. Des groupes multi-activités vont vraisemblablement conti-
nuer à exister. Simplement, la diversification devra se faire avec discernement
et être mesurée, entre autres critères, à l’aune de la création de valeur. Surtout,
lorsqu’il y aura diversification, les bénéfices de cette dernière devront être
expliqués et en permanence justifiés devant les actionnaires. Les critiques faites
au modèle congloméral ne signifient pas que ce dernier va disparaître, mais elles
renforcent les exigences de la communication financière.
A – LES CRITIQUES
PEU FONDÉES DE LA VALEUR
ACTIONNARIALE 1. La création de valeur se ferait aux détriments des autres partenaires
(“ stake holders ”) de l’entreprise (salariés de l’entreprise, demandeurs
d’emplois, sous-traitants, fournisseurs).
Quant aux avantages pour le consommateur des politiques de réduction des coûts
et de recherche d’avantages concurrentiels, ils ne sont plus à démontrer.
Sur ce point, le débat sur le biais “ court termiste ” qui introduirait sur les stra-
tégies d’entreprise une pression à la communication trop fréquente vis-à-vis du
marché paraît dépassé par les faits. Une périodicité rapprochée de publication
des résultats n’a pas, aux vues des expériences européennes et américaines, empê-
ché les entreprises d’investir à long terme dans des programmes de recherche
au terme souvent éloigné. On peut citer, à titre illustratif, mais il y aurait bien
d’autres exemples, le cas des secteurs des biotechnologies ou des communications.
6 Il est par ailleurs absurde de vouloir donner une signification au rapprochement d’un rapport
f lux/stock (taux de rentabilité) avec le taux de croissance d’un f lux (augmentation des salaires).
7 Publication commune COB – Commission Bancaire sur la transparence financière (septembre 1998).
3. Interrogations macro-économiques
Deux séries de questions ont été soulevées concernant les implications macro-
économiques de la généralisation des stratégies de création de valeur par les
entreprises.
Comparer la rentabilité des capitaux engagés à leur coût moyen pondéré ne consti-
tue ni plus ni moins que la généralisation du raisonnement par la Valeur Actuelle
Nette (VAN), le plus souvent appliqué à un seul projet, à l’ensemble de l’acti-
vité de l’entreprise et en prenant en compte toutes ses ressources. Cette tech-
nique connue depuis les premiers temps de la révolution industrielle ne semble
pas avoir été de nature à empêcher de larges périodes d’expansion. Elle peut
avoir un effet sur le montant de l’investissement en période de taux d’intérêt
réels élevés mais c’est en contrepartie d’un effet allocatif positif lié à la sélec-
tion des projets marginaux les plus rentables. Par ailleurs, il n’est pas certain
que l’on puisse comparer les effets d’une norme de rentabilité des fonds propres
à ceux de taux d’intérêt : l’effet de richesse lié à la valorisation du patrimoine
des ménages investi en actions est sans commune mesure avec celui, le plus sou-
vent négatif, dû à des transferts d’intérêts des entreprises non financières vers
des créanciers bancaires, institutionnels ou individuels.
Enfin, si l’on souhaite s’appuyer sur les réalités observables, il faut bien avouer
que la démonstration des conséquences malthusiennes de l’adoption générali-
sée de stratégies de création de valeur par les entreprises nord-américaines
dans les années 90 relève d’un exercice intellectuel difficile. Ce que l’on peut,
en revanche, retenir de ces interrogations c’est le caractère arbitraire et systé-
matique des “ benchmarks ” adoptés pour la rentabilité des fonds propres (ex :
ROE de 15 %). Il faut sans doute les analyser comme des repères pour les gérants
et les investisseurs, de nature à être revus à la hausse ou à la baisse dans des
contextes macro-économiques différents (croissance réelle, niveau des rende-
ments obligataires).
Mais, surtout, les ressources des entreprises sont les emplois des investisseurs
pour lesquels le rendement plus élevé des actions constitue la rémunération du
risque accepté. Il y a un lien fort entre l’approche par la valeur actionnariale
et les théories du portefeuille dont elle fournit l’exact pendant. Si l’on craint
les effets fragilisant de la dette au passif des uns, il faut développer les actions
à l’actif des autres ; et si, dans le même temps, on souhaite éviter une fuite en
avant généralisée vers un marché d’actions de plus en plus risqué et toujours
mieux rémunéré (pas de ROE en dessous de 15 %), il faut alors pouvoir y trou-
ver des niveaux de volatilité et de rendement plus bas. Or, contrairement à une
idée reçue, le marché n’élimine pas les actions aux rendements faibles. Il les
délaisse lorsque leur volatilité est la même que celle d’autres titres plus performants.
Les investisseurs et les gestionnaires de portefeuille souhaitent pouvoir arbitrer
entre des couples rendement-risque variés. Seul l’investissement à court terme
dans les titres les plus volatils est non optimal et dangereux.
La vraie réponse aux interrogations relatives aux risques de fragilisation des struc-
tures financières est alors apportée par les systèmes économiques qui encou-
ragent, par des mesures réglementaires ou fiscales, l’investissement sur la longue
période en des produits d’actions. La forme la plus fréquente est celle prise par
des mécanismes, individuels ou collectifs, d’épargne retraite. L’allongement de
l’horizon temporel de détention y est alors, en lui-même, réducteur de risques.
Cette attitude devrait d’autant plus s’imposer que les émetteurs eux-mêmes
font état d’arguments relatifs à la création de valeur qui pourraient résulter de
la mise en œuvre de leurs projets ou de ceux de leurs concurrents. On a pu le
constater en 1999 à l’occasion de différentes offres publiques non sollicités.
Dans son Bulletin Mensuel 341 de décembre 1999, la COB avait rappelé des prin-
cipes formulés dès 1998.
Cette approche permet de définir la grille d’analyse suivante qui pourrait être
recommandée aux entreprises cotées sur un marché réglementé français.
Laquelle ?
- infini ?
- sinon combien ?
- comment a été estimée la valeur terminale ?
● Cette méthode est-elle la même que celle utilisée lors des présentations/années
précédentes ?
● Si elle a changé :
- NOPAT ?
- FCF ?
- Coût du capital ?
. taux sans risque,
. rating,
. b de la firme,
. benchmark du marché.
- écarts d’acquisition,
- frais de R & D,
- frais de marketing,
- amortissements,
- autres.
- dette,
- fonds propres,
- quasi-fonds propres,
- crédit-bail.
● Dans quelle mesure les indicateurs de création de valeur sont-ils intégrés dans la
gestion de l’entreprise ? Ses objectifs ? Le suivi de ses résultats ?
● Quels sont les objectifs pour les exercices prochains ? Par secteur ?
● Stratégies concurrentielles
● Stratégies économiques
● Stratégies financières
- Effet de levier
. Endettement,
. Levier de contrôle : structure de groupe
- Relations dirigeants/actionnaires
. Gouvernement d’entreprise,
. Blocs d’actionnaires,
. Distribution de dividendes aux actionnaires,
. Opérations relutives (ou dilutives),
. Rachat d’actions.
- Recentrage financier
. Scissions de groupe,
. Concentration/diversification du risque
Etude réalisée par François Champarnaud, Chef du Service des Etudes et du Développement du Marché
et Carine Romey, Chargé d’Etudes au Service des Etudes et du Développement du Marché