Août-Septembre 2018 - n° 520 20 e

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Fleet Pro S.A.S. détient des droits d’utilisation. 06/18

Frapper vite et fort
J’ai écrit cet éditorial avant la démission
de Nicolas Hulot. Rien de ce que je dis
n’est à enlever après ce qu’il a déclaré.
© V. VINCENZO
E
n matière écologique, cet été nous a montré
de multiples exemples de l’absolue urgence
Nicolas Braemer, qu’il y a à agir. Le réchauffement climatique
nicolas.braemer
@lettreducadre.fr frappe désormais les pays du Nord, les images
Rédacteur en chef
des mers de matière plastique circulent à l’envi,
la toxicité des herbicides est désormais recon-
nue, y compris par la justice américaine…
À force de déni et d’atermoiement, la réalité
devait nous « cogner » de plein fouet. C’est en
train d’arriver.
Le temps est fini des demi-mesures, des mora-
La France y toires, des plans à 20 ans, des substitutions
gagnerait progressives. Il faut agir vite, interdire définitive-
ment, taper au portefeuille, faire plier les
à regarder puissants. Bref, frapper fort. Et la France doit le
lucidement faire immédiatement, seule s’il le faut.
Parlons du plastique. Sur notre planète, les
l’échec de chiffres donnent le tournis : 5 000 milliards de
sa réponse sacs en plastique consommés par an dans le
historique par monde, 10 millions par minute, des mers de
plastique dans le Pacifique qui font trois fois la
le recyclage taille de la France, une production mondiale qui
a augmenté de 40 % en onze ans et aboutira à
12 milliards de tonnes de déchets plastiques
dans les décharges et l’environnement à
l’horizon 2050. Ça vous suffit ? Et la France y
gagnerait à regarder lucidement l’échec de sa
réponse historique par le recyclage. D’abord
parce qu’elle n’y excelle pas : nous n’avons
Mensuel édité Principal actionnaire : Info Services Holding.
par TERRITORIAL, Présidente et directrice de publication : Isabelle André
SAS au capital RÉDACTION
Directeur des rédactions : Guillaume Doyen
de 1 259 907 euros
Rédacteur en chef : Nicolas Braemer (06 08 51 18 63)
Siège social : Antony Parc 2 – 10 place du
Général de Gaulle – La Croix de Berny – BP nicolas.braemer@lettreducadre.fr
Assistante de rédaction : Aurélie Niemaz (04 76 93 12 32)
20 156 – 92186 ANTONY CEDEX. Bureaux :
RÉALISATION
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38 500 Voiron RCS NANTERRE 404 926 958 Rédacteur en chef technique : Laurent Brugièregarde.
Secrétaire de rédaction :
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Annie Lozac’h-Menez.
5813Z - N° TVA intracommunautaire : Rédacteur graphiste : Karine Colnel.
FR 28 404 926 958 Webdesigner : Jenny Buttigieg.
Site internet : www.lettreducadre.fr Responsable fabrication : Hervé Charras
e-mail : info@territorial.fr
DIFFUSION
ISSN : 1165-9394. Commission paritaire : 0919 T 85317. Dépôt Directeur de la diffusion :
légal : à parution. RIB : CIC Crédit Industriel et Commercial Guillaume de Corbière.
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N° SIRET : 404 926 958 00020 - Code APE : 5813Z Impression : Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises - 52200 Langres
Origine du papier : Allemagne - Certification : PEFC - Impact sur l’eau (P tot) : 0,016 kg/tonne
Ce papier provient de forêts gérées durablement et ne contient pas de fibres recyclées.
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
ÉDITO
recyclé qu’un quart des déchets d’emballage
plastique en 2016. Ensuite parce que même avec
de meilleurs résultats, le recyclage n’est qu’un
cautère sur une jambe de bois, notamment
devant l’inventivité sans limite du marketing
alimentaire. Quelle autre solution que d’envisa-
ger une interdiction massive et rapide de tous
les produits plastiques à usage unique : pailles,
couverts, bouteilles, assiettes, sacs ?
Et il nous faudra aussi agir de la même manière
dans d’autres domaines : pollution atmosphé-
rique et industrielle, pesticides, perturbateurs
endocriniens… À chaque fois, les impératifs de
santé et de préservation de l’environnement ont
été sacrifiés devant les intérêts des puissances
industrielles et financières, et, aussi, les habi-
tudes et les conservatismes. L’urgence écolo-
gique nous impose désormais un changement
brutal de stratégie : on a interdit les sacs plas-
tiques à usage unique, on peut interdire les
bouteilles en plastique (comme San Francisco
dès 2015), on peut aussi interdire le glyphosate
(comme le Salvador et le Sri Lanka), les véhi-
cules diesel (comme le Danemark).
Nous n’avons plus le temps. Il s’agit à la fois,
dans un sursaut humain et citoyen, de prendre
notre part de décisions salvatrices et indispen-
sables qui devraient être prises par tous,
d’engager dès maintenant des actions qui
amélioreront notre environnement et sauveront
des vies et des écosystèmes. Il s’agit aussi,
un peu, de montrer l’exemple. u
EMPLOI ET ANNONCES CLASSÉES (01 79 06 …) :
Directeur commercial : Clément Supplice (73.65).
Directeur des opérations : ­Christian Fehr (73.71).
Equipe commerciale (73.33) : Anne Vignier, Guillaume Lebre
Directrices de clientèles : Laurence Leroy (73.68),
Mira Marchard (73.69) - Fax : 01 79 06 79 87
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Directeur commercial : Jean-François Goasguen (70.91).
Équipe commerciale : Anne-Marie Roux (70.86), Emilie Vaneme
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3
 SOMMAIRE
CONTRIBUTEURS

ILS ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO…

La Lettre du cadre, c’est avant tout les territoriaux et des experts qui parlent aux territoriaux,
sans langue de bois ni artifice. Voici les professionnels qui ont participé à notre aventure
ce mois-ci.

Rina Dupriet, Bruno Cohen-Bacrie, Annie Letty Keribin,

administrateur territorial (HC), directeur de la communication directrice générale adjointe du centre
maire adjoint de BUC déléguée cohenbac@free.fr de gestion du Finistère
à l’environnement, cadre de vie, akeribin@cdg29.bzh
protection du patrimoine,
et développement durable
rina.dupriet@wanadoo.fr

Antoine Détourné, Aissia Kerkoub-Türk, Marie Kurt,

directeur adjoint en charge des études, directrice générale adjointe avocate,
de l’innovation et de la prospective des services - ville d’Annemasse CMS Bureau Francis Lefebvre Lyon
chez Pas-de-Calais Actif/France Active aissia.kerkoub-türk@annemasse.fr marie.kurt@lyon.cms-fl.com
antoine.detourne@gmail.com

ET AUSSI…

Denis Courtois, denis-courtois@orange.fr Walter Salamand, avocat associé, spécialiste en droit immobilier et droit public,
Stéphane Menu, journaliste - stephane.menu@orange.fr CMS Bureau Francis Lefebvre Lyon - walter.salamand@lyon.cms-bfl.com
Patrick Martin-Genier, rapporteur public au TA de Paris et maître Joël Clerembaux, consultant, formateur collectivités territoriales
de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris - martingenier@wanadoo.fr joel.clerembaux@wanadoo.fr
Jean-Jacques Pénin, psychologue du travail Olivier Poindron, consultant Fidal - olivier.poindron@fidal.com
Alain Porteils, directeur des associations, conseil départemental François Deschamps, consultant sur les politiques culturelles ancien président
des Pyrénées-Orientales - alain.porteils@cd66.fr de la Fnadac - fr.deschamps@free.fr
Philippe Nikonoff, philippenikonoff33@gmail.com Séverine Cattiaux, journaliste - severine@cattiaux.com
Julie Creveaux, avocate, cabinet Itinéraires avocats Julien Damon, professeur associé à Sciences Po, enseignant à HEC
j.creveaux@itineraires-avocats.com julien.damon@orange.fr
Michaël Verne, avocat associé, cabinet Itinéraires avocats Yves Broussolle, yves.broussolle@wanadoo.fr
m.verne@itineraires-avocats.com
Pierre-Stéphane Rey, avocat associé, cabinet Itinéraires avocats
ps.rey@itineraires-avocats.com Illustrateurs
Meggane Bonato, avocate, cabinet Itinéraires avocats Frédérique Bertrand, Djivanides, jpdjiva@gmail.com
m.bonato@itineraires-avocats.com bertrandfrede@gmail.com Vaïnui De Castelbajac,
Julien Moreau, avocat, Fidal - julien.moreau@fidal.com Denis Pessin, dpess@yahoo.fr vcastelbajac@gmail.com
Marjolaine Koch, journaliste - marjolaine.koch@googlemail.com Lasserpe, lasserpe@wanadoo.fr Nini Lacaille, ninilacaille@gmail.com
Cambon, mcambon2@wanadoo.fr

4 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

 SOMMAIRE

3 ÉDITORIAL - Frapper vite et fort

6 ACTUALITÉ
8 EXPRESS - Toute l’actualité des collectivités locales
11 ON DESSINE POUR VOUS - Le nouveau visage de l’intercommunalité française
12 ENTRETIEN avec Pierre Sallenave - « La politique de la ville
est d’une difficulté extrême »
15 DÉCENTRALISATION - L’actu de la réforme territoriale
16 A  CTION CŒUR DE VILLE - Le dispositif qui rend les maires heureux
18 EXPRESS - Toute l’actualité des collectivités locales
19 SUR LETTREDUCADRE.FR - Toute l’actualité du site de La Lettre
20 INVESTISSEMENTS - Éléphants blancs : la fin des projets pharaoniques
22 E XCLUSION - Au service d’une société qui a changé, les enjeux
d’un nouvel État-providence
24 EXPRESS - Toute l’actualité des collectivités locales
25 REGARDS CROISÉS - La rédaction de La Lettre du cadre commente
l’actualité territoriale
À LA UNE 26 TRIBUNE - La terre promise
Tout ce que peut vous 27 EXPRESS - Toute l’actualité des collectivités locales
apporter l’ESS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Une mobilisatrice de ressources. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
39 MANAGEMENT
Dans les zones grises de la loi Notre. . . . . . . . . . . . . . . . 34 39 CHRONIQUE - De l’éloge du dirigeant territorial
L’œil de l’expert. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 42 BIENVEILLANCE - Les sept piliers de la performance en collectivité locale (3) :
la transmission des savoirs
46 C
 OACHING - Réenchanter le travail en retrouvant du sens
48 54 48 O
 RGANISATION - Quand les boucles mail vous pourrissent la vie
(ou les dérives du management par l’information)
50 ENTRETIEN avec Philippe Villemus - Comment améliorer son capital
de leadership
53 RESSOURCES HUMAINES
Tout sur le droit 53 CHRONIQUE - Saga : l’avenir de la FPT, saison 2018-2019
Opération : de grève dans 54 MOUVEMENT SOCIAL - Le cadre réglementaire du droit de grève
libération des mails la Territoriale 58 SENTENCE - Sanction disproportionnée : quelle indemnisation pour l’agent ?
61 JURIDIQUE
62 72 61 CHRONIQUE - Transfert des compétences Eau et Assainissement :
un aménagement et non une remise en cause
62 CONSTITUTIONNALITÉ - Loi sur la protection des données personnelles :
à vos algorithmes, prêt, feu, partez !
66 MARCHÉS PUBLICS - La naissance des concessions de services de mobilier urbain
70 QUESTIONS/RÉPONSES
RGPD : sur la ligne de Petit point d’actu sur
départ des algorithmes les emprunts toxiques 71 FINANCES
71 CHRONIQUE - Recettes fiscales : dernières hausses avant la fin ?
72 JURISPRUDENCE - Contentieux des prêts structurés :
ABONNEMENTS 76 un premier semestre 2018 en demi-teinte
1 an soit 10 numéros
Tél. : 04 76 65 93 78 - 74 CULTURE
Fax : 04 76 05 01 63 74 PARCOURS - Les clés de la réussite de l’éducation artistique et culturelle
• Prix au numéro : 20 e
• Prix abonnement 76 PROSPECTIVE
+ newsletter : 76 PRATIQUES D’AVENIR - Les zones basses émissions (ZBE) débarquent
- 199 e / an
dans l’Hexagone
(villes + 1000 hab.) Vers des villes
- 136 e / an respirables 78 Ç A SE PASSE AILLEURS - Vélo : des solutions de stationnement individualisées
(villes - 1000 hab.) 80 ENTRETIEN avec Laurent Mucchieli - « Les caméras de vidéosurveillance
• Abonnement personnel +
ne servent pas à grand-chose »
newsletter : 109 e / an ou 98
prélèvement automatique men- 83 À LIRE - État du monde : contre l’ignorance globale
suel : 9,10 e / mois (sur 12 mois) La Revue de presse
de Territorial 85 EMPLOI
Encarts jetés : Mailings DA170033
et DB170033 aux prospects

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 5

ACTUALITÉ

REBONDISSEMENT IL A DIT ON AIME

Recrutement direct
sur emplois Nicolas Hulot
fonctionnels : « Les agents contractuels pe
dia
On l’aime (le terme est
c’est passé ! ont leur place dans

iki
impropre), pas parce qu’il

P PARIS-W
Si le syndicat des DG, très vigilant la fonction publique a démissionné, mais pour

CO
sa lucidité absolue et son

©
sur le sujet, avait pu croire la
partie gagnée après le retrait de à la condition qu’un implacable réquisitoire contre
nos lâchetés devant la catastrophe
cette disposition par le Sénat, en encadrement législatif climatique et écologique
première lecture fin juin, celle-ci
a été définitivement adoptée par et réglementaire évite annoncée.
l’Assemblée nationale avant la fin
de la session. Il a néanmoins obtenu
la remise en cause du Oksana Chatchko
qu’elle ne soit applicable qu’au- principe de primauté du 9-
CC
BY-SA
La fondatrice du mouvement

96
dessus du seuil de 40 000 habitants.
concours et de l’examen

achko xvire1
Femen a donné toute sa
Olivier Dussopt affirme qu’il s’agit rage artiste et féministe
professionnel et confère

Sh
d’un « engagement du président aux actions coup de poing

©
de la République à ouvrir la Haute
fonction publique » et que l’enjeu
aux élus comme aux du mouvement. Elle aura
contribué à créer une autre forme
est « d’offrir une faculté, libre à usagers la garantie de militantisme, radical et visible,
chaque employeur de s’en saisir
ou non ». Les congrès d’automne fondamentale qu’ils sont au service de son combat. Elle a
mis fin à ses jours, fin juillet, à Paris,
des différentes organisations en droit d’attendre. » où elle vivait dans la plus grande
professionnelles de territoriaux ne précarité.
manqueront pas de revenir sur ce Fabien Tastet, président de l’AATF
point.
ON N’AIME PAS
SCHIZOPHRÉNIE
Trompe-l’œil Hun Sen
Le Premier ministre du
Comment faire quand un observatoire (des finances locales) rend son rapport annuel
Cambodge, au pouvoir depuis
© CC BY-SA

où il conclut que les collectivités locales sont bien portantes, quand on en est le
plus de 30 ans, a fait simple
président et que l’on n’e cesse de dire le contraire ! C’est le difficile exercice qu’André
pour s’assurer une victoire
Laignel, président du Comité des finances locales et de l’observatoire en question a
écrasante aux dernières
dû faire cet été. D’où l’expression : « c’est une amélioration en trompe-l’œil » que les
élections : accuser de « complot »
fonctionnaires de Bercy, qui n’ont pas le même opticien, ont dû apprécier.
contre le gouvernement
le principal parti d’opposition
VU SUR TWITTER et interdire simplement
sa participation au scrutin.
#prisedebec
Après, on pourra se poser une vraie question : le point d’indice a-t-il
uniquement vocation à compenser l’inflation ?

13,5
MILLIARDS
D’EUROS
DE « DROITS ET PÉNALITÉS »,
au titre des contrôles fiscaux ont été
réclamés en 2017 par l’administration.
C’est moins qu’en 2016 (14,5 milliards)
et qu’en 2015 (16,2 milliards).

6 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

 ACTUALITÉ

RECONVERSION

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 7

ACTUALITÉ
UN MARCHÉ COMME UN AUTRE
Biodiversité…
recyclage
ou innovation ?
Entre le « on est loin du compte »
des « écolos » et le « ça va encore
nous coûter cher ! » de certains élus,
l’examen du plan biodiversité
du ministre Nicolas Hulot mérite
un examen approfondi des
collectivités locales.
Nombre de dispositions ou de
dispositifs les concernent directement
et pas seulement les villages fleuris et
la pollution lumineuse.
En effet, la « touche » biodiversité
devra être présente dans chaque
contrat (CPER, ruralité, réciprocité…)
et des moyens pourront être affectés
à des collectivités pionnières
sur le sujet. Si le « recyclage »
ou l’anticipation de mesures qui vont
être prises par la CEE peuvent faire
sourire, l’association « des compagnies
d’assurances pour la réduction des
risques associés au changement
climatique » par la réalisation de
« solutions fondées sur la nature »
est un sujet qui peut être novateur.
Si l’assurance se met à faire de
la prévention… en y trouvant
son compte, il y a peut-être de
nouveaux moyens en perspective.
EN CHIFFRES
45 %
DES BOUTEILLES
PLASTIQUES à base de
pétrole ne sont pas recyclées
(soit environ 200 000 tonnes
par an qui finissent dans
la nature). Une bouteille
plastique met environ quatre
cents ans à se dégrader.
8
CAPITAINE DE SOIRÉE
Paye ta tournée jusqu’au bout
L’
été et sa vague d’événe-
ments habituels (fête
de la musique,
14 juillet…) ou exception-
nels (coupe du monde) ont
amené à quelques déborde-
ments (de verres) que les polices
municipales ont dû gérer. Ceci a
conduit Joël Bruneau, le maire
Les Républicains de Caen, à
proposer à son conseil municipal une
mesure financière pour « accompa-
gner » ce phénomène récurrent.
Ainsi, depuis le 26 juin, les
personnes « en état d’ivresse
publique manifeste », interpellées
par les policiers municipaux,
devront payer 120 euros en plus
de l’amende de 150 euros pour
l’infraction. Ce nouveau coût corres- en 2017 (hors carburant, est-il
pondant à la facturation du transport précisé) à presque 6 500 euros le coût
vers l’hôpital. La procédure impose de la reconduite de 149 interpellés à
en effet à la police de présenter la l’établissement hospitalier délivrant
personne alcoolisée aux urgences afin le certificat de non-hospitalisation.
d’y obtenir un certificat de non- Caen a également fait un petit
hospitalisation. Une étape obligatoire benchmarking sur le sujet : plusieurs
avant de l’emmener au commissariat villes ont déjà en effet institué
pour qu’elle dessaoule en cellule le même dispositif comme Castres,
de dégrisement. Avant de prendre La Rochelle, Saint-Malo, Pau et
cette décision, la ville avait chiffré Orléans. u
AU CŒUR DU RÉACTEUR
Ordonnateur-comptable :
vers la fusion ?
L
a fin de la séparation de l’ordonnateur et du comptable est dans l’air du
temps. Elle figure en bonne place dans les préconisations du fameux
rapport « Action publique 2022 » que le gouvernement n’a pas pu cacher
tout l’été et qu’un syndicat a rendu public fin juillet. Ainsi, une centralisation
est même prévue au niveau des EPCI qui seraient chargés de « faire la
compta » de toutes les communes membres. Plus modeste, prudent ou réaliste,
le ministre de l’Action et des Comptes publics, a annoncé devant 600 cadres
de Bercy réunis début juillet que « des agences comptables seront expérimen-
tées pour les plus grandes collectivités avant l’année budgétaire 2020 ».
L’objectif annoncé est de favoriser la collaboration ordonnateur-comptable, de
faire des économies de moyens par la réduction des doublons… Il n’est pas sûr
que le « partage » des « doublons » soit fait de manière équitable entre le
ministère des Finances et les collectivités ! u
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

LA FERME !
L’adoption à la sauce normande
L
es propos ont été largement
relayés, mais ils méritent d’être
publiés, pour l’exemple.
Répondant à une interview de France
Bleu Normandie, la responsable du
service adoption du conseil départe-
mental de Seine-Maritime a donc
déclaré que les couples du même
sexe sont « un peu atypiques par
LE JOUR SE LÈVE
Taxe d’habitation : on commence
à y voir plus clair !
S
i les orientations de la réforme
ne sont pas encore toutes
arbitrées, cette dernière fera
l’objet d’un projet de loi spécifique
au premier semestre de l’année 2019.
On s’achemine de plus en plus vers le
transfert vers le bloc communal du
foncier et de la CVAE touchée par les
départements. Ce dispositif reprend
les préconisations du premier
scénario du rapport Richard-Bur,
en y ajoutant la CVAE que ce dernier
n’avait pas voulu traiter. Les départe-
ments percevraient quant à eux une
part de CSG et continueraient à
recevoir les « droits de mutations ».
Les commentateurs économiques ont
fortement appuyé sur le fait que ce
scénario constitue pour eux une
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
ACTUALITÉ
ELLE A DIT
« Il faut détruire les grands
ensembles, reconstruire
des quartiers entiers, avec
un plafond anti-ghetto.
Il ne peut pas y avoir de mixité
sociale quand il y a plus
de 30 % de logement social
dans un quartier. »
© MIZINA - STOCK.ADOBE.COM
Valérie Pécresse
CHANGER D’AIR
Les universités d’été
de l’ADGCF vont tenter
rapport à la norme sociale et biolo-
gique » et a ajouté que s’ils ont
l’alternance !
Après plus de dix ans passés au Grand
« des attentes ouvertes, ils peuvent
Bornand, en général au début du mois
très bien adopter… des enfants dont
de juillet, la manifestation va tenter
personnes ne veut car trop cassés, l’alternance : les années paires, les
trop perturbés psychologiquement, universités resteront en montagne et
trop grands, handicapés ». les années impaires, elles pourront
Le président, UDI, du département opter pour un autre lieu afin de
a condamné ces propos. u permettre à l’ensemble des adhérents
du territoire français d’être moins
éloignés que de ce haut-lieu de la
Savoie. Pour 2019, ce sera Deauville
(où se tiendront aussi cette année les
Rencontres de l’intercommunalité
début octobre) et, si le succès est au
rendez-vous, deux ans plus tard, un
autre lieu sera proposé, après un petit
aggravation du déficit budgétaire, retour en montagne.
car la taxe d’habitation sera remplacée
par le prélèvement sur des impôts
EN CHIFFRES
existants sans forcément en relever
1,3
le taux. Il est donc à craindre que
le « volet recettes » de la réforme, ou
plutôt celui d’une moindre dépense PLUS DE
sur les dotations aux collectivités, soit MILLION D’EUROS,
un sujet particulièrement difficile dès c’est le montant des
le budget 2019. La grande annonce de amendes qu’aura infligées
la réunion du 4 juillet a été le la ville de Paris aux locations
lancement de la révision des valeurs touristiques illégales à Paris
locatives avec un calendrier de mise en 2018. Pour le seul premier
en œuvre étalé sur 4 ans… soit après trimestre, ce montant
la fin du quinquennat. Mais les dépasse déjà celui de 2017.
optimistes pourront arguer que celle Il s’agit essentiellement
des valeurs locatives industrielles et d’annonces provenant
commerciales a plutôt bien résisté d’Airbnb.
au changement de président ! u
9
ACTUALITÉ

IL A DIT
CÂBLE D’INSERTION
« Tant que nous n’aurons Internet Haut-débit
pas redonné dignité et
fierté à travers la qualité de
et recrutement local
l’architecture, de l’urbanisme
D’
ici à 2022, tous les habitants
du Maine-et-Loire auront
et de l’espace public, droit à un accès à Internet
les politiques sociales mises en très haut-débit, grâce au déploie-
en place ne peuvent pas être ment d’un réseau de 13 000 km de
fibre optique. Un plan d’insertion de
opérantes. » 3,6 millions d’euros sur 12 ans,
Xavier Lemoine, maire de Montfermeil 170 000 heures de formation et
d’insertion, et la création de trois
centres de formation pour
TRANSPORTS EN INDIVIDUEL 220 000 prises à poser dans

© RIOPATUCA IMAGES - STOCK.ADOBE.COM

À Nice, les transports le département, seront mis en place
publics s’ubérisent par TDF, l’opérateur retenu par
Cet été, les 50 000 abonnés annuels le syndicat mixte ouvert « Anjou
des transports en commun de numérique » créé par le département
l’agglomération niçoise ont eu la et les collectivités locales. La pre-
possibilité de prendre une voiture mière sélection de candidats aura lieu
Uber pour un prix fixe de 6 euros sur cet été pour remplir son premier
un trajet suivant le parcours habituel centre de formation à l’automne.
du bus avec comme point de départ Ce seront à 80 % des tireurs de câbles
une station. Ce service a été ouvert qui seront recrutés ou formés pour d’insertion, existe dans d’autres
de 20 h 30 à 2 h 30 du matin sur les la mise en place d’un réseau dont la départements qui incitent ainsi
lignes sans service ou un service faible.
matière était encore inconnue il y a nombre d’allocataires du RSA à y
Si le chauffeur touche le prix réel
de la course, c’est la collectivité qui quelques mois. Ce dispositif, qui allie trouver une reconversion souvent
paiera la différence avec le prix payé mise en place du réseau et politique difficile. u
par l’usager. « Nous avons budgété une
enveloppe de 30 000 euros pour ce
SAUT DANS LE VIDE
service » a expliqué Philippe Pradal,
le premier adjoint de la ville de Nice, La fin d’Autolib :
au quotidien Le Monde. une sacrée
expérimentation !
EN CHIFFRES
Outre le montant des indemnités
de fin de contrat (dénoncé

10,4
de façon unilatérale par la
© 2012 MARIORDO@AOL.COM-CC BY-SA

collectivité) qui seront versées

au groupe Bolloré (délais de
contentieux aidant) après les
MILLIARDS D’EUROS,
municipales de 2020,
c’est le montant qu’ont
la reprise du service dès cet été
touché les entreprises par différents opérateurs va
françaises au titre constituer une première.
du « Plan Juncker » Qu’ils soient producteurs
de soutien aux projets d’automobiles (Peugeot, Renault…)
industriels innovants. ou de services (ADA, taxis G7, Avis…), ils seront plusieurs (au lieu d’un)…
La France est le premier à être raccordés à une logistique désormais pilotée par le syndicat mixte.
bénéficiaire de ce Celui-ci devra ainsi veiller aux compatibilités techniques et informatiques des
programme devant l’Italie différents fournisseurs. Le champ de critiques potentielles est donc plus qu’élevé
et l’Espagne. avec seulement un an (municipales obligent) pour que tout marche… ou presque.
Il n’y a pas que les batteries des voitures qui risquent d’être à plat d’ici là.

10 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

 ACTUALITÉ

ON DESSINE POUR VOUS

LE NOUVEAU VISAGE DE L’INTERCOMMUNALITÉ FRANÇAISE

LES GÉANTES RURALISÉES grand reims

Certaines agglos sont devenues géantes en absorbant
parfois plus d’une centaine de communes. +794%*
Mais elles restent marquées par la ruralité. tarbes-lourdes- 143 communes
pyrénées 112 communes - de 1 000 habitants
Depuis 2017, une vaste réorganisation +473%*
de la carte intercommunale a
bouleversé l’intercommunalité 86 communes grand cognac
66 communes - de 1 000 habitants
française.
+480%*
Avec 40 % de structures loire forez 58 communes
intercommunales en moins, 42 communes - de 1 000 habitants
un grand mouvement de regroupement +96%*
a donné naissance à plusieurs 88 communes
tendances. 62 communes - de 1 000 habitants
Nous vous avons mis ça
en image. dinan agglomération

+150%*
65 communes
32 communes - de 1 000 habitants

PETITES UN JOUR,
PETITES TOUJOURS
Les petites (voire très petites) communautés sont en forte
diminution, mais elles sont toujours très présentes
342 communautés ont - de 15 000 habitants
et 210 ont - de 10 000 habitants
2/3 d’entre elles ont été maintenues en l’état même si
UNE MENACE
POUR LE DÉPARTEMENT ?
Dans 10 départements, une communauté d’agglomération compte + de 100 000
habitants et rassemble + de 40 % des habitants du département.
Les 5 plus importantes, elles, font même la moitié leur département.
grand belfort : 108 000 habitants, 73 % du Territoire de Belfort
INFOGRAPHIE : JENNY BUTTIGIEG - TERRITORIAL

elles n’atteignaient pas le seuil de 15 000 habitants
33 départements concentrent 76% de ces toutes petites
communatés
Des départements très ruraux : ceux qui comptent le plus
d’intercos de moins 15 000 habitants Gers, Haute-Saône,
Aveyron, Cher, Dordogne, Jura, Meuse, Savoie.
grand reims : 292 951 habitants, 51% de la Marne
perpignan méditerranée : 264 105 habitants, 56 % des Pyrénées-Orientales
limoges métropole : 208 705 habitants, 55% de la Haute-Vienne
grand troyes : 168 350 habitants, 54 % de l’Aube
tarbes-lourdes-pyrénées : 122 970 habitants, 54 % des Hautes-Pyrénées

*pourcentage de communes en plus dans l’agglomération

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 11

 INTERVIEW
ACTUALITÉ
DR
RÉNOVATION URBAINE
« La politique de la ville
est d’une difficulté extrême »
Dans son livre, Pierre Sallenave, ex-directeur général de l’Agence nationale pour la rénovation
urbaine, dévoile sa passion amoureuse pour la ville et ses quartiers relégués dont les habitants
sont les premiers défenseurs. Sans porter de jugement sur le débat actuel sur une rénovation
urbaine à… rénover, il affirme qu’elle forme le point de départ indispensable à leur redressement.
Propos recueillis Stéphane Menu
C
omment est née l’envie d’écrire ce livre ?
Je n’avais jamais eu l’intention réelle
d’écrire un livre. Je ne suis pas urbaniste
de formation. Je suis un ingénieur qui a fait de
l’urbanisme. Mais, sans généraliser, les néo-
phytes ont souvent du mal à saisir les idées que
les urbanistes défendent. Mes amis Erik
Orsenna et Serge Moati m’ont encouragé à
décrire ma vision de la ville, parce qu’ils la
trouvaient claire, au contraire des traités
d’urbanisme, souvent rébarbatifs. Je me suis
alors mis à raconter des histoires dont le décor
était la ville, des rencontres qui, sans cet
12
PIERRE SALLENAVE
est diplômé de l’École
polytechnique, ingénieur
au corps des Ponts et
Chaussées et Docteur
en mathématiques.
Il fut notamment le
directeur général de
l’Agence nationale pour
la rénovation urbaine
(Anru) entre 2008 et 2014.
À LIRE : « La ville se rêve en
marchant ». Pierre Sallenave.
Édition de l’Aube. 19 e.
arrière-fond urbain, n’auraient pas eu la même
saveur. En 2016, ma carrière professionnelle a
pris une nouvelle direction. L’instant était
propice, mais je ne pouvais imaginer en arriver
à ce résultat. Attention, je ne voudrais pas qu’il
y ait méprise. J’ai rencontré des urbanistes
passionnants, comme Alexandre Chemetov,
dont le récit est fascinant. Il faut l’accompagner
dans un quartier qu’il a conçu et écouter ses
commentaires. Les experts hors site sont moins
intéressants. Je crois aux gens, aux émotions
qu’ils portent, à la manière dont ils incarnent la
ville. C’est dans cette direction que j’ai cheminé.
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
Vous avez été aux manettes de l’Anru pendant
de longues années. Partagez-vous le courroux de
Jean-Louis Borloo qui tire à boulets rouges sur la
technocratisation rampante de cette structure,
sans doute après votre départ, dans son dernier
rapport mort-né ?
Je n’ai pas envie de m’exprimer sur ce sujet.
Ce serait tellement facile de porter des juge-
ments de l’extérieur. La seule chose que je peux
dire, c’est que le discours de Jean-Louis Borloo
ne m’a pas surpris : c’est un homme fait pour
soulever des montagnes. Mais je ne dirai pas si
je partage ou pas son point de vue. Mettre en
œuvre la Politique de la ville est d’une difficulté
extrême car les élus sont confrontés tous les
jours à des surprises et rarement des bonnes.
Certes, l’Anru s’est sans doute technocratisée au
fil du temps, mais elle a réalisé un travail
essentiel et a permis à de nombreux quartiers de
retrouver le chemin de l’espérance. L’agence a
toujours été portée par une immense ambition.
L’ennui, en France, c’est que les processus de
décision s’alourdissent toujours au fil du temps.
J’ai passé six ans à me battre contre cette
bureaucratisation néfaste. Je n’ai pas toujours eu
gain de cause… Mais un immense travail de
fond a été mené à bien. Le visage des quartiers a
changé positivement dans de nombreux
endroits.
Sur un plan financier, les objectifs ont été atteints…
Le temps de lancer la machine entre 2004
et 2008, l’agence avait dépensé à peine un
milliard d’euros. Puis les dépenses de l’Anru
ont oscillé entre 1 milliard et 1 milliard et demi
d’euros chaque année. Et, sans avoir les chiffres
en tête, je suis convaincu que les chiffres
de 2015 et 2016 ont avoisiné le milliard et demi
d’euros, ce qui correspond à presque cinq
milliards d’euros d’investissement. Une fois
les chantiers lancés, il faut pouvoir les mener
à bien. Entre la fin du premier programme et le
début du deuxième, il y a eu un ralentissement,
ce qui est en grande partie inévitable.
On a souvent reproché à l’Anru de se focaliser
uniquement sur le bâti et pas assez sur le social.
Était-ce votre rôle ?
Les enjeux sociaux étaient et restent énormes.
A-t-on fait assez en parallèle ? Sur l’éducation,
par exemple, nous n’avons pas été assez bons,
je crois. Pourtant, nous avons cherché en
permanence à impacter sur l’école, mais nous
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
n’y sommes peut-être pas parvenus. La rénova-
tion urbaine a été conçue pour rendre possible
l’enclenchement d’autres dynamiques ver-
tueuses en partant du principe que le travail
sur le bâti formait la pierre angulaire du reste.
Je me souviens de la confidence d’un principal
de collège à Antony, dans les Hauts-de-Seine,
qui m’assurait que l’intervention de l’Anru
avait changé l’image du quartier, qu’il le
ressentait clairement et de façon mesurable
jusque dans les résultats de ses élèves au Brevet
des collèges. Peut-être aussi peut-on se deman-
der si les autres ministères régaliens ont profité
de ce contexte favorable pour avancer leurs
pions et changer les choses dans leur secteur…
C’est ce que l’on ressent tout au long de votre livre,
le potentiel de renouveau des politiques publiques
qu’a toujours permis la rénovation urbaine…
L’ambition première de la rénovation urbaine
est, au travers de la remise à niveau du cadre
de vie et d’un message fort de considération,
adressé aux habitants, de créer les possibilités
Les forces vives d’un changement de l’image du quartier à partir
de ces quartiers, des réussites, celles qui permettent toujours
ce sont les habi- d’aller de l’avant. Il appartient aux maires, qui
tants. Sans eux, jouent un rôle de vigie capital, de sentir ces
possibilités, de les potentialiser. L’État ne peut
rien ne se fait pas tout… Une des raisons d’être de l’Anru,
c’est de passer le flambeau aux maires, d’être à
leurs côtés pour qu’ils puissent capitaliser la
rénovation urbaine. Reste à savoir si l’État leur
en donne les moyens.
Que faites-vous aujourd’hui ?
Je suis consultant indépendant. J’ai gardé un
pied dans l’urbain, en France comme à l’étran-
ger. Je travaille aussi dans le secteur des
transports maritimes et des énergies renouve-
lables. La ville m’a passionné. Mon passage à
l’Anru n’a pas toujours été facile, mais il reste
ce que j’ai vécu de plus fort comme expérience
humaine au cours de ma carrière. Avec mon
ami Jacques Bangou, maire de Pointe-à-Pitre,
j’ai le souvenir de promenades instructives
dans les quartiers où j’ai rencontré des gens
magnifiques. Les forces vives de ces quartiers,
ce sont les habitants. Sans eux, rien ne se fait.
SUR LE WEB
Après toutes ces années et avec le recul de trois
Retrouvez l’intégralité ans depuis votre départ de l’Anru, quel regard
de l’entretien sur :
lettreducadre.fr/17013 portez-vous aujourd’hui sur les quartiers ?
Un regard amoureux… u
13
JOURNÉE
D’ÉTUDE
Choisissez la journée qui accompagnera vos projets

Stationnement  2 OCTOBRE 2018 - PARIS

Quelle politique de stationnement
après le big bang de la dépénalisation

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BRAS DE FER
La politique de la chaise vide
paiera-t-elle ?
L’
absence de l’AMF, de l’ADF,
et de l’ARF aux deux
conférences des territoires
de juillet n’a pas empêché France
Urbaine, l’ADCF, l’Association des
maires ruraux de France, et
l’Association des petites villes de
France de venir à ces rendez-vous.
D’aucuns ne manqueront pas d’y
trouver une opposition entre
l’ancien monde et les collectivités
d’avenir… Mais, pendant ce temps,
le gouvernement avance ses pions
en surfant sur les différences
d’approche des associations d’élus
VU SUR TWITTER
#yapluska
Quand un regard approfondi
nous montre qu’on peut faire
de la démocratie innovante quelle que
soit la taille de la commune qu’on dirige.
ILS
ONT
DIT
Emmanuel Macron
« Il nous faut éviter de perdre
des mois, comme nous l’avons
fait ces dernières décennies, à
délibérer sur des compétences,
qui seraient attribuées à l’un ou
à l’autre avant de tout changer
au mandat suivant. »
© COPYLEFT - © PERGUILLAUME CC BY-SA - © MARIE-LAN NGUYEN - CC BY-SA
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
et la communication parfois
imparfaite… d’autres.
Alors que le « suspense » sur la
signature des contrats de maîtrise
de dépenses battait son plein,
l’ADF annonçait que 77 % des
départements étaient opposés au
dispositif… ce qui se transforma
quelques jours après en près de
47 % de signatures… sans doute
sous la menace de « représailles » !
Les bons élèves qui veulent
« poursuivre un dialogue exigeant
avec le gouvernement » en tireront-
ils plus profit que les absents ? u
Édouard Philippe
« Nous allons avoir dans les semaines qui
viennent une réflexion commune à l’État et
aux collectivités pour peser sur le montant
budgétaire, sur la doctrine européenne
s’agissant de l’utilisation des fonds
[européens] et pour définir ensemble les
bons tuyaux pour distribuer ces fonds. »
DÉCENTRALISATION
BON GRÉ MAL GRÉ
CNFPT-Centres
de gestion :
les frontières
vont-elles bouger ?
Il faut « engager un chantier sur
le rôle et les missions du Centre
national de la fonction publique
territoriale (CNFPT) et des
Centres de gestion (CDG), dans
une logique d’efficience et pour
répondre aux attentes exprimées
par les employeurs territoriaux »
a déclaré par communiqué le
secrétaire d’État, Olivier Dussopt, le
5 juillet dernier. Cette déclaration
a aussitôt suscité de la part de
l’AMF et du président du CNFPT
de vives réactions, d’autant que le
secrétaire d’État en aurait ajouté
une louche en déclarant que « tous
les employeurs territoriaux et les
agents constatent une inadéquation
entre l’offre de formation et les
besoins des agents ».
ENCORE ET ENCORE
L’éternel chantier de
la déconcentration
Dans une circulaire du 24 juillet,
Édouard Philippe a réaffirmé la
volonté de l’État de se débarrasser
de certaines missions au « profit »
des collectivités. Aucune nouveauté
réelle, puisqu’on y apprend que l’État
gardera ses missions régaliennes
(sécurité, environnement…)
mais se déchargera du tourisme,
de la cohésion sociale, du sport,
de l’instruction des permis
de construire…
Patrick
Devedjian
« L’intercommunalité
n’a pas d’avenir. »
15
ACTUALITÉ

ACTION CŒUR DE VILLE

Le dispositif qui rend les maires heureux
Tout paraît aller pour le mieux
dans le meilleur des mondes dans
ce dispositif qui vise à redynamiser
des centres anciens dévitaminés.
Avec une Caisse des dépôts très
impliquée à la manœuvre, les
maires, si critiques généralement
à l’égard du gouvernement,
adressent des œillades à ce dernier.
Stéphane Menu

À
l’heure où les grandes associa-
tions d’élus ferraillent avec le
gouvernement sur de nom-
breux dossiers, la réunion du 25 juin
dernier organisée à Paris autour du
dispositif Action Cœur de ville avait
presque un côté surréaliste. Les élus
des 222 villes retenues ont eu
l’occasion d’échanger avec un État
clairement identifié comme un
« facilitateur ». La Caisse des dépôts,
qui joue un rôle majeur dans cette
affaire, assurait même qu’elle allait
changer de braquet dans sa manière
d’investir, en soutenant les projets
avant même que les maires les aient
convaincus d’un rendement élevé. pas jugée comme un simple effet de des centres-villes concerne prioritai-
tribune. Un préfet coordonnateur a rement les villes de 15 000 à
été désigné, en la personne de Rollon 100 000 habitants présentant une
Le plan de revitalisation Mouchel-Blaisot (ancien directeur « fonction de centralité ». Ainsi,
des centres-villes concerne général de l’Association des maires parmi les 222 villes retenues le
prioritairement les villes de de France). Le CGET est par ailleurs
mandaté pour collecter les bonnes
27 mars dernier, 205 comptent sur
leur territoire au moins un quartier
15 000 à 100 000 habitants pratiques qui alimenteront une prioritaire de la Politique de la ville,
présentant une « fonction de « plateforme » collaborative, en lien dont 41 implantés dans les centres
avec l’association Villes de France, anciens ; 80 d’entre elles cochent la
centralité » très investie dans l’élaboration du case « petites villes ». Les moyens
plan. financiers sont là, ce qui, là aussi, en
Le Premier ministre, Édouard ces temps de vaches maigres, relève
Philippe, a dû apprécier l’ambiance Mobilisation du miracle : 5 milliards d’euros sont
positive, lui qui généralement se fait à tous les étages mobilisés sur cinq ans, dont 1 mil-
houspiller dans les assemblées d’élus. Jacques Mézard, ministre de la liard d’euros prélevés directement sur
« L’idée est d’accompagner la stratégie Cohésion des territoires, a lui aussi les fonds propres de la Caisse des
des maires, des élus, qui promeuvent vanté la plasticité du plan. « La dépôts, 700 millions d’euros de prêts,
la renaissance de leurs centres- caractéristique de ce projet, c’est 1,5 milliard d’euros d’Action loge-
villes », a-t-il martelé dans son d’être simple d’emploi », n’a-t-il cessé ment et 1,2 milliard d’euros de
discours (1). Cette facilitation n’est de répéter. Le plan de revitalisation l’Anah.

16 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

 ACTUALITÉ

Niort à fond sur le levier

Plusieurs villes avancent sur le dossier. À Niort, la convention pluriannuelle a
récemment été approuvée au conseil municipal. Pour la ville et l’agglomération de
Niort, onze actions ont d’ores et déjà été identifiées dans le cadre de ce dispositif :
programme de requalification du parc immobilier ancien, galerie Victor-Hugo, Passage
du Commerce, technopole numérique Niortech, requalification de la rue Basse, entre
autres… Certes, ces projets sont déjà sur les rails « mais avec Action Cœur de ville,
nous pouvons compter de façon pérenne sur l’État dont nous avons l’assurance des
financements », se réjouit le maire Jérôme Baloge. « C’est aussi la reconnaissance de
notre travail et un encouragement. C’est le premier geste depuis longtemps envoyé
par l’État vers des collectivités de taille intermédiaire, qui constituent un maillage
important et qui jouent leur rôle ». Le maire espère aussi que le dispositif aura un
effet d’entraînement, en enclenchant « un mécanisme positif pour commencer
d’autres projets à l’avenir, pour le quartier de la gare par exemple ou la place Denfert-
Rochereau. Il faut y voir un premier pas ». Pour le premier adjoint Marc Thébault,
il s’agit même ni plus ni moins que « du dossier majeur de notre mandature pour
requalifier et redynamiser le centre ancien, qui vient conforter notre action ».

du mois de septembre. Certaines qu’elles s’impliquent, à l’instar de ce

L’opérationnalité à parfaire
est l’un des points sur lesquels
l’Anah et la Caisse des dépôts
envisagent de mobiliser leurs
énergies, pour éviter que
certaines villes pâtissent d’un
défaut de savoir-faire
Aider les communes
qui n’ont pas d’ingénierie
L’objectif est de redonner des cou-
leurs aux centres-villes en déshé-
rence, frappés par la concurrence des
zones d’activités commerciales et des
zones pavillonnaires, que les Français
apprécient plus que les centres-villes
bruyants et pollués. Dans la boîte à
villes ont pris de l’avance, ayant
même recruté en interne des agents
capables de relever le défi. D’autres
ne disposent pas de la même capacité
d’ingénierie. Cette opérationnalité à
parfaire est l’un des points sur
lesquels l’Anah et la Caisse des
dépôts envisagent de mobiliser leurs
énergies, pour éviter que certaines
villes pâtissent de ce défaut de
savoir-faire.
L’État a profité du moment
solennel pour lancer un appel
aux régions afin qu’elles
s’impliquent
La Caisse des dépôts
que la région Grand Est a fait avec
Lunéville (Meurthe-et-Moselle),
première commune à avoir signé sa
convention, le 7 juin. Une ville de
19 900 habitants qui se bat depuis
des années pour infléchir la courbe
record de vacance commerciale, de
l’ordre de 37 % en 2015 ! La région
Grand Est a décidé de soutenir
37 villes moyennes. L’Association
des petites villes de France (APVF), a
appelé « solennellement le gouverne-
ment à prendre conscience de la
situation des petites villes et à leur
porter une attention plus soutenue ».
« Ce sont près de 700 collectivités –
et prioritairement, des petites villes
– qui sont confrontées à ce phéno-
mène de désertification de leurs
centres-villes », insiste-t-elle. u
(1) Réunion organisée dans les locaux du Commissariat

outils du dispositif, on trouve de quoi
favoriser l’acquisition et la réhabilita-
tion de logements, améliorer leur
performance énergétique, développer
une nouvelle offre commerciale en
centre-ville, accompagner les
commerçants dans la transition
numérique ou simplifier leurs
démarches d’implantation en
centre-ville… Une douzaine de
conventions ont d’ores et déjà été
paraphées. Jacques Mézard assure
qu’elles le seront toutes d’ici à la fin
change d’approche général à l’égalité des territoires (CGET), en présence des
élus des 222 villes concernées et de tous les partenaires du
Le directeur général de la Caisse des plan (Caisse des dépôts, Anru, Anah, Action logement,
Epareca…).
dépôts, Éric Lombard, a rappelé que
le changement de doctrine en matière
d’investissement de sa noble institu-
tion n’était pas anodin ; généralement,
la CDC investit pour que le retour sur
investissement entraîne une dyna-
SUR LE WEB
mique territoriale positive. Sur Action
Cœur de ville, il est acté que le retour RÉAGISSEZ SUR :
sur investissement sera plus modeste. Twitter : @Lettre_du_cadre
L’État a profité du moment solennel Facebook : lalettreducadre
Google+ : http://bit.ly/18KEnJ4
pour lancer un appel aux régions afin

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 17

ACTUALITÉ

RAPPEL À L’ORDRE
Statut : la ville de Paris rentrera-t-elle dans le rang
territorial ?

P
our celui ou celle qui a tenté de
rejoindre la ville de Paris ou d’en
partir vers une autre collectivité,
la manœuvre n’a pas toujours été
évidente, sans parler de la mise en
pratique. Pourtant la réponse semble
claire, voire cinglante, comme l’atteste
un référé de la Cour des Comptes à
l’adresse de la ville de Paris de
mars 2018 : « Le Conseil d’État l’a
confirmé en annulant le décret du
25 avril 1988 : relevant des règles du
statut de la fonction publique
territoriale, les agents de la ville de
Paris ne peuvent être considérés ni
comme des agents de la fonction
publique d’État, ni comme constituant
une fonction publique sui generis. Ils
sont des agents territoriaux, mais pour
lesquels certaines règles statutaires
sont dérogatoires ». La lecture du
référé permet ainsi d’avoir une
reconstitution très claire de l’histoire
de ce « statut » créé depuis 1975 avec
« l’autonomie » de la ville de Paris :
le décret de 1988, cité et annulé par le
Conseil d’État, permettait de pérenni-
ser, au sein des administrations
parisiennes, certaines règles appli-
cables à la fonction publique de l’État.
Son annulation n’a pas cependant
empêché les fonctionnaires,
notamment des cadres A, de faire, par vise, elle-même, dans ses délibéra-
exemple, leurs formations initiales tions, ces décrets ». Bref, la Cour,
dans les mêmes écoles que les lassée, a pris la décision de faire un
fonctionnaires d’État, de voir le référé (deux mois de réponse) auprès
conseil de Paris créer des postes par du Premier ministre et non de la ville
homologie avec les statuts de la FPE de Paris (!), pour lui demander de
ou de voir, encore, la rémunération et « rétablir une cohérence dans le droit
le nombre des membres de cabinet… et les pratiques du statut des collabo-
non plafonnés. Il en découle une rateurs de la ville de Paris ». Le
longue liste de différences de traite- Premier ministre va-t-il affronter
ment des agents à tous les niveaux, l’administration parisienne ?… Nous
s’inspirant au fil des décisions de ce le saurons bientôt avec la réponse
qu’il y a de mieux dans la fonction attendue de ce dernier. u
publique en général, avec parfois des
arguments chocs du genre « la ville
estime que les homologies d’emplois
qu’elle a choisies lui permettent
d’adosser certaines de ses
nouvelles bonifications
indiciaires (par exemple)
aux règles des corps de la
fonction publique d’État ».
Elle soutient ainsi que les
décrets qui régissent la
fonction publique territoriale
ne précisent pas qu’ils
s’appliquent à Paris.
Ce à quoi la Cour des
Comptes réplique genti-
ment que « cette assertion
ne peut être validée et cela
d’autant plus que la ville

ÂGE DE GLACE
Qu’est-ce que la cristallisation ?
Nombre de concepts juridiques manquent peut-être
à votre culture comme « l’homologie » évoquée dans
la brève sur la ville de Paris (ci-dessus), mais connaissez-vous
la « cristallisation » ?
Cette notion juridique (qui existe aussi en chimie et qu’on
retrouve chez Stendhal) peut être illustrée par l’exemple
suivant, qui vous permettra de combler un vide… et d’abonder
votre réflexion sur le thème de l’égalité de tous devant la loi.
L’article 4 du décret du 24 mai 1994 a organisé un mécanisme
dit de « cristallisation », qui visait à « figer » temporairement
l’application du statut de la fonction publique territoriale
à Paris afin de permettre à la ville de mettre ses règles
statutaires internes en conformité avec les évolutions légales.
Mais, malgré tout, la ville de Paris a institué un temps de
travail « légal » de 1 552 heures au lieu du temps légal issu
de la réglementation de 1997 arguant que cette dernière
n’existait pas en 1994… ! Ce à quoi la cour régionale des
comptes, à peine énervée, répond dans son référé de
mars 2018 : « Sur le fond, la ville retient, sur ce sujet, une
interprétation abusive de la clause de cristallisation. En
effet, l’objet de cette clause était de permettre l’adaptation
progressive des règles parisiennes aux modifications induites
par le statut de la fonction publique territoriale. Il n’était
pas d’autoriser la ville à adopter, voire à pérenniser, des
dispositions contraires à une loi postérieure ». Comme quoi,
la mauvaise foi peut avoir des bases juridiques… à Paris !

18 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

 PURE WEB
En exclu sur

LA LETTRE DU CADRE.fr
T E R R I TO R I A L

Plusieurs fois par semaine, nous publions des articles « pure Web » (pour les néophytes : que vous ne pourrez pas lire
dans La Lettre « papier », mais uniquement sur notre site). Voici un échantillon des publications.

RESSOURCES HUMAINES
Les élections professionnelles 2018
en 10 grandes étapes
Les prochaines élections professionnelles dans la fonction
publique se tiendront le 6 décembre 2018. Les territoriaux
©DAMIR - STOCK.ADOBE.COM

désigneront leurs représentants dans les CAP, les CCP, les

CHSCT et les CT. Dans un très long article, La Lettre du cadre
détaille les 10 grandes étapes qui permettront aux collectivités
de mener à bien ce chantier crucial. Dès le début de l’année,
le compte à rebours s’est enclenché avec la nécessité de
déterminer les effectifs des agents, notamment pour
déterminer le nombre de représentants du personnel à élire. Puis, en juin, il a fallu délibérer pour déterminer le nombre de
représentants du personnel au CT et à la CAP à élire. Mais il reste de nombreuses étapes à franchir, notamment, dès octobre,
établir et afficher les listes électorales. Puis déposer les listes de candidats. Puis organiser des réunions d’information…
Bref, on vous fait une liste détaillée des étapes à franchir, avec le détail de tous les pièges à éviter.
TEOM excédentaires : de l’illégalité à la gratuité
La TEOM excédentaire a commencé par être illégale. Voici qu’un tribunal administratif déduit maintenant de cette illégalité une totale gratuité.
Le financement des ordures ménagères s’affole.
http://www.lettreducadre.fr/16868

LE SONDAGE DU MOIS I www.lettreducadre.fr/17056

Pour ou contre
Pour ou contre « un plafond anti-ghetto » ? « un plafond
« Si on veut faire des territoires de mixité réelle, il faut détruire les grands ensembles dans anti-ghetto » ?
lesquels il y a plus de 50 % de logements sociaux, et instaurer un plafond anti-ghetto de 30 % Votez… et commentez !
de HLM », c’est ce que proposait Valérie Pécresse lors de la présentation de son « plan banlieue »
en juin dernier. A-t-elle raison ? Faut-il s’attaquer à la question de la mixité sociale « par le bas »
en limitant les logements sociaux là où ils sont très présents ? Et obtiendra-t-on des résultats
avec cette méthode ?

ÇA A FAIT UN CARTON SUR NOTRE SITE

Certains de nos articles SERRAGE DE MAINS CQFD
« Ressources humaines » La médiation préalable devient Qui a peur du RGPD ?
font parfois un tabac. obligatoire dans la fonction publique
Ils sont régulièrement territoriale
dans le top 10 des
articles les plus lus ÇA VA GLISSER
et dans ceux, aussi, ENSEMBLE
qui suscitent le plus Que peut apporter l’intercommunalité Hyperloop : la prochaine révolution
de commentaires culturelle ? dans les transports ?
de nos lecteurs.

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La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 19

ACTUALITÉ

ÉLÉPHANTS BLANCS
Investissements : la fin des projets pharaoniques
L’époque des projets démesurés
des élus serait-elle révolue ?
La baisse des dotations aux
collectivités, la disparition
de la génération des maires
mégalomanes, l’exigence
de proximité et de prise en
compte d’un environnement
plus respecté expliquent cette
tendance de fond.
Patrick Martin-Genier

P
endant les années consécutives
à la décentralisation consacrée
par les lois Deferre de 1982 et
1983, les collectivités locales,
enivrées par leurs nouveaux pouvoirs
et les outils financiers considérables
dont elles disposaient, ont massive-
ment investi. Ce mouvement s’est
inscrit dans une tradition des maires
dits « bâtisseurs », voire bétonneurs
pour certains. Il s’agissait de
construire des bâtiments et des
infrastructures sans compter, avec
parfois des dépenses somptueuses.
Dans les années 1990, les nouveaux
hôtels de ville flambant neufs ont
ainsi fait florès sans trop regarder à la
dépense. Ces années furent aussi
marquées par la montée en puissance
des départements et régions, dont les
sièges furent entièrement refaits avec
des déménagements coûteux.
Une réorientation
des investissements
Un autre phénomène peut expliquer
cette situation. Les années 1980-
1990 correspondaient également à la
fin d’un cycle et au début d’un autre :
une période au cours de laquelle il a
fallu rénover des équipements
vieillissants datant des années 1960.
Il s’agissait aussi de construire
toujours et encore dans une perspec-
tive de croissance soutenue, dont a
bénéficié le secteur des bâtiments et
des travaux publics. Les maires
bâtisseurs ont ainsi peu à peu
réorienté leurs priorités vers des
investissements plus dédiés à la
rénovation urbaine et à la reconquête
de certaines zones autrefois délais-
sées. Ainsi, beaucoup d’entre eux ont
mis sur les rails la reconquête des
berges avec des espaces complète-
ment dédiés aux loisirs ainsi que,
entre autres, des projets destinés à
requalifier d’anciens sites autrefois
liés à la production, comme des
usines et des ateliers, d’ailleurs
souvent situés dans les mêmes zones.
Les usagers se sont ainsi réapproprié
des espaces qui autrefois étaient
délaissés. Ce deuxième cycle s’est
achevé avec tous ces projets de
réaménagement et de requalification.
Aujourd’hui, peu de villes, en tout
cas les grandes et moyennes villes,
n’ont pas encore terminé cette étape.
Des projets plus modestes
Il s’agit désormais de passer à autre
chose, dans un contexte politique et
sociétal qui a considérablement
évolué. Les habitants sont devenus de
plus en plus exigeants sur un certain
nombre de points, qu’il s’agisse de
leur vie quotidienne, de la qualité de
l’environnement, du refus du mitage
urbain de nature à altérer la notion de
développement durable. Ils ne
veulent plus être mis au pied du mur
et exigent de participer aux grands
projets urbains qui impactent leur
qualité de vie.
Les grands projets pharaoniques
ruineux, dont certains ont connu une
dérive financière considérable
(comme le Musée des Confluences à
Lyon), sont désormais révolus.
Le maire reste le maître
d’œuvre de toute politique
d’urbanisme
Pour autant, les maires et les prési-
dents d’intercommunalité ont-ils
achevé leur mission de « bâtisseurs » ?

20 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

 ACTUALITÉ

CE QU’IL FAUT SAVOIR

pour près de 40 % des intercommu-
Le profil du maire 2020 nalités, mais pour seulement 22 %
des maires, ce qui montre une
1 Les pistes à privilégier approche plus prudente de leur part.
• examiner les besoins d’investissements après un audit des équipements Aujourd’hui, beaucoup estiment que
• rechercher en concertation avec les habitants les investissements souhaités la notion de maire bâtisseur n’existe
• effectuer une programmation pluriannuelle jusqu’à la fin du mandat plus, mais que le premier édile de la
• s’assurer de leur concrétisation dans le budget annuel
commune est avant tout un aména-
• favoriser la concertation sur chaque projet
geur qui doit intégrer le développe-
2 Les risques à éviter ment de sa ville autour de projets
• prévoir d’emblée la réalisation d’un gros équipement dont l’utilité n’est pas structurants.
suffisamment démontrée
• éviter de construire un nouveau siège de la collectivité si une autre solution
moins onéreuse peut être trouvée
• endetter la collectivité pour plusieurs générations pour un équipement
La notion de maire bâtisseur
somptueux n’existe plus, mais le premier
• se précipiter pour la réalisation d’un investissement sans concertation
avec les habitants
édile de la commune est avant
• penser à court terme sans réfléchir au devenir générationnel tout un aménageur qui doit
de la collectivité
intégrer le développement
de sa ville autour de projets
Non. En effet, par définition et au connaît aujourd’hui se caractérise par structurants
regard des compétences des com- un double aspect : d’une part, la
munes, le maire a vocation à nature des dépenses est différente et,
construire car il dispose, avec les d’autre part, elles peuvent également Par exemple, les maires de la ceinture
intercommunalités vers qui très se traduire par une augmentation de parisienne doivent assurer un
souvent les compétences en termes l’endettement. équilibre entre les logements priva-
d’aménagement urbain ont été tifs, les logements intermédiaires et le
transférées, de tous les outils néces- L’exigence environnementale logement social pour permettre à
saires à cette fin. Le maire reste le S’agissant de ce dernier point, on toutes les catégories socioprofession-
maître d’œuvre de toute politique note en effet un accroissement de nelles de pouvoir se loger selon leurs
d’urbanisme. l’endettement des collectivités locales moyens. La construction de loge-
Le bloc communal est ainsi et reste le qui repart à la hausse à 201,5 mil- ments doit se faire en coordination
premier investisseur. Si cette ten- liards d’euros, soit 0,7 % en plus, avec les autres acteurs, tels que l’État
dance a commencé à s’essouffler à même si cet accroissement est plus le et, bien sûr, les autorités organisa-
partir de 2014 dans un contexte de fait des régions. Sur la nature des trices des transports en commun
resserrement des dépenses publiques investissements, les projets dispen- autour des nouvelles gares SNCF et
mais aussi de réduction drastique des dieux et pharaoniques des vingt RER du Grand Paris, ce qui constitue
subventions aux collectivités locales, dernières années ont mis à mal la vie une nouvelle donne essentielle pour
2017 a vu un redressement de quotidienne des usagers. Les infras- le développement de la proche
l’investissement local. tructures se sont dégradées, avec des banlieue de Paris.
En 2017, les administrations écoles vieillissantes, une voirie L’arrivée de nouveaux logements et
publiques locales ont engagé prati- souvent malmenée, des axes routiers d’une nouvelle population exige aussi
quement 3 milliards de plus qu’en majeurs des grandes collectivités ne de construire les équipements publics
2016, soit une progression de 6 % répondant plus aujourd’hui à ce que et semi-publics qui doivent suivre,
selon les chiffres publiés par l’Insee. l’usager attend d’un environnement malgré la réduction des moyens
Cette année n’est pas neutre : les de qualité. Le partage du domaine financiers. Il ne s’agit plus de
maires arrivent à la moitié de leur public laisse à désirer, les espaces bétonner une ville si cela aboutit à
mandat avec en perspective les verts sont souvent délaissés quand ils sous-estimer les places de stationne-
élections municipales de 2020. Il ne sont pas menacés par le bétonnage ment, à ne pas assez penser à la
s’agit donc d’accélérer les réalisations à outrance. Ainsi, on assiste à une réalisation d’équipements tels que les
de façon parfois précipitée. réorientation des investissements crèches ou encore les écoles mater-
Mais le nouveau cycle que l’on vers les infrastructures de proximité nelles et primaires. u

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 21

ACTUALITÉ

EXCLUSION
Au service d’une société qui a changé,
les enjeux d’un nouvel État-providence
Le manque de résultats tangibles dans la lutte contre l’exclusion et de nouvelles problématiques
à gérer dans un contexte de rigueur budgétaire affaiblissent encore les collectivités.
Il est urgent d’améliorer le dialogue avec l’État et de repenser les politiques des territoires...
Rina Dupriet

A
u moment où nous nous
devons de faire un bilan des
20 ans de la loi relative la lutte
contre les exclusions du 29 juillet
1998, le président de la République :
- réunit le Congrès à Versailles le
9 juillet 2018 pour repositionner les
grands axes de sa politique ;
- convoque les élus des territoires le
12 juillet 2018 à la Conférence

© MONKEY BUSINESS - STOCK.ADOBE.COM

nationale des territoires ;
- organise un sommet social le
17 juillet 2018 avec l’ensemble des
partenaires sociaux ;
- et s’engage à reconstruire les
principes de l’État-providence du
XXIe siècle.
Et pendant ce temps, 9 millions de
personnes vivent encore dans la
pauvreté avec moins de 850 euros par
mois. Parmi elles, 35,6 % des per-
sonnes pauvres en France sont des
enfants et des jeunes de moins de
20 ans (cf. : ministère des Affaires
sociales 2015) et 20 % des étudiants
vivent aujourd’hui sous le seuil de
pauvreté (Igas 2018). Notons aussi
que 25 000 mineurs isolés sont livrés
à eux-mêmes et dorment chaque soir
dans les rues de Paris, laissant aux
associations et aux citoyens solidaires
la responsabilité de subvenir à leurs
besoins fondamentaux !
Toutes les politiques économiques et
sociales sont mises à mal depuis des
années ! Il est bien loin l’espoir
apporté par la loi relative à la lutte
contre les exclusions de 1998.
Des constats alarmants
Le chômage n’a pas cessé d’augmen-
ter : les statistiques de l’Insee recon-
naissaient le 23 mai 2018 que le taux
de chômage touchait 8,9 % de la
population active en France métropo-
litaine, soit 6 592 100 demandeurs
d’emploi, c’est-à-dire une hausse de
0,3 point par rapport au dernier
trimestre 2017 !
Des migrants arrivent sur notre
sol en situation de très grande
précarité, sans aucune politique
sérieuse d’accueil dans notre pays
Le nombre de mal-logés n’a pas non
plus cessé de croître avec près de
4 millions de personnes enregistrées
à ce jour et les jeunes en situation
d’exclusion et de pauvreté d’appa-
raître avec davantage de lisibilité
enfin dans les statistiques des
observatoires nationaux !
Aujourd’hui viennent s’ajouter
à ces problématiques inhérentes
à la défaillance des politiques
économiques et sociales des pouvoirs
publics depuis près d’un quart de
siècle :
- l’arrivée des migrants en situation
de très grande précarité sociale et
sanitaire sur notre sol alors qu’au-
cune politique sérieuse d’accueil
dans notre pays n’a pas été définie
depuis des années ;
- la nécessité de repenser l’urbanisme
pour construire autrement et se
déplacer autrement afin de redessi-
ner la ville de demain à dimension
humaine ;
- l’urgence à stopper la disparition
des espaces naturels puisque
l’urbain n’a cessé de prendre le pas
sur les terres agricoles ou en friche
tout en mettant en place des
mesures concrètes sur le plan
écologique et de la biodiversité
notamment.

22 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

 ACTUALITÉ

Des territoires dans l’attente
Les collectivités territoriales sont
mises à dure épreuve dans un
contexte particulier de rigueur
budgétaire dans lequel logement et
emploi seront à nouveau fortement à
contribution afin de permettre des
économies sur l’exercice 2019.
À l’occasion de la Conférence
nationale des territoires du 12 juillet
2018, les élus des grandes associa-
tions (AMF, ADF, Régions de France)
ont décidé collectivement de boycot-
ter ce rendez-vous et de jouer la
chaise vide. Et pourtant, dans le
cadre des maîtrises de la dépense
locale, 70 % des collectivités concer-
nées ont signé avec l’État cet engage-
ment sans précédent !
Ce paradoxe nous montre à quel
point il y a urgence à rénover la
démocratie locale.
Les territoires sont en attente d’un
soutien sérieux et maîtrisé de l’État.
Ils ont besoin d’outils à mettre en
œuvre pour mesurer les enjeux d’une
cohésion à laquelle ils sont confron-
tés au quotidien. Ils ont besoin d’une
lecture partagée des territoires qu’ils
administrent et d’un savoir-faire leur
permettant de se comparer les uns
aux autres, tout en mutualisant leurs
actions sur le terrain.
Des mesures locales pas
forcément bien accueillies
La machine électorale au niveau local entraîner un rejet profond des
Lettre
se Cadredéjà
prépare 175x58
aux Bdx DE FP 18.qxp_28-06-18
prochaines
élections municipales avec en fond
de décor les élections européennes de
2019. Ainsi les maires sont tétanisés à
l’idée de voir leur bilan exploser sous
une pluie de critiques qu’ils jugent
déjà infondées. Ils ont développé leur
politique de l’habitat, essayant à
grand-peine de satisfaire les services
de l’État en portant leur nombre de
logements sociaux à près de 25 %. Ils
ont favorisé une politique de trans-
port au détriment parfois de nui-
sances sonores et atmosphériques qui
ont généré un mécontentement fort
de la population.
Toutes ces décisions pourraient
entraîner un rejet profond des
politiques et faire basculer un
électorat vers des choix qui ne
seraient plus en rapport avec
l’évolution de la société
Si les maires bâtisseurs et aména-
geurs ont souvent été qualifiés de
maires bienfaiteurs, chacun se
souviendra ici de ce vieil adage :
maire bâtisseur, maire battu !
Ils ont aussi participé à l’accueil de
migrants au grand désespoir d’une
fraction de leur population hostile à
la politique migratoire de l’État.
Toutes ces décisions pourraient
28/06/2018
politiques 10:59
et faire Page1
basculer un
électorat vers des choix qui ne
seraient plus en rapport avec l’évolu-
tion de la société d’aujourd’hui et
compromettraient l’avenir d’une
jeunesse déjà en manque de repères.
Même si les réformes, nécessaires du
reste pour certaines, se multiplient,
force est de constater que les popula-
tions les plus fragiles attendent avec
impatience le grand « Plan Pauvreté »
promis par le président de la
République. Il n’est en effet plus
admissible, vingt ans après la loi
relative à la lutte contre l’exclusion
de compter aujourd’hui plus de
quatre millions d’allocataires de
minima sociaux (source du ministère
de la Santé). Le dialogue social entre
les élus des collectivités territoriales,
les partenaires sociaux et l’État n’a
jamais été aussi prégnant et son
insuffisance risque d’affaiblir la
démocratie locale, le véritable cœur
battant de nos libertés !
Alors, un nouvel État-providence ?
Oui sans aucun doute… mais à quel
prix et pour satisfaire quels objectifs !
C’est collectivement que nous aurons
à répondre de ces résultats : le
rendez-vous est déjà pris. u
À LIRE ET À RELIRE
Rina Dupriet, Jacques Ladsous,
Dominique Leroux et Michel Thierry
LA LUTTE CONTRE L’EXCLUSION :
UNE LOI, DES AVANCÉES,
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La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 23

ACTUALITÉ

PAS SI SECRET
Les petites bombes du rapport
Action publique 2022

P
ublic, pas public, c’est finale-
ment un syndicat qui a pris
l’initiative de diffuser le rapport
« secret » « Se réinventer pour mieux
servir ! » alors que le gouvernement,
grand cachottier, n’en promettait la
parution qu’à l’automne. Pourtant, à
la lecture de ce texte, on s’aperçoit
que nombre de propositions sont déjà
sur la table et que plusieurs ministres
s’en sont autosaisis, soit pour les
mettre en œuvre avec précaution
(Gérald Darmanin sur les « agences
comptables) ou pour leur tordre le
cou (Bruno Lemaire ne remettant pas
en cause une baisse de TVA accordée
aux restaurateurs, jugée inefficace
pour la création d’emploi).
Si les « considérants » ont leur
importance (les deux premières
parties du rapport s’intitulent : « nos
convictions » et « changer de
modèle »), on s’attardera ici sur
quelques propositions qui pourraient
avoir un impact direct sur les
collectivités locales et les territoires.
Système éducatif : la proposi-
tion 8 concerne avant tout le monde
enseignant, mais un petit paragraphe
concerne les collectivités avec deux
remarques ou propositions « chocs » :
le transfert des compétences scolaires
et périscolaires au niveau intercom-
munal afin « d’assurer une meilleure
péréquation et une plus grande équité
dans la répartition des moyens au
niveau d’un territoire » et une
question : pourquoi tant d’écart de
moyens selon les départements par
collège ? La commission préconise
une étude sur ce sujet qui devra
intégrer si ce niveau de dépense a un
impact sur les élèves et… au vu des
résultats, s’interroger sur le niveau
pertinent de gestion de ces établisse-
ments : interco, département ou
région !
Une allocation sociale unique :
le rapport reprend la proposition de
13 départements qui veulent instituer
ce type d’allocation tendant à
favoriser le retour à l’emploi.
Supprimer les doublons et améliorer
le partenariat entre l’État et les
collectivités locales : c’est la première
proposition de la 4e partie de ce
rapport qui s’intitule : « éviter les
dépenses inutiles » ! Le rapport pointe
très clairement l’inutilité de mainte-
nir des directions départementales en
totalité ou en partie dans des services
comme la Dirrecte, l’action sociale et
la solidarité, la jeunesse et la vie
associative, les Dreal… et propose
aussi de continuer à décentraliser
dans le domaine du logement (gestion
des aides), du transport ferroviaire,
routier, du sport pour tous et de la
gestion des forêts. Mais également de
recentraliser certaines fonctions
comme pour la gestion des MDPH
« afin d’assurer une plus grande
égalité de traitement sur tout le
territoire  » !
Cohérence de l’action publique : outre
le développement d’agences comp-
tables (voir ci-dessus), la régionalisa-
tion de tous les services consulaires
est par ailleurs préconisée.
Des aides publiques jugées peu
efficaces, notamment dans deux
secteurs : la transition énergétique
(TVA, subventions) est dans le
collimateur mais aussi l’aide aux
« petits » aéroports (moins de
700 000 visiteurs) qui pourrait être
supprimée.
Mutualisation des achats :
ce sujet est un grand classique de
sources d’économies pour l’État…
mais le rapport aborde aussi les
collectivités et particulièrement
les SDIS qui pourraient mettre en
commun leurs achats et surtout…
les standardiser.
Ces quelques pistes ne doivent pas
cacher de nombreux développements
qui concernent plus particulièrement
l’État (mais pas que) en matière de
numérisation, de gestion des person-
nels et des crédits. Enfin, il est à
noter, que dans la liste des « experts »
rencontrés, nombre de fonctionnaires
de collectivités (et peu d’élus) l’ont
été, ce qui n’est pas toujours le cas ! u

MONEY FOR NOTHING EN CHIFFRES

12,6
Naming en France : combien ça rapporte !
Notre excellent confrère « Acteurs du sport » a repéré une petite note du ministère
des Finances à Bercy qui analyse le dispositif de « naming » (pratique consistant pour
une marque à donner son nom à un événement ou un bâtiment dans une logique de
MILLIONS DE FOYERS ont
sponsoring) qui touche 12 villes de France. Montant, durée… y sont recensés pour
un dispositif qui ne touche pas que les grosses artilleries comme le
bénéficié de prestations des
prouve le Skoda Arena de Morzine (patinoire qui accueille l’équipe de CAF en 2017, soit 31,6 millions
hockey sur glace des Pionniers de Chamonix-Morzine) qui rapporte de personnes (dont 13,8
60 000 euros annuels. millions d’enfants), pour
Téléchargez le rapport un montant de 3,2 milliards.

24 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018


Tous les mois, au hasard de lectures, de rencontres, de conversations,
Nicolas Braemer, rédacteur en chef, et la rédaction de La Lettre du
cadre réagissent et commentent l’actualité territoriale.
Double cursus
Je rencontre une jeune femme qui est chargée de mission
dans une grande association humanitaire anglo-saxonne,
en France, ou elle s’occupe notamment de coordonner les
campagnes de communication. Elle me raconte qu’elle a été
sollicitée par l’armée française pour intervenir auprès de ses
officiers qui suivent des formations à l’École militaire à Paris.
Je comprends que l’armée, donc, permet à ses officiers de
suivre, durant leur formation, des doubles cursus militaires/
civils afin d’améliorer leurs compétences professionnelles,
au service de leur emploi militaire bien sûr. Les officiers
auprès desquels elle intervient suivent en l’occurrence
une formation auprès de Celsa, ce qui leur permettra plus
tard d’être affectés, ou de pouvoir prendre en charge, des
fonctions de communication auprès du grand public, voire
de la presse. Je trouve cette conception de la formation des
cadres supérieurs de la fonction publique (en admettant
que les militaires soient des fonctionnaires mais, dans le cas
d’espèces, qu’ils ne le soient pas à proprement parler ne fait
pas une énorme différence) intéressante : elle suppose que
la formation en interne ne se suffit pas à elle-même, mais
qu’elle doit être complétée par des modules ou cursus sur
des compétences précises, nécessairement à l’extérieur. Et
on ne parle pas des stages pratiques, désormais obligatoires
dans toutes les formations initiales de cadres supérieurs, ni
d’interventions de professionnels extérieurs, là aussi cou-
rantes, mais bien de cursus qualifiants.
L’armée manage aussi…
depuis longtemps
Ce n’est pas la première fois que l’armée me surprend sur ses
capacités de formations (on va dire que c’est parce que je ne
m’y suis jamais intéressé de près, ce qui est vrai). J’avais il y a
déjà quelque temps croisé un formateur qui m’avait expliqué
que, désormais, les militaires bénéficiaient de formations au
management de haut niveau et que, dans les fonctions non
opérationnelles (pas sur le terrain des opérations), les cadres
de l’armée n’avaient aujourd’hui plus grand-chose à envier
à ceux des administrations civiles en matière de gestion
de projets, de recrutement des compétences, de gestion
d’équipe etc.
Cas pratique
Enfin, petite anecdote pour clore le sujet militaire. Ma « for-
matrice humanitaire/communication » me raconte qu’elle a
fait travailler ses élèves officiers sur des cas pratiques dont
l’un concernait la communication de crise. Elle m’explique
avec un grand sourire qu’elle a choisi… l’affaire du « Rainbow
Warrior » ! J’imagine encore la tête des élèves quand on leur
a suggéré de se pencher avec sérieux sur ce qu’il aurait fallu
faire ou pas faire dans les relations avec Greenpeace…
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
REGARDS CROISÉS
V. VINCENZO
Horreur de la modernité
L’écriture inclusive suscite décidément des réactions
étonnantes dans leur disproportion. Il y a quelques mois,
je recevais le texte d’une interview sollicitée auprès de la
présidente du conseil départemental du Finistère, qui devait
accompagner un article sur une expérience managériale dans
la collectivité. Surprise : le texte était intégralement rédigé
en écriture inclusive, c’était pour moi une première que de
recevoir un texte ainsi rédigé (la forme innovante de ce texte
cadrait par ailleurs bien avec le contenu du texte, lui aussi
plein d’innovations managériales, à base de confiance et
d’empathie). Par conviction, j’ai décidé de publier ce texte tel
quel. Que de réactions je n’ai pas eues de la part des gardiens
de l’orthodoxie grammaticale ! Et dans des formes d’une vio-
lence et d’une certitude d’avoir raison que je n’ai rencontrées
récemment sur aucun sujet. Une anecdote racontée par un
territorial me conforte dans le fait qu’il y a là une affaire qui
dépasse largement son objet premier (le fait de cesser de
faire du masculin l’alpha et l’oméga de notre expression) : un
agent de sa collectivité avait scotché un mot dans un ascen-
seur, pour inviter ses collèges à un pot célébrant je ne sais
quelle occasion. Et ce mot était rédigé en écriture inclusive :
en 24 heures, il était couvert de graffitis indignés fustigeant
le rédacteur/traître à la langue française. Voilà, c’était notre
rubrique : résistance au changement !
Histoire de sous
La phrase d’Édouard Philippe (« chaque sou pris dans la poche
des Français… ») a aussi suscité pas mal de réactions indignées
de mes contacts territoriaux. Tous, même s’ils approuvent la
seconde partie du propos sur la bonne utilisation de l’argent
public, fustigent l’idée qu’en prélevant l’impôt, on « prenne
l’argent dans la poche » des gens. Tous disent aussi que tant
qu’on continuera à parler ainsi, on alimentera la grogne fiscale.
Dans le mur
Un élu rural s’agace devant moi des arguments « crétins »
contre la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes.
« On peut dire n’importe quoi, comme quand on explique
que c’est une mesure contre la ruralité, mais il y a des limites,
rouspète-t-il. Quand on voit un jeune du village s’encastrer
dans un platane ou s’éjecter de la route dans une sortie de
virage, quand il se prend une voiture de face sur la natio-
nale… ce ne sont pas ces morts horribles et inutiles qui font
le plus de mal aux villages ? »
25
ACTUALITÉ

TRIBUNE

Jean-Jacques Pénin,
http://jjpenin-psychologue.fr/
psychologue du travail
Expliquer aux
salariés que
l’expérience n’est
plus une valeur.
Que ce qui fera
valeur demain,
c’est le turn-over
La terre promise
Les apôtres du nouveau monde nous promettent une nouvelle fonction publique
sans fonctionnaires. Mais comment travailler pour tout le monde et dans de
bonnes conditions dans ce monde nouveau ? Où sera le service public demain ?
J e découvre qu’un collège d’experts s’est
penché sur le statut de la fonction publique
et préconise le recours systématique aux
contractuels. Des contrats de deux ans sont
souhaités dans la fonction publique, de cinq
ans pour les professeurs et de dix ans dans la
police. Passons rapidement sur le procédé en
trois temps maintenant bien connu : une
information incomplète percole par la presse,
provoque une vive émotion, puis l’organisateur
de la « fuite » intervient en sauveur pour
minorer la menace ; en indiquant qu’au lieu de
tout contractualiser, seul le recours aux
contractuels sera facilité. Soulagement illusoire
si l’on imagine la suite. Par facilité, les collecti-
vités, autorisées et encouragées par de nou-
veaux décrets, remplaceront par des
contractuels les titulaires partant en retraite.
Et en une génération, la fonction publique
traditionnelle, garante d’une neutralité et d’une
égalité des réponses apportées à la population
disparaîtra.
Voilà l’avenir. Quelle stimulation pour la
jeunesse, pour l’emploi !
Une image radieuse
Passons donc sur le procédé, et arrêtons-nous
sur l’image radieuse de la future organisation
connectée 3.0 qui nous est promise.
Délectons-nous par avance de toute la clair-
voyance qui a habité ce collège d’experts et
que nous ne manquerons pas de découvrir.
Tant d’intelligence réunie ne peut que susciter
notre curiosité, notre soif de comprendre…
Ainsi, nous lirons, j’imagine, un rapport
argumenté, justifiant le recours systématique
aux contractuels. Celui-ci détaillera les résul-
tats d’une analyse stratégique de type Menace/
Opportunité, Forces/Faiblesses, concernant
l’avenir de la fonction publique. Formidable !
Nous disposerons enfin d’un document fondé
sur des faits, une prospective, une analyse des
valeurs sociétales et individuelles qui font le
lien social. Le profil d’une fonction publique
performante, attirante, rémunératrice, conduite
par un personnel motivé nous sera révélé.
Les attentes de la population auront été
intégrées et, par effet bénéfique des proposi-
tions expertes, la nouvelle fonction publique,
répondant enfin aux besoins de tous, sera
aimée et choyée par les citoyens de ce pays.
Mon impatience à lire un tel document est à
son paroxysme !
En matière managériale, un nouveau modèle
émergera certainement des analyses du collège
d’experts. Nous bénéficierons, d’une explica-
tion détaillée des avantages qu’il y a à être
embauché sous contrat de deux ans.
Par exemple lorsqu’on rencontre son banquier
pour envisager un prêt… Ou que l’on veut
fonder une famille.
Le nouveau modèle managérial
J’imagine que des études appuyées par
les neurosciences expliqueront aux managers le
vif plaisir que retire le cerveau d’être en
incapacité de se projeter sur le long terme.
Je vois déjà des consultants opportunistes bâtir
de nouvelles théories de la motivation, aptes à
rendre compte de la surefficience qui résulte de
la précarité instituée.
Certes, il faudra bien régler malgré tout
quelques détails…
Renvoyer aux études les médecins du travail
afin de les déconditionner de ce vilain réflexe
consistant à considérer que le stress est
mauvais pour la santé. Ne plus parler de
qualité de vie au travail. Prévoir une communi-
cation de crise en recrutant quelques savants
capables de communiquer autour du concept
creux de « résistance au changement ».
Rien de tel pour déqualifier les mauvais
joueurs, certainement d’extrême gauche,
qui ne s’enthousiasmeront pas des perspectives
formidables annoncées par cette réforme.
Communiquer encore auprès des salariés afin
de leur expliquer que l’expérience n’est plus
une valeur. Que ce qui fera valeur demain,
c’est le turn-over.
Expliquer encore que, si le turn-over entraîne
une perte des savoirs acquis sur une fonction,
cela n’est pas pour autant un problème sérieux
pour les nouvelles organisations déconnectées
3.0. u

26 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018


AU VERT
Jardins publics : ça eut fumé !
A
l’instar de certains pays
comme l’Islande, la Finlande,
le Royaume Uni, mais aussi
Taïwan ou certaines villes des USA,
Strasbourg va interdire progressive-
ment de fumer dans les parcs
et jardins publics de la ville.
L’argumentation choc, qui a
convaincu à l’unanimité un conseil
municipal de début juillet, a été de
constater que les pays où cette
réglementation a été instituée ont
des taux de fumeurs (15 à 19 %)
presque inférieurs de moitié
à la France (27 %).
Expérimentée dans un parc depuis le
début de l’année, la réglementation
MON SEIGNOR
Le bouchon fiscal du Perthus
a vécu !
C
ette commune, à la frontière
avec l’Espagne, est connue
pour ses bouchons aux heures
estivales notamment. Mais ce fait,
dont elle n’est pas responsable, a
peut-être eu des incidences sur le
comportement financier de la
collectivité. Ainsi, riche de ses
ressources fiscales, la commune
« bénéficie » d’un an de fonctionne-
ment d’excédent, ce qui n’entraîne
pas la sérénité au sein de son conseil
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
ACTUALITÉ
IL A DIT
« Les cadres du privé ont leur
place dans les administrations
publiques, mais sans
encadrement, l’ouverture
devient impasse. »
Olivier Dussopt
© WINNING7799 - STOCK.ADOBE.COM
CAVIARDAGE
La censure locale
est désormais…
légale
Si dans les tribunes offertes aux
sera mise en place dans six autres membres de l’opposition municipale
espaces publics avant d’être générali- apparaissent des vitupérations
sée à tous les espaces verts publics. u concernant des sujets n’ayant rien
à voir avec des sujets locaux, le
directeur de la publication va se sentir
désormais en position de force… pour
refuser de les publier. Le Conseil
d’État a récemment affiné sa position,
comme le révèle l’avocat Éric Landot
sur son blog, en y ajoutant qu’un
directeur de la publication ne doit pas
laisser passer un article qui « présente
un caractère manifestement
outrageant, diffamatoire ou injurieux
au regard des dispositions de la loi du
29 juillet 1881 ».
EN CHIFFRES
© CLAUDIA SC-CC BY-SA
LE « BUDGET
CARBONE »
(plafond d’émissions de gaz
à effet de serre à ne pas
municipal qui n’a pu se mettre franchir pour respecter nos
d’accord sur le vote du budget cette engagements) a été dépassé
année. « La commune du Perthus n’a
de 3,6 % EN 2016,
pas à thésauriser sur le dos de ses
avec un total de 463 millions
contribuables » précise au Midi Libre
de tonnes équivalent CO2.
André Pezziardi, le président de la
Sur la période 2019-2023,
chambre régionale des comptes
on prévoit que la France
d’Occitanie qui a, bien sûr, été saisie
continuera à produire
de cette situation… et de préconiser
un taux zéro pour les impôts cette 24 millions de tonnes
année ! Comme quoi, il faut mieux de CO2 en trop.
faire « péter les bouchons ». u
27
ACTUALITÉ
IL A DIT
« L’État a besoin des élus,
mais les élus ont aussi besoin
de l’État, mais pas par petits
coups. Il faut une vraie
politique globale. »
Gérard Larcher
ÉVOLUTION PERMANENTE
CCI : nouveau tour
de vis… ou recentrage
des missions !
Les chambres de commerce
vont devoir de nouveau faire des
économies, mais avec cette fois un
objectif de recentrage sur un socle
commun de « missions prioritaires »
(création d’entreprise, soutien à
l’exportation, transmission…) et la
formation initiale (notamment les
écoles de commerce). Ces missions
seront financées par le prélèvement
sur les entreprises et elles seules.
Pour le reste, variable selon les
régions, cela sera facturé aux
entreprises… comme aux collectivités.
Les « réorganisations » régionales
ont encore de l’avenir… et le statut
des écoles de commerce pourrait
également évoluer afin que les CCI
ne soient plus dans l’obligation d’en
détenir 50 %.
EN CHIFFRES
68,5
MILLIONS, c’est le nombre
de personnes déplacées
suite à des conflits en 2017,
selon la comptabilisation
effectuée par l’ONU.
La moitié de ces déplacés
sont des enfants.
Le nombre de déplacés a
bondi de 3,1 millions de
personnes en 2017 alors qu’il
n’avait augmenté « que »
de 300 000 personnes
l’année précédente.
28
TOUT ÇA POUR ÇA…
Semaine de quatre jours :
retour à la case départ !
70 % des communes seraient
revenues à la rentrée à la
semaine des quatre jours,
soit presque le double de
celles qui avaient déjà
abandonné le dispositif à la
rentrée précédente, selon le
ministère de l’Éducation natio-
nale. Parmi les grandes villes,
Toulouse et Paris restent dans
le dispositif à la différence
de Lyon, Bordeaux,
Marseille… et de Lille qui,
après une rude bagarre
avec le gouvernement – que la
maire accuse de ne pas avoir
d’avis sur le sujet – et les
enseignants, vient de rendre
les armes. Une bonne partie
des villes hésitantes s’en étaient montants ont été plutôt bien accueil-
remises à la « concertation », mais lis par les intéressés) pour financer
peu de conseils d’école ont osé des activités le mercredi (donnés par
contredire des enseignants (et surtout la CNAF… mais où sont donc passées
les parents), profondément hostiles à les subventions qui finançaient les
ce dispositif. Beaucoup de communes communes qui faisaient les 4 jours ?),
ont ainsi eu des grèves du personnel il faut s’attendre à une vague de
enseignant le mercredi matin et suppressions de vacataires à la
nombre de maires favorables au rentrée : le maire socialiste de Cergy
4 jours 1/2 n’hésitent plus à les rendre (60 000 habitants, Val-d’Oise)
responsables de ce qu’ils estiment a ainsi déclaré à Libération que 60
être un retour en arrière. à 80 emplois ne seront pas renouve-
Si le gouvernement a annoncé, le lés… dont une grande majorité sont
20 juin, quelques moyens (dont les des habitants de sa ville. u
VOS PAPIERS SVP
Prestige de l’uniforme
Si d’aucuns abusent de leur position pour aller casser du manifestant… d’autres
ont des ambitions plus modestes : des CRS en patrouille pour sécuriser le site très
touristique de la dune du Pilat ont été étonnés de constater, cet été, qu’une voiture
en stationnement sur un emplacement réservé aux cars disposait du fameux pare-
soleil « police » bien visible. Au retour de l’heureux possesseur du véhicule, ils ont
également découvert que ce véhicule disposait d’autres équipements réservés à la
police. Le procureur de Gironde mène désormais une enquête pour savoir dans quelles
conditions ce conducteur, qui n’est qu’un modeste directeur de cabinet d’une des plus
grandes villes de l’Allier (Montluçon-LR), a pu rentrer en possession de ces dispositifs…
bien utiles pour se garer quand il n’y a plus de place. En attendant les résultats de
l’enquête, une contravention pour stationnement interdit a déjà été délivrée… nous
confie le quotidien Sud Ouest dans son édition de mi-août.
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
 ACTUALITÉ

RESPECT !
IL A DIT

La Nouvelle Aquitaine sévit

sur la maltraitance animale « Les retraités sont à ce
quinquennat ce que les classes
moyennes était à celui
de François Hollande »
Brice Hortefeux

© WALAIPORN YOTHARAT - STOCK.ADOBE.COM

VOILÀ LA FACTURE
Sécurité : le festival
des coûts…
Jack Lang s’en est ému le 3 juillet
sur l’antenne de France Inter,
fustigeant le ministre de l’Intérieur
qui « a été un si bon maire pour
la Culture (à Lyon) » mais est un
« aussi désastreux ministre de

L
l’Intérieur pour les Arts ». L’objet du
a région Nouvelle Aquitaine vient d’adopter une motion « pour cesser courroux languien est la demande
progressivement d’ici la fin de la mandature d’octroyer tout financement de remboursement des moyens
direct à des entreprises ou industries qui s’adonneraient à des pratiques tant matériels qu’humains mis à
de maltraitance animale ». Sont visées les sociétés qui « broient des poussins disposition des festivals dans
vivants, effectuent la castration à vif et sans anesthésie des porcelets et font de le cadre de la lutte antiterrorisme.
l’élevage en cage de poules pondeuses dont le bec a été coupé » précise la Et de citer un des premiers festivals
de l’été, les Eurockéennes de Belfort
motion votée. On ne sait pas si la corrida est comprise dans le lot aquitain des
pour qui la facture passerait de
maltraitances animales… u
30 000 euros en 2017 à 254 000.
Pour le président de ce festival,
Christian Proust, qui s’exprime dans
PIÈGE MORTEL
l’Est Républicain, ce dérapage serait
80 : les automobilistes trinquent ! aussi dû à l’interprétation la plus
défavorable possible de la préfète

A
lors que beaucoup de départe- à ce sujet. Encore quelqu’un qui
ments jouent la montre en n’aime pas les arts… version Jack Lang.
attendant des décisions de
justice sur leurs recours contre cette EN CHIFFRES
interdiction, les automobilistes voient

26,2 %
toujours des panneaux 90 et le
nombre des PV s’envoler ! Les radars
se sont déclenchés 2,1 fois plus en
©GILLES PAIRE - STOCK.ADOBE.COM

juillet 2018 qu’en 2017 sur les routes C’EST LE TAUX DE

concernées par l’abaissement de la RECYCLAGE DES
vitesse maximale autorisée, recon- EMBALLAGES PLASTIQUES
naissait début août Emmanuel Barbe, auquel parvient la France.
délégué interministériel à la Sécurité C’est à peine au-dessus du
routière. En effet, les radars ont été taux requis (22,5 %) par la
rapidement mis en conformité avec la directive européenne sur les
nouvelle réglementation alors que que certains automobilistes mettent emballages et place la France
beaucoup de départements se en cause les départements pour les à l’avant-dernier rang des
refusent… à ôter simplement, sans les avoir incités à dépasser la vitesse pays de l’UE.
remplacer, les panneaux 90. D’ici à ce autorisée… u

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 29

 DOSSIER

SI VOUS SAVIEZ

TOUT CE QUE PEUT

VOUS APPORTER L’ESS
DOSSIER RÉALISÉ PAR ANTOINE DÉTOURNÉ
DIRECTEUR ADJOINT EN CHARGE DES ÉTUDES, DE L’INNOVATION ET DE LA PROSPECTIVE
CHEZ PAS-DE-CALAIS ACTIF/FRANCE ACTIVE

Une dynamiteuse de silo Une mobilisatrice Dans les zones grises

Imbriquant dimension
entrepreneuriale (parfois ignorée
de ses acteurs eux-mêmes)
et utilité sociale, l’ESS oblige
les collectivités à bousculer
leurs habitudes et incite
à la transversalité.
de ressources
S’appuyer sur l’ESS pour desserrer
les contraintes pesant
sur les budgets de
fonctionnement ?
Une piste à creuser sérieusement.
de la loi Notre
Un pied dans l’économie
et un pied dans le social, l’ESS
est l’outil rêvé pour permettre
aux collectivités d’agir là ou
la loi Notre tentait de réduire leur
périmètre.

À LA UNE

C
omment peut-on être contre le développe-
ment de l’économie sociale et solidaire ?
Il est vrai qu’elle paraît cocher toutes les
cases du développement le plus vertueux :
poursuivant l’intérêt général, quasiment indélo-
calisable, démocratique dans son fonctionne-
ment, privilégiant souvent l’usage à la
possession… Tous les ingrédients sont là. Son
périmètre, encore il y a quelque temps objet de
débats vifs, a même été défini en 2014 par
l’adoption d’une loi portée par Benoît Hamon.
Les conditions semblent donc réunies pour un
voyage dans un pays enchanteur pour les
décideurs. Et pourtant, les choses sont rarement
aussi simples. C’est que, même après des années
de lobbying, l’ESS n’est pas forcément visible au
niveau territorial. Il y a certes des territoires
pionniers et engagés, mais il faut souvent
s’adresser au niveau régional pour trouver des
interlocuteurs légitimes et connaisseurs des
entreprises et dispositifs dédiés à son
fonctionnement.
Où trouver l’ESS ?
L’extraordinaire foisonnement des initiatives
privées non lucratives et d’utilité sociale est
une richesse de plus en plus reconnue, autant
qu’une complexité difficile à appréhender.
Il n’est pas rare qu’un secteur dissimule le tout
dans les représentations que s’en font nombre
Les chambres régionales de l’ESS sont
reconnues représentatives par la loi
mais sans la légitimité qui est conférée
aux chambres des métiers.
de décideurs publics…
Pour les uns, ce sera l’entreprise adaptée qui
fait de la sous-traitance industrielle, pour
d’autres, ce sera les associations d’aide à
domicile ou la mutuelle du territoire, pour une
minorité, l’entreprise sociale qui propose des
formations au numérique ou, pourquoi pas
aussi, la coopérative qui gère un restaurant
d’insertion ! Et encore, nous écartons ici les
confusions délibérément (ou non) entretenues
avec la RSE, l’économie circulaire, les circuits
courts qui ne présument pas d’une apparte-
nance à l’ESS…Retenons que, même si, comme
l’affirme l’adage « statut n’est pas vertu », ce

30 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018


sont quand même les formes juridiques (associa-
tions, SCOP, SCIC, fondations, mutuelles) qui
sont les juges de paix de l’appartenance à
l’économie sociale et solidaire.
Quel service pour « gérer » l’ESS ?
Au fond, il n’est pas rare de tomber sur une
entreprise de l’ESS par hasard… d’ailleurs
souvent quand elle traverse des difficultés.
Un bon indice ? C’est typiquement le dossier qui
circule de service en service de la collectivité,
pour le pire ou le meilleur. À qui l’entreprise
d’insertion qui intervient en sous-traitance sur
des marchés publics doit-elle s’adresser pour
développer un nouveau projet ? Au service en
charge de la solidarité qui a un œil sur les
demandeurs d’emploi ? Au service marché public
avec qui elle entretient les relations financières
les plus fréquentes ? À l’aménagement du
territoire ou au développement économique qui a
des lieux à proposer ? Le festival culturel phare du
territoire qui a besoin d’un petit coup de pouce
car il vient de perdre un mécène – est-on bien sûr
que le service culture saura analyser ce que cela
implique en termes de modèle économique…
– n’aura-t-il pas besoin du contrôle de gestion ou
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
©ELLERSLIE - STOCK.ADOBE.COM
de l’expertise du service vie associative sur son
conseil d’administration vieillissant ? Ce ne sont
que deux exemples parmi tant d’autres, mais s’il y
a une leçon à en tirer, c’est que l’ESS peut être
« un dynamiteur des silos ». En imbriquant
dimension entrepreneuriale (parfois ignorée de
Ah, mais ses acteurs eux-mêmes) et utilité sociale, elle
oblige à bousculer certaines habitudes, incite à la
c’est vrai, transversalité. Cela ne se fait pas toujours dans la
j’aurais jamais difficulté mais nécessite une force de conviction
ou une organisation anticipatrice. Il n’est pas rare
pensé que d’ailleurs que les « services ESS », quand ils
l’association existent, soient rattachés au DGS pour cette
qui anime raison. En invitant à déplacer le regard sur des
partenaires parfois longuement établis des
tel ou tel collectivités (Ah, mais c’est vrai, j’aurais jamais
dispositif, pensé que l’association qui anime tel ou tel
c’est aussi une dispositif, c’est aussi une entreprise !), l’ESS
questionne la façon dont l’intérêt général peut
entreprise ! être poursuivi à l’échelle d’un territoire, les
convergences à mettre en œuvre en interne pour
en tirer le meilleur parti ou répondre au mieux
aux besoins sociaux. Appréhender l’ESS en tant
que telle, cela peut aussi faire partie d’un projet
managérial dont les effets peuvent être bénéfiques
bien au-delà du service rendu aux habitants ! u
31
À LA UNE

PAS SI PAUVRE

UNE MOBILISATRICE DE RESSOURCES

S’appuyer sur l’ESS pour desserrer les contraintes pesant sur les budgets de fonctionnement ? La piste est
à creuser car les financements sont nombreux. Mais encore faut-il trouver l’expertise et l’ingénierie pour
mobiliser ces ressources.

H
ybridation ! Un des traits souvent
sous-valorisés de l’ESS, c’est sa capacité
à mobiliser des ressources de natures
différentes pour répondre à des besoins
sociaux. À l’inverse du poncif qui voudrait que
« pour répartir de la richesse, il faut d’abord la
créer », les entreprises sociales démontrent que
bien des modèles économiques fonctionnent
dans le sens inverse. Comment ? En mêlant
bénévolat, cotisations, dons, ventes, échanges
réciprocitaires, subventions, marchés publics,
emprunts… La capacité de l’ESS à inventer
des modèles permettant de concentrer des
ressources dans des territoires qui en sont
parfois dépourvus renouvelle son attractivité.
Derrière, par exemple, l’acronyme PTCE
(pôle territorial de coopération économique)
et ses exemples labellisés les plus reconnus
(les fermes de Figeac, les pôles de l’éco-
construction…) se cachent partout sur le
territoire national des coopérations entre
entreprises de l’ESS et des partenariats entre
entreprises de l’ESS et entreprises, plus
classiques, qui créent de l’emploi, animent les
territoires et ne demandent qu’à être
dupliquées.

Sandra Guilmin, chargée de mission Économie sociale et solidaire membre du Geces

(Groupe d’experts de la Commission européenne sur l’entrepreneuriat social)
« Un travail partenarial pour forger une culture commune
entre nos collectivités et les acteurs de l’ESS »
La ville et l’Eurométropole de Strasbourg ont collectivités avant délibération et groupe de suivi partenarial
installé en 2011 un conseil de l’ESS, instance pour le suivi du plan d’actions). Ce travail partenarial a
coprésidée par le maire de Strasbourg, forgé une culture commune entre nos collectivités et les
le président de l’Eurométropole et le/la acteurs, qui de ce fait facilite la mise en place de partenariats
président(e) de la CRESS. Le conseil constitue inédits : réalisation d’un marché de Noël OFF orienté « achats
DR

notre organe de gouvernance de notre
politique de l’ESS et a ainsi pour vocation d’être un organe
de dialogue et un lieu de coconstruction de cette politique.
Il réunit tout acteur de l’ESS qui le souhaite, les têtes de réseau
et toute institution qui a une politique de l’ESS sur notre
territoire.
Le Conseil institue un dialogue direct entre élus et acteurs
de terrain une à deux fois par an (plénière) et se saisit de
tout sujet intéressant le développement du secteur (ateliers
d’échanges thématiques, séminaires) pour un travail de
plus longue haleine. Il produit diverses expérimentations
(ex. soutien aux initiatives collectives d’habitants) ou
recommandations, soit à l’attention des collectivités (avis sur
la stratégie de développement économique Strasbourg éco
2030), soit à l’attention des acteurs (ex. s’organiser pour se
former à mieux répondre aux appels d’offres des collectivités),
soit à l’attention du partenariat (avis donné sur le Spaser des
responsables », travail commun dans le cadre de la labellisation
TZDZG (Territoire zéro déchet zéro gaspi), engagement dans un
programme européen pour le développement de l’innovation
sociale…
Enfin, l’ESS étant présente dans une pluralité de secteurs, elle
donne de nombreuses occasions de travailler en transversalité :
entre services, entre directions, mais aussi entre collectivités
territoriales et avec l’État. Mes « copains de jeu » sur l’ESS
se trouvent aujourd’hui autant parmi mes collègues de
l’Eurométropole qu’au sein des coopératives, des autres
collectivités, des associations, de l’État, des réseaux. Le travail
partenarial accélère la maturation des projets et des plans
d’actions thématiques et permet souvent de rendre la politique
publique plus pertinente car partagée au niveau du territoire
par ses parties prenantes, elle peut se mettre en place plus
efficacement, plus rapidement. Et surtout, tout le monde rame
dans le même sens car tend vers les mêmes objectifs.

32 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

S’appuyer sur l’ESS pour desserrer les
contraintes pesant sur les budgets de fonction-
nement ? Une piste à creuser sérieusement.

Wanted : financeur cherche projet

La plupart des régions ont intégré l’ESS,
l’innovation sociale dans leur politique de
développement économique. Les intercommu-
nalités suivent de manière éparse cette dyna-

© SERGIO STAKHNYK - STOCK.ADOBE.COM

mique. Quoi qu’il en soit, la tendance est plutôt
celle d’une multiplication des appels à projets,
appels à manifestation d’initiatives, créations
d’incubateurs… dédiés en tant que tels à
l’économie sociale et solidaire. Il est également
de moins en moins rare de voir apparaître un
volet ESS dans une politique de tourisme,
d’emploi ou de réponse aux besoins des
personnes les plus fragiles… À l’instar de
l’appel à projets « French Impact » lancé tout Enfin, avec le réseau France Active, qui vient de
récemment par l’État, il s’agit autant de repérer fêter ses 30 ans, notre pays dispose d’un
des projets pour faciliter leur réalisation ou leur financeur solidaire, dont le maillage territorial
déploiement que de les mettre en réseau et faire est unique en Europe en termes de connais-
connaître les initiatives les plus prometteuses. sance des modèles économiques de l’économie
À cet écosystème de plus en plus territorialisé, sociale et solidaire et donc de leur financement.
il faut ajouter des acteurs de dimension
nationale en recherche d’actions à financer : les
fondations (souvent sous forme d’appels à Si la BPI s’affirme de plus en plus sur
projets consacrés à une thématique) et les fonds
d’investissement prêts à s’engager dans la
l’ESS, l’interlocuteur le plus souvent
durée, y compris sur des projets de taille bienveillant demeure la Banque
importante, par exemple le Novess. N’oublions des Territoires (ex-Caisse des Dépôts)
pas non plus les fonds européens, principale-
ment les fonds FSE et Feder, qui peuvent être
mobilisés au service des entreprises sociales, Bien plus que la mobilisation des ressources
bien évidemment avec la prudence que leur issues de l’épargne solidaire que ses antennes
utilisation requiert. peuvent investir (par l’intermédiaire d’une
variété d’outils spécialement dédiés à l’ESS),
Comment mobiliser ces ressources ? c’est la capacité à convaincre des partenaires et
Concrètement, où trouver l’expertise et l’ingé- à faire accéder à de l’ingénierie de projet (par le
nierie pour mobiliser ces ressources ? Si la BPI dispositif local d’accompagnement ou le fonds
s’affirme de plus en plus sur l’ESS, l’interlocu- de confiance) qui peuvent faire la différence
teur le plus souvent bienveillant demeure la dans le chemin semé d’embûches qui part de
Banque des Territoires (ex-Caisse des Dépôts) l’idée jusqu’à un projet mis en œuvre et réussi.
que l’on retrouve très fréquemment dès La relation avec le fonds France Active du
l’émergence et à la fin dans les tours de table territoire est souvent décisive et précieuse très
ESS (par exemple pour ceux faisant appel à la en amont. Au final, on peut se repérer très vite
reconversion de lieux comme d’anciennes dans les labyrinthes des opportunités et faire
friches industrielles). avancer un projet. u

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 33

À LA UNE
INTERSTICE
DANS LES ZONES GRISES
DE LA LOI NOTRE
L’ESS a « un pied dans l’économie et un pied dans le social ». Cette plasticité permet aux collectivités,
en particulier les départements, de continuer à mener ou soutenir des actions économiques efficaces :
une vraie opportunité à explorer.
L
a cause semblait entendue : avec la loi
Notre et la fin de la clause générale de
compétence, les aides aux entreprises
allaient devenir quasiment impossibles pour
certains échelons de collectivités. C’était sans
compter une catégorie d’entreprises : celles
relevant de l’économie sociale et solidaire.
Le département peut continuer
à faire
Dans la mesure où le but des entreprises de
l’ESS est la recherche de l’utilité sociale et
Cécile Hébrard, directrice de projet Économie sociale
et solidaire au département de la Gironde
« Nous participons à la structuration
d’un écosystème en faveur de l’ESS »
La loi Notre a conforté le département dans
son rôle d’acteur des solidarités humaines et
territoriales. Tout en intégrant les évolutions
portées par cette loi, le département a poursuivi
son engagement actif en faveur de l’ESS. Ainsi,
DR
nous pouvons attribuer des aides à une structure
dès lors que l’objet principal du projet se rattache à l’une de nos
compétences (propre, à chef de file ou partagée). Nous participons
également à la structuration d’un écosystème visant à accompagner
ou financer l’émergence de structures d’ESS ou leur consolidation,
et soutenons par ailleurs des dynamiques collectives territoriales
de coopération ou de mutualisation entre acteurs sur les territoires
girondins. En septembre, nous lancerons un 2e appel à initiatives en
faveur de l’innovation sociale et de l’ESS, qui sera axé cette année
sous l’angle de l’amélioration de l’accessibilité des services au public.
Pour sécuriser les zones d’ombre de la loi Notre, nous avons saisi
l’opportunité qu’offre l’article 7 de la loi relative à l’ESS du 31 juillet
2014, en élaborant avec la région Nouvelle-Aquitaine une convention
de partenariat en faveur de l’ESS en Gironde. Celle-ci vise d’une
part à articuler nos interventions respectives, et d’autre part à les
sécuriser juridiquement.
34
l’exercice d’une certaine forme de solidarité,
souvent circonscrite à l’échelle d’un territoire,
leur action est intéressante, et même parfois
nécessaire à l’exercice des compétences
propres de certains niveaux de collectivités.
C’est probablement le département (collectivité
des « solidarités territoriales ») qui est le plus
concerné par cet impensé du nouvel édifice
des compétences locales. Officiellement, il ne
peut plus faire de développement économique.
Pour autant, il a intérêt à trouver à ses côtés
des entreprises d’insertion, des associations
d’aide à domicile (dans le milieu rural par
exemple) ou encore des structures d’accueil
des mineurs. C’est donc naturellement qu’il
peut être amené à les soutenir dans leurs
projets de mise en place d’activités nouvelles
ou d’évolution de secteur d’implantation. Pour
l’instant, le contrôle de légalité semble s’être
fait silencieux.
Du moment que peut s’argumenter
un lien avec la notion indéfinie de
« solidarité territoriale », une brèche
peut s’ouvrir
Cependant, rien ne semble interdire d’être plus
audacieux : pourquoi pas prendre des parts
sociales au capital d’une société coopérative
d’intérêt collectif dédiée à l’aménagement d’un
site en renouvellement, ou alors aider une
association de filières de producteurs locaux ?
Du moment que peut s’argumenter un lien avec
une compétence départementale ou avec la
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
 notion indéfinie de « solidarité territoriale »,
une brèche peut s’ouvrir. La plasticité de
l’économie sociale et solidaire et le fait qu’elle
ait « un pied dans l’économie et un pied dans le
social » est donc source d’opportunités à
explorer, de capacités d’action à revisiter. En
Gironde par exemple, le conseil départemental
soutient la SCIC Coactions, coopérative
d’activité et d’emploi dédiée à la création
d’entreprises en milieu rural. En Île-et-Vilaine,
le département s’implique dans la revitalisation
commerciale des centres-bourgs par l’intermé-
diaire du soutien à des entreprises sous forme
associative ou coopérative.

On peut recourir
aux marchés publics
Enfin, il convient de rappeler que la loi Notre
n’a pas modifié le périmètre différenciant le
marché public de la subvention, établi par la
loi de 2014. La circulaire Valls a confirmé la
recommandation faite à l’État et aux collectivi-
tés de privilégier le recours à la subvention
pour les associations plutôt qu’au mode
« marché ». L’utilisation des appels à projets,
récemment vivement dénoncée par le rapport
que Jean-Louis Borloo a remis au Premier
ministre à propos de la Politique de la ville,
semble devoir être faite avec parcimonie.
© STOCK.ADOBE.COM
En revanche, pour une collectivité souhaitant SUR LE WEB
soutenir dans la durée des acteurs de l’ESS,
il est tout à fait possible d’indiquer que des Retrouvez sur
lettreducadre.fr
marchés publics sont réservés à ce type les sites ressources
d’entreprise. Il faut reconnaître que ce mode pour l’ESS
d’action est pour l’instant plutôt rare.
Mais en ouvrant le champ des possibles,
il invite à l’innovation et à des partenariats
originaux… au-delà des sentiers battus
de l’action territoriale. u

Anne-Laure Federici, déléguée générale Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES)
L’ESS peut-elle être une opportunité pour les territoires fragilisés ?
L’ESS est une économie ancrée dans les partenaires particulièrement importants pour les collectivités.
territoires, et en capacité d’apporter des Elle est déjà le premier employeur privé dans nombre de
réponses aux défis économiques, sociaux, territoires. De nombreux territoires ruraux se sont appuyés sur
environnementaux et démocratiques. l’ESS pour se redynamiser (écotourisme, tiers-lieux…), et du
C’est la conviction partagée par le RTES et ses côté des quartiers Politique de la ville, les régies de quartier,
nombreuses collectivités locales adhérentes. par exemple les associations d’action sociale, sont des acteurs
DR

Créatrice d’emplois, défricheuse de nouvelles activités
(pour n’en citer que quelques-unes, valorisation des déchets
et services aux personnes il y a de nombreuses années,
mobilité et habitat durables, transition énergétique citoyenne
aujourd’hui), contribuant à l’attractivité d’un territoire (que
serait un territoire sans ses associations culturelles et sportives
par exemple ?), l’ESS peut être une réponse durable aux défis
des territoires les plus fragiles, qu’ils soient urbains ou ruraux.
Ses missions d’intérêt collectif, sa capacité à mobiliser les
habitants (bénévolat et implication citoyenne), en font des
historiques de ces quartiers. Mais à quelles conditions l’ESS
peut-elle être un véritable catalyseur de développement local,
économique et social des territoires fragiles, au-delà d’une
vision parfois un peu incantatoire ? L’une d’entre elles est
incontournable pour permettre à l’ESS d’être pleinement au
service du développement des territoires et de ceux qui les
habitent : la capacité à travailler en transversalité et à coopérer,
au sein d’une collectivité, entre acteurs, entre collectivité et
acteurs, et entre niveaux de collectivités. Nous pouvons tous y
contribuer !

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 35

À LA UNE
L’ŒIL DE L’EXPERT
« L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE
N’A PAS DE FRONTIÈRES »
DR
Jérôme Saddier,
https://www.avise.org/
président de l’Avise
et vice-président délégué
du Crédit coopératif Présentez-nous l’Avise dont vous êtes
le président…
Elle a été créée en 2002 par la Caisse des
Dépôts pour, à l’origine, accompagner les
associations employeuses à trouver le bon
modèle économique afin de pérenniser leurs
emplois. Sa gouvernance associative permet de
travailler avec les grands réseaux et entreprises
de l’ESS autour des questions d’innovation
sociale et d’entrepreneuriat collectif, au profit
L’ESS s’est des organismes de l’ESS, mais aussi des
immiscée puis particuliers en recherche d’informations, des
acteurs publics… Nous sommes une « agence
développée
collective d’intérêt général ».
dans les failles
de l’économie On range « l’ancrage territorial de l’ESS »
de marché et les comme l’une de ses forces. Qu’est-ce que
insuffisances des cela signifie pour vous ?
L’ESS s’est immiscée puis développée dans les
services publics failles de l’économie de marché et les insuffi-
sances des services publics. Elle s’est donc
le plus souvent exprimée au plus près des
besoins, notamment sur les territoires, en
prenant la forme de réponses associatives,
coopératives ou mutualistes, car elle avait
besoin de l’engagement des citoyens, à la fois
acteurs et bénéficiaires. L’ESS est par essence
une économie de la proximité.
Quelles sont d’après vous les filières
les plus dynamiques/porteuses ?
L’ESS est très implantée sur des secteurs aussi
divers que la production agricole, le sanitaire et
social, l’assurance et la banque, la culture…
Ses « nouvelles frontières » sont à présent la
production et la distribution d’énergie,
36
l’alimentation et la santé alimentaire, les
nouvelles formes d’emploi et de protection
sociale, et l’animation collaborative de commu-
nautés digitales. Mais l’ESS n’a pas de
frontières.
L’économie sociale et solidaire a été
valorisée souvent au titre de sa dimension
« entrepreneuriale ». Comment imaginez-vous
la possibilité pour ses entreprises de grandir ?
La question du « changement d’échelle » est
récurrente dans l’ESS, même si toutes ses
entreprises n’ont pas cette vocation. La princi-
pale question est celle du modèle économique
qui permet à moyen terme de se développer, en
recourant le moins possible aux subventions.
C’est un impératif dans un contexte de raréfac-
tion de l’argent public, mais c’est aussi un
enjeu de crédibilité de l’ESS comme initiative
économique et citoyenne.
L’ESS est très attendue dans sa capacité à
favoriser l’innovation sociale. Quels obstacles
faudrait-il lever pour qu’elle soit au rendez-vous ?
Grâce à la loi Hamon de 2014, l’innovation
sociale bénéficie d’une définition qui permet
de l’identifier comme un objet de politiques
publiques, donc de financements dédiés au
même titre que l’innovation technologique.
Il y a aussi quelques obstacles juridiques à
lever, notamment pour expérimenter dans
les collectivités. Le gouvernement a dit sa
volonté de faire reconnaître le poids des
initiatives françaises en la matière, et cela
manquait. Il faut désormais agir et l’Avise y
travaille. u
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
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statut, et non adhérents MNT en Santé au cours des 12 derniers mois et 24 mois si vous êtes parrainé. Offre non cumulable
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répertoire Sirène sous le numéro SIREN 775 678 584. AP1OPR18-D. Document à caractère publicitaire.
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 MANAGEMENT
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CHRONIQUE

De l’éloge du dirigeant territorial

incertain où les compétences des différentes institutions
Aissia Kerkoub-Türk, se chevauchent et évoluent au gré des réformes institu-
aissia.kerkoub-türk@annemasse.fr
directrice générale adjointe des services tionnelles et des volontés politiques locales et où les
ville d’Annemasse
moyens deviennent de moins en moins facilement
DR

prévisibles.

P
uisqu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même
et que l’heure n’est pas à l’éloge des dirigeants des Une question d’équilibre
collectivités territoriales, faisons-la nous-mêmes. Faire : voilà un marqueur différenciant du dirigeant
Pour cela, citons et explicitons, non pas la parole d’un territorial. Il décide, il manage mais il fait aussi lui-même,
grand philosophe, mais celle de Fabien Tastet, président il est dans l’opérationnel. Certains diront qu’à force d’être
de l’Association des administrateurs territoriaux de France dans l’opérationnel, nous n’avons plus le temps de
lors du dernier congrès annuel de celle-ci : « Quel autre réfléchir, mais tout est question d’équilibre. Le « faire »
dirigeant, quel autre cadre d’emplois, dans le secteur confère une source de légitimité supplémentaire, le
public comme privé, peut à la « faire » fait des dirigeants
fois décider, faire et territoriaux des pragmatiques.
manager ?  » Le dirigeant territorial est
proche du concret, loin de
Décider, faire l’intellectualisation à l’excès,
et manager à la fois loin de la « sur-réflexion » qui
N’est-ce pas là les trois paralyse une organisation,
qualités essentielles d’un proche de l’action.
manager ? Le dirigeant Et c’est d’ailleurs certaine-
territorial manage des ment cette dernière caracté-
équipes. Jusque-là rien ristique qui conduit à une
© LUCKYBUSINESS - STOCK.ADOBE.COM

d’exceptionnel. Sauf que le injuste dévalorisation des

dirigeant territorial décide et hauts fonctionnaires territo-
manage dans un cadre riaux par rapport aux hauts
dyarchique et gère en fonctionnaires d’État. Cette
permanence des contradic- exception culturelle du
tions : il doit faire avec les management à la française,
élus (ou parfois sans…), pris qui considère que la théorie
parfois en étau entre le « pas est noble et que la pratique
de vagues » et l’appel au est vulgaire, qui conduit à
secours de ses équipes, entre le « doucement, ne brus- admirer celui qui pense plus que celui qui fait. Pourtant,
quons pas les agents » et l’exigence d’efficacité et de les dirigeants dont ont besoin les institutions publiques
réactivité de l’organisation. Il doit créer et préserver un ne sont-ils pas ceux qui savent allier théorie pour donner
contexte propice à l’engagement, permettre à chacun de du sens à l’action et pratique pour obtenir des résultats ?
donner le meilleur de lui-même, conduire les équipes et La théorie n’est pas adaptable, la pratique si ; là où l’excès
les organisations vers la réalisation des objectifs poli- de réflexion mène à l’inaction, le pragmatisme permet
tiques. Tout cela dans un environnement complexe et l’agilité des organisations. u

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 39

E=mc2 c’est quoi ?
Depuis 6 mois, La Lettre du cadre a ajouté une corde à votre arc :
E = mc2. Cette nouvelle offre éditoriale « pure web » est là pour
aider à apporter des réponses concrètes aux difficultés
managériales des cadres territoriaux. Chaque jour, des
contenus courts, stratégiques, opérationnels, faciles d’accès.
L’objectif : aller droit au but et vous aider concrètement.

Quel est votre style de management ?

TEST www.lettreducadre.fr/15467

Le management n'est pas uniforme :

il y a des « styles » qui caractérisent
le rapport que l'on a à ses
collaborateurs. On peut être directif
ou participatif, pratiquer la
délégation ou favoriser la
participation. Le tout, c'est de le
faire consciemment. On vous a
préparé un petit test qui pourra Six conseils pratiques
vous donner quelques indices sur
pour construire
votre style managérial.
la résilience
organisationnelle
www.lettreducadre.fr/16793
Le management constructeur de
résilience (MCR) s’appuie sur
ses trois composantes :
la robustesse, l’adaptabilité, le rebond.
Après avoir détaillé les cinq principes de
Comment ne pas la robustesse, voici nos recommandations.
se laisser pourrir la vie
par les boucles mails
www.lettreducadre.fr/16925

L’envahissement par les mails ne renvoie pas qu’à une

question d’organisation personnelle. Les dégâts sont
parfois tels que ce qui est en jeu, c’est l’organisation
complète des services, sur l’ensemble de la chaîne
hiérarchique. Car la responsabilité de ces dérives est
collective. Faute de redresser la barre, le burn-out est
assuré.
La bonne formule managériale

Dossier
Le télétravail,
c’est aussi pour les cadres
www.lettreducadre.fr/16921

Le télétravail prend de l’ampleur dans les collectivités.

De plus en plus d’agents en bénéficient, pour leur plus grand
bien, comme pour le bien de leur administration.
Mais souvent, les cadres en sont exclus. Voilà pourquoi et
comment réintégrer les cadres dans la boucle du télétravail.

Identification de vos futurs

leaders : mode d’emploi
www.lettreducadre.fr/16885

Quand les managers du privé Dans un contexte de

combattent la peur compétitivité accrue et de
dans leurs équipes changement incessant, il est
fondamental d’attirer et de
www.lettreducadre.fr/15985 fidéliser les meilleurs profils,
ceux ayant des compétences
Restructurations, fusions, résultats en berne... rares et/ou stratégiques pour
les cortèges de rumeurs sont de nature à générer bien vivre les transformations.
de la peur dans une équipe. Comment y faire face ?
Des managers du privé, confrontés à ces
changements souvent violents, partagent
leur expérience.
MANAGEMENT

BIENVEILLANCE

Les sept piliers

de la performance
en collectivité locale :
(3) la transmission
des savoirs
À l’heure de la valorisation de la performance et de performants ? Tout au contraire, je
l’efficience, on croise encore dans de nombreuses collectivités pense qu’il faut instaurer une véri-
des agents qu’on a affectés sur une mission stratégique, table politique de transmission des
savoirs qui, sur le moyen et le long
où on leur demande des résultats, sans qu’on ait prévu terme, est une source très importante
l’accompagnement et l’expertise nécessaires. Pourtant, la de performance collective et indivi-
formation et la transmission des savoirs sont à l’évidence un duelle. Encore faut-il en prendre
pilier central de la performance collective et individuelle. conscience, décider des mesures
Par Alain Porteils
adéquates, ne pas avoir peur de les
tester et être un tant soit peu patient

V
oici pour moi incontestable-
ment le troisième pilier de la
performance en collectivité
locale ! Je vois certains lecteurs
hausser les épaules : encore un article
vantant les avantages et bienfaits de
la formation… Et bien non, dans mon
esprit, la transmission des savoirs va
bien au-delà : je vais décliner tout au
long de cet article ce que j’ai imaginé,
testé, essayé de mettre en place et
aussi les concepts et idées non
concrétisés auxquels je crois qui, mis
bout à bout, permettraient aux
collectivités dans leur ensemble
d’être plus performantes… avec un
investissement minimal qui plus est !
Plus de performance,
moins de budget formation
Avant de développer tout cela, je dois
commencer par un étonnement. La
gestion d’une collectivité locale n’a
jamais été aussi complexe, le maquis
des textes est de plus en plus touffu
et changeant et les budgets formation
sont en baisse. Ce paradoxe est
encore plus grand si l’on considère
que le fonctionnement modernisé
adopté par nos collectivités locales,
de gré ou de force (dématérialisation
de la fonction comptable par
exemple…), nous oblige à être ou
devenir performants sur ces aspects
numériques. Je suis donc étonné
d’entendre que ces enveloppes
puissent être revues à la baisse car
elles sont pour moi le signe d’un
investissement insuffisant vers
l’acquisition de savoirs devenus
indispensables.
En 2018, nos collectivités
peuvent-elles faire l’impasse
de former leurs agents
aux modalités de travail
d’aujourd’hui ?
En 2018, nos collectivités peuvent-
elles faire l’impasse sur la formation
de leurs agents aux modalités de
travail d’aujourd’hui ? Avant de
décider si les effectifs sont suffisants,
ne faut-il pas leur permettre d’être, de
demeurer et surtout de devenir
sur les résultats…
La détection des savoirs
La base de la performance dans ce
domaine, quels que soient les buts
poursuivis, tient dans une détection
efficace des savoirs. Cette approche
nécessite une organisation spécifique.
Dans tous les métiers, les missions,
les tâches à accomplir, il existe des
individus qui possèdent naturelle-
ment ou développent à l’usage des
expertises remarquables… mais pas
toujours remarquées et estimées à
leur juste valeur. Qui n’a pas croisé
ici un collègue spécialiste de l’appli-
cation métier, là le virtuose des
marchés publics ou bien encore le
« pape » des techniques de calcul des
coûts ? Qui n’a jamais entendu parler
de l’éminent spécialiste qui renseigne
à l’occasion dans sa collectivité, mais
aussi en dehors, tel ou tel collègue
nouvellement affecté et en difficulté
professionnelle ?
Pour autant, je n’ai jamais été témoin
d’une véritable politique structurée et
affichée de détection de ces savoirs.
Si une collectivité désire se lancer

42 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

EXPÉRIENCE une image de parfaite qualité. D’autre
Une formation en intra difficile à organiser ! part, il me semble qu’un dispositif
souple doit être proposé aux sta-
J’ai travaillé un temps sur une démarche de rapprochements avec la collectivité voisine
giaires en fonction des thématiques,
de la mienne et la question des savoirs est venue naturellement enrichir la longue
liste des synergies possibles. J’eus l’idée d’organiser une formation sur la conduite de mais aussi des attendus des
projet côté système d’information, ayant dans mon équipe un cadre expert de ces « clients ». Cette organisation doit
questions. Nous n’avons pas manqué de candidats stagiaires des deux collectivités et pouvoir proposer quelques forma-
cette formation fut un succès. Mais que de tracasseries administratives : la DRH de tions collectives pour permettre les
l’autre collectivité exigeait une convention alors même que la formation était gratuite échanges professionnels, des ensei-
excepté les frais de déplacements… Devant l’allongement des délais, susceptible gnements à distance en direct et/ou
d’entraîner l’annulation de la journée prévue, je dus me résoudre à appeler le DGS de enregistrés. Pour un rendement
cette collectivité pour qu’il intervienne. La convention ne fut plus nécessaire et les optimal, il peut être nécessaire
stagiaires de l’autre collectivité purent venir se former. J’ai retenu deux enseignements également de prévoir une plate-forme
de cette initiative : elle mérite d’être dupliquée à l’infini car c’est un vecteur de
où sont mis à disposition tous les
performance évident mais dès qu’un élément diffère de ceux habituellement présents
(ici la gratuité et l’intra à deux collectivités), il faut batailler contre les usages ! documents utiles et des accompagne-
ments personnalisés à distance.

dans une telle démarche, cela ne me Pourquoi cet exemple ? Le manque de

paraît pourtant pas trop difficile.
Au-delà d’un volontarisme certain et
affiché que je déclinerai en fin
d’article, il suffirait de présenter ce
projet à l’encadrement, de le valoriser
bien évidemment et d’envoyer un
questionnaire par mail aux agents afin
de connaître et apprécier ces exper-
tises si précieuses. Ce questionnaire
pourrait être croisé avec les ressentis
de l’encadrement et déboucherait
alors sur un référentiel d’expertises
diverses. Une fois détectés, ces agents
seraient donc sollicités bien sûr pour
des formations mais pas seulement.
En effet, d’autres outils peuvent être
mis à disposition selon les cas et les
expertises nécessaires comme des
tutoriels, des fiches, des procédures.
Dans certains cas des accompagne-
ments personnalisés peuvent aussi
être utilement proposés et mis en
place.
Je prendrai un seul exemple mais il
me semble particulièrement parlant
au vu de mes expériences passées et
présentes. Je pense qu’il faudrait non
seulement former mais accompagner
les cadres à l’utilisation optimale de
leur messagerie et du planning
individuel de travail. Les formations
sont utiles mais l’accompagnement
permet au cadre de prendre
conscience du gain de temps possible
si ces outils sont utilisés à bon escient.
temps est très souvent mis en avant
par les cadres… donc tout gain,
même modeste, dans ce domaine est
source de performance !
La formation adaptée
et adaptable
Nous sommes, en matière de forma-
tion, à la croisée des chemins. Nous
nous situons entre un modèle de
formations en présentiel quelque peu
dépassé et une organisation à
distance insuffisamment adaptée au
quotidien des agents. Qui ne s’est pas
inscrit à une formation à distance en
se désistant au dernier moment ? Qui
n’a pas été déçu par ces formations
soit pour des problèmes de
connexion, soit pour leur côté un peu
trop théorique, soit tout simplement
parce que, dans son bureau, on a eu
du mal à se concentrer ?
Je pense que tout cela provient d’un
mélange : manque d’habitudes mais
aussi difficulté à se concentrer sur
une tâche différente lorsqu’on est sur
son poste de travail.
Il convient à mon sens d’investir dans
une ou plusieurs salles de formation
spécifiques où les agents pourraient
s’isoler de leur quotidien tout en
restant proches de leur lieu de travail.
Ces salles doivent être équipées du
matériel idoine permettant de
gommer les distances par un son et
Il faut investir dans des salles
de formation spécifiques où les
agents pourraient s’isoler de
leur quotidien tout en restant
proches de leur lieu de travail
L’idée principale réside dans la mise à
disposition du stagiaire en quête de
compétence de tous les outils
possibles dans le cadre d’un dispositif
pensé, harmonieux et souple. Ce type
d’approche de la formation est un
vecteur de performance collective et
individuelle et dans un délai relative-
ment court qui plus est !
Pour envisager ce type de dispositif
adaptable il conviendra de penser la
formation autrement. À ce jour,
l’organisation des formations n’est pas
un modèle de souplesse !
Les échanges de savoirs
Au-delà de la formation proprement
dite, je pense que nos collectivités
n’exploitent pas ou pas assez les
échanges de savoirs. Ceux-ci peuvent
être considérés bien sûr dans le cadre
d’un service ou d’une direction mais
plus efficacement souvent dans le
cadre d’une collectivité ou même
entre elles ! Ce type d’approche
repose non seulement sur une
détection efficace des diverses >>>

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 43

MANAGEMENT
LES SEPT PILIERS DE LA PERFORMANCE EN COLLECTIVITÉ LOCALE : LA TRANSMISSION DES SAVOIRS

EXPÉRIENCE l’acquisition de matériels ou d’ou-

Une initiative prématurée vrages spécifiques.
Une attention toute particulière doit
En 2005, j’ai créé de toutes pièces le forum des contrôleurs de gestion des
être portée si l’agent expert est proche
départements, encore bien vivace aujourd’hui. En décembre 2006, j’ai soumis une idée
de transmission organisée de savoirs à ma DGS. J’ai retrouvé le texte correspondant de son départ à la retraite afin que
qui n’a pas pris une ride je pense ! Voici : tout soit fait pour que la transmission
« Nous avons lancé il y a quelques semaines, l’idée d’une bourse d’échange de savoir- de son savoir soit optimale avant la
faire qui permettraient aux directeurs généraux de demander l’intervention courte fin de sa carrière administrative. J’ai
(une semaine ou deux) d’un professionnel reconnu dans tel ou tel domaine d’un autre pu constater à maintes reprises un
conseil général, contre une intervention d’un professionnel émérite de la collectivité départ non accompagné et des savoirs
demanderesse. qui partent avec l’agent sans qu’il ait
Ainsi le CG66 pourrait proposer par exemple de prêter un contrôleur de gestion réellement la possibilité de les
sur les domaines où il est en avance (éducation, Cesu) contre une intervention d’un transmettre dans de bonnes condi-
professionnel sur un domaine où le besoin se fait sentir au conseil général 66.
tions. Enfin, il est possible d’accorder
Pour cela, nous pouvons concevoir un outil virtuel dans le forum (8 directeurs
généraux ont exprimé un avis positif sur cette idée qui leur a été présentée par le quelques jours de congé spécifiques
contrôleur de gestion), mais il me semble utile d’en exposer l’idée dans le mailing du aux agents qui souhaitent devenir
début d’année pour recueillir d’autres avis ». enseignants CNFPT ou universitaires.
Le projet fut proposé dans un courrier début 2007 en ces termes et reçut un accueil En effet, cette initiative permet à la
favorable jusqu’à ce que me soient opposées des questions juridiques de faisabilité collectivité de disposer à terme de
qui ont retardé la mise en place et qui m’ont découragé. Je détournai alors la difficulté formateurs aguerris qu’elle pourra
en proposant un peu plus tard, avec succès cette fois-ci, la rédaction collective d’un alors solliciter ainsi pour l’organisa-
guide de bonnes pratiques et recettes ! tion de formation en intra. Dans ce
domaine, toute impulsion me semble
>>> compétences et expertises mais aussi juridique et organisationnel adéquat intéressante car je crois vraiment à
sur la mise en place d’une culture suffisamment souple et opérationnel l’intérêt de ce type de démarche !
d’entreprise tournée vers l’altruisme pour qu’on fasse appel à lui très
et l’entraide. La logique gagnant/ facilement. Des sources de motivation
gagnant peut également être mise en À mon sens, les organisations telles Toutes les collectivités ou presque
avant afin de motiver les agents à que l’Assemblée des départements de sont en recherche de performance,
proposer leur aide à des collègues France devraient se pencher sérieuse- mais elles ne s’intéressent pas assez à
qu’ils ne connaissent pas forcément. ment sur la question… mon avis à l’expertise individuelle de
Si l’initiative relatée plus avant ne fut leurs agents et à leur capacité de
pas effective, il n’en demeure pas Une stratégie proactive transmission de celle-ci. La formation
moins que le concept devrait à mon s’impose ! et, plus généralement, la transmission
sens être repris à un niveau national Même si je crois à une culture des savoirs ne sont pas traitées à la
par une structure organisée. Je pense d’entraide, il n’en demeure pas moins hauteur des enjeux et il est encore
que cette démarche, s’il est possible qu’une collectivité qui voudrait se possible de croiser des agents affectés
de la concevoir souple et adaptable, lancer dans une telle démarche doit sur une mission avec une forte
est une source de performance être en capacité d’impulser ce attente, sans l’expertise et l’accompa-
collective incontestable. En effet, il changement de paradigme par des gnement nécessaire.
existe dans nos collectivités d’émi- outils spécifiques et attractifs. Cette situation paradoxale est due à
nents spécialistes dans un grand Outre une politique de communica- mon sens au caractère complexe et au
nombre de domaines qui seraient à tion interne adaptée, il peut être long cours de ce type d’approche.
même de conseiller, guider, renseigner possible d’encourager les experts Pourtant un agent formant ses pairs
leurs collègues confrontés à des volontaires par l’octroi de quelques est non seulement efficace et vecteur
difficultés d’exercice de leurs mis- jours de congé pour préparer les de performance mais il se trouve
sions du fait de méconnaissance, de formations. Et pourquoi pas par une conforté dans son expertise et
manque de pratique, d’absence de reconnaissance financière ? Le valorisé. En soi, développer une telle
réflexes… Avec les possibilités de principe d’une valorisation de ces politique permet de lever plusieurs
« coaching » et d’information à initiatives doit être acté également en sources de motivation entre forma-
distance, un tel dispositif est « investissant » sur la performance de teur et formés et fait donc partie
aujourd’hui possible si une volonté cet expert, que ce soit par une intégrante d’un management efficace
commune permet d’imaginer un cadre formation spécifique individuelle, et… performant. u

44 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

 L’enquête
Après une première édition en 2016, La Lettre du cadre
lance sa nouvelle enquête sur les pratiques managériales des territoriaux

Participez à notre baromètre 2018 des pratiques managériales dans les collectivités
Vous êtes DGS, DGA ou directeur ? Du 1er juin au 15 septembre 2018, venez participer au sondage national

Grâce à cette enquête,

vous saurez tout sur :

la qualité des relations leur compréhension

des dirigeants avec leur des attentes des agents
environnement direct et collaborateurs

leurs envies
la perception qu’ils pour l’avenir…
ont des grands enjeux
managériaux

Répondez en ligne à notre questionnaire !

Vous en avez pour une dizaine de minutes.
www.lettreducadre.fr/16962 ou

Retrouvez tous les résultats

dès le mois de novembre 2018 !

Une démarche inédite !

Fruit d’un partenariat entre La Lettre du cadre territorial, le Syndicat national des DGS des collectivités territoriales, l'Association
des administrateurs territoriaux et le cabinet de conseil en management Cap Nova, ces données ont vocation à nourrir et objectiver
la réflexion sur le management public, au centre de nombreuses recherches et interrogations depuis quelques années.
MANAGEMENT

COACHING

Réenchanter le travail
en retrouvant du sens
Le Codev, ça sert à exprimer
son identité de manager,
à mettre en cohérence ses
valeurs et ses décisions, ses
actions. Entretien avec une
directrice qui s’est lancée dans
l’aventure…
Véronique Le Roux

«M
ais ça n’a pas de
sens ! » Certes. Et en

même temps…
Comme dirait Marc-Aurèle, « que la
force me soit donnée de supporter ce
qui ne peut être changé, le courage de
changer ce qui peut l’être et la sagesse
de distinguer l’un de l’autre ».
La définition de l’autonomie – le
« Graal » en Codev comme en
coaching – c’est la capacité de faire
des choix en fonction de l’ici et
maintenant. Autrement, dit, du
contexte et de ce qui ne dépend… que
de nous. C’est la possibilité d’exprimer
ce que je suis – mon identité de
manager en l’occurrence – mes
décisions, mes actions.
Grandir, acquérir cette « autonomie »,
demande du temps… Avec Isabelle
Huillet, directrice des bâtiments et des
services généraux au département du
Finistère, « la valeur n’attend point le
nombre des années » (1).
Entretien
Q : « Chaque jour, une initiative en
faveur de la QVT », c’est l’intitulé que
vous avez donné à la déclinaison, au
sein de votre direction, de la récente
semaine nationale de la qualité de vie
au travail votre collectivité était-elle
partie prenante de cette organisation ?
En fait, j’ai appris incidemment les
dates de cette semaine – du 11 au
15 juin – et, sans attendre une
consigne quelconque, sans même
savoir si ma collectivité engagerait
© BERNARDBODO - STOCK.ADOBE.COM
quelque chose ou pas à cette occa-
sion, j’ai proposé cette idée à mon
Codir. Leur réaction m’a encouragée à
poursuivre et je les ai laissés imagi-
ner, avec leurs équipes, la suite.
Q : Et ça a donné cinq jours,
orientés autour de la rencontre et
de l’interconnaissance, organisés
pour et surtout par les agents de
votre direction. Un premier retour
au lendemain de cette semaine de
convivialité ?

Extrait du mail adressé par la directrice à l’ensemble des agents, au regard du peu de retours à l’invitation
adressée une semaine auparavant :
« Certains d’entre vous expriment peut-être ainsi les difficultés rencontrées dans leur contexte de travail. Si la vie professionnelle
est ponctuée de déceptions diverses, elle est aussi, malgré tout, une source d’épanouissement personnel, de rencontres et de
partages qui, considérant le temps important passé au bureau, ne peut être négligée et doit être en permanence entretenue et
alimentée. La convivialité ne se décrète pas, mais passe par l’implication du plus grand nombre, au quotidien comme lors des
évènements ponctuels initiés. Persuadée que chacun accorde la même importance que moi-même au bien vivre-ensemble, je
compte sur vous pour être acteur de nos prochaines initiatives, et tout particulièrement de notre journée du 15 juin prochain. »
Au final, sur les 185 agents de la direction, 80 se sont inscrits aux ateliers de la semaine, et 60 ont participé à la journée de
Direction. De quoi garantir les moments de partage et d’interconnaissance recherchés. Et donner envie de mobiliser les autres
pour les prochaines occasions.

46 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

Jamais je n’aurais imaginé ça ! Le
témoignage le plus touchant que j’ai
reçu est sans doute celui de ce
collègue, par ailleurs fort impliqué
dans la démarche, m’indiquant : « en
38 ans de carrière, jamais je n’ai vécu
une semaine comme ça ! » En octobre
dernier, au moment de la précédente
semaine nationale, la direction avait
déjà monté une opération « Vis mon
travail » qui s’était terminée, lors de la
journée de clôture et de restitution,
par des ateliers de créativité pour
développer la qualité de vie au travail
et tout particulièrement la convivia-
lité. Nous avons ainsi conforté dans la
foulée des occasions de partage assez
traditionnelles, une bûche à Noël, une
galette des rois, puis engagé un cycle
de pauses-café interservices après un
déjeuner à quelques-uns pour
réfléchir à l’esprit, à l’animation du
moment,… etc. Mais là, c’est fou ce
qu’ils sont parvenus à faire !
Q : Racontez-nous comment
a démarré cette « folle » semaine…
Tout a commencé par le choix, en
réunion de direction, de la date la
plus opportune pour organiser la
journée annuelle de la direction, puis
le souhait, comme l’an dernier, de la
jumeler avec la semaine nationale de
la QVT, et le concept d’un mini-
évènement par jour a séduit… Et
puis, très vite, c’est devenu l’affaire
de chacun ! L’un a proposé un atelier
cuisine, l’autre, le prêt de sa table de
tennis de table, le 3e un concours de
pronostics pour la coupe du monde
avec un ballon signé de Stéphane
Guivarc’h, etc. Chaque jour, une
animation était proposée, sur le
temps de la pause-café ou sur l’heure
de la pause méridienne, entièrement
pilotée par l’agent à l’origine de l’idée.
Sans parler de la journée finale où les
visites de sites et même le choix du
restaurant ont été lancés et calés par
un agent très motivé. Notre collègue
chargée de la communication a quant
à elle parfaitement joué son rôle de
chef d’orchestre, en calant le
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
« C’est quelqu’un qui m’a dit… »
(bruits de couloir au sein de la DBSG)
- Alors, cette semaine QVT, c’était comment ?
- Ça va… N’empêche que pendant ce temps-là, il y a toujours les discussions
sur les avancements-promos, le temps de travail, la fin du remisage à domicile…
- Et ?
- Bah c’était bien… mais ça ne règle pas les vrais problèmes !
- C’est sûr… Et du coup… ça empêche de prendre de passer des bons moments ?
- Non… Mais bon, nous aussi au sein du service, on se retrouve des fois…
- Mais là, y avait aussi les collègues des autres services, non ?
- Oui, et même certains qu’on ne voit pas souvent ! En plus, c’est mon équipe qui avait
lancé l’idée l’année dernière, en octobre !
- Super, dis donc !
- Ouais, en vrai… c’était quand même sympa… »
(Toute ressemblance avec des propos réellement tenus ne serait que pure coïncidence.)
planning, en diffusant le programme, de plein gré à l’évènement. Même
en veillant au bon déroulement de pour la plus traditionnelle journée de
l’ensemble,… Autant l’an passé, direction qui clôturait la semaine, j’ai
j’étais partout, autant cette année, évolué aux côtés des chefs de service
je les ai entièrement laissés faire. dans l’approche du moment : d’une
journée imposée intégrant forcément
Q : Et qu’est-ce que ça a donné ? du temps de réflexion en commun
Le résultat est-il à la hauteur sur des sujets structurants, je me suis
de vos espérances ? autorisée à lâcher prise et à abandon-
Génial ! Encore plus incroyable que ner l’obligation de participation.
ce que j’aurais pu imaginer ! Partage, Lorsque les premiers retours d’invita-
découvertes, sourires, rires et éclats tion sont arrivés, j’ai eu peur. Il n’y
de rire, bref, un plaisir partagé par avait pas beaucoup d’inscrits.
beaucoup je crois, et un régal à « Adresse-toi directement à eux,
observer et à vivre pour moi ! explique-leur pourquoi c’est impor-
Comme quoi, la délégation, la tant » m’a dit un chef de service.
responsabilisation, ça a vraiment du Alors j’ai réfléchi à la manière de
bon… J’ai fait totalement confiance formaliser mon envie…
aux collègues animateurs d’ateliers… Bien sûr que le contexte est difficile…
Ils ont été entièrement autonomes et Certes, la vie professionnelle n’est pas
géniaux sur leur projet. Et la un long fleuve tranquille… Mais le
confiance, il n’y a pas à dire… ça travail s’effectue mieux lorsque nous
marche ! Les fragilités des managers y trouvons du sens. Imaginer, créer
sont autant de forces… ensemble, prendre du plaisir à le
faire… Et voilà que j’osais confier à
Q : Dans le contexte général des mes équipes, mes doutes, mes
collectivités territoriales – incertitude, inquiétudes, mon incertitude… pas
complexité et contraintes budgétaires évident mais sans doute nécessaire ! u
– comment êtes-vous parvenue à (1) Pierre Corneille, fait dire à Rodrigue, dans Le Cid :
« Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la
mobiliser vos équipes ? valeur n’attend point le nombre des années ».
Une chose était certaine : je souhaitais
que l’esprit du programme s’inscrive SUR LE WEB
dans la continuité des propositions
faites par les agents l’an dernier lors RÉAGISSEZ SUR LE FIL !
de notre travail sur la convivialité : Partagez votre expérience managériale
et donnez votre avis sur Twitter :
l’idéal était qu’ils s’y retrouvent, qu’ils @Lettre_du_cadre
se reconnaissent, et qu’ils s’associent
47
MANAGEMENT

ORGANISATION

Quand les boucles mail vous pourrissent

la vie (ou les dérives du management
par l’information)
L’envahissement par les mails ne renvoie pas qu’à une
question d’organisation personnelle. Les dégâts
sont parfois tels que ce qui est en jeu, c’est
l’organisation complète des services,
sur l’ensemble de la chaîne hiérarchique.
Car la responsabilité de ces dérives est
collective. Faute de redresser la barre,
le burn-out est assuré.
Philippe Nikonoff

C
omptes rendus de réunion,
notes techniques ou synthèses,
il est 21 h 30 et elle a enfin fini
de répondre aux mails. En moyenne,
120 par jour qu’il faut lire, classer,
compléter, corriger.

Tout lire et tout analyser,

le début de l’enfer
Cadre territorial, elle subit comme
beaucoup d’autres (mais pas tous !)
une étrange et dangereuse évolution
du management.
Règle 1 : travailler en « râteau »,
c’est-à-dire être en lien direct avec
toute son équipe, sans niveau
intermédiaire qui sélectionne et
priorise les informations à faire
remonter. Concrètement, cela veut
dire lire et analyser tous les mails de
son équipe, avant de faire remonter à
l’échelon supérieur qui, travaillant
également en râteau, est en contact
direct avec tous les cadres de son
secteur,
Règle 2 : intervenir sur ces mails, c’est
laisser une trace de son travail. Car
c’est sa légitimité devant sa propre
hiérarchie qui est en jeu. Il faut
montrer qu’on est présent (présen-
téisme) et que l’on maîtrise tous les
sujets sous sa responsabilité en
modifiant, même à la marge, le plus
grand nombre possible de documents
reçus (versionning).
10 dérives qui conduisent
à l’enfer
Deux ans, trois ans que ça dure ? En
tout cas elle a eu largement le temps
de réfléchir aux multiples dérives
qui ont amené à cette situation :
1. Alors qu’on parle beaucoup de
révolution informationnelle, on
retient de plus en plus des critères
quantitatifs pour évaluer le travail
(heures de présence, nombre d’inter-
ventions sur les documents) et de
moins en moins de critères qualitatifs
(valeur ajoutée du service et des
personnes, temps moyen pour
apporter une réponse opérationnelle
à une question (1)).
2. Le travail en râteau supprime les
hiérarchies intermédiaires, mais
allonge le temps de réponse puisqu’il
lui faut tout lire, ce qui semble
incohérent. Les technologies contem-
poraines comme les progrès du
management devraient au contraire
permettre un gain de temps.
3. Beaucoup de collègues étant en
copie, chacun a intérêt à intervenir
sur chaque mail ou presque pour
laisser également une trace de son
travail, ce qui rallonge encore le
temps de réponse. Ce qu’elle doit
prouver à sa hiérarchie et à son
équipe, doit aussi être prouvé par son
équipe (à sa hiérarchie) et par sa
hiérarchie (à son équipe), ce qui
semble kafkaïen.
4. Lorsqu’il monte du bas de la
hiérarchie vers le haut, le mail n’est
plus une information du

48 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

 À FAIRE À ÉVITER

« Back to basic » - Travailler trop et travailler tard, preuve évidente

-R  endre sa légitimité à l’échelon inférieur, compétent et payé
pour traiter correctement les sujets décrits dans les fiches
de poste et informer les collègues et la hiérarchie
- L imiter les envois à quelques destinataires en charge directe
du sujet
- F aire confiance à son équipe et exiger la confiance
de sa hiérarchie
-A  voir une approche collective du sujet pour faire changer
ces mauvaises pratiques qui tuent petit à petit l’esprit même
du service public
- P articiper régulièrement et sérieusement à des formations
au management. Réussir brillamment un concours ne rend
pas miraculeusement bon manager…
d’inefficacité individuelle et collective, sauf dans les
services ayant à gérer des urgences (relogement suite
à péril par exemple)
- Se transformer en super-secrétaire qui corrige les
textes voire les réécrit à sa façon. Chacun a son style
et il faut faire avec et se limiter aux éventuels
(et assez rares au final) contresens
- Confondre mail et communication ou notes aux élus.
Un mail doit rester un outil réactif interne
de circulation d’informations
- Mettre trop de monde dans la boucle
- S’isoler, première étape du burn-out

Si vous sentez poindre ces dérives, revenez à la case « à éviter »

puis passez directement à la case « à faire », sans passer par le burn-out !

fonctionnaire vers sa hiérarchie, mais
un document hybride, entre la note
interne, le document de communica-
tion, la trace de l’intervention de
chacun et donc la preuve de sa
légitimité. Ce qui en fait un objet écrit
dont la définition, le rôle et l’utilité
varient nécessairement d’une
personne à une autre.
5. Plus important encore, une
inversion insidieuse des rapports se
produit : le fonctionnaire n’informe
plus son cadre, puisque celui-ci va
modifier le mail qui circule vers « le
haut » comme vers « le bas ». Son
travail est corrigé presque systémati-
quement et le cadre devient alors un
supposé « sachant tout », le fonction-
naire étant de plus en plus un simple
exécutant que l’on déresponsabilise.
Progressivement, on en vient à
considérer qu’il ne doit plus prendre
d’initiative, ni faire de propositions.
Le cadre est lui-même atteint par ce
syndrome vis-à-vis de sa hiérarchie.
La situation d’exécutant de fait
remonte progressivement des
rallonge et synthèses interminables
deviennent illisibles et paradoxale-
ment incomplets. La solution
proposée par le service se perd de
plus en plus dans une foule de détails
techniques, administratifs et juri-
diques et de précautions accumulées
par chacun face aux éventuels
risques, oublis, voire critiques des
collègues ou de la hiérarchie.
7. L’allongement des délais augmente
le risque de réponse après l’échéance
ou de réponse incomplète ou trop
générale, augmentant d’autant plus le
sentiment d’inutilité du travail,
d’inefficacité collective, de perte de
sens, de vacuité.
8. Le nombre croissant de mails
débouche souvent sur un traitement
linéaire, sans gérer les priorités
(urgent ou pas ?) et les enjeux
(important, secondaire, stratégique ?).
9. Ces journées à rallonge dans
lesquelles le cadre est en position
d’instituteur/correcteur laissent très
peu de place à l’analyse, à la produc-
tion d’une véritable réflexion, à la
10. Cela est aggravé par le fait que
nombre d’élus acceptent difficilement
que des propositions viennent des
cadres. On recourt alors massivement
aux consultants pour faire passer des
messages. Dommage qu’elle soit si
fatiguée, elle aurait lu l’article de
La Lettre du cadre qui parlait de
grenouille timide et de consultant
(voir sur notre site :
www.lettreducadre.fr/15771).
Le travail s’appauvrit et les journées
se rallongent pour tout le monde mais
le délai de traitement des dossiers
augmente au point qu’on est de plus
en plus souvent hors délai alors qu’on
dispose de technologies information-
nelles inexistantes il y a 20 ans.
« Cherchez l’erreur » se dit-elle. Elle
se sent parfois comme un hamster
dans sa roue. Elle tourne mais
n’avance pas. u
(1) Expérience personnelle, recevoir un recommandé d’une
collectivité disant qu’elle n’a pas encore étudié ma demande
n’est pas une réponse opérationnelle puisqu’elle ne règle
rien. C’est une ‘‘astuce’’ quantitative permettant de fournir
des statistiques biaisées indiquant que x % des demandes
sont traitées en y temps moyen… attention, personne n’est
dupe.

administratifs vers les cadres inter- production des politiques publiques

médiaires, puis de ces cadres vers le
niveau supérieur.
6. Avec la multiplication des destina-
taires, le risque augmente qu’on ne
sache plus qui est responsable de
quoi et que ces comptes rendus à
ou du moins à la mise à disposition
d’éléments clés pour les élus. Cela
d’autant plus que les réunions se
multiplient et que chacun doit
également y intervenir pour démontrer
sa compétence et sa maîtrise des sujets.
SUR LE WEB
RÉAGISSEZ SUR :
Twitter : @Lettre_du_cadre
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La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 49

 MANAGEMENT
L’ENTRETIEN

PHILIPPE VILLEMUS
diplômé de l’ESCP et
Docteur en sciences de
gestion, est professeur-
chercheur à Montpellier
Business School. Il est aussi
conférencier, intervenant
en entreprise, chroniqueur
dans plusieurs médias
et auteur de plus d’une
vingtaine d’ouvrages.
Auparavant, il a exercé
des responsabilités de
dirigeant, en France
et à l’étranger, dans le
groupe L’Oréal, pour la
Coupe du Monde de
Football 1998 ou le groupe
agroalimentaire Mars.
À LIRE : Le leadership selon
la trilogie de l’anneau.
© ESBY-CC BY-SA

Éditions Management
et société, 2018

ENSEIGNEMENTS
Comment améliorer son capital
de leadership
Le livre de Philippe Villemus, innovant dans son approche didactique, repose sur la conviction
que le chef-d’œuvre « Le Seigneur des anneaux » peut nous offrir une leçon de management
conceptuelle et opérationnelle ! Avec talent et humour, rigueur et pédagogie, l’auteur nous invite
à un voyage inattendu et tonifiant en leadership.
Propos recueillis par Bruno Cohen-Bacrie

C
omment vous est venue l’idée de cet angle
d’attaque original ? Pourquoi le Seigneur
des anneaux ?
L’utilisation d’une fiction à grand succès permet
d’entrée de jeu d’éviter le « c’est différent chez
moi » énoncé par les managers de terrain. Chez
les débutants ou étudiants, dans leur vaste
majorité intéressés par le cinéma et le fantas-
tique, la démarche peut capter l’attention et
susciter le désir d’apprendre. L’enjeu est de
s’inspirer du récit sans présupposés et ensuite
de tirer des leçons opérationnelles. Une œuvre
de fiction présente de nombreux atouts par
rapport aux cas ou exposés théoriques. De vrais
corps interagissent avec des émotions. Et rien
n’est plus susceptible de convaincre qu’une
émotion ! Grâce au cinéma ou au roman, on peut
parler des relations humaines de manière
complète, avec tous les enjeux existentiels,
affectifs, psychologiques, émotionnels, philoso-
phiques, éthiques et pas simplement straté-
giques, commerciaux ou financiers. Car, dans un
film, il y a des dialogues, de l’affectivité et
surtout des interactions humaines et des
relations interpersonnelles. Les scénaristes et les
metteurs en scène, plus que les enseignants et

50 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018


les formateurs, sont des spécialistes du dialogue.
Si l’histoire est irréelle, le niveau de finesse des
échanges et des situations est proche du réel. Le
thème central de l’histoire, source de toutes les
aventures, guerres et conflits, est un « Anneau
de pouvoir ». Le sujet numéro un du Seigneur
des anneaux est le pouvoir, sa nature et ses effets
sur les autres, l’organisation, les parties pre-
nantes et l’environnement au sens large. Or le
pouvoir est inextricablement lié au leadership.
Le sujet nodal de la saga est donc aussi le
leadership. Grâce à Tolkien, nous allons
découvrir comment devenir un leader ou
comment améliorer son capital de leadership.
Car il met en scène plusieurs types de leaders,
positifs ou négatifs, autocratiques ou démocra-
tiques, participatifs ou délégateurs, et en montre
les caractéristiques majeures, en particulier
Aragorn et Gandalf. Il illustre de la façon la plus
vivante les principaux ressorts du leadership.
Vous suggérez qu’on peut apprendre le leadership
en se divertissant ?
Pour tirer profit de ce livre sur le leadership, il
suffit d’accepter quelques règles du jeu assez
simples : apprendre en se divertissant, utiliser
la fiction pour mieux l’appliquer dans la réalité,
rester ouvert, accepter de se distraire pour
s’améliorer. Dans tous les cas, les « leçons » et
les « conseils » à l’usage des managers ou des
étudiants sont valables hors du contexte du
Seigneur des anneaux. Le livre se décompose
en chapitres qui décrivent les actions et les
conseils opérationnels permettant d’améliorer
et comprendre le leadership sur un thème clé
(vision, communication, délégation, change-
ment, responsabilisation, exemplarité, etc.).
Vous indiquez que le leadership est une invitation
au voyage. Pouvez-vous développer ?
Leader provient du terme nordique « leden »,
qui signifie « voyager ». Le leader, étymologi-
quement, est le « conducteur », le « guide », le
« voyageur de tête ». Le leadership est la
capacité à montrer le chemin et à conduire sur
ce chemin. C’est essentiellement une invitation
au voyage dans l’inconnu, le changeant et
l’incertain. Un voyage au cœur des organisa-
tions. Le leadership, qui est un état d’esprit,
c’est influencer les autres à changer, les
conduire vers le changement. Le leader
performant crée les conditions pour que les
autres fassent sans lui. Pour cela, il doit se
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
CE QU’IL FAUT SAVOIR
1 Quels sont les enseignements du Seigneur des anneaux
qui vous semblent le plus pertinents en management ?
1. Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent.
2. F ais aux autres ce que tu aimerais qu’ils te fassent.
3. F ais aux autres ce dont ils ont besoin.
4. Respecte l’éthique en toutes circonstances.
5. Respecte la planète en toutes circonstances.
6. N  e perds jamais la confiance des autres, quitte à perdre de l’argent.
7. N e dis pas de quelqu’un ce que tu n’oserais pas dire en sa présence.
8. Ne fais pas n’importe quoi, sinon tu deviendras n’importe quoi.
9. N’oublie pas que ce sont les autres qui te font leader.
10. N’oublie pas que tu n’es qu’un homme, citoyen du monde, avant
d’être un leader.
2 Vous proposez de ne pas devenir un Sauron, d’éviter les dix grandes
erreurs. Lesquelles ?
1. Concentrer le pouvoir de décision - 2. Diriger seul -
3. Exercer une surveillance étroite et répressive - 4. Ne pas déléguer -
5. Ne pas préparer de successeur - 6. Diriger par la peur -
7. Ne pas tolérer l’erreur - 8. Avoir une obsession - 9. Ne pas apprendre
de ses erreurs - 10. Se croire invincible
dégager du temps pour imaginer une nouvelle
organisation (un « nouveau monde »), il doit
avoir un certain charisme (influence person-
nelle sur les autres) et rester intègre.
Vous suggérez de se méfier du leadership...
Le Seigneur des anneaux a des valeurs de
portée universelle et humaniste : le refus de
la possession, du contrôle et de l’appropriation ;
la méfiance envers le pouvoir unique et le rejet
Le leadership, du totalitarisme ; l’amour de la nature et de
qui est un état la liberté ; la force de l’amitié et de la solidarité ;
le penchant pour la générosité. Le refus de la
d’esprit, machine d’asservissement reste un message
est donc essentiel, même involontaire, de Tolkien.
une question Et le rejet inflexible du pouvoir « pour soi »
et « en soi ». Car le pouvoir, chez Tolkien, est
d’influence et une attaque contre l’harmonie et l’équilibre.
de changement Il tend à outrepasser la condition de l’homme.
La nature des moyens employés pour le
conquérir et leurs justifications n’y changent
rien. La recherche obsessionnelle du pouvoir
est une erreur, une faute morale, une source
de conflits et de malheurs. Et parce qu’elle est
fondamentale, cette idée peut s’appliquer à
toutes les dérives politiques, économiques
et sociales humaines : entreprises privées
et publiques, gouvernements, assemblées…
Chacun trouvera, dans cette critique symbo-
lique et magnifique du pouvoir, ce qu’il veut.
Tolkien ne nous demande pas d’adhérer à cette
thèse. Mais la cohérence et la pertinence de son
regard sur le pouvoir restent saisissantes. u
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 Top recrutement
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CHRONIQUE
Saga : l’avenir de la FPT, saison 2018-2019
Annie Letty Keribin
AKeribin@cdg29.bzh
directrice générale adjointe du centre de gestion du Finistère
DR
À
l’hôtel, seule au petit-déjeuner, je consulte sur mon
portable les matinales RH du jour avec gourman-
dise… Des titres m’interpellent : tableau au vitriol de
ma compatriote bretonne Marylise Lebranchu, ex-ministre,
envers la « noblesse » d’État devant la commission d’en-
quête sénatoriale sur la Haute fonction publique d’État ;
action publique 2022 : le rapport des experts mis au
placard ; action publique : décideurs et agents publics, pas
assez d’audace et d’innovation ! Serait-ce une invitation à
exprimer mon avis de territoriale de base (n’engageant que
moi) sur le recrutement et la reconversion (même si je
fourmille d’idées sur les autres thèmes de réforme que sont
le dialogue social et la rémunération) ? De ma lunette
d’observation et d’actions d’un CDG provincial, que vois-je ?
Des difficultés à recruter
Même en territoire « attractif », on a pléthore de concours et
examens onéreux à organiser, des lauréats sans poste en
concurrence avec des contractuels que leurs élus
employeurs veulent titulariser (et oui !), des fonctionnaires
nommés sur le 1er grade de cat. C accessible sans concours
(80 % des effectifs de la FPT) sur des emplois aux responsa-
bilités bien au-delà de leur grade (pour éviter un CDD),
masquant leur qualification réelle et le niveau des fonctions
exercées. Les collectivités recrutent au regard de compé-
tences métiers, pas souvent détectées par les concours
traditionnels : contrairement à la FPE, la période de stage et
ses deux semaines d’intégration ne forment pas à l’em-
ploi… Il arrive donc, pour disposer du bon profil, qu’elles
se contorsionnent pour entrer dans l’un des cas déroga-
toires de recrutement de contractuel. Levons nombre
d’hypocrisies et prenons en compte cette spécificité de la
FPT. Combien de « vrais externes » lauréats des concours ?
Est-ce encore un moyen de sélection à l’emploi public ou
plutôt une régularisation d’accès au « fonctionnariat » ?
Ne vaudrait-il pas mieux, pour les finances publiques, la
frustration des reçus-collés, voire la survie du statut,
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
imaginer d’autres solutions moins onéreuses, garantes de
transparence et d’objectivité : permettre des recrutements
de fonctionnaires sur titres (et non des concours sur titres
nécessitant d’auditionner tous les candidats pour quelques
postes) pour au moins les professions réglementées et
celles à technicité particulière et faibles effectifs ; instaurer
des examens d’accès pour les contractuels en poste, sous
condition d’ancienneté ; assouplir les modalités d’avance-
ment en remplaçant les concours internes par des examens
professionnels à validité nationale. Ces dispositifs seraient
pilotés par les CDG, tiers de confiance neutres reconnus,
afin de déporter les sélections et éviter toute suspicion.
Un caillou dans le moteur de la reconversion
La FPT va disposer de tout l’arsenal réglementaire du
compte personnel de formation (CPF) et de la période de
préparation au reclassement suite à inaptitude : les droits et
la procédure sont au top (facile, « adaptation sommaire »
des dispositifs étatiques…) ; en revanche le financement
repose toujours sur les seuls moyens et volonté de l’em-
ployeur d’origine, quelle que soit sa taille. Ces dispositifs ne
seront efficaces et ouverts à tous, sans discrimination,
qu’en mutualisant le financement des frais associés (bilans,
frais d’inscription, déplacement, salaire…) à un niveau
adapté (CDG, CNFPT ?), contre une cotisation raisonnable,
à l’instar de l’ANFH pour la FPH et du Fongecif (ou son
successeur) pour le privé, et des fonds de la CDC (un agent
reconverti dans le public ou le privé ne finira pas sa
carrière en invalidité). Ceci générera in fine, des écono-
mies : en effet, que dire du coût, au-delà du gâchis humain,
d’agents investis sur un projet dont l’élan est stoppé net,
faute de pouvoir le financer ? Le découragement et la
dépression les guettent, conduisant à des arrêts longs…
Dénouement en 2019 ?
Chaque jour, la saga continue, passionnante : foisonne-
ment de contributions plus ou moins partisanes ou
autocentrées, tests et provocations bonnes et moins
bonnes idées… Chacun y va de sa vision, de sa fake
news ! Dernière saison et dénouement législatif en 2019 :
avec peut-être une de mes propositions ? u
53
RESSOURCES HUMAINES

MOUVEMENT SOCIAL

Le cadre réglementaire
du droit de grève
Droit longtemps contesté,
notamment parce que cette
action portait atteinte au
principe fondamental de
continuité du service public,
l’exercice de la grève est
aujourd’hui acquis.
Gaëlle Ferrand-Agati

L
e droit de grève trouve désormais
son expression dans de multiples
fondements réglementaires ou
jurisprudentiels :
- l’alinéa 7 du préambule de la
Constitution de 1946, repris à
l’article 10 du statut général de
1983 (1), précise que « le droit de
grève s’exerce dans le cadre des lois
qui le réglementent » ;
- le Conseil d’État consacre en 1950,
par son arrêt Dehaene, le droit de
grève dans la fonction publique ;
- par une décision de 1979, le Conseil
constitutionnel l’élève au rang de
principe à valeur constitutionnel (2) ;
- puis en 2003 (3), le Conseil d’État en
fait une liberté fondamentale.
La grève dans la fonction publique
est également régie par certaines
dispositions du code du travail,
notamment les articles L.2512-1
à L.2512-5.
Elle se définit comme la cessation
concertée du travail, destinée à porter
des revendications professionnelles.
Il s’agit de conditions cumulatives.
En l’absence de l’un de ces éléments,
la grève sera considérée comme
illégale et les agents s’exposent alors
à des sanctions disciplinaires.
Les modalités autorisées
ou interdites de la grève
La cessation implique tout d’abord un
arrêt total du travail. La grève perlée
et la grève du zèle sont donc inter-
dites. Dans ce cadre-ci cette condition
n’est pas présente : elles n’imposent ni
de cessation, ni d’arrêt complet du
travail. Ces types de grève reposent
sur un ralentissement ou une
exécution volontairement défec-
tueuse des services. Le nom de
« grève perlée » peut être trompeur
puisque le travail n’est pas réalisé par
intermittence ou petites coupures
mais avec une extrême lenteur. En
somme, il n’y a pas absence de
service fait, il y a simplement un
service mal fait. Les grèves tour-
nantes sont également prohibées en
ce qu’elles prévoient des arrêts de
travail affectant par échelonnements
successifs ou par roulement concerté
le même service. Or, l’heure de
cessation et celle de reprise du travail
ne peuvent être différentes pour les
divers personnels intéressés (4). Par
exemple, un service de collecte
d’ordures ménagères ne saurait être
paralysé par une grève des ripeurs
puis par un mouvement des chauf-
feurs, ou inversement.
Considérant que la jurisprudence
reconnaît le droit pour un agent de
rejoindre un mouvement social en
cours, la collectivité prendra soin de
ne pas qualifier trop hâtivement les
actions auxquelles elle se trouve
confrontée. Elle devra présenter de
manière objective la situation
(fréquence et répétition du personnel
gréviste, ainsi que le préjudice qu’elle
subit). Enfin, la grève perlée ou la
grève tournante sont à distinguer
d’une action qui suggérerait des
arrêts complets, pour un même
service, mais sur des périodes
discontinues bien précises à l’inté-
rieur d’un préavis, ou sur de courtes
sessions définies par des préavis

54 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

 DROIT DE GRÈVE
Les obligations de préavis et de négociations
pour les communes de plus de 10 000 habitants

1 EXERCICE LÉGAL DU DROIT DE GRÈVE

Dépôt du préavis de grève Vérification du préavis réceptionné

5 JOURS Vérification si préavis

local ou national pas d’obligation
francs avant la grève d’information
par une organisation
représentative pas d’obligation
de se déclarer
avec les motifs professionnels : gréviste à l’avance
lieu, date, heure,
caractère illimité
ou non

Négociations
Accord trouvé
Pas d’accord trouvé entre les deux parties :
entre les deux parties : pas de déclenchement de la grève
exercice légal du droit de grève

3 LES CONSÉQUENCES DE L'EXERCICE LÉGAL DU DROIT DE GRÈVE

Recensement des grévistes

pour retenue sur salaire
INFOGRAPHIE : K. COLNEL - TERRITORIAL

(constitution des pièces comptables justificatives)

pas de grève perlée ou du zèle, pas d’occupation des locaux…

calcul de l’assiette pour retenue

Sanction disciplinaire
en cas de non respect
calcul de l’entière période de grève
>>>
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 55
RESSOURCES HUMAINES
LE CADRE RÉGLEMENTAIRE DU DROIT DE GRÈVE

>>> successifs ou bien encore lors d’une des non-grévistes ou la propriété En effet, pendant la durée du préavis,
grève reconduite. de la collectivité. les parties intéressées sont tenues de
La grève politique, qui par définition négocier (9). Petite souplesse et
À concilier avec d’autres ne repose pas sur des revendications liberté laissées à l’administration
droits et libertés professionnelles, est interdite. pour sortir d’un conflit : s’il est vrai
L’occupation des locaux ou les que le préavis doit contenir les motifs
piquets de grève, en ce qu’ils Les obligations de préavis de la grève, l’efficience du dialogue
entravent la liberté du travail des et de négociation social pourrait, selon la volonté de la
agents non grévistes, sont donc tout La grève n’est réglementée que pour collectivité, conduire à débattre lors
autant interdits. les communes comptant plus de des négociations de plus larges
Afin de revenir à une situation 10 000 habitants. Aussi les modalités revendications.
normale, et disperser un tel blocage, telles que le respect d’un préavis et
il convient de recourir à des « procé- l’obligation de négocier ne sont
dures d’urgence » qui, par le biais imposées que pour celles excédant ce Pendant la durée du préavis,
d’un référé, permettent de préserver seuil. Dans ces communes, le dépôt les parties intéressées sont
les droits qui sont menacés. d’un préavis d’au moins 5 jours
Certaines sont exclusivement francs, émanant d’une organisation
tenues de négocier
réservées aux usagers ou administrés syndicale représentative au niveau
(référé suspension ou référé liberté) national (7), dans la catégorie Il a toutefois été jugé qu’une adminis-
et ne permettent point à l’administra- professionnelle ou le service intéressé tration qui n’a pas proposé de
tion d’agir. est obligatoire. négociation après le dépôt d’un
Généralement, afin de pouvoir Le préavis précise les motifs du préavis ne constitue pas une décision
déloger les grévistes, les collectivités recours à la grève, le champ géogra- susceptible de recours contentieux.
introduisent une requête en référé phique, les services concernés et En conséquence, elle n’est pas tenue
mesures utiles (5). À charge de l’heure du début ainsi que la durée de communiquer les motifs de ce
démontrer une occupation illégale limitée ou non de la grève envisagée. refus (10). À retenir qu’un accord ou
du domaine public, au besoin par L’objectif de ce préavis est triple : une issue favorable aux négociations
constat d’huissier ainsi que l’urgence - permettre à l’administration permettra d’éviter une grève.
de la mesure qui repose traditionnel- de considérer l’étendue du Si le dépôt du préavis est obligatoire,
lement sur une considération d’ordre mouvement ; il n’entraîne pas nécessairement
public (6) (salubrité, sécurité, sûreté, - éviter de se retrouver face à une le déclenchement de la grève.
bon ordre). En tout état de cause, en grève surprise qui désorganiserait
cas de blocage de sites, elles devront davantage les services ; L’incidence pécuniaire
également justifier l’utilité de - et prendre conscience des revendi- de la grève
la mesure arguant de la nécessité cations professionnelles qui L’article 20 du statut général prévoit
de préserver la liberté du travail cristalliseront les négociations (8). une rémunération des fonctionnaires
« après service fait ». Or, par défini-
tion, un agent gréviste cesse d’effec-
L’assiette de la retenue tuer ses missions et ne saurait donc
Au sein de la fonction publique territoriale, contrairement à l’étatique qui se fonde en percevoir l’intégralité. La grève a
sur une retenue au 30e indivisible (17), l’assiette sera strictement proportionnelle à la ainsi une conséquence financière.
durée de la grève. Il est ainsi établi que la retenue est égale à 1/30e pour une journée L’autorité territoriale se trouve en
complète d’absence, 1/60e par demi-journée et 1/151.67e par heure d’absence. Mais situation de compétence liée pour
il est tout à fait envisageable d’opérer une retenue pour moins d’une heure. Cette appliquer une retenue sur salaire
retenue sera assise sur le TIB, l’indemnité de résidence ainsi que les primes et indem- (11). Autrement dit, la collectivité
nités versées en fonction du service accompli. Les primes versées annuellement font doit obligatoirement appliquer, sans
également partie de l’assiette. Elles doivent simplement être ramenées à un équiva-
que cela ne donne lieu à une procé-
lent moyen mensuel (18). En ce qui concerne le SFT, le raisonnement n’est pas évident
dure particulière, ladite mesure
au premier abord. En cas de service non fait, le SFT n’est pas dû (19). Mais la grève
ne s’apparente pas à une absence injustifiée. En somme l’assiette de la retenue pour comptable (12). Cette disposition
grève, expression d’un droit reconnu aux fonctionnaires, serait différente de celle pour ne s’applique qu’aux grévistes.
service non effectué. Il est donc recommandé de s’inspirer des réglementations de la Un non-gréviste ne peut pas être
fonction publique étatique qui exclut une réduction du SFT dans le cas spécifique de privé de sa rémunération lorsqu’il n’a
la grève. Enfin, les retenues opérées ne peuvent pas excéder la quotité saisissable. pas pu rejoindre son service ou s’il a

56 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

dû interrompre son activité du fait
de la grève d’un autre service interne.
Dans ce cas, la jurisprudence
reconnaît que l’absence de service fait
ne lui est pas imputable (13).
Par ailleurs, l’administration ne peut
pas émettre de retenues sur le
traitement lorsque le service est
insuffisant (ex : cas de grève perlée ou
du zèle). Dans ces hypothèses, l’agent
encourt seulement des sanctions
disciplinaires. Le paiement des jours
de grève, qui s’avère parfois être une
revendication lors des négociations,
a été jugé comme une pratique
illégale (14).
Le paiement des jours
de grève, qui s’avère parfois
être une revendication lors
des négociations, a été jugé
comme une pratique illégale
Ce principe a été formulé par le
Conseil d’État qui a jugé que l’admi-
nistration avait l’obligation de
procéder aux retenues des jours de
grève et que tout accord avec les
organisations syndicales allant à
l’encontre de cette obligation serait
nul et de nul effet (15).
Une prescription de 4 ans est
envisageable pour les actions en
restitution de prélèvements indus
pour faits de grève (16). Sont ainsi
prescrites, au profit de l’État, des
départements et des communes
« toutes créances qui n’ont pas été
payées dans un délai
La cessation du travail n’est pas autorisée
pour tous les fonctionnaires
Le droit de grève n’est pas reconnu dans les domaines relevant de la justice ou de
la sécurité de la nation. Les CRS, le personnel de police nationale, les militaires,
les personnels des systèmes d’information et de communication du ministère de
l’Intérieur, les magistrats de l’ordre judiciaire ou encore le préfet n’ont pas le droit
de grève. La cessation doit être concertée et par voie de conséquence collective.
Un agent, à titre individuel et de manière isolée ne peut faire grève. Il s’exposerait ainsi
à des sanctions disciplinaires ou à une procédure pour abandon de poste. En revanche
si de par sa situation administrative et son poste, il est l’unique intéressé à pouvoir
défendre ses intérêts, son action peut s’apparenter à une grève. Cette hypothèse
s’avère de plus en plus rare.
La période concernée réglementent, que le dossier d’un
par la retenue fonctionnaire, de même que dans tout
Le décompte des retenues repose sur document administratif ne doit pas
le principe selon lequel les périodes faire mention des opinions ou des
de grèves sont considérées comme activités politiques ou syndicales, la
« un tout ». Il comprendra donc les prudence recommande aux adminis-
jours habituels de travail ainsi que trations d’opérer un raisonnement par
ceux non soumis aux obligations analogie avec le code du travail et de
de service (20) (jours fériés ou ne pas porter de mention sur la grève
week-ends). « En cas d’absence dans le bulletin de paye (article
pendant plusieurs jours consécutifs, R.3243-4 du code du travail et article
le décompte des retenues s’établit sur 10 loi 1983).
toutes les journées comprises entre Elles conserveront en revanche les
le premier jour inclus et le dernier pièces comptables justificatives en
jour inclus où cette absence a été annexe pour attester de la qualifica-
constatée, même si durant certaines tion du service non fait. u
journées l’agent ne travaillait pas
(21) ». Cela s’applique, par exemple,
(1) Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et
dans le cas d’un week-end, lorsque obligations des fonctionnaires. Loi dite loi Le Pors.
l’agent a fait grève le vendredi et (2) DC 79-105 du 25 juillet 1979.
(3) CE n° 26186 du 9 décembre 2003.
le lundi. Il a également été jugé que le (4) Art. L.2512-3 code du travail.
fait que l’agent bénéficiait, pendant (5) Art. L.521-3 du code de justice administrative.
(6) Art. L.2212-2 du CGCT.
une période de grève, d’une journée (7) Art. L.2512-2 du code du travail.
de récupération, n’empêche pas une (8) Art. L.2512-2 alinéa 3 du code du travail.
retenue sur son traitement mensuel (9) Art. L.2512-2 du code du travail.
(10) CE, 3 juillet 1987, n° 69139, Lebon 795.
(22), en application de la règle du (11) CAA Douai du 21 juin 2007, req. 07DA00028.
service fait. (12) CE du 9 avril 1954, n° 4648 et DC 77-83 du 20 juillet
1977, Cons. const.
(13) CE, 10 mai 1963, ministre des Finances c/Chialvo,
Rec. CE 1963, p. 300.

de 4 ans à partir du premier jour
de l’année suivant celle au cours
de laquelle les droits ont été acquis ».
L’agent a droit à la restitution de cette
somme assortie des intérêts mora-
toires au taux légal. Afin d’opérer la
retenue sur salaire, l’administration
La prudence recommande aux
administrations d’opérer un
raisonnement par analogie
avec le code du travail et de ne
pas porter de mention sur la
(14) CAA Douai du 21 juin 2007, précité.
(15) CE, 23 mars 1973, n° 76767 et n° 76768.
(16) Loi n° 68-1250 du 31 décembre 1968 relative
à la prescription des créances sur l’État, les départements,
les communes et les établissements publics.
(17) Circulaire du 30 juillet 2003 relative à la mise en œuvre
des retenues sur la rémunération des agents publics de
l’État en cas de grève.
(18) Rép. min QE 23310, JOAN du 6 octobre 2003.
(19) Art.20 Loi 83-634.

devra déterminer deux éléments
fondamentaux : l’assiette (le montant
à appliquer) et la période concernée
(sur une durée définie).
grève dans le bulletin de paye
Considérant que le droit de grève
s’exerce dans le cadre des lois qui le
(20) CE, 7 juillet 1978, n° 03918.
(21) Circulaire n° 2183 du 23 avril 2009 relative à la mise en
œuvre des retenues sur la rémunération des agents publics
de l’État ayant volontairement cessé le travail à l’occasion
d’une grève.
(22) CE, 4 décembre 2013 n° 351229.

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 57

RESSOURCES HUMAINES

SENTENCE

Sanction disproportionnée :
quelle indemnisation pour l’agent ?
Dans le cadre d’un arrêt en date du 28 mars 2018 (1),
le Conseil d’État est venu préciser l’office du juge
pour déterminer l’indemnisation à laquelle peut
prétendre un agent ayant été sanctionné de manière
disproportionnée. L’occasion de faire le point sur
l’indemnisation des agents irrégulièrement évincés
du service.
Julie Creveaux & Michaël Verne

D
epuis la jurisprudence du
Conseil d’État « Deberles » (2),
le juge administratif considère
qu’un agent qui a été évincé irréguliè-
rement du service, comme dans cette
ancienne affaire par une révocation
non justifiée, a droit à l’indemnisa-
tion des préjudices qu’il a subis en
conséquence. Cette règle est appli-
cable aux agents titulaires mais
également aux agents contractuels de
droit public, quelle que soit la nature
de leur engagement. L’indemnisation
doit tenir compte de l’importance,
d’une part, des irrégularités entachant
la décision d’éviction annulée et
d’autre part, des fautes commises par
l’agent.
Estimer le lien de causalité
Sont cependant uniquement indem-
nisables « les préjudices de toute
nature avec lesquels l’illégalité
commise présente, compte tenu de
l’importance respective de cette
illégalité et des fautes relevées à
l’encontre de l’intéressé, un lien de
causalité » (3). Ainsi, et pour
exemple, un vice de procédure
entachant la composition d’une
instance devant rendre un avis sur
l’aptitude d’un agent, s’il rend la
décision de licenciement pour
inaptitude professionnelle illégale, ne
présente pas de lien de causalité avec
les préjudices subis par l’agent du fait
de son éviction et n’ouvre
donc pas droit à une
indemnisation (4). En effet,
dans cette hypothèse, la
décision d’éviction est
justifiée au fond et l’admi-
nistration aurait pu prendre
la même décision si le vice
de procédure n’était pas
intervenu. En revanche, est
indemnisable le préjudice
financier subi par un agent
dont l’éviction n’est pas
justifiée au fond, pour
exemple pour un agent qui
n’a pas été réintégré suite à
l’échéance de sa période de
disponibilité pour conve-
nances personnelles alors
même que la collectivité
disposait de nombreux
postes vacants correspon-
dant à son grade (5). Pour
apprécier l’existence du
lien de causalité, le juge primes et indemnités, à l’exclusion de
doit donc déterminer si, compte tenu celles liées à l’exercice effectif des
de l’importance du vice entachant fonctions, qu’il aurait eu une chance
d’illégalité la décision d’éviction, sérieuse de percevoir, en l’absence de
l’administration aurait ou non pu l’éviction illégale, déduction faite du
prendre la même décision. montant des rémunérations qu’il a
éventuellement perçues pendant la
Évaluer le préjudice période d’éviction (6). Ainsi, dans
Et pour déterminer le montant de l’hypothèse où la décision d’éviction
l’indemnité à laquelle peut prétendre d’un agent n’aurait pas dû intervenir,
l’agent, le juge administratif prend en notamment parce qu’elle n’était pas
compte la perte du traitement et des fondée, la détermination du préjudice

58 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

 À RETENIR
• L’agent irrégulièrement évincé du service, notamment en exécution d’une
sanction disproportionnée d’exclusion temporaire de fonctions ou de révocation,
a droit à une indemnisation.
• L’indemnisation ne concerne que les préjudices matériel et moral
en lien avec l’illégalité commise par l’administration.
• Le montant de l’indemnisation tient compte de l’importance de l’illégalité
commise et des fautes commises par l’agent.
apparaît relativement simple.
S’agissant plus particulièrement des
décisions de sanction, le lien de
causalité est apprécié compte tenu de
la nature de l’illégalité entachant la
décision, des fautes commises par
l’agent et de la circonstance que
l’administration aurait pu prendre la
même sanction (par exemple en cas
de vice de procédure) ou une
sanction emportant les mêmes effets
(par exemple une révocation en lieu
et place d’un licenciement pour
inaptitude professionnelle, si
l’administration a commis une erreur
de qualification juridique des faits).
Quand la décision
de sanction apparaît
disproportionnée
En revanche, la question de l’évalua-
tion du préjudice apparaît plus
délicate, dans l’hypothèse où il s’agit
d’une décision de sanction qui
apparaît disproportionnée mais qui
repose néanmoins sur des fautes
matériellement établies. En effet,
l’autorité territoriale ne peut
reprendre exactement la même
décision, dans la mesure où elle est
entachée d’illégalité pour dispropor-
tion, mais l’agent pouvait néanmoins
bien être sanctionné, son comporte-
ment étant fautif. Dans le cadre de
l’arrêt du Conseil d’État du 28 mars
dernier, la question était donc de
savoir comment le juge doit procéder
pour évaluer le montant du préjudice
de l’agent, sanctionné trop sévère-
ment mais qui a quand même adopté
un comportement fautif sanction-
nable. En l’espèce, un agent contrac-
tuel de l’École des mines de Nantes
avait été licencié pour faute
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
disciplinaire en raison du comporte-
ment adopté à l’égard de sa hié-
rarchie, de ses collègues et de certains
parents d’élèves et notamment ses
excès verbaux. L’agent a alors saisi la
juridiction administrative aux fins
d’annulation du licenciement et de
condamnation de l’administration à
lui verser la somme de 83 142 euros
en réparation des préjudices subis.
Le tribunal administratif de Nantes a
annulé le licenciement, considérant
que cette sanction était dispropor-
tionnée au regard des fautes com-
mises, et a condamné l’École des
mines à verser à l’agent la somme de
6 000 euros de dommages et intérêts.
Vers une échelle
d’indemnisation ?
La cour administrative d’appel de
Nantes, dans le cadre d’un arrêt en
date du 1er décembre 2015 (7) a rejeté
la requête de l’agent qui sollicitait la
réformation du jugement sur le
montant de l’indemnisation. L’agent
reprochait aux juridictions adminis-
tratives de ne pas avoir déterminé,
pour le calcul de son indemnité, la
sanction qui aurait dû être adoptée
par l’autorité territoriale en lieu et
place de la décision de licenciement.
Or, le Conseil d’État, dans le cadre de
cet arrêt vient préciser que « le juge
n’est […] jamais tenu, pour apprécier
l’existence ou l’étendue des préju-
dices qui présentent un lien direct de
causalité avec l’illégalité de la
sanction, de rechercher la sanction
qui aurait pu être légalement prise
par l’administration ». Ce faisant, le
juge administratif rappelle donc le
principe selon lequel l’administration
est seule compétente pour déterminer
le quantum de la sanction discipli-
naire qui doit être infligée à un agent.
En principe, l’administration
est seule compétente pour
déterminer le quantum de la
sanction disciplinaire qui doit
être infligée à un agent
Pour autant, un tel principe apparaît
difficile à mettre en pratique, que ce
soit pour les praticiens ou les
éventuels requérants. En effet,
comment déterminer par exemple le
préjudice lié à la perte de rémunéra-
tion d’un agent qui a été sanctionné
d’une révocation disproportionnée
mais qui a pourtant adopté un
comportement fautif, sans déterminer
quelle aurait dû être la sanction
adéquate, notamment une exclusion
temporaire d’un an, sanction immé-
diatement inférieure au licenciement
pour les agents contractuels ? Si l’on
comprend la volonté du juge de ne
pas exercer en lieu et place de
l’administration, son pouvoir de
sanctionner, on peut néanmoins
s’interroger sur la manière par
laquelle les juridictions administra-
tives sont parvenues à la somme de
6 000 euros en l’espèce pour un
licenciement disproportionné. Cette
décision mérite donc quelques
applications pratiques par les juges
de première instance et d’appel afin
d’avoir une échelle d’indemnisation
en fonction des sanctions prononcées
et considérées comme disproportion-
nées. u
(1) CE, 28 mars 2018, n° 398851. (2) CE, 7 avril 1933,
n° 04711, Deberles : dans cette affaire, la décision de
révocation a été considérée irrégulière, l’agent n’ayant pas
été convoqué devant le Conseil de discipline. (3) CE,
6 décembre 2013, n° 365155 : dans cette affaire, la décision
de fin de détachement d’un agent non justifiée par l’intérêt
du service a été jugée comme évinçant irrégulièrement
l’agent du service, circonstance qui ouvre droit à
indemnisation. (4) CAA de Marseille, 28 mars 2017,
n°16MA03535. (5) CAA de Versailles, 30 avril 2014,
n°13VE00300. (6) Pour un exemple d’évaluation de
l’indemnité due à l’agent illégalement suspendu de ses
fonctions, voir CAA de Lyon, 15 mars 2016, n°14LY01493.
(7) CAA Nantes, 1er décembre 2015, n°13NT02762.
59
 JURIDIQUE
www.lettreducadre.fr/juridique
CHRONIQUE
Transfert des compétences Eau et Assainissement :
un aménagement et non une remise en cause…
Pierre-Stéphane Rey, ps.rey@itineraires-avocats.com
Avocat Associé – Itinéraires Avocats
DR
L
a fin du feuilleton approche quant au sort qui
sera finalement réservé aux compétences Eau et
Assainissement et à la fameuse proposition de loi
relative à la mise en œuvre du transfert de ces compétences
aux communautés de communes enregistrée à l’Assemblée
nationale le 21 décembre 2017. Un rapide retour sur les
épisodes précédents s’impose. Alors que l’idée de départ,
annoncée tant par le chef de l’État au dernier Congrès des
maires que par le Premier ministre lors de la Conférence
nationale des territoires de Cahors de décembre dernier,
visait à un assouplissement des règles posées par la loi
Notre, le Sénat a, lui, souhaité supprimer le caractère
obligatoire desdites compétences pour les communautés de
communes comme pour les communautés d’agglomération.
Pas de version commune
La proposition de loi dans sa version initiale comme le
texte, voté en première lecture à l’Assemblée le 30 janvier
dernier, étaient conformes à cet objectif d’aménagement en
posant la règle dite de la « minorité de blocage » permettant
aux communes membres d’une communauté de com-
munes non compétente de se prononcer sur un report du
transfert desdites compétences au plus tard à la date du
1er janvier 2026. Le Sénat, dans le cadre du vote du 17 avril
dernier, a résolument poussé la barre beaucoup plus loin,
en s’opposant purement et simplement au transfert
obligatoire des compétences Eau et Assainissement, et ce,
pour les communautés de communes comme d’aggloméra-
tion. Pour les sénateurs, il convenait de s’interroger sur la
pertinence du transfert de ces compétences à l’échelon
intercommunal… ce que l’Assemblée n’était pas prête à
faire, considérant que la question avait été tranchée par la
loi Notre… Compte tenu de telles positions radicalement
divergentes, députés et sénateurs n’ont bien évidemment
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
pas été en mesure de s’entendre sur une version commune,
la commission mixte paritaire ayant constaté cet échec lors
de sa réunion du 17 mai dernier.
Au-delà du caractère obligatoire du transfert
L’Assemblée nationale, par sa commission des lois a, à
son tour, le 13 juin, rétabli la version du texte initiale-
ment votée par elle, avec transfert obligatoire des
compétences mais avec possibilité, pour les seules
communautés de communes, de report en 2026, sous
réserve de la minorité de blocage. Lors de l’examen du
5 juillet dernier, l’Assemblée nationale a expressément
admis la possibilité, pour les communes membres d’une
communauté de communes compétente dans le domaine
du SPANC, de bénéficier de la dérogation… écartant ainsi
les doutes jusqu’alors exprimés. Elle a cependant, comme
souhaité par le Sénat, admis la distinction entre la gestion
des eaux pluviales et la compétence assainissement, pour
les communautés de communes et d’agglomération, tout
en assimilant ces deux compétences pour les communau-
tés urbaines et les métropoles. Néanmoins, en prescrivant
le transfert obligatoire de la gestion des eaux pluviales aux
communautés d’agglomération, au 1er janvier 2020, une
telle distinction n’est finalement impactante que pour les
seules communautés de communes, qui pourront écarter
ce transfert ou ne l’admettre qu’au titre de leurs compé-
tences facultatives. Lors de son examen le 26 juillet
dernier, le Sénat campait sur ses positions, s’opposant une
fois encore au caractère obligatoire du transfert et repre-
nant les principes précédemment votés. L’Assemblée
nationale, dans le texte définitif voté le 31 juillet, n’a
évidemment pas remis en cause le transfert et a ainsi
adopté un texte très proche de celui du 5 juillet. Elle a
simplement, en sus, ouvert la possibilité de création d’une
régie unique, notamment pour les EPCI, en matière d’eau,
d’assainissement et de gestion des eaux pluviales.
L’assouplissement de la loi Notre est donc patent mais non
bouleversant, reste à savoir désormais si les communes
feront le choix de cette dérogation… u
61
JURIDIQUE

CONSTITUTIONNALITÉ

Loi sur la protection des données

personnelles : à vos algorithmes,
prêt, feu, partez !
L’utilisation d’algorithmes par
les autorités administratives,
telle qu’instaurée par le
nouvel article 10 de la loi
du 6 janvier 1978, présente
des garanties appropriées
pour la sauvegarde des droits
et libertés, jugent les sages
de la rue de Montpensier.

© Dmitry Nikolaev - stock.adobe.com

Meggane Bonato & Pierre-Stéphane Rey

L
e Conseil constitutionnel a été
amené à se prononcer sur la
constitutionnalité de la loi
relative à la protection des données
personnelles (1), laquelle avait pour
objet d’adapter le droit français au
règlement européen n° 2016/679
relatif à la protection des personnes
physiques à l’égard du traitement des
données à caractère personnel et à la
libre circulation de ces données.
Ce faisant, le Conseil constitutionnel
étend son contrôle de constitutionna-
lité aux lois ayant pour objet d’adapter
le droit interne à un règlement de
l’Union européenne. Ce contrôle
devient, au même titre que celui relatif
à la transposition en droit interne
d’une directive de l’Union euro-
péenne, une exigence constitution-
nelle conformément aux dispositions
de l’article 88-1 de la Constitution.
Nous ne reviendrons pas ici, sur le
contenu précis de cette loi, ni sur
l’intégralité de la saisine du Conseil
constitutionnel. Une problématique
particulière de cette décision nous
semble cependant devoir faire l’objet
d’une présentation plus approfondie,
dans la mesure où elle concerne plus
directement les personnes publiques :
celle de l’usage, par l’administration,
d’algorithmes lors du processus
décisionnel. Cela vise, concrètement,
la possibilité, pour l’administration,
d’édicter des décisions individuelles
dites automatisées, c’est-à-dire
exclusivement fondées sur un
traitement automatisé de données à
caractère personnel.
Le nouvel article 10
et ses possibilités
Le nouvel article 10 de la loi du
6 janvier 1978 maintient le principe
d’une intervention humaine systéma-
tique dans la prise de décisions à effet
juridique… tout en l’assortissant
d’exceptions afin de permettre à
l’administration, dans certaines
hypothèses, et sous réserve de
certaines conditions, de prendre des
décisions individuelles en se fondant
exclusivement sur un algorithme.
Plus précisément, cet article prévoit
qu’« aucune décision produisant des
effets juridiques à l’égard d’une
personne ou l’affectant de manière
significative ne peut être prise sur le
seul fondement d’un traitement
automatisé de données à caractère
personnel, y compris le profilage ».
Ce principe est toutefois assorti de
deux catégories d’exceptions signifi-
catives, l’une issue directement de
l’article 22 du règlement européen
n° 2016/679, l’autre découlant de la
marge de manœuvre laissée aux États
membres, par ce même article.
Les exceptions issues de la
réglementation européenne
Le règlement prévoit deux cas de
figure dans lesquels la prise d’une
décision fondée exclusivement sur un
traitement automatisé de données à
caractère personnel est autorisée.
Les deux hypothèses visées par le
droit européen, reprises par le 1° du
nouvel article 10 de la loi de 1978,
concernent les cas où la décision : est

62 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

Le droit antérieur et ses ambiguïtés personne concernée la manière dont
La rédaction antérieure de la loi du 6 janvier 1978, n’était pas, comme l’a d’ailleurs le traitement a été mis en œuvre à son
relevé le Sénat lors de l’adoption de la loi, exempte de toute ambiguïté. En effet, égard.
l’ancien article 10 de la loi de 1978 ne permettait pas de déterminer avec certitude
les limites et possibilités permises par ces dispositions. De fait, l’imprécision de ce Un dispositif conforme
texte a conduit à une interprétation très réductrice et très restrictive des possibilités à la Constitution
offertes à l’administration d’édicter des décisions individuelles automatisées. La Cnil Les sénateurs à l’origine de la saisine
semblait, en effet, considérer que cet article interdisait à l’administration de prendre
du Conseil constitutionnel soute-
une décision produisant des effets juridiques sur le seul fondement d’un traitement
naient, notamment, que l’article 10
automatisé (2). De la même manière, le Conseil d’État a pu, lui aussi, sembler partager
une telle lecture du texte (3). ainsi modifié conduirait l’administra-
tion à renoncer à l’exercice de son
nécessaire à la conclusion ou à de décisions administratives indivi- pouvoir d’appréciation des situations
l’exécution d’un contrat entre la duelles, à condition, toutefois, de individuelles, et méconnaîtrait, dès
personne concernée et un respon- respecter certaines exigences. lors, la garantie des droits et l’article
sable du traitement ; est fondée sur le Le 2° de l’article 10 de la loi de 1978 21 de la Constitution (lequel définit
consentement explicite de la per- prévoit ainsi que l’administration les pouvoirs du Premier ministre).
sonne concernée. puisse édicter des décisions indivi- Les sénateurs estimaient également
En tout état de cause, la personne duelles automatisées, à condition que : que l’existence d’algorithmes auto-
concernée dispose de certains droits • la décision respecte les dispositions apprenants (capables de réviser
afin que soient assurées certaines de l’article L.311-3-1 du code des eux-mêmes les règles qu’ils
garanties minimales : droit d’obtenir relations entre le public et l’adminis- appliquent), ne permettait pas à
une intervention humaine de la part tration : elle comporte une mention l’administration de connaître les
du responsable du traitement ; droit explicite informant l’intéressé qu’elle règles fondant les décisions ainsi
d’exprimer son point de vue ; droit de est prise sur le fondement d’un édictées, et qu’il en résulterait un
contester la décision. traitement algorithmique (étant abandon du pouvoir réglementaire.
précisé que cette mention est exigée à Ces arguments n’ont cependant pas
peine de nullité, à compter du convaincu le Conseil constitutionnel,
La personne concernée 1er juillet 2020) ; les règles définissant lequel a considéré que les conditions
dispose du droit d’obtenir une le traitement et les principales encadrant l’utilisation des algo-
caractéristiques de sa mise en œuvre rithmes de traitement étaient suffi-
intervention humaine, du droit doivent être communiquées par samment protectrices des droits des
d’exprimer son point de vue et l’administration, à l’intéressé, s’il en personnes concernées par des
de celui de contester la décision fait la demande ; décisions individuelles automatisées.
• la décision respecte les dispositions
du chapitre Ier du titre Ier du livre IV
Le 1° du nouvel article 10 de la loi de du code des relations entre le public Pour les sages, le traitement
1978 prévoit également une garantie et l’administration. À ce titre, elle doit automatisé n’est que
supplémentaire pour la personne pouvoir faire l’objet d’un recours
concernée, à savoir le droit d’obtenir administratif. Étant précisé, ici, que la
la traduction algorithmique
communication, par le responsable réponse à un tel recours ne peut être de la décision du responsable
de traitement, des règles définissant
le traitement ainsi que les principales
exclusivement fondée sur un
algorithme ;
du traitement
caractéristiques de sa mise en œuvre, • l’algorithme de traitement ne doit
à l’exception des secrets protégés par pas porter sur des données sensibles, Ainsi, pour le Conseil constitution-
la loi, et ce, si elle en fait la demande. comme des données révélant les nel, l’information de la personne
convictions religieuses, ou encore des concernée, l’existence d’un recours
Les exceptions issues données relatives à l’orientation administratif et l’interdiction d’utili-
du droit national sexuelle ; sation de certaines données dites
Le législateur, usant de la marge de • le responsable de traitement doit sensibles sont de nature à assurer une
manœuvre laissée par le droit s’assurer de la maîtrise du traitement protection suffisamment efficace des
européen, a prévu que l’administra- algorithmique et de ses évolutions droits des destinataires de décisions
tion puisse avoir recours à des afin de pouvoir expliquer, en détail et individuelles automatisées.
algorithmes, s’agissant de l’édiction sous une forme intelligible, à la Les sages poursuivent en relevant >>>

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 63

JURIDIQUE
LOI SUR LA PROTECTION DES DONNÉES PERSONNELLES : À VOS ALGORITHMES, PRÊT, FEU, PARTEZ !

>>> qu’un tel procédé n’entraîne aucun
abandon de compétence du pouvoir
réglementaire dans la mesure où
l’algorithme repose sur des règles et
critères définis à l’avance par le
responsable du traitement.
Autrement dit, le traitement automa-
tisé n’est que la traduction algorith-
mique de la décision du responsable
du traitement, ou du moins, des
règles et critères qui la président.
Par ailleurs, le Conseil constitution-
nel déduit de l’obligation du respon-
sable du traitement d’être en mesure
d’expliquer à la personne concernée
la manière dont le traitement a été
mis en œuvre concernant l’interdic-
tion d’utilisation d’algorithmes
auto-apprenants, capables d’évoluer
sans contrôle ni vérification humaine.
Le législateur a défini des garanties
appropriées, conclut, finalement, le
Conseil constitutionnel.
L’arbitraire de l’homme
humaine, et comment nos règles de
droit doivent s’y adapter.
Si les conditions définies par le
législateur semblent, a priori,
L’enjeu est ici de parvenir
à moderniser le processus
décisionnel de l’administration
tout en conservant une
maîtrise humaine de ces outils
suffisamment protectrices, il convient
de relever, comme certains sénateurs
ont pu le faire, qu’il reste difficile
d’appréhender l’ensemble des
conséquences induites par l’utilisa-
tion d’algorithmes.
Aussi, tout l’enjeu est ici de parvenir
à moderniser le processus décision-
nel de l’administration en intégrant
les nouvelles possibilités permises
par les nouvelles technologies, et plus
Seront-ils vecteurs de plus d’égalité,
en protégeant les administrés, de
l’arbitraire des décisionnaires, ou
plus simplement de leur possible
divergence d’appréciation ? Seront-ils,
au contraire, porteurs de discrimina-
tions ? Sont-ils, plus globalement,
fiables ? Et enfin, sommes-nous sûrs
de parvenir à les contrôler totale-
ment ? u
(1) Commentaire de la décision du Conseil constitutionnel
du 12 juin 2018, n° 2018-765 DC, Loi relative à la protection
des données personnelles, n° 2018-493 du 20 juin 2018.
(2) Voir, par exemple, la décision de la Cnil relative au
traitement Admission Post-bac, n° 2017-053 du 30 août
2017, aux termes de laquelle la Commission mettait en
demeure le ministère de l’Enseignement supérieur de cesser
de prendre des décisions produisant des effets juridiques à
l’égard des personnes sur le seul fondement d’un traitement
automatisé de données destiné à définir le profil de
l’intéressé, et, en particulier, prévoir une intervention
humaine permettant de tenir compte des observations des
personnes.
(3) Voir la décision n° 309547 du 7 avril 2010 concernant la
création d’un traitement automatisé dénommé fichiers des
impayés locatifs, dans laquelle le Conseil d’État semble, à
l’instar de la Cnil, considérer que l’article 10 de la loi de
1978 interdisait de prendre une décision produisant des
effets juridiques à l’égard d’une personne sur le seul
fondement d’un traitement automatisé de données
personnelles.

ou l’impersonnalité spécifiquement les progrès de

de l’algorithme ?
Plus largement, la question de
l’édiction de décisions individuelles
automatisées renvoie à la place que
l’on entend réserver à des processus
décisionnels sans intervention
l’intelligence artificielle… tout en
conservant une maîtrise humaine de
ces outils.
Or, il n’est pas toujours aisé de saisir
comment se traduira, en pratique,
l’utilisation de tels outils.
SUR LE WEB
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Twitter : @Lettre_du_cadre
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Mettre en œuvre le RGPD dans les collectivités

Par Par Laurent Charreyron, consultant, expert en identité numérique et données personnelles

Intégrer le principe de protection des données dès la conception

Mettre en place une nouvelle gouvernance de la donnée en collectivité

À compter du 25 mai 2018, toutes les collectivités doivent se mettre en conformité avec le
nouveau règlement sur la protection des données personnelles. Ce guide vous permettra
d’en comprendre les dispositions essentielles et de découvrir les grandes étapes du projet
de mise en conformité. De par son approche synthétique et pratique, il s’adresse aussi
bien aux élus locaux qu’aux équipes fonctionnelles. Basé sur l’expérience de plusieurs
praticiens, c’est un outil irremplaçable de mise à niveau accélérée sur cette réglementa-
tion complexe, de sensibilisation des acteurs et de mise en place des fondations du projet.

Parution mai 2018 • Collection LES ESSENTIELS • Réf. BK324

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64 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

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JURIDIQUE

MARCHÉS PUBLICS

La naissance des concessions

de services de mobilier urbain
Sur la base d’une ordonance
de 2016, la jurisprudence
a récemment établi que
les contrats de mobilier
urbain étaient bien des
contrats de concession de
services de par leur nature.
Si cela n’entraîne pas de
modifications importantes
dans les pratiques, la mise en
concurrence bénéficie d’une
plus grande souplesse.
Marie Kurt, & Walter Salamand

C
e n’est pas par hésitation mais
par facilité que les collectivités
ont longtemps négligé de mettre
en concurrence les prestataires de
contrats de mobilier urbains (1). En
effet, depuis le début des années 1980,
il existait un certain consensus
doctrinal et jurisprudentiel sur la
qualification de marché public des
contrats de mobiliers urbains (2).
Cette qualification n’allait pourtant pas
de soi car, même si les marchés
publics sont des contrats à titre
onéreux qui ne supposent pas
forcément le versement d’un prix,
l’économie des marchés publics est
incompatible avec une rémunération
incertaine liée à l’exploitation d’un
service ou d’un ouvrage. L’originalité
est que la rémunération du prestataire
est aléatoire puisqu’elle repose sur
l’exploitation publicitaire des mobi-
liers installés sur le domaine public de
la collectivité. Ainsi, en théorie, les
titulaires des marchés publics
s’exposaient à supporter les charges
liées à l’installation et à l’entretien des
mobiliers sans aucune garantie
d’obtenir des recettes tirées des
contrats conclus avec des annonceurs.
Pour autant, le Conseil d’État, dans
son arrêt d’assemblée du 4 novembre
2005 J-C Decaux (n° 247298), avait
définitivement consolidé la qualifica-
tion en marché public, considérant
qu’il n’y a pas délégation de service
public sans service public quand bien
même le prestataire tire une rémuné-
ration substantielle de son activité
publicitaire (3). Qu’en est-il à l’heure
où les délégations de services publics
ne sont plus qu’une catégorie
spécifique de concession de services ?
Une mutation de
la qualification des contrats
Les contrats de concession sont
aujourd’hui définis par l’article 5 de
l’ordonnance n° 2016-65 du
29 janvier 2016 relative aux contrats
de concession comme étant « les
contrats conclus par écrit, par
lesquels une ou plusieurs autorités
concédantes soumises à la présente
ordonnance confient l’exécution des
travaux ou la gestion d’un service à
un ou plusieurs opérateurs écono-
miques, à qui est transféré un risque
lié à l’exploitation de l’ouvrage ou du
service, en contrepartie soit du droit
d’exploiter l’ouvrage ou le service qui
fait l’objet du contrat, soit de ce droit
assorti d’un prix ». Cette transposition
stricto sensu de la directive 2014/23/
UE du 26 février 2014 introduisant en
droit interne la catégorie des conces-
sions de service n’a pas manqué de
provoquer une mutation de la

66 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

qualification des contrats de mobilier
urbain qui, tout en relevant d’une
logique concessive, y était exclu par
le seul fait qu’il n’avait pas pour objet
l’exécution d’un service public.
Bien que consciente de la fragilité
juridique des marchés publics de
mobilier urbain, la pratique a
continué à appliquer l’ordonnance
n° 2015-899 du 23 juillet 2015
relative aux marchés publics en
attendant un signal de la jurispru-
dence. Il aura donc fallu deux ans
pour que ce changement de qualifica-
tion soit officiellement reconnu par la
Haute juridiction, de manière
indirecte tout d’abord dans un arrêt
du 5 février 2018, Ville de Paris
(n° 416579) puis de manière expresse
dans son arrêt du 25 mai 2018,
Société Philippe Védiaud Publicité
(n° 416825) puisqu’elle considère
que : « le contrat litigieux […] ne
comporte aucune stipulation pré-
voyant le versement d’un prix à son
titulaire ; que celui-ci est exposé aux
aléas de toute nature qui peuvent
affecter le volume et la valeur de la
demande d’espaces de mobilier
urbain par les annonceurs publici-
taires sur le territoire de la commune,
sans qu’aucune stipulation du contrat
ne prévoie la prise en charge totale ou
partielle par les communes des pertes
qui pourraient en résulter ; qu’il suit
de là que ce contrat, dont l’attribu-
taire se voit transférer un risque lié à
l’exploitation des ouvrages à installer,
constitue un contrat de concession et
non un marché public ». Cette
jurisprudence ne constitue pas un
bouleversement puisque la logique
concessive préexistait à cette nou-
velle qualification. Il faudra toutefois
composer avec de nouvelles règles de
mise en concurrence.
Un changement qui
ne modifie pas les pratiques
de montages contractuels…
La jurisprudence « Védiaud » ne fait
que tirer les conséquences juridiques
de pratiques contractuelles qui lui
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
préexistaient de sorte que les modali-
tés de montage des contrats de
mobilier urbain ne seront pas
bouleversées par ce changement de
qualification.
Il sera donc toujours possible de
« monter » les concessions de services
de deux manières.
En premier lieu, il convient de
rappeler qu’en matière de mobiliers
urbains, les contrats de la jurispru-
dence J-C Decaux sont le plus souvent
utilisés. Par ce montage, le prestataire
s’engage à prendre à sa charge la
location des mobiliers, leur installa-
tion, leur entretien-maintenance et
divers services annexes, en contrepar-
tie de quoi la collectivité renonce à
percevoir une redevance domaniale et
lui permet de se rémunérer par les
recettes publicitaires des affichages
apposés sur le mobilier. Ce montage
implique donc un abandon total des
recettes tirées de l’exploitation
publicitaire des mobiliers installés.
Sous réserve de quelques aménage-
ments concernant la redevance
d’occupation domaniale, ce modèle
pourra toujours être utilisé dans le
cadre de concessions de services.
Il sera donc toujours possible
de « monter » les concessions
de services de deux manières
En second lieu, il est également
proposé par des prestataires dans le
cadre de « sourcing » que la collecti-
vité achète les abris voyageurs et les
mette à disposition du prestataire, qui
les entretient et les exploite. Dans le
cadre de l’exploitation de ces abris
voyageurs, le prestataire reverse
cependant à la collectivité un
pourcentage du chiffre d’affaires
perçu au titre des recettes publici-
taires. Dès lors que le risque écono-
mique de la prestation est supporté
par le prestataire, ce modèle pourra
également être utilisé dans le cadre
des concessions.
… mais qui modifie
profondément les règles
de mise en concurrence
Si la procédure d’attribution d’une
concession de services est soumise à
des obligations de publicité et de
mise en concurrence, les règles
prévues par l’ordonnance n° 2016-65
du 29 janvier 2016 relative aux
contrats de concession et à son décret
d’application n° 2016-86 du 1er février
2016, se distinguent de celles des
marchés par leur plus grande
souplesse.
Cette caractéristique se retrouve
à plusieurs niveaux.
• Pondération des critères
La pondération des critères d’attribu-
tion du contrat est tout d’abord
facultative, seule leur hiérarchisation
par ordre décroissant d’importance
étant imposée à la collectivité
concédante (4). De même, contraire-
ment aux marchés publics pour
lesquels la présence du critère prix
est imposée, l’autorité concédante
n’est pas tenue de prévoir un tel
critère dans le cadre de l’attribution
d’un contrat de concession.
• Redevance
Aussi, le droit d’exploiter commercia-
lement les surfaces libres dans le
cadre d’une concession de services de
mobilier urbain peut être accompa-
gné du renoncement ou non pour la
collectivité à la perception d’une
redevance d’occupation du domaine
public (5). Cette renonciation
équivaut sans aucun doute au
paiement d’un prix, ce qui ne saurait
être le cas de la renonciation à
percevoir des recettes publicitaires
qui sont précisément le produit de
l’exploitation du service (6). Le droit
d’exploitation peut ainsi être assorti
d’un prix, constitué par le renonce-
ment de la perception d’une rede-
vance d’occupation du domaine
public, à condition bien évidemment
que la rémunération implique
toujours le transfert au concession-
naire d’un risque d’exploitation de
nature économique. >>>
67
JURIDIQUE
LA NAISSANCE DES CONCESSIONS DE SERVICES DE MOBILIER URBAIN
>>> • Négociation
Ensuite, l’autorité concédante est
libre de recourir à la négociation dans
le cadre de la procédure d’attribution
du contrat de concession. Au stade de
la publication des documents de la
consultation, la collectivité peut
indiquer si elle souhaite ou non
recourir à la négociation ou encore se
réserver le choix de négocier ou non
au vu de la teneur des offres. La
négociation ne pourra cependant pas
porter sur l’objet de la concession, les
critères d’attribution ou les condi-
tions et caractéristiques minimales
indiquées dans les documents de la
consultation (7).
• Libre choix d’une procédure
restreinte ou ouverte
En cas de procédure d’attribution
restreinte ou ouverte, l’autorité
concédante peut décider de limiter le
nombre de soumissionnaires admis à
participer à la négociation sur la base
de leurs offres initiales (8). Dans
l’hypothèse d’une procédure res-
treinte, elle fixe, dans les documents
de la consultation, un nombre
minimum de candidats admis à
présenter une offre et, le cas échéant,
un nombre maximum. Ce nombre de
candidats doit garantir une concur-
rence effective. L’autorité concédante
procède à la sélection des candidats
en appliquant des critères de sélection
non discriminatoires, mentionnés
dans les documents de la consulta-
tion, et liés à l’objet du contrat de
concession relatifs à leurs capacités et
à leurs aptitudes. Lorsque le nombre
de candidats satisfaisant aux critères
de sélection des candidatures est
inférieur au nombre minimum,
l’autorité concédante peut continuer la
procédure avec le ou les seuls
candidats sélectionnés (9).
• La commission de concession
Pour l’attribution du contrat, il existe
une commission de concession
chargée de l’ouverture des plis
contenant les candidatures ou les
offres (10). La commission peut, si
elle le décide, demander aux
68
candidats concernés de régulariser
leur dossier de candidature. La
commission sélectionne ensuite les
candidatures et dresse la liste des
candidats admis à présenter une offre.
En cas de procédure restreinte, une
invitation à présenter une offre est
envoyée aux candidats sélectionnés.
Le nombre de candidats admis à
présenter une offre doit garantir
une concurrence effective
La commission ouvre les offres soit
après leur réception suite à l’invita-
tion à présenter une offre en cas de
procédure restreinte, soit concomi-
tamment après avoir dressé la liste
des candidats admis à présenter une
offre en cas de procédure ouverte.
Au vu de l’avis de la commission,
l’autorité habilitée de l’autorité
concédante à signer la convention
peut ou non organiser la négociation
avec un ou plusieurs soumission-
naires. Elle saisit l’assemblée délibé-
rante de la collectivité de son choix.
Elle lui transmet également le rapport
de la commission présentant notam-
ment la liste des entreprises admises
à présenter une offre et l’analyse des
propositions de celles-ci, ainsi que les
motifs du choix du candidat et
l’économie générale du contrat, étant
rappelé que c’est l’assemblée délibé-
rante qui procède au choix de
l’attributaire. Les dispositions de
l’article L.1411-4 du CGCT selon
lesquelles « les assemblées délibé-
rantes des collectivités territoriales,
de leurs groupements et de leurs
établissements publics se prononcent
sur le principe de toute délégation de
service public local » ne s’appliquent
pas, le contrat de mobilier urbain ne
comportant pas la délégation d’un
service public (11).
• La durée du contrat
Enfin, il n’y a pas de durée minimale
ou maximale imposée. Il est unique-
ment imposé que les contrats de
concession soient limités dans la
durée et que cette durée soit détermi-
née par l’autorité concédante en
fonction de la nature et du montant
des prestations ou des investisse-
ments demandés au concessionnaire
(12). En particulier, pour les contrats
de concession d’une durée supérieure
à cinq ans, l’autorité concédante doit
veiller à ce que la durée du contrat
n’excède pas le temps raisonnable-
ment escompté par le concession-
naire afin qu’il amortisse les
investissements réalisés pour
l’exploitation des ouvrages ou
services avec un retour sur les
capitaux investis, compte tenu des
investissements nécessaires à
l’exécution du contrat. Les investisse-
ments s’entendent comme les
investissements initiaux ainsi que
ceux devant être réalisés pendant la
durée du contrat de concession,
nécessaires pour l’exploitation du
service concédé. Sont notamment
considérés comme tels les travaux de
renouvellement, les dépenses liées
aux infrastructures, aux droits
d’auteur, aux brevets, aux équipe-
ments, à la logistique, au recrutement
et à la formation du personnel (13). u
(1) Décision du Conseil de la concurrence du 30 juin 2005,
n° 05-D-36. (2) CE, avis n° 327449, 14 octobre 1980, CRC
d’Ile-de-France, lettre d’observation définitive du 30 mars
1995 à la commune de Vélizy-Villacoublay, CRC Haute
Normandie, lettre d’observation définitive du 30 avril 1996
au CG de la Seine-Maritime, JOAN, 11 mai 1998, QE
16 mars 1980, voir également la note de la DGCCRF en date
du 25 juin 1997 (note d’information n° 1879). « Par un motif
non contesté, la Cour a jugé que le contrat n’était pas une
délégation de service public faute notamment de prise en
charge effective d’un service public ; qu’ainsi la société Jean
Decaux ne peut utilement invoquer à l’encontre de l’arrêt de
la Cour le moyen tiré de ce qu’une part substantielle de sa
rémunération proviendrait des recettes de son activité
publicitaire » (Ass, 4 novembre 2005, Sté J-C Decaux,
n° 247298). (4) Art. 27 du décret n° 2016-86 du 1er février
2016 relatif aux contrats de concession. (5) La redevance
d’occupation du domaine public ne saurait en revanche être
cumulée avec la taxe prévue par l’article L.333-6 du CGCT
(TA Nîmes, 22 février 2018, Sté JC Decaux France,
n° 1503360). (6) Conclusions M. G. Pellissier, Rapporteur
public, sous CE, 25 mai 2018, Sté Philippe Vediaud
Publicité, n° 416825. (7) Art. 46 de l’ordonnance n° 2016-65
du 29 janvier 2016 relative aux contrats de concession. (8)
Art. 26 du décret n° 2016-86 du 1er février 2016 relatif aux
contrats de concession. (9) Art. 22 du décret n° 2016-86 du
1er février 2016 relatif aux contrats de concession. (10) Art.
L.1411-5 du CGCT applicable par renvoi de l’article
L.1410-3 du CGCT. (11) Considérant 7, CE 25 mai 2018, Sté
Philippe Vediaud Publicité, n° 416825. (12) Art. 34 de
l’ordonnance n° 2016-65 du 29 janvier 2016 relative aux
contrats de concession. (13) Art. 6 du décret n° 2016-86 du
1er février 2016 relatif aux contrats de concession.
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
 9 octobre 2018
Paris

JOURNÉE COMMANDE PUBLIQUE

100% démat : réussir le défi de la transformation numérique

• Une semaine après : saisir les enjeux du tout dématérialisé et comprendre comment en
tirer parti
• Recueillir des témoignages pertinents et innovants sur la transformation numérique des
acteurs publics
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• Bénéficier du regard et des apports d’experts institutionnels et privés du secteur

Avec notamment les interventions de :

Charles-Édouard Laure BEDIER Jean-François THIBOUS Céline FAIVRE Pierre PELOUZET

ESCURAT Directeur des affaires Directeur de projet Directrice Médiateur des
Directeur général juridiques en charge de la des affaires juridiques entreprises
adjoint MINISTÈRE Transformation numérique et de la commande MINISTÈRE
RESAH DE L’ÉCONOMIE ET de la commande publique publique DE L’ÉCONOMIE
DES FINANCES MINISTÈRE RÉGION BRETAGNE ET DES FINANCES
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JURIDIQUE

QUESTIONS-RÉPONSES

DOMAINE PUBLIC
Les pépinières d’entreprises appartiennent-elles
au domaine public ?
Le domaine public des personnes publiques est
NON
constitué des biens qui sont soit affectés à l’usage

© CHRISTIAN SCHWIER - STOCK.ADOBE.COM

direct du public, soit affectés à un service public pourvu
qu’ils fassent l’objet d’un aménagement indispensable à
l’exécution des missions de ce service. S’agissant des pépinières
d’entreprises, celles-ci sont considérées comme relevant d’une
mission de service public. Le ministre de l’Intérieur précise que
le juge administratif a eu l’occasion d’indiquer que ces pépinières
ne sont pas considérées comme spécialement aménagées et
peuvent donc appartenir au domaine public de la personne
publique concernée, mais intègrent son domaine privé.
QE n° 03819, Journal officiel Sénat, 17 mai 2018.
ÉLECTIONS
Une personne sans domicile stable peut-
elle être inscrite sur une liste électorale ?
Le fait pour une personne de ne pas
OUI
disposer d’une adresse stable ne peut être
juridiquement un obstacle à l’exercice de ses droits
tant sociaux que civils. Les personnes sans domicile
stable peuvent obtenir une domiciliation auprès d’un
centre communal ou intercommunal d’action sociale
ou d’un organisme agréé ; cette domiciliation est
cependant conditionnée à l’existence d’un lien avec
la commune. Le ministre de l’Intérieur rappelle qu’en
application de l’article L.264-1 du code de l’action
sociale et des familles, la domiciliation permet aux
personnes sans domicile stable de s’inscrire sur
les listes électorales.
QE n° 03288, Journal officiel Sénat, 17 mai 2018.
MARCHÉS PUBLICS
Un contrat avec un fournisseur d’électricité
est-il qualifié d’administratif ?
Conformément aux dispositions de l’article L.331-4
OUI
du code de l’énergie, les collectivités territoriales
et leurs établissements publics doivent respecter les règles
afférentes aux marchés publics dès lors qu’ils choisissent un
fournisseur d’électricité. Ces contrats sont qualifiés de contrats
administratifs au titre de l’article 3 de l’ordonnance n° 2015-899
du 23 juillet 2015 relative aux marchés publics. Le ministre de
l’Intérieur en déduit que le contentieux relatif à ces contrats
relève du juge administratif.
QE n° 01793, Journal officiel Sénat, 18 janvier 2018.
FINANCES
Les montants des aides sont-ils maintenus en cas
de temps scolaire sur neuf demi-journées ?
Les communes qui conservent une organisation du
OUI temps scolaire sur neuf demi-journées par semaine,
ou huit demi-journées par semaine comprenant cinq matinées,
continueront à percevoir les aides du fonds de soutien au
développement des activités périscolaires. Les montants,
tels que définis par l’arrêté du 17 août 2015 fixant les taux
des aides du fonds de soutien au développement des activités
périscolaires, soit 50 euros pour le taux du montant forfaitaire
et 40 euros pour le taux de la majoration forfaitaire, sont
maintenus. Le ministre de l’Éducation nationale ajoute que
les acomptes de la campagne 2017-2018 ont été versés.
QE n° 04294, Journal officiel Sénat, 12 avril 2018.
INTERCO
Un syndicat intercommunal peut-il
mutualiser les outils informatiques ?
Un syndicat intercommunal ou mixte,
NON qui est régi par le principe de spécialité,
ne peut se voir transférer que des compétences,
et ne saurait avoir comme seul objet l’exercice de
fonctions supports au bénéfice de ses membres.
La fourniture de matériels informatiques ne constitue
pas une compétence, au sens du code général des
collectivités territoriales, mais s’analyse comme une
mission fonctionnelle. Le ministre de l’Intérieur ajoute
qu’un syndicat intercommunal ou un syndicat mixte
ne saurait donc avoir pour seul objet la mutualisation
d’outils informatiques ou l’acquisition d’outils en vue
de l’exercice par ses membres de leurs compétences
respectives.
QE n° 04743, Journal officiel Sénat, 17 mai 2018.

70 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

 FINANCES
CHRONIQUE
Recettes fiscales : dernières
hausses avant la fin ?
Par Nicolas Braemer
E
n 2018, les recettes fiscales
auront probablement augmenté
davantage qu’en 2017 : + 5,2 %
contre + 3,8 % pour 150,5 milliards
d’euros. Mais ce rythme plus élevé est
en trompe l’œil : si on en retranche le
principal « auteur » (le transfert aux
régions d’une fraction de TVA), il
serait en recul relatif, avec une
augmentation de 2,3 %.
Le mirage de la TVA
Avant suppression de la TH, les
contributions directes représentent
encore la majeure partie de la fiscalité
locale : 58 % hors TVA. TH, TFPB,
TFPNB et impôts économiques
(CVAE, CFE, Ifer et Tascom) évolue-
raient de 2,1 % (après + 3,1 % en
2017) pour atteindre 85,6 milliards
d’euros. L’impact de la première année
de réforme de la TH (qui supprimera
en trois ans la cotisation sur les
résidences principales pour 80 %
des foyers) sera nul pour les recettes
des collectivités en 2018, l’État se
substituant aux contribuables,
via un dégrèvement (à l’exception
de la hausse liée à une augmenta-
tion
de taux décidée par la collectivité
qui reste à la charge du contribuable).
Mais pour les autres impôts, l’heure
n’est pas aux réjouissances.
L’évolution des impôts économiques,
qui auront été dynamiques en 2017
avec un produit en hausse 4,7 %,
devrait ralentir en 2018,
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
www.lettreducadre.fr/Finances
principalement sous l’effet d’une
décélération sensible de la CVAE
(+ 1,2 %, après + 4,6 % en 2017).
Et hors la fraction supplémentaire de
TVA (+ 4,1 milliards) accordée aux
régions en compensation de la
suppression de leur DGF, la forte
hausse de 9,5 % observée sur les
autres recettes fiscales (65 milliards
d’euros) ne serait plus que de 2,6 %,
nettement en deçà de l’évolution de
2017 (+ 4,9 %).
Des DMTO dynamiques
mais inégaux
Car le très fort dynamisme des DMTO
en 2017 (+ 16,4 %), grâce à la faveur
d’un marché de l’immobilier enregis-
trant un volume record de transac-
tions et des prix en hausse, risque
d’être de 10 points inférieur en 2018,
avec plus de
15 milliards d’euros.
Le dynamisme du marché de l’immo-
bilier sera en effet contrebalancé par
une moindre progression des prix, et
par une mise en réserve du fonds
national de péréquation des DMTO
à hauteur de 120 millions d’euros.
Une situation pénalisante pour
certains départements, le produit
des DMTO étant très volatil, avec
des dynamiques géographiques
hétérogènes qui reflètent particulière-
ment les disparités
de situations entre
les départements, d’autant plus qu’ils
ne sont pas corrélés à leurs dépenses
d’action sociale. u
EN BREF
C’EST POUR BIENTÔT
Vers un règlement des
corrections d’abattements
de TH pour les communes
nouvelles
Lors de la suppression de la TP en 2010,
l’État avait mis en place des corrections
d’abattements TH pour pérenniser la poli-
tique d’abattements des conseils géné-
raux. Puis, la loi de finances de 2015 avait
prévu la suppression de ces corrections en
cas de création de commune. Aujourd’hui,
les services de l’État semblent vouloir pré-
ciser les textes, la DGFIP a averti certains
territoires, en train de se constituer en
commune nouvelle, que « dans l’attente
d’une codification législative, les ajuste-
ments intercommunaux sont maintenus
en cas de fusion de communes au sein
d’un EPCI qui a délibéré pour instaurer
sa propre politique d’abattement. […]
Dans ce cas de figure […], les ajustements
intercommunaux de TH ne seront pas sup-
primés ». Cette future évolution semble
se limiter, étonnamment, aux seuls EPCI
ayant leur propre politique d’abattements
TH. Il ne reste plus qu’à attendre les lois
de finances de fin d’année pour connaître
le fin mot de l’histoire.
DANS LE DÉTAIL
Contrats financiers : ce que
devront contenir les arrêtés
préfectoraux visant les non-
signataires
30 % des collectivités qui devaient signer
un contrat financier avec l’État ont refusé
de le faire. Quelles seront les rétorsions ?
Elles se verront bientôt notifier, par arrêté
préfectoral, le taux maximal d’évolution
de leurs dépenses de fonctionnement.
Une instruction publiée le 23 juillet vient
préciser aux préfets les modalités de ces
arrêtés.
Circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2018/07/cir_43825.pdf
71
FINANCES

JURISPRUDENCE

Contentieux des prêts structurés :

un premier semestre 2018
en demi-teinte
Longtemps très médiatisé,
le contentieux des prêts
structurés, dits « toxiques »,
ne fait plus grand bruit mais
certains litiges persistent et
la jurisprudence reste évasive
pour la suite.
Olivier Poindron & Julien Moreau

D
epuis l’entrée en vigueur de la
loi validant rétroactivement les
manquements des banques en
matière de taux effectif global

(TEG) (1) et les décisions défavo-
rables de la cour d’appel de Versailles
qui ont suivi (2), bien des emprun-
teurs se sont découragés, jusqu’à
mettre fin aux procédures judiciaires
entamées, souvent en sollicitant
l’aide du fonds de soutien institué par
la loi de finances pour 2014 (3).
Pour autant, tous les litiges ne sont
pas éteints. Plusieurs collectivités,
centres hospitaliers et bailleurs
sociaux restent concernés par ces
affaires, et les juridictions judiciaires
rendent régulièrement des décisions
en la matière. Le premier semestre
2018 a ainsi été marqué par les
premiers arrêts de la Cour de cassa-
tion (4). Dans le même temps, la cour
d’appel de Versailles s’est à nouveau
prononcée (5). Il résulte de l’en-
semble de ces décisions un position-
nement jurisprudentiel équivoque :
contrairement à l’idée souvent
véhiculée, les décisions jusqu’ici
rendues ne sont pas systématique-
ment défavorables aux emprunteurs.
Tandis que certaines contestations
relatives au TEG prospèrent, d’autres
se heurtent au mur de la « loi de
validation ». La jurisprudence semble
par ailleurs hésitante s’agissant de la
qualification et du régime applicable
aux prêts structurés. Enfin, bien des
questions doivent encore être
examinées par la Cour de cassation.
Une jurisprudence nuancée
en matière de TEG
Le débat relatif aux prêts « toxiques »
s’est initialement focalisé sur le TEG
et sa sanction, la nullité du taux
conventionnel et sa substitution par
le taux légal. À tel point que le
législateur a rétroactivement validé
les manquements à cette réglementa-
tion. Si l’on peut sérieusement douter
de la conformité de la loi de valida-
tion à la Convention européenne de
sauvegarde des Droits de l’Homme et
©ALPHASPIRIT - STOCK.ADOBE.COM
des libertés fondamentales
(« CESDH »), la Cour de cassation a
refusé d’examiner cette critique
lorsqu’elle est émise par une com-
mune. Par deux arrêts des 28 mars
2018 et 24 mai 2018 (6), les juges de
cassation ont effectivement considéré
qu’une commune ne pouvant pas
saisir la Cour européenne des Droits
de l’Homme (7), elle ne pouvait pas
non plus invoquer devant les
juridictions nationales les stipula-
tions de la CESDH. Bien que la
solution n’emporte pas l’adhésion,
elle devrait avoir pour effet de mettre
en échec la plupart des com-
munes (8). La portée de cette solution
doit toutefois être nuancée. Le champ
d’application de la loi de validation
est limité : seuls les prêts structurés

72 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

La question de la qualification européenne, le dispositif de valida-
des prêts structurés tion s’apparentant en effet à une aide
d’État non notifiée. Argument qui,
En ce qui concerne la qualification des prêts structurés, il a été jugé que ces contrats
compte tenu de ce que la cour
n’incorporent pas d’« options », une variété d’instruments financiers à terme au sens
de l’article L.211-1 du code monétaire et financier. Il apparaît que la définition de d’appel de Versailles l’a récemment
l’option en droit diffère de la définition d’option en finance et comptabilité, point sur rejeté (17), devrait être prochaine-
lequel la Cour de cassation a tranché sans texte. Cette solution ne permet toutefois ment soumis à la Cour de cassation.
pas de repousser la double qualification mise en avant par les emprunteurs – celle Les juges de cassation n’ont pas non
de prêts et d’instruments financiers à terme –, les « options » n’étant qu’une sous- plus eu à connaître, dans le contexte
catégorie d’instruments financiers à terme. Autrement dit, la Cour de cassation n’a pas particulier des prêts structurés, d’une
fermé la voie consistant à voir dans les prêts structurés des contrats incorporant une demande en nullité du taux conven-
autre variété d’instruments financiers à terme. Il faudra attendre un prochain arrêt tionnel à raison de son calcul sur la
pour connaître sa position. base de l’année bancaire (18). Cet
argument hors du champ de la loi de
conclus par des personnes morales de prononcer sur des questions de droit validation pourrait pourtant prospé-
droit public sont concernés par cette nouvelles, liées à la qualification de rer, dès lors que les collectivités
loi. Ne sont donc pas soumis à la loi ces produits et au régime juridique territoriales ne sont pas des emprun-
de validation les prêts structurés leur étant applicable. teurs professionnels au sens du droit
conclus par les entités de droit privé La cour d’appel de Versailles a du crédit. Le paradoxe dans ces
et les prêts à taux fixe ayant permis d’abord semblé hésiter, rendant des affaires est donc que le résultat final
de réaménager des prêts structurés. décisions en apparence contradic- reste ouvert ; l’arrêt de la Cour de
Partant, devraient notamment toires (12), tantôt en faveur des cassation du 28 mars 2018 ne
pouvoir pleinement bénéficier de la emprunteurs (13), tantôt en faveur présume pas de ce qu’elle jugera dans
réglementation relative au TEG : les des banques (14). Les récents arrêts les dossiers présentant un argumen-
bailleurs sociaux et établissements de rendus par cette juridiction doivent taire plus abouti devant les juges du
santé de droit privé (comme en être rattachés à ce dernier courant fond. u
atteste un arrêt de la cour d’appel de favorable aux banques (15). (1) Loi n° 2014-844 du 29 juillet 2014 relative
à la sécurisation des contrats de prêts structurés souscrits
Versailles (9)) ; les communes par les personnes morales de droit public.
engagées par des prêts structurés (2) CA Versailles, 21 septembre 2016, n° 15/07046,
réaménagés à taux fixe. En clair, la décision du 29 mars n° 14/06388, n° 15/06770 et n° 15/04767. Voir : Emprunts
« toxiques » des collectivités : premières décisions de la cour
Il n’est enfin pas inutile d’observer
que dans les litiges non soumis à la
2018 ne dit rien de la suite que d’appel de Versailles, J. Moreau, O. Poindron et
B. Wertenschlag, La Lettre du cadre territorial, octobre 2016,

loi de validation, la cour d’appel de connaîtra le contentieux des n° 501.

(3) Loi n° 2013-1278 du 29 décembre 2013 de finances

Versailles, celle qui traite de la produits « toxiques » pour 2014.

majorité des dossiers « Dexia Crédit
local », est particulièrement favorable
aux emprunteurs. Lors de l’examen
de deux questions prioritaires de
constitutionnalité posées cette
banque, les juges d’appel ont en effet
relevé les nombreuses vertus du TEG
(10). Au résultat, deux positions
diamétralement opposées se dégagent
selon que la loi de validation est ou
non applicable.
Saisie de ces questions, la Cour de
cassation n’a apporté qu’une réponse
très partielle (16).
En clair, la décision du 29 mars
2018 ne dit rien de la suite que
connaîtra le contentieux des produits
« toxiques ».
De nombreuses questions
(4) Cass. Com., 28 mars 2018, n° 16-26.210 ; Cass. Com.,
24 mai 2018, n° 16-26.478.
(5) CA Versailles, 29 mars 2018, n° 17/00046 et n° 17/00047 ;
CA Versailles, 12 avril 2018, n° 16/05126 et n° 16/06658 ;
CA Versailles, 7 juin 2018, n° 16/07813.
(6) Cass. Com., 28 mars 2018, n° 16-26.210 ; Cass. Com.,
24 mai 2018, n° 16-26.478.
(7) Ce qui peut sembler conforme à l’article 34
de la CESDH.
(8) Il faut en outre relever que c’est la position de la
chambre commerciale, et qu’une position jurisprudentielle
n’est jamais figée.
(9) CA Versailles, 7 juin 2018, n° 16/07813.
(10) CA Versailles, 29 mars 2018, n° 17/00046 et n° 17/00047.
(11) V. par ex. : Cour des comptes, Rapport public 2009,
p. 254.
(12) Quand la justice se penche sur les prêts « structurés » :

restent à trancher une juridiction versatile ?, J. Moreau, O. Poindron et

Une jurisprudence hésitante
Les prêts structurés étant des contrats
relativement neufs – analysés sur les
plans financiers et comptables en la
combinaison d’un prêt bancaire et
d’instruments financiers à terme (11)
–, il a été demandé aux juges de se
Bien des questions n’ont pas encore
été soumises à la Cour de cassation,
faute d’avoir été développées en
appel. Par exemple, il n’a pas encore
été soutenu en cassation que la loi de
validation était contraire à des
principes du droit de l’Union
B. Wertenschlag, La Lettre du cadre territorial,
décembre 2016, n° 503.
(13) CA Versailles, 23 janvier 2014, n° 12/07118.
(14) CA Versailles, 21 septembre 2016, n° 15/07046,
n° 14/06388, n° 15/06770 et n° 15/04767.
(15) CA Versailles, 12 avril 2018, n° 16/05126 et
n° 16/06658 ; CA Versailles, 7 juin 2018, n° 16/07813.
(16) Cass. Com., 28 mars 2018, n° 16-26.210. (17) CA
Versailles, 12 avril 2018, n° 16/05126. (18) Cass. Civ. 1re,
19 juin 2013, n° 12-16.651 ; Cass. Civ. 1re, 17 juin 2015,
n° 14-14.326.

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 73

CULTURE

PARCOURS

Les clés de la réussite de l’éducation

artistique et culturelle
Dans un contexte de fort changement institutionnel, il faut faire confiance à l’énergie et au
savoir-faire des acteurs de terrain. C’est le fondement nécessaire à la réussite des ambitieux
projets d’éducation artistique et culturelle.
François Deschamps

D
epuis la fin des années
soixante-dix, les projets se sont
multipliés en matière d’éduca-
tion artistique et culturelle.
Les retours d’expérience des ensei-
gnants, artistes, médiateurs, des
jeunes eux-mêmes, ainsi que des
recherches universitaires, ont montré
tous les bienfaits que pouvaient avoir

© HIGHWAYSTARZ - STOCK.ADOBE.COM
des projets d’éducation artistique et
culturelle (EAC) sur l’ouverture
d’esprit et l’épanouissement indivi-
duel et collectif des personnes
concernées.

Des avancées…
et des manques
Les collectivités comme les minis-
tères de la Culture et de l’Éducation
nationale s’en sont saisis et ont créé
de multiples dispositifs, jusqu’à
introduire, concernant l’État, le
« parcours d’EAC » dans la loi et dans
le code de l’éducation en 2013. Le
Haut Conseil à l’éducation artistique
et culturelle a quant à lui élaboré une
charte en dix points. Un référentiel
commun, qui fait dorénavant
consensus, prend en compte les trois
dimensions indissociables de l’EAC :
la rencontre avec des créateurs
(ou des médiateurs) et leurs œuvres
(voir) ; l’expérimentation d’une
pratique artistique ou culturelle
encadrée dans le cadre d’un partena-
riat artiste/enseignant (faire) ; enfin la
mise en relation de l’œuvre avec des
cultures et le développement d’un
regard critique (interpréter).
Le ministère de la Culture a annoncé
un objectif extrêmement ambitieux
de généralisation pour toucher 100 %
des jeunes bénéficiaires à l’horizon
2022. Si les crédits de ce dernier en
faveur de l’enseignement de la
musique et de la danse (conserva-
toires) ont fortement baissé ces
dernières années, ceux destinés à
l’EAC sont au contraire en augmenta-
tion. Même si, quand on rapporte le
montant de ces crédits par élève, on
ne peut encore parler d’une véritable
ambition qualitative (car l’interven-
tion de professionnels de qualité
a un coût), les progrès sont malgré
tout réels. Pour autant, ils restent
très partiels et inégaux selon les
territoires. Par ailleurs, d’une façon
générale, deux besoins ne sont pas
pourvus : celui d’une structure
coopérative qui coordonnerait et
analyserait les expériences se fait
cruellement ressentir, face à la
dispersion des ressources, des
données et des savoirs en ce
domaine ; en outre, la formation des
enseignants et les formations croisées
(enseignants/artistes/médiateurs),
intégrant l’expérimentation d’une
pratique artistique, sont trop rares.
Un remodelage face
aux fusions de régions
et de communes
Les collectivités, de leur côté, se sont
investies de longue date, faisant
souvent de l’éducation artistique et
culturelle l’un des piliers de leur
politique culturelle, en lien étroit
avec des dispositifs de soutien au
patrimoine, à la création et à la
diffusion. Elles doivent aujourd’hui
réexaminer la question dans un
contexte de fort changement institu-
tionnel : nouvelles régions, intercom-
munalités plus consistantes, fusions
de communes, développement de

74 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

L’exemple d’Annecy
À Annecy, qui a fait l’objet d’une fusion de six communes urbaines, les « parcours
culturels » historiques de la ville centre ont dû être remodelés à l’échelle de la
commune nouvelle (283 classes concernées, de la dernière année de maternelle au
CM2), avec une offre homogène de projets thématiques par école sur trois ans, de
telle sorte qu’un élève appréhende au minimum trois disciplines différentes sur toute
sa scolarité.
métropoles, sans parler des avatars
liés à la réforme des rythmes sco-
laires. Dans les territoires prioritaires
repérés (notamment dans les ban-
lieues et en milieu rural), l’État,
en relation bien souvent avec les
départements, est venu accompagner
par convention et de façon triennale,
depuis 2015, des communautés de
communes volontaires dans la
construction de parcours d’actions
artistiques et culturelles au plus près
des habitants, et notamment des
jeunes.
Des conventions
multipartenariales à l’échelle
des intercommunalités
Prenons l’exemple de l’Ardèche, ce
département de 322 000 habitants
doté dorénavant de 19 intercommu-
nalités. Autant de bassins de vie
ayant leur spécificité, plus urbaines
le long de la vallée du Rhône et plus
rurales ailleurs. Le conseil départe-
mental s’est pleinement engagé à
leurs côtés, « non par une démarche
uniforme et descendante, mais en
cherchant à révéler leur capacité à
s’emparer des enjeux culturels », et
« parce que ce sont les maillons forts
de territoires de vie », explique
Olivier Peverelli, vice-président du
département en charge de la culture
et du patrimoine.
Pour la période 2014-2017, des
conventions expérimentales ont été
passées avec quatre intercommunali-
tés. Au vu des résultats très positifs
(pour Bernard Noël, vice-président
Culture d’Ardèche Rhône Coiron, ils
dépassent même les objectifs fixés au
départ), la finalité est bien de
généraliser progressivement ces
démarches d’accompagnement des
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
intercommunalités en développant
de nouvelles conventions, avec une
gouvernance adaptée. Pour la période
2018-2022, les partenaires publics
mobilisés sont dorénavant, outre
l’intercommunalité : le département,
la région, l’État (ministères de
la Culture, de l’Éducation nationale,
de la Cohésion des territoires,
de la Justice et de l’Agriculture),
ainsi que la CAF et le réseau Canopé.
La nécessité de coordonner
et décloisonner
Cette échelle intercommunale permet
d’envisager l’EAC de façon beaucoup
plus décloisonnée dans l’espace et
dans le temps, au-delà des dispositifs
verticaux de chaque financeur : tout
au long de l’année et en fonction des
temps de vie, aussi bien au sein des
établissements scolaires (écoles,
collège, lycée) que dans une biblio-
thèque, une entreprise, un Epahd, un
jardin ouvrier ou sur les berges du
Rhône… Cette ouverture, qui est
essentielle dans l’EAC, est aussi
culturelle : « à une époque de repli
communautaire, où l’on nous parle de
construire des murs entre des pays et
des peuples, elle permet de découvrir
d’autres formes d’art et de culture »,
plaide Xavier Michelis, principal du
collège du Teil jusqu’en 2017.
La signature de ces conventions,
construites sur mesure, n’est effective
qu’après le recrutement d’un coordi-
nateur territorial, qui conduit d’abord
un diagnostic des ressources cultu-
relles. « Mon rôle, explique Sandrine
Martinet, qui exerce cette mission sur
la communauté de communes
Ardèche Rhône Coiron, consiste à
mettre en synergie les différents
acteurs (non seulement de l’art et de
la culture, mais aussi du monde de
l’éducation, du sociomédical, de la
jeunesse…), qui étaient parfois là
depuis longtemps mais travaillaient
les uns à côté des autres ». Et l’enjeu,
pour Franck Brechon, coordinateur
sur la communauté de communes du
Pays de Beaume-Drobie, c’est que ces
acteurs soient capables de prendre en
compte les aspirations des habitants
pour faire émerger un projet à partir
de celles-ci.
Une coopération
sur le terrain qui donne
sens aux projets
Des artistes, bénéficiaires dans ce
cadre de résidences de création,
témoignent de l’apport d’une pré-
sence artistique sur un territoire, non
seulement pour les habitants mais
aussi pour leur travail de création :
« c’est vraiment une source d’inspira-
tion que d’être aux côtés d’enfants,
d’adolescents, de personnes âgées,
qui viennent nourrir le travail
chorégraphique de la compagnie »,
estime Olé Khamchanla, danseur et
chorégraphe de la compagnie Kham.
La coopération de ressources profes-
sionnelles implantées territorialement
(compagnies, pôles artistiques, etc.)
donne sens aux projets.
Au-delà de la mécanique de ces
conventions (et de ses financements),
les dynamiques de projets d’éduca-
tion artistique et culturelle portés par
ces intercommunalités témoignent
d’abord, quand volonté politique il y
a, de la possibilité d’exercer « une
responsabilité conjointe dans le
respect des droits culturels », telle
que l’énonce la loi Notre. Elles
s’avèrent être un facteur de transfor-
mation de ces intercommunalités et
les conduisent pour certaines à
envisager maintenant d’étendre leur
compétence culturelle, par exemple,
en Ardèche, dans les domaines de
l’enseignement de la musique et de la
danse, de la lecture publique ou de
l’accompagnement des acteurs
culturels. u
75
PROSPECTIVE

PRATIQUES D’AVENIR

Les zones basses émissions

débarquent dans l’Hexagone
Paris depuis septembre 2015 et
Grenoble depuis janvier 2017
ont instauré une zone à
circulation restreinte (ZCR).
Les toutes premières d’une
longue série en gestation…
Le principe des ZCR ou ZBE ?
Lutter contre la pollution de
l’air en excluant les véhicules
diesel et les plus polluants
sur un périmètre donné.
Séverine Cattiaux

B
ien longtemps après ses voisins
européens, la France lance ses
premières zones à circulation
restreinte encore appelées zones à
basses émissions. À la faveur de
l’appel à projets « villes respirables »,
lancé par l’État en 2015, vingt
territoires lauréats sont tenus
d’examiner la faisabilité d’une ZCR.
Trois ans plus tard, les études sont en
cours de finalisation… Strasbourg et
Bordeaux annoncent l’ouverture de
leur zone environnementale pour
2018, Lille pour 2019. Après l’échec
des zones d’actions prioritaires pour
l’air (Zapa) en 2012, les planètes
semblent alignées, à quelques
exceptions près, pour le développe-
ment des ZCR dans l’Hexagone.
Et la vignette Crit’air fut
L’outil qui rend désormais possibles
les ZCR en France ? La vignette
Crit’air qui classe les véhicules en six
catégories, selon l’année de première
immatriculation, leur efficacité
énergétique et leurs taux d’émission.
En deux ans, le certificat Crit’air a été
généralisé dans la vingtaine de zones
de protection de l’air (ZPA) et ZPAd
(d pour département). Les certificats
Crit’air permettent d’opérer une
circulation différenciée, lors des pics
de pollution. Plus de dix millions
d’autocollants Crit’air ont été vendus
sur le site consacré.
On pourrait toutefois faire plus
efficace… « En Allemagne, les
garagistes la proposent » indique
Aenne Ramm, responsable à Green
Zones. À la différence des ZPA et
ZPAd, les ZCR sont pérennes. Elles
auront chacune leur propre règle de
fonctionnement. Imaginons que la
ZCR de telle ville interdise l’accès
aux Crit’air 5 et 4. Votre véhicule
polluant est ciblé ? Vous devez
rebrousser chemin, sinon c’est la
contravention. De même que
l’amende guette tout véhicule qui
circule sans vignette dans une ZCR.
« Enfin ! Se réjouissent bon nombre
de citoyens, un moyen efficace
d’éradiquer une partie tout au moins
de la pollution de l’air, responsable
de 50 000 décès prématurés en
France ! ». Entre janvier et avril 2018,
3 500 verbalisations ont été distri-
buées à Paris.
Des dépenses importantes
assumées par les collectivités
Il n’en demeure pas moins qu’il faut
aussi penser aux automobilistes
précaires qui n’ont pas les moyens de
changer leur véhicule. La responsable
des plans et programmes d’actions au
sein d’Atmo, Véronique Star,
approuve : « l’appropriation du
dispositif et l’accompagnement sont
essentiels dans la réussite des ZCR ».
L’État propose bien des primes à la
reconversion de véhicules propres
pour éradiquer les voitures diesel,
mais les collectivités qui entre-
prennent une ZCR doivent mettre

76 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

aussi la main au porte-monnaie. La
métropole du Grand Paris y passera
puisqu’elle étudie la faisabilité d’une
ZBE sur quatre-vingts communes.
« On ne peut pénaliser les petits
artisans et commerçants ou particu-
liers qui n’ont pas les moyens de
changer les vieux véhicules, et qui
n’ont pas d’alternatives en termes de
transport en commun » en convient
Daniel Guiraud, vice-président
délégué à la mise en œuvre de la
stratégie environnementale de la
métropole du Grand Paris.
Plutôt généreuse, la métropole
grenobloise s’engage à soutenir
l’achat d’un véhicule propre
entre 1 500 et 13 000 euros
Paris et la région Ile-de-France
proposent déjà un coup de pouce
financier à l’achat d’un véhicule
propre. « À l’avenir, il faudrait tendre
vers un guichet unique pour vraiment
avoir une plus forte incitation »
estime Daniel Guiraud. Plutôt
généreuse, la métropole grenobloise,
qui élargit en 2019 le périmètre la
ZBE marchandises grenobloise à neuf
communes, s’engage à soutenir
l’achat d’un véhicule propre entre
1 500 et 13 000 euros. 30 000 TPE/
PME sont potentiellement éligibles.
L’État abonde toutefois à hauteur de
30 % dans le cadre de la convention
« Ville respirable en 5 ans ». Enfin,
exemplarité oblige, les collectivités
devront renouveler toute leur flotte
de véhicules professionnels, la note
pour les neuf communes et la
métropole grenobloise s’élevant à
16 millions d’euros. Reste à trouver
des financements et opter pour les
bonnes technologies. Enfin qui dit
véhicules propres, dit bornes de
recharge… La métropole grenobloise
déploiera quelque deux cents
nouvelles bornes de recharges
électriques et GNV. Des dépenses
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
parfaitement assumées pour les
élus… « N’oublions pas que pollution
de l’air en France coûte chaque année
101,3 milliards d’euros » rappelle
Daniel Guiraud. Il y en a pour qui le
dispositif est enfin une réelle
aubaine : les constructeurs
automobiles.
Effets et limites des ZCR
Selon les études scientifiques, les
zones réglementées réduisent en
moyenne la pollution en particules
fines de 10 % à 20 % (PM10). C’est
bien, mais évidemment encore
insuffisant… « La ZCR agit certes sur
les émissions de NOx et de particules
liées au trafic routier, elle n’est aussi
qu’un outil parmi d’autres » com-
mente Camille Rieux, référent Isère
d’Atmo Auvergne Rhône-Alpes. Les
experts rappellent également que
l’efficacité d’une ZBE dépend de
plusieurs facteurs : le périmètre, la
concertation, l’accompagnement, la
lisibilité, les modalités de contrôle, et
même la manière d’évaluer ensuite le
dispositif… Côté lisibilité, la métro-
pole grenobloise peut s’enorgueillir
d’avoir fixé, en concertation avec les
acteurs économiques, un calendrier
d’interdiction des véhicules pol-
luants, par étapes, entre 2019 et 2025.
Le président de la métropole se
montre en revanche plus sceptique
sur l’extension du périmètre… Six
nouvelles communes tapent déjà à la
porte de la future ZBE. « On demande
à l’État que l’on puisse facilement les
intégrer, supplie Christophe Ferrari.
Qu’on ne reparte pas dans des
enquêtes qui prennent deux ans à
chaque nouvelle commune ! ».
Autre requête exprimée par diffé-
rentes collectivités auprès du
ministère de la Transition écologique :
un système de contrôle des plaques
d’immatriculation par vidéosurveil-
lance. « C’est imparable, confirme
Marie Pouponneau, ingénieur au
service Qualité de l’air à l’Agence de
l’environnement et de la maîtrise de
l’énergie (Ademe). À Londres, aucune
voiture ne passe entre les mailles du
filet ». L’État étudie la demande,
indique un responsable au ministère
de la Transition. Aenne Ramm
prévient : « Ce système coûte plus
cher et ralentit la mise en place des
zones environnementales car il
demande que chaque automobiliste
s’enregistre préalablement dans une
base de données ».
La Vallée de l’Arve privée
de ZBE ?
Les ZBE sont-elles toujours adaptées ?
Pour s’être penché sur le dossier, le
porte-parole du Groupe d’analyse
métropolitain (GAM), Pascal Clérotte
répond par la négative. « Les ZCR
fonctionnent dans les grosses
agglomérations d’Europe du Nord qui
possèdent des contournements
éloignés des habitations et qui
absorbent la circulation ». Il doute
ainsi de la pertinence de la ZCR
grenobloise, cumulant en outre une
zone à trafic limité (ZTL) à une ZCR.
« Grave erreur, au vu de la géographie
de cette ville ! Il faudrait plutôt
fluidifier le trafic à l’échelle
métropolitaine ».
Enfin, certains territoires souffrant
pourtant de pollution comme la
Vallée de l’Arve, doivent faire une
croix sur la ZCR. « On a étudié la
faisabilité, c’est à peu près inenvisa-
geable, même pas sur Chamonix
uniquement » regrette François-Régis
Bouquin, directeur de cabinet du
maire de Chamonix Éric Fournier.
« On ne peut pas réguler le trafic de
transit, car par définition on ne
bloque pas le transit ». Or la pollu-
tion de l’air vient autant du trafic
local, du transit, que des touristes.
« Ce serait donc faire peser les
contraintes de la ZCR uniquement
sur les locaux et les touristes. Et
laisser passer des milliers d’autres
véhicules polluants ? Interroge-t-il.
Ce ne serait pas équitable ». Véritable
serpent de mer, cette question du
transit ne pourra se régler qu’entre
les États concernés. u
77
PROSPECTIVE
ÇA SE PASSE AILLEURS
Vélo : des solutions de stationnement
individualisées
Devant l’essor de l’usage du vélo dans les villes, ces dernières s’adaptent et trouvent de nouvelles
solutions pour encourager les déplacements avec ce moyen de déplacement sobre.
Parmi elles, les vélo-box, des sortes de parking couvert individuel ou partagé.
Marjolaine Koch
S
e déplacer à vélo, pourquoi pas ?
De plus en plus de personnes
optent pour ce moyen de
locomotion pratique, économique et
écologique. Mais il existe des freins à
son utilisation : le manque d’infras-
tructures cyclables efficientes, la
distance à parcourir, le dénivelé, mais
aussi le stockage du vélo. Ce dernier
point est particulièrement vrai dans
les grandes villes. Aussi, pour
accompagner l’essor de ce moyen de
locomotion, de plus en plus de
municipalités développent des offres
de stockage destinées aux vélos. Une
manière d’éviter le vol et de ne pas
laisser la monture s’abîmer sous
l’effet des intempéries.
Location à l’heure
ou à l’année
Alors que l’on pourrait s’attendre à
trouver des solutions de stockage
dans les villes où le vélo est roi,
comme Copenhague ou Amsterdam,
il n’en est rien : dans la capitale
néerlandaise, où l’on compte
600 000 vélos pour 740 000 habitants,
il est simplement inimaginable de
proposer une offre à la hauteur du
nombre d’intéressés. Ce sont des
villes où le vélo est en plein essor,
comme Londres, Bruxelles ou
Barcelone, qui se tournent vers les
box pour encourager la pratique du
vélo. Les municipalités ont le choix
entre deux schémas : soit proposer la
location d’un casier fixe moyennant
une faible somme par mois, soit
développer une offre d’accès tempo-
raire à un box, pour quelques heures,
78
assimilable à une place de parking
couverte et sécurisée. Elles peuvent
également opter soit pour des casiers
partagés (5 vélos maximum), soit
pour des casiers personnels. La ville
de Londres, récemment convertie au
vélo, a disséminé des « bike hangars » :
pour 3,50 £ par mois ou 42 £ par an,
les cyclistes peuvent louer un box
individuel à proximité de chez eux ou
de leur travail. Bruxelles, pour sa part,
a opté pour un modèle de box
collectif : onze communes de la
capitale belge accueillent des minipar-
kings à vélo, qui tiennent sur une
place de parking de voiture. Cette
alternative s’appelle le « co-boxing » et
consiste à confier un emplacement
sécurisé – le plus souvent avec un
code, pour éviter la gestion de clés
— à un cycliste, en partage avec
quatre autres utilisateurs.
Un droit de garer son vélo
Barcelone a aussi son modèle : la
Bicibox. Mais il ne s’agit pas ici d’une
place réservée pour une longue durée.
Une fois inscrit dans le système, le
cycliste dispose du droit de garer
gratuitement son vélo dans l’un des
casiers du réseau, sur n’importe quel
emplacement et pour une durée
maximum de 48 heures (72 heures en
week-end). Au-delà de cette durée, le
coût est de 0,10 euro de l’heure jusqu’à
60 heures, puis de 0,20 au-delà. En
2017, 77 000 utilisateurs s’étaient
enregistrés pour 1 700 places en
service dans les 19 municipalités
participant à l’opération, dans et
autour de la capitale catalane.
Barcelone, outre ses « bicibox », a
complété son offre avec des parkings
souterrains, les « bicebergs ». En
surface, des petites boîtes colorées et
un seul casier en apparence.
L’utilisateur a besoin de 30 secondes
pour déposer son vélo et ses effets
personnels dans le casier. Une fois
fermé, il est déplacé et stocké dans un
container souterrain qui, selon sa
capacité, prend la place de quatre
places de parkings pour deux étages
pour les plus gros modèles (92 vélos).
En 2017, 77 000 utilisateurs
s’étaient enregistrés pour
1 700 places en service dans
les 19 municipalités autour
de la capitale catalane
Une version non souterraine existe
également : le b-igloo, modèle
circulaire contenant jusqu’à 24 vélos
dans une rotonde. Une dizaine de
secondes seulement sont nécessaires
pour déposer un vélo à l’aide de son
portable. Ces modèles, finançables
par de la publicité et sur lesquels il
est possible d’installer des panneaux
solaires pour l’alimentation élec-
trique, ont essaimé à Séville et
Madrid, mais aussi à Lima au Pérou,
Rabat au Maroc, Santiago du Chili et
dernièrement, à Singapour.
Du côté de l’Amérique du Nord,
l’espace disponible donne l’avantage
au casier individuel : on en trouve
aussi bien à Toronto et Vancouver du
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
 © CYCLEHOOP_MIKAEL COLVILLE-ANDERSEN-CC BY-SA
LES ACTEURS ÉCONOMIQUES EUROPÉENS DU BOX DE VÉLO
dans les secteurs sauvegardés »
• Altinnova : la PME, installée au nord de Saint-Etienne dans la Loire, officie
depuis 2003. Outre des box individuels ou collectifs et des consignes, Altinnova commente Sébastien Marrec, assistant
s’est démarquée en créant des stations de services pour cyclistes en libre-service, communication de Velogik.
permettant le lavage, le gonflage, la réparation de vélos… sans oublier le remplissage « La métropole se concerte beaucoup
des gourdes ! avec les architectes des Bâtiments de
• Cyclehoop : concurrent direct du Français Altinnova, Cyclehoop a été créé en France pour intégrer ces demi-boîtes
2008 près de Londres. L’entreprise propose des box similaires, mais aussi des solu- métalliques. »
tions de parking à vélo temporaires pour les festivals, et a développé des points
d’attache pour les vélos qui viennent se fixer sur le mobilier urbain existant.
• Falco : également britannique, cette société, basée près de Leeks, propose égale-
ment des box collectifs de petite capacité. Son offre principale est toutefois plus
Valence, Rouen et Grenoble
tournée vers les abris de grande capacité et non sécurisés. ont lancé des programmes
• VelopA : basée en Suisse, cette PME propose également des box de petite capa- de parking à vélo, et Paris
cité qui à l’origine, étaient destinés à des particuliers.
• B-igloo : la société, espagnole, a déployé des offres de parking souterrain et en
devrait bientôt les rejoindre
surface. Ses parkings essaiment dans le monde entier : après Séville, Barcelone, dans la course
Madrid en Espagne, l’entreprise a conclu des partenariats en Scandinavie et en Asie
pour déployer ses systèmes dans d’autres pays. Singapour est la dernière ville à
s’être équipée, avec des casiers souterrains capables d’accueillir plus de 500 vélos. Pour y accéder, les Grenoblois
doivent remplir un formulaire de
côté canadien, qu’à Portland, Denver, rejoindre dans la course. Si Valence a demande en ligne. Lorsque les
Los Angeles ou Indianapolis aux opté pour des box individuels services reçoivent plusieurs
États-Unis. En règle générale, les box fabriqués par Altinnova, Grenoble a demandes dans un rayon de 200 à
se louent au mois pour des montants choisi les hangars partagés de ce 300 mètres, ils procèdent à l’installa-
d’une dizaine de dollars, et ils se même constructeur. Depuis un an et tion. À ce jour, alors que le service
situent dans les stations de métro ou demi, accompagnée par la PME devrait officiellement démarrer en
bien sur les campus universitaires. Velogik, la métropole a installé septembre, au moins une cinquan-
quelques box tests. Placé sur un taine de demandes ont déjà été
Les villes françaises emplacement de parking, le box est enregistrées. Ce service est déployé
s’y mettent aussi partagé par cinq cyclistes, chacun par les 49 communes de la métropole,
En France, Valence, Rouen et Grenoble possédant une clé d’accès. « Le à l’origine de cette initiative. Il en
ont lancé des programmes de parking principal obstacle, c’est d’intégrer le coûte 49 euros par an pour disposer
à vélo, et Paris devrait bientôt les box dans le milieu urbain, y compris d’une place fixe dans un box. u

La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018 79

PROSPECTIVE
ENTRETIEN
« Les caméras de
vidéosurveillance
ne servent pas
à grand-chose »
Dans son dernier opus, Laurent Mucchieli propose une
évaluation de la vidéosurveillance dans les communes,
phénomène en constante évolution. Son diagnostic ?
« Elles ne participent qu’à l’élucidation de 1 à 3 %
des délits ». Est-ce à croire que les millions d’euros
dépensés relèvent du gâchis financier ?
Propos recueillis par Stéphane Menu
D
epuis plusieurs années, de nombreuses
communes ont fait de la vidéoprotection
un moyen de lutte contre l’insécurité.
Or, vous laissez entendre que ces caméras ne
servent à rien… ou presque. N’est-ce donc pas
avant tout un sacré gâchis financier ?
Face à ce phénomène, on peut identifier deux
catégories d’élus. Ceux qui sont très deman-
deurs et très convaincus et les autres, plus
passifs, qui ont cédé sous la pression conjuguée
de la préfecture, des policiers, de leur opposi-
tion… voire d’une partie de l’électorat et parce
que l’État propose un cofinancement exception-
nel de l’équipement (Ndlr, le Fonds interminis-
tériel de prévention de la délinquance).
Or, aucun d’entre eux n’a mis en place une
évaluation indépendante du dispositif.
Beaucoup fonctionnent à l’esbroufe, en
assurant que ça marche sans le prouver à partir
d’un bilan sérieux. De mon côté, j’ai eu accès à
l’intérieur de la machine à plusieurs reprises.
J’ai vu comment les polices municipales
80
travaillaient. J’ai pu observer ce qui se faisait
dans des villes de différentes tailles et sur des
dispositifs différents. Sur l’ensemble d’une
année, en moyenne, ce sont 1 à 3 % des délits
de voie publique qui sont élucidés grâce aux
caméras. C’est bien maigre.
À Nice, depuis l’attentat du 14 juillet 2016, le
maire, Christian Estrosi, est dans la surenchère.
La ville compte près de 2 000 caméras. Leur
présence mobilise 125 fonctionnaires territo-
riaux. On s’est aperçu après que le terroriste
qui a foncé sur les victimes avait été filmé
15 fois en train de faire des repérages avant
l’attentat, avec son camion. Est-ce que cela a
permis d’éviter ce drame ? Non. Sur le moment,
personne ne l’avait remarqué… Et comment
peut-on imaginer que des caméras filmant des
délits empêchent qu’ils puissent survenir ?
On nous prend pour des enfants… Tout le
monde sait que seul un travail de fond de
prévention et de renseignement est à même
d’anticiper le pire.
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
 LAURENT MUCCHIELLI
Directeur de recherche au CNRS, directeur du
programme de recherche « Observatoire régional
de la délinquance et des contextes sociaux » à
l’université Aix-Marseille, le sociologue Laurent
Mucchieli a publié de nombreux ouvrages
autour du thème de l’insécurité. Son dernier,
« Vous êtes filmés ! Enquête sur le bluff de… la
vidéosurveillance », est publié chez Armand Colin.
Vous écrivez que, sans surprise, la délinquance
s’est adaptée à la présence des vidéos…
Les délinquants sont rarement idiots au point
de commettre des délits à visage découvert
dans le champ de vision d’une caméra en la
regardant de face… Et quand l’un d’eux s’est
fait prendre, les autres ont compris le risque.
Là où les caméras ont été installées, les
policiers ont, logiquement, noté un déplace-
ment de ladite délinquance.
Tout le monde
Peut-on en revanche considérer que la présence
des caméras a un effet positif sur le sentiment sait que seul
d’insécurité, qui est parfois plus élevé que un travail
l’insécurité elle-même ?
Bien sûr que la population peut être exaspérée
de fond de
par la multiplication des incivilités et des actes prévention
de délinquance. Quand on leur pose la ques- et de
tion, de façon sommaire, « êtes-vous pour ou
contre la vidéosurveillance ? », les sondés
renseignement
répondent à 85 % par l’affirmative. Mais il est à même
faudrait éclairer un peu mieux leur lanterne d’anticiper
citoyenne à travers des bilans évaluatifs de cet
investissement public et donc de leurs impôts.
le pire
Leur adhésion serait bien moins spectaculaire.
C’est ce qui s’est produit à quelques reprises ces
dernières années, quand des élus scrupuleux
ont organisé de vrais débats publics avant
d’agir. À titre d’exemple, dans le département
du Gard, la commune d’Aigues-Vives a organisé
des débats publics puis, dimanche 25 mars
2018, un référendum, pour la mise en place de
caméras, pour un coût de 350 000 euros.
Résultat : les habitants ont voté non.
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
Vous allez plus loin encore dans votre critique en
établissant un lien entre prolifération des caméras
et expansion d’un bon business.
Les élus font de la politique, les industriels du
business. Ce n’est pas choquant en soi mais il
ne faut jamais l’oublier. Dans les grandes villes,
le budget consacré à la vidéosurveillance se
compte chaque année en millions d’euros, et
dépasse dans certains cas les 10 millions.
Ce n’est pas une petite dépense ! Que ne
pourrait-on faire avec cet argent au niveau
sécuritaire quand c’est un besoin prioritaire,
mais aussi au niveau éducatif et social quand
les vraies priorités sont là ? Les maires sont
d’autant plus enclins à céder à leurs sirènes que
les financements d’État sont généreux, que les
aides aux communes des conseils départemen-
taux financent le déploiement de la vidéosur-
veillance et que certaines réserves
parlementaires étaient également utilisées pour
ça. Par ailleurs, les régions installent de la vidéo
à tour de bras dans les lycées, les trains, etc. En
tout, ce sont donc des milliards d’euros qui
sont consacrés à des dispositifs dont l’efficacité
est pourtant très limitée. Ne serait-il pas plus
utile d’embaucher des policiers municipaux,
des médiateurs et des éducateurs pour assurer
des réponses de proximité à ces problèmes qui
se traitent naturellement à l’échelle du
territoire ?
Quant aux industriels, ils profitent évidemment
de l’aubaine. Ils savent ce qu’ils font et ce qu’ils
veulent faire, ils ont un business plan. Quand
un industriel propose un produit à la vente, >>>
81
PROSPECTIVE

ENTRETIEN

>>> il a déjà en laboratoire un autre produit, plus
performant, qu’il vendra plus tard comme
le dernier cri de la technologie. Après la vidéo En tout,
« classique », il y a maintenant la vidéo ce sont donc
prétendument « intelligente » et après il y aura
les drones. Le but est de vendre en faisant
des milliards
croire au client que ce qu’on lui vend lui est d’euros
indispensable. qui sont
Faut-il donc dévisser toutes les caméras
consacrés à
et les revendre sur un quelconque « Bon coin » ? des dispositifs
Non, ce serait trop coûteux politiquement. dont
Et puis quelques caméras placées à des endroits
stratégiques peuvent être utiles même de façon l’efficacité
très limitée. Quand il y a déjà des caméras, ce est pourtant
qu’il faudrait c’est d’abord ne pas gaspiller les
effectifs de police en enfermant des agents
très limitée
toute la journée dans les centres de supervi-
sion, ensuite se limiter aux endroits policière-
ment stratégiques (notamment les « axes de
fuites ») et non mettre des caméras un peu
partout pour faire plaisir à tel ou tel.
Enfin, quand il n’y a pas encore de caméras, il
faudrait informer réellement la population des
limites et du coût, bref faire de la transparence
et non de la rétention d’information.
aussi par la difficulté qu’il y a parfois à mana-
ger les fonctionnaires territoriaux.
Pourquoi les caméras séduisent-elles
encore les élus ?
Il y a de nombreuses raisons. C’est concret.
Ça peut faire taire (provisoirement) les récrimi-
nations d’une partie des habitants. Ça peut faire
taire (provisoirement) l’opposition municipale.
Ça fait plaisir à la préfecture. Ça fait plaisir aux
policiers ou aux gendarmes… Enfin ça peut
parfois rapporter de l’argent car, de plus en plus
souvent, les caméras sont détournées de leur
utilisation première pour faire de la vidéo-
verbalisation des petites infractions routières
de la vie quotidienne. Ce sur quoi les élus se
gardent évidemment de demander son avis à la
population. u
À LIRE
VOUS ÊTES FILMÉS !
ENQUÊTE SUR LE BLUFF DE…
LA VIDÉOSURVEILLANCE
Armand Colin

Les élus assurent que les caméras peuvent

se substituer aux moyens humains.
Qu’en pensez-vous ?
Que c’est une sottise, produite par la crédulité
face aux nouvelles technologies, et peut-être

82 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

 PROSPECTIVE
À LIRE
État du monde :
contre l’ignorance globale
Nous avons tendance à idéaliser le passé et à dramatiser l’actualité. Quant à l’avenir, il fait souvent frémir.
Le monde va pourtant mieux et c’est tant mieux. Tour d’horizon avec le regretté Hans Rosling.
Julien Damon
Hans Rosling,
FACTFULNESS, SCEPTRE,
2018, 342 pages.
C
élèbre pour ses conférences
relevant souvent du véritable
spectacle, Hans Rosling s’est
attelé, à la fin de sa vie, à cet ouvrage
qui paraît de manière posthume.
Infatigable traiteur de données, il
excellait dans un l’art de la vulgarisa-
tion par visualisation des informa-
tions. Rosling fourmillait d’idées
pour animer des graphiques et rendre
vivantes des interventions sur
des thèmes passablement ardus.
Pour ceux qui ne connaissent pas
le côté « performeur » de l’auteur,
un tour par YouTube et un autre par
son propre site Gapminder s’im-
posent absolument.
Un monde qui va mieux
Son ouvrage repose sur l’expérience
accumulée. À force de quiz et autres
tests devant des assemblées de haut
niveau (colloques académiques ou
professionnels, institutions interna-
tionales, conseils d’administration
de multinationales), Hans Rosling
s’est forgé des convictions. D’abord,
pour faire passer des messages,
il faut un peu de divertissements.
Ensuite, sur le fond, il faut tout de
même argumenter et répéter. C’est
l’objet de l’ouvrage : lutter contre
l’« ignorance globale ». Celle-ci
transparaît à partir de la faiblesse du
niveau des réponses à des questions
La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018
simples sur l’évolution de la
pauvreté ou de l’espérance de vie
dans le monde. Hans Rosling ne
cesse de le montrer et de le répéter :
le monde va globalement mieux. Sur
temps long, les dynamiques sont à
l’amélioration. L’extrême pauvreté
touchait 85 % de la population
mondiale en 1800, 50 % en 1966,
9 % en 2017. Sur la même période,
l’espérance de vie a augmenté de
31 ans à 72 ans, le nombre d’enfants
par femme a baissé de 6 à 2,5, la
proportion des enfants décédés
avant 5 ans s’est réduite de 44 % à
4 %. Rosling sait astucieusement en
rendre compte en montrant ce que
sont les équipements en brosses à
dents ou en toilettes des ménages, à
partir de 30 000 photographies prises
dans 50 pays pour 264 familles.
Il s’agit de rapporter des données et
des faits, sur la façon dont les gens
vivent vraiment. Il s’ensuit le
portrait général d’un monde bien
moins polarisé qu’on le croit, avec
des forces très positives à l’œuvre.
Mais un monde qui ne croit
pas en ses progrès
Comme pour les illusions d’optique,
il ne s’agit pas d’un problème de
vision, mais d’interprétation
cérébrale. Il est humain de penser
que tout ne va pas bien.
Nous présentons une sorte d’« ins-
tinct de négativité ». Rosling en
construit une mesure en observant
que des chimpanzés répondant
à ses tests font mieux que des
humains, pourtant très cérébrés, qui
choisissent très souvent les réponses
les plus négatives. Ce lamento,
particulièrement prononcé en France
si l’on lit le détail des sondages
menés par Rosling, se double de
facilités auxquelles nous succom-
bons aisément. Plutôt que d’élaborer
plusieurs scénarios en fonction des
séries de données dont on dispose,
on préfère prolonger les tendances
du passé (généralement plus
problématiques). Plutôt que de
chercher à actualiser en perma-
nence, on reste sur des schémas et
des données datés. Ce livre impor-
tant appelle à maîtriser les ordres de
grandeur (pour ne pas dire n’importe
quoi) et rappelle qu’il faut toujours
un peu de rigueur (qu’un peu de
fantaisie peut aider à faire passer).
Tout en invitant à se méfier des
exhortations à la compassion et
à la peur. Les esprits académiques
trouveront certainement, ici ou là,
à redire. Mais les tendances et
thèses paraissent bien difficiles à
contredire. Les esprits chagrins,
sans ouvrir le livre, grommelleront,
incrédules. Ils feraient bien mieux
de feuilleter ces pages pour ouvrir
les yeux. u
EXTRAITS
«
 Globalement, le monde
s’extirpe du dénuement.
Il se moyennise. »
« Plutôt que de rechercher
des causes (les évolutions
technologiques en particulier), on
désigne des coupables (les médias,
les riches, la globalisation, etc.) »
« Pour le savoir, il faut un peu
de vouloir. »
83
 LE 25 SEPTEMBRE 2018
À PARIS #Innovater

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Rencontrer entreprises
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6. EN EXCLU
5. SÉANCE Le statut,
DE PITCHS frein ou chance
L’innovation en série : pour l’innovation ?
start-ups et collectivités Présentation du Livre blanc
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ACTUALITÉS SOMMAIRE
TEXTES (contre 1 894 655 agents en 2014), le nombre AUVERGNE-RHÔNE-ALPES
Ouverture des emplois d’agents titulaires, contractuels sur emplois 88 CC Marches du Velay Rochebaron
fonctionnels aux contractuels permanents et non permanents — hors 92 CC Haute Tarentaise
dans la fonction publique contrats aidés — a chuté de 1,3 %. Cette 92 CC Haut-Chablais
Dans le projet de loi pour la liberté de baisse s’explique par la mutualisation de 96 CD Haute-Savoie
choisir son avenir professionnel en cours services, la fusion d’intercommunalités et 93 Pont de Chéruy
de discussion, le gouvernement prévoit la le renforcement du poids des EPCI. Outre
BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ
possibilité d’embaucher « par la voie du les EPCI, les effectifs dans les départements
95 Décize
recrutement direct » les emplois fonction- (+1,7 %) et les régions (+0,5 %) sont les seuls
nels (directeurs généraux des services ou des à augmenter. Par ailleurs, en 2016, il n’y a ja- CENTRE-VAL DE LOIRE
services techniques… 7 000 postes environ). mais eu autant de départs à la retraite dans 94 Gracay
Malgré les contestations, le Premier ministre la FPT depuis 2010. Au total, 42 107 agents 93 CC Terre de Perche
a rappelé qu’il s’agit d’un « engagement du publics territoriaux sont partis en retraite à 90 Territoire d’énergie Eure-et-Loire
président de la République à ouvrir la Haute un âge moyen de 62 ans et trois mois.
GRAND-EST
fonction publique ». Il ne s’agit pas, selon
95 Phalsbourg
Olivier Dussot, de revenir sur le statut, mais « JURISPRUDENCE
d’offrir une faculté, libre à chaque employeur Autorisation administrative de HAUTS-DE-FRANCE
de s’en saisir ou non ». Un autre amendement 93 Wattignies
non-renouvellement de CDD :
du gouvernement est relatif aux nouvelles 93 Nieppe
mesures concernant la mise en disponibilité.
irrecevabilité de la demande
judiciaire de requalification en ILE-DE-FRANCE
CDI contractuels dans la fonction 89 Infopro Digital
DIVERS
publique 92 Freneuse
Pour la première fois de l’histoire 90 Maison Alfort
de la fonction publique territo- Le juge judiciaire, ne peut, sans violer le
91 Métropole du Grand Paris
riale, les effectifs ont baissé en principe de séparation des pouvoirs en
2015 l’état d’une autorisation administrative de NORMANDIE
non-renouvellement d’un CDD devenue 87 CC Les villes soeurs
Selon le Panorama de la fonction publique
définitive, statuer sur une demande de 88 Saint Lô Agglo
territoriale, les effectifs de la fonction
requalification en CDI. 89 Vexin sur Epte
publique territoriale (FPT) ont diminué.
Avec 1 889 310 agents au total en 2015 Soc. 9 mai 2018, FS-P + B, n° 16-20.423. NOUVELLE-AQUITAINE
92 la Cobas

LE RECRUTEUR À LA UNE OCCITANIE

94 Figeac
SAINT-LÔ AGGLO (NORMANDIE) 94 Leucate
Département de la Manche - 63 communes et près de 80 000 hab. 95 CC Pays de Lunel
recrute
PACA
SA DIRECTRICE (SON DIRECTEUR) 95 Entraigues sur la Sorgue
GÉNÉRAL(E) DES SERVICES 88 CC Golf de St Tropez
Elle (il) pilotera l’organisation territoriale et dirigera les services en poursuivant PAYS-DE-LA-LOIRE
les actions visant à leur modernisation et à l’amélioration de leur performance. 89 CC de Nozay
94 Savigné Lévêque
Retrouvez tous les détails de cette annonce en page 88, ou sur notre site : OUTRE MER
87 SIDEVAM 976

La Lettre du cadre territorial • août - septembre 2018 85

 MOBILITÉ

Les mouvements du mois dans les collectivités

Emmanuel Cattiau
Attaché territorial hors classe, vient d’être nommé DGS de la ville de Nicolas Pernot Administrateur territorial, rejoint
Savigny-le-Temple.Il occupait les mêmes fonctions depuis 2015 à la ville la région Grand Est au poste de
de Moissy-Cramayel et auparavant, depuis 2006, à la ville de directeur général des services.
Magny-les-Hameaux. Il est membre de Syndicat national des directeurs Il quitte ainsi l’agglomération Pau
généraux des collectivités territoriales de Seine-et-Marne. Béarn Pyrénées et la ville de Pau

© stadler
e.cattiau@savigny-le-temple.fr où il était DGS. Il a commencé sa
carrière en collectivité territoriale
en 1997 au département des
Jim Bossard Pyrénées-Atlantiques en tant que
Administrateur territorial, ancien DRH de Rennes DGA. Il a été DGA de la ville du
Métropole et de la région Bretagne, est depuis cet Havre de 2002 à 2007, puis est
été le nouveau DGA chargé de la culture, du devenu son DGS de 2007 à 2013,
sport, de la santé et de la jeunesse de la ville de Nanterre avant de prendre la direction
Nanterre. Il est également chargé du suivi de générale de la CA Havraise de 2013
Moissy-Cramayel
l’intercommunalité. à 2014.
Savigny-le-Temple nicolas.pernot@grandest.fr
Rennes

Blois

Châteauroux

Saône-et-Loire
Annemasse
Alain Farine
Administrateur territorial
accède à la fonction
de DGS de la communauté
François Saint-Etienne d’agglomération d’Annemasse.
Mengin-Lecreulx Il était depuis 2012 DGS
Administrateur civil, est le
Nadège Baptista
de l’agglomération de Blois.
nouveau directeur général Administratrice territoriale
alain.farine@annemasse-agglo.fr
des services de la ville de hors classe est la nouvelle
DGS de la ville et
© ChBruchet

Pau et de sa communauté
d’agglomération. Il était de la métropole de
DGS du département de Saint-Étienne. Elle quitte
Saône-et-Loire depuis 2015 ainsi le poste de DGS qu’elle
après avoir été de 2011 occupait depuis 2014 à
à 2013 DGS au conseil la ville et à la communauté
régional de Guyane, et
Pau d’agglomération
adjoint au DGS de la région de Châteauroux.
nadege.baptista@
Alsace de 2013 à 2015.
saint-etienne-metropole.fr
f.mengin-lecreulx@agglo-pau.FR

Faites-le savoir !
Adressez-nous un mail avec vos coordonnées et la description
de vos nouvelles fonctions à : mobilite-emploi@territorial.fr
86 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

Le SIDEVAM 976, syndicat
chargé de la collecte et
du traitement des déchets
ménagers à Mayotte recrute
son responsable de la
commande publique, des affaires
juridiques et des assurances h / f
Cadre d’emplois : Attachés territoriaux
Grade : Attaché territorial.
Recrutement : statutaire - à défaut contractuel
COLLABORATEUR (TRICE) DIRECTE DE LA DIRECTRICE
ADMINISTRATIVE ET FINANCIÈRE DU SYNDICAT, VOUS SEREZ
GARANT DU RESPECT DES DISPOSITIONS LÉGALES
RÈGLEMENTAIRES ET VOUS ASSUREREZ LES MISSIONS
SUIVANTES :
Sur la commande publique : • Conseil dans le choix et le
contrôle des procédures des marchés publics,
• Rédaction des dossiers de consultation des entreprises et des
courriers liés aux procédures, • Animer les commissions
Sur les affaires juridiques : • Suivi de l’évolution de la
règlementation et de son application dans la collectivité, • Apporter
un conseil et une expertise juridique aux services dans leurs actes
et activités, • Garantir le fonctionnement juridique des assemblées,
• Gérer les contentieux •
Sur les contrats et assurances : • Gérer les contrats : suivi
des contrats et de leur renouvellement, • Gérer les assurances de la
collectivité
DESCRIPTION DU CANDIDAT : • Le (la) candidat(e) devra : • Avoir
une bonne connaissance du fonctionnement des collectivités,
• Maîtriser la réglementation des marchés publics, • Être en
capacité d’analyse et de synthèse, • Avoir une bonne aptitude
rédactionnelle et relationnelle.
CONDITIONS DE TRAVAIL :
Prise de poste : à pourvoir le 1er novembre 2018
Lieu de travail : au siège du SIDEVAM 976 - Dzoumogné
(commune de Bandraboua)
Durée hebdomadaire : 35 h 00
Traitement : basé sur la grille indiciaire des attachés territoriaux
+ régime indemnitaire + indexation à 40% (pour les statutaires)
Autres avantages : participation de l’employeur sur les
mutuelles.
Candidatures : Les candidatures (lettre de motivation et CV)
devront être adressées avant le 30 septembre 2018 à : Monsieur le
Président du SIDEVAM 976, rue de l’école primaire -
97650 Dzoumogné ou par mail à l’adresse suivante :
anziza.boura@sidevam976.fr (la DRH) - copie :
thaoumine.maoulida@sidevam976.fr (la DAF).
Pour tous renseignements complémentaires, merci de
contacter Mme Thaoumine MAOULIDA : adresse mail : thaoumine.
426905-DJ
Besoin
de se former ?
04 76 65 61 00
formations.lagazettedescommunes.com
La Lettre du Cadre • août-septembre 2018
PaLdC520.indd 87
OFFRES D’EMPLOI
Communauté de Communes interrégionale, de 38.213 habitants,
sise sur le littoral entre la Normandie et les Hauts de France
(Aux abords d’Eu, Le Tréport, Mers-les Bains, Gamaches)
située à moins de 2h de Paris, 1H de Rouen et d’Amiens
Cadre de vie agréable (présence de communes stations
classées de tourisme, patrimoine historique, proximité de la mer,
de rivières, d’étangs, de forêts et de chemins de randonnées).
Recrute
Directeur des affaires juridiques
et des ressources humaines h/f
Cadre d’emploi : Attaché ou rédacteur expérimenté
Fonctionnaire ou contractuel de droit public
Diplômé de l’enseignement supérieur, vous disposez d’au moins 3 ans d’expérience au sein d’une collectivité territoriale en
tant que responsable des affaires juridiques, Directeur Administratif et Financier, ou Directeur des Ressources Humaines.
Manager dynamique et créatif, vous aimez travailler en équipe et accorder une grande attention à l’individualité et à la
communication. Dynamique et enthousiaste tout en étant structuré, vous souhaitez vous investir au sein d’une structure
porteuse de projets ambitieux ? Rejoignez-nous !
En lien directe avec la DGS, vous êtes en responsabilité du contrôle de l’intégralité des actes juridiques de l’établissement
(contrat, convention, expertise juridique, actes).
Vous prenez la responsabilité du suivi des assemblées et des ressources humaines (RH) de l’établissement.
En collaboration avec les agents ayant à connaître de ces sujets (2), vous garantissez la qualité juridique des actes de la
collectivité, le suivi des indicateurs RH et ½nanciers et organisez une veille juridique et sociale des évolutions législatives
et réglementaires.
Vous aurez, en toute autonomie, la responsabilité de mettre en place au sein de la collectivité les instances de représentation
du personnel (CT, CHSCT). Le service juridique fait aujourd’hui partie des compétences transversales à restructurer, raison
qui motive également ce recrutement.
Missions principales : • Assurer le suivi juridique des actes de l’établissement : droit des contrats, mise en place des
conventions, contrôle juridique des actes, veille juridique sur les sujets d’actualité • Dé½nir et mettre en œuvre la politique
des ressources humaines en fonction des orientations politiques • Piloter et contrôler la masse salariale, concevoir et
mettre en place des outils de pilotage RH et d’aide à la décision • Dé½nir et piloter le recrutement et les mobilités
• Mettre en place la gestion prévisionnelle des effectifs et des compétences • Gérer et organiser la formation professionnelle
• Suivre, organiser et participer aux instances paritaires (CT/CHSCT) et aux élections professionnelles • Piloter la gestion
administrative et ½nancière du service • Piloter l’activité RH en vue d’anticiper la gestion intégrée de la carrière et de la
paie des agents • Rédaction des délibérations, conventions, rapports, bilans sociaux, courriers, arrêté… • Suivi des actes des
assemblées (délibération, compte rendu...).
Savoirs : • Capacité d’initiative, force de proposition et esprit de synthèse • Sens de l’organisation et gestion des priorités
424026-AG
• Rigueur juridique • Connaissance du cadre réglementaire des instances représentatives • Maîtrise parfaite du statut de
la fonction publique • Expérience souhaitée sur un poste similaire • Forte capacité managériale • Orthographe ½able et
capacité d’expression écrite accrue.
Proßl : • Niveau de diplôme requis : minimum BAC+4 • Domaine du diplôme requis : Droit, Sciences politiques, Sciences
humaines, écoles supérieures • Horaires réguliers, sauf impératifs liés aux nécessités de service. (Réunions possible après 18h).
Poste à Temps complet, recrutement dès que possible.
Salaire à négocier selon le pro½l et dans le respect des grilles indiciaires de la fonction publique territoriale.
Avantages de la collectivité :Tickets restaurant, CNAS, participation mutuelle et prévoyance.
Merci d’adresser votre candidature (lettre de motivation, copie des diplômes, et CV)
avant le 21 septembre 2018 à : Communauté de communes des Villes Soeurs
A l’attention de Catherine Fermaut - DGS, 12 avenue Jacques Anquetil - 76260 Eu
Contact : cfermaut@villes-soeurs.fr
LES FORMATIONS
87
31/08/2018 10:53
 OFFRES D’EMPLOI

SAINT-LÔ AGGLO - L’Agglo, qui comprend la ville chef-lieu du département de

la Manche, est un territoire qui compte 63 communes et près de 80 000 habitants.
La Communauté de Communes
La communauté d’agglomération bénéficie d’une situation de choix entre les Plages Marches
du Débarquement et le Mont-Saint-Michel, cadre privilégié où la nature est généreuse du Velay Rochebaron
pour la pratique de nombreuses activités de loisirs.
Entre Rennes et Caen et au cœur du département de la Manche, cette situation 31.000 habitants – 14 communes
stratégique permet la venue de nouvelles entreprises. L’Agglo compte déjà sur son Recrute
territoire des acteurs leaders dans les domaines agroalimentaire, logistique et industriel.

RECRUTE
SA DIRECTRICE (SON DIRECTEUR) GÉNÉRAL(E) DES SERVICES h/f Un Responsable
Saint-Lô Agglo est aujourd’hui dans une démarche active de construction de son avenir pour répondre aux enjeux de développement
territorial et accroître son attractivité. Ses compétences sont étendues.
Ressources Humaines &
Dans ce contexte, la directrice (le directeur) général(e) des services contribuera à la définition, l’élaboration et la mise en œuvre du projet
de développement durable du territoire résolument orienté sur l’innovation, la création d’un environnement propice au développement
Finances h/f
économique et à l’emploi, le maillage des services en termes d’équipements, d’habitat avec pour objectif d’offrir une qualité de vie à ses Attaché territorial (titulaire ou contractuel)
habitants et une qualité d’implantation aux acteurs économiques.
Elle (il) pilotera l’organisation territoriale et dirigera les services en poursuivant les actions visant à leur modernisation et à l’amélioration Missions : Sous l’autorité du DGS :
de leur performance.
Ressources Humaines : • Encadrer et organiser le service
SES ACTIVITÉS PRINCIPALES : t
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• Garantir le respect de la règlementation
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juridique en matière de paie, retraite, carrière,
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absentéisme • Assurer la fiabilité juridique des actes
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BQQSÏDJBOU
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administratifs, des procédures et le respect des délais
risques juridiques et financiers et en s’assurant des conditions de faisabilité des objectifs politiques en relation avec les acteurs du • Participer aux projets en lien avec une problématique RH et
UFSSJUPJSF
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ÏWBMVBUJPO
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Elle (il) s’assure de leur être force de propositions.
conduite dans une approche transversale (en mode projet) en veillant au respect des plannings.
Finances - Marchés publics : • Gestion financière
SON PROFIL : t
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&YQÏSJFODF
EBOT
VO

poste similaire ou expérience acquise dans plusieurs des domaines de compétences de Saint-Lô Agglo.
et budgétaire (15 budgets) : analyses rétrospectives,
prospectives et fiscales, préparation budgétaire,
LES CONDITIONS D’EXERCICE :
accompagnement des services dans le suivi et
Emploi fonctionnel - Gestion du temps arythmique : horaires irréguliers, avec amplitude variable en fonction des obligations de contrôle de l’exécution de leurs budgets, reporting
service public, pics d’activité liés aux échéances de la collectivité.
• Gestion de dette, trésorerie, programmation des
Rémunération statutaire - régime indemnitaire - prime de responsabilité - investissements • Identifier les dispositifs de financements
Avantages sociaux : adhésion au CDAS - participation aux risques santé et prévoyance - titres restaurant mobilisables pour la réalisation des projets.
POSTE À POURVOIR À PARTIR DU 1ER DÉCEMBRE 2018. Profil : • Bac + 5 Management des collectivités locales /

427923-JH
Merci d’adresser votre candidature manuscrite accompagnée d’un curriculum vitae à Monsieur le Président de SAINT-LÔ Finances / RH • Organisé, rigoureux, méthodique • Aptitudes
AGGLO uniquement par courriel à l’adresse suivante : recrutement.dgs@saint-lo-agglo.fr pour le 28/09/2018 au plus tard. relationnelles • Respect du secret professionnel • Capacités
Renseignements sur le poste : Mr Gilles Quinquenel, Président de Saint-Lô Agglo - Mme Dany Lecerf, Directrice Générale d’analyse, de conduite de projets et de négociation • Capacité
EFT
4FSWJDFT
EF
4BJOU-Ù
"HHMP

5ÏM

 à travailler en transversalité et à être force de proposition
• Excellentes connaissances RH • Maîtrise des règles de
comptabilité publique • Connaissance des marchés publics
et des différents modes de gestion.
Rémunération : • statutaire • régime indemnitaire
• ticket restaurant • CNAS
Contact : P. ROMEAS – DGS - 04 71 61 74 34
promeas@marchesduvelayrochebaron.fr
Lettre de motivation et CV à adresser

427173-DJ
avant le 1er octobre 2018 à :
12 COMMUNES QCAVALAIRE-SUR-MER QCOGOLIN QGASSIN QGRIMAUD QLA CROIX-VALMER QLA GARDE-FREINET
Monsieur le Président – Communauté de Communes
QLA MOLE QLE PLAN-DE-LA-TOUR QRAMATUELLE QRAYOL-CANADEL-SUR-MER QSAINT TROPEZ QSAINTE-MAXIME Marches du Velay Rochebaron – ZA La Borie – 43120
Monistrol-sur-Loire
La Communauté de Communes du Golfe de Saint Tropez avec ses 56 550 habitants permanents et une population touristique d'environ 1.6 millions par an,
est composée de 12 communes. Cet EPCI .dont le budget s'établit à 113 millions d'euros, emploie environ 180 agents permanents et se mobilise autour des
défis des réformes territoriales récentes et de la maitrise financière et budgétaire des actions. La Communauté de Communes est engagée dans la mise en
œuvre de ses récentes compétences (tourisme, économie, eau, enseignement de la musique et de la danse) et l'adaptation de son organisation ainsi qu'un
projet de construction d'un hôtel communautaire. Elle intègre dans ses réflexions en cours le travail de préparation de la prise de compétence dans le domaine
L’INFORMATION AU QUOTIDIEN
de l'assainissement et l'érosion. Dans ce cadre la Communauté de Communes recrute par voie statutaire
SUR UN TON DIFFÉRENT !
UN DIRECTEUR GÉNÉRAL DES SERVICES (h/f) Administrateur territorial
Sous l'autorité du Président, le Directeur Général contribue à la définition des orientations de la collectivité et pilote la mise en œuvre de la politique publique Un outil prati
pratique
tique et str
stratégique
t até
tégique
i qui balaye
de l'EPCI. Il dirige et coordonne l'ensemble des services de la collectivité avec les moyens financiers, humains et matériels en cohérence avec les orientations l’ensemble des questions managériales et décrypte
préalablement définies. l’actualité sur un ton impertinent, engagé et incisif.
MISSIONS : QAssister le Président et les élus pour la définition des orientations stratégiques du territoire et participer activement à la définition globale du
projet de territoire QAccompagner les élus dans la préparation de nouvelles compétences (assainissement, érosion….) QMettre en œuvre les politiques Votre mensuel au formats
publiques définies par le Conseil Communautaire et adapter les ressources disponibles aux projets de la collectivité Q Coordonner et piloter l'équipe
d'encadrement et manager les services QPiloter le dialogue social QPréparer et suivre l'exécution du Conseil communautaire et les différentes commissions papier et numérique pour
QAssurer une veille réglementaire afin de sécuriser les actes juridiques de la communauté de Communes. approfondir votre expertise

+
PROFIL : Q Ce poste stratégique avec obligation de résultat s'adresse à un Administrateur territorial expérimenté disposant d'une expérience confirmée
de directeur général des services, d'une Communauté d'Agglomération ou d'une Communauté de Communes QDe formation supérieure, le candidat doit
posséder de solides connaissances du contexte territorial, du statut de la FPT, des finances et droit public ainsi que de la réglementation afférente aux
collectivités locales Q Doté de capacités en management et d'excellentes qualités relationnelles, le candidat maîtrise la méthodologie de projet et saura
favoriser la performance des services en développant la transversalité et le travail collaboratif QFort d'un esprit de synthèse et d'un sens politique avéré, le
candidat est disponible et motivé par la réussite des défis de la CCGST.
427433-JH

RÉMUNÉRATION : QStatutaire + régime indemnitaire suivant expérience et qualifications + prestations sociales COS + titres restaurant. Les services en lignes inclus :
Véhicule de fonction + frais de représentation.
contenus réservés à fortes
co
valeurs ajoutée,
POSTE À POURVOIR AU 1ER JANVIER 2019.
ne
newsletter hebdomadaire
Adressez votre candidature (lettre de motivation, CV, dernière situation administrative) sous pli personnel et confidentiel avec la mention et alertes mails
Directeur de cabinet, à l'attention de : Monsieur le Président avant le 28/09/2018 à CC Golfe de Saint Tropez, 2 rue Blaise Pascal, 83310 Cogolin

88 La Lettre du Cadre • août-septembre 2018

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 OFFRES D’EMPLOI

Une mission qui vous motive ?

Le groupe Infopro Digital
recherche, au sein de son équipe
Employment Resources

un/une Directeur/trice Grands Comptes

pour développer son action au service du secteur public
Poste en CDI basé à ANTONY (Hauts-de-Seine)
Notre équipe propose des services aux Directions des Ressources Humaines qui s’appuient sur les expertises sectorielles du groupe, sur des marques media
de référence, connues et reconnues (La Gazette des communes, Le Moniteur, L’Usine Nouvelle, LSA, L’Argus de l’assurance, …), sur leurs audiences internet
(10 millions de VU) et sur les bases de données du groupe (1,6 millions de contacts). En s’appuyant sur une offre historique de communication RH (annonces
média (Gazette emploi, Le Moniteur emploi…), job boards (emploipublic.fr…), salons, évènements) nous développons une offre de communication de marque

427632-MB
Employeur innovante, des solutions digitales à fort potentiel de croissance, et cherchons en continu à adapter ou à repenser les moyens que nous proposons
aux organisations pour répondre à leurs enjeux RH de demain. Nous recherchons un/une directeur/trice de clientèle autonome et énergique pour rejoindre notre
équipe (45 personnes) … alors, si vous aimez décoder des environnements complexes, si votre écoute et votre curiosité vous rendent stratège, si vous avez
le sens du service avant tout parce que vous aimez convaincre et gagner, si les relations humaines comptent pour vous, si la transformation numérique
vous fascine, toute l’équipe vous attend, contactez-nous vite.

Contact : Bertrand Flipo

bertrand.flipo@infopro-digital.com - Tél 06 69 61 79 85
427197-JH

La Communauté de communes de Nozay

Loire-Atlantique (44) - 15 604 hab - à 25’ de Nantes et 35’ de Rennes
Composée de 70 agents. Elle se structure autour de quatre pôles : le pôle
Services à la personne, pôle Technique, le pôle Animation territoriale et le pôle
Ressources. Elle dispose d’un budget de fonctionnement de 5,4 millions d’euros
et de 6,4 millions en investissement.
Commune nouvelle
de 6000 habitants, Recrute dès que possible
créée en 2016
(regroupant
Responsable du Pôle Ressources / Directeur des financess h/f
de 14 communes). Catégorie A (Attaché ou attaché Ppal) - Fonctionnaire ou contractuel de droit public
Temps complet : 35 h / sem
recrute par voie statutaire uniquement Sous l’autorité directe de la Directrice générale des services, vous serez chargé d’assurer la responsabilité du Pôle ressources et la
Direction des finances.

Son DGS (H/F) Misions :

Attachés territoriaux- catégorie A
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projets communaux et assurez le pilotage
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de proposition pour accompagner et piloter
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construirez sera le moteur de votre action.
Poste à pourvoir dès que possible
sur un emploi fonctionnel de DGS.
La responsabilité du Pôle ressources :
• Coordonner et encadrer l’équipe du Pôle composée de 7 agents relevant des services Commande publique, Ressources humaines,
Finances, Accueil, Communication et Informatique • Coordonner l’ensemble des actions menées par les différentes unités composant le
pôle • Fixer les objectifs, accompagner et évaluer les agents de ces services • Harmoniser les méthodes de travail entre services • Etre
garant de la diffusion de l’information.
La Direction des finances :
• Participer à la définition des orientations financières et stratégiques de la collectivité et à leur mise en œuvre • Élaborer le budget
principal et les budgets annexes • Mettre en oeuvre le budget pour l’ensemble des services • Assurer le suivi des politiques contractuelles
avec la Région et le Département • Assurer les opérations comptables spécifiques : inventaire - TVA/FCTVA - opérations de travaux
structurantes - régies • Assurer la gestion de la dette et de la trésorerie • Contrôler l’application de la règlementation budgétaire et
comptable • Mettre en place et assurer la démarche de contrôle de gestion de la collectivité • Poursuivre le processus de dématérialisation
en lien avec la trésorerie • Manager l’agent comptable relevant du service.
Profil : • Expérience confirmée sur un poste équivalent fortement souhaitée • Formation Bac +4/5 • Connaissance du fonctionnement
des établissements publics de Coopération intercommunale et de leurs liens financiers avec les communes membres • Maîtrise des
3ÏNVOÏSBUJPO
TUBUVUBJSF

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7ÏIJDVMF

de service / téléphone portable / PC portable
+ CNAS.
Pour le détail des missions et l’envoi des
candidatures merci de vous adresser au
pôle des ressources humaines : par courriel
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ou par courrier à :
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La Lettre du Cadre • août-septembre 2018
PaLdC520.indd 89
différentes normes et des techniques d’élaboration budgétaires, les règles de gestion comptable et financière, la réglementation de la
trésorerie et de la dette • Maîtrise des règles de l’achat public • Maîtrise des techniques d’analyse financière • Maîtrise du fonctionnement
des marchés financiers • Autonomie, souplesse et disponibilité (obligations liées au calendrier budgétaire, et présence occasionnelle en
soirées) • Maîtrise des outils informatiques et bureautiques, ainsi que du fonctionnement de certains logiciels : Magnus...
Rémunération : statutaire + régime indemnitaire + prime de fin d’année + CNAS
Candidature motivée, accompagnée d’un CV à adresser avant le 14 septembre 2018 à : Madame la Présidente
Communauté de Communes de Nozay - 9 rue de l’église - BP 27 - 44170 NOZAY
Tél. : 02 40 79 51 51 - mail : gaelle.robert@cc-nozay.fr
Entretiens prévus : le 17 septembre 2018
427785-CHM
89
30/08/2018 15:42
 OFFRES D’EMPLOI

• Val de Marne • 55 000 habitants

• 3 stations de métro, ligne 8
• 2 stations de RER D
• recrute un attaché titulaire

DIRECTEUR DES RESSOURCES

HUMAINES (h/f)
Votre rôle va être d’affirmer la place et la fonction
stratégique du service RH dans la mise en œuvre du
service public. Pour ce faire, vous assurerez les missions
suivantes :
- Définir une politique des ressources humaines, l’ani-
mer et participer à des diagnostics RH.
- Concevoir, proposer et piloter les projets de déve-
loppement des ressources humaines.
- Assurer la gestion des emplois, maîtriser la masse
salariale et développer les compétences managériales.
- Assurer la gestion administrative et statutaire du
personnel + missions spécifiques telles que l’élabora-
tion du bilan social, le suivi des instances paritaires,
la gestion du droit syndical et des relations avec les
représentants du personnel, l’organisation des élec-
tions professionnelles…
- Apporter une expertise juridique et prévenir les risques
contentieux en matière de gestion du personnel.
- Moderniser le dispositif de formation afin de déve-
lopper les compétences et d’accompagner les agents
dans leur professionnalisation (mettre en œuvre le
plan de formation, s’inscrire dans l’anticipation et la
prévention, favoriser le maintien dans l’emploi).
- Contribuer à l’amélioration des conditions et d’orga-
nisation du travail (améliorer la santé au travail et
prévenir les risques psychosociaux).
- Développer, organiser et améliorer l’information et la
communication interne.
- Être force de proposition sur les projets de moderni-
sation de gestion de personnel.
- Manager le service (2 responsables et 10 gestionnaires).
Vous maîtrisez l’environnement institutionnel des
collectivités territoriales, le cadre réglementaire des
ressources humaines et connaissez le statut de la FPT.
Force de proposition, doté de forte capacité managé-
riale et d’initiative, vous faites preuve de qualités
relationnelles et rédactionnelles. Disponibilité, réacti-
vité et adaptabilité au changement sont attendues.
Poste à temps complet.
Rémunération statutaire + régime indemnitaire, 13e mois
et prime de vacances.
Merci d’adresser votre lettre de motivation et CV, par
courriel : recrutement.ville@maisons-alfort.fr ou à
M. le Maire, Hôtel de Ville, 118 av. du Général de Gaulle,
94706 Maisons-Alfort cedex
Syndicat mixte de 283 communes et EPCI
Recrute, par voie statutaire ou contractuelle
Son Responsable
Administration Générale et
Ressources Humaines (H/F)
temps complet
Cadre d’emplois des rédacteurs territoriaux
Missions :
(fiche détaillée du poste consultable sur www.energie28.fr)
• Administration générale : Préparation,
organisation, gestion et suivi des instances
délibérantes (comité, bureau) : délibérations,
arrêtés, conventions …
• Ressources humaines : gestion de la carrière des
agents, organisation et suivi de la formation.
Profil : • Expérience dans un poste similaire
appréciée • Connaissance du statut de la FPT et
de l’environnement institutionnel des collectivités
• Polyvalence et autonomie.
Adresser lettre de motivation manuscrite et CV

426545-DJ
avant le 15/09/2018 à :
Monsieur le Président d’ENERGIE Eure-et-Loir
65 Rue du Maréchal Leclerc - 28110 LUCÉ

et organisent La semaine du concours

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D’ATTACHÉ TERRITORIAL EN FRANCE
externe, interne et 3ème concours - spécialité administration générale ou sanitaire et social

Comment ça marche ?
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24 septembre et le 1er octobre.

> Recevez du 25 au 31 octobre

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des participants

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Contactez Gloria au 01 79 06 76 68
du lundi au vendredi de 9h à 17h

90 La Lettre du Cadre • août-septembre 2018

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 OFFRES D’EMPLOI

LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS EN ACTION

RECRUTE !

Pôle ressources
- Chargé de mission auprès du DGS - Direction Générale des Services
- Chargé de communication web/multimédia - Direction de la Communication
- Chargé de mission innovation et numérique - Délégation Générale à la Coopération Territo-
riale et à l’Innovation
- Juriste chargé du conseil juridique et des instances - Direction des Affaires Juridiques
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- Responsable Logistique, Informatique et Services généraux - Direction Générale des Services
- Gestionnaire comptable - Direction des Finances
- Gestionnaire RH - Direction des Ressources Humaines
Pôle projet
- Chargé de mission aménagement opérationnel - Direction de l’Aménagement
- Chargé de mission « Centres villes vivants » - Direction du développement économique
- Chargé de mission « Logistique métropolitaine » - Direction du développement économique
- Chargé de mission « Économie circulaire » - Direction du développement économique
- Chargé de mission « Développement et attractivité » - Direction du développement économique
- Chargé de mission « Conseil de développement économique » - Direction du développement
économique
- Chargé de mission « Habitat - Logement » - Direction de l’Habitat
- Chargé de mission « GEMAPI - milieux aquatiques » - Direction de l’Environnement
- Chargé de mission « GEMAPI » - Direction de l’Environnement
- Chargé de mission « GEMAPI » - Direction de l’Environnement
- Chargé de mission « Energie » - Direction de l’Environnement
- Chargé de mission « Qualité de l’air » - Direction de l’Environnement
- Chargé de mission « Lutte contre les nuisances sonores » - Direction de l’Environnement

Equipe projet « Plaine Saulnier - Paris 2024 »

Dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, la Métropole du
Grand Paris est maître d’ouvrage du Centre Aquatique Olympique (CAO) et du
franchissement piéton qui le reliera au Stade de France. Elle pilote également
le projet d’aménagement de la ZAC Plaine Saulnier. Rejoignez son équipe projet :
- Directeur du Projet « Plaine Saulnier - Paris 2024 » - Direction de l’Aménagement
- Chef de projet « Construction du CAO Paris 2024 » - Direction de l’Aménagement
- Chef de projet « Économiste du CAO Paris 2024 » - Direction de l’Aménagement
- Chef de projet « Aménagement de la Plaine Saulnier » - Direction de l’Aménagement

Rejoignez-nous !
Le descriptif des postes est disponible sur notre site : metropolegrandparis.fr
Veuillez adresser votre candidature (CV et lettre de motivation) en précisant
l’intitulé et la référence du poste à : recrutement@metropolegrandparis.fr

La Lettre du Cadre • août-septembre 2018 91

PaLdC520.indd 91 30/08/2018 15:42

 OFFRES D’EMPLOI

La Communauté de communes Haute Tarentaise

(8 communes : Les Chapelles, Bourg-Saint-Maurice /
les Arcs, Séez, Montvalezan, Sainte-Foy-Tarentaise,
Villaroger, Tignes et Val d’Isère, 17 000 Habitants)

Un Responsable Financier et marchés publics h/f La Communauté de

Cadre d’emplois : Rédacteur - Rédacteur principal Communes du Haut-Chablais 74430 LE BIOT
de 2ème ou de 1ère classe - Attachés Territoriaux 15 communes - 12 500 habitants
70 000 lits touristiques, recrute
Sous l’autorité du Président, de la DGS et au sein d’une équipe de 2 agents, ce poste consiste à participer à la définition
et à la mise en œuvre de la stratégie budgétaire et financière de la collectivité ainsi que gérer administrativement et par voie statutaire ou contractuelle
financièrement des marchés publics en liaison avec les services concernés.
Missions principales du poste : Domaine des Finances : - Préparation, élaboration et suivi des budgets (principal
Un Acheteur public h/f
et budgets annexes) - Prospectives financières et contrôle de gestion, - Rédaction des délibérations à caractère financier, Agent en charge de la commande publique
- Préparation des commissions finances, - Rédaction de notes financières et rapport d’activités, - Recherche de Cadre d'emploi : rédacteur
financements et de subventions - Calcul de prix de revient des prestations de la collectivité, - Elaboration des (ou à défaut adjoint administratif)
tableaux de bord à caractère financier, - Rédaction des conventions financières et prestations de services, - Mise au MISSIONS : • Analyser les besoins et conseiller les élus et les
point d’outils permettant les bilans financiers et la planification budgétaire, - Gestion de la dette et de la trésorerie, ser vices quant aux choix des procédures à mener
analyse des projets de contrat de prêt, - Préparation et gestion comptable des compétences transférées : GEMAPI, eau • Concevoir les dossiers de consultation • Assurer la gestion
assainissement, promotion touristique, - Gestion et contrôle des subventions versées aux associations - Gestion des administrative et juridique de l'ensemble des procédures
contrats de prestations de service (téléphonie et informatique) - L’agent supervise le travail de l’assistante de gestion. • Réaliser le suivi administratif et ½nancier des marchés publics en lien
Commande publique : - Gestion et modernisation des procédures internes (établissement d’un guide de la commande avec les services • Assurer une veille juridique sur les procédures
publique), - Superviser la gestion administrative, juridique des marchés publics et leur contrôle financier, - Conseil d'achat public • Gérer les contrats d'assurance, les contrats de
aux services sur les commandes en fonction de leur nature et des seuils. - Négociation avec les fournisseurs. téléphonie / Internet, etc..
Exigences requises : - Technicité (minimum bac+2) avec une orientation confirmée en finances et marchés PROFIL : • Bonne connaissance des procédures liées à la
publics, - Expérience confirmée dans la gestion financière d’une collectivité territoriale, - Rigueur et réactivité, commande publique • Expérience sur un poste similaire souhaité.
discrétion professionnelle, - Sens de l’initiative, d’organisation et du travail en équipe, - Maîtrise des outils bureautique Rémunération : statutaire + RIFSEEP + CNAS.
et du logiciel comptable (E-magnus), de la plateforme des marchés publics AWS.

427918-DJ
Poste à temps complet
Rémunération : - Indiciaire, régime indemnitaire, CNAS, participation de l’employeur à la mutuelle labellisée. à pourvoir dès que possible
Temps complet : 35 heures hebdomadaires. Retrouvez cette annonce détaillée sur notre site internet :
www.cc-hautchablais.fr
POSTE À POURVOIR LE 1ER OCTOBRE 2018
Candidatures à adresser avant le 30 septembre 2018 :
Renseignements auprès de Florence BELTREMIEUX, Directrice générale des services - Tél : 04.79.41.08.36
• par mail à : direction@hautchablais.fr
f.beltremieux@hautetarentaise.fr • ou par courrier à : CCHC - 18, Route de l'Eglise - 74430 LE BIOT
Adresser lettre de motivation et CV avant le 15 septembre 2018 : A l’attention de Monsieur le Président Renseignements :
Communauté de Communes de Haute Tarentaise - 8 Rue Saint Pierre - 73700 SEEZ - Tél : 04.79.41.01.63. - Fax : 04.79.41.06.77 Tél : 04 50 72 14 54 - Mail : ¼nances@hautchablais.fr
Email : rh@hautetarentaise.fr 426835-JH

La Communauté d'Agglomération

+)
DU BASSIN D'ARCACHON SUD recrute
Un(e) Responsable
de la Commande Publique h/f LA VILLE DE FRENEUSE
Catégorie A / filière administrative - Fonction publique territoriale (Yvelines), 4 486 habitants
recrute par voie statutaire ou à défaut contractuelle
Contexte / opportunité : de légalité, ainsi qu'aux services et préparer leur archivage
Au sein de la Direction des Affaires Juridiques et de la • Gérer les ordres de services et les avenants • Gérer les SON DIRECTEUR GÉNÉRAL
Commande Publique, le responsable conçoit les contrats
publics (marchés publics, concession), il élabore les
précontentieux et les contentieux des contrats en lien
avec le Directeur des Affaires Juridiques
DES SERVICES H/F
Cadre d’emploi des attachés territoriaux
dossiers de consultations des entreprises, conseille et Mission 3 : • Veille juridique relative aux contrats publics
contrôle les services quant aux choix des procédures, leur • Elaborer une veille périodique et sensibiliser les services, Collaborateur direct du Maire, vous assistez et conseillez les élus dans
conduite, ainsi que l'évaluation des risques juridiques. concernant l'actualité juridique des contrats publics. la mise en œuvre des orientations politiques et stratégiques. Vous
Enfin, il gère administrativement les contrats en liaison coordonnez et pilotez l’ensemble des services communaux.
avec les services concernés. Compétences et profil : MISSIONS :
t
NJTF
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MB
QPMJUJRVF
NVOJDJQBMF
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• Expérience de 5 ans minimum en collectivité ou dans un HBSBOUJTTBOU
MB
TÏDVSJUÏ
KVSJEJRVF
EFT
EÏDJTJPOT
t
EJSFDUJPO

Missions et Activités : organisme de droit public, sur un poste similaire • Niveau
Mission 1 : • Planification de la commande publique Bac +5 de formation juridique • Expertise réelle des
organisation et coordination des services (une quarantaine d’agents)
• Contrôler l'évaluation préalable des besoins, et la contrats publics ainsi que des marchés publics • Maîtrise
t
QSÏQBSFS
BTTJTUFS
FU
TVJWSF
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TÏBODFT
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NVOJDJQBM
FU
MFT

computation des seuils selon la nomenclature de la DPNNJTTJPOT
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FU
TVJWJ
EFT
NBSDIÏT
QVCMJDT
FU
EPTTJFST

des règles du Code Général des Collectivités Territoriales EF
TVCWFOUJPOT
t
&MBCPSFS
FU
DPOEVJSF
MFT
CVEHFUT
EF
MB
DPNNVOF

COBAS, en lien avec les services et en particulier le • Connaissance approfondie du cadre institutionnel des
responsable des achats • Elaborer les documents et les collectivités • Connaissance budgétaire • Maîtrise des
et contrôler la bonne gestion des ressources financières, humaines
outils de cadrage et de pilotage de la commande FU
NBUÏSJFMMFT
t
1JMPUFS
FU
TVJWSF
MFT
QSPKFUT
DPNNVOBVY
BTTVSFS

règles de dématérialisation des actes • Bonne maitrise des MJOUFSGBDF
BWFD
MFOTFNCMF
EFT
QBSUFOBJSFT
t
.JTF
FO
”VWSF
FU
TVJWJ

publique en lien avec le Directeur des Affaires Juridiques outils informatiques (progiciel de rédaction des marchés,
• Animer la planification et la programmation de la portail de dématérialisation des marchés), du Pack Office.
EFT
QSPKFUT
EVSCBOJTNF
t
(BSBOU
EFT
EPTTJFST
TUSBUÏHJRVFT
EF
MB

commande publique collectivité.
Une connaissance du logiciel MARCO serait appréciée.
Mission 2 : • Gestion administrative et juridique des PROFIL : t
EF
GPSNBUJPO
TVQÏSJFVSF
WPVT
NBÔUSJTF[
MFOWJSPOOFNFOU

procédures liées à une opération • Elaborer le DCE en Candidature : juridique, financier, statutaire, économique et social des collectivités
collaboration avec le(s) service(s) concerné(s) • Gérer la Le poste est ouvert aux titulaires de la fonction publique UFSSJUPSJBMFT
t
RVBMJUÏT
SFMBUJPOOFMMFT
FU
SÏEBDUJPOOFMMFT
t
BQUJUVEFT
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publicité, le portail acheteur, et les plis remis • Contrôler territoriale et aux contractuels de catégorie A confirmé. NBOBHFS
MFT
ÏRVJQFT
FU
QJMPUFS
MFT
QSPKFUT
t
EJTQPOJCJMJUÏ
l'analyse des offres en collaboration avec le service
concerné • Participer aux négociations • Préparer les Rémunération : CONDITIONS : t
QPTTJCJMJUÏ
EFNQMPJ
GPODUJPOOFM
t
SÏNVOÏSBUJPO

délibérations du Conseil • Informer les candidats non Statutaire indiciaire et régime indemnitaire, participation TUBUVUBJSF
t
SÏHJNF
JOEFNOJUBJSF
t
ème
NPJT
t
WÏIJDVMF
EF
GPODUJPO
retenus • Assurer la notification des mutuelle prévoyance et association du personnel, tickets POSTE A POURVOIR AU 1ER SEPTEMBRE 2018
ccontrats, leur transmission au contrôle restaurants. (possible au 1er/08/2018)
Candidature (lettre de motivation, CV avec
Lettre de Candidature et CV avec photo à adresser 13 septembre 2018 à 17 H 00 : photo) à adresser par mail à l’adresse suivante :
Madame le Président de la COBAS - 2 allée d'Espagne - BP 147 - 33311 ARCACHON CEDEX dgs@freneuse78.fr ou par courrier à : Monsieur le Maire,
Ou par mail : mmarchisyn@agglo-cobas.fr 
SVF
$IBSMFT
EF
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427550-DJ

92 La Lettre du Cadre • août-septembre 2018

PaLdC520.indd 92 30/08/2018 15:42

 OFFRES D’EMPLOI

La Communauté de
communes Terres de Perche Ville de
24 communes, 15 500
habitants, 30 agents et la Ville Pont de Chéruy
de La Loupe 3 500 h/50 agents
(Isère - 5 674 habitants)
recrutent

Un Directeur financier Recrute, par voie statutaire ou contractuelle

Responsable de la
gestion comptable (h/f) Son DIRECTEUR GENERAL DES SERVICES h/f
Poste mutualisé Grade : Emploi de catégorie A
Attaché ou Rédacteur (titulaire/contractuel)
Dans le cadre du départ à la retraite de l’actuel DGS, la commune recrute un nouveau DGS dès le 1er janvier 2019. Collaborateur
MISSIONS : • Participer à la définition des orientations
financières et stratégiques • Élaborer les budgets • Piloter
direct du Maire, placé directement sous son autorité et interlocuteur privilégié des membres de l’équipe municipale, vous serez
et contribuer à la mise en œuvre des opérations comptables le garant de la mise en œuvre des projets communaux et assurerez le pilotage de la fonction managériale.
• Assurer le contrôle des exécutions budgétaires et de
gestion • Réaliser des analyses financières, mettre en Missions : • Organiser les services, leurs missions et leurs fonctions • Evaluer les qualifications et compétences des agents • Proposer
œuvre des outils de suivi et de pilotage analytiques • Gérer des recrutements ou mobilités internes • Elaborer les fiches de poste • Proposer un plan pluriannuel de formation • Refondre
la dette et la trésorerie • Elaborer des rapports financiers l’organigramme.
• Analyser les évolutions (juridiques, politiques) et leurs
incidences sur la politique financière, sur les équilibres A terme, les missions principales du DGS seront : • Direction et coordination de l’ensemble des services de la Ville (environ
financiers et fiscaux des CL • Conseiller et assister les élus 120 agents) • Conseil et assistance auprès du Maire pour la définition des orientations stratégiques • Participation à la
dans le cadre des commissions • Encadrer les assistants de définition de la stratégie financière et économique, gestion du budget de la collectivité, demande et suivi des subventions,
gestion. élaboration et suivi des marchés publics • Mise en œuvre des orientations des politiques publiques définies par le Maire,
PROFIL : • Maîtrise des procédures et des règles pilotage des projets, veille juridique et observation • Elaboration de conventions ou d’actes juridiques • Préparation des
budgétaires et comptables des CL • Connaissance des conseils municipaux, comités et assemblées diverses • Communication avec les différents partenaires et instances externes
finances locales et mécanismes financiers et fiscaux entre
communes et EPCI • Maîtrise des outils informatiques
(Préfecture, Département et Communauté de communes…).
• Organisation, prise d’initiatives • Rigueur, Discrétion
Profil : • Formation supérieure juridique et/ou financière et/ou administrative généraliste • Expérience en matière de
• Expérience souhaitée.
ressources humaines • Expérience professionnelle d’au moins 10 ans • Maîtrise des procédures juridiques, administratives
RÉMUNÉRATION : Statutaire • régime indemnitaire
• CNAS • participation mutuelle
et financières, notamment en droit public, statut de la fonction publique territoriale • Aptitude à animer et diriger les équipes
et les projets • Qualités relationnelles • Savoir animer et fédérer son équipe • Capacités managériales avérées • Capacité à
Emploi permanent à temps complet à pourvoir le
négocier • Capacité d’analyse et de synthèse • Esprit d’initiative.
01/12/2018
Merci d’adresser lettre de motivation + CV au plus tard le Adresser les candidatures (CV, lettre de motivation et photo) par courrier à : Monsieur Alain TUDURI
12 septembre 2018 : CdC Terres de Perche
Hôtel de Ville - BP 80 - 38232 PONT DE CHERUY Cédex
427323-DJ

Place de l’Hôtel de Ville - 28240 La Loupe

rhfinances@terresdeperche.fr 427561-DJ

La Ville de Wattignies, 15 000 habitants, au sud de la Métropole Lilloise,

La ville de NIEPPE
427228-DJ

Nord

7 5 0 6 h a b i t a n t s , recrute
son Directeur Général
des Services h / f
Détachement sur emploi fonctionnel - Cadre
d’emplois des attachés territoriaux
Missions : Collaborateur du maire et des élus • Garant
de la sécurité juridique des actes administratifs et des
procédures • Direction et coordination des services •
Force de proposition pour définir les orientations de la
collectivité, étude de faisabilité des projets, préparation,
mise en œuvre et suivi des décisions du conseil municipal
avec participation à ses séances et aux bureaux municipaux
• Médiation avec l’environnement institutionnel,
économique et social au service des politiques publiques
• Elaboration et suivi de l’exécution budgétaire • Recherche
de financements • Collaboration avec les services de la
recherche
UN DIRECTEUR
DES RELATIONS HUMAINES H / F
Cadre d'emplois des attachés / Temps complet
Placé sous l'autorité du DGS, le DRH aura en charge l'organisation et la gestion de la Direction des Ressources Humaines de la Ville, du CCAS et du Foyer
Logement, le management et la gestion des services état civil et accueil de l'hôtel de ville.
MISSIONS : • Vous piloterez l'organisation de la direction des relations humaines (DRH et services à la population) et assurerez le management d'une
équipe de 7 personnes • mettrez en œuvre la politique municipale de gestion des ressources humaines• accompagnerez les responsables de services
et les agents • aurez en charge le pilotage de toute l'activité RH et de la masse salariale • élaborerez le budget • organiserez, préparerez et participerez
aux Comités Techniques et CHSCT • gérerez le dialogue social • mettrez en œuvre le projet de labellisation de l'accueil à l'hôtel de ville • vous exercerez
une veille juridique
ACTIVITÉS SPÉCIFIQUES LIÉES AU POSTE : • Participation au Comité de Direction • Délégation directe du Maire
COMPÉTENCES : • Maîtrise de l'environnement institutionnel des collectivités territoriales • Maîtrise du cadre réglementaire des ressources humaines
• Force de proposition
QUALITÉS REQUISES : • Forte capacité managériale • Sens du travail en équipe et en transversalité • Dynamique • Qualités relationnelles et
rédactionnelles • Disponibilité, réactivité et adaptabilité au changement • Expérience sur poste similaire exigée
428116-DJ

CCFI. RÉMUNÉRATION : statutaire + régime indemnitaire

Qualité des candidats : • Expérience similaire confirmée POSTE À POURVOIR AU 1ER NOVEMBRE 2018
• Maîtrise des procédures administratives, financières
juridiques, du statut du personnel de la FPT, des marchés CV et lettre de motivation à transmettre à : Monsieur le Maire - Hôtel de Ville - 306 rue Clémenceau - 59 139 WATTIGNIES
publics, des impératifs comptables, financiers et d’analyses
prospectives et de l’outil informatique • Capacité à prendre
en charge les dossiers stratégiques et d’y associer les
acteurs concernés • Aptitude au management en valorisant
les compétences et les responsabilités • Sens du service
public et des responsabilités • Capacité à innover, à assurer
la cohésion hiérarchique • Esprit d’analyse et de synthèse
• Qualités relationnelles et rédactionnelles • Dynamisme, Votre solution de recrutement
rigueur, disponibilité, réactivité et discrétion
Rémunération : statutaire, régime indemnitaire, prime de Pour diffuser vos offres d’emploi, contactez notre équipe dédiée :
responsabilité, prime à caractère social annuelle
Poste à pourvoir courant décembre recrutement.gazette@infopro-digital.com
2018. Lettre de candidature et CV,
avant le 21 septembre 2018 à : 01 79 06 73 33 - 01 79 06 79 87
M. le maire, hôtel de ville
249 Place du Gal-de-Gaulle
59850 - NIEPPE

La Lettre du Cadre • août-septembre 2018 93

PaLdC520.indd 93 30/08/2018 15:42

 OFFRES D’EMPLOI

426743-JH
La Ville de Figeac
La Commune de SAVIGNÉ L’ÉVÊQUE « Ville d’Art et d’Histoire »,
10 000 habitants
(4100 habitants - à 15 mns du Mans - Sarthe) recrute
(Département du Lot,
UN DIRECTEUR GÉNÉRAL DES SERVICES H/F Région Occitanie)
CADRE D’EMPLOIS DES ATTACHÉS, ATTACHÉS PRINCIPALS, DGS

MISSIONS PRINCIPALES : Collaborateur direct du Maire, vous serez chargé de mener à bien les missions suivantes dans le respect des Recrute par voie contractuelle
obligations règlementaires : • Assister et conseiller l’équipe municipale dans la définition et l’élaboration des orientations stratégiques • Assurer
la direction, l’organisation et le management des services municipaux (48 agents) • Préparer, mettre en œuvre et suivre les décisions du Conseil
Municipal • Définir une stratégie financière, élaborer et suivre les budgets de la commune • Gérer les grands projets d’aménagement et les
Un Chef de Projet
réalisations communales en lien avec les services de l’Etat, les collectivités territoriales concernées ainsi que l’ensemble des partenaires publics ou
privés.
« Action Cœur de Ville » (H/F)
CDD 3 ans - Attaché territorial - Temps complet
PROFIL : • De formation supérieure, vous maîtrisez les aspects juridiques, financiers, administratifs des collectivités locales • Vous êtes sensible
aux nouvelles technologies et autres formes de communication • Expérience dans la fonction de directeur général vivement souhaitée Figeac a été retenue parmi 222 villes moyennes au programme « Action
• Aptitude à la conduite de projets et au montage des dossiers • Aptitude à l’encadrement et au management, sens des relations humaines Cœur de Ville » mis en œuvre par l’Etat afin d’aider ces villes à résoudre
• Rigueur professionnelle et grande disponibilité. leurs dysfonctionnements et créer les conditions d’une redynamisation
durable de leur cœur d’agglomération par une approche globale et
RÉMUNÉRATION : • statutaire et régime indemnitaire, Détachement sur emploi fonctionnel 2 000 à 10 000 habitants, Adhésion au CNAS. partagée.
POSTE À POURVOIR POUR LE 15 NOVEMBRE 2018 / DATE ENVISAGÉE POUR LES ENTRETIENS : LUNDI 24 SEPTEMBRE 2018 MISSIONS : Sous l’autorité directe du Directeur Général des Services,
Site Internet : www.savigneleveque.com vous assurerez notamment les missions suivantes :
t
"TTVSFS
MF
TVJWJ
EFT
ÏUVEFT
QPSUÏFT
QBS
MB
DPMMFDUJWJUÏ
FU
TVTDFQUJCMFT

Candidature à adresser, avant le 15 septembre 2018, avec lettre de motivation manuscrite et CV détaillé, sous pli confidentiel, à :
EÐUSF
DPOUSBDUVBMJTÏFT
EBOT
MF
QSPHSBNNF
t
4VJWSF
FO
ÏUSPJUF

Monsieur le Maire, Hôtel de Ville, 112 Grande Rue, 72460 SAVIGNÉ L’EVÊQUE ou par mail à : philippe.metivier@savigneleveque.com coordination avec les services de la Communauté de Communes du
Renseignements : Monsieur Le Maire au 06 42 35 80 66 Grand-Figeac, la préparation et la mise en œuvre d’une étude
427678-DJ
QSÏPQÏSBUJPOOFMMF
Ë
VOF
01")
36
DFOUSFWJMMF
t
"DDPNQBHOFS
MFT

réflexions préparatoires à la contractualisation du programme
t
$PODFWPJS
FU
SÏEJHFS
MFOTFNCMF
EFT
QSPEVDUJPOT
ÏDSJUFT
EFTUJOÏFT
Ë

VILLE DE LEUCATE
ÐUSF
DPOUSBDUVBMJTÏFT
t
0SHBOJTFS
MF
QJMPUBHF
FU
MBOJNBUJPO
EV

programme avec notamment les partenaires du programme, Etat,
Mairie de Graçay 18310 - 1 500
Communauté de Communes, ANAH, CDC, Action Logement et EPF
habitants, 2 heures de Paris, sortie
surclassée en raison de son statut de staƟon de tourisme. Elle 0DDJUBOJF
t
"TTVSFS
MF
TVJWJ
UFDIOJRVF
PQÏSBUJPOOFM
FU
mOBODJFS
EFT

9 de l’autoroute A20, 41 commerces
gère plusieurs budgets (un PQÏSBUJPOT
TPVT
NBÔUSJTF
EPVWSBHF
EF
MB
7JMMF
PV
EF
M&1$*
t
*NQVMTFS

et artisans, 37 associations, pôle
budget principal, 4 budgets et coordonner, pour l’ensemble des maîtres d’ouvrage publics ou privés
d’équilibre départemental, 2ème
annexes (dont 1 pour le port de DPODFSOÏT
QBS
MF
QSPHSBNNF
MBWBODFNFOU
PQÏSBUJPOOFM
UFDIOJRVF
FU

bassin de vie de la CDC Vierzon-
plaisance) et le service marché mOBODJFS
EF
MFVST
PQÏSBUJPOT
t
&MBCPSFS
FU
NFUUSF
FO
”VWSF
VOF

Sologne-Berry, écoles, gymnase,
est mutualisé sur l’ensemble démarche permanente et partenariale d’information, de communication
centre nautique, conservatoire de musique, office du
des structures (Port, CCAS, et de concertation en accompagnement du programme et de son
tourisme, médecins, pharmacien, 30 minutes de l’aéroport
Oĸce de tourisme). BWBODFNFOU
t
"TTVSFS
MF
TVJWJ
MF
CJMBO
FU
MÏWBMVBUJPO
EV
QSPHSBNNF
de Châteauroux.
Le service, composé de vous et d’un assistant, traite Recrute par voie statutaire PROFIL : t
#"$


FO
EÏWFMPQQFNFOU
MPDBM
VSCBOJTNF

entre 30 et 40 marchésര/രprocédures, représentant ou à défaut par voie contractuelle BNÏOBHFNFOU
EV
UFSSJUPJSF
FU
QMVT
TQÏDJmRVFNFOU
EBOT
MF
EPNBJOF
EF

M)BCJUBU
t
&YQÏSJFODF
BQQSÏDJÏF
FO
QJMPUBHF
EF
QSPKFUT
VSCBJOT

un budget qui oscille entre 2ര500ര000 et 3ര000ര000
t
.BÔUSJTF
EFT
NÏUIPEPMPHJFT
EJOHÏOJFSJF
EF
QSPKFU
EBOBMZTF
EF

d’euros. Secrétaire général(e) (h/f) diagnostic et d’évaluation. « Capacité à fédérer, à innover et à être force
recrute par voie statutaire ou contractuelle EF
QSPQPTJUJPOT
j
4FOT
EV
SFMBUJPOOFM
FU
EV
USBWBJM
FO
ÏRVJQF
FU
FO

Rédacteur confirmé ou attaché territorial USBOTWFSTBMJUÏ
j
.BÔUSJTF
EFT
PVUJMT
JOGPSNBUJRVFT
DPVSBOUT

Un Responsable MISSIONS : Collaboratrice(eur) direct du Maire et des élus, POSTE À POURVOIR EN SEPTEMBRE/OCTOBRE 2018.

Marchés Publics h/f

vous l’accompagnez dans la coordination des orientations
budgétaires et stratégiques des projets, les mettez en oeuvre CONTRAT CDD DE 3 ANS À TEMPS COMPLET.
et assurez le suivi des décisions. Vous préparez les comptes RÉMUNÉRATION CADRE A DE LA FPT.
Grade(s)ര: Technicienര/രRédacteur administratifs et les budgets (Commune-CCAS), les plans
de trésorerie, la gestion des emprunts, les demandes de Adresser CV détaillé et lettre de motivation manuscrite à :
subvention et les prévisions d’investissements. Vous assurez .
MF
.BJSF
%JSFDUJPO
(ÏOÏSBMF
EFT
4FSWJDFT
)ÙUFM
EF
7JMMF
#1

MISSIONS PRINCIPALESര: le conseil et l’assistance auprès de l’équipe municipale. Vous
• GesƟon des dossiers MPര/രDSP et autres procédures de mise assurez l’encadrement et le management d’une équipe de 

'*(&"$
$ÏEFY
PV
QBS
DPVSSJFM

en concurrence 19 personnes (accueil-technique et scolaire). Vous êtes secretariat.general@ville-figeac.fr
• Assistance aux diīérents uƟlisateursര/രservicesര/രstructures garant(e) de la qualité de l’accueil du public et de la fiabilité
de la collecƟvité souhaitant passer des marchés ou contrats des actes délivrés en matière d’état-civil, élections, gestion du
• Suivi des marchés en cours cimetière et affaires générales. La Mairie assure également le
• GesƟon des dossiers de liƟge secrétariat de 3 syndicats intercommunaux. Vous instruisez
• Mise en œuvre de la poliƟque achat ou suivez les demandes formulées des usagers en matière de
• GesƟon du service logement et d’urbanisme. Vous apportez conseil et assistance
• Documentation, veille juridiqueര: recherche de doc, au personnel de la collectivité. Vous assistez le Maire dans les
rédacƟon de notes,… conseils municipaux et commissions d’appel d’offres et autres
si nécessaire.
Réglementation,
PROFILര:
• Expérience de préférence DESCRIPTION DU CANDIDAT : • Formation minimum état civil, environnement…
BAC + 3, en comptabilité publique/gestion ou expérience
• Diplôme minimum de formation supérieure en droit restez alerté et informé
similaire. • Connaissances des règles de la comptabilité
publicര/രachats publics publique M14 et des finances publiques. • Connaissance et
• Autonomie, rigueur, discréƟon professionnelle, force de maîtrise parfaite des logiciels de gestion financière Circia Tous les mois, 6 fiches qui répondent
proposiƟon, apƟtude au dialogue et à la communicaƟon, et Valoris ainsi que des outils bureautiques courants (Word aux questions d’actualité et de fond
dynamisme, travail en équipe, disponibilité, bonne capacité et Excel et moteurs de recherche). • Plus généralement, sur les sujets du quotidien, et en permanence
rédacƟonnelle. vous faites preuve d’intérêt pour les nouvelles technologies. l’accès à plus de 850 fiches en ligne.
• Vous faites preuve de discrétion, de rigueur et possédez de
RÉMUNÉRATION : réelles qualités relationnelles avec les citoyens, les agents, les
Statutaire +രRégime indemnitaire +രAvantages CNAS, chèques collègues des structures intercommunales, de l’Etat et des
427768-CHM

déjeuner. collectivités partenaires.

Poste à pourvoir immédiatement, RÉMUNÉRATION : statutaire + RIFSEEP+ CNAS.

avec possibilité d’évoluƟon en catégorie A Poste à pourvoir : Novembre 2018.
selon le proĮl
Poste pouvant convenir à un(e) rédacteur confirmé ou à
un attaché souhaitant une première expérience. Envoyer
Candidature à adresser à : les candidatures sous pli confidentiel à : Monsieur le Maire
Monsieur le Maire - Mairie de LEUCATE Conseiller Départemental
BP 17 - 11 370 LEUCATE Hôtel de ville - 1 place du Marché - 18310 GRAÇAY
http://www.gracay.info / mairie.de.gracay@wanadoo.fr

427348-DJ Abonnez-vous sur www.territorial.fr

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94 La Lettre du Cadre • août-septembre 2018

PaLdC520.indd 94 30/08/2018 15:42

 OFFRES D’EMPLOI

La commune de
Phalsbourg Recrute par voie statutaire ou contractuelle à défaut de concours
Moselle - à 50 kms de STRASBOURG
5 000 habitants

Son Directeur Général des Services h/f

Cadre d’emploi des attachés territoriaux (catégorie A)
Missions principales :
Collaborateur direct du Maire ; vous assurerez le fonctionnement général de la commune, et mettrez en œuvre, en
collaboration avec les élus, les politiques déclinées par le Conseil Municipal en coordonnant l’ensemble des services
municipaux ; vous assisterez et conseillerez les élus dans la mise en œuvre des orientations politiques et participerez
aux choix organisationnels de la collectivité ; vous coordonnerez et contrôlerez également l’ensemble des moyens
matériels et humains dont dispose la commune.
Activités :
• Expertise juridique, administrative et financière,
• Optimisation des ressources humaines et financières de la collectivité,
• Assistance et conseil technique auprès du Maire et des élus,
• Préparation, mise en œuvre et suivi des décision municipales, conseils municipaux, marchés publics et autres
réunions,
• Elaboration, coordination et suivi des opérations et / ou des projets menés en garantissant la fiabilité et la sécurité
Profil :
• Issu d’une formation supérieure (Bac +5 minimum), vous justifiez d’une expérience sur un poste similaire.
• Vous maitrisez les enjeux de la comptabilité et de la fiscalité publique, les problématiques liées à la rédaction et à
l’exécution des marchés publics ainsi que le statut et l’environnement législatif et règlementaire des collectivités
territoriales.
• Vous justifiez de connaissances en matière d’intercommunalité et d’une formation juridique solide.
• Vous êtes reconnu pour vos qualités rédactionnelles et relationnelles de communication et de travail en mode
transversal.
• Vous disposez d’une grande capacité à résoudre les problèmes.
• Vous savez déléguer et négocier avec un sens de la loyauté, de la confidentialité et de neutralité.
• Autonomie, sens des initiatives, réactivité, rigueur et grande disponibilité vous caractérisent.
Conditions de travail : Poste à temps complet, horaires fixes et affectation à Phalsbourg.
Rémunération : Statutaire et régime indemnitaire suivant expérience et qualification.

427821-CHM
des procédures et du fonctionnement de la collectivité,
• Direction des services et pilotage de l’organisation territoriale en cohérence avec les orientations définies. Poste à pourvoir dès disponibilité de l’agent recruté
Merci d’adresser votre candidature (lettre de motivation et CV) dès que possible : par mail à l’adresse : compta@phalsbourg.fr
ou par courrier à l’attention de Mr le Maire - Hôtel de Ville - 57370 PHALSBOURG

La Communauté Située entre NEVERS

de Communes et MOULINS, DECIZE,
Ville de 5 600 habitants,
du Pays de Lunel Chef-lieu de Canton,
est un site touristique
MAIRIE D’ENTRAIGUES SUR LA SORGUE fluvial à la jonction du
Recrute par voie statutaire
ou contractuelle Commune de 8 500 habitants Canal du Nivernais et du
Vaucluse - 130 agents Canal Latéral à la Loire,
Un DIRECTEUR RECRUTE aux portes du Morvan.

DU DÉVELOPPEMENT Son (Sa) Responsable Recrute

ÉCONOMIQUE h / f Administratif et Un Directeur des

MISSIONS : Rattaché à la Direction générale des services,
en relation étroite avec le Président, le 1er Vice-Président
et le Vice-président en charge de l’économie et de
l’agriculture, vous pilotez la mise en œuvre de la stratégie
communautaire de développement économique :
 Véritable « personne ressource » vous animez,
coordonnez et développez la dynamique du tissu local
des entreprises. Vous renforcez les partenariats avec
l’ensemble des acteurs et réseaux professionnels du
territoire  Vous avez en charge la valorisation, la
promotion et la commercialisation des zones d’activités,
de la pépinière et des ateliers relais ainsi que le
développement des zones à venir Vous accompagnez
les décideurs économiques et porteurs de projets Vous
mettez en œuvre une stratégie de prospection foncière et
de prospection d’entreprises  Vous représentez la
collectivité auprès des organismes locaux, régionaux,
nationaux et européens de prospection et d’accueil
d’entreprises  Vous avez un intérêt pour l’économie
circulaire en tant que levier de croissance pour les
territoires  Vous menez une veille économique, vous
réalisez des études sectorielles, vous développez des
outils d’observation et d’anticipation Vous participez à
l’élaboration et à la bonne mise en œuvre des actions
«emploi, économie, insertion » du contrat de ville de
Lunel.
Le directeur s’appuiera sur un service de 5 agents qu’il
devra structurer.
PROFIL :  Formation supérieure et expérience avérée
dans le domaine économique Capacité à instaurer des
relations de confiance avec ses interlocuteurs  Force
de proposition auprès des élus Gestion, encadrement
de service Autonome et grande flexibilité horaire.
POSTE À TEMPS COMPLET
À POURVOIR AU 1ER NOVEMBRE 2018
Les candidatures (lettre manuscrite obligatoire + CV)
sont à adresser avant le 24 septembre 2018 à :
M. Le Président, DRH, 152 Chemin des Merles,
Financier (H / F)
cat. A ou B+
Poste à pouvoir au 1er NOVEMBRE 2018.
Collaborateur direct du Directeur Général des
Services, vous participerez au pilotage des
services de la commande publique, des finances
et des ressources humaines.
Missions principales : • Définir et piloter les procédures
réglementaires de la commande publique, Assurer la
rédaction des documents contractuels des marchés
publics, Garantir la sécurité juridique des procédures
d’achats, Assurer un suivi administratif, comptable et
budgétaire des achats et des marchés publics • Mettre en
œuvre et contrôler l’exécution budgétaire, Réaliser des
analyses financières, rétrospectives et prospectives, Assurer
la fiabilité et la sécurité des procédures budgétaires,
Concevoir des tableaux de bord et des outils de suivi de
l’activité, des couts des services municipaux et d’aide à la
décision • Participer à la définition de la politique RH en
matière de déroulement de carrière et de rémunération,
Apporter une expertise statutaire et paie au responsable du
service et au DGS, Participer à la définition et la gestion de
la masse salariale, Assurer la sécurité juridique des
procédures et des actes administratifs du service.
Profils demandés : Connaissance approfondie des
marchés publics, des finances et du statut de la fonction
publique territoriale, Aptitude au management et au travail
en équipe, Qualités relationnelles, rédactionnelles et
organisationnelles, Rigueur, autonomie, réactivité,
Disponibilité et sens des responsabilités.
Rémunération : rémunération statutaire + RIFSEEP
+ action sociale.
Lettre de motivation + Curriculum Vitae + à
adresser au plus tard le 14 SEPTEMBRE 2018 :
Par courrier postal à : Monsieur le Maire
Hôtel de Ville - 35 Place du 8 Mai 1945
84230 ENTRAIGUES-SUR-LA-SORGUE
427371-DJ
Ressources Humaines h/f
Grade d’Attaché Territorial
Missions :.
En collaboration avec la Directrice Générale des Services
et placé directement sous l’autorité du Maire et des
élus : • Assurer la gestion administrative et statutaire du
personnel. • Conseil, accompagnement des responsables
et des services. • Gestion des emplois, des effectifs et
des compétences ( GPEEC ). • Préparation des entretiens
individuels. • Pilotage du dialogue social. • Suivi et parti-
cipation aux instances paritaires ( CT / CHSCT / CAP ).
• Management opérationnel du service. • Animation et
pilotage d’une équipe. • Élaboration et suivi de la masse
salariale• Management direct d’une équipe de deux
agents.
Profil :.
• Formation supérieure en gestion des ressources
humaines, gestion des collectivités, droit. • Maîtrise de
l’outil informatique (word - excel - power point - outlook
- logiciels RH). • Savoir organiser et planifier le travail.
• Savoir encadrer et manager une équipe. • Savoir faire
preuve d’autorité et d’arbitrage, sens des relations
humaines et pédagogiques. • Esprit d’analyse et de
synthèse, sens du travail en équipe. • Etre disponible.
• Expérience similaire souhaitée.
Rémunération statutaire liée au grade + indemnités
+ 13ème mois + amicale du personnel.
Poste à temps complet à pourvoir au 1er Novembre 2018
Les candidatures manuscrites avec CV détaillé
(photo d’identité de préférence) sont à adresser
jusqu’au 3 Octobre 2018 à :
Madame le Maire • Hôtel de Ville
32 Rue de la République • 58300 DECIZE
Renseignements Madame Justine GUYOT,

ZAE Luneland, CS90229, 34400 LUNEL Par courriel à : dgs@mairie-entraigues.fr Maire - Tél. 03 86 25 03 23.
427754-JH 427823-OH

La Lettre du Cadre • août-septembre 2018 95

PaLdC520.indd 95 30/08/2018 15:42

 OFFRES D’EMPLOI

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96 La Lettre du Cadre • août-septembre 2018

PaLdC520.indd 96 30/08/2018 15:42

Collection
DOSSIERS D’EXPERTS

L'identité des nouveaux

territoires intercommunaux
Méthodes et outils de communication
Par Jean-Pascal Bonsignore, directeur de communication, formateur-conseil, et Marc Thébault, responsable de mission
Attractivité

Depuis janvier 2017, la France compte 1260 intercom-

munalités. Ces nouveaux espaces territoriaux élargis,
avec un nombre de communautés réduit d'environ
40 %, doivent désormais travailler à la définition
d'une nouvelle identité, élément essentiel du plan de
communication de la future intercommunalité pour
construire son identité territoriale. L'ouvrage apporte
un éclairage technique, financier et politique assorti de
nombreuses méthodologies de mise en œuvre, « boîte
à outils » pour les élus et leurs « dircoms » autant
que « bréviaire » argumentaire pour convaincre les
décideurs politiques de la nécessité de « jouer collectif ».

Nouvelle édition
Mieux communiquer auprès du grand
public sur le fait intercommunal

Des réponses sur les plans technique,

financier et politique aux questions
soulevées par les fusions de communautés

Réf. DE 650 Nos engagements Commande Contact

Parution avril 2018
• Version papier :
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en vous faisant découvrir la richesse de tous nos magazines.

VIEILLISSEMENT

Travail en Ehpad :
une crise qui vient de loin
Les soignants qui travaillent
en Ehpad n’en peuvent plus.
En cause, la dégradation des
conditions de travail. Une
réalité soulignée depuis
de nombreuses années

© PHOTOPQR/LE COURRIER DE L’OUEST/MAXPPP

notamment dans une
étude publiée en 2016 ou,
dernièrement, par le rapport
de la mission parlementaire
« flash » des députées
Monique Iborra et Caroline
Fiat.
Géraldine Langlois

A
ides-soignantes et infirmières,
aides médico-psychologiques
(AMP, devenus accompa-
gnants éducatifs et sociaux (AES)),
auxiliaires de vie sociale (AVS) et
agents de service hospitalier (ASH),
professionnels médico-sociaux, ont
protesté le 30 janvier et le 15 mars
2018 contre leurs conditions de
travail, qui ne leur permettent pas
d’effectuer correctement leur travail
auprès des personnes âgées. Une
réalité soulignée depuis de nom-
breuses années par moult rapports,
études (1), enquêtes… Comme le
soulignent ces travaux, ces profes-
sionnels partagent souvent des
valeurs humaines fortes. Mathilde
Basset, infirmière depuis 2016, a
choisi la gériatrie car « le relationnel
y fait partie intégrante des soins. Du
moins il est censé », et c’est parfois le
cas. Aurore, aide-soignante, voulait
aussi égayer le quotidien des per-
sonnes, qui « ont toujours quelque
chose à nous apprendre »,
et Adèle souhaitait « apaiser les
personnes, qui ne vivent plus dans
leur maison, ont perdu leurs repères
et vivent loin de leur famille, prendre
soin d’elles ». « Leur apporter de la
gaieté », ajoute Clotilde, AMP, pour
qui « en vrai, on essaie… ».

Patrick Bourdillon, fédération CGT santé et action sociale Quatre tonnes par jour
Le rôle des aides-soignantes, les plus
« Nous demandons un travail sur les qualifications » nombreuses en Ehpad, et des AMP,
« Entre l’intersyndicale* et l’Association des directeurs au service des personnes âgées consiste à accompagner les résidents
(AD-PA) qui a soutenu le mouvement il y a un consensus total sur les problèmes. Les dans tous les gestes de la vie quoti-
personnels sont sous-qualifiés, pas reconnus et pas assez nombreux. Notre première dienne, les premières plus sur le
revendication se résume ainsi : « un soignant pour un résident ». Nous demandons versant « soin » et les seconds
donc un financement pérenne et solidaire pour les établissements publics mais aussi un
davantage sur le versant « accompa-
travail sur les qualifications, notamment face aux glissements de tâches. Nous n’avons
pas le sentiment d’être entendus. On est plutôt dans le « explique-moi ce qui te
gnement psychologique ». Les
manque je te dirai comment t’en passer ». Or, il faut donner aux personnels le temps de toilettes constituent leur première
faire leur travail. Nous n’avons pas voulu participer aux travaux du groupe de travail sur tâche le matin. « C’est ce qui prend le
la qualité de vie au travail. En revanche, nous demandons la tenue d’un CHSCT national plus de temps. Il faut déshabiller la
dans le cadre du Conseil supérieur de la FPH. Et d’être reçus par Emmanuel Macron. » personne, la laver, la rhabiller,

98 Article extrait de la revue • La Gazette Santé-Social • numéro 152-153

l’amener à son fauteuil… », observe
Clotilde. Plusieurs fois par jour,
aides-soignants et AMP aident aussi
les résidents à manger, soit dans la
salle à manger de l’Ehpad, soit au lit,
dans leur chambre. Les nombreux
« transferts » des personnes, du lit à la
chaise-douche ou au fauteuil, pour le
lever, la toilette, les changes, les
différents repas et le coucher
conduisent les aides-soignantes et les
AMP, à beaucoup manipuler le corps
des personnes. « Nous soulevons
entre quatre tonnes et quatre tonnes
et demie par jour », souligne Aurore.
« Mais ce ne sont pas des sacs de
pomme de terre », précise Adèle,
aide-soignante, avec amertume.
Pénibilité physique
Les pathologies du dos ou les troubles
musculo-squelettiques, sont souvent
à l’origine d’arrêts, d’accidents du
travail ou de maladies profession-
nelles, chez les aides-soignantes.
« Un jour, j’ai demandé à une dame
que j’aidais à marcher d’aller un peu
plus vite. Elle s’est laissée tomber. J’ai
voulu la retenir et mon dos a lâché »,
raconte Aurore. Elle souffre d’une
hernie discale et a dû arrêter de
travailler. La pénibilité physique de
ce travail est largement reconnue.
Tout comme le manque de profes-
sionnels au chevet des personnes
âgées, conditionné principalement
par les moyens à la disposition des
établissements. Une récente étude de
la DREES indique qu’un Ehpad sur
deux rencontre des difficultés de
recrutement (2). Les soignants
interrogés s’efforcent de rester de
bonne humeur mais le sous-effectif
devient insupportable dès qu’un
collègue vient à manquer, ce qui n’est
pas rare. La toilette de vingt per-
sonnes au lieu de dix se fait plutôt au
gant qu’à la douche. Et le coucher du
soir de cinquante personnes en deux
heures ne peut se faire sans presser
ou bousculer des résidents…
Quant à Mathilde, elle faisait attendre
certains pansements un jour de plus
Article extrait de la revue • La Gazette Santé-Social • numéro 152-153
Pas de ratio minimum pour la ministre
de la Santé
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a présenté le 30 mai 2018 des mesures pour les
Ehpad et les professionnels qui y travaillent. Elle n’a pas suivi la demande des députées
auteures de la mission parlementaire « flash » sur un ratio minimum de professionnels
au chevet des résidents. Elle a promis une aide financière pour permettre aux Ehpad
d’accéder plus tôt à leurs nouveaux tarifs, d’un montant de 143 millions d’euros en plus
des 217 prévus pour 2019-2021, « destinée au recrutement de personnels soignants ».
Elle a également promis 16 millions pour financer des actions d’amélioration de la
qualité de vie au travail. Les référentiels d’activité de compétence et de formation
des aides-soignantes devraient être revus d’ici à mars 2019 « pour tenir compte des
spécificités de l’exercice auprès des personnes âgées ».
si elle devait prendre soin des sociétés de pompes funèbres. Une
résidents d’une collègue absente. Elle aide-soignante interviewée a dû
a décidé de démissionner quand elle parfois préparer des piluliers, discuter
s’est retrouvée seule infirmière pour avec des médecins du renouvellement
99 résidents. La lettre qu’elle a écrite, de traitements, réaliser les tests
fin décembre, à la ministre de la nécessaires à l’adaptation de la dose
Santé a fait le buzz… Les auteures de de certains médicaments, injecter de
la mission parlementaire ont souligné l’insuline. Des actes qui relèvent du
la nécessité de définir une norme rôle propre des infirmières… « J’aurais
minimale de personnel au chevet du dû dire non mais j’étais jeune.
résident de 60 ETP pour 100 rési- Heureusement, il n’y a pas eu de
dents contre 24,5 aujourd’hui (soit souci… », commente-t-elle.
moins d’une heure consacrée chaque
jour par résident). Elles n’ont pas été Injonctions contradictoires
suivies sur ce point par la ministre de Au quotidien, de nombreux profes-
la Santé (lire ci-dessous). sionnels ressentent un sentiment
d’utilité. Mais le manque de recon-
Travail empêché naissance, la déshumanisation des
Dans ces conditions, le travail prises en charge, le manque de
s’accompagne parfois de gestes et moyens dans le public et la course à
paroles brusques et le risque de la rentabilité dans le privé, et
maltraitance s’accroît. Inadmissible l’absence de perspectives de la part
pour les résidents, il est douloureux des pouvoirs publics ont alimenté le
aussi pour de nombreux profession- ras-le-bol. Certains jettent l’éponge.
nels, qui ressentent avec amertume et Via une reconversion comme pour
culpabilité cette situation de « travail Clotilde, « dégoûtée » par la prise en
empêché ». Cela a fini par faire perdre charge « scandaleuse » des personnes
à Adèle « le sens » de son travail, âgées, ou pour Aurore, contrainte par
confie-t-elle, émue. La solidarité est sa maladie professionnelle. Adèle a
de mise entre professionnels des choisi l’intérim, qui lui permet de
différents métiers mais elle a ses garder ses distances avec les injonc-
limites, physiques, organisationnelles tions contradictoires. Mais, regrette-t-
et surtout légales, quand elle aboutit, elle, « je ne trouve pas d’endroit où je
à des « glissements de tâches ». n’aie pas à bousculer les résidents
Mathilde Basset s’est retrouvée, jeune pour aller plus vite et où je puisse
diplômée, à faire office de cadre face être fière de mon travail ». u
aux familles, aux médecins traitants (1) « Étude qualitative sur les conditions de travail
mais aussi aux équipes d’aides-soi- dans les établissements d’hébergement pour personnes
âgées dépendantes », DREES, septembre 2016.
gnantes et d’ASH… Aurore est (2) « Le personnel et les difficultés de recrutement
plusieurs fois intervenue auprès de dans les Ehpad », Études et résultats n° 1067.
99
 La Revue de presse de Territorial

INITIATIVES

Aix-en-Provence stimule
la scolarisation des enfants roms
Un collectif associatif du Pays d’Aix multiplie depuis 2008 les actions d’accompagnement à
la scolarisation des enfants roms. En 2017, deux services civiques ont été missionnées pour
renforcer leur ouverture au monde par des activités d’animation durant les vacances scolaires.
Jean-Dominique Delaveau

découverte d’un médiabus et de avec des publics d’origines différentes

différentes bibliothèques, une visite
du planétarium, un film de Tintin et,
sur plusieurs après-midi, la réalisa-
tion d’une fresque au centre social.
Au fil des jours, les deux volontaires
et les associations mobilisées autour
du projet ont su vaincre les réticences
des familles, gagner leur confiance et
surtout enthousiasmer les enfants.
Les familles sont devenues porteuses
© SKYNESHER/ISTOCKPHOTO.COM
n’a pas posé de problèmes mais il a
permis aux uns et aux autres de tisser
des liens, de se découvrir et de
s’apprécier. Les volontaires, les
bénévoles associatifs et les agents
publics qui ont encadré l’opération en
sont également sortis très satisfaits.
Depuis la rentrée 2017, l’opération a
été renouvelée et accueille de plus en
plus d’enfants et d’adultes.

et heureuses que leurs enfants,

toujours soigneusement habillés,
s’approprient la ville et des savoirs
nouveaux.
Partage d’activités
Avec jusqu’à une vingtaine d’enfants
de 5 à 11 ans mais toujours assez peu
Projection dans l’avenir
Pour Béatrice Guimard, référente du
conseil départemental auprès des
populations roms et Catherine Rouch,
animatrice bidonvilles du Secours
catholique Aix-Arles, qui pilotaient les
services civiques, « ce projet s’inscrit

U
n premier programme d’ani- d’adultes, davantage prisonniers de dans l’histoire. Il a permis sans aucun
mations a été proposé aux leurs tâches et de leur position doute la projection des familles roms
familles et aux enfants pour sociale dans leur communauté, dans l’avenir, malgré leur instabilité
les vacances de février 2017. Comme l’opération s’est renouvelée sur les liée à leur habitat. Elles ont compris
pour les suivants, il a bénéficié du deux semaines des vacances de que les équipements culturels leur
soutien actif de la direction des printemps et sur deux semaines des étaient accessibles, que le bidonville
musées et du patrimoine et du centre congés d’été 2017, avec des anima- était au sein même de la ville et que
social du Château de l’horloge. tions supplémentaires : jardinage, cette dernière leur appartenait autant
céramique, street art, monde de qu’ils y appartiennent. Ce projet est
Vaincre les réticences l’opéra, chasse au trésor, pique-nique, une réussite. Parents et enfants
Les publics de ces structures et 6 à visites, piscine, Taï-chi… Non sont en demande de sortir des
14 enfants roms accompagnés par 3 à seulement le partage des activités bidonvilles ». u
6 adultes de leur entourage ont, toute
une semaine, partagé, successive- Ressources
ment, une animation musicale au Éducasources, la base nationale des ressources numériques pour l’éducation du réseau
Musée des tapisseries, une décou- Canopé propose un ensemble de ressources sur la scolarisation des enfants issus
verte des métiers d’art au Pavillon de de familles itinérantes et de voyageurs : textes officiels, outils pour la classe
Vendôme, une initiation aux marion- ou la formation des enseignants, actes de colloques, témoignages, expériences
nettes au Musée du Vieil-Aix, un associatives, bibliographie, sitographie…
spectacle sur l’astronomie, la www.educasources.education.fr/selection-detail-135724.html

100 Article extrait de la revue • Acteurs de la vie scolaire • numéro 98


IN SITU
La qualité de l’air à la mode citoyenne
Rennes est la première ville de France à mener un projet de capteurs de l’air « open source »
dans une démarche participative. Pas si simple à mettre en œuvre. Confrontée à la réalité
de terrain, l’idée de départ a dû s’adapter.
Sylvie Luneau
R
etenue à l’appel à projets de
l’Ademe sur la qualité de l’air
en 2016, Rennes (Ille-et-­Vilaine)
a coconstruit avec le milieu associatif
une démarche de sensibilisation à la
qualité de l’air, nommée
Ambassad’air. C’est la maison de la
consommation et de l’environnement
(MCE) qui en assure le portage
technique. Initialement, des micro-
capteurs devaient être fabriqués par
les habitants eux-mêmes, avec l’aide
du FabLab de Rennes, et les données
partagées en instantané sur un site de
la ville. Mais sur le terrain, la
réalisation s’est avérée plus compli-
quée que prévu. « L’un des problèmes
de départ était de trouver un capteur
fiable à bas coût », explique Jacques
Le Letty, chargé d’animer le projet à la
MCE.
Microcapteur citoyen
venu de New York
C’est finalement un matériel déve-
loppé par une ONG new-yorkaise
(Aircasting) qui a été choisi, puis
testé pendant l’été 2016. Non
seulement le capteur s’est avéré plus
cher que prévu (250 dollars), mais il a
fallu aussi équiper les volontaires
d’un téléphone portable. Du coup,
pour des raisons financières, le panel
d’utilisateurs a dû se restreindre à
seize habitants, situés sur deux
quartiers. « L’idée n’est pas de faire
des mesures scientifiques, puisqu’un
réseau officiel existe déjà (Air Breizh),
mais d’impliquer les Rennais pour
qu’ils deviennent acteurs de la
mesure », explique le chargé de
Article extrait de la revue • Techni.Cités • numéro 314
La Revue de presse de Territorial
mission. En même temps, pour parler
de la pollution de l’air, des « capto-
partys » (sorties terrain) et ciné-débats
ont été mis en place. Le projet a
permis aussi de mettre en lumière des
microsites plus pollués. Des analyses
ont été menées sur deux mois
(février-mars 2017) et ont permis de
tester les limites du capteur lors des
pics de pollution. En 2018, le
dispositif a été étendu à un troisième
quartier, avec trente-trois personnes.
Les mesures ont eu lieu de fin janvier
à fin avril, avec des consignes plus
précises pour pouvoir exploiter les
données.
Projet en constante
évolution
Parallèlement, un autre capteur fixe
(Luftdaten du FabLab de Stuttgart),
dix fois moins cher, est testé. Ce
capteur (commandé en vingt exem-
plaires) pourrait être utilisé d’ici à la
© MCE
fin de l’année dans les maisons de
quartier, FabLabs associatifs, etc. Ces
structures pourraient être des relais de Rennes. Le projet est donc
du projet en initiant les habitants à la toujours en devenir. Un bilan sera tiré
fabrication des capteurs, voire en en juin, afin de valider la suite à lui
distribuant des capteurs mobiles afin donner. À noter que pour pouvoir la
de mailler l’ensemble de la ville. On reproduire, toute la démarche est
revient ainsi à l’idée de départ. Reste décrite sur le wiki de la ville de
à pouvoir partager ces données sur Rennes : www.wiki-rennes.fr/
un serveur propriété de la métropole Ambassad%27Air. u
Fiche technique
– Initiative : ville de Rennes.
– Portage technique : MCE.
– Budget : 154 000 euros.
– Financement : ville de Rennes (70 000 euros), Ademe (84 000 euros).
– Durée : 3 ans (2016-2018).
101
LES IMMANQUABLES

Ce que vous auriez pu lire

dans ce numéro
MODE D’EMPLOI
Reste plus
qu’à faire grève
P. 54
PYRAMIDES SAUVETAGE
Désormais, Survivre
faudra prévoir petit à une avalanche de mails
P. 20 P. 48

MASQUE À GAZ Pour un plat de lentilles

Ouvrez grand les narines… SOURIEZ, VOUS ÊTES
P. 78 FILMÉS P. 80
PAN SUR LES DOIGTS
Qui vole un bœuf
vole un œuf
P. 58

LE MOIS PROCHAIN

« LA PILULE MAGIQUE DE L’ESS » P. 30

Sans abris :
peut-on faire mieux ?
À lire en octobre 2018

PHOTOS © STOCK.ADOBE.COM

102 La Lettre du cadre territorial • août-septembre 2018

VOS RENDEZ-VOUS DE LA RENTRÉE
 Les clés pour préparer 2019 !

JOURNÉE D’ÉTUDE STATIONNEMENT 2 octobre

INNOVA’TER, LE RENDEZ-VOUS
JOURNÉE D’ÉTUDE DÉCHETS MÉNAGERS 4 octobre DE L’INNOVATION TERRITORIALE 25 septembre
JOURNÉE D’ÉTUDE VOIRIE - AMIANTE 16 octobre LES ÉTATS GÉNÉRAUX
DE LA SÉCURITÉ LOCALE 18 octobre
JOURNÉE D’ÉTUDE ZÉRO PESTICIDES 4 décembre
FORUM NUMÉRIQUE
DES COLLECTIVITÉS LOCALES 15 novembre

OBSERVATOIRE DES COÛTS

DU SERVICE PUBLIC 4 décembre

MATINÉE GRAND PARIS 18 décembre

JOURNÉE D’ÉTUDE HANDICAP
11 octobre

JOURNÉE D’ÉTUDE RESTAURATION

11 décembre

LES RENCONTRES DU CLUB FINANCES

Octobre, Paris / Décembre, Grenoble

JOURNÉE D’ÉTUDE REVITALISATION LES RENCONTRES DU CLUB RH

DES CENTRES-VILLES ET CENTRES-BOURGS Novembre, lieu à confirmer
8 novembre

VALORISEZ
VOS INITIATIVES LOCALES  Promouvoir l’efficacité des équipes pour améliorer le service public

AVEC NOS TROPHÉES : 19e édition 2018

2e édition

Pour plus de renseignements, vous pouvez contacter Elvire ROULET

elvire.roulet@infopro-digital.com - +33 (0)1 77 92 93 36