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L Efficacite Du Controle Budgetaire
L Efficacite Du Controle Budgetaire
Appliquée
Étudiant :
Julien VANDERZANDE
Conseiller de recherche :
Halim M’SILTI
Sujet :
L’efficacité du contrôle budgétaire
laisse-t-elle une place à de nouvelles
procédures ?
Apprentissage :
NON
Entreprise d’accueil :
PricewaterhouseCoopers
Année de réalisation :
2006 / 2007
REMERCIEMENTS
2. La méthodologie........................................................................................................... 36
2.1. La démarche méthodologie .................................................................................. 36
2.2. L’élaboration du questionnaire............................................................................. 36
2.3. Le canal d’administration..................................................................................... 37
2.4. L’exploitation des données................................................................................... 37
5. Conclusion.................................................................................................................... 43
CONCLUSION : .................................................................................................................... 58
BIBLIOGRAPHIE :............................................................................................................... 59
GLOSSAIRE : ........................................................................................................................ 61
ANNEXES : ............................................................................................................................ 64
ANNEXE 1 : ........................................................................................................................ 65
Le questionnaire envoyé aux responsables financiers.......................................................... 65
ANNEXE 2 : ........................................................................................................................ 70
Le questionnaire retraité sous Sphinx permettant l’analyse des données ............................ 70
Ces contrôles sont généralement le lot des responsables financiers, qui doivent, pour
rendre compte de l’activité de l’entreprise à la Direction Générale et aux autorités de tutelle,
formaliser l’ensemble des activités économiques de l’entreprise. Ainsi, un comptable pourra
contrôler le solde de tel ou tel compte de manière récurrente, un comptable analytique pourra
établir toutes sortes de tableaux de bord qui traduisent l’activité de l’entreprise, et le
contrôleur de gestion pourra établir les budgets de l’entreprise, se basant sur plusieurs facteurs
comme les résultats des exercices précédents. Notre étude se focalisera sur le contrôle
budgétaire. Cette fonction peut paraître laborieuse mais, aucune entreprise ne pourra s’en
passer. En effet, 90% des entreprises optent pour le budget.
Le contrôle budgétaire est une technique qui consiste à rapprocher périodiquement les
prévisions budgétaires et les réalisations. Il permet de constater, d’analyser et de rechercher
les motifs des écarts et si nécessaire, de mettre en œuvre des actions correctrices portant sur
les moyens attribués ou les objectifs fixés. Cette définition permet la métaphore du
thermostat. Tout d’abord, le réglage de la température voulue correspond à la fixation
d’objectifs. Ensuite, le thermostat relève la température ambiante, c’est la récupération des
informations. Il compare la température voulue à la température ambiante, analyse les écarts,
puis déclenche ou non l’appareil de chauffage en fonction des écarts analysés ; il s’agit ici
d’actions correctives.
Cependant, il reste que cet outil a essuyé de nombreuses critiques. Ces critiques
trouvent leurs origines aussi bien dans la technique elle-même que dans l’environnement et
l’organisation de l’entreprise : on reproche au contrôle budgétaire de prendre trop de temps,
de ne pas dégager de valeur ajoutée, de privilégier le court terme au détriment de la pérennité
de l’entreprise, d’inciter au marchandage et à l’individualisme, et de faire oublier la
concurrence. Le contrôle budgétaire est également victime du travail répétitif qu’il exige
(annuellement ou mensuellement selon les entreprises) contrairement aux campagnes de
communication ou de marketing qui apparaissent comme plus innovantes et différentes d’un
exercice à un autre.
1
BOUQUIN H., Le contrôle de gestion, 5ème édition, Paris, Puf, 1986
Afin de répondre à cette problématique, l’étude traitera des domaines directement liés
au contrôle budgétaire que sont la stratégie, les procédures, l’environnement ou encore les
compétences. Aussi, elle se scindera en trois parties distinctes : la première présentera le
contrôle budgétaire au travers, notamment, de son histoire, des critiques qui lui sont adressées
et de l’avenir que lui réservent certains auteurs. La seconde partie sera destinée à l’étude
empirique menée pour apporter des éléments de réponse à la problématique ci-dessus. Enfin,
dans la troisième et dernière partie, une analyse approfondie des résultats de l’enquête
permettra d’orienter nos conclusions sur le sujet.
REVUE DE LITTÉRATURE.
A LA DECOUVERTE DU CONTRÔLE BUDGETAIRE
Le contrôle budgétaire est né avant les années 60, toutefois, ce n’est toutefois qu’à
partir de cette date qu’il émerge dans bon nombre d’entreprises.
Il apparaît dans la mouvance de l’Organisation Scientifique du Travail (OST). La
conférence de Genève de juillet 1930, pose les bases du contrôle budgétaire, de nombreux
experts de renom en la matière se succèdent pour parler de leur expérience en entreprise, et le
problème du sens des mots était déjà d’actualité, parlait-on de vérification ou de maîtrise ?
Certains problèmes sont mis en avant : les problèmes psychologiques liés au contrôle
budgétaire, les questions organisationnelles et techniques, les problèmes de contingence. Mais
ce sera pour les Français présents, le point de départ du contrôle budgétaire en France, même
si quelques entreprises balbutiaient déjà dans ce domaine.
Henri Fayol, en 1916, énonce sa célèbre définition : « Administrer, c’est prévoir,
organiser, commander, coordonner et contrôler »2. On retrouve d’ailleurs ces 5 éléments dans
le contrôle budgétaire. Le contrôle budgétaire est d’abord une prévision, il organise
l’affectation des ressources entre les différentes parties prenantes, son action de
commandement s’exerce au travers des objectifs, il coordonne les flux physiques et
monétaires en traversant l’entreprise et il contrôle, enfin, les réalisations.
Frederik W. Taylor, dans son principal ouvrage Principles of scientific management,
donne des résultats importants de ses études. D’une part, l’ingénierie de gestion remplace
l’ingénierie technique, avec comme outil de mesure le contrôle budgétaire. Le budget devient
un standard sur lequel le responsable de centre opérationnel est jugé. D’autre part, l’OST
permet de mesurer de façon plus précise l’activité d’un centre particulier, le contrôle
budgétaire modifie alors les conditions de travail.
En France, dans les années 30, de nombreuses revues sont publiées et touchent ainsi
un large public de dirigeants et de cadres qui affinent leurs connaissances en la matière ou la
découvrent simplement.
Différents congrès ont lieu mais celui de Marseille en 1935 reste particulier car il traite
de la place des comptables dans la gestion du contrôle budgétaire, ces derniers se sentant
impliqués dans ce nouvel outil, ils y voient plutôt une chance qu’un danger.
2
FAYOL H., Administration industrielle et général, Dunod, 1999.
3
Comité National de l’Organisation Française
4
Ecole Nationale d’Administration
5
Institut Européen des Administrations et des Affaires
Ces données semblent donner au contrôle de gestion un poids considérable dès les
années 60, cependant, elles sont à prendre avec précaution car les confusions entre les
services de contrôle de gestion et les services comptables étaient fréquentes. On pourrait donc
au contraire s’inquiéter du fait que les entreprises n’identifient pas clairement les enjeux du
contrôle de gestion et a fortiori le contrôle budgétaire, surtout dans les petites entreprises
puisque l’étude montre que les grandes entreprises y sont plus sensibles.
Dans les années 60, les auteurs des comptes rendus de l’Institut de contrôle de gestion
ont du mal à distinguer la gestion prévisionnelle, le contrôle de gestion, la gestion budgétaire
et le contrôle budgétaire. Ce constat renforce l’idée que les frontières du contrôle budgétaire
restent encore floues et qu’on traite la matière comme un tout avec les prévisions, le contrôle
et la comptabilité.
Enfin, une étude menée par des Américains en France montre que 10 entreprises sur
15 font peu ou pas de gestion prévisionnelle, ce qui laisse à penser qu’une minorité
d’entreprises françaises est au fait de pratiques managériales à la fin des années 60.
Oui Non
Préparez-vous un budget annuel ? 99 1
Préparez-vous un budget détaillé pour tous les centres de coût de votre
85 15
entreprise ?
Ce budget est-il dans le cadre d’un plan à moyen terme ? 62 38
La procédure budgétaire prévoit-elle la concordance entre le budget et la
64 28
première année du plan ?
La procédure budgétaire prévoit-elle une évaluation des conditions
83 17
économiques ?
La procédure budgétaire prévoit-elle la réalisation d’études d’évaluation
28 70
(benchmarking) pour la société dans son ensemble ?
Par fonction détaillée ? 24 73
Existe-t-il une analyse des écarts entre budget et année précédente ? 89 10
Toutes les natures de frais sont-elles budgétées dans le même détail que le
79 20
reporting financier périodique ?
Existe-t-il un programme de rémunération (bonus) calculé par rapport à la
89 10
réalisation budgétaire ?
Tableau 2 : La diversité des pratiques en entreprise
Source : DFCG [1994]. Certaines entreprises n’ont pas répondu, ce qui explique que les totaux soient parfois
inférieurs à 100%.
Pour qu’un budget soit réalisé correctement, chacun des responsables de domaines
(production, ventes,…) doit être impliqué dans le processus car ce sont eux les mieux placés
pour déterminer les frais inhérents à leur activité. Voici ici une explication du fait que le
contrôleur de gestion se rapproche des opérationnels afin de les aider à valoriser et modéliser
le fonctionnement économique de leur activité.
6
JORDAN H., Plannification et contrôle de gestion en France en 1998, cahier de recherche HEC, 1998
De plus, le contrôleur de gestion « siège » doit être capable d’articuler les différents
budgets entre eux pour proposer les meilleurs arbitrages et évaluer les conséquences globales
pour l’entreprise.
Budget des
invest.
Budget des
coûts
discrétionnaire
Budget de Budget de
synthèse trésorerie
Bilan Compte de
prévisionnel résultat prév.
Les tableurs informatiques, type Excel, étaient les outils privilégiés des entreprises
dans l’élaboration des budgets. Cependant, le développement constant de l’informatique
modifie la donne et un grand nombre d’applications informatiques vont être utilisées pour la
prévision, pour la récupération de données dans le système ou encore pour l’analyse des
résultats et l’interprétation des écarts. Le principal enjeu sera de rendre compatibles
l’ensemble des logiciels. Le contrôle budgétaire peut aujourd’hui être réalisé par des produits
simples (CIEL7) mais également dans des systèmes de gestion intégrés type ERP. La fiabilité,
l’accessibilité, la cohérence des données sont assurées par certains modules de ce type de
système et permettent un gain de temps considérable pour le contrôleur qui peut alors affiner
ses analyses sur les chiffres obtenus.
7
Une cartographie des logiciels sera exposée dans la suite de l’étude
Au fil du temps et selon les auteurs, le contrôle budgétaire s’est vu attribuer plusieurs
fonctions, certaines dites classiques, d’autres plus originales :
- Dès 1941, Roger Baudet dans son œuvre Le contrôle budgétaire et sa fonction, les
rôles du contrôle budgétaire sont :
o De réaliser une prévision et d’établir un programme d’activité,
o De permettre l’observation continue des événements capables de modifier les
prévisions,
o De rechercher les causes d’écarts et fixer des responsabilités,
o De coordonner les différents services,
o Et d’assurer le contrôle comptable des coûts de revient standards.
- En 1974, dans Accounting and Human Behaviour, A. Hopwood donne quatre
fonctions au contrôle budgétaire : coordination, planification, délégation d’autorité et
motivation.
- Trois ans plus tard, Barrett & Fraser dans Conflict roles in budgeting for operations
ajoute deux rôles au contrôle budgétaire : évaluer et éduquer. Évaluer, selon
Hopwood, peut prendre plusieurs styles d’application :
Depuis, les différents auteurs reprennent la plupart de ces rôles sans apporter de réelles
nouveautés. Seule une enquête menée par Lionel Touchais, docteur en Sciences de Gestion,
montre que ces fonctions ont chacune un degré d’importance différent, ainsi, la délégation de
responsabilités ou l’évaluation des responsables sont de très loin moins importantes que les
prévisions et réflexions au futur proche et que le suivi du bon déroulement des activités.
Une étude de Robert Zrihen dans son œuvre Points de vue sur les sciences de gestion
analyse les usages du contrôle budgétaire dans une même entreprise au fil du temps. La forme
du contrôle change peu, en revanche, trois usages sont distingués :
- Les budgets sont tout d’abord un lieu de rencontre et d’échanges entre les différents
responsables opérationnels, une discussion sereine et ouverte de mobilisation
collective.
- Puis, ils deviennent des instruments de pouvoir visant à justifier des choix.
Les nombreuses critiques émises par les théoriciens et praticiens concernent tout à la
fois la capacité à faire des prévisions justes et pertinentes, et la possibilité de réaliser un
contrôle objectif et équitable, ou portent encore sur les conflits entre les rôles attribués au
contrôle budgétaire comme nous venons de le voir. Aussi, il a été démontré par Pyhrr, en
1973, avec son Budget Base Zéro (que nous expliciterons par la suite), que les entreprises ne
parvenaient pas à se défaire de leur budget N-1, ce qui semblait alors plus une contrainte
qu’un avantage car cela empêchait toute évolution possible. Ces critiques sont reprises
aujourd’hui et on accuse le contrôle budgétaire d’être trop coûteux – il mobilise des cadres à
forte rémunération trop fréquemment – et inefficace.
Le fonctionnement du contrôle budgétaire repose sur un modèle qui assure que les
objectifs stratégiques de l’entreprise soient pris en compte par les opérationnels dans le cadre
de leur budget. Le ratio ROI (return on investment8) est décliné dans toute l’entreprise en
fonction des responsabilités de chacun, cependant, chaque responsable cherchera à ce que ce
ratio soit le plus faible possible (stratégie court terme) au détriment de la pérennité de
l’entreprise (long terme), privilégiant le fait que ce ratio serve également d’évaluation des
cadres. De plus, les publications de résultats étant de plus en plus régulières, on peut imaginer
que les responsables d’entreprise privilégieront le respect à court terme des objectifs.
Aussi, il est difficile de décliner le budget en plan d’actions. En effet, un budget
financier peut être décliné de différentes façons en actions quotidiennes, et les décisions
stratégiques exprimées en terme financiers peuvent dont être plus ou moins traduites en plans
d’actions cohérents. Dans la même logique, il semble évident que les actions dites routinières
ne prennent pas tout le temps en compte la perspective stratégique.
On reproche donc au contrôle budgétaire de ne pas traduire la stratégie de l’entreprise
pour les opérationnels comme auprès de la direction, habituée aux chiffres et aux concepts,
mais également de se baser sur des données chiffrées (qui appartiennent au passé) ce qui ne
peut qu’empêcher la création et l’innovation, gage de réussite future pour les entreprises
d’aujourd’hui.
8
ROI : retour sur investissement, ce ratio correspond au rendement d’un investissement
Le contrôle budgétaire est plus facile à mettre en place dans certains secteurs que dans
d’autres. La technologie et le type d’activité jouent un rôle dans la mesure où ils rendent plus
ou moins complexe le processus à modéliser. Il semble plus évident d’établir des prévisions
dans une industrie que dans une activité de service, la satisfaction des besoins des
consommateurs obligeant l’entreprise à modifier l’agencement de ses différentes activités et
processus. Plus une activité est complexe, plus il est difficile de définir des budgets. Ainsi, la
tertiarisation des entreprises rend plus complexe la mise en place de contrôle budgétaire dans
ces dernières.
Les centres de responsabilités ne sont pas indépendants les uns des autres, en effet, il
semble inconcevable que chaque responsable d’un centre ne prenne pas en considération les
autres centres lors de ses prises de décision. Prenons l’exemple d’un responsable de
l’entretien qui, pour réduire ses coûts, réduirait la fréquence de nettoyage de ses machines,
ceci aurait un impact direct sur la production qui serait fort probablement de moins bonne
qualité, et ce serait alors le responsable de la production, voire le responsable qualité qui
pâtirait de cette mauvaise décision.
En 1998, dans L’essentiel du contrôle de gestion, Malo et Mathé différencient les cinq
formes classiques de centres de responsabilité :
Le centre de coûts productifs (ou centre de coûts standards) : il correspond à
une entité dans laquelle les activités engendrent des dépenses facilement
mesurables. Il est utilisé dans la plupart des activités de l’entreprise pour
mesurer la productivité.
Le centre de coûts discrétionnaires : il correspond aux activités dont la
production est difficilement mesurable et pour lesquelles la relation entre les
frais engagés et les résultats obtenus n’est pas évidente. Il peut s’agir des frais
généraux, de la publicité ou encore des bureaux d’études assurant la recherche
et le développement.
Le centre de recettes ou de chiffre d’affaires : ce centre permet de distinguer,
dans l’entreprise, les activités commerciales des autres activités de production,
d’approvisionnement, etc. Un centre de recettes peut agir sur les volumes des
ventes et la répartition du volume entre les différentes catégories de produits.
Le centre de profit : le responsable de ce centre mesure son « profit » en termes
de résultat net ou de marge. Le dirigeant se voit confier un ou plusieurs
objectifs pour lesquels il détermine lui-même les sources d’approvisionnement
et les marchés.
Le centre d’investissement : il dépend d’un responsable qui décide de
l’investissement ou non en fonction de l’enveloppe qui lui a été attribuée par la
direction générale et doit avoir le meilleur taux de rentabilité des capitaux mis
en œuvre possible (ROI) ou le bénéfice résiduel élevé (BR).
La fixation d’objectifs est délicate tant elle peut être perçue différemment. Elle peut
être autoritaire et contraignante, ou participative et motivante.
Plusieurs études ont déjà été réalisées et ont montré la diversité des approches en
matière de procédures budgétaires. Les différents acteurs auront des comportements différents
pour des résultats tout aussi variés. Ainsi des navettes budgétaires favoriseront la
communication et la motivation malgré leur lourdeur administrative, tandis qu’un rapport de
force couplé aux tensions qui s’en suivent apparaîtra si la direction durcit le budget alors que
les opérationnels cherchent à se garder des marges de manœuvre. Aussi, le budget peut
simplement être un exercice visant à préserver les équilibres financiers mais aussi
hiérarchiques. Enfin, les budgets de frais discrétionnaires n’ont pas de rapport avec l’activité
de l’entreprise, et les arbitrages entre les acteurs sont donc parfois source de conflit et
d’incompréhension.
La participation à l’élaboration des budgets peut être une source de satisfaction et de
motivation pour les personnes en charge du budget. Cependant, un budget entièrement imposé
par la direction peut également s’avérer être un facteur de performance optimale. Ceci reprend
le fait que le plus important semble être la bonne adéquation entre la procédure budgétaire et
le type de management, et non pas une « formule magique ».
La logique voudrait que des objectifs ambitieux poussent les managers vers des
performances au dessus des espérances. Cependant, une étude menée par Stedry, montre
qu’un budget implicite donne de meilleurs résultats qu’un budget ambitieux. Hofstede9
montre dans une autre étude, que les objectifs difficiles à atteindre sont motivants jusqu’à une
certaine limite où l’effet sera inverse et démobilisera les salariés. L’essentiel ici est de savoir
comment les managers s’identifient aux objectifs par rapport à leurs objectifs personnels. Se
poseront alors plusieurs problèmes d’ordre personnel voire culturel, mais la motivation face
aux budgets passe par cette identification, qui elle-même dépend du style de direction plus ou
moins participatif.
Les objectifs peuvent être ambitieux ou non, c’est aux personnes qui les fixent de
savoir si les responsables directement concernés seront capables de s’approprier ces objectifs
et de tout mettre en œuvre pour les atteindre.
La phase de contrôle consiste à déterminer des seuils d’écarts qui seront ou non
déclencheurs d’actions correctives. Cependant, il faut faire un choix des écarts à mettre en
évidence, généralement on utilise la méthode 20/80 ou les écarts significatifs par rapport à la
stratégie retenue ; mais il faut également savoir quelle(s) action(s) corrective(s) entreprendre
9
Geert HOFSTEDE : psychologue néerlandais
Cette méthode, basée sur l’ABC et l’ABM10, prend en compte de nouveaux aspects du
contrôle budgétaire : l’utilisation des systèmes budgétaires comme représentation des activités
et leurs interactions, et le rôle de catalyseur d’interactions organisationnelles.
Les budgets par activités et processus sont basés sur un découpage totalement différent
des découpages vus précédemment, puisque ceux-ci intègrent des activités communes à
plusieurs fonctions, niveaux hiérarchiques ou organisationnels. En effet, les opérationnels en
charge de l’élaboration des budgets peuvent très bien figurer dans le haut ou dans le bas de la
hiérarchie.
L’activity Based Budgeting (ABB), qui s’appuie sur les démarches ABC (Activity
Based Costing) et de l’ABM (Activity Based Management) se trouve ancré dans la stratégie
de l’entreprise. En effet, la méthode ABC, qui cherche à identifier les origines réelles des
consommations de ressources, et la méthode ABM, elle-même liée à l’ABC, présentent
l’avantage de repérer les activités clés, suivant les critères propres à l’entreprise et à sa
stratégie. De plus, la méthode ABM trouve ses fondements à la fois dans le diagramme
d’Ishikawa, permettant d’identifier des liens causes – effets (schéma 3), et dans la démarche
systémique de Porter, proposant de gérer le couple valeur – coût sur l’ensemble de la chaîne
de valeur. La décomposition de la chaîne en activités principales et de soutien permet de
questionner la politique d’impartition des activités, notamment lorsque celles-ci ne constituent
pas un lieu de déploiement de la stratégie.
10
L’ABC (Activity-based costing) est une méthode de gestion de la performance qui permet de comprendre la
formation des coûts et les causes de leur variation. L’ABM (Activity-based management) est une méthode de
gestion basée sur l’analyse des coûts par activité.
ERREUR
Ainsi, la méthode ABB, qui ressemble plus à une variante des systèmes traditionnels,
possède l’avantage d’être reliée directement aux activités stratégiques de l’entreprise. On
retrouve alors l’articulation budgets/stratégie que les systèmes dits classiques ne permettent
pas de mettre en évidence, mais aussi une analyse plus riche de la cause des coûts des
différentes activités.
De plus, en opérant suivant un maillage transversal, la méthode offre l’intérêt
d’identifier de nouvelles zones de responsabilités, et de représenter de nouvelles interactions
organisationnelles, autorisant de ce fait leur contrôle.
11
Les différentes causes d’une erreur sont représentées d’une manière hiérarchique. Au niveau supérieur on
distingue six « domaines standards » de cause, chacun de ces niveaux est développé jusqu’au niveau des causes
élémentaires.
La procédure du Budget Base Zéro est basée sur le principe que rien n'est jamais
acquis. La reconduction d'un budget d'une année sur l'autre est donc exclue par principe.
Chaque dépense doit être justifiée. L’activité est découpée en centres de décisions, chacun
dirigé par un responsable qui doit établir ses propres propositions budgétaires, compte tenu de
ses prévisions. Ses projets peuvent être alternatifs (il faudra choisir dans ce cas un projet
parmi plusieurs) ou complémentaires (projets différents pouvant tous être mis en place).
Toutes les propositions sont ensuite évaluées par la direction. Pour les projets qui ne sont pas
forcément indispensables, il peut-être judicieux des les différer dans le temps afin de
consacrer les ressources disponibles aux projets les plus rentables.
12
David ALLEN, consultant américain né en 1945
Rhodia n’établit plus de budgets depuis 1999 et suit aujourd’hui un projet interne
appelé Spring.
13
Enterprise Resource Planning ou Progiciel de Gestion Intégré
14
Rhodia : groupe chimique français
15
Codir : Comité de Direction
Pour se sortir des limites du contrôle budgétaire, certaines entreprises ont cherché à
développer de nouveaux outils. Cependant, pour que ceux-ci trouvent leur pleine efficacité,
l’idéal est, pour la plupart des entreprises, de supprimer le contrôle budgétaire pour qu’il
n’influe ou ne limite pas ces outils. L’idée de ce changement de cap est de déterminer une
ligne de conduite qui n’est plus un véritable engagement car l’environnement ou le marché
peuvent changer considérablement. Ainsi, on ne recherche plus la compression des coûts
(stratégie à court terme) mais la création de valeur (vision à long terme). On parlera selon les
entreprises de total quality management, (TQM, ou qualité totale), de l’empowerment, de
l’Economic Value Added (EVA, ou bénéfice résiduel) ou encore des connus tableaux de bord
qui vont être détaillés ci-après.
4.5.3.2. L’empowerment
L'empowerment est définit comme la façon par laquelle l'individu accroît ses habiletés
favorisant l'estime de soi, la confiance en soi, l'initiative et le contrôle. Certains parlent de
processus social de reconnaissance, de promotion et d'habilitation des personnes dans leur
capacité à satisfaire leurs besoins, à régler leurs problèmes et à mobiliser les ressources
Le CAM-I, qui regroupe les directeurs financiers d’une trentaine de grands groupes
internationaux, propose des principes que doit respecter le nouveau système de gestion de
l’entreprise :
Ces principes mis en avant par le CAM-I montrent bien qu’un changement de gestion du
contrôle budgétaire est indispensable.
16
Consortium for Advanced Manufacturing International
ETUDE EMPIRIQUE
Cette enquête fut menée auprès de 42 entreprises françaises sur les motifs de
mécontentement exprimés lors de la construction de leurs budgets. Le résultat de cette
enquête met en avant cinq motifs majeurs d’insatisfactions :
• Le manque de formation des responsables opérationnels au contrôle de gestion ;
• Le manque de modèles de simulation ;
• L’irréalisme des budgets faits par les responsables opérationnels ;
• La longueur excessive de la procédure budgétaire ;
• Le manque de suivi et d’analyse des réalisations.
Nous retrouverons donc dans cette partie les hypothèses qui ont conduit à réaliser cette
étude, la méthodologie utilisée pour obtenir des informations qui seront analysées et
interprétées ainsi que les caractéristiques de l’échantillon sur lequel nous avons travaillé.
Hypothèse 1.0 :
Les entreprises dissocient trop souvent l’élaboration de leur contrôle budgétaire du le
projet de l’entreprise.
Nous nous intéresserons ensuite à l’opinion des cadres opérationnels sur les
procédures mais également à celui de toute personne susceptible de devoir suivre, respecter
ou faire appliquer les procédures. Partant du principe que chaque idée est bonne à être étudiée,
un travail sur les ressentis individuels serait une valeur ajoutée indéniable.
Hypothèse 2.0 :
Les firmes s’appuient sur leurs procédures internes de contrôle et de qualité pour
fiabiliser leur contrôle budgétaire.
Hypothèse 3.0 :
Les entreprises négligent le risque d’évolution de l’environnement.
Hypothèse 3.1 :
Les entreprises n’ont pas les moyens de fiabiliser leurs prévisions.
Hypothèse 4.0 :
L’entreprise ne fédère pas l’ensemble de son personnel autour de son contrôle
budgétaire.
C’est autour de ces cinq hypothèses de travail que l’étude sera menée. Vérifier, ou au
contraire invalider ces hypothèses permettra d’apporter de nouveaux éléments de réponse
mais aussi, probablement, de poser de nouvelles problématiques pour les sujets à venir.
L’analyse statistique des données qui pourraient être recueillies semble elle aussi
délicate. En effet, nous avons vu dans notre première partie que l’incertitude, l’évolution
permanente de l’environnement ou encore les déterminations subjectives des responsables
opérationnels font partie intégrante de la vie du contrôle budgétaire, ce qui ne peut donc pas
permettre d’élaborer de modèles mathématiques pertinents.
Le questionnaire semble donc la meilleure alternative pour notre enquête : il sera notre
support.
Aussi, la décision d’administrer par mail a été facilitée par l’accès au carnet d’adresses
des clients de l’entreprise qui m’accueillait durant mon stage. Les contacts obtenus ont été
complétés par une liste de responsables financiers anciens étudiants du groupe Sup de Co
Amiens.
Ce même annuaire a également servi dans le phoning mis en place.
- Dans 65,4 % des firmes, le responsable du contrôle budgétaire est le directeur financier
- 65,4 % de ces responsables ont pour formation initiale une école de commerce. Ce taux
est élevé du fait que l’échantillon ait été constitué, en grande partie, grâce à l’annuaire des
anciens de l’Ecole Supérieure de Commerce d’Amiens.
- Enfin, 65,4 % de ces responsables ont suivi une formation spécifique aux budgets.
Schéma 7 : Moyenne d’âge du service en charge du contrôle budgétaire dans les entreprises interrogées.
- Dans 61,5 % des cas, l’élaboration des budgets commence au plus tard au mois d’octobre.
Et cette élaboration dure, dans 57,7 % des cas étudiés, entre 1 et 3 mois (Tableau 7).
Tableau 7 : Durée moyenne d’élaboration du contrôle budgétaire dans les entreprises interrogées.
- Aucune entreprise parmi celles interrogées ne calcule pas le coût de leur contrôle
budgétaire.
Tableau 9 : Evaluation de l’efficacité du contrôle budgétaire de la part de leur responsable dans les
entreprise interrogées.
Cette variable a été mesurée sur une échelle de cinq paramètres (de pas du tout efficace à tout à fait efficace)
cependant le premier n’a jamais été cité en réponse.
5. Conclusion
Cet échantillon semble représentatif du marché des entreprises français, à savoir un
tissu de PME de moins de 250 salariés avec un chiffre d’affaires moyen de 48 millions
d’euros.
Aussi, il semble que l’échantillon soit de bonne qualité puisque des entreprises telles
que Valeo, Saint-Gobain ou encore Alstom y ont participées.
Cette hypothèse est difficile à étudier, en effet, il semble délicat de pouvoir connaître
l’ensemble des stratégies de chacune des entreprises, ainsi que leur projet. C’est pourquoi,
afin d’apporter des éléments de réponse, l’analyse, ici, sera basée sur le jugement qu’on les
responsables du contrôle budgétaire de l’élaboration du contrôle.
N N+1
Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre Janvier ,,,
Schéma 9 : Début et durée de l’élaboration des budgets dans les entreprises sondées.
Enfin, rares sont les entreprises n’ayant pas d’ambitions particulières, et ceci se traduit
parfaitement par le fait que 92,31 % d’entre elles privilégient des prévisions ambitieuses aux
prévisions modestes dans leurs budgets.
Tout d’abord, concernant la variable ‘Concordance N-1’18, le test du Khi deux donne
les résultats suivants :
- Khi2 = 12,54
- Ddl = 2,1
- Et 1-p = 99,81 %
Ici la valeur de la certitude étant supérieure à 99%, on peut affirmer que l’écart entre
les deux est très significatif. Il semble donc évident que les entreprises se basent beaucoup
(trop ?) sur le passé. Cette analyse conforte l’idée que les entreprises ont du mal à projeter
leur stratégie dans leurs budgets.
Cette analyse est confortée par le fait que seulement 15,38 % des responsables
budgétaires sondés utilisent la méthode du budget base zéro dans l’élaboration de leurs
budgets, alors qu’ils sont 69,23 % à la connaître.
1.3. Hypothèse 1.2 : Le coût du contrôle freine les entreprises dans une élaboration
aboutie
Le coût du contrôle budgétaire peut s’avérer conséquent pour une entreprise, du coût
de sa mise en place au coût des réunions de travail en passant par le coût de la mobilisation de
cadres.
L’important serait ici de savoir si les entreprises mesurent le coût de leur contrôle
budgétaire, et si oui à combien.
18
Correspond à la question : La procédure prévoit-elle la concordance entre le budget et le budget N-1 ?
1.4. Hypothèse 2.0 : Les entreprise s’appuient sur leurs procédures internes
Nous allons essayer de démontrer qu’il y a bien un lien entre les procédures internes et
la diffusion de ces dernières avant l’élaboration du contrôle budgétaire.
En effectuant le test du Khi deux sur les variables ‘Existence des procédures’ et
‘Diffusion des procédures’, la probabilité p est inférieure à 5 % voire nulle. Ces deux
variables sont donc bien liées.
Aussi, le fait que près de 70 % (69,23 %) des entreprises sondées ne souhaitent pas
simplifier leurs procédures et que les propositions de simplification de celles-ci soient légères
(moins de navette entre les responsables et la direction, alléger les autorisations,…) confirme
le fait que les entreprises se basent sur leurs propres procédures et qu’elles ne souhaitent pas
changer de manière d’agir.
Enfin, 92,3 % des sondés ne souhaitent pas abandonner le contrôle budgétaire, les
raisons principales restent que le contrôle budgétaire est l’outil indispensable à la mesure de la
performance et au pilotage de l’entreprise. Le contrôle budgétaire est une procédure en soi.
1.5. Hypothèse 2.1 : L’informatique prend une part importante dans l’élaboration du
contrôle
Le tableau (Tableau 10) ci-dessus reprend l’ensemble des logiciels cités par les
entreprises sondées que celles-ci utilisent dans l’élaboration de leur contrôle budgétaire. Autre
information à considérer, 57,7 % des entreprises utilisent un ou plusieurs logiciels dans
l’élaboration du contrôle budgétaire. Ce taux semble faible, cependant, il semble impossible
Cependant, le test du Khi deux sur les variables ‘logiciel’ et ‘durée’ donne une
probabilité supérieure à 15 %. Cela signifie que l’utilisation de logiciel ne permet pas
forcement de réduire les durées d’élaboration des budgets.
Cette analyse prouve que les entreprises sont capables de mesurer l’importance de
l’environnement dans l’élaboration de leurs budgets. Le postulat de départ n’est donc pas
confirmé.
1.7. Hypothèse 3.1 : Les entreprises ne peuvent pas fiabiliser leurs prévisions
Deux variables étudiées vont permettre d’analyser cette hypothèse : la méthode
d’élaboration et l’analyse des écarts.
L’analyse des écarts est effectuée dans la totalité des entreprises interrogées, on
appelle généralement cela la « re-prévision ». Elle permet de desceller les postes de dépenses
pour lesquels les écarts entre prévisions initiales et états réels des dépenses sont significatifs.
Cet outil ne permet en aucun cas aux entreprises de fiabiliser leurs prévisions, son utilité sera
plutôt de juger les postes de dépenses qui seront à repenser pour l’exercice suivant.
Cependant, et comme décrit dans une précédente analyse, l’établissement de budgets basé sur
l’analyse des exercices précédents ne permet pas aux entreprises de prévoir l’avenir. Elle ne
serait utile que pour une entreprise visant à stabiliser son activité, ce qui paraît aujourd’hui
suicidaire pour une entreprise.
Concernant les méthodes d’élaboration, dans un souci de ne pas influencer les sondés
dans leurs réponses, la question posée est une question ouverte, l’analyse de la variable est
donc plus complexe. Cependant, une analyse de la fréquence des mots utilisés dans les
réponses permet de desceller des tendances. En effet, le mot « remontée » apparaît 13 fois,
soit dans 50 % des cas. Pour l’élaboration de leurs budgets, la plupart des responsables
utilisent la remontée d’informations de la part des différents responsables opérationnels. Se
pose la question de la bonne transmission de ces informations, comment s’assurer que cette
remontée d’informations se fait sans que celles-ci soient modifiées ou falsifiées.
Autre méthode d’élaboration récurrente, les réunions (30,77 %). Les responsables
opérationnels, les commerciaux, mais le plus souvent les membres de la direction sont
présents lors de ces réunions de synthèse. C’est également lors de ces diverses réunions que
sont validées les prévisions, dans 62,5 % des cas.
Enfin, l’avenir n’est évoqué qu’à trois reprises, soit dans 11,54 % des cas. Nouvelle
preuve que les entreprises ont beaucoup de mal à intégrer l’avenir dans leurs prévisions.
1.8. Hypothèse 4.0 : Les entreprises ne fédèrent pas leur personnel autour du contrôle
budgétaire
Cependant, l’analyse de la variable ‘cohésion’ grâce au test du Khi deux, montre que
la répartition de référence est très significative et qu’il existe une réelle cohésion au sein des
entreprises autour du contrôle budgétaire. Alors que le même test, réalisé sur la variable
‘implication’ montre que la différence avec la répartition de référence n’est que peu
significative.
De plus, aussi attrayante qu’il puisse paraître, le programme de rémunération n’a pas
de réel impact sur l’implication de responsables opérationnels et sur la cohésion entre les
différents services. En effet, le risque de se tromper (probabilité p) sur une dépendance des
deux variables que sont la cohésion et le programme de rémunération est tout de même de
14,10 %, ce qui reste considérable et ne peut aboutir à une analyse fine. D’autant plus que le
même test réalisé avec la variable ‘implication’ cette fois, donne une valeur de certitude de
31,98 %, soit plus de 68 % de se tromper.
L’entreprise semble donc en difficulté pour mobiliser ses acteurs autour du contrôle
budgétaire aux vues de la non influence des programmes de rémunération.
Enfin, la seule analyse permettant de supposer que l’entreprise parvient à fédérer son
personnel reste l’analyse de la variable ‘planning’. En effet, près de 70 % des sondés sont
soumis à un planning dans l’élaboration des budgets, et avec une probabilité p de se tromper
inférieure à 5 %, on peut admettre que cela reste une pratique courante dans le monde de
l’entreprise. De plus, la même remarque peut être faite suite à l’analyse du respect de ce
planning. La mise en place de ce système et son respect semble indiquer que les acteurs du
contrôle budgétaire s’impliquent dans l’élaboration des procédures. Cependant, près d’un tiers
des sondés juge ce planning comme une contrainte, et ils sont un peu plus nombreux à penser
que ce planning est une source d’insatisfaction.
Cette dernière analyse confirme donc bien que le contrôle budgétaire est considéré
comme une contrainte par les responsables opérationnels plutôt qu’une opportunité pour eux
de se fixer des objectifs.
Ici, l’hypothèse n’est pas totalement rejetée, en effet, les entreprises mettent en place
des procédures (diffusion, programme de rémunération,…) pour fédérer leur personnel autour
Le test du Khi deux sur la variable ‘responsable du budget’ donne une différence avec
la répartition de référence très significative, la probabilité p étant nettement inférieure à 5 %
(1-p = 99,81 %). Il en ressort que le poste le plus fréquemment cité pour l’élaboration des
budgets est celui de directeur financier. Poste qui semble tout à fait en adéquation avec les
missions du contrôle budgétaire.
Tableau 13 : Formation aux budgets des responsables du contrôle budgétaires des entreprises sondées.
Ce tableau montre que, dans la plupart des cas, les responsables des budgets sont des
cadres expérimentés. Aussi, dans 84.62 % des entreprises sondées, le responsable n’est pas
seul et peut compter sur la collaboration de son service financier.
Cadre supérieur, formé aux budgets, expérimenté et pouvant compter sur des
collaborateurs qualifiés, voici le profil type du responsable du contrôle budgétaire qui ressort
de notre enquête. Il semble donc évident que ce dernier soit compétent en la matière pour
mener à bien les différentes missions qu’impose le contrôle budgétaire.
Cependant, le tableau ci-après (Tableau 15) montre que, certes, les responsables des
budgets connaissent des méthodes, mais que celles-ci ne sont que très peu, voire pas du tout,
appliquées par ces derniers.
19
Les questions reprises dans le tableau sont celles utilisées dans le questionnaire version Sphinx (Annexe 2).
Pour répondre à cette problématique, neuf hypothèses d’étude ont été formulées. La
première hypothèse d’étude avait pour objectif de vérifier que les entreprises ne dissociaient
pas leur projet général à l’outil qu’est le contrôle budgétaire. Nous avons démontré, au
contraire, que les entreprises prennent bien en compte leur stratégie et leur projet dans le
contrôle budgétaire. Et ceci malgré la difficulté de définir au cas par cas la stratégie des
entreprises. Il ressort de l’analyse de cette hypothèse que les outils mis en place sont en
accord avec la stratégie des entreprises. De plus, le caractère ambitieux des prévisions faites
par les responsables, montre bien que l’outil permet à l’entreprise de se projeter sur plusieurs
exercices.
L’hypothèse 1.2, notre troisième hypothèse, cherchait à vérifier le fait que le coût du
contrôle budgétaire pouvait nuire à une élaboration aboutie. Cette hypothèse n’a pas été
validée puisque aucune des entreprises interrogées ne mesure le coût de l’outil. Cela signifie
donc qu’il n’est en aucun cas, d’une part, remis en cause, et d’autre part, trop coûteux pour les
entreprises. Cependant il serait probablement judicieux de mener une enquête sur le coût de ce
contrôle budgétaire, il pourrait renforcer les critiques décrites dans la première partie de notre
étude.
Notre pénultième hypothèse avait pour objectif de vérifier si les entreprises cherchent
effectivement à fédérer leur personnel autour du contrôle de gestion. Cette hypothèse est
partiellement validée, en effet, il en ressort que les entreprises mettent en place des procédures
visant à sensibiliser le personnel (programme de rémunération en fonction des budgets établis
et/ou respectés, diffusion des procédures à l’ensemble du personnel avant le début de
l’élaboration des budgets,…), mais que celui-ci, malgré la cohésion entre les différents
services, ne s’implique pas réellement dans le respect des procédures, et notamment le
planning. Le planning est d’ailleurs plutôt considéré comme une contrainte que comme façon
de gérer le temps de travail.
La dernière hypothèse de travail de notre étude se basait sur les compétences des
responsables en charge du contrôle budgétaire. Nous avons validé le fait qu’ils étaient
généralement compétents et avons même pu dresser un « portrait robot » du responsable du
contrôle budgétaire : cadre supérieur, formé aux budgets, expérimenté et pouvant s’appuyer
sur des collaborateurs qualifiés. Seul bémol dans cette analyse, ces mêmes responsables ont
visiblement de nombreuses connaissances mais qu’ils appliquent généralement les mêmes
méthodes et ne sont pas partisans pour en pratiquer de nouvelles.
Les résultats de cette recherche sont toutefois à considérer avec parcimonie. Si l’on se
réfère à l’analyse de notre échantillon, nous constatons que certains pourcentages obtenus ne
reflètent pas entièrement la réalité. Nous allons illustrer ce propos par quelques exemples
clés :
20
INSEE : Institut Nationale de la Statistique et des Etudes Economiques
- Selon notre étude, 34,6% des entreprises françaises seraient des industries agro-
alimentaires, et 30,8% des entreprises hors industries agro-alimentaires. Or, en
2005, le secteur d’activité le plus représenté est le commerce avec 20,6% de parts
de marché.
- 65,4% des responsables du contrôle budgétaire sondés ont suivi une formation en
Ecole de commerce. Ce taux ne reflète pas la réalité puisque beaucoup
d’universitaires parviennent également à ces postes de responsables financiers.
Ceci est ici dû à la méthode sur laquelle l’échantillon a été basé, et en partie à
l’utilisation de l’annuaire des anciens étudiants de l’Ecole de Commerce d’Amiens
Picardie.
- Excel est l’outil le plus fréquemment utilisé dans l’élaboration des budgets. Il
serait alors intéressant d’étudier l’utilisation qu’en ont les responsables financiers
de ce logiciel. Utilisent-ils les macros, les tableaux croisés dynamiques, les
analyses statistiques avec historique ? Aussi, puisque nous avons vu que la durée
d’élaboration des budgets ne dépendait pas des logiciels utilisés, pourquoi ces
derniers ne permettent-ils pas une exécution plus rapide ?
- Nous avons analysé dans cette étude le jugement que faisaient les responsables du
contrôle budgétaire de l’environnement sur leurs prévisions. Peut-être envisageable
d’analyser l’impact de l’environnement sur l’ensemble des données financières de
l’entreprise.
- Une étude peut être effectuée sur la manière dont se fait l’adaptation des
différentes méthodes de suivi budgétaire (reporting, suivi par les produits, budgets
dynamiques, tendances,…) aux différentes entreprises (taille, secteur,…).
Si le contrôle budgétaire nous est apparu comme un outil nécessaire aux entreprises
pour qu’elles confortent leur stratégie, il semble moins évident que celui-ci soit un outil
totalement fiable. En effet, le caractère subjectif des prévisions fragilise leur fiabilité.
Notre étude nous permet cependant de pouvoir dresser l’ensemble des objectifs
majeurs que doit respecter le contrôle budgétaire pour être efficace.
Le contrôle budgétaire doit fixer des objectifs précis et mesurables. En effet,
l’incertain étant un facteur de risque d’erreur, il faut que les objectifs soient clairement
définis. Il faut également qu’il propose des programmes d’actions, ces derniers seront répartis
entre les différents responsables opérationnels de l’organisation afin d’être les plus efficients
possibles. Le contrôle budgétaire doit fournir un cadre d’évaluation des performances, bien
qu’il soit un outil d’aide à la décision et au pilotage, il est avant tout un outil de contrôle de la
cohérence entre la stratégie et l’activité réelle de l’entreprise. Enfin, il nécessite la
participation de tous les salariés et doit même être utilisé comme un moyen de mobilisation du
personnel. Les entreprises, nous l’avons vu, font des efforts en ce sens, mais peut être existe-t-
il des pistes, inexplorées à ce jour, qui permettraient aux entreprises de fédérer leurs salariés
autour d’un projet commun, avec comme « ciment » le contrôle budgétaire.
Si le contrôle budgétaire a essuyé tant de critiques ces dernières années, cela s’attribue
sans aucun doute au fait que les entreprises négligeaient certains de ces points fondamentaux.
Ces critiques ne poussent pas, selon notre étude, le contrôle budgétaire vers la sortie. Ce
dernier se doit, non pas d’être réformé, mais simplement d’être abordé comme une vraie
problématique de l’entreprise, et non plus comme une contrainte. D’autant plus que les
entreprises ne semblent pas disposées à abandonner cet outil, véritable aide au contrôle de
cohérence avec le, ou les, stratégie(s) mis(es) en place. De plus, il est un outil de mesure de la
performance, ce que cherche en permanence à expliquer la direction.
Au terme de cette étude, nous pouvons affirmer que l’efficacité du contrôle budgétaire
peut laisser émerger de nouvelles procédures. Cependant, l’outil reste courtisé par les
entreprises, et une bonne utilisation de ce dernier le rend particulièrement performant.
• PIGE B., LARDY P., Reporting et contrôle budgétaire, Éd. EMS Management
& société, Paris, 2003.
BB
Bénéfice économique :
En anglais, EVA (Economic Value Added), est un indicateur financier qui a pour but
d’évaluer le risque réel d’une entreprise.
Budget :
Document comptable prévisionnel distinguant les recettes et les dépenses.
C
C
Certification :
Processus de vérification qu’un produit ou un service est conforme à une norme de
gestion de la qualité, de sécurité,…
Compétences :
Ensemble pertinent, reconnu et éprouvé de représentations, reconnaissances, capacités
et comportements mobilisés à bon escient par une personne ou un groupe dans une
situation de travail.
Contrôle :
Activités telles que mesurer, examiner, essayer ou passer au calibre une ou plusieurs
caractéristiques d’une entité, et comparer les résultats aux exigences spécifiées en vue
de déterminer si la conformité est obtenue pour chaque caractéristiques.
Contrôle budgétaire :
Ensemble de mécanismes élaborés et mis en place par une organisation afin de
pourvoir à la planification, au contrôle et au suivi des budgets.
Contrôle de gestion :
Fonction qui, par l’exploitation du système d’information, vise à contrôler, mesurer et
analyser l’activité réelle d’une organisation.
EE
Echantillon :
Partie d’un ensemble sur laquelle on se base pour avoir une idée de l’ensemble comlet.
Empowerment :
Terme anglais traduit par « autonomisation » ou « capacitation », est la prise en charge
de l’individu par lui-même, de sa destinée économique, professionnelle, familiale et
sociale.
Environnement :
Ensemble des éléments externes à l’entreprise susceptibles de l’influencer.
M
M
Multichotomiques :
Question multichotomique : question fermée pour laquelle le répondant à le choix
entre plusieurs possibilités.
O
O
Objectif :
But que l’on se fixe.
PP
Performance :
Mesure dans laquelle un projet ou un partenaire de développement applique les
normes de mises en œuvre et obtient des résultats conformes aux objectifs fixés avec
les moyens qui lui ont été alloués.
Pilotage :
Le système de pilotage d’une organisation est l’ensemble des éléments lui permettant
de tendre en permanence vers les objectifs qu’elle poursuit.
Plan d’actions :
Il traduit la stratégie sous forme d’actions opérationnelles articulées autour d’objectifs,
d’étapes à franchir, de délai à ne pas dépasser ainsi que de ressources à répartir entre
divers responsables.
Planification :
Programmation d’actions et d’opérations à mener dans un domaine précis, avec des
objectifs précis, avec des moyens précis et sur une durée précise.
Q
Q
Qualité totale :
Démarche de gestion de qualité dont l’objectif est l’obtention d’une très large
mobilisation et implication de toute l’entreprise pour parvenir à une qualité parfaite en
réduisant au maximum les gaspillages et en améliorant en permanence les éléments de
sortie.
RR
Remontée d’informations :
Transmission de données stratégiques d’une organisation vers les niveaux
hiérarchiques supérieurs.
SS
Sphinx :
Logiciel pour le traitement statistique des données d’enquête d’opinion.
Stratégie :
Art de planifier et de coordonner un ensemble d’opérations en vue d’atteindre un ou
plusieurs objectifs.
Dans le cadre d’une étude sur le contrôle budgétaire, ce questionnaire va permettre d’analyser de
quelles manières les entreprises se servent de cet outil, mais également de discerner les points
d’amélioration éventuels qui pourraient lui être apportés.
1. Préparez-vous un budget ?
Oui Non Si non, reportez-vous à la question 41
9. Comment se fait l’élaboration de vos budgets ? (ex. : par réunion, remontée d'infos,…)
20. Existe-t-il une analyse des écarts entre vos prévisions et l’état réel ?
Oui Non
Le(s)quels(s) :
33. Comment vérifiez-vous que toutes les dépenses de l’entreprise sont budgétées ?
Si non, pourquoi ?
41. Activité :
42. Statut :
Autres, précisez :
Merci pour votre participation et pour le temps que vous aurez accordé à remplir ce questionnaire.
Bonne fin de journée
Le contrôle budgétaire est une technique qui permet de rapprocher périodiquement les
prévisions budgétaires et les réalisations. Il permet de constater, d’analyser et de
rechercher les motifs d’écarts. Cependant l’outil reste très critiqué ces derniers temps.
L’intérêt de ce mémoire est double :
Anticiper l’avenir du contrôle budgétaire et de connaître ses tendances
d’évolutions.
De connaître la place du contrôle budgétaire dans nos entreprises.
Mots clés :
Contrôle budgétaire – Responsables financiers – Procédures – Gestion des prévisions –
Contrôle de gestion – Pilotage – Stratégie