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ACCRÉDITATION EN BACTÉRIOLOGIE

L’audit en bactériologie clinique :


du concept à la réalisation
Jean-Paul Kleina,*, Pierre-Olivier Bazinb

RÉSUMÉ SUMMARY
L’audit est un outil de progrès et d’aide à la décision au service de l’entre-
prise et de la direction. En bactériologie clinique, il est difficile à mener car Auditing in clinical bacteriology: from concept
il nécessite une bonne connaissance des points critiques des différents to realization
processus pour optimiser l’efficacité d’une mission d’audit. L’analyse The audit is a tool for progress and a decision-making
et le discernement des risques est une étape essentielle de l’évaluation support benefiting the company and the management
sur site. Elle a pour but de faire un état des lieux des forces et faiblesses team. Auditing clinical bacteriology is a challenge
réelles ou potentielles du domaine audité. L’objectif de cet article est de because it requires a good knowledge of the critical
fournir une approche méthodologique pour être audité ou conduire une points of the various processes in order to optimize
évaluation en bactériologie. Nous proposons ici de passer en revue les the efficiency of an audit engagement. The analysis
différentes étapes de l’audit dans la logique de l’accréditation conformé- and the risk discernment is an essential stage of the
ment à la norme ISO 15189. Des exemples d’évaluation de l’efficacité on-site evaluation. The aim of an audit is to make
des processus de réalisation (préanalytique, analytique et postanalytique), an assessment of strong points and weaknesses of
de management et des processus support seront présentés et discutés. the audited area. The objective of this article is to
provide a methodological approach to be audited or
Audit – analyses des risques – bactériologie clinique – points critiques – to run an evaluation in bacteriology. We offer here
NF EN ISO 15189 – NF EN ISO 19011. a review of the various stages of the audit in line
with the accreditation according to the standard
ISO 15189. Assessment examples of the efficiency
of enforcement (pre-analytic, analytic and post-ana-
lytic), management and support processes will be
1. Introduction presented and discussed.

Audit – risk analysis – clinical bacteriology –


Le concept de l’audit consiste à vérifier par un échantil-
critical points – NF EN ISO 15189 – NF EN ISO 19011.
lonnage approprié le fonctionnement d’un laboratoire de
biologie médicale (LBM) par rapport aux exigences nor-
matives, réglementaires et du système de management
de la qualité (SMQ). Les audits permettent d’exprimer un Les laboratoires accrédités en bactériologie sont encore
avis sur les pratiques de l’organisme au regard des référen- peu nombreux sans doute en raison des spécificités de
tiels choisis et donnent l’occasion au LBM de développer cette discipline liées à la nature des échantillons biologiques
la  démarche d’amélioration continue du SMQ. (diversité des matrices), à la diversité des localisations ana-
La littérature concernant les pratiques des audits est riche tomiques des prélèvements ainsi qu’à une automatisation
en ouvrages et articles [1-9]. En revanche, peu de données encore très partielle. De surcroît, cette discipline présente
sont disponibles en la matière pour mener un audit en la particularité d’être en constante évolution :
bactériologie clinique dans le cadre du processus d’accré- - les bactéries s’adaptent en permanence à leur envi-
ditation [10, 11]. ronnement en raison de la pression de sélection exer-
cée par l’antibiothérapie qui fait émerger de nouveaux
phénotypes de résistance,
- la part croissante de l’automatisation crée une véritable
a Laboratoire Syndibio
révolution des pratiques avec de nouvelles technologies
98, rue des Capucins
d’identification des espèces et des résistances.
55200 Commercy
L’objectif de cet article vise à améliorer les pratiques d’audit
b 48, rue de la Chicanette
en bactériologie en partageant l’expérience acquise lors des
30640 Beauvoisin
audits d’accréditation mais aussi en tant qu’auditeur pour :
- améliorer la préparation des laboratoires à l’audit en
* Correspondance
bactériologie (audit interne, audit à blanc, évaluation
jean.paul.klein@wanadoo.fr
du Cofrac),
- fournir les bases méthodologiques et pratiques pour
article reçu le 30 septembre 2013, accepté le 10 janvier 2014 réaliser une évaluation sur site en bactériologie,
© 2014 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés. - contribuer à l’harmonisation des procédures d’audit.

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2. Matériel et méthodes t*OUFSGBDF : ensemble de caractéristiques physiques et
fonctionnelles requises à une frontière commune entre deux
ou plusieurs entités composant un système et permettant
2.1. Le corpus documentaire
de le faire communiquer [37].
Les documents indispensables pour la préparation des
audits sont cités en références. Cependant la liste est loin t4ZTUÒNFEFNBOBHFNFOU : système permettant d’établir
d’être exhaustive. Il s’agit : une politique et des objectifs et d’atteindre ces objec-
- des normes applicables [12-19], tifs [19]. Un système de management n’est rien d’autre
- des documents du Cofrac [20-31], que l’organisation mise en place par la direction pour
- des référentiels [32-36]. atteindre les objectifs fixés. En fonction des orientations
politiques, ce système de management est dit « qualité »,
2.2. Termes et définitions « des compétences », « environnemental », « de santé et
t"VEJU : processus méthodique, indépendant et docu- sécurité au travail ».
menté permettant d’obtenir des preuves d’audit et de les t"QQSPDIFQSPDFTTVT : ce principe de base amène le
évaluer de manière objective pour déterminer dans quelle laboratoire à regrouper ses activités utilisant des ressources
mesure les critères d’audit sont satisfaits. Il est à noter
communes (globalement, même communauté de moyens
que la norme ISO 19011 « lignes directives pour l’audit
et menant à une même finalité). Ces « familles » d’activi-
des systèmes de management » ne mentionne que le
tés ainsi créées sont les processus nécessaires à la mise
terme d’audit et non celui d’évaluation [12].
en œuvre de sa politique et l’atteinte de ses objectifs.
t$MJFOUEFMBVEJU : organisme ou personne demandant L’avantage de l’approche processus est qu’elle permet
un audit [12]. de mettre en évidence les relations et interactions entre
ces processus et ainsi en assurer la maîtrise. L’auditeur
Les différents types d’audit (interne, tierce partie…) se
portera un soin particulier à ces interfaces [18].
définissent par rapport au client de l’audit et non par rap-
port à l’auditeur (tableau I). t Le risque concerne la probabilité d’entraîner un effet
néfaste sur le soin prodigué au patient. Dans le constat
t"VEJURVBMJUÏ : il vise à suivre l’efficacité du système ou
d’écart, le risque doit être suffisamment parlant pour
d’un processus.
convaincre de la réalité du constat.
t"VEJUËCMBODPVQSÏBVEJU : audit simulant au plus près
t Le danger concerne par exemple, la présence d’une
les conditions de l’évaluation pour l’accréditation. Il permet
bactérie pathogène dans un aliment.
de vérifier si le laboratoire est prêt pour l’accréditation.
t$POTUBUBUJPOEBVEJU : résultats de l’évaluation des 2.3. Le cadre normatif
preuves d’audit par rapport aux critères d’audit. Les consta-
tations d’audit indiquent la conformité ou la non-conformité. 2.3.1. NF ISO 15189 v 2007 et v 2012
Le chapitre 4 de la norme d’accréditation (les exigences
t²WBMVBUJPO : appréciation qualitative et/ou quantitative
d’un produit, d’un service, d’un système, des moyens et relatives au management) alimente le chapitre 5 (les exi-
des méthodes mises en œuvre, dans le but de détermi- gences techniques).
ner si une entité est capable de satisfaire aux exigences Le chapitre 4.14 intitulé, « évaluation et audits » de la ver-
spécifiées. D’une façon générale, le vocable évaluation sion 2012 de la norme 15189 comporte huit paragraphes
est souvent utilisé pour désigner un audit [37]. On remar- alors que celui de la version 2007 intitulé « audits internes »
quera que le Cofrac distingue plusieurs types d’évaluation : n’en comporte que trois. Cette évolution témoigne de
initiale, complémentaire, de surveillance, d’extension et l’importance accordée aux audits pour évaluer le bon
supplémentaire [20]. fonctionnement du SMQ.
Il convient également de relever que la nouvelle version
de la norme spécifie que sept paragraphes de ce cha-
pitre 4.14 doivent figurer parmi les éléments d’entrée de
Tableau I – Les différents types d’audits. la revue de direction :
Position du client de l’audit
Type d’audit Exemple
- revue périodique des prescriptions, de la pertinence des
(à l’origine de la demande) procédures et exigences concernant les échantillons,
Audit fait à la demande - évaluation des retours d’informations de la part des
Il fait partie de l’audité Audit interne de la cellule qualité, utilisateurs,
de la direction, etc. - suggestions du personnel,
- audits internes,
Audit demandé par les services
Audit seconde - gestion des risques,
Il fait partie des clients de soins dans un hôpital
partie
Un laboratoire pharmaceutique - indicateurs qualité,
- revues par les organismes externes.
Audit d’un fournisseur de
Audit seconde
Il fait partie des fournisseurs matériel avant installation
partie 2.3.2. SH REF 02
sous certaines conditions !
Les versions applicables sont la 03 pour la mise en œuvre
Ne correspond à aucune des Audit tierce
situations précitées partie
Audit de certification de l’ISO 15189 : 2007 et la 04 pour la version 2012 de la
norme ISO 15189.

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ACCRÉDITATION EN BACTÉRIOLOGIE

Le recueil des exigences spécifiques est un document impor-


Figure 1 – Roue de Deming.
tant qui récapitule les exigences législatives et réglementaires
définies au niveau national pour l’accréditation des LBM.
Le chapitre 4.14 indique que lorsque le LBM recourt à un
auditeur externe, il est nécessaire d’établir un contrat entre le
LBM et l’auditeur. Le document SH REF 02 précise que les
exigences de la norme ISO 15189 s’appliquent également
aux analyses de biologie délocalisées [21].

2.4. La mission d’audit


Elle se déroule en trois phases : planification, réalisation
et conclusion. Le respect des aspects techniques et rela-
tionnels revêt une grande importance dans le déroulement
de l’audit. Le rôle de l’auditeur est d’analyser l’efficacité
et la conformité du système en vérifiant si les critères
normatifs, réglementaires ainsi que les bonnes pratiques
professionnelles (moyens, méthodes, procédures, confor-
mité, efficacité) sont satisfaits. Il doit donc posséder à la
fois une bonne maîtrise des exigences des référentiels et
des bonnes pratiques professionnelles dans la discipline
auditée pour permettre de mener efficacement l’évaluation.
Cette maîtrise assure l’objectivité du processus d’audit, Cette amélioration se traduit par l’atteinte des objectifs
l’évaluation ne se faisant pas par rapport à des données fixés, ou par une adaptation à de nouvelles contraintes
personnelles (celles de l’auditeur) mais par rapport à des imposées par l’environnement de l’entreprise.
référentiels partagés de tous (les critères d’audit). En vérifiant que les processus mettent en œuvre les res-
La mission d’audit permet de s’assurer que les dispositions sources nécessaires à leur fonctionnement, qu’ils sont en
prises et mises en œuvre par le laboratoire répondent aux mesure d’atteindre les objectifs fixés et qu’ils participent
exigences normatives. Cette évaluation permet l’identifi- activement à l’amélioration continue, l’auditeur peut se
cation de risques et la mise en place de plans d’actions rendre compte de la maturité du SMQ.
pertinents. Le fil conducteur de l’audit doit être le concept De surcroît, ce concept d’approche processus souligne
de la roue de Deming (figure 1) qui décrit les principales l’intérêt de la maîtrise des interfaces [38-40], aussi l’audi-
étapes d’un cycle d’amélioration du SMQ (planifier ou teur devra y apporter une attention particulière (figure 2).
prévoir, faire ou entreprendre, vérifier, améliorer ou réagir) D’une manière générale, auditer selon la logique du
en anglais le PDCA (plan, do, check, act). « PDCA » peut se résumer à deux types de questions
La direction définit une politique et s’assure de sa com- « expliquez-moi comment cela est organisé » et « expli-
munication au sein du laboratoire. Elle fournit ou garantit quez-moi comment vous faites et vérifiez la conformité ».
la disponibilité des ressources nécessaires aux différents La dernière partie le « act » se vérifie en examinant les
processus du laboratoire afin que cette politique soit cor- différentes données portées sur les enregistrements et
rectement mise en œuvre. Lors de la mise en œuvre des l’exploitation qui peut en être faite par le service qualité.
différentes activités, des enregistrements sont réalisés. Nous avons souligné plus haut l’importance des ressources.
L’analyse de ces données (notamment par le service Celles-ci peuvent être résumées sous la dénomination des
qualité) doit conduire à l’élaboration de plans d’actions 5 M : matière première – « les entrants » destinés à être
visant à l’amélioration du fonctionnement du laboratoire. transformés – main d’œuvre, méthode, matériel et milieu.

Figure 2 – Exemples d’interactions entre les différents processus de réalisation.

Critères d’alerte
Enregistrement Rendu au clinicien
Renseignements cliniques Délais d’analyse
Transport des échantillons Vérification analytique
Prétraitement Validation

Processus Processus Processus


préanalytique analytique postanalytique

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5BCMFBV**o(SJMMFEFEÏmOJUJPOEFTDJOROJWFBVYEFQSPHSÒT BEBQUÏFEVEPDVNFOU"'/03'%9

/JWFBVEFQSPHSÒT

Fonctionnement de En amélioration
Défini, planifié, suivi Maîtrisé Optimisé
base permanente

De bonnes pratiques Les politiques sont La situation est Les pratiques sont Les meilleures
(règles de l’art) mises définies, planifiées et sous contrôle optimisées en fonction pratiques sont en
Les pratiques en œuvre par du appliquées de chaque contexte place et constamment
personnel compétent particulier revues en vue de leur
amélioration

Le système qualité Le système qualité est Le système qualité Le système intègre les Les améliorations
peut être efficace, bien appliqué dans son est défini exigences du client en continues placent
-FTZTUÒNFRVBMJUÏ mais il est fragile ensemble termes d’innovation. Il les contributions de
est en adéquation avec chacun au meilleur
$SJUÒSFTEÏWBMVBUJPO

les besoins du client niveau

L’efficacité du Le fonctionnement est Le pilotage des L’efficacité du L’entreprise est


fonctionnement doit stable mais il reste des processus est en fonctionnement est performante
Le fonctionnement être améliorée disparités à aplanir place visible

Un effort de formation Le fonctionnement La maîtrise des Le personnel a une Chacun est acteur
pour l’ensemble du dépend des opérateurs processus est bonne perception des de la performance de
Le personnel personnel reste à visible exigences spécifiées et l’entreprise
faire pour renforcer sa des besoins des clients
compétence

Les résultats sont Les résultats sont Les résultats sont Les résultats sont Les résultats sont très
Les résultats basés sur certains conformes et sont conformes aux conformes à des bons sur la durée
acteurs clés obtenus selon une objectifs objectifs ambitieux (3 ans) et montrent une
démarche établie amélioration continue

Chacun des processus met en œuvre la politique qualité Le système qualité est considéré comme un assemblage de
communiquée par la direction (processus de management). processus interconnectés et cohérents. L’efficacité individuelle
Notons que ces « 5 M » sont bien au centre des exigences de chaque processus au sein de l’organisme concourt à
de l’ISO 15189 à travers les chapitres 5.1 (personnel), l’efficacité globale du système qualité. Le document AFNOR,
5.2 (locaux et environnements de travail), 5.3 (matériels FD X 50–174 fournit les lignes directrices sur l’évaluation de
de laboratoire, réactifs et consommables). La « matière l’efficacité d’un système qualité avec la définition de l’ap-
première » se trouve encadrée par les chapitres « contrat proche d’évaluation sous la forme d’une grille, (tableau II)
de prestation » (4.4) et « processus préanalytique » (5.4). [17]. Cette dernière peut être utilisée tant en interne qu’en
Le M « méthode » est traité par les dispositions prises dans externe comme outil d’aide à l’évaluation globale d’un SMQ.
les procédures. Pour qu’un processus génère le résultat souhaité, le laboratoire
Finalement, le concept de maîtrise du processus induit la doit maîtriser le matériel et méthodes utilisés, le milieu dans
maîtrise de ces « 5 M ». En se concentrant sur ce contrôle, lequel il évolue, les entrants (qualité intrinsèque de l’échantillon,
l’auditeur se donne la possibilité d’évaluer la capacité du disponibilité des informations) et les compétences mises en
LBM à rendre un résultat fiable et reproductible. œuvre. L’audit permet de s’assurer de cette maîtrise.
t"QQSPDIFNÏUIPEPMPHJRVF
Notre propos sera consacré à une méthodologie opéra- En résumé : l’auditeur doit posséder une bonne connais-
tionnelle adaptée à la bactériologie clinique pour évaluer sance des référentiels de bactériologie et des normes ISO
principalement les processus de réalisation, sans écar- 15189, ISO 22870 et ISO 19011. L’évaluation doit être effec-
ter les processus support (locaux, hygiène et sécurité, tuée conformément à une approche processus pour juger
système informatique du laboratoire (SIL), ressources l’efficacité du SMQ (dispositions planifiées et appliquées),
humaines, métrologie, contrats et conventions, etc.) et déceler les points de vulnérabilité et identifier les pistes
de management (mise en place et déploiement d’une de progrès. La finalité des audits (interne ou externe), il ne
politique qualité, amélioration continue, gestion du sys- faut pas l’oublier, est de garantir la qualité des examens de
tème documentaire, gestion des non-conformités et des biologie médicale et la sécurité de la prise en charge du
réclamations, revue de contrats, etc.). La méthodologie patient. Les audits internes concernent le plus souvent un
proposée a pour but d’améliorer l’efficacité d’une mis- processus alors que les audits externes intéressent plutôt
sion d’audit (produit, process, ressources, gouvernance, tout le système de management. Ces évaluations doivent
organisation, innovation). Bien entendu, il s’agit d’adapter permettre de vérifier la maîtrise de l’ensemble des moyens
la méthodologie en fonction de la complexité de l’orga- mis en œuvre, qu’il s’agisse de la maîtrise du matériel, des
nisme à auditer (LBM privé, centre hospitalier universitaire, méthodes et milieux dans lesquels ils s’exercent, de la
centre national de référence, centre hospitalier, etc.), de qualité des échantillons et informations traités, mais aussi
la maturité du SMQ, des objectifs et du champ d’audit de la compétence des différents intervenants.
(type de portée A ou B).

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ACCRÉDITATION EN BACTÉRIOLOGIE

2VFMMFTTPOUMFTEJTQPTJUJPOT 2. de la maîtrise des 5 M (compétence du personnel, maî-


à prendre pour respecter les exigences trise du matériel et des conditions d’environnement,
EBDDSÏEJUBUJPOFONBUJÒSFEBVEJU vérification de la qualité des entrants et respect des
Le LBM doit analyser les besoins et décrire dans le cadre méthodes),
d’une procédure les grandes lignes du dispositif mis en 3. de la réalisation de tout ou partie de prestations d’essais
place pour les audits (internalisation/externalisation de et d’étalonnages,
l’audit, planification, contenu, protocole, exploitation, 4. de la participation à des comparaisons interlaboratoires
contrat de prestation pour les audits externalisés). Concer- et des résultats des évaluations externes de la qualité
nant ce dernier point, lorsque le laboratoire fait appel à (EEQ).
des auditeurs externes à la structure, il doit s’attacher de la dynamique d’amélioration continue par la bonne
à demander la qualification du consultant et à rédiger utilisation des enregistrements,
un contrat établissant le type de prestation demandée 6. de la vie du SMQ au travers de l’examen des comptes
(ex. audit de l’ensemble des éléments du SMQ). rendus d’audit interne, revue de direction, plans d’actions
Rappelons que ce travail de description figure dans la norme qualité, gestion des travaux non conformes, mesure de
ISO 19011. Cette norme contient trois grands chapitres : la satisfaction des clients et traitement des réclamations.
- le chapitre 5 est particulièrement destiné aux responsables Nous retrouvons ici la logique du PDCA : (1) le « plan » ;
qualité qui assurent le management du processus d’audit, (2) et (3) le « do » ; (4) : le « check » ; (5) et (6) le « act ».
- le chapitre 6 définit le processus d’audit, de la préparation
de la mission à la rédaction du rapport, 2.6.1. Programme pour l’audit de la partie technique
- le chapitre 7 décrit quant à lui les compétences et aptitudes L’audit des activités techniques permettra à l’auditeur
des auditeurs. Il contient d’excellentes recommandations d’évaluer :
pour ce qui est de l’évaluation des auditeurs. - la maîtrise des compétences,
- la vérification des performances/validation des méthodes,
t2VBMJmDBUJPOFUIBCJMJUBUJPOEFTBVEJUFVST - la maîtrise de la performance en routine,
Pour les audits internes, le mode de qualification des - la traçabilité des résultats de mesure,
auditeurs doit être décrit dans une procédure (formation - la maîtrise métrologique,
à l’audit interne et réalisation de 3 audits avec un référent - les comparaisons interlaboratoires,
par exemple). La pratique des audits est indispensable - l’utilisation de la sous-traitance,
pour assurer le maintien, mais aussi le renforcement des - la maîtrise des conditions environnementales.
compétences de l’auditeur.
La compétence de l’auditeur résulte d’une combinaison de 2.6.2. Expression de la demande d’audit
connaissances des référentiels utilisés et de pratique de Même pour les audits internes, il est important de forma-
l’audit. Bien qu’il n’existe pas de règles formelles pour ce liser un minimum d’éléments. Cette formalisation permet
qui est de la pratique, on peut considérer que 3 à 4  audits de fixer un cadre aux auditeurs et ainsi d’améliorer le
réalisés au cours d’une année sont nécessaires pour fonctionnement de ce processus.
acquérir une méthode de travail personnalisée et autant Cette demande peut comprendre les éléments suivants.
pour la maintenir et la renforcer. rL’objectif de l’audit peut cibler :
Le fait de réaliser seul des évaluations ne pose pas de - la détermination du degré de conformité d’activités ou
problème particulier, pour peu que la connaissance du d’un processus avec des exigences spécifiées (normes)
référentiel soit suffisante. Beaucoup de « jeunes » auditeurs et les dispositions prises (manuel qualité),
ont la crainte de commettre des erreurs. Mais ces dernières - la capacité d’un ensemble d’activités à atteindre un
ne sont pas dues à l’inexpérience, mais à la méconnais- objectif fixé,
sance des bonnes pratiques et des référentiels. D’autres - la vérification de la mise en œuvre et de l’efficacité d’un
ont peur de ne pas « tout voir ». Soulignons deux réalités : plan d’action (à la suite de réclamations).
la première, c’est que de toute façon il n’est pas possible
L’objectif de l’audit doit se voir comme une question posée
de tout voir ; la seconde est que les risques pour la sécurité
à l’auditeur. La réponse à cette « question » se fera au
des soins restent maîtrisés !
travers des conclusions du rapport d’audit.
L’erreur qui peut être commise par la direction du labora-
r Le champ d’audit : il définit les lieux, les activités, les
toire est de ne pas faire pratiquer assez d’audits par les
thèmes ainsi que la durée de l’audit.
auditeurs internes. L’important en effet n’est pas la durée
r Le(s) critère(s) d’audit : il correspond à la référence vis-à-
de l’audit, mais la répétition de l’exercice.
vis de laquelle la conformité est déterminée [12].
2.6. But et organisation de l’audit La définition de cette demande assure une bonne couverture
L’évaluation permet à l’équipe d’audit de formuler une de l’ensemble des activités du système de management,
appréciation générale sur la compétence organisation- sans oublier les interfaces.
nelle et technique du laboratoire pour réaliser les examens
biologiques dans la discipline concernée. 2.6.3. Exemple de demande d’audit
L’audit consiste principalement en l’examen : - Vérifier que les pratiques professionnelles pour les pré-
1. des dispositions techniques et organisationnelles pré- lèvements bactériologiques ainsi que leurs modalités
vues, et des preuves de leur mise en œuvre (organisa- d’acheminement sur le plateau technique garantissent
tion des 5 M), des résultats fiables.

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Avec une telle demande, l’auditeur est en mesure d’apporter
5BCMFBV***o&YFNQMFEFEFNBOEFEBVEJU"VEJU/'&/
*40o-BCPSBUPJSFEFCJPMPHJFNÏEJDBMF une conclusion à son évaluation (la réponse à l’objectif).
t0CKFDUJGEFMBVEJU évaluer la pertinence et l’efficacité du système qualité
en vérifiant sur site que les dispositions organisationnelles et techniques sont 2.6.4. Préparation du plan d’audit
documentées, mises en œuvre et techniquement valides et adaptées aux Le plan d’audit devra comprendre les points suivants :
prestations réalisées pour en assurer la qualité conformément aux exigences - lieu de l’audit,
de la norme NF EN ISO 15189 v 2012
t0SHBOJTNFBVEJUÏ Laboratoire de biologie médicale de X - champ d’audit (étendue et limites de l’audit),
t"ESFTTF100, rue Lepic – 75001 Paris - objectif de l’audit
t$POUBDU Joseph Lapierre
- référentiels applicables (critères d’audit),
t5ZQFEÏWBMVBUJPOaudit interne externalisé
t$IBNQTEFMBVEJU ensemble des activités du laboratoire, sous-domaine - qualification de l’auditeur,
microbiologie, famille bactériologie (BACTH) - durée (heure de début, heure de fin),
t4JUFBVEJUÏsite principal (plateau technique)
t%VSÏF un jour et demi, jeudi 22 et vendredi 23 août 2013
- conditions de remise du rapport d’audit (forme, délai, etc.).
[1–cf. renvois en fin de plan]
t$SJUÒSFTEBVEJUTFUSÏGÏSFOUJFMTnorme NF ISO 15189 v 2012 - SH REF 02
Le plan d’audit répond à trois finalités :
révision 04, SH REF 08 - MAQ - permettre à l’audité de mettre à disposition les ressources
t"VEJUFVS"'/03*$" J.- P. Durand nécessaires et faciliter ainsi le déroulement de la mission,
t3ÏEBDUJPOEVQMBOEBVEJU J.-P. Durand
Le plan d’audit pourra faire l’objet d’ajustements pour un déroulement optimal de - montrer au client de l’audit (celui qui est à l’origine de
la mission l’audit) que sa demande a été entièrement prise en compte,
- donner à l’auditeur une trame, un plan de discussion,
- L’audit sera réalisé sur les sites préanalytiques X et Y afin d’être le plus exhaustif possible.
et sur le plateau de bactériologie Une demande d’audit et un plan d’audit sont donnés à
- Durée : un jour et demi titre d’exemple dans les tableaux III et IV : le cadre est
- ISO 15189 : 2012 – SH REF 02 – Procédure interne xxx une structure multisites composée d’un plateau technique

Tableau IV – Exemple de plan d’audit avec les activités évaluées.


Personnel du
Horaires $SJUÒSFT 5IÒNFTBVEJUÏT Auditeur
laboratoire
Jeudi 22 août 2013

Réunion d’ouverture (2)


§ Présentation mutuelle (3)
Direction et RAQ
9 h 00 § Présentation de la mission (objectif, critère et champ, y compris la JPD Personnel disponible
liste des analyses soumises à l’accréditation) bienvenue
§ Présentation et validation du plan d’audit

Organisation et activités du LBM


4.1 – 4.2 § Présentation du laboratoire et de ses activités
§ Organisation et management : examen de la politique mise en place
et des objectifs associés
4.4 § Contrats de prestations – Prise en compte des besoins et attentes
9 h 15 JPD Direction
des clients
4.1 § Responsabilité et autorité, communication
§ Gestion des portées
4.7 § Organisation de la prestation de conseil (4)

1SPDFTTVT3) 

5.1 § Organisation des RH


10 h 00 § Détermination des compétences JDP Responsable RH
§ Formations – évaluation des compétences - habilitations

Processus préanalytique (6)


§ Organisation du processus
5.1 § Management des compétences (5)
4.4 – 5.4 § Réalisation des prélèvements bactériologiques au laboratoire –
– 4.7 examen de la demande du client (patient, prescripteur)
§ Dispositions prises pour les auto-prélèvements
§ Maîtrise matériel et conditions environnementales Biologiste
11 h 00 JDP
5.2 – 5.3 § Réception des prélèvements externes (sites périphériques, externes,
clinique) Secrétaires et préleveurs
§ Traitement des urgences
§ Sous-traitance d’analyse
4.5 § Réclamations clients et non-conformités
4.8 – 4.9

12 h 30 Pause déjeuner

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ACCRÉDITATION EN BACTÉRIOLOGIE

Tableau IV – Exemple de plan d’audit avec les activités évaluées (suite).


Processus analytique
§ Organisation du processus,
5.1 § Management des compétences
5.2 – 5.3 § Gestion des locaux, installations et conditions ambiantes
5.5 § Traitement des échantillons
§ Maîtrise des délais d’urgence Biologiste
14 h 00 § Réalisation des analyses JDP
5.6 § Programme CIQ, CEQ et EEQ Technicien et référent
5.3 § Maîtrise des équipements de mesure
§ Maîtrise des incertitudes de mesures et validation des méthodes
5.10 § Validation des transferts informatiques
4.9 § Maîtrise des non-conformités
§ Test de traçabilité

Processus postanalytique
§ Organisation du postanalytique
5.1 § Management des compétences
5.7 § Revue des résultats – validation biologique Biologiste
16 h 15 JDP
5.8 – 5.9 § Communication des résultats et diffusion des comptes rendus Secrétaires
4.7 § Prestation de conseil
4.8 – 4.9 § Réclamations clients – non-conformités
5.10 § Validation des connexions

Services externes et approvisionnement (7)


4.6 § Sélection et évaluation des fournisseurs
17 h 00 JDP Responsable des achats
§ Achats et approvisionnement
§ Stockage et inventaires

.BÔUSJTFEVTZTUÒNFEJOGPSNBUJPO
17 h 45 5.10 § Définition des autorités et responsabilités,
§ Conditions de maîtrise du système

18 h 30 'JOEFMBQSFNJÒSFKPVSOÏF

Vendredi 23 août 2013

Maîtrise documentaire (8)


8 h 30 4.3 – 4.13 § Condition de maîtrise
§ Veille normative, réglementaire et technique

Processus amélioration
4.8 § Synthèse des données (réclamations et non-conformités)
4.9 § Audits internes
4.14 § Surveillance du système JDP Responsable qualité
4.10 à § Actions correctives et préventives
4.12 § Amélioration continue
4.15 § Revue de direction (9)

10 h 30 Préparation de la réunion de clôture (10)

Réunion de clôture
Direction et RAQ
§ Rappel des objectifs, champ d’audit
11 h 30 JDP Personnel disponible
§ Constats relevés et conclusion
bienvenue
§ Remarques éventuelles de l’organisme

12 h 30 Fin de l’audit (11)

Notes
1. L’auditeur doit veiller à ce que la mission soit réalisable dans le temps imparti. de l’intitulé du § 4.4 dans la version 2012 rend plus lisible cette notion. Rappelons
Le temps affecté à chaque partie de l’audit ne devrait pas être inférieur à 45 que pour la version 2007 de l’ISO 15189, le § 4.4 « revue de contrat » s’applique
minutes. parce qu’il y avait un client et non un contrat (au sens contractuel du terme).
2. La réunion d’ouverture doit toujours être faite, même pour un audit de 2 heures. Cette notion reste vraie dans la version 2012 : le § 4.4 est celui du client,
Elle peut être très informelle, dans une salle de repos, un café à la main, mais elle les § 4.5 et § 4.6 ceux des prestataires de services et fournisseurs en tous genres.
doit être réalisée ! 8. En général, la maîtrise documentaire est à évaluer lors de la première
3. Dans la mesure, évidemment, où les intervenants ne se connaissent pas ! demi-journée. Dans cet exemple, cette « règle » n’a pas été respectée du fait
4. La prestation de conseil ne se limite pas uniquement à l’interprétation des du nombre d’activités à auditer.
résultats (cf. notamment d’après le point du § 4.7 de l’ISO 15189). 9. La revue de direction contient une synthèse du fonctionnement du SMQ.
5. Le management des compétences peut s’auditer en deux temps : avec le En prenant connaissance de ce contenu en début d’audit, nous risquons de trop
responsable des ressources humaines (RH) pour vérifier l’organisation générale, influencer notre analyse de la situation (et donc notre audit). De plus, il est très
puis sur le terrain pour vérifier que cette organisation est correctement mise en intéressant de suivre les mécanismes de collecte et d’analyse des informations
œuvre. alimentant le processus d’amélioration continue avant d’en examiner le résultat.
6. Si, lors de l’interview de la direction, le contrat avec la clinique a été examiné, 10. La qualité de la réunion de clôture dépendra, dans une large mesure, de ce
il s’agit maintenant de traiter l’exécution du contrat d’une part et la demande temps de préparation et de remise au propre de ses notes. Pour un audit d’un jour
client d’autre part (assimilable à un contrat, car débouchant sur une prestation et demi, une heure de préparation est un temps minimum.
du laboratoire). 11. Nous annonçons des heures de fin (18 h 30 et 12 h 30). La moindre des
7. Attention à ne pas confondre les contrats passés avec les fournisseurs, (objet choses et que nous respections ces horaires. N’est-ce pas, après tout, une règle
du § 4.6) et les contrats passés avec les clients (objet du § 4.4). La modification élémentaire de politesse ?

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2014 - N°461 // 83


Figure 3 – Le questionnement lors de l’audit : la technique de l’entonnoir - dossiers de vérification des per-
adaptée à la bactériologie clinique. formances ou de validation des
méthodes
Faible
Question ouverte
Pouvez-vous m’expliquer en 2.6.6. Guide d’entretien d’audit
quoi consiste votre travail ?
La rédaction d’un guide d’audit est
une bonne formule pour l’aide à
Pouvez-vous me montrer comment l’évaluation sur site afin de ne rien
vous procédez pour l’ensemencement oublier et d’optimiser la gestion du
des différents types de prélèvements
cliniques ?
Tension temps. L’auditeur doit d’abord poser
potentielle des questions ouvertes (qu’en pen-
Précision
des questions sez-vous ?), puis des questions fer-
Quelle est votre stratégie de contrôle mées (ne pensez-vous pas que ?,
qualité (interne et externe) ?
avez-vous un contrat de mainte-
nance pour tel automate ?) ou orien-
Confirmez-vous les phénotypes tées/spécialisées (comment réali-
BLSE proposés par votre sez-vous les antibiogrammes ? pour
automate d’antibiogramme ?
Question fermée Forte cette souche, quel(s) phénotype(s)
de résistance aux bêta-lactamines
envisagez-vous ?) (figure 3).
regroupant l’ensemble des services et activités et de À titre d’exemple, nous indiquerons dans les lignes qui
sites périphériques pré et post analytiques. Les clients suivent une liste de questions susceptibles de consti
du laboratoire sont des patients directs et une clinique. tuer une trame pour un audit. Il est important de noter
que la liste des questions d’audit proposée plus bas ne
2.6.5. Documents à demander doit pas être utilisée dans son intégralité, il ne s’agit pas
pour la préparation d’un audit d’égrener une check-list.
Les documents ci-dessous pourront être demandés pour Les questions sont, bien entendu, à adapter en fonction
préparer l’évaluation sur site de l’entité à auditer : du type d’audit et de l’activité des laboratoires, du recru-
- manuel qualité, tement de la patientèle mais aussi de la maturité du SMQ.
- organigramme fonctionnel, En aucun cas, il ne s’agit d’essayer de piéger l’audité par
- procédure de gestion des portées, des questions très techniques. Aussi nous avons consigné
- procédure de vérification des performances/validation dans une « rubrique spécialisée » certaines questions fer-
des méthodes, mées ou orientées mais qui restent dans le cœur de métier.
- procédure de gestion des contrôles qualité, Ce type de questions permet de sensibiliser l’audité aux
- tableau de portée et liste détaillée des examens. recommandations des sociétés savantes destinées à garantir
- liste des documents qualité. la sécurité de la prise en charge des patients (tableau V).

Tableau V – Types de questions pouvant être posées par un auditeur.


rEn préambule l’auditeur peut poser les questions suivantes t1SPDFTTVTBOBMZUJRVF
- Pouvez-vous m’indiquer comment est organisée l’activité en 2VFTUJPOTHÏOÏSBMFT
bactériologie (nombre de dossiers par jour, personnel affecté, - Comment est organisée l’activité pour respecter les durées
recrutement de la patientèle) ? d’incubation (ex : cas des ECBU de 18 à 24 h) ?
- Pouvez-vous me montrer une fiche de poste ? - Pouvez-vous me montrer comment vous procédez pour la lecture
- Pouvez-vous me décrire votre travail quotidien ? des examens directs ?
- Disposez-vous d’une procédure générale organisant la discipline ? - Pouvez-vous me montrer comment vous procédez pour
- Pouvez-vous m’expliquer en quoi consiste votre travail ? l’ensemencement des différents types de prélèvements cliniques ?
- Quand avez-vous réalisé votre dernière formation ? - Avez-vous une liste des milieux de culture à ensemencer en fonction
des différents types de prélèvements ?
t1SPDFTTVTQSÏBOBMZUJRVF - Pouvez-vous m’indiquer comment vous pratiquez les tests
- Quelles sont les modalités de prélèvements pour la bactériologie ? d’orientation (catalase, oxydase, Gram, mobilité, métabolisme
- Quels sont les critères d’acceptation et de rejet des échantillons ? respiratoire) ?
- Comment procédez-vous au transport des échantillons biologiques - Pouvez-vous m’indiquer comment vous réalisez le CIQ pour les
et quels sont les milieux de transport utilisés ? tests d’orientation (catalase, oxydase, Gram, mobilité, métabolisme
- Quelles sont les dispositions prises pour surveiller les conditions respiratoire) ?
de transport des échantillons ? - Pouvez-vous m’expliquer comment est réalisée l’harmonisation
- Comment procédez-vous à l’enregistrement des dossiers des lectures microscopiques pour les éléments cellulaires et les
de bactériologie ? bactéries ?
- Comment obtenez-vous et utilisez-vous les renseignements - Existe-t-il un planning des maintenances des automates ?
cliniques ? Comment respectez-vous les règles de confidentialité ? Comment sont-elles enregistrées ?
- Connaissez-vous les prélèvements dits « précieux » ? - Comment vérifiez-vous les saisies manuelles ?
- Le manuel de prélèvement a-t-il été mis à la disposition des préleveurs - Quelle est votre stratégie de contrôle qualité (interne et externe)
internes et externes ? en bactériologie ?
NB : le manuel de prélèvement n’est plus exigé dans la nouvelle - Quelles sont les souches tests American Type Culture Collection
norme ISO 15189 paru en 2012, mais son équivalent doit permettre (ATCC), ou de la Collection de l’Institut Pasteur (CIP) que vous utilisez ?
de répondre aux exigences de la norme. - Comment faites-vous le raccordement métrologique en
- Avez-vous signé une convention avec les préleveurs externes ? bactériologie ?

84 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2014 - N°461


ACCRÉDITATION EN BACTÉRIOLOGIE

Tableau V – Types de questions pouvant être posées par un auditeur (suite).


- Pouvez-vous me montrer des exemples de vérification des t1SPDFTTVTQPTUBOBMZUJRVF
recommandations fournisseurs et du Comité de l’antibiogramme de - Disposez-vous d’une grille de critères d’alerte ?
la Société française de microbiologie (CA-SFM) ou de l’Eucast pour la - Comment réalisez-vous le signalement externe ? Est-il tracé ?
préparation de l’inoculum ou pour les dilutions des expectorations ? - Avez-vous une liste des bactéries épidémiogènes pour le signalement
- Comment avez-vous défini vos séries analytiques ? externe ?
- Existe-t-il un contrôle interne et/ou externe pour la coloration de Gram ? - Quelles sont les modalités de conservation des échantillons
- Comment avez-vous défini les durées et les températures d’incubation primaires ?
en fonction des isolats cliniques ? - Quelles sont les modalités de sous-traitance de certains examens
- Quelles sont vos modalités de contrôle des atmosphères d’incubation (identification et antibiogrammes des souches difficiles, transmissions
(CO2, anaérobiose) ? aux Centres nationaux de référence) ?
- Pour les étuves à CO2 comment est réalisé le raccordement - Quelle est votre attitude à la suite de l’isolement d’une bactérie
métrologique ? du groupe 3 des agents pathogènes ?
- Comment procédez-vous pour l’étude de la sensibilité aux
antibiotiques (suivi des recommandations du guide de l’Eucast, t1SPDFTTVTTVQQPSU
du CA-SFM) ? - Quelles dispositions avez-vous prises pour assurer le raccordement
- Pour quelles souches bactériennes recherchez-vous métrologique : périodicité ? Avez-vous défini des critères ou des
une bêta-lactamase ? événements qui impliqueraient une modification de cette périodicité ?
- Pour la recherche de la résistance à la méticilline utilisez-vous - Avez-vous déterminé des périodicités pour le raccordement
des disques de céfoxitine (30 μg) et de moxalactam (30 μg) ? métrologique pour vos instruments et matériels [43] ?
- Comment avez-vous défini les températures d’incubation
- Pour la recherche de pénicillinase chez les staphylocoques sensibles
des enceintes thermiques ?
à la pénicilline G par le test à la nitrocéfine, réalisez-vous une
- Le laboratoire dispose-t-il d’un programme de formation (interne
induction par l’oxacilline (5 μg) ou par la céfoxitine (30 μg) ?
et externe) concernant la bactériologie ? Est-il suivi et évalué ?
- Les technicien(nes) ont-ils (elles) été sensibilisé(e)s à l’existence
- Comment vous assurez-vous de la maîtrise du système informatique
de bactéries à Gram variable (Gardnerella vaginalis, Gemella spp.,
du laboratoire (vérifications des interfaces entre les systèmes
Mobilincus spp., et Acinetobacter spp.) ?
informatiques connectés) ?
- À quel grossissement lisez-vous les frottis des expectorations ?
- Comment maîtrisez-vous les mises à jour des logiciels,
- À quel grossissement lisez-vous les scores de Nugent ?
notamment pour les expertises des antibiogrammes
- Lors de la revue des procédures analytiques faites-vous la revue
(dernière version du CA-SFM) ?
des intervalles de références biologiques (charge des disques,
- Quelles sont les modalités d’habilitation et de suivi des compétences
concentrations critiques, diamètres critiques, limites acceptables
des opérateurs ?
pour les souches tests) ?
- Quelles sont les modalités de gestion des stocks, péremption t1SPDFTTVTEFNBOBHFNFOU
des réactifs ouverts (disques antibiotiques, bandelettes de CMI, - Comment gérez-vous les réclamations concernant le signalement
oxydase, etc.) ? des bactéries épidémiogènes ?
- Quelles sont les modalités de gestion des EEQ - Quelles dispositions avez-vous prises pour assurer une veille
(enregistrement, traitement comme un patient, validation, électronique pour l’information sur l’émergence des nouveaux
compte rendu, souchothèque, analyse des tendances) ? phénotypes de résistance aux antibiotiques ?
- Avez-vous des critères d’acceptation pour les identifications et les - Utilisez-vous des sites internet d’e-learning ?
antibiogrammes ? - Quelles dispositions avez-vous prises pour vous assurer de la maîtrise
de votre portée flexible standard de type A ou portée flexible étendue
2VFTUJPOTPSJFOUÏFTTQÏDJBMJTÏFT de type B ?
- Dans la procédure de vérification des performances/validation des - Avez-vous vérifié la concordance des listes détaillées des examens
méthodes comment distinguez-vous les principes techniques et les relevant de la portée d’accréditation demandée ?
méthodes analytiques ?
- Quelles dispositions avez-vous prises pour traiter les ponctions et les t5FTUEFUSBÎBCJMJUÏ FYFNQMFEFNPEÒMF

biopsies ostéo-articulaires (durée d’incubation, milieux, broyeur, poste Processus préanalytique


de sécurité microbiologique (PSM) ? - Numéro du dossier
- Pour Streptococcus pneumoniae comment faites-vous la recherche - Date et heure d’enregistrement
de sensibilité diminuée à la pénicilline G et aux fluoroquinolones ? - Nom du préleveur ou fiche d’infirmière
- Pour Haemophilus influenzae comment évaluez-vous la détection - Trace de la prescription – fiche de suivi médical
de la sensibilité diminuée à la pénicilline G et aux fluoroquinolones ? - Renseignement clinique
- Pour Neisseria gonorrhoeae comment évaluez-vous la détection - Trace de la vérification de l’ordonnance ou de la revue
de la sensibilité diminuée à la pénicilline G et aux fluoroquinolones ? de l’ordonnance
- Quelles méthodes utilisez-vous pour la recherche de la sensibilité
diminuée aux carbapénèmes pour les entérobactéries, Pseudomonas Processus analytique
aeruginosa, Acinetobacter baumanii ? Contrôle interne de qualité du jour
- Que faites-vous lors de la suspicion de carbapénémase chez une - n° lot
souche clinique en termes de confirmation de diagnostic - date d’ouverture
- heure de passage
et de signalement externe ?
- résultat et trace de validation du CIQ
- Recherchez-vous les carbapénémases chez les souches exprimant
- trace et enregistrement des maintenances internes et externes
une BLSE ?
- Pour quelles souches bactériennes déterminez-vous des CMI ? Passage de l’échantillon
- Utilisez-vous les sites internet spécialisés en bactériologie : - date, heure de passage et visa de l’opérateur
bactérionet, Société française de microbiologie (SFM), Eucast ? - date et heure de la vérification analytique (validation technique)
- Avez-vous une liste des BMR et des bactéries épidémiogènes ? avec visa de l’opérateur
- Que faites-vous lorsque vous détectez une toxine ou que vous isolez
un Clostridium difficile chez un patient d’un établissement de soins ? Processus postanalytique
- Utilisez-vous la circulaire n° DGS/RI/DGOS/PF/2010/413 - Date et heure de la validation avec nom de l’opérateur
du 6 décembre 2010 relative à la mise en œuvre de mesure - Date et heure de l’édition
de contrôles des cas importés d’entérobactéries productrices - Type de transmission (courrier, fax, HPRIM, téléphone)
de carbapénémases [41] ? - Vérification des connexions
- Utilisez-vous l’instruction n°DGS/DUS/RI/2011/224 du 26 août 2011 - Y a-t-il eu une non-conformité ou une réclamation sur ce dossier
relative aux mesures de contrôles des entérobactéries productrices $PNNFOUBJSFÏWFOUVFM
de carbapénémases [42] ?
- Quels sont les isolats cliniques que vous conservez en souchothèque ? $PODMVTJPOEVUFTUEFUSBÎBCJMJUÏ

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2014 - N°461 //


Rappelons cependant que le terme même « audit » se t-BNBÔUSJTFEFT.: preuve de la conformité de
rapporte à l’écoute ! Le but n’est pas de poser des ques- l’échantillon traité (M « matière première »), démons-
tions mais d’obtenir des réponses. Il ne faut pas croire tration de la compétence des techniciens intervenant
que les réponses s’obtiennent par la multiplication des sur la paillasse (M « main d’œuvre »), conditions de
questions (c’est même plutôt l’inverse !). Les réponses maîtrise du matériel et du milieu (M « matériel » et
sont plus faciles à obtenir en amenant votre interlocuteur « milieu »), enfin existence et respect de la procédure
à s’exprimer en instaurant un climat de confiance. En vous (M « méthode »),
intéressant sincèrement à l’autre et en étant curieux de ce
t"VEJUEFUSBÎBCJMJUÏ : à partir d’un résultat communiqué,
qu’il fait, vous obtiendrez les informations nécessaires !
remontez l’ensemble du processus en vérifiant la maîtrise
Bien entendu, il ne faut pas tomber dans le piège inverse
des 5 M.
et écouter le discours interminable, volontaire ou non, d’un
audité bavard ou passionné au risque de ne pas tenir les
impératifs horaires précisés dans le plan d’audit. En résumé : la proposition d’un questionnaire sous
Lors de la réunion d’ouverture, il est nécessaire d’effectuer la forme d’un guide d’audit permet de structurer la
la vérification du tableau de la portée d’accréditation (figu- démarche d’évaluation. Le LBM doit mener à des
rant à l’annexe 1 de la convention signée entre le Cofrac et intervalles planifiés des audits pour déterminer si
le laboratoire) et la liste détaillée des examens en vigueur. le SMQ est conforme aux dispositions prises, aux
exigences normatives et réglementaires. Il faut aussi
2.6.7. Organisation de ce questionnement veiller à réaliser une synthèse des audits internes et
- Derrière chacune de ces questions, il est possible de externes en revue de direction pour partager et capi-
positionner un critère d’audit. N’oublions pas que l’on taliser les progrès générés par l’ensemble des audits.
recherche des constatations d’audits (résultat de l’éva-
luation d’une preuve d’audit/critère d’audit).
- La preuve d’audit, « ce que je vois » ou « ce que j’en- 3. Résultats
tends », n’a de sens que si le critère d’audit existe
(le référentiel partagé par l’auditeur et l’audité). 3.1. Exemples d’analyse
- Si le critère n’existe pas, la preuve n’existe pas !
de la performance des processus
- Le questionnement peut être organisé selon trois logiques :
Dans les tableaux VI, VII, VIII, IX et X, nous présenterons
t-FnVYEBDUJWJUÏ : le questionnement suit l’ordre logique, des exemples de cas pratiques d’évaluation de l’efficacité
en procédant par le commencement. Par exemple, maîtrise pour les principaux processus des LBM. Ce type de docu-
des conditions préanalytiques, et des conditions de réali- ment peut servir de support à l’auditeur pour l’analyse des
sation des activités, réalisation des contrôles, validation et risques et la rédaction des fiches d’écart. On remarquera
transmission du résultat, types d’enregistrements effectués que le tableau II avec les niveaux de progrès permet une
(notons que l’on retrouve ici le PDCA !), approche globale du SMQ.

Tableau VI – Analyse de la performance du processus préanalytique.


&$
ÏDBSUOPO

d’amélioration
DSJUJRVF &/$

Ecart critique

Opportunité

Point fort

1BSBNÒUSFT
JOnVBOU
$SJUÒSFTEÏWBMVBUJPO $PNNFOUBJSFT
sur le
processus

Les conditions d’acheminement sont décrites et maîtrisées dans le cadre d’un


processus « logistique ». Cependant, dans le cas d’urgence, les 3 sites A, B
Matériel Milieux de transport X et C ont la possibilité d’acheminer eux-mêmes les échantillons. Dans ce cas,
les dispositions à prendre ne sont pas décrites et pourraient ainsi induire des
dérives dans la pratique

Le système de transport est opérationnel, en revanche, il n’est pas décrit de


Conditions de transport et délais
.BUJÒSF disposition particulière en ce qui concerne les bactéries fragiles (Neisseria
d’acheminement des échantillons X
QSFNJÒSF gonorrhoeae, N. meningitidis, Streptococcus pneumoniae, S. agalactiae,
biologiques
anaérobies)

Les codes d’enregistrement sont bien adaptés aux codes de la nomenclature


Enregistrement des dossiers
Méthode X et optimisent le processus analytique en termes d’efficience. Une revue
patients
des prescriptions est réalisée
Prise en compte des Une fiche de prélèvement avec les renseignements cliniques est disponible
Méthode X
renseignements cliniques pour l’opérateur et favorise l’interprétation et l’orientation diagnostique.
Les dispositions pour les prélèvements ont bien été diffusées à l’ensemble
des intervenants externes.
Méthode Information des préleveurs X
Une réunion d’information y a été associée. Il reste encore à finaliser ces
formations pour les maisons de retraite (la planification n’est pas réalisée)
La traçabilité de la mise à disposition du manuel de prélèvement pour les
Méthode Prélèvement x
préleveurs externes est effective.

86 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2014 - N°461


ACCRÉDITATION EN BACTÉRIOLOGIE

Tableau VII – Analyse de la performance du processus analytique.

&$
ÏDBSUOPO

d’amélioration
DSJUJRVF &/$

Ecart critique

Opportunité

Point fort
1BSBNÒUSFT
JOnVBOU
$SJUÒSFTEÏWBMVBUJPO $PNNFOUBJSFT
sur le
processus

Milieu Métrologie des enceintes thermiques X Le suivi de la température d’incubation est réalisé en continu
Les liens entre les méthodes et les résultats obtenus sont visibles et l’efficacité
Méthode Capacité opérationnelle X
des pratiques est démontrée
Méthode Contribution à l’amélioration continue X L’évaluateur relève une bonne dynamique d’amélioration au sein du LBM

Contribution du LBM aux soins Les prestations de conseils sont bien tracées. Le laboratoire envoie
Méthode X
apportés aux patients trimestriellement des lettres d’informations médicales aux professionnels de santé
Étude de la sensibilité aux
Le laboratoire doit utiliser des procédures analytiques, qui correspondent
antibiotiques :
aux besoins des utilisateurs des prestations du laboratoire (§ 5.5.1). Les
Diagnostic différentiel :
Matériel ENC responsables n’ont pas encore pris les dispositions pour le diagnostic
BLSE phénotype hyperOXY
différentiel des BLSE avec les différents types de pénicillinases. Le risque est
BLSE phénotype pénicillinase
lié à une fausse identification d’une BLSE conduisant à l’isolement du patient.
hyperproduite
Conduite à tenir (CAT) pour
Les dispositions prises sont conformes aux règles de l’art. Le LBM dispose
Méthode l’identification des bactéries X
d’une procédure de milieux de culture sélectifs à utiliser
multirésistantes (BMR)
Les procédures analytiques doivent comprendre, s’il y a lieu, la méthode
utilisée pour les analyses (§ 5.5.3). Dans la procédure XXX, la durée
CAT pour les concentrations
Méthode EC d’incubation et le mode de lecture des zones d’inhibition ne sont pas
minimales inhibitrices (CMI)
mentionnées ; ce défaut de maîtrise des points critiques peut avoir une
incidence sur les résultats et leur reproductibilité
Confinement du laboratoire Toutes les dispositions réglementaires ont été prises pour assurer le confinement
Milieu X
de bactériologie des examens de microbiologie conformément à l’arrêté du 16 juillet 2007
Les procédures analytiques doivent comprendre, s’il y a lieu, la méthode
utilisée pour les analyses (§ 5.5.3). La méthodologie pour la détection des
CAT pour la détection de souches est incomplète : milieux à ensemencer en fonction des prélèvements
Méthode X
carbapénémases cliniques, modalités d’utilisation des disques d’ertapénème, CMI des
carbapénèmes, utilisation de milieux sélectifs BLSE avec C3G. Le risque induit
est de ne pas détecter une diminution de la sensibilité aux carbapénèmes
CAT devant une souche
Les dispositions sont connues pour les patients de ville simplement colonisés
Méthode d’entérocoque résistant aux X
ainsi que pour les patients infectés hospitalisés.
glycopeptides (ERG)
CAT pour la recherche de S. aureus Le LBM a mis en place une CAT pour l’identification des souches de S. aureus
Méthode producteurs de leucocidine de X producteurs de LPV ainsi que pour le dépistage nasal chez le patient et ses
Panton-Valentine (LPV) proches.
Main Le personnel est bien formé, compétent pour la gestion des différents types de
Gestion des contrôles de qualité X
d’œuvre contrôles qualité
Analyse des tendances Le laboratoire apporte une réponse adaptée aux défaillances concernant les
Méthode X
pour les CIQ, EEQ et CNQ contrôles internes et externes de qualité

Tableau VIII – Analyse de la performance du processus postanalytique.


&$
ÏDBSUOPO

d’amélioration
DSJUJRVF &/$

Ecart critique

Opportunité

Point fort

1BSBNÒUSFT
JOnVBOU
$SJUÒSFTEÏWBMVBUJPO $PNNFOUBJSFT
sur le
processus

Il existe une bibliothèque regroupant la documentation technique. La disponibilité


.BJO Prestations de conseils pour le
X des référentiels et des recommandations de bonnes pratiques n’est pas disponible
d’œuvre traitement des E. coli BLSE en ville
sur le serveur ce qui rend leur consultation mal aisée pour les biologistes
CAT devant l’isolement d’une
Les BEHR sont connues des biologistes et les dispositions prises sont bien
Méthode bactérie épidémiogène hautement X
appliquées.
résistante (BEHR)
Indicateur : incidence mensuelle
Méthode des bêta-lactamase à spectre X Les BLSE identifiées sont colligées tous les trimestres
élargi (BLSE)
Indicateur : incidence mensuelle Le calcul de l’indicateur sur le taux de Staphylococcus aureus résistant à la
Méthode X
des SARM méticilline pour les établissements de santé est à finaliser
Des études sur le délai de rendu des résultats ont été effectuées sur un site.
Méthode Délais de rendu des résultats X
L’effort en ce sens doit être poursuivi pour les autres sites.
Matériel Vérifications des connexions X Les connexions sont vérifiées mensuellement et après les mises à jour

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2014 - N°461 // 87


5BCMFBV*9o"OBMZTFEFMBQFSGPSNBODFEVQSPDFTTVTTVQQPSU EFTPVUJFOPVSFTTPVSDF


&$
ÏDBSUOPO

d’amélioration
DSJUJRVF &/$

Ecart critique

Opportunité

Point fort
1BSBNÒUSFT
JOnVBOU
$SJUÒSFTEÏWBMVBUJPO $PNNFOUBJSFT
sur le
processus

Suite à la formation, le laboratoire doit évaluer les compétences (§ 5.1.6)


À l’issue de la formation à la paillasse de bactériologie donnée par le référent
Main à Mme XX, un test de connaissance a été réalisé. Aucune vérification des
Formation du personnel ENC
d’œuvre compétences (capacité démontrée à appliquer) n’a été réalisée alors que les
méthodes enseignées étaient nouvelles pour la technicienne.
Risque d’erreur dans la réalisation de méthodes manuelles

La personne ayant réalisé le prélèvement de l’échantillon primaire doit être


identifiable (§ 5.4.4.3)
Dans le cas de la maison de retraite XXX, l’identité du préleveur est absente
Main
Enregistrement ENC (prélèvement faits par les infirmiers de la maison de retraite, constatation faite
d’œuvre
sur les dossiers XXX2, XXX3 et XXX4 pour 6 consultés).
Le défaut de traçabilité ne permet pas d’assurer un retour d’information
efficace en cas d’anomalie
Les critères d’habilitation sont précis et permettent de garantir les
Méthode Habilitation du personnel X
performances analytiques
Il existe un plan de formation bien développé. Certaines de ces formations
Main n’ont pas été réalisées et il semble peu probable qu’elle le soit d’ici la fin de
Gestion des ressources humaines X
d’œuvre l’année (par exemple formation métrologie de janvier et audit interne de mars).
Aucune décision n’est prise au sujet de ces formations (cf § 5.1.5)

Gestion du système informatique Le SIL est bien utilisé, les interventions sont tracées, la gestion des sauvegardes
Matériel X
du laboratoire (SIL) est efficace, les vérifications du système sont planifiées et réalisées

Le suivi métrologique des enceintes thermiques est bien mené conformément


Gestion du système de
Matériel X aux dispositions prises dans la procédure « management du système de
management de la mesure
mesure »

5BCMFBV9o"OBMZTFEFMBQFSGPSNBODFEVQSPDFTTVTEFNBOBHFNFOU EFQJMPUBHFPVEÏDJTJPOOFM

&$
ÏDBSUOPO

d’amélioration
DSJUJRVF &/$

Ecart critique

Opportunité

Point fort

1BSBNÒUSFT
JOnVBOUTVS $SJUÒSFTEÏWBMVBUJPO $PNNFOUBJSFT
le processus

Réalisation et traitement des


Méthode X Les besoins de patients et les attentes de cliniciens sont bien pris en compte
enquêtes de satisfaction
Les revues de direction respectent les exigences normatives et permettent de
Méthode Revue de direction X
revoir le SMQ et de définir les objectifs
Une revue périodique des procédures analytiques est réalisée. Des aspects
Gestion du système techniques sont cependant négligés (notamment veille scientifique) pour
Méthode X
documentaire les milieux à ensemencer pour isoler les souches cliniques productrices de
carbapénémases (§ 5.5.1.2)
Gestion des non-conformités et Le laboratoire a correctement décrit ses dispositions dans la procédure
Méthode X
des réclamations « traitement et suivi des non-conformités et des réclamations »
La revue de contrat établie avec le Centre Hospitalier XX répond complètement
Méthode Revue de contrats X
aux exigences du référentiel

Les conditions préanalytiques définies par le laboratoire sont bien décrites


Méthode Convention préleveur externe X
dans le manuel de prélèvement transmis aux préleveurs externes

3.2. Exemples d’analyse 4. Discussion


EFMFGmDBDJUÏEVO4.2
Le tableau XI présente un exemple d’évaluation de l’effi- On retiendra que les propositions de questions d’audits
cacité globale du SMQ d’un LBM adapté du document des lignes précitées ne sont bien entendu données qu’à
AFNOR FD X 50 – 174. Ce type de grille est utile pour titre indicatif. Elles sont à adapter en fonction du contexte
préparer la rédaction du rapport d’audit. du LBM et du type d’audit (évaluation initiale, de surveil-

88 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2014 - N°461


ACCRÉDITATION EN BACTÉRIOLOGIE

5BCMFBV9*o&YFNQMFEÏWBMVBUJPOEFMFGmDBDJUÏHMPCBMFEV4.2EVO-#.
/JWFBVEFQSPHSÒT

Fonctionnement Défini, En amélioration


Maîtrisé Optimisé
de base planifié, suivi permanente

Les pratiques sont optimisées en fonction de


Les pratiques
chaque contexte particulier

Le système intègre les exigences du client


$SJUÒSFTEÏWBMVBUJPO

-FTZTUÒNFRVBMJUÏ en termes d’innovation. Il est en adéquation


avec les besoins du client

Le pilotage des
Le fonctionnement processus est
en place

Le personnel a une bonne perception des


Le personnel
exigences spécifiées et des besoins des clients

Les résultats
Les résultats sont conformes
aux objectifs

lance, complémentaire, ou supplémentaire). L’objectif ISO 19011 remplace le terme de constat d’audit par celui
étant d’évaluer l’efficacité du système de management, de constatation d’audit.
sans chercher à le comparer avec celui d’autres structures.
Q$PGSBD
Les situations d’écart concernent les dispositions et les
4.1. Recommandations pour l’expertise applications prises avec le constat, la conséquence avérée
de la demande d’accréditation : et le risque induit.
la gestion des risques
Pour bien préparer l’évaluation du Cofrac, il est nécessaire Q Afnor certification
d’être particulièrement attentif sur la maîtrise des risques lors Les constats d’audit comportent des non-conformités
de l’expertise documentaire réalisée par l’évaluateur technique majeures, des non-conformités mineures, des points sen-
dans le cadre de la recevabilité opérationnelle de la demande sibles, des points forts et des pistes de progrès.
d’accréditation initiale, de surveillance ou d’extension. En Q#JP2VBMJUÏ
effet, l’évaluation des risques (vérification, analyse, menace, Le classement des constats d’audit comporte des non-
vulnérabilité) et la gestion des risques sont des thématiques conformités critiques, des non-conformités non critiques,
qui s’inscrivent dans le cadre de la sécurité des personnes et des opportunités d’amélioration et des points forts. Les
des patients [44-46]. Aussi, les documents qualité et notam- fiches de non-conformités font référence au critère, à la
ment les dossiers de vérification des performances/validation preuve et au risque (classement en critique et non critique).
des méthodes doivent bien mettre en évidence les points
critiques ainsi que les modalités de maîtrise accompagnés 4.3. Rédaction des fiches d’écarts
d’une identification claire des risques concernés en envisa- Selon le document du Cofrac SH FORM 05, l’écart cor-
geant leur criticité (qui implique des conséquences graves). respond à la non satisfaction à des critères explicites ou
De surcroît, la norme ISO 19011 introduit le concept de risque implicites du référentiel d’accréditation.
dans l’audit des systèmes de management. Il existe en effet, &DBSUDSJUJRVF : écart dont le résultat met en cause la
un risque que le processus d’audit n’atteigne pas ses objectifs fiabilité des résultats ou l’aptitude du SMQ à maintenir
ou encore que l’audit influe sur les activités et les processus le niveau de qualité des prestations d’évaluation de la
de l’audité (par exemple nous avons été le témoin, lors d’une conformité. L’écart peut avoir un effet avéré, quantifiable
évaluation sur site, d’un retard du passage des urgences due par l’évaluateur, ou présenter un risque induit important
à un oubli ou au « stress » des opérateurs induit par l’audit). sur le niveau de qualité des prestations. Il peut être d’ordre
Il est aussi important de bien vérifier la parfaite correspon- technique ou organisationnel.
dance entre le tableau de portée d’accréditation et la liste &DBSUOPODSJUJRVF : écart dont le résultat n’affecte pas
détaillée des examens dont le LBM demande l’accréditation ou n’est pas susceptible d’affecter directement et immé-
ou qui est en vigueur. Il serait d’ailleurs opportun de fusionner diatement la qualité des prestations d’évaluation de la
les listes détaillées des examens et les lignes de portées par conformité.
famille dans un souci de simplification et d’efficience. La rédaction d’un constat d’écart est basée sur le tryptique,
critère, preuve et risque :
4.2. Exemple de structures DSJUÒSF (exigence de la norme, politique) : il convient de
de fiches d’écart ne pas se limiter au simple numéro de paragraphe de la
La structure et la composition des fiches d’écart varient norme mais d’écrire en toutes lettres le critère d’audit. En
en fonction des organismes comme l’indique la synthèse respectant ce principe, on limite au maximum ce qui est
ci-dessous. Remarquons que la version 2012 de la norme abusif, c’est-à-dire la non-conformité qui s’appuie sur un

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2014 - N°461 // 89


critère qui n’existe pas (les tableaux VI à X donnent des Le technicien réfléchit un moment puis dit : « je sais seu-
exemples de rédaction), lement qu’il a été prélevé dans le pavillon D » !
QSFVWF (ce que l’on a vu ou entendu) : les preuves doivent Votre validation consiste alors à préciser : « il nous faudrait
être factuelles et vérifiables et être mentionnées dans le cependant un moyen nous permettant d’identifier le pré-
libellé de l’écart. Il est important que l’étendue de l’écart leveur, n’est-ce pas » ?
soit précisée, Puis vous ajoutez « et pour l’instant, nous n’avons pas
SJTRVF : c’est la conséquence de la non-conformité, c’est-à- l’information, êtes-vous d’accord avec moi » ?
dire la non satisfaction d’une exigence. Sans risque (impact Le technicien ne peut pas faire autrement que de valider la
sur le client, les dispositions ou le produit), il n’y a pas d’écart. constatation. En revanche, est-ce non-conforme ? Nous ne
Les non-conformités présentées en réunion de clôture le savons pas encore ! Peut-être qu’en fonction du pavillon
doivent être comprises et acceptées par l’audité [12]. et de l’heure, il ne peut y avoir qu’une seule possibilité
de préleveur, et dans ce cas la traçabilité serait assurée,
t-BQSFNJÒSFÏUBQF amenant à ce résultat est la valida- ou du moins, il ne serait pas prouvé qu’elle ne l’est pas.
tion des constations d’audit avec l’audité. Rappelons que
l’auditeur confronte continuellement ce qu’il voit ou ce qu’il t-BEFVYJÒNFÏUBQF est de toujours s’appuyer sur un
entend (recueil des preuves d’audit) à des critères d’audit. critère d’audit partagé entre l’auditeur et l’audité. Or, les
Cette évaluation génère les constatations d’audit. Certaines seuls critères partagés sont ceux mentionnés dans la
de ces constatations peuvent s’avérer négatives : la preuve demande d’audit.
ne satisfait pas le critère. Dans la majorité des cas, il n’est t-BUSPJTJÒNFÏUBQF consiste à y associer un risque,
pas possible de statuer, c’est-à-dire de décider si la situa- l’incidence de la situation sur le laboratoire, son fonction-
tion est non-conforme, à améliorer, critique, non-critique ! nement, les soins prodigués au patient
De la même manière, à moins d’une constatation de criticité
flagrante mettant en péril la santé du patient, la criticité ou t-BOPUJPOEÏDBSU
non ne doit pas être annoncée d’emblée. En effet, c’est tout La figure 4 illustre la notion de mesure d’écart
au long de l’audit que la répétition d’une situation peut faire Une non-conformité est une constatation d’audit pour
basculer de l’état non critique à l’état critique et inversement laquelle la preuve ne satisfait pas le critère ; en d’autres
une situation pouvant sembler critique peut faire basculer termes, cela signifie qu’il y a une lacune dans l’organi-
un état critique à non critique si la situation est unique et sation (exigence non ou partiellement traitée). Le risque
inattendue et que le LBM montre une parfaite maîtrise de doit être suffisamment parlant pour convaincre de la réa-
situations similaires tout au long de l’audit. En revanche, lité du constat. La rédaction d’une fiche d’écart doit être
il est impératif de valider cette constatation avec l’audité. factuelle, neutre, précise dans la description de l’écart et
documentée par des exemples facilement retrouvables.
Par exemple, vous interrogez le technicien qui est en train de La fiche d’écart doit comporter une absence de jugement,
« déballer » les prélèvements effectués dans une maison de une absence de conseils, une absence de mots connotés
retraite. Un formulaire permet de donner les informations de et éviter l’utilisation d’adverbe (souvent, parfois, incom-
traçabilité. À « nom du préleveur » il est inscrit « pavillon D ». plètement). Le risque patient permet d’évaluer la criticité.
Vous laissez le technicien commenter la fiche puis vous La mise en évidence des conséquences d’un écart
lui demandez : « pouvons-nous savoir qui a réalisé le permet de bien évaluer le risque généré pour le patient
prélèvement » ? (par exemple, un défaut d’application d’une procédure ne

'JHVSFo.FTVSFEVOÏDBSU BEBQUÏEBQSÒTXXXRVBMJUFPOMJOFDPN


90 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2014 - N°461


ACCRÉDITATION EN BACTÉRIOLOGIE

prouve pas qu’un résultat faux a été transmis). Le risque pour l’imipénème et l’ertapénème pour une souche de
patient doit être bien évalué. Klebsiella pneumoniae OXA 48 indiquent des pourcentages
Lors de la rédaction des fiches d’écart, il est assez souvent de réponses strictement conformes qui étaient respecti-
délicat de distinguer la conséquence avérée du risque vement de 24 % et de 88 %.
induit. Pour que cela soit plus clair, reportons-nous aux Il en ressort qu’il est important de vérifier l’aptitude des
définitions du Petit Larousse Illustré 2012. LBM à tirer les enseignements nécessaires pour réviser
ses pratiques de détection des résistances bactériennes
t$POTÏRVFODF : suite logique entraînée par un fait qui
en fonction des résultats des EEQ. En fait, l’attitude du
en est la cause.
LBM doit consister à tracer la non-conformité et à mettre
Avéré : reconnu vrai, authentique (fait avéré). en œuvre une réflexion et une action corrective (révision
Induit : établi par induction, consécutif, résultant. des pratiques, le cas échéant). Le chapitre 5.6.4 du SH
Citons un exemple de libellé de conséquence avérée et REF 02 version 03 mentionne au sujet des EEQ « en cas
de risque induit. de résultats insatisfaisants, le LBM doit examiner les
$POTÏRVFODFBWÏSÏF : non respect des recommanda- causes et les conséquences éventuelles sur la validité
tions du référentiel de la société française de microbiologie des résultats des examens de biologie médicale. Suivant
le Rémic 2010. l’issue de cette analyse, il doit prendre les mesures qui
3JTRVFJOEVJU : Le risque est lié à la possibilité d’une s’imposent ». Si cette démarche d’amélioration a été mise
interprétation erronée du résultat par le clinicien. en œuvre il n’y a pas lieu de considérer qu’une discor-
NB : certaines constatations d’audit font état de la mention dance majeure donne lieu à un écart.
« conséquence non avérée à ce jour ». On rappellera que
la conséquence avérée est « réelle » alors que le risque
induit est « potentiel ». En résumé : un traitement pertinent des EEQ doit satis-
faire plusieurs exigences.
-BDSJUJDJUÏEFTOPODPOGPSNJUÏT - Assurer le contrôle de l’ensemble du processus d’ana-
Si la définition de l’écart critique (écart mettant en cause lyse (du préanalytique au postanalytique).
la fiabilité des résultats) est claire, en revanche la criticité - Procéder à une revue régulière des résultats par les
des non-conformités est un concept à manier avec dis- opérateurs et les biologistes après réception des
cernement et avec une certaine prudence notamment en comptes rendus.
ce qui concerne les contrôles de qualité. Dans le cadre
- Analyser et tracer les résultats insatisfaisants en fonc-
des évaluations externes de la qualité (EEQ), le biologiste tion de l’importance de l’anomalie et de sa récurrence.
peut être confronté lors de l’analyse des résultats à des
discordances entre les résultats fournis pour certaines - Mettre en œuvre des actions correctives après ana-
familles d’antibiotiques par les automates réalisant l’étude lyse de l’étendue de la non-conformité et de l’analyse
des causes.
de la sensibilité aux antibiotiques. Si on analyse les dis-
cordances (tableau XII) observées selon la typologie - Analyser de nouveau le contrôle externe de qualité
indiquée par le comité qualité de la Société française de (penser à congeler les souches d’EEQ).
microbiologie (QUAMIC), l’évaluateur peut être tenté de - Et enfin, considérer les organismes d’EEQ comme
classer une non-conformité observée au niveau de l’anti- des fournisseurs de services critiques.
biogramme en écart critique [33]. En effet, l’exploitation
des évaluations externes de la qualité (EEQ) montre assez
souvent des discordances entre les résultats attendus et -FDPODFQUEFGmDBDJUÏ
les résultats trouvés par les laboratoires. À titre d’exemple Dans l’ouvrage « Les nouvelles pratiques de l’audit », Krebs
citons les résultats de contrôles qualité BMR organisés et Mougin écrivent « Il convient aujourd’hui, d’évaluer
au printemps 2013 en partenariat avec le CCLIN-Ouest/ une pratique du management et non pas une confor-
Est/Sud-Ouest. Lors de ce contrôle les résultats obtenus mité à des procédures écrites » [2]. Il est en effet facile
de relever des erreurs dans les procédures sans que ces
5BCMFBV9**o"OBMZTFEFTEJTDPSEBODFT dernières affectent les processus opérationnels. Il est alors
TFMPOMF26".*$ souvent judicieux de les classer en opportunité d’améliora-
tion. Il reste que d’une façon générale, il y a lieu de vérifier
Discordance majeure : résultat trouvé résistant (R) alors que la si le SMQ répond aux exigences posées par les critères
souche est en réalité sensible (S). Ce type de résultat correspond à d’audits (ISO 15189, les SH REF…) [12].
une perte de chance pour le patient puisque le résultat conduit à ne Pour comprendre cette notion d’efficacité, il est indispen-
pas proposer un traitement efficace dont il aurait pu bénéficier, mais sable de revenir à la définition donnée par l’ISO 9000 :
n’expose pas le patient à un échec thérapeutique.
2005 [19].
%JTDPSEBODFUSÒTNBKFVSF résultat trouvé sensible (S) alors que Efficacité : « niveau de réalisation des activités planifiées
la souche est en réalité résistante (R). Ce type d’erreur expose le et d’obtention des résultats escomptés ». La conjonction
patient à un risque important d’échec thérapeutique. de coordination « et » au milieu de la phrase marque la
Discordance mineure : souche résistante ou sensible répondue à liaison entre deux propositions de même fonction, en
tort intermédiaire ou souche intermédiaire répondue à tort résistante indiquant une addition.
ou sensible. Aborder la notion d’efficacité amène à réfléchir sur deux
propositions :

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2014 - N°461 // 91


- qu’en est-il de la planification des activités ?
En résumé : l’audit est un outil qui donne l’occasion
- quel résultat a été obtenu ?
de passer en revue et le cas échéant de réviser les
Pour la première, il est possible de se référer au 5 M :
pratiques de laboratoire. Un audit constructif met en
la réalisation des activités passe par leur planification.
relief les dysfonctionnements et donne l’occasion
Posons-nous donc la question : « qu’est-ce qui a été prévu
aux audités d’identifier eux-mêmes les opportunités
par le laboratoire en termes de personnes, d’utilisation des
d’amélioration. Pour permettre au LBM d’engager des
matériels, de respect des procédures… en comparaison actions de progrès utiles et partagées, il faut veiller à
à ce qui a été réellement fait ». la qualité de la formation des auditeurs et à l’harmo-
Pour la seconde, il faut au préalable se poser la question nisation des pratiques d’évaluation. Les constatations
« quel est le résultat escompté » ? d’audit doivent être bien formulées et rester factuelles
Par exemple, comment évaluer l’efficacité d’un processus en évitant les jugements, les conseils et les mots conno-
analytique ? Le résultat escompté pourrait être « rendre tés. Il est important de préciser l’étendu de l’écart et
des résultats justes dans un délai assurant le soin à pro- de bien apprécier sa criticité. Enfin, l’audit doit aussi
diguer au patient ». La planification de ce processus serait permettre à l’évaluateur de s’évaluer, d’évoluer et de
l’ensemble des moyens (des 5 M) mis à sa disposition. s’améliorer.
Si le résultat escompté est atteint, mais qu’il a fallu pour
cela utiliser des ressources non prévues (par exemple en
différant des formations planifiées), il nous faudra conclure
que, dans une certaine mesure, les dispositions prévues 5. Perspectives
n’ont pas été respectées, tout en évaluant l’incidence sur
le laboratoire, ses clients, ses activités… Le rapport de la Cour des comptes de juillet 2013 consa-
À la question « le processus fonctionne-t-il d’une manière cré à la biologie médicale préconise de développer les
efficace ? », la réponse n’est donc pas « oui » ou « non », recommandations de bonnes pratiques dans le champ
mais une évaluation de l’incidence de ce qui n’est pas de la biologie médicale. Aussi pour améliorer la qualité
atteint. et la sécurité des services rendus, ces recommandations
Pour aborder cette notion d’efficacité, il est donc essentiel, devront forcément être évaluées sur site. Ceci d’autant
lors de la préparation de l’audit, d’identifier ces fameux plus que ce rapport recommande d’instaurer une véritable
5 M et surtout le résultat escompté. Rappelons que dès gestion du risque en matière de biologie médicale [47].
son introduction, l’ISO 15189 indique que « les presta- Les examens microbiologiques sont encore le plus souvent
tions fournies par les laboratoires de biologie médicale réalisés par des techniques manuelles. Avec le regrou-
sont essentielles pour les soins prodigués aux patients ». pement des laboratoires et la construction de plateaux
Il s’agit donc là du premier résultat escompté. techniques, on assiste à la mise en œuvre de procédés
plus industriels. Des perspectives d’amélioration sont
4.6. Le rapport d’audit offertes en matière de bactériologie avec de nouvelles
Le rapport d’audit n’est pas neutre, il analyse une situation technologies comme la spectrométrie de masse de type
et met l’accent sur les fonctionnements et les dysfonc- MALDI-TOF, les automates pour ensemencer, les étuves
tionnements, pour faire développer les actions de progrès, intelligentes, la biologie moléculaire, etc.
sans omettre d’évoquer les points forts (un risque maîtrisé) Le champ d’investigation pour l’évaluation de la confor-
et les opportunités d’amélioration [3]. Il comporte des mité des pratiques professionnelles ne fera que s’élargir
données informatives et des données appréciatives ainsi ou se déplacer. L’arrêté du 13 juin 2013 relatif aux règles
qu’un relevé des écarts aux exigences. de bonnes pratiques tendant à garantir la sécurité et la
L’évaluateur doit inciter l’audité à réfléchir sur ce qui ne sûreté biologique requiert un système de management du
fonctionne pas bien et doit par ses questions lui donner des risque [46]. Des audits consacrés aux bonnes pratiques de
pistes de réflexions. L’auditeur doit aider l’audité à prendre laboratoire permettent de vérifier que le personnel connaît
connaissance des points sensibles liés à ses pratiques et et applique les règles de l’art.
le rapport d’audit doit être une base d’amélioration pour
permettre à l’audité de développer ses performances. Les
points sensibles constituent le plus souvent des opportu-
6.$PODMVTJPO
nités d’amélioration.
L’audit de bactériologie nécessite d’être axé sur les points
Pour le personnel de l’entité auditée, il est intéressant de
critiques et les interfaces des différents processus afin
faire une réunion de synthèse à chaud après le rapport
de déceler les fonctionnements défectueux mais aussi
oral d’audit par l’équipe d’évaluateurs. Le rapport écrit
pour relever les points forts et les opportunités d’amé-
doit être restitué à froid en réunion qualité et faire l’objet
lioration. Bien mené, sans excès de formalisme tatillon,
d’une synthèse en revue de direction.
l’audit est un excellent moyen d’analyser rapidement
t1MBOTEBDUJPOTQPVSMFUSBJUFNFOUEFTÏDBSUT les performances d’une organisation et d’optimiser le
Pour le Cofrac, le délai de mise en œuvre des plans fonctionnement du LBM mais aussi de mieux maîtriser
d’actions est de 6 mois pour les écarts lors de l’évaluation les dérives liées à des lourdeurs administratives, défauts
initiale. Il est de 3 mois pour les écarts critiques et de 6 de compétence, erreurs de manipulation. L’évaluation
mois pour les écarts non critiques lors des évaluations sur site doit être menée avec une approche systémique
de surveillance. et dans un esprit d’ouverture. La logique étant d’amener

92 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2014 - N°461


ACCRÉDITATION EN BACTÉRIOLOGIE

l’audité à percevoir les pistes d’amélioration à développer


Remerciements :
dans ses pratiques professionnelles pour mieux répondre les auteurs remercient Luc Essemilaire (Condom), Fabienne et Laurent
aux besoins des patients et aux attentes des cliniciens. Cravero (Châlons-en-Champagne), Jean-Francois Carod (Saint-Claude),
En fin de compte, auditeurs et audités doivent chercher Thomas Gorsy (Commercy), Patrice Laudat (Tours), Jean-Philippe Bergou-
les pistes de progrès pour développer la performance gnioux (Marseille), Nadia Hidri (Limoges), Bertrand Guillard (Bar-Le-Duc),
Jean-Marc Garnier (Reims), Kim Tang (Vitry-Le-François), Pascal Dumur
du domaine audité et ainsi réduire les risques liés à ces (Bar-Le-Duc), Jean-Pierre Bouilloux (Rodez), Hassan Mahfoudi (Brives-
activités car le bon audit n’est pas forcément celui que Charensac) pour leur lecture critique.
l’on fait et le mauvais celui que l’on subit ! C’est tout un
état d’esprit. Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de
DPOnJUTEJOUÏSÐUTFOSFMBUJPOBWFDDFUBSUJDMF

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points critiques en laboratoire de biologie médicale : l’exemple de la de microbiologie. Recommandations 2013. 103 p. XXXTGNNJDSPCJP
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biologie médicale. Exigences particulières concernant la qualité et la gie). Société française de microbiologie. 2010, 4e édition. Vivactis Plus
compétence. AFNOR. éditeur.
[14] Norme NF EN ISO 15189. Décembre 2012. Laboratoires d’analyses [36] Référentiel lorrain d’antibiologie en établissement de soins.
de biologie médicale. Exigences particulières concernant la qualité et la Antibioguide 2012. Antibiolor.
compétence. AFNOR. [37] Froman B, Gourdon C. Dictionnaire de la qualité, AFNOR 2003.
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calisées (ADBD) – Exigences concernant la qualité et la compétence. 451:8-9.
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des systèmes de management. AFNOR 2011. [40] Boulet D, Naudin C. La marche en avant (5). Rev Fr Lab 2013;
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l’efficacité d’un système qualité. AFNOR 1998. [41] Circulaire n° DGS/RI/DGOS/PF/2010/413 du 6 décembre 2010
[18] NORME NF EN ISO 9001. Systèmes de management de la qualité. relative à la mise en œuvre de mesure de contrôles des cas importés
Exigences. AFNOR 2008. d’entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC).
[19] NORME NF EN ISO 9000. Systèmes de management de la qualité. [42] Instruction n°DGS/DUS/RI/2011/224 du 26 août 2011 relative aux
Principes essentiels et vocabulaire. AFNOR 2005. mesures de contrôles des entérobactéries productrices de carbapéné-
[20] Document Cofrac SH REF 05. Règlement d’accréditation. Révision mases (EPC).
05 – Juillet 2013. [43] Collège français de métrologie. L’audit de la métrologie dans le
[21] Document Cofrac SH REF 02. Recueil des exigences pour cadre des certifications des systèmes 2005, 31 p.
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REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2014 - N°461 // 93

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