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Les troubles de la pensée

Introduction

La pensée est l´ensemble des opérations intellectuelles qui


permettent de comprendre les objets et les relations et d’accéder à la
connaissance du monde.

Ces opérations sont principalement l´imagination, le jugement et le


raisonnement.

La pensée peut être perturbée dans son développement, son


déroulement ou son contenu. Intérêt:

 Le trouble de la pensée est fréquent en pathologie


psychiatrique.
 Se voit surtout dans les troubles psychotiques.
 Permet avec d´autres signes accompagnateurs une orientation
diagnostique.
 Traitement adéquat et efficace.

Limites : aucun des troubles de la pensée ne possède de valeur


pathognomonique.

Les troubles du cours de la pensée

Trouble du rythme de la pensée


1. Tachypsychie: C´est une accélération du rythme de la pensée.
 Au premier stade, l´hyperactivité est intellectuelle est dite
productive : l´efficience est conservée et améliorée grâce
à l´augmentation de l´idéation, l´inventivité, la richesse
des associations idéiques et imaginaires.
 A un stade évolué, l´hyperactivité intellectuelle devient
improductive, l ´afflux excessif d´idées ne permet pas leur
utilisation en raison des associations superficielles et
digressives répétées.
 La diffluence de la pensée désigne un mode de pensée qui
se développe dans diverses directions, il existe un trouble
des associations des idées (Ex syndrome dissociatif).
 Les principales manifestations de la diffluence sont :
o Fuite des idées : afflux excessif d´idées associe a leur
fugacité, le patient passe d´une idée à une autre.
o Logorrhée : précipitation du débit verbal.
o Expansion de la conscience : chaque image, chaque
idée dont l´enchaînement est très rapide entraîne
une kyrielle de réminiscences et d´évocations.
o Jeux de mots et coq-à-l'âne répétés : sauts sans
transition d´un sujet à un autre, sans raison
apparente
o Hypermnésie ou ecmnésie.
2. Bradypsychie: ralentissement du rythme de la pensée.
 Cette inertie du développement des idées témoigne d´une
viscosité mentale (le patient fait un effort pour répondre
aux questions simples).
 Appauvrissement de la pensée avec monoïdéisme (pensée
centrée sur une idée prévalente : idée de mort,
désespoir...).

Troubles de continuité la pensée

Elle peut être altérée avec une perte de la cohérence (perte de l


´enchaînement logique des regroupements synthétiques), et/ou
perte de la fluidité (allant de la viscosité mentale à la fuite des idées :

 Barrages : arrêt brusque du cours de la pensée. le patient cesse


subitement de penser et de parler, suivie d´une reprise du
discours, sans prise de conscience de l´arrêt.
 Fading mental : évanouissement progressif du cours de la
pensée, qui se traduit par une diminution du rythme de la
phrase suivie d´une reprise du rythme normal, sans prise de
conscience.
 Inhibition intellectuelle : diminution de la vigueur mentale à l
´origine d´un déficit de la productivité des représentations
(idées, souvenirs), effort nécessaire mais souvent infructueux
ou insuffisant pour penser.
 Viscosité mentale : ralentissement du débit idéique, du rythme
des associations idéiques, de l´expression, de la réponse
adéquate à une question.
 Persévération mentale : elle se traduit par un défaut de fluidité
idéique (impossibilité d´abandonner rapidement une idée pour
une autre)

Les troubles du contenu de la pensée

Troubles de la représentation et de l´imagination

La représentation psychique : c´est la capacité de redonner dans


notre conscience la qualité de présence à une sensation, une image
perceptive, une forme abstraite.

Les troubles de représentation : peuvent se traduire par des déficits


de la pensée conceptuelle caractérisés par l´incapacité d´accéder à un
degré d´abstraction suffisant.

Les troubles de l´imagination : déficit ou excès à type d´exaltation


comme dans la tachypsychie.

Idées fixes ou idées prévalentes

 Idées prévalentes : mobilisation totale de la pensée au service


d ´une revendication, d´ un préjudice, d ´une jalousie, sans
considération pour ce qui la contredit.
 Idées parasites : idées qui s´ imposent avec constance et
perturbant le contenu de la pensée.
 Idées non considérées par le sujet comme absurdes ou sans
fondement (à la différence des obsessions).
 Idées délirantes : idées non fondées sur la réalité commune,
auxquelles le sujet attache une foi absolue, non soumise à la
preuve et à la démonstration.

Obsessions

Trois types d´idées obsédantes, distinctes de l´idée fixe, car l´idée


obsédante apparaît au sujet comme un phénomène morbide.

 Les obsessions idéatives : c´est l´intrusion répétitive de mots, d


´idées, d´images (généralement de nature obscène ou absurde).
 Les obsessions phobiques : Il s´agit de crainte obsédantes
concernant une maladie précise (cancer, sida) ou la
contamination en général (les microbes la souillure, les
toxiques), la crainte angoissante existe même en l´absence de l
´objet ou de la situation redoutée, ces obsessions donnant
souvent lieu à des conduites d´évitement et de protection.
 Les obsessions impulsives : c´est une crainte irrationnelle de
commettre de manière irrésistible un acte immoral, absurde ou
agressif.

Phobies
C´est une crainte irraisonnée, jugée absurde par la personne,
déclenchée par la présence d´un objet ou situation n´ayant pas en
eux-mêmes un caractère dangereux, et disparaît en l´absence de
l’objet ou de la situation.

Les distorsions de la pensée

 Pensée déréelle : élaboration mentale en contradiction avec la


réalité commune ; c´est une pensée faite d´abstraction formelle
sans support objectif.
 Pensée autistique : enfermement dans une pensée intérieure
déréelle aux dépens de la réalité extérieure.
 Pensée magique : mode de pensée libérée des références
logiques ; fondée sur la toute puissance du désir ; ne tenant pas
compte de l´expérience commune.
 Pensée syncrétique : mode d´appréhension globale et
indifférencié du monde extérieur et de son propre corps.
 Pensée paralogique : pensée respectant un cadre d´élaboration
logique des associations idéiques, des représentations, du
jugement pour confronter ses idées prévalentes. Le
raisonnement parait juste et logique mais le ou les postulats
sont faux.
 Pensée xénopatique : pensée ressentie comme empêchée,
dictée et contrôlée par une influence extérieure, les activités
psychiques sont éprouvées comme étrangères.
 Rationalisme morbide : processus mental qui restreint et
étouffe la réalité vivante et concrète à l´aide de raisonnement
abstrait. (Pensée dissociée).
 Digression de la pensée : interruption de la direction normale
des associations idéiques par une idée parasite puis retour à l
´idée initiale.

Conduite diagnostique

La constatation de tels troubles de la pensée impose une enquête


diagnostique, il faut notamment s´enquérir :

 De leur modalité d´installation et d´évolution : aigue, insidieuse,


déjà ancienne, voire devenue un mode de pensée habituel.
 De leur intensité, et des difficultés de communication qui en
découlent.
 Des symptômes d´accompagnement : présence ou non d´un
délire, d´hallucinations, de troubles du comportement, d´une
pathologie de l´ humeur, d´un trouble de l´attention, de
difficultés mnésiques, etc.
 Du degré d´auto-perception du trouble de la pensée :
conscience, méconnaissance, indifférence.

NB : Aucun des troubles de la pensée ne possède de valeur


pathognomonique, mais leur caractérisation évolutive et leur
participation à un tableau psychopathologique permettent en général
de les rapporter à une étiologie psychiatrique probable.

Un certain nombre de diagnostics différentiels devront être éliminés,


en particulier :

 Les aphasies de causes neurologiques, en sachant que certaines


aphasies frustes peuvent être rapprocher des troubles de la
pensée et du langage, rencontrés dans les états
schizophréniques déficitaires : les paraphasies, par, exemple,
sont communes aux deux conditions ;
 Les états déficitaires fixes : débilité intellectuelle, etc.

Par les étiologies les plus courantes, on pourra distinguer :

1. Les syndromes confusionnels (et toutes leurs étiologies) : les


troubles de la pensée y sont soudains, intermittents, très
prononcés, entravant la communication, à type d´incohérence.
2. Les troubles thymiques : les états dépressifs (ralentissement
psychomoteur), les états maniaques (accélération généralisée,
jeux de mots, diffluence, incohérence avec désorganisation
majeure de la pensée).
3. Les états mixtes s´accompagnent parfois de troubles du cours
de la pensée difficiles à rattacher à leur origine thymique
(association d´une accélération des pensées, d´un discours
volontiers, à une humeur abaissée et des préoccupations
négatives).
4. Les états délirants aigus s´accompagnent généralement de
troubles du cours de la pensée, pour partie déterminée par l
´activité délirante et les hallucinations.
5. La présence d´un discours discordant, appauvri, peu
communicatif, sans rapport avec la situation (rationalisme
morbide) évoqueront un état dissociatif en faveur de la
schizophrénie.
6. De nombreux troubles neuropsychiatriques et syndromes
psycho -organiques peuvent être à l´origine de troubles de la
pensée, de type principalement déficitaire : appauvrissement,
persévérations, difficultés d´abstraction se traduisant par un
discours cantonne dans le concret et le superficiel.
7. Paranoïa.
8. Trouble obsessionnel compulsif (Obsessions idéatives,
obsessions phobiques…).
9. Hystérie.
10. Trouble bipolaire (fuite d´idées, tachypsychie,
logorrhée……..)

Les situations diagnostiques difficiles sont liées à:


 L´absence d´un tiers qui puisse confirmer le changement qui s
´est opéré chez le sujet, en présence de troubles isolés et peu
apparents.
 L´installation très insidieuse.
 Les sujets âgés.

Conclusion

 Les distorsions de la pensée sont fréquentes en pathologie


psychiatrique.
 Les étiologies sont multiples.
 Eliminer l´organicité avant de retenir une cause psychiatrique.
 Prise en charge dépend de l´étiologie.

Références

 Précis de sémiologie des troubles psychiatriques. Editions


Heures De France 2005
 Psychiatrie de l´adulte. Elsevier Masson SAS, Paris, 1977, 2000,
2004,2006.
 Abrége de psychiatrie

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