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SYNDROME DELIRANT

Dr Ammouri

I- DEFINITION - GENERALITES

Une idée délirante est une Conviction Intime et Inébranlable en une ou

plusieurs idées qui sont en opposition avec la réalité qui n'est pas

accessible au raisonnement, à la critique, au bon sens et à la

démonstration

L’état délirant définit donc une altération importante du psychisme ou

le sujet est incapable, d’une part, d’opérer une distinction entre son vécu

subjectif et l’objectif de la réalité extérieure.

II- CARACTERESTIQUES DU DELIRE: M T S D V

A- Mécanismes du délire Sont des processus grâce auxquels l’idée

délirante s’élabore, s’organise et se construit. peuvent être unique ou

multiples:

a- Interprétation Explication erronée d’une perception exacte,

distorsion du jugement : caractérise le délire du paranoïaque, peut

s’observer dans le délire du SCZ ou du maniaque.

b- Hallucination Perception sans objet à percevoir, peut être :

- Psychosensorielle : auditive, visuelle, olfactif ou Psychique : le sujet

ne perçoit pas les stimulus au niveau des organes des sens mais dans sa

propre pensée : voix intérieures, transmission de pensée

-Psychique: Syndrome d’automatisme mental : Échappement hors du

contrôle du sujet d’une partie de sa pensée qui va fonctionner en dehors

de la volonté du sujet qui devient spectateur de son propre

fonctionnement. Un fragment de sa pensée devient autonome.

Cela se traduit au niveau sémiologique par la survenue de certains

symptômes: mots explosifs, absurdités et non-sens, arrêts de la pensée,

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vol de la pensée, écho de la pensée, écho de la lecture, des gestes,

commentaires des actes.

c- Intuition

Idée fausse admise sans raisonnement ni vérification en dehors de

toute donnée objective ou sensorielle, rencontrée souvent dans les

thèmes mystiques.

d- Imagination

Fabulation ou invention au premier plan, le sujet y joue un rôle central.

Elle caractérise essentiellement les délires paraphréniques

e- Illusion Perception réelle mais dénaturée et déformée par le

patient qui la reçoit, et qui n’est pas reconnue comme une erreur. Peut

toucher tous les sens : visuel, olfactif, tactile, cénesthésie, auditif

B- Thèmes du délire

C’est l’objectif du discours, ce sur quoi il porte, qui frappe

immédiatement à l’écoute d’un délirant. Le thème du délire peut être

inspiré de la vie sociale, affective, fantasmatique, imaginative…..

a- Persécution

Conviction absolue du sujet d'être proie à un monde hostile, l'objet

d'agression, la victime d'une machination des préjudices, la cible d'une

surveillance ou conspiration. Le persécuteur peut être désigné ou pas

b- Mégalomanie ou Grandeur

Tendance à la surévaluation de soi, d'idées de richesses, de puissance.

Ces idées peuvent être intriquées avec de nombreux autres thèmes:

politique, filiation, mystique… Impression d’être appelé à une destination

grandiose, prophétisme, Messianisme (mehdi montadar), restaurer la paix,

avoir une grande fortune et de multiples projets.

Ce sont soit des idées de satisfaction où des idées orgueilleuses où

ambitieuses.

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De faible valeur sémiologique on retrouve ces thèmes dans les états

maniaques, paranoïaque, paraphrénique, BDA et mm ds les syndromes

démentiels. Souvent les thèmes de grandeur sont intriqués à ceux de

persécution « on m’en veut car je suis le meilleur »

c- Erotomanie

Conviction délirante d’être aimé, généralement par un personnage

jouissant d'un certain prestige avec lequel le patient n'a que des relations

lointaines, voire aucune.

Non spécifique du délire paranoïaque, rencontré dans la manie

délirante, l’hystérie, SCZ, PHC, pathologie cérébrale organique

d- Jalousie

"Sentiment de violation unilatéral et clandestine du contrat tacite qui

unit les amants ou les époux" lévy valency. Cette idée d’être trompé existe

en dehors de toute réalité et elle est retrouvée dans les délires

paranoïaques

e- Influence

Sentiment qu’a le patient d’être sous l'emprise d'une force extérieure

qui commande ses actes et ses pensées.

f- Idée de référence

Sentiment d’être l’objet de l’intérêt d’autrui, le contexte n’est pas

forcement pérsécutif

g- Hypochondrie Idées fausses d’estimation péjorative concernant le

corps et son fonctionnement.

- Nosophobie délirante: Conviction délirante d’être atteint d’une

maladie avec des idées d’incurabilité

- Transformation – métamorphose: Sensation d’être possédé par une

puissance diabolique animale ou autre. Le sujet se sent remplacé par un

animal dont il imite le comportement

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- Négation d’organe, de la personne, de son identité, , de la pensé et

des sentiments ,du monde extérieur = cotard . Peut se rencontrer :

mélancolie, paranoïa, démence, confusion…….

- Hypochondriaque- revendication : Le sujet déclare avoir été mal

soigné ou conservé des séquelles. Les chirurgiens et les psychiatres sont

souvent des victimes, spécifique du délire paranoïaque

h- Revendication : Le délire passionnel de revendication du paranoïa,

ou il existe une revendication affective ou matérielle

e- Mystiques: Thèmes en rapport avec les paroles des écritures, une

mission divine à accomplir, l'existence des forces occultes extérieures.

Elles sont exprimées sous forme de scrupule religieux, malédiction divine,

idées de possession, démonopathie, démonomanie…

C- Organisation ou Structure

L'organisation ou la structure d'un délire correspond à la cohérence de

la construction délirante, à l'agencement et à l'enchaînement des idées

délirantes.

- Délire systématisé : ordonné, plausible et compréhensible, ce sont des

idées agencées avec une certaine cohérence et qui peut entraîner

l’adhésion d’autrui. La systématisation est l’une des caractéristiques du

délire paranoïaque. Le degré d’extension est précisé selon qu’il est :

* En secteur : centré sur la vie professionnelle, sociale ou affective. Le

délire est le plus souvent dirigé vers une seule idée.

* En réseau : extension à un nombre de plus en plus grand de personnes

ou de secteurs d’activité

- Délire non systématisé : chaotique, il y a un enchevêtrement de

plusieurs thèmes (polymorphisme) en l’absence d’enchaînement logique

entre eux. Le délire est incohérent, flou et sans cohésion, cas du délire

paranoïde.

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D- Durée ou ancienneté du délire

On distingue les délires aigus qui évoluent depuis moins de 6 mois et

les délires chroniques dont l’évolution dépasse 6 mois

E- Vécu émotionnel ou Participation émotionnelle au délire : charge

affective lié à la conviction (adhésion à l’idée délirante), plus le patient

adhère à son délire plus il l’investit émotionnellement. L’intensité  de

l’investissement affectée du délire conditionne les réactions du patient :

la conduite délirante. Les conduites délirantes peuvent être dangereuses

pour les autres et pour les patients eux-mêmes (fugues, agressivité, auto-

mutilation, refus d’aliments…)

III-LES ETATS DELIRANTS

A- Délires aigus

- Devant un délire d’installation aigue ou subaiguë, habituellement

réversible et associé à :

* Une désorientation temporo-spatiale

* Des troubles mnésiques

* Des troubles de la vigilance

* les hallucinations à prédominance visuelles de thème terrifiants

souvent zoopsies, cet onirisme avec perplexité anxieuse et vécu

émotionnel intense, fait évoquer en 1 er un état confusionnel d’étiologie

organique le plus souvent si non psychiatrique

- Devant un délire d’installation brutale en rupture avec la

personnalité pré morbide du sujet, polymorphe, non systématisé, à

mécanismes multiples au premier plan hallucinatoire surtout auditif avec

automatisme mental. L’adhésion au délire est totale, la conviction au

propos est intense mais fluctue dans le temps et avec les thèmes et les

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étapes du délire. Cette adhésion est responsable d’une grande

participation affective et un retentissement thymique et

comportementale. Ce délire est en faveur d’un Accès Psychotique Aigu

dont l’évolution est rapidement résolutive en quelques semaines Ou

représenter le mode d’entrée dans une schizophrénie comme elle peut

être une Pharmaco psychose aux Amphétamines ou aux Hallucinogènes.

- Devant une excitation psychomotrice avec exaltation de l’humeur

et un délire aigu, variable et faiblement structuré, congruent à l’humeur, à

thèmes de grandeur, érotomaniaque, mystique et de persécution,

imaginatif et interprétatif, rarement hallucinatoire. L’adhésion au délire

est partielle, c’est une manie délirante

- Devant un tableau d’une inhibition psychomotrice ou agitation

anxieuse, associée à une humeur dépressive, avec un délire d’installation

aigue de tonalité pessimiste, fataliste et douloureuse, pauvres monotone,

monothématique, peu extensif , le sujet répète inlassablement les mêmes

idées délirantes, à mécanisme intuitifs, imaginatif, interprétatif,

rarement hallucinatoire. Le délire est vécu passivement dans une tonalité

pénible, douloureuse parfois agitation anxieuse, c’est la mélancolie

- Devant un délire d’apparition brutale d’une manière inopinée,

soudaine, sur une personnalité d’allure névrotique, en général à la suite

d’un événement émotionnel traumatique provoquant une rupture

importante avec la personnalité antérieure du sujet. le plus souvent des

idées délirantes sont peu organisées, variables, de nature oedipienne ,

sexuelle ou en rapport avec des croyance magico-religieuses de la culture

environnante. Le délire dure quelques heures à quelques jours et dépasse

rarement le mois. Le sujet malgré le vécu délirant garde un certain

contact avec la réalité et il demeure sensible et suggestible aux

interventions de l’entourage, c’est l’état délirant de l’hystérie

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B- Délires chroniques

- Devant un délire survenant sur une personnalité pré morbide de type

sensitive, à la suite d’un événement ou situation sociale pathogène .la

thématique du délire comporte une exagération des traits de la

personnalité pré morbide : idées de persécution, il n’y pas de

revendication, le sujet supporte passivement les persécutions dont il se

sent l’objet. Le délire est vécu avec une tonalité dépressive avec asthénie,

anxiété et préoccupations hypocondriaques, c’est le délire sensitif de

relation

- Devant un délire d’évolution chronique, floue, non structurée,

incohérente, polymorphe sans retentissement affectif apparent, sauf si

syndrome de dépersonnalisation ou l’angoisse important avec des

éléments dissociatifs c’est la SZP

- Devant un délire d’apparition tardive, de systématisation faible avec

adaptation relative à la réalité quotidienne. Le mécanisme prévalent est

hallucinatoire et tonalité persecutoire des thèmes délirants, c’est la PHC.

- Devant un délire d’apparition tardive, imaginative, peu systématisée, à

thèmes mégalomaniaques et fantastique. L’adhésion au délire est

importante mais le patient conserve malgré tout une bonne adaptation

socioprofessionnelle, c'est la paraphrénie

- Devant un délire d’installation brutale après un état confuso-onirique

ou insidieux et d’évolution chronique chez un alcoolique chronique à

thématique de jalousie, de persécution à mécanisme hallucinatoire à

prédominance acoustique, rarement fabulation imaginative la participation

affective au délire est faible, peu d’anxiété, le sujet subit passivement

son délire, c’est la psychose hallucinatoire des buveurs de « KRAEPLIN »

- Devant un délire s’installant chez un alcoolique chronique, avec une

personnalité sous jacente de type paranoïaque ou sensitive. Le début se

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fait souvent à l’occasion d’ivresse, rarement après une phase onirique. Le

délire est d’évolution chronique, à mécanisme interprétatif et à thèmes de

jalousie surtout, rarement hypochondriaque, homosexuelle, incestueux ou

de persécution la participation affective est massive, passionnelle et le

risque de passage à l’acte est accru vue la désinhibition par l’alcool, c’est

le délire paranoïaque des alcooliques chroniques

Conclusion

- Le syndrome délirant constitue une situation fréquente en

pathologie psychiatrique

- Intérêt de l'analyse sémiologique dans le diagnostic étiologique

- Ne pas méconnaître une cause organique.

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