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Synthese Du Compendium de La Doctrine Sociale de L Eglise - Denis Matschek PDF
Synthese Du Compendium de La Doctrine Sociale de L Eglise - Denis Matschek PDF
INTRODUCTION
1 L’unique Sauveur
Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie.
Ce n’est que dans le Nom de Jésus que le Salut est donné à l’homme :
* vie nouvelle après la mort
* salut qui englobe toute la vie humaine tant personnelle que sociale.
En Jésus s’ouvre la perspective merveilleuse de la filiation divine.
.
2 Le Salut est intégral
L’Evangile donne le Salut et la liberté authentique même dans les choses temporelles.
cf. Paul (2 Tm 4, 2-5) : « …les hommes se détourneront de la vérité pour se tourner vers les
fables… »
4 Programme d’action
Des hommes rendus nouveaux grâce à l’amour de Dieu comprennent leur dignité
transcendante :
Ceux-ci sont alors en mesure de :
* changer les règles, la qualité des relations, les structures sociales.
* apporter la paix là où sont les conflits.
* établir des rapports fraternels là où se trouve la haine.
* chercher la justice là où domine l’exploitation des hommes.
Nécessité de l’amour pour un monde de justice, de développement dans la vérité et dans le
bien.
6 Mondialisation et conditionnements
Unité de destin de l’humanité :
* Requiert une responsabilité commune inspirée par un humanisme intégral et
solidaire.
* Conditionnements imposés par la technique et l’économie
b) La signification de ce document
Service rendu par l’Eglise aux hommes de notre temps : l’homme y est l’axe de tout
l’exposé de la DSE (dans son unité et sa totalité)
Homme = corps et âme
cœur et conscience
pensée et volonté
Témoignage rendu à la vérité, pour sauver non pour condamner, pour servir et non pour être
servi.
15 Quête de la vérité
Le sens profond de l’existence humaine se révèle dans la libre recherche de la vérité.
L’enquête intégrale sur le « pourquoi des choses », la recherche de l’ultime réponse, ouvre
la raison humaine à la religiosité.
La religiosité représente l’expression la plus haute de la personne humaine parce qu’elle est
le sommet de sa structure rationnelle.
19 Humanisme chrétien
DSE = humanisme à la hauteur du dessein d’amour de Dieu sur l’Histoire.
humanisme intégral et solidaire.
humanisme réalisable si : les hommes savent cultiver les valeurs morales et
1ère Partie
« La dimension théologique apparaît nécessaire tant pour interpréter que pour résoudre les
problèmes actuels de la convivialité humaine. » (CA, 55)
1er CHAPITRE
« La dimension théologique apparaît donc nécessaire tant pour interpréter que pour résoudre les
problèmes actuels de la convivialité humaine » (Centesimus annus, 55)
26 Le Dieu Créateur
Le principe de la Création de toutes choses par Dieu Ö action gratuite et miséricordieuse de Dieu
Ö homme et femme appelés à être le signe visible et l’instrument efficace de cette gratuité divine
en cultivant les biens de la Création.
27 La rupture originelle
Le péché originel voile le sens de cette gratuité de l’acte créateur :
Péché originel Ö . désordre après la chute.
. volonté de se soustraire au regard d’amour de Dieu.
. vouloir gérer l’existence et l’agir pour son propre compte.
. rupture de l’unité intérieure de l’homme.
. rupture de la communion entre les hommes.
. source de tous les maux Ö atteinte à la dignité de la personne humaine, à la
justice et à la solidarité.
* respect de la Loi naturelle dans l’agir humain afin de garder l’univers selon le projet de
Dieu.
39 La liberté de l’homme
* Foi : l’homme se livre tout entier entre les mains de Dieu dans la confiance et dans un
acte libre.
* Relation filiale avec Dieu dans le Christ par l’action de l’Esprit Saint
52 Dans le Christ Dieu ne rachète pas seulement l’individu mais aussi les rapport sociaux
Cf. Ga 3, 26-28) Denière phrase p. 28.
Ö Communautés ecclésiales :
y lieux de communion, de témoignage et de mission.
y ferment de rédemption et de transformation des rapports sociaux.
y anticipent le future en rénovant les rapports mutuels.
57 « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez
fait » (Mt 25, 34-36.40)
Quels sont les biens qui appartiennent au Royaume de vérité et de vie, de sainteté et de grâce, de
justice, d’amour et de paix ?:
La dignité de l’homme, la fraternité, la liberté, les bons fruits de la nature et de nos efforts,
éclairés et transfigurés par l’Esprit Saint.
DEUXIEME PARTIE
62 « La société des hommes est la première route fondamentale de l’Eglise » (JP II, RH 14)
Par sa DSE l’Eglise :
• Annonce et actualise l’Evangile au cœur des relations sociales
• Féconde et fermente la société par l’Evangile
68 « La mission propre que le Christ a confiée à son Église n’est ni d’ordre politique, ni
d’ordre économique ou social : le but qu’il lui a assigné est d’ordre religieux. »
- « De cette mission religieuse découlent une fonction, des lumières et des forces qui peuvent servir
à constituer et à affermir la communauté des hommes selon la loi divine ». ( Vat. II GS 42)
- Avec sa DSE l’Eglise n’entre pas dans les questions techniques, ne propose pas de systèmes ou de
modèles d’organisation sociale. (JP II SRS 41)
70 L’Eglise est maîtresse de vérité non seulement du dogme mais aussi de la morale (JP II VS
27)
- l’Evangile investit l’homme dans tout son vécu et toutes ses responsabilités
Ö L’Eglise a le droit d’évangéliser le social
71 « L’Eglise ne peut pas demeurer indifférente aux affaires sociales » (Paul VI EN 34)
« Il appartient à l’Eglise d’annoncer en tout temps et en tout lieu les principes de la morale, même
en ce qui concerne l’ordre social, ainsi que de porter un jugement sur toute réalité humaine, dans la
mesure où l’exigent les droits fondamentaux de la personne humaine ou le salut des âmes».(Canon
747)
78 Un apport significatif à la doctrine sociale de l’Église provient aussi des sciences humaines
et sociales
- La DSE acquiert ainsi ses compétences, son caractère concret et son actualité.
- Le dialogue interdisciplinaire incite aussi les sciences sociales à :
• Saisir les perspectives de signification, de valeur et d’engagement de la DSE
• A s’orienter vers le service de la personne et de sa vocation
80 En tant que partie intégrante de l’enseignement moral de l’Église, la doctrine sociale revêt
la même dignité et possède la même autorité que cet enseignement.
Elle est un Magistère authentique, qui exige l’acceptation l’adhésion des fidèles.
84 La doctrine sociale est un enseignement expressément adressé à tous les hommes de bonne
volonté
La DSE éclaire tous les hommes par la profondeur humaine des significations, les valeurs qu’elle
exprime et ses normes d’action.
86 Mère et Maîtresse, l’Eglise est tendue et tournée vers l’homme et son salut
La foi qui est au cœur de la DSE est ferment de nouveauté et de créativité
87 Dans son attention permanente à l’homme dans la société, l’Église a accumulé un riche
patrimoine doctrinal.
- L’expression doctrine sociale remonte à Pie XI QA mai1931
- L’encyclique Rerum novarum de Léon XIII (mai 1891) ouvre un nouveau chemin par un
développement substantiel de l’enseignement dans le domaine social.
92 Enseignement de Pie XI contre les pouvoirs totalitaires entre les deux guerres
- Contre les violences du régime fasciste en Italie : Non abiamo bisogno (juin 1931)
- Contre le nazisme en Allemagne : Mi tbrennender Sorge (1937)
- Contre l’antisémitisme le Pape déclara dans un discours le 6 sept. 1938 : « Nous sommes
spirituellement des sémites ».
- Contre le communisme athée : Divini Redemptoris (mars 1937) le qualifiant d’ « intrinsèquement
pervers ».Parmi les remèdes au communisme il propose l’institutionnalisation de corps
professionnels et interprofessionnels.
Organisme chargé de promouvoir l’essor des régions pauvres et la justice sociale entre les nations.
Paul VI initie la tradition de la Journée mondiale de la paix (1er janvier) à partir de 1968.
103 L’encyclique Centesimus annus de Jean-Paul II (mai 1991) Centenaire de Rerum novarum
- Thème central : la conception chrétienne de l’organisation sociale et politique.
- Reprise du principe de solidarité :
• Amitié selon Léon XIII
• Charité sociale selon Pie XI
• A la base de la « civilisation de l’amour » selon Paul VI
- Reconnaître Dieu en chaque homme et chaque homme en Dieu est la condition d’un
développement humain authentique.
3ème CHAPITRE
109 L’essence et l’existence de l’homme sont, de manière constitutive, en relation avec Dieu
- Toute la vie de l’homme est une demande et une recherche de Dieu : « homo est Dei capax » CEC
- La personne humaine ne peut vivre et s’exprimer que dans cette relation.
110 De par sa nature profonde, l’homme est un être relationnel et donc social. (GS 12)
- Il est significatif que Dieu ait créé l’être humain comme homme et femme.
- « En l’autre, homme ou femme, Dieu se reflète, lui, la fin ultime qui comble toute personne». (JP
II EV 35).
111 Le dynamisme de réciprocité qui anime le nous du couple humain est image de Dieu.
(CEC 371)
Caractéristiques du couple homme/femme :
• Même dignité et valeur de l’homme et de la femme
• Se réalisent l’un l’autre par le don sincère de soi
• Leur pacte d’union est image du Pacte de Dieu avec les hommes
• Union au service de la vie
• Participent à la créativité de Dieu
114 L’homme est également en relation avec lui-même et peut réfléchir sur soi
Le cœur de l’homme est intériorité spirituelle à savoir ce qui le distingue de toute autre créature :
• Facultés spirituelles de l’homme :
9 La raison
9 Le discernement du bien et du mal
9 La libre volonté
« Vous nous avez créés pour vous, et (…) notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en vous».
(Saint Augustin, Confessions)
b) Le drame du péché
121 Le réalisme chrétien voit les abîmes du péché, mais dans la lumière de l’espérance
- Espérance du salut en Jésus-Christ : « En lui, Dieu s’est réconcilié l’homme ».
- Jésus est la vie et la lumière du monde
- Jésus manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation.
123 L’universalité de l’espérance chrétienne inclut non seulement les hommes de tous les
peuples mais aussi le ciel el la terre
Au milieu des gémissements et des douleurs de l’enfantement, la création attend d’être libérée de la
corruption (cf. Rm 8. 18-22).
124 La DSE saisit l’homme dans tous ses aspects et son mystère
Manifestation sur la scène de l’Histoire de nombreuses conceptions réductrices et idéologiques de
l’homme : soulignent une seule caractéristique de l’homme au détriment des autres.
A) L’UNITÉ DE LA PERSONNE
128 Par con corps l’homme s’insère dans le cosmos, par sa spiritualité il le dépasse
- Par sa corporéité :
• l’homme unifie en lui les éléments du monde matériel
• le cosmos trouve en lui son sommet et peut librement louer son Créateur
• mais elle lui fait expérimenter les rébellions du corps et les inclinations perverses du cœur.
- Par sa spiritualité :
• l’homme se découvre supérieur au monde matériel
• il découvre son âme immortelle et qu’il n’est pas un élément anonyme de la société.
a) Ouverture à la transcendance
133 En aucun cas la personne humaine ne peut être manipulée à des fins étrangères à son
développement
- La personne ne peut pas être finalisée à des projets de caractère économique, social et politique,
même au nom de présumés progrès.
Ö Respect de la dignité de la personne et de ses droits.
- La personne est un sujet actif et responsable de son processus de croissance.
134 Aucune moralisation authentique de la vie sociale ne sera jamais possible si ce n’est à
partir des personnes et en se référant à elles
- Le développement des attitudes morales fondamentales ne peut être simplement attendu des autres
ou délégué aux institutions.
- Il revient à tous, et en particulier à ceux qui exercent des responsabilités d’être la conscience
vigilante de la société et les premiers témoins d’une vie civile digne de l’homme.
C) LA LIBERTÉ DE LA PERSONNE
135 L’homme ne peut tendre au bien que dans la liberté que Dieu lui a donnée
- La dignité de l’homme exige de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, et donc exempt
de tout déterminisme (instincts, contraintes, etc.)
- La liberté détermine la croissance de son être en tant que personne par des choix conformes au
vrai bien
Ö De la sorte l’homme s’engendre lui-même, il est le père de son propre être, il construit l’ordre
social.
136 La liberté n’est pas en opposition avec la dépendance de l’homme, en tant que créature,
par rapport à Dieu.
- La Révélation enseigne que le pouvoir de déterminer le bien et le mal n‘appartient pas à l’homme,
mais Dieu seul (cf. Gn 2, 16-17)
- En réalité, c’est dans cette acceptation que la liberté humaine trouve sa réalisation plénière et
véritable ». (JP II VS 35)
137 Le juste exercice de la liberté personnelle exige des conditions précises d’ordre
économique, social, juridique, politique et culture
- Les situations d’aveuglement et d’injustice grèvent la vie morale et placent aussi bien les forts que
les faibles en tentation de pécher contre la charité.
- S’écarter de la loi morale :
Ö porte atteinte à sa propre liberté
rompt le lien de la fraternité
rébellion contre la vérité divine
139 Dans le jugement pratique de la conscience se révèle le lien entre la liberté et la vérité.
- La conscience assume la responsabilité du bien accompli et du mal commis.
- La conscience se manifeste par des actes de « jugement » qui reflètent la vérité sur le bien, et non
comme des « décisions » arbitraires.
- Appréciation du degré de maturité et de responsabilité des jugements par :
• une pressante recherche de la vérité
9 loin d’une libération de la conscience par rapport à la vérité objective
• la remise de soi à la conduite de la conscience dans l’action
9 loin d’une prétendue autonomie des décisions personnelles
140 L’exercice de la liberté implique la référence à une loi morale naturelle, à caractère
universel, qui précède et unit tous les droits et les devoirs
-La loi naturelle est la lumière de l’intelligence insufflée en nous par Dieu. Grâce à elle nous
connaissons ce qu’il faut accomplir et ce qu’il faut éviter.
Elle est participation à la loi éternelle de Dieu qui s’identifie à Dieu lui-même.
- La loi naturelle est :
• promulguée par la raison
• universelle
• exposée dans le Décalogue
• désigne les normes primordiales la vie morale, droits et devoirs.
• expression de la dignité de la personne
142 « La loi naturelle, qui est loi de Dieu, ne peut pas être abolie par l’iniquité humaine » (S.
augustin, Confessions)
- Elle est le fondement moral indispensable de la loi civile et des communautés humaines.
- Conséquences d’une méconnaissance de la loi naturelle :
• impossibilité d’édifier une communion réelle
• plus rien ne peut justifier la morale publique
• irresponsabilité de tous envers tous
« Celui qui s’autoproclame mesure unique des choses et de la vérité ne peut pas vivre pacifiquement
avec ses semblables et collaborer avec eux ».(JP II EV 19-20)
144 « Dieu ne fait pas acception des personnes» (Ac 10, 34 ; cf. Rm 2, 11 )
- « Il n’y a plus ni Juif ni Grec,….,vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus» (Ga 3,28 ; cf. Rm 10,
12 )
- La dignité de chaque homme devant Dieu constitue le fondement de la dignité de l’homme devant
les autres hommes.
- C’est aussi le fondement ultime de l’égalité et de la fraternité radicales entre les hommes,
indépendamment de leur race, nation, sexe, etc.
E) LA SOCIALITÉ HUMAINE
Nature de la personne :
• subjectivité relationnelle
• libre et responsable
• capable de communion, en vertu de la connaissance et de l’amour
Nature de la société humaine :
• Personnes liées de façon organique par un principe d’unité.
« Dieu n’a pas créé l’homme comme un « être solitaire.., mais il l’a voulu comme un « être social ».
La vie sociale n’est donc pas extérieure à l’homme : il ne peut croître et réaliser sa vocation
qu’en relation avec les autres ». (Libertatis conscientia, 1987)
153 La source ultime des droits se situe dans l’homme lui-même et en Dieu son Créateur
- La racine des droits doit être recherchée dans la dignité de chaque être humain.
- Cette dignité a été profondément assumée et rachetée par Jésus-Christ par son Incarnation
rédemptrice.
- La source des droits ne se situe :
• Ni dans la simple volonté humaine
• Ni dans la réalité de l’Etat
• Ni dans les pouvoirs publics
- La source des droits se situe dans l’homme lui-même et en Dieu.
- Nature des droits humains :
• Universels : présents en tout être humain
• Inviolables : devoir de les proclamer et de les respecter
• Inaliénables : personne ne peut en être légitimement privé
154 Les droits de l’homme sont non seulement universels mais indivisibles
- La protection partielle des droits se traduirait par une sorte de manque de reconnaissance.
- Les droits constituent un ensemble unitaire et qui tend à promouvoir tout aspect du bien de la
personne et de la société.
c) Droits et devoirs
157 « Ce qui est vrai pour l’homme l’est aussi pour les peuples » (JP II Lettre de sept. 1989)
- Principe de droit international: Egal respect des Etats.
- Droits des nations :
• à l’existence
• à l’indépendance et à l’autodétermination
• à la libre coopération en vue du bien commun supérieur de l’humanité
• à garder sa propre langue et sa culture par lesquelles elles défendent leur souveraineté
spirituelle originelle
• à vivre selon leurs traditions sans opprimer celles des minorités
• à construire leur avenir en donnant une éducation appropriée à leur jeune génération
- L’ordre international requiert un équilibre entre particularité et universalité, en vivant dans une
attitude de paix, de respect et de solidarité entre les nations.
159 L’Eglise inclut dans sa mission la défense et la promotion des droits de l’homme
- Exigence de respecter en son sein la justice et les droits de l’homme.
- Engagement pastoral :
• l’annonce du fondement chrétien des droits de l’homme (plus importante que la
dénonciation)
• la dénonciation des violations de ces droits (fondée sur l’annonce)
- Engagement de l’Eglise ouvert à la collaboration avec tous pour la défense des droits.
- « Promouvoir la justice et la paix, pénétrer de la lumière et du ferment évangélique tous les
domaines de l’existence sociale, l’Église n’a cessé de s’y employer au nom du mandat qu’elle a
reçu de son Seigneur » (Paul VI Motu proprio Iustitiam et Pacem 1976)
CHAPITRE IV
I. SIGNIFICATION ET UNITÉ
161 Ces principes sont des critères de discernement et de conduite de l’action sociale
Ils concernent tant les relations interpersonnelles que les relations sociales à tous les niveaux,
jusqu’aux rapports entre les peuples et les nations.
162 Ils ont un caractère unitaire et sont connectés et articulés les uns aux autres
- L’attention accordée à chaque principe dans sa spécificité ne doit pas conduire à son utilisation
partiale et erronée, comme séparé des autres principes.
- Il y a réciprocité, complémentarité et relation entre eux.
- Ils indiquent à tous les voies possibles pour édifier une vie sociale bonne et
authentiquement rénovée.
163 Ces principes ont une signification profondément morale car ils renvoient aux fondements
ultimes qui ordonnent la vie sociale.
Ils s’articulent avec :
• La vérité de la société dans ses interactions interpersonnelles, dans la liberté.
• L’action personnelle des individus, premiers sujets de la vie sociale
• Les Institutions : lois, normes de traditions, structures civiles,etc.
165 Le bien commun est un bien appartenant à tous les hommes et à tout l’homme
- Le bien commun est l’objectif poursuivi par toute société qui se veut au service le l’être humain.
- Il est indispensable à la réalisation de la personne :
• Ne trouve pas sa réalisation uniquement en elle-même
• Est un être « avec ».
- Le bien commun est une valeur constitutive de la signification sociale, de sa raisons d’être et de sa
subsistance même.
166 Les exigences du bien commun dérivent des conditions sociales de chaque époque, elles
sont liées à la promotion intégrale de la personne et de ses droits fondamentaux
Contenu :
167 Chacun doit, selon ses capacités, collaborer à la réalisation du bien commun et en
bénéficier
- Le bien commun découle des inclinations naturelles les plus élevées de l’homme qui sont :
• La connaissance de la vérité sur Dieu
• La vie en société
- Tous ont aussi le droit de bénéficier des conditions de la vie sociale qui résultent du bien commun.
• Justice sociale
• Distribution des ressources de ce monde : « Le contraste entre une poignée de riches et une
multitude d’indigents atteste, de nos jours, aux yeux de l’homme de cœur, les graves
dérèglements» (Pie XI QA 1931)
169 Le gouvernement a pour tâche spécifique d’harmoniser avec justice les divers intérêts
sectoriels
Avec une particulière attention vis-à-vis des groupements minoritaires.
170 Le bien commun de la société n’est pas une fin en soi : Dieu est sa fin transcendante
- Cette perspective atteint sa plénitude en vertu de la foi en la Pâque de Jésus :
• Elle éclaire pleinement la réalisation du vrai bien commun de l’humanité
• Par Lui, avec Lui, la société humaine peut être conduite au Bien suprême, à son achèvement.
- Une vision historique et matérialiste transforme le bien commun en simple bien-être socia-
économique. Il est ainsi privé de toute finalisation transcendante qui est sa raison d’être profonde.
a) Origine et signification
171 Les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la
règle de la justice, inséparable de la charité » (Vat. II GS 69)
Base de ce principe :
• Dieu est Créateur de la terre et en a fait le don au genre humain
• Par son travail l’homme maîtrise la terre et jouit de ses fruits.
173 La mise en œuvre de ce droit implique une définition précise des modes, des limites et des
objets
- Il ne signifie pas que tout soit à la disposition de chacun et de tous que tout appartienne à tous.
- Nécessité d’interventions réglementées, fruits d’accords nationaux et internationaux.
- Mise en place d’un ordre juridique qui détermine et spécifie l’exercice de ce droit fondamental.
174 Ce principe invite à cultiver une vision de l’économie inspirée des valeurs morales
- Ne jamais perdre de vue ni l’origine, ni la finalité des biens de façon à créer un monde juste et
solidaire.
- La richesse, fruit du travail des hommes, doit être considérée comme un moyen utile pour
promouvoir le bien-être des hommes et des peuples.
- S’opposer à l’exclusion et à l’exploitation des hommes et des peuples.
177 Le droit à la propriété est subordonné à l’usage commun, à la destination universelle des
biens ( JP II Laborem exercens 14, 1981)
- Le droit à la propriété privée n’a jamais été considéré, par la tradition chrétienne, comme absolu ni
intouchable.
- Ce principe ne s’oppose pas au droit de propriété mais indique la nécessité de le réglementer.
179 Extension du principe de la destination universelle des biens aux fruits du récent progrès
économique et technologique
- De nouveaux biens apparaissent, issus de la connaissance et de la technique ; décisifs dans
l’accroissement des richesses (davantage que les ressources naturelles).
- Ces nouvelles connaissances techniques doivent être mises au service des biens primordiaux de
l’homme.
181 Les biens dépendent du Créateur et sont finalisé par le bien commun
- Certains deviennent esclaves de leur propriété : idolâtrie des biens
- Nécessité de reconnaître leur dépendance vis-à-vis du Créateur et leur rapport au bien commun.
182 « Option préférentielle pour les pauvres » (JP II Discours du 28/01/1979 à Puebla)
- Accorder une attention particulière aux pauvres, à ceux qui se trouvent dans des situations de
marginalité, etc.
- Cette attitude concerne non seulement notre témoignage personnel, mais aussi nos responsabilités
sociales. :
• Façon de vivre
• Décisions à prendre de manière cohérente au sujet de la propriété privée et de l’usage des
biens.
- Aspect international de cette option.
184 Donner aux pauvres c’est leur rendre ce qui est à eux
- La pauvreté est non seulement matérielle, mais elle est aussi culturelle et religieuse.
- L’histoire atteste cette option préférentielle de l’Eglise pour les pauvres par ses nombreuses
œuvres de bienfaisance.
COMPENDIUM DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE
31
SYNTHESE effectuée par D.M.
- L’amour pour les pauvres est certainement « incompatible avec l’amour immodéré des richesses
ou leur usage égoïste» (cf. Jc 5. 1-6).
a) Origine et signification
b) Indications concrètes
187 Le principe de subsidiarité est protecteur des personnes et des corps intermédiaires
- Conséquences de la négation de ce principe :
• Limitation de la liberté et de l’esprit d’initiative.
• Déperdition des forces humaines
• Apparition des monopoles
• Hypertrophie des appareils publics
• Bureaucratisation de la société
Ö Croissance énorme des dépenses publiques
- Bienfaits de l’application de ce principe :
• Respecte et promotion de la primauté de la personne et de la famille
• Mise en valeur des corps intermédiaires
• Encouragement offert à l’initiative privée au service du bien commun
• Sauvegarde des droits de l’homme et des minorités
• Décentralisation bureaucratique e administrative
• Equilibre entre sphère privée et publique (reconnaissance sociale du privé)
• Responsabilité accrue des citoyens dans la vie politique et sociale
V. LA PARTICIPATION
a) Signification et valeur
189 Participation de tous les citoyens à la vie culturelle, économique, sociale et politique de la
communauté civile
- C’est devoir que tous doivent assumer d’une manière responsable et en vue du bien commun
- Elle ne peut pas être délimitée ou restreinte à quelques contenus particuliers de la vie sociale
- Elle concerne aussi l’édification d’une communauté internationale solidaire.
- Eviter l’instauration de privilèges occultes en instaurant l’alternance des dirigeants politiques.
- Dans un climat de forte tension morale et de coresponsabilité en vue du bien commun.
b) Participation et démocratie
a) Signification et valeur
192 La solidarité est liée à la socialité intrinsèque de l’homme, à l’égalité des droits et à
l’interdépendance
- Interdépendance favorisée par le progrès rapide des moyens de communication et le volume
croissant des échanges commerciaux
- De très fortes disparités persistent dans le monde entier entre pays développés et pays en voie de
développement : exploitation, oppression, corruption, etc.
- Nécessité d’un engagement de tous sur le plan éthico-social
193 Les formes de solidarité doivent se transformer en relations tendant à une véritable
solidarité éthico-sociale
- La solidarité se présente sous deux aspects complémentaires :
• Principe social :
9 ordonnateur d’institutions véritables structures de solidarité : lois, règles du
COMPENDIUM DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE
33
SYNTHESE effectuée par D.M.
marché, etc.
9 permettant de dépasser et transformer les « structures de péché »
• Vertu morale :
9 Détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun
9 De justice, vertu orientée vers le bien commun
9 Pour le service du prochain
194 La solidarité est en lien étroit avec le bien commun, la destination universelle des biens,
l’égalité entre les hommes et la paix
Sens du terme solidarité :
• Liens qui unissent les hommes et les groupes sociaux entre eux
• Espace offert à la liberté humaine pour pourvoir à la croissance partagée par tous.
• Service de la cause commune
• Au delà de tout individualisme et particularisme
196 Jésus de Nazareth fait resplendir devant les yeux des hommes le lien entre solidarité et
charité
- Jésus est l’Homme nouveau solidaire de toute l’humanité jusqu’à la mort sur la croix.
- Redécouvrir en Lui la vie sociale comme lieu de vie et d’espérance en tant que signe d’une grâce
continuellement offerte à tous et qui invite aux formes les plus élevées du partage.
- A la lumière de la foi, la solidarité tend à se dépasser elle-même et à prendre les dimensions
chrétiennes de la gratuité, du pardon et de la réconciliation.
- Le prochain devient ainsi :
9 image vivante de Dieu le Père rachetée par le sang du Christ
9 objet de l’action constante de l’Esprit Saint
9 occasion du « don de sa vie pour ses frères » (1 Jn 3, 16)
c) La liberté
d) La justice
201 « La justice consiste à donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû » (CEC 1807).
- Point de vue subjectif : volonté de reconnaître l’autre comme personne
- Point de vue objectif : la justice constitue le critère déterminant de la moralité dans le domaine
inter-subjectif et social.
- Formes classiques de la justice :
• Commutative : règle les relations entre personnesÖéquité dans les accords et échanges
202 La justice n’est pas simple convention humaine, mais elle est déterminée par l’identité
profonde de l’être humain
- Tendance actuelle forte à recourir exclusivement aux critères de l’utilité et de l’avoir.
Ö Justice considérée de façon réductrice.
- La justice n’est pas une simple convention humaine
204 La meilleure façon d’affronter la question sociale est la voie tracée par la charité
- Lien très fort entre vertus, valeurs sociales et charité.
- La charité ne peut se réduire au domaine des relations de proximité ou aux seuls aspects subjectifs
de l’agir pour l’autre.
- La charité est le critère suprême et universel de l’éthique sociale tout entirère.
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE V
212 La famille est le lieu où l’enfant peut épanouir ses capacités et devenir conscient de sa
dignité
- Le don réciproque de soi de la part de l’homme et de la femme unis dans le mariage crée le milieu
favorable à l’épanouissement des enfants.
- La première structure fondamentale pour une « écologie humaine » est la famille, au sein de
laquelle l’homme reçoit des premières notions déterminantes :
• Sur la vérité et le bien
• Sur ce que veut dire concrètement être une personne.
213 Sans familles fortes dans la communion et stables dans l’engagement, les peuples
s’affaiblissent.
- La famille contribue d’une manière unique et irremplaçable au bien de la société.
- La famine, communauté de personnes, est la première « société » humaine .
- Une société à la mesure de la famille est la meilleure garantie contre toute dérive de type
individualiste ou collectiviste, car en elle la personne est toujours au centre de l’attention en tant
que fin et jamais comme moyen.
214 La famille n’existe pas pour la société et l’Etat, mais ce sont la société et l’Etat qui existent
pour la famille
- Priorité de la famille par rapport à la société et à l’Etat.
- La famille trouve sa légitimation dans la nature humaine et non pas dans la reconnaissance par
l’Etat. Elle est sujet titulaire de droits inviolables.
- La société et l’Etat, dans leurs relations avec la famille, ont l’obligation de s’en tenir au principe
de subsidiarité.
- La famille doit être bénéficiaire d’aides sociales lui permettant d’assumer l’ensemble de ses
responsabilités.
a) La valeur du mariage
215 L’institution du mariage est fondée et dotée de lois propres par le Créateur
- Le fondement de la famille réside dans la libre volonté des époux de s’unir en mariage.
- Dieu est lui-même l’auteur du mariage. Il n’est pas une création due à des conventions humaines
ou à des contraintes législatives.
- L’amour conjugal se fonde sur le don total et exclusif, de personne à personne, et sur un
engagement définitif, irrévocable et public des époux.
216 Aucun pouvoir ne peut abolir le droit naturel au mariage ni modifier ses caractères et ses
finalités.
- Le mariage est doté de caractéristiques propres, originelles et permanentes.
- La société ne peut pas disposer du lien matrimonial, mais elle est habilitée à en discipliner ses
effets civils.
220 Les époux chrétiens sont le signe et l’instrument de la charité du Christ dans le monde
- « Ils cherchent le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils
ordonnent selon Dieu » (JP II Familiaris consortio 47)
- La grâce sacramentelle du mariage unie profondément la famille à l’Eglise, ce qui en fait une
Eglise domestique ou petite église.
222. L’amour s’exprime aussi à travers une attention prévenante envers les personnes âgées
qui vivent dans la famille
- Leur présence peut revêtir une grande valeur :
• Lien entre les générations
• Une ressource pour le bien-être de la famille et de la société toute entière.
• Ils constituent une importante école de vie.
• Transmettent des valeurs et des traditions.
• Favorisent ainsi la croissance des plus jeunes
- Celles qui ont besoin d’une assistance appropriée doivent être traitées avec amour.
223 L’être humain est fait pour aimer et sans amour il ne peut pas vivre.
- L’amour ne peut pas être réduit aux émotions et aux sentiments, ni encore moins à la seule
expression sexuelle.
- La vérité de l’amour et de la sexualité conjugale existe là où se réalise un don entier et total des
personnes, avec les caractéristiques de l’unité et de la fidélité.
226 L’Eglise n’abandonne pas à eux-mêmes ceux qui, après un divorce, se sont remariés.
- Elles peuvent participer à la vie ecclésiale.
- Dans le sacrement de la pénitence, la réconciliation – qui ouvrirait la voie au sacrement
eucharistique – ne peut être accordée qu’à ceux qui, repentis, sont sincèrement disposés à une forme
de vie qui ne soit plus en contradiction avec l’indissolubilité du mariage.
227 Les unions de fait se basent sur une fausse conception de la liberté de choix des individus
et sur une vision tout à fait privée du mariage et de la famille.
- Le mariage n’est pas un simple pacte de vie en commun :
• Il possède une dimension sociale unique
• La famille est l’instrument primordial de la croissance intégrale de toute personne et de son
insertion positive dans la vie sociale.
- La mise éventuelle sur un pied d’égalité de la famille et des « unions de fait» au plan juridique se
traduirait par un discrédit du modèle de famille.
- Le mariage est un pacte entre un homme et une femme, fondé sur un choix réciproque accompli
librement, qui implique la pleine communion conjugale orientée vers la procréation.
232 Les époux participent à l’œuvre créatrice de Dieu et au bien social par le biais de la
paternité et maternité responsables
Attitude des époux en matière de procréation :
• Refus du repli égoïste
• Accueil généreux de la vie.
• Pleine reconnaissance de leurs devoirs envers Dieu, envers eux-mêmes, la famille et envers
la société, dans une juste hiérarchie des valeurs.
233 Les époux doivent baser leurs relations interpersonnelles sur le respect réciproque et sur
l’accueil total
- Moyens moralement illicites :
• La stérilisation, l’avortement. Ils menacent une vie sociale en commun juste et
démocratique.
• Le recours aux moyens contraceptifs doit être réfuté. Ce refus revêt la valeur d’une exigence
morale pour défendre le véritable développement des peuples.
- Moyens licites :
• Le recours à l’abstinence périodique durant les périodes de fertilité féminine.
- Le recours aux méthodes naturelles de régulation des naissances signifie :
• Choisir de baser les rapports interpersonnels entre époux sur le respect réciproque et sur
l’accueil total
• L’opportunité de réaliser un ordre social plus humain
234 Seuls les époux peuvent juger de l’intervalle entre les naissances et le nombre des enfants
à procréer.
- Sont condamnables toutes les campagnes en vue de la stérilisation et de la contraception.
235 Le désir de maternité et de paternité ne justifie aucun « droit à l’enfant », tandis que les
droits de l’enfant à naître sont évidents.
- Droits de l’enfant :
• A des conditions optimales d’existence
• A une famille stable fondée sur le mariage
• A une famille fondée sur le mariage et la complémentarité des deux figures paternelle et
maternelle
• De naître de parents qui soient tels du point de vue biologique et juridique.
- Le développement des techniques est subordonné aux lois morales du droit naturel :
Ö Sont illicites :
• Le don de sperme et d’ovocytes
• La maternité substitutive et la fécondation artificielle hétérologue
9 Actes contraires au principe de l’acte unitif des époux.
238 À travers l’œuvre d’éducation, la famille forme l’homme à la plénitude de sa dignité sous
toutes ses dimensions.
- En exerçant sa mission éducative, la famille contribue au bien commun :
• Première école de vertus sociales
• Education à la liberté et à la responsabilité
• Communication de certaines valeurs fondamentales nécessaires pour être des citoyens libres,
honnêtes et responsables.
239 La famille joue un rôle tout à fait original et irremplaçable dans l’éducation des enfants.
- L’amour des parents est l’âme et la norme qui inspire et toute l’action éducative concrète.
- Droit-devoir des parents en matière d’éducation :
• Il ne peut être négligé ni totalement délégué à d’autres ni usurpé par d’autres.
• Droit-devoir de donner une éducation religieuse et une formation morale à leurs enfants.
• L’Etat doit respecter ce droit des parents et l’encourager.
240 Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, mais pas les seuls.
- La dimension même de l’homme, communautaire, civile et ecclésiale, exige et suscite une œuvre
plus vaste et plus complexe qui est le fruit de la collaboration bien ordonnée des diverses instances
éducatives.
- Droit des parents face aux diverses instances éducatives :
• De choisir les instruments de formation et les moyens correspondant à leurs convictions
• Les autorités publiques ont le devoir de garantir ce droit et d’assurer les conditions
concrètes qui en permettent l’exercice.
243 Les parents ont une responsabilité particulière dans la sphère de l’éducation sexuelle.
- Signification de la sexualité
- Valeurs humaines et morales qui y sont liées ; garantie nécessaire et précieuse d’une croissance
personnelle responsable dans la sexualité humaine.
- Contrôle parental sur les institutions éducatives qui dispensent une éducation sexuelle.
244 Les droits des enfants doivent être protégés par des normes juridiques.
- Ces droits doivent être respectés déjà au sein de la famille.
- Nécessité d’une reconnaissance publique de la valeur sociale de l’enfant.
- Premier droit de l’enfant : naître dans une famille véritable.
a) Solidarité familiale
246 La subjectivité sociale des familles, individuellement ou associées, exprime aussi par des
manifestations de solidarité et de partage, non seulement entre les familles elles-mêmes, mais
également sous diverses formes de participation à la vie sociale et politique.
248 La famine doit être considérée, à bon droit, comme un acteur essentiel de la vie
économique
- Historiquement l’ « éco-nomie » est née du travail domestique. La maison a été, et continue d’être
dans de nombreux endroits une unité de production et un centre de vie.
- La famille, en cercles concentriques, continue d’être un acteur essentiel de la vie économique.
- Vie économique qui doit être orientée non pas par la logique du marché, mais par celle du partage
et de la solidarité entre les générations.
254 Priorité de la famille sur toute autre communauté et sur la réalité même de l’Etat
- Ce qui comporte le dépassement des conceptions purement individualistes et l’adoption de la
dimension familiale en tant que perspective culturelle et politique, incontournable dans la prise en
compte des personnes :
• Elaboration de critères normatifs pour une solution correcte des problèmes sociaux.
• Considérer les personnes non seulement comme des individus, mais aussi en relation avec
les cellules familiales dans lesquelles elles sont insérées.
SIXIÈME CHAPITRE
LE TRAVAIL HUMAIN
I. ASPECTS BIBLIQUES
255 Dans le dessein du Créateur, les réalités créées, bonnes en elles-mêmes, existent en
fonction de l’homme.
- L’AT présente Dieu comme le Créateur tout-puissant. (Gn 2,2)
- Dieu modèle l’homme à son image et l’invite à travailler la terre : (Gn 1, 28)
- La domination de l’homme n’est pas une exploitation irresponsable.
257 Le travail est essentiel, mais c’est Dieu, et non le travail, qui est la source de la vie et la fin
de l’homme.
- Le travail, source de richesse et de dignes conditions de vie, doit être honoré.
- Il est un instrument efficace contre la pauvreté. (Pr 10, 4)
- Ne pas céder à la tentation de l’idolâtrie du travail.
- « Mieux vaut peu avec la justice que d’abondants revenus sans le bon droit» (Pr 16, 8).
260 Jésus enseigne aux hommes à ne pas se laisser asservir par le travail
- Souci premier de leurs âmes. (Mc 8, 36)
- Ne pas négliger le Royaume de Dieu et sa justice au profit des choses.(Mt 6, 33)
c) Le devoir de travailler
265 Les Pères de l’Eglise ne considéraient pas le travail comme « opus servile » mais « opus
humanum »
- Grâce au travail l’homme gouverne le monde avec Dieu, avec lui il en est seigneur.
- L’oisiveté nuit à l’être de l’homme, tandis que l’activité bénéficie à son corps et à son esprit.
- Le chrétien travaille pour lui-même et sa famille mais aussi pour le pauvre.
268 « Rerum novarum» est avant tout une défense chaleureuse de l’inaliénable dignité des
travailleurs
- A cette dignité l’Eglise relie :
• Le droit de propriété
• Le principe de collaboration entre les classes
• Les droits des faibles et des pauvres
• Les obligations des travailleurs et des employeurs
• Le droit d’association
- L’encyclique renforce l’idée de l’animation chrétienne de la société :
• Unions et centres d’études sociales
• Sociétés ouvrières et coopératives
• Banques rurales
• Assurances et œuvres d’assistance, etc.
- Cette animation chrétienne du social donna une remarquable impulsion à la législation du travail :
• Protection des ouvriers, surtout les femmes et les enfants
• Instruction
• Amélioration des salaires et de l’hygiène au travail.
270 C’est en tant que personne que l’homme est sujet du travail
- Sens objectif du travail :
• Ensemble des activités, ressources, instruments et techniques dont l’homme se sert pour
produire.
• Aspect contingent de l’activité de l’homme
- Sens subjectif du travail :
276 Le travail, de par son caractère personnel, est supérieur à tout autre facteur de
production.
- Le travail de par son caractère subjectif est supérieur au capital matériel : moyens de production,
ressources financières, opérations sur les marchés boursiers, etc.
278 Dans la considération des rapports entre travail et capital, il faut retenir que la
« principale ressource» et le «facteur décisif» aux mains de l’homme, c’est l’homme lui-même.
- « Le développement intégral de la personne humaine dans le travail ne contredit pas, mais favorise
plutôt, une meilleure productivité et une meilleure efficacité du travail lui-même». (JP II CA 43)
- Aujourd’hui, dimension subjective du travail tend à être plus décisive et plus importante que la
dimension objective.(Ce qui n’était pas le cas dans le passé où l’homme finissait par être ramené au
rang de la machine)
279 Le l’apport entre travail et capital présente souvent les traits de la conflictualité
- Autrefois : les entrepreneurs, guidés par le principe du plus grand profit, cherchaient à maintenir le
salaire le plus bas possible.
-Dans le contexte actuel de progrès technologique et de la mondialisation : ces derniers exposent les
travailleurs au risque d’être exploités par les engrenages de l’économie et de la recherche effrénée
de la productivité.
280 L’évolution du travail d’une dépendance matérielle à une dépendance immatérielle n’est
pas en soi capable de dépasser l’aliénation sur le lieu du travail et celle du travail lui-même
• Travail envahissant qui vole l’espace d’autres dimensions tout aussi humaines et nécessaires
pour la personne : vie familiale.
• Modularité du travail et ses répercussions sur la stabilité des relations familiales.
282 Les moyens de production « ne sauraient être possédés contre le travail, et ne peuvent être
non plus possédés pour posséder ». (JP II LE 14)
- Le droit à la propriété privée est subordonné au principe de la destination universelle des biens et
ne doit pas constituer un motif pour empêcher le travail et le développement d’autrui.
- Toute forme de propriété (capital, financier, technique, intellectuelle, personnelle) doit servir au
travail.
COMPENDIUM DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE
49
SYNTHESE effectuée par D.M.
- Dans le cas contraire la propriété devient illégitime : propriété qui empêche le travail des autres,
exploitation, rupture de la solidarité dans le monde du travail, etc.
283 La propriété privée et publique doivent être prédisposés en vue d’une économie au service
de l’homme
Les nouveaux savoirs et les technologies ont aussi une destination universelle au même titre que la
propriété de la terre ou du capital.
Leur concentration dans les pays développés et entre les mains de groupes restreints de pouvoir
risque de devenir source de chômage et d’accroître le fossé entre riches et pauvres.
286 Les autorités publiques doivent veiller à ce que les citoyens ne soient pas privés d’un
temps destiné au repos et au culte divin.
- Le prétexte invoqué est souvent la productivité économique.
- Les chrétiens doivent se prodiguer pour que les lois reconnaissent les dimanches et les autres
solennités liturgiques comme jours fériés.
288 Le travail est un bien pour tous, qui doit être disponible pour tous ceux qui en sont
capables
- Objectif de tout système économique tendant à la justice et au bien commun : le plein emploi.
- Grave responsabilité de l’ « employeur indirect » (cf. JP II LE 17) qui oriente la politique du
travail et de l’économie tant au niveau national qu’international.
289 Un système économique se mesure en fonction des perspectives de travail qu’il peut offrir
294 Politiques du travail qui ne pénalisent pas mais favorisent la cellule familiale du point de
vue de l’emploi.
- Le travail est le fondement sur lequel s’édifie la vie familiale.
- Deux erreurs modernes :
• Conception privatiste de la famille
• Conception économiste du travail
- La vie de famille et le travail se conditionnent réciproquement de diverses façons : travail qui
pénalise la famille ou crises familiales qui influent négativement sur le travail.
295 Le génie féminin est nécessaire dans toutes les expressions de la vie sociale.
- La présence des femmes dans le secteur du travail doit être garantie.
- Conditions qu’il faut rassembler :
• Accès à la formation professionnelle
296 Le travail des enfants, sous ses formes intolérables, est une violence qui leur est faite.
- L’enfant ne peut être admis dans le monde du travail qu’après que l’âge aura développé chez lui
les forces physiques, intellectuelles et morales. (Léon XIII RN 11)
- La doctrine sociale dénonce l’augmentation de « l’exploitation du travail des enfants dans des
conditions de véritable esclavage ». (JP II en 1998)
f) Migrations et travail
297 L’immigration peut être une ressource, plutôt qu’un obstacle au développement
- Les migrations de personnes en quête de meilleures conditions de vie augmentent.
- Elles proviennent des régions les moins favorisées de la terre.
- Leur arrivée dans les pays développés est souvent perçue comme une menace.
- Dans la majorité des cas ils répondent à une demande de travail insatisfaite.
298 Les pays d’accueil doivent veiller à la garantie des droits des immigrés
• Réglementation des flux migratoires selon des critères d’équité et d’équilibre dans des
conditions indispensables pour obtenir une bonne insertion dans la dignité des personnes.
• Tentations d’exploiter la main d’œuvre étrangère
• Favoriser le regroupement des familles et l’intégration dans la vie sociale.
- En même temps, autant que possible, toutes les conditions permettant des possibilités accrues de
travail dans les zones d’origine doivent être encouragées.
302 La rémunération est l’instrument le plus important pour réaliser la justice dans les
rapports de travail.
- Le juste salaire est lié à :
• La fonction du salarié
• La productivité de chacun
• De la situation de l’entreprise
• Au bien commun
- La juste rémunération globale du salarié doit intégrer la dimension familiale.
- Elle dit assurer à la famille une vie digne sur le plan matériel, social, culturel et spirituel.
- Le simple accord entre employeur et salarié ne suffit pas à qualifier de juste le salaire concordé.
- La justice naturelle est antérieure et supérieure à la liberté du contrat.
303 Le bien-être économique d’un pays se mesure aussi par l’équité dans la distribution du
revenu.
- La répartition équitable du revenu doit se faire sur la base des critères suivant :
• Justice commutative
• Justice sociale : en considérant la valeur objective des prestations du travail, la dignité
humaine des sujets au travail.
• Mérites et besoins de chaque citoyen.
c) Le droit de grève
306 Les rapports au sein du monde du travail doivent être caractérisés par la collaboration
- Ce qui exclue la haine et la lutte visant à éliminer les tenants du capital.
- Les syndicats ne sont pas les porte-parole d’une lutte de classe qu gouvernerait la vie sociale.
- Ils sont les promoteurs de la lutte pour la justice sociale, pour les droits des travailleurs.
- Cependant les syndicats doivent éviter tout corporatisme, ils doivent savoir s’auto-réglementer et
peser les conséquences de leurs choix par rapport au biencommun.
307 Les syndicats ont aussi une fonction de représentation en vue d’une bonne organisation de
la vie économique
- Ils doivent aussi veiller à l’éducation de la conscience sociale des travailleurs en vue du bien
commun universel.
- Ils doivent influencer le pouvoir politique afin de le sensibiliser aux problèmes du travail et des
droits des travailleurs.
- Toutefois les organisations syndicales n’ont pas le caractère de partis politiques et ne doivent pas
entretenir avec eux des liens trop étroits.
308 Dans le contexte de mondialisation syndicats sont appelés à agir sous de nouvelles formes
- Il leur faut amplifier leur rayon d’action de solidarité à de nouveaux types de situation sociale :
travailleurs sous contrats atypiques (CDD, etc.), travailleurs dont l’emploi est mis en danger (fusion
d’entreprises, délocalisations, les sans emploi, les travailleurs immigrés, les saisonniers, etc.
- Il leur faut la valeur subjective du travail.
312 Il est opportun d’accorder une attention – au plan moral, culturel et de la programmation
- à l’orientation de l’action sociale et politique sur les thèmes de l’identité et aux contenus du
nouveau travail
- Caractéristiques de la mondialisation de l’économie :
• Libéralisation des marchés
• Accentuation de la concurrence
• Augmentation des entreprises spécialisées dans la fourniture de produits et services.
- De fait les mutations du marché du travail sont souvent un effet du changement du travail lui-
même et non pas sa cause.
313 Passage actuel d’une économie de type industriel à une économie centrée sur les services
et sur l’innovation technologique
- Grâce aux innovations technologiques, le monde du travail s’enrichit de professions nouvelles,
tandis que d’autres disparaissent.
- Tandis que le modèle économique et social lié à la grande entreprise perd du terrain, on constate
une amélioration des perspectives d’emploi dans le tertiaire (dans le secteur des services rendus à la
personne entre autres).
324 La transition actuelle marque le passage du travail salarié en CDI, conçu comme une
place fixe, à un parcours de travail caractérisé par une pluralité d’activités.
- Interrogations préoccupantes :
• Incertitude croissante face aux perspectives d’emploi
• Persistance du chômage structurel
• Inadaptation des systèmes actuels de sécurité sociale
• Insécurité et précarité
• Situation des pays économiquement moins avancés, en plus des conditions précédentes ils
doivent faire face à :
9 Un contexte social privé de supports législatifs.
9 Manque de systèmes de formation
9 Manque d’assistance sociale
- Concurrence, innovation technologique et complexité des flux financiers doivent être harmonisés
avec la défense du travailleur et de ses droits.
315 La décentralisation de la production renforce les PME et leur imprime un nouvel élan
- Apparition de nouvelles petites entreprises à côté de l’artisanat traditionnel.
- Les nouvelles activités favorisent le travail indépendant mais avec des risques plus importants
316 Apparition, dans les pays en voie de développement, d’activités économiques informelles
ou souterraines
- Avantage : croissance économique prometteuse
- Inconvénients : soulèvent des problèmes éthiques et juridiques.
• Conditions de travail difficiles
• Contexte déréglementé
• Niveaux de productivité bas
• Revenus extrêmement bas qui ne permettent pas de satisfaire le niveau de subsistance des
familles.
317 Face à toutes ces évolutions il faut éviter l’erreur d’estimer que les changements actuels
surviennent de façon déterministe
- Le facteur décisif et l’arbitre de ces changements reste l’homme.
- Il doit prendre en charge de façon créative et responsable les innovations et réorganisations
actuelles afin que :
• Elles profitent à la croissance des personnes, de la famille, des sociétés et de la famille
humaine toute entière
• Il faut accorder une juste priorité à la dimension subjective du travail.
318 Les besoins concrets et pressants des hommes s’étendent bien au-delà des catégories
purement économiques.
- Les interprétations de type mécaniste et économiste de l’activité productive, sont dépassées par
l’analyse scientifique même des problèmes liés au travail.
- Le travail est une activité libre et créative de l’homme ;
- Les besoins de l’homme ne sont pas limités à l’avoir, sa nature et sa vocation entretiennent une
relation inséparable avec le Transcendant.
319 Face au risque voir les droits inaliénables niés, de nouvelles formes de solidarité doivent
être imaginées et construites
- Perspectives qui s’offrent aux institutions nationales et internationales :
• Complémentarité entre la dimension économique locale et globale
• Entre économie « ancienne» et « nouvelle »
• Entre l’innovation technologique et l’exigence de sauvegarder le travail humain
• Entre la croissance économique et la compatibilité environnementale du développement.
320 Les scientifiques et les hommes de culture sont appelés à offrir leur contribution
spécifique importante pour le choix de justes solutions.
- Mettre en évidence les occasions et les risques qui se profilent dans les changements
- Suggérer des lignes d’action pour guider le changement dans le sens le plus favorable au
développement de toute la famille humaine grâce à de nouvelles politiques économiques.
- Sans se préoccuper des intérêts de groupe ou personnels.
322 Le contexte actuel de la mondialisation ouvre une perspective qui met en valeur la
propension naturelle des hommes à établir des relations.
- Il faut affirmer que l’universalité est la dimension de l’homme, non des choses.
- La technique pourra être la cause instrumentale de la mondialisation, mais sa cause dernière est
l’universalité de la famille humaine.
- Le travail possède donc aussi une dimension universelle
- L’électronique a permis d’accélérer et de dilater à l’ensemble de la planète cet aspect relationnel
des hommes. Il a imprimé un rythme accéléré à la mondialisation.
- Les aspects négatifs de la mondialisation ne doivent pas mortifier les possibilités de donner forme
à un humanisme du travail au niveau de la planète, à une solidarité du monde du travail.
- L’homme doit toujours plus comprendre sa vocation unitaire et solidaire.
CHAPITRE 7
LA VIE ECONOMIQUE
I. ASPECTS BIBLIQUE
339 Communauté qui est un bien pour tous et non pour quelques uns
Exemples : coopératives, PME, artisanats, exploitation agricole familiale.
Valeurs manifestées : valeur du travail, sens de la responsabilité personnelle et sociale, vie
démocratique, …
b) L’action de l’Etat
357 Les organisations privées sans buts lucratifs conjuguent efficacité de production et
solidarité
• Constituées sur la base d’un pacte associatif libre
• L’Etat doit :
9 respecter la nature de ces associations
9 mettre leurs caractéristiques en valeur
9 agir de manière subsidiaire
d) Epargne et consommation
369 Une économie financière qui est une fin en soi est destinée à contredire ses finalités
Fins de l’économie financière :
• le service de l’économie réelle :
9 le développement des personnes
9 le développement des communautés humaines
Les processus d’innovation et de déréglementation des marchés financiers tendent à ne se
consolider que dans certaines parties du globe :
Ö les pays exclus ne jouissent pas des bénéfices des marchés financiers ; mais ils ne sont toutefois
pas à l’abri d’éventuelles conséquences de l’instabilité financière sur leurs économies.
Situation actuelle :
• accélération de l’accroissement de la valeur des portefeuilles administrés par
les institutions financières.
Ö urgence de trouver des solutions institutionnelles capables de favoriser la stabilités
du système, sans en réduire les potentialités ni l’efficacité :
Ö introduire un cadre normatif permettant de :
9 protéger la stabilité dans la complexité des structures.
9 encourager la concurrence entre les intermédiaires.
9 assurer la plus grande transparence au profit des investisseurs.
374 Les frontières de la richesse et de la pauvreté passent à l’intérieur des sociétés elles-
mêmes
- Un développement plus humain et solidaire bénéficiera aussi aux pays riches eux-mêmes qui ont
perdu la notion du sens de la vie :
• aliénation et perte de la propre humanité.
• perte du sens de la dignité humaine enracinée dans la ressemblance de Dieu.
• création de richesses souvent au détriment de l’homme et des couches les plus
pauvres de la population.
- Manifestations d’égoïsme et étalages de richesses déconcertants et scandaleux dans les pays
moins développés.
HUITIÈME CHAPITRE
LA COMMUNAUTÉ POLITIQUE
I. ASPECTS BIBLIQUES
a) La seigneurie de Dieu
377 Le peuple d’Israël, dans la phase initiale de son histoire, ne reconnaît que Yahvé pour
Seigneur
- Le peuple demandera un roi à Dieu, comme les autres nations. (1 S 8, 5 ;10)
- Samuel met en garde les Israélites quant aux conséquences d’un exercice despotique de la royauté
(cf. 1 S 8, 11-18) ; toutefois, le pouvoir royal peut aussi être expérimenté comme un don de Yahvé
qui vient au secours de son peuple (cf. 1 S 9, 16).
- A la fin, Saül recevra l’onction royale (1 S 10, 1-2).
- Caractéristiques de la royauté en Israël :
• le roi est choisi par YHWH et consacré par Lui.
• Il est considéré comme son fils.
• Le roi doit rendre visible la seigneurie de Dieu et son dessein de salut :
9 Il doit être le défenseur des pauvres
9 Il doit assurer la justice
378 Le prototype du roi choisi par Yahvé est David, dont le récit biblique souligne avec
satisfaction l’humble condition (1 S 16, 1-13).
- David est l’initiateur d’une tradition royale, la tradition messianique.
- Cette tradition culmine en Jésus-Christ.
- L’échec de la royauté sur le plan historique ne conduira pas à la disparition de l’idéal d’un roi qui,
dans la fidélité à Yahvé, gouverne avec sasse et agit avec justice :
• Habité par l’Esprit du Seigneur
• Rempli de sagesse et juste à l’égard des pauvres
• Vrai pasteur du peuple d’Israël
• Il apportera la paix aux nations
• Ami des hommes au cœur pur
- Le NT voit réalisé en Jésus de Nazareth l’incarnation définitive du roi décrite dans l’AT.
379 « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mc 12, 13-17)
- Jésus refuse le pouvoir despotique des chefs sur les Nations.
- Jésus a combattu et a vaincu la tentation d’un messianisme politique.
380 La soumission – non par passivité mais pour des raisons de conscience (cf. Rm 13, 5) – au
pouvoir constitué répond à l’ordre établi par Dieu.
- Saint Paul :
• Devoir civique de payer l’impôt
• Le chrétien doit « avoir à cœur ce qui est bien devant tous les hommes ». (Rm 12, 17)
• Respecter l’autorité dans la mesure où celle-ci est au service de Dieu pour le bien de la
personne. (Rm 13, 4)
- Saint Pierre :
• Le chrétien doit être « soumis à cause du Seigneur à toute institution humaine » ((1 P 2, 13)
• L’autorité a de droit de punir ceux qui font le mal et féliciter ceux qui font le bien . (1 P 2,
14)
• L’autorité doit être honorée (1 P 2, 17)
381 Saint Paul recommande la prière pour les gouvernants qui doivent garantir une vie calme
et tranquille.
- Saint Paul recommande aux chrétiens :
• D’être prêts à toute bonne œuvre (Tt 3, 1)
• A témoigner une parfaite douceur à tous les hommes. (Tt 3, 2)
- Saint Paul affirme que sans le « bain de la régénération dans l’Esprit Saint tous les hommes sont
des insensés, des rebelles, des égarés, esclave de leur convoitise et des plaisirs, vivant dans la
malice et l’envie, odieux et se haïssant les uns les autres ». (Tt 3, 3)
382 Quand le pouvoir humain sort des limites de l’ordre voulu par Dieu, il s’auto-divinise et
demande la soumission absolue jusqu’à la persécution sanglante (Ap 17, 6)
- Le Christ est l’Agneau vainqueur de tout pouvoir qui s’absolutise au cours de l’histoire humaine.
- Face à ce pouvoir, saint Jean recommande la résistance des martyrs : de la sorte, les croyants
témoignent que le pouvoir corrompu et satanique est vaincu, car il n’a plus aucun ascendant sur eux.
383 L’Église annonce que le Christ, vainqueur de la mort, règne sur l’univers qu’il a lui-
même racheté. Son règne s’étend aussi dans le temps présent jusqu’au jugement dernier.
- Le Christ révèle à l’autorité humaine, toujours tentée par la domination, sa signification
authentique et achevée de service.
- Dieu est le Père unique de tous les hommes qui sont frères.
- A Lui seul la souveraineté.
- Le Christ est le seul Maître de tous les hommes.
- Le Seigneur n’a pas voulu retenir à lui seul l’exercice du pouvoir, il remet à chaque créature les
fonctions qu’elle est capable d’exercer, selon les capacités de sa nature propre.
• Ce mode de gouvernement dit être imité dans la vie sociale.
• Les détenteurs de tout autorité « doivent se comporter en ministres de la providence divine »
(CEC 1884)
386 Ce qui caractérise en premier lieu un peuple, c’est le partage de vie et de valeurs, qui est
source de communion au niveau spirituel et moral
- La vie en société doit être avant tout considérée comme une réalité d’ordre spirituel :
• Echange de connaissances dans la lumière de la vérité
• Exercice de droits et accomplissements de devoirs
• Emulation dans la recherche du bien moral
• Communion dans la noble jouissance du beau en toutes ses expressions légitimes
• Disposition permanente à communiquer à autrui le meilleur de soi-même
• Aspiration commune à un constant enrichissement spirituel
- Telles sont les valeurs qui doivent animer et orienter toutes choses ; culture, économie,
organisation sociale, politique, législation, etc.
387 Le Magistère affirme que les minorités constituent des groupes jouissant de droits et
devoirs spécifiques :
• Droit à l’existence des minorités
• Droit de conserver leur culture, langue, convictions religieuses (y compris de célébrer leur
culte)
- Devoirs des minorités :
• Coopération au bien commun de l’Etat où elles sont insérées.
• Promotion de la liberté et de la dignité de chacun de leurs membres, de respecter les choix
de ceux qui décideraient de passer à la culture majoritaire.
- Elles peuvent rechercher une plus grande autonomie, voire leur indépendance : le dialogue et la
négociation sont le chemin pour parvenir à la paix.
389 La société doit permettre aux citoyens un exercice réel des droits et un accomplissement
des devoirs qui y sont liés
390 La vie en société acquiert toute sa signification si elle est basée sur l’amitié civile et sur la
fraternité. (Saint Thomas d’Aquin (Ethique)
- La signification profonde de la communauté civile et politique ne ressort pas immédiatement de la
liste des droits et devoirs de la personne
- En effet, le domaine du droit est celui de l’intérêt à sauvegarder, du respect extérieur, de la
protection des biens matériels et de leur répartition selon des règles établies.
- En revanche, le domaine de l’amitié est celui du désintéressement, du détachement des biens
matériels, de leur don, de la disponibilité intérieure aux exigences de l’autre. (CEC 2212-2213)
- Ainsi conçue, l’amitié civile est la mise en œuvre la plus authentique du principe de fraternité, qui
est inséparable de celui de liberté et d’égalité. (JP II au Bourget juin 1980)
391 La vie en société devient d’autant plus humaine qu’elle est tendue vers la «civilisation de
l’amour». (Paul VI janvier 1977)
- La justice peut être considérée comme la mesure minimum de l’amour. (Saint Thomas d’Aquin
ST)
- Caractéristiques de la personne qui n’est pas seulement un individu :
• Nature douée d’intelligence et de volonté libre.
• C’est une réalité bien supérieure à celle d’un sujet qui s’exprime à travers les besoins
produits par la simple dimension matérielle.
• La personne ne trouve sa réalisation complète qu’en dépassant la logique du besoin pour se
projeter dans celle de la gratuité et du don qui correspond à son essence et à sa vocation
communautaire.
392 Le précepte évangélique de la charité éclaire les chrétiens sur la signification la plus
profonde de la communauté politique.
- Conditions nécessaires à l’humanisation de la communauté politique :
• Développer le sens intérieur de la justice, de la bonté
• Le dévouement au bien commun
• Renforcer les convictions fondamentales sur la nature véritable de la communauté politique.
• Egalement sur la fin, le bon exercice et les limites de l’autorité publique.
394 L’autorité politique doit respecter l’indépendance des sujets individuels et des corps
intermédiaires vers la réalisation du bien commun.
• Au service de la croissance humiane intégrale.
• Se déploie dans les limites de l’ordre moral, conformément à un ordre juridique
légitimement établi.
• Alors les citoyens sont en conscience tenus à l’obéissance.
395 Le sujet de l’autorité politique est le peuple, considéré dans sa totalité comme détenteur
de la souveraineté.
- Le peuple transfère l’exercice de sa souveraineté à ceux qu’il élit librement comme ses
représentants. Il en assure le contrôle.
- Le système de la démocratie, grâce à ses procédures de contrôle, permet et garantit une meilleure
pratique de l’exercice de la souveraineté.
- Le consensus populaire à lui seul ne suffit cependant pas à faire considérer comme justes les
modalités d’exercice de l’autorité politique.
397 L’autorité doit reconnaître, respecter et promouvoir les valeurs humaines et morales
essentielles.
Les valeurs morales sont :
• Celles-ci sont innées,
• Elles découlent de la vérité même de l’être humain
• Elles expriment et protègent la dignité de la personne
• Elles ne sont pas basées sur des « majorités » d’opinion.
• Elles sont les éléments d’une loi morale objective, naturelle inscrite au cœur de l’homme
• Elles doivent être point de référence normatif de la loi civile elle-même.
398 L’autorité doit promulguer des lois justes, c’est-à-dire conformes à la dignité de la
personne humaine et aux impératifs de la raison droite
399 Le citoyen n’est pas obligé en conscience de suivre les prescriptions des autorités civiles si
elles sont contraires aux exigences de l’ordre moral
- L’objection de conscience est non seulement un devoir moral mais aussi un droit humain
fondamental. Ce droit doit être protégé par la loi civile.
d) Le droit de résister
400 Il est légitime de résister à l’autorité dans le cas où celle-ci viole gravement et de façon
répétée les principes du droit naturel
- Saint Thomas d’Aquin écrit qu’ « on n’est tenu d’obéir… que dans la mesure requise par un ordre
fondé en justice ». (ST) Le fondement du droit de résistance est donc le droit de nature.
402 Pour protéger le bien commun, l’autorité publique légitime a le droit et le devoir
d’infliger des peines proportionnées à la gravité des délits
L’Etat a la double tâche de :
• Réprimer les comportements qui portent atteinte aux droits de l’homme et aux règles
fondamentales de la société civile.
• Remédier, par le biais des peines, au désordre causé par l’action délictueuse.
405 L’Eglise voit comme un signe d’espérance l’aversion toujours plus répandue de l’opinion
publique envers la peine de mort
- L’enseignement de l’Eglise n’exclut pas le recours à la peine de mort.
- Les méthodes non sanglantes de répression et de punition sont préférables dans la mesure où elles
« correspondent aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la
personne humaine ». (CEC 2267)
406. « L’Eglise apprécie le système démocratique comme système qui assure la participation
des citoyens aux choix politiques » (JP II CA 46)
- L’Eglise ne peut approuver la constitution de groupes dirigeants restreints qui usurpent le pouvoir
de l’Etat au profit de leurs intérêts particuliers ou à des fins idéologiques.
- Une démocratie authentique n’est possible que dans un Etat de droit et sur la base d’une
conception correcte de la personne humaine.
b) Institutions et démocratie
408. Le Magistère reconnaît la valeur du principe relatif à la division des pouvoirs au sein
d’un État
- Avantages :
• Les pouvoirs et les compétences s’équilibrent l’un l’autre.
• Ils maintiennent le pouvoir dans de justes limites
409 L’obligation qu’ont les gouvernants de répondre aux gouvernés n’implique absolument
pas que les représentant soient de simples agents passifs des électeurs.
- Liberté des élus dans l’accomplissement de leur mandat en rapport avec les objectifs à poursuivre
au service du bien commun.
410 Ceux qui exercent des responsabilités politiques ne doivent pas oublier ou sous-évaluer la
dimension morale de la représentation
• Rechercher la solution aux problèmes sociaux
• Pratique du pouvoir dans un esprit de service
• Poursuite du bien commun et non poursuite du prestige ou d’avantages personnels.
411 Parmi les déformations du système démocratique, la corruption politique est une des plus
graves
• Elle trahit les principes de la morale et les normes de la justice sociale
• Compromet le fonctionnement correct de l’Etat
• Introduit une méfiance croissante à l’égard des institutions publiques et donc une
désaffection des citoyens vis-à-vis de la politique.
412 L’administration publique à quelque niveau que ce soit a pour finalité de servir les
citoyens
- Placé au service des citoyens, l’Etat est le gérant des biens du peuple, qu’il doit administrer en vue
du bien commun.
- Danger : l’excès de bureaucratisation :
• Institutions compliquées dans leur organisation
• Prétention à gérer tout le domaine disponible
• Fonctionnarisme impersonnel
• Bureaucratie exagérée
• Etc.
- L’administration publique doit être vécue dans un esprit de service et d’aide prévenante des
citoyens.
413 Les partis politiques ont le devoir de favoriser une large participation et l’accès de tous
aux responsabilités publiques.
- Ils interprètent les aspirations de la société civile en les orientant vers le bien commun.
- Offrent aux citoyens la possibilité effective de concourir à la formation des choix politiques.
- Ils doivent être démocratiques en leur sein.
- Un autre instrument de la participation politique est le referendum.
e) Information et démocratie
415 Les moyens de communication sociale doivent être utilisés pour édifier et soutenir la
communauté humaine dans les différents secteurs, économique, politique, culturel, éducatif,
religieux
- L’information médiatique est au service du bien commun.
- La société a droit à une information fondée sur la vérité, la liberté, la justice, et la solidarité.
- La question essentielle à propos du système d’information actuel est de savoir s’il contribue à
rendre la personne humaine vraiment meilleure :
• Spirituellement plus mûre
• Plus consciente de la dignité de son humanité
• Plus responsable et plus ouverte aux autres, et en particulier des plus nécessiteux et des plus
faibles.
417 La communauté politique est constituée pour être au service de la société civile, dont elle
découle.
- L’Église a contribué à la distinction entre communauté politique et société civile en
opposition avec certaines idéologies :
419 I1 est essentiel que la croissance de la vie démocratique prenne naissance dans le tissu
social.
- Le principe de subsidiarité régit les relations de l’Etat avec la société civile.
- La personne peut s’exprimer de façon complète dans le cadre du volontariat et de la coopération
dans le domaine du « privé-social » (secteur tertiaire).
- Cet exercice des droits de la personne dans le cadre extra-étatique permet d’enrichir
qualitativement la vie démocratique.
420 Les rapports qui s’instaurent dans un climat de coopération et de solidarité dépassent les
divisions idéologiques, en incitant à la recherche de ce qui unit au-delà de qui divise.
- Cette coopération apparaît comme une des réponses les plus fortes à la logique du conflit et de la
concurrence sans limites qui prévaut aujourd’hui.
- Les nombreuses expériences de volontariat incitent à voir dans la société civile un lieu où la
recomposition d’une éthique publique centrée sur la collaboration et sur le dialogue fraternel est
toujours possible.
- C’est ainsi que s’affirme le principe de la « personnalité » de la société.
423 Une communauté religieuse peut recevoir line reconnaissance spéciale de la part l’État
- En raison de liens historiques et culturels spécifiques.
- Cette reconnaissance ne doit en aucune façon engendrer une discrimination d’ordre civil ou social
pour d’autres groupes religieux. (DH 6)
- Ce droit est violé par de nombreux Etats.
a) Autonomie et indépendance
424 « Sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l’Église sont
indépendantes l’une de l’autre et autonomes ». (CEC 2245)
- Eglise et communauté politique sont de nature différente tant par leur configuration que par les
finalités qu’elles poursuivent.
- Fin de l’Eglise : satisfaire les exigences spirituelles de ses fidèles.
- Fin de la communauté politique : le bien commun temporel.
- « L’Eglise respecte l’autonomie légitime de l’ordre démocratique et elle n’a pas qualité pour
exprimer un préférence de l’une ou l’autre solution institutionnelle ou constitutionnelle » (JP II CA)
- L’Eglise ne s’intéresse aux programmes politiques qu’en raison de leurs implications religieuses et
morales.
b) Collaboration
CHAPITRE 9
LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
I. ASPECTS BIBLIQUES
429 L’alliance de Dieu avec Noé confirme à la communauté humaine sa bénédiction féconde
• Tâche confiée aux hommes de dominer la création
• Dignité et intangibilité absolue de la vie humaine
Le Déluge punira la dégénération de la violence et de l’injustice.
- La Genèse présente avec admiration la variété des peuple et stigmatise la non-acceptation par
l’homme de sa condition de créature (Tour de Babel) Ödivision des langues.
430 L’alliance établie par Dieu avec Abraham ouvre la voie à la réunion de la famille humaine
avec son Créateur
- Dans un premier temps Israël pense que l’action divine est restreinte à sa terre.
- Avec Isaïe la conviction se renforce que Dieu œuvre parmi les autres nations.
- Annonce par les prophètes d’une ère de paix entre les nations (Is 2, 2-5 ; 66, 18-23)
- Après l’exil Israël prend définitivement conscience de son rôle de témoin du Dieu unique. (Is 44,
24-28).
432 Unité de la famille humaine dans le modèle de communion, reflet de la vie intime de Dieu
- Ce qui ne peut construire l’unité :
• La force des armes
• La terreur
• Les abus de pouvoir
• Un internationalisme abstrait et idéologique
- L’unité est le fruit de :
• Ce modèle d’unité qu’est la communion des Personnes en Dieu
• Conquête de la force morale de culturelle de la liberté.
• Coopération libre comme membres actifs de la famille humaine universelle.
• Travail au service du bien commun universel de la famille humaine.
433 Caractère central de la personne humaine et disposition naturelle à nouer des relations
- Entraves à l’unité de la famille humaine :
• Idéologies matérialistes et nationalistes négatrices des valeurs de la personne.
• Discriminations raciales moralement inacceptables.
- Valeurs fondatrices de la coexistence entre les nations (les mêmes que celles qui fondent les
relations entre les humains) :
• la vérité, la justice, la solidarité et la liberté.
- Au plan des principes constitutifs de la Communauté internationale :
• Juste régulation dans la raison, l’équité, le droit, la négociation.
• Refus de la violence, de la guerre, des discriminations, des intimidations,de la
tromperie.
434 Le bien commun d’une Nation est inséparable du bien de la famille humaine tout entière
- Le droit comme instrument de la garantie de l’ordre international.
- Communauté internationale = communauté juridique fondée sur la souveraineté de chaque Etat
membre :
• Sans liens de subordination qui nient ou limitent cette indépendance.
• Sans relativiser ou rendre vaines les différentes caractéristiques spécifiques de
chaque peuple.
• Mise en valeur des identités qui favorise le dépassement des divisions.
435 La souveraineté comme expression de la liberté qui doit régler les rapports entre les Etats
- La souveraineté représente la subjectivité d’une nation sous l’angle politique, économique, social
et culturel.
- Importance de la dimension culturelle :
COMPENDIUM DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE
80
SYNTHESE effectuée par D.M.
• Force de résistance aux actes d’agression ou aux formes de domination.
• Garantie de l’identité d’un peuple
• Favorise la souveraineté spirituelle.
- La souveraineté nationale n’est toutefois pas un absolu :
• Renoncement libre à l’exercice de certains droits en vue d’un objectif commun.
436 La même loi morale qui régit la vie des hommes doit aussi régler les rapports entre les
Etats
- « Loi morale inculquée et favorisée par l’opinion publique de toutes les Nations avec une telle
unanimité de voix et de force que personne ne puisse oser la mettre en doute ou en atténuer
l’obligation ». (Radio-message de Pie XII, Noël 1941)
- Loi morale, inscrite dans le cœur de l’homme qui soit considérée comme effective et
incontournable, expression d’une « grammaire » commune de l’humanité.
437 Respect universel des principes qui inspirent un ordre juridique en harmonie avec l’ordre
moral condition pour la stabilité de la vie internationale
Principes universels antérieurs et supérieurs au droit interne des Etats :
• Unité du genre humain
• Egale dignité de chaque peuple
• Refus de la guerre pour régler les différends
• Obligation de la coopération en vue du bien commun
• Exigence de respecter les engagements souscrits (force du droit plutôt que droit de
la force)
438 Régler les conflits non par la guerre mais par le recours à des règles communes et la
négociation
Facteurs indispensables pour édifier un nouvel ordre international :
• Liberté et intégrité territoriale de chaque nation
• Protection des droits des minorités
• Juste répartition des ressources de la terre
• Refus de la guerre et mise en œuvre du désarmement
• Respect des pactes conclus
• Cessation de la persécution religieuse.
439 Création d’une autorité juridique absolument efficace comme expression de la légalité
internationale
- Primauté du droit :
• En consolidant le principe de la confiance
• En repensant les instruments normatifs (renforcer leur portée et leur caractère
obligatoire)
• En créant une autorité juridique internationale efficace
• Le droit international doit éviter que prévale la loi du plus fort.
- La DSE considère positivement le rôle des Organisations internationales, tout en exprimant des
réserves quand elles affrontent les problèmes de façon incorrecte.
444 Sujet international, autorité souveraine qui réalise des actes juridiquement propres
- Souveraineté externe reconnue dans le cadre de la Communauté internationale.
- Activité internationale :
• Droit de légation actif et passif
• Exercice du « ius contrahendi », avec la stipulation des traités
445 Le Saint-siège se préoccupe du bien de celui qui est le sujet commun des Etats et de
l’Eglise : l’homme
- Le service diplomatique du Saint-Siège est un instrument au service de :
• La « libertas ecclesiae »
• La défense et la promotion de la dignité humaine
• La promotion d’un ordre social basé sur les valeurs de la justice, de la vérité, de la liberté et
de l’amour.
447 La DSE encourage des formes de coopération capables de favoriser l’accès au marché
international de tous les pays
- Le problème essentiel est d’obtenir un accès équitable au marché international, fondé non sur le
principe unilatéral de l’exploitation des ressources naturelles mais la valorisation des ressources
humaines.
- Cause qui concourent à déterminer le sous-développement :
• L’analphabétisme
• L’insécurité alimentaire
• L’absence de structures et de services
• Manque de mesures pour garantir l’assistance sanitaire de base
• Le manque d’eau potable
• La corruption
• La précarité des institutions et de la vie politique
• Le manque de liberté, de possibilités économiques.
449 La pauvreté de milliards d’homme est la question qui interpelle, plus que toute autre
notre conscience humaine et chrétienne
- Cette pauvreté rend impossible la réalisation de l’humanisme plénier que l’Eglise souhaite afin
que les peuples puissent « être plus ».
- Amour préférentiel de l’Eglise pour les pauvres
- Principes que rappelle sans cesse l’Eglise :
• la destination universelle des biens.
• Le principe de solidarité : tous nous sommes responsables de tous.
• Le principe de subsidiarité : stimule l’esprit d’initiative base fondamentale de tout
développement socio-économique, même dans les pays pauvres eux-mêmes .
• Les pauvres ne sont pas à regarder comme un problème mais comme des personnes sujets et
protagonistes d’un avenir plous humain pour tous.
c) La dette extérieure
CHAPITRE 10
SAUVEGARDER L’ENVIRONNEMENT
I. ASPECTS BIBLIQUES
451 L’expérience vive de la présence divine dans l’histoire est le fondement de la foi du peuple
de Dieu
- Sortie de l’esclavage d’Egypte (Dt 6, 21)
- Abraham répond dans la foi à l’appel de Dieu (Jos 24, 3)
- Dieu noue des alliances successives avec le Peuple hébreux.
- Le monde n’est pas conçu comme un milieu hostile mais comme un don de Dieu, le lieu et le
projet qu’il confie à la conduite responsable de l’homme et au travail de l’homme.
- « Dieu vit que cela était bon » (Gn l, 4-10-18-21-2)
452 La relation de l’homme avec le monde est un élément constitutif de l’identité humaine. Il
s’agit d’une relation qui naît comme fruit du rapport encore plus profond, de l’homme avec
Dieu.
- Ce n’est que dans le dialogue avec Dieu que la créature humaine trouve sa propre vérité.
- De ce dialogue l’homme tire inspiration et normes pour projeter le futur du monde, un jardin que
Dieu lui a donné de cultiver. (Gn 2, 15)
- Même le péché n’élimine pas cette tâche bien que grevant de douleur et de souffrance la noblesse
du travail (cf. Gn 3, 17-19).
- La création est toujours objet de la louange dans la prière d’Israël (Ps 104, 24)
- Le salut est conçu comme une nouvelle création qui rétablit l’harmonie et la potentialité de
croissance que le péché a compromis : « Je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle» (Is
65, 17 )
453 Le salut définitif, que Dieu offre à toute l’humanité par son propre Fils, ne s’accomplit
pas en dehors de ce monde.
- Purifié, le monde deviendra finalement le lieu où la « justice habitera » (2 P 3, 13)
- Jésus, dans son ministère public met en valeur les éléments de la nature, il les domine et les met au
service de son dessein rédempteur.(Mt 14,22-33 ; Mc 6, 45-52 ; Lc 8, 22-25 ; Jn 6, 16-21)
- Loin de se faire esclave des choses, le disciple du Christ doit savoir s’en servir pour créer le
partage et la fraternité. (Lc 16,9-13)
455 Non seulement l’intériorité de l’homme est assainie, mais toute sa corporéité est touchée
par la force rédemptrice du Christ
- La création tout entière prend part au renouveau qui jaillit de la Pâque du Seigneur, bien que dans
les gémissements des douleurs de l’enfantement (cf. Rm 8, 19-23)
- « Soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit le présent, soit l’avenir : tout est à vous ; mais vous
êtes au Christ, et le Christ est à Dieu» (1 Co 3, 22-23).
456 Aujourd’hui, aidé par la science et la technique, l’homme a étendu sa maîtrise sur
presque toute la nature, et il ne cesse de l’étendre.
- Participant à la lumière l’intelligence divine, l’homme a raison de penser que, par sa propre
intelligence, il dépasse l’univers des choses.
459 Point central pour toute application scientifique et technique : attitude de respect de
l’homme et à l’égard des autres créatures vivantes
- Il faut tenir compte de la nature de chaque être et de ses liens mutuels dans un système ordonné.
- Inquiétude face aux manipulations génétiques et au développement d’espèces nouvelles ou de
nouvelles formes de vie animale dont on n’est pas encore en mesure d’évaluer les troubles
provoqués sur la nature.
- Certaines manipulations génétiques à l’origine de la vie humaine, menées sans discernement, sont
inacceptables. (JP II janv. 1990)
- « Pour aune intervention dans un domaine de l’écosystème on ne peut se dispenser de prendre en
considération ses conséquences dans d’autres domaines et, en général, pour te bien-être des
générations à venir ».(JP II janv. 1990)
460 L’homme ne doit pas disposer arbitrairement de la terre, en la soumettant sans mesure à
sa volonté
- La création a une forme et une destination antérieure que Dieu lui a données, que l’homme doit
développer mais qu’il ne peut trahir. (JP II CA 37)
- Si l’homme ne remplit pas son rôle de collaborateur de Dieu dans la création, s’il se substitue à
Lui, il finit par provoquer la révolte de la nature, plus tyrannisée que gouvernée par lui. (JP II CA
37)
- Dieu lui-même offre à l’homme l’honneur coopérer avec toutes les forces de l’intelligence à
l’œuvre de la création.
461 Aux origines de ces problèmes, on peut percevoir un homme peu soucieux des
considérations d’ordre moral qui doivent pourtant caractériser toute activité humaine.
- Aux origines de ces problèmes on trouve en outre l’homme et sa prétention à exercer une
domination inconditionnée sur les choses.
- La tendance à l’exploitation « inconsidérée» des ressources de la création est le résultat d’un long
processus historique et culturel.
- Cette tendance est même parvenu aujourd’hui à menacer la capacité hospitalière de
l’environnement : l’environnent comme « ressource » risque de menacer l’environnement comme
« maison ». (JP II 24/03/1997)
- Il semble parfois que l’équilibre homme-environnement ait atteint un seuil critique.
- Points de référence essentiels pour évaluer les problèmes qui se posent :
• Le message biblique
COMPENDIUM DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE
86
SYNTHESE effectuée par D.M.
• Le Magistère ecclésial
462 Une idéologie scientiste et technocratique tend à conditionner ces attitudes néfastes
- L’homme considère la nature comme un instrument qu’il doit constamment manipuler par la
technologie.
- Autres présupposés :
• Il existe une quantité illimitée d’énergie et de ressources à utiliser.
• Leur régénération est possible dans l’immédiat.
• Les effets négatifs des manipulations de l’ordre naturel peuvent être facilement absorbés.
• Conception réductrice :
9 Le monde naturel n’est qu’une mécanique
9 Le développement est réduit à la consommation
9 Primauté du faire et de l’avoir sur l’être.
- Ceci entraîne de graves formes d’aliénation humaine. (JP II Sollicitudo rei socialis 1988)
- Origine de cette attitude :
• Idéologie scientiste et technocratique
• Elimination du besoin de transcendance
- Science et techniques, avec leur progrès, ne sont pas en soi la cause de la sécularisation exaspérée
qui conduit au nihilisme.
- Rôle positif de la science :
• Suscite des questions sur son propre sens
• Fait grandir la nécessité de respecter la dimension transcendante :
9 de la personne humaine
9 de la création elle-même
464 Le lien profond qui existe entre écologie environnementale et « écologie humaine» doit
être davantage mis en relief. (JP II CA 38)
- Conséquences du refus de toute transcendance :
• Réfutation du concept de Création
• Attribution à l’homme et à la nature d’une existence complètement autonome.
- Le lien qui unit le monde à Dieu a ainsi été brisé :
• L’homme a été déraciné de la terre
• Appauvrissement de son identité
• Il en est venu à se considérer comme étranger au milieu environnemental.
- C’est le rapport que l’homme a avec Dieu qui détermine le rapport de l’homme avec ses
semblables et avec son environnement.
COMPENDIUM DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE
87
SYNTHESE effectuée par D.M.
- Culture chrétienne :
• Les créatures sont autant de dons de Dieu à l’homme.
• Cultiver et garder ces dons avec gratitude envers le Créateur. (cf. spiritualités bénédictine et
franciscaine) : sorte de parenté de l’homme avec la création Ö attitude de respect envers la
nature.
465 Responsabilité qui incombe à l’homme de réserver un environnement intègre et sain pour
tous
- Nécessité de conjuguer capacités scientifiques avec une forte dimension éthique.
- Elimination des facteurs de pollution.
- Assurer des conditions d’hygiène et de santé pour tous.
- La technologie qui pollue peut aussi dépolluer.
- La production qui accumule peut aussi distribuer équitablement
- En tout que prévalent (JP II 24/03/1997) :
• L’éthique du respect pour la vie et la dignité de l’homme
• Les droits des générations humaines présentes et celles à venir.
470 Toute activité économique qui se prévaut des ressources naturelles doit aussi se soucier de
la sauvegarde de l’environnement et en prévoir les coûts.
- Nécessité de respecter l’intégrité et les rythmes de la nature car les ressources naturelles sont
limitées et certaines ne sont pas renouvelables.
- Concilier les exigences du développement économique avec celles de la protection de
l’environnement.
- Considérer les rapports entre activité humaine et changements climatiques :
• Aux niveaux scientifique, politique, juridique, national et international.
• Développer un plus grand sens des responsabilités chez les consommateurs et les agents
d’activités industrielles.
- Une économie, respectueuse de l’environnement, ne poursuivra pas seulement l’objectif de la
maximalisation du profit. Les mécanismes du marché ne sont pas en mesure de défendre ou de
promouvoir l’environnement.
- Attention particulière aux questions concernant les ressources énergétiques :
• Elles ne sont pas renouvelables
• Elles doivent être mises au service de toute l’humanité
• Identifier de nouvelles sources énergétiques (élever le niveau de sécurité nucléaire)
471 Les droits des peuples indigènes doivent être opportunément protégés.
- La relation que ces peuples entretiennent avec leur terre est une expression fondamentale de leur
identité.
- Leurs terres sont menacées par de puissants intérêts agro-industrielles.
- L’expérience de ces peuples constitue une richesse irremplaçable qui risque d’être perdue en
même temps que l’environnement d’où elle tire son origine.
472 Les nouvelles possibilités offertes par les techniques biologiques et biogénétiques actuelles
suscitent, d’une part, espoirs et enthousiasmes, et, d’autre part, alarmes et hostilités.
- Problèmes posés par les biotechnologies :
• Leur licéité du point de vue moral
• Leurs conséquences pour la santé de l’homme
• Leur impact sur l’environnement et sur l’économie.
• Questions controversées qui impliquent scientifiques, politiciens, législateurs, etc.
473 La nature n’est pas une réalité sacrée ou divine soustraite el l’action humaine.
- Elle est un don offert par le Créateur à la communauté humaine :
• Confié à l’intelligence et à la responsabilité morale de l’homme.
• Il n’est pas illicite d’intervenir en modifiant certaines caractéristiques et propriétés des êtres
vivants :
9 En respectant l’ordre, la beauté et l’utilité des êtres vivants.
9 En respectant leur fonction dans l’écosystème ;
- Les interventions de l’homme sont blâmables quand :
• Elles nuisent aux être vivants ou au milieu naturel.
• On agit avec légèreté et de façon irresponsable sans considérer la possibilité de
répercussions à long terme.
- La licéité de l’emploi des techniques biologiques et biogénétiques n’épuise pas toute la
problématique éthique :
• Evaluer leur réelle utilité
• Leurs conséquences en termes de risques.
474 Les biotechnologies doivent être évaluées selon les critères éthiques.
- Il faut avoir présent à l’esprit surtout les critères de justice et de solidarité.
- Les nouvelles technologies ne résoudront pas tous les problèmes urgents de sous-développement
et de pauvreté.
475 Encourager les échanges de connaissances scientifiques et technologiques avec les peuples
les plus désavantagés.
- Echanges commerciaux équitables, libres de contraintes injustes.
- Favoriser la maturation d’une autonomie scientifique et technologique de ces peuples.
476 La solidarité comporte aussi un rappel à la responsabilité qu’ont les pays en voie de
développement
• Responsabilité politique : promotion d’une politique commerciale favorable.
• Echanges de technologie capables d’améliorer leurs conditions alimentaires et sanitaires.
• Investissement dans la recherche
- La création d’organismes nationaux destinés à la protection du bien commun à travers une gestion
attentive des risque serait utile.
477 Les scientifiques et les techniciens ne doivent pas oublier que leurs activités concernent
des matériaux, vivants et non vivants, appartenant à l’humanité comme patrimoine destiné
aussi aux générations futures.
- Pour les croyants, il s’agit d’un don reçu du Créateur, confié à l’intelligence et à la liberté
humaines, elles aussi don du Très-Haut.
- Se laisser guider par une conscience limpide et honnête.
478 Recherche, production et commerce des produits dérivés des nouvelles biotechnologies
doivent tenir compte non seulement du profit légitime mais aussi du bien commun.
Orienter les développements dans ce secteur vers des objectifs de lutte contre la faim, contre les
maladies, la sauvegarde de l’écosystème : patrimoine de tous.
479 Les décideurs publics ne doivent pas laisser leurs décisions dictées par des pressions
provenant d’intérêts partisans.
480 Les responsables de l’information aussi ont une tâche importante, à accomplir avec
prudence et objectivité.
Il faut éviter de céder à la tentation d’une information superficielle, alimentée par des
enthousiasmes faciles ou par des alarmismes injustifiés.
483 « Tout développement digne de ce nom doit être intégral, c’est-à-dire qu’il doit viser au
véritable bien de tout homme, de tout l’homme»(JP II 18/03/1994)
- Au Nord de la planète on assiste à une chute de la natalité et un vieillissement de la population :
- Au Sud la situation est différente. La croissance démographique est pleinement compatible avec
un développement intégral et solidaire.
484 Le principe de la destination universelle des biens s’applique naturellement aussi à l’eau.
« En tant que don de Dieu l’eau est un élément vital indispensable à la survie et, donc, un droit pour
tous». (JP II 19/01/2004).
485 L’eau, de par sa nature même, ne peut pas être traitée comme une simple marchandise
parmi tant d’autres et son usage doit être rationnel et solidaire.
- Sa gestion fait partie des responsabilités des organismes publics.
- Le droit à l’eau est un droit universel et inaliénable.
486 Les graves problèmes écologiques requièrent un changement effectif de mentalité qui
induise à adopter un nouveau style de vie. (JP II CA 36)
- Critères qui doivent présider aux chois d’épargne et de consommation :
• Recherche du vrai
• du beau
• du bon
ONZIEME CHAPITRE
LA PROMOTION DE LA PAIX
I. ASPECTS BIBLIQUES
488 La paix est avant tout un attribut essentiel de Dieu: «Yahvé-Paix» (Jg 6, 24)
- Elle est ensuite un don de Dieu à l’homme et un projet humain conforme au dessein de Dieu.
- Fondements de la paix :
• La création aspire à la paix.
• La relation première et droite entre chaque être humain et Dieu.(Gn 17, 1)
- Par un acte volontaire l’homme altère l’ordre divin avec comme conséquences :
• Epanchements de sang et division
• Violence dans les rapports interpersonnels. (Gn 4, 1-16)
• Violence dans les rapports sociaux (Gn 11, 1-9)
- Dieu ne peut résider là où se trouve la violence (cf. 1 Chr 22, 8-9).
489 La paix est l’effet de la bénédiction de Dieu sur son peuple : « Que le Seigneur te découvre
sa face et t’apporte la paix» (Nb 6, 26).
- La paix est beaucoup plus que la simple absence de guerre : elle représente la plénitude de la vie
(Mal 2, 5).
- Loin d’être une construction humaine, c’est un don suprême de Dieu offert aux hommes :
• Préalable : l’obéissance de l’homme au plan de Dieu.
- Fruits de la paix de Dieu : fécondité, bien-être, prospérité, absence de peur, joie profonde (Is 48,
18, 19 ; 54, 13 ; etc.)
491 La promesse de paix, qui parcourt tout l’Ancien Testament, trouve son accomplissement
dans la Personne de Jésus.
- La paix est le bien messianique par excellence. Le règne du Messie est précisément le règne de la
paix. (Nombreuses citations bibliques, Jb 25, 2 ; Ps 29, 11 ; 37, 11 ; 72, 3.7 ; 85, 9.11 ; 119,165.etc.)
- Jésus « est notre paix» (Ep 2, 14) : « Je vous laisse la paix ; c’est ma paix que je vous donne ; je ne
vous la donne pas comme le monde la donne» ! (Jn 14, 27). « Paix à vous ! » (Lc 24. 36).
492 « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu» (Mt 5, 9).
- La paix du Christ est avant tout la réconciliation avec le Père.
- La paix est ensuite réconciliation avec les frères, car Jésus, dans la prière qu’il nous a enseignée, le
«Notre Père», associe le pardon demandé à Dieu au pardon accordé à nos frères .
494 La paix est une valeur et un devoir universels (JP II Message mondial pour la paix 1986)
- La paix trouve son fondement dans l’ordre rationnel et moral de la société dont les racines sont en
Dieu Lui-même (JP II janv.1982).
- La paix n’est pas simple absence de guerre, mais elle se fonde sur :
• une conception correcte de la personne, le respect de sa dignité.
• requiert l’édification d’un ordre selon la justice et la charité.
• coexistence sociale orientée vers le bien commun.
- La paix est le fruit de l’amour :
• la paix véritable est plus de l’ordre de la charité que de la justice.
9 La mission de la justice est d’écartée les obstacles à la paix (torts,
dommages,etc.
9 La paix est proprement un acte de charité.
495 Il est absolument nécessaire que la paix commence par être vécue comme une valeur
profonde dans l’intimité de toute personne.
La paix se construit jour après jour dans la recherche de l’ordre voulu par Dieu (Paul VI PP 76).
498 Il est urgent de rechercher des solutions alternatives à la guerre pour résoudre les conflits
- Puissance terrifiante des moyens de destruction aux mains de tous.
- La limitation géographique des conflits est aujourd’hui difficile.
- La recherche des causes à l’origine d’une guerre est donc essentielle (situations structurelles
d’injustice).
- « C’est pourquoi l’autre nom de la paix est le développement. » (JP II CA 52).
a) La légitime défense
b) Défendre la paix
504 Nécessité de protéger les populations civiles trop souvent victimes de l’usage de la force
armée.
- Les dispositions du droit intematiol1humanitaire doivent être pleinement respectées.
- « Les purifications ethniques » sont inacceptables. Dans ces circonstances tragiques il est
nécessaire que l’aide humanitaire atteigne ces populations.
- Le bien de la personne humaine doit avoir la préséance sur les intérêts des parties en conf1it.
505 Obligation est faite de tenir la population civile à l’écart des effets de la guerre.
Nécessité de trouver un nouveau consensus sur les principes humanitaires et d’en renforcer les
fondements pour empêcher que se répètent atrocités et abus (JP II 11/08/199).
506 L’élimination de groupes entiers, nationaux, ethniques, religieux, etc. sont des délits
contre Dieu et contre l’humanité.
- Le XXème siècle a été tragiquement parqué par différents génocides : Arméniens, Ukrainiens,
Cambodgiens, Rwanda, les Juifs : « Les jours de la Shoah ont marqué une vraie nuit dans l’histoire,
enregistrant des crimes inouïs contre Dieu et contre l’homme » (JP II 18/04/1993).
- « Face à de tels actes c’est un devoir de recourir à des initiatives concrètes pour désarmer
l’agresseur » (JP II 01/01/2000) :
• Le motif de souveraineté nationale ne peut être invoqué pour ne pas venir au secours des
victimes.
• Mesures mises en œuvre dans le plein respecte du droit international et du principe
fondamental d’égalité entre les Etats.
- Cour Pénale Internationale : le Magistère n’a pas manqué d’encourager à maintes reprises cette
initiative (JP II en 1988 et Pie XII en 1953).
508 L’objectif que propose la doctrine sociale est celui d’un « désarmement général, équilibré
et contrôlé » (JP II 18 :10 :1985).
-L’énorme augmentation des armes est une grave menace pour la stabilité et pour la paix.
- Les armes ne doivent pas être considérées de la même façon que les autres biens échangés au
niveau mondial ou sur les marchés intérieurs.(CEC²2316).
- Le procédé de la dissuasion (accumulation d’armes nucléaires) appelle de sévères réserves
morales.
- La course aux armements n’assure pas la paix. Loin d’éliminer les causes de guerre, elle risque de
les aggrave.
509 « Tout acte de guerre qui tend indistinctement à la destruction de villes entières ou de
vastes régions avec leurs habitants est un crime contre Dieu et contre l’homme lui-même. »
(CEC 2314)
- La possession d’armes de destruction de masse (biologiques, chimiques, nucléaires) engage une
énorme responsabilité devant Dieu et devant l’humanité toute entière.
- Objectifs urgents :
• Non prolifération des armes nucléaires.
• Mesures de désarmement nucléaire.
• Mise en place de contrôles efficaces au niveau international
• Destruction des armes chimiques et biologiques.
512 Il faut dénoncer l’utilisation d’enfants et d’adolescents comme soldats dans les conflits.
- Entraîner des enfants à tuer est un crime intolérable.
f) La condamnation du terrorisme
513 Le terrorisme est une des formes les plus brutales de la violence qui bouleverse
aujourd’hui la Communauté internationale
- Le terrorisme s’est transformé en un réseau obscur de connivences politiques.
- Il utilise des moyens techniques sophistiqués et se prévaut d’immenses ressources financières.
- Caractéristiques du terrorisme international :
• Elabore des stratégies sur une vaste échelle.
• Frappe des personnes totalement innocentes.
• Il cible les lieux de vie quotidienne et non des objectifs militaires.
• Il agit et frappe aveuglément hors des règles du droit.
- Il sème la haine, la mort, le désir de vengeance et de représailles.
- Il ne faut pas négliger les causes qui peuvent motiver cette forme inacceptable de revendication :
515 «C’est une profanation et un blasphème de se proclamer terroristes au nom de Dieu » (JP
II 24/11/2001)
- Dans ce contexte on instrumentalise non seulement l’homme mais Dieu aussi.
- Le terroriste estime posséder totalement la vérité divine au lieu de chercher à en être posoédé.
- Usage abusif du qualificatif de martyr :
• Le véritable martyr est le témoignage de celui qui se fait tuer pour ne pas renoncer à Dieu et
à son amour.
• Le « martyr » terroriste tue au nom de Dieu ; il y a là inversion du concept de martyr.
- « Aucune religion ne peut tolérer le terrorisme et, encore moins, le prêcher » (JP II 01/01/2002).
516 « L’Eglise est, dans le Christ, « sacrement », c’est-à-dire signe et instrument de paix dans
le monde et pour le monde» (JP II 01/01/2000).
La promotion de la paix est :
• Expression de la foi chrétienne dans l’amour que Dieu nourrit pour chaque être humain.
• Nouvelle vision du monde et une nouvelle façon de s’approcher de l’autre.
• Promotion de l’unité des chrétiens.
• Collaboration féconde avec les croyants des autres religions.
• Exhortation des personnes et des Etats à participer à son souci de rétablir et consolider la
paix (importante fonction du droit international).
517 Une paix véritable n’est possible que par le pardon et la réconciliation.
- Difficile pardon face aux conséquences de la guerre et des conflits quand elles conduisent
« jusqu’aux abîmes de l’inhumanité et de la détresse » (JP II 1990).
- Préalable : attitude purifiée par le repentir.
- Pardon réciproque offert et reçu.
520 Paul VI institua la Journée Mondiale de la Paix le premier jour de l’année civile
- Les messages pontificaux à cette occasion constituent une rche source d’aggiornamento et de
développement de la DSE.
- « La paix s’affirme seulement par la paix, celle qui n’est pas séparable des exigences de la justice,
mais qui est alimentée par le sacrifice de soi, par la clémence, par la miséricorde, par la charité »
(Paul VI, Message pour la Journée Mondiale de la Paix en 1976).
TROISIEME PARTIE
DOUZIEME CHAPITRE
522 Par sa DS l’Eglise offre une vision intégrale et une pleine compréhension de l’homme
- Dans toutes ses dimensions :
• Personnelle
• Sociale
- Bases de l’anthropologie chrétienne :
• Dignité inviolable de toute personne humaine
• Subjectivité du travail.
• Economie et politique à la lumière des valeurs humaines authentiques.
• Loi nouvelle de l’amour
• Renouvellement de tout l’homme par l’Esprit.
- Fondement de la moralité et de toute action sociale : le développement de la personne humaine.
- Norme de l’action sociale : le vrai bien de l’humanité et la création des conditions qui permettent à
tout homme de réaliser sa vocation intégrale.
524 « La véritable libération, c’est s’ouvrir à l’amour du Christ» (JP II Redemptoris missio
11)
La pastorale sociale est l’expression vivante et concrète d’une Église pleinement consciente de sa
mission d’évangéliser les réalités sociales, économiques, culturelles et politiques du monde.
525 Le message social de l’Évangile doit orienter l’Église à accomplir une double tâche
pastorale :
• Aider les hommes à découvrir la vérité et à choisir la voie à suivre.
• Encourager l’engagement des chrétiens à témoigner de l’Evangile dans le domaine social.
« Le message social sera rendu crédible par le témoignage des œuvres plus encore que par sa
cohérence et logique internes» (JP II CA 57)
526 La doctrine sociale dicte les critères fondamentaux de l’action pastorale dans le domaine
social :
• Annoncer l’Evangile : Dieu en Jésus-Christ sauve tout homme et tout l’homme. Jésus révèle
l’homme à lui-même.
• Confronter le message évangélique avec les réalités sociales.
• Programmer des actions visant à renouveler ces réalités en les conformant aux exigences de
la morale chrétienne.
- Dans l’annonce de l’Évangile, la dimension sociale est essentielle et incontournable, bien que
n’étant pas la seule.
527 L’action pastorale de l’Église dans le domaine social doit témoigner avant tout de la vérité
sur l’homme.
- On ne trouve de bonne solution aux problèmes sociaux que si l’on protège le caractère
transcendant de la personne humaine.
- L’action sociale des chrétiens doit s’inspirer du principe fondamental de la centralité de l’homme.
- Valeurs découlant de l’exigence de promouvoir l’identité intégrale de l’homme :
VERITE, AMOUR, JUSTICE, LIBERTE.
- La pastorale sociale œuvre afin que le renouveau de la vie publique soit lié à un respect effectif de
ces valeurs.
528 La DSE est un point de référence indispensable pour une formation chrétienne complète.
529 « La valeur formative de la doctrine sociale doit être davantage reconnue dans l’activité
catéchétique. » (Congrégation pour le clergé, Directoire pour la catéchèse, 30)
- Rôle de la catéchèse en matière sociale (Directoire général pour la catéchèse):
• Eclairer les actions de l’homme pour sa libération intégrale.
• Recherche d’une société solidaire et plus fraternelle
• Eclairer les combats pour la justice et la construction de la paix.
- Faire une lecture directe des encycliques sociales.
530 La DSE comme motivation de l’action pour l’évangélisation et l’humanisation des réalités
temporelles.
- But de la catéchèse sociale :
• Formation d’hommes respectueux de l’ordre moral.
• D’hommes qui aiment la liberté authentique.
• D’hommes qui portent sur les chose un jugement personnel à la lumière de la vérité.
• Qui agissent en esprit de responsabilité
• Qui aspirent à tout ce qui est vrai et juste en collaborant volontiers avec d’autres.
- Le témoignage donné par le christianisme vécu acquiert une extraordinaire valeur formative.
531 On doit mettre la doctrine sociale à la base d’une œuvre intense et constante de formation.
- Premier niveau ce formation : doit rendre les chrétiens capables d’affronter efficacement les tâches
quotidiennes dans les domaines culturels, sociaux, économiques et politiques.
- Deuxième niveau : Il concerne la formation de la conscience politique pour préparer les chrétiens
laïcs à l’exercice du pouvoir politique.
533 Importance de la DSE dans la formation des prêtres et des candidats au sacerdoce
Le document de la Congrégation pour l’Éducation Catholique intitulé « Orientations pour l’étude et
l’enseignement de la doctrine sociale de l’Église dans la formation sacerdotale» (30 déc. 1988) offre
des indications et des dispositions ponctuelles pour une orientation correcte et appropriée des
études.
d) Promouvoir le dialogue
538 Les chrétiens sont appelés à devenir des sujets actifs témoignant de la DSE.
Ils doivent se proposer comme un grand mouvement pour la défense de la personne humaine et la
protection de sa dignité (JP II CA 3).
540 Le don total que les religieux font d’eux-mêmes s’offre notamment à la réflexion
commune comme un signe emblématique et prophétique de la DSE.
Double témoignage des religieux :
• Au service de la charité du Christ envers l’homme dans les situations de plus grande
pauvreté.
• Au service de la charité pastorale par la prière afin que le Seigneur ouvre le cœur de tout
homme au don de l’humanité nouvelle, prix du sacrifice du Christ.
a) Le fidèle laïc
541 « C’est [aux laïcs] qu’il revient, d’une manière particulière, d’éclairer et d’orienter toutes
les réalités temporelles». (Vat. II Lumen gentium 31)
Par le Baptême, les laïcs sont insérés dans le Christ et rendus participants de sa vie et de sa mission
selon leur identité particulière.
544 L’horizon eschatologique est la clef qui permet de comprendre correctement les réalités
humaines.
- La motivation chrétienne est à l’antipode de la mystique de l’action propre à l’humanisme athée :
• privée de tout fondement ultime
• circonscrite à des perspectives purement temporelles.
- Le niveau de vie et la plus grande productivité économique ne sont pas les seuls indicateurs
valables pour mesurer la pleine réalisation de l’homme en cette vie.
« L’homme n’est pas limité aux seuls horizons terrestres, mais, vivant dans l’histoire humaine, il
conserve intégralement sa vocation éternelle. » (Vat. II GS 76).
545 Hommes nouveaux immergés dans le mystère de Dieu et insérés dans la société, saints et
sanctificateurs.
- Caractéristiques de cette spiritualité laïque :
• Edifie le monde selon l’Esprit de Jésus.
• Rend capable de regarder au-delà de l’histoire sans s’en éloigner.
• Cultiver un amour passionné pour Dieu sans détourner le regard des frères que l’on perçoit.
• Spiritualité étrangère :
9 au spiritualisme intimiste.
9 à l’activisme social.
• Saint s’exprimer en une synthèse vitale :
9 Confère unité, sens et espérance à l’existence.
- Ils contribuent ainsi à la sanctification du monde sous la conduite de l’esprit évangélique.
546 Dans l’expérience du croyant il ne peut y avoir d’un côté la vie spirituelle et de l’autre la
vie dite séculière.
- Il faut viser à la réalisation d’une harmonie entre la vie dans sa complexité, et la foi.
- La synthèse entre foi et vie requiert un cheminement savamment rythmé entre les éléments qui
qualifient l’itinéraire chrétien :
• La Parole de Dieu
• La célébration liturgique du mystère chrétien.
• La prière personnelle.
• L’expérience ecclésiale authentique et la formation spirituelle.
• L’exercice des vertus sociales
• L’effort soutenu de formation culturelle et professionnelle.
548 La prudence aide à décider avec sagesse et courage en devenant la mesure des autres
vertus.
- Qualités des décisions prises selon la prudence : cohérence, réalisme, sens des responsabilités.
- La prudence n’a rien à voir avec l’astuce, le calcul utilitariste, la méfiance, la crainte et
l’indécision.
- Itinéraire de formation à la prudence :
• Mémoire des expériences passées.
• Docilité à l’expérience des autres.
• L’amour de la vérité.
• La sagacité : orienter toute situation au service du bien.
• La prévoyance, qui évalue l’efficacité d’un comportement en vue d’une fin morale.
• La circonspection qui est capacité d’évaluation des circonstances.
549 La doctrine sociale de l’Église doit faire partie intégrante de l’itinéraire de formation du
fidèle laïc.
550 Importance de la DSE pour les associations ecclésiales engagées dans le domaine social.
Bien distinguer entre les actions que les fidèles posent isolément ou en groupe en leur nom propre et
les actions qu’ils mènent au nom de l’Eglise, en union avec leurs pasteurs.
551 La présence du fidèle laïc dans le domaine social est caractérisée par service - signe et
expression de la charité –
Entrés dans le troisième millénaire de l’ère chrétienne, les fidèles laïcs s’ouvriront par leur
témoignage à tous les hommes avec lesquels ils se chargeront des appels les plus pressants de notre
temps.
552 Les fidèles laïcs doivent œuvrer simultanément pour la conversion des cœurs et pour
l’amélioration des structures.
- Promotion de la dignité de chaque personne, le bien le plus précieux que possède l’homme : tâche
essentielle et unifiante que l’Eglise est appelée à rendre à la famille des hommes :
• Renouvellement intérieur de chacun et son impact sur l’ordre social.
• Car les institutions sociales ne garantissent pas d’elles-mêmes, de façon presque mécanique,
le bien de tous.
• Une complète rénovation l’esprit chrétien doit précéder l’engagement des hommes à
améliorer la société.
- De la conversion du cœur jaillit la sollicitude pour l’homme aimé comme un frère, et de là
l’engagement à restaurer les institutions, les structures et les conditions de vie.
2. Le service à la culture
554 La culture est ce par quoi l’homme en tant qu’homme devient davantage homme, « est »
davantage, accède davantage à l’ « être » » (JP II Juin 1980)
- La culture, domaine privilégié d’engagement pour l’Eglise et pour chaque chrétien.
- La séparation entre foi et vie quotidienne est une des erreurs les plus graves de notre temps.
555 Un domaine particulier d’engagement des fidèles laïcs doit être la promotion d’une
culture sociale et politique inspirée de l’Evangile.
- Quand les catholiques perdent de vue l’exigence culturelle dérivant de la foi et de la morale, ils se
condamnent eux-mêmes à la diaspora culturelle et rendent leurs propositions insuffisantes et
réductrices.
- Urgence prioritaire : présenter en termes culturels actuels le patrimoine de la Tradition catholique.
556 La perfection intégrale de la personne et le bien de toute la société sont les fins essentielles
de la culture.
- Priorité de l’action sociale et politique des laïcs : la dimension éthique de la culture.
- Le manque d’intérêt pour cette dimension transforme facilement la culture en un instrument
d’appauvrissement de l’humanité. Elle devient stérile.
558 Autre défi lancé à l’engagement du fidèle laïc concerne le contenu la culture, à savoir la
vérité.
- La question de la vérité est essentielle pour la culture :
• S’impose à chaque homme le devoir de sauvegarde l’intégralité de sa personnalité :
intelligence, volonté, conscience et fraternité.
- L’engagement du chrétien dans le domaine culturel s’oppose à toutes les visions réductrices et
idéologiques de l’homme et de la vie.
559 Les chrétiens doivent se prodiguer pour valoriser pleinement la dimension religieuse de la
culture.
- Le mystère de Dieu est au centre de la culture et de la vie ; l’éliminer revient à corrompre la
culture et la vie morale des nations. (JP II CA 24).
- La dimension religieuse est constitutive de l’homme. Elle lui permet d’ouvrir à ses diverses
activités l’horizon dans lequel elles trouvent leur signification et leur direction.
- Les innombrables œuvres d’art de tous les temps en sont un témoignage.
561 Les fidèles laïcs considéreront les médias comme de possibles et puissants instruments de
solidarité et la responsabilité des professionnels des médias.
- La solidarité apparaît comme une conséquence :
• D’une communication vraie et juste.
• De la libre circulation des idées qui favorisent la connaissance et le respect d’autrui.
- Ceci n’est pas possible si les moyens de communication sociale sont utilisés pour édifier et
soutenir des systèmes économiques au service de l’avidité et de la convoitise :
ÖDécisions d’ignorer totalement certains aspects de la souffrance humaine
ÖSélection de l’information indéfendable.
- Graves déséquilibres tant dans les structures et les politiques de la communication que dans la
distribution de la technologie :
Ö Richesse de certains face à la pauvreté des autres dans ces domaines qui sont cruciaux pour la
prospérité et la survie des pauvres.
562 Les usagers ont aussi des obligations face aux médias.
- Premier devoir des usagers des communications : le discernement dans la sélection.
- Les parents et l’Eglise ont aussi des responsabilités précises en la matière.
- Exigences essentielles des moyens de communication sociale :
• L’édification d’une communauté humaine basée sur la solidarité, la justice et l’amour.
• La diffusion de la vérité sur la vie humaine et son accomplissement final en Dieu.
3. Le service à l’économie
563 Les principes de la DSE doivent être connus et accueillis dans l’activité économique.
- Principe fondamental : le caractère central de la personne humaine.
- Il faut aussi faire un effort de réflexion culturelle surtout sur le discernement concernant les
modèles actuels de développement économique.
- Réduire la question du développement exclusivement à un problème technique équivaut à le vider
de son véritable contenu : la dignité de l’homme et des peuples. (JP II SRS 41)
569 Fonctionnement du système démocratique conçu aujourd’hui par beaucoup dans une
perspective agnostique et relativiste.
- Cette attitude conduit à considérer la vérité comme un produit :
• déterminé par la majorité.
• conditionné par les équilibres politiques.
- Dans un tel contexte le discernement est particulièrement exigeant surtout face à certaines
réalités :
• Choix économiques qui influent sur la vie des plus pauvres.
570 Face aux multiples situations où sont en jeu les exigences morales fondamentales et
incontournables, le témoignage chrétien doit être considéré comme un devoir.
- Personne ne peut encourager par son vote la mise en œuvre d’un programme politique ou d’une loi
dans lesquels le contenu fondamental de la foi et de la morale serait évincé.
- Un parlementaire, connu pour son opposition personnelle absolue à certaines lois non conformes à
la loi morale, pourrait licitement offrir son soutien à des propositions visant à limiter les dommages
causés par de telles lois.
- Le témoignage chrétien, quand sont en jeux les exigences morales fondamentales, peut aller
jusqu’au sacrifice de sa vie, au martyre, au nom de la charité et de la dignité humaine.
572 Dans les sociétés démocratiques, il demeure encore, hélas, des expressions de laïcisme
intolérant.
- Principes d’une laïcité authentique (JP II janv. 2004):
• Libre exercice des activités culturelles, spirituelles, caritatives des communautés de
croyants.
• Lieu de communication entre les diverses traditions spirituelles de la nation.
- Maux du laïcisme :
• Entrave de toute forme de la foi d’importance politique ou culturelle.
• Disqualification de l’engagement social et politique des chrétiens.
• Négation de l’éthique naturelle.
- Tous ces maux préludent à :
• L’anarchie morale
• La mainmise du plus fort sur le plus faible
• A la destruction de la coexistence humaine.
574 L’adhésion à un parti est légitime lorsque les partis et les positions ne sont pas
incompatibles avec la foi et les valeurs chrétiennes.
- Le choix d’un part est une décision personnelle mais éclairé par l’analyse des communautés
chrétiennes à la lumière de l’Evangile et de la DSE.
- « Personne n’a le droit de revendiquer d’une manière exclusive pour son opinion l’autorité de
l’Église » (Vat. II GS 43).
CONCLUSION
575 Un nouveau besoin de sens est largement ressenti et vécu dans la société contemporaine.
- Désir de l’homme de connaître la signification de sa vie, de ses activités, de sa mort.
- Le nouveau contexte international aux relations – complexes, interdépendantes, toujours moins
ordonnées et moins pacifiques – rend l’avenir toujours plus incertain.
- Primat de la science et de la technique sur notre vie et notre mort.
- Sentiment répandu d’insatisfaction ambivalent :
• Insatisfaction croissante et disparition de l’illusion d’un paradis sur la terre.
• Conscience toujours plus claire des droits inviolables et universels de la personne
• Aspiration à des relations plus justes et plus humaines.
576 L’Eglise répond aux interrogations de fond sur le sens el sur la fin de l’aventure humaine
par l’annonce de l’Évangile du Christ.
- Rôle de l’Eglise :
• Soustraire la dignité de la personne humaine aux fluctuations des opinions.
• Assurer la liberté de l’homme aucune loi humaine ne peut le faire.
• Aider les hommes à découvrir en Dieu le sens ultime de leur existence.
- L’Evangile annonce et proclame :
• La liberté des enfants de Dieu
• Le rejet de tout esclavage qui en fin de compte provient du péché.
• Le respect scrupuleux de la dignité de la conscience et de son libre choix.
• Que tous les talents doivent être mis au service de Dieu pour le bien des hommes.
• Que chacun est confié à l’amour de tous.
COMPENDIUM DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE
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SYNTHESE effectuée par D.M.
b) Repartir de la foi au Christ
578 L’Eglise enseigne à l’homme que Dieu lui offre la possibilité réelle de surmonter le mal et
d’atteindre le bien.
- Le Seigneur a racheté l’homme « au prix fort » (1 Co 6, 20).
- Cette certitude est capable d’allumer l’espérance malgré le péché qui marque profondément
l’histoire.
- L’Eglise connaît le « mystère d’iniquité » (2 Th 2, 7). Mais elle sait aussi qu’il y a dans la
personne humaine une bonté fondamentale (c. Gn 1, 31) :
• La personne est image du Créateur placée sous l’influence rédemptrice du Christ.
• Le Christ s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme.
579 L’espérance chrétienne imprime un grand élan à l’engagement dans le domaine social.
- Avec la conscience qu’il ne peut exister un « paradis sur terre ».
- Fermes dans la foi el dans l’espérance, les chrétiens mettent à profit le moment présent (cf. Ep 5,
16 ; Col 4, 5) et attendent avec constance la gloire à venir (cf. Rm 8. 25).
- Ils luttent « contre les souverains de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal » (Ep 6, 12).
580 La finalité immédiate de la DSE est de proposer les principes et les valeurs qui peuvent
soutenir une société digne de l’homme.
- La solidarité : principe fondamental de la conception chrétienne de l’organisation politique et
sociale.
- La solidarité est illuminée par la primauté de la charité, signe distinctif des disciples du Christ.
- L’amour est au cœur du comportement de la personne pleinement humaine.
- La vérité de l’amour est également valable dans le domaine social : l’amour est la seule force qui
peut conduire à la perfection personnelle et sociale et orienter l’histoire vers le bien.
COMPENDIUM DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE
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SYNTHESE effectuée par D.M.
581 L’amour doit être présent dans tous les rapports sociaux et les imprégner. (CEC 1889).
- C’est d’une abondante effusion de charité qu’il faut principalement attendre le salut.
- Fruits de la charité chrétienne :
• Dévouement au servie du prochain.
• Remède très assuré contre l’arrogance du siècle.
• Remède contre l’amour immodéré de soi-même et l’égoïsme.
- Cet amour peut être appelé « charité sociale » (Pie XI QA) ou « charité politique » (Paul VI
Octogesima adveniens 46).
- Cet amour est un remède contre l’individualisme : l’égoïsme est l’ennemi le plus nuisible me
société ordonnée.
582 On ne peut pas régler les rapports humains par la seule mesure de la justice.
- La justice est en soi propre à arbitrer entre les hommes pour répartir entre eux les biens matériels,
l’amour, et seulement lui, est capable de rendre l’homme à lui-même (JP II Dives in misericordia).
- L’amour est la raison qui fait que Dieu entre en relation avec l’homme. Et c’est une réponse
d’amour qu’il attend de l’homme.
- L’amour est de ce fait la forme la plus haute et la plus noble de la relation des êtres humains entre
eux aussi.
- L’amour devra donc animer tous les secteurs de la vie humaine et s’étendre également à l’ordre
international.
- « Seule une humanité dans laquelle règne la « civilisation de l’amour » pourra jouir d’une paix
authentique et durable ».(JP II 01/01/2004).
583 « Qui cherchera à conserver sa vie la perdra, et qui la perdra la sauvera » (Le 17, 33) »
- Seule la charité peut changer complètement l’homme.
- La charité inclut sans tenir compte du fondement naturel de la justice se trompe lui-même.
- La charité ne peut se réduire à la seule dimension terrestre des relations humaines et des rapports
sociaux, car toute son efficacité découle de la référence à Dieu :
« Au soir de cette vie, je paraîtrai devant Vous les mains vides, car je ne Vous demande pas,
Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux. Je veux donc me
revêtir de votre propre Justice et recevoir de votre Amour la possession éternelle de vous-même ».
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Acte d’offrande à l’Amour miséricordieux.