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Septembre 2009

LES SYNTHÈSES SOLUCOM n o 35

Observatoire KLC du management des systèmes d’information

L’organisation de la
production informatique

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L’organisation de la production
Le Sourcing des études

Catherine Le Louarn est membre du comité directeur du cabinet Solucom et Directeur général de KLC, qu’elle a rejoint en
1998. Ingénieur en génie informatique, elle conduit depuis 10 ans d’importantes missions d’appels d’offres, négociations
ou audits pour des opérations d’externalisation, d’intégration et de TMA. Elle intervient régulièrement sur le thème de
la contractualisation interne des services informatiques et sur la structuration des relations métiers / informatique dans
les entreprises.

catherine.lelouarn@solucom.fr

Matthieu Lenormand est manager au sein de la practice Gouvernance SI qu’il a rejoint en 2006. Il est diplômé de l’ENSAT.
Il conduit des missions de sourcing internationales (stratégie, consultation et audit d’opérations d’externalisation) et de
gouvernance du SI (offre de service de la DSI, refacturation des services et organisation en CSP). Matthieu est certifié
ITIL Foundation et formé par l’ITsqc à eSCM-CL (Model course).

matthieu.lenormand@solucom.fr

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ÉDI TO
DE LA DIRECTION DE L’EXPLOITATION
À LA DIRECTION DES OPÉRATIONS

Aujourd’hui, au sein de la DSI, les équipes de production restent encore trop sou-
vent confinées au rôle de « simple exploitant ». Face aux nombreux défis posés
par l’évolution des systèmes d’information et aux besoins croissants de continuité
de service, c’est une véritable révolution qui l’attend.
Catherine Le Louarn
Dans un environnement qui se complexifie régulièrement, l’exploitation et l’ad-
ministration récurrente des systèmes d’information est une équation difficile
à résoudre : concilier des impératifs de sécurité et d’agilité, de continuité et
d’évolutivité, le tout avec des ressources forcément contraintes.

La dépendance croissante des métiers vis-à-vis du SI a une incidence directe


sur leurs exigences vis-à-vis des services de production fournis par la DSI (les
indisponibilités de service pouvant avoir des conséquences graves sur l’activité
et les résultats de l’entreprise, voire même ceux de ses clients). La DSI doit
industrialiser fortement son offre de services et organiser sa production en une
vraie Direction des opérations. Ses maîtres mots sont de prendre en compte
des contraintes légales et réglementaires en évolution constante, d’accom-
pagner les métiers dans leurs besoins d’innovation, d’agilité et de réduction
Matthieu Lenormand du time-to-market, et enfin de garantir les mutations technologiques en lien
avec les éditeurs et les constructeurs informatiques.

Ces évolutions peuvent entraîner une complexification des chaînes de traite-


ment, des flux inter-applicatifs, et par là même de la fourniture d’une vision
de bout en bout du service offert à l’utilisateur final. Dans ce contexte, la
Direction des opérations doit lutter contre l’entropie naturelle du SI afin d’en
garantir la maintenabilité et l’évolutivité.

Dans le même temps, les ressources allouées à la Direction des opérations


pour réaliser ses missions sont contraintes par des objectifs de maîtrise des
coûts et d’optimisation des investissements. Cela passe par la mise en œuvre
de projets de transformation et par une meilleure communication avec les
métiers. La Direction des opérations doit pouvoir justifier ses orientations
technologiques et le retour sur investissement de ses projets, afin de devenir
pour les métiers un partenaire interne stratégique à valeur ajoutée.

Ce repositionnement à un niveau stratégique de la Direction de la production


et ses nouvelles interactions avec les métiers de l’entreprise nous amènent
donc à nous poser des questions sur ses nouvelles missions, son organisation
et les mutations qu’elle doit subir pour permettre à la DSI de se positionner
en tant que fournisseur stratégique de services.

Bonne lecture !

Catherine Le Louarn

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L’organisation de la production
Le Sourcing des études

Les missions de la Direction des opérations

La production : entre service Lorsque l’on demande aux DSI de Au terme « Direction de la produc-
aux utilisateurs et maîtrise du SI définir les missions de la « pro- tion » nous préférons donc le terme
À l’échelle de nos systèmes d’in- duction » trois grands axes se de « Direction des opérations IT »
formation, la « production informa- dégagent : qui intègre cette nouvelle dimension
tique » (ou « production ») existe de partenariat stratégique avec les
depuis la nuit des temps (ou au sc’est la garante de la cohérence de Études et les métiers.
moins l’ère des mainframes, soit une l’infrastructure SI : elle en maîtrise
quarantaine d’années… ). Pourtant, la technologie (architecture appli- Une nécessaire transformation
à part sur son périmètre (poste de cative, infrastructures), en assure le du modèle d’organisation
travail, applications, serveurs, réseau maintien en conditions opération- La mission de la Direction des
et support), aucun consensus n’a été nelles et gère les mises en produc- opérations IT a donc significative-
atteint quant à sa définition. tion de ses évolutions (applications ment évolué ces dernières années.
et infrastructures) ; Initialement concentrée sur des
Le rôle de la production informatique missions techniques, elle opérait de
est parfois décrit comme le « main- sen tant que fournisseur, elle porte la manière relativement indépendante
tien en conditions opérationnelles du responsabilité de la qualité du service des métiers et loin de leur stratégie.
SI », ou comme la « fourniture du rendu aux métiers, c’est-à-dire le Désormais les activités purement
service attendu par les utilisateurs ». bon fonctionnement technique des techniques, ne constituent plus
On peut également considérer que la applications en production (qu’elles qu’une partie des missions qu’elle a
production correspond à « la phase soient métier ou transverses comme à réaliser afin de délivrer des services
d’exploitation récurrente d’une appli- la messagerie) ; qui soient alignés avec les besoins
cation », c’est-à-dire quand l’arrêt de métiers. Ce changement nécessite
cette application implique une perte selle garantit la maîtrise économique une transformation de son modèle
d’exploitation (au sens comptable du des services fournis et optimise le d’organisation, et est induit par les
terme) pour l’entreprise. Toutes ces rapport qualité de service / coûts, ce deux enjeux majeurs que sont :
définitions sont vraies, aucune ne qui passe notamment par le juste
couvre pourtant la totalité du péri- dimensionnement des ressources. sl’alignement des objectifs de la DSI
mètre de la « production ». (et de son organisation) sur la stra-
La Direction des opérations IT tégie d’entreprise ;
Cette dénomination historique de
Impacts des arrêts « Direction de la production », utili- sla mise en œuvre d’une approche
de production sée pour désigner l’organisation res- résolument orientée Client.
ponsable de l’ensemble des fonctions
De nombreux exemples d’arrêts de production au sein de la DSI, nous Le dilemme de la Direction des
de production informatique apparaît désormais réductrice. opérations
ayant eu des conséquences plus Les coûts récurrents d’exploitation
ou moins dramatiques pour l’en- La production ne peut plus se réduire constituent le poste de dépense prin-
treprise illustrent l’importance à ses fonctions opérationnelles de cipal dans les budgets informatiques
de cette fonction. base (Run). Les services qu’elle met des entreprises : nous estimons qu’ils
à disposition des métiers et dont elle représentent plus de 60 % du budget
Que cet arrêt provoque une est responsable quotidiennement ont pour une large majorité des Directions
dégradation de l’image (indis- été imaginés et commandités par les informatiques. Cette prédominance
ponibilité d’un site internet Directions métiers, puis conçus par s’explique principalement par un
institutionnel) ou qu’il ait des des équipes projets ou des équipes management purement réactif des
répercussions financières direc- Études avec l’appui de ces mêmes infrastructures s’illustrant par :
tes (indisponibilité d’une appli- métiers. De fait, la production est
cation de réservation d’une amenée à exercer un contrôle en sdes équipes informatiques forte-
agence de voyage donnant lieu amont sur les futurs projets et déve- ment segmentées en silos techno-
à une perte directe de chiffre loppements, et doit donc s’impliquer logiques, sans véritable coordina-
d’affaires) c’est de plus en plus fortement dans le Build pour contri- tion ;
souvent l’activité même de l’en- buer à la prise en compte des besoins
treprise qui est touchée. métier. sun manque d’industrialisation des
processus et de standardisation des
infrastructures ;

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Les trois niveaux d’intervention de la Direction des opérations IT

sun outillage de reporting qui offre des objectifs de réduction des coûts sla nécessité de se concentrer
une vision rétrospective mais pas imposés par la Direction générale. sur le management des services
assez prospective du SI (peu ou pas Cette réponse passe notamment par plutôt que le management des
de détection ou de prédiction des l’optimisation des charges d’exploi- technologies ;
incidents voire des problèmes). tation récurrente et l’évolution du
modèle organisationnel associé vers sla mise en œuvre de processus IT
Ce management en mode réactif a une approche « de bout en bout » : homogènes quels que soient les
trop souvent pour conséquence de ne silos technologiques et les outils
pas permettre aux équipes de détec- smise en œuvre d’organisation basée implémentés au sein du SI ;
ter et de résoudre les incidents avant sur une segmentation par métiers
qu’ils n’affectent les utilisateurs. Ce informatiques, sans cloisonnement sl’implémentation de solutions
manque de proactivité pousse la technologique ; prédictives et proactives qui per-
Direction des opérations à consacrer mettent de réellement détecter et
une trop large proportion de ses res- sdéveloppement du rôle et des res- résoudre les incidents et problèmes
sources à trouver, diagnostiquer et ponsabilités des entités dédiées avant que les utilisateurs ne soient
résoudre les dysfonctionnements. Il à la gestion des relations avec les affectés.
est intéressant de noter que le nom- clients internes (Front Office) ;
bre d’incidents ou de problèmes qui
affectent le système d’information scréation de « Centres de Services
décroît rarement quand la Direction Partagés » (Shared Service Centers)
des opérations se confine à une dans une logique de mutualisation
approche purement réactive. et de livraison de véritables services
packagés.
La Direction des opérations se doit
donc de répondre à la pression conju- Il s’agit pour la Direction des opéra-
guée de l’exploitation opérationnelle tions d’opérer un véritable change-
quotidienne, des nouvelles demandes ment de paradigme. Cette mutation
en provenance des métiers, des inno- est induite par :
vations technologiques du marché et

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L’organisation de la production
Le Sourcing des études

Vers un nouveau modèle d’organisation

1) Modèle orienté activités


Le modèle orienté activités est une évolution relativement récente du modèle historique segmenté par technologie.
Il organise les opérations IT en usines regroupant les activités par niveau d’intervention (N0 - Hébergement, N1 -
Exploitation, N2 – Administration, N3 – Expertise) quelles que soient les technologies et les métiers concernés. Ce
modèle est calqué sur l’organisation des grands prestataires de service et est majoritairement déployé aujourd’hui
au sein des Directions des opérations. Il implique la mise en œuvre d’un service management fort pour assurer la
relation avec l’ensemble des métiers.
Forces Faiblesses
sFacilite l’implémentation des processus ITIL. sInadéquation du fort niveau de standardisation néces-
sFavorise la cohérence d’ensemble du système saire vis-à-vis des besoins parfois très différenciés des
d’information. métiers.
sDifficulté de gestion des applications complexes ou
non stabilisées.
sDifficulté d’assurer un suivi de bout en bout des flux
applicatifs (mobilisation et coordination de ressources
issues d’usines différentes).

2) Modèle orienté métiers


Le modèle orienté métiers organise les opérations IT par silo métier (ou Business Line), chaque silo assurant l’en-
semble des activités nécessaires à la fourniture des services d’une direction métier donnée (N0 - Hébergement,
N1 - Exploitation, N2 – Administration, N3 – Expertise) de manière relativement autonome par rapport aux autres
silos. Ce modèle relativement peu répandu requiert que chaque silo métier ait une taille critique pour assurer la
« rentabilité » du modèle.

Forces Faiblesses
sGarantit un lien fort entre le métier et les opérations sFaiblesse potentielle du niveau de standardisation
IT au travers d’une gouvernance locale. et d’harmonisation technologique entre silos métiers
sGarantit un suivi de bout en bout des flux applicatifs. (nécessite une coordination technique transverse forte
pour garantir la cohérence d’ensemble du SI).
sDifficulté à générer des économies par la mutualisa-
tion, la massification et l’industrialisation des opéra-
tions entre silos métiers.

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3) Modèle mixte activités - métiers
Le modèle mixte activités – métiers combine les avantages des deux modèles précédents et organise les opérations
IT en fonction de la segmentation des applications afin de garantir le bon équilibre entre standardisation d’un côté
et proximité métier de l’autre. On distingue dans ce cadre trois types d’applications :

sles applications innovantes et non stabilisées qui nécessitent un lien fort est nécessaire entre les métiers et la
Direction des opérations pour garantir agilité et réactivité pendant la phase initiale d’industrialisation,

sles applications critiques et complexes qui nécessitent, malgré la phase d’industrialisation, des compétences
pointues au sein de la Direction des opérations afin de garantir les niveaux de service,

sles applications matures et industrialisées pour lesquelles, suite à la phase d’industrialisation, des gestionnaires
d’applications sont en charge au sein de la Direction des opérations du suivi de la qualité de service de bout en
bout (cross activités et cross technologies) et du Business Service Management.

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L’organisation de la production
Le Sourcing des études

Une DSI orientée client : quels impacts


au niveau de la Direction des opérations ?

Un nouveau positionnement du positionnement du SI vis-à-vis du Ce passage à un mode « SSII interne »


pour la DSI business), certaines de ces fonctions a des conséquences organisationnel-
Traditionnellement, la Direction des pouvant être pour parties confiées à les fortes et implique notamment :
opérations se focalise sur les fonc- d’autres entités de la DSI.
tions suivantes : sde mettre en œuvre une interface
Au-delà de ce simple partage de client/prestataire. Des « respon-
sservice desk ; responsabilité, nous constatons une sables de domaine métier » sont
tendance de fond qui voit la Direction alignés, au sein la Direction des
sgestion des opérations : supervi- des opérations IT se structurer de opérations IT, sur l’organisation de
sion, exploitation et administration manière à renforcer le positionnement l’entreprise ;
du SI ; de la DSI en tant que prestataire de
service interne pour la Direction des sde créer des usines dédiées à la
smise en production des évolutions études, les métiers et les end users. gestion transverse des opérations
du SI ; Ainsi, si historiquement la relation informatiques afin de mutualiser
client est d’abord passée par le ser- et d’industrialiser l’utilisation des
sexpertise de l’architecture techni- vice desk (en tant que vitrine du SI ressources matérielles et humaines
que et ingénierie d’infrastructure ; pour les end users), de nombreuses mises en œuvre pour la production
DSI dotent désormais leur Direction des services.
sgestion des fournisseurs et des des opérations IT de véritables inter-
prestataires. faces de gestion de la relation client Une organisation délibérément
afin de mieux anticiper et de mieux orientée client
Il y a dans les faits des variations sen- pouvoir répondre à leurs demandes. La volonté de s’orienter client n’est
sibles d’une entreprise à une autre pas simple à concrétiser. Les freins
(notamment en fonction de la taille et au changement sont nombreux, le

Cartographie fonctionnelle de la Direction des opérations

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Vers une approche orientée client

passage d’un mode « informatique Formaliser une offre de service Une gouvernance des services
interne » à un mode « prestataire commence par l’identification et la indispensable
de services » ayant des impacts RH. définition de son contenu. À chacun Afin de pouvoir maintenir une offre
Quitter une vision en silos techniques des services délivrés doivent ensuite de service satisfaisante pour les
n’est pas facile pour les profils habi- être associés des Service Level métiers tant au niveau opérationnel
tuels de l’exploitation. Agreements (SLA) quand les servi- que stratégique, il est nécessaire de
ces s’adressent à des clients, ou des faire évoluer la gouvernance au sein
Le passage quasi obligatoire pour se Operational Level Agreements (OLA) de la DSI. Il convient en particulier
construire en tant que prestataire de quand les services sont fournis à un de déterminer quelles sont les rôles,
services est de formaliser son offre. autre « opérateur ». Le client choisit responsabilités et modalités de ges-
Les objectifs poursuivis sont alors les services et SLA correspondants en tion en ce qui concerne :
suivants : fonction de ses besoins.
sla définition et l’évolution des
sconstruire des services avec le bon En ce qui concerne la facturation services ;
niveau de granularité afin de répon- des services, deux logiques sont
dre aux besoins de tous les clients, aujourd’hui mises en oeuvre : sla cohérence globale du catalogue
tout en permettant la standardisa- de services et sa mise à jour ;
tion et l’industrialisation de l’offre. srefacturation sur la base des coûts
Le « sur mesure » est bien souvent réels : la Direction des opérations sle Delivery des services et le repor-
générateur de surcoûts ; ne dégage pas de marge sur les ting vis-à-vis des clients ;
services délivrés et les investisse-
scontractualiser les engagements ments sont financés en direct par sla mise en œuvre du système de
entre la Direction des opérations les clients ; refacturation et de suivi des coûts.
et ses clients pour clarifier les
obligations respectives, objectiver srefacturation sur la base de tarifs : Ainsi, la Direction des opérations per-
la qualité de service, et suivre les la Direction des opérations peut met à sa DSI de se structurer en SSII
plans de progrès conjoints ; dégager une marge sur les services interne et de convaincre et répondre
délivrés avec laquelle elle finance aux besoins de ses clients au même
sgarantir la transparence écono- ses investissements. titre qu’un prestataire externe. Cette
mique des services délivrés, en contribution de la Direction des opé-
mettant en place des systèmes de rations est notamment essentielle
refacturation compréhensibles des dans les entreprises où les clients
métiers, prédictibles et évolutifs. internes ne sont pas « captifs ».

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L’organisation de la production
Le Sourcing des études

Quelles mutations pour la


Direction des opérations ?

La Direction des opérations IT sd’assurer la coordination entre les sles responsables d’offres : ils sont en
doit prouver sa valeur ajoutée différentes entités de la Direction charge de la définition et du suivi
En se positionnant trop souvent à des opérations IT d’un côté et des offres ;
un niveau purement technique et les entités métiers de l’autre. Il
opérationnel, la Direction des opéra- s’agit notamment de traduire les sles account managers : ils sont
tions IT ne s’est pas mise en position besoins, contraintes et ressources responsables de la contractuali-
d’apporter une réponse convaincante des métiers d’un point de vue opé- sation et la commercialisation de
à ses métiers. La réponse à ce vieux rations IT et de disposer en retour l’offre de service auprès des clients
dilemme se trouve dans la néces- d’une vue claire sur l’architecture internes ;
saire mutation de la Direction des technique et les acteurs impli-
opérations IT, mutation qui seule qués en lien avec les challenges sles service managers : ils sont en
lui permettra de faire de la DSI un business ; charge du management quotidien
fournisseur stratégique de services à de la relation avec les clients ;
valeur ajoutée pour les métiers. sde créer, gérer et enrichir un cata-
logue de services (description des sles contrôleurs de gestion : ils sont
Au delà des axes de travail « techni- services offerts par la Direction des responsables de la consolidation du
ques » déjà identifiés pour initier et/ opérations d’un point de vue métier) modèle économique et du suivi de
ou amplifier cette mutation (indus- intégrant des engagements de ser- la rentabilité des offres de service.
trialisation des processus, consolida- vice avec une vision « de bout en
tion et virtualisation des infrastruc- bout » (par opposition à des enga- On constate donc un besoin global
tures, implémentation d’une gestion gements de services formulés par de « montée en gamme » des profils
des configurations…), il est essentiel composant technique du système de la Direction des opérations, qui se
pour la Direction des opérations IT d’information) permettant de mesu- doit désormais d’attirer de nouveaux
de traiter les trois problématiques rer la contribution des opérations IT talents pour répondre aux défis qui
suivantes : à l’activité de l’entreprise. lui sont posés.

sstructurer une gouvernance réel- Un renouvellement des Business Service Management


lement alignée avec la stratégie compétences Le Business Service Management
de l’entreprise et en ligne avec les L’évolution des missions et les trans- (BSM) est une méthodologie qui
besoins métiers ; formations en cours de la Direction vise à piloter et à suivre les servi-
des opérations ont bouleversé son ces IT d’un point de vue métier. Le
sgérer la qualité de service délivrée besoin en compétences. BSM doit permettre à la DSI dans
d’un point de vue métier ; son ensemble, et à la Direction des
Dans un premier temps, les fonctions opérations en particulier, d’opérer et
sgarantir l’adéquation de ses com- « d’ingénierie de la production » ont de suivre ses opérations par service
pétences internes et externes avec pris de l’importance au sein de la plutôt que par composant technique
ses nouvelles ambitions. DSI, grâce à la standardisation et à ou silo technologique. La finalité du
l’industrialisation. Les experts pro- BSM est de proposer un reporting
Directeur des opérations : quel giciels, les gestionnaires d’outillage IT permettant de suivre l’impact de
métier ? ou même les gestionnaires d’appli- la qualité de service des systèmes
Le Directeur des opérations IT est cations se trouvent de plus en plus informatiques sur les activités de
l’interface avec la Direction générale impliqués dans la production. Une l’entreprise. Le BSM est désormais
de l’entreprise et les entités métiers. fonction comme celle de gestionnaire identifié en tant que meilleure pra-
Il doit disposer en permanence du d’application a ainsi évolué : à sa tique de la gestion des opérations IT
bon niveau de compréhension des compréhension des problématiques au sein d’ITIL v3.
besoins des métiers afin de s’assu- métiers viennent peu à peu s’ajouter
rer que les orientations et les moyens des compétences sur les composants Le BSM est un sous-domaine de la
mis en œuvre au sein de la Direction techniques du système applicatif. Business Intelligence (BI) qui s’appli-
des opérations sont en adéquation que aux services délivrés par la DSI.
avec les problématiques business. Dans un second temps, de nouvelles Les tableaux de bord, issus d’une
fonctions sont apparues, en lien avec agrégation de données techniques,
Dans ce cadre, ses principales mis- la relation client - prestataire qui se sont conçus en tant qu’outils d’assis-
sions sont : met en place entre les métiers et la tance à la décision pour les instances
DSI : dirigeantes de la DSI. La mesure du

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degré de criticité métier des diffé-
rents composants du SI permet ainsi
de mieux définir les priorités :
BSM vs. BAM
Le concept de BAM, Business Activity Monitoring (supervision des
ssur quels composants techniques
activités métiers), comprend l’acquisition, l’agrégation, l’analyse et
concentrer les efforts de traitement
la présentation en temps réel de données associées à des processus
des incidents et des problèmes ?
d’entreprise (typiquement des séquences de valeurs temporelles et leur
évolution). Ces données sont souvent obtenues dans le cadre d’un pro-
sComment assurer le capacity
cessus d’entreprise modélisé par des activités amont de BPM, Business
planning des ressources tech-
Process Management (gestion des processus métiers).
niques en lien avec l’activité de
l’entreprise ?
Le BAM renvoie donc aux tâches de suivi des processus métiers. Son
objectif consiste notamment à s’assurer de la performance de ces der-
sQuels nouveaux services mettre en
niers au regard de leur niveau de criticité. Une solution de BAM com-
production et à quelle échéance ?
prend typiquement un tableau de bord dans lequel apparaissent des
indicateurs de performance dont le but est de synthétiser et mesurer
Quels apports par rapport au
en continu le bon fonctionnement général des activités et processus
Service Level Management ?
clés de l’entreprise. Le BAM se différencie donc du BSM dans le sens
Le BSM va au delà de la logique clas-
où ce dernier est d’abord centré sur une dimension de service client :
sique de Service Level Management
il agrège des données techniques et les présente d’un po int de vue
(SLM) qui se limite à la supervi-
orientée métier.
sion des composants techniques
du système d’information (hard-
ware, système, bases de données,
modules applicatifs, infrastructures
réseaux…).

Aux deux approches classiques


mises en œuvre dans le cadre du
SLM (reproduction du comportement
d’un utilisateur afin de contrôler la
disponibilité et/ou la rapidité d’accès
d’une application d’un côté et moni-
toring des composants techniques
de l’autre), le BSM adjoint un niveau
d’analyse complémentaire permet-
tant de faire le lien direct entre un
service IT et ses impacts sur l’activité
de l’entreprise.

Au sein d’infrastructures techniques


de plus en plus complexes, les appro-
ches de monitoring traditionnelles ne
permettent pas de réaliser un suivi de
bout en bout des services délivrés.
La valeur ajoutée du BSM réside dans
le fait qu’il prend en compte l’en- au niveau de la Direction des opé- venir se substituer à des unités d’œu-
semble des composants techniques rations en lien avec ses Infogérants, vre historiquement liées aux compo-
impliqués dans la production d’un avec qui l’usage d’indicateurs métiers sants IT).
service donné. tend à se généraliser, pour le suivi de
la qualité comme pour la facturation
Initiée entre la DSI et ses clients inter- des prestations (des unités d’œuvre
nes, il est intéressant de noter que de facturation directement représen-
cette pratique se décline désormais tatives de l’activité du client peuvent

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L’organisation de la production
Le Sourcing des études

Des relations agiles avec les études

La Direction des opérations IT est


le centre de services infrastructures
L’entité « atelier de tests et d’intégration
d’une entreprise. Elle l’est égale- et SAS de production » peut être considérée
ment vis-à-vis des Études en charge
de construire et faire évoluer les
comme la structure de validation technique
applications : elle doit notamment transverse aux Directions études et des
assurer le bon fonctionnement des
environnements dédiés aux travaux
opérations IT
de développement.
réagir, de transmettre l’information que la disponibilité des informa-
En partenariat avec les Études, elle et la connaissance et d’arbitrer les tions et documentations permet-
répond aux attentes des métiers décisions tant d’assurer cette fonction. Le
concernant les évolutions de leur SI SAS de production se positionne
en assurant les mises en production Cet « atelier de test et d’intégration en tant que client des Études et
dans les délais et avec les niveaux de et SAS de Production » a la responsa- valide que le système livré répond
qualité attendus. La prise en compte bilité de l’intégration technique des à ses besoins et donc offrira les
des contraintes de production dès systèmes applicatifs, aussi bien en garanties de qualité attendues par
l’amont des projets est un élément mode projet qu’en TMA. Elle doit vali- les métiers.
clé pour sécuriser les mises en pro- der, dans un environnement dédié,
duction et l’exploitation future des le bon fonctionnement des systèmes Une fois cette intégration technique
applications. applicatifs livrés par rapport à l’en- validée, la bascule du système appli-
semble du système d’information et catif de l’environnement de recette
Fluidifier les mises en ce, selon trois axes de tests : vers l’environnement de production
production est assurée par la Direction des opé-
Dans un jeu de contraintes multiples sdeux axes assurés par l’ATI : l’in- rations IT.
dont la Direction des opérations IT tégration qui permet de vérifier la
est le dernier maillon (respect de bonne communication technique Une approche collaborative
délai de mise en production, qualité entre les systèmes applicatifs et la structurée
des travaux, maîtrise des nouvelles vérification des performances des Cette entité « atelier de test et d’inté-
technologiques et de leurs outils…), transactions interactives et des trai- gration et SAS de Production » peut
la création d’un Atelier de Test et tements automatisés ; être considérée comme la structure
d’Intégration (ATI) et d’un SAS de de validation technique transverse
Production, composé d’équipes sun axe assuré par le SAS de produc- aux Direction études et Direction
mixtes « Études » et « Production » tion : la validation de l’exploitabilité des opérations IT, arbitre nécessaire
fluidifie le passage de relais entre les des systèmes (gestion des traite- entre les délais de mise en pro-
deux parties et allège le poids des ments informatisés, supervision, duction demandés par les métiers,
contraintes. Il devient plus aisé de maintenance, sauvegarde), ainsi les contraintes des acteurs de ces
mises en production et la garantie
de qualité minimum requise. C’est
Emergence de l’Atelier de Tests et d’Intégration une structure solidaire (Études et
Production) garante de la qualité et
des délais vis-à-vis des métiers : la
responsabilité de la mise en produc-
tion des évolutions est ainsi prise de
manière conjointe et solidaire.

Il n’y a pas de règle émergente


aujourd’hui pour définir le ratta-
chement de cette entité transverse
dans les sociétés. En revanche, on
commence à voir des sociétés de ser-
vices se positionner sur ce domaine
en proposant des offres couvrant ces
activités au sein des entreprises.

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Une meilleure adhérence avec les métiers

Un déficit de communication
Que le SI fonctionne est souvent
considéré comme naturel par les
métiers, même si dans les faits cela
implique des efforts quotidiens pour
la Direction des opérations. D’un
autre côté, lorsque des incidents
viennent perturber les services, la
Direction des opérations est pointée
du doigt (à tort ou à raison). Il existe
souvent un déficit de communication
entre Direction des opérations IT et
entités métiers.

Qu’il s’agisse de services récurrents


(gestion de la disponibilité du SI,
gestion des traitements applicatifs
récurrents…) ou de services plus
spécifiques destinés à sécuriser les
activités opérationnelles (implémen-
tation et maintien en conditions opé- Une meilleure adhérence des métiers sentant un impact ponctuel ou per-
rationnelles de PRA/PCA, archivage avec la production passe par la mise manent sur les activités métiers ;
de données et remise à disposition en œuvre d’instances de gouvernance
à la demande…), ce sont dans leur DSI / métiers et par l’implication de sde traiter les demandes non stan-
majorité des services dits de back-of- la Direction des opérations au sein dards émises par les métiers et de
fice (à l’exception notable du service de ces instances. suivre l’avancement des projets
desk) offrant peu de visibilité vis-à- en cours (arbitrages et priorisa-
vis des utilisateurs finaux (sauf en La gouvernance de la relation entre la tion des actions, validation des
cas d’incident…). Direction des opérations IT, voire la plannings…) ;
DSI, et les métiers peut être assuré
Par ailleurs on constate que la par le Responsable de compte client sde prendre en compte et de gérer
Direction des opérations IT a trop et un comité de pilotage permet sou- les éventuels litiges ;
peu de relations directes avec les vent de formaliser le fonctionnement
entités métiers, ces dernières étant de la relation, de préparer et d’organi- sde présenter et de vendre aux
plus naturellement en contact avec la ser les projets métiers et d’entériner métiers les services de la Direction
Direction des études qui traite leurs les décisions en connaissance des des opérations IT (et plus largement
problématiques fonctionnelles. contraintes de chacune des parties. ceux de la DSI).

Gouverner, anticiper et L’instanciation de la gouvernance Les bénéfices de cette gouvernance


communiquer DSI / métiers au niveau Direction pour les métiers résident alors
Une meilleure information et une des opérations IT / représentants dans :
meilleure anticipation des actions opérationnels des utilisateurs doit
permettraient en premier lieu d’éviter permettre : sune réduction des risques
des accidents classiques tels que : opérationnels ;
sd’assurer le reporting de la qualité
sla réalisation d’opérations de main- des services délivrés auprès des sune amélioration des performan-
tenance programmée (entraînant métiers : présentation des niveaux ces et une véritable création de
des interruptions de service) sans de services atteints et fourniture des valeur ;
information des métiers, indicateurs opérationnels néces-
saire aux métiers pour le pilotage sune optimisation des processus de
sdes mises en production retardées de leur activité ; « production informatique » orien-
par manque de remontées d’in- tés clients.
formations vers les équipes de la sde communiquer les contraintes de
Directions des opérations IT. la Direction des opérations IT pré-

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L’organisation de la production
Le Sourcing des études

Quelle stratégie de sourcing pour la


Direction des opérations ?

L’eSourcing IMS et ses risques sproximité métier, criticité et stabi- (gestionnaire d’application, respon-
De nombreuses fonctions de la lité du composant concerné (appli- sable d’architecture…) ne sont pas
Direction des opérations IT sont cation, serveur…) ; externalisables.
aujourd’hui externalisables dans
le cadre de contrats d’eSourcing sniveau de complexité des presta- Le double enjeu pour la Direction des
IMS (Infrastructure Management tions attendues ; opérations est ensuite d’améliorer la
Services). Dans ce cadre, les princi- qualité de service tout en réduisant
pales craintes clients restent : sniveau de standardisation, d’in- ses coûts. Faire « mieux pour moins
dustrialisation et de mutualisation cher » est possible à la condition
sle monopole du prestataire : le client acceptable ou envisageable ; d’atteindre un fort niveau de stan-
se trouve dans une situation de dardisation, d’industrialisation et de
dépendance vis-à-vis d’un seul et sdegré de complexité d’une réversibi- mutualisation des prestations. Cette
unique prestataire unique ; lité potentielle et montant des coûts réussite passe donc par l’adaptation
de reprise/transfert associés. des applications et prestations aux
sla perte de contrôle : le client souf- conditions de fonctionnement dans
fre d’une érosion des compétences La combinaison des critères va les usines des prestataires, et non
et des expertises internes, et n’est induire le niveau d’externalisa- l’inverse. Ces paramètres doivent
plus en situation de maîtriser la tion envisageable. Une application rentrer en ligne de compte lors de
gouvernance du contrat ; innovante et non stabilisée ou une l’établissement ou la revue d’une
application critique et complexe ne stratégie de sourcing : le niveau de
sle statu quo : le client n’a pas béné- pourront faire l’objet d’une externa- « spécifique » attendu ainsi que les
ficié des transformations et innova- lisation complète, seules certaines contraintes potentiellement impo-
tions initialement attendues, ni des prestations pourront être confiées à sées au prestataire en termes de
gains qui leurs avaient été associés un prestataire : hébergement, moni- mutualisation peuvent rendre l’opé-
lors de la signature du contrat. toring et exploitation, administration ration peu intéressante du point de
de certains composants de l’infras- vue économique.
Pour prévenir l’ensemble de ces tructure… Les applications matures
risques, il est fondamental pour la et industrialisées sont quant à elles Par ailleurs dans le cas de prestations
Direction des opérations IT de défi- candidates à un niveau d’externali- très spécifiques, une double problé-
nir et de réviser régulièrement sa sation plus complet. Cependant, et matique entre en ligne de compte :
stratégie de sourcing à l’aune de ses quelle que soit l’application, les fonc-
objectifs propres, mais surtout des tions ayant une très forte proximité sles compétences spécifique-
objectifs globaux de l’entreprise. métier ou un caractère stratégique ment mises en œuvre doivent-
Ainsi, nous constatons actuellement
deux tendances lourdes :
Quels services externaliser en fonction
sun renforcement des équipes inter- de la typologie des applications ?
nes sur les aspects métiers, choix
d’architecture et gouvernance ;

sune remise à plat du lotissement


des services confiés au travers des
contrats d’eSourcing.

Critères de définition de la
stratégie de sourcing
Dans la pratique, la définition de la
stratégie de sourcing (ainsi que sa
déclinaison opérationnelle) doit se
baser sur une analyse des critères
suivants pour chaque composant
du SI :

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elles être conservées au sein de
l’entreprise ? Exemple de lotissement des prestations
sle prestataire sera-t-il en mesure
d’offrir et de maintenir une
meilleure qualité de service ?

Enfin, il est nécessaire lorsqu’on éta-


blit sa stratégie de sourcing d’antici-
per la réversibilité des prestations.
Lorsque le contrat arrive à échéance
(ou qu’il est interrompu en cours de
route), la reprise des activités en
interne ou par un autre fournisseur
est critique et doit avoir été envisagée
dès le départ. Dans ce cadre il est
fondamental, avant toute externali-
sation, de mesurer le coût de réver-
sibilité ainsi que les risques associés.
Toute prestation qui présenterait des
coûts et/ou des risques de reprise éle-
sd’une souplesse dans la gestion Par exemple, mettre en oeuvre une
vés peut potentiellement être écartée
des évolutions de la stratégie de structure avec un prestataire princi-
d’un plan d’externalisation.
sourcing : lors de l’externalisation pal et des prestataires secondaires
d’un nouveau lot ou la réversibilité appariés par le client et contractuelle-
Vers une remise à plat du
d’un lot existant, la sélection et le ment liés entre eux permet de limiter
lotissement des services
choix d’un prestataire se trouvent les problèmes liés à la gouvernance
Éviter le risque de dépendance vis-
facilités. simultanée de plusieurs prestataires.
à-vis d’un prestataire unique tout en
En règle générale, les lots tactiques
disposant du « meilleur » prestataire
Pour ce faire, les contrats doivent (transformations, coordination inter-
sur chaque périmètre externalisé
être rédigés selon une logique de lots…) seront confiés au prestataire
(nous entendons par meilleur celui
pointillés, rendant « perméables » les principal, les lots de services récur-
qui offre la meilleure réponse aux
frontières entre les territoires d’exter- rents pourront être confiés à des pres-
enjeux du périmètre confié) néces-
nalisation, afin de faciliter une réat- tataires secondaires spécialisés sur
site de constituer le bon lotissement,
tribution concrète des lots sur sim- un cœur de métier spécifique.
véritable attribution tactique des ter-
ple choix du client. Même lorsqu’on
ritoires externalisés.
choisit un prestataire unique, il est Il peut aussi être intéressant de
recommandé de conserver une appro- constituer une instance spécifique
Le lotissement doit être constitué :
che de lotissement des prestations. chargée de suivre et d’atténuer les
Ce lotissement sera établi au travers risques de crise. Cette instance aura
sde périmètres équilibrés en terme
d’une matrice des services mettant pour rôle de surveiller les liens établis
de montant des prestations, afin
en concordance des silos de services entre lots, les adhérences entre péri-
de pouvoir attribuer le lotissement
et des périmètres d’exécution. mètres, et de prendre les décisions
entre les prestataires tout en limi-
permettant l’évitement des crises.
tant les risques financiers ;
Une gouvernance renforcée Dans ce cadre, le command center
L’externalisation de prestations par la opérationnel » est la pierre angulaire
sd’espaces de mise en concurrence
Direction des opérations IT nécessite pour garantir la coordination des
entre prestataires, comme par
de mettre en œuvre une gouvernance différentes usines en charge de la
exemple la possibilité de « récom-
spécifique du sourcing. Les relations production des services.
penser » les prestataires qui hono-
entre les différents lots confiés à des
rent leurs engagements en leur
prestataires ou conservés en interne Enfin, le référentiel eSCM favorisera
attribuant de nouveaux lots et de
doivent être formalisés pour éviter les une relation saine entre client et pres-
« sanctionner » les autres en leur
états de crise permanents dus aux tataires en garantissant l’utilisation
retirant des lots ;
« incidents de frontière ». d’un référentiel commun des prati-
ques de gouvernance du sourcing.

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L’organisation de la production
Le Sourcing des études

Aspects économiques et financiers

Principales sources de gains des opérations IT le plus en amont La transformation est progressive
L’un des principaux objectifs assi- possible dans les phases d’évolution et continue, ce notamment dans le
gnés à la Directions des opérations IT du SI existant – ou de conception cadre des contrats d’eSourcing où
reste (et restera) de réduire les coûts d’un nouveau SI – permet, comme elle doit être anticipée d’un point de
d’exploitation et d’administration du nous l’avons vu précédemment, vue contractuel. Le client s’engage
SI. Dans ce cadre, la Directions des d’assurer un service aligné avec la sur la base d’un projet de transforma-
opérations IT dispose de trois princi- stratégie métier, mais aussi d’optimi- tion clairement identifié et détaillé.
paux leviers : ser financièrement la construction et Aujourd’hui la mise en place des
l’exploitation de ce SI. classiques « gains de productivité »
stransformer : en industrialisant et contractuels n’est plus suffisante.
en standardisant l’exploitation du Enfin, la capacité de choisir toujours
SI pour réduire les coûts directs de le juste niveau de service est égale- Démontrer le ROI des projets de
production des services à volume et ment un élément d’optimisation des transformation
qualité constants ; coûts. Il faut être en mesure d’ajuster Les projets de transformation nécessi-
les niveaux de service aux besoins tent des investissements conséquents
sminimiser les coûts indirects : en réels, afin de ne pas payer de la « sur souvent mal justifiés parce que pré-
menant des actions ciblées pour qualité ». Ceci est particulièrement sentés d’un point de vue trop tech-
maîtriser les errances et deman- vrai pour tous les services ayant un nique auprès des Directions métiers
des des utilisateurs ainsi que les fort impact sur les coûts. ou des Directions générales.
risques portant sur le SI (portabi-
lité, flexibilité…) ; Principaux axes de Aussi, la Direction des Opérations
transformation IT se doit de constituer un business
sadopter une démarche d’amélioration Les principaux axes de transforma- case pour chacun des projets de
continue : pour garantir le dimen- tion de l’exploitation et de l’adminis- transformation afin :
sionnement optimal des infrastruc- tration du SI sont actuellement :
tures et le juste niveau de service. sd’être en mesure de justifier les
sl’implémentation des meilleures gains attendus face aux investisse-
En fonction du niveau d’industria- pratiques des référentiels eSCM, ments à mettre en œuvre ;
lisation initial des prestations une ITIL, ISO 27001, notamment pour
cible de 15 % de réduction des coûts être en conformité avec les usines sde caractériser clairement l’impact
récurrents n’est pas irréaliste. Nous de production des prestataires ; positif des transformations sur les
estimons qu’à la cible, environ 70 % services délivrés aux métiers ;
des prestations d’exploitation et d’ad- sla mise en œuvre de transforma-
ministration sont standardisables au tions techniques (virtualisation, sd’obtenir l’adhésion des métiers
sein des usines prestataire. consolidation, mutualisation…) ; afin qu’ils deviennent sponsors de
ces projets.
La réduction des coûts indirects sla rationalisation des outils de ser-
passe par des actions en profondeur vice management par la mise en L’exercice n’est pas toujours simple,
sur le système d’information pour par œuvre de solutions standardisées mais il est salutaire.
exemple diminuer le niveau d’inci- et mutualisées.
dents, ou par des actions de for-
mation auprès des utilisateurs pour
limiter les interventions coûteuses Les transformations et transferts successifs
de support. Prévenir la survenue de
coûts exceptionnels liés à l’obsoles-
cence ou à la non portabilité du SI
doit aussi faire l’objet d’une atten-
tion particulière. Dans ce cadre, il
est fondamental de mettre en place
une veille technologique, et d’anti-
ciper les contraintes d’exploitation,
d’administration, de support et de
sécurité du SI dès sa conception.
Ainsi, l’implication de la Directions

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En conclusion
Vers un changement de paradigme

La Direction des opérations IT, en etc…) est fondamentale. Et ce SI nouveaux talents pour réussir plei-
tant que responsable des opérations est de fait constitué d’applications nement sa mutation.
récurrentes du système d’informa- interconnectées, où la bonne circu-
Finalement, la Direction des opéra-
tion, vit de grandes transformations : lation des flux et l’enchaînement des
tions IT doit apprendre une nouvelle
la continuité de la disponibilité phases de traitement implique une
langue : elle sait (très bien) parler
du fonctionnement du SI devient vision unifiée, trans-technologies des
technique, il faut qu’elle parle dans
une des premières priorités de la activités d’exploitation.
le langage de l’entreprise à savoir
DSI, et peut même parfois prévaloir
La Direction des opérations doit offrir projet, business case et retour sur
sur la mise en œuvre de nouvelles
la visibilité sur son activité, gérer la investissement. La montée des atten-
fonctionnalités ; ainsi les opérations
relation avec ses clients, s’engager tes des DSI et de leurs clients en
deviennent un acteur qui n’intervient
sur des niveaux de services révisés matière d’innovation technologique
plus en bout de chaîne, sur le mode
régulièrement, disposer de process de la DSI est un exemple qui montre
« l’intendance suivra », mais un par-
fiables et aussi de mécanismes bien que l’attente est là du côté des
tenaire important en lien direct avec
apportant souplesse et réactivité : utilisateurs.
les métiers au quotidien : la Direction
en un mot concilier industrialisation
de la production, rebaptisée Direction
Autre illustration, les projets d’infras-
des activités et mutualisation des
des opérations est garante d’un ser-
tructures font maintenant partie du
ressources avec une écoute client et
vice informatique global et stable
portefeuille de projets géré dans les
une participation aux projets dès les
pour l’enteprise.
organisations matures.
phases amont de ces derniers.
L’organisation qui se met en place
Certains pourront regretter la fin
Ce changement de paradigme passe
est donc « orientée services » et non
d’une « tour d’ivoire », d’un bastion
par une mutation de l’organisation
plus basée sur une décomposition
à part au sein même des DSI : l’enjeu
dans une approche résolument orien-
technologique de l’exploitation des
n’est pas de diminuer l’importance
tée service (alignement des objectifs
infrastructures.
de la nécessité de compétences tech-
de la Direction des opérations à ceux
niques au sein des organisations de
Parce que la Direction des opérations de l’entreprise, mise en oeuvre d’une
production, mais bien au contraire de
est d’abord constituée de « techni- gestion de la relation client, implé-
devenir un partenaire des décisions
ciens », les aspects purement tech- mentation de Centre de Services
concernant le SI, dont l’apport est
niques ou technologiques ont trop Partagés…) mais aussi par un renou-
intelligible par toutes les entités et
naturellement tendance à prendre vellement significatif des compéten-
reconnu par les décideurs.
le pas sur le reste des activités de ces. Les métiers de la production
gestion récurrente du SI. La compré- informatique ont trop longtemps été
hension des enjeux métiers liés au considérés comme rébarbatifs et trop
bon fonctionnement du SI exploité peu mis en valeur au sein des cursus
(impact d’un arrêt, maîtrise des de formation. La Direction des opé-
processus de restitution du service, rations IT doit attirer désormais de

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L’organisation de la production
Le Sourcing des études

Lexique

Administration modèles et les stratégies de l’appro- seront fournis et les responsabilités


Désigne l’ensemble des activités, visionnement en service. L’eSCM-CL des deux parties. Par exemple, il doit
récurrentes et en mode projet, a été développé par Carnegie Mellon y avoir un OLA :
contribuant à maintenir opération- University.
nel l’environnement d’exploitation sentre le fournisseur de services IT et
des instances système, systèmes Voir eSCM-SP. un service Achats afin d’obtenir le
applicatifs et autres équipements du matériel dans les délais attendus ;
système informatique (sauvegardes, eSourcing Capability Model for
routeurs, …). Service Providers (eSCM-SP) sentre le centre de service et un
Référentiel destiné à aider les four- groupe d’assistance afin de fournir
Catalogue de services nisseurs de services IT à développer la résolution d’un incident dans les
Base de données ou document struc- leur capacité de gestion des services délais attendus.
turé comportant des informations IT à partir d’une perspective d’appro-
sur tous les services IT réels, dont visionnement en service. L’eSCM-CP Voir Service Level Agreement (SLA).
ceux qui sont disponibles pour leur a été développé par Carnegie Mellon
déploiement. Le catalogue des servi- University. Service informatique
ces est la seule partie du portefeuille Il s’agit d’un service fourni à un ou
des services rendue publique aux Voir eSCM-CL. plusieurs clients par un fournisseur
clients, et sert de support de vente de services IT. Un service IT est basé
et de fourniture des services IT. Le Exploitation sur l’usage de technologies de l’in-
catalogue des services comprend des Ensemble des activités récurren- formation et soutient les processus
informations sur les livrables, les prix, tes assurant le fonctionnement des métier du client. Un service des TI
les points de contact, les processus instances système et des systèmes est composé d’une combinaison de
de commande et de demande. Voir applicatifs. Parmi ces activités, le personnes, de processus et de tech-
Portefeuille des contrats. pilotage consiste à surveiller le bon nologies ; et doit être défini dans un
fonctionnement des systèmes et à Service Level Agreement (SLA).
Cycle de vie de la gestion du assurer l’exécution des tâches pré-
(des) service(s) vues au plan de production. Pour les Service Level Agreement (SLA)
Approche de la gestion des services systèmes applicatifs, ces activités Accord entre un fournisseur de ser-
IT qui met l’accent sur l’importance commencent après la mise en exploi- vice IT et un client. Le SLA décrit
de la coordination et des contrô- tation des applicatifs dans le cadre le service IT, documente les cibles
les pendant les diverses fonctions, de l’administration et vont jusqu’à la de niveau de service et spécifie les
processus et systèmes nécessaires production des résultats et leur trans- responsabilités du fournisseur de
pour gérer le cycle de vie complet mission aux destinataires. service des IT et du client. Un seul
des services IT. Le cycle de vie de SLA peut couvrir plusieurs services IT
la gestion du/des service(s) est une Externalisation (outsourcing) ou plusieurs clients. Voir Operational
approche qui prend en compte la Utiliser un fournisseur de services Level Argeement (OLA).
stratégie, la conception, la transi- externe pour gérer les services IT.
tion, l’exploitation et l’amélioration
des services IT. Operational Level Agreement
Accord entre un fournisseur de servi-
eSourcing Capability Model for ces IT et une autre partie de la même
Client Organisations (eSCM-CL) organisation. Un OLA soutient la
Référentiel destiné à guider les livraison du fournisseur de services
organisations dans leurs analyses IT en services aux clients. L’OLA
et leurs prises de décisions sur les définit les biens ou les services qui

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À propos de Solucom

Solucom est un cabinet indépendant


de conseil en management et système
d’information.
Ses clients sont dans le top 200
des grandes entreprises et
administrations. Pour eux, le cabinet
est capable de mobiliser et de
conjuguer les compétences de près
de 1000 collaborateurs.
Sa mission ? Porter l’innovation au
cœur des métiers, cibler et piloter les
transformations créatrices de valeur,
faire du système d’information
un véritable actif au service de la
stratégie de l’entreprise.
Solucom est coté sur NYSE Euronext
et a obtenu la qualification entreprise
innovante décernée par OSEO
Innovation.
Pour en savoir plus, www.solucom.fr

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