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Autres ouvrages
Lecture radiologique aux urgences : l'indispensable, P. Raby, 2016, 2e édition, 380 pages.
Imagerie de la colonne vertébrale et de la moelle épinière, F. Lecouvet, G. Consard, J.-L. Dietemann, 2016,
3e édition, 352 pages.
Traité d'imagerie vasculaire, F. Joffre, 2015, 1re édition, 648 pages.
Echo-Doppler vasculaire et viscéral, M.-F. Bellin, P. Legman, 2015, 1re édition, 400 pages.
Radioprotection en milieu médical, Y.-S. Cordoliani, 2014, 3e édition, 248 pages.
Echographie en urgence pour le radiologue, M. Bléry, 2014, 1re édition, 160 pages.
Imagerie musculosquelettique : pathologies générales, A. Cotten, 2013, 2e édition, 1064 pages.
Guide des positions et incidences en radiologie ostéoarticulaire, M. Sobczyk, 2013, 1re édition, 360 pages.
Comprendre l'IRM, B. Kastler, D. Vetter, 7e édition, 2011, 408 pages.
GUIDE
des technologies
de l’imagerie médicale
et de la radiothérapie
Quand la théorie éclaire
la pratique
Jean-Philippe Dillenseger
Elisabeth Moerschel
Claudine Zorn
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays.
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent
ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les repro-
ductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, les courtes
citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4,
L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
V
Préface à la deuxième édition
C’est avec un grand plaisir et un grand honneur que l’université de Strasbourg (UDS) voit naître la nouvelle édition du
« best-seller » conçu initialement avec enthousiasme par Jean-Philippe Dillenseger et Élisabeth Moerschel, consacré aux bases
physiques des techniques d’imagerie médicale (radiologie, médecine nucléaire) et de radiothérapie qui a comblé un vide
éditorial de plusieurs décennies et qui a permis d’emblée de situer le haut niveau de connaissance requis pour la validation
du diplôme et l’exercice de cette profession « d’adjoint paramédical » dont la dénomination officielle, manipulateur en élec-
troradiologie médicale (MERM), souvenir des temps anciens où l’imagerie se limitait à la radiographie standard, n’est plus
qu’un pâle reflet de la réalité quotidienne du métier. Les connaissances mises à la disposition des étudiants dans cet ouvrage
correspondent parfaitement aux exigences de la réforme de l’enseignement du diplôme récemment mise en œuvre conjoin-
tement par les ministères des Affaires sociales et de la Santé et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche qui permettent
l’obtention simultanée du diplôme de MERM et du grade de licence. Du fait de l’universitarisation de la formation, les respon-
sables de l’enseignement du diplôme de MERM se doivent d’une part de répondre aux exigences universitaires et être titu-
laires de masters et de doctorats dans les domaines de la physique, de l’imagerie médicale, de la radioprotection ou encore
de la radiothérapie et d’autre part de guider les étudiants vers la recherche.
Les connaissances fondamentales exigées pour l’obtention du diplôme de MERM sont proches de celles enseignées dans le
cadre du DES de radiologie et d’imagerie médicale comme le confirme le grade de licence. La multiplication des techniques
d’imagerie, basées sur des principes physiques souvent très différents (radiations ionisantes, résonance magnétique nucléaire,
ultrasonographie), rend l’enseignement et l’acquisition des connaissances plus complexes. La généralisation de l’image numé-
rique avec ses possibilités de post-traitement, d’archivage et de transmission d’images ajoute de nouvelles fonctions au métier
de MERM ; une bonne connaissance de l’anglais est indispensable pour une utilisation optimale des équipements. La protec-
tion du patient et du personnel soignant est basée sur une connaissance actualisée des effets délétères des radiations ioni-
santes mais aussi des ondes électromagnétiques (IRM) et ultrasonores (échographie), des principes de la radioprotection
ainsi que des textes réglementaires. Les règles d’utilisation des produits de contraste, leurs complications potentielles et la
participation à la gestion urgente de certains effets secondaires font partie intégrante de la mission du MERM. La radiothéra-
pie répond certes à des contraintes spécifiques mais elle intègre de plus en plus les données de l’imagerie diagnostique mul-
timodale à la programmation des traitements par les radiations ionisantes.
La rédaction de cette deuxième édition de l’ouvrage associe Claudine Zorn à Élisabeth Moerschel et Jean-Philippe Dillenseger ;
les auteurs ont bénéficié de l’apport de l’expertise d’un certain nombre de collaborateurs spécialisés, ce qui reflète l’évolution
nécessaire de cette profession vers une sur-spécialisation indispensable au développement et à la mise en œuvre des tech-
niques les plus performantes. Le contenu de cet ouvrage offre aux étudiants en formation initiale mais également à tous ceux
qui exercent la profession depuis un certain nombre d’années, les bases de cette spécialisation, mais a également été adapté
aux exigences des besoins d’étudiants ingénieurs, de radiophysiciens et de médecins spécialisés en imagerie médicale dia-
gnostique et thérapeutique (radiologie, médecine nucléaire et radiothérapie).
Le fruit de ce travail d’équipe, qui couvre toutes les techniques d’imagerie diagnostique et interventionnelle et la radiothéra-
pie confirme la mutation définitive vers la numérisation et sera pour les prochaines années un document de référence pour
un enseignement de qualité des futures générations de MERM et de diplômées de l’université, qu’elles suivent la formation
au sein des écoles de manipulateurs (DE) ou par la voie du DTS (diplôme de technicien supérieur).
Cette nouvelle édition, enrichie de plus de 100 pages et de plus de 100 figures, est disponible en version électronique pour
tablettes, avec des références bibliographiques actualisées en fin de chapitre et une liste alphabétique de 200 termes ou
acronymes techniques traduits en anglais. En imagerie diagnostique, les principes physiques de plusieurs innovations techno-
logiques sont introduits ou modifiés (post-traitements, EOS, tomosynthèse, reconstructions itératives, acquisition biénergie,
cone beam, échographie et Doppler, techniques de suppression du signal de la graisse en IRM, artéfacts…). En radiobiologie
et en radioprotection, l’ouvrage actualise les connaissances théoriques et les textes juridiques réglementaires.
Cette mise à jour d’un ouvrage de base indispensable pour la formation des nouvelles générations de MERM ouvre également
la porte à la formation initiale des médecins qui se destinent à l’imagerie médicale et à la radiothérapie et offre de nouvelles
perspectives universitaires aux professions paramédicales.
Professeur Jean-Louis DIETEMANN
PU-PH – chef de service, hôpitaux universitaires de Strasbourg
VII
Préface : partie radiothérapie
(2009)
Encore un livre « médical » diront certains ! Oui, peut-être, mais quel livre ! Didactique, clair, raisonné et raisonnable.
Les chapitres de radiothérapie ont focalisé mon intérêt. Ce livre apporte des données historiques, contemporaines de l’infras-
tructure technique, de l’environnement humain et du contexte administratif de la radiothérapie. Malgré des thèmes peu aisés
à développer d’une spécialité considérée comme lourde et un peu officieuse, les auteurs abordent chacun des sujets avec une
maîtrise qui allie leur grande connaissance, leur expérience et des années d’enseignement.
Manipulateur en électroradiologie, si la terminologie paraît ancienne, elle cache l’une des professions qui a connu le plus
d’évolution depuis sa création. Cette évolution est décrite dans le texte et transparaît dans la modernité des illustrations
précises et compréhensibles qui s’associent à des photographies anciennes que l’on imagine jaunies. Les références des sites
Internet seront d’une grande utilité aux curieux et prouvent la volonté des auteurs à ouvrir les étudiants dans ce monde
complexe de la radiothérapie en décloisonnant les murs de l’école. Construire le présent avec le passé comme fondation et
imaginer l’avenir avec le présent comme soutien semblent les objectifs de ces chapitres. Une bien belle vision de
l’enseignement !
Un livre pour les manipulateurs fait par les manipulateurs et leurs enseignants. D’aucuns pourraient y voir la simplification
voire des données simplistes, loin de là, très loin de là ! Les descriptions sont soignées, les explications très poussées si bien
que les encadrés « pour aller plus loin » paraissent couler de source, comme une évidence.
Soyons honnête, ce livre se lit aisément, comme un roman ; la suite des chapitres raconte la radiothérapie, le parcours du
malade, l’évolution des choix qui conduisent au traitement optimal. Chaque point abordé est nécessaire à l’équilibre du livre
et à la compréhension des données du chapitre qui suit. Quels plaisirs aussi de lire des chapitres qui peuvent paraître parfois
si rébarbatifs aux étudiants et élèves : la radiobiologie et la radioprotection. Tout est finalement si simple.
Il ne faut pas en douter, les auteurs aiment leurs élèves et ont de l’enthousiasme à exercer leur métier, cela se lit ! Alors les
élèves aimeront ce livre et auront du bonheur à apprendre. Ce livre a un avenir et pas seulement chez les élèves manipula-
teurs, gageons que les étudiants en radiothérapie s’y plongeront comme dans une nécessaire connaissance, base d’un savoir
à cultiver.
Toujours les manipulateurs viendront de différentes écoles, points de reconnaissance, mais ils diront « j’ai appris dans le
Moerschel et Dillenseger » signe de ralliement au même objectif : donner le meilleur pour le patient.
Professeur Georges NOËL
PU-PH, Centre Paul Strauss – Strasbourg
IX
Préface : partie médecine
nucléaire (2009)
L’écrit de Carole Dreyer et Claudine Zorn est destiné non seulement aux étudiants manipulateurs mais sera aussi utile à
toutes celles et ceux qui, étant plus avancés dans la carrière, souhaitent rafraîchir leurs connaissances en imagerie fonction-
nelle nucléaire avec la mise en place récente dans les services de médecine nucléaire d’appareils d’imagerie médicale hybrides
TEP-TDM et TEMP-TDM combinant deux modalités (radiologique et scintigraphique).
Les objectifs que se sont donnés Carole Dreyer et Claudine Zorn sont de deux ordres : didactique et pratique.
La lecture de l’ouvrage montrera au lecteur attentif que ces objectifs ont été atteints avec succès. Le mérite des auteurs est
d’avoir su exposer de façon simple et succincte les concepts de base de physique nucléaire, de radiopharmacie, de technolo-
gie, de reconstruction d’image, de contrôle de qualité et enfin de radioprotection qui occupent aujourd’hui le cœur du
métier de manipulateur en médecine nucléaire compte tenu des évolutions technologiques mais aussi parallèlement de la
réglementation.
Le patient reste évidemment au centre des préoccupations car les auteurs ont su insister sur l’importance de l’attention
nécessaire à sa préparation et à son installation en vue de garantir la meilleure qualité d’acquisition des images pour obtenir
la meilleure performance diagnostique possible.
Cet ouvrage d’enseignement, fruit de l’exercice quotidien de leur métier au sein de mon service aux hôpitaux universitaires
de Strasbourg, témoigne de l’enthousiasme de Carole Dreyer et Claudine Zorn à partager et transmettre les connaissances
acquises dans l’exercice pratique de leur métier.
Professeur André CONSTANTINESCO
PU-PH, hôpitaux universitaires de Strasbourg
XI
Avant-propos
à la deuxième édition
Sept années déjà nous séparent de la première édition et, rattrapés par les évolutions techniques, il a fallu penser aux ajuste-
ments à y apporter. Nous avons essayé de tirer tout le bénéfice de ce laps de temps pour prendre la mesure des retours,
souvent positifs, des lecteurs, mais également pour réaliser progressivement une analyse critique et constructive du premier
travail.
Pour cette nouvelle édition, nous avons conservé l’esprit de la forme, appréciée en général des étudiants (illustrations nom-
breuses, niveaux de lecture différents, paragraphes courts) et, pour le contenu, nous nous sommes appuyés sur les avis de
professionnels du terrain. Les nouveautés technologiques apparues depuis la première édition (ex. : tomosynthèse, scano-
graphie spectrale, TEP-IRM, RCMI rotationnelle) ont naturellement été intégrées dans ce nouveau volume qui s’est ainsi
enrichi de plus de 100 nouvelles illustrations. L’objectif pédagogique est resté le même : rendre accessible des principes phy-
siques et des technologies complexes en limitant l’utilisation de représentations mathématiques afin de répondre à un lecto-
rat cible : les étudiants manipulateurs d’électroradiologie médicale (MERM).
L’actualité académique, de par le processus d’universitarisation des filières paramédicales, a guidé notre travail ; en effet,
l’autonomie et la réflexivité sont des objectifs à atteindre, il est donc nécessaire de mener les étudiants à l’acquisition de
bases théoriques solides mais également de les sensibiliser aux aspects réglementaires et sécuritaires. Une confiance aveugle
envers des automatismes proposés par les constructeurs ou des protocoles peut être la cause d’examens ratés, voire d’acci-
dents graves. Le MERM se doit ainsi de mener chaque acte avec réflexion en posant un regard critique sur certains automa-
tismes organisationnels ou techniques afin d’être capable d’en déceler toute déviation ou erreur et ainsi de se positionner
comme garant à la fois de qualité de l’examen mais aussi et surtout de la sécurité du patient. Cette position demande certes
une expérience pratique significative mais exige au préalable une maîtrise a minima des éléments contenus dans ce guide.
Depuis la publication du précédent ouvrage, les MERM rencontrent de nouveaux challenges. De nouvelles formes de coopé-
ration interprofessionnelle sont encouragées, les frontières entre les spécialités s’estompent, des modalités différentes se
retrouvent dans une même organisation ; par exemple les professionnels de radiothérapie et de médecine nucléaire ont vu
apparaître, voire croître, en quelques années, le nombre de scanners X dans leurs services. Il est fort probable que l’extension
des modalités d’imagerie en dehors de la radiologie se poursuivra dans ces secteurs mais également dans les blocs opératoires
avec l’extension de capteurs plans sur bras robotisés ou de scanners dédiés. Les compétences multimodales et plurisecto-
rielles des manipulateurs s’étendront encore davantage dans un avenir proche. En quelques années, nous avons assisté à une
extension des possibilités d’acquisition et de traitement offerts par les nouveaux appareils (ex. : choix plus important de
séquences et d’options accessibles en IRM, diversifications des possibilités de traitements en radiothérapie, augmentation du
nombre de traceurs disponibles en médecine nucléaire…). Dans ce contexte, la bonne maîtrise des techniques libérera le
MERM pour plus de disponibilité envers le patient. Cet ouvrage contient les éléments théoriques qui, couplés à une expé-
rience pratique conséquente, permettront d’engager le lecteur dans un processus de spécialisation disciplinaire pouvant
aboutir à des travaux de recherche spécifiques aux champs d’action de la profession.
Un lectorat nouveau s’est révélé depuis la parution de la première édition. Celui-ci regroupe plus largement toute personne
souhaitant bénéficier d’une approche générale et abordable des technologies de l’imagerie médicale et de la radiothérapie.
Les étudiants en médecine et ceux d’autres parcours paramédicaux en font partie mais également d’autres profils côtoyant le
domaine de la santé tels que les étudiants et les professionnels en ingénierie biomédicale.
Nous espérons que cette deuxième édition saura remplir les objectifs annoncés au niveau du lectorat cible, et permettra aux
autres lecteurs de trouver un contenu accessible.
Nous tenons à remercier chaleureusement les collègues de l’équipe, l’ensemble des collaborateurs ayant participé à cet
ouvrage ainsi que Mesdames Sonia KOSZUL et Stéphanie HONORÉ des éditions Elsevier Masson pour leur confiance et leur
écoute tout au long du processus éditorial. Nous remercions aussi et surtout, le professeur Jean-Louis DIETEMANN pour sa
confiance et son soutien indéfectible.
Strasbourg, février 2016
Jean-Philippe Dillenseger, Élisabeth Moerschel, Claudine Zorn
XIII
Abréviations
ACR American College of Radiology
ACTA automatic computerized transverse axial
ADC analogic digital converter
ADN acide désoxyribonucléique
ADP apparent diffusion coefficient
AFGSU attestation de formation aux gestes et soins d’urgence
Afssaps Agence française de sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé
AL amplificateur de luminance
ALARA as low as reasonably achievable
AMM autorisation de mise sur le marché
ANAP Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médicaux sociaux
ANSM Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
ARM angiographie par résonance magnétique
ARM articulations temporo-mandibulaires
ARS agence régionale de santé
ART algebric reconstruction technique
ASN Autorité de sûreté nucléaire
ASP abdomen sans préparation
ATP adénosine triphosphate
BOLD blood oxigenation level dependent
BP bande passante
C/B contraste sur bruit
CA correction d’atténuation
CAD computer assisted detection
CAN convertisseur analogique numérique
CAT computed axial tomography
CBCT cone-beam computed tomography
CCD charge-coupled device
CCM chromatographie sur couche mince
CDA coefficient de diffusion apparent
CDA couche de demi-atténuation
CEF couple écran-film
CEPS Comité économique des produits de santé
CHU centre hospitalo-universitaire
CIPR Commission internationale de protection radiologique
CIRTACI Comité interdisciplinaire de recherche et de travail sur les agents de contraste en imagerie
CLCC centre de lutte contre le cancer
CMOS complementary metal oxide semiconductor
CR compte rendu
CR computed radiography
CTDI computedtomography dose index
CTV clinical target volume
CZT cadmium–zinc–tellure
DASRI déchets d’activités de soins à risques infectieux
ddp différence de potentiel
De dose à l’entrée
DECT dual energy computed tomography
DFD ou dfpd distance foyer–détecteur
DFO ou dfo distance foyer optique
DFP distance foyer–peau
DICOM digital imaging communication in medicine
DGOS Direction générale de l’offre de soins
DLP dose length product
DMP dossier médical personnel
DP densité protonique
DR digital radiography
DR direct radiography
XV
Abréviations
XVI
Abréviations
IR iterative reconstruction
IR inversion–récupération
IRM imagerie par résonance magnétique
IRMf imagerie par résonance magnétique fonctionnelle
IRSN Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
jpeg joint photographic experts group
kerma kinetic energy released in material
LB lavement baryté
LCS liquide cérébro-spinal
Linac linear accelerator
LMNH lymphome malin non hodgkinien
LOR line of response
LSF line spred function
LSO lutetium oxyorthosilicate
LUT look up table
LYSO lutetium–yttrium oxyorthosilicate
MAR metal artifact reduction
MBIR model-based iterative reconstruction
MDT metal deletion technique
MEAH mission nationale d’expertise et d’audit hospitalier
MERM manipulateur(trice) en électroradiologie médicale
MIBG méta-iodo-benzyl-guanidine
MinIP minimal intensity projection
MIP maximal intensity projection
ML-EM maximum likelihood-expectation maximization
MLC multileaf collimator
MN médecine nucléaire
MOTSA multiple overlapping thin slab acquisition
MPR multiplanar reconstruction
MRF magnetic fingerprinting
MSCT multislice computed tomography
MTF modulation transfert function
NEMA National Electrical Manufactures Association
Nex nombre d’excitations
NFS numération formule sanguine
NIPC néphropathie induite par les produits de contraste
NRD niveaux de référence diagnostique
o.e.m. ondes électromagnétiques
OPT orthopantomographie
OPTC objet piquant tranchant coupant
OS ordered subsets
OSL optically stimulated luminescence
PA pression artérielle
PACS picture archiving and communication system
PC phase contrast
PC produits de contraste
PCI produit de contraste iodé
PCR personne compétente en radioprotection
PDL produit dose.longueur
PDS produit dose surface
PFK phosphofructokinase
PFN pulse forming network
PM photomultiplicateur
PMMA polyméthacrylate de méthyle
PMO prescription médicale obligatoire
POA particules osmotiquement actives
Propeller periodically rotated overlapping parallel lines with enhanced reconstruction
ProSET principle os selective excitation technique
PRV planning organ at risk volume
PSF point spread function
PSRPM personne spécialisée en radiophysique médicale
PTV planning target volume
QI qualité image
XVII
Abréviations
XVIII
Abréviations
XIX
Table des compléments en ligne
Des compléments numériques sont associés à ce chapitre. (Ils sont indiqués dans le texte par un picto .) Ils proposent des
vidéos. Pour voir ces compléments, connectez-vous sur http://www.em-consulte.com/e-complement/475201 et suivez les
instructions.
Chapitre 3
Vidéo e.3.1 Artefact de moulin à vent.
XXV
Imagerie médicale
Chapitre 1
Numérisation
et traitements d'images
Jean-Philippe Dillenseger
Les techniques de numérisation et de traitements d'images En imagerie médicale, certaines techniques sont intrinsè-
sont complexes et reposent sur des fondements mathéma- quement numériques, du fait des calculs nécessaires (scan-
tiques qui ne seront pas développés dans ce chapitre. Le ner X, imagerie par résonance magnétique ou IRM), et
traitement du signal et des données acquises par les appa- d'autres le sont devenues (radiologie conventionnelle).
reils d'imagerie médicale est une science moderne et spécia-
lisée ; ce chapitre a pour objectif principal de proposer au 1.2. Quelle différence y a-t-il entre un signal
lecteur novice une vue d'ensemble de l'existant. Que le lec- analogique et un signal numérique ?
teur expert ne tienne pas rigueur de la simplification, par Les phénomènes du monde qui nous entoure sont tous
endroits excessive, de notions complexes. continus, c'est-à-dire que lorsqu'ils sont quantifiables, ils
passent d'une valeur à une autre sans discontinuité :
– si l'analyse du phénomène est faite de manière continue
1. Notions élémentaires (tracé, courbe…), on parle de signal analogique ;
Ces trente dernières années ont vu disparaître du marché de – si l'on échantillonne au phénomène, à pas constant, des
nombreux objets de grande consommation qui ont été rem- valeurs d'amplitude qui sont traduites sous formes binaires
placés par d'autres, occupant la même fonction, mais utili- (0 et 1), on parle alors de signal numérique.
sant une technologie numérique. La représentation d'un signal analogique correspond donc à
Cet envahissement du « tout numérique » a commencé au un tracé continu, tandis que celle d'un signal numérique est
début des années 1980 avec l'apparition du compact disc une suite de nombres (donc manipulable par un ordina-
musical qui a évincé ses prédécesseurs comme le disque teur). Un signal numérique est plus facile à reproduire qu'un
vinyle et la cassette audio. Puis, dans les années 1990, la signal analogique, car sa copie se fait, en théorie, sans pertes.
démocratisation de l'informatique et de l'Internet a joué
un rôle majeur dans la numérisation du monde des multi- 1.3. À quoi correspondent un signal
médias (image, son, vidéo, etc.). monodimensionnel et un signal bidimensionnel ?
Le « tout numérique » s'intègre ainsi progressivement dans les Signal monodimensionnel (1D)
foyers où l'ordinateur et l'Internet occupent une place centrale
Un signal à une dimension (1D) (figure 1.2) correspond à la
(bureautique, gestion des multimédias, domotique, etc.). Les ser-
variation d'intensité (I) d'un phénomène physique
vices d'imagerie médicale ont inévitablement évolué dans ce
(intensité sonore, lumineuse, etc.) en fonction d'un seul
sens, exploitant ainsi la numérisation pour sa fidélité et son confort
paramètre (x = temps, distance, etc.) :
de stockage, de transmission et de traitement des données.
Avant d'expliquer le processus de numérisation plus en I = f(x)
détail, il est nécessaire de définir quelques notions de base ex. : signal de l'électrocardiogramme (ECG) ; sirène d'ambu-
telles que le signal, le bruit et le rapport signal sur bruit. lance ; profil d'intensité d'une image.
Signal lumineux
image numérique
Signal électrique
Figure 1.2 Exemples de signaux 1D : signal ECG (à gauche), sirène d'ambulance (au milieu) et profil d'intensité (à droite).
4
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
1.4. Qu'est-ce que le bruit ? D'où provient-il ? Ces deux items surajoutés sont appelés bruits (figure 1.4). Ils
Toute représentation d'un signal est imparfaite (en partie) sont liés aux caractéristiques technologiques propres à la
pour deux raisons : chaîne de détection et de transport du signal. La connais-
– des interférences externes peuvent dénaturer le phéno- sance des origines du bruit et la numérisation d'un signal
mène physique étudié (ex. : vent qui souffle dans un micro permettront d'en réduire ses effets.
lors d'une interview télévisée) ; 1.5. À quoi correspond le rapport signal
– les phases de détection et de transmission des informa- sur bruit (S/B) ?
tions peuvent introduire des perturbations internes
s'ajoutant au signal (ex. : souffle d'un micro dû à l'alimen- Un phénomène physique ne peut être étudié que si son inten-
tation du secteur), ce qui génère des erreurs de sité est supérieure au bruit (à son écart type) présent dans
quantification. le signal. Plus le rapport signal sur bruit (S/B) est élevé, plus le
phénomène étudié sera transmis fidèlement (figure 1.5).
Figure 1.5 Signal, bruit et rapport signal sur bruit. Le signal enregistré dans la situation 1 est plus faible que dans la situation 2.
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
Plusieurs stratégies permettent d'optimiser le rapport signal La phase de numérisation peut être soit :
sur bruit : – précoce : phénomène physique ⇒ signal électrique
– on recherche un maximum de signal en intensifiant le phé- ⇒ signal numérique ;
nomène physique d'origine, (ex. : flash d'un appareil photo) – tardive : phénomène physique ⇒ enregistrement sur sup-
et en optimisant la distance et la position des détecteurs ; port analogique ⇒ signal électrique ⇒ signal numérique
– on cherche à réduire le bruit en améliorant la qualité des (ex. : numérisation d'une photographie argentique par un
capteurs, et de la chaîne de transport du signal. Un capteur scanner plat).
de grande sensibilité est un capteur à faible niveau de bruit ;
– des préamplificateurs (figure 1.6) sont utilisés. On sait qu'au
cours du temps et de la distance parcourue, l'intensité du signal
électrique diminue d'une part, et le bruit s'accumule d'autre
2.1. Étape d'échantillonnage
part. Ainsi une préamplification précoce permet de maintenir Comment échantillonner un signal 1D ?
un S/B plus longtemps dans le temps et sur une distance. Échantillonner un signal analogique consiste à diviser celui-ci
De manière générale on cherche à développer des détec- en plusieurs « fragments » ou « échantillons » d'intensités
teurs de plus en plus sensibles et une chaîne de transmission propres. La fréquence à laquelle on « découpe » un signal se
du signal la plus courte possible. dit « fréquence d'échantillonnage ».
Si les points de mesures sont trop « éloignés » par rapport aux
phénomènes les plus fréquents du signal, un phénomène bref
2. Numérisation d'un signal ne pourra être étudié. Le signal numérisé ne sera pas fidèle au
signal d'origine par manque d'échantillons : on peut parler de
sous-échantillonnage (figure 1.7). Dans certains cas, un
Numérisation d'un signal sous-échantillonnage peut générer un signal numérique qui
La numérisation d'un signal électrique passe par trois étapes : sera « dénaturé » par rapport au signal d'origine : on parle
– l'échantillonnage ; alors de phénomène de repliement fréquentiel (figure 1.8A).
– la quantification ;
Dans ce cas, une fréquence élevée sera transmise, après
– le codage.
numérisation, sous forme de basse fréquence.
Figure 1.6. Impact d'une préamplification précoce pour le maintien du rapport signal sur bruit au court du temps et de la distance parcourue par
le signal électrique.
Intensité du signal et du bruit, sans préamplification (A), avec préamplification (B).
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
Figure 1.7 Plus la fréquence d'échantillonnage augmente, plus le signal numérisé sera fidèle au signal d'origine.
Le respect de la règle de Nyquist-Shannon permet d'éviter signifie qu'il ne présentera pas d'alternance. En respectant
l'apparition de repliement. Ce théorème est à la base de la ces conditions, on se protège du phénomène de repliement
conversion numérique des signaux. fréquentiel (aliasing).
Cette règle stipule que pour éviter tout phénomène de
repliement, la fréquence d'échantillonnage doit être égale ou Comment échantillonner une image ?
supérieure au double de la fréquence la plus élevée du signal L'échantillonnage d'une image s'effectue sur ses deux axes x
analogique à numériser. Cependant, si la fréquence d'échan- et y. Cette étape consiste à lui appliquer un tableau composé
tillonnage est strictement égale au double de celle du signal, de n(y) lignes et de n(x) colonnes : on parle plus couram-
le signal numérisé pourra être « plat » (figure 1.8B), ce qui ment de matrice (figure 1.9).
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
Une matrice est caractérisée par sa taille de n(y) lignes En effet, les tailles de matrices ont longtemps limité les per-
¥ n(x) colonnes (ex. :128 × 128 ; 256 × 256 ; 512 × 512, etc.), formances de résolution spatiale de l'imagerie numérique.
elle peut être symétrique et asymétrique (192 × 256). Les Tout comme cela a été vu précédemment, les règles de
pixels (picture element) représentent les éléments unitaires Nyquist-Shannon sur l'échantillonnage supposent que la
de l'image, ils possèdent un adressage propre (x,y), et leur fréquence d'échantillonnage (liée à la taille des pixels) soit
taille influe en partie sur la qualité de la définition de l'image au moins égale au double de la plus haute fréquence sus-
numérique. ceptible d'être présente dans le signal. En cas de non-res-
Plus la matrice est élevée, plus les pixels sont nombreux et de pect de cette condition, le phénomène de repliement peut
petite taille, plus l'image aura la possibilité d'atteindre une apparaître. Sur une image numérique, le phénomène
résolution spatiale élevée (figure 1.10). Les performances d'aliasing affecte directement la fréquence spatiale et la
technologiques et informatiques actuelles permettent l'utili- direction des structures périodiques qui composent l'image
sation de matrices élevées, ce qui n'a pas toujours été le cas. (figure 1.11).
Pixel
16 x 16 32 x 32 64 x 64
Figure 1.10 Une matrice d'acquisition élevée permet d'atteindre des résolutions spatiales plus élevées.
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
Figure 1.12 Les dimensions des pixels ne sont pas à elles seules un indicateur pertinent de la résolution spatiale d'une acquisition.
La résolution spatiale d'une image dépend avant tout des conditions d'acquisition et des performances globales de la chaîne de détection. Photos réalisées
avec un téléphone portable avec mouvement lors de l'acquisition (A) sans mouvement (B). Photo réalisée avec un appareil réflexe (C).
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
Figure 1.13 Plus la quantification est élevée, plus le signal numérisé sera fidèle au signal d'origine.
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
255 256
8 bits 142 - 128 OUI 14 1
8 bits = 256 valeurs = 1 octet 128
7 bits 14 - 64 NON 0
64
6 bits 14 - 32 NON 0
32
5 bits 14 - 16 NON 0
16
4 bits 14 - 8 OUI 6 1
8
3 bits 6-4 OUI 2 1
4
2 bits 2-2 OUI 0 1
2
1 bit 0-1 NON 0
0 1
Résultat binaire : 10001110
Figure 1.15 Principe du codage binaire.
109 109 45 13 13 5 1 1
128 64 32 16 8 4 2 1
Cellule élémentaire
0 1 1 0 1 1 0 1
Figure 1.16 Principe de fonctionnement d'un convertisseur analogique numérique (CAN).
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
Des images ou des sons numériques sont composés de mil- (sons, images…) sous forme numérique. Une telle conven-
lions d'échantillons quantifiés généralement de 8 à 64 bits ; tion permet la communication des données entre divers
par conséquent, les données numériques actuelles dépassent programmes informatiques ou logiciels, soit par une
souvent le milliard d'octets. Pour rendre ces informations connexion directe soit par l'intermédiaire d'un fichier.
plus « digestes », on les exprime en multiples de milles, de Les différentes familles de données numériques (sons,
millions, de milliards… : on parle alors de kilo-octets, de images…) possèdent plusieurs types de formats qui se dis-
méga-octets, de giga-octets… (tableau 1.1). tinguent par :
Traditionnellement, lorsque les informaticiens appliquent aux – leur profondeur de quantification (1 bit, 8 bits, 16 bits,
octets les préfixes « kilo », « méga », « giga »…, ces derniers ne 64 bits…) ;
représentent pas des multiples de 1000, mais des multiples de – la présence ou non de compression (sans compression,
1 024 (210), plus pratiques pour les calculs informatiques. compression par motifs, compression destructive…) ;
Cependant cette nomenclature viole les normes en vigueur – leur fréquence d'échantillonnage.
(système international). Une nouvelle norme a donc été créée Exemple de formats imagerie numérique :
(normalisation de 1998) pour noter les multiples de 210, on parle – tiff (.tif) : tagged image file format ;
alors de préfixes binaires : les « kibi » pour kilo binaire, « mébi » – jpeg (.jpg) : joint photographic experts group.
pour méga binaire, « gibi » pour giga binaire… (tableau 1.2). En imagerie médicale, il est nécessaire d'associer aux images
La très grande majorité des disques durs étant divisés en sec- des données textuelles relatives au patient et à l'examen, ce
teurs de 512 octets, un comptage en unités de 1 024 octets qui demande des formats spécifiques tels que le format
est plus « naturel » (en utilisant cette fois les préfixes binaires : DICOM (actuel) et le format INTERFILE (ancien).
kibi, gébi, mébi…), cependant l'usage des préfixes binaires
demeure peu connu du grand public.
Le format DICOM
2.6. Formats informatiques L'évolution des systèmes d'acquisition et d'archivage d'images
Formats classiques en imagerie numérique dans le cadre médical a produit dans les années 1980 d'impor-
Un format est un moyen conventionnel utilisé en informa- tants besoins en connectivité et en interopérabilité des équi-
tique pour représenter et transporter et stocker des données pements médicaux. Le problème était qu'à cette époque,
chaque constructeur utilisait un format de données proprié-
taire, entraînant d'importants problèmes de communication
Tableau 1.1 Poids informatiques exprimés en multiples de 1 000. et d'archivage des données radiologiques numériques.
1 kilo-octet (ko) = 103 octets = 1 000 octets Afin de faciliter les transferts et la visualisation d'images,
1 méga-octet (Mo) = 106 octets = 1 000 Ko = 1 000 000 octets les radiologues et les fabricants d'équipements médicaux
ont développé, dans un effort commun, le format
1 giga-octet (Go) = 10 octets = 1 000 Mo = 1 000 000 000 octets
9
DICOM : Digital Imaging COmmunication in Medicine. La
norme a été créée en 1993 par l'American College of
Tableau 1.2 Poids informatiques exprimés en multiples de 1 024. Radiology (ACR) en association avec la National Electrical
1 kibi-octet (kio) = 210 octets = 1 024 octets Manufactures Association (NEMA). La norme DICOM est
aussi bien un format d'image, qu'un protocole d'échange
1 mébi-octet (Mio) = 220 octets = 1 024 kio = 1 048 576 octets
de données qui peut se faire soit par fichier, soit par
1 gibi-octet (Gio) = 230 octets = 1 024 Mio = 1 073 741 824 octets
réseau. Elle n'impose pas aux constructeurs l'abandon de
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
leurs formats propriétaires, mais les oblige à utiliser le for- La norme DICOM est actuellement compatible avec
mat DICOM pour toute procédure d'échange et de trans- d'autres formats standard tels que le standard HL7 (health
fert de données. Une fois transférées, les données ne sont level 7) qui supporte les échanges informatisés de données
pas nécessairement stockées en format DICOM ; elles cliniques, financières et administratives entre systèmes d'in-
peuvent reprendre leur format propriétaire ou être formation hospitaliers (SIH) : par exemple, HL7 = standard
compressées. du dossier médical personnel (DMP).
Le format DICOM est depuis 1999 le format standard et La norme DICOM est tenue par un comité international
imposé en imagerie biomédicale. Il est complexe et bien plus (DICOM standard commitee ou DSC) qui regroupe des
évolué que les formats numériques standard (jpeg, tiff, industriels, des associations industrielles et des sociétés
bmp…). Il permet de rendre unique chaque image produite savantes. Le but de ce comité est de faire évoluer tout en
en lui associant des informations spécifiques (nom du maintenant standardisé le format DICOM.
patient, type d'examen, paramètres d'acquisition…) aux- Les futurs enjeux de la norme DICOM sont :
quelles on attribue un numéro d'identification propre. – intégrer dans le format les résultats de mesures quanti-
L'intérêt des fichiers DICOM est de pouvoir contenir des tatives (ex. : mesures de distances, etc.) ;
informations textuelles concernant le patient (état civil, âge, – intégrer dans le format des signaux physiologiques acquis
poids), l'examen (région explorée), la technique utilisée pendant l'acquisition d'images (ex. : ECG, etc.) ;
(scanner, IRM, etc.), mais aussi des données images. – intégrer dans le format les résultats des logiciels de détec-
De manière générale, la norme DICOM propose une quanti- tion assistée par ordinateur (computer assisted detection
fication sur 16 bits, ce qui confère un poids de 2 octets à ou CAD) ;
chaque échantillon. Selon les modalités, 12 à 14 bits sont – optimiser les liens entre DICOM et HL7 notamment pour
consacrés à la profondeur de l'image et 2 à 4 bits sont alloués le transfert des comptes rendus (CR) radiologiques ;
aux données autres (techniques, administratives…). Ces – systématiser l'extraction des données dosimétriques
données autres sont définies en objets d'information pour les intégrer dans les CR et dans le DMP.
DICOM (information object definition ou IOD) : par
exemple CT image IOD ; MR image IOD ; PET image IOD, etc. Comment calculer le poids informatique
Chaque IOD regroupe plusieurs en-têtes de plusieurs d'images radiologiques ?
modules contenant différents éléments (figure 1.18). En considérant que le format DICOM est quantifié sur
À chaque examen, les appareils attribuent automatique- 16 bits, il devient possible de calculer le poids informa-
ment des numéros d'identification uniques (unique tique d'une série d'images radiologiques. Pour cela, il
identification number ou UID) dont quatre sont
obligatoires :
– SOP Class UID : identifie le type d'IOD auquel est destinée Pour l'histoire : le format INTERFILE
l'image ; Un autre format informatique, nommé INTERFILE, est aussi
– Study Instance UID : identifie un examen entier, en temps utilisé en imagerie médicale. Ce format, assez ancien, doit son
et lieu ; succès à sa simplicité qui satisfait l'immense majorité des
– Series Instance UID : identifie une série d'images au sein de besoins en médecine nucléaire. Depuis le développement de la
l'examen ; norme DICOM, plus universelle, le format INTERFILE n'est
plus exploité.
– SOP Instance UID : identifie l'image associée au fichier.
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
suffit de connaître le nombre d'échantillons qui com- tiels d'une image numérique : son histogramme et sa table
posent l'ensemble de l'examen et de leur consacrer de correspondance associée.
2 octets.
Qu'est-ce que l'histogramme d'une image ?
3. Caractéristiques et traitements Chaque image numérique peut se présenter sous forme
d'histogramme. Un histogramme classe en abscisses toutes
de base d'une image numérique les valeurs numériques possibles (quantification) pouvant
L'un des principaux avantages de la numérisation de l'image être affectées à un pixel (de la plus faible à la plus élevée) et
en ordonnées le nombre de pixels possédant la même valeur
numérique.
Exemple Plus l'échelle de quantification utilisée est élevée, plus la
Soit une série de coupes scanographiques composée de forme de l'histogramme devient complexe (figure 1.19).
500 images à qui l'on associe une matrice de 5122. Pour esti- Chaque portion verticale de l'histogramme correspond à un
mer le poids informatique de cet examen, on attribue 2 octets ensemble de pixels de même intensité.
à chaque pixel (norme DICOM) qui composent la série
d'image. De ce fait : À quoi correspond la table de correspondance
poids informatique = nombre de coupes × matrice × 2 octets (look up table ou LUT) ?
= 500 (coupes) × 512 × 512 (matrice) × 2 (16 bits = 2 octets)
On affecte à tout histogramme une palette de couleurs ou
= 262 144 000 octets, soit 262 Mo, soit 250 Mio
de gris appelée « table de correspondance » ou « LUT »
résultat d'un choix ou d'une convention. Celle-ci permet
d'attribuer à chaque pixel une intensité de gris ou une cou-
concerne l'accès à des techniques simples de traitement leur donnée (figure 1.20). Le sens de variation utilisé peut
permettant de modifier son aspect. L'image peut ainsi être dépendre d'une fonction mathématique (variation linéaire,
retravaillée pour améliorer son apparence visuelle ou pour logarithmique, parabolique…), cette dernière permet de
y faire ressortir des informations « cachées ». Nous nous modifier l'apparence de l'image.
intéresserons plus particulièrement aux techniques de Pour éviter les confusions : l'application d'une LUT de
fenêtrage et de filtrage qui font partie des traitements de couleur à un histogramme ne permet pas de passer d'une
base utilisés en imagerie numérique. photographie en noir et blanc à une photographie en
couleurs ! En effet, le choix des couleurs affectées par la
3.1. Exploitation de l'histogramme LUT est purement artificiel et ne représente pas la réalité
par fenêtrage telle que nous la voyons. Une photographie en couleurs
Avant de décrire plus particulièrement le principe du fenê- est obtenue par la superposition de trois histogrammes
trage, il est nécessaire de s'intéresser à deux éléments essen- caractéristiques des couleurs primaires (rouge, vert, bleu
nombre de pixels
nombre de pixels
nombre de pixels
0 1 0 1 2 3 0 255
échelle de quantification échelle de quantification échelle de quantification
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
1 2 3
Histogramme
1
2 4 5 6
3
4
5
6
A B C
ou RVB) préalablement captées par le capteur charge- leur) qui lui est affecté. Tant que l'on manipule la LUT, seule
coupled device (CCD) d'un appareil photo numérique (ou la visualisation est modifiée : la valeur numérique du pixel
des pigments d'un film en photographie argentique) reste inchangée.
(figure 1.21). Une fenêtre est caractérisée par, deux paramètres : sa lar-
geur et son centre.
Quel est le principe du fenêtrage ? Largeur de fenêtre
Fenêtrer consiste à modifier la position et l'étendue de la LUT La largeur de fenêtre correspond à l'étalement de l'échelle
sous l'histogramme. Cette opération est connue sous le nom de de gris sous l'histogramme, elle permet de discriminer les
fenêtrage ou windowing. Les possibilités qu'offre cette tech- contrastes de l'image.
nique sont immenses, chaque changement de fenêtre modifiera Une fenêtre large est une fenêtre qui s'applique sur une large
le « contraste » et la « luminosité » de l'image (figure 1.22). En palette de valeurs (contenues dans la LUT). Le contraste
pratique, cette technique permet de compenser notre incapa- séparant deux pixels de valeurs proches sera faible.
cité à visualiser une large palette de gris (20 niveaux de gris sont Une fenêtre étroite est une fenêtre qui s'applique sur un
perceptibles en moyenne par l'œil humain). faible nombre de valeurs. Le contraste séparant deux pixels
Pour éviter les confusions : il faut bien faire la différence entre de valeur voisine est important. L'étude de ces deux pixels
la valeur numérique du pixel et le niveau de gris (ou la cou- est alors facilitée.
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
Histogramme
nombre de pixels
Image et fenêtre
de référence
0 Centre 255
Référence Largeur
A
Histogramme
nombre de pixels
nombre de pixels
nombre de pixels
nombre de pixels
0 0 0 255 0 255
255 255
Centre (ou niveau) de la fenêtre parenchyme pulmonaire, les tissus mous et les structures
En fonction de la largeur de fenêtre utilisée, le centre de la osseuses. Cette distribution est liée aux valeurs des différents
fenêtre permet de cibler l'étude des contrastes ou de coefficients d'atténuation qui composent le corps humain
modifier la luminosité de l'image : (voir chapitre 3). Il est donc impossible d'étudier convena-
– si l'on utilise une fenêtre large, le fait de déplacer son centre blement toutes les familles de tissus avec un seul fenêtrage, à
va modifier la « luminosité » globale de l'image ; chaque type de tissu correspondra un fenêtrage particu-
– si l'on applique une fenêtre étroite, le fait de déplacer son lier (figure 1.23).
centre va permettre de concentrer l'étude des contrastes
sur les pixels situés de part et d'autre du centre de la fenêtre. 3.2. Caractéristiques fréquentielles
d'une image
Comment utilise-t-on le fenêtrage ? Que dit la théorie de Fourier ?
En photographie numérique et en imagerie médicale, le La notion de fréquence d'échantillonnage fait appel aux dif-
fenêtrage permet d'ajuster les contrastes et la luminosité de férentes fréquences contenues dans un signal linéaire ou
l'image en fonction du résultat souhaité sur l'écran. Le fenê- dans une image. Pour étudier l'ensemble des fréquences
trage s'avère particulièrement bénéfique en radiologie contenues dans les signaux, on utilise un outil mathéma-
conventionnelle et en scanner X. tique issu des travaux du mathématicien français Joseph
En radiologie numérique, la possibilité de fenêtrage permet Fourier (1768–1830).
de rattraper les légères erreurs d'exposition, ce qui évite de La théorie de Fourier stipule que toute fonction périodique
refaire un cliché et donc d'exposer de nouveau le patient aux peut être considérée comme une somme de fonctions sinu-
rayons X. soïdales ayant des fréquences multiples (harmoniques) de
La performance de cet outil s'illustre principalement en celle de la fonction primitive (fondamentale), mais avec des
tomodensitométrie (TDM). En effet, une coupe scanogra- amplitudes diverses et des déphasages éventuels. On parle
phique possède un histogramme bien particulier regroupant dans ce cas de décomposition en série convergente de
trois « paquets » de pixels associés à trois types de tissus : le Fourier (figure 1.24A).
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
Figure 1.24 Passage vers le domaine fréquentiel pour un signal périodique (A) et non périodique (B).
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
Signal Signal
créneau créneau
(image)
1
1
1+2
2
3 1+2+3
1+2+3+4
Figure 1.25 Informations transportées par les différentes fréquences d'un signal.
Source : schéma D. Vetter.
Fourier s'est ensuite intéressé aux fonctions non pério- espace de Fourier ou espace k, la lettre k symbolisant les
diques. En considérant une fonction non périodique fréquences spatiales qui composent l'image. L'origine du
comme étant une demi-période de fonction périodique, il plan, étant attribuée à son centre, on en conclut que
a démontré que toute fonction non périodique est égale à (figure 1.26) :
une « somme continue » de fonctions trigonométriques – les basses fréquences, transportant le contraste, sont
(sin, cos). Une telle sommation se présentera donc sous regroupées dans la partie centrale de l'espace k ;
forme d'intégrale, on parle alors de transformée de – les hautes fréquences, transportant les détails, sont
Fourier (figure 1.24B). réparties dans sa périphérie.
Ces travaux permettent d'affirmer que tout signal peut La part relative du bruit sera plus marquée en périphérie
être décomposé en une infinité de fonctions sinusoï- qu'au centre.
dales d'amplitudes, de fréquences et de phases
différentes. 3.3. Les opérations de filtrage
De manière générale (figure 1.25) : Nous allons dans ces paragraphes décrire succinctement
– les basses fréquences correspondent aux informations glo- les principes et présenter quelques applications des opéra-
bales du signal ; tions de filtrage. Que le lecteur expert ne nous tienne pas
– les hautes fréquences correspondent aux détails du rigueur de la simplification, par endroits importante, de
signal ; théories complexes.
– les fréquences extrêmes correspondent au bruit.
À quoi correspond le domaine fréquentiel d'une image ? Opérations de filtrage linéaire
Les différentes fonctions sinusoïdales issues d'une décompo- Généralités
sition de Fourier sont classées en fonction de leur fréquence, Ces techniques de filtrage ont été développées en astrono-
de la plus faible à la plus élevée, dans un domaine fréquen- mie à partir des années 1970 dans le but d'extraire des infor-
tiel dit de Fourier (figure 1.26). En pratique, cette représen- mations noyées dans le bruit ou abîmées par les défauts
tation fréquentielle d'un signal permet : optiques des instruments. De manière plus synthétique : les
– d'étudier facilement l'intégralité des fréquences qui le filtres servent à corriger les défauts des appareils de mesures
compose ; du signal. On peut ainsi comparer un filtre à des verres de
– d'effectuer des filtrages (voir plus loin Les opérations de lunettes qui ont pour but de corriger les défauts de l'œil
filtrage). humain ! Si les filtres ne sont pas adaptés, ils peuvent égale-
Dans le cas d'un signal bidimensionnel, c'est-à-dire d'une ment amplifier, voire créer certains défauts sur l'image ! Les
image, la répartition des fréquences spatiales s'effectue possibilités de filtrage sont immenses et très utilisées par
sur un plan défini par les deux axes (kx et ky) caractéri- les professionnels de l'image à l'aide de logiciels dédiés.
sant les fréquences spatiales de l'image. Ce plan est appelé L'emploi de certains filtres permettra de détecter les
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
contours des structures présentes dans l'image et peut ainsi La transformée de Fourier permet le passage d'un domaine à
faire partie d'un processus plus complexe de segmentation l'autre, ainsi un filtrage dans le domaine spatial trouve son
ou de reconnaissance de formes. En imagerie médicale, équivalent dans le domaine fréquentiel, et inversement
l'utilisation de filtres est également nécessaire lors de figure 1.27).
l'étape de reconstruction d'images tomodensitomé- Généralement, on distingue les filtres suivant l'action qu'ils
triques (TDM). En effet, les données brutes seront filtrées ont sur l'image :
directement (voir chapitre 3). – les filtres mous diminuent le bruit mais atténuent les
Il existe deux manières de filtrer une image : détails de l'image (flou plus prononcé) ;
– soit on travaille dans le domaine fréquentiel de – les filtres durs accentuent les contours et les détails de
l'image ; l'image mais amplifient le bruit ;
– soit on agit directement sur l'image, c'est-à-dire dans le – les filtres intermédiaires cherchent à minorer le bruit sans
domaine spatial. pour autant dégrader les détails de l'image.
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Numérisation et traitements d'images
Figure 1.27 L'opération de filtrage est possible aussi bien dans le domaine spatial que dans le domaine fréquentiel.
Les deux domaines sont liés par une transformée de Fourier (TF).
Filtrage dans le domaine fréquentiel pour autant dégradée les détails (figure 1.29). On peut dans ce
On peut nommer ces filtres suivant l'action qu'ils ont sur le cas parler également de filtre de rampe atténuée.
spectre fréquentiel représentatif de l'image. L'opération de
filtrage dans le domaine fréquentiel se résume à des multipli- Filtrage dans le domaine spatial
cations d'amplitudes. Ainsi : Le principe de ce filtrage fait historiquement appel à des outils
– un filtre mou est un filtre passe-bas qui va éliminer mathématiques dits de convolutions = filtre linéaire station-
(figure 1.28) ou atténuer (figure 1.29) fortement l'ampli- naire. L'opération de convolution est aujourd'hui dépassée par
tude des hautes fréquences d'un spectre en ne laissant des moyens de filtrage plus complexes et performants, tels
passer que les basses fréquences ; l'image filtrée sera donc que les filtres adaptatifs, les ondelettes et les moyennes non
débruitée mais floue. Le rapport contraste sur bruit est locales. Afin de ne pas noyer le lecteur non-expert, seul le fil-
ainsi amélioré ; trage linéaire stationnaire sera présenté dans ce qui suit.
– un filtre dur est un filtre passe-haut qui va éliminer Une convolution est un opérateur mathématique que l'on
(figure 1.28) ou atténuer (figure 1.29) fortement l'ampli- utilise pour multiplier des matrices entre elles.
tude des basses fréquences d'un spectre ; l'image résul- Principe élémentaire : soit une image (M) filtrée de matrice
tante verra ses contours ainsi que son bruit amplifiés. élevée (par exemple 512 × 512) et un noyau de convolution
Un filtre intermédiaire est un filtre passe-bande qui ne conser- (N) de matrice limitée (3 × 3, voir 5 × 5). N est le « cœur » de
vera que l'énergie concentrée dans une bande de fréquences tous les changements qui vont affecter potentiellement la
souhaitées, l'objectif principal étant de réduire le bruit sans valeur de chaque pixel de M.
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Numérisation et traitements d'images
Pour connaître la valeur d'un pixel de M après filtrage, on ces filtres font parties de certains processus de segmen-
multiplie sa valeur par celle du pixel central de N et on addi- tation d'images médicales. Ils sont également intégrés
tionne ensuite la valeur des produits des pixels adjacents dans les logiciels d'aide au diagnostic pour repérer une
(figure 1.30). lésion par exemple et en calculer sa taille (granulométrie
Le résultat final dépend donc des valeurs des coefficients du sur image).
noyau de convolution (figure 1.31). Il est alors possible d'ob- Pour des raisons didactiques, nous limiterons les explications
tenir une image plus nette, plus floue, de dériver l'image… qui suivent aux opérations de base réalisables sur une image
binaire.
Opérations de filtrage morphologique (notions) L'idée de base du filtrage morphologique est de comparer
Le filtrage morphologique a été développé dans les une image, appelée ensemble (E), avec un élément structu-
années 1960 à l'École des mines de Paris, c'est le début rant (B). L'élément structurant est caractérisé par une forme
d'une science : la morphologie mathématique. Les filtres d'une taille connue. Sur une image binaire l'élément structu-
morphologiques étaient initialement développés pour des rant ne tient compte que de la région non nulle, c'est-à-dire
images binaires (en noir et blanc) puis se sont progressive- la forme visible de l'image. Les deux opérations de base sont
ment appliqués aux images en niveau de gris. Actuellement, la dilatation et l'érosion (figure 1.32) :
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
– opération de dilatation : l'élément structurant B repéré formances du système de détection utilisé auxquelles
par son centre est déplacé pour occuper successivement s'ajoutent la profondeur de la quantification et les valeurs
toutes les positions de l'espace on se pose la question : d'échantillonnage d'acquisition et d'affichage. Une image de
B intersecte-t-il E ? Les réponses positives forment l'en- « qualité » est une image qui conjugue à la fois une bonne
semble dilaté. Cette opération peut être considérée résolution spatiale et une bonne résolution en contraste.
comme un « gonflement » de l'image d'origine ; Même si l'on distingue volontairement ces deux résolutions,
– opération d'érosion : B est-il complètement inclus dans E ? elles sont en réalité liées entre elles par une fonction de
Les réponses positives forment l'ensemble à éroder. Cette transfert de modulation.
opération peut être considérée comme un « rétrécisse-
ment » de l'image d'origine. 4.1. Rapports signal sur bruit, rapport contraste
Il est possible d'appliquer ces opérations de dilatation et sur bruit et résolution en contraste d'une image
d'érosion par paires, on décrit alors les opérations d'ouver- numérique
ture et de fermeture (figure 1.32) :
– ouverture : c'est la succession d'une érosion suivie d'une La résolution en contraste (RC) d'une image correspond à la
dilatation avec un même élément structurant (B) ; capacité qu'a une image à présenter deux structures dont
– fermeture : c'est la succession d'une dilatation suivie d'une l'intensité physique du signal d'origine est proche. Plusieurs
érosion avec un même élément structurant (B). paramètres influencent ce critère qualitatif :
Ces opérations servent d'un point de vue morphologique : – la qualité du signal détecté : plus le rapport S/B est élevé,
– à la séparation en plusieurs composantes connexes plus il sera facile de distinguer des structures d'intensité
(ouverture) (figure 1.33B) ; proches ; en effet, la faculté de pouvoir différencier deux
– à la fusion de composantes séparées (fermeture) tissus est plus justement appréciée par la notion de
(figure 1.33A). contraste sur bruit (C/B) (figure 1.34) ;
– au débruitage de la forme : l'ouverture enlève les pics iso- – la précision de la quantification : plus l'échelle de quanti-
lés, et la fermeture les creux isolés (figure 1.33C) ; fication est élevée, plus la transmission numérique des
– au lissage de la forme : l'ouverture lisse les bosses et la fer- valeurs d'amplitude sera précise, ce qui augmente poten-
meture lisse les creux. tiellement la RC ;
– l'application de filtres « mous » permet de filtrer les bruits
situés dans les fréquences élevées et par conséquent
4. Critères qualitatifs d'une image d'améliorer le rapport C/B ;
numérique – en imagerie numérique le rétrécissement de la largeur de
la fenêtre, pour un niveau centré sur le tissu à étudier, per-
La résolution en contraste (RC) et la résolution spatiale (RS) met de révéler les contrastes qui existent sur l'image en
sont les principaux critères qualitatifs d'une image acquise. compensant les limites physiologiques de l'œil (figure 1.35).
Ces deux critères qualitatifs ne s'exprimeront pleinement Contrairement aux filtres, l'opération de fenêtrage ne
qu'à condition de bénéficier d'un rapport signal sur bruit modifie pas les valeurs des pixels et par conséquent le
(S/B) élevé. Tous ces éléments sont étroitement liés aux per- rapport C/B !
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
4.2. Comment calculer les rapports S/B et C/B qualité visuelle offerte pour l'identification d'une forme
en imagerie médicale (figure 1.36) ? ou d'une structure sur une image. En pratique, la matrice
En imagerie médicale, on admet que le rapport signal sur image discrète est obtenue après acquisition du signal par
bruit peut être calculé en plaçant deux régions d'intérêt le capteur, numérisation et reconstruction tomogra-
(region of interest ou ROI) sur l'image ; l'une sur le tissu à étu- phique, transformée de Fourier ou tout simplement par
dier (ROItissu), l'autre dans l'air (ROIair). Le S/B se calcule en affichage direct des informations en provenance du
faisant le rapport entre l'intensité moyenne de ROItissu sur détecteur lorsque celui-ci est présent sous forme matri-
l'écart type (σ) de la ROIair. cielle (ex. : capteur plan en radiologie, capteur CCD en
Pour calculer les rapports contraste sur bruit, on place photographie).
une ROI sur chaque tissu (ROI tissu A et ROI tissu B) ainsi La résolution spatiale dépend d'un nombre élevé de facteurs
qu'une ROI dans l'air (ROIair). Le C/B se calcule en faisant propres à chaque modalité d'imagerie. La résolution spa-
la différence de signal moyen des deux ROI tissulaires tiale finale dépend :
(ROItissu A − ROI tissu B) rapportée à l'écart type (σ) de la – d'une part de la qualité de la chaîne technologique s'éta-
ROIair. lant de l'émission à la réception du signal donc des don-
nées brutes (raw datas), on peut alors parler de résolution
spatiale effective ;
4.3. Comment définir et évaluer la résolution – d'autre part de l'ensemble des processus informatiques
spatiale d'une image acquise ? appliqués sur les données brutes permettant l'obtention
La résolution spatiale d'une modalité d'imagerie peut se de l'image numérique finale, on peut alors parler de réso-
définir de manière qualitative comme la netteté ou la lution spatiale numérique.
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Numérisation et traitements d'images
La résolution spatiale effective (ou intrinsèque à la moda- – soit comme la distance minimale séparant deux structures
lité) tient compte des limites physiques liées au phénomène adjacentes à signal élevé ; cette définition est considérée
étudié et aux performances des systèmes de détection ; elle comme étant la plus pertinente.
intègre les erreurs de l'ensemble de la chaîne de mesure, ce La résolution spatiale d'un appareil d'imagerie est exclu-
qui signifie concrètement que le phénomène physique et la sivement estimée à partir de mesures effectuées sur des
chaîne technologique de détection sont des facteurs fantômes de résolution ; elle seule détermine quanti-
limitant. L'étape numérique qui suit permet de révéler au tativement le pouvoir de séparation spatiale des struc-
mieux la résolution spatiale effective au travers du traite- tures d'une image. Chaque modalité possède son type
ment des données brutes (raw datas). de fantôme de résolution. Il faut garder en mémoire
La résolution spatiale numérique concerne l'ensemble qu'il s'agit d'un moyen objectif de mesure des perfor-
des traitements (algorithmes de reconstruction et de mances d'un appareil à des fins de comparaison ou de
correction, filtres…) effectués sur les données brutes contrôle de qualité, mais dont les conditions d'acquisi-
pour atteindre une image finale. Limiter cette résolution tion ne sont pas nécessairement celles mises en œuvre
aux dimensions des pixels de l'image finale est réducteur, en routine clinique.
même si le nombre de paires de pixels par unité de dis- Plusieurs méthodes permettent d'évaluer la résolution spa-
tance correspond à la résolution spatiale maximale théo- tiale d'un dispositif (figure 1.38) :
riquement accessible sur l'image numérique affichée. – étudier la fonction de dispersion d'un point unique
À titre d'exemple, la figure 1.37 classe et liste la chaîne d'élé- (point spread function ou PSF), intense et le plus fin pos-
ments qui impactent la résolution spatiale de l'image finale sible (figure 1.38A,B). La résolution spatiale est alors
en scanner X et en IRM. définie comme la largeur à mi-hauteur (full width et
Pour une modalité d'imagerie donnée, la résolution spatiale half maximum ou FWHM) de la fonction de dispersion
pourrait être définie : dont l'allure peut suivre par exemple une distribution
– soit comme la taille minimale d'une structure de l'objet gaussienne. En réalité, la FWHM correspond à la dis-
qu'il est possible de distinguer au travers de la chaîne de tance minimale permettant de déparer 2 points sur
mesure ; l'image finale, ce qui correspond bien à la définition de la
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Figure 1.37 Éléments qui influencent la résolution spatiale finale d'une image obtenue en TDM et en IRM.
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Numérisation et traitements d'images
Figure 1.39 En considérant que l'on réalise des images de deux objets théoriquement ponctuels et intenses se rapprochant, chaque point se présen-
tera sur l'image sous forme d'une « tache » dont la dispersion viendra limiter la résolution spatiale.
Lorsque la distance de séparation (D) de ces deux objets est supérieure à la largeur à mi-hauteur (LMH) de la fonction de dispersion d'un point (PSF), on
reste dans des conditions où la somme des deux signaux reste inférieure à l'intensité maximale observée au centre des objets, ainsi un contraste existe entre
les 2 points. Quand D < LMH, alors les 2 points se confondent et ne peuvent être distingués par manque de contraste. La plus petite distance permettant
de visualiser la séparation des 2 points correspond à la LMH (D = LMH), qui définit ainsi la résolution spatiale maximale. (On considère que la PSF est une
distribution gaussienne.)
résolution spatiale (figure 1.39) ! En pratique, on travaille technique permet de tracer une fonction de transfert de
sur une ligne dont la fonction de dispersion (line spred modulation (modulation transfert function ou MTF),
function ou LSF) dans deux directions sur trois est iden- reliant le contraste à la résolution spatiale, caractéristique
tique à celle d'un point ; de la chaîne de mesure (figure 1.38C). Généralement, la
– exploiter une transition à haut contraste pour y analyser valeur de la FTM à 10 % (MTF10) est retenue pour quantifier
la fonction de dispersion de bord (edge spread function la résolution spatiale sous forme fréquentielle.
ou ESF). La résolution spatiale peut alors être définie par Ces méthodes, utilisant à chaque fois un fantôme différent, sont
la distance séparant les intensités à 10 % et 90 % pourtant liées entre elles par des relations mathématiques :
(figure 1.38B) ; – a fonction de dispersion d'un point (PSF) étant la dérivée
– travailler sur une mire d'alternances dégressives expri- de la fonction de dispersion d'un bord (ESF) ;
mées en paires de lignes par unité de longueur. La résolu- – la fonction de transfert de modulation (MTF) étant la
tion spatiale est atteinte lorsque deux lignes côte à côte se transformée de Fourier de la fonction de dispersion d'un
confondent par manque de contraste (< 10 %). Cette point (PSF).
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Numérisation et traitements d'images
Figure 1.40 Méthode d'élaboration du tracé de la FTM à partir d'un fantôme présentant des mires d'alternances croissantes.
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Numérisation et traitements d'images
Taille de la matrice
isi
Dimensions du
qu
volumique (3D)
d'
e
m
lu
Vo
Distance en y
Ny lignes
Nx colonnes
Une coupe Distance en x
Epaisseur de coupe
Pixel = échantillon 2D
Figure 1.41 Caractéristiques géométriques d'une coupe numérique : champ de vue (Fov), matrice, épaisseur de coupe, pixels et voxels.
– en médecine nucléaire (MN), ce sont les reliefs des pho- 5.3. De quelle manière les paramètres
tons gammas émis par le patient et convertis en courant géométriques influencent-ils la résolution
qui forment le signal à numériser ; spatiale et en contraste ?
– en IRM, c'est le signal de résonance magnétique
Volume des voxels
nucléaire (RMN), émis par le patient, recueilli et trans-
formé en courant électrique par une antenne, qui sera La résolution spatiale (RS) et le contraste (RC) d'une coupe
numérisé ; (TDM, IRM, MN) sont en partie dus aux dimensions des
– en échographie, ce sont les variations de pression voxels.
(échos ultrasonores) recueillis sur la sonde d'échogra- Plus le volume du voxel est faible, meilleur sera l'échantil-
phie (transducteur) qui provoquent ainsi l'apparition lonnage tridimensionnel ; la RS peut ainsi être « potentiel-
d'un signal électrique qui est amplifié, traité, puis lement » élevée (figure 1.42). Pour diminuer la taille du voxel,
numérisé. on peut soit :
– diminuer la taille du champ de vue et/ou augmenter la
taille de la matrice : pixel de taille réduite ;
5.2. Quels sont les paramètres géométriques
– diminuer l'épaisseur de coupe : diminution de l'effet de
accessibles en image en coupe ? volume partiel.
Le champ de vue (field of view ou FOV), la matrice et Mais l'expression de la résolution spatiale nécessite un rap-
l'épaisseur de la coupe sont les trois paramètres géomé- port S/B suffisant permettant d'effectuer une discrimina-
triques qui caractérisent une coupe radiologique tion en contraste de qualité.
(figure 1.41). Ils sont accessibles par l'utilisateur et La résolution en contraste d'une coupe radiologique est
affectent directement le volume du voxel (échantillon directement liée à la « quantité de signal » contenue dans
volumique) et sa représentation plane : le pixel (échan- un voxel (figure 1.43). Pour une qualité de détection et une
tillon du plan). taille de voxel donnée, la quantité de signal par voxel aug-
Le volume du voxel est lié à la taille du pixel et à l'épaisseur mente avec :
de la coupe. – l'irradiation en TDM ;
La taille du pixel en x et y est déterminée, selon chaque axe, – la durée de la séquence en IRM ;
par le rapport entre le champ de vue et la matrice. – la durée d'observation en MN.
La résolution en contraste est ainsi directement propor-
tionnelle aux dimensions du voxel. Pour augmenter ce
dernier, on peut soit épaissir la coupe, soit augmenter la
Exemple taille du pixel (diminution de la matrice ou augmentation
Exemple de calcul des dimensions des pixels et des voxels du Fov).
constituant la coupe suivante :
Fov = 220 × 220 mm ; matrice = 384 × 384 ; épaisseur = 3 mm Une histoire de compromis
Dimensions pixel = Fovx/matricex × Fovy/matricey Toute modification de paramètres permettant une amélio-
= 220/384 × 220/384 = 0,57 × 0,57 mm ration de la résolution spatiale entraîne inévitablement une
Dimensions voxel = dimensions pixel × épaisseur diminution du rapport S/B et donc de la résolution en
= 0,57 × 0,57 × 3 mm = 0,97 mm3
contraste.
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Numérisation et traitements d'images
Fov : Fov :
210 x 280 mm 210 x 280 mm
Matrice : Matrice :
192 x 256 384 x 512
Matrice : Matrice :
512 x 512 512 x 512
Epaisseur : Epaisseur :
4 mm 2 mm
Taille du voxel : Taille du voxel :
0,5 x 0,5 x 4 mm 0,5 x 0,5 x 2 mm
Figure 1.42 Influence de la taille du pixel et des dimensions du voxel sur la résolution spatiale.
Fov : Fov :
210 x 210 mm 210 x 210 mm
Matrice : Matrice :
512 x 512 512 x 512
Epaisseur : Epaisseur :
1 mm 5 mm
Fov : Fov :
160 x 160 mm 160 x 160 mm
Matrice : Matrice :
320 x 320 320 x 320
Epaisseur : Epaisseur :
3 mm 3 mm
Le rapport S/B constitue le facteur limitant les perfor- Seule une amélioration notable du rapport signal sur bruit
mances en termes de contraste et par conséquent de permettra de dépasser cette limite qui ne devra pas se faire
résolution spatiale. En effet, même si les possibilités de aux dépens du patient, à savoir :
résolutions spatiales sont théoriquement très élevées – ne pas augmenter la dose délivrée en TDM ;
(accès à des voxels de petites tailles), ces dernières ne sont – maintenir des temps d'acquisition acceptables en IRM.
que très rarement atteintes par manque de contraste (voir Dans ce sens, les constructeurs ne cessent d'améliorer
plus haut Comment définir et évaluer la résolution spatiale leurs systèmes de détection (sensibilité, géométrie fine,
d'une image acquise ?). efficacité de détection quantique…). Les performances
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Numérisation et traitements d'images
Comment sont réalisés les recalages ? des appareils différents.La détection de ses attributs
Plusieurs approches permettent le recalage d'images : peut soit être réalisée automatiquement par le logi-
– approche manuelle (figure 1.46A) : l'opérateur, en fonc- ciel de recalage, soit être réalisé manuellement par
tion de son expérience et de ses connaissances notam- l'utilisation qui détecte et positionne les marqueurs
ment anatomiques, déforme manuellement la source (de informatiques communs (landmarks) aux deux
manière rigide ou non rigide) pour la faire correspondre à images ;
la cible ; – à l'aide d'attributs iconiques (figure 1.46C) : ils sont
– à l'aide d'attributs géométriques communs aux deux intrinsèques, le critère de similarité est guidé par les
volumes (repères remarquables) (figure 1.46B) : points, contrastes de l'image ;
courbes, surfaces. Les marqueurs remarquables sont – en combinant les approches géométriques et iconiques.
soit : Applications du recalage
– des attributs intrinsèques = information issue directe- Une fois les séries d'images recalées, il sera possible de
ment des images. Cela peut être des marqueurs remar- réaliser des soustractions et des fusions d'images ou de
quables au niveau anatomique par exemple, volumes :
– des attributs extrinsèques = marqueurs externes au – au sein d'un même individu pour une même modalité
sujet et communs aux deux groupes d'images (source (= recalage intra-individu monomodal) : suivi cinétique
et cible). Ce principe est particulièrement intéressant d'un organe, ou suivi longitudinal (dans le temps) de l'évo-
en regard d'acquisitions multimodales réalisées sur lution de la normalité ou de la pathologie ;
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
Figure 1.46 Les différentes approches de recalage : approche manuelle (A), par attributs géométriques (B), par attributs iconiques (C).
– au sein de plusieurs individus pour une même modalité l'analyse des images (surtout en imagerie vasculaire), et de
(= recalage inter-individu monomodal) : mettre en évidence certaines pathologies (ex. : scintigra-
– mise en correspondance d'images provenant de sujets phie parathyroïdienne).
différents pour la construction et l'utilisation d'atlas pro- La technique de soustraction est très utile en radiologie vas-
babilistes (de la normalité notamment), culaire (digital substraction angiography ou DSA), elle per-
– mise en correspondance d'un individu et d'un atlas de met une étude unique des structures vasculaires sans être
référence ; gêné par des superpositions osseuses. Pour cela, on soustrait
– au sein d'un même individu pour plusieurs modalités à une image injectée une image non injectée appelée
(= recalage intra-individu multimodal) : fusion d'informa- masque. La réussite de cette technique est liée à la parfaite
tions distinctes (le plus souvent, fonctionnelles versus correspondance topographique des images réalisées avant
morphologiques). C'est l'application la plus courante en et après injection (figure 1.47). Tout mouvement du patient
routine clinique (voir ci-dessous). entre ces deux séries d'images altère voire rend inefficace
Soustractions et fusions de données acquises cette méthode.
Tout comme en radiologie vasculaire, la méthode de sous-
Une fois les volumes acquis recalés, il est facile de réaliser des
traction permet d'améliorer en imagerie de coupe l'étude
opérations de soustraction et de fusion. Nous présentons
des structures vasculaires.
dans ce qui suit quelques applications de cette technique.
Cette méthode est très utilisée en angio-IRM (figure 1.48) ;
Soustractions en revanche, elle est plus rarement utilisée en TDM, car elle
Cette technique consiste à soustraire deux séries d'images nécessite un passage sans injection, plus difficile à justifier du
réalisées le plus souvent sur une même modalité. Elle per- point de vue du consensus ALARA pour as low as reasonably
met d'effacer les structures gênantes, améliorant ainsi achievable.
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
Angio-IRM abdominale
Dans tous les cas, le bon déroulement de cette technique Fusions de données
demande une immobilisation parfaite du patient (entre La fusion multimodale consiste à faire correspondre d'un
les deux séries d'images), mais aussi l'utilisation de séries point de vue spatial des images acquises avec des tech-
recalées ou des séries « clones » d'un même examen (= para- niques différentes. Cette méthode permet d'améliorer l'in-
mètres identiques : inclinaison, nombre de coupes, épaisseur, formation diagnostique en associant la sensibilité et la
matrice, champ de vue). spécificité de plusieurs modalités. Le plus souvent, on
En médecine nucléaire souhaite superposer une image fonctionnelle (tomogra-
La méthode de soustraction est fréquemment utilisée en phie par émission de positons ou TEP, tomographie d'émis-
scintigraphie parathyroïdienne. On parle alors de soustrac- sion monophotonique ou TEMP, IRM fonctionnelle ou
tion à double traceur (99mTC-sestaMIBI – 123I) afin de IRMf…) à une image anatomique (TDM, IRM…). En routine
mettre en évidence des adénomes parathyroïdiens clinique, on fusionne essentiellement des images prove-
(figure 1.49). Cette méthode s'utilise aussi en scintigraphie nant d'un même patient. Par convention, les données fonc-
cérébrale : soustraction entre études percritique et intercri- tionnelles sont présentées avec une LUT colorimétrique et
tique dans le cas d'une épilepsie. les informations anatomiques en niveau de gris.
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Numérisation et traitements d'images
Scintigraphie parathyroïdienne
Soustraction :
Tc99m - Sesta MIBI – Iode123 =
adénome parathyroïdien
Figure 1.49 Apport de la soustraction en médecine nucléaire.
Quelques applications de la fusion multimodale : surtout de guider l'étape de correction d'atténuation néces-
– en neurologie, la fusion d'images anatomiques IRM avec des saire à la formation d'images TEP (figure 1.51) ;
études fonctionnelles (IRMf, spectro-IRM, TEP, TEMP…) – en imagerie interventionnelle et en chirurgie pour guider
permet une corrélation anatomo-fonctionnelle utile dans les les gestes du médecin. Il est en effet possible de recaler et
études préchirurgicales (épilepsie, tumeurs…) (figure 1.50) ; donc de fusionner la progression de l'outil du chirurgien en
– en oncologie, l'association d'images TEP (ou TEMP) avec des temps réel sur un bloc d'images TDM ou IRM : on parle alors
coupes TDM permet d'une part un repérage anatomique de chirurgie guidée par l'image. Très développée en neuro
des lésions tumorales mais le scanner permet également et chirurgie (car le crâne reste une structure facile à « caler »),
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
cette technique s'étend progressivement à l'ensemble des elles présentaient des qualités médiocres et demandaient
chirurgies. Des laboratoires de recherche poussent la perfor- des temps de calculs longs.
mance encore plus loin réalisant des recalages, en temps Depuis le début des années 2000, avec l'amélioration des perfor-
réels déformant l'image au rythme des mouvements physio- mances technologiques et informatiques des appareils TDM et
logiques du patient (respiration, battements cardiaques). IRM, l'isotropie du voxel a pu être atteinte en routine (figure 1.52).
L'isotropie correspond à l'obtention d'un voxel cubique (iso-
Reconstructions d'acquisitions volumiques trope), générant une résolution spatiale équivalente dans les
(empilement de coupes) trois plans de l'espace. Des voxels de taille inférieure ou égale à
L'empilement de coupes TDM, IRM ou échographiques per- 1 mm3 permettent de réaliser des post-traitements efficients.
met de créer, dans la mémoire de l'ordinateur, un « patient La systématisation des acquisitions isotropes tend à évincer
virtuel » à base de voxels. la notion d'épaisseur de coupe d'acquisition. En effet, l'acqui-
Il est ainsi possible de naviguer en deux ou trois dimensions sition ne se définit plus par l'épaisseur des coupes mais par
dans le corps du patient. Différentes techniques de visualisa- les dimensions des voxels acquis qui définissent l'échantil-
tion avaient été développées à partir des années 1980, mais lonnage tridimensionnel du volume exploré.
Figure 1.52 Exemple d'acquisition volumique non isotrope (images du haut) et isotrope (images du bas).
L'isotropie permet en théorie d'atteindre des résolutions spatiales équivalentes dans les trois directions de l'espace.
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
Reconstructions multiplanaires (MPR) inférieure aux dimensions du voxel. L'épaississement des coupes
La technique MPR (multiplanar reconstruction) consiste à est possible et permet une augmentation relative du rapport
extraire des coupes du volume virtuel dans n'importe quel S/B améliorant ainsi la résolution en contraste de l'image.
plan de l'espace en s'appuyant sur les coordonnées spatiales La technique MPR est régulièrement utilisée en TDM et en
de chaque voxel. L'opération consiste à ne sélectionner que IRM pour visualiser une région anatomique dans des plans
les voxels qui ont les coordonnées du plan choisi (figure 1.53). anatomiques propres à chaque structure (figure 1.54), ce
L'opérateur peut choisir l'épaisseur et l'incrément de recons- qui impose à l'opérateur des connaissances anatomiques
truction. L'épaisseur des coupes ne peut cependant pas être pointues.
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
Une variante, appelée MPR curviligne, consiste à obtenir Une autre variante consiste à appliquer cette technique MIP
une image ne correspondant pas à un plan précis, mais à la sur une coupe dite « épaisse » (de 0,5 à 5 cm) issue de l'empi-
trajectoire « courbe » d'une structure anatomique comme lement de coupes fines. L'intérêt est dans ce cas de faire défi-
un vaisseau (figure 1.55A), un nerf, une pièce osseuse telle ler cette coupe sur l'ensemble de la région étudier, afin de
que la mandibule (figure 1.55B). naviguer dans le volume et de suivre visuellement le trajet
d'une structure donnée.
Projection d'intensité maximale
Cette technique de projection est très utile pour étudier les
(maximal intensity projection ou MIP)
vaisseaux en TDM et en IRM ; elle permet de créer des
Cette technique consiste à projeter sur un même plan, selon images qui s'apparentent aux clichés réalisés en radiologie
une direction donnée (choisie par l'opérateur), les voxels du vasculaire (figure 1.57).
volume qui possèdent les intensités les plus élevées
(figure 1.56A). L'image résultante ne possède aucune information
de profondeur, il y a confusion des plans (figure 1.56B).
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
Figure 1.57 Application de la méthode MIP sur une angio-IRM vasculaire par temps de vol (TOF). Étude du cercle artériel cérébral (de Willis) en pro-
jection de face (image de gauche) et en projection supérieure (image de droite).
Projection d'intensité minimale (minimal intensity projection présenter en 3D le volume cible et les organes sensibles à
ou MinIP) préserver. L'obtention de ces volumes permet alors de guider
À l'inverse du MIP, le MinIP ne tient compte que des voxels la simulation dosimétrique du traitement. Cette technique
aux intensités les plus faibles. peut aussi être exploitée en chirurgie lors de l'étape de
Ce mode, peu utilisé, trouve un intérêt dans l'étude des planification du geste. En effet, les volumes 3D créés sont
structures aériques : bronches (figure 1.58), emphysème, des objets virtuels pouvant être manipulés, sectionnés,
cavités digestives, pneumo-péritoine… déformés, etc. avec des logiciels spécifiques.
La première étape consiste à segmenter l'organe ou la
Rendu de surface (surface rendering ou SR) structure en question. Pour cela, plusieurs stratégies existent.
Le rendu de surface est une technique qui permet de repré- On retrouve principalement les méthodes de :
senter, en volume, la surface de structures anatomiques – segmentation manuelle : l'opérateur effectue manuelle-
regroupant des voxels d'intensité proche. Le mode 3D surfa- ment, coupe par coupe, le contour du volume d'intérêt.
cique propose des rendus certes « esthétiques » mais qui Cette technique est chronophage mais se révèle tout de
aident de manière peu significative au diagnostic, ce mode même efficace et précise pour un utilisateur expérimenté
n'est donc pas utilisé en routine par les radiologues. Cette ayant des prérequis indispensables en morphologie nor-
technique est davantage exploitée en radiothérapie pour male et pathologique. Cette méthode est utilisée quoti-
diennement lors de la phase de simulation dosimétrique
en radiothérapie ;
– segmentation basée sur les valeurs des pixels :
– on peut ainsi travailler sur l'histogramme du volume et
définir un seuil permettant de sélectionner des voxels
d'une même structure. Cette technique n'est que peut
efficace et trouve quasi exclusivement une application
en scanner X car les valeurs des voxels sont calibrées en
unité Hounsfield (figure 1.59),
– on peut exploiter une méthode de croissance de
région. L'opération consiste, à partir d'un voxel de réfé-
rence situé dans la structure à segmenter, à définir une
gamme de valeurs d'intensité (centrées sur la valeur du
voxel de référence) qui seront intégrées dans le volume.
Le processus consiste alors à analyser progressivement
les valeurs des voxels situés autour du voxel de référence.
Si ces voxels sont dans la gamme d'intensité program-
mée, ils seront inclus dans le volume final, les autres en
seront exclus. Le volume croît alors progressivement et
le processus s'arrête automatiquement.La qualité du
résultat de ces deux familles de méthodes est aléatoire,
car elle dépend du choix de seuils ;
Figure 1.58 Exemple de MinIP sur un scanner thoracique : projection de – segmentation basée sur des algorithmes complexes.
face, mise en évidence de l'arbre bronchique. Certains algorithmes exploitent les différences de contraste
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
pour délimiter des frontières des organes et ainsi procéder ainsi l'effet 3D escompté. L'intensité et la position de la
à une segmentation plus fine, pouvant être améliorée par source lumineuse virtuelle peuvent être choisies par
des filtres morphologiques (fermeture, ouverture). Ces l'utilisateur.
options ne sont pas installées sur les stations de travail Dans tous les cas, la qualité du résultat final dépend en
présentes dans les services d'imagerie clinique. Elles sont grande partie de la précision de l'étape de segmentation.
encore actuellement exploitées dans les laboratoires de
recherche, mais leur développement intense trouvera pro- Rendu de volume (volume rendering ou VR)
bablement des applications exploitables en routine Contrairement au rendu de surface :
clinique. – le rendu de volume est une technique de représentation
La deuxième étape consiste à matérialiser le ou les volumes volumique exploitée en routine clinique ;
segmentés. Cette opération permet de relier les voxels cor- – tous les voxels sont pris en compte dans la formation de
respondant à la surface de la structure entre eux : c'est l'opé- l'image : les voxels qu'on ne souhaite pas voir apparaître
ration de maillage. Là encore, différents processus plus ou dans le volume ne seront pas éliminés du volume mais
moins complexes existent. seront rendus transparents !
La troisième étape consiste à générer des surfaces au niveau Pour cela, on agit sur l'histogramme représentatif du volume
des mailles (couleur, plaquage de texture, degré de transpa- d'acquisition en appliquant à chaque valeur de voxels une
rence…) et d'appliquer une source lumineuse virtuelle opacité définie par une (voire plusieurs) fonction de trans-
capable d'éclairer l'objet et de générer des ombrages créant fert (figure 1.60). Tout comme en rendu de surface, un effet
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
pseudo-surfacique peut être obtenu par la mise en place chirurgiens (figure 1.61). En IRM, cette technique ne sert qu'à
d'une source lumineuse virtuelle. illustrer certaines études angiographiques (figure 1.62).
L'image résultante représente l'ensemble des voxels pondé- Tout comme en technique MIP, une variante consiste à attri-
rés en opacité par la fonction de transfert utilisée. C'est la buer un rendu volumique à coupe dite « épaisse » (de 0,5 à
forme, la position et le choix de la table de correspondance 5 cm) issu de l'empilement de coupes fines. L'intérêt est de
(LUT) associée à la fonction de transfert qui déterminent naviguer dans le volume selon une direction et de suivre visuel-
l'allure finale de l'image. L'opérateur peut agir directement lement le trajet d'une structure affectée d'un effet volumique.
sur ces paramètres, mais l'opération n'est pas forcément
intuitive, ce qui demande un entraînement régulier de la
part des utilisateurs. Note : possibilités de découpe en MIP-3D et en
Le rendu de volume est une technique qui s'adapte particu- rendu de volume
lièrement en scanner grâce à la quasi-constance de la répar- Les volumes obtenus en technique MIP-3D et rendu volu-
tition des intensités tissulaires (en unité Hounsfield) sous mique peuvent encore subir des opérations de découpe. En
l'histogramme, ce qui n'est pas le cas en IRM (dont les inten- effet, pour permettre l'étude de structures internes au
sités sont multiparamétriques). volume, il est intéressant de naviguer dans ce dernier en
En TDM, le rendu de volume permet une analyse tridimen- effectuant des découpes orthogonales ou manuelles à l'aide
de ciseaux virtuels (figure 1.63).
sionnelle des vaisseaux et des os utiles aux radiologues et aux
Figure 1.61 Exemples de reconstructions obtenues en rendu de volume (RV), avec différentes positions de fonction de transfert.
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
Figure 1.62 Application de la méthode de rendu volumique (RV) sur une angio-IRM vasculaire par temps de vol (TOF).
Étude de cercle artériel cérébral (de Willis) en vue antérieure (image de gauche) et en vue supérieure (image de droite).
Découpe en Rendu de Volume
Découpe en MIP "3D"
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
En pratique, la technique consiste à déplacer un curseur, La technique d'endoscopie virtuelle est principalement utili-
matérialiser dans les trois plans de l'espace (MPR-3D), le sée pour l'étude du côlon, les applications bronchiques sont
long du canal étudié (figure 1.64). Comme en rendu de plus rares.
volume, l'impression de relief des images obtenues est
Approches quantitatives
produite selon une technique d'éclairage et d'ombrage qui
tient compte de l'éloignement des structures anatomiques Mesures simples de distances, d'angles et d'intensités
par rapport à la position du curseur. Ce dernier étant La numérisation permet d'effectuer directement sur les images
considéré comme l'objectif de l'endoscope virtuel, il sert des mesures de distances, d'angles (figure 1.65) mais aussi des
de référence à la reconstruction informatique des parois mesures ponctuelles ou régionales d'intensités (ROI) :
endoluminales sur 360°. Compte tenu de la possibilité de – les mesures régionales d'intensités (ROI) sont utilisées
vision sphérique sur 360° par rapport au point d'observa- pour estimer des différences de fixation en médecine
tion, il est possible d'obtenir une vision rétrograde d'une nucléaire ou des différences de signal en IRM (ex. : hémo-
lésion ou d'une structure, ce qui est difficile voire impos- chromatose en IRM) ;
sible en endoscopie classique. – les mesures d'angles sont utiles en :
Quelques points limitent cependant cette technique. Tout – orthopédie (figure 1.65) : coxométrie, mesure des dia-
d'abord, il s'agit d'images reconstruites avec un seuillage arbi- mètres du canal lombaire, mesure des TAGT (distance
traire qui pose le problème des faux positifs ou des faux tubérosité tibiale antérieure et gorge trochléenne),
négatifs ; d'autre part, l'effet colorimétrique attribué aux mesure de l'angle de l'arche médiale du pied…,
images est artificiel et ne correspond pas à la vision endosco- – pelvimétrie ;
pique optique des muqueuses, dont l'aspect est souvent – les mesures de distances permettent en IRM et en TDM
utile au repérage de certaines pathologies. d'évaluer, par exemple, la taille d'une lésion tumorale ou
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
Figure 1.65 Exemples de mesures d'angles et de distances sur une radiographie de hanche droite de face et sur des coupes TDM de la colonne
lombaire.
d'un anévrisme, et sont utiles à la quantification des sté- dont il est possible d'extraire des paramètres spécifiques
noses. Certains logiciels permettent l'automatisation de (TTP, MTT, CBV, CBF…) qui guideront le calcul d'images
ces mesures. dites paramétriques (figure 1.66) ;
– si l'étude temporelle suit le produit sur plusieurs minutes (en
Courbes de suivis temporels, extractions de paramètres
réalisant une acquisition toutes les 20 secondes par exemple),
et images paramétriques
il est possible d'obtenir, à l'aide de ROI placés dans des tissus
Lors d'une injection de produit de contraste, il est possible normaux et pathologiques, des courbes de rehaussement
de suivre l'évolution des intensités des pixels ou de régions (wash-in) et d'élimination (wash-out) de produit de contraste.
d'intérêt au cours du temps. Ces suivis permettent en géné- Ces suivis sont fréquemment réalisés en IRM pour l'étude des
ral d'obtenir des courbes dynamiques traduisant le passage tumeurs mammaires ou pour l'étude de tumeurs ORL.
du produit de contraste dans un tissu, et ainsi de pouvoir
comparer tissus sains et pathologiques. On peut distinguer Mesures de surface et de volumes
deux types d'analyses dynamiques selon l'organe et la durée Les calculs de surface et de volume sont encore peu utilisés
de l'analyse temporelle : actuellement, mais gagneront du terrain dans l'avenir. Ces
– si l'étude temporelle suit en continue la première minute techniques sont intéressantes pour comparer des volumes
suivant l'injection de produit de contraste, on peut parler pathologiques à des références normales, ou pour réaliser des
d'imagerie de perfusion. La perfusion cérébrale peut ainsi suivis de volumes au court du temps afin de savoir si une
être étudiée en scanner ou en IRM à l'aide d'acquisitions tumeur répond ou non à un traitement par exemple. Ces
qui se répètent toutes les secondes pendant une minute. Il techniques sont encore mal connues, car leur mise en place
est alors possible de suivre la variation de l'intensité de est complexe du fait des difficultés liées aux contraintes de
chaque voxels et ainsi d'obtenir des courbes de perfusions segmentations (voir plus haut Rendu de surface). La recherche
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Chapitre 1 Imagerie médicale
Numérisation et traitements d'images
dans ce domaine est abondante et fertile, et des outils effi- pathologie ou un syndrome ? Les références quantitatives sont
caces de segmentation automatisée donc de volumétrie com- encore rares dans ce domaine. L'orthodontie et l'anthropolo-
mencent à voir le jour et sont progressivement intégrés dans gie font office d'exception, car les valeurs morphométriques
les logiciels d'aide au diagnostic. Une autre difficulté est de « normales » du crâne sont abondamment référencées. La
connaître le degré de précision du résultat. En effet dans ce morphométrie des organes « mous » est quant à elle bien plus
contexte, l'imagerie médicale entre progressivement dans la difficile du fait de la complexité des variabilités anatomiques.
science de la métrologie ; les appareils d'imagerie doivent
Bilan
alors être considérés comme des outils de mesure devant par
conséquent être qualifiés et étalonnés afin de proposer des Les possibilités de traiter et de post-traiter des coupes numé-
résultats dont l'incertitude de mesure doit être connue ! Les riques sont immenses. Les quelques méthodes décrites de
applications actuelles de la volumétrie sont limitées, on retient manière succincte dans les derniers paragraphes ne dévoilent
principalement la volumétrie hépatique. qu'une partie des possibilités offertes actuellement et qui
vont se développer dans l'avenir. Les progrès diagnostiques
Évaluation des formes permis par ces méthodes sont pour certaines validés ;
La quantification des formes (morphométrie) est probable- d'autres restent encore en phase d'évaluation. En effet, les
ment le champ le plus complexe à mettre en œuvre en ima- logiciels d'aide ou diagnostic utilisant des algorithmes de
gerie médicale. Plusieurs algorithmes permettent d'analyser segmentation et d'analyse complexes (volumes, formes…),
la forme (2D et 3D) d'une structure anatomique ou d'un sont en plein essor et commencent à être validés pour la
organe : détection de certaines pathologies (pathologies mammaires,
– approches par points remarquables ; nodules pulmonaires). Cependant, ces techniques sont
– méthodes de grilles déformables ; encore loin de concurrencer un œil radiologique exercé.
– analyses de Fourier elliptique des contours (figure 1.67), Cependant la pertinence des images reconstruites dépend for-
La difficulté réside dans l'interprétation des résultats. En effet, tement de la qualité des images acquises qui sont elles-
comment évaluer qu'une forme ou une autre est associée à une mêmes directement liées à la qualité de la coopération et de
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Imagerie médicale Chapitre 1
Numérisation et traitements d'images
l'installation du patient, ainsi qu'aux performances de la Les modalités d'acquisition par coupes (scanner, IRM, TEP…)
chaîne de détection. Le progrès informatique ne corrigera peuvent produire des empilements de coupes à la résolution
jamais une mauvaise installation ou une négligence concer- isotropique se prêtant à des reconstructions dans tous les
nant la préparation psychologique et physique du patient qui, plans de l'espace et à des représentations tridimensionnelles
bien que de plus en plus confronté aux modalités d'imagerie, virtuelles. Ces mêmes empilements de coupes s'exportent
ne reste pas moins angoissé à l'idée de passer un examen. déjà en dehors du plateau d'imagerie, permettant la simula-
tion chirurgicale, le guidage chirurgical, la modélisation de
prothèses…
6. Évolution et place actuelle Le rôle du manipulateur en radiologie s'en trouve renforcé et
de la numérisation transformé. Il est à l'origine de l'acquisition des données dont
et des traitements d'images les paramètres doivent être optimisés en vue du post-traite-
ment dont il doit naturellement devenir le réalisateur. Pour
en imagerie médicale1 cela, il doit acquérir la maîtrise des nouveaux outils mis à
disposition, avoir la connaissance des techniques de post-
La mise au point du scanner à rayons X au début des années
traitement. Enfin, l'infinité des possibilités offertes par les
1970 constitue une révolution de l'imagerie médicale à
techniques de post-traitement requiert une connaissance
double titre : en raison du fabuleux potentiel diagnostic de la
plus approfondie de l'anatomie.
technique d'une part, mais aussi en tant que première tech-
L'enseignement initial et la formation continue des manipu-
nique d'imagerie numérique d'autre part.
lateurs doivent comporter un volet de plus en plus impor-
Depuis lors, toutes les modalités d'imagerie médicale sont
tant consacré au post-traitement des images en radiologie
numériques directement (IRM, échographie, radiologie
mais aussi au nouvel environnement informatique du pla-
conventionnelle par capteurs plans…) ou indirectement
teau d'imagerie. La part déjà conséquente du post-traite-
(plaques photostimulables).
ment dans le quotidien du manipulateur évoluera en
Cette évolution irréversible transforme l'environnement du
croissant. En effet, le traitement du signal et des images est
plateau d'imagerie et la nature de la prestation : l'image est
l'un des domaines des plus actifs et des plus féconds avec des
dématérialisée et n'est plus véhiculée sur un support rigide
répercussions très rapides en imagerie médicale.
(film, papier). Le système d'archivage et de diffusion des
images radiologiques (picture archiving and communication Bibliographie
system ou PACS) en liaison avec le système d'information Cocquerez JP, Philipp-Foliguet S. Analyse d'images : filtrage et segmen-
radiologique (radiology information system ou RIS) devient la tation. Paris : Masson ; 1995.
pierre angulaire du plateau d'imagerie. Ces deux systèmes Coster M, Chermant JL. Précis d'analyse d'images. Paris : éditions du
CNRS ; 1985.
sont liés étroitement au système d'information hospitalier
Dam EB, ter Haar Romeny B. Front end vision and multi-scale image
en vue de favoriser fluidité et traçabilité du parcours du analysis. Deep Structure I, II & III. Kluwer ; 2003.
patient. L'interopérabilité des systèmes, favorisée par des Delmas JP. Éléments de théorie du signal : les signaux déterministes.
normes uniques (DICOM, HL7), rend l'image ubiquitaire, dis- Paros : Ellipses ; 1995.
ponible immédiatement et simultanément en tous les Desgrez A, Idy-Peretti I, Laval-Jeantet M. Bases physiques de l'imagerie
emplacements nécessaires (station de travail, station de dic- médicale. Paris : Masson ; 1992.
Gonzalez RC, Woods RE. In : Digital image processing ; 2nd ed Prentice
tée, PC de clinicien…).
Hall ; 2002.
L'acquisition numérique de données contient en germe la Hélénon O. Traitement de l'image : de la numérisation à l'archivage et
possibilité du post-traitement ; les valeurs numériques for- la communication. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson ; 2013.
mant la matrice image se prêtent naturellement à la manipu- Noblet V, Heinrich C, Heitz F, et al. Retrospective evaluation of a topo-
lation mathématique. Ainsi, des algorithmes sophistiqués de logy preserving non-rigid registration method. Med Image Anal
traitement appliqués à la radiologie conventionnelle per- 2006 ; 10(3) : 366–84.
Suetens P. Fundamentals of medical imaging. Cambridge University
mettent d'extraire plus d'informations d'une exposition aux
Press ; 2009.
rayons X que le film radiologique.
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IMAGERIE MÉDICALE
Chapitre 2
Radiologie de projection
Jean-Philippe Dillenseger
convertit à 99 % en chaleur (énergie thermique) et à 1 % en lement des infrarouges (= chaleur) à 99 %. Les déviations
rayonnement X. Le rendement de production des rayons X importantes généreront des rayons X (1 %) d'énergies diffé-
est ainsi très faible. rentes ; le faisceau X obtenu sera donc polychromatique.
Lorsqu'on s'intéresse au phénomène physique strict, on Lorsque la cible est de nature très dense, l'énergie transpor-
décrit deux phénomènes différents susceptibles de donner tée par ce rayonnement de freinage est élevée et se situe
naissance à des rayons X : dans la gamme des rayons X. Cette énergie augmente avec :
– soit l'électron est dévié brutalement de sa trajectoire – l'énergie cinétique des électrons incidents ;
lorsqu'il « passe » à proximité d'un noyau de la cible, on – le numéro atomique de la cible.
parle alors d'interaction électron–noyau ; Cette énergie est définie et caractérisée par un spectre
– soit l'électron entre en collision avec un électron d'un continu où l'on présente :
atome constituant la cible, on parle alors d'interaction – en abscisse : l'énergie des photons X créés ;
électron–électron. – en ordonnée : la quantité de photons X créés pour une
énergie donnée.
Interaction électron–noyau
Ce spectre continu est étalé à partir d'une énergie maximale
Lorsqu'un électron passe au voisinage d'un noyau, il est attiré qui correspond au très faible nombre d'électrons ayant à la
par ce dernier. Il subit ainsi une déviation et perd une partie fois subit la tension pic (kVp) et ayant été totalement freinés
de son énergie sous forme de rayonnement électromagné- lors de l'interaction (perte totale d'énergie cinétique).
tique dit « rayonnement de freinage » ou « Bremsstrahlung »,
ce qui le ralentit (figure 2.3). Plus l'électron passe près du Interaction électron–électron
noyau, plus il sera dévié et perdra de l'énergie retransmise Dans le nuage électronique, les électrons sont groupés en
sous forme de rayonnement. La gamme d'énergie créée est niveaux d'énergie K, L, M… Ces derniers sont caractérisés par
large du fait de l'étendue des déviations potentielles. Les leur énergie de liaison avec le noyau. Plus un électron est
énergies les plus faibles (déviations faibles) génèrent des proche du noyau, plus son énergie de liaison est élevée.
radiations électromagnétiques de basse fréquence, essentiel- Lorsque l'énergie des électrons incidents est supérieure à
l'énergie de liaison d'un électron lié, ce dernier est arraché
du cortège électronique (EK > EL > EM > …). À titre d'exemple,
pour du tungstène (Z = 74) l'énergie de liaison de la couche K
est d'environ 70 keV, celle de la couche L de 11 keV, et celle
de la couche M de 2 keV.
Si l'électron arraché provient d'une couche interne de
l'atome, les électrons des couches externes auront tendance
à se « précipiter » dans la place laissée vacante. Ce faisant,
l'électron qui change d'orbite perd de l'énergie qui est rejetée
sous forme d'un rayon (photon) X (figure 2.4). À titre
d'exemple, un arrangement par transition électronique K-L
génère un photon X de 59 keV.
Ce rayonnement, caractérisé par un spectre de raies propre
au métal de l'anode, ne constitue qu'une faible proportion
de l'énergie électronique incidente. Cela s'explique par la
faible probabilité qu'ont les électrons incidents à entrer en
Figure 2.3 Interaction électron-noyau générant un rayonnement X de collision avec ceux de l'atome cible, au vu des distances rela-
freinage ou « Bremsstrahlung ». tives immenses qui séparent les différentes orbites électro-
réarrangement
électronique Rayon X
- -
électron - - - Rayon X
incident
- - -
+ + +
Noyau Noyau Noyau
-
électron
éjecté
50
IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
Spectre total
Le spectre total correspond à la combinaison du spectre
continu (caractéristique de l'effet de freinage) et du spectre
de raies (caractéristique du métal de la cible = anode). La
comparaison des aires liées à chaque interaction illustre bel
et bien que, lors d'une interaction des électrons avec la cible,
la quantité de rayons X produite par effet de freinage est
supérieure à celle produite par la collision électron–électron
(figure 2.5).
51
Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
X – l'effet photoélectrique ;
– l'effet Compton ;
– l'effet de matérialisation ;
µ – les réactions photonucléaires.
Au regard des énergies utilisées, ces deux derniers effets ne
sont pas perçus en radiologie.
F0
Io F Effet de Thomson-Rayleigh
L'effet de Thomson-Rayleigh est un processus purement diffu-
sif. Le photon incident est absorbé par l'atome cible puis réémis
dans une direction différente, mais sans changement d'éner-
gie. Il n'y a donc pas échange d'énergie entre photon et matière.
Prédominant pour les photons peu énergétiques (lumineux,
F0
infrarouge…), cette diffusion est négligeable pour les photons X
(ou gamma). Dès que l'énergie du photon (E = h.ν) dépasse les
45 keV, cette interaction devient tout à fait négligeable par rap-
port aux autres modes d'interaction. Elle est donc peu impor-
F tante en imagerie médicale sauf dans certains types d'imagerie
des parties molles. La mammographie (imagerie du sein par
distance
transmission des rayons X) constitue une exception, on y utilise
Figure 2.7 Atténuation de la fluence d'un faisceau X mono-énergétique des rayons X de faible énergie aux alentours de 30 keV. La diffu-
dans un milieu homogène (μ) d'épaisseur x. sion de Thomson-Rayleigh conduit à un flou que l'on tente de
diminuer au moyen d'une grille antidiffusante.
Ces différents paramètres sont liés par la loi de Beer- Effet photoélectrique
Lambert selon la formule : L'effet photoélectrique a été décrit et modélisé pour la pre-
mière fois par Albert Einstein en 1905. Il est l'un des premiers
F = F0 .e −µ .x grands succès de la mécanique quantique valant à son auteur
Avec : F = fluence photonique à la sortie du corps étudié ; le prix Nobel de physique (1921). Dans ce phénomène, l'inté-
F0 = fluence photonique incidente (entrée du corps) ; gralité de l'énergie d'un photon incident est transférée à un
x = épaisseur traversée ; μ = coefficient d'absorption du électron de l'un des atomes du milieu atténuant. Il y a une
milieu traversé. absorption totale du photon (et donc une atténuation du
faisceau). L'énergie absorbée est transmise à un des électrons
Remarque : ce calcul n'est rigoureux que pour un milieu sur une orbitale proche du noyau. Le surplus d'énergie consti-
traversé homogène (même coefficient d'atténuation) et tue une énergie cinétique conférée à l'électron accéléré.
que si l'on considère le faisceau incident comme étant L'atome est ainsi ionisé et excité, et son retour à l'équilibre
monoénergétique. (désexcitation) par réarrangement électronique s'accom-
pagne de l'émission d'un photon de fluorescence (figure 2.8).
Cette atténuation globale des rayons X s'explique par plusieurs Le calcul du coefficient d'atténuation par effet photoélec-
interactions physiques élémentaires classées ci-dessous par trique est essentiel pour les applications médicales car de lui
leur ordre d'apparition en fonction de l'énergie X incidente : dépend le contraste en radiologie. On montre que μ dépend
– l'effet de diffusion de Thomson-Rayleigh ; directement du numéro atomique Z de l'atome constituant
réarrangement -
électronique Photon de fluorescence
- - -
photon X
incident - - -
-
52
IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
Figure 2.9 Interaction Compton et création d'un photon X diffusé et d'un électron Compton.
le matériau ainsi que de la longueur d'onde λ du rayonne- Plus l'énergie incidente est importante, plus ces angles sont
ment X utilisé (relation de Bragg et Pierce) : faibles (figure 2.9).
Avec les énergies utilisées en radiologie, l'effet Compton est
µ = ( C . Z 4 . λ 3 . NA ) . 1/ M favorisé dans des milieux peu denses (graisse, tissus mous…).
53
Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
-2
Vide 10 mm Hg
gaz (ions positifs)
+ + +
+
-
cathode
+ +
anode
- - - - - - +
ddp
+ +
- +
54
IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
Dans les jours qui suivent, W.C. Roentgen décrit quatre pro- Les progrès scientifiques et technologiques permis par les
priétés propres aux rayons X : rayons X sont nombreux : la physique et la chimie
– ces rayons sont absorbés par la matière ; démasquent la structure des atomes grâce à la spectromé-
– ces rayons sont diffusés dans la matière ; trie par rayons X, la médecine bénéficie d'un nouvel outil
– ces rayons impressionnent une plaque photographique ; d'observation (radiologie) et de traitement (radiothérapie)
– ces rayons déchargent « des corps chargés électriquement ». du corps humain, etc. L'usage des rayons X est aujourd'hui
Ces découvertes sont communiquées à la communauté multiple, touchant l'industrie, l'archéologie, la criminologie,
scientifique le 28 décembre 1895 qui, en 1901, récompense l'observation spatiale…
Roentgen en lui attribuant le premier prix Nobel (de phy-
sique) de l'histoire (figure 2.13).
55
Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
Une page d'histoire : communication de Roentgen épaisses de 2 à 3 cm n'absorbent que très peu. - Une couche
du 28 décembre 1895 (figure 2.13) d'aluminium épaisse de 15 mm affaiblit considérablement la
Compte rendu des séances de la Société de physique et de fluorescence, mais ne parvient pas à la faire disparaître com-
médecine à Würtzbourg plètement. - Des plaques d'ébonite de plusieurs centimètres
Année 1895, no 9 d'épaisseur laissent encore passer les rayons. - Des plaques de
Édition de la librairie de la Cour et de l'Université de Würtzbourg verre se comportent différemment, selon qu'elles contiennent
Le 28 décembre, reçu la communication suivante : du plomb (verre flint) ou non ; les premières étant beaucoup
W.C. Röntgen : Au sujet de rayons d'une nouvelle espèce moins transparentes que les dernières. - En plaçant la main
(Communication provisoire) entre l'appareil à décharge et l'écran, on aperçoit les ombres
Faisons passer les décharges d'une bobine de Ruhmkorff assez plus sombres des os de la main sur l'ombre relativement faible
puissante dans un tube de Lenard, Crookes, etc., et couvrons le de la main. - L'eau, le sulfure de carbone, et autres liquides exa-
tube avec un cache bien ajusté en carton mince de couleur minés dans des récipients en mica se montrent très transpa-
noire. Dans une chambre obscure, un écran papier enduit de rents. Je n'ai pas pu trouver que l'hydrogène soit très
platino-cyanure de baryum approché du tube s'éclaire alors à nettement plus transparente que l'air. - On reconnaît encore
chaque décharge, il devient fluorescent, n'importe quel côté de facilement la fluorescence derrière des plaques de cuivre,
l'écran étant tourné vers le tube. Cette fluorescence est encore d'argent, de plomb, d'or, de platine, si l'épaisseur du matériau
perceptible à une distance de 2 m de l'appareil. On vérifie faci- n'est pas trop grande. Le platine est encore transparent sous
lement que la cause de la fluorescence vient de l'appareil à une épaisseur de 0,2 mm ; les plaques d'argent et de cuivre
décharge et non d'un autre organe de l'installation. peuvent même être plus épaisses. Une plaque de plomb d'une
Un premier fait est très probant : l'étui de carton noir, qui n'est épaisseur de 1,5 mm est pratiquement opaque, et a été utilisée
traversé, ni par les rayons visibles et ultraviolets de la lumière souvent de ce fait. - Une tige en bois de section carrée
du soleil, ni par ceux de l'arc électrique, est traversé par un (20 × 20 mm), dont un côté à été peint en blanc à la peinture
agent capable d'exciter une fluorescence très vive. On sera donc au plomb, se comporte différemment, selon la façon dont elle
tenté de prime abord de rechercher si d'autres corps possèdent est tenue entre l'appareil et l'écran ; son action est pratique-
cette propriété. ment nulle quand les rayons X sont parallèles à la face peinte ;
On trouve facilement que tous les corps sont plus ou moins lorsqu'ils doivent traverser la couche de peinture, la tige pro-
transparents à cet agent. Je cite quelques exemples : le papier jette une ombre sombre. - Les sels des métaux, secs ou en solu-
est très transparent : l'écran montre une luminosité encore tion, peuvent se classer d'une façon identique aux métaux, en
très nette derrière un livre d'environ 1000 pages ; le noir des ce qui concerne leur transparence.
caractères imprimés n'est pas un obstacle particulier au pas- J'appelle « transparence » d'un corps, le rapport de luminosité
sage. La fluorescence est analogue derrière un jeu de WHIST de l'écran fluorescent maintenu directement derrière le corps
double : on remarque très difficilement une seule carte tenue d'essai à la luminosité de l'écran seul, dans les mêmes
entre l'appareil et l'écran. De même, une simple feuille d'étain conditions.
est à peine perceptible ; plusieurs couches superposées seule- J'emploierai, par commodité, l'expression « rayons », plus préci-
ment donnent une ombre distincte sur l'écran. - De gros blocs sément « rayons X » pour les distinguer d'autres rayons.
de bois sont encore transparents ; les planches en bois de sapin
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
- +
HT
-4
Vide 10 mm Hg
ddp
- 6–24V
+
RX
- - -
-
-
-
- - - -
-
- -
- - - -
- -
6–24V - - - -
- -
- - -
- - - -
-
-
- - -
-
-
- - -
-
- -
- -
Figure 2.15 Effet thermo-ionique et création d'une source d'électrons.
courant du filament à ne pas confondre avec l'intensité de kV, kVp et keV : quelles significations, quelles différences ?
courant du tube ! L'intensité courant-tube (en mA), est La différence de potentiel (ddp) entre anode et cathode, per-
réglable par l'utilisateur et traduit le nombre d'électrons tra- mettant d'accélérer les électrons dans le tube radiogène, s'ex-
versant le tube à chaque seconde. En programmant une prime en kilovolts (kV). En réalité le kilivoltage fluctue en
intensité courant-tube, l'utilisateur modifie indirectement fonction de la qualité du générateur de haute tension (voir plus
l'intensité de chauffage du filament ! loin Circuit haute tension : réglage de la différence de potentiel).
Par convention, la tension affichée sur les pupitres de com-
mande correspond à la valeur pic du kilovoltage (kVp) expri-
Différence de potentiel mant ainsi le champ électrique maximal généré. Lors de la mise
Les électrons situés autour du filament sont attirés vers la en place d'une ddp, seule une partie des électrons sera accélérée
cible par une différence de potentielle élevée pouvant varier par la tension pic (kVp) et bénéficiera d'une énergie cinétique
de 40 à 150 kV (par paliers de 1 kV). Le filament fait alors office maximale (keV = kVp). Les autres électrons seront ainsi soumis
à une tension moindre et auront une énergie plus faible. À titre
de cathode et la cible d'anode. Plus la différence de potentielle
d'exemple pour une programmation de ddp à 100 kVp, l'énergie
est élevée, plus l'accélération est grande, plus l'énergie cinétique moyenne du faisceau électronique sera d'environ
cinétique des électrons (lors du choc) est importante, et plus 70 keV. Cela explique en partie l'aspect polychromatique (ou
les rayons X seront énergétiques, donc pénétrants. polyénergétique) du faisceau X à la sortie du tube radiogène.
Ec e = 1 / 2 m.v 2 = e.U
Cible
Avec : m = masse de l'électron 9,11.10 kg ; v = vitesse de
− 31
La cible, dont l'objectif est de créer une décélération
l'électron (en arrivant à l'anode) en m.s− 1 ; e = charge de l'élec- brutale des électrons lors de l'impact (figure 2.16), doit
tron 1,6.10− 19 coulomb ; U = différence de potentiel en kV. être suffisamment dense mais aussi bonne conductrice de
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
chaleur. En effet, la perte brutale d'énergie cinétique des 2.3. Caractéristiques technologiques
électrons lors du choc est transformée : de chaque élément constituant
– en chaleur : 99 % (rayons infrarouges) ; un tube à rayon X (figure 2.17)
– en rayons X : 1 %.
Cathode
Le rendement de production des rayons X est ainsi très
faible. La cathode est constituée (figure 2.18) :
RX
RX
Chaleur
99% Eth (chaleur)
freinage (= perte d'Ec) Ec (électrons)
1% Erx (Rayons X)
RX
RX
Figure 2.16 Perte d'énergie cinétique de l'électron incident = énergie thermique (99 %) + rayonnement X (1 %).
Faisceau
électronique
Stator
Filtre
Filament et pièce de concentration
Système de refroidissement
Fenêtre de sortie
Diaphragmes
Rayons X
58
IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
– d'un ou deux filaments permettant de créer une source – de focaliser les électrons vers la ou les pistes de l'anode
d'électrons ; (« maîtrise » les forces répulsives des électrons entre eux).
– d'une pièce de concentration qui accueille et maintient La pièce de concentration peut être portée à un potentiel
en place, dans des gouttières, le ou les filaments. plus faible que celui du filament, ce qui permet de faire
diminuer les dimensions du foyer thermique et ainsi de
Filaments générer un foyer optique supplémentaire. En effet, en por-
Les filaments sont des spirales métalliques constituées de tant la pièce de concentration à un potentiel négatif, on
tungstène (Z = 74) qui a pour caractéristiques : limite davantage la dispersion du nuage électronique, ce qui
– une température de fusion élevée (3 370 °C) ; permet de réduire la surface du foyer thermique au niveau
– une bonne conduction thermique ; de la cible. Ainsi, il n'est pas rare de trouver des tubes consti-
– une durée de vie longue. tués de deux filaments permettant de générer trois foyers.
En pratique, le filament est chauffé à 2350 °C par un courant L'anode est un élément essentiel du tube à rayon X, elle doit
électrique de chauffage (10 V et 3 à 5 A) qui permet une répondre à trois critères :
émission électronique proportionnelle à sa surface et au carré – être suffisamment dense (Z élevé) pour favoriser la pro-
de l'intensité de chauffage. Le nombre d'électrons pouvant duction de rayons X (effet de freinage) ;
alors être accéléré est énorme, ce qui génère des intensités de – posséder une température de fusion élevée pour résister
courant-tube (intensité du flux électronique entre le filament aux températures faisant suite aux interactions
et la cible) élevées (de l'ordre de 100 à 2 000 mA). Attention à électroniques ;
ne pas confondre l'intensité du courant de chauffage – être bonne conductrice thermique pour évacuer rapide-
(3–5 A) avec l'intensité courant-tube (100–2 000 mA) ! ment la chaleur.
Les filaments de tungstène ont les caractéristiques géomé- On distingue généralement deux types d'anodes, les anodes
triques suivantes : fixes et les anodes tournantes :
– diamètre du filament : 2 mm ; – les anodes fixes sont fabriquées en cuivre, bon conducteur
– diamètre du fil : 0,2 mm ; de chaleur, mais bénéficiant d'un point de fusion faible
– longueur : de 5 à 15 mm (selon le foyer optique souhaité). (1070 °C) ne permettant pas de supporter l'énergie ther-
On dispose en général de deux filaments, un petit mique dégagée lors de l'impact des électrons avec l'anode.
(h = 5 mm) et un grand (h = 15 mm) pouvant être position- Ainsi le bloc de cuivre contient en son centre une pastille de
nés dans la pièce de concentration : tungstène (W) supportant des chaleurs élevées (point de
– soit l'un en dessous de l'autre, on parle alors de configura- fusion = 3370 °C) et permettant de favoriser la production
tion linéaire ; des rayons X de par sa densité (Z = 74). Ces anodes équipent
– soit l'un à côté de l'autre, on décrit alors une configura- les tubes radiologiques de faible puissance comme les tubes
tion parallèle. destinés à la radiologie dentaire localisée (clichés intrao-
On utilise un seul filament à la fois, ce choix dépend de : raux). Il est intéressant de noter que ces deux métaux carac-
– la définition de l'image souhaitée (donc de la taille du térisés par des coefficients de dilatation différents sont
foyer optique). Plus le foyer optique est petit, plus le flou difficiles à « souder » au sens technologique ;
géométrique diminue : bonne définition = petit filament ; – les anodes tournantes dépassent les performances des
– la charge thermique utilisée. Plus la surface du foyer ther- anodes fixes. Elles équipent les tubes de moyenne et de
mique est importante, plus il y aura création de rayons X (par forte puissance, et sont constituées de trois parties : un
unité de temps) : charge thermique élevée = gros filament. couple rotor–stator, un axe de transmission et un disque
Au fil de son utilisation, le filament perd un nombre impor- (figure 2.19).
tant d'électrons (= phénomène de vaporisation) et atteint un Disque Axe de l'anode
diamètre de fil en tungstène trop fin entraînant sa rupture.
Par ailleurs, le phénomène de vaporisation entraîne dans la
durée un dépôt de métal sur la couche interne du verre qui
« jaunit » et augmente ainsi le risque d'arc électrique pouvant Stator
venir fissurer le tube et ainsi le rendre inutilisable.
Pièce de concentration
La pièce de concentration (ou de focalisation) est un bloc de Rotor
molybdène (Z = 42) ou de nickel (Z = 56) creusé d'une ou
deux gouttières contenant les filaments qui sont disposés
soit en ligne, soit en configuration parallèle.
Cette pièce a pour rôles :
– d'empêcher la déformation des filaments lors de
l'échauffement ;
– de déterminer la forme rectangulaire du foyer thermique
sur l'anode ; Figure 2.19 Éléments constitutifs d'une anode tournante.
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Radiologie de projection
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Col du tube
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
Gaine plombée
Fenêtre de sortie
es
iqu
Diaphragmes herm
r st
ye
Fo
Foyers thermiques
Cône localisateur
Faisceau électronique Faisceau électronique
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Filament
Rayonnement
extrafocale
- - - - -
RX ue
Disq
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Radiologie de projection
⇒ 150 kW) ;
re de
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
Un courant électrique soumis à une tension alternative Deux principales causes sont à l'origine de ces fluctuations :
de 325 V (Umax) procure le même effet énergétique qu'un – résistances excessives et variables sur la ligne d'alimenta-
courant électrique soumis à une tension continue de tion (longueur et diamètre des câbles) ;
230 V (Ueff ). – fluctuation temporelle de l'alimentation du réseau.
Pour corriger ces défauts, plusieurs solutions sont possibles :
Courant alternatif triphasé
on peut associer une résistance d'amortissement et un auto-
Pour alimenter les appareils demandeurs d'une puissance transformateur, utiliser un onduleur statique… Peu importe
élevée, le secteur peut fournir du courant alternatif triphasé la solution retenue, l'essentiel est d'obtenir une tension
(figure 2.32). Ce courant correspond à des courants alterna- stable dans le temps.
tifs monophasés, circulants dans trois circuits propres, déca-
lés d'un tiers de période (T/3). Transformateur à courant alternatif
Quelques données. En France ce courant possède les caracté-
Après avoir stabilisé la tension du secteur, cette dernière doit
ristiques suivantes :
s'adapter au générateur, en fonction du circuit concerné. Il va
– Ueff triphasé = Ueff monophasé × √3 = 230 × √3 = 400 V ;
falloir, selon le cas, l'augmenter (circuit haute tension) ou la
– fréquence : 50 Hz ;
diminuer (circuit basse tension).
– déphasage de T/3 = 6,6 ms.
Pour réaliser cela, on utilise un transformateur.
Les avantages du courant triphasé sont de :
Principe : une tension alternative primaire appliquée aux
– fournir une puissance plus élevée : P = √3 UI ;
bornes d'une bobine composée de n1 spires induit dans un
– obtenir, après redressement, un taux d'ondulation plus
noyau de fer doux un flux magnétique alternatif qui, lui-même,
faible.
induit dans une bobine secondaire de n2 spires une tension
Stabilisation de la tension du secteur alternative secondaire différente dépendant du nombre de
Les courants d'alimentation fournis par le secteur ne pro- spires de chaque bobine (figure 2.33). La différence des ten-
curent pas une tension efficace suffisamment stable dans la sions entre le circuit primaire et secondaire est proportion-
durée pour venir alimenter directement le générateur radio- nelle au rapport de transformation « k ». Ce dernier est égal au
logique. Ces fluctuations ne sont pas réellement nocives rapport du nombre de spires de chaque bobine : k = n2/n1.
pour le tube, mais elles faussent les valeurs des constantes On en déduit que : U2 = k ⋅ U1.
affichées au pupitre (kV, mA, ms), ce qui risque de nuire à la Si k > 1, la tension entre le circuit primaire et secondaire est
qualité de l'image finale. augmentée, on parle alors de transformateur sur-volteur.
Si k < 1, la tension entre le circuit primaire et secondaire est
diminuée, on parle alors de transformateur sous-volteur.
Courant alternatif monophasé Courant alternatif triphasé
U U
U max U max
U eff U eff Exemple
Circuit primaire : U1 = 300 V ; n1 = 300 spires.
Si on suppose une induction de 1 V par spire :
temps temps – un circuit secondaire constitué d'une bobine (n2) de
10 spires sera soumis à une tension (U2) de 10 V ⇒ trans-
formateur sous-volteur. U2 = (10/300), U1 = 10 V ;
– un circuit secondaire constitué d'une bobine (n2) de
T
T/3
T 600 spires aura une tension (U2) de 600 V ⇒ transforma-
teur sur-volteur. U2 = (600/300), U1 = 600 V.
Figure 2.32 Courant alternatif monophasé et triphasé.
Fer doux
primaire
primaire
Bobine
Bobine
Bobine
Bobine
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Figure 2.36 Les dopages de type N et P et la jonction N-P (A). Principe du redressement possible à l'aide d'une jonction N-P (B).
1
U primaire
< U secondaire
Fer doux
Bobine
primaire
Bobine
secondaire
3
n2 spires
n1 spires
2
1 Résistance variable de réglage 2 Transformateur sous-volteur 3 Tube à rayons X
3.3. Circuit basse tension : chauffage du filament Pour éviter les confusions : ce circuit régule l'intensité de
Le circuit basse tension contrôle le courant de chauffage du chauffage du filament. Ce n'est pourtant pas cette intensité
filament (figure 2.37). Il doit remplir deux critères : que règle l'utilisateur ! En effet, l'utilisateur règle indirecte-
– transformer, à l'aide d'un transformateur sous-volteur, la ment le courant de chauffage du filament en programmant
tension efficace du secteur (230 V) en une tension plus en pratique l'intensité de courant-tube en milliampères (voir
faible (environ 10 V) générant donc une intensité plus plus haut Tube de Coolidge) !
forte (3 à 5 A) ; 3.4. Circuit haute tension : réglage
– régler cette intensité en fonction de la température de de la différence de potentiel
chauffage souhaitée. Solution = résistance réglable dans le Le circuit haute tension a pour rôle principal de transformer
circuit primaire. le courant alternatif basse tension du secteur en un courant
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
continu haute tension nécessaire à l'alimentation du tube Pour gagner en précision : les différents montages
radiogène (figure 2.38). Mais ce circuit doit aussi permettre
Les noms des différents montages dépendent du nombre
d'accéder au pupitre à des valeurs de haute tension s'étalant de crêtes obtenues pendant une période (figure 2.39) :
de 40 à 150 kVp en fonction des examens. – montage à une crête : il utilise un courant monophasé et
Différentes solutions, plus ou moins complexes, sont alors deux redresseurs. Il équipe les tubes de faible puissance
envisageables en fonction de la qualité et de la stabilité de (< 15 kW), le tube n'émet qu'une alternance sur deux ;
tension souhaitée. – montage à deux crêtes : il utilise un courant alternatif mono-
phasé et quatre redresseurs. La puissance fournie est de
Générateurs classiques l'ordre de 50 kW et le taux d'ondulation est maximal (100 %) ;
– montage à six crêtes : il utilise un courant alternatif triphasé
Ce type de générateurs se compose principalement :
et un montage symétrique à 12 redresseurs. La puissance
– d'un autotransformateur permettant le réglage de la haute fournie est de l'ordre de 150 kW et le taux d'ondulation varie
tension (de 40 à 150 kVp) ; de 20 à 13,5 % ;
– d'un transformateur sur-volteur permettant l'accès à la – montage à douze crêtes : il utilise un courant alternatif tri-
haute tension ; phasé et un montage asymétrique à 12 redresseurs. La puis-
– de plusieurs redresseurs nécessaires au redressement du sance fournie est de l'ordre de 225 kW et le taux d'ondulation
est de 13 à 3,5 %.
courant alternatif en courant continu.
Le transformateur sur-volteur permet de transformer le cou-
rant alternatif du secteur (circuit primaire) en un courant Générateurs de moyenne et haute fréquence
alternatif de haute tension (circuit secondaire), en utilisant Développés au début des années 1980 pour équiper les
un rapport k de l'ordre de 400. L'obtention de cette haute installations radiologiques mobiles, ces générateurs ont
tension nécessite, pour des raisons de sécurité, une isolation depuis remplacé les générateurs décrits précédemment.
parfaite (cuve à huile). Plus compacts, plus légers et plus simples, ils équipent
La constance du rapport k ne permet pas de faire varier la aujourd'hui la plupart des installations radiologiques
haute tension au niveau du transformateur sur-volteur. Pour (figure 2.40).
réaliser cela, un autotransformateur est intégré dans le cir- Un redresseur et un condensateur redressent et filtrent le
cuit primaire et permet de faire varier la tension de ce cir- courant alternatif (50 Hz) basse tension du secteur pour le
cuit. Ce dispositif permet, par proportionnalité k, de régler transformer en courant continu de basse tension.
indirectement la tension du circuit secondaire. Dans le cas Le courant continu basse tension créé alimente un ondu-
d'une alimentation triphasée, on utilise trois autotransfor- leur statique, qui le « hache » et le transforme en cou-
mateurs calibrés avec un retard de phase d'un tiers de rant basse tension alternatif de haute fréquence (5 à
période (T/3). 100 kHz).
Le courant du circuit secondaire à la sortie du transforma- Un transformateur sur-volteur vient ensuite transformer
teur sur-volteur présente bien une tension élevée, mais qui ce courant haute fréquence de basse tension en un courant
est encore alternative. Or, les électrons doivent traverser de haute fréquence de haute tension.
constamment le tube du filament vers l'anode, ce qui Ce dernier est alors redressé et filtré à l'aide de redresseurs
nécessite l'utilisation d'un courant continu. On utilise alors et de condensateurs. Un courant continu de haute tension,
une série de redresseurs dont les montages sont plus ou et de puissance élevée, est ainsi créé.
moins complexes en fonction de la linéarité de courant Le taux d'ondulation du courant obtenu varie de 4 à 15 %
souhaitée. (selon les installations).
2 3
Fer doux
mA
1
V 4
3
1 Autotransformateur (réglage HT) 3 Redresseurs
70
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Radiologie de projection
Montage à 1 crête
T
tension
230 V monophasé
Tube RX
P S i
temps
Montage à 2 crêtes
T
tension
230 V monophasé
P mA
S
Tube RX
temps
Montage à 6 crêtes
S1
tension T
400 V triphasé
P
Tube RX
mA
i
S2
temps
Montage à 12 crêtes
S1
T
tension
400 V triphasé
P
Tube RX
mA i
S2
temps
Figure 2.39 Représentation simplifiée des différents montages redresseurs de courant.
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
Tube RX
i
U tube RX
Figure 2.41 Traversée d'un corps par un faisceau X : naissance de l'image radiante.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
Relief
du rayonnement
incident
Milieu homogène
Relief
du faisceau émergent
= image radiante
Relief
du rayonnement
incident
Milieu hétérogène A B A C
Relief
du faisceau émergent
= image radiante
Relief
du rayonnement
incident
A A
C B C B
Milieu hétérogène Rayonnement
diffusé
Relief
du faisceau émergent
= image radiante
image radiante =
image radiante = (rayonnement incident - atténuation)
rayonnement incident - atténuation + rayonnement diffusé
Figure 2.44 Influence du diffusé sur l'image radiante.
Profil d'absorption et profil d'intensité – le profil d'intensité représente les variations spatiales
Les reliefs radiologiques décrits à l'instant peuvent êtres repré- d'« intensité » du faisceau émergent. Le terme d'« inten-
sentés par deux courbes connues sous le nom de profil d'ab- sité » peut être défini comme étant le nombre de photons
sorption (ou d'atténuation) et de profil d'intensité (figure 2.45) : dans le faisceau multiplié par l'énergie de chaque photon
– le profil d'absorption représente les variations spatiales (Coulomb/kg en unité SI).
d'absorption du faisceau émergent ;
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
Relief
du rayonnement
incident
Milieu hétérogène C A B C C A B C
"intensité"
Absorption
0 distance 0 distance
Profil d'absorption Profil d'intensité
Figure 2.45 Représentation du relief du faisceau par un profil d'absorption (à gauche) et par un profil d'intensité (à droite).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
règle 1 : La projection de l'objet forme une règle 2 : Les parties les plus éloignées du
ombre plus grande que l'objet détecteur sont les plus agrandies
Foyer Foyer
dfd dfd
Plan objet 2
Plan objet
O O
Détecteur
Détecteur
I I
règle 3 : Une projection perpendiculaire règle 4 : Une projection oblique agrandit et modifie
agrandit mais ne modifie pas la forme d'un objet la forme d'un objet parallèle au plan du capteur.
parallèle au plan du capteur.
Foyer Foyer
règle 5 : La projection normale ou oblique agrandit et modifie la forme d'un objet non parallèle
au plan du capteur.
Foyer Foyer
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
S
S
Os normal
S S
Os fracturé
Figure 2.48 Utilisation des règles de l'optique radiologique pour obtenir une image fidèle.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
– diminuer au maximum le temps de pose (utilisation du aux différentes étapes de la formation de l'image. On dis-
grand foyer) ; tingue deux types de bruits d'origine distincte :
– dans certaines conditions (rares), sédater le patient. – le bruit photonique ou bruit quantique (Bphotonique) cor-
Ce flou peut cependant s'avérer utile dans certains cas : respond au phénomène de fluctuation quantique des
– un temps de pose long, associé à un mouvement volon- photons X et se trouve dans l'image radiante, il devient
taire de respiration, permet d'effacer les côtes sur un cliché apparent à faibles doses et prépondère au niveau des
de colonne thoracique de profil (figure 2.51) ; structures les plus denses ;
– la tomographie utilise le flou cinétique pour effacer les – le bruit de détection (Bdétection) correspond à l'ensemble
structures situées hors du plan d'étude (voir chapitre 1, des bruits prenant naissance dans la chaîne de transforma-
Exploitation de l'histogramme par fenêtrage). tion de l'image radiante en image photographique (bruit
de conversion, bruit électronique…).
Flou de diffusé
Il est lié à la présence de rayonnement X diffusé émis par l'objet. 2
Bglobal = (Bphotonique + B 2détection)
Ce flou se manifeste par une « ombre » à la p ériphérie de chaque
organe, altérant ainsi le contraste et la définition de l'image. Il est Le bruit total se visualise sur l'image finale par un aspect
possible de limiter ce flou en associant et en utilisant : « granuleux » de celle-ci (figure 2.52). Plus le bruit global est
– les diaphragmes ; faible, meilleure sera la qualité de l'image, aussi bien en
– les cônes localisateurs ; contraste qu'en résolution spatiale.
– les systèmes de compression ; La notion de rapport signal sur bruit (S/B) est plus pertinente
– la grille antidiffussante ; pour évaluer la qualité d'une image numérique. Ainsi, une pré-
– la technique de l'air-gap (ancien). sence élevée de bruit (de détection) peut toujours être com-
pensée par une augmentation d'apport en signal, c'est-à-dire
Flou de détection
par une irradiation plus importante. Un compromis est donc
Il dépend de la taille des éléments technologiques uni- à réaliser en permanence entre qualité d'image et irradiation.
taires de détection, et de leur capacité à canaliser la Néanmoins, une image bruitée n'est pas forcément une image
lumière émise par les cristaux scintillants (sauf capteurs à non interprétable ! Les principes de radioprotections stipulent
conversion directe) avant qu'elle soit transformée en qu'il faut fournir une image avec le plus faible niveau de dose
signal électrique. Plus les éléments unitaires de détec- possible dont la qualité ne nuise pas au diagnostic !
tion sont fins et canalisent la lumière produite, plus le
flou de détection est faible. Pouvoir de résolution
La résolution spatiale est la plus petite distance que l'on peut
Bilan
observer entre deux objets. Cette distinction se présente
Tous ces flous sont liés les uns aux autres, et on ne peut en sous forme d'une fréquence spatiale qui s'exprime en paire
réduire un sans en augmenter un autre. La meilleure de lignes par millimètre (pl/mm) ou par centimètre (pl/
définition est alors obtenue en établissant un compromis cm), et permet de comparer les performances de la chaîne
entre les différents flous. de détection et de visualisation.
Pour connaître cette résolution, on teste l'ensemble de la
Bruit de l'image chaîne de détection à partir de mires ou de fantômes. Ces
Le bruit global d'une image radiologique peut être considéré tests sont valables aussi bien sur les systèmes de détection
comme la somme quadratique des différents bruits créés analogique que numérique : un couple écran-film possède
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Radiologie de projection
5. Éléments technologiques
permettant d'améliorer Rayonnement diffusé
créé dans le patient
la qualité de l'image
Différents outils technologiques peuvent être mis en place
entre la source de rayons X et le système de détection pour Détecteur
améliorer la qualité de l'image. De manière générale, les
différents moyens utilisés servent avant tout à : Figure 2.53 Création du rayonnement diffusé.
– réduire le rayonnement diffusé prenant naissance entre
la source et le détecteur (figure 2.53) ;
– homogénéiser les contrastes de l'image. 5.2. Air-gap
La technique de l'air-gap, aussi appelée technique de
5.1. Diaphragmes et cônes localisateurs Groedel, a pour objectif de réduire l'effet des rayons diffu-
L'utilisation de diaphragmes et de localisateurs permet de sés prenant naissance dans le corps du patient. Pour cela,
réduire considérablement le rayonnement diffusé créé on augmente volontairement la distance sujet-détec-
entre la source et le patient (figure 2.54), améliorant ainsi teur (figure 2.56).
de manière significative le contraste au niveau des parties Les rayons diffusés les plus « obliques » par rapport à l'axe du
molles (figure 2.55) et par conséquent la définition globale rayon directeur ne se dirigent pas vers le détecteur et ne
de l'image. L'autre avantage de ces dispositifs est de protéger composeront donc pas l'image finale.
le patient et le personnel (dans le cadre d'une procédure au Les rayons diffusés de faible énergie sont stoppés dans l'air
contact du patient) du r ayonnement diffusé, ils jouent ainsi (distance sujet-détecteur) et ne parviennent pas jusqu'au
un rôle important de radioprotection. détecteur : ils ne composeront pas l'image finale.
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Foyer Foyer
Rayonnement diffusé
créé entre la source
Arrêt du diffusé par
et le patient
STOP STOP STOP STOP
STOP
STOP
Patient Patient
Figure 2.55 Illustration de l'efficacité de la collimation pour réduire le rayonnement diffusé et ainsi améliorer le contraste des parties molles.
Coude de face avec collimation : vue d'ensemble (A), zoom (C). Coude de face sans collimation : vue d'ensemble (B), zoom (D).
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Radiologie de projection
Foyer Foyer
Distance foyer-sujet
Distance foyer-sujet
Distance foyer-détecteur
Distance foyer-détecteur
Détecteur
Principe de l'air-gap :
- Augmentation de la distance sujet-détecteur
Distance sujet
=> diminution du rayonnement diffusé
-détecteur
- Augmentation de la distance Foyer-sujet
=> compensation de l'agrandissement
Détecteur
Figure 2.56 Utilisation de l'air-gap pour réduire le rayonnement diffusé.
Foyer Foyer
Lamelle
de plomb
Grille
Détecteur Détecteur
Cependant, l'agrandissement et l'augmentation de flou géo- rer que tout rayonnement ayant une trajectoire quel-
métrique liés à l'éloignement du sujet par rapport au capteur conque, non focalisée, est un rayon diffusé qui est nuisible à
doivent être compensés par une augmentation de la dis- la qualité de l'image.
tance foyer-sujet, donc par une augmentation de la fluence La grille antidiffusante part de ce constat pour stopper le
photonique (augmentation des constantes). diffusé. C'est un dispositif qui distingue les rayons X utiles
Le principe de l'air-gap était particulièrement utilisé dans les des rayons diffusés en fonction de leur orientation
appareils dédiés aux explorations pulmonaires (télé-thorax). (figure 2.57).
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Radiologie de projection
Focale de grille
lamelle de plomb
radiotransparent
h
espace
Â
D d
Grille
Détecteur
Figure 2.58 Caractéristiques d'une grille antidiffusante.
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Radiologie de projection
faisceau. Cette mobilité est possible à l'aide d'un système – il faut respecter à plus ou moins 15 % près la distance de
connu sous le nom de « Potter-Bucky », situé dans la table focalisation de la grille. Les conséquences d'une défocali-
d'examen. On parle communément de clichés réalisés au sation se manifestent au niveau des limites latérales de la
« Potter » (à qui l'on oppose les clichés réalisés en « direct ») grille. En effet, lorsqu'on réalise un cliché du thorax à
(figure 2.59). 1,50 m sur une installation munie d'une grille focalisée à
L'usage d'une grille antidiffusante peut aussi se faire en 1,10 m, on observe que l'image finale est moins exposée
dehors du « Potter » (en direct) ; on parle alors de grille fixe (plus « claire ») sur les côtés ;
transportable. Cette grille, intégrée ou non dans une cas- – il faut respecter le plan de grille, c'est-à-dire éviter les
sette, a l'avantage d'être transportable pour réaliser des inci- angulations excessives. Lorsque le rayon directeur n'est pas
dences plus ou moins complexes, en direct, au lit du patient perpendiculaire et centré par rapport au détecteur, les
(clichés de hanche, de colonne, abdomen sans préparation lames qui constituent la grille apparaissent plus épaisses et
ou ASP au lit/brancard, etc.). Afin d'être peu visible sur le les espaces entre les lames plus faibles. La perte de rayon-
cliché, cette grille est composée de lames très fines. nement transmis par la grille est, dans ce cas, d'autant plus
élevée que le rapport de grille est important.
Sélectivité et contraste
Certains fabriquants proposent des grilles à focale ajustable.
Une grille laisse passer : Le principe repose sur une grille de départ à focale élevée
– un pourcentage S de rayonnement diffusé (dont l'angula- capable de supporter des contraintes mécaniques latérales
tion est inférieure à l'angle limite) ; venant la courber et ainsi rapprocher le point focal.
– un pourcentage T de rayonnement utile. Plus récemment, des constructeurs ont annoncé une grille
La sélectivité correspond au rapport T/S. Plus la sélectivité « virtuelle
» ou « numérique » utilisant des algorithmes
est élevée, plus la grille est efficace, le rapport « contraste capables de modéliser puis d'extraire la part de rayonne-
avec grille »/« contraste sans grille » est alors amélioré. ment diffusé de l'image finale. Cet outil permet ainsi de s'af-
franchir d'une augmentation de constante (facteur Bucky).
Règles d'utilisation et choix de grille Cette solution élégante est encore peu développée en 2016
Respect de la distance focale et du plan de grille et reste en phase de validation.
Plusieurs règles sont à appliquer pour une utilisation opti- Choix de grille
male de la grille (figure 2.60) :
Le choix d'une grille antidiffusante est propre à chaque appa-
– le sens de la grille est à respecter. En effet, si on inverse le
reil et à chaque installation radiologique. Une connaissance
sens de la grille, les rayons latéraux seront totalement
des habitudes de travail et du type d'activité permet de
absorbés par les lames. Pour cela, le côté du tube est indi-
conforter et d'orienter ce choix (tableau 2.2).
qué sur la grille ;
Potter
Grille
Détecteur Détecteur
Grille transparente sur le cliché
Grille visible sur le cliché
Figure 2.59 Utilisation du système de Potter pour rendre la grille transparente sur le cliché final.
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Radiologie de projection
Utilisation optimale de la grille Focale de grille non respectée Sens de grille non respecté Plan de grille non respecté
5.4. Dispositifs et moyens de compression Dans tous les cas, la mise en place d'une compression doit
La compression des parties molles est une solution efficace être non douloureuse et supportée par le patient (absence
pour réduire le diffusé et donc améliorer le contraste et la de contre-indications : opération récente, plaies…).
définition de l'image. En effet, une compression efficace
conduit à diminuer l'épaisseur que doit traverser le fais- 5.5. Filtres compensatoires
ceau X et limite ainsi les probabilités d'interaction Compton. Pour homogénéiser les contrastes d'une région anato-
Différents moyens de compression existent : mique présentant de forts écarts de densité ou d'épais-
– une sangle pouvant être associée à un « ballon » compres- seurs, c'est-à-dire éviter les sur- et sous-expositions, des
seur : cette méthode est utilisée pour diminuer l'épaisseur filtres compensatoires peuvent êtres utilisés. Ces der-
du ventre du patient ; exemple : compression abdominale niers prennent place soit à la sortie du tube, soit au
pour un cliché de colonne lombaire de face ; contact du patient (figure 2.62).
– le ventre du patient peut aussi être comprimé contre le Important : ne pas confondre filtration compensatoire et
Potter par le sujet lui-même lors des incidences postéro- filtration additionnelle. Cette dernière située au niveau de la
antérieures en position debout (ex. : incidence de De Sèze) ; fenêtre de sortie sert uniquement à « durcir » le faisceau X.
– une « louche » de compression intégrée à une table télé-
commandée : ce système commandé par l'utilisateur per- Filtres compensatoires à la sortie du tube
met une compression locale de haute qualité ; cette Les filtres compensatoires à la sortie du tube permettent de
technique est intéressante pour améliorer la visualisation compenser les différences d'épaisseur et de densité de la
d'un pourtour rénal, d'une articulation de hanche de région explorée. Ils sont composés d'un alliage métallique
face… (figure 2.61) ; radiotransparent (souvent en aluminium) et ont des formes et
– le système de compression embarqué des mammographes. des épaisseurs adaptées à la région anatomique explorée. La
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Radiologie de projection
.)
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F his Filt
(rac
Figure 2.62 Filtres complémentaires pouvant être placés à la sortie du tube et au contact du patient.
partie la plus épaisse de ces filtres doit être située en face de la Filtres compensatoires au contact du patient
région la moins épaisse ou la moins dense de la structure Ces filtres compensatoires jouent le même rôle que ceux
explorée. décrits plus haut, mais se placent directement au contact du
On retrouve deux formes principales de filtres : les filtres triangu- patient. Ils s'adaptent particulièrement aux clichés localisés des
laires (rachis, téléradios…) et les filtres clés (épaule, crâne…). Ces membres supérieurs et inférieurs. Ces filtres sont souples, en
derniers peuvent aussi être intégrés dans un cône localisateur. silicone, et possèdent des formes particulières. Parmi ces filtres
Pour homogénéiser les contrastes d'une colonne dorsale de on trouve :
face, on utilise un filtre de profil triangulaire dont la partie la – les filtres « boomerang » : épaule, rotule calcanéum…
plus épaisse est dirigée vers le haut. (figure 2.63) ;
Dans la réalisation d'une télémétrie des membres inférieurs, – les filtres plans inclinés : main, pied ;
on utilise un filtre de profil triangulaire dont la partie la plus – les filtres angiographiques : membre inférieur.
épaisse est dirigée vers le bas. Il existe aussi une autre alternative, plus économique, qui
Pour éviter tout risque de surexposition de la loge sous-acro- consiste à remplir des sacs de farine, que l'on adapte (mode-
miale (siège de calcifications), on utilise un filtre clé. lage) à la forme de la région explorée.
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kV mA, ms
Augmentation de la tension Augmentation de l'intensité de chauffage et/ou du temps de pose
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Radiologie de projection
L'intensité courant-tube (en mA) exprime la quantité des doses recommandées par le consensus ALARA.
d'électrons accélérés. Cette valeur est proportionnelle à la Contrairement au film analogique qui noircissait, la technolo-
quantité de rayons X produits. Ce paramètre impacte gie numérique n'est pas sensible à la surexposition.
ainsi la dose délivrée et par conséquent le S/B (figure 2.64). Actuellement, des indicateurs de doses existent (voir plus loin
Le temps de pose ou temps d'exposition (en ms) : pour une Calcul de dose et niveaux de références diagnostiques) et per-
intensité de chauffage donnée (en mA), la dose délivrée (et donc mettent aux utilisateurs d'évaluer et surtout d'optimiser leurs
le S/B) sera proportionnelle au temps de pose programmé. pratiques en direction d'une optimisation du dépôt de dose.
mA
kV kV
Lim Lim
it it
du t e de pu du t e de pu
ube issa ube issa
nce nce
mA
mA
mAs
utilisation non-optimale
de la puissance du tube
ms temps ms temps
Figure 2.65 Comparaison entre une technique à réglage libre et un automatisme du premier degré.
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Tension de référence
Tension mesurée
AJUSTER
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Radiologie de projection
mA
Choix trop important de mA
mA
Choix trop faible de mA
kV => durée d'exposition longue
=> risque de flou cinétique
mAs ?
mA kV
mA
temps
s?
temps
Lim Lim
it it
du t e de pu mA1 du t e de pu
ube issa ube issa
charge décroissante
temps ms temps
s?
Figure 2.69 Utilisation d'un posemètre et automatisme du troisième degré = principe de la charge décroissante.
la puissance maximale du tube est atteinte ; le cliché risque Cette méthode est actuellement utilisée quasi systématique-
alors d'être sous-exposé ; ment lorsqu'on travaille « avec cellules ».
– au contraire, une programmation trop basse de l'intensité
(mA) rallonge le temps de pose, au risque de laisser appa- Utilisation pratique d'un posemètre
raître du flou cinétique ; le tube n'est alors pas utilisé à sa Le schéma suivant présente quelques cas d'utilisations cor-
puissance maximale ; en pratique, le choix d'un long temps rectes et incorrectes de cellules (figure 2.70).
de pose peut, pour certaines incidences, être judicieux
6.4. Bilan pratique
pour effacer certaines structures ; ex. : un cliché de colonne
thoracique de profil sans apnée entraîne un flou cinétique, En pratique, le choix du mode d'exposition est relativement
donc l'effacement des côtes. simple. Il suffit de distinguer les incidences qui demandent
l'utilisation d'une grille antidiffusante de celles réalisées en
Technique à un point (automatisme du troisième degré) direct.
Ce dernier automatisme sert à optimiser l'utilisation des Lorsqu'on travaille en direct, l'automatisme du premier
posemètres de manière à ce que le tube soit (quasiment) degré est privilégié : l'opérateur règle la tension (kV = gestion
exploité à sa puissance maximale. Cela permet des exposi- du contraste) et la charge (mAs = gestion de l'exposition).
tions automatisées avec des temps de pose les plus courts Lorsqu'on travaille au Potter mural ou à la table, on privilé-
possibles. Avec cette méthode, l'opérateur ne règle plus que gie l'utilisation de l'automatisme du troisième degré : l'opé-
la valeur de la tension (contraste), le posemètre gère à lui rateur ne règle que la tension (kV = contraste), l'exposition
seul la dose délivrée. est automatiquement gérée par le posemètre.
Pour atteindre ces performances, on utilise le principe de la Dans tous les cas, le réglage de la charge (mAs) et le seuillage
« charge décroissante » : l'exposition démarre avec une des cellules dépendent des performances du système de
intensité élevée, qui décroît au cours du temps de manière détection utilisé. « Un capteur plan demande une exposi-
à « frôler » les valeurs limites de puissance du tube tion plus faible qu'un capteur de type ERLM », ce qui néces-
(figure 2.69). site une calibration différente des posemètres.
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Radiologie de projection
Cervicale de profil :
Etude pulmonaire : Lombaire de face : Epaule de face :
Mauvais centrage
Mauvais choix de cellule Mauvais choix de cellules Utilisation difficile
du patient
Figure 2.71 Courbe de réponses, seuils, et latitude d'exposition. Détecteur de type couple écran-film (A), détecteur ERLM (B).
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Radiologie de projection
Figure 2.72 Comparaison des FTM (A) et EDQ (B) entre un détecteur ERLM et un capteur plan (a-Si).
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Radiologie de projection
fluorescence produits lors de l'interaction du faisceau X (depuis les années 1970) de terres rares (lanthanides) qui
avec un écran renforçateur (figure 2.73). L'ensemble du représentent le meilleur compromis de détection ; ces der-
couple est contenu dans une cassette en plastique radio- niers émettent de la lumière « verte » et possèdent un pic
transparent qui sert à : d'absorption adapté aux énergies X utilisées en radiologie
– protéger le couple de la lumière ; (rendement de 18 %) ;
– protéger le couple de toute manipulation ou de chocs – une couche protectrice transparente et imperméable.
directs ;
– solidariser l'ensemble. Pour en savoir plus
On distingue deux types de configuration : monocouche et Jusqu'en 1972, les écrans étaient composés de tungstate de
bicouche (tableau 2.4). cadmium dont le rendement ne dépassait pas 5 %.
Remarque : dans les configurations bicouches, l'écran ren-
forçateur postérieur est plus épais que l'écran antérieur, Il est possible de classer ces écrans en trois catégories
afin de compenser l'atténuation des rayons X par les (tableau 2.5) en fonction de leur épaisseur et de la taille des
strates antérieures de la cassette. cristaux les constituant. Plus les cristaux et les écrans sont
épais, plus grande est leur sensibilité mais moindre est leur
Caractéristiques des écrans renforçateurs
résolution spatiale (flou d'écran).
Ces écrans sont composés de trois parties : Dans tous les cas, le choix d'un écran résulte d'un compro-
– un support (carton + polyester) semi-rigide et mis entre résolution spatiale et sensibilité.
imperméable ;
– une couche sensible contenant des sels fluorescents Constitution et caractéristiques des films
convertissant les rayons X en photons lumineux ; ils Les films utilisés en radiologie doivent être sensibles aux
doivent être le plus absorbants possibles et bénéficier d'un rayons X ainsi qu'aux photons lumineux issus des écrans
rendement élevé. Les écrans actuels sont composés renforçateurs.
Support Protection
Couche fluorescente Ecran antérieur Emulsion
Film monocouche Support
Support Protection
Couche fluorescente Ecran antérieur Emulsion
Film bicouche Support
Couche fluorescente Ecran postérieur Emulsion
Support Protection
Figure 2.73 Configurations monocouche et bicouche d'un couple écran-film.
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Radiologie de projection
Tableau 2.5 Caractéristiques des écrans renforçateurs. ainsi pas directement observable, il sera nécessaire, dans un
Types Résolution second temps, de révéler cette image latente par un traite-
Épaisseur Sensibilité Intérêt
d'écrans spatiale ment chimique.
Écrans « Fine » +++ −−− Extrémités Courbe de réponse ou de sensitométrie d'un film
lents (95 μ)
La courbe de sensitométrie étudie les densités optiques
Écrans « Épaisse » + +++ Autres régions
rapides (210 μ) (abdomen…)
fournies par le film en fonction d'une exposition croissante
de rayons X ; elle sert à préciser l'action quantitative des
Écrans Variable Variable Variable Régions
dégressifs d'épaisseur et de
rayons X sur le couple écran-film.
densité variable Pour tracer cette courbe, on soumet une partie du film à une
(télémétries, intensité lumineuse croissante à l'aide d'un appareil : le sen-
colonne…) sitomètre. Puis, après développement, on mesure les opaci-
tés (O) croissantes point par point à l'aide d'un densitomètre.
Ces opacités permettront d'en déduire les valeurs de densité
De quels éléments sont constitués les films ? optique (DO).
Les films se décomposent en trois éléments :
– un support en polyester : solide, peu dense, hydrofuge et Pour gagner en précision
peu sensible aux variations de température ; L'opacité décrit l'aptitude qu'a un film (développé) à arrêter la
– une ou deux émulsions (suivant la configuration mono- lumière. Pour l'estimer, on soumet le film à une intensité lumi-
ou double couche) sensibles aux photons lumineux et qui neuse incidente et on mesure l'intensité lumineuse transmise
comprend : (rôle du densitomètre). L'opacité est alors égale au rapport
– des cristaux de bromure d'argent (AgBr) à 95 %, entre l'intensité incidente (I0) sur l'intensité transmise (It). La
densité optique (DO) est, quant à elle, représentée par le loga-
– une gélatine qui lie les cristaux,
rithme décimal de l'opacité.
– un sensibilisateur chromatique ne rendant le film sen- O = I0/It et DO = log10 (I0/It)
sible qu'à une partie du spectre lumineux,
– un stérilisant (contre la moisissure), un tannant (évite le
« gonflement » au contact de l'eau) ;
– une couche protectrice recouvrant l'émulsion : per- L'allure de cette courbe de sensitométrie est de forme sig-
méable pour laisser passer les traitements chimiques, lisse moïde, ce qui signifie que la partie utile du film (zone de
permettant un bon contact avec l'écran, résistante pour proportionnalité ou latitude d'exposition) est relativement
protéger le film contre les rayures. limitée. En fonction de la pente et de l'étendue de la zone de
Remarque : en configuration bicouche, les films disposent proportionnalité, on distingue deux grandes familles de
de deux émulsions situées de part et d'autre du support. films : les films « bas contraste » et « haut contraste »
(figure 2.74).
Sensibilité chromatique et lumière inactinique Les films haut contraste possèdent une latitude d'exposi-
Pour être parfaitement adaptés aux écrans actuels (terres tion très réduite, qui permet de distinguer en contraste les
rares), les films utilisés sont particulièrement sensibles à la structures ayant des densités voisines (tissus mous ⇒ radio-
lumière verte, on parle de films orthochromatiques. Cette logie digestive). L'inconvénient de ces films est leur difficulté
sensibilité lumineuse permet, lors d'un développement en d'utilisation car ils sont très sensibles aux faibles variations
chambre noire, d'éclairer la pièce avec une lumière « rouge » d'exposition.
qui n'affecte pas le film, on parle de lumière inactinique. Les films bas contraste possèdent une latitude d'exposition
plus étendue qui procure plus de « souplesse » dans la pro-
Impression photographique du film ou image latente
grammation des constantes. Ils sont utilisés pour étudier les
Sous l'effet des photons lumineux, les cristaux de bromure structures ayant déjà un contraste naturel élevé (tissus
d'argent qui constituent l'émulsion vont se dissocier en ions osseux ⇒ radiologie osseuse).
argent (Ag+) et brome (Br−) :
AgBr + photon Þ Ag + + Br Caractéristiques qualitatives du couple écran-film
Le tableau 2.6 regroupe les principales données techniques
Cette dissociation ionique forme ce qu'on appelle l'image de détection des couples écran-film (données des
latente. L'impression du film par les photons lumineux n'est constructeurs).
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
Pour se souvenir : principe du développement d'un film Le rôle de l'amplificateur de brillance est de transformer et
radiologique d'intensifier l'image latente du faisceau X émergeant en une
Rappels : après avoir été exposé aux rayons X, le film radiolo- image lumineuse inversée de taille très réduite (2 à 3 cm).
gique transporte une image latente sous forme de dissociation Cette dernière doit alors être analysée par un détecteur secon-
ionique (AG+ ; Br−) des cristaux de bromure d'argent (AgBr). daire qui la transforme en signal vidéo pouvant être soit :
Pour mettre en évidence cette image latente, le film doit subir – directement transmis sur un écran ;
plusieurs étapes. Toutes ces étapes se passent dans le noir total – numérisé, stocké dans une unité centrale, puis affiché sur
(ou sous éclairage inactinique).
Première étape : révélation de l'image
un écran de visualisation.
Après être sorti de la cassette, le film est plongé dans un pre- Le premier système de détection secondaire utilisé était un
mier bain chimique : le révélateur. Le révélateur est une solu- tube analyseur (caméra vidéo), qui depuis les années 1990 a
tion basique (pH = 10,6 à 10,9) pouvant être considérée comme été progressivement remplacé par un capteur CCD.
un « réservoir d'électrons » qui réduit les ions Ag+ en atome
Ag. L'argent pur va ainsi noircir les parties du film ayant été Principe technique de l'amplificateur de brillance
frappées par les rayons X. L'amplificateur est composé d'autant d'éléments technolo-
Deuxième étape : fixation de l'image giques qu'il y a d'étapes nécessaires à la transformation de l'in-
Le film noirci passe dans un deuxième bain : le fixateur. Ce pro-
formation X en image lumineuse de forte intensité (figure 2.75).
duit dissout les cristaux (AgBr) non excités et arrête la réac-
tion de réduction. Cette opération consiste à rendre transparentes Les rayons X vont d'abord interagir avec un écran primaire,
les parties du film non imprimées par les rayons X. Le fixateur composé :
est une solution acide (pH = 4) qui contient un oxydant. – d'une fenêtre d'entrée (1 mm d'aluminium ou 0,25 mm de
Dernière étape : rinçage et séchage du film titane) radiotransparente et résistante aux pressions du
Après un passage dans les bains chimiques, le film est trempé vide poussé de l'amplificateur ;
dans une cuve d'eau afin d'être rincé de toute substance
– d'un écran luminescent constitué d'une couche de cris-
chimique. Le film encore humide est ensuite amené vers un
dispositif de séchage (ventilation à 45 °C ou passage entre deux taux d'iodure de césium – CsI (Na) – qui assure une conver-
lampes infrarouges) afin de sortir sec de la développeuse. sion (proportionnelle) des rayons X en photons lumineux
(effet photoélectrique) ; l'architecture de cet écran est dite
en « aiguille » afin de focaliser la lumière en limitant le flou
Amplificateur de brillance (= intensificateur d'image lié à la diffusion photonique au sein de la couche fluores-
radiologique, amplificateur de luminance) cente, source d'amélioration de la résolution spatiale ;
En 2016, l'amplificateur de brillance reste encore le système de – d'une photocathode qui assure une conversion (propor-
détection de l'image radiologique dynamique (digestif, vascu- tionnelle) de la lumière en électrons.
laire, cardiaque, etc.) le plus déployé au monde. Sa disparition L'opération suivante s'effectue dans un tube où règne un
est néanmoins annoncée par l'arrivée progressive des capteurs vide poussé : les électrons créés par l'écran primaire y sont
plans dynamiques. En 1953, l'amplificateur de brillance rem- accélérés (ddp de 10 à 30 kV) et focalisés, par un système de
place avec succès la radioscopie directe considérée comme trop lentilles électrostatiques, vers un écran secondaire. Le sys-
irradiante pour le patient et surtout pour l'opérateur qui était tème de focalisation électrostatique est composé de trois
constamment situé dans le faisceau direct. Il est ainsi possible bobines circulaires permettant de créer (généralement) trois
pour la première fois d'enregistrer et de stocker une procé- focales différentes qui serviront à sélectionner l'ouverture du
dure radiologique dynamique sur un support vidéo. champ d'étude.
Contraste photographique
Contraste photographique
DO DO
Solarisation Solarisation
Exposition Exposition
Zone "utile" Zone "utile"
Pour un même palier d'expostion , le film B propose un meilleur contratse photographique que le film A
Figure 2.74 Courbes de réponses sensitométriques d'un CEF à bas et haut contraste.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
Photocathode
Ecran luminescent
Lentilles électrostatiques
Fenêtre d'entrée
RX
Tub
eà
vid
e
Photons lumineux
Focale
12 cm
24 cm
36 cm
RX
Les électrons focalisés et accélérés vont ensuite venir frapper l'information lumineuse de l'écran secondaire en signal
un écran secondaire (cristaux de sulfure de zinc et de cad- vidéo (figure 2.76).
mium activés à l'argent), qui les transformera en photons Les tubes analyseurs ont été progressivement remplacés par
lumineux. En avant de cet écran, on place une fine couche des capteurs à couplage de charge (charge-coupled device ou
d'aluminium qui évite la rétrodiffusion de la lumière. Sur cet CCD) qui sont plus solides, plus compacts et présentent de
écran, se retrouve alors l'information X sous forme lumi- dimensions adaptées à celles de l'écran secondaire. Un cap-
neuse et très intense. L'image ainsi obtenue est inversée et de teur CCD (ou matrice CCD) est composé de cellules photo-
petite taille (environ 2,5 cm). sensibles qui vont convertir les photons lumineux de l'écran
L'ensemble du système est incorporé dans une gaine métal- secondaire en charges électriques (figure 2.77). Chaque cel-
lique qui assure le positionnement de l'optique électronique lule est composée d'un substrat de silicium de type « P » et
et un blindage contre les rayons X. d'une électrode transparente chargée positivement, ces
deux éléments étant séparés par une couche isolante.
Rôle et influence des différentes focalisations Lorsqu'un photon lumineux vient frapper le substrat de sili-
En modifiant les potentiels des lentilles électrostatiques, il cium, il y a, par effet photoélectrique, libération d'un électron
est possible de focaliser les électrons en trois points diffé- et création d'un « trou » positif. L'électron est attiré par le pôle
rents. Dans tous les cas, la couverture de l'écran secondaire positif de l'électrode et le « trou » est repoussé vers le fond du
est complète ; en revanche, plus on éloigne la focale de substrat semi-conducteur. Les électrons s'accumulent sous
l'écran secondaire, plus la zone d'étude de l'écran primaire l'électrode pour former une zone de déplétion ou puits. Le
est amputée. On aboutit ainsi à trois tailles de champs dif- nombre d'électrons présents dans le puits est proportionnel à
férentes dont les diamètres les plus courants sont de 12, 24 la quantité et à l'intensité des photons absorbés.
et 36 cm. Un champ de vue de petite taille fournit (par pro- Dans un second temps, on devra lire ces puits de charges
jection géométrique) une meilleure résolution spatiale (image latente) pour en extraire un signal vidéo. On va alors
mais augmente la dose à l'entrée du patient. Cela explique déplacer ces charges électriques une à une vers un registre
qu'il faut, en pratique, limiter l'utilisation des champs de de sortie qui les analysera pour en extraire un signal vidéo.
petite taille. Ce déplacement de charges est géré par une minuterie élec-
tronique qui fait varier les potentiels des électrodes de l'en-
Principe technologique du système de détection semble du capteur de manière séquentielle. Les charges sont
secondaire : le capteur CCD ainsi attirées vers une cellule voisine (vide) ayant un poten-
Nous allons décrire succinctement le principe de fonction- tiel « positif » plus élevé.
nement des deux types de capteurs pouvant êtres placés à la (Pour que ce transfert de charges puisse débuter, il faut
suite de l'écran secondaire : le tube analyseur et le capteur disposer d'une cellule vide à proximité du registre de
CCD. Ces deux éléments ont pour objectif de transformer sortie.)
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
+
V++
----- Zone de déplétion ou "puits" à ---
-
- - - -- -
SORTIE
+ -----
+
l'intérieur de la cellule V+
- -- -
-
Signal vidéo
Figure 2.77 Principe de conversion opto-électronique d'un capteur CCD et principe de transfert des charges.
Chaîne de fluoroscopie analogique et numérique nées numériques pourront êtres exploitées de plusieurs
Le signal vidéo issu d'un tube analyseur ou d'un capteur CCD façons :
peut être exploité de manière analogique ou numérique – visualisation sur un écran haute définition ;
(figure 2.78). – stockage sur une mémoire centrale et exportation sur un
réseau d'images ;
Exploitation analogique (ancien) – impression (si nécessaire) des images clés à l'aide d'un
Le signal vidéo module le canon à électrons d'un tube catho- reprographe laser.
dique qui balaye l'écran TV en restituant ainsi les images Utilisation pratique et caractéristiques qualitatives
radiologiques. Celles-ci ont la possibilité d'être enregistrées
En pratique, l'amplificateur de brillance peut être utilisé de
et stockées sur une cassette VHS à l'aide d'un magnétoscope.
plusieurs manières :
Ce mode analogique a disparu de nos jours.
– la fonction initiale et principale de cet appareil est de réa-
Exploitation numérique liser des études dynamiques (de 2 à 25 images/seconde)
Le signal vidéo est numérisé pour intégrer une mémoire on parle aussi de mode « graphie dynamique », très utilisé
informatique. Une fois stockées dans l'ordinateur, les don- en radiologie vasculaire ;
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
TV
Magnétoscope
( = stockage)
MODE ANALOGIQUE
Tube analyseur
ou SIGNAL VIDEO
Capteur CCD
REPROGRAPHE LASER
0111001000100
AMPLIFICATEUR
DE LUMINANCE
RÉSEAU (PACS)
UNITÉ CENTRALE
CONSOLE DE VISUALISATION (ORDINATEUR)
– il permet de réaliser une imagerie dynamique de repérage Les amplificateurs de brillance ont l'inconvénient d'être rela-
dont la cadence est volontairement faible (< 8 images/ tivement volumineux, ce qui limite l'abaissement de la table
seconde) pour des raisons de radioprotection ; on parle en à 85 cm au minimum. En outre, ils limitent la résolution spa-
pratique de repérage sous scopie pulsée ; ce mode « sco- tiale et déforment la périphérie des images (phénomènes
pique » est apprécié pour vérifier les critères de réussite de diffusifs à l'intérieur du tube).
certaines incidences complexes codifiées (profil de Lamy, De ce fait, cette technologie tend à être progressivement rem-
C1-C2 de face…) ou pour visualiser le passage d'un pro- placée par des capteurs plans dynamiques, plus sensibles,
duit de contraste ; il doit cependant être limité à quelques plus légers, moins volumineux et proposant une meilleure qua-
incidences, afin de respecter les principes élémentaires de lité d'image (absence de déformation et meilleure résolution).
radioprotection. Malheureusement, pour des raisons de
facilité et de confort allant à l'encontre du raisonne- Écrans radioluminescents à mémoire
ment de radioprotection (ALARA), il s'avère que cer- (ERLM) = computed radiography (CR)
tains utilisateurs emploient ce mode fréquemment de Présentés par la société Fuji au début des années 1980, ces
manière non justifiée pour des incidences de base (ex. : systèmes de détection numérique n'ont pas rencontré à
clichés pulmonaires) ! Cette pratique est contraire aux cette époque de succès auprès des utilisateurs (résolution
règles de bonnes pratiques ; spatiale faible, lenteur de lecture…). Les progrès de l'infor-
– il permet aussi de réaliser des clichés statiques « graphie matique dans les années 1990 ont permis l'amélioration de
statique », mais ces derniers bénéficient d'une moins cette technologie, qui a donc bénéficié d'un développement
bonne résolution spatiale que les autres systèmes ; par ail- commercial intense.
leurs, la taille limitée du champ de vue ne permet pas de Ce système se présente sous forme de cassettes et peut être
réaliser toutes les incidences (thorax, ASP, etc.). considéré comme une version numérique du couple écran-film
Le tableau 2.7 regroupe les principales données techniques conventionnel. Il change donc très peu les habitudes de travail
(moyennes des constructeurs) des amplificateurs de et la mise en place de tels détecteurs permet de numériser l'en-
brillance. semble d'un service de radiologie sans remplacer les tables
radiologiques, ce qui est un avantage économique certain.
Ces cassettes contiennent un écran qui, suite à une exposition,
Tableau 2.7 Caractéristiques des amplificateurs de brillance. va mémoriser l'atténuation des rayons X sous forme d'image
Résolution spatiale
EQD
Cadence
latente. Cette dernière sera lue dans un second temps par un
(0) système de lecture qui exploitera ces informations sous forme
Champ de 10–12 cm : 2,5 à 3 pl/mm 65 % Scopie : 13 images/s numérique. Leur intégration dans un ordinateur permettra de
Champ de 20–24 cm : 1,6 à 2 pl/mm Graphie : 25 images/s les visualiser, de les traiter, de les partager par réseau et, si néces-
Champ de 30–36 cm : 1,2 à 1 pl/mm saire, de les imprimer sur papier ou sur film (de plus en plus rare).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
Tube photomultiplicateur
Miroir oscillant
x
ser
eu
Source laser
La
in
um
(He-Ne)
sl
de lecture
on
AMPL
ot
I
Ph
CAN
Exposition aux RX
0110001010111
En
systèmetrdée dans le Moteur haute
e lecture précision
Ecran HD
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
On distingue donc deux circuits spécifiques pour organiser Pour comprendre le principe de détection de ce type de cap-
l'extraction des données électriques de la matrice TFT : teur, nous allons distinguer trois étapes (figure 2.82).
– le circuit d'adressage commande l'ouverture et la ferme-
Étape 1 : préparation (ou polarisation) du capteur
ture des transistors, c'est-à-dire la libération des charges
électriques des capacités de stockage (« commande des Pour préparer le capteur à l'exposition, on applique au
portes » ou gate driver) ; moyen d'une décharge une différence de potentiel (ddp)
– le circuit de lecture (+ multiplexeur) récupère les charges de 5 à 6 kV dans la couche de détection (environ 500 μm)
collectées et les guide vers les amplificateurs et vers le entre l'électrode supérieure (+) et l'électrode collectrice (−).
CAN pour aboutir à un signal numérique (data line). Étape 2 : exposition aux rayons X
Chaque unité élémentaire de détection est connectée à ces Les photons X interagissent avec la couche de a-Se : il y a
deux circuits qui sont gérés par un système de pilotage et de création d'une paire « trou-électron ».
contrôle (= minuterie électronique). Grâce à la ddp, les électrons formés sont attirés vers la surface
Étapes de lecture de la matrice TFT où ils neutralisent une partie des charges positives appliquées,
– Envoi d'un signal de commande sur les grilles des transis- ce qui réduit la ddp initiale. Cette réduction est proportion-
tors d'une même ligne (circuit d'adressage). nelle au nombre et à l'intensité des photons X détectés. Les
– Lecture en parallèle de toutes les charges de cette ligne trous formés sont quant à eux attirés et regroupés vers l'élec-
(circuit de lecture). trode (−) de la matrice TFT. On aboutit ainsi à la production
– Stockage des charges dans le registre horizontal (multi- d'une image latente sous la forme de profils de charges récu-
plexeur). pérées par les électrodes « collectrices » de la matrice TFT.
– Lecture en série du registre horizontal (multiplexeur) puis
numérisation du signal (CAN). Étape 3 : lecture TFT et naissance du signal
Au niveau de chaque « pixel technologique », les charges col-
Capteurs plans à conversion directe lectées par les électrodes sont piégées dans les capacités asso-
Ce type de capteurs assure une conversion directe des ciées qui se trouvent ainsi chargées. Leur décharge
rayons X en charges électriques. La couche de détection progressive se fait par fermeture commandée des transistors
repose sur une matrice TFT dont la partie supérieure se com- pour obtenir un signal électrique propre à chaque ligne de la
pose d'une électrode collectrice chargée « négativement ». matrice. Les signaux créés sont ensuite regroupés pour for-
La couche sensible est, quant à elle, divisée en trois parties : mer un « signal global » qui sera amplifié, numérisé, puis
– une partie supérieure composée d'une électrode chargée converti en image à l'écran dans un délai d'environ 5 secondes.
« positivement » ;
– une partie intermédiaire isolante (ou diélectrique) ;
– une dernière partie semi-conductrice, accolée à l'électrode Attention : pour éviter les abus de langage !
collectrice de la matrice TFT. Cette couche est constituée En électronique, lorsqu'on dit qu'un circuit est fermé, cela
de sélénium amorphe (a-Se), d'environ 500 μm d'épaisseur, signifie que le courant y circule. Lorsqu'il est ouvert, le cou-
rant est bloqué.
assurant la conversion des rayons X en charges électriques.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
Cette technologie est caractérisée par un temps de réma- Étape 1 : exposition
nence (retour à la neutralité) d'environ 30 secondes qui est Lors de cette étape, le scintillateur en iodure de césium (ICs)
actuellement contourné, dans ses versions dynamiques, par émet de la lumière visible proportionnellement à l'énergie
une augmentation de l'épaisseur de la couche sensible et par des rayons X incidents (effet photoélectrique).
l'application d'une ddp plus élevée (15 kV). Ces versions
dynamiques permettent actuellement des cadences allant Étape 2 : conversion en charges électriques
de 15 à 30 images par seconde. Les photons lumineux générés dans la couche d'ICs ou oxysul-
fure de gadolinium (Gd2O2S) sont convertis en charge élec-
Capteurs plans à conversion indirecte
trique par la trame de photodiodes en silicium amorphe (aSi).
Ce type de capteur assure une conversion des rayons X en Le courant « électronique » généré par les photodiodes, uni-
photons lumineux : phase lumineuse bien connue dans le tés de détection, est point par point proportionnel à l'éner-
domaine de l'imagerie médicale (couple écran-film, ERLM…), gie X incidente.
d'où l'appellation de capteur à conversion indirecte. La
conversion des informations sous forme de charge électrique Étape 3 : lecture TFT et naissance du signal
ne se fait que dans un second temps. Cette couche de détec- Le courant électrique créé est emmagasiné par les capacités
tion est déposée sur une matrice TFT dont la partie supé- (associées à chaque photodiode) qui se trouvent ainsi char-
rieure présente des photodiodes en silicium amorphe (a-Si). gées. Leur décharge progressive se fait par fermeture pro-
La couche sensible est, quant à elle, constituée d'un cristal grammée des transistors pour obtenir un signal électrique
d'iodure de césium (ICs) ou d'oxysulfide de gadolinium propre à chaque point, puis ligne de la matrice. Les signaux
(Gd2O2S) structuré en « aiguilles
». On parle aussi de créés sont ensuite regroupés pour former un signal global
« colonnes basaltiques », technique de « germination » cris- qui sera amplifié et numérisé. La faible rémanence de ces
talline. Cette architecture en « aiguilles » se conduit comme détecteurs a permis les premières applications en mode
un « paquet de fibres optiques » qui dirigent la lumière direc- dynamique par capteurs plans (30 images/seconde).
tement vers la couche de photodiodes. La diffusion de la
lumière vers les pixels adjacents est ainsi très limitée, ce qui Données techniques
améliore la résolution spatiale par rapport à une architecture Le tableau 2.8 présente les principales données techniques
amorphe (= non structurée = diffusion non négligeable). des capteurs plans proposés actuellement sur le marché.
Pour comprendre le principe de détection de ce type de cap- Nous y comparons les capteurs à conversion directe et
teur, nous allons distinguer trois étapes (figure 2.83). indirecte.
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
Tableau 2.8 Caractéristiques des capteurs plans à conversion de césium, est orientée vers le ou les capteurs CCD par des
directe et indirecte. lentilles de focalisation ou un réseau de fibres optiques. Ces
équipements offrent des tailles de champs variées (de 40 à
Conversion Conversion indirecte
directe (ICs ou Gd2O2S ;
12 cm), des résolutions spatiales correctes (de 5 à 2,5 pl/mm),
(a-Se) a-Si) mais n'atteignent pas des cadences images capables de
Surface active (cm) : 35 × 43 : rayons X 43 × 43 : 40 × 40 :
concurrencer les détecteurs plans. Une variante de cette
utilisation conventionnelle 30 × 40/RX technologie consiste à remplacer les capteurs CCD par des
+ vasculaire grand Conventionnelle capteurs CMOS (complementary metal oxide semiconduc-
champ + vasculaire grand tor), susceptibles d'atteindre des résolutions spatiales de
35 × 35 : vasculaire champ 10 pl/mm.
grand champ 20 × 20 ; 18 × 18 :
23 × 23 : vasculaire vasculaire + cardio 7.4. Bilan des systèmes de détection courants
+ cardio 23 × 29 :
24 × 30 : 18 × 24/ mammographie
Nous disposons actuellement d'une multitude de capteurs
mammographie de technologie différente. La numérisation en radiologie est
Dimensions des pixels 50 à 150 μ 100 à 150 μ
aujourd'hui généralisée, le couple écran-film vit ses derniers
jours.
Dynamique de mesure 10 000 10 000
La technologie ERLM est actuellement la solution la plus
EQD (0) 30 à 40 % 45 à 55 % répandue pour l'imagerie statique. Il est envisageable dans
Cadences 15, 30, 60 images/ 15, 30 images/seconde l'avenir de voir disparaître cette technologie au profit de
seconde capteurs plans transportables se présentant sous forme
Plage de fonctionne- De 0 à 60 °C 36 °C ⇒ régulation de cassettes.
ment (T °C) ⇒ régulation active (ventilation ± Il en va de même pour la radiologie dynamique qui voit dis-
active (ventilation) refroidissement liquide)
paraître les amplificateurs de brillance au profit des capteurs
plans dynamiques.
Capteurs associant des capteurs CCD Cette évolution rapide des systèmes de détection mettant
à un écran scintillant en première ligne les capteurs plans s'explique par le fait
Ces technologies, peu déployées en France, associent un qu'on détient avec cette solution technologique le « capteur
écran scintillant qui est analysé par une ou plusieurs caméras idéal ». En effet, ce système produit des images statiques et
CCD. La lumière issue du cristal scintillant, souvent en iodure dynamiques de haute qualité tout en réduisant de manière
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
significative la dose délivrée au patient. Avec ces technolo- entrevoient une application radiologique à la chambre à
gies, on peut atteindre en routine, en radiographie osseuse, fils. Suite à un travail de recherche pluridisciplinaire mêlant
des doses en moyenne dix fois inférieures aux niveaux de ingénieurs (physique des rayonnements, biomécanique) et
référence diagnostique (NRD). En poussant les capacités des cliniciens (radiologie et orthopédie) a été mis au point le sys-
capteurs plans (aSi) au maximum, on atteint des doses tème d'imagerie EOS dans les années 2000.
encore plus infimes (1/100 NRD) permettant ainsi d'obtenir Ses principales caractéristiques sont :
des clichés, certes bruités, mais suffisants faisant ainsi dispa- – l'acquisition d'images avec une très faible dose de rayons X
raître des pratiques de scopie souvent non justifiées. (rapport 5–10 avec la radiologie standard) ;
Le tableau 2.9 regroupe et compare les différentes données – la réalisation de deux clichés simultanés grand champ
techniques des principaux systèmes de détection. (174 cm) de face et de profil en position statique (debout) ;
Dans l'avenir, les capteurs plans amélioreront certainement – la possibilité d'effectuer des modélisations en 3D des dif-
encore leur sensibilité, leur résolution spatiale et leur férentes structures osseuses avec des mesures à l'échelle 1:1.
ergonomie.
Tube radiogène et collimateurs
7.5. Un détecteur et une configuration
Le système EOS a pour objectif de fournir des images de la
spécifique : le système EOS2
colonne en entier de face et de profil à basse dose.
Ce type de détection numérique a été imaginé au début des – Tube à rayon X : il s'agit d'un tube alimenté par un généra-
années 1980 par le Russe L. Shektman et le physicien français teur haute fréquence et doté d'une capacité thermique
G. Charpak (prix Nobel de physique en 1992) au Centre élevée (3,2 MUC) permettant une émission continue sur
européen pour la recherche nucléaire (CERN) à Genève. Le une durée moyenne d'une vingtaine de secondes. Le tube
principe de ce capteur s'inspire de la chambre à fils inventée dispose de deux foyers optiques (petit : 0,4 × 0,7 mm2 ;
par G. Charpak en 1968. Une chambre à fils est une cavité grand : 0,6 × 1,3 mm2).
remplie de xénon et contenant de minuscules filaments de – Collimations : le système EOS utilise une double collima-
tungstène utilisés pour détecter et étudier les rayonnements tion (figure 2.84) qui permet notamment de lutter effica-
ionisants. Au début des années 1980, les deux chercheurs cement contre le rayonnement diffusé et ainsi de proposer
des images sans flou de diffusé. Une collimation primaire
Avec la collaboration de Benjamin Thiriat, MERM – CHRU Nancy.
2
est présente à la sortir du tube (0,6 mm d'ouverture)
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Radiologie de projection
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
Une fois le patient en place, on peut ajuster les limites du volume Le principal inconvénient de ce type d'acquisition reste le risque
exploré manuellement à l'aide de d'un système de lasers. de flou cinétique et surtout la possibilité de déformations
potentielles causés par d'éventuels mouvements du patient lors
Acquisition des images du balayage (un peu comme si l'on déplace une photo que l'on
Les deux chaînes d'acquisition vont se déplacer simultanément est en train de scanner lors de la phase de balayage !).
de façon à balayer le volume à explorer dans sa totalité (lon- Le champ d'acquisition horizontal est limité à 35 cm du fait
gueur maximale : 174 cm) pour obtenir deux clichés orthogo- de la configuration du détecteur (nombre de fils + distance
naux (face et profil en un seul balayage). Comme en radiologie interfils) et la longueur de balayage ne peut pas excéder les
conventionnelle, on pourra ajuster la tension (40 à 130 kVp) et 174 cm. D'un point de vue pratique, ces limites ne sont en
l'ampérage (de 10 à 400 mA) en fonction du morphotype du réalité pas des contraintes ; rares sont les fois où les struc-
patient. La durée d'acquisition sera proportionnelle à la lon- tures étudiées se retrouvent « hors champ ».
gueur totale de l'acquisition et fonction du choix par l'utilisa-
teur de la vitesse de balayage (de 4 à 30 cm/s). Le choix de la Mesures et modélisation 3D
vitesse de balayage conditionne en grande partie la durée de Le post-traitement est réalisé à l'aide d'un logiciel spécifique
l'acquisition, elle pourra être augmentée pour les patients ins- qui va permettre en premier lieu d'effectuer un traitement
tables ne pouvant se tenir immobile le temps d'une acquisition standard des images (contraste, luminosité, filtres, annota-
classique, avec une adaptation des constantes pour maintenir tion…) avant de synthétiser une représentation volumique
la qualité de l'image. Les images EOS sont échantillonnées avec de la colonne ou des membres inférieurs (figure 2.90).
des pixels de 0,25 × 0,25 mm2, le système pouvant atteindre Étant donné la constante des conditions géométriques d'ac-
(dans des conditions optimales) une résolution de 2 pl/mm. quisition il est possible, à l'aide de repères positionnés sur les
clichés de face et de profil, et d'une bibliothèque de modèles
Avantages et inconvénients de cette méthode morphologiques, de créer une représentation volumique de
En imagerie de projection classique, nous faisons face à une l'architecture osseuse.
distorsion des structures étudiées causée par la conicité du fais- Pour lancer le processus de modélisation, l'utilisateur posi-
ceau X. Cette conicité déforme les structures anatomiques tionne alors différents repères anatomiques sur les clichés
(corps vertébraux…) selon les lois de Thalès. Afin de limiter ces et effectue une délimitation des contours semi-automatisé
déformations en z, le système EOS exploite un faisceau X plan de la structure à analyser. Le logiciel confronte alors ces
ouvert en éventail. Pour compenser les déformations en x,y, repères à une base de donnée préexistante afin de trouver la
liées à l'ouverture en éventail, on combine une détection foca- meilleure corrélation possible. À ce jour, il n'est pas encore
lisée vers la source (fils de cuivre) à une correction informa- possible de modéliser des structures qui présentent des ano-
tique. Toutes ces corrections ne fonctionnent qu'à condition malies (modèles inexistants) comme dans le cas des hémi-
de positionner le patient précisément à l'isocentre ! vertèbres, des fractures du fémur, de l'ostéosynthèse…
Le système permet ainsi d'obtenir simultanément des clichés
grand champ de face et de profil avec des déformations Exemples d'applications
limitées au maximum. Les clichés obtenus avec le système Comme nous l'avons expliqué, le système d'imagerie EOS
EOS sont à l'échelle 1:1, ce qui permet d'effectuer des permet une acquisition basse dose de face et de profil
mesures de distances et d'angles précises, c'est-à-dire avec simultanément et en position verticale. Cette technologie
incertitude de mesure faible. sera donc performante dans l'étude de la statique de l'indi-
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
vidu ; la colonne et les membres inférieurs sont les princi- archivées sur des réseaux sécurisés (PACS) plus ou moins
paux ensembles explorés. important selon le type d'organisation (centre hospitalier,
L'obtention simultanée de clichés non déformés complétés « cabinet » de radiologie…). Néanmoins l'impression des
par des modélisations 3D permet d'évaluer et de quantifier images sur un support papier ou sur un film est encore sou-
l'évolution de pathologies orthopédiques (notamment haitée dans certains cas. L'impression sur papier exige des
pédiatriques) telles que les scolioses. L'apport des modélisa- imprimantes haute résolution similaires à celles utilisées
tions 3D permet notamment d'obtenir des mesures qu'il pour le tirage de photos numériques. La reproduction sur
n'est pas possible d'extraire des radiographies classiques film nécessite l'usage d'appareils spécifiques : les repro-
(ex. : torsion horizontale de la colonne). L'extraction de graphes. Ces appareils ont pour objectif de fournir sur un
mesures quantitatives est réalisée semi-automatiquement film des images radiologiques issues de modalités numé-
et abouti à un rapport complet (figure 2.91). riques (radiographies, coupes TDM et IRM). Les repro-
Même si ce n'est pas son objectif initial, le système EOS per- graphes lasers sont reliés à un ordinateur qui leur transmet le
met également de réaliser des radiographies plus conven- signal numérique des images à imprimer. Le signal numé-
tionnelles telles que des ASP. rique est ensuite transformé en signal analogique (vidéo) qui
permettra de gérer l'impression linéaire et progressive de
films radiologiques. Les technologies utilisées sont variables
8. Systèmes de reprographie et complexes. Les reprographes disponibles actuellement
procurent des qualités d'impression de 50 à 80 μ pour des
La radiologie de projection est actuellement numérique à
débits allant de 60 à 200 films par heure, et ils proposent,
100 % et l'interprétation des clichés est réalisée le plus sou-
selon les modèles, jusqu'à cinq formats de film différents
vent sur un écran de visualisation et de traitement HD. Les
(figure 2.92).
images sont ainsi stockées sur des supports informatiques et
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
DEPLACEMENT DE LA SOURCE RX
Plan du tube
Angle de balayage
Objet 2
Objet 1
Plan de l'objet
à étudier
Axe de rotation
Plan du détecteur
DETECTEUR DETECTEUR
DEPLACEMENT DU DETECTEUR
Objet 1 : net
RÉSULTAT :
Objet 2 : flou = éffacé
DETECTEUR
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
Le choix de la hauteur du plan d'étude se fait en fonction de L'arrivée du scanner a limité l'utilisation de la tomographie à
la position anatomique de l'organe à explorer par rapport quelques éléments tels que les reins, les plateaux vertébraux
au plan de la table. et les sinus maxillaires, l'odontoïde. Une « tomographie
moderne » renaît depuis 2010, c'est la tomosynthèse (voir
Choix de la hauteur du plan d'étude
plus loin Tomosynthèse).
La hauteur du plan d'étude se définit à partir du plan du
détecteur, c'est-à-dire la distance détecteur-organe. Son
choix permet de cibler la hauteur de l'axe de rotation. Pour
9.2. Orthopantomographie3
la faire varier, on joue sur les distances de translation du
tube et du détecteur : L'orthopantomographie (OPT) est une technique dérivée
– lorsque la distance de parcours du tube augmente, le plan de la tomographie plane et mise au point dans les années
d'étude se rapproche de la table, et inversement ; 1940 par Paatero et Numata. Elle permet d'obtenir une
– lorsque la distance de parcours du détecteur augmente, le coupe tomographique déroulée passant les structures den-
plan d'étude s'éloigne de la table, et inversement. taires (maxillaires et mandibulaires). On retrouve sur un
Par exemple, pour les reins cette distance est d'environ OPT l'ensemble des dents et leurs structures de soutien, les
7–8 cm (en décubitus dorsal) ; pour une tomographie des articulations temporo-mandibulaires (ATM) et les contours
corps vertébraux de profil (décubitus latéral), elle est d'envi- des sinus maxillaires. Les structures anatomiques situées
ron 20 cm (en fonction de la largeur du patient). hors du plan d'étude sont effacées par flou cinétique. L'OPT,
également appelée panoramique dentaire, est très utilisée
Bilan en chirurgie-dentaire où elle est reconnue comme examen
Le rapport bénéfice/irradiation est ainsi faible (par rapport au de première intention dans le cadre de bilans globaux.
scanner). La réalisation de plusieurs plans de coupe demande D'un point de vue technique, le couple tube-détecteur se
des expositions successives ce qui, au regard du rapport déplace en continu autour de la tête du patient durant l'ac-
risque/bénéfice, ne répond plus au consensus ALARA. quisition (figure 2.94). Lors de l'acquisition :
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Radiologie de projection
réalisées à des angulations différentes (figure 2.96B). Nous (figure 2.97). Cela permet de focaliser l'étude « tomosyn-
obtenons quatre images intermédiaires (1, 2, 3, 4), diffé- thétique » dans le volume d'intérêt.
rentes, où l'emplacement des trois objets diffère d'une image D'autres réglages sont accessibles à la reconstruction :
à l'autre (figure 2.96C). – épaisseur du plan de netteté = épaisseur de « coupe » ;
Les images finales (A, B, C) sont obtenues à partir de combi- – espacement entre les « coupes ».
naisons différentes des projections acquises. La hauteur du
plan de netteté est fonction du décalage imposé lors de la Principales indications et perspectives
phase de combinaison. Il y aura autant de plans de nettetés Cette technique présente des intérêts dans différents
(A, B, C) que de décalages différents appliqués aux images. La domaines. La sénologie et l'imagerie ostéo-articulaire
figure 2.96C présente le résultat de trois combinaisons (A, B, (figure 2.98) sont les principales cibles de cette technique.
C) correspondant aux plans d'étude de chacun de nos trois L'imagerie dentaire et thoracique peut également présenter
objets. On constate que plus les décalages sont importants, des intérêts.
plus le plan de netteté s'éloigne du détecteur (figure 2.96C). Dans le cas d'exploration du poignet (figure 2.98B), une
Les résultats de ces combinaisons correspondent aux images tomosynthèse de profil peut être ajoutée à celle réalisée de
dites de tomosynthèse. face. Cela permet en effet de mieux mettre en évidence un
éventuel trait de fracture qui serait parallèle au plan d'acqui-
Paramètres accessibles sition correspondant à la face. Même si la résolution spatiale
Comme pour une radiographie classique, il faut régler la ten- d'une image en tomosynthèse reste inférieure à celle d'une
sion (kV), la charge (mAs) et choisir le foyer et les dimen- image radiographique obtenue de façon conventionnelle, les
sions du champ d'irradiation les plus adaptées. avantages de la non-superposition et du choix de la profon-
Ensuite, certains réglages sont propres à la technique d'ac- deur du plan améliorent de façon significative la détectabi-
quisition : lité des éléments pathologiques.
– angle de balayage du tube : plus l'angle est élevé, plus il Ainsi, une salle radiologique équipée de l'option tomosyn-
sera possible de reconstruire des « coupes » fines ; thèse constitue un véritable avantage. Mais des protocoles
– nombre de projections réalisées durant le balayage : plus doivent être bien établis afin d'une part de réserver l'usage
ce nombre est élevé, plus il sera possible de reconstruire de cette technique à des indications pertinentes et d'autre
un nombre important de « coupes » ; part de ne pas multiplier les acquisitions qui restent malgré
– position et épaisseur du volume : soit en indiquant tout irradiantes.
l'épaisseur et le milieu du volume à explorer, soit en indi- Rappelons ici que la dose pour chaque projection reste faible
quant les limites par rapport au plan du détecteur (1/10e à 1/50e de la dose d'une radiographie standard), la
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Figure 2.96 La tomosynthèse exige la réalisation de plusieurs projections d'angles différents (A) nécessaire à l'obtention de plusieurs radiographies
de faible S/B (B) qui seront ensuite recombinées pour calculer des images de tomosynthèse correspondant à différents plans (C).
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Radiologie de projection
totalité de l'exposition équivaut à environs deux radiogra- Un espace libre de part et d'autre permet le positionnement aisé
phies conventionnelles. Elle est notamment largement infé- d'un lit afin de réaliser des clichés en lit au Potter avec un rayon
rieure à celle reçue lors d'un examen scanographique. directeur horizontal. Il est préférable que ce Potter mural soit
basculant ; on y réalisera plus aisément et plus rapidement cer-
taines incidences : par exemple, radiographies du poignet, avant-
10. Architecture des salles bras ou coude qui doivent être positionnés à hauteur de l'épaule.
radiologiques5 La focalisation de grille préconisée est : minimum 110 cm,
optimum 150 cm, maximum 200 cm.
10.1. Architecture et environnement idéal d'une
salle de radiologie « osseuse » Console de commande du générateur
Table et écran de visualisation
L'idéal serait de rechercher une interface unique per
Une table à plateau flottant et à hauteur variable est équipée
mettant :
d'un capteur plan grand champ avec soit :
– l'accès au système d'information radiologique (radiologic
– possibilité de sortir en tiroir ce capteur pour réaliser les
information system ou RIS) et en particulier à la liste de
radiographies sans grille en évitant l'agrandissement lié à la
travail (worklist) ;
distance plateau de table-détecteur ;
– le pilotage du générateur ;
– grille antidiffusante escamotable ; focalisation de grille
– la visualisation des images ;
préconisée : 110 cm.
– la mise en page et les traitements de base ;
On ménage l'accès au patient par les quatre côtés de la table
– la mise à disposition sur le réseau d'images et le PACS.
et, surtout, on permet l'accès par les deux grands côtés avec
Cette interface se fera à partir d'un écran (plat plus ou moins
un lit pour faciliter le transfert du patient du lit vers la table,
tactile), d'un clavier, d'une souris unique pour optimiser l'er-
avec l'aide éventuelle d'un soulève-malade.
gonomie et la convivialité de l'équipement et pour libérer un
Le grand axe de la table est aligné sur le Potter mural : le tube
maximum de place sur le plan de travail.
centré sur la « grille table » le sera aussi sur la « grille Potter
mural » par simple rotation et translation longitudinale. Cela Paravent plombé
permet une meilleure ergonomie en évitant des translations Son positionnement sera étudié et adapté pour offrir :
inutiles de la suspension plafonnière (figure 2.99). – une possibilité de sortie à droite et à gauche ;
Potter mural – une longueur et des angles de retour étudiés par rapport
au « rayon limite » table et Potter pour une radioprotec-
Le Potter mural à capteur plan devrait être aligné sur le grand
tion maximale du personnel ;
axe de la table pour des raisons ergonomiques.
– une bonne visibilité du patient sur table comme au Potter
mural ;
5
Avec la collaboration de Pierre Moerschel, cadre de santé – CHU de – une radioprotection du personnel lors de l'accès à la salle
Strasbourg. d'examen par la chambre claire.
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Radiologie de projection
1 2 5 6
3 7 4
7
Pupitre de commande
Rangement + paravent plombé
6
2 5
4 1 2 5
3
3
1+2 Cabines 3 Table d'examen 4 Potter mural 5 Accès à la salle 6 Etagère à accessoires 7 Zone pour radiographies au lit
Figure 2.99 Configuration d'une salle de radiologie « osseuse ».
Zone pour radiographies au lit en salle d'examen 10.2. Architecture et environnement d'une salle
La zone est suffisamment spacieuse pour réaliser facilement de radiologie « digestive et urinaire »
des incidences en lit. Lors de l'implantation initiale, il faut Ce type de salle était naguère essentiellement dédiée aux
veiller à ce que cette zone de travail soit couverte par une explorations contrastées du tube digestif haut (transit œso-
(des) suspension(s) plafonnière(s). phagien ou TO ; transit œsogastroduodénal ou TOGD ; tran-
sit du grêle…) et bas (lavement baryté ou LB, lavements aux
hydrosolubles…), de l'appareil urinaire (cystographie), ainsi
Porte d'accès à la salle d'examen par la chambre claire qu'à la réalisation de certaines incidences osseuses spéci-
Cette porte plombée débouche dans la salle d'examen à fiques sous contrôle scopique (incidence de Lamy pour
l'abri du paravent plombé. l'épaule, C1/C2 de face…). Les bonnes pratiques médicales
actuelles ont remisé un grand nombre de ces explorations
contrastées au profit de l'échographie, de l'endoscopie
Porte d'accès à la salle d'examen par le couloir optique ou virtuelle, du scanner, entraînant la disparition de
de circulation des patients et des salles d'attente beaucoup de ces salles et leur reconversion.
La porte plombée doit être suffisamment large pour autori- Néanmoins et hormis les rares indications digestives et uri-
ser le passage des lits à barrières. Idéalement, la configura- naires contrastées qui subsistent encore de nos jours tant
tion à deux battants sera de type un tiers–deux tiers, afin dans le domaine adulte que pédiatrique, une salle de radio-
d'alléger le battant de porte le plus sollicité. Lors de l'étude graphie « contrasté » trouve encore son intérêt dans un
d'aménagement, il faut préconiser une porte de type service d'imagerie médicale pour la réalisation d'actes inter-
« ouverture totale », c'est-à-dire avec un cadre de porte en ventionnels radioguidés sous scopie comme l'arthrographie,
retrait ou à fleur de maçonnerie. Cette astuce évite que le le transit du grêle par entéroclyse, la radiculo-myélographie,
passage des lits à barrières ne dégrade progressivement le les infiltrations-biopsies, la cystographie rétrograde en
cadre de porte, celui-ci devant être lui-même plombé s'il pédiatrie…
n'est pas de type « ouverture totale ». La réalisation sous contrôle scopique de certaines incidences
La salle comportera également des étagères à accessoires : osseuses délicates peut être remplacée par les clichés de
cônes, filtres, équerres… ; des cabines de déshabillage ; un repérage à très faible dose par capteur plan statique en salle
meuble de rangement pour les coussins (revêtement néo- d'osseux.
prène préconisé), les cales de contention… ; un matelas de La configuration idéale d'une salle de radiographie contras-
transfert, éventuellement un soulève-malade ; un lave-mains. tée nécessite les éléments suivants.
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
Table télécommandée à capteur plan grand champ Implantation idéale de la table dans la salle
dynamique Le grand axe de la table est orienté vers l'entrée de la salle, ce
Jusque-là, ce type de salle était équipé d'une table numérisée qui facilite l'accès avec un lit ainsi que le transfert du patient
par amplificateur de luminance (AL). La première table télé- du lit vers la table.
commandée à capteur plan (DR pour digital radiography)
grand champ dynamique est apparue sur le marché en 2005. Accès par le côté opposé à la table
En 2008, encore très peu de constructeurs commercialisaient Il peut être judicieux de ménager un accès, même restreint,
ce type d'équipement, mais en 2016 cette nouvelle technologie au grand côté opposé de la table ; cela facilite le positionne-
est fortement recommandable et s'impose progressivement ment du patient et de l'éventuelle tierce personne (radiopé-
dans tous les services, y compris dans les structures libérales. diatrie) ou de l'assistant à l'opérateur lors de procédures
interventionnelles.
Fluorographie par capteur plan
Cette technologie procure une excellente qualité d'image. Paravent plombé
L'image graphique acquise est carrée ou rectangulaire (selon Le paravent plombé est positionné :
le capteur) et non plus circulaire et limitée aux dimensions – pour permettre la visualisation et la surveillance du patient
du champ d'entrée de l'amplificateur sélectionné. Inhérente sur la table en position horizontale comme verticale ;
à la technologie d'acquisition par amplificateur de lumi- – pour permettre un empiétement minimal sur la zone de
nance, la distorsion de l'image sur les bords du champ d'ex- circulation d'un lit ;
ploration n'existe plus en fluorographie/scopie par capteur – de façon à prévoir la sortie donnant vers la table ; l'optimi-
plan. sation de la radioprotection du personnel au pupitre peut
amener à équiper cette sortie d'une porte plombée vitrée ;
Fluoroscopie par capteur plan – pour que la porte plombée donnant sur la chambre claire
L'imagerie dynamique n'est plus tributaire des dimensions débouche dans la salle d'examen à l'abri du paravent
du champ d'entrée de l'amplificateur de luminance. La tota- plombé.
lité de la taille du capteur (de l'ordre de 40 × 40 cm) est
exploitable en mode dynamique (10 à 15 images/seconde) Ensemble doubles écrans montés sur bras
intégrant les avantages de la technologie DR : haute détecta- à suspension plafonnière
bilité des objets petits et/ou faiblement contrastés associée La configuration doubles écrans de contrôle dans une salle
à une dose-patient très faible induisant donc également une de radiologie contrastée est classique. Elle permet d'afficher
meilleure radioprotection de l'opérateur au cours d'un geste une image de référence sur l'un des écrans et l'image en
interventionnel par exemple. « temps réel » (scopie ou graphie) sur l'autre.
Ces deux écrans plats, donc plus légers et moins volumineux
Radioprotection des patients que les anciens moniteurs cathodiques, permettent la visua-
La dose-patient n'est plus corrélée à la taille du champ d'am- lisation et le contrôle des images en salle par l'opérateur lors
plificateur choisi. Pour mémoire, sur une table numérisée des gestes interventionnels. Leur implantation plafonnière
par amplificateur de luminance la dose augmente lorsque la sur bras évite l'encombrement au sol du traditionnel chariot
taille du champ d'entrée de l'AL diminue, un petit champ à écrans-moniteurs de rappel et résout le dilemme classique
procurant une meilleure résolution spatiale. En fluorogra- des préférences de travail des différents opérateurs : écrans
phie/scopie DR, seul le choix de la part de bruit accepté dans de contrôle à « main droite » ou « main gauche » sans être
l'image finale détermine la dose-patient. La résolution spa- limité par la longueur des câbles de connexion.
tiale sera toujours maximale. Les images de fluoroscopie
sont souvent suffisamment informatives pour ne pas avoir Local technique
recours à la fluorographie, largement plus irradiante. Pour ce type de salle, les armoires générateur et électro-
niques/informatiques sont souvent nombreuses, encom-
Hauteur minimale du plateau de table brantes, plus ou moins bruyantes, inesthétiques et source de
Par la substitution du capteur plan à l'amplificateur de lumi- chaleur. Il est confortable de prévoir, lors de la conception de
nance, ces tables permettent de s'affranchir de la profondeur la salle et sous réserve de la surface disponible, de les placer
et de l'encombrement du bon vieil amplificateur ; les tables à l'abri du regard dans un local technique attenant. Ce local
équipées de cette nouvelle technologie descendent jusqu'à doit cependant se trouver nécessairement à proximité de la
environ 40 cm du sol et procurent ainsi pour le patient table et des consoles-pupitres de commande pour des rai-
adulte ou enfant une accessibilité inconnue jusque-là, évi- sons de longueur de câbles de connexion. Il faut penser à
tant la traditionnelle présence d'un marche-pied potentielle- plomber la porte d'accès à ce local.
ment accidentogène.
Zone de rangement et de préparation
Basculement télécommandé à plus ou moins 90° Cette zone comporte un plan de travail, des éléments de
Cette fonctionnalité existait déjà sur la plupart des tables de rangement bas et haut pour le stockage des sarraus, masques,
l'ancienne génération. charlottes, gants… et autres packs stériles (si possible com-
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
plètement à usage unique) spécifiques aux actes interven- Meuble bas sous le plan de travail
tionnels réalisés dans cette salle. Les produits de contraste et Ce meuble bas (avec des éléments hauts en fonction de l'es-
autres médicaments doivent être stockés dans une armoire pace disponible) sous le plan de travail permet de ranger les
dédiée verrouillée (digicode ou clé) comme l'exige la régle- accessoires de type cales de contention, coussins déconta-
mentation en la matière. minables, filtres égaliseurs…
Un coin lavage des mains pour l'intervenant et son assistant
doit équiper cette zone. Ce coin dispose : Étagère de rangement pour cônes localisateurs
– d'un point d'eau particulier équipé d'un robinet à com- Les technologies d'acquisition numériques (AL, ERLM…), y
mande électronique (cellule) activée au passage des mains compris le capteur plan, n'excluent aucunement l'applica-
ou commandé par pédale ; tion des règles de base du métier de manipulateur.
– d'un distributeur de savon antiseptique, de brosse à main… ; L'utilisation des cônes localisateurs bénéficie autant à la qua-
– d'un distributeur d'essuie-mains. lité d'image acquise qu'à la radioprotection du patient.
La décontamination de l'éventuel matériel à restériliser sera
effectuée dans un local séparé spécifique, en vertu du prin-
cipe d'hygiène de séparation des flux « sales » et « propres ». 10.3. Architecture et environnement
d'une salle de radiologie cardiovasculaire6
Toilettes dédiées Les salles de radiologie cardiovasculaire permettent la réali-
Même si les indications de type UIV ou LB ont disparu ou se sation d'actes à visée :
raréfient, il est toujours commode que des salles de – diagnostique : visualisation et analyse en temps réel des
« contrasté » disposent de toilettes dédiées. Il faut penser au différents vaisseaux ;
plombage de la porte d'accès. – thérapeutique : utilisation de matériels permettant le trai-
tement de la pathologie par voie percutanée.
Cabine de déshabillage
Il existe différents types de salles plus ou moins adap-
Si la surface disponible pose un problème, une seule cabine tées à l'activité (spécialisée ou généraliste) du service
peut suffire pour ce type de salle, contrairement à une salle (figure 2.100A) :
d'osseux. – salles dédiées aux explorations cardiaques et en particulier
Porte d'accès à la salle par le couloir de circulation aux artères coronaires (figure 2.100B) : détecteurs à champ
des patients et des salles d'attente réduit de haute résolution, excellente résolution tempo-
relle ;
La porte plombée doit être suffisamment large pour autori-
– salles dédiées aux vaisseaux périphériques et en particulier
ser le passage des lits à barrières. Son découpage idéal serait
aux artères des membres inférieurs et supérieurs : détec-
une configuration « un tiers–deux tiers », afin d'alléger le
teurs à champ large ;
battant de porte le plus sollicité. Lors de l'étude d'aménage-
– salles dédiées aux explorations neurologiques et en particu-
ment, il faut préconiser une porte de type « ouverture
lier aux artères du tronc supra-aortique ou cérébrales : un à
totale », c'est-à-dire avec un cadre de porte en retrait ou à
deux détecteurs (perpendiculaires) de haute résolution ;
fleur de maçonnerie. Cette astuce évite que le passage des
– salles mixtes permettant de réaliser tous les types d'inter-
lits à barrières dégrade progressivement le cadre de porte,
ventions.
cadre qui doit être lui-même plombé s'il n'est pas de type
Dans tous les cas, les tables d'examen présentent une grande
« ouverture totale ».
mobilité. Elles peuvent être commandées par accès direct
Rampe de fluides médicaux sur la table ou à distance, derrière le paravent plombé au
En raison des gestes interventionnels pratiqués dans cette niveau du poste de commande (figure 2.100C).
salle, celle-ci doit être équipée d'une rampe de fluides médi- Les salles de cathétérisme (figure 2.100D) doivent être spa-
caux, d'un bloc d'aspiration et d'un débitmètre à oxygène. Un cieuses pour permettre :
chariot d'urgence ou, à défaut, une valise d'urgence doivent – au personnel médical et paramédical de circuler sans
être disponibles dans la salle ou à proximité immédiate. gêner l'examen en cours ;
– d'installer le matériel radiologique, le matériel de cathété-
Cintre porte-tabliers plombés risme d'usage courant (ballons, stents…), ainsi que le
Des actes interventionnels étant réalisés dans cette salle, il matériel de réanimation en cas de complications ;
convient de prévoir un porte-tabliers multibranches per- – la circulation de lits ou de brancards.
mettant de ranger aisément plusieurs tabliers plombés asso- L'équipe travaillant dans une salle cardiovasculaire est spé-
ciés à leur protège-thyroïde. cialisée et comprend :
Cet angle mort peut également recevoir un soulève-malade – du personnel médical : radiologue, cardiologue, anesthé-
ou, à défaut, un matelas de transfert (de type Roll-board®). siste ;
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
Figure 2.100 Exemple d'environnement dédié aux explorations cardiovasculaires (hôpital Albert-Schweitzer, Colmar).
Salle de cardiologie interventionnelle à capteur plan (A) permettant surtout de réaliser des angioplasties coronaires (B). Poste de commandes (C), salle de
cathétérisme lors d'une procédure d'angioplastie (D).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
mule suivante :
(A + X années)
Le PDS (Gy.cm2 ou cGy.cm2) est donné par l'appareil à l'aide
Moyenne = 50 %
119
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
Les premiers NRD publiés en France datent de 2004 et manipulateur à la merci d'une erreur de dilution entre le
constituent une base de départ. Les NRD sont mis à jour concentré de chimie et l'eau engendrant ainsi maints pro-
périodiquement et diffusés au Journal Officiel. En effet, une blèmes de non-reproductibilité de la qualité d'image : les
fois par an, une évaluation dosimétrique (sur 30 patients), constantes doivent être en permanence révisées et adap-
doit être réalisée dans chaque service, pour au moins deux tées. Mais les erreurs d'exposition peuvent aisément être
types d'examens (ex. : thorax + ASP). Toutes ces données corrigées lors du développement en adaptant les temps
sont ensuite transmises à l'IRSN qui effectue une analyse de trempage.
nationale. Du fait de mises à jour régulières, nous avons
Radioprotection du personnel et du patient peu
volontairement choisi de ne pas publier les NRD en vigueurs
prononcée
lors de l'écriture de ce chapitre afin d'inciter le lecteur à
consulter des données actualisées (www.irsn.org). Le manipulateur assiste le radiologue lors des examens sous
scopie directe. Le radiologue est assis dans l'axe du faisceau
11.4. Maintenance et contrôle de qualité de rayons X directement derrière l'écran de scopie conven-
Les équipements d'imagerie ont une obligation de contrat tionnelle fluorescent. Il n'existe pas ou peu de paravents
de maintenance. Les différents générateurs à rayons X utili- plombés de radioprotection à disposition.
sés en imagerie médicale sont soumis à des contrôles de qua- Technologie d'acquisition de l'image
lité internes et externes. En 2015, ces différents contrôles ont
Les cassettes métalliques avec partie verso (dos) en plomb
été mis à jour en distinguant les installations de radiodiag
sont lourdes et salissantes.
nostic utilisées pour des procédures interventionnelles
Les écrans renforçateurs à gros cristaux sont couplés à un
radioguidées de celles utilisées en radiologie conventionnelle
film lent et monochromatique uniquement, donc les temps
(décisions du 12 août 2015) :
d'exposition sont longs. La qualité d'image en osseux est
– en radiologie conventionnelle, les contrôles internes
bonne, mais au prix d'une dose-patient importante.
sont annuels, hors le contrôle de la sensitométrie des
Travail « en trois points uniquement » : réglage manuel des
machines à développer qui est hebdomadaire. Le contrôle
constantes : kV, mA et seconde. Générateur à minuterie élec-
externe est annuel ;
tromécanique (seuil de reproductibilité vers 0,05 s), sans
– en radiologie interventionnelle, les contrôles sont diffé-
cellule, ni scopie, ni sérigraphe, ni sélecteur.
rents selon le mode d'acquisition (scopie standard, scopie
Habituellement, la majorité des examens sont réalisés le
haut débit, « ciné », « soustraction », « angiographie rota-
matin, l'après-midi étant consacré au séchage des clichés et à
tionnelle ») et la périodicité de ces contrôles est variable
la dictée. Les films sont visualisés et interprétés au négatos-
(trimestrielle ou annuelle selon le type). Le contrôle de
cope. Il faut plusieurs heures pour accéder à un film prêt à
qualité externe reste annuel.
être remis au demandeur. Un film correspond à un cliché,
une incidence, éventuellement à deux ou plus si des caches
12. Évolution du métier plombés de découpe manuelle sont utilisés.
de manipulateur en radiologie
12.2. Dans les années 1960
conventionnelle7
Ergonomie des équipements
12.1. Jusque dans les années 1950 Les tables télécommandées conventionnelles apparaissent
Ergonomie des équipements en radiologie contrastée avec l'arrivée de l'amplificateur de
Il n'existe alors pas de table d'osseux à hauteur variable, ni de brillance (de luminance) permettant au radiologue et au
plateau flottant. Les explorations, thoraciques et contrastées manipulateur de guider leurs examens à partir du pupitre de
en particulier, se pratiquent sous scopie directe dite commande derrière un paravent plombé à l'abri des rayons X.
conventionnelle. La scopie, les cellules d'exposition et le sélecteur favorisent le
plein essor des explorations contrastées de tous types et
Développement dans tous les domaines. L'image scopique est visualisée au
Il est manuel en chambre noire par trempage successif pupitre sur un moniteur TV cathodique ; les images significa-
dans des cuves en plastique ou en inox remplies de révé- tives sont réalisées en graphie. Quelques rares magnétos-
lateur et de fixateur, puis dans une cuve de rinçage à l'eau. copes enregistrent les images dynamiques et permettent de
Le séchage est passif : fils de type étendoir à linge et films les visualiser sur un support.
insérés dans des cadres métalliques pour séchage. Le mar- En salle d'osseux, on voit l'arrivée de la suspension plafon-
quage et les annotations sont rajoutés manuellement à nière, du Potter Bucky. Les films sont visualisés et interprétés
l'encre blanche une fois le film séché. Les bains de chimie au négatoscope.
doivent être renouvelés et préparés manuellement envi-
ron toutes les semaines, ce qui met régulièrement le Technologie d'acquisition
La gamme du CEF (couple écran-film) s'élargit (lent, médium,
rapide), mais reste encore monochromatique. Le choix du CEF
7
Pierre Moerschel, cadre de santé – président de l'AFPPE Alsace. s'opère à partir du compromis rapidité–résolution spatiale,
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
mais encore peu à partir de celui de la qualité d'image-dose En salle d'osseux, l'asservissement complet de tous les mou-
patient. En « osseux », des hauts milliampérages (400 mA) vements, la table à hauteur variable et à plateau flottant
sont privilégiés pour obtenir le meilleur contraste osseux. La facilitent le travail du manipulateur, le bon positionnement
maîtrise des constantes et l'expérience du manipulateur par du patient face au tube. Le manipulateur est moins « mani-
rapport à la corpulence et au morphotype du patient sont les pulateur » de patients.
seules garanties de réussite immédiate du cliché. Les manipu- Les cassettes s'allègent et facilitent leur transport : elles sont
lateurs sont souvent monovalents, c'est-à-dire spécialisés en en plastique ou en fibres de carbone.
osseux ou en contrasté. La tomographie avec ses techniques Le générateur devient électronique autorisant des temps
de balayage plus ou moins complexes est le précurseur de de pose très courts (1 ms) et surtout une excellente
l'imagerie en coupe. La tomographie et la salle d'osseux avec reproductibilité. La programmation anatomique et les
son panel d'incidences aussi varié que complet constituent les cellules d'exposition sont des outils garantissant un
domaines qui permettent au manipulateur d'exprimer son résultat, une certaine qualité d'image et la reproductibi-
savoir-faire et ses connaissances anatomiques. lité dans le temps de celle-ci. Le manipulateur peut deve-
Le duplicata d'un film ou la rectification d'une erreur d'exposi- nir multivalent, capable de travailler dans différents
tion sont analogiques : duplicateuse à ultraviolets ; mais le secteurs avec la garantie d'un résultat satisfaisant, poussé
duplicata n'est qu'une copie plus ou moins fidèle de l'original. en cela par l'essor des nouvelles technologies d'acquisi-
La marqueuse de film rend les coordonnées du patient et les tion d'images en coupe.
annotations plus lisibles sur les clichés.
Technologie d'acquisition
Développement Les écrans renforçateurs aux terres rares et les films ortho-
Les machines à développer sont greffées sur la chambre chromatiques apparaissent avec un gain de dose-patient
noire, les mélangeurs automatiques de chimie amènent substantiel : moins 15 à 20 % en moyenne en osseux pour
confort, rapidité et reproductibilité. Le maintien constant une qualité image (QI) identique.
de la qualité de développement rendu possible par ces
Développement
équipements oblige le manipulateur à être plus précis,
encore plus professionnel dans le choix de ses paramètres Les développeuses plein jour permettent de s'affranchir
d'acquisition. Le manipulateur travaille « sans filet de progressivement de la chambre noire. Seuls le développe-
secours » : il n'a plus d'excuses et ne peut plus attribuer à ment des formats non standard et le chargement des
autrui les fluctuations de qualité d'exposition. Hors dévia- magasins de films vierges demandent à y retourner. La
tion des caractéristiques de la machine qu'il doit surveiller lumière inactinique passe du rouge-orangé au vert. Le
et diagnostiquer, il est le seul responsable de la qualité du manipulateur se retrouve à développer lui-même ses cli-
résultat. Un cliché sous- ou surexposé n'est plus récupé- chés. Les aides-manipulateurs sont en reclassement profes-
rable et impose une nouvelle irradiation du patient. sionnel et disparaissent.
L'accès à un film prêt pour la dictée ne dure plus que les
90 secondes de passage dans la développeuse. Le manipu- 12.4. Dans les années 1990
lateur attend 90 secondes pour prendre connaissance de L'avènement des ERLM permet l'intégration de la radiologie
la qualité de son travail. conventionnelle au monde de l'image numérique. Néanmoins
Les tâches de développement en chambre noire ainsi que la manipulation et le transport de plaques vers l'unité de lec-
celles de nettoyage journalier et hebdomadaire de la déve- ture persistent. Le « miracle » annoncé de pouvoir afficher
loppeuse sont parfois prises en charge par des aides- n'importe quelle constante avec ce type de technologie s'es-
manipulateurs. tompe heureusement rapidement avec la réalité. Pour une
image optimale non bruitée, la maîtrise des constantes reste
d'actualité. La profession de manipulateur en radiologie
12.3. Dans les années 1980 conventionnelle est sauvée, à condition de veiller à l'indice
Ergonomie des équipements d'exposition. Avec la technologie d'acquisition numérique le
Les premières tables télécommandées numérisées (numéri- surdosage n'a pratiquement pas d'impact sur l'image obte-
sation du signal vidéo en sortie d'amplificateur de lumi- nue : le système rattrape l'erreur de surdosage au détriment
nance) apparaissent en radiologie contrastée : scopie à de la radioprotection du patient. Le traitement et le post-trai-
mémoire (la dernière image de scopie reste figée à l'écran), tement numériques de l'image apparaissent. L'ensemble d'un
double écran TV (temps réel + image de référence par examen peut être reproduit et transmis (filming) sur un seul
exemple) et revisualisation d'une séquence dynamique film, ce qui représente un gain en surface argentique.
rendent ce domaine encore plus pertinent. Quelques très L'environnement jusque-là très mécanique devient informa-
rares tables spécifiques apparaissent (radiopédiatrie). La tique. Le manipulateur en électroradiologie doit s'adapter,
radiologie interventionnelle sous guidage scopique com- beaucoup plus tôt que dans bien d'autres milieux profession-
mence à se développer. nels, au travail à l'écran avec clavier et souris.
Avec ce type de tables, le duplicata d'un film est numérique Le reprographe-laser « humide » (avec chimie) monoformat,
et aisé. Le duplicata est lui-même un original. puis biformat, couplé à l'unité de lecture de plaque arrive
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Chapitre 2 IMAGERIE MÉDICALE
Radiologie de projection
dans des chambres claires dorénavant bien encombrées : les de raccordement aux circuits d'eau et d'écoulement. Seuls
développements analogiques et numériques doivent coha- les formats de films hors standard (30 × 90, 18 × 43…) néces-
biter. La double technologie de film présente dans les ser- sitent encore une chambre noire. Le chargement des repro-
vices génère parfois des surprises (erreur de type de film graphes se réalise dorénavant en plein jour ; le manipulateur
chargé). ne manipule plus de films dans les cassettes et ne sollicite
Les clichés de graphie, ainsi que les images scopiques « cap- plus, ne fatigue plus ses yeux comme lors des incessantes
tées au vol » lors des examens contrastés, réalisés sur une allées et venues des salles d'examen vers la chambre noire.
table numérisée peuvent également être « filmés » à l'aide du
reprographe-laser. Radioprotection
Les nouvelles technologies d'imagerie en coupe (scanner puis La réflexion s'intensifie autour du principe ALARA qui guide
IRM) sont maintenant omniprésentes et se substituent à de les pratiques professionnelles en matière de radioprotection
nombreux examens de radiologie conventionnelle. La radio- du patient. La mise à disposition de modalités d'acquisition
logie contrastée ne garde plus que quelques rares indications. numériques ouvre de nouveaux horizons et impose de nou-
Hormis celles de radiologie interventionnelle, la plupart des velles habitudes, de nouvelles bases de raisonnement au
salles disparaissent ou sont mises à la disposition d'autres manipulateur en radiologie conventionnelle. Les kV doivent
spécialités médicales. La tomographie disparaît également, être privilégiés aux mA. La belle radiographie osseuse haute-
comme les incidences complexes en salle d'osseux : n'y sub- ment contrastée ne doit plus exister. Le manipulateur et le
sistent que les incidences standard. Attiré par les nouvelles radiologue raisonnent par l'image porteuse de l'information
technologies d'imagerie en coupe, le MER, surtout de jeune requise pour le diagnostic. Ils choisissent, en fonction de
génération, a tendance à vouloir délaisser ces domaines de l'indication, la part de bruit (S/B) qu'ils acceptent voir conte-
radiologie conventionnelle ; comme d'ailleurs le radiologue. nue dans l'image finale, donc la dose transmise au patient.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 2
Radiologie de projection
chimie » peut exister. Le patient consultant externe peut se Delorme G, Tessier JP. Manuel d'électroradiologie : radiologie conven-
voir remettre un CD gravé comme pour les modalités d'ima- tionnelle. Paris : Masson ; 1994.
Eggert J. Introduction à la radiographie. Zurich : Éditions S. Hirzel ; 1953.
gerie en coupe, voire une impression thermique haute résolu-
Flower MA, editor. Webb's physics of medical imaging. In : CRC Press ; 2012.
tion sur papier. Les développeuses chimie, les volumineux Floyd JR, Carey E, Warp RJ, Dobbins III JT, et al. Imaging characteristics
reprographes-laser humides avec leur développeuse associée, of an amorphous silicon flat-panel detector for digital chest radio-
les mélangeurs de chimie sont inutiles. Le bruit de fond cer- graphy. Radiology 2001 ; 218(3) : 683–8.
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moins « nobles » et peu appréciées tel leur nettoyage pério- 1186–8.
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dique. La chambre noire n'a plus lieu d'être et les chambres
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claires se dépouillent et s'assainissent, s'affranchissent des of a large-area silicon flat-panel detector in a clinical CT-controlled
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L'évolution du métier de manipulateur en radiologie conven- Iniewski K, editor. Medical imaging : principles, detectors, and zlectro-
tionnelle est en lien direct avec l'évolution des équipements nics. In : John Wiley & Sons ; 2009.
techniques mis à sa disposition, à l'instar des autres domaines Kandarakis I, Cavouras D, Panayiotakis GS, et al. An experimental
de l'imagerie médicale. Cette évolution s'est accélérée durant method for the determination of spatial-frequency-dependent
les deux dernières décennies avec l'avènement des technolo- detective quantum efficiency (DQE) of scintillators used in X-ray
imaging detectors. Nucl Instrum Methods Phys Res, Sect A 1997 ;
gies numériques, plus efficaces et plus discrètes. Le manipu- 399(2) : 335–42.
lateur ne réalise dorénavant quasiment plus que des tâches Kane JW, Sternheim MM. Physique. InterEditions ; 2004.
« propres » ; il est moins technicien dans le sens « mettre ses Maliges C, Rochais Y, Balas O, et al. Applications techniques-radiologie
mains dans la machine ». Dans la plupart des cas, il ne peut numérique : tendances 2005 en radiologie numérisée à capteurs
plus dépanner les équipements lui-même : l'électronique et plans. J Radiol 2006 ; 87(7-8) : 941–8.
l'informatique sont omniprésentes. De manipulateur méca- Marchandise X. Biophysique : pour les sciences de la vie et de la santé.
Omniscience ; 2006.
nicien, très « manipulateur », le manipulateur actuel est un Noël A, Ottenin MA, Germain C, et al. Comparaison de l'irradiation en
professionnel, travaillant dans un environnement assaini, scanner et tomosynthèse du poignet. J Radiol 2011 ; 92(1) : 32–9.
maîtrisant le travail à l'écran, ayant des équipements asser- Noël A, Thibault F. Digital detectors for mammography : the technical
vis, sécurisés et bien des outils d'aide à sa disposition pour challenges. Eur Radiol 2004 ; 14(11) : 1990–8.
faciliter sa prise de responsabilité dans la recherche de la Pisano ED, Gatsonis C, Hendrick E, et al. Diagnostic performance of
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IMAGERIE MÉDICALE
Chapitre 3
Scanner à rayons X
Jean-Philippe Dillenseger
Figure 3.2 Répartition des tissus du corps humain sur l'échelle de Hounsfield historique (− 1 024 à + 1 024 UH).
L'échelle de Hounsfield classe les tissus en fonction de leurs valeurs Hounsfield de la plus faible à la plus élevée. Elle à pour référence l'eau (0 UH) et l'air
(− 1 024 UH).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
Cette relation, permettant le calcul des UH, impose une – les structures denses (os, calcifications, produits de
autre référence correspondant à la situation ou le rayonne- contrastes iodés, prothèses orthopédiques) s'étendent au-
ment traverse un volume non atténuant soit de l'air (μair delà de + 100 UH.
= 0). Ainsi, la limite inférieure de l'échelle de Hounsfield cor-
respond toujours à l'air et possède une valeur fixe de
− 1 000 UH (ou plutôt − 1 024 UH pour des raisons informa- 2.2. Comment exploiter l'échelle
tiques) et peut ainsi, au même titre que l'eau (0 UH), être de Hounsfield ?
considérée comme valeur de référence. En revanche, la limite Considérons dans ce qui suit que l'image scanographique est
supérieure n'est pas conventionnée et elle dépend de l'éten- déjà obtenue.
due de l'échelle de quantification utilisée (voir chapitre 1, L'échelle de Hounsfield peut en théorie être composée de
Étape de quantification). Historiquement, l'échelle de plusieurs milliers de niveaux de gris différents (un niveau de
Hounsfield s'étendait de − 1 024 à + 1 024 UH du fait d'une gris par UH). Or, l'œil humain ne peut en distinguer qu'envi-
quantification sur 11 bits (211 = 2048 valeurs). Actuellement, ron une vingtaine au maximum. Si on répartit une échelle de
celle-ci a progressivement repoussé sa limite supérieure à gris sur l'ensemble de l'échelle de Hounsfield, les tissus mous
+ 3 072 UH (12 bits), voire davantage pour permettre l'amé- seront mal discernés par l'œil, par manque de contraste. Il
lioration de l'étude en contraste de l'os et des structures paraît donc nécessaire de n'attribuer l'échelle de gris qu'à
denses (dents, produits de contrastes, matériel médico- une portion spécifique de l'échelle de Hounsfield, afin de
chirurgical…). L'échelle de Hounsfield est donc une droite pouvoir étudier avec un contraste significatif les tissus sou-
calibrée avec 2 points de références, l'air = − 1 024 UH, et haités (= zoom en contraste). Cette opération nommée
l'eau = 0 UH. fenêtrage ou windowing permettra de compenser les
limites physiologiques de l'œil humain.
Une fenêtre est caractérisée par (figure 3.3) :
– son niveau (window level ou WL) ;
Note : masse volumique, densité et coefficient
– sa largeur (window width ou WW).
d'atténuation Le niveau définit le centre de la fenêtre et son choix doit cor-
Il est utile à ce stade de définir le terme de densité souvent
respondre à la valeur Hounsfield moyenne des tissus à étu-
utilisé par abus de langage pour définir une intensité de gris
sur l'image TDM (après fenêtrage). D'un point de vue stricte- dier. Attention, cette opération ne modifie en rien les valeurs
ment physique, la densité d'un corps est le rapport entre sa des pixels de l'image, il ne s'agit que d'une altération de
masse volumique (en g.cm− 3) et la masse volumique d'un l'affichage !
corps de référence : l'eau. Au sens physique, la densité est un La largeur représente le pouvoir de discrimination visuelle
rapport sans dimension qui s'exprime sans unité de mesure des valeurs Hounsfield. Elle doit être soit :
(et ne peut être négative). – étendue pour l'étude d'un maximum de structures de
Un autre terme mérite également à ce stade notre intérêt : le « densités » différentes et espacées sur l'échelle de
coefficient d'atténuation linéique (μ) qui correspond à la Hounsfield ;
somme des probabilités des interactions d'un rayonnement X
avec la matière. Les valeurs de μ s'expriment en cm− 1 et
dépendent de l'énergie photonique incidente et de la masse
volumique du corps traversé. Pour une énergie photonique
donnée, plus le corps présente une masse volumique élevée,
plus μ est élevé. À l'inverse, dans un corps de masse volu-
mique connue, plus l'énergie du rayonnement est élevée,
plus μ est faible.
Attention : le terme anglais density ne correspond pas à la
densité du corps mais exprime sa masse volumique : density
(anglais) = masse volumique (français). La traduction mot à
mot en français est donc un abus de langage.
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
Figure 3.4 Positionnement des trois principales « familles » de fenêtre sur l'échelle de Hounsfield.
L'échelle de Hounsfield représente l'axe des abscisses de l'histogramme d'une coupe TDM.
– étroite pour obtenir une discrimination dans l'étude de En pratique, il existe plusieurs programmations de fenêtre
structures de « densités » voisines. selon les structures anatomiques à étudier (figure 3.5). En
La distribution des valeurs Hounsfield dans le corps humain général, des fenêtres sont préprogrammées dès l'acquisition,
génère des histogrammes à trois « bosses » correspondant les coupes reconstruites sont ainsi affichées avec un fenê-
respectivement aux tissus aériques, mous et osseux. On peut trage adapté au tissu étudié. En pratique, il est également
donc facilement positionner trois fenêtres d'observation dis- possible de modifier le fenêtrage directement à l'écran dans
tinctes, les fenêtres « osseuses », « pulmonaires » et « molles » un but d'optimisation. Cette opération se traduit actuelle-
(figure 3.4) : ment par un déplacement de souris : par convention,
– les fenêtres osseuses ont une largeur étendue, ce qui déplacement vertical = changement de niveau (WL),
englobe l'ensemble des tissus osseux (spongieux et com- déplacement latéral = modification de la largeur (WW).
pact) mais également les parties molles, et un niveau
élevé (WL > 200 UH) ;
– les fenêtres pulmonaires possèdent une largeur étendue, 3. Genèse d'une image
qui comprend l'ensemble du parenchyme pulmonaire tomodensitométrique
mais également les parties molles, et par conséquent un
niveau bas (− 400 UH < WL < − 700 UH) qui se situe dans Après avoir mis en avant le pouvoir de discrimination en
la portion négative de l'échelle de Hounsfield ; contraste que propose la technique tomodensitométrique
– les fenêtres molles sont spécifiques des tissus mous (TDM), essayons de comprendre comment créer une coupe
(graisses + organes) ayant des UH proches situées aux TDM. La genèse d'une image TDM fait appel à des théories
alentours de la référence qu'est l'eau. Elles sont dites mathématiques complexes (Radon, Fourier, itération…). Les
« étroites » ou « serrées », du fait de la faible étendue des principes de base des techniques de reconstructions pré-
valeurs Hounsfield de ces tissus et leur niveau en général sentées dans cette partie sont volontairement simplifiés
est proche du zéro (10 UH < WL < 80 UH). (voire vulgarisés) à des fins pédagogiques afin de s'adapter
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
Figure 3.5 Exemples de programmation de fenêtres utilisées en pratique (pour une image quantifiée sur 12 bits : − 1 024 à + 3 072 UH).
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
aux lecteurs ne possédant pas les prérequis mathématiques sait pallier ce déficit en ne prenant par exemple qu'une pro-
nécessaires à la démonstration académique des processus jection par degré.
exploités. Que l'expert dans ce domaine ne nous en tienne
pas rigueur. 3.2. Qu'est-ce que le domaine de Radon
ou sinogramme ?
3.1. Que stipule la théorie de Johann Radon ? La totalité des projections mesurées par les détecteurs sont
Le mathématicien autrichien Johann Radon (1887–1956) pré- regroupées dans un même ensemble appelé « sinogramme ».
sente en 1917 une méthode mathématique sur laquelle s'ap- On parle aussi d'espace de Radon et il s'agit des données
puient les fondements théoriques de la tomodensitométrie. brutes (raw data).
La théorie de Radon établit la possibilité de reconstituer un Le sinogramme (figure 3.7) correspond à l'empilement de
objet au moyen de ses projections (figure 3.6). Il est bien toutes les projections obtenues sur 360°.
entendu impossible de disposer de toutes les projections Un sinogramme est défini en abscisses et en ordonnées de la
d'un objet mais, compte tenu des corrélations connues, on manière suivante :
Figure 3.7 Un sinogramme classe sur un même plan l'ensemble des profils acquis en fonction de leur angle d'acquisition.
La transformée de Radon lie le domaine spatial f(x,y) au domaine de Radon p(r,θ).
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– abscisses : correspond au domaine spatial (1D ou 2D) de la = détecteurs multiéléments en z ou capteur plan), on obtient
projection ; un sinogramme 3D (figure 3.8B).
– ordonnées : en scanographie cet axe est multiparamé- Les informations « stockées » dans un sinogramme vont ser-
trique, car il regroupe plusieurs informations : vir à la reconstruction de coupes axiales dites primaires. Le
– l'angle de projection, sinogramme originel est toujours conservé, il correspond
– le moment t ou a été acquis la projection, aux données brutes (raw data). Néanmoins des sinogrammes
– la position de la projection sur l'axe z (en mode spiralé modifiés seront générés en fonction des corrections appli-
uniquement, voir plus loin Apports du mode spiralée quées sur les projections (filtres, corrections géométriques)
ou hélicoïdale). et en fonction des algorithmes de reconstruction tomogra-
Si les projections proviennent d'une seule rangée de détec- phiques exploités (rétroprojection, itération) (figure 3.9).
teurs (1D = 1 barrette), on obtient un sinogramme 2D La qualité des images (résolution spatiale, S/B…) recons-
(figure 3.8A) ; si le projections correspondent à des plans (2D truites dépendra d'une part de la manière donc sera exploité
Figure 3.9 Principe de base d'une reconstruction tomodensitométrique : acquisition des projections (A), création du sinogramme (B), correction
et exploitation des données par des outils mathématiques (C), obtention d'une coupe TDM (D).
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Scanner à rayons X
l'espace de Radon, et donc liée aux choix de méthodes de un plan (ou volume) « image » en fonction des angles initiaux
reconstruction, et d'autre part de la présence ou non de (figure 3.11A). On parle aussi d'épandage des projections.
filtres. Cette qualité dépendra aussi et surtout, notamment Il est aussi possible de décrire cette méthode de rétropro-
concernant la capacité à visualiser des détails, de l'échantil- jection dans le domaine fréquentiel, en appliquant le
lonnage du domaine de Radon. Plus le nombre de projec- « théorème de la coupe centrale » qui stipule que la trans-
tions est élevé et plus les projections exploitées sont formée de Fourier (TF) d'une projection échantillonne le
initialement échantillonnées (ce qui dépend du nombre plan de Fourier selon une ligne passant par le centre et
et des dimensions des éléments unitaires de détection dont l'angle par rapport au repère correspond à l'angle de
d'un capteur), plus les images reconstruites auront la la projection acquise. Il est important à ce stade de rappe-
capacité à représenter des détails. Les concepteurs de ler la théorie de Fourier qui dit que : tout signal peut être
scanners X cherchent en permanence un compromis décomposé en une infinité de fonctions trigonométriques
entre le nombre de projections (échantillonnage angu- (sin, cos) d'amplitude, de fréquence et de phase différentes.
laire) et l'échantillonnage des projections (échantillon- Chaque projection acquise peut alors subir cette décom-
nage linéaire) (voir plus loin Comment évaluer la résolution position, et les fréquences qui la composent peuvent ainsi
spatiale en TDM ?). être classées dans le domaine fréquentiel de Fourier (voir
chapitre 1, Caractéristiques fréquentielles d'une image). Ces
3.3. Comment obtenir une coupe projections sont classées une par une, degré par degré, en pas-
tomodensitométrique ? sant systématiquement par le centre d'un même domaine
La théorie de Radon établit la possibilité de reconstituer un fréquentiel une transformée de Fourier inverse (TFi ou 1/
objet au moyen d'un certain nombre de projections. La TF). L'échantillonnage terminé, une TF inverse permet de
matrice image étant initialement vide de toutes valeurs retrouver le domaine spatial, c'est-à-dire une coupe. On
numériques, il va falloir trouver un moyen de solutionner parle alors de méthode de rétroprojection (RP) par transfor-
numériquement à partir des données issues des différentes mée de Fourier (figure 3.11B).
projections (figure 3.10). Que ce soit en passant exclusivement par le domaine spatial
Les méthodes de reconstructions scanographiques permet- ou par le domaine fréquentiel, la méthode de rétroprojection
tant de résoudre la matrice, c'est-à-dire de reconstruire une génère des coupes axiales qui présentent certains défauts.
image, peuvent être réparties en deux classes : Les contours des objets sont flous du fait des « résidus » des
– l'une utilise des méthodes dites analytiques : rétroprojection ; épandages et du nombre fini de projections pouvant, si leur
– l'autre utilise des méthodes dites algébriques : reconstruc- nombre est restreint, générer des artéfacts en étoile (rare en
tion par itérations. TDM). En effet, quand on observe une coupe obtenue avec
une technique de rétroprojection simple, celle-ci est floue,
Algorithmes de rétroprojection : principes de base les contours de l'objet, pourtant nets en réalité, apparaissent
Comme sont nom l'indique, la rétroprojection consiste à repla- « voilés ». Cela s'explique par le fait qu'un profil d'atténuation
cer les projections « stockées » dans le domaine de Radon sur se projette (après TFi) sur l'ensemble du plan (image) en
fonction de sa position angulaire. Les « rétroprojections » se
superposent alors sur l'image et génèrent progressivement
un voile sur l'ensemble du plan image (figure 3.11A). Ces
défauts seront compensés par l'usage de filtres (voir ci-après
Rétroprojection filtrée).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
teurs monobarrette, multibarrettes, capteur plan). Ces les profils des projections dans un but de limiter les artéfacts
défauts sont généralement compensés à l'aide d'algo- liés aux résidus d'épandage (figure 3.13A).
rithmes correctifs tenant compte de la géométrie d'acquisi- Dans le domaine fréquentiel, l'opération de filtrage consiste à
tion (ouverture du faisceau X, conicité du faisceau, et modifier les valeurs d'amplitude de certaines fréquences :
déplacement du patient lors d'acquisition spiralée). Cette cette opération se résume à des multiplications. On sait que
opération est soit réalisée avant, soit intégrée directement dans le plan de Fourier les basses fréquences, correspondant
dans le processus de reconstruction par rétroprojection ou au contraste de l'image, se trouvent dans la partie centrale du
itération. plan, tandis que les hautes fréquences responsables des
Ces défauts doivent être pris en compte et être corrigés pour détails se situent en périphérie. Pour compenser la perte de
permettre l'obtention d'images correspondant à la réalité détails issue d'une rétroprojection simple, il suffit d'amplifier,
géométrique du patient. à l'aide d'un filtre, les fréquences périphériques de l'espace k,
ce qui revient, dans le domaine spatial, à renforcer davantage
Rétroprojection filtrée (RPF) les transitions des différents profils d'atténuation (figure 3.13B).
Comme nous venons de le décrire, une rétroprojection Lors du filtrage, on affecte à chaque valeur fréquentielle
simple ne suffit pas pour obtenir une image de qualité satis- (du plan de Fourier) un coefficient imposé par le filtre. Le
faisante. Cette technique doit être améliorée afin de limiter filtre utilisé en TDM est dit de « rampe atténuée » (figure 3.12).
le flou ; pour ce faire, on utilise des filtres. L'objectif des filtres Il permet d'amplifier les hautes fréquences spatiales et
est d'introduire au niveau des projections des valeurs néga- limite l'amplification voire supprime des fréquences extrêmes
tives permettant de compenser et ainsi de faire disparaître responsables du bruit de l'image, on parle de fréquence de
les résidus d'épandage lors du processus de rétroprojection. coupure. Plus précisément, le filtre de « rampe atténuée » est
Ces filtres peuvent être appliqués soit directement dans le issu du produit d'un filtre de rampe (qui est une droite) par
domaine spatial, soit dans l'espace de fréquentiel (Fourier) : un filtre lissant (de type « passe bas »).
dans les deux cas on parle de rétroprojection filtrée
(figure 3.12). Adaptation du filtrage aux différents tissus
Dans le domaine spatial, l'opération de filtrage consiste à L'opération de filtrage (décrite ci-dessus) permet donc l'ob-
appliquer des opérations de convolutions venant modifier tention d'images scanographiques non « voilées ». Néanmoins,
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Scanner à rayons X
Figure 3.12 Comparaison des résultats entre une méthode de reconstruction par rétroprojection simple (A) et par rétroprojection filtrée (B).
L'usage de filtre permet de rendre net le contour des objets.
le résultat est lié en TDM au type de tissu étudié. Comme dans Principe des méthodes itératives
toute méthode d'imagerie, il est également difficile en scan- Méthode itérative simple
ner X d'obtenir une image possédant à la fois une bonne réso-
L'algorithme d'itération s'applique aisément aux problèmes
lution spatiale et une bonne résolution en contraste. En TDM,
matriciels. Il consiste simplement à proposer une solution
le compromis proviendra de l'adaptation du filtre (pente,
première, de la comparer avec les données du problème
forme, fréquence de coupure) au type de tissu étudié.
(projections mesurées) et d'effectuer les corrections néces-
On distingue deux types de filtres :
saires. Ce cycle (ou cette boucle) est réitéré jusqu'à l'obten-
– ceux qui privilégient les hautes fréquences, c'est-à-dire la
tion d'une solution définitive estimée satisfaisante (selon
résolution spatiale ;
des critères prédéfinis) (figure 3.15).
– ceux qui privilégient les basses fréquences, c'est-à-dire la
Ce calcul est simple et rapide pour une matrice à quatre
résolution en contraste.
éléments, mais devient vite complexe pour des matrices
En pratique, ces deux catégories se déclinent en une dizaine de
élevées (512 × 512). Un autre inconvénient de cet algo-
filtres adaptés aux différentes structures anatomiques.
rithme repose sur l'achèvement des mesures avant le
De manière générale, les structures bénéficiant d'un fort
début du calcul. L'ordinateur est alors inutilisé pendant
contraste naturel (ex. : os ⇒ 100 à 1 000 UH ; poumons
toute la durée de l'acquisition, ce qui retarde l'arrivée du
⇒ − 100 à − 1 000 UH) sont étudiées avec des filtres « durs »
résultat, donc de l'image.
permettant d'améliorer l'étude de structures fines par révé-
Cette méthode de calcul, aussi connue sous le nom de ART
lation de la résolution spatiale (ex. : trame osseuse, trame
(algebric reconstruction technique), était utilisée dans les pre-
bronchique). Les parties molles étant caractérisées par un
miers scanners X (EMI 1971). Cependant la lenteur du pro-
contraste naturel faible (− 100 à + 100 UH) sont étudiées
cessus a bénéficié aux méthodes de rétroprojection filtrées,
avec des filtres « mous » permettant de révéler davantage le
bien plus rapides.
contraste entre les différents organes (ex. : distinction entre
Néanmoins, le processus itératif présente également des
substance blanche et substance grise) (figure 3.14). Dans ce
avantages. Comparativement à la méthode de rétroprojec-
processus, une même acquisition peut être reconstruite avec
tion filtrée qui, du fait de l'usage d'un filtre, majore néces-
n'importe quel filtre pour peu que l'on ait conservé les don-
sairement la présence de bruit dans l'image reconstruite, le
nées brutes.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
processus itératif n'induit pas de bruit supplémentaire – une amélioration globale de la qualité des images scano-
dans l'image. Aussi, le mode itératif permet de converger graphiques (résolutions en contraste et spatiale augmen-
vers un résultat équivalent voire supérieur à celui d'une tées, diminution d'artéfacts…) (figure 3.16) ;
RPF avec moins de projections ! Ainsi il est possible d'obte- – des réductions de dose non négligeables (de 20 à 80 % selon
nir une image de qualité équivalente à celle produite par la région anatomique et la méthode itérative utilisée).
RPF avec moins de dose ou bien de produire, à dose équi- Afin d'accélérer le processus itératif, une méthode consiste
valente, une image bénéficiant d'un meilleur S/B à utiliser comme image de départ une reconstruction obte-
(figure 3.16). nue par RPF. Ensuite pour améliorer la qualité du résultat
final (par rapport à une image obtenue par RPF), le proces-
Méthode itérative basée sur des modèles sus itératif s'appuie sur des modèles tenant aussi bien
L'accélération du processus itératif consiste à réduire d'une compte de la géométrie d'acquisition (dimensions du
part, le nombre d'itérations nécessaire à l'obtention de foyer optique, dimensions des détecteurs urinaires…) que
l'image finale et d'autre part, certains défauts initialement de la morphologie du patient ; on parle alors de méthodes
présents dans les projections (déformations, bruit quan- itératives basées sur des modèles (model-based iterative
tique…). L'ensemble permet alors : reconstruction ou MBIR). Longtemps réservés à la médecine
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
nucléaire, les processus itératifs sont apparus massivement Que contiennent et sur quels éléments s'appuient les modèles
depuis 2010 en TDM grâce aux développements conjugués itératifs ?
de modèles statistiques efficaces et de puissances informa- Pour améliorer la qualité des images, les modèles utilisés
tiques adaptées. Le principe de base de ce type de processus tiennent compte :
est illustré et expliqué à la figure 3.17. Plusieurs algorithmes – de la distribution du bruit photonique dans les projections
itératifs sont actuellement en concurrence selon la com- = modèles statistiques. Il est important de tenir compte
plexité des modèles exploités et selon leur processus de de ce bruit dont la part augmente lorsque la dose diminue.
calcul utilisé, en effet certaines méthodes travaillent direc- Anticiper et modéliser ce bruit à pour objectif de le réduire
tement au niveau des données brutes (sinogramme), au maximum afin d'atteindre des S/B élevés avec des doses
d'autres exclusivement dans l'espace image. En général, tous toujours plus faibles ;
ces algorithmes ont comme point commun de posséder les – des déformations liées à la géométrie du scanner
lettres « IR » (itérative reconstruction) dans leur acronyme = modèles géométriques : dimensions du foyer optique,
(ASIR, SAFIR, MBIR, IRIS, FIRST…). disposition des détecteurs, forme et collimation du fais-
ceau X. Ces modèles permettent de connaître et de corri-
Pour simplifier : mode itératif simple versus mode ger les déformations liées au flou géométrique, à la conicité
du faisceau (agrandissement différentiel), à l'échantillon-
itératif basé sur un modèle
Supposons un jeu qui consiste à faire deviner l'âge d'un nage de détection, le tout ayant pour objectif d'améliorer
individu X. la résolution spatiale de l'image reconstruite. Note : ces
Le mode itératif simple consiste à ne pas avoir d'a priori de corrections peuvent pour la plupart également être appli-
départ sur l'individu X. Ainsi, le processus propose une pre- quées en RPF ;
mière solution neutre correspondant par exemple à l'âge – des interactions photoniques dans la structure étudiée
moyen de la population française soit 40 ans. Une fois cette = modèles physiques. En effet, il est simple de com-
proposition faite, un indicateur indiquera si la réponse est prendre que les caractéristiques d'atténuation, d'un élé-
supérieure ou inférieure à l'âge réel de l'individu X. Les propo- ment ayant les dimensions d'un voxel, ne sont pas isolées
sitions s'enchaîneront ainsi jusqu'à l'obtention du bon résul-
du milieu environnant. Une même structure peut voir ses
tat. Ex. : 40 ans ⇒ c'est plus ; 80 ans ⇒ c'est moins ; 60 ans
⇒ c'est plus ; 70 ans ⇒ c'est moins ; 65 ans ⇒ c'est moins ;
valeurs Hounsfield différer selon qu'elle se trouve dans un
62 ans ⇒ bonne réponse ! environnement dont les « densités » sont voisines ou au
Le mode itératif basé sur un modèle permet à partir d'un a contraire éloignées. Dans ce dernier cas, le phénomène de
priori de départ de converger plus rapidement vers la solu- durcissement de faisceau impactera sur la valeur
tion : par exemple, « l'individu X est un jeune retraité ». Le Hounsfield de l'objet. Tout comme le phénomène de dur-
nombre d'itération sera statistiquement réduit. Ex. : 60 ans cissement, le rayonnement diffusé lié aux interactions
⇒ c'est plus ; 64 ans ⇒ c'est moins ; 62 ans ⇒ bonne réponse ! Compton fausse également les valeurs Hounsfield des
En scanner X, on peut considérer que le postulat de départ voxels. Il est donc nécessaire d'avoir une modélisation phy-
est une image obtenue par rétroprojection, ce qui permet sique afin de régulariser les atténuations propres à
d'accélérer efficacement le processus itératif.
chaque tissu : on parle de processus de régularisation. Les
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
Figure 3.15 Principe de reconstruction tomographie par méthode itérative simple = méthode algébrique (algebric reconstruction technique ou ART).
Le cycle de base d'un processus itératif se résume à la répétition des étapes suivantes : calcul d'une projection à partir d'une reconstruction estimée ;
comparaison avec la projection mesurée (réelle) ; corrections et obtention d'une nouvelle projection calculée.
informations anatomiques guidant ce modèle peuvent doivent pas être supérieurs à celle d'un demi-détecteur
provenir d'une série d'images obtenues par rétroprojec- (dimension en z). Au-delà de cette limite, des algorithmes de
tion filtrée = modèle morphologique. Ces modèles ont corrections sont appliqués. Les principales sources de défor-
pour intérêt d'améliorer la résolution en contraste en limi- mations proviennent de la conicité du faisceau X (cone
tant l'impacte du rayonnement diffusé et du phéno- beam effect) et du déplacement des structures étudiées
mène de durcissement. lors d'acquisition en mode spiralé (voir plus loin Apports du
Plus le nombre et la complexité des modèles utilisés aug- mode spiralée ou hélicoïdale).
mentent, plus le processus itératif consomme de la puis- L'ouverture du faisceau X le long de l'axe z génère des défor-
sance informatique, ce qui impacte le temps de calcul mations au niveau des projections (figure 3.18) qu'il faudra
nécessaire à l'obtention des images. Les progrès actuels compenser pour avoir un résultat final le moins déformé
tendent à atteindre des temps de reconstruction accep- possible. L'effet de cône (en z) pouvait être négligé sur les
tables inférieurs à 10 minutes. Il est fort probable que ces premiers scanners, car évalué comme peu néfaste sur le
durées deviennent négligeables dans un futur proche ; et il résultat final. Depuis l'arrivée des scanners 64 barrettes, la
est certain que l'avenir du scanner X se construira exclusive- conicité en z est systématiquement intégrée et corrigée lors
ment sur des approches itératives à base de modèles du processus de reconstruction : on parle alors d'algorithme
(MBIR) toujours plus évolués et fins capables alors de de reconstruction « cone beam ». Les algorithmes correctifs
réduire encore davantage les doses et certains artéfacts utilisés sont inspirés de modélisations déjà décrites dans les
(ex. : réduction des a rtéfacts métalliques ou liés à certains années 1980 : algorithme de Feldkamp-Davis-Kress (FDK,
mouvements physiologiques tels les phénomènes pulsatiles de 1984). Encore actuellement l'effet de conicité se montre déli-
certains vaisseaux…). cat à gérer et vient altérer la résolution spatiale en limites de
champs (en z) lors d'acquisitions incrémentales à faisceau
Prise en compte de la géométrie d'acquisition large (en z) (figure 3.19). Toutes ces déformations géomé-
du faisceau X triques répondent aux lois de Thalès.
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
B
Figure 3.16 Avantages des reconstructions itératives par rapport aux rétroprojections filtrées (RPF).
Source : illustrations CHU de Strasbourg.
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
Figure 3.18 Illustration l'effet de cône (en z) pour une projection à 0° (A) et à 180° (B).
Sur ces figures, la projection des objets « bleus » situés sur l'axe de rotation illustre bien le phénomène d'agrandissement qui s'opère au fur et à mesure que
l'objet est situé en bordure de cône. Contrairement aux objets « bleus » dont la déformation ne change pas avec l'angle de projection (entre a et B), les
objets orange et rouge, non situés sur l'axe de rotation, voient leur projection modifiées en fonction de l'angle de projection. L'effet de cône complique
ainsi le processus de reconstruction tomographique. Les déformations dépendent de l'ouverture du cône (en z), des coordonnées des objets dans le
volume et de l'angle de projection. Cette « optique radiologique » est intégrée dans le processus de reconstruction actuel.
Figure 3.19 Objet scanographié = empilement de CD-Rom (A). Résultats d'une acquisition spiralée à faible collimation en z (B), d'une acquisition
volumique incrémentale à collimation étendue (C).
On observe sur l'image b des déformations aux extrémités du volume, ce qui limite la résolution spatiale.
Source : Hsieh J, Nett B, Yu Z, et al. Recent advances in CT image reconstruction. Current Radiology Reports 2013 ; 1(1) : 39-51.
d'acquisition utilisé. Dans le cas d'acquisitions incrémentales, l'augmentation des vitesses d'acquisition. Le développement
où la table d'examen reste fixe pendant l'acquisition, seules de scanners bi-tubes possédant deux sources de rayons X,
les déformations liés à l'effet de cône sont prises en compte. situées à 90° l'une de l'autre et capables de générer une
Par contre, lors d'acquisitions réalisées en mode spiralé, le double hélice, complexifie également le processus de recons-
déplacement de la structure au cours de la rotation ajoute truction. Actuellement, le choix du type d'interpolation est
des déformations venant compliquer l'interprétation des effectué automatiquement par l'appareil en fonction des
projections détectées. Plusieurs algorithmes ont été déve- paramètres d'acquisition.
loppés en tenant compte à la fois du déplacement des struc-
tures lors de l'hélice et de l'étendue de la collimation en z. On
parle en général d'algorithmes d'interpolation linéaire en z. 3.4. Bilan
Historiquement, ces algorithmes exploitaient les projections La genèse d'images tomographiques doit répondre à un
issues d'une rotation complète pour les pitchs < 1 (AL 360°), cahier des charges exigeant liant rapidité, qualité et faible
et d'une demi-rotation pour les pitchs > 1 (AL 180°). Ces dose. Il faut retenir que l'obtention de coupes fines, non
algorithmes d'interpolation se sont complexifiés progressi- déformées et résolues, est favorisée par des algorithmes
vement avec l'augmentation du nombre de barrettes et avec complexes capables de tenir compte et de corriger de nom-
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
Tableau 3.1 Éléments historiques qui précèdent l'obtention de la première acquisition scanographique chez un être humain vivant.
Dates Faits
1917 Johann H. Radon (Vienne, Autriche) démontre qu'il est mathématiquement possible de reconstruire un volume (3D) au moyen de
la totalité de ses projections (2D). Plus tôt en 1905, H.A. Lorentz (Hollande) s'était également intéressé à ce problème mathéma-
tique. Ses travaux étaient n'ont été redécouverts que plus tard, après l'invention du premier scanner X !
1940 Gabriel Frank (Budapest, Hongrie) propose (brevet) une méthode de reconstruction tomographique : la rétroprojection
1961 William Oldendorf (Los Angeles, États-Unis) fabrique un premier appareil de tomographie axiale (source radioactive) qui sera en
partie reprit par Hounsfield
1963 Allan Cormack (Medford, Massachusetts, États-Unis) publie dans le Journal of Applied Physics le postulat théorique de reconstruc-
tions tomographiques informatisées
1968 Godfrey Hounsfield (Londres, Royaume-Uni) développe un prototype lathe bed model capable d'imager une pièce anatomique
(9 jours d'acquisition). Il présente son prototype et sa volonté d'appliquer son concept en médecine aux docteurs James Ambrose
et John Perry du St George's Hospital
1971 Geodfrey Hounsfield (Londres, Royaume-Uni) et le docteur James Ambrose réalisent le premier examen TDM du cerveau d'un patient
atteint d'une tumeur frontale (1er octobre)
1973 Premières publications scientifiques signées successivement par Hounsfield et Ambrose :
Computerized transverse axial scanning (tomography) : part I. Description of the system. British J Radiol 1973 ; 46(552) : 1016-22
Computerized transverse axial scanning (tomography) : Part II. Clinical application. British J Radiol 1973 ; 46(552) : 1023-47.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
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Scanner à rayons X
plus fines au centre qu'aux extrémités (en z). Actuellement, grâce à une rotation partielle, l'ensemble des profils d'atté-
la tendance consiste à proposer des configurations matri- nuation. La résolution temporelle qui en résulte profite en
cielles comportant un nombre toujours croissant de bar- partie à l'imagerie cardiaque (figure 3.25). Cette architecture
rettes de même taille. On parvient actuellement à regrouper peut également être considérée comme la sixième généra-
jusqu'à 320 barrettes permettant une couverture de 16 cm tion de scanners.
sur l'axe de rotation. Au niveau des temps de rotation, les
dernières générations de scanner sont capables de réaliser Scanners à faisceau conique (cone-beam computed
trois rotations par seconde (certains constructeurs tomography ou CBCT) ou scanner à capteurs plans
annoncent des cycles de cinq rotations/seconde), ce qui leur (flat panel computed tomography ou FDCT)
confère une résolution temporelle particulièrement D'un point de vue géométrique, tous les scanners exploitant
adaptée aux explorations cardiaques. plus de 64 barrettes travaillent avec des modes de recons-
truction tenant compte de l'effet de cône, on parle alors
d'algorithme de reconstruction cone beam. Cependant l'ap-
Pour l'histoire pellation scanner cone beam est depuis le milieu des années
Contrairement aux idées reçues, le projet de générer plusieurs 2000 réservée, par habitude, aux appareils équipés et exploi-
coupes en une rotation ne date pas des années 1990. En effet, tant les avantages (1 rotation = 1 volume) des capteurs plans
certains appareils du début des années 1970 utilisaient déjà
deux détecteurs placés l'un derrière l'autre permettant de four-
(CBCT). Certains auteurs (W.A. Kalender) parlent ici de
nir deux coupes par rotation. En 1976, le service de neuroradio- scanner de septième génération. L'atout de ces capteurs
logie du professeur Wackenheim à Strasbourg a été l'un des concerne surtout leur efficacité de détection quantique éle-
premiers au monde à bénéficier de cette technologie (CGR vée qui place ces technologies comme des détecteurs de
Densitom®). choix quant à la réduction de dose. Aussi leur architecture
matricielle élevée ouvre une amélioration potentielle des
performances de résolution spatiale. Néanmoins, ces tech-
Configurations bi-tubes (dual source computed nologies souffrent encore de quelques limites :
tomography ou DSCT) – surface de détection limitée à une structure planaire de
Une variante actuelle proposée par le constructeur Siemens 50 cm de côté (au maximum), ce qui limite le champ de
consiste à intégrer dans le statif mobile deux couples tube- vue axial à 25 cm ;
détecteurs orientés perpendiculairement. Le principal – temps de lecture élevée limitant le nombre de projections
avantage de cette disposition est d'obtenir plus rapidement, acquises par unité de temps : 30 images/seconde pour un
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Scanner à rayons X
2016) démontré sa supériorité. Cette technologie relative- ouverture permettant le positionnement d'un sein d'une
ment récente bénéficie d'une marge de progression réelle patiente préalablement positionnée en décubitus ventral.
et verra probablement ses champs d'activités s'étendre à
d'autres régions anatomiques dans l'avenir. Certains Scanners « mobiles »
constructeurs exposent depuis 2014 des prototypes de En marge des évolutions majeures s'est développée récem-
CBCT dédiés à l'imagerie du sein ; dans ce cas, l'architecture ment une gamme d'appareils dits « mobiles », sur roues,
du couple tube-détecteurs se trouve en configuration hori- capables de réaliser des scanners directement au service des
zontale et placée sous une table d'examen présentant une urgences, en réanimation, en bloc opératoire (figure 3.28),
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voire même à l'intérieur de véhicules médicalisés. Ces scan- – un système de contrôle permettant de connaître, en
ners peuvent présenter des dimensions adaptées à des exa- temps réel, la position angulaire du statif mobile (source
mens « corps entiers » (tête, thorax, abdomen…) ou être des rayons X + détecteurs).
dédiés à des explorations localisées (crâne) permettant alors L'ensemble de ces éléments doit être fixe et orienté de
la réalisation d'examens de perfusion cérébrale. Ces appareils manière à pouvoir supporter des accélérations impor-
encore peu nombreux doivent encore bénéficier d'une éva- tantes de l'ordre de 10 à 40 g (g = accélération moyenne de
luation médico-économique qui impactera probablement la gravité sur terre = 9,8 m.s− 2) lors des rotations.
leur déploiement commercial.
5.2. Tubes à rayons X dédiés
Le cahier des charges imposé aux tubes radiogènes scano-
5. Éléments technologiques graphiques est premièrement guidé par un besoin de rapi-
d'un scanner X actuel dité d'acquisition cela afin de permettre l'enchaînement
d'acquisitions multirégionales (thorax-abdomen-pelvis)
5.1. Vue d'ensemble multiphasiques (phase artérielle, veineuse, tardive). En outre,
Un scanner à rotation continue moderne est constitué des l'augmentation du nombre de patients en surpoids impose
éléments technologiques de base suivants (figure 3.29) : également un besoin de performances accrues afin de
– un tube à rayons X puissant suivi d'une filtration et d'une conserver une qualité d'image acceptable au niveau du
collimation primaire ; contraste des tissus mous. Cependant, cette capacité à déli-
– de détecteurs précédés d'une collimation secondaire et vrer rapidement une quantité importante de rayons X dans
d'une grille antidiffusante et suivis de convertisseurs des temps de plus en plus courts ne doit pas se faire au détri-
analogiques–numériques ; ment de la résolution spatiale qui nécessite l'usage de foyers
– des systèmes d'alimentation et de gestion du tube embar- optiques limités (valeurs moyennes : petit foyer
qués dans le statif mobile (anode et cathode haute = 0,7 × 0,7 mm2 ; grand foyer = 1,2 × 1,2 mm2). Tout comme
tension…) ; en radiologie conventionnelle, le choix du foyer est guidé
– des « frotteurs » ou slip rings qui permettent l'échange de soit par un besoin en résolution spatiale élevée, soit par un
données électriques entre le statif mobile et le statif fixe ; besoin de rapidité d'acquisition. Les tubes actuels conservent
Figure 3.29 Constitution technologique de base d'un scanner X de troisième génération à rotation continue.
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encore pour la plupart la technologie du tube de Coolidge également le refroidissement de l'huile par convection. La
utilisée dans les installations radiologiques classiques (voir capacité de dissipation thermique fixe l'intervalle de temps
chapitre 1). Néanmoins, ces tubes sont plus performants en de refroidissement qui sera nécessaire avant la reprise
termes de capacité et de dissipation thermique, ce qui d'une nouvelle acquisition.
impacte nécessairement leur coût : Ces performances imposent en général des tubes volumi-
– les capacités thermiques des tubes scanographiques se neux et donc plus lourds que les tubes de radiologie
situent entre 2 et 8 MUC . Cela impose des choix techno- conventionnelle, ils posent d'importantes contraintes
logiques : cibles en tungstène-rhénium (0,3 mm), diamètre mécaniques. Pour limiter celles-ci, de nouvelles concep-
de disque élevé de 15 à 20 cm, axe métallique trans-ano- tions technologiques ont été envisagées ces dernières
dique pour diminuer les contraintes mécaniques liées à la années (figure 3.30).
rotation du disque ; Les tubes demandent une ouverture importante du fais-
– Les capacités de dissipation thermique maximale se ceau X (d'environ 50° pour atteindre des FOV > 50 cm), ce
situent entre 1 et 5 MUC/min. Ces performances sont qui impose une position du tube dans le statif de manière à
atteintes par l'utilisation de systèmes de refroidissement ce que le disque soit disposé dans un plan axial (x,y). Les
complexes pouvant être prolongés dans l'axe de rotation caractéristiques techniques des tubes utilisés en TDM sont
de l'anode. L'usage de tubes en métal-céramique facilite évoquées plus loin au tableau 3.2.
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Scanner à rayons X
Dissipation / 1,608 5 /
thermique (MUC)
Système de Huile et air Huile et air Eau Huile et air
refroidissement
Foyer flottant dans le plan Non Oui Oui Non
Foyer flottant en z Non Non Oui Non
Nombre de barrettes 64 64 40 64
Configuration des 256 × 0,625 64 × 0,625 96 × 0,55 (× 2) 320 × 0,5
barrettes (nombre × mm
à l'isocentre)
Couverture sur l'axe z à 160 40 52,5 160
l'isocentre (mm)
Nombre total de 21 2000 86 016 88 320 + 51 440 28 6720
détecteurs unitaires
Temps de rotation (s) 0,28 (scan partiel) 0,18 (scan partiel) 0,18 (scan partiel) 0,18 (scan partiel)
0,35 à 1 (360°) 0,27 à 1,5 (360°) 0,25 à 1 (360°) 0,27 à 3 (360°)
Pitchs disponibles 0,515 à 1,375 0 à 1,275 0,45 à 2 0,625 à 1,5
Inclinaison du statif Non Non Oui Non
Longueur maximale 200 210 200 200
d'acquisition (cm)
Noms des logiciels de 3-D Dose modulation Doseright Caredose XYZ Modulation
modulation d'intensité
Champs de vue (cm) 25 et 50 5 à 50 50 à 78 (option) 18, 24, 32, 40, 50
Matrices2 512 512–768–1 024 512 256–512
Résolution spatiale 21 16 32 14,5
maximale dans le plan 0 %
FTM (pl/cm)
Étendue de l'échelle de − 1 024 à + 3 071 de − 1 024 à + 3 072 de − 1 024 à + 3 071 de − 32 768 à + 32 767
Hounsfield sur l'écran
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Scanner à rayons X
– Stabilité différentielle : elle représente la capacité d'un non détectés correspondent en grande partie à ceux ayant
détecteur à maintenir une constance dans la conversion été absorbés par les septas).
des rayons X en signal électrique. Si une même intensité X – Efficacité de détection quantique (EDQ) : elle corres-
est convertie en un signal électrique d'intensités diffé- pond au rapport des (S/B)2 du faisceau détecté sur le fais-
rentes d'un détecteur à un autre, les informations concer- ceau incident. Elle se situe à 90 % actuellement. L'EDQ
nant les mesures d'absorption sont erronées ! dépend en partie de la dose incidente et du bruit de détec-
– Excitation croisée : elle évalue l'impact qu'a un signal tion, elle permet de traduire les performances globales
généré dans un détecteur sur un détecteur voisin. Cet d'un détecteur, ainsi l'EDQ permet de lier les performances
aspect est faible (< 3 %) sur les scanners multibarrettes de résolution spatiale à la dose utilisée.
actuels.
EDQ = ( S/B ) détecté /( S/B ) incident
2 2
– Dynamique temporelle de mesure : il correspond au
nombre de projections pouvant être intégrées par unité L'efficacité globale de détection (ED) correspond au pro-
de temps. Ce débit dépend de la durée minimale pouvant duit EDQ × EGD. Pour une EDQ de 92 % et une EGD de 78 %,
séparer la mesure de deux projections successives tenant l'ED sera égale à 72 %.
ainsi compte du temps de mesure et de lecture du détec-
teur. Cette durée minimale peut atteindre 200 micro- Concepts technologiques
secondes actuellement. Ainsi, cette dynamique temporelle Il existe historiquement deux types de détecteurs, l'un utilise
de mesure (= débit de projections) s'étend de 1 000 à le principe des chambres à ionisation (ancien), l'autre, plus
5 000 projections par seconde. actuel, utilise l'effet de la radioluminescence des scintilla-
– Pas (ou pitch) de détection (à ne pas confondre avec le teurs, on parle aussi de détecteurs solides (figure 3.31).
pitch d'acquisition) : c'est le nombre de détecteurs élé- Les scintillateurs sont des matériaux capables de convertir des
mentaires présents par unité de distance. Cela correspond photons X de haute énergie (keV) en photons lumineux et le
à la fréquence spatiale (technologique) d'échantillonnage tout en respectant une linéarité de conversion. Les détecteurs
qui tient compte à la fois des dimensions des détecteurs solides (céramiques ou cristaux scintillants) sont des cristaux
unitaires (pixel technologique) mais également des éven- photoluminescents associés à une p hotodiode. Lorsqu'un
tuels septas pouvant séparer deux détecteurs voisins. rayon X pénètre dans le cristal, il interagit par effet photoélec-
Cette fréquence d'échantillonnage se calcule à la hauteur trique et donc crée un ion. Le réarrangement électronique qui
de l'isocentre (pour tenir compte de la conicité du fais- suit génère des photons lumineux qui seront convertis en signal
ceau) et se mesure à la fois dans le plan de coupe et sur électrique par la photodiode sous-jacente. Une électronique de
l'axe z. Cet indicateur conditionne en partie les perfor- détection sera ensuite en charge d'amplifier le signal créé et
mances de résolution spatiale. d'assurer une conversion analogique-numérique (figure 3.32).
Les scintillateurs sont formés d'éléments unitaires de petite
Mesures de performance taille, mais doivent être séparés par des septas « reféchis-
– Efficacité géométrique de détection (EGD) : cet indica- sants », ce qui confère à l'ensemble une efficacité géomé-
teur correspond au rapport entre le nombre de photons trique de l'ordre de 85 %.
ayant frappé la surface sensible (ou active) de détection et Les cristaux initialement utilisés étaient en iodure de césium
le nombre de photons incidents. L'EGD est de l'ordre de (CsI) puis en tungstate de cadmium (CdWO4). Ils sont
80 % pour la plupart des appareils actuels (les photons maintenant en oxysulfide de gadolinium (Gd2O2S). La
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
nature précise de cette couche scintillante dépend cepen- La couche de photodétecteurs (= photodiodes) collecte la
dant des choix du constructeur et de la génération d'appa- lumière issue des scintillateurs et assure une conversion
reils. Les scintillateurs se présentent sous forme matricielle linéaire du signal lumineux en signal électrique. Les photo-
avec des détecteurs unitaires de 1 × 1 mm2 environ. détecteurs sont des semi-conducteurs qui convertissent les
L'assemblage des « pixels » scintillants utilise une matrice photons lumineux en paires « électron-trou ». Les charges
réflectrice (TiO2) permettant à la fois le maintien des électriques en provenance des photodétecteurs sont col-
« pixels » dans la structure et la limitation du phénomène lectées et converties en signal numérique par une carte
d'excitation croisée entre deux « pixels », venant ainsi électronique. Cette couche électronique contient des pré-
limiter le flou de « scintillation » en faveur de la résolu- amplificateurs à faible niveau de bruit suivis de convertis-
tion spatiale. Cependant cette matrice réflectrice vient seurs analogiques numériques (CAN). Afin de limiter
limiter l'EGD aux alentours de 80 %. Plusieurs nouveaux davantage le bruit électronique, les constructeurs
matériaux sont en cours d'évaluation, notamment les cris- cherchent à miniaturiser l'électronique d'acquisition pour
taux de la famille du grenat, par exemple : (Lu,Gd,Y,Tb)3 ; l'intégrer à la couche matricielle de photodétecteurs.
(Ga,Al)5O12. Ces matériaux, disponibles sous forme de céra- Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, un système
miques mono- ou polycristallines présentent un rende- de détection multibarrettes n'est pas constitué de barrettes
ment lumineux accru, des rémanences faibles et une individuelles composées de 800 à 1 000 détecteurs (n) pla-
meilleure correspondance spectrale avec les photodiodes cées les unes derrière les autres. En réalité, les systèmes de
sous-jacentes. Le GE Gemstone® a été le premier grenat détection sont constitués de modules élémentaires (module
scintillateur utilisé en scanographie. = grille + scintillateur + photodétecteur + électronique). Le
nombre de détecteurs unitaires par module ainsi que le
nombre total de modules dépendent de la configuration de
Pour l'histoire détection (figures 3.32 et 3.33).
Les détecteurs à gaz sont des chambres à ionisation contenant
du xénon (gaz lourd) sous haute pression. Sa densité 4,5 fois
supérieure à celle de l'air permet d'obtenir un maximum d'ioni- 5.5. Grilles antidiffusantes
sation (figure 3.20). La chambre comporte des électrodes pola-
Tout comme en radiologie de projection, le rayonnement
risées attirant ainsi les produits issus de l'ionisation, ce qui
induit un courant d'ionisation proportionnel à l'énergie et à la diffusé altère fortement la qualité des coupes TDM. En effet
quantité de rayons X ayant traversé la chambre. Ces détecteurs les rayons X diffusés altèrent l'homogénéité de l'image ce qui
ont une faible rémanence, ce qui représente un atout, mais leur fausse les valeurs Hounsfield des tissus et limite ainsi la capa-
efficacité de détection trop faible (de 45 à 65 %) ne leur a pas cité du système à distinguer les tissus présentant des coeffi-
permis de concurrencer les détecteurs solides au regard des cients d'atténuation proches. La présence de diffusé
principes de radioprotection (ALARA).
« aplatit » ainsi les contrastes des tissus mous. Afin de lutter
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contre ce rayonnement néfaste, une grille antidiffusante est Des collimateurs secondaires situés juste en avant des
placée en avant de la couche de scintillateurs (figure 3.32). détecteurs permettent de limiter les pénombres radiolo-
Ces grilles (Z élevé) présentent une géométrie focalisée giques liées à la taille du foyer optique, et d'affiner ainsi le
(linéaire ou matricielle) réduisant d'un facteur 10 le rayonne- profil de la collimation en z (figure 3.35).
ment diffusé. Tout comme en radiologie conventionnelle,
l'utilisation d'une grille antidiffusante stoppe également une
portion non négligeable de rayons X utiles (non diffus) qui 5.7. Transfert de l'énergie et des données
devra être compensée au détriment de la radioprotection. L'apport externe de courant électrique nécessaire à l'alimen-
tation des éléments du statif mobile s'effectuait jusqu'en
5.6. Rôles de la filtration et des systèmes 1987 par l'intermédiaire de câbles interposés. D'autres câbles
de collimation assuraient quant à eux la transmission des données en
Tout comme en radiologie standard, une filtration reste dehors du statif pour y être analysées.
nécessaire à la sortie du tube scanographique. Cette filtra- Or, depuis l'arrivée du mode continu, ces transferts ne s'ef-
tion a pour but d'arrêter les rayons X « mous » ne partici- fectuent plus par des câbles : leur enroulement provoquerait
pant pas à la formation de l'image et qui feraient partie de leur rupture. Depuis 1987, le transfert du courant aux élé-
la dose délivrée au patient. En outre, un second filtre dit ments du statif mobile se fait par l'intermédiaire de bagues
« filtre papillon » (= bowtie filter = shape filter) présente collectrices (frotteurs ou slip rings) glissant l'une sur l'autre,
une forme adaptée aux variations d'épaisseur du patient une partie étant fixée sur la partie mobile du statif et l'autre
afin d'homogénéiser le dépôt de dose dans le volume et, de sur la partie fixe (figure 3.30). Selon les modèles les slip rings
ce fait, le rapport signal sur bruit. L'usage de ce filtre per- permettent ou non le transfert direct de la haute tension
met de limiter l'accumulation de dose au niveau cutané (low voltage slip ring et high voltage slip ring). Le transfert
(figure 3.34). des données vers la console peut aussi passer par les slip
Un scanner dispose de collimateurs primaires situés à la rings, mais la tendance actuelle privilégie un transfert par
sortie du tube qui permettent de délimiter dans un premier ondes (de type Wifi).
temps l'ouverture du champ (x,y) et l'épaisseur de colli-
mation (z). Depuis peu, les constructeurs proposent des
collimateurs primaires « dynamiques » (en z) qui s'ouvrent et 5.8. Aspects géométriques et mécaniques
se referment en début et fin d'acquisition spiralée afin de L'installation d'un scanner multibarrette actuel nécessite
supprimer l'irradiation inutile des extrémités (en z) du une surface au sol minimale de 30 m2. Un scanner est actuel-
volume ne bénéficiant pas d'un nombre suffisant de projec- lement composé d'une table d'examen et d'un statif conte-
tions pour permettre la reconstruction de coupes natives. nant une partie fixe et mobile.
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Les éléments du statif mobile peuvent subir des accélérations La table d'examen TDM est coordonnée à l'acquisition et
pouvant atteindre les 40 g (soit 40 × 9,8 m.s− 2). Ce même sta atteint une précision de positionnement de l'ordre de
tif peut, dans certains modèles, être inclinable de ± 30° (gantry 100 micromètres et des vitesses de déplacement pouvant
tilt), afin d'orienter le faisceau X dans un plan privilégié. atteindre 40 cm/s (selon les appareils et le pitch utilisé). En
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Scanner à rayons X
général, les tables d'examen sont capables de supporter plus 6.1. Mode radio ou topogramme (scout view)
de 200 kg. Ce mode a pour but d'obtenir une image radiologique de
L'ouverture du tunnel est généralement de 70 cm et peut face ou de profil qui permettra de placer les volumes à
atteindre 90 cm pour les TDM dédiées à la radiothérapie. Le explorer (figure 3.37). Le couple tube-détecteur reste en
champ de vue (FOV) d'acquisition est de 50 cm pour les position angulaire fixe (en fonction de la projection souhai-
TDM standard et de 70 cm pour les appareils dédiés à la tée) pendant que la table se déplace à vitesse constante
radiothérapie. pendant l'irradiation. Les images résultantes peuvent
5.9. Tableau comparatif atteindre une dimension de 50 cm × 200 cm.
Le tableau 3.2 présente objectivement les principales don-
nées techniques de certains modèles de scanners X propo-
sés par les principaux constructeurs actuels.
Pour information
Ces images de face ou/et de profil servent aussi (actuellement)
6. Modes et géométrie d'acquisition de « repères » densito-anatomiques pour les logiciels d'opti-
misation de doses. Ces solutions permettent d'améliorer la
Il existe plusieurs modes d'acquisition permettant l'obten- qualité de l'image (diminution des artéfacts de durcissement :
tion d'images du patient (figure 3.36) : voir plus loin Résolution spatiale et en contraste : un compromis
– le mode radio (ou topogramme) qui permet l'obtention permanent) et de réduire les doses délivrées aux patients
d'une image planaire assimilable à une radiographie ; (radioprotection : voir plus loin Artéfacts de cible). L'irradiation
– le mode incrémental (ou séquentiel) qui permet la créa- est émise de manière pulsée ou continue, en fonction du
tion directe de coupes (ou volumes) scanographiques ; nombre de barrettes utilisées lors de la translation tube-
– le mode spiralé (ou hélicoïdal) qui permet par recons- détecteur. Les scanners à large collimation en z privilégient
l'obtention d'un topogramme de manière séquentielle.
truction d'obtenir une série de coupes d'un volume entier.
Figure 3.36 Le mode radio, le mode incrémental et le mode spiralé sont les trois techniques d'acquisition de base exploitables en scanner X.
Le mode radio permet l'obtention d'une image de projection semblable à une radiographie, tandis que les deux autres modes génèrent des coupes axiales.
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6.2. Principe et applications des acquisitions temps afin de permettre un suivi temporel des éléments y
séquentielles (sequential computed tomography) figurant. Ce mode dynamique est depuis longtemps utilisé
dans deux situations distinctes (figure 3.38) :
Un mode ancien
– en imagerie interventionnelle : suivre et guider les gestes
Le mode d'acquisition séquentiel (ou incrémental) est le invasifs du médecin (aiguilles de ponctions ou autre), on
mode le plus ancien. Pendant la rotation permettant la parle alors de fluoro-CT ou de ciné-CT ;
genèse d'une coupe, le lit d'examen reste fixe. Le lit se – en imagerie de perfusion : l'autre utilisation de ce
déplace ensuite de quelques millimètres avant de procéder à mode concerne le suivi dynamique d'un bolus de pro-
une nouvelle rotation. L'acquisition séquentielle se résume duit de contraste pour étudier la perfusion d'un organe.
donc à une succession de rotations/déplacements du lit. Les L'arrivée de scanners à nombre élevé de barrettes (n > 128)
coupes obtenues peuvent être espacées, jointives ou che- laisse envisager un retour en force de ce mode d'acquisition
vauchées. Les acquisitions peuvent être séparées par un venant alors concurrencer le mode spiralé (voir plus loin
délai intercoupe permettant au tube de refroidir et au Apports du mode spiralée ou hélicoïdale), on parle alors
patient de reprendre sa respiration (si l'apnée est deman- d'acquisition step and shoot.
dée). La coupe est nette, bien délimitée, mais l'inconvénient
réside dans la lenteur du procédé. Il a été le seul mode uti- Acquisitions step and shoot
lisé jusqu'à l'arrivé du mode spiralé en 1989. L'arrivée des scanners volumiques (n > 128 barrettes ou cap-
teurs plans) permet d'explorer des régions anatomiques
Applications actuelles
complètes en un nombre limité de paliers. Ces types d'acqui-
Acquisitions dynamiques sitions sont particulièrement adaptés à l'étude du cerveau et
Les acquisitions dynamiques ont pour principe de fixer une du cœur notamment avec les modèles proposant une cou-
position sur l'axe des z et de la répéter rapidement dans le verture en z de 16 cm (figure 3.39). L'inconvénient principal
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
de ce mode d'acquisition réside dans l'effet de cône en z qui W.A. Kalender date de 1989. Il a été développé à l'origine
altère potentiellement la qualité des coupes obtenues en pour permettre l'acquisition de régions entières (thorax,
bordure de champ (z) (figure 3.18). abdomen-pelvis) en une seule apnée et ainsi de réaliser des
acquisitions à phases vasculaires distinctes (phases arté-
6.3. Apports du mode spiralé ou hélicoïdale rielles, veineuses, tardives). Depuis cette date, ce mode a été
(helical computed tomography) étendu pratiquement à toutes les régions anatomiques
Principe de base compte tenu de la vitesse d'acquisition qu'il procure.
Contrairement à l'acquisition séquentielle où la table d'exa- Historiquement, le mode spiralé a permis au scanner de
men reste fixe, l'acquisition hélicoïdale consiste à sélectionner devenir une modalité d'imagerie rapide, polyvalente et donc
un volume (point de départ et d'arrivée, sur le corps à exami- rentable, ce qui a favorisé l'expansion du nombre d'appareils
ner) qui se déplace à vitesse constante sous le faisceau de déployés (figure 3.41).
rayons X « tournant » de manière continue. Une spirale est
alors décrite autour du corps du patient (figure 3.40). Place actuelle
Contrairement au mode incrémental historique, la région Depuis la généralisation des technologies multibarrettes
est explorée en volume et non plus coupe après coupe. L'une (n > 16), on peut acquérir un volume important (thoraco-
des difficultés majeure de ce procédé plus rapide est de abdomino-pelvien) en une dizaine de secondes, c'est-à-dire
contenir les déformations potentielles liées au déplacement en une apnée. Actuellement, certains modèles permettant
de la table pendant l'acquisition. Ce mode mis au point par l'acquisition du corps entier (tête, cou, thorax, abdomen,
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
Figure 3.41 La rapidité de ce mode d'acquisition spiralé a permis, dès la fin des années 1980, de réaliser des acquisitions successives permettant de
distinguer différentes phases vasculaires. Coupe axiale centrée sur T12 sans injection (A), avec injection de produit de contraste iodé au temps
artériel (B) et portal (C).
pelvis) en 5 secondes. Il faut être conscient de l'ampleur des du tissu (ρ en g.cm− 3), on décrit donc le coefficient d'atté-
évolutions technologiques qui ont permis le développement nuation massique (μm = μL/ρ en cm2.g− 1). μM dépend de
de ce mode : vitesse de rotation, augmentation du nombre l'énergie incidente (E) et du numéro atomique (Z) du milieu
de barrettes, puissances des tubes augmentées, rapidité des en question (figure 3.42A). Ce constat rend ambiguë l'inter-
traitements des données numériques… prétation des valeurs de μL – [μL = μm(E,Z).ρ] – et donc des
Le mode spiralé est encore le mode d'acquisition le plus fré- unités Hounsfield. En effet, deux structures différentes (ex. :
quemment exploité en 2016. Ce mode est actuellement os et sang + iode) peuvent présenter sur une image TDM les
« concurrencé » dans certaines régions anatomiques (encé- mêmes valeurs Hounsfield (figure 3.42B). L'utilisation d'ac-
phale, cœur) par un mode séquentiel « step and shoot » dispo- quisitions en mode bi-énergie (DECT) permet de lever ces
nible sur les modèles d'appareils à collimation large proposés ambiguïtés et ainsi d'obtenir des informations précises
par certains constructeurs. L'avenir se construira probablement concernant la composition matérielle d'un voxel, on parle
sur une répartition anatomo-régionale de ces deux modes. de décomposition matérielle élémentaire. Cette décom-
position fonctionne pour les structures ayant des numéros
Pour l'histoire atomiques suffisamment différents telles que l'eau, le cal-
Les débuts du mode spiralé ont été controversés. De nombreux cium et l'iode.
spécialistes ne croyaient pas à la faisabilité d'une telle acquisi- Étant donné que les valeurs de μm sont connues pour diffé-
tion sans artéfacts de mouvement inhérents à la technique. Des rentes valeurs d'énergie, il est possible d'estimer la compo-
critiques ironiques ont qualifié ce mode de « méthode à produire sition de chaque voxel (ρ en g.cm− 3) à l'aide de deux
des artéfacts ». Aussi, certains présageaient à cette époque la expositions d'énergie différentes (80 et 140 kV) (figures 3.43
disparition des scanners X au profit de l'IRM. Le premier scan-
et 3.44A). Cette opération revient à résoudre deux équations
ner qui a présenté officiellement cette option était le Siemens
Somatom Plus® commercialisé en 1990. Il a fallu attendre à deux inconnues présentées ci-dessous. Les décompositions
encore 2 ans pour que ce mode d'acquisition soit amélioré et possibles sont alors les suivantes : eau/calcium ; iode/cal-
considéré comme efficace en routine clinique. Les réticences cium ; eau/iode (figure 3.44B).
initiales sont aujourd'hui dépassées et oubliées. L'acquisition
spiralée est considérée comme l'avancée technologique ayant Eq 1 (E 80 kV ) :
ln (I /I0 )à 80 kV = − ( (µ m( A ) à 80 kV× ρ ( A ) ) + (µ m(B ) à 80 kV × ρ (B ) ) )
permis de révolutionner le diagnostic par scanographie.
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
Figure 3.42 Valeurs des coefficients d'atténuation massique de l'eau, du calcium et de l'iode en fonction de l'énergie X (keV) (A). Rapport entre
l'atténuation (en UH) obtenue à 80 kV et celle obtenue à 140 kV (B). Cet abaque permet de situer et donc de séparer l'iode, le calcium et l'eau.
Plus les spectres X (80 kV et 140 kV) sont distincts, meilleurs graphie et de synthétiser directement à partir d'une série
seront les résultats de décompositions. Ainsi, il est souvent « injectée » une série non injectée virtuelle (virtual non-
utile d'associer un filtre complémentaire lors d'un travail à enhanced CT ou VNE).
140 kV (figure 3.43). Il est également possible d'un point de vue mathématique
Les images acquises à 80 kV et à 140 kV (figure 3.44A) de synthétiser, à partir des données issues des données
souffrent d'un faible rapport S/B du fait de la répartition générées, des images mono-énergétiques virtuelles
de la dose totale entre les deux séries permettant de limi- bénéficiant d'un bon rapport S/B. Ces séries pondérées en
ter l'augmentation de la dose au patient par rapport à une énergies (keV) peuvent s'étendre de 30 keV à 190 keV
acquisition standard (mono-kilovoltage). Il est alors pos- selon les constructeurs. L'un des intérêts majeurs de ces
sible de synthétiser une image composite ayant un rap- reconstructions mono-énergétiques est d'accéder à des
port S/B plus élevé que les deux séries initiales hautes énergies virtuelles permettant de limiter les arté-
(figure 3.44B). Cette série servira de support aux processus facts liés à la présence de métal (voir 10.4). À l'inverse,
de soustraction (figure 3.44C) exploitant les séries d'images les images en basse énergie (40 keV) améliorent le
issues de la décomposition matérielle. Les images obte- contraste vasculaire, ce qui permet potentiellement de
nues permettent en partie de réaliser des soustractions limiter la concentration et la quantité de produit de
osseuses automatiques et précises exploitées en angio- contraste iodé injecté. Aussi ces images mono-énergé-
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
tiques peuvent également servir à améliorer les cartogra- – l'estimation du volume sanguin en perfusion
phies de corrections d'atténuation en TEP ou, du fait d'une myocardique ;
amélioration de l'estimation des masses volumiques, à – la différenciation des lésions hémorragiques.
affiner les planifications dosimétriques en radiothérapie. Les applications de l'imagerie spectrale sont nombreuses et
devraient se déployer progressivement dans l'ensemble des
unités scanographiques. En effet, l'imagerie spectrale permet
Note
de « sortir » du cloisonnement de l'échelle de Hounsfield et
Il est possible de créer nativement un rayonnement X mono-
énergétique avec un synchrotron. d'entrevoir de nouvelles applications ; certains considèrent
même cette technique comme celle qui révolutionnera cette
prochaine décennie.
7.2. Les applications actuelles et potentielles
Liste d'applications validées et potentielles : 7.3. Les solutions technologiques
– la soustraction osseuse automatique pour l'étude des Les constructeurs étendent actuellement à l'ensemble de
vaisseaux ; leur gamme les possibilités d'acquisitions en mode bi-
– l'imagerie non injectée virtuelle ; énergie. Différentes stratégies technologiques se font
– la segmentation des « plaques » et du « produit de aujourd'hui concurrence (figure 3.45) :
contraste iodé » ; – technologie bi-tube (deux tubes placés perpendiculaire-
– la caractérisation des calculs rénaux (acide urique ou ment émettent deux énergies différentes à 80 et 140 kV) ;
calcium) ; – émission alternative de rayons X d'énergie différente
– la visualisation des cristaux d'acide urique (goutte) ; (80 kV et 140 kV) par rotation ;
– la visualisation des tendons et des ligaments ; – succession de rotation : une rotation à 80 kv et l'autre à
– l'évaluation des défauts de perfusion pulmonaire (image 140 kV. Ce mode est privilégié au niveau des appareils
pondérée en iode = étude plus sensible de perfusion bénéficiant d'une couverture importante en z permettant
pulmonaire) ; l'acquisition de volumes importants par rotation ;
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
– superposition de détecteurs de sensibilité différente la qualité des images reconstruites que du point de vue dosi-
(couche supérieure = détection des énergies faibles ; métrique. Nous distinguerons dans ce qui suit les paramètres
couche inférieure = détection des énergies élevées). d'acquisition des paramètres de reconstructions (primaires
Dans l'avenir, certaines études évoquent le développement de et secondaires).
détecteurs à comptage photonique capables de discrimi-
ner les photons du point de vue énergétique, ce qui permet- 8.1. Paramètres d'acquisition
trait d'assurer théoriquement une décomposition spectrale et Les paramètres d'acquisition concernent l'ensemble des
donc une sélectivité matérielle plus précise venant ainsi élargir réglages qui guident l'exposition du patient et la réception
encore davantage les applications potentielles. des données.
Tension
8. Paramètres accessibles La tension est un paramètre qui influence la pénétration du
faisceau X dans le patient. Elle exprime aussi le débit de pho-
Important : nous allons, dans ce qui suit, considérer que tons X, ce qui influence directement la dose délivrée au
l'on travaille en mode spiralé avec un appareil actuel patient et ainsi le S/B de l'image. La valeur de la tension doit
(2016, n > 64). ainsi être adaptée à l'épaisseur du corps examiné et au
rapport S/B souhaité. Comme en radiologie convention-
Les paramètres à programmer pour acquérir et reconstruire nelle, la valeur de la tension impacte également le contraste
des images scanographiques sont nombreux mais de plus en radiologique ; à titre d'exemple le contraste entre un vaisseau
plus « éloignés » du quotidien des utilisateurs. En effet, la « injecté » et son environnement sera plus important pour
mise en place systématique de protocoles prédéfinis, la faci- les programmations de tensions faibles (80 kV). Pour des rai-
lité d'utilisation des consoles, la rapidité des acquisitions et la sons de radioprotection, il est nécessaire de diminuer la ten-
demande toujours plus importante d'examens font qu'en sion dès que possible (enfants et personnes minces). Passer
pratique courante l'utilisateur ne règle et ne modifie que très de 120 à 100 kVp réduit la dose délivrée d'environ 40 %.
peu de paramètres. Il est cependant nécessaire, pour tout
utilisateur de scanner X, de posséder une connaissance a Millampérage (mA) et Charge totale (mA.s)
minima des différents paramètres accessibles et de leur La charge impacte également la quantité de rayons X émis
impact potentiel sur le résultat final aussi bien au niveau de pendant une acquisition (mA.s). Ce paramètre influence
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
ainsi la dose délivrée au patient et le rapport S/B. FOV limités. Plus la matrice est grande, plus il est théoriquement
Contrairement à la tension, ce paramètre n'est quasiment possible d'atteindre une résolution spatiale élevée (voir 9.1).
plus réglé directement par l'utilisateur. L'utilisateur réglera
principalement le milliampérage (mA) qui conditionne la Collimation en z et épaisseur nominale de coupe
quantité d'électrons disponible au niveau du filament. Tout L'épaisseur nominale de coupe correspond à l'épaisseur
comme la tension, le milliampérage impactera directement unitaire de détection en z. C'est une épaisseur purement
la dose délivrée au patient et donc le S/B. Actuellement, le technologique qui dépend en grande partie de l'épaisseur
milliampérage est souvent adapté automatiquement par unitaire des barrettes utilisées. Selon les configurations des
l'appareil par des logiciels d'optimisation de dose en tenant détecteurs, il est possible de regrouper des barrettes pour
compte : générer des coupes plus épaisses dès l'acquisition ; cette ten-
– de la durée d'acquisition totale ; dance ancienne tend actuellement à disparaître. Selon les
– de la région anatomique étudiée dont le volume et la den- constructeurs, les épaisseurs nominales sont de 0,5 mm,
sité seront estimés à partir du ou des topogrammes réali- 0,55 mm, 0,625 mm ou 0,75 mm (voir tableau 3.2).
sés au préalable (repères densito-anatomique) ;
– du choix de l'épaisseur des coupes nécessaire à l'interpré- Regard en arrière
tation. Par exemple, en programmant une épaisseur d'in-
Certaines configurations proposaient des détecteurs de tailles
terprétation à 3 mm, toute coupe reconstruite dont différentes en z, ce qui permettait l'obtention de coupes
l'épaisseur sera supérieure à 3 mm aura un S/B satisfaisant, d'épaisseurs différentes dès l'acquisition. Prenons l'exemple
tandis que les coupes d'épaisseur moindre seront davan- d'un appareil ancien disposant d'un ensemble de huit barrettes,
tage bruitées. disposées en symétrie centrale, dans lesquelles se placent du
De manière synthétique, on peut conclure que l'appareil centre vers la périphérie (z) : deux barrettes de 1 mm, deux bar-
rettes de 1,5 mm, deux barrettes de 2,5 mm et deux barrettes
adapte continuellement le milliampérage (mA) en fonction
de 5 mm. Il était dans ce cas possible d'obtenir des épaisseurs
de la qualité d'image souhaitée (niveau de bruit pour une nominales de coupes différentes en fonction de la collimation
épaisseur de coupe donnée). Les éléments qui guident la et de la configuration utilisée. Dans l'exemple cité, on avait la
modulation de l'intensité (mA) se présentent de manière possibilité de réaliser quatre coupes de 5 mm, quatre coupes de
différente selon les constructeurs ; certains constructeurs 2,5 mm, quatre coupes de 1 mm et deux coupes de 0,5 mm.
proposeront de régler au préalable un niveau de bruit par
image, d'autres proposeront un réglage de mAs effectives
(mA.seff) attribuées par coupe. Depuis que les appareils proposent un nombre important
(n > 64) de barrettes de mêmes dimensions (en z), le choix
Champ de vue d'acquisition (field of view ou FOV) de la collimation en z ne dépend plus des configurations
Le champ de vue d'acquisition est déterminé par l'ouverture géométriques des barrettes. Certains constructeurs per-
des collimateurs (en x,y) de manière à contenir la région mettent des collimations maximales en z capables de couvrir
explorée. On parle alors de collimation physique. Ses valeurs 16 cm (voir tableau 3.2), ce qui entraîne, par effet de cône,
atteignent 50 cm voire 70 cm pour les scanners dédiés à la une limitation de la résolution spatiale aux extrémités de
radiothérapie. La plupart des appareils proposent des ouver- collimation (z) voire majore certains artéfacts (voir plus loin
tures de champs par paliers : deux ou trois paliers sont le plus Artéfacts liés aux collimations larges). L'utilisateur peut
souvent disponibles. Dans tous les cas, ces champs de vus réduire la collimation en z et ainsi limiter le nombre de bar-
sont centrés à l'isocentre (= sur l'axe de rotation). Ainsi l'utili- rettes en jeu. Cela permet essentiellement de limiter les
sation d'une collimation physique faible ne peut se réaliser déformations et artéfacts liés à l'effet de cône et par consé-
que si l'organe à étudier est placé à l'isocentre. quent d'atteindre des résolutions spatiales plus élevées en z.
L'aspect continu du choix d'ouverture du FOV proposé par À titre d'exemple, même sur les scanners multicoupes
certains constructeurs ne reflète qu'une collimation numé- actuels (n > 64 barrettes), l'acquisition scanographique de
rique du champ de vue et ne correspond pas à une collima- l'oreille moyenne exploite généralement un nombre limité
tion physique. de barrettes (4 à 16 barrettes = collimation en z étroite) pour
limiter l'effet de conicité et ainsi bénéficier de la résolution
Matrice d'acquisition spatiale la plus élevée en z.
Le choix de la matrice conditionne l'échantillonnage dans
le plan. Les valeurs de la matrice d'acquisition dépendent : Pas de l'hélice ou pitch
– de la fréquence de l'échantillonnage des profils d'ab- Le pas ou pitch de l'hélice est une valeur numérique qui
sorption liés au nombre de détecteurs par barrette, on exprime l'étirement de l'hélice (figure 3.46). Ce dernier
parle alors d'échantillonnage « linéaire » ; impacte principalement le temps d'acquisition mais aussi la
– du nombre de projections obtenues sur 360° : échantil- qualité de l'image et l'irradiation du patient (voir plus loin
lonnage « angulaire ». Optimisation de la dose délivrée au patient).
La taille standard de matrice utilisée en pratique courante est de De manière générale, le pitch correspond au rapport entre
512 × 512, néanmoins certains appareils proposent des matrices la distance parcourue par la table en une rotation et la
pouvant atteindre les 1024 × 1024 lorsqu'on travaille avec des collimation en z. La distance parcourue par le patient en
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
une rotation est connue en multipliant la vitesse d'avancée spatiale en z. Ces valeurs de pitch sont donc utilisées pour
de la table par la durée d'une rotation. étudier des structures osseuses fines : imagerie de la
Pitch = distance parcourue par la table en une rotation pyramide pétreuse (rocher), arthroscanner du poignet…
(mm)/collimation en z (mm) Le fait d'utiliser des pitchs faibles permet également, en pré-
sence de patients très corpulents, de compenser une puis-
Calcul du pitch : application numérique sance (limitée) du tube à rayons X qui ne peut délivrer une
En technique monobarrette, le pitch est égal au rapport dose suffisante en une rotation. Le fait de chevaucher les
entre la distance parcourue par la table en une rotation et rotations permet ainsi dans ce cas d'atteindre un rapport
l'épaisseur nominale de coupe. signal sur bruit convenable.
Pour un scanner multibarrettes, le pitch est le rapport entre
le déplacement du lit en une rotation et le produit de l'épais- Foyers
seur de coupe nominale par le nombre de coupes acquises La plupart des tubes à rayons X scanographiques proposent
simultanément. deux choix de foyers optiques (valeurs moyennes : PF =
Petit calcul : prenons l'exemple d'une acquisition spiralée uti- 0,7 × 0,7 mm2 ; GF = 1,2 × 1,2 mm2). Tout comme en radiolo-
lisant 16 barrettes (N) de 0,5 mm (En) où la table se déplace
gie conventionnelle, le choix du foyer est guidé soit par un
à une vitesse de 20 mm/s (Vtable) et où le tube effectue une
rotation en 0,5 s (trot).
besoin en résolution spatiale élevée, soit par un besoin de
Pitch = Vtable × trot/N × En = (20 × 0,5)/(16 × 0,5) = 1,25 rapidité d'acquisition.
Le petit foyer, limitant le flou géométrique, est exploité en
cas de besoin de résolution spatiale élevée (ex. : scanner de la
– Les pitchs > 1 sont dits élevés et correspondant à une spi- pyramide pétreuse).
rale étirée. Ils donnent la possibilité de réaliser des acqui- Le grand foyer permet quant à lui l'accès à des charges éle-
sitions rapides souvent utiles pour les patients non vées, ce qui permettra d'accéder à des dépôts de dose plus
coopérants, algiques ou ne pouvant pas tenir une apnée rapides permettant de réaliser des acquisitions rapides.
prolongée. L'utilisation d'un pitch élevé est quasi obliga-
toire pour réaliser des angiographies d'une région étendue 8.2. Paramètres de reconstructions primaires
(ex. : aortographie complète ou angiographie artérielle des On considère ici tout paramètre intervenant dans la recons-
membres inférieurs). L'inconvénient principal de l'utilisa- truction des « coupes natives » qui peuvent être soit directe-
tion d'un pitch élevé est de réduire la résolution spatiale ment utilisées pour l'interprétation, soit exploitées dans un
en z et d'augmenter la présence des artéfacts spécifiques second temps pour construire de nouvelles images
au mode spiralé. (= reconstructions secondaires).
– Les pitchs < 1 sont dits faibles, on parle de spirale che-
vauchée. Ces pitchs ont comme inconvénient de prolon- Épaisseur de reconstruction
ger le temps d'acquisition, ils sont donc peu adaptés aux L'épaisseur de reconstruction correspond à l'épaisseur des
explorations qui nécessitent une couverture élevée en z. coupes dites « natives ». Ces dernières, en fonction de l'épais-
En revanche, ils donnent la possibilité d'obtenir des coupes seur choisie, seront utilisées pour soit :
dont le profil est peu déformé et d'accéder à des incré- – effectuer une interprétation directe du plan axial,
ments de reconstructions fins (voir plus haut Les applica- – réaliser des reconstructions secondaires (MPR, MIP, rendu
tions actuelles et potentielles), ce qui favorise la résolution volumique ou RV…).
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
Figure 3.48 Illustration de du spectre fréquentiel d'une image TDM après mise en place d'un filtre dur, privilégiant les fréquences élevées (fenêtre
osseuse), et d'un filtre mou privilégiant le contraste (fenêtre cérébrale).
Figure 3.49 Influence du choix du filtre sur la qualité des images reconstruites de rendu de volume.
L'image A bruitée est issue d'une reconstruction réalisée à partir de coupes associées à un filtre dur. L'image B, de meilleure qualité, est obtenue à partir de
coupes associées à un filtre mou.
comme des paramètres de reconstruction. Il est cependant Coupes extraites de reconstructions MPR
possible de préprogrammer, pour chaque série d'image à En technique MPR, il est possible, pour toute orientation, de
construire, des niveaux et largeurs de fenêtre en fonction de choisir de nouvelles épaisseurs de coupe et de nouveaux
la région explorée et du filtre utilisé. incréments, en fonction des structures à explorer. Ces épais-
seurs ne peuvent cependant pas être inférieures aux arêtes
8.3. Paramètres de reconstructions
des voxels qui constituent le volume virtuel. D'autres para-
secondaires
mètres, spécifiques à chaque technique de post-traitement,
Peuvent être considérées comme reconstructions secon- sont accessibles par l'utilisateur.
daires, toutes les images produites à partir de séries de
coupes natives (= reconstructions primaires). En pratique Images réinterpolées
courante, ces reconstructions secondaires sont surtout assi- Pour étudier une zone précise dans une coupe, le premier
milées aux images issues des techniques post-traitements. réflexe est de réaliser un zoom, qui peut malheureusement
Cependant l'action qui consiste à associer une nouvelle laisser apparaître les pixels de l'image (grossissement par effet
matrice sur un champ de vue restreint positionné sur une de loupe). Il est possible d'éviter cet effet en appliquant une
coupe native peut également être considérée comme un nouvelle matrice sur une région limitée de l'image et de
paramètre de reconstruction secondaire, on parle alors de construire une nouvelle série d'images dites réinterpolées.
réinterpolation axiale. Les images résultantes paraissent plus flatteuses et facilitent
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Scanner à rayons X
Figure 3.50 La réinterpolation d'une zone précise d'une coupe à l'aide d'une nouvelle matrice facilite l'observation de certaines régions anatomiques.
l'observation de certaines régions anatomiques (rochers, trique, ce qui permet d'atteindre une RS plus élevée ;
massif facial, articulations, colonne) sans pour autant aug- cependant ce type de foyer ne permet pas l'exploitation
menter la résolution spatiale (figure 3.50) au sens strict. de charges très élevées, ce qui limite la vitesse d'acquisition
(pour un S/B donné) ;
– de la taille des éléments unitaires de détection : la diminu-
9. Critères de qualité des images tion de la taille des détecteurs entraîne une augmenta-
scanographiques tion du « pas de détection » (voir plus haut Détecteurs
utilisés en scanner X multibarrettes), ce qui améliore
La qualité d'une image TDM s'évalue par rapport à sa netteté l'échantillonnage linéaire des projections ;
(visualisation de détails et absence de flous) et son contraste. – du nombre de projections réalisées sur une rotation
Ces facteurs qualitatifs sont directement liés au rapport S/B complète : plus cet échantillonnage angulaire augmente,
de l'image. Seuls des niveaux de bruits faibles permettent meilleure sera la RSx,y. Pour augmenter ce nombre de pro-
l'expression pleine de la résolution spatiale et de la résolu- jections, deux solutions géométriques existent :
tion en contraste. – on peut utiliser le principe du foyer flottant, qui consiste
Les performances d'une acquisition scanographique s'éva- à décaler légèrement et alternativement le foyer optique
luent en termes de : à l'aide d'une déflexion électromagnétique du faisceau
– résolution spatiale (RS) ; électronique. Pour une position donnée du système de
– résolution en densité (RD) ou en contraste (RC) ; détection, deux faisceaux X sont générés à partir de deux
– résolution temporelle (RT). foyers de focales distinctes. Cela permet alors de doubler
la fréquence de l'échantillonnage angulaire (figure 3.51) :
9.1. Comment évaluer la résolution spatiale par exemple, 2 300 projections/seconde sans foyer flot-
en TDM ? tant ; 4 600 Hz projections/seconde avec foyer flottant,
La RS correspond à la capacité qu'a une acquisition scano- – on peut exploiter une architecture où le rayon détecteur
graphique à générer des images capables de séparer deux ne passe pas par le centre de rotation, mais présente un
structures proches. Elle est évaluée quantitativement à partir décalage égal à un quart de la distance d'échantillon-
de tests réalisés sur des fantômes dont il est possible d'ex- nage native. Cette solution permet également de dou-
traire des courbes FTM caractéristiques de l'acquisition (voir bler la fréquence de l'échantillonnage (figure 3.52) ;
chapitre 1, Comment définir et évaluer la résolution spatiale – de la position de l'objet dans le champ d'observation : c'est
d'une image acquise ?). En scanner X, la RS s'exprime par au plus proche de l'axe de rotation que l'échantillonnage
convention sous forme de fréquences spatiales en paires de est le plus performant, c'est donc à l'isocentre qu'il faut
lignes par centimètre (pl/cm). positionner l'organe à étudier pour atteindre la meilleure
Pour une étude globale de la RS, on distingue la RS intra- RSx,y. Lors des explorations ostéo-articulaires, l'articulation
coupe (RSx,y) de la RS transaxiale (RSz) (figure 3.33). à étudier doit être placée au centre de l'appareil, ce qui
impose souvent un décalage latéral du membre (ex. : genou
Résolution spatiale intracoupe positionné au centre de l'anneau). Les faisceaux lasers
La résolution dans le plan de coupe dépend : servent de repères visuels pour l'utilisateur ;
– du foyer optique utilisé : un foyer optique de faibles – des dimensions des pixels (= FOV/matrice) : pour un
dimensions (0,6 × 0,7 mm) limite l'effet de flou géomé- champ de vue donné, plus la matrice augmente, plus
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Scanner à rayons X
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
l'échantillonnage du plan sera élevé ce qui permet poten- permet d'obtenir des coupes de 0,3 mm (figure 3.53). Un
tiellement l'expression de la résolution spatiale. Rappelons tube à rayons X à déflexion électronique est nécessaire pour
qu'un pixel de petite taille ne garantit pas une résolution réaliser ce double échantillonnage.
spatiale élevée mais permet uniquement son expression
Résolution spatiale : bilan
potentielle. En effet, la dimension des pixels impose la fré-
quence spatiale maximale que l'on peut obtenir avec ces Actuellement, il est possible en utilisant des foyers, des
conditions d'acquisition (paire de pixel/cm = fréquence pitchs, des filtres, des épaisseurs et des incréments appro-
spatiale maximale théorique) ; priés, d'obtenir une résolution spatiale intracoupe pouvant
– de l'épaisseur de coupe : plus l'épaisseur est faible, moins atteindre 30 pl/cm au centre de l'image. En ce qui concerne
l'effet de volume partiel sera perceptible (voir plus loin la résolution spatiale en z, on atteint avec des pitchs faibles :
Effet de volume partiel), ce qui favorise l'expression de la 10 pl/cm sans foyer flottant en z , 20 pl/cm avec utilisation
résolution intracoupe. du principe du foyer flottant en z.
De manière générale, c'est la résolution spatiale en z qui s'est
Résolution spatiale sur l'axe z significativement améliorée lors de cette dernière décennie,
La résolution spatiale sur l'axe z dépend de l'épaisseur des avec la diminution de l'épaisseur des barrettes. On dispose
barrettes, de la taille du foyer optique et de la géométrie actuellement de scanners de 64 à 320 barrettes de 0,5 à
d'acquisition. Pour obtenir des coupes fines, il faut : 0,6 mm.
– des épaisseurs de barrette fines (finesse de coupe) ; Cette évolution a permis l'amélioration des reconstructions
– un pitch faible (qualité du profil de coupe) ; MPR et MIP quotidiennement utilisées en routine clinique.
– utiliser le foyer le plus petit (limite le flou géométrique). L'amélioration de cette résolution spatiale demeure un enjeu
Pour améliorer cette RS, une technique consiste à utiliser le principal, mais il reste limité par la dose délivrée au patient.
principe du foyer flottant sur l'axe z et ainsi d'atteindre des Seule l'utilisation de foyers plus fins et de détecteurs plus sen-
épaisseurs reconstruites inférieures à l'épaisseur nominale sibles et à matrice élevée permet potentiellement de dépasser
des barrettes. Un traitement spécifique des données acquises ces contraintes. La géométrie CBCT utilisant un capteur plan
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
associé à tube à rayons X à microfoyer optique propose des renforcer le contraste des éléments vasculaires lors d'une
résultats d'excellente qualité pour l'imagerie osseuse, néan- injection de produit de contraste iodé.
moins cette architecture est très sensible au rayonnement dif- En pratique courante, l'étude en contraste des structures
fusé, ce qui ne permet pas une étude convenable des parties osseuses est relativement aisée du fait de l'écart de contraste
molles (voir plus haut Scanners à faisceau conique ou scanner à naturel entre les différents tissus osseux. Concernant les tis-
capteurs plans). Par ailleurs, les algorithmes de reconstructions sus mous, leurs faibles écarts d'atténuation ne facilitent pas
actuels permettent et permettront dans l'avenir de modéliser, leur étude en contraste qui exige une irradiation relative
avec toujours plus de précision, les défauts d'acquisition plus importante, la réalisation de coupes épaisses, l'utilisa-
(dimensions du foyer optique, effet de cône, modélisation des tion d'un filtre mou, et l'exploitation d'une fenêtre spéci-
artéfacts) qui dégradent la résolution spatiale. fique. Aussi la présence d'artéfacts liés à la présence de
rayonnement diffusé et de durcissement de faisceau peut
9.2. De quoi dépend la résolution limiter l'étude en contraste des parties molles.
en contraste (RC) ?
Les explications qui suivent ne s'étendent pas sur le principe
du fenêtrage, pour se concentrer davantage sur les notions 9.3. Résolution spatiale et en contraste :
de signal et de bruit. En effet, la résolution en contraste croît un compromis permanent
avec le rapport signal sur bruit qui augmente avec : Actuellement, on ne peut étudier directement toutes les
– l'accroissement du volume du voxel (mais diminution de structures sur l'image d'une même coupe. Il faut obtenir,
la RS) ; d'une même acquisition (données brutes), des images
– l'augmentation de la dose déposée par voxel et donc l'irra- dédiées à chaque type de tissu. Chaque étude nécessite un
diation. La dose délivrée au patient reste un facteur filtre, une épaisseur et un fenêtrage adapté (figure 3.54).
limitant de la résolution en contraste. Prenons l'exemple d'un scanner cérébral qui doit permettre
La résolution en contraste répond ainsi essentiellement à un l'étude des structures osseuses et du parenchyme cérébral :
compromis entre la dose délivrée et l'épaisseur de coupe sou- – étude optimale de l'os : coupes fines, filtre dur, fenêtre
haitée. À rapport S/B équivalent (ou plus exactement à rapport osseuse ;
contraste/bruit équivalent), une coupe de 1 mm demande au – étude optimale du parenchyme cérébral : coupes épaisses
moins deux fois plus de dose qu'une coupe de 3 mm. (> 3 mm), filtre mou, fenêtre molle.
L'utilisation de filtres spécifiques permet d'optimiser la
résolution en contraste de l'image. De plus, la visualisation
9.4. Comment améliorer la résolution
optimale des contrastes nécessite un fenêtrage adapté au
temporelle (RT) ?
tissu étudié permettant de révéler les faibles écarts d'unité
Hounsfield entre deux structures. Généralités
La tension programmée impacte également le contraste L'amélioration de la résolution temporelle était l'un des enjeux
affiché, l'utilisation de tensions basses (80 kV) permet de principaux de ces 15 dernières années. Actuellement, nous
Figure 3.54 Une qualité d'image optimale nécessite un filtre, une épaisseur et un fenêtrage appropriés, en fonction de l'organe exploré et de la
question diagnostique.
Actuellement, on n'acquiert plus des coupes épaisses ; l'obtention de coupes épaisses se réalise lors de la phase de reconstruction des images.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
semblons atteindre une maturité technologique permettant mode a permis de figer et donc de distinguer les phases
d'imager l'ensemble du corps humain avec un risque très vasculaires. Il a ainsi révolutionné en son temps le scanner
limité de flou cinétique. Même l'imagerie du cœur est actuel- grâce aux premières angiographies-CT ;
lement maîtrisée et efficace. Il est aussi possible de réaliser des – le développement de modes de synchronisation (ECG)
images nettes des artères coronaires et ce, à différents efficaces nous permet actuellement d'échantillonner cor-
moments du cycle cardiaque. Avant de poursuivre rappelons rectement un cycle cardiaque.
ici que la résolution temporelle correspond à la capacité qu'à
un système à produire une série d'images sans flou ciné- Modes de synchronisation cardiaques
tique apparent (au sens strict, il existe toujours un mouve- Aujourd'hui, les scanners volumiques permettent une étude
ment sur une image acquise, cependant celui-ci n'est pas complète du cœur en une seule apnée avec une résolution
forcément apparent !). Pour arriver à cette fin, plusieurs temporelle élevée grâce à l'application de modes de synchro-
moyens technologiques et techniques ont été développés : nisation. D'un point de vue technique, il existe deux modes
– la rotation continue : elle permet d'obtenir des projec- de synchronisation : rétrospectif et prospectif.
tions sur 360° dans des temps de plus en plus courts.
Actuellement, le temps minimal d'une rotation (360°) Mode rétrospectif
varie de 0,25 à 0,5 seconde (pour un scanner monotube). L'appareil irradie le patient en continu pendant une apnée en
Cependant la reconstruction des coupes n'exige pas néces- enregistrant simultanément un tracé ECG. Les images sont
sairement l'acquisition de données sur un tour complet. alors reconstruites dans un second temps (= rétrospective-
On peut reconstruire une image à partir de rotations par- ment) à l'aide des données temporelles de l'ECG acquises pen-
tielles (partial scan) d'environ 220° (selon les algorithmes), dant l'irradiation (figure 3.55A). Il est alors possible de
ce qui permet d'acquérir des volumes en 0,18 seconde ; reconstruire des volumes cardiaques correspondant aux diffé-
– le mode spiralé : il agit davantage sur le temps d'examen rentes phases du cycle cardiaque (jusqu'à dix phases) ce qui
que sur la résolution temporelle brute. Cependant ce permet d'obtenir une information en 4D (= affichage d'un
Figure 3.55 Principe du mode rétrospectif (A). Courbe de cinétique cardiaque (B). Acquisition rétrospective sans et avec modulation
d'intensité (C).
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Scanner à rayons X
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
Figure 3.58 Artéfacts de mouvements visibles sur ces deux images par le dédoublement des parois osseuses (flèches blanches) et des parois car-
diaques (flèches noires).
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
Figure 3.59 L'image de gauche montre une cible visualisée sur un fantôme lors d'un test de calibration.
L'image de droite montre ce même artéfact lors d'un scanner cérébral.
Figure 3.60 Zones hypo-intenses liées à l'artéfact de durcissement de faisceau majoré entre les pyramides pétreuses et au niveau dentaire.
Le durcissement de faisceau diminue et fausse la valeur Hounsfield des tissus concernés.
fait des variations importantes d'atténuations présentes dans peu intense, ce qui impacte rarement des modifications de
cette région. La région dentomaxillaire est également sujette valeurs Hounsfield, à l'exception des structures citées en sus.
à ce type d'artéfacts. De manière plus générale, cet artéfact Principe du phénomène (figure 3.61) : en partant du constat
est omniprésent sur une image TDM mais est habituellement que le faisceau X à la sortie du tube est polyénergétique
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
(même après la mise en place de filtres à la sortie du tube), En effet, ce filtre réduit le nombre de rayons X, ce qui entraîne
les éléments anatomiques traversés agissent comme des une diminution locale du rapport signal sur bruit.
filtres qui atténuent une partie des rayons de basse énergie Pour limiter ces artéfacts, plusieurs solutions sont
de manière plus importante que ceux de haute énergie. Face envisagées :
à une structure dense, les rayons X les moins énergétiques – l'augmentation de la tension (kV) augmente l'énergie
sont davantage atténués que les rayons X les plus énergé- moyenne du faisceau X (kV), ce qui limite l'importance du
tiques. Dans ce cas, les structures situées en arrière (de la phénomène de durcissement de faisceau généré lors de la
structure dense) sont traversées par un faisceau X plus éner- traversée de structures denses ;
gétique (= « durcit »), ce qui vient réduire le coefficient – l'utilisation de logiciels de modulation d'intensité (voir
d'atténuation du tissu et par conséquent diminuer la valeur plus loin Logiciels de modulation de dose), permet de
Hounsfield du tissu en question. Lorsque le phénomène de réduire les diminutions locales de S/B liées au phénomène
durcissement est très marqué, cela se manifeste sur l'image de durcissement ;
par des plages moins intenses mais également plus bruitées. – l'usage d'un processus de reconstruction itératif permet
de modéliser le risque d'artéfact et d'inclure ainsi lors de
l'étape de reconstruction des corrections permettant de
générer des images faiblement artéfactées ;
– les modes d'acquisition bi-énergie permettent de recons-
truire des images pondérées en énergie (keV) simulant une
acquisition monoénergétique (voir plus haut Paramètres
d'acquisition). La programmation d'images pondérées à
des énergies élevées (Emono > 140 keV) permet l'obtention
de coupes où les artéfacts de durcissement sont minorés.
– Au niveau de l'affichage sur écran, cet artéfact est davan-
tage marqué en fenêtre partie molle qu'en fenêtre osseuse.
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Scanner à rayons X
permet dans certains cas de placer l'élément métallique en – identification du métal sur les projections brutes et réin-
dehors de la spirale d'acquisition. Ces artéfacts métalliques terpolation linéaire du profil (figure 3.63) ;
sont davantage prononcés avec les métaux à numéro ato- – reconstruction d'une nouvelle image TDM corrigée des
mique élevé, ainsi une prothèse en chrome-cobalt générera artéfacts métalliques.
davantage d'artéfacts que des dispositifs en titane. Des algorithmes plus récents (Boas, 2011) améliorent les
Contrairement aux artéfacts de durcissement de faisceau techniques MAR en modélisant la présence de métal et de
étudiés ci-dessus, les solutions conventionnelles (augmenta- durcissement du faisceau lors d'un processus itératif. Ces
tion des kV et modulation des mA) présentées pour limiter algorithmes connus sous l'acronyme MDT (metal deletion
les artéfacts « hypo-intenses » liés au durcissement ne sont technique) ou IMAR (iterative metal artifact reduction)
pas réellement efficaces en présence de métal. Seules des restent complexes et présentent plusieurs approches diffé-
solutions avancées permettent de réduire dans certaines rentes ; retenons juste qu'ils peuvent être appliqués soit :
limites ces artéfacts. On retrouve parmi ces solutions : – directement sur les données brutes pendant le processus
– l'obtention d'images mono-énergétiques virtuelles pon- de reconstruction itérative ;
dérées en haute énergie (E > 160 keV) reconstruite à partir – sur des projections virtuelles extraites des images recons-
d'acquisitions bi-énergétiques (voir plus haut Paramètres truites.
d'acquisition) ;
– l'utilisation d'options logicielles basiques permettant la 10.5. Effet de volume partiel
correction des projections. Ces options consistent à repérer L'effet de volume partiel (EVP) se produit lorsque des struc-
les sur-atténuations présentes sur les projections acquises et tures d'atténuations différentes se situent dans l'épaisseur
d'appliquer une normalisation des profils. Ce procédé déjà d'un même voxel. Dans ce cas, l'intensité du pixel correspond
ancien se retrouve sous l'acronyme MAR pour metal arti- à une moyenne des UH des structures du voxel (figure 3.64).
fact reduction (Klotz, 1990) et suit les étapes ci-dessous : Ces différences d'intensité peuvent avoir pour origines soit des
– acquisition des données (sinogramme) ; structures anatomiques distinctes, soit des variations d'inten-
– reconstruction de l'image TDM ; sité liées à la présence d'autres artéfacts (cible, métal…).
– identification automatique de la position du métal sur Connaître l'origine de l'EVP nécessite de bonnes connaissances
l'image par méthode de seuillage ; anatomiques et dans la reconnaissance d'artéfacts. Pour cer-
Figure 3.63 Principe élémentaire des logiciels de réduction des artéfacts métalliques : identification du métal sur les projections brutes et réinter-
polation linéaire du profil.
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Scanner à rayons X
taines études, les EVP présentent des avantages car ils per- (figure 3.65). Pour l'éviter, il faut dès que possible adapter le
mettent de majorer certaines pathologies (visualisation de champ de mesure à la corpulence du patient, ou plus exacte-
nodules en TDM thoracique). Cet artéfact diminue avec l'uti- ment veiller à ce que le patient soit positionné au centre de
lisation de coupes fines et d'incréments faibles. l'anneau lors de son installation à l'aide des faisceaux lasers de
centrage (corps de patient aligné en z et situé au milieu de la
10.6. Artéfacts de bordure de champs table, hauteur de la table réglée de manière à positionner la
On remarque des zones hyper-intenses en bordure de mi-hauteur du patient sur l'axe de rotation) ; cela reste parfois
coupe apparaissant quand le corps du patient sort du champ difficile voire impossible pour les patients de forte corpulence.
de mesure ; on parle alors d'artéfact de bordure de champ Aussi, cet artéfact sera également présent en cas d'acquisition
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
localisée (ex. : scanner de la colonne lombaire). L'origine de cet étendue plus large. Ces artéfacts qui apparaissent générale-
artéfact provient de l'application d'un filtre de rampe atté- ment lors de la programmation d'un pitch élevé (P > 1) ont
nuée lors de l'étape de reconstruction. En effet, les transitions quasiment disparu aujourd'hui grâce à l'utilisation d'interpo-
des extrémités des projections étant abruptes, celles-ci sont lations linéaires complexes adaptées au pitch. Seul l'usage
amplifiées lors de la phase de filtrage ce qui génère sur l'image d'une fenêtre étroite permet de révéler visuellement cet
reconstruite une surintensité en bord de champ de vue. La artéfact (figure 3.66).
solution permettant d'atténuer cet artéfact consiste à norma-
liser la projection afin de supprimer la transition abrupte de 10.8. Artéfacts liés aux collimations larges (z)
signal en bord de champ. Cette étape se réalise le plus souvent La conicité élevée du faisceau X devient problématique pour
directement au niveau du sinogramme. Actuellement, cet les scanners exploitant une collimation en z élevée (supé-
artéfact est systématiquement corrigé et ne vient plus pertur- rieure à 20 mm), ce qui concerne les appareils mutibarrettes
ber l'analyse de l'image. (MSCT : n > 40) et les scanners dédiés à capteur plans
(CBCT). En effet, la conicité du faisceau X vient projeter les
10.7. Artéfacts liés au mode spiralé artéfacts de durcissement de faisceau en particulier sur une
L'utilisation du mode spiralé peut engendrer des artéfacts étendue plus large venant ainsi dégrader la qualité des
spécifiques qui apparaissent sous forme de variations images. Les algorithmes actuels (algorithmes de Feldkamp)
d'intensité situées aux alentours de structures denses. Ces visant à corriger l'effet de conicité du faisceau permettent
variations d'intensité correspondent en fait à des artéfacts d'atténuer la projection de ces artéfacts sans pour autant les
de durcissement de faisceau (voir plus haut Résolution spa- faire disparaître totalement. Parallèlement, une acquisition à
tiale et en contraste : un compromis permanent), voire d'atté- conicité large associée à un mode spiralé à pitch élevé pro-
nuations brutales (voir plus haut Comment améliorer la page les artéfacts décrits à l'instant sous une forme carac-
résolution temporelle ?) qui, du fait du mode d'acquisition téristique dite de moulin à vent (windmill artifacts)
spiralé, se projettent par effet de volume partiel sur une (figure 3.67 et vidéo e.3.1). Cela se présente sur les images
Figure 3.67 Coupe TDM du massif facial réalisé en protocole « fast » (P > 1 et n = 64 barrettes) (A). Agrandissement au niveau de la partie supérieure
de la pyramide pétreuse gauche illustrant la présence d'artéfacts en moulin à vent (windmill artifacts) (B).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
sous forme de « pales » centrées sur des structures denses présence d'indicateurs de la dose délivrée est actuellement
qui, lorsqu'on fait défiler les coupes, donnent l'impression de incontournable, ils sont mis à jour régulièrement.
tourner autour de l'axe matérialisé par une structure de den-
sité élevée. Des algorithmes de reconstruction tentent de 11.1. Les indicateurs de dose
réduire cet artéfact. D'un point de vue pratique, les seules Les grandeurs dosimétriques utilisées en scanographie sont
solutions permettant de limiter cet artéfact se résument à l'indice de dose scanographique volumique (IDSV) et le
programmer une collimation plus restreinte et des pitchs produit dose.longueur (PDL). Ces indicateurs sont générés
inférieurs à 1. automatiquement après chaque procédure scanographique.
Au niveau national, la collecte de ces indicateurs sert égale-
ment à fixer des niveaux de référence diagnostique (NRD)
permettant aux utilisateurs d'évaluer leur pratique et de
11. Dosimétrie et radioprotection mettre en place des démarches d'amélioration des pratiques
appliquées au scanner X au niveau de chaque unité.
La traçabilité des doses délivrées lors des examens scano- Indice de dose scanographique
graphiques est une obligation médico-légale datant de l'ar- L'indice de dose scanographique ou IDS (computed tomo-
rêté du 24 mars 2003 : « le médecin réalisateur de l'acte graphy dose index ou CTDI) permet d'évaluer la dose
indique sur un compte rendu les informations au vu des- moyenne délivrée par coupe. Il tient compte du rayonne-
quelles il a estimé l'acte justifié, les procédures et les opéra- ment utile mais aussi de la dose liée à la pénombre géomé-
tions réalisées ainsi que toute information utile à l'estimation trique et à la présence de rayonnement diffusé (figure 3.68A).
de la dose reçue par le patient ». Chaque utilisateur doit L'IDS peut être défini comme l'intégrale d'un profil de dose
connaître, pour les différentes procédures, le niveau de réfé- (D en mGy) mesuré sur l'axe z, divisée par le produit du
rence de la pratique nationale et s'assurer que ses habitudes nombre de coupe (N) et de leur épaisseur nominale (T en
ne le dépassent pas en routine. millimètres) (figure 3.68B). Cela correspond alors à la dose
Le couple radiologue–manipulateur doit, avec l'appui du moyenne nécessaire à l'obtention d'une coupe nominale.
radiophysicien (personne spécialisée en radiophysique médi- L'indice de dose scanographique pondéré (IDSP) se cal-
cale ou PSRPM), chercher à optimiser les différents protocoles cule à l'aide de fantômes permettant de simuler selon la
afin d'obtenir la précision diagnostique attendue avec la plus morphologie d'un patient la part de rayonnement diffusé
faible dose possible, surtout pour les patients jeunes et les créé. L'IDSP, exprimé dans la pratique en milligrays (mGy),
femmes enceintes. La vigilance des opérateurs doit être réelle, est une combinaison linéaire des indices de dose scano-
surtout avec la généralisation des scanners multibarrettes qui graphique mesurés respectivement au centre (IDSc) et en
amplifient le potentiel d'irradiation inutile des appareils. La périphérie (IDSp) d'un fantôme cylindrique standard, pour
Figure 3.68 L'IDS permet d'évaluer la dose moyenne délivrée par coupe en tenant compte du rayonnement utile mais également de la dose liée à la
pénombre géométrique et au rayonnement diffusé (A).
L'IDS peut être défini comme l'intégrale (surface en bleu) d'un profil de dose (D en mGy) mesuré sur l'axe z, divisée par le produit du nombre de coupe (N)
et de leur épaisseur nominale (T en mm) (B).
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
une rotation du tube à rayons X, avec les paramètres d'ex- de diamètre, la longueur du cylindre étant au moins égale
position propres à l'examen considéré. Par convention, la à 14 cm : IDSP = (1/3 IDSc + 2/3 IDSp) (figure 3.69).
tête d'un patient type adulte est simulée par un cylindre L'indice de dose scanographique volumique (IDSV), exprimé
de polyméthacrylate de méthyle (PMMA) de 16 cm de en pratique en milligrays (mGy), est égal à l'IDSP divisé par le
diamètre et le corps par un cylindre de PMMA de 32 cm pitch de l'hélice utilisé pour l'acquisition (figure 3.70).
Figure 3.69 La distribution de la dose par coupe est déterminée à partir de fantômes de 16 et 32 cm pouvant simuler la morphologie du patient.
Ils servent à mesurer, à l'aide de TLD (Dosimètres à thermo-luminescence) situés en périphérie et au centre, l'IDSP correspondant aux paramètres d'expo-
sition propres à l'examen considéré.
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Scanner à rayons X
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Scanner à rayons X
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Scanner à rayons X
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
Figure 3.74 En se basant sur des topogrammes réalisés de face et de profil, il est possible, lors de l'acquisition, d'adapter l'intensité du courant aux
différences de forme et de densité du corps du patient. Cette technique a pour objectif de réduire la dose délivrée au patient et d'améliorer la qualité
de l'image.
Modulation sur l'axe z nir uniquement sur la tension pour réduire la dose, surtout
Il est possible de moduler l'intensité en fonction de la posi- pour les enfants, les femmes enceintes et les patients maigres.
tion du tube sur l'axe z (figure 3.74). On adapte l'intensité
en fonction de l'absorption du volume déterminé à chaque Impact des méthodes itératives
coupe et des mesures d'absorptions réalisées sur les scouts Les reconstructions itératives, décrites plus haut (voir
de face et de profil. Le topogramme ou scout view acquis au Principe des méthodes itératives), permettent d'obtenir des
préalable sert de repère morpho-densitométrique pour gui- images présentant un même rapport S/B que des images
der cette modulation d'intensité. reconstruites en rétroprojection filtrée mais avec des doses
Toutes ces options logicielles ont des noms différents en fonc- moindres (figure 3.16). Selon la région anatomique et selon
tion des constructeurs (voir tableau 3.2) et permettent de le type d'algorithme itératif en jeu, il est possible de réduire
réduire la dose de 20 à 40 % selon les constructeurs. Il est la dose de 20 à 80 %. Cela signifie que le mode de reconstruc-
important de noter que l'utilisation de ces outils ne permet tion itératif basé sur des modèles deviendra rapidement la
pas à l'opérateur de réduire manuellement la charge car celle- méthode de reconstruction de choix pour l'ensemble des
ci est optimisée par l'appareil. L'opérateur peut alors interve- explorations.
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Scanner à rayons X
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
Le personnel d'une unité de scanographie se compose Lors de son arrivée dans l'unité de scanographie, la patiente
principalement : est accueillie au secrétariat où son rendez-vous et son iden-
– de médecins radiologues ; tité sont vérifiés. L'équipe médicale et paramédicale est pré-
– de manipulateurs d'électroradiologie médicale (MERM) ; venue de sa venue. La patiente est alors dirigée et installée en
– de secrétaires. salle d'attente.
Dans des structures spécialisées d'imagerie intervention- Le MERM en charge de la patiente l'accueille et l'accompagne
nelle, on peut retrouver d'autres acteurs médicaux en fonc- vers la cabine de déshabillage. Après lui avoir expliqué l'exa-
tion du geste effectué (radiologues, gastro-entérologues, men (consentement éclairé), le soignant effectue un interro-
chirurgiens…) et de la nécessité ou non d'anesthésier le gatoire orienté à la recherche de grossesse et de
patient (médecin et infirmiers anesthésistes). contre-indications à l'injection de produit de contraste
iodé (PCI). Si toutes les conditions sont remplies, la patiente
12.2. Déroulement d'un examen peut se dévêtir en fonction de la région à examiner.
scanographique diagnostique « type » Une fois la patiente prête, le MERM la guide vers la salle de
préparation où lui sera posée une voie d'abord veineuse.
Attention Le calibre de l'aiguille et la quantité de PCI préparée
Nous considérons ici la prise en charge d'une patiente ambulante dépendent de l'exploration à réaliser.
avec injection de produit de contraste iodé. Aucune allusion à un La voie d'abord en place et vérifiée, la patiente est guidée vers
protocole particulier et à une organisation « idéale » n'est à la salle d'exploration et allongée sur la table d'examen. Le
prendre en compte. La démarche qui suit correspond à un schéma confort de la patiente et son centrage au niveau de l'appareil
de prise en charge globale à adapter à chaque service en fonction dépendent de la région d'étude et du protocole en vigueur.
de la structure d'accueil et du type de patients. Les considérations Le MERM prépare, si nécessaire, l'injecteur automatique et
soignantes et techniques n'y seront pas développées.
le relie à la voie veineuse en place.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
Une fois la patiente installée et les dernières instructions 12.3. Le scanner comme outil de guidage
données (immobilité, apnée à la demande…), le manipula- lors de procédures interventionnelles
teur programme à la console les différents paramètres Le nombre d'appareils dédiés aux procédures intervention-
d'acquisition (kV, pitch, épaisseurs de coupes, champ de nelles n'a cessé d'augmenter ces dix dernières années. Le
vue, délais d'injection…) adaptés au protocole d'explora- scanner est un outil très apprécié des radiologues et des
tion dans un but d'optimisation des doses délivrées. La qua- chirurgiens pour le guidage du geste médico-chirurgical
lité et le nombre de séries d'acquisition sont prescrits par le lors d'une intervention.
radiologue en fonction des informations cliniques pré- Nous allons prendre ici comme exemple la mise en place d'une
sentent sur la demande d'examen, du diagnostic visé et du aiguille ou d'une sonde à l'intérieur du patient. Celle-ci peut
consensus ALARA (justification). servir, selon le modèle, à réaliser une biopsie, un drainage,
Les acquisitions achevées, le radiologue confirme l'arrêt de une injection de substance médicamenteuse (alcool…), une
l'examen. Le MERM retourne alors vers la patiente, vérifie brûlure par radiofréquence, voire une cryoablation. La liste
son intégrité physique, lui retire la voie d'abord et la rac- des exemples est longue, mais les principales étapes du gui-
compagne en cabine en lui donnant toutes les recomman- dage restent similaires (figure 3.76) :
dations relatives à l'élimination du PCI et à la surveillance – installation confortable du patient sur la table d'examen de
du point de ponction. Rhabillée, la patiente reprend place manière à limiter les mouvements (respiratoires ou autres)
en salle d'attente et attend le compte rendu médical. risquant de gêner l'opérateur pendant l'intervention et de per-
Le MERM retrouve le médecin responsable de l'examen qui mettre au patient de maintenir la position longtemps (> 1 h) ;
lui indique quelles images il souhaite visualiser et quelles – acquisition scanographique de l'ensemble de la région
reconstructions complémentaires (MIP, MPR…) lui d'intérêt ;
paraissent nécessaires. Le MERM réalise ces opérations sur – planification, sur les coupes anatomiques (dans les trois
une console de traitement pendant que le radiologue plans), de l'intervention en déterminant la cible (tumeur,
visualise les premières images, et indique au MER d'éventuels lésion…) et le point d'entrée de l'aiguille ;
post-traitements complémentaires. – traçage du point de ponction sur la peau du patient ;
Une fois toutes les images reconstruites, le médecin peut, – insertion partielle de l'aiguille ou de la sonde ;
après une première lecture, retrouver la patiente pour lui – réalisation d'une ou de plusieurs coupes de contrôle ;
faire part oralement de son diagnostic. L'examen est alors – progression de l'aiguille jusqu'à la cible sous guidage
considéré comme terminé. scanographique ;
Le compte rendu (médical et dosimétrique) sera rédigé par la – réalisation de l'intervention (drainage, injection, biopsie…)
suite et joint au support (CD, autre) contenant les images TDM. en pratiquant des coupes (CT-fluoroscopie) de contrôle si
L'ensemble sera adressé au médecin prescripteur de l'acte. nécessaire ;
Figure 3.76 Environnement de scanographie interventionnelle (A), mise en place d'aiguilles ou de sonde dans le corps du patient (B) avec un gui-
dage sur coupes scanographiques (C).
Source : photos Dr J. Garnon – hôpitaux universitaires de Strasbourg.
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
– retrait progressif de l'aiguille et réalisation d'un scanner Le potentiel diagnostique considérable de la technique sera
de contrôle. salué par la presse grand public qui va faire du scanner, dans
Lors de cette intervention, les mêmes mesures de radiopro- un raccourci saisissant, la machine à guérir le cancer !
tection que dans une salle de radiologie interventionnelle Le prix Nobel de médecine est attribué en 1979 conjointe-
classique doivent êtres appliquées (tabliers et lunettes plom- ment à deux ingénieurs-chercheurs qui, indépendamment
bés, protège-thyroïde, paravent plombé, irradiation limitée, et par des voies différentes, ont contribué à la mise au point
distance…). du scanner : A.M. Cormack et G.N. Hounsfield. Ce dernier
La durée de ces procédures dépend de l'acte en lui-même était ingénieur aux laboratoires de recherche de la société
et de l'entraînement de l'équipe médicale et paramédicale. EMI, riche à l'époque des bénéfices accumulés grâce au suc-
Lors de ces interventions, il est possible d'utiliser un sys- cès des groupes de pop music, ce qui a pu faire écrire que le
tème de guidage optique ou magnétique matérialisant de scanner était le plus précieux héritage des Beatles.
façon virtuelle et en temps réel, sur des coupes TDM (de Le scanner a connu une évolution spectaculaire liée à la fois :
différents plans), la progression de l'aiguille (ou de la – au progrès dans la technologie de ses composants (détec-
sonde). Ce système de guidage permet de suivre le trajet teurs, tube à rayons X…) et dans les techniques de recons-
de l'aiguille avec une précision de l'ordre du millimètre et truction d'image (algorithmes) ;
nécessite pour cela la mise en place de repères externes. – à l'explosion de la puissance des calculateurs.
L'imagerie interventionnelle, qu'elle s'appuie sur une image- Après trois décennies de progrès, quatre étapes principales
rie conventionnelle, scanographique, échographique ou IRM peuvent être distinguées.
est un domaine en pleine évolution. En effet, la précision du De 1972 à 1980, le scanner est composé d'un dispositif d'ac-
guidage, l'amélioration du matériel et le côté peu invasif des quisition combinant des mouvements de rotation et de
procédures permet et permettra (dans certains cas) une translation. Cette cinématique limite la vitesse des scanners
alternative à la chirurgie « classique » ou parle alors d'acte au mieux à 20 secondes par coupe. De ce fait, la technique ne
chirurgical mini-invasif guidé par l'image. peut s'adresser qu'aux organes immobiles et en particulier
au cerveau.
De 1980 à 1990, le dispositif d'acquisition ne nécessite plus
13. Le scanner X : son passé, qu'un mouvement de rotation permettant de réduire la
sa place actuelle et son avenir vitesse d'acquisition à 1 seconde. La technique reste incré-
mentale, alternant les phases d'acquisition puis de déplace-
13.1. De sa création à nos jours8 ment de table. Le scanner s'ouvre à l'étude du thorax et de
Lors de son apparition en clinique dans le milieu des années l'abdomen et permet l'acquisition d'une à trois images le
1970, le scanner a constitué une véritable révolution dans temps d'une apnée du patient.
l'arsenal des techniques d'imagerie radiologique. De 1990 à 1998, le scanner spiralé, combinant un mouve-
Pour la première fois, en effet, tous les types de tissus, et en ment de rotation/irradiation continue et le déplacement
particulier la substance grise et la substance blanche, étaient simultané du patient, ouvre la voie à l'acquisition d'un
directement visibles. volume important (thorax ou abdomen en entier) pendant
Auparavant, les tissus mous ne pouvaient être appréhendés une seule apnée (20 secondes) du patient. Cette technique
que de manière indirecte et très souvent en ayant recours à d'acquisition volumique va faire renaître le scanner que d'au-
des techniques d'imagerie particulièrement invasives, voire cuns avaient condamné suite à l'avènement de l'IRM.
douloureuses (opacification gazeuse par exemple). Depuis 1998, l'évolution du scanner est liée à l'augmentation
Pour la première fois, également, l'image scanographique en du nombre de barrettes de détecteur permettant l'acquisi-
coupe apporte une information topographique précise tion de plusieurs coupes en une seule rotation : on parle
concernant la localisation en profondeur des structures d'acquisition ou de scanner volumique multicoupe. Par ail-
saines ou pathologiques. Auparavant, cette information ne leurs, la vitesse de rotation augmente (0,5 à 0,3 seconde par
découlait que du recoupement de radiographies obtenues tour) permettant de figer le mouvement. Ces nouveaux
sous différentes incidences ou par tomographie. équipements permettent l'acquisition thoraco-abdomino-
Enfin, le scanner constitue la première technologie d'image- pelvienne en une seule apnée, la réalisation d'angioscanner
rie numérique. Associée au potentiel considérable de l'image et ouvrent la voie au scanner coronarien (coroscanner) et à
scanographique, en particulier en termes de résolution en l'imagerie fonctionnelle (perfusion).
densité, l'image reconstruite peut également être modifiée : Si le scanner va de plus en plus vite, il coupe également de
fenêtrage et/ou recalcul à partir des données d'acquisition plus en plus fin. Ainsi, l'évolution a permis de passer de
permettent de sélectionner le contraste (résolution en den- l'étude d'un organe en coupes de 10 mm à l'exploration en
sité) et la définition (résolution spatiale) de l'image et ainsi la coupes fines inframillimétriques. L'acquisition à voxel isotro-
nature des tissus visibles. pique est possible dans certains cas et le recours aux tech-
niques de post-traitement permet de dépasser l'étude dans
le seul plan axial grâce à des reconstructions de coupes dans
tous les plans de l'espace ainsi que des reconstructions tridi-
8
Alain Winter, cadre supérieur de santé – CHU de Strasbourg. mensionnelles en réalité virtuelle.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 3
Scanner à rayons X
Le scanner est devenu un outil indispensable du bilan d'ima- la combinaison d'un plus grand nombre de détecteurs béné-
gerie pour un grand nombre de pathologies et en urgence. ficiant d'une rotation toujours plus rapide. À ceci s'est ajou-
Sujet à moins de contre-indications que l'IRM qui lui est sou- tée une définition toujours meilleure des détecteurs
vent supérieure, le scanner est d'un accès plus facile. Il fournit permettant des niveaux d'analyse inframillimétrique.
une imagerie de grande précision anatomique et d'une meil- Si toutes ces évolutions ont permis au scanner une analyse
leure lisibilité immédiate, car mieux corrélée aux planches toujours plus fine et précise de l'anatomie, elles lui ont
anatomiques, en particulier pour les non-radiologues. ouvert la porte à des nouvelles applications longtemps
Le scanner connaîtra encore des progrès dans le sens d'une réservées à d'autres modalités d'imagerie comme l'évalua-
augmentation de la vitesse d'acquisition ainsi que d'une tion de la perfusion et de la perméabilité capillaire, l'imagerie
meilleure couverture volumique par rotation. L'imagerie cardiaque, ou encore l'imagerie ostéo-articulaire dynamique
dynamique, vasculaire et fonctionnelle nécessite l'acquisi- pour ne citer que celles-ci. Les développements d'acquisi-
tion en une seule rotation d'un volume ayant une pertinence tions bi-énergies ont ouvert de nouvelles portes telles que la
anatomique (encéphale ou foie en entier), alors que l'étude à caractérisation tissulaire, l'imagerie « sans contraste » après
haute résolution en imagerie ostéo-articulaire et pour injection et la réduction des artéfacts métalliques.
l'oreille nécessite des coupes toujours plus fines. Au vu des performances qu'il offre actuellement dans ces
Pour aller significativement encore plus vite, de nouvelles domaines, la course à « toujours plus de détecteurs » va vrai-
voies devront être explorées, le scanner par rotation actuel semblablement céder le pas à la course à « toujours moins de
ayant atteint les limites de résistance mécanique. dose » ce qui permettra au scanner de concurrencer directe-
L'accélérateur à particules pour produire les rayons X est une ment les modalités d'imagerie non irradiantes. Dans ce but,
réponse possible qui permettrait également de supprimer les optimisations pourront porter sur toute la chaîne des
tout déplacement du patient. processus fondamentaux, et on peut citer notamment les
La réduction de l'épaisseur de coupes pourrait se faire par la détecteurs à conversion directe, les capteurs plans déjà
substitution des scintillateurs actuels par des capteurs plans. implémentés sur les scanner cone beam, les collimateurs
Toutefois, toute amélioration des performances des scanners dynamiques réduisant la sur-irradiation ou les nouveaux
et sa pérennisation en temps que technique d'imagerie ne modes itératifs de reconstruction.
pourra se faire sans la maîtrise de la dose délivrée. En effet, en Historiquement explorateur de l'anatomie, le scanner
scanographie, il est toujours possible d'améliorer la q ualité de devient ainsi un légitime explorateur de la fonction : il appar-
l'image, même au-delà du nécessaire, en augmentant les doses tient maintenant, et encore plus que par le passé, aux profession-
(kV mais surtout mAs). Or le scanner à rayons X est premier nels de l'imagerie de se donner les compétences nécessaires
au banc des accusés concernant l'irradiation médicale de la pour profiter du formidable potentiel de cet outil.
population. La réglementation européenne impose des
niveaux à la baisse de dose délivrée. La sélection des indica- Bibliographie
tions grâce à l'analyse risque/bénéfice, la limitation à la dose la Ambrose J. Computerized transverse axial scanning (tomography) :
plus faible possible, mais aussi la contribution technologique part 2. Clinical application British J Radiol 1973 ; 46(552) :
des fabricants peuvent permettre d'atteindre cet objectif. 1023–47.
Ambrose J, Gooding MR, Griver J, et al. A quantitative study of the EMI
13.2. Aujourd'hui et demain9 values obtained for normal brain cerebral infarction and certain
tumours. British J Radiol 1976 ; 49(586) : 827–30.
Dès son apparition dans les années 1970, le scanner a acquis Bamberg F, Dierks A, Nikolaou K, et al. Metal artifact reduction by dual
une place dans l'arsenal diagnostique qu'aucune modalité energy computed tomography using monoenergetic extrapolation.
n'est, encore à l'heure actuelle, en mesure de lui contester. Eur Radiol 2011 ; 21(7) : 1424–9.
Du fait de sa souplesse, sa polyvalence, sa rapidité, mais aussi Barrett JF, Keat N. Artifacts in CT : recognition and avoidance 1.
Radiographics 2004 ; 24(6) : 1679–91.
sa performance, le scanner est devenu aussi bien un véritable
Beckmann EC. CT scanning the early days. British J Radiol 2006 ;
cheval de trait, capable d'abattre un important volume d'ac- 79(937) : 5–8.
tivité, qu'un étalon capable de répondre à des questions très Berninger WH, Redington RW. Multiple purpose high speed tomogra-
pointues. Le scanner joue ainsi un rôle central dans la méde- phic x-ray scanner. 1980 US PATENT DOCUMENT 4,196,352/A/ ;
cine d'aujourd'hui, et il reste peu de pathologies où il n'ap- U.S. Commissioner of Patents, Washington, D.C. 20231, USA.
porte pas une contribution à la prise en charge. Boas FE, Fleischmann D. Evaluation of two iterative techniques for
reducing metal artifacts in computed tomography. Radiology 2011 ;
Tout au long de son histoire, la technologie du scanner a
259(3) : 894–902.
constamment bénéficié de progrès, voire de révolutions Brenner DJ, Hall EJ. Computed tomography – an increasing source of
technologiques, séquentielles ou simultanées, de ses proces- radiation exposure. N Engl J Med 2007 ; 357(22) : 2277–84.
sus fondamentaux : émission, collimation, projection, détec- Bushberg JT. Boone JM. The essential physics of medical imaging :
tion et processing. Depuis son prototype monocoupe, Lippincott Williams & Wilkins ; 2011.
l'évolution la plus flagrante du scanner a été l'augmentation Carrascosa PM, Garcia MJ, Cury RC, et al. In : Dual Energy CT, editor.
Dual-energy CT in cardiovascular imaging. Springer International
constante du champ (en z) et de la vitesse d'exploration par
Publishing ; 2015. p. 3–9.
Catuzzo P, Aimonetto S, Fanelli G, et al. Dose reduction in multislice CT
Guillaume Bierry, professeur des universités–praticien hospitalier –
9 by means of bismuth shields : results of in vivo measurements and
CHU de Strasbourg. computed evaluation. Radiol Med 2010 ; 115(1) : 152–69.
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Chapitre 3 IMAGERIE MÉDICALE
Scanner à rayons X
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IMAGERIE MÉDICALE
Chapitre 4
Imagerie par résonance
magnétique (IRM)
Jean-Philippe Dillenseger
e e N
e
e e e
µ
P
e e e e d
e u S
e e u
e
e e
N d
e
e
e e u
e
e d
e e
e e
e
S
N N
N N N N
N
N N N N N
N
∑µ = 0
N
N
N
N N Nucléon
N N N N non apparié
N N N N N
N
N
N
∑µ = 0 µ
N
N
190
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Les quelques protons en excès au niveau parallèle verront rappel, ω0 et ν0 sont liées par un facteur 2π, selon la relation
leurs aimantations microscopiques s'additionner pour don-
suivante :
ner naissance à une aimantation macroscopique notée M
ν0 = ω0/2π = (γ . B0)/2π (hertz)
(figure 4.4). En IRM,
c'est l'étude de cette aimantation
macroscopique M qui va nous permettre d'obtenir des Bien que tous les vecteurs m qui composent M soient ani-
images du corps humain. més d'un mouvement de précession, M demeure à ce stade
« figé » sur l'axe de B0 . Cette orientation s'explique par le fait
que tous les vecteurs m précessent de manière déphasée,
Note annulant ainsi leur composante
Pour avoir un ordre de grandeur à 0,5 Tesla, un millilitre d'eau transversale. Le vecteur M
est ainsi orienté sur l'axe de B0 (axes des z),et ne possède
contient environ 130 millions de milliards de protons en
pas, à ce stade, de composante transversale Mxy (figure 4.5).
excès en position parallèle !
Nous verrons par la suite que M va aussi « précesser » autour
de B0 , il sera ainsi caractérisé par deux
composantes vecto-
1.4. Quelles sont les caractéristiques
rielles : une longitudinale notée Mz et une transversale
de l'aimantation macroscopique M ? notée Mxy . On parlera respectivement d'aimantation longi-
tudinale Mz et transversale Mxy.
Avant de caractériser l'aimantation macroscopique M ,
apportons d'abord des précisions sur le comportement des 1.5. Qu'est-ce que la résonance magnétique
protons qui la compose. nucléaire (RMN) ?
En les observant de plus près, on remarque
qu'ils ne sont pas Avant de répondre à cette question, dévoilons davantage le
parfaitement alignés sur l'axe de B0 , mais qu'ils « tournent » principe physique de base de l'IRM : son objectif étant d'ob-
individuellement autour de cet axe en décrivant
un cône. On tenir des images caractéristiques de l'aimantation M.
dit qu'ils précessent autour de l'axe de B0 . Leur fréquence
angulaire de précession (ω0) est liée à l'intensité du champ Comment étudier M ?
magnétique (B0) et au rapport gyromagnétique (γ) spécifique Nous avons vu jusqu'ici que M est orienté dans l'axe de B0
du noyau par la relation de Larmor. Le rapport gyromagné- (même sens et même direction). Or l'aimantation de B0 est si
tique de l'hydrogène est de 267,5.106 rad.s− 1.T− 1, ce qui cor- importante par rapport à celle de M, qu'il est impossible
respond à 42,6 MHz.T− 1. Cette dernière valeur est utilisée d'étudier M dans cette situation.
pour exprimer directement la fréquence de précession en Pour ce faire, il va falloir le dévier de l'axe
de B0 , afin de lui
Hertz (s− 1), on parle alors de fréquence propre (ν0 ou f0). Pour apporter une composante transversale Mxy . En effet, seule cette
composante transversale rend l'étude de M théoriquement
∑µ = M ∑µ = 0
Bo
4 protons en excès 500 000 500 000
∑µ = M
Figure 4.4 Orientation des protons situés dans un champ magnétique intense. Naissance d'une aimantation marcoscopique.
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
∑µ = M = Mz
B0
z
µ µ µ µ
Mz = M
+ + +
= x
Mxy = 0 y Mxy = 0
Figure 4.5 Caractéristiques vectorielles de l'aimantation microscopique et macroscopique.
z Ene
z z
rgie
(RF)
M
Mz = M Mz
x x x
Mxy = 0 MXY
y y y
Figure 4.6 Bascule de M par apport externe d'énergie (onde radiofréquence).
possible car, dans ce cas, son aimantation n'est plus « noyée » Approche quantique ou énergétique
dans celle de B0. Cette bascule (obligatoire) de B0 se fera par un L'apport d'énergie par onde RF peut s'expliquer d'un point de
apport externe d'énergie (figure 4.6). vue quantique. Tout d'abord, établissons les bases de cette
Comment apporter de l'énergie à M ? vision quantique en donnant une explication énergétique aux
positions parallèles et antiparallèles décrites précédemment.
Cet apport (d'énergie) ne peut se faire qu'en exploitant le phé-
D'un point de vue quantique, les deux positions (parallèles
nomène de résonance qui stipule que pour transmettre de
et antiparallèles) sont assimilées à deux niveaux énergé-
l'énergie à un système en équilibre, il faut l'« apporter » avec
tiques distincts :
une fréquence égale à sa fréquence propre (de résonance).
– la position parallèle correspond à un niveau de basse
Une onde électromagnétique va ainsi pouvoir céder son
énergie E1 ;
énergie à M si elle remplit la condition de résonance, c'est-à-
– la position antiparallèle correspond à un niveau de haute
dire si sa fréquence νRF est égale à la fréquence de résonance
énergie E2.
ν0 des protons constituant M :
À température constante (on considère que c'est le cas en
νRF = ν0 = γ . B0/2π en mégahertz pratique), plus le champ magnétique B0 utilisé est intense,
plus l'écart d'énergie ∆E entre ces deux niveaux augmente.
L'onde électromagnétique, exprimée en mégahertz, est aussi
L'apport d'énergie aux protons ne peut se faire que si l'onde
appelée champ magnétique tournant (B1) ou onde
RF transporte une énergie (ERF) égale à ΔE :
radiofréquence (RF).
∆E = h.γ.B0/2π
1.6. Que se passe-t-il, au niveau de M, ERF = h. νRF = ∆E
pendant l'apport d'énergie ? L'apport d'énergie par onde RF fait passer les protons de la
Pour étudier l'effet produit par l'onde RF, il faut dissocier position parallèle à la position antiparallèle ; ils vont donc
deux approches : passer au niveau énergétique supérieur (E1 ⇒ E2). Le
– l'approche vectorielle ; nombre de protons accédant au niveau supérieur dépend de
– l'approche quantique. (figure 4.7) :
Celles-ci décrivent des phénomènes qui ont lieu simulta- – l'amplitude de l'onde RF ;
nément pendant l'apport d'énergie. – la durée d'application de l'onde RF.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
temps amplitude
E2 A A
E
Mz 0°
E1
t t
E2 A A
E Mz 45°
E1
t t
E2 A A
E Mz = 0 90°
E1
t t
E2 A A
E Mz 135°
E1
t t
E2 A A
E 180°
Mz
E1
t t
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
z z z z z
M
x
M x x x x
y y y y
M y
M M
angulaire (en degré ou radian). Plus l'onde RF est prolon- 1.7. Que se passe-t-il à l'arrêt de l'onde RF
gée
ou intense, plus l'angle de bascule formé par M et de 90° ?
B0 est important. Cette bascule de M ne s'effectue pas À l'arrêt du phénomène de résonance, c'est-à-dire à l'arrêt de
linéairement, elle est accompagnée
d'un mouvement de l'onde RF, il y aura retour de l'aimantation macroscopique M
précession de M (autour de B0 ) à la fréquence de l'onde à son état d'équilibre initial (avant l'impulsion RF). Lors de
RF (figure 4.8). sonretour, le vecteur M continue de tourner autour de l'axe
Lorsque l'intégralité de M se trouve dans le plan transver- de B0 .
sal, on dit qu'il a subi une impulsion RF de 90° (RF90°). Cette Ce retour à l'équilibre est caractérisé par l'apparition simul-
bascule est caractérisée par : tanée de deux phénomènes :
– l'absence d'aimantation longitudinale ; – la relaxation longitudinale ;
– l'unique présence de la composante magnétique – la relaxation transversale.
transversale Mxy.
La naissance de l'aimantation Mxy est liée à la mise en phase
Relaxation longitudinale
progressive des aimantations microscopiques m pendant
l'onde RF. En effet, on a vu qu'à l'état d'équilibre (avant l'im- D'un point de vue quantique, l'arrêt de l'onde RF correspond
pulsion RF) M ne présente pas de composante transversale au retour des protons au niveau de basse énergie E1. Ce
car les vecteurs d'aimantation microscopique (qui com- retour des spins s'accompagne d'une libération d'énergie
posent M) précessent en étant déphasés. Or, lorsqu'on transmise, sous forme thermique, au milieu moléculaire
applique une onde RF, ces aimantations microscopiques environnant. On parle alors de relaxation spin-réseau.
tendent à se mettre en phase, il y a naissance d'une aimanta- D'un point de vue vectoriel, ce retour s'exprime par une
tion transversale Mxy. À l'arrêt d'une impulsion RF de 90°, repousse du vecteur d'aimantation longitudinale Mz. Il est
tous les spins sont en phase et l'aimantation transversale intéressant d'étudier cette repousse au cours du temps après
est alors maximale (figure 4.9). une impulsion RF de 90°. En effet, les courbes de relaxation
longitudinales ont une allure exponentielle plus ou moins
Bilan marquée en fonction du tissu étudié. Il devient ainsi possible,
Avant l'impulsion RF de 90° à partir de ces courbes, de définir une constante de temps
T1 qui est propre à chaque tissu.
– Vectorielle : M est dans l'axe de B0 . Il n'y a pas de compo-
sante transversale de l'aimantation, car tous les spins sont Le T1 est le temps qu'il faut à l'aimantation longitudinale
(après une impulsion RF de 90°) pour retrouver 63 % de son
déphasés ( Mxy = 0).
L'aimantation longitudinale est
maximale Mz = Mmax ). état initial. En d'autres termes, c'est le temps qui correspond
– Quantique : les protons en excès sont en position paral- à une repousse de 63 % de Mz qui s'exprime en millise-
lèle de basse énergie. condes (figure 4.11). À chaque tissu correspond un T1
donné. En effet, il est facile de comprendre que chaque envi-
À l'arrêt de l'impulsion RF de 90° ronnement moléculaire a une relaxation spin-réseau propre
– Vectoriel : M est basculé dans le plan transversal. qui dépend du calibre des molécules du milieu (l'échange
L'aimantation transversale est maximale Mxy = Mmax ), d'énergie sera plus élevé dans un milieu composé de grosses
car les spins sont en phase. Il n'y a plus de composante
molécules) (figure 4.12).
longitudinale de l'aimantation ( Mz = 0), car M est per- La valeur des T1 dépend aussi de l'intensité du champ
pendiculaire à B0. magnétique principal B0 : lorsqu'on observe la relaxation
– Quantique : il y a autant de protons sur le niveau de haute longitudinale d'un point de vue quantique, plus la diffé-
énergie que sur le niveau de basse énergie. De ce fait, l'ai- rence d'énergie entre E1 et E2 est importante, plus la dissi-
mantation longitudinale est nulle (figure 4.10). pation d'énergie dans le réseau sera importante, donc plus
L'apparition et la disparition des aimantations longitudinales le temps de relaxation T1 sera prolongé. En passant de 1 à
et transversales dépendent donc de la position vectorielle 1,5 Tesla, les valeurs des T1 des différents tissus sont
de M et de la répartition énergétique des protons. augmentées.
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
z
phases des spins temps amplitude
A A
Mz = M
x 0°
MXY = 0
y
t t
z
A A
45°
Mz
x 45°
MXY
y
t t
A A
90°
Mz = 0
90°
x
y MXY = M
t t
A A
135
°
x 135°
MXY
y
Mz t t
A A
180
° 180°
x
MXY = 0
y
t t
M z = -M
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E
Mz E Mz = 0
E1
B0 E1
z z
Mz = M Mz = 0
Mxy= 0 RF 9 Mxy= M
0°
x x
Vectoriel
MXY = 0
y y MXY = M
= =
+ + + + + +
Spins déphasés Spins en phase
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E2
Libération d'énergie
E
(spin-réseau)
E1
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
environ) aux temps de décroissances T2. Les valeurs des (FID). Lorsqu'on relie les sommets de chaque alternance
relaxations T1 sont liées à l'intensité de B0, ce qui n'est pas le positive de la FID, on obtient théoriquement la courbe de
cas des relaxations T2 (figure 4.14). décroissance T2 (figure 4.15).
Une bobine permet ainsi de réceptionner un signal transpor-
1.8. Comment réceptionner un signal RMN ? tant des informations sur le phénomène de résonance
Nous connaissons maintenant les éléments qui nous per- magnétique nucléaire (RMN). On parle alors de bobines
mettent d'étudier les composantes longitudinales et trans- réceptrices ou d'antennes.
versales de l'aimantation macroscopique M. Chaque tissu
possédant un temps de relaxation T1 et T2 propre, il devient
alors possible de les différencier. Les notions de T1 et de T2 Pour l'histoire
vues jusqu'ici sont encore purement théoriques ; il faut alors Ce signal RMN a été décrit en 1946 par deux équipes de
recherche différentes : celle de Bloch à Sandford et celle de
trouver un moyen de les étudier de manière concrète en les
Purcell à Harvard, qui ont toutes les deux été récompensées par
récupérant sous forme de signal électrique. le prix Nobel de physique en 1952.
Cette étude devient techniquement possible si l'on consi-
dère l'aimantation transversale Mxy comme étant un petit
aimant (perpendiculaire à B0). En suivant cette aimantation, L'observation de l'allure de la FID, permet de différencier
après une impulsion RF, on remarque qu'elle décrit une spi- deux échantillons tissulaires distincts. Les premiers cher-
rale décroissante dans le plan transversal ; il y a donc appari- cheurs ont remarqué que les tissus cancéreux ont une
tion d'un champ magnétique tournant qui disparaît dans le décroissance plus lente que celle des tissus sains. De là est
temps, caractéristique de la relaxation T2. rapidement née l'idée d'utiliser le phénomène de RMN à des
Pour étudier les informations contenues dans ce champ fins diagnostiques, voire de créer une technique d'imagerie
magnétique tournant, il suffit de placer judicieusement, aux nouvelle. Cette idée se concrétise dans le milieu des années
alentours du volume étudié, une bobine conductrice (ex. : 1970 et donne naissance à l'imagerie par résonance magné-
solénoïde en cuivre dont l'axe est perpendiculaire à B0) qui tique (IRM).
récupérera, par induction, le contenu de l'aimantation
transversale sous forme de signal électrique. On mesure Et les informations T1 ?
alors un signal prenant la forme d'une sinusoïde amortie Nous savons que la relaxation T1 est issue de l'étude de la
caractéristique de la relaxation transversale de M, on parle repousse de l'aimantation longitudinale Mz. Or sachant que
de courbe de précession libre ou free induction decay B0 et Mz sont alignés, il est impossible d'étudier directement
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Mz qui est « noyé » dans B0. L'aimantation longitudinale est tons étudiée ; pour réaliser cela, on utilise une bobine dans
jusqu'ici « cachée », mais nous verrons par la suite qu'une laquelle circule un courant alternatif respectant les condi-
astuce permet de placer directement ces informations T1 tions de Larmor ;
dans le signal RMN mesuré. Il sera alors possible d'extraire du – la bobine réceptrice (= antenne) : elle a pour objectif de
signal mesuré des informations concernant les relaxations réceptionner le signal RMN qui exprime le retour à l'équi-
T1 et T2 des tissus. libre de l'aimantation transversale ; le signal électrique
RMN induit pourra ainsi être interprété.
1.9. Quels sont les éléments technologiques Les deux derniers éléments peuvent êtres regroupés en une
de base permettant de générer et de récupérer seule et même structure appelée bobine ou antenne
un signal RMN ? émettrice–réceptrice.
Pour finir cette première partie, il paraît judicieux (afin de Notons que jusqu'ici, seul le signal RMN est réceptionné.
favoriser la compréhension des principes physiques évo- Nous ne sommes pas encore en mesure d'obtenir une image.
qués) de faire le point sur les éléments technologiques de
base nécessaires jusqu'ici.
Comme vous l'avez perçu, la théorie de la RMN est fondée
2. Exploitation des informations
sur les principes physiques de l'induction électromagné- présentes dans le signal RMN
tique. Un courant circulant dans une bobine induit autour
d'elle des lignes de champ magnétique. L'inverse se vérifie Cette partie s'intéresse à la manière d'exploiter les informa-
aussi : un champ magnétique en mouvement aux alentours tions contenues dans le signal RMN. On y expliquera com-
d'une bobine induit dans celle-ci un courant électrique. ment pondérer le signal en technique d'écho de spin. La
Un appareil RMN est composé (en partie) de trois éléments compréhension de cette partie est indispensable pour abor-
(figure 4.16) : der l'IRM en pratique courante.
– l'aimant principal : il permet de créer B0, champ magné-
tique homogène dans le temps et dans l'espace. Pour créer 2.1. Quelles informations principales sont
B0, on utilise une ou plusieurs bobines dans lesquelles cir- contenues dans un signal RMN ?
cule un courant continu et suffisamment intense ; On a vu que la FID exprime en théorie la relaxation trans-
– la bobine RF : elle permet de générer une onde RF (champ versale de l'aimantation. En effet, lorsqu'on relie le som-
B1) capable d'apporter de l'énergie à la population de pro- met de la FID, on obtient une courbe de décroissance T2.
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Cependant, en réalité la décroissance décrite par la FID est sèques (propres au T2) auxquelles s'ajoutent les inho-
plus rapide que celle attendue en théorie, on parle alors de mogénéités extrinsèques.
décroissance T2*. La sinusoïde amortie décrite par la FID suit ainsi une décrois-
sance T2* plus rapide que la décroissance T2 attendue en
théorie (figure 4.17).
D'où vient la décroissance T2* ?
Pour mieux comprendre l'origine du T2*, revoyons le fonde- Qu'en est-il des informations T1 et T2 ?
ment de la décroissance T2. Celle-ci dépend en effet des Nous avons vu que la relaxation longitudinalede Mz a lieu au
déphasages des spins causés par les inhomogénéités molé- même moment que la décroissance de Mxy . Mais cette
culaires propres aux tissus étudiés, on parle d'inhomogénéi- repousse de Mz caractérisée par le T1 n'est pas directement
tés intrinsèques. présente dans le signal FID réceptionné. On peut dire que lors
En réalité, d'autres inhomogénéités vont venir perturber du retour de à l'équilibre, le signal FID récupéré possède des
et accélérer les déphasages des spins. Aux inhomogénéi- informations T2* « présentes » et des informations T1 « poten-
tés intrinsèques s'ajoutent des inhomogénéités propres tielles » mais encore non contenues dans le FID à ce stade.
au champ magnétique B0. En effet, l'homogénéité théori- Mais qu'en est-il des informations T2 « vraies » ? Là aussi, elles
quement parfaite attribuée à B0 n'est pas réalisable tech- sont absentes de la FID.
nologiquement, il existe donc des inhomogénéités, Nous venons donc de comprendre que jusqu'à présent les
certes faibles (quelques ppm), propres à B0 plus connues informations T1 et T2 ne sont pas présentes dans le signal FID.
sous le nom d'inhomogénéités extrinsèques. Le T2* Il va donc falloir trouver un artifice technique nous permet-
traduit les déphasages dus aux inhomogénéités intrin- tant d'apporter ces informations dans le signal réceptionné.
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
2.2. Comment obtenir un signal contenant Une fois le sommet atteint, les déphasages extrinsèques
des informations en T2 « vraies » ? vont réapparaître, l'aimantation transversale suit de nou-
Comme nous venons de le voir, il est intéressant d'obtenir un veau une décroissance T2*, la FID reprend son allure initiale
signal qui renferme des informations en T2 « vrai ». Il va ainsi de sinusoïde décroissante (tout comme à l'arrêt de l'onde RF
falloir s'affranchir des inhomogénéités de champ extrin- de 90° initiale).
sèques (liées à B0) pour ne préserver que les inhomogénéités L'impulsion RF de 180° permet un aller-retour de l'aimanta-
intrinsèques propres au T2 « vrai ». tion transversale correspondant à un cycle de rephasage-
En 1955, Hahn a décrit une séquence (ou suite) d'événe- déphasage symétrique, mieux connu sous le nom d'écho.
ments, plus connus sous le nom d'écho de spin (ES). Le La séquence d'écho de spin proposée par Hahn permet donc
principe de cette séquence est de placer une impulsion d'obtenir un signal symétrique appelé écho de spin, renfermant
RF de 180° (RF180) après l'impulsion RF initiale de 90° en son sommet au temps TE (temps d'écho) une composante
(RF90). Cette impulsion supplémentaire va permettre de T2 « vraie » épurée des inhomogénéités extrinsèques (figure 4.18).
s'affranchir des inhomogénéités extrinsèques en impo-
sant aux spins un rephasage compensateur permettant
Pour gagner en précision : quelle est l'influence de l'impulsion
de retrouver le T2 vrai. Pour comprendre cela, essayons de RF de 180° sur l'aimantation longitudinale (relaxation T1) ?
visualiser, dans le plan transversal, l'effet d'une impulsion En observant la relaxation T1, on remarque une légère pertur-
RF de 180°. bation de sa repousse lors de l'impulsion RF de 180°
À l'arrêt de l'impulsion RF de 90° on remarque que Mxy (figure 4.19). Cette perturbation reste néanmoins négligeable,
commence à décrire une spirale induisant une FID caracté- car elle survient relativement tôt par rapport à la durée totale
ristique d'une décroissance T2* (qui intègre les inhomogé- de la repousse. De ce fait, par convention, on ne la représentera
néités extrinsèques). pas au niveau des courbes de repousse T1.
Il s'en suit une impulsion RF de 180° qui a pour effet de
compenser les déphasages extrinsèques en inversant la
« course » des spins, c'est-à-dire en imposant un rephasage 2.3. Quels sont les paramètres qui caractérisent
dit compensateur. Cela se visualise la séquence d'écho de spin ?
comme une bascule de
180° des vecteurs d'aimantation Mxy dans le plan transver- Nous venons de voir que la séquence d'écho de spin fait suite
sal. La FID décrit alors une oscillation croissante en direction à une succession d'impulsions RF (de 90° et de 180°). Le
de la courbe de décroissance T2 vraie. signal présente en son sommet, des informations T2 (et des
La FID atteint alors un sommet où seul les déphasages informations T1 potentielles). On peut à partir de là définir
intrinsèques sont présents dans le signal disponible. À ce un premier paramètre qui caractérise cette séquence : le
moment la norme du vecteur Mxy correspond au vecteur M0 temps d'écho (TE).
diminué selon la constante de temps T2. On a pour ainsi dire Le TE est la durée qui sépare l'impulsion RF initiale (= 90° en
retrouvé un point de la courbe de décroissance T2 « vraie » ES) du sommet de l'écho. Ce temps dépend du moment où
recherchée. l'on place l'impulsion RF de 180°. En effet, plus celle-ci est
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
précoce, plus l'écho apparaît tôt (et réciproquement). Il est En IRM, il va falloir reproduire plusieurs fois le cycle (RF90°–
assez aisé de comprendre, au vu du cycle caractéristique de RF180°–écho) caractéristique de la séquence d'écho de spin,
déphasage–rephasage–déphasage, que l'impulsion RF de afin de générer une image. Le fait de répéter plusieurs fois
180° s'effectue au temps TE/2. cette suite d'événements (= chronogramme) met en évi-
Le TE est un paramètre essentiel qui va permettre de sélec- dence un autre paramètre : le temps de répétition (TR).
tionner la « proportion de contraste T2 » disponible dans le Le TR est le temps qui sépare deux impulsions RF initiales
signal (voir ci-après). (90° en ES). Ce paramètre est essentiel, car il va influencer
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Bilan
T2* En ES, le TR conditionne le contraste T1 qui sera « potentiel-
lement » contenu dans l'écho du cycle suivant.
– TR long (en ES) ⇒ ne pondère pas en T1.
– TR court (en ES) ⇒ pondère en T1.
temps
Rôle du TE
Nous savons que le TE est le temps qui sépare l'impulsion RF
initiale du sommet de l'écho. En d'autres termes, le choix du
90° 180° TE va permettre de sélectionner à quel instant se placera le
TE/2 sommet de l'écho sur une courbe de décroissance T2.
Figure 4.19 Influence de l'impulsion RF de 180° sur les relaxations T2 et T1. Si l'on compare les décroissances T2 de deux tissus différents,
on remarque que leur différence d'aimantation transversale
la proportion d'informations T1 présente à partir du deu- varie au court du temps. Le TE va ainsi permettre de mettre
xième cycle, c'est-à-dire du deuxième écho (voir ci-après). directement en évidence, ou non, des différences d'aiman-
tation transversale présentes dans l'écho.
Bilan Pour mieux comprendre cela, observons les informations en
Le TE et le TR sont deux paramètres réglables par l'opérateur qui contraste T2 disponibles dans l'écho en fonction du choix du
vont servir à « moduler » la part d'informations T1 et T2 conte- TE (figure 4.21).
nues dans le signal (voir figure 4.20). Ils permettront de pondérer Si le TE est (très) court, les différences d'aimantation trans-
(= contraster = privilégier) l'écho, et donc l'image, en T1 ou en T2. versale entre les tissus n'ont pas le temps d'apparaître. L'écho
réceptionné sera donc dépourvu de contraste T2 : un TE
2.4. Quelle est l'influence des paramètres TE court permet de ne pas pondérer le signal en T2.
et TR sur les informations T1 et T2 contenues Si le TE est long, les différences de T2 des différents tissus ont
le temps de s'exprimer. L'écho réceptionné sera porteur
dans l'écho ?
d'informations en contraste tissulaire T2 : un TE long permet
Rôle du TR de pondérer le signal en T2.
En technique d'écho de spin (ES), le TR utilisé est très supé- Si le TE est très long, l'aimantation transversale atteint un niveau
rieur au temps de décroissance T2 et, de ce fait, le TR n'aura si faible qu'il n'y aura quasiment plus de signal disponible. Sans
pas d'influence sur l'aimantation transversale, c'est-à-dire sur signal, il n'y a pas d'informations, donc pas d'image. L'utilisation
la composante T2 du signal. de TE supérieurs aux T2 des tissus n'est d'aucun intérêt.
En revanche, les temps de relaxation T1 des tissus sont de
l'ordre de grandeur des TR susceptibles d'être utilisés. Le TR
conditionne ainsi la pondération en T1 de l'écho du cycle Bilan
suivant (figure 4.20). En effet, la présence de contrastes T1 En ES, le TE conditionne directement le contraste T2 dispo-
dans l'écho nécessite une bascule préalable de l'aimantation nible dans l'écho.
longitudinale dans le plan transversal (= plan de mesure). – TE court ⇒ ne pondère pas en T2.
Pour mieux comprendre cela, observons l'influence du TR – TE long ⇒ pondère directement l'écho en T2.
sur les repousses T1 de deux tissus différents (figure 4.21).
Si le TR est suffisamment long, les deux courbes de repousse T1
ont le temps de retrouver leur valeur maximale. De ce fait, les 2.5. Comment utiliser le TR et le TE
deux tissus possèdent la même valeur d'aimantation longitudi- pour pondérer l'écho soit en T2 soit en T1 ?
nale. Lorsqu'on basculera, lors du cycle suivant, l'aimantation Mz L'intérêt de l'IRM est d'obtenir des images permettant de
dans le plan transversal, celle-ci ne contiendra pas de contraste en comparer les différences de relaxation T1 et T2 des différents
T1. Un TR long permet donc de ne pas pondérer le signal en T1. tissus. Pour cela, il est nécessaire de ne privilégier qu'une
Si le TR est court, les deux courbes de repousse T1 n'auront seule information : soit l'image est pondérée en T1, soit elle
pas le temps d'atteindre leur maximum. On observera alors est pondérée en T2. En effet, une image possédant un
une différence d'aimantation longitudinale Mz entre ces mélange d'informations T1 et T2 ne sera pas significative.
deux tissus. Le tissu ayant un T1 long aura une composante
Mz plus faible que celui ayant un T1 court. Lorsqu'on bascu- Comment pondérer en T2 (en ES) ?
lera (RF 90°), dans le cycle suivant, ces aimantations dans le Pour favoriser la présence de contraste T2 dans les échos
plan de lecture, l'écho généré aura alors la possibilité de réceptionnés, il suffira d'utiliser un TE long. À partir de là, il
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.24 En écho de spin, pondérer le signal en DP (Rho) nécessite de programmer un TR « long » et un TE « court ».
d'estimer les contrastes attendus sur des images pondérées Comment expliquer cette discordance entre les prévisions
en densité de protons (figure 4.24). théoriques et les images obtenues ? L'explication se trouve
dans les valeurs de TR utilisées. On a vu que pour s'affranchir
des contrastes T1, il faut utiliser un TR long. Les valeurs consi-
Pour gagner en précision dérées comme longues, jusqu'ici, sont de l'ordre de 2 000 à
On remarque, à partir des données du tableau 4.1, qu'au niveau 4 000 millisecondes. Or, en théorie, pour permettre le retour
cérébral, la pondération en densité protonique possède les complet de l'aimantation longitudinale de la totalité des tissus,
mêmes variations de contraste qu'une pondération T2 : liquide il faudrait utiliser des TR de l'ordre de 10 000 millisecondes.
cérébro-spinal (LCS) > substance grise (SG) > substance blanche Des TR de cette longueur sont rarement utilisés en pratique,
(SB). Or, en pratique, on observe que le LCS possède, sur les car ils entraîneraient des temps d'acquisition trop longs : voir
images en DP, un signal identique (voire inférieur) à celui de la plus loin Comment calculer les temps d'acquisition (remplissage
substance grise (LCS = SG > SB) ! linéaire de l'espace k) ?. L'utilisation d'un TR compris entre
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2 000 et 4 000 millisecondes ne permet donc pas un contraste supprimer artificiellement le signal du LCS sur une image
en densité protonique pur. Cela explique pourquoi le LCS n'at- pondérée en T2, on parle alors de pondération T2-FLAIR
teint pas le signal attendu en théorie (tableau 4.1). (voir Suppressions tissulaires par inversion–récupération).
Pour déterminer, dans ce cas, si l'image est pondérée en T1
2.7. Bilan des paramétrages en écho de spin ou en T2-Flair, il faut comparer les signaux de la substance
blanche et de la substance grise :
(tableau 4.2)
– lorsque le signal de la substance blanche est plus élevé que
2.8. Les principaux contrastes celui de la substance grise, l'image est pondérée en T1, on
parle alors de contraste anatomique ;
En densité de proton (DP), l'intensité des différents tissus est – lorsque le signal de la substance blanche est plus faible que
proportionnelle à leur teneur en hydrogène (tableau 4.2). celui de la substance grise, l'image est pondérée en T2.
Cette pondération n'est exploitée quasiment qu'au niveau
cérébral.
En ce qui concerne les contrastes T1 et T2, l'observation des 3. De l'écho à l'image
liquides stagnants (ou liquides à circulation lente) va per- (notions de base)
mettre en général de différencier ces deux pondérations.
On retiendra principalement : le LCS, la bile, la synovie, Cette partie dévoile la manière dont seront exploités les
l'urine, les épanchements liquidiens. Riches en eau, ces échos pour construire une image IRM. L'utilisation de gra-
liquides possèdent des valeurs de T1 et de T2 très élevées par dients de champ magnétique est nécessaire pour localiser
rapport aux autres tissus (figures 4.25 et 4.26) : le signal et remplir l'espace k (ou plan de Fourier). Pour ne
– en pondération T1, la lenteur de repousse de l'aimanta- pas noyer le lecteur nous avons volontairement simplifié,
tion longitudinale de ces liquides fait qu'ils apparaissent en voire vulgarisé, l'approche fondamentale du problème (au
hyposignal ; risque de perturber les puristes !). Nous expliquerons, en fin
– en pondération T2, la décroissance lente de leur aimanta- de partie, comment calculer les temps d'acquisition d'une
tion transversale, fait qu'ils apparaissent en hypersignal. séquence IRM.
Ainsi, si les liquides stagnants apparaissent en hypersignal,
on est certain d'être pondéré en T2 ; s'ils apparaissent en 3.1. Comment trier les informations ?
hyposignal on peut, sauf au niveau du cerveau, garantir la Nous avons vu jusqu'ici comment générer et pondérer (T1, T2
pondération en T1. et DP) un signal RMN qui sera intégré, par une antenne, sous
En effet, au niveau cérébral (figure 4.26), un hyposignal du forme de signal électrique analysable. Cependant, le signal
LCS ne garantit pas la pondération T1 d'une image ! Cela réceptionné transporte les informations de l'ensemble d'un
s'explique par l'existence d'une technique qui permet de volume soumis aux impulsions RF, mais ne contient aucune
information spatiale permettant le calcul d'une image. Il est
alors nécessaire, avant et pendant l'enregistrement de l'écho,
Tableau 4.1 Teneur en hydrogène de différents éléments du
de réaliser un codage spatial du signal RMN. Pour ce faire, on
corps humain.
utilisera des gradients de champ magnétique.
Tissu étudié Teneur en hydrogène
Urine 99 % 3.2. Qu'est-ce qu'un gradient de champ
Liquide cérébrospinal (LCS) 97 % magnétique ?
Substance blanche (SB) 84 % Pour définir un gradient de champs magnétiques, il est
Substance grise (SG) 72 % important de donner une représentation volumique du
Muscle 79 % champ magnétique principal B0. Ce dernier, homogène dans
Foie 71 %
l'espace et dans le temps, est créé par une circulation per-
manente d'un courant continu et intense dans une bobine
Corticale osseuse 12 %
(voir chapitre 10, Instrumentation en IRM). Des lignes de
champ magnétique sont ainsi induites à l'intérieur de la
Tableau 4.2 Valeurs de TR et de TE permettant de pondérer en bobine. Seules les lignes de champ parallèles, situées au
T1, T2 et en DP sur un appareil à 1,5 tesla. centre de la bobine, font parties intégrantes de B0. L'une des
Pondération représentations de B0 dans l'espace est une sphère de 50 cm
(valeurs à T1 T2 DP de diamètre, mais pour faciliter la compréhension du
1,5 tesla) codage spatial, nous avons choisi d'utiliser une représenta-
TR en ms 400–600 > 1 800 > 1 800 tion cubique.
(pondère en T1) (dépondère en (dépondère en Un gradient de champ est un champ magnétique de faible
T1) T1) intensité, qui varie linéairement dans l'espace et qui
TE en ms 15–35 80–120 15–35 s'ajoute à B0 de manière contrôlée dans le temps
(dépondère en (pondère en (dépondère en (figure 4.27). Les lignes de champ magnétique seront alors
T2) T2) T2) modifiées le long de l'axe d'application du gradient.
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Figure 4.25 Coupes sagittales de la région lombo-sacrée et coupes transversales passant par le foie, en pondération T1 et T2.
L'observation des éléments liquidiens (LCS, bile…) permet de différencier ces deux pondérations.
Technologiquement, il est possible d'appliquer un gradient Il est alors possible de localiser les spins en fonction de
de champ à B0 dans toutes les directions de l'espace (figure 4.28). leur fréquence de précession, on parle de « codage en
Lors de l'application d'un gradient de champ magnétique, fréquence ».
deux modifications sont observables au niveau des spins
selon qu'on se place pendant ou après l'application du À l'arrêt du gradient : codage de phase
gradient (figure 4.29). Dès l'arrêt de l'application d'un gradient de champ magné-
tique, les spins sont de nouveau soumis au champ magné-
Pendant l'application du gradient : codage de fréquence tique homogène B0. Ils précessent à nouveau à la même
Pendant l'utilisation d'un gradient, des différences de fré- vitesse, il n'est donc plus possible, dans ce cas, de les diffé-
quences de rotation des spins sont observées le long de son rencier par leur fréquence de rotation. En revanche, les diffé-
axe d'application. Cela s'explique par la relation de Larmor rences de fréquence perceptibles lors de l'application du
qui stipule que la fréquence de précession des spins est pro- gradient génèrent des déphasages qui persistent le long de
portionnelle à l'intensité du champ magnétique dans lequel l'axe d'application. Ces derniers sont proportionnels à l'am-
ils se trouvent. plitude (G) du gradient et à sa durée d'application (T). Il
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B<Bo Bo B>Bo
x
B>Bo
Bo Bo
Bo Bo
z
B>Bo
B<Bo Bo
B<Bo
Figure 4.28 Il est possible d'appliquer un gradient de champ dans toutes les directions de l'espace.
devient alors possible de localiser les spins dès l'arrêt d'un 3.3. Individualisation d'une tranche à l'aide d'un
gradient de champ en fonction de leurs différences de gradient de sélection de coupe
phase, on parle alors de « codage de phase ». Nous avons vu, lors de l'explication de la séquence d'écho de
Bilan des différents codages spin, que l'impulsion RF permet de faire basculer l'ensemble
des protons soumis à B0 dans le plan transversal donnant
L'application d'un gradient de champ permettra d'avoir une ainsi naissance à un signal RMN mesurable. Il est important
information spatiale (figure 4.29) en utilisant soit : de préciser à ce stade que l'onde RF est caractérisée par sa
– un codage par la fréquence ; fréquence centrale (fRF) et par sa bande passante (BPRF)
– un codage par la phase. (figure 4.30).
Essayons maintenant de comprendre comment utiliser ces
derniers pour obtenir une image RMN.
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(Gsc ou Gss) (figure 4.31). Notons que la mise en place d'un tel 3.4. De la coupe à l'image : remplissage linéaire
gradient est obligatoire à chaque impulsion RF (90° et 180° en ES). du plan de Fourier
L'épaisseur de la coupe dépendra de la bande passante du gra-
dient de sélection de coupe. Plus la pente du gradient de sélec-
tion de coupe est élevée, plus la population de spins réagissant à Attention
l'onde RF sera moindre (figure 4.32). Il y aura donc moins de signal Les fondements théoriques de ce qui suit sont complexes.
disponible, mais la coupe sera plus fine. Les pentes de gradient les Afin de convenir au plus grand nombre, nous nous contente-
rons volontairement d'explications sommaires.
plus amples utilisées actuellement sont de l'ordre de 50 mT/m.
Le choix du plan de coupe (axial, coronal, sagittal) dépend
de l'axe d'application du gradient de sélection de coupe Nous allons, dans les paragraphes qui suivent, nous attacher
pendant l'émission radiofréquence (figure 4.33). Un gradient à l'obtention d'une coupe axiale, perpendiculaire à l'axe z.
de sélection de coupe appliqué : Maintenant que nous savons comment individualiser une
– sur l'axe x, sélectionne une coupe sagittale ; coupe précise du volume, comment allons nous faire pour
– sur l'axe y, sélectionne une coupe coronale ; extraire et exploiter les informations spatiales du plan de coupe ?
– sur l'axe z, sélectionne une coupe axiale.
Rappels sur l'espace k ou espace de Fourier
Voir chapitre 1, Caractéristiques fréquentielles d'une image.
Bilan Toute image numérique (coupe TDM, IRM, photographie…)
La sélection d'une coupe utilise le codage fréquentiel issu de peut être représentée de manière fréquentielle (espace k).
l'application d'un gradient de champ magnétique pendant On distingue ainsi le domaine spatial (image) du domaine
l'impulsion RF. Le signal résultant ne comporte que les infor- fréquentiel (espace k). Le passage d'un domaine à un autre
mations RMN contenues dans la coupe. Ce signal va ensuite est possible au travers d'une transformée de Fourier. Si l'on
servir à remplir le plan de Fourier de la coupe en question. connaît les informations contenues dans l'un des deux
Figure 4.31 Sans gradient, l'onde RF interagit avec l'ensemble des spins du volume (A). En présence d'un gradient de sélection de coupe, la fréquence
de l'onde RF conditionnera la position de la coupe sélectionnée le long de l'axe d'application du gradient (B).
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Figure 4.32 Pour une bande passante d'émission donnée (BPRF), l'amplitude du gradient permettra de sélectionner l'épaisseur de coupe.
Plus la bande passante du gradient de sélection de coupe augmente (a ⇒ B), plus le nombre de protons sélectionnés sera restreint : la coupe sera donc
d'autant plus fine mais le signal disponible d'autant plus faible.
Figure 4.33 Choix du plan d'étude en fonction de l'axe d'application du gradient de sélection de coupe.
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domaines, il est possible, par l'intermédiaire d'une transfor- partie centrale de l'espace k (selon Kx) afin d'y apporter le
mée de Fourier, de représenter le second. Autrement dit, si maximum de signal, c'est-à-dire le plus de contraste possible. Il
l'on arrive à remplir le plan de Fourier, il va être possible de faut donc faire coïncider les données temporelles de l'écho
calculer l'image IRM. En IRM, le passage par le plan de avec les données fréquentielles de l'espace k, c'est-à-dire créer
Fourier est nécessaire. un adressage temporo-fréquentiel. Étant donné que le gra-
Pour définir le plan de Fourier, partons du fait qu'une image dient de lecture guide le remplissage de l'espace k, c'est donc lui
est composée à la fois d'informations globales (visibles qui fait le lien entre un échantillon temporel précis du signal et
lorsqu'on observe une image de « loin ») et de détails (visibles un point précis de l'espace k (selon Kx) (figure 4.34).
de « près »). Les hautes fréquences, transportant les détails, sont extraites
L'aspect global d'une image représente (plus ou moins) son des parties latérales de l'écho (signal faible) ⇒ remplissage
contraste. On dit que celui-ci correspond aux basses fré- de la périphérie de l'espace k (selon Kx).
quences de l'image. Les basses fréquences, transportant le contraste, sont
Les détails d'une image sont quant à eux contenus dans ses extraites du centre de l'écho (signal élevé) ⇒ remplissage du
hautes fréquences. centre de l'espace k (selon Kx). On a ainsi rempli une ligne
Une image est alors composée d'une multitude de fré- du plan de Fourier.
quences spatiales plus ou moins élevées. Le plan de Fourier
est un tableau qui classe ces informations fréquentielles
selon deux axes Kx et Ky.
Les basses fréquences, « transportant » le contraste de
l'image sont situées au centre du plan de Fourier.
Les hautes fréquences représentant ses détails sont conte-
nues dans la périphérie du plan de Fourier (voir chapitre 1,
figure 1.26).
Pour obtenir une image en IRM, il va falloir extraire les infor-
mations fréquentielles du signal réceptionné puis les classer
dans le plan de Fourier. Pour effectuer cela, on utilise des
gradients de champ magnétique qui peuvent être considérés
comme des outils permettant le remplissage du plan de
Fourier.
Une image étant caractérisée par ses deux dimensions (x et
y), il faut trouver un moyen d'extraire les fréquences spa-
tiales contenues dans le signal selon ces deux directions (Kx
et Ky). On doit ainsi, pour remplir le plan de Fourier, effectuer
une double analyse du signal :
– l'une selon l'axe x ;
– l'autre selon l'axe y.
On réalise alors une double transformée de Fourier (DTF
ou 2TF).
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Figure 4.35 Contenu fréquentiel du signal sans application de gradient (A) et avec application de gradient (B).
La mise en place d'un gradient lors de la réception du signal permet de réaliser un adressage spatio-fréquentiel le long de l'axe d'application du gradient.
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En résumé (figure 4.38)
Les échos précédés d'un gradient de phase ample trans-
portent des informations concernant les détails de la struc-
ture étudiée mais possèdent un faible rapport signal sur
bruit. Ces échos iront alors remplir une ligne périphérique du
plan de Fourier.
Les échos précédés d'un gradient de phase faible trans-
portent peu d'informations spatiales, mais bénéficient d'un
rapport signal sur bruit élevé. Ces échos iront alors remplir
une ligne centrale du plan de Fourier.
Ainsi, pour avoir un aperçu complet des informations (détails
et contrastes) présentes le long de l'axe du codage de phase, il
faudra répéter plusieurs fois et ce, de manière différente ce gra-
dient. De manière générale, il faudra utiliser autant de gra-
dients de phase différents que de lignes souhaitées dans l'image
finale. Ainsi, dans une séquence IRM, l'amplitude du gradient
de phase sera différente pour chaque écho réceptionné.
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gradients bipolaires. La polarité des gradients permet égale- Cependant, un autre facteur va encore compléter cette rela-
ment de se déplacer dans l'espace k. Ainsi, l'axe du gradient de tion : le nombre d'excitations (Nex). Ce paramètre corres-
lecture présente en général un demi-lobe complémentaire placé pond au nombre de fois où l'on souhaite de nouveau remplir
avant l'apparition de l'écho, cela afin de démarrer la lecture du le plan de Fourier. En effet, le fait de remplir plusieurs fois
signal en début de ligne (figure 4.40). l'espace k permet d'augmenter de manière significative le
rapport signal sur bruit (S/B) (d'un facteur « racine de Nex »),
aux dépens du temps d'acquisition (TA). C'est comme en
3.6. Comment calculer les temps peinture : plus on passe de couches, meilleur est le résultat
d'acquisition (remplissage linéaire de l'espace k) ? final, mais plus il faut de temps !
Lors d'un remplissage linéaire de l'espace k, La durée d'acqui-
sition d'une séquence d'IRM dépendra du nombre de lignes TAES = TR × nombre de lignes × Nex
qui composent la matrice de l'image. Plus il y a de lignes dans
la matrice, plus il faut d'échos. Sachant qu'on génère un écho Notons que dans cette formule n'intervient pas le nombre
par TR, la valeur de la durée d'une séquence sera égale au de coupes créées. À ce stade, ce calcul permet de connaître
produit entre le nombre de lignes de la matrice et le TR. le temps d'acquisition d'une seule coupe !
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Figure 4.38 L'absence de gradient de phase ne permet pas de connaître les informations spatiales selon l'axe y de l'image (A).
L'amplitude du gradient de phase permet de sélectionner la ligne de l'espace k qui sera remplie par le signal lors de la phase de lecture. Un gradient de
phase de faible amplitude apporte peu d'informations spatiales mais diminuera peu l'intensité de signal généré (B). Un gradient de phase ample transporte
davantage de détails (en y), mais diminue l'intensité du signal généré (C).
Figure 4.39 Mise en place chronologique des trois gradients de champs permettant de réaliser le codage spatial d'une coupe obtenue dans un plan
transversal.
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Figure 4.40 Bilan chronologique d'un codage spatial à balayage linéaire de l'espace k en séquence d'écho de spin.
TR
TE Temps mort
180° 180°
90° 90°
Impulsions RF temps
180° 180°
90° 90°
ligne 1
180° ligne 2 180°
90° 90°
ligne 1
espace k n°1 espace k n°1 ligne 2
180°
90° 90°
ligne 1
espace k n°2 espace k n°2 ligne 2
ligne 1
espace k n°3 espace k n°3 ligne 2
1
n° 2
e
k n° 3
ac e
k n° 4 espace k n°4 espace k n°4
p ac
k n°
es p ce k
es a e
p ac
es p
es
TFi
Figure 4.41 Exploitation du temps mort (Tmort = TR-TE) pour réaliser une acquisition multicoupe.
3.7. Comment obtenir plusieurs coupes ? tion, en exploitant le « temps mort » qui existe entre l'écho
Le temps d'acquisition calculé précédemment correspond à (du cycle) et l'impulsion RF du cycle suivant (temps mort =
l'obtention d'une seule coupe. Or, en pratique, une dizaine TR − TE). On profite de ce temps mort pour relancer,
de coupes (au moins) est souhaitable pour étudier convena- autant de fois que possible, et cela de manière décalée,
blement une région anatomique. Si l'on s'en tient à l'explica- l'acquisition d'une nouvelle coupe. Le rapport TR/(TE
tion précédente, il faudrait énormément de temps pour + 10 ms environ) permet d'estimer le nombre de coupes
réaliser un nombre minimal de coupes. Cela ne serait pas accessibles pour une séquence donnée. Cette technique
acceptable en pratique ! est utilisée dès que possible en pratique (figure 4.41).
Une technique dite multicoupes va nous permettre d'ob-
tenir plusieurs coupes, sans prolonger la durée d'acquisi-
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Echo de spin TR
4. De l'écho de spin aux séquences lignes = 256 ; Nex = 2 ; TA = 17 minutes. Il paraît alors néces-
saire de trouver un moyen permettant d'acquérir ces pondé-
actuelles rations T2 et DP avec des durées acceptables, c'est-à-dire
Les temps d'acquisition obtenus avec la séquence classique inférieures à 5 minutes.
d'écho de spin sont en pratique (souvent) trop longs. Pour
élargir les explorations IRM à un maximum de structures Comment gagner du temps en ESR
anatomiques, et pour limiter la durée d'examen pour les
patients, des séquences en général plus rapides ont été déve- Partons d'une séquence d'écho de spin avec un TR de
loppées. Il est difficile de proposer une description précise et 2 000 ms et un TE de 120 ms (pondération T2). L'écho
exhaustive de l'ensemble des séquences IRM disponibles réceptionné remplira une seule ligne du plan de Fourier.
actuellement, nous nous limiterons donc à une description Cette opération devra alors être répétée autant de fois que
simple des séquences les plus courantes. l'image possède de lignes. Lorsqu'on observe ce chrono-
gramme, on remarque qu'il existe des plages temporelles
inexploitées entre l'impulsion RF de 90° et l'écho (à ne pas
4.1. Quelle est la principale limite confondre avec le temps mort de la technique multicoupes).
de la technique d'écho de spin ? Seule l'impulsion RF de 180° vient y prendre place. En
La technique d'écho de spin est la séquence de référence d'autres termes, il existe un espace temporel inexploité et
permettant la compréhension des principes fondamentaux relativement important entre l'impulsion RF de 90° et la lec-
de l'IRM. En revanche, bien qu'elle offre une excellente qua- ture de l'écho (figure 4.42). Pourquoi ne pas utiliser ce vide
lité d'image (contrastes tissulaires purs), elle est de moins en temporel pour y faire naître des échos supplémentaires ?
moins utilisée actuellement. En effet, si l'on entreprend de Pour cela, imaginons qu'après l'impulsion RF de 90° on
calculer les durées d'acquisition nécessaires pour une série applique, à intervalles réguliers, des impulsions RF de 180°.
d'acquisitions, on tombe généralement sur des durées Dans ce cas, il y aura autant d'échos créés que d'impulsions
d'acquisition de 4 à 5 minutes en T1 et de plus de 15 minutes RF de 180° appliquées. Chaque écho sera en mesure de rem-
en DP et en T2. En écho de spin, un examen regroupant deux plir une ligne différente de l'espace k, si on lui associe un
plans d'acquisition pondérée en T1 et en T2 prendrait codage de phase propre. Il devient alors possible de remplir
40 minutes environ, ce qui n'est plus acceptable en pratique plusieurs lignes du plan de Fourier pendant un seul TR, tout
courante. en conservant la possibilité d'y associer une technique mul-
Pour améliorer le confort des patients, on a développé des ticoupes. Cette technique permet alors de diviser le temps
séquences rapides permettant de réduire les durées d'acqui- d'acquisition par un facteur correspondant au nombre de
sition, ouvrant ainsi la porte aux explorations abdominales, lignes remplies par TR on parle alors de « train d'écho » ou de
pédiatriques, cardiaques ainsi qu'aux acquisitions volumiques « facteur turbo » (figure 4.41).
3D (voire 4D).
TA (ESR) = (TR × Nlignes × Nex)/train d'écho
4.2. Séquences d'écho de spin rapide (ESR) Cette séquence rapide, qui permet d'accélérer le remplissage
Pondérer une série d'images en DP ou en T2 en technique du plan de Fourier, est plus connue sous le nom de séquence
d'écho de spin demande des temps d'acquisition souvent d'écho de spin rapide (ESR). On parle de séquences TSE
supérieurs à 15 minutes. Exemple : TR = 2 000 ms ; (turbo spin echo) ou FSE (fast spin echo).
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Nous venons ainsi de comprendre comment réduire de vants iront progressivement, avec des amplitudes de phases
manière considérable le temps d'acquisition nécessaire à l'ob- de plus en plus élevées, remplir la périphérie de l'espace k.
tention d'images pondérées en T2 mais également en DP. Nous savons maintenant comment pondérer en DP et en T2
en ESR.
Pour en savoir plus Il est aussi possible d'utiliser cette technique pour pondérer
Cette séquence a été inventée en 1986 par J. Hennig. Sa mise en en T1. Néanmoins, du fait de l'utilisation d'un TR court
place, très complexe d'un point de vue technologique, et diffi- nécessaire à la pondération, le nombre d'échos exploitables
cile à stabiliser, explique qu'elle a été négligée (à ces débuts) par sera moins important que pour une séquence ESR à TR long.
les principaux constructeurs. Seul Brucker a persévéré dans Les valeurs des trains d'échos utilisés lorsqu'on pondère en
cette voie pour créer les premières séquences ESR stables. T1 sont donc rarement supérieures à 5, tandis que les valeurs
Actuellement, tous les constructeurs proposent cette séquence
des trains d'échos utilisés lorsqu'on emploie un TR long sont
devenue une séquence de référence.
souvent supérieures à 10. Ce type de séquence est connu
sous les acronymes FSE ou TSE.
Comment pondérer en ESR ?
En ESR, le TR permet, de la même manière qu'en ES, de privi- Pour en savoir plus : technique d'ESR à double pondération
légier ou non les informations T1 présentes dans le signal. En (DP et T2)
revanche, qu'en est-il du, ou plutôt des, TE ? Une variante de cette technique permet d'utiliser deux TE
Nous savons que la séquence ESR génère plusieurs échos à effectifs afin d'obtenir deux images différentes : l'une pondé-
rée en DP et l'autre pondérée en T2. Prenons l'exemple d'une
des temps différents. Il y a donc théoriquement autant de TE
séquence ESR composée de dix échos. Dans ce cas, les cinq pre-
que d'échos. Nous savons aussi que les échos les plus miers échos rempliront un plan de Fourier correspondant à une
précoces possèdent peu d'information en contraste T2, tan- pondération en DP, et les cinq échos suivants rempliront un
dis que les échos plus tardifs en sont riches (voir plus haut autre plan de Fourier pondéré en T2. Le train d'échos ne corres-
Bilan des paramétrages en écho de spin). pond alors pas au nombre total d'échos, mais au nombre de
Comment obtenir une image ayant un contraste unique lignes remplies par plan à chaque TR (ici égales à cinq). Les gra-
dients de phase sont alors organisés de manière à placer les
tout en utilisant des échos possédant des informations
bons échos au centre du plan de Fourier de chaque image. Cette
en contraste différentes ? variante est très utilisée en pratique pour les études cérébrales.
Rappelons l'organisation du plan de Fourier : les lignes cen- Il est ainsi possible d'obtenir, en moins de 3 minutes, deux
trales du plan de Fourier sont responsables du contraste de séries composées d'une vingtaine d'images, l'une pondérée en
l'image, tandis que les lignes périphériques sont responsables DP, l'autre pondérée en T2. Le rapport bénéfice/temps est alors
de la résolution spatiale. très intéressant.
En ESR, seuls les échos contenant le contraste souhaité rem-
pliront les lignes centrales de l'espace k. Les autres échos
seront quant à eux exploités pour leurs informations en En pratique, le développement des séquences ESR a quasi-
termes de résolution spatiale et rempliront ainsi la périphé- ment fait disparaître les séquences d'ES classiques en pondé-
rie du plan de Fourier. L'image résultante possède alors le ration en DP et T2. Concernant la pondération T1, seules
contraste transporté par les échos placés au centre du quelques explorations privilégient encore l'utilisation de
plan de Fourier. séquences d'ES : loge hypophysaire en plan coronal, conduit
Pour sélectionner l'emplacement de chaque écho dans l'es- acoustique interne.
pace k, il faudra adapter judicieusement l'amplitude du
gradient de codage de phase associé. De ce fait, les échos 4.3. Séquences d'écho de spin ultra-rapides
choisis pour leur contraste sont codés par des gradients de (notions)
phase de faible amplitude, alors que les échos recrutés pour Les séquences d'écho de spin ultra-rapide (ESUR) se basent
leurs informations spatiales sont associés à des gradients de sur l'architecture de la séquence ESR. L'ESUR consiste à
phase d'amplitude élevée. pousser le remplissage simultané de plusieurs lignes du
En ESR, le TE est associé à l'écho désigné pour remplir le plan de Fourier à l'extrême en cherchant à obtenir une
centre du plan de Fourier : on parle de TE effectif (figure 4.43). image en un seul TR. Par exemple, la création et le recueil
Prenons l'exemple d'une séquence ESR à TR long : de 256 échos par TR permettent de remplir l'intégralité
– pour obtenir une image pondérée en T2, on utilisera un du plan de Fourier (256 × 256) avec une seule impulsion
TE effectif long : de ce fait, les premiers échos rempliront d'excitation de 90°. L'approche multicoupes devient dans
la périphérie de l'espace k, tandis que les échos tardifs rem- ce cas caduc et l'acquisition d'une série d'images se fait
pliront les lignes centrales responsables du contraste de alors coupe après coupe, TR par TR, ce qui augmente la
l'image finale ; résolution temporelle (ce qui peut s'avérer comme un
– au contraire, pour pondérer en DP, il faut travailler avec un atout notamment en IRM fœtale). L'obligation d'utiliser un
TE effectif court : dans ce cas, ce sont les premiers échos, TE long, avec un nombre élevé d'échos tardifs, donne à
soumis à un codage de phase de faible amplitude, qui rem- l'image une pondération T2 à fort contraste liquidien (T2
pliront les lignes centrales du plan de Fourier ; les échos sui- lent des liquides stagnants).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.43 La pondération en ESR (à TR long) dépendra de l'amplitude des gradients de phase associés à chaque écho.
Les échos qui contiennent le contraste souhaité seront placés au centre du plan de Fourier par des gradients de phase de faible amplitude.
Pour aller encore plus vite, une variante de cette technique hyperliquidien. Parmi les explorations T2 de routine réalisées
consiste à ne remplir qu'une moitié du plan du Fourier avec cette séquence, on retrouve principalement : l'IRM des
(+ quelques lignes centrales pour le contraste), l'autre moitié voies biliaires, l'uro-IRM, l'imagerie fœtale (figure 4.44).
étant complétée informatiquement par symétrie axiale L'un des inconvénients de cette séquence réside dans la suc-
(selon l'axe Ky). Les temps d'acquisition sont davantage cession rapide d'impulsions RF de 180°. En effet, ces enchaî-
réduits, ce qui permet de réaliser des acquisitions en apnée nements augmentent la libération de chaleur par effet
(d'une vingtaine de secondes). Ce type de séquence est spin-réseau, ce qui provoque une élévation localisée de tem-
connu sous les acronymes SSFSE (single-shot fast spin echo), pérature corporelle pouvant atteindre potentiellement les
SSTSE (single-shot T2-weighted turbo spin-echo), HASTE limites légales d'absorption spécifique (taux d'absorption
(half-Fourier acquisition single-shot turbo spin-echo). spécifique ou TAS/specific absorption rate ou SAR). Ce phé-
Même si en ESUR, les structures non liquidiennes appa- nomène est d'autant plus marqué si l'on exploite un mode
raissent floues sur l'image finale cette méthode est très utili- d'acquisition 3D (voir plus loin Principe d'une acquisition
sée actuellement pour sa rapidité et pour son contraste volumique) et si l'on travaille sur une imageur de 3 Teslas.
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.44 Images obtenues en séquence ESUR. IRM des voies biliaires (A), IRM fœtale (B).
Echo de spin TR
Echo de gradient
TR
Angle° Angle° Angle° Angle° Angle° Angle° Angle° Angle° Angle° Angle° Angle°
Impulsions
RF
temps
ligne 1 ligne 2 ligne 3 ligne 4 ligne 5 ligne 6 ligne 7 ligne 8 ligne 9 ligne 10 ligne 11
Figure 4.45 Principe de l'écho de gradient : réduction du temps d'acquisition par diminution du TR.
Ainsi, les constructeurs ont développé des séquences ESR et médiocre en termes de résolution spatiale, ce qui rend
ESUR à angles variables permettant de limiter ce phéno- impossible l'étude de structures anatomiques fines ;
mène. Le principe consiste à ne pas réaliser systématique- – diminution du nombre d'excitations : si l'on diminue ce
ment des impulsions de 180° mais à utiliser des angles plus paramètre, l'image résultante risque fortement d'être brui-
faibles, tout un maintenant un rapport S/B suffisant et sans tée et donc inexploitable.
altérer la pondération finale des images. Ce type de séquence Si l'on ne souhaite ni modifier la résolution spatiale, ni chan-
est connu sous les acronymes Space, Cube, Vista. ger le rapport signal sur bruit (Nex), le seul paramètre modi-
fiable reste le TR. Essayons de réduire le TR de manière
4.4. Séquence d'écho de gradient (notions) extrême en supprimant l'impulsion RF de 180° pour gagner
le plus de temps possible (figure 4.45). Deux questions se
Comment aller plus vite qu'en ES ?
posent alors :
En observant la formule qui régit la durée d'une séquence – Comment obtenir un écho symétrique nécessaire au
d'ES, on s'aperçoit que si l'un des trois membres diminue, la remplissage de l'espace k ?
durée de la séquence diminuera. Étudions alors, une par une, – Comment pondérer le signal lorsque le TR est fixé à une
les conséquences faisant suite à la diminution de chaque valeur très faible ?
paramètre :
– diminution du TR : il paraît possible de diminuer de Comment obtenir un écho sans impulsion de rephasage
manière significative le TR, mais (en ES) cela entraîne des de 180° ?
modifications de pondération (et la diminution du Nous savons que, suite à une impulsion RF initiale, le signal
nombre de coupes disponibles) ; FID décroît selon une courbe T2*. Lorsque l'impulsion RF de
– diminution du nombre de lignes : si l'on réduit de manière 180° est absente, il n'est pas possible de retrouver (sous
significative le nombre de lignes, l'image résultante sera forme d'écho) le T2 vrai. C'est en effet l'un des principaux
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
inconvénients de cette technique. Il semble néanmoins envi- pondération reste alors identique en T2*, mais les temps relatifs
sageable de pondérer la séquence en T1, DP ou en T2* en des TE utilisés sont proportionnellement plus courts :
peu de temps ! Mais comment générer un écho sous la – un TE de 30 millisecondes est considéré comme long en
courbe de décroissance T2* ? EG (TE long = 120 ms en ES) ;
Sachant qu'un écho est, par définition, l'enchaînement – un TE de 5 millisecondes est considéré comme court en
d'une période de rephasage et de déphasage, il va falloir pla- EG (TE court = 10 ms en ES).
cer ce cycle (de rephasage/déphasage) sous la courbe T2*. En EG, le TE est le paramètre permettant d'exprimer ou non
Pour réaliser cela, on va générer volontairement un dépha- des contrastes T2*.
sage primaire à l'aide d'un gradient de champ situé sur l'axe En technique d'ES, le TR conditionne le T1. Si l'on souhaite pon-
de lecture. Ce déphasage étant réalisé, il ne reste plus qu'à dérer en T1, on utilise un TR court (et réciproquement). En écho
mettre en place, à la suite de ce premier gradient, un gra- de gradient, il n'est pas possible d'utiliser le TR pour condition-
dient de polarité inverse et de durée double, créant ainsi un ner le T1, car il est fixé à une valeur très faible pour permettre
cycle de rephasage/déphasage, c'est-à-dire un écho. Cette une diminution significative du temps d'acquisition.
succession de polarités est plus connue sous le nom de gra- Comment peut-on alors pondérer la séquence en T1 ?
dient bipolaire. Pour ouvrir la voie, rappelons-nous que pondérer en T1
L'utilisation d'un tel gradient permet ainsi de générer un consiste à visualiser les différences de repousse sur l'axe Mz
écho sous la courbe de décroissance T2* , d'où le nom (= contraste T1). En technique d'ES, après une impulsion RF
d'« écho de gradient » ou EG (figure 4.46). L'alternance du de 90°, les différences de contraste T1 des tissus sont maxi-
gradient bipolaire situé sous l'écho permettra également la males au bout de 500–600 ms (à 1,5 tesla).
lecture du signal. Dans cette situation, les valeurs de TR utilisées en EG (envi-
Le gradient bipolaire utilisé a ainsi un rôle double : ron 200–300 ms) sont trop courtes pour laisser apparaître
– création d'un écho (symétrique) ; une différence significative de contraste T1. Pour obtenir des
– lecture du signal. contrastes suffisants, il faudra conditionner au préalable la
Nous avons maintenant un écho contenu dans un TR court valeur de l'aimantation longitudinale en modifiant la valeur
renfermant potentiellement des informations T1, DP et T2*. de l'angle de bascule.
Mais sachant que le TR reste figé à des valeurs faibles, com- Avec une impulsion RF de 60–80°, il y a, dès l'arrêt de l'onde
ment peut-on pondérer le signal réceptionné ? RF, présence d'un écart de contraste T1. Cette différence de
contraste observée sera maximale au bout de 200–300 ms
Quels sont les paramètres qui permettent de pondérer
(TR). À l'inverse, si l'on applique un angle de bascule, de
une séquence d'écho de gradient ?
l'ordre de 10°, les repousses T1 de chaque tissu, à l'arrêt de
En technique d'écho de spin, le TE conditionne le T2. Si l'on veut l'onde RF, seront déjà proches de leur valeur maximale. Les
pondérer en T2, on choisit un TE long (et réciproquement). Le différences de contraste T1, déjà faibles, ne s'exprimeront
sens de variation du T2 et du T2* étant le même, la logique de pas davantage au bout de 200–300 ms (TR) (figure 4.47).
En technique d'EG, pour un TR fixé, c'est l'angle de bascule
qui va conditionner la présence ou non d'informations de
contraste T1 dans l'écho.
Exemple pour un TR de 250 ms environ :
– un angle de bascule compris entre 60° et 80° permet de
pondérer en T1 ;
– un angle de bascule faible, inférieur à 20°, permet de limi-
ter l'apport en contraste T1.
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Mz Mz Mz
10°
70°
90° 250 500 temps 250 500 temps 250 500 temps
(ms) (ms) (ms)
TR EG TR EG TR EG
TR ES TR ES TR ES
que l'angle de bascule conditionne l'apport de contraste en cela quelle que soit la pondération. L'inconvénient majeur
T1 (pour un TR fixé). La figure 4.47 compare les paramètres de cette technique est lié à la décroissance en T2* du signal
et les images obtenues en ES et en EG pour différentes pon- qui ne permet pas, à l'écho réceptionné, de contenir des
dérations (figure 4.48). La figure 4.49 représente la mise en informations T2 vraies. En outre, la présence d'informations
place d'un chronogramme d'écho de gradient. Ce type de T2* dans l'écho rend cette technique très sensible aux inho-
séquence est connu sous les acronymes GE, GRE, FE. mogénéités extrinsèques. Les artéfacts de susceptibilité
magnétique et métalliques (voir plus loin Artéfacts de sus-
Quels sont les avantages et les inconvénients ceptibilité magnétique) sont majorés en EG. Cependant, cette
d'une séquence en écho de gradient ? sensibilité peut être mise à profit pour détecter les dépôts
Le principal avantage de la séquence d'écho de gradient est d'hémosidérine en T2* que l'on retrouve dans les hématomes
le gain de temps permis par une réduction notable du TR et anciens (voir plus loin figure 4.86). On retiendra que cette
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
technique est très utilisée pour obtenir rapidement des – l'autre qui, au contraire, renforcera l'aimantation transver-
images pondérées en T1 plus rapidement qu'en ES. sale résiduelle afin de faciliter l'apport d'informations T2*.
Il est également possible en écho de gradient de générer en
Séquence d'EGR destructrice de l'aimantation
un seul TR plusieurs échos successifs (N = 5 ou 6) qui iront
résiduelle
remplir la même ligne du plan de Fourier. Cela permet d'ob-
tenir des images avec un bon rapport S/B généralement Le but de cette séquence est d'utiliser le TR le plus court
pondérées en T2* avec une réduction des artéfacts de flux possible et de détruire l'aimantation transversale résiduelle
par moyennage. Ce type de séquence est connu sous les afin de contrôler le contraste disponible dans l'écho du
acronymes de MERGE, mFFE et MEDIC. L'application prin- cycle suivant. Dans ce cas, les échos générés pourront être
cipale est l'étude de la moelle spinale cervicale. pondérés en T1 ou en DP. Pour ce faire, on applique à la fin
de chaque cycle un gradient déphaseur appelé « gradient
4.5. Séquences d'écho de gradient rapide spoiler » qui va déphaser, après la lecture du signal, la tota-
(notions) lité de l'aimantation transversale résiduelle (figure 4.51).
En écho de gradient classique, la diminution du TR est en Une autre solution consiste à utiliser des impulsions RF
réalité limitée. En effet, la valeur du TR ne peut être inférieure dont la direction de phase varie d'un cycle à l'autre, annu-
aux valeurs des T2* des tissus car, si c'est le cas, il persistera, lant ainsi par sommation l'aimantation transversale rési-
lors des impulsions RF suivantes, une composante rési- duelle : on parle alors de « RF spoiling ». Cette dernière
duelle de l'aimantation transversale qui perturbe la com- solution présente l'intérêt de réduire encore davantage les
position du signal. En écho de gradient rapide (EGR), on va valeurs des TR.
réduire volontairement le TR de manière extrême Dans les deux cas, la destruction précoce de l'aimantation
(TR < 50 ms) pour diminuer davantage les temps d'acquisi- transversale nous permettra de pondérer en T1 avec des TR
tion. Il faudra donc tenir compte de cette aimantation trans- allant de 10 à 100 ms. Ces séquences sont très utilisées en
versale résiduelle (figure 4.50). pratique ; elles rendent possible, en une ou quelques apnées,
Deux familles de séquences EGR vont alors se faire l'exploration de l'abdomen en T1 en acquisition 2D ou en 3D
concurrence : (figure 4.52). Ce type de séquence est connu sous les
– l'une qui a pour objectif de détruire l'aimantation trans- acronymes :
versale résiduelle afin de ne pas altérer la pondération en – SPGRE, FFE T1, FE T1, FLASH en 2D ;
T1 du signal ; – LAVA, eTHRIVE, VIBE, QUICK 3D en 3D.
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.50 Présence d'aimantation transversale résiduelle lorsque le TR est inférieur au T2* des tissus.
Figure 4.51 Chronogramme d'une séquence d'EGR avec destruction de l'aimantation transversale (Mxy) résiduelle à l'aide d'un gradient « spoiler ».
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Pour en savoir plus d'écho de gradient ultrarapides (EGUR). Ce type de séquence est
L'une des limites de la séquence EGR avec spoiler réside dans la connu sous les acronymes BRAVO, eTHRIVE, MP-RAGE, FFE 3D.
difficulté d'obtenir un contraste très marqué en T1. En effet, plus
le TR est court, plus il sera difficile de générer un signal suffisam- Séquence d'EGR de renfort d'aimantation résiduelle
ment intense et riche en contrastes T1. À TR court
(TR < 20 ms), le signal sera plus facilement pondéré en DP. Ainsi, il Un autre type de séquence d'écho de gradient rapide per-
va falloir faire précéder les cycles EGR-spoiler par une impulsion met au contraire de renforcer l'aimantation transversale
de 180° dite d'inversion–récupération (IR). Cela permet d'engager résiduelle pour favoriser la composante T2* des échos des
l'enchaînement EGR spoiler à TR courts avec un contraste impor- cycles suivants. Dans ce cas, on utilise un gradient repha-
tant en T1 qui sera maintenu grâce à l'installation d'un état d'équi-
seur (de polarité inverse au gradient de phase) à la fin de
libre. Ces séquences, au regard de leur TR court et leur signal
intense (provoqué par l'IR), peuvent servir à réaliser des acquisi- chaque cycle, afin de compenser strictement les déphasages
tions 3D isotropes (voir plus loin Principe d'une acquisition volu- induits par l'utilisation préalable du gradient de codage de
mique) pondérées en T1 pour l'exploration volumique de la tête phase. Le signal « remonte » ainsi sur la courbe T2*
(figure 4.52B). Ces séquences se classent parmi les séquences (figure 4.53). Cette compensation stricte du gradient de
Figure 4.52 Coupe axiale de l'abdomen pondérée en T1 obtenue en EGR 2D (A). Représentation multiplanaire d'une acquisition volumique réalisée
en EGUR 3D (B).
Figure 4.53 Chronogramme d'une séquence d'EGR avec renfort de l'aimantation transversale (Mxy) résiduelle.
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
phase permet d'obtenir des images où le signal des tissus à séparée (séquence DESS, rare) soit par lecture superposée
T2* longs est renforcé. Dans ce contexte, on peut com- (Fiesta BFFE, TrueFisp). Afin de s'affranchir de certains arté-
prendre que : facts, il est possible de combiner deux acquisitions de lec-
– une composante du signal provient de la bascule de l'ai- ture superposée (Fiesta-C, BTFE, CISS).
mantation longitudinale pondérée en T1 ou DP ; En général, les séquences à lecture superposée (EG + EStim)
– une autre composante provient de l'état d'équilibre de sont riches en signal et sont utilisées en routine :
l'aimantation transversale résiduelle en T2*. – pour « aller vite » = imagerie 2D ultrarapide : ciné-IRM
Le signal réceptionné est intense et contient un contraste cardiaque (figure 4.55A) ;
complexe en T2*/T1(DP). Cette complexité fait que l'ex- – pour générer acquisition 3D haute résolution : imagerie
ploitation directe de cette séquence est en réalité rare. Ce de l'oreille interne (figure 4.55B).
type de séquence est connu sous les acronymes GRASS,
FFE, FISP.
4.7. Quelles sont les différentes possibilités
4.6. Séquences dites « à l'équilibre » exploitant de remplissage du plan de Fourier ? (notions)
des échos stimulés (notions) Quel que soit le type d'écho généré (écho de spin, écho de gra-
Lorsqu'on observe les échos générés en séquence d'EGR uti- dient, écho stimulé), il existe différentes manières de remplir le
lisant un gradient rephaseur (voir ci-dessus Séquence d'EGR plan de Fourier. Nous avons présenté jusqu'ici un remplissage
de renfort d'aimantation résiduelle), on voit apparaître, au linéaire de plan de Fourier mais d'autres modes de remplissage
bout de quelques cycles un état d'équilibre (= steady state), existent avec leurs avantages et inconvénients respectifs.
qui produit des échos supplémentaires assimilables à des
échos de spin : les échos stimulés. Ils proviennent d'une Remplissage linéaire
succession d'impulsions RF transposables à un cycle d'écho C'est le remplissage le plus utilisé actuellement, il consiste à
de spin classique (90–180°), et contiennent potentiellement associer à chaque écho :
des informations en T2 « vrai ». Ces échos stimulés (T2) – un même gradient de lecture (amplitude, direction et
peuvent apparaître conjointement ou de manière décalée durée d'application identiques) ;
(selon les réglages TR, TE, angle) par rapport aux échos de – un gradient de phase différent (autant de phases que de
gradient (T2*/T1) (figure 4.54). Une exploitation seule lignes du plan de Fourier).
de ces échos stimulés (T2) est possible mais assez peu utili- Une programmation spécifique du remplissage linéaire peut
sée en pratique. En revanche, une exploitation des deux être exploitée en imagerie vasculaire. L'objectif étant de
types d'échos – EG(T2*/T1) et EStim(T2) – engendre des faire coïncider l'arrivée du bolus de produit de contraste
images riches en signal à pondération hyperliquidienne. avec les lignes centrales de l'espace k. Ainsi, l'acquisition
L'exploitation de ses deux échos peut soit se faire par lecture débute par le remplissage des lignes périphériques de l'es-
Figure 4.54 Récapitulatif simplifié des principales exploitations d'une séquence d'EGR à l'équilibre.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.55 EGR à l'équilibre à lecture combinée des EG et des EStim. Acquisition ciné-cardiaque de type trueFisp (A), acquisition 3D haute résolu-
tion de l'oreille interne de type Fiesta-C (B).
pace, puis lors de passage du bolus, concentre le signal dans d'atteindre un S/B élevé. Le remplissage linéaire du « bloc »
les lignes centrales avant de retourner à nouveau progressi- exploite un codage par la phase. Un algorithme est capable
vement vers les lignes périphériques restantes. de déceler des déphasages potentiellement liés aux mouve-
Cette méthode peut également être utilisée pour réaliser ments du patient. Dans ce cas, le bloc sera alors soit éliminé,
une acquisition de suivi dynamique de rehaussement de soit corrigé. Ce remplissage à rapport S/B élevé couplé à
produit de contraste. L'acquisition démarre alors par un l'usage d'un algorithme de détection de mouvement est
remplissage linéaire total du plan de Fourier pour la première exploité en pratique dans le cas de patients « agités »
image. Les images suivantes seront obtenues plus rapide- (figure 4.57).
ment en rafraîchissant uniquement les lignes centrales
du plan de Fourier. Ce mode d'acquisition permet alors de Remplissage spiralé
réaliser un suivi temporel de prise de rehaussement vascu- Le remplissage spiralé implique l'oscillation croissante et
laire et tissulaire. simultanée des gradients de codage de phase et de fréquence
Ces deux applications sont connues sous le terme anglais de (décalage de π/2) afin d'échantillonner de manière spiralée l'es-
keyhole imaging. pace k à partir de son centre vers sa périphérie (figure 4.58). Ce
Remplissage radial mode est accessible avec tout type d'échos (ES, EG). Après l'ac-
quisition des signaux, une étape de traitement de l'espace k est
C'est la méthode de remplissage historique des premiers
nécessaire pour passer de coordonnées polaires à des coordon-
imageurs. L'objectif étant de lire chaque écho avec un axe de
nées cartésiennes. Cela permet après transformée de Fourier
codage en fréquence différent pour aller remplir le plan de
inverse de retrouver un domaine image non déformé.
Fourier de manière radiale. Contrairement au remplissage
L'application principale de ce mode concerne l'imagerie vascu-
linéaire, on n'exploite pas de codage par la phase. Le contenu
laire avec injection de gadolinium. Le but étant de faire coïnci-
de chaque écho correspond à une projection différente
der le départ de la séquence (centre de l'espace k) avec le
selon l'axe d'application du gradient de lecture (figure 4.56).
passage du bolus de produit de contraste.
Étant donné le nombre limité de projection, la mise en place
de filtre (de rampe atténuée) sera nécessaire.
Remplissage de type echo-planar
Remplissage radial par blocs La technique d'echo-planar imaging (EPI), est une tech-
C'est l'association d'un remplissage linéaire et d'un remplis- nique de remplissage ancienne qui a été développée en
sage radial. Ce mode consiste à effectuer un remplissage 1977 par Peter Mansfield. Elle reste actuellement la tech-
linéaire partiel (ou EPI) d'un « bloc de lignes » (= blade), pas- nique d'acquisition la plus rapide et trouve sont applica-
sant par le centre du plan de Fourier, et de répéter l'opéra- tion essentiellement en imagerie de diffusion (voir plus
tion à des angulations différentes (figure 4.56). Ce mode est loin IRM de diffusion) ainsi qu'en imagerie fonctionnelle
connu sous le nom de Propeller (periodically rotated over- d'activation cérébrale (voir plus loin IRM fonctionnelle).
lapping parallel lines with enhanced reconstruction). La Ce remplissage est précédé d'un cycle soit d'écho de spin
redondance du remplissage du centre de l'espace k permet (ES-EPI), soit d'écho de gradient (EG-EPI). Le principe de
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
cette méthode consiste à balayer l'ensemble de l'espace k « sauts » (blipped EPI). Il est possible de remplir l'intégralité
linéairement par « aller-retour » à l'aide d'un gradient de des lignes du plan de Fourier soit en un seul TR, soit en
fréquence oscillant créant ainsi plusieurs échos successifs. plusieurs cycles, dans ce cas on parle de remplissage
Le déplacement le long du codage de phase s'effectue par entrelacé (figure 4.59).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.58 Exploitation d'un remplissage spiralé lors d'une ARM des troncs supra-aortiques.
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
4.8. Principe d'une acquisition volumique Exploiter ce mode en écho de spin n'est pas réalisable au
(notions) sens pratique car trop long ! À titre d'exemple, une acquisi-
Nous avons expliqué, jusqu'à présent, comment réaliser des tion (ES) d'un volume de 128 partitions exploitant une
acquisitions en deux dimensions. Cependant il est aussi pos- matrice (2D) de 128 × 128, pour un TR de 500 ms prendrait
sible en IRM de réaliser des acquisitions 3D en ajoutant un 126 minutes
gradient de codage de phase supplémentaire sur l'axe de Ainsi, ce type d'acquisition n'a de sens que si l'on exploite :
sélection de coupe. Le gradient de sélection de coupe ne – des séquences à TR courts (TR < 50 ms), ce qui est le cas
sélectionne plus une « coupe » mais un volume plus large en des séquences d'EGR ;
utilisant un gradient de sélection de tranche de faible ampli- – des séquences ESR à train d'écho élevés (128), ce qui est le
tude éventuellement associé à une impulsion RF à bande cas des séquences d'ESUR.
passante large (impulsion d'allure gaussienne). Le volume Ce mode d'acquisition est très utilisé en angio-IRM et de plus
excité sera échantillonné (ou partitionné), en coupes fines en plus en imagerie morphologique classique (EGR 3D T1,
(ou partitions), à l'aide d'un codage par la phase. On remplit ESUR 3D T2) au niveau cérébral et ostéo-articulaire.
donc un domaine de Fourier volumique. Le calcul du temps 4.9. Nomenclature et acronymes respectifs
d'acquisition doit alors intégrer ce codage de phase des différentes séquences selon les principaux
supplémentaire : constructeurs
Le tableau 4.3 recense et classe les acronymes des séquences
TA (3D) = TR . NEx . Nombre lignes . Nombre de fondamentales proposées par les principaux constructeurs
partitions d'IRM.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Tableau 4.3 Récapitulatif des acronymes des principales familles de séquences disponibles en IRM.
Nom « générique » GE Healthcare Philips Siemens Toshiba
Écho de spin SE SE SE SE
Écho de spin rapide (ESR) FSE FSE TSE FastSE
Écho de spin ultrarapide SSFSE SSFSE HASTE, SSTSE FASE
(ESUR)
ESR et ESUR 3D à angles Cube Vista Space VFA
variables
Écho de gradient GRE FE GRE FE
Écho de gradient MERGE mFFE MEDIC
multi-échos additionnés
pour une même ligne du
plan de Fourier
Écho de gradient rapide SPGR FFE T1 Flash FE T1
(EGR) avec destruction de
l'aimantation Mxy
résiduelle
EGR avec renfort de GRE FFE Fisp FFE
l'aimantation Mxy
résiduelle
EGR 3D rapide avec LAVA eTHRIVE VIBE QUICK 3D
destruction de l'aimanta-
tion Mxy résiduelle
Écho de gradient BRAVO eTHRIVE MPRAGE FFE 3D
ultrarapide 3D avec cycle
d'inversion–récupération
préparatoire
EGR à l'équilibre SSFP FFE T2 Psif FFE
exploitant les échos
stimulés
EGR à l'équilibre DESS
exploitant une lecture
séparée d'EG et d'EStim
EGR à l'équilibre Fiesta BFFE True-Fisp True SSFP
exploitant une lecture (Fiesta-c) (BTFE) (CISS)
combinée d'EG et d'EStim
4.10. Acquisitions quantitatives (magnetic fingerprinting ou MRF) dont les angles de bascule,
et multicontrastes : les séquences de demain ? TR et TE varient de manière contrôlée en cours d'acquisition.
(notions) Les signaux récupérés sont enregistrés puis comparés aux
résultats prévisionnels des équations de Bloch pour diffé-
Des séquences rapides de quantification absolues sont
rents tissus. Il est alors possible d'attribuer au bout d'un cer-
actuellement en cours de développement et de validation.
tain nombre de cycles une valeur de T1 et de T2 à chaque
L'objectif de ces séquences est d'attribuer une valeur abso-
voxel, permettant l'obtention d'images paramétriques (T1 et
lue de T1 et de T2 à chaque voxel. Une fois ces valeurs
T2) et de réaliser a posteriori une synthèse de séries d'images
connues, il est possible d'obtenir par synthèse :
à pondérations différentes (T1w, T2w, DPw, FLAIR, STIR…).
– des cartographies de T1 et de T2 ;
Les applications de ces techniques d'obtention d'images par
– des images pondérées en T1, T2 ou DP ;
synthèse concerneront dans un premier temps les explora-
– des contrastes d'inversion récupération (TIR, FLAIR, STIR).
tions neuroradiologiques ; certains constructeurs entrevoient
Ainsi, il sera possible à partir d'une seule acquisition de
la possibilité de réaliser un examen cérébral complet (T1w,
reconstruire a posteriori les contrastes cités en sus. Pour cela
T2w, DP, FLAIR…) en une seule séquence en 5 minutes envi-
l'opérateur pourra, une fois l'acquisition terminée, régler en
ron. Les autres applications potentielles sont nombreuses
temps réel (de la même manière dont on règle le fenêtrage
(exploration ostéo-articulaire, imagerie de biomarqueurs…)
d'une image numérique) les valeurs de TR, TE et Ti. Cette
mais restent encore en 2016 au stade d'évaluation.
approche se base sur une séquence dite de fingerprinting
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.61 Différents types de recueil du signal en inversion–récupération pour un choix de Ti où deux valeurs d'aimantation tissulaire (MzA et
MzB) sont symétriques par rapport au O.
Les deux tissus présenteront une intensité différente sur l'image finale lors d'un recueil en module + phase (A). Ces mêmes tissus présenteront une intensité
identique sur l'image finale et ne seront donc pas séparables par manque de contraste lors d'un recueil en module (B).
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
signal
graisse
SG
SB
eau
0
temps
FLAIR
eau = 0
TI = 0,69 T1
A B
Figure 4.63 Technique de suppression liquidienne par inversion–récupération (A). Image cérébrale en pondération T2-Flair (B).
signal graisse
SB
SG
0
eau temps
STIR
graisse = 0
TI = 0,69 T1
A B
Figure 4.64 Technique de suppression de graisse par inversion–récupération (A). Image cervico-dorsale en pondération STIR (B).
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.66 Mise en place d'une impulsion de saturation sélective en fin de cycle (n) entraînant la suppression du signal de la graisse dans le signal
du cycle (n+1).
L'augmentation du TR liée à l'impulsion sélective diminue les contrastes SB-SG en technique ES pondérée en T1 (A). La présence de métal ou un position-
nement en bordure de champ peut être à l'origine d'inhomogénéités responsables d'un échec de la technique Fat-Sat (B).
suivant, seuls les protons d'hydrogène de l'eau seront bascu- rêt aux séquences d'EGR à TR court (TR < 100 ms), car cela
lés dans le plan transversal et participeront à la formation de reviendrait au minimum à doubler les temps d'acquisition.
l'image. Cette saturation sélective, plus connue sous le nom Cette technique est donc réservée aux séquences à base
de Fat-Sat est utilisable pour toute séquence et toute pon- d'échos de spin (ES, ESR, ESUR).
dération (figure 4.66A). Néanmoins, elle nécessite un champ
magnétique homogène (non perturbé), ce qui la rend très Pour gagner en précision
sensible, voire inutilisable, en présence d'objets métalliques L'impulsion de saturation sélective Fat-Sat exploite une impul-
(figure 4.66B). De plus, la mise en place d'une impulsion sup- sion à bande passante étroite centrée sur le pic de résonance de
plémentaire rallonge la durée du TR d'une centaine de milli- la graisse. D'un point de vue physique, générer ce type d'impul-
secondes, ce qui réduit les contrastes du parenchyme sion nécessite l'envoie d'une onde RF prolongée (100 ms). En
cérébral et augmente les durées d'acquisition de 100 ms effet, plus on souhaite émettre une onde RF à bande passante
étroite plus la durée de l'impulsion sera longue (figure 4.30).
environ. Ce prolongement du TR fait donc perdre tout inté-
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
5.3. Techniques hybrides de suppression Cette technique a l'avantage de ne pas prendre trop de
de graisse temps, ainsi elle est souvent choisie pour supprimer la
Une technique hybride consiste à exploiter une saturation graisse en technique d'EGR 3D (IRM hépatique, ostéo-
sélective de la graisse dans un schéma d'inversion–récupé- articulaire…). Cette méthode de suppression de graisse
ration (IR). La technique hybride démarre le cycle d'IR par est connue sous les acronymes WE (water excitation),
une impulsion de 180° à bande passante étroite centrée sur
le pic de résonance de la graisse. Cela revient donc à exploi-
ter une méthode STIR exclusivement sur la graisse. Une
séquence d'écho classique de spin démarre donc au moment
où la repousse longitudinale de la graisse passe par le zéro (Ti
graisse). Cette méthode est surtout efficace en ESR-T2, et est
connue sous les acronymes SPIR (spectral presaturation
inversion recovery) et SPAIR (spectral attenuated inversion
recovery) (figure 4.67).
Figure 4.68 Principe de la méthode d'excitation sélective de l'eau (A). Application en EGR-T1 au niveau abdominal (B).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
ProSET (principle os selective excitation technique) et WET Ensuite, on combine ces deux séries :
(water excitation technique). – une soustraction – S3 = (S1 − S2)/2 – génère une image de
la graisse ;
5.5. Suppression de graisse par soustractions – une addition – S4 = (S1 + S2)/2 – génère une image de
vectorielles (Dixon) l'eau.
Comme nous venons de le voir, l'eau et la graisse sont pério- La série S4 est ainsi très utilisée et reconnue comme une
diquement déphasées toutes les 2,4 ms à 1,5 T. On peut technique d'imagerie de suppression de la graisse
mettre à profit ce déphasage en faisant en sorte de générer (figure 4.69). Cette technique nommée Dixon (1984) est ini-
deux échos de spin de manière à ce que les vecteurs d'ai- tialement très sensible aux inhomogénéités de champ B0
mantation (Mxy) de l'eau et de la graisse se trouvent : générant des erreurs de déphasage. La séquence d'origine a
– en phase lors de la lecture du sommet de l'écho 1 ; depuis été améliorée permettant d'exploiter cette méthode
– en opposition de phase lors de la lecture du sommet de avec d'autres séquences (ESR, EGR, EGR à l'équilibre). Pour
l'écho 2. cela, une ou plusieurs acquisitions complémentaires de
Pour cela, il suffit de décaler l'impulsion de 180° entre les correction de phase sont rajoutées (Dixon 3 points : 0, π, − π
deux acquisitions afin de décaler les deux échos de 2,4 ms. ou Dixon 4 points : 0, π, 2π, 3π) et des algorithmes spéci-
On obtient donc dans un premier temps, deux séries fiques permettant d'une part d'optimiser la valeur des TE à
d'images : l'acquisition et d'autre part d'améliorer l'efficacité de la
– une série (S1) où la graisse et l'eau sont en phase ; séparation tissulaire lors de la phase de reconstruction
– une série (S2) où la graisse et l'eau sont en opposition de (IDEAL, mDIXON). Actuellement, cette technique est moins
phase.
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
sensible aux inhomogénéités de champ B0 que la méthode La prédominance de l'un ou l'autre effet dépend du type de
de saturation sélective (Fat-Sat). molécule utilisée et de la concentration du produit.
5.6. Bilan des méthodes de suppression 6.2. Produits de contraste paramagnétiques non
de graisse spécifiques
La figure 4.70 classe et synthétise les différentes méthodes de Les produits de contraste non spécifiques sont utilisés dans
suppression de graisse décrites en sus. la majorité des injections réalisées en IRM. Ils sont adminis-
trés par voie veineuse et possèdent une pharmacocinétique
6. Produits de contrastes utilisés semblable à celle des PCI. On utilise des ions de gadolinium
qui possèdent sept électrons célibataires capables de per-
en IRM (notions) turber de manière significative le champ magnétique local.
Seule l'action physique des produits de contraste est évo- Néanmoins, ces ions étant très toxiques pour l'organisme, ils
quée dans ce paragraphe. Tous les éléments concernant leur sont associés à des molécules complexes (chélates) assurant
tolérance sont développés dans le chapitre 6. leur tolérance : on parle alors de « chélates de gadolinium »
ou plus généralement de « produits paramagnétiques ».
6.1. Principe de base La posologie standard par voie intraveineuse est de 0,2 mL/kg.
Contrairement aux produits de contraste iodés (PCI) utilisés Il est possible de doubler cette dose pour certaines patho
en TDM, l'action des produits de contraste (PC) utilisés en logies, mais la quantité de produit injecté reste environ cinq
IRM est indirecte. Ce n'est pas la molécule de PC qu'on fois moindre qu'en TDM. Une prise de contraste s'observe
cherche à visualiser, mais son action sur les protons environ- par une augmentation de signal en pondération T1
nants. Pour ce faire, on utilise des atomes possédant un (figure 4.63). Ces produits sont utilisés en pathologie tumo-
moment magnétique capable de perturber l'aimantation rale, vasculaire… Des agents à double relaxivité sont propo-
des protons d'hydrogène environnants, ce qui provoque sés. Ils permettent, à posologie identique, un rehaussement
une accélération des relaxations T1 et T2 (figure 4.62). Par plus important des tissus et des vaisseaux.
conséquent (figure 4.71) : Il existe également un produit de contraste à rémanence
– en pondération T1, on observe une augmentation de vasculaire qui est constitué de molécules qui stagnent dans
signal des tissus concernés ; le secteur vasculaire avant de diffuser vers l'espace intersti-
– en pondération T2, on observe une diminution du signal tiel. Cela offre une marge de manœuvre plus importante
des tissus concernés. dans la programmation des séquences vasculaires, et amé-
Signal Signal
A
A
B
B
A
A
Temps Temps
TR TE
Figure 4.71 Raccourcissement des temps de relaxation T1 et T2 (tissu A) faisant suite à une injection de produit de contraste.
Source : schéma D. Vetter.
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
liore donc l'exploration des vaisseaux. Ce produit n'est plus Parmi les agents spécifiques, on distingue :
autorisé en France. – les agents de contraste hépatiques qui se fixent sur le
L'effet du gadolinium sur la relaxation T2 est négligeable foie sain (cellules de Küpfer) en diminuant ainsi son signal
par rapport aux effets observés en T1. En effet, la dimi- en pondération T2 ; d'autres agents hépatiques permettent
nution du signal par « effet T2 » (ou T2*) ne s'observe un rehaussement en T1 du foie sain tout en possédant une
qu'à forte concentration, par exemple lors de la stagna- élimination biliaire utile pour l'étude des canaux et des
tion de produit de contraste dans la vessie après sécré- voies biliaires (en T1) ;
tion rénale. – les agents de contraste ganglionnaires : ils sont compo-
L'IRM de perfusion est la seule technique qui utilise l'effet T2 sés de particules superparamagnétiques de petite taille
et T2* produit par ces substances paramagnétiques. Cela pouvant être captées par les ganglions lymphatiques ; ces
nécessite cependant un bolus de gadolinium concentré produits, utiles en cancérologie, sont encore peu utilisés
(débit > 6 mL/sec). actuellement ;
Ces produits non spécifiques sont aussi utilisés à faible – les produits de contraste digestifs : ils se composent soit de
concentration (2 mmol/L) pour rehausser des articulations : substances paramagnétiques permettant un rehaussement
on parle d'arthro-IRM (figure 4.72). T1 (contraste positif), soit de substances superparamagné-
Le tableau 4.4 liste les principaux chélates de gadolinium. tiques favorisant l'effet T2 (contraste négatif) ; cependant
d'autres produits permettent aussi des opacifications néga-
tives ou positives du tube digestif en T2, et cela à moindre
6.3. Produits de contraste spécifiques coût : une opacification négative de l'intestin grêle est pos-
Les produits de contraste spécifiques sont caractérisés par sible par une simple ingestion de jus d'ananas ou de myrtille.
leur pharmacocinétique. Ils sont dédiés à l'exploration de
certains organes et utilisent des molécules complexes Note
(oxydes de fer associés à du polysaccharide) visant à obtenir Une opacification positive des anses grêles est aussi possible
pour la plupart d'entre eux un effet T2 (ou T2*). On parle avec l'ingestion d'eau, tout comme celle du rectum par admi-
nistration intrarectale de gel échographique.
alors de substances superparamagnétiques.
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
A B
Signal A B
Acquisition au Acquisition au
temps artériel temps veineux
Veine
Artère
Temps
Début de l'injection
Figure 4.73 Distinction temporelle et visuelle entre une acquisition ARM-Gado en phase artérielle et une acquisition en phase veineuse.
Source : schéma P. Anstett.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.74 Reconstructions MIP d'une angio-IRM par temps de vol (TOF) du cercle artériel cérébral (polygone de Willis).
s'intéressant davantage à ces rehaussements spontanés, ils ont TR pour rehausser convenablement les vaisseaux. Ce temps
conclu que ce phénomène était lié à trois paramètres : de vol est directement lié à la vitesse de flux du vaisseau
– la vitesse du flux sanguin ; étudié et à l'épaisseur de coupe utilisée. La valeur de TR
– l'épaisseur de la tranche excitée ; optimale peut être approchée par la relation (simplifiée)
– la valeur du TR. suivante :
Observons ce qui se passe au niveau de la repousse en T1 TR = « temps de vol » = épaisseur de coupe/vitesse du flux
d'un vaisseau d'un flux (V) donné et traversant une coupe Application numérique : en prenant une valeur de TR d'EGR
d'épaisseur (E). Suite à une impulsion RF ayant saturé les (TR = 40 ms) et une valeur de flux artériel cérébral
protons de la coupe, l'aimantation des tissus stationnaires (V = 100 cm/sec) on constate que l'épaisseur de coupe est
et mobiles repousse progressivement en T1. Cependant, les particulièrement épaisse (E = 4 cm) ! Ce qui se pose a priori
protons mobiles, basculés par l'onde RF, quittent progressi- comme un inconvénient présente en réalité deux
vement la coupe pour laisser place à des protons « non satu- avantages :
rés » possédant une aimantation longitudinale maximale. – une épaisseur importante implique un S/B élevé ;
De ce fait, on observe, au sein de la coupe, que la repousse – une épaisseur importante permet la mise en place d'une
T1 du sang circulant paraît accélérée par rapport aux tissus acquisition 3D (voir plus haut Principe d'une acquisition
stationnaires (figure 4.75). On parle alors de « rehausse- volumique). En effet, le volume excité pourra être échantil-
ment paradoxal » ou de « phénomène d'entrée de lonné par la phase et ainsi permettre la reconstruction de
coupe » qui se traduit par un hypersignal des vaisseaux voxels isotropes.
(flux circulants). Ainsi, cette technique est particulièrement bien adaptée
La valeur du TR permet de mettre en évidence (ou non) ce aux flux artériels cérébraux. Pour favoriser le phénomène
phénomène : d'entrée de coupe, il est important d'orienter les coupes
– si le TR est inférieur au temps de transit (ou temps de vol) du volume perpendiculairement à l'axe des vaisseaux
du sang dans la coupe, le phénomène d'entrée de coupe étudiés.
ne sera pas perceptible ; en effet, le nombre de protons Les flux des artères et des veines circulent souvent dans la
non saturés arrivant dans la coupe est trop faible pour même direction mais dans des sens opposés et donnent
créer un rehaussement paradoxal ; simultanément naissance à un rehaussement paradoxal.
– si le TR est largement supérieur au temps de transit, le Or, il est utile, en pratique, de n'étudier qu'une seule circu-
rehaussement paradoxal sera maximal mais rattrapé par le lation à la fois. Le sens de circulation opposé des artères et
rehaussement (T1) naturel des tissus stationnaires ; de ce des veines permettra de sélectionner le flux à effacer.
fait, la différence de contraste T1 entre les spins mobiles et Pour cela, il suffit d'appliquer une bande de présatura-
fixes ne sera pas suffisante ; tion en amont du volume à explorer afin de saturer préa-
– si la valeur du TR est égale au temps de transit des spins lablement le flux gênant. Une fois saturés, les spins entrant
circulants dans la coupe, le phénomène d'entrée de coupe dans la coupe n'occasionnent pas de rehaussement para-
est maximal. Le signal du vaisseau sera élevé, tandis que doxal et le vaisseau n'apparaîtra plus sur l'image
celui des tissus stationnaires sera faible. (figure 4.76). La présaturation systématique du sinus lon-
C'est donc le « temps de passage » des éléments figurés du gitudinal supérieur lorsqu'on étudie le polygone de Willis
sang dans la coupe qui nous permet d'optimiser la valeur de illustre bien cette méthode.
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Les séquences d'angiographie par temps de vol exploitent en 7.4. Angiographie par contraste de phase
général des séquences en écho de gradient rapide à TR et (notions)
TE court et à faible angle de bascule (15 < TR < 40 ms ; 2 L'angiographie par contraste de phase (ARM-CP) permet
< TE < 6 ms, 10 < α < 30°) qui permettent des acquisitions en également de visualiser les vaisseaux sans injecter de gadoli-
mode 2D et 3D. De manière conventionnelle : nium. Cette technique particulièrement adaptée à l'étude
– le mode 2D (coupes de 2 mm) permettant l'étude des flux des sinus cérébraux est complémentaire à l'ARM-TOF.
lents unidirectionnels (sinus veineux cérébraux) est peu L'ARM-CP cherche à mettre en évidence les déphasages des
utilisé en pratique ; spins inhérents aux phénomènes circulatoires. Pour mieux
– le mode 3D permettant une étude précise de la vascula- comprendre cela, observons le comportement des phases
risation artérielle cérébrale est très utilisé en pratique. des spins stationnaires et mobiles lorsqu'ils sont soumis à un
En mode 3D, l'acquisition en une impulsion d'une tranche gradient de champ bipolaire (deux lobes de même surface,
épaisse (ex. 6 cm) ne génère par un rehaussement paradoxal mais de polarité opposée).
équivalent sur tout le volume, le signal vasculaire n'est donc Dans le cas des spins stationnaires, le premier lobe du gra-
pas homogène ! Une solution (figure 4.77) consiste à : dient va provoquer un déphasage linéaire des spins qui sera
– d'une part, subdiviser le volume en sous-volumes = slabs immédiatement compensé par l'application du deuxième
moins épais (ex. : 3 × 2 cm). On parle alors de méthode lobe de polarité inverse. Aucun déphasage ne sera percep-
MOTSA (multiple overlapping thin slab acquisition) ; tible à la fin du cycle, le signal caractéristique des spins sta-
– d'autre part, augmenter progressivement les angles de tionnaires ne sera pas altéré.
bascule (ex. : de 10 à 30°) pour compenser la baisse pro- Dans le cas des spins mobiles, les déphasages provoqués par
gressive d'intensité. C'est la méthode TONE (tilted opti- le premier lobe ne seront pas linéaires du fait de leur dépla-
mized nonsaturating excitation).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Gradient
Bipolaire
Phases
Déphasage
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Spins stationnaires
Signal 1
Gradient 1
Gradient
Bipolaire
Signal 1- Signal 2
Phases
Gradient
Bipolaire
Phases
Spins mobiles
Gradient 1
Signal 1- Signal 2
Déphasage
Signal disponible
Gradient 2
Déphasage
Figure 4.79 Soustraction des signaux (des spins stationnaires et mobiles) issus de l'application de deux gradients bipolaires opposés.
Signal artériel
Artère
Gradient Bipolaire
Veine Signal veineux
50°
20 cm/s
Signal artériel
Artère
80 cm/s
Gradient Bipolaire
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
La visualisation des vaisseaux par contraste de phase est très méthodes au niveau de l'abdomen du fait, par exemple, de
utilisée pour l'étude des sinus veineux (figure 4.81). leurs durées d'acquisition trop longues. Réaliser ces
Une variante de cette technique permet également d'esti- séquences en apnée n'est pas possible et la mise en place
mer la vitesse des flux des vaisseaux étudiés. Grâce à un d'une synchronisation respiratoire générerait des durées peu
encodage des phases du signal réceptionné, on obtient une raisonnables (> 10 minutes). Récemment, des méthodes
cartographie en temps réel de la vitesse des flux. Ces d'angiographie basées sur des séquences à l'équilibre de type
images, proches de celles obtenues en échographie Doppler, TrueFisp, Fiesta, BFFE ont été développées. Ces techniques
sont utilisées en IRM cardiaque (figure 4.82). Elles per- exploitent le principe d'entrée de coupe d'une séquence TOF
mettent, par exemple, de mettre en évidence des communi- précédée d'une inversion–récupération (IR) dont le temps
cations interauriculaires ou interventriculaires non d'inversion Ti sera choisi de manière à annuler à la fois le
visualisées sur les images morphologiques. signal des tissus stationnaires et le signal des flux veineux. Le
phénomène de temps de vol ne sera donc exploité que pour
7.5. Méthode d'ARM hybride IR-TOF (notions) les flux artériels (note : il est aussi possible de faire l'inverse à
L'exploitation des méthodes de temps de vol (TOF) et de savoir annuler le sang artériel et privilégié le flux veineux)
contraste de phase (CP) se limite essentiellement à l'étude (figure 4.83). Cette méthode a comme avantages de pouvoir
des vaisseaux cérébraux. En effet, il est difficile d'exploiter ces être associée à une synchronisation respiratoire et à des
acquisitions parallèles permettant donc leur exploitation au
niveau abdominal voire même des membres inférieurs. Ces
séquences sont connues sous les acronymes de : Native True-
fisp (Siemens), Inhance InflowIR (GE), Transe (Philips), FBI
(Toshiba).
Figure 4.82 Imagerie anatomique des vaisseaux cardiaques (A), cartographie de la vitesse des flux (B).
Source : images P. Germain.
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signal ; le codage réalisé par le gradient de phase est alors 8.2. Artéfacts de susceptibilité magnétique
faussé (figure 4.84). Ainsi, plus le TE est long, plus le risque Lorsqu'on positionne dans une IRM un objet qui présente
d'apparition d'images fantômes augmente. Ces artéfacts sont des propriétés dia- ou paramagnétiques celui-ci acquiert une
d'autant plus marqués si la structure en mouvement présente aimantation (= susceptibilité magnétique) qui se superpose
un signal intense. Ainsi, la graisse sous-cutanée et les vaisseaux à celle du champ magnétique principal B0 venant ainsi per-
subissant un phénomène d'entrée de coupe représentent des turber l'homogénéité initiale. Des gradients de champ
topographies privilégiées. De manière générale, l'usage de tech- magnétique sont alors présents aux abords de l'objet.
niques de suppression de graisse (Fat-Sat, STIR…), l'utilisation Lorsque deux tissus de susceptibilité magnétique suffisam-
de TE courts et la mise en place de bandes de présaturation ment différente sont situés côte à côte, le gradient local de
vasculaire permettent de limiter ces artéfacts. Le tableau 4.5 champ magnétique provoque une accélération des dépha-
liste les origines de ces artéfacts (figure 4.85) et propose des sages des spins qui se traduit alors sur l'image par une perte
solutions de base pour les limiter en pratique. locale de signal d'autant plus marquée à TE long. Les
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Figure 4.84 Les mouvements de structures hypersignales entre l'application du codage de phase et la lecture du signal génèrent des erreurs
de codage de phase qui se manifesteront par des images fantômes se déployant le long de l'axe de codage de phase.
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séquences d'écho de gradient, sensibles aux inhomogénéi- weighted imaging ou SWI), ce qui favorise encore davantage
tés externes, majorent cet artéfact. Celui-ci, gênant au niveau la détection de séquelles hémorragiques de petite taille.
des interfaces os/tissu ou air/tissu (figure 4.86A), peut être
utilisé à des fins diagnostiques pour mettre en évidence, par
exemple, des séquelles hémorragiques (interface hémoglo- 8.3. Artéfacts liés à la présence de métal
bine/tissu). Ainsi, la mise en évidence de saignements anciens Les éléments métalliques acquièrent une susceptibilité
est facilitée en pondération T2* (figure 4.86B). Des séquences magnétique très élevée par rapport aux tissus du corps
spécifiques permettent actuellement de réaliser une image- humain. Ces variations importantes de champ auront pour
rie « pondérée » en susceptibilité magnétique (susceptibility conséquences de générer lors de la lecture du signal des
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Figure 4.87 Exemples d'artéfacts métalliques (flèches) liés à la présence d'une valve de dérivation (A), d'implants dentaires (B).
Source : images P.-E. Zorn.
erreurs de localisation spatiale qui se manifesteront sur Plus récemment, les constructeurs ont développé des
l'image par une déformation des contours de l'objet asso- options et séquences de réduction des artéfacts
ciée à des accumulations et des pertes de signal. Ainsi les métalliques :
artéfacts liés à la présence de métal sont facilement recon- – technique VAT (view angle tilting) : mise en place d'un gra-
naissables sur les images produites (figure 4.87). Tous ces dient complémentaire lors de la lecture du signal qui vise à
artéfacts (déformation, hypersignaux et pertes de signal) « contrebalancer » des erreurs de localisation spatiale dans
suivent l'orientation du gradient de lecture (figure 4.88). Les le plan de coupe ;
inhomogénéités de champ liées à la présence de métal – technique SEMAC (slice encoding for metal artifact correc-
impactent négativement l'efficacité des méthodes de sup- tion) : encodage par la phase des déformations des profils
pression de graisse basées sur le phénomène de déplacement de coupe permettant la reconstruction de coupes compo-
chimique (Fat-Sat, water excitation, Dixon). sites dont les profils ne seront pas déformés ;
Les solutions permettant de limiter les impacts liés à la pré- – MAVRIC (multiacquisition variable-resonance image combi-
sence de métal consistent à : nation) : acquisition d'images à bande passante RF étroite
– demander au patient de retirer tous les objets métal- permettant de s'affranchir d'erreurs de codage spatial. Un
liques (bijoux, ceintures, appareils dentaires…) ; plan de coupe résulte alors de la combinaison de plusieurs
– privilégier les séquences à base d'échos de spin. En effet, acquisitions réalisées à des fréquences d'émission différentes.
les séquences en EG sont davantage sensibles aux inhomo- Ces techniques peuvent être combinées pour gagner en effi-
généités de champs ; cacité. Cependant elles nécessitent des temps d'acquisition
– augmenter la bande passante de lecture. Plus la bande plus longs que des séquences standard pour des résolutions
passante est élevée, plus les déformations intracoupes spatiales plus faibles. Aussi, ces séquences ne sont pas dispo-
diminueront ; nibles nativement sur tous les modèles d'appareils. Les résul-
– exploiter des coupes fines permet de limiter les déforma- tats obtenus varient fortement d'une situation à l'autre ; au
tions du profil de coupes ; niveau des prothèses médico-chirurgicales, ces stratégies de
– privilégier des champs à 1,5 T à ceux à 3 T. En effet, plus le réduction d'artéfacts métalliques sont plus efficaces sur les
champ B0 est élevé, plus les artéfacts métalliques seront prothèses en titane que sur celles à base de chrome-cobalt
majorés ; du fait de leur susceptibilité magnétique plus élevée. L'un
– travailler en STIR, si une technique de suppression de des objectifs de ces nouvelles séquences est d'être capable
graisse est souhaitée en T2. d'étudier les infections sur prothèses en IRM.
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Figure 4.89 L'image repliée (A) est corrigée par une augmentation de la taille du champ de vue (B).
Source : images P.-E. Zorn.
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Figure 4.91 Annulation de l'artéfact de repliement (A) par l'augmentation de la couverture du champ de vue suite à l'augmentation du nombre
de pas de phases (B).
Cette opération permet d'attribuer à chaque rangée de spins une phase spécifique, ce qui augmente l'échantillonnage en phase de l'espace de Fourier.
taille des pixels venant ainsi réduire la résolution spatiale ASSET, SPEEDER…) utilisent volontairement des images
(figure 4.92B), « repliées » (diminution du nombre de pas de phase = gain de
– suréchantillonner dans le sens du gradient de phase. temps) et parviennent, à l'aide d'algorithmes à « déplier » ces
Cela revient à générer des « lignes » complémentaires en artéfacts pour retrouver une image finale sans artéfact.
dehors du champ de vue. Dans ce cas, les dimensions Cette méthode nécessite l'utilisation d'antennes récep-
des pixels restent inchangées, mais le temps d'acquisi- trices à plusieurs canaux de réception de sensibilité
différente.
tion est augmenté en fonction de l'étendue du suré- Pour expliquer simplement la nécessité de réceptionner le
chantillonnage (figure 4.92C). signal avec des sensibilités différentes, on peut considérer le
L'artéfact de repliement existe également sur l'axe de lecture. problème de repliement de la manière suivante : en cas de
Pour éviter le repliement sur l'axe de lecture, on utilise des repliement, un pixel contient l'information de deux coordon-
solutions simples et n'impactant pas le temps d'acquisition. nées spatiales différentes (l'une dans le FOV et l'autre en
Il suffit soit d'augmenter la fréquence d'échantillonnage, soit dehors), nous sommes ainsi en regard de deux inconnues.
Mathématiquement, il est impossible de résoudre un système à
de mettre en place des filtres qui suppriment les fréquences deux inconnues avec une seule équation. Pour résoudre le pro-
situées hors du FOV. En pratique, ces corrections sont réali- blème, c'est-à-dire pour connaître l'origine spatiale et l'inten-
sées de manière transparente et automatique par l'appareil, sité propre à ces deux inconnues, il suffit d'observer ce
ainsi la présence de repliement le long de l'axe de lecture est phénomène de repliement avec deux « points de vue diffé-
rarement rencontrée en routine clinique. rents ». Ainsi on observera ce repliement (= deux inconnues)
avec deux éléments d'antennes à sensibilité différente, nous
serons alors en regard d'un système à deux inconnues à deux
Pour aller plus loin : les techniques d'acquisition parallèles équations, ce qui peut être mathématiquement résolu, l'image
Actuellement, il est possible d'utiliser cet artéfact de replie- reconstruite sera alors « dépliée ».
ment pour réduire les temps d'acquisition. En effet, des Cette solution mathématique peut être appliquée dans le
techniques dites d'acquisitions parallèles (GRAPPA, SENSE domaine spatial, ou fréquentiel.
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.92 Principales solutions permettant de limiter l'artéfact de repliement dans le cas d'un FOV carré (A).
L'augmentation du FOV au-delà des limites du volume à explorer entraîne une perte de résolution spatiale (B). Suréchantillonner en phase au-delà des
limites du FOV permet de préserver la résolution spatiale initiale au prix d'un allongement du temps d'acquisition (C).
8.5. Artéfacts de déplacement chimique de type 1 Par rapport à la graisse, les signaux des protons de l'eau se
Cet artéfact se manifeste dans le sens du codage de fré- décalent dans le sens de la pente du gradient de lecture : on
quence par l'apparition de bandes en hyper- et en hyposi- parle de déplacement chimique (figure 4.93).
gnal au niveau d'une interface graisse–eau. Ce décalage des signaux de l'eau et de la graisse se manifeste
Ces artéfacts résultent d'une erreur de localisation des sur l'image par :
protons de l'eau et de la graisse qui apparaissent décalés sur – une ligne en hypersignal à l'endroit où les signaux de l'eau
l'image le long de l'axe du codage de fréquence. Cette erreur et de la graisse se superposent ;
de localisation s'explique par la différence naturelle de pré- – une ligne en hyposignal à l'endroit où les signaux de l'eau
cession (208 Hz à 1,5 T) qui existe entre les protons d'hydro- et de la graisse se séparent.
gène de l'eau et de la graisse (figure 4.64). Pour réduire cet artéfact, différentes solutions existent :
Lors du codage en fréquence, l'effet du gradient de lecture ne – augmenter la pente du gradient de lecture, en augmen-
sera pas linéaire au niveau d'une interface graisse–eau : la tant la largeur de la bande passante ; cette opération
distribution fréquentielle des protons de l'eau et de la graisse réduit l'écart de distribution fréquentielle entre l'eau et la
ne sera pas fidèle à leur distribution spatiale d'origine. graisse ;
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.94 Impact du déplacement chimique (de type 2) sur la phase des spins.
À 1,5 T une opposition de phase est marquée au bout de 2,4 ms. Ce phénomène se répétera toutes les 4,8 ms (A). Coupes coronales passant par les reins
acquises en écho de gradient aux temps TE d'opposition de phase (2,4 ms en théorie) et de phase (4,8 ms en théorie). La perte de signal liée à l'artéfact de
déplacement chimique de type 2 est bien visible à la frontière des organes sur l'image « out-phase » (B).
Source : images D. Vetter.
– supprimer la présence du signal de la graisse en utilisant les noir, ce qui explique l'expression anglaise de black line arté-
techniques de saturation sélective (Fat-Sat) ou d'inver- fact. Cette ligne noire ne correspond pas à une véritable
sion–récupération (STIR). structure anatomique, mais résulte d'une opposition de
phase entre les protons d'hydrogène de l'eau et de la graisse
8.6. Artéfact de déplacement chimique situés à l'intérieur de pixels formant la frontière entre une
de type 2 = artéfacts d'opposition de phase structure graisseuse et un organe plein (figure 4.94). Les
Cet artéfact se présente sous forme d'une ligne noire qui cycles de déphasage–rephasage entre l'eau et la graisse se
borde les organes comme si on les avait contourés au stylo produit toutes les 4,8 ms à 1,5 T. Ainsi, l'opposition de phase,
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
donc l'artéfact, apparaîtra pour des TE de 2,4 ms, 7,2 ms, Or le nombre d'harmoniques utilisé est en réalité fini et indirec-
12 ms… Cet artéfact est visible exclusivement en écho de tement limité par les dimensions des pixels (échantillonnage).
gradient. En effet, l'impulsion de 180° en écho de spin fait Une matrice faible ne « récupérera » pas d'harmoniques suf-
que les spins de l'eau et de la graisse ne sont pas en opposi- fisamment fréquentes pour reconstruire parfaitement une
tion de phase lors de la réception du signal. zone abrupte de signal.
Cet artéfact peut également être exploité pour le diagnostic Cependant, cet artéfact est désormais rarement gênant sur
de stéatose hépatique. En effet, la proportion de graisse dans l'image au regard des matrices utilisées actuellement qui
le foie est dans ce cas plus élevée ce qui génère une baisse de sont suffisamment élevées (pixel de petite dimension).
signal significative par rapport à la normale sur les images en
opposition de phase (out-phase). 8.8. Phénomène d'angle magique
Lorsqu'une structure anatomique constituée de fibres paral-
lèles (tendons, ligaments) décrit un angle de 55° par rap-
8.7. Artéfacts de troncature port à l'axe du champ B0, cette structure voit son signal
L'artéfact de troncature se manifeste sous forme d'oscilla- devenir plus intense. Ce rehaussement intervient plus fré-
tions de signal de part et d'autre d'une zone de transition quemment avec des séquences utilisant des TE courts, et ne
abrupte du signal. doit pas être confondu avec un processus pathologique
Ces oscillations apparaissent le long des deux axes de (lésion tendineuse ou ligamentaire).
codage et sont dues à des lacunes d'informations spatiales.
En effet, les propriétés mathématiques de la transformée 8.9. Phénomène d'excitation croisée
de Fourier stipulent qu'il est possible de reproduire une Ces artéfacts se manifestent par une diminution ou une
transition abrupte de signal en disposant d'un nombre absence de signal sur l'image. Ils apparaissent lorsque deux
infini d'harmoniques (fréquences élevées) (figure 4.95). images d'une même acquisition (technique multicoupes) se
croisent ou sont situées trop près l'une de l'autre.
Chacune des coupes est alors perçue comme une bande de
présaturation par sa « voisine ». Cet artéfact est d'autant plus
marqué que la séquence choisie utilise des impulsions RF
énergétiques (RF180°) et proches.
Pour diminuer cet artéfact, on peut :
– augmenter l'espace intercoupe ;
– adapter la mise en place de la technique multicoupes en
entrelaçant l'acquisition (ex. : coupes paires et impaires) ;
– utiliser des impulsions à bande passante étroite (para-
mètre peu accessible sur les consoles d'acquisition).
Figure 4.96 Acquisition cérébrale réalisée avec une antenne multi-éléments à huit canaux.
Image reconstruite sans (A) et avec (B) filtre de normalisation.
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
résultante n'est pas réparti de manière homogène. Cela 9. IRM de diffusion, de perfusion,
peut être gênant dans la mesure où le signal d'une lésion
située près de l'antenne risque d'être noyé dans un hypersi- IRM fonctionnelle et spectro-IRM
gnal, tandis qu'une lésion éloignée peut être difficile à distin- (approche de base)
guer par manque de signal (figure 4.96). Cet artéfact est
favorisé chez les antennes multi-éléments (voir plus loin Les possibilités de l'imagerie de diffusion, de la spectro-IRM
Types d'antennes) à plusieurs canaux de réception. Ces hété- et de l'IRM fonctionnelle (IRMf) sont vastes et en plein
rogénéités sont corrigées informatiquement par des filtres essor. Aujourd'hui, les séquences de diffusions sont exploi-
de « normalisation ». tées au quotidien et sont devenues incontournables. L'IRMf
et la spectro-IRM s'installent progressivement en routine
8.11. Artéfacts technologiques clinique.
Les dysfonctionnements des bobines de gradient, des sys-
tèmes électroniques, une mauvaise isolation de la cage de
9.1. IRM de diffusion
Faraday ou un défaut de calibrage des antennes génèrent des L'IRM permet de mettre en évidence la diffusion molécu-
artéfacts géométriques sur l'image : aspect grillagé, mire, laire. Cette dernière est caractérisée par les mouvements
bande en hyposignal… (figure 4.97). Seules des recalibra- microscopiques et aléatoires des molécules d'eau dans un
tions d'appareillages ou une intervention technique per- tissu : on parle aussi de mouvements browniens. Ces mou-
mettent de corriger ces défauts. vements browniens dépendent de la configuration molécu-
laire d'une structure. Ils sont plus élevés dans le LCS que dans
la substance blanche ou grise. On peut considérer la diffu-
sion comme une pondération à part entière (diffusion
weighted imaging ou DWI) paramétrable avec le facteur de
diffusion b.
180°
RF
Gradients
de diffusion
Phase
Signal
image de diffusion
Figure 4.98 Mise en place d'un cycle de diffusion. Baisse du signal des protons mobiles.
Source : schéma D. Vetter.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
– bilan : les images pondérées en diffusion présentent un l'acquisition d'au moins deux séries d'images de facteur de
hypersignal dans les régions à diffusion moléculaire réduite diffusion « b » différent (figure 4.100).
(protons stationnaires) et un signal d'autant plus faible
CDA = Log (S/S0). 1/− b en mm2/s
que la zone explorée contient des molécules à diffusion
élevée (protons mobiles). Il est ainsi possible de créer une cartographie du CDA en combi-
Au niveau du cerveau : nant des séries de facteur « b» différents. Les valeurs moyennes de
– le LCS, qui présente des mouvements de diffusion impor- CDA tissulaires sont utiles pour estimer certaines pathologies.
tants, subit une chute de signal après application du cycle On retiendra que le CDA diminue :
de diffusion : il apparaît en hyposignal ; – si les cellules gonflent (œdème intracellulaire) ;
– le parenchyme cérébral sain, qui présente des mouve- – avec l'hypercellularité ;
ments de diffusion moins importants, subit une chute de – si la viscosité augmente (abcès).
signal moins spectaculaire après application du cycle de On retiendra que le CDA augmente :
diffusion : il apparaît en isosignal. – si l'eau extracellulaire augmente ;
– avec la destruction cellulaire (gliose, démyélinisation) ;
Comment pondérer en diffusion ?
– en cas de contenu liquidien (kyste, nécrose tumorale).
La mise en évidence de l'effet de diffusion dépend des gra-
dients utilisés lors du cycle de diffusion. Ils sont caractérisés Quelques exemples d'applications
par un facteur de diffusion « b » multiparamétrique qui Ces séquences permettent de mettre en évidence les isché-
dépend de leur amplitude. mies cérébrales aiguës sous forme d'hypersignaux, signes
de diffusion ralentie (figure 4.101) La cartographie CDA
b = (γGt)2(T − t∕3) en s/mm2
(figure 4.101 B) sert à dater l'AVC.
Avec : γ = rapport gyromagnétique ; G = amplitude du gra- La distinction entre abcès cérébral et tumeur nécro-
dient ; t = durée d'application du gradient ; T = temps sépa- sée, difficile à estimer avec les pondérations classiques,
rant l'application des deux gradients de diffusion. est possible en imagerie de diffusion. Un abcès apparaît
Plus « b » est important, plus la séquence est sensible au en hypersignal sur une image DWI (et le CDA est dimi-
phénomène de diffusion, plus elle sera pondérée en dif- nué) car la viscosité de l'abcès ralentit la diffusion molé-
fusion (figure 4.99). Les valeurs de « b » utilisées en routine culaire. Une tumeur nécrosée apparaît en hyposignal sur
varient de 0 à 3000 s/mm2. une image DWI (et le CDA est augmenté), le remplissage de
la nécrose par de l'eau libre accélère la diffusion
Que représente le coefficient de diffusion apparent (CDA) ?
moléculaire.
Le coefficient de diffusion apparent ou CDA (apparent diffu-
sion coefficient ou ADC) permet d'estimer le degré de Qu'est-ce que l'anisotropie de diffusion ?
mobilité des molécules d'eau, soit leur vitesse de diffusion. Au niveau du cerveau (axones), la diffusion moléculaire est
Cette vitesse est définie par la pente d'atténuation du signal dite anisotrope : elle n'est pas équivalente dans toutes les
par palier de « b ». L'estimation de ce paramètre nécessite directions. Elle est facilitée le long des fibres axonales et
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.101 Intérêt de l'imagerie de diffusion dans le cadre d'ischémies cérébrales aiguës : Flair (A), DWI (B), TOF (C).
Source : images S. Kremer.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.102 Imagerie de tenseur de diffusion. Représentation volumique des trajets des neurofibres commissurales, d'associations et de
projections.
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
9.4. Spectro-RMN des protons d'hydrogène lites « noyés » dans le signal des molécules d'eau
(notions) (figure 4.104).
Nous avons vu jusqu'ici comment créer des images IRM en Le signal des noyaux d'hydrogène de l'eau, beaucoup plus
utilisant les noyaux d'hydrogène présents dans les molécules intense que celui des autres métabolites, devra être
d'eau et de graisse. D'autres molécules, en quantités infimes supprimé.
dans le corps humain, sont aussi composées de noyaux d'hy- Sachant que toutes les molécules composées d'hydrogène se
drogène (lactates, choline, N-acétyl-aspartate…). L'objectif différencient par leur fréquence de précession estimée en
de la spectro-RMN est de mettre en évidence ces métabo- « partie par million » (ppm = 10− 6), il suffit d'appliquer, avant
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
l'écho, une onde RF calée sur la fréquence de précession des ration cellulaire élevée, une baisse du N-acétyl-aspartate
noyaux d'hydrogène de l'eau, pour récupérer un signal ne reflète une perte neuronale, des lactates élevés indiquent
contenant que les informations des métabolites présents une souffrance cellulaire…
dans le cerveau. Cette technique est très sensible et voit ses champs d'appli-
Compte tenu de la très faible quantité de ces métabolites cation s'élargir (prostate, sein, muscles…).
(peu de signal), il est nécessaire d'utiliser des séquences lon-
gues, avec des matrices de petite taille, afin d'obtenir un rap-
port S/B suffisant permettant d'exploiter les informations 10. Instrumentation en IRM
de chaque voxel.
Cette partie décrit, de manière succincte, les caractéristiques
Le signal contenu dans chaque voxel subit ensuite une trans-
des principaux éléments techniques et technologiques
formée de Fourier afin de visualiser son spectre fréquentiel.
constituant un appareil IRM. Cette description généraliste
Ce dernier présente, sous forme de pics, les différents méta-
ne s'intéressera pas aux particularités des différents modèles
bolites contenus dans le signal. En comparant l'aire sous
d'appareils (figure 4.105).
chaque pic, il est possible d'estimer la proportion de méta-
Un appareil IRM se compose principalement :
bolites présents dans le voxel.
– d'un aimant principal B0 pour l'alignement des spins
Deux acquisitions existent : la technique monovoxel et l'ima-
nucléaires ;
gerie spectroscopique (multivoxels). Cette dernière présente,
– d'une source de radiofréquence pour entrer en réso-
à l'aide d'une échelle colorimétrique, la répartition des
nance avec les noyaux ;
concentrations d'un métabolite sur l'ensemble de la matrice.
– d'un ensemble de gradients de champ magnétique pour
La proportion de métabolites qui compose un parenchyme
permettre le codage spatial ;
cérébral sain est constante, en revanche, ces proportions
– de bobines de réception pour détecter et convertir le
varient dans certains processus pathologiques (tumeurs,
signal RMN en signal électrique ;
épilepsie, affections diffuses…). La spectro-RMN permet de
– d'une cage de Faraday (= murs, sol et plafond de la salle
préciser le diagnostic et d'assurer le suivi de certaines
d'examen recouvert de plaques de cuivre) pour éviter que
pathologies.
des interférences externes (ex. : ondes radio) ne viennent
La spectro-RMN est largement utilisée pour l'exploration
perturber le champ B0 (cage de Faraday = blindage RF) ;
des tumeurs cérébrales. Elle n'est pas capable de détermi-
– d'un système informatique pour traiter le signal et obte-
ner le type de tumeur, mais permet de préciser le grade de
nir des images ;
malignité : l'augmentation de la choline traduit une prolifé-
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– d'un système informatique pour commander la chaîne ticale pour réaliser des acquisitions en charge (à la manière
d'acquisition : émission RF, codage spatial, réception du d'une table télécommandée de radiologie conventionnelle !).
signal ; Plus de 8000 systèmes ont été installés dans le monde entier
– d'une interface utilisateur faisant le lien entre le système en majorité aux États-Unis et au Japon, ils sont rares en
de commande et de traitement et reliée aux différents France. Les prix de ces appareils sont raisonnables jusqu'à
réseaux hospitaliers (RIS, PACS). 0,5 T. Leur avantage principal concerne l'absence de mainte-
nance technique et leur consommation d'énergie (quasi
10.1. L'aimant principal nulle) comparer aux autres technologies. Le champ magné-
L'aimant principal est l'élément qui sert à produire le tique permanent peut cependant aussi être considéré comme
champ magnétique B0 qui doit être intense (de 0,1 à 7 tes- un désavantage car, contrairement autres technologiques, il
las) et homogène dans le temps et dans l'espace. Pour n'est pas possible de couper B0 (ex. : procédure de quench
satisfaire ces critères, plusieurs technologies existent avec pour les aimants supraconducteurs), ce qui impose une vigi-
leurs avantages et leurs inconvénients : les aimants perma- lance particulière dans la durée car avec le temps, des pous-
nents, les aimants résistifs, les aimants supraconducteurs. sières ferromagnétiques peuvent s'accumuler sur l'aimant et y
Chaque technologie est capable de proposer une configura- persister, ce qui va progressivement altérer l'uniformité du
tion dite « ouverte » ou « fermée » (figure 4.106). Dans la plu- champ créé. Longtemps critiqués pour leur qualité d'images
part des cas, les technologies à aimants permanents et imputées à la faible intensité de B0, ces appareils proposent,
résistifs exploitent des configurations ouvertes, tandis que actuellement avec des temps d'acquisition acceptables, des
les technologies supraconductrices privilégient les architec- images d'une résolution spatiale associée à un S/B suffisant
tures fermées. permettant de répondre à la majorité des attentes cliniques
Aimants permanents notamment au niveau ostéo-articulaire. Cette amélioration
qualitative est en particulier liée au développement d'an-
Ces appareils sont constitués d'éléments ferromagnétiques tennes à faible niveau de bruit et au développement de
aimantés qui produisent un champ magnétique permanent séquences IRM spécifiques.
sans consommation d'énergie. Ces aimants sont des alliages
à base de terre rares (bore–néodyme–fer). Cet ensemble est Aimants résistifs
relativement lourd (plus de 7 tonnes) et propose des champs Cette technologie est constituée d'un bobinage de
magnétiques allant de 0,2 à 1 T. Ils offrent une architecture cuivre traversé par un courant électrique continu et
ouverte et un champ vertical perpendiculaire à l'axe z du intense induisant alors un champ magnétique. Ces confi-
patient, ce qui permet l'exploitation d'antennes en forme de gurations sont constituées d'au moins deux bobines
solénoïdes réputées pour leurs performances. Certains courtes parcourues par un même courant (intensité et
constructeurs proposent des architectures où il est possible sens) qui peut être allumé ou éteint rapidement
de basculer la table d'examen en position horizontale ou ver- (figure 4.107). Lors de son utilisation, la consommation
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électrique est importante pour alimenter les bobines Pour en savoir plus
d'une part et les compresseurs du circuit de refroidisse- Les prix de l'hélium ont fortement augmenté en 10 ans à tel
ment (par eau) d'autre part, afin de compenser l'effet point qu'on évoque une pénurie (non pas au sens des réserves
Joule provoqué par la résistivité de la bobine. Ces tech- physiques mais au sens économique au regard de l'élévation des
nologies génèrent des champs de 0,05 à 0,5 T. L'un des coûts) ! Ainsi, afin de limiter la consommation d'hélium liquide,
avantages de cette technologie réside dans son faible des technologies sont en cours de développement (spectro-
encombrement et de ses conditions simples d'installa- RMN et IRM préclinique) et proposent une alternative sans
hélium liquide (cryogen free superconducting magnet). Pour
tion : une arrivée d'eau (pour le refroidissement) et une ce faire, le refroidissement est auto-entretenu et assuré par de
prise de courant suffisent ! l'hélium concentré à l'état gazeux. En 2015, l'usage de cette
technologie n'a pas encore été transféré au stade clinique.
Aimants supraconducteurs
Ce sont les aimants les plus utilisés. On utilise le plus sou-
vent une technologie supraconductrice (figure 4.105) qui Correcteurs de champ B0 ou shim
consiste à noyer une bobine de niobium–titane (Nb-Ti) Les « shims » sont des dispositifs qui servent à compenser les
dans de l'hélium liquide, permettant d'atteindre une tem- défauts d'inhomogénéité du champ magnétique princi-
pérature de − 269° (proche du zéro absolu : − 273°), à pal B0 qui peuvent résulter de facteurs liés à l'environnement
laquelle les alliages utilisés ont une résistance nulle, le pas- ou tout simplement de la mise en place du patient dans le
sage d'un courant électrique se fait alors sans perte, donc tunnel. Ces correcteurs de champ sont intégrés dans l'appa-
sans production de chaleur. Lorsqu'on y injecte un courant reil. Il en existe deux types pouvant être présents tous les
continu intense, ce dernier induit alors un champ magné- deux dans une même machine :
tique intense homogène dans le temps et dans l'espace. La – le shim passif utilise des plaques ferromagnétiques qui
bobine est encastrée dans une matrice en cuivre qui sert de permettent un réglage grossier du champ magnétique,
puits de chaleur afin de la protéger en cas de perte acci- dans le cas d'un environnement perturbateur stable ;
dentelle de la supraconductivité (le quench). Le tout est – le shim actif est matérialisé par des bobines dans lesquelles
finalement enveloppé d'un espace de vide diminuant les passe un courant électrique permettant un réglage fin lors
échanges thermiques avec l'extérieur, de ce fait, l'appareil de la présence du patient dans l'appareil. Ils effectuent une
est donc peu sensible aux variations de température compensation automatique à chaque fois que le champ
externes. magnétique devient hétérogène. Il est possible d'affiner le
Cette technologie permet de générer des champs B0 cli- réglage de shim actif manuellement et de le restreindre à un
niques allant de 0,5 à 7 T (voire davantage en recherche). Les volume plus faible centré sur la région à explorer. Ce réglage
valeurs de champ les plus fréquemment rencontrées dans le est souvent préconisé en cas d'utilisation de méthodes de
parc IRM français sont de 1,5 T et 3 T, environ 700 appareils suppression de graisse qui exploitent le phénomène de
cliniques de ce type sont installés en France en 2016. Le déplacement chimique (Fat-Sat, WE). Il est également
champ B0 est ainsi obtenu dans la partie centrale de l'aimant conseillé de réaliser un shim lors d'examens de spectro-IRM
et s'étend généralement sur une sphère allant de 40 à 60 cm pour s'assurer de la qualité du spectre. Ce correcteur de
de diamètre. Cependant le champ magnétique régnant à champ présente malheureusement ses limites, il n'est que
l'extérieur du tunnel doit être le moins étendu possible afin rarement efficace en cas de prothèses métalliques.
de limiter les perturbations magnétiques avec le milieu envi-
ronnant. Des bobines blindage ou de contrechamp
(= blindage actif) ainsi que des tiges métalliques en acier ou
10.2. Caractéristiques des antennes
en fer doux (= blindage passif) servent en partie à concen- Aspects généraux
trer les lignes de champ au plus proche de l'appareil. Comme pour la télévision et la radio (audio), l'IRM exploite
Actuellement, à 1,5 T la ligne des 5 Gauss se situe à environ des ondes électromagnétiques de l'ordre de la dizaine, voire
3–4 mètres du centre de l'appareil (cette distance serait de de plusieurs centaines de MHz appelées ondes de radiofré-
12 mètres sans blindage !). quence (RF). Les antennes sont des bobines (coils) qui per-
Au niveau géométrique, cette technologique prend en mettent non seulement la réception du signal de RMN
grande majorité la forme d'un tunnel de 60 cm de diamètre mais aussi l'émission des impulsions RF. Elles sont placées
(voire 75 cm) pour actuellement 1,60 mètre de long. Les dans l'aimant B0 et peuvent avoir des formes variables adap-
technologies supraconductrices exploitées sur des configu- tées à la région anatomique à explorer. Comme le signal
rations « ouvertes » sont actuellement marginales (figure RMN est très faible, il est primordial que l'antenne en récep-
4.106). tion soit de la meilleure qualité possible.
Cette technologie est coûteuse et génère des frais annexes Deux stratégies d'émission et de réception peuvent être
liés à une consommation importante en hélium cryogé- envisagées :
nique. La supraconductivité permet néanmoins une – soit l'émission et la réception sont réalisées par le même élément
consommation électrique relativement faible. technologique, on parle d'antenne émettrice–réceptrice ;
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– soit l'émission est réalisée par une bobine spécifique située v0 = vantenne
à l'intérieur de l'appareil (antenne RF) et la réception effec-
tuée par une antenne (ou un regroupement d'antennes) g B0 1
enveloppant la région anatomique étudiée = antenne =
réceptrice (figure 4.105). 2p 2p L.C
Exploitation du phénomène de résonance
Rappels Types d'antennes
La résonance est un phénomène physique qui matérialise le On distingue deux types d'antennes : les antennes volu-
transfert d'énergie entre deux systèmes qui oscillent à la même miques et les antennes de surface.
fréquence. C'est ce phénomène qui agit en IRM entre les spins Antennes volumiques
des noyaux d'atomes d'hydrogène lorsqu'ils sont placés dans
Les antennes volumiques sont soit émettrices–réceptrices,
un champ magnétique : d'où le R de IRM ! Les spins soumis à
soit uniquement réceptrices. Par exemple, l'antenne corps
un champ magnétique s'alignent et deviennent sensibles à
qui est non visible, car directement incorporée dans l'aimant,
l'énergie d'une impulsion RF de fréquence adéquate avec
est toujours émettrice–réceptrice. Les autres antennes volu-
laquelle ils entrent en résonance. À la fin de l'impulsion RF, les
miques qui peuvent contenir une région anatomique (tête,
spins réémettent un signal de RMN multiparamétrique (den-
cou…) sont souvent réceptrices uniquement. L'avantage des
sité de proton, temps de relaxation T1 et T2…) qui sera capté
antennes volumiques est qu'elles permettent d'obtenir un
par l'antenne, puis amplifié et traité pour obtenir une image.
signal homogène (car champ B1 homogène) sur tout le
Fréquence de résonance des antennes volume contenu dans l'antenne. Dans les appareils supra-
Les antennes sont des convertisseurs d'énergie électrique en conducteurs, ce type d'antennes utilise généralement une
ondes électromagnétiques et/ou inversement. Elles sont forme géométrique en « cage d'oiseau » (figure 4.108) per-
constituées de cuivre et répondent électroniquement à une mettant l'émission et la réception de champs magnétiques
architecture RLC. Les circuits RLC sont des circuits linéaires alternatifs (respectivement onde RF et signal RMN) perpen-
composés d'une résistance électrique R (en ohms), d'une diculaires à B0. Actuellement, sur les appareils les plus
bobine d'inductance L (en henrys) et d'un condensateur de courants :
capacité C (en coulombs). Les éléments de l'antenne ainsi – l'antenne volumique « corps » (qui est « cachée dans
que sa géométrie font qu'une antenne est caractérisée par sa l'appareil ») est le plus souvent exploitée pour émettre les
fréquence de résonance νantenne (en hertz) selon la relation : impulsions RF. Son exploitation en réception est rare
1 (patients de forte corpulence ou IRM interventionnelle
v antenne = exclusivement) ;
2p L.C – on n'exploite quasiment plus d'antenne volumique à la
En IRM, les antennes doivent être accordées à la fréquence réception, on privilégiera l'utilisation d'antennes de sur-
de Larmor (v0) afin de permettre la bascule l'aimantation des faces regroupées en un seul bloc dont la forme est adap-
noyaux mais également de réceptionner le signal de RMN : tée à la morphologie de la région à explorer.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Figure 4.109 Antenne de surface unique (A). Association de trois antennes de surface en réseau phasé (B).
On observe une couverture plus étendue de réception et une augmentation du rapport signal sur bruit (B).
Figure 4.110 Schéma descriptif d'une antenne multi-éléments à huit canaux (A). Comparaison d'images entre une antenne huit canaux et une antenne
volumique chez un même patient à paramètres d'acquisition identiques (B).
Source : images P.-E. Zorn.
Antennes de surface avec un S/B homogène. Pour combler cette lacune, il suffit
Elles sont en général uniquement réceptrices, l'émission étant d'exploiter plusieurs antennes de surfaces disposées en cou-
assurée par l'antenne volumique « corps ». Ce type d'antennes ronne capable de contenir un volume complet, l'étude d'une
est placé sur le patient au plus proche de la région étudiée. région complète (ex. : tête) est alors possible. Afin d'obtenir
L'avantage réside en l'amélioration du rapport signal sur bruit de images homogènes, des filtres de normalisation son mis en
(S/B). Elles peuvent prendre différentes formes (boucles plates : place lors de la phase de reconstruction afin d'harmoniser les
circulaires, rectangulaires, carrées) et elles peuvent être asso- différences de signal entre le centre et la périphérie du volume
ciées (on parle de réseaux phasés) afin d'étendre la longueur de exploré (voir figure 4.96). Au final ce type de configuration
la région explorée (ex. : colonne vertébrale) (figure 4.109). « multi-éléments » permet d'acquérir des volumes entiers en
Malheureusement, l'exploration en profondeur des antennes présentant des résultats très intéressants en termes de S/B
de surfaces est limitée. Le signal diminuant avec la profon- par rapport à une antenne volumique de type « cage d'oi-
deur, il est alors impossible d'explorer un volume en entier seau » (figure 4.110).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 4
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I I
+
bobines Gz
z
de z z 0
Gz 0
Maxwell 0
-
+ = axe z
champ Bo
x,y
bobine Bo
longue
I I Bo Bo
z
z
x,y
+ =
x,y
axe x,y
x,y
bobines
de Golay
I z + z Gy
-
Gx , Gy
B/d (mT/m)
maximale mT/m
ée
nt
amplitude
mo
B0
x/t tée
de
ma on
ps
pl. e m
am se d
T/m/s
es
vit
=
0 temps (s)
temps de montée durée d'application temps de descente
durée d'utilisation L' arrivée d'un courant (qui varie dans le temps) dans une bobine située dans un champ magnétique Bo
génère des forces de Laplace (mécaniques) qui la font vibrer ce qui crée du bruit
– la vitesse de montée maximale du courant dans la le canon de résine absorbante (réduction de 30 dB), soit en
bobine exprimée en T/m/s : plus elle est élevée, plus plaçant les bobines de gradient dans du « vide » (réduction
l'appareil donne accès à des séquences rapides et com- de 70 dB). Une autre solution consiste à mettre en place des
plexes ; actuellement, ces vitesses peuvent atteindre séquences à faible niveau de bruit (low noise séquences)
200 T/m/s. exploitant des gradients de faibles amplitudes tout en
Le bruit acoustique est un point négatif (inévitable) lié aux offrant une qualité d'image adaptée au contexte clinique. La
bobines de gradient. Il a pour origine la commutation réduction notable du bruit est l'un des enjeux technolo-
rapide des gradients de champs. En effet, lorsqu'une giques du moment (2016).
bobine située dans un champ magnétique intense est traver-
sée alternativement par un courant électrique (commuta-
tion des gradients), des forces mécaniques y prennent 11. Déroulement pratique
place. Ces dernières font vibrer les spires composant la d'un examen IRM
bobine qui « claque » donnant ainsi naissance aux bruits
caractéristiques des appareils d'IRM. L'intensité de ces vibra- Cette partie s'intéresse à l'utilisation pratique d'appareils
tions sonores augmente avec l'intensité du champ magné- IRM. Les précautions environnementales, la prise en charge
tique et l'amplitude des gradients de champs utilisée. Pour d'un patient « type » et les principaux paramètres d'explora-
réduire ces bruits, on essaie de les étouffer soit en enrobant tion y seront évoqués.
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
11.1. Quelles précautions lement ou partiellement proscrite. Les dangers d'un examen
faut-il prendre aux abords d'un IRM ? IRM sont de trois types :
La présence permanente du champ magnétique principal et – effet d'attraction d'un objet ferromagnétique par B0
l'activation de bobines de gradient en cours d'examen (déplacement, projectile) ;
demandent une vigilance particulière concernant : – effet d'induction de courants électriques dans les matériaux
– le matériel se trouvant en salle ; conducteurs : risques = brûlures localisées si contact cutané ;
– le personnel y travaillant ; stimulation nerveuse périphérique (sensations de picote-
– le patient et son accompagnant éventuel. ments au niveau des extrémités, mouvements oculaires) ;
– effets calorifiques par transmission et accumulation de
Matériel et personnel l'énergie RF dans les tissus ou dans les objets (risque
Pour ne pas perturber B0 (risques d'artéfacts) et éviter les risques d'échauffement tissulaire (SAR)).
de projection métallique par attraction (« effet missile »), tous Des contre-indications relatives sont donc définies.
les accessoires et les matériaux susceptibles d'être situés en salle La contre-indication absolue à l'entrée en salle d'IRM est le
d'IRM doivent être non ferromagnétiques (PVC, aluminium, port d'un stimulateur cardiaque. En effet, son fonctionne-
titane…). Parmi ces accessoires, on trouve (figure 4.114) : ment peut être perturbé par l'induction de courant élec-
– les lits et les brancards ; trique (due aux variations de champ magnétique en cours
– les pieds et paniers de perfusion ; d'examen) pouvant conduire au décès du patient. Il existe et
– les meubles de rangement ; se développe actuellement des stimulateurs cardiaques
– le matériel de réanimation et d'auscultation ; (pacemaker) IRM-compatibles, notamment à 1,5 T. Des pro-
– les « pousse-seringues »… tocoles de prise en charge de patients porteurs de ces nou-
Le champ magnétique peut causer d'autres dommages en veaux stimulateur se développent ; associant cardiologues,
détériorant le fonctionnement de certains objets tels que les radiologues et MER. Il est fort probable que cette contre-
montres, les téléphones portables, les cartes magnétiques… indication ne soit plus « absolue » dans l’avenir, ce qui béné-
Le personnel ayant accès à l'IRM (tout comme les patients) ficiera à ces patients, généralement âgés, et donc
doit donc impérativement veiller à retirer ces objets à l'en- particulièrement susceptibles de devoir passer un examen.
trée de la salle d'examen. Les contre-indications relatives sont plus nombreuses et
Pour protéger l'appareil IRM de toute perturbation par onde doivent faire l'objet d'une évaluation en tenant compte du
radiofréquence externe (parasites), on l'isole à l'aide d'une rapport risque/bénéfice :
cage de Faraday capable d'absorber les interférences – les implants métalliques (clips chirurgicaux, prothèses
externes. Cette isolation est possible en « tapissant » les orthopédiques, valves…) : dans la plupart des cas, ces
murs, le plafond, le sol, les portes et la vitre de contrôle de matériaux récents sont non ferromagnétiques et seront
plaques (ou de fils) de cuivre ou d'inox amagnétique. uniquement à l'origine d'artéfacts. Cependant, si le doute
existe (matériaux anciens ou méconnus), un document de
Patient référence mis en place par le docteur Schellock fournit les
Le patient doit aussi être préparé pour ne subir aucun préju- résultats de tous les implants testés dans des champs
dice. Pour assurer sa sécurité et la réussite de l'examen IRM, magnétiques de différentes intensités (www.mrisafety.
l'opérateur doit veiller à ce que le patient ne porte pas de com). Pour éviter tous risques, un délai de 6 semaines
structures ferromagnétiques et les règles énoncées précé- après l'opération est recommandé ;
demment lui seront également appliquées. Néanmoins, dans – les corps étrangers métalliques (éclats métalliques,
certains cas, l'entrée du patient en salle d'IRM peut être tota- balles…) peuvent, selon le matériau et la localisation anato-
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
11.3. Quels sont les paramètres (de base) Quand la matrice augmente, la résolution spatiale et le
programmables sur la console d'acquisition ? temps d'acquisition augmentent au détriment du rapport
S/B qui diminue.
Pondérations et séquences
La matrice peut être symétrique ou asymétrique. Dans la
Le choix de la pondération dépend des contrastes radiolo- plupart des cas, le choix d'une matrice asymétrique permet
giques souhaités pour établir un diagnostic. de réduire le nombre de pas de codage de phase (lignes) et
Le choix de la séquence dépend le plus souvent de : donc de diminuer les temps d'acquisition.
– la durée d'acquisition souhaitée en fonction de la région
étudiée (séquences avec ou sans apnées) ; Champ de vue (FOV)
– la possibilité qu'offre une séquence à limiter les artéfacts Le champ de vue doit englober la région anatomique à explo-
les plus gênants ; rer pour éviter les artéfacts de repliement. Il peut être carré ou
Pour une séquence donnée, différents paramètres vont rectangulaire. Dans le cas d'une FOV rectangulaire, le côté le
ensuite permettre de régler le contraste final de l'image : moins large est souvent associé au sens du codage de phase
– le temps de répétition (TR) : influence l'apport d'informa- (lignes de la matrice) afin de limiter les temps d'acquisition.
tions T1 (en ES +++ et EG +) ; Les dimensions du FOV peuvent également impacter la réso-
– le temps d'écho (TE) : influence l'apport d'informations lution spatiale. En effet, la taille du pixel dépend du rapport
T2 (en ES) et T2* (en EG) ; entre les dimensions du champ de vue et la taille de la matrice.
– l'angle de bascule : influence l'apport d'informations T1 Nombre d'excitations (Nex)
(en EG +++) ;
– le train d'écho (ou facteur turbo) en ESR : influence la Le nombre d'excitations est un paramètre qui influe directe-
durée d'acquisition ; ment sur le rapport signal sur bruit de l'image mais aussi sur la
– le temps d'inversion (Ti) : choix des contrastes en durée d'acquisition. Lorsqu'on double le nombre d'excitation :
inversion–récupération ; – on double la durée d'acquisition (−) ;
– le choix du mode de recueil du signal, en phase ou en – on multiplie par 1,44 ( 2 ) le rapport signal sur bruit.
module, pour les séquences d'inversion–récupération ; Lorsqu'on quadruple le nombre d'excitations :
– la mise en place ou non d'une technique de suppression – on quadruple la durée d'acquisition ;
de graisse (saturation sélective ou excitation sélective). – on double le rapport signal sur bruit.
Bande passante de réception (receiver bandwidth ou rBW)
Orientation, épaisseur et nombre de coupes
Lorsqu'on augmente la bande passante :
L'orientation des coupes peut se faire dans tous les plans
– on diminue l'artéfact de déplacement chimique et égale-
de l'espace et s'établit sur des plans de coupes orthogonaux
ment ceux liés à la présence de métal ;
servant de repérage. Toute modification d'orientation
– on diminue le rapport signal sur bruit ;
demande une modification de l'utilisation des gradients de
– on a la possibilité de diminuer davantage les valeurs des
champs.
TE, d'accéder à des coupes plus fines, d'augmenter les
L'épaisseur de coupe peut varier de 1 à 40 mm et dépend de
possibilités en technique multicoupes (plus de coupes
la pente du gradient de sélection de coupe utilisée et de
pour un TR donné).
l'étendue de la bande passante d'émission. Une diminution
Lorsqu'on diminue la bande passante, on décrit les phéno-
de l'épaisseur de coupe augmente la résolution spatiale mais
mènes inverses.
diminue aussi le rapport S/B.
En mode 2D, le nombre de coupes dépend le plus souvent Autres paramètres
des possibilités de la technique multicoupes (utilisation du D'autres paramètres spécifiques à certaines séquences sont
temps mort TR-TE). Plus les gradients sont performants programmables sur les consoles d'acquisition :
(rapidité et amplitude), plus il devient possible de placer des – la mise en place de bandes de présaturation ;
coupes dans l'intervalle de temps TR-TE. En mode 3D, le – les possibilités de suréchantillonnage dans le sens du
nombre de coupes dépend du nombre de pas de phase pro- codage de phase (antirepliement) ;
grammé le long de l'axe de sélection de coupe. – le choix du type d'acquisition parallèle (domaine fréquen-
L'espace intercoupe est aussi à programmer par l'utilisateur. tiel ou spatial) et du facteur d'accélération correspondant ;
Il se définit soit en millimètres soit en pourcentages de – la vitesse d'encodage en technique de contraste de phase ;
l'épaisseur de coupe programmée. Si ce dernier est trop – la valeur du facteur de diffusion « b » ;
faible (notamment en séquence d'inversion–récupération), – l'utilisation de techniques de synchronisation (respira-
il peut être à l'origine d'artéfacts d'excitation croisée. toires et cardiaques) ;
– le type de remplissage du plan de Fourier (linéaire, radial,
Matrice spiralé…) ;
Le choix de la taille de la matrice influence le temps d'ac- – le délai de remplissage du centre du plan de Fourier (tech-
quisition, la résolution spatiale et le rapport signal sur niques d'ARM-Gado) ;
bruit. – …
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Imagerie par résonance magnétique (IRM)
12. Bilan historique et perspectives10 notable est ensuite l'utilisation de la transformée de Fourier en
spectroscopie en 1964 par Richard R. Ernst et Weston
12.1. Un peu d'histoire A. Anderson. Richard Ernst obtient le prix Nobel de chimie en
L'histoire de l'IRM est indissociable de quelques grands noms 1991 pour le développement de la RMN haute résolution.
de la science. Dans le domaine de l'imagerie, le premier à pressentir l'intérêt de
Chronologiquement, nous citons d'abord Sir Joseph Larmor la RMN est Raymond Damadian qui, en 1971 (article paru dans
(1857–1942), physicien et mathématicien irlandais, évidem- la revue Science), démontre que les tissus sains et les tissus can-
ment connu pour la relation portant son nom. À l'origine, céreux possèdent des temps de relaxation T1 et T2 différents. Il
Larmor s'intéressait plutôt aux mouvements de la Terre, pense aussitôt à une application humaine des mesures de
mais il a aussi participé à la promotion de théories centrées temps de relaxation, mais il n'est pas à l'origine du premier appa-
sur l'électron, avant même que l'existence de cette particule reil d'IRM. En fait, les premières images sont obtenues à New
n'ait été prouvée par Joseph John Thomson en 1897. York, en 1973, par Paul C. Lauterbur (article paru dans la revue
Puis nous passons directement au xxe siècle, dans les années Nature). Il a l'idée d'utiliser des gradients de champ magnétique
1920. En 1922, l'expérience de Stern et Gerlach permet de et obtient, par technique de rétroprojection, comme au scan-
mesurer les moments magnétiques atomiques et de mettre ner, des images de deux tubes remplis d'eau. Au même moment,
en évidence le phénomène de quantification spatiale. Otto Peter Mansfield travaille dans un domaine similaire à l'université
Stern (1888–1969), physicien allemand, obtient le prix Nobel de Nottingham, en Angleterre. En 1976, il réalise les premières
de physique en 1943 pour la quantification du moment images sur l'homme (le doigt de l'un de ses collaborateurs). Il est
magnétique du proton. Durant la même période, en 1924, également à l'origine du principe de l'echo-planar (1977).
Wolfgang Pauli (1900–1958), physicien suisse d'origine autri- Lauterbur et Mansfield ont été récompensés par le prix Nobel
chienne, suggère l'existence du spin du noyau. Il est récom- de médecine en 2003. De son côté, Damadian a poursuivi ses
pensé par le prix Nobel de physique en 1945 pour « le principe travaux et réalisé les premières images du thorax en 1977.
d'exclusion » qui porte son nom11. Une nouvelle étape est À partir du début des années 1980, commence l'installation
franchie en 1937 par Isidor Isaac Rabi (1898–1988), physicien d'appareils commerciaux. L'imagerie rapide, telle que nous
américain, qui met au point une méthode d'enregistrement la pratiquons aujourd'hui, connaît son essor grâce à la
par résonance des propriétés magnétiques des noyaux ato- séquence Rare (rapid acquisition with relaxation enhance-
miques. Il reçoit le prix Nobel de physique en 1944. ment), première séquence d'écho de spin rapide, mise au
Le véritable acte de naissance de la RMN remonte à 1946 : point en 1986 par J. Hennig, A. Nauerth et H. Friedburg et
Felix Bloch (1905–1983) à Stanford et Edward Mills Purcell développée sur des appareils d'IRM de marque Bruker. En
(1912–1997) à Harvard observent, presque simultanément, 2009, environs 460 appareils d'IRM étaient installés en
le phénomène de résonance magnétique. Au départ, les France.
deux équipes pensaient avoir découvert des phénomènes
différents. L'équipe de Purcell reliait l'absorption d'énergie à
12.2. Et demain ?
la transition entre des niveaux énergétiques, alors que celle La prospective est un exercice délicat qui se révèle souvent
de Bloch avait porté son intérêt sur le courant induit dans « amusant » lorsque le temps a passé. Tentons néanmoins de
une bobine par l'aimantation tournante. Les deux physiciens nous projeter dans un proche avenir. La principale limite de
américains reçoivent le prix Nobel de physique en 1952. la RMN, et donc de l'IRM, est sa sensibilité particulièrement
La RMN devient alors un domaine d'études et de nombreuses faible. Depuis le début de l'apparition d'appareils commer-
équipes travaillent pour mettre en évidence ses propriétés. En ciaux, les développements techniques se sont principale-
1949, E. L. Hahn découvre, de manière fortuite, le principe de ment concentrés sur ce point critique. Ainsi l'augmentation
l'écho de spin. Et le Français Robert Gabillard, dès 1951, explore du rapport signal sur bruit avec la valeur du champ magné-
l'influence des gradients de champ magnétique. À partir de tique a conduit à proposer des appareils dotés de champs
1950, la RMN investit également le domaine de la chimie après magnétiques de plus en plus élevés. De même, le développe-
la découverte du déplacement chimique indépendamment ment de séquences d'imagerie rapides obéit au besoin de
par W.G. Proctor et F.C. Yu d'une part, et W.C. Dickinson maintenir le rapport signal sur bruit dans des limites permet-
d'autre part. Les premiers spectromètres commerciaux sont tant le diagnostic en un temps plus court.
fabriqués par la société Varian en 1952. La même société est Nous pouvons faire le pari que le champ magnétique utilisé en
également la première à produire des spectromètres à aimants clinique va continuer à augmenter mais peut-être pas indéfini-
supraconducteurs à partir de 1962. Une nouvelle évolution ment, tout d'abord pour des raisons technologiques, physio-
logiques ensuite. Il est probable que l'exposition à des champs
magnétiques de plus en plus élevés, mais aussi avec comme
corollaire à des intensités d'impulsions RF de plus en plus
10
Daniel Vetter (cadre de santé) et Philippe Choquet (MCU - PH),
grandes par exemple, conduira à l'apparition de limites dans
CHU de strasbourg.
11
Principe selon lequel deux particules de spin demi-entier (fermions) cette course vers le haut. Le coût pourrait aussi être un frein.
ne peuvent se trouver au même endroit dans le même état Pour autant, si dans le rapport signal sur bruit, l'augmentation
quantique. du signal a jusque-là été privilégiée, en proposant comme
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Chapitre 4 IMAGERIE MÉDICALE
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
unique solution des champs plus élevés, l'amélioration des per- Bushberg JT, Boone JM. The essential physics of medical imaging.
formances peut également se faire en diminuant le bruit. Lippincott Williams & Wilkins ; 2011.
Constantinides C. Magnetic resonance imaging : the basics. CRC press ;
Depuis les débuts de l'IRM, il a été démontré que le refroidisse-
2014.
ment des antennes de réception était efficace, d'autant plus Chavhan GB, Babyn PS, Jankharia BG, et al. Steady-state MR imaging
que le volume à examiner, et donc l'antenne, est petit et la fré- sequences : physics, classification, and clinical applications 1.
quence de travail basse. Le principal écueil est l'isolation ther- Radiographics 2008 ; 28(4) : 1147–60.
mique vis-à-vis de structures qui fonctionnent actuellement à Damadian R. Tumor detection by nuclear magnetic resonance. Science
des températures très basses. Néanmoins l'arrivée de compo- 1971 ; 171(3976) : 1151–3.
De Kerviler E, Leroy-Willig A, Clement O, et al. Fat suppression tech-
sés supraconducteurs à haute température critique pourrait
niques in MRI : an update. Biomed Pharmacother 1998 ; 52(2) :
permettre de résoudre ce problème, tout en autorisant un gain 69–75.
non négligeable sur le rapport signal sur bruit (de 1,5 à 2). Décorps M. Imagerie de résonance magnétique : Bases physiques et
La recherche d'une résolution spatiale plus élevée serait méthodes. EDP sciences ; 2011.
résolue en partie par l'utilisation de circuits de gradients Dietemann JL. Neuro-imagerie diagnostique. Issy-les-Moulineaux :
dédiés, associés aux antennes et permettant, parce que plus Elsevier Masson ; 2012.
Dillenseger JP, Moerschel E. Guide des technologies de l'imagerie médi-
petits, d'offrir des amplitudes plus élevées.
cale et de la radiothérapie : quand la théorie éclaire la pratique. Issy-
Parce que ce n'est plus tout à fait de la prospective, le déve- les-Moulineaux : Elsevier Masson ; 2009.
loppement des techniques multimodalités, reposant Dillenseger JP, Molière S, Choquet P, et al. An illustrative review to
notamment sur l'utilisation d'appareils combinant plu- understand and manage metal-induced artifacts in musculoskele-
sieurs technologies dont l'exemple emblématique est le tal MRI : a primer and updates. Skeletal Radiol 2016 ; 45(5) :
TEP-TDM, touche aussi l'IRM et des prototypes de combi- 677–88.
Flower MA. Webb's physics of medical imaging. In : Flower MA, editor.
naison IRM et TEP font l'objet de travaux scientifiques. La
CRC Press ; 2012.
complexité de mise en œuvre, donc le coût, tout comme le Hahn EL, Mansfield P. NMR and MRI in retrospect [and discussion].
nombre d'applications actuellement limité nécessitant Philosophical Transactions of the Royal Society of London A :
l'obtention des données IRM et TEP en même temps, sont Mathematical, Physical and Engineering Sciences 1990 ; 333(1632) :
des facteurs qui joueront certainement un rôle pour l'ave- 403–11.
nir de ces appareils, ainsi que dans la place qu'ils occupe- Hargreaves BA, Worters PW, Pauly KB, et al. Metal-induced artifacts in
MRI. Am J Roentgenol 2011 ; 197(3) : 547–55.
ront en clinique.
Hoa D. L'IRM pas à pas. Édition Noir & Blanc ; 2007.
D'autres noyaux pourraient devenir accessibles en imagerie Hoa D. L'IRM pas à pas : un module d'enseignement interactif des bases
comme en spectroscopie : noyaux présents naturellement physiques de l'imagerie par résonance magnétique [Thèse de docto-
(31P, 23Na), dont la faible abondance a empêché leur utilisa- rat]. Université de Montpellier 1, faculté de médecine ; 2007.
tion en routine, ou noyaux liés à une molécule et administrés Howell J. Paul Lauterbur and the invention of MRI by M. Joan Dawson
aux patients (19 F, 13C). La mesure de ces noyaux bénéficiera (review). Technol Cult 2015 ; 56(1) : 3001.
Kane JW, Sternheim MM. Physique. InterEditions ; 2004.
de champs magnétiques plus élevés mais aussi du dévelop-
Kastler B, Vetter D. Comprendre l'IRM : manuel d'auto-apprentissage.
pement vers l'utilisation clinique de systèmes de polarisation Elsevier Health Sciences ; 2011.
hors équilibre qui permettent d'obtenir une aimantation Klein HM. MRI System. In : Clinical low field strength magnetic reso-
élevée indépendamment du champ dans lequel on se trouve. nance imaging. Springer International Publishing ; 2016. p. 9–24.
Enfin, des techniques de contraste différentes reposant sur Lauterbur PC, et al. Image formation by induced local interactions :
des mesures de paramètres physiques pourraient trouver examples employing nuclear magnetic resonance. Nature 1973 ;
242(5394) : 190–1.
leur place à côté des traditionnelles pondérations T1 et T2 :
Mansfield P, Glover PM, Beaumont J. Sound generation in gradient coil
par exemple, l'élastographie par IRM qui corrèle l'acquisition structures for MRI. Magn Reson Med 1998 ; 39(4) : 539–50.
des images et la propagation d'ondes mécaniques pour Marchandise X. Biophysique : pour les sciences de la vie et de la santé.
mesurer les propriétés mécaniques des tissus. Omniscience ; 2006.
De nombreuses pistes sont donc ouvertes : l'IRM, technique Nessaiver M. All you really need to know about MRI physics. University
d'imagerie particulièrement complexe et donc particulière- of Maryland Medical Center ; 1997.
Pooley RA. Fundamental physics of MR imaging 1. Radiographics
ment riche, recèle encore de voies de développement qui
2005 ; 25(4) : 1087–99.
nous surprendront sans doute. Pruessmann KP, Weiger M, Scheidegger MB, et al. SENSE : sensitivity
encoding for fast MRI. Magn Reson Med 1999 ; 42(5) : 952–62.
Bibliographie Suetens P. Fundamentals of medical imaging. Cambridge University
Basser PJ, Jones DK. Diffusion – tensor MRI : theory, experimental press ; 2009.
design and data analysis – a technical review. NMR Biomed 2002 ; Smith TB, Nayak KS. MRI artifacts and correction strategies. Imaging in
15(7-8) : 456–67. Medicine 2010 ; 2(4) : 445–57.
Bringout-Rognon S. En phase avec l'IRM. Sauramps-Medical ; 2014. Westbrook C, Roth CK. MRI in Practice. John Wiley & Sons ; 2011.
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IMAGERIE MÉDICALE
Chapitre 5
Échographie et mode Doppler
Jean-Philippe Dillenseger
pression
d'imagerie qui utilisent le phénomène de réflexion des ondes
ultrasonores. Initialement utilisés pour sonder des fonds
marins avec le sonar (1940), les ultrasons trouvent leur place
en médecine vers 1950 avec l'étude des calculs biliaires. distance
Depuis, l'échographie et les explorations Doppler ont connu
des avancées technologiques majeures qui ne cessent d'évo-
luer. Ces explorations, inoffensives pour le corps humain, ont
prouvé leur efficacité dans de nombreux domaines tels la
cardiologie, la gastro-entérologie, la gynécologie…
Ce chapitre n'a pas vocation à former des utilisateurs avertis, raréfaction condensation
mais s'adresse à toute personne souhaitant aborder la tech- Figure 5.1 Illustration de la propagation linéaire d'une onde (ultra)
sonore.
nologie échographique de base le plus simplement
possible. – propagation par transmission d'un état de compression ou de
Après avoir décrit les principes de base de la physique acous- raréfaction de proche en proche, sans transport de matière ;
tique, nous aborderons la technologie échographique, et – modification de la pression dans le milieu : les particules du
terminerons sur l'application médicale de l'effet Doppler. milieu sont animées d'un mouvement de va-et-vient dans
l'axe de déplacement des ultrasons de type sinusoïdal.
1. Éléments de base 1.3. Caractéristiques d'une onde ultrasonore
de la physique acoustique Domaine temporel : fréquence (f) et période (T)
La fréquence (f) est le nombre de fois où un phénomène
1.1. Définition des ultrasons périodique se reproduit par unité de temps ; c'est le nombre
de variations de pression par seconde. Elle s'exprime en
Les ultrasons (US) sont des vibrations mécaniques provo-
hertz ou en s− 1.
quant des variations de pression dans les milieux traversés.
La période (T) représente la durée d'un cycle.
L'onde sonore nécessite un milieu moléculaire pour se pro-
pager (pas d'onde sonore dans le vide). Leur fréquence se T = 1/f (en secondes)
situe au-dessus du seuil de fréquence audible par l'homme Domaine spatial : longueur d'onde (λ)
supérieur à 20 000 Hz. La longueur d'onde est la distance séparant, à un instant
donné, deux points du trajet de l'onde où la pression est
1.2. Nature d'une onde ultrasonore identique. Pour un milieu donné, la longueur d'onde dimi-
Une onde ultrasonore est une onde de pression qui se pro- nue quand la fréquence augmente.
page dans un milieu élastique. En d'autres termes, elle corres- λ = c/f (en mètres)
pond à la propagation d'une énergie mécanique dans un
milieu matériel (figure 5.1). Célérité (c)
Voici quelques caractéristiques d'une onde US : La célérité (c) correspond à la vitesse de propagation de
– propagation linéaire, radiale ou sphérique ; l'onde acoustique dans un milieu donné. Elle lie le domaine
– se décrit comme une fonction du temps mais aussi de spatial (longueur d'onde) au domaine temporel (période).
l'espace (dualité temporo-spatiale) ; c = λ/T = λ.f (en m/s)
La célérité des ultrasons dépend de la nature du milieu tra- 1.4. Interactions des ultrasons avec la matière
versé, ex. : cair = 330 m/s ; ceau = 1 480 m/s ; cos = 2 700 m/s. Il existe plusieurs types d'interactions entre les ultrasons et la
matière à l'origine d'un signal échographique.
Pression acoustique, intensité acoustique et décibels (dB) Ces interactions vont aboutir à l'atténuation du faisceau ultra-
La pression acoustique instantanée (P) correspond à la sonore dans la matière. Parmi ces interactions on retrouve au
différence entre la pression absolue (Pabs) et la pression niveau des interfaces acoustiques des phénomènes de :
ambiante (P0) supposée constante. Ainsi la pression P pos- – réflexion ;
sède une dualité spatio-temporelle P(x,t) car l'intensité en – réfraction ;
chaque point varie avec la fréquence de l'onde ultrasonore. – diffusion.
P s'exprime en N/m2 (1 N = (1 kg.m)/s2). Ces phénomènes expliquent l'atténuation du faisceau
P(x,t) = Pabs(x,t) − P0 ultrasonore.
L'intensité acoustique (I) est la puissance transportée par Qu'est-ce qu'une interface acoustique ?
les ondes acoustiques dans une direction donnée, par unité Une interface acoustique correspond à une frontière entre
de surface perpendiculairement à cette direction. Elle s'ex- deux milieux d'impédance acoustique (Z) différente.
prime en watts par mètre carré (W/m2). L'intensité acous- Une interface est caractérisée par :
tique est une grandeur essentielle pour la description des – sa « hauteur » : plus la différence d'impédance acoustique
espaces acoustiques. S'il n'y a pas d'intensité acoustique, il n'y (Z) entre les milieux formant l'interface est importante,
a pas de transfert d'énergie d'un endroit à un autre, donc pas plus l'interface sera élevée ;
de signal acoustique. L'intensité acoustique moyenne selon – sa forme (plane, courbée…) ;
l'axe de propagation se calcule selon la relation suivante : – son orientation par rapport à l'axe du faisceau ;
I = P2/(2. ρ. c) (en W/m2) – sa taille par rapport à la longueur d'onde (λ) du faisceau
Niveau d'intensité relatif = le décibel (dB). Si deux ondes ultrasonore incident.
ultrasonores ont des intensités absolues A et B (IA et IB), leur
niveau d'intensité relatif (D) est égale à : Réflexion
D = 10 Log IA/IB (en dB) Le phénomène de réflexion se produit à l'interface entre
deux milieux 1 et 2 d'impédance acoustique différente (Z1 et
Exemple : soit la traversée d'un milieu atténuant où l'inten-
Z2). Pour une onde US perpendiculaire à l'interface, le coeffi-
sité acoustique (I) passe de 10− 3 à 10− 6 (W/cm2) ⇒ atténua-
cient de réflexion (R) correspond à :
tion de 30 dB.
2
Z − Z1
Impédance acoustique (Z) R(1→2) = 2
Z 2 + Z1
L'impédance acoustique (Z) exprime la résistance du
milieu à l'avancement de l'onde. Elle s'exprime en kg/ On peut ainsi exprimer la transmission T de la manière
(m2.s) et correspond au produit entre la célérité (c en m/s) suivante :
de l'onde et la masse volumique (kg/m3) du milieu. Z ne T=1−R
dépend donc que du milieu considéré. À milieu identique
(ρ constant), plus celui-ci a une impédance acoustique
élevée, plus l'onde acoustique se propagera rapidement Application numérique
(tableau 5.1). Calcul de R et de T pour une interface graisse ⇒ muscle :
Z = c.ρ en kg/(m2.s) Z1 (graisse) = 1,34
Z2 (muscle) = 1,71
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 5
Échographie et mode Doppler
A B
Faible différence
d'impédance
entre le milieu A et B
Onde émise
Onde réfléchie
Onde transmise
A B
Différence
d'impédance élevée
entre le milieu A et B
Figure 5.2 Influence de la différence d'impédance sur la réflexion et la transmission des ondes ultrasonores.
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Chapitre 5 IMAGERIE MÉDICALE
Échographie et mode Doppler
Onde émise
Onde diffusée
Onde transmise
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 5
Échographie et mode Doppler
Figure 5.6 Une intensité faible ne permet pas d'atteindre des couches profondes et ne permet aux échos de revenir à la sonde (A). Une intensité
élevée permet d'atteindre des couches profondes (B).
Les échos en provenance de couches profondes sont peu intenses. Une amplification en profondeur (TGC) est donc nécessaire pour avoir un résultat
homogène sur l'image (C).
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Chapitre 5 IMAGERIE MÉDICALE
Échographie et mode Doppler
Emission
onde US
courant électique
Création d'un
Réception
onde US
connecteurs
Sonde échographique
boîtier isolant
amortisseur
céramique piezoélectrique
couche protectrice
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 5
Échographie et mode Doppler
– fréquence faible (f < 3 MHz) ⇒ résolution axiale moyenne, échos générés dans cette zone n'auront pas tous la même
mais pénétration suffisante pour une exploration en amplitude ;
profondeur. – une zone éloignée de dispersion de « Fraunhofer » d'allure
conique. L'énergie n'est plus concentrée en un point, les
Amortisseur
échos correspondant à cette zone auront une amplitude
Il est placé en arrière de la céramique, afin d'absorber l'éner- plus faible ;
gie US émise en arrière. Cet amortissement permet de déter- – à la jonction de ces deux zones, la zone dite de focalisa-
miner la bande passante de la fréquence d'émission. La tion. C'est ici que se « concentre » l'onde US ; l'image écho-
bande passante correspond à l'ensemble des fréquences du graphique sera la plus riche en détail car les échos générés
faisceau situées de part et d'autre de la fréquence de réso- dans cette zone auront une amplitude plus grande (moins
nance. Pour une fréquence d'émission donnée : d'interférences et peu de divergences).
– un amortissement élevé génère une bande passante large, En réalité, la forme du faisceau dépend de plusieurs
ce qui permet d'atteindre une résolution axiale plus élevée paramètres :
(voir plus loin Les différentes résolutions) au prix d'une – les dimensions et la forme de la source : plus la source est
pénétration en profondeur plus faible ; étroite, plus la zone de Fresnel est courte et plus la disper-
– un amortissement plus faible réduit la bande passante sion de Fraunhofer sera importante (et inversement) ;
d'émission, ce qui améliore la pénétration en profondeur. – la fréquence d'émission : plus la fréquence est faible, plus
la zone de Fresnel est courte et plus la dispersion de
Couche de contact
Fraunhofer sera importante (et inversement) ;
C'est un matériau non conducteur qui isole (électrique- – la présence d'une électronique de focalisation : celle-ci est
ment) la peau et protège la céramique des sollicitations capable de modifier la forme du faisceau d'origine en
mécaniques lors de l'appui de la sonde contre le patient. déplaçant (éloignant ou rapprochant) la zone de
Cette couche assure également l'interface entre le transduc- focalisation.
teur « brut » et le patient dans le but de réduire les diffé-
rences d'impédance acoustique entre le transducteur et le Principes de focalisation
patient. Elle est donc composée de couches de matériaux D'un point de vue mécanique, deux techniques permettent
ayant des impédances acoustiques intermédiaires entre les de rendre convergent le faisceau ultrasonore :
tissus mous et le transducteur. Le gel échographique viendra – soit en courbant la surface radiante de la céramique elle-
en complément assurer un passage optimal des ultrasons même (usinage pour rendre la surface de la céramique
entre la sonde et le patient. concave) ;
– soit en ajoutant une lentille acoustique convergente juste
2.3. Forme du faisceau ultrasonore après la céramique.
L'inconvénient de ces deux techniques est que la zone de foca-
Forme « brute » d'un faisceau ultrasonore
lisation ne correspond qu'à une seule fréquence de travail.
La propagation des ultrasons se fait de proche en proche Ainsi des sondes échographiques constituées de plusieurs
avec une déperdition de l'énergie. Cette déperdition retentit transducteurs alignés et configurés en réseau phasé ont la
sur la géométrie du faisceau et varie avec la distance à possibilité de modifier la distance de focalisation à l'aide
laquelle on se place de la source. d'une électronique dite de focalisation.
Pour une source d'émission unique à surface circulaire, on
retrouve trois zones (figure 5.9) : Focalisation électronique à l'émission
– une zone proche ou zone de « Fresnel » d'allure cylin- L'électronique de focalisation génère des retards d'excitation
drique où l'intensité n'est pas régulièrement répartie. C'est croissants des éléments périphériques vers les éléments cen-
une zone d'interférences ultrasonores, ce qui fait que les traux (figure 5.10A et B). L'émission acoustique se fait alors
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Chapitre 5 IMAGERIE MÉDICALE
Échographie et mode Doppler
dans une zone focale. La distance focale dépend des retards tion à la réception réalise une mise au point « en temps réel »
générés entre les impulsions. Plus ces retards sont élevés, en adaptant la configuration des retards à l'origine spatiale
plus la zone focale se rapproche de la sonde et inversement. (profondeur) des fronts d'ondes : les fronts d'ondes les plus
Cependant modifier la focale a un impact sur la fréquence précoces (correspondant aux structures superficielles) subi-
(ou cadence) d'acquisition (nombre d'images par seconde) ; ront des retards plus importants que les fronts d'ondes tar-
en effet, plus la focale est profonde, plus la cadence d'acqui- difs (structures profondes) (figure 5.10C), on parle alors de
sition diminue. Ainsi les sondes actuelles proposent à l'émis- focalisation dynamique ou de focalisation de poursuite à
sion une focale fixe. Il sera cependant possible de modifier la la réception. Une focalisation dynamique satisfaisante peut
profondeur de la focale à l'aide d'une focalisation électro- être obtenue en se contentant de trois à cinq focales. Cette
nique de réception. technique à l'avantage de ne pas limiter la fréquence d'acqui-
sition (images/seconde) et de faire en sorte d'atteindre une
Focalisation électronique à la réception
résolution spatiale élevée sur la profondeur la plus étendue
Il sera cependant possible, lors de la réception, de proposer possible (zone de focalisation dynamique).
des images ayant des focales différentes. Alors qu'à l'émis-
sion, le point focal est fixe au centre du champ à explorer, à Orientation électronique du faisceau ultrasonore
la réception, par contre, le point focal pourra être adapté en Le faisceau ultrasonore peut être dirigé latéralement grâce à
temps réel. Pour ce faire, on implémente des retards lors de la mise en place de retards au niveau des impulsions.
la réception des fronts d'ondes. Ces retards imposés sont Plusieurs angles de balayage sont ainsi possibles (figure 5.11).
adaptés au temps de réception des échos et donc à leur pro- L'utilisation cyclique d'angulations différentes permet ainsi
fondeur d'origine, ce qui permet d'obtenir, au cours de la d'augmenter la couverture latérale de la sonde. Ce prin-
réception, une variation continue de la focale, un peu cipe peut également être exploité pour générer une image-
comme si une lentille était déformable en permanence ajus- rie de combinaison (voir plus loin Nouvelles techniques
tant sa focale à la distance où se trouve l'objet. La focalisa- échographhiques).
Figure 5.10 Émission sans focalisation électronique (A). Exploitation d'une focalisation électronique à l'émission (B). Mise en place de focalisations
dynamiques à la réception (C).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 5
Échographie et mode Doppler
3. Formation de l'image
3.1. Généralités
Les échos provenant des différentes lignes du balayage qui
composent le plan de coupe viennent à la sonde et subissent
une succession d'opérations. Le signal échographique est pre-
mièrement transmis sous forme électrique (par effet piézoé-
lectrique) avant d'être représenté sous forme d'image en
niveaux de gris.
Pour passer d'un signal électrique à une image, plusieurs
opérations sont nécessaires :
– amplification des signaux électriques ;
– numérisation et traitement informatique (voir chapitre 1).
3.2. Amplification
Différents types d'amplifications sont nécessaires à l'étude
du signal échographique. On distingue principalement deux
types d'amplifications :
– l'amplification globale des échos qui induit un gain de
signal ;
– l'amplification en profondeur (figure 5.12 et voir plus
haut figure 5.6C). L'atténuation des échos varie avec la
profondeur et les tissus rencontrés. Plus les échos pro-
viennent de structures profondes, moins leur intensité est
élevée, plus il faut les amplifier. On adapte donc le niveau
d'amplification à chaque profondeur, on parle ainsi de
gain en profondeur ou time gain control (TGC).
Sonde
Amplitude
des échos
(avant amplification)
distance
Amplification
en profondeur
( réglage du gain )
distance
Amplitude
des échos
(après amplification)
distance
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Chapitre 5 IMAGERIE MÉDICALE
Échographie et mode Doppler
Mode A (amplitude)
Ce mode retranscrit, sous forme d'un signal électrique,
chaque écho dans la direction du faisceau ultrasonore.
Le tracé A est donc formé d'une succession de pics
représentant les différents échos en profondeur.
L'amplitude des pics est proportionnelle à l'intensité des
échos (figure 5.13). Ce mode n'a que peu d'intérêt dia-
gnostique : il est principalement utilisé en phase de cali-
bration pour contrôler le bon réglage des appareils
(ex. : adressage temporo-spatial).
Mode temps mouvement (time motion ou TM)
Les informations obtenues le long de l'axe d'émission sont,
dans ce mode, étudiées en fonction du temps. Ainsi, les
structures mobiles sont représentées par des courbes et les
structures immobiles par des droites (figure 5.14). Ce mode
est particulièrement utilisé en cardiologie.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 5
Échographie et mode Doppler
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Chapitre 5 IMAGERIE MÉDICALE
Échographie et mode Doppler
– sondes en réseau phasé : les impulsions US sont simulta- – la voie endovaginale pour l'étude du contenu utérin ;
nées (ou avec des décalages choisis). Ces émissions se réa- – la voie transrectale pour l'étude de la prostate ;
lisent de manière rapprochée pour obtenir une acquisition – la voie transœsophagienne pour l'étude cardiaque ;
dynamique. Ces sondes possèdent l'avantage de pouvoir – la voie intravasculaire (rare) pour l'étude de la paroi des
réaliser des focalisations électroniques laissant accès à diffé- vaisseaux.
rentes focales et permettant des angles de tirs obliques (voir
plus haut Principes de focalisation et Orientation électronique
du faisceau ultrasonore). Les dimensions de ces sondes sont Modes 3D et 4D
limitées et comprennent entre 64 et 128 éléments mais per- L'échographie 3D a vu le jour au début des années 2000. Elle
mettent un faisceau fortement divergent, ce qui offre des réalise l'acquisition de tout un volume, ce qui permet d'ob-
explorations à FOV larges. L'intérêt de ces sondes est de tenir directement une visualisation des trois plans de l'es-
pouvoir émettre dans un intervalle osseux (ex. : entre deux pace et d'y effectuer des techniques de post-traitement
côtes, au travers d'une fontanelle), ce qui facilite les explora- (3D de surface). Les premières acquisitions 3D consistaient
tions cardiaques et transcrânienne (pédiatrie) (figure 5.17C). en un balayage manuel de la zone explorée avec une sonde
Ces sondes électroniques peuvent aussi avoir une configu- multi-éléments. Cette acquisition est aujourd'hui dépassée
ration annulaire qui permet de réaliser des coupes à partir par des sondes plus performantes qui permettent l'acquisi-
d'une cavité du patient. Parmi les voies et les études endoca- tion du volume en temps réel (4D). Dans ce cas, deux tech-
vitaires, on retrouve (figure 5.18) : nologies existent (figure 5.19) :
Figure 5.18 Exemple de sonde à configuration annulaire exploitée par voie endorectale pour l'étude de la prostate.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 5
Échographie et mode Doppler
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Chapitre 5 IMAGERIE MÉDICALE
Échographie et mode Doppler
– de la vitesse de propagation des échos qui est fixe Les organes pleins sont échogènes (gris).
(1 500 m/s en moyenne) ; La graisse présente deux aspects : elle est hyperéchogène
– de la profondeur d'exploration : plus l'exploration est pro- autour des organes et hypoéchogène au niveau sous-cutané,
fonde et plus la distance parcourue par l'écho est élevée mammaire ou du hile hépatique.
(profondeur × 2), plus faible sera la résolution L'os et l'air, au regard des interfaces qu'ils génèrent avec les
temporelle ; autres tissus, ne permettent pas une transmission suffisante
– du nombre de focales lors d'une acquisition en focalisation des échos pour être explorés. L'essentiel des échos est alors
dynamique (sonde en réseau phasé). Plus ce nombre aug- réfléchi, on parle de miroir acoustique. L'interface « miroir »
mente, plus la cadence image diminue. est ainsi hyperéchogène.
La cadence images peut atteindre 45 images par seconde en
mode 2D et 25 images par seconde pour les sondes matri- 4.3. Cônes d'ombre et renforcements
cielles (3D). postérieurs
Dans certaines situations, l'aspect échographique de l'image
4.2. Échogénéité est faussé par un manque ou un surplus de signal. On parle
L'échogénéité correspond à l'intensité d'une structure sur de « cônes d'ombre » et de « renforcements postérieurs »
l'image échographique reconstruite, elle s'estime par rapport (figure 5.21) :
au parenchyme voisin (figure 5.21). Elle dépend principale- – les cônes d'ombre apparaissent quand les ultrasons ren-
ment des interactions de diffusion de chaque tissu. contrent une structure plus atténuante que les structures
Échogène signifie « qui génère des échos » : voisines ; dans ce cas (os, calcifications, air), il n'y a plus
– une structure hyperéchogène apparaît « blanche » ou d'échos émis en arrière de la structure, d'où la présence
« brillante » sur l'image ; d'une zone anéchogène = cône d'ombre ;
– une structure anéchogène apparaît « noire » sur l'image ; – les renforcements postérieurs apparaissent quand la
– une structure « échogène » est plus ou moins « grise ». structure est moins atténuante que les régions voisines ;
Les structures liquides (sang, bile, urine, épanchement, dans ce cas (structures liquidiennes), les échos émis en
kystes…), sont anéchogènes (noires). arrière de cette structure paraîtront plus intenses.
Figure 5.21 Échogénéités des tissus en échographie (A) et principes d'apparition des cônes d'ombre et des renforcements postérieurs (B).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 5
Échographie et mode Doppler
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Chapitre 5 IMAGERIE MÉDICALE
Échographie et mode Doppler
F
spatial plus important ce qui améliore la résolution spatiale,
une diminution par moyennage des cônes d'ombres et des
renforcements postérieurs. Malheureusement, la cadence Fr Gel échograhique
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 5
Échographie et mode Doppler
Ré
le signal Doppler est maximal (cos 0° = 1).
ce sion
pt
Em
io
En pratique, pour évaluer précisément la vitesse du flux san-
is
n
F
guin, il est important d'orienter la sonde de manière à être le
plus parallèle possible à l'axe du vaisseau étudié. À titre
d'exemple, une inclinaison de 25° génère une erreur de mesure Fr Gel échograhique
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Chapitre 5 IMAGERIE MÉDICALE
Échographie et mode Doppler
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 5
Échographie et mode Doppler
– les flux qui s'éloignent de la sonde sont codés en intensi- Angle de tir
tés de bleus (fréquences Doppler négatives). L'analyse spectrale du signal Doppler demande une inclinai-
Cette analyse colorimétrique se superpose à l'image écho- son de l'axe de la sonde le plus parallèle possible au trajet
graphique du même plan : on parle alors de « mode duplex ». vasculaire étudié. Un angle de tir supérieur à 40° ne permet
Cependant, un compromis doit se faire entre la qualité de pas une étude suffisamment précise des flux (erreur > 20 %).
l'image échographique et la précision des mesures Doppler.
En effet, une étude échographique de qualité demande une Taille de la fenêtre
orientation de l'axe de tir perpendiculaire à la paroi de la En mode pulsé, l'étendue de la fenêtre doit être limitée au
structure à étudier, tandis qu'en mode Doppler, l'axe de tir vaisseau étudié. On se repère ainsi sur une coupe
doit être la plus parallèle possible au flux étudié. échographique :
– une PFR élevée limite l'étude en profondeur ;
Doppler énergie ou Doppler puissance
– une PRF faible permet l'étude en profondeur.
L'imagerie Doppler puissance représente une cartographie en
couleurs des écoulements, mais que ne tient pas compte du Autres réglages (non abordés dans ce chapitre)
sens et de la vitesse des flux (fréquences Doppler). On perd alors D'autres réglages interviennent lors d'une acquisition en
toute notion d'hémodynamique. La puissance Doppler se cal- mode Doppler. Nous ne les expliquons pas volontairement
cule par l'intégration des spectres Doppler en temps réel en pour une première approche.
chaque point (pixel). Ce mode analyse la puissance ultraso- Parmi ces paramètres réglables, on trouve :
nore diffusée, qui est codée en intensité de couleur « orange ». – la gamme des vitesses ;
La puissance ultrasonore diffusée dépend de : – les filtres de parois ;
– la taille des globules rouges ; – le gain ;
– la concentration du sang en éléments figurés ; – la porte Doppler, etc.
– la fréquence ultrasonore.
Bien que le principal inconvénient de cette méthode soit Bibliographie
l'absence du codage des flux, plusieurs avantages la rendent Bushberg JT. Boone JM. The essential physics of medical imaging :
intéressante : Lippincott Williams & Wilkins ; 2011.
Gibbs V, Cole D, Sassano A. Ultrasound physics and technology : how,
– bonne visualisation de la lumière vasculaire des vaisseaux why and when. Elsevier Health Sciences, 2011.
même à flux lents (meilleure sensibilité et meilleure réso- Hoskins PR, Martin K, Thrush A, editors. Diagnostic ultrasound : phy-
lution spatiale) ; sics and equipment. In : Cambridge University Press ; 2010.
– faible dépendance par rapport à l'angle de tir ; Kane JW, Sternheim M. Physique. InterEditions ; 2004.
– visualisation de l'ensemble du trajet d'un vaisseau à trajet Laugier P, Tanter M, Bossy E, et al. Ultrasons : de la physique fondamen-
sinueux ; tale à la médecine. In : Kibler M, Poizat JC, editors. La physique pour
la santé : du diagnostic à la thérapie. Institut de Physique Nucléaire
– absence de phénomène d'aliasing fréquentiel. de Lyon ; 2006. p. 133–47.
Legmann P. Échographie. Issy-les-Moulineaux : Masson ; 2008.
6.4. Principaux paramètres réglables en Marchandise X. Biophysique : pour les sciences de la vie et de la santé.
pratique Omniscience ; 2006.
Schmidt G, editor. Précis d'échographie. In : Paris : Maloine ; 2007.
Choix de sonde Schomberg H, Beil W, Mckinnon GC, et al. Tomographie à ultrasons
Tout comme en échographie, la fréquence d'émission de la assitée par ordinateur. Acta Electronica 1984 ; 26(1–2) : 121–8.
Suetens P. Fundamentals of medical imaging. Cambridge University
sonde doit être adaptée à la région explorée :
Press ; 2009.
– des sondes de 3 à 2 MHz servent à l'étude de vaisseaux Tanter M, Aubry JF, Gerber J, et al. Optimal focusing by spatio-temporal
profonds ; inverse filter. I. Basic principles. J Acoust Soc Am 2001 ; 110(1) : 37–47.
– des sondes de 5 à 13 MHz sont adaptées à l'étude des vais- Webert JM. DTS IMRT – DE MER – Physique fondamentale.
seaux superficiels. Thebookedition.com ; 2015.
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IMAGERIE MÉDICALE
Chapitre 6
Produits de contraste
Élisabeth Moerschel
1. Introduction
L'imagerie médicale est fondée sur l'étude des contrastes tis-
sulaires liés aux procédés physiques utilisés et à la nature
physico-chimique des tissus. Très vite, pour augmenter et/ou
confirmer les informations fournies par l'image, l'idée d'ad-
ministrer des produits pour accentuer les contrastes s'est
imposée aux utilisateurs.
Aujourd'hui, nombreux sont les examens qui s'effectuent
avec l'administration de « produits de contraste », bien
entendu « adaptés » à la technique d'imagerie.
Pour le manipulateur, habilité à les administrer au patient
dans le cadre réglementaire du décret d'actes et d'exercice, le
fait d'en connaître les indications et contre-indications, leur
composition, leur mode d'administration, leur élimination
objective les compétences à acquérir.
L'ordonnance comporte obligatoirement : Le prix du médicament est ensuite fixé par le Comité économique
– le nom du prescripteur, son adresse, sa signature, la date à des produits de santé (CEPS) et le taux de remboursement est
laquelle l'ordonnance a été rédigée ; décidé par l'Union nationale des caisses d'assurance maladie
– les nom, prénom, sexe et âge du patient et, si nécessaire, sa (UNCAM). La décision finale relève du ministre de la Santé.
taille et son poids ;
– la dénomination du médicament, son dosage, sa poso
logie, sa voie d'administration
1.4. Historique
Ce qui différencie les produits de contraste des produits Dès les premiers examens radiographiques, la nécessité d'uti-
médicamenteux habituels, c'est qu'ils sont administrés liser des produits modifiant les contrastes radiologiques s'est
dans un but diagnostique et non thérapeutique. fait ressentir.
En 1896, c'est la première étude radiologique de l'appareil
digestif avec un animal de laboratoire après introduction
Pour en savoir plus d'un liquide plombé.
En France, l'activité des entreprises du médicament s'exerce En 1910, le sulfate de baryum, peu toxique, est retenu pour
dans un cadre très strict fixé par le Code de la santé publique. les examens digestifs.
Un médicament ne peut être commercialisé que s'il a reçu une
En 1901, Marcel Guerbet élabore le premier produit de
autorisation de mise sur le marché (AMM) des autorités sani-
taires françaises ou européennes. contraste organique à partir d'une huile iodée, le Lipiodol®.
Postérieurement à la délivrance de l'AMM, la pharmacovigi-
lance a pour objet la surveillance du risque d'effets indésirables Pour en savoir plus
résultant de l'utilisation du médicament.
Créée en 1926 par M. Guerbet, le laboratoire Guerbet a connu
Aucune considération économique n'est prise en compte dans
un développement important, rythmé par les innovations
la procédure d'AMM.
récurrentes ayant marqué les technologies d'imagerie médicale
L'AMM est la garantie que le médicament possède les critères
et les produits de contraste qui leur sont associés. Depuis, l'en-
de qualité, de sécurité et d'efficacité satisfaisants.
treprise a mis sur le marché différents produits majeurs issus
Les données scientifiques issues des phases de recherche et
de sa propre recherche (Télébrix®, Hexabrix®, Xénetix®).
développement sont compilées par le laboratoire fabricant dans
un dossier déposé auprès de l'autorité compétente au niveau :
– national : Agence nationale de sécurité du médicament et des En 1929, Moses Swick synthétise un produit iodé hydroso-
produits de santé (ANSM) ; elle s'est substitué le 1er mai 2012 luble, radio-opaque, qui se concentre plus fortement dans
à l'Agence française de sécurité sanitaire du médicament et
des produits de santé (Afssaps) dont elle a repris les mis-
l'urine (figure 6.2A).
sions, droits et obligations ; L'urographie intraveineuse à l'Urosélectan® est présentée
– ou européenne : Agence européenne du médicament (Euro- pour la première fois à la Société allemande d'urologie suite
pean Medicines Agency ou EMA). à ses travaux (figure 6.2B).
Le dossier d'AMM comporte plusieurs parties harmonisées au
niveau international pour faciliter l'utilisation des données :
– la partie QUALITÉ se rapporte aux procédures de contrôle Pour en savoir plus
des matières premières et du produit fini lors de la fabrica- Jeune chercheur américain en urologie dans les années 1920,
tion industrielle ; M. Swick obtient une bourse d'étude pour travailler chez le
– la partie SÉCURITÉ concerne les études conduites en célèbre urologue A. Von Lichtenberg et surtout collaborer avec
recherche préclinique, notamment du point de vue de la A. Binz, biochimiste à Berlin, qui vient de synthétiser un agent
pharmacocinétique et de la toxicité ; bactéricide iodé excrété principalement par les reins.
– la partie EFFICACITÉ correspond aux résultats des études
cliniques menées sur l'homme sain ou malade ; le rapport
bénéfice/risque doit être favorable.
Ces trois parties sont accompagnées du résumé des caractéris-
tiques du produit (RCP) à destination des médecins et de la
notice patient.
L'ANSM évalue la sécurité d'emploi, l'efficacité et la qualité des
médicaments. Elle assure également la surveillance des événe-
ments indésirables liés à leur utilisation. Elle exerce des activi-
tés de contrôle en laboratoire et conduit des inspections sur les
sites de fabrication et de recherche. Enfin, elle mène des actions
d'information auprès des professionnels de santé et du public
pour améliorer le bon usage des produits de santé.
Le directeur général de l'ANSM prend les décisions au nom de
l'État, signe les AMM, les ouvertures et fermetures des établisse-
ments, les retraits de produits… (http://ansm.sante.fr/Activites/
Autorisations-de-Mise-sur-le-Marche-AMM/L-AMM-et-le-
parcours-du-medicament). A B
L'accès au remboursement se fait dans un second temps, à l'ini-
tiative des laboratoires qui soumettent leur demande à la com- Figure 6.2 M. Swick (A). Premier produit de contraste iodé
mission de la transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS). hydrosoluble (B).
Source : reproduit avec l'autorisation de Shering Plough.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 6
Produits de contraste
En 1930, Schering commercialise l'Urosélectan®. Ce laboratoire tapisser les moindres replis de la muqueuse, ce qui permet
est pionnier dans le développement des produits de contraste de mettre en évidence de très petites lésions.
hydrosolubles (hydrosoluble se dit d'un corps soluble dans Les préparations pharmaceutiques à la disposition des
l'eau, ce qui signifie dans ce cas, injectable dans le sang). médecins prescripteurs sont généralement des flacons de
En 1974, le laboratoire Nycomed introduit sur le marché poudre ou de suspension à diluer avant l'administration du
l'Amipaque®, premier produit de contraste iodé non produit au patient :
ionique. Il constitue un tournant en matière de tolérance et – la voie orale (per os) nécessite des solutions à boire, elle est
de sécurité pour le patient. utilisée pour l'opacification du tube digestif haut (transit
En 1988, les premiers agents de contrastes dédiés à l'IRM (à œsogastroduodénal ou TOGD) ;
base de gadolinium) arrivent en France. – la voie rectale est utilisée pour l'opacification du rectum et
En 1996, le laboratoire Schering introduit sur le marché un du côlon (lavement baryté) (figure 6.3) ;
produit de contraste destiné à l'échographie. – l'opacification de l'intestin grêle par entéroclyse est plus
En réalité, quelle que soit la technique concernée, les firmes performante qu'un transit simple per os, le produit de
pharmaceutiques ne cessent d'œuvrer pour améliorer la contraste étant administré par une sonde au niveau de
performance des produits de contraste, tant du point de l'angle de Treitz.
vue de la qualité des images que de la tolérance des pro- Il faut noter cependant la supplantation de ces examens
duits par l'organisme. digestifs contrastés par les techniques endoscopiques clas-
siques (caméra) ou virtuelles (TDM).
2. Étude de produit radio-opaque : 2.3. Posologie
sulfate de baryum Les principaux produits barytés sont commercialisés sous les
dénominations suivantes : Micropaque®, Micropaque côlon®,
Le sulfate de baryum a été le premier produit de contraste Micropaque scanner®, Microtrast®. La posologie est donnée
utilisé en routine en radiologie conventionnelle, en raison à titre indicatif à la figure 6.4.
de ses propriétés chimiques. C'est un produit qui a trouvé
sa place dans les indications d'examens contrastés de l'ap-
pareil digestif. Bien toléré, il perd néanmoins de son inté-
rêt au vu du développement de techniques d'exploration
plus performantes, notamment l'endoscopie.
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Chapitre 6 IMAGERIE MÉDICALE
Produits de contraste
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 6
Produits de contraste
HOOC COOH I I I I
N
OH
CO-NH-CH2-CH-CH2OH
I I
CH3-CO
CO-NH-CH2-CH-CH2OH
N
CH2OH-CH-CH2 I OH
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Chapitre 6 IMAGERIE MÉDICALE
Produits de contraste
Rappels sur des critères purement chimiques Pour les molécules non ioniques, la molécule est d'emblée
d'osmolarité hydrosoluble grâce à la couronne d'eau qui se forme spontané-
L'osmose correspond au phénomène de diffusion entre deux ment à sa surface, ainsi les sites hydrophobes seront en théorie
solutions de concentration différente à travers une mem- inaccessibles et leur réactivité avec les protéines plasmatiques
brane perméable, le solvant passe alors de la solution la sera largement diminuée.
moins concentrée (la plus diluée) vers la plus concentrée afin
de tendre vers un équilibre de pression.
La pression osmotique s'exprime en mOsm/L.
3.3. Éléments de pharmacologie
Pour les produits de contraste : Fabrication et présentation des produits
– si l'osmolalité est supérieure à 1 000 mOsm/kgH2O, un PCI La sélection et l'utilisation des matières premières
est hyperosmolaire ; relèvent évidemment de contrôles extrêmement stricts du
– si l'osmolalité est supérieure à 600 mOsm/kgH2O, un PCI
point de vue de la qualité et de la conformité des compo-
est peu osmolaire.
sants, le procédé de fabrication ayant été validé par l'ANSM.
Les critères de pureté des substances, entrant dans la fabrication
Ces différentes caractéristiques peuvent faire l'objet d'une des produits, et les méthodes d'analyses, utilisées pour les
étude comparative (tableau 6.1). contrôles, obéissent au cadre réglementaire de la pharmacopée.
Dissociation ionique Le schéma de constitution d'un produit de contraste rejoint
celui de la composition du médicament en général :
Le caractère essentiel du PCI est son hydrophilie, cette pro-
– le principe actif : l'iode + molécule organique ;
priété étant indispensable pour que le produit soit considéré
– l'eau stérile et apyrogène (qui ne provoque pas de fièvre).
comme injectable dans la circulation sanguine. De ce point
La préparation et la mise en solution s'effectuent à des
de vue, et comme annoncé dans l'historique, deux généra-
températures bien déterminées, chaque étape faisant l'objet
tions de produits se sont succédé : les produits dits
de contrôles, de purification et d'ajustements physico-
« ioniques » et les produits dits « non ioniques ».
chimiques (pH, densité).
PCI ioniques Le conditionnement distingue :
À la mise en solution, ils se dissocient en deux ions par molé- – le conditionnement primaire qui concerne le remplissage,
cule : un cation (+) salificateur, un anion (−) organique. Ces le bouchage et le sertissage des flacons ; ces derniers pas-
charges rendent les molécules hydrophiles, c'est-à-dire seront à l'autoclave avant d'être soumis à des contrôles
capables d'engager des liaisons avec les molécules d'eau, et afin de vérifier la limpidité, la stérilité, la concentration ;
par conséquent permettent leur mise en solution. – le conditionnement secondaire qui concerne l'étiquetage
avec l'attribution d'un numéro de lot et l'emballage final
PCI non ioniques selon le mode de commercialisation (figure 6.10).
Ils sont spontanément hydrophiles du fait de leur structure La réglementation oblige d'organiser la traçabilité du pro-
chimique ; ils s'entourent de molécules d'eau sans se dissocier. duit en prenant en compte le numéro de lot et la date de
En réalité, du fait de la flexibilité moléculaire, des zones lipophiles péremption.
du produit iodé restent accessibles, ces interactions hydro-
phobes étant alors responsables de certains effets secondaires.
De nouveaux progrès ont permis de stabiliser la conforma- Pour aller plus loin
tion des molécules et de limiter l'accessibilité à ces zones. Pour les produits de contraste, la recherche et le développe-
ment ne concernent pas seulement les produits mais égale-
ment les conditionnements.
Rappels sur des critères d'hydrophilie et d'hydrophobie Les laboratoires, très à l'écoute des utilisateurs et des questions de
L'hydrophilie est la capacité pour une molécule à être soluble sécurité pour les patients proposent des solutions innovantes du
en milieu aqueux (engager des liaisons hydrogène avec les point de vue de la gestion des risques et de la réduction des coûts :
molécules d'eau par polarité). – le risque infectieux et le risque d'introduire de l'air dans la
L'hydrophobie est la propriété d'une molécule à ne pas pou- circulation du patient ont conduit les fabricants à produire
voir engager de liaison hydrogène mais à réagir avec des sites des flacons directement adaptables sur les seringues pour
apolaires grâce à des liaisons chimiques. injecteur ou prêtes à l'emploi (piston déjà monté) ;
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 6
Produits de contraste
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Chapitre 6 IMAGERIE MÉDICALE
Produits de contraste
– En intrathécale ou intracavitaire pour les examens de Le PCI est donc éliminé par filtration glomérulaire. On
canaux ou de cavités (saccoradiculographie, cystographie, observe le passage du produit de contraste du secteur plasma-
hystérographie, arthrographie, fistulographie, galactogra- tique vers le système collecteur au niveau du rein, il détermine
phie, cholangiographie percutanée…). une diurèse osmotique d'autant plus élevée que l'osmolalité
Tous ces examens relèvent de méthodes invasives réali- est forte. Cette phase produit une urine concentrée en pro-
sées par le médecin nécessitant : duit de contraste, c'est la phase utilisée en urographie.
– des conditions d'asepsie optimales ; En cas d'insuffisance rénale, il peut être éliminé, mais dans
– une ponction ou une injection localisée au territoire des proportions moindres, par voie biliaire, accessoirement
concerné ; par voie sudorale, salivaire et colique.
– des aiguilles et du matériel très spécifiques ; Les produits opacifiants des voies biliaires se répartissent dans
– une injection manuelle ou perfusion. le sang en deux fractions, l'une liée aux albumines plasmatiques
– Par voie orale pour les examens de l'appareil digestif : (transformée au niveau du foie), l'autre non liée (éliminée par
– l'opacification des voies biliaires par voie orale (cholé- les reins). Au niveau hépatique, l'acide liposoluble est trans-
cystographie) est une technique quasiment abandon- formé en composé hydrosoluble éliminé par les voies biliaires
née au profit de techniques mieux tolérées et plus dans le tube digestif avant l'élimination par voie rectale.
performantes comme la « bili-IRM » ;
Pharmacodynamie
– l'administration de PCI hydrosoluble par voie orale reste
d'actualité pour les examens du haut appareil digestif Pour ce qui concerne les produits de contraste iodés, la
lorsque l'ingestion de sulfate de baryum est contre-indiquée. pharmacodynamie concerne surtout l'étude des effets
secondaires. Ces derniers n'étant pas négligeables, ils
Pharmacocinétique et pharmacodynamie doivent être bien connus pour une prise en charge optimale
Définitions du patient.
La pharmacocinétique est l'étude du devenir du médicament, La chimiotoxicité des produits de contraste est liée aux
de l'administration puis de la distribution jusqu'à l'élimination. caractères d'hydrophilie et d'hydrophobie. L'hydrophilie étant
La pharmacodynamie est l'étude des effets du médicament la capacité du produit à engager des liaisons avec l'eau, c'est
au niveau de l'organisme ; les PCI étant administrés dans un l'hydrophobie qui est responsable de la chimiotoxicité des PCI.
but de diagnostic, ils ne sont pas absorbés et n'ont pas d'or- De plus, les interactions des produits de contraste avec les
gane cible ; le principe actif n'a pas d'autre destinée que de milieux biologiques sont proportionnelles à la lipophilie.
transiter au niveau des structures à visualiser en radiologie. La libération d'histamine, dès l'administration du produit,
Mais la pharmacodynamie concerne également l'étude des est classiquement jugée responsable d'effets secondaires
effets secondaires induits. observés chez 5 à 8 % des patients avec les PCI conventionnels
(le phénomène de libération d'histamine a été étudié sur des
Pharmacocinétique mastocytes de rat, en suspension dans du liquide péritonéal).
Elle est fonction du mode et du site d'administration. La toxicité des PCI se manifeste sous plusieurs symptômes, liés ou
Il faut distinguer une phase de distribution et une phase non à la dose, avec des manifestations locales et/ou générales.
d'élimination (tableau 6.2). Dans tous les cas d'injection de PCI, on retiendra le risque de
Une fois injecté, le PCI se distribue rapidement grâce à son réaction de type « allergique » même en injection intracavi-
hydrophilie. taire (sachant qu'il ne s'agit pas vraiment d'allergie).
Ces différents temps sont exploités en radiologie conven-
tionnelle, angiographie ou scanographie. 3.4. Toxicité et tolérance
La phase vasculaire, de l'ordre de quelques secondes, est Le patient doit être informé avant l'injection sur ce qu'il
utilisée en angiographie. peut ressentir, en insistant sur le caractère normal de l'effet
La phase interstitielle qui correspond à la diffusion du pro- secondaire : douleur à l'injection, chaleur, nausées, éternue-
duit de contraste du secteur plasmatique vers le secteur ments, urticaire. Le manipulateur doit être bien conscient de
interstitiel est de l'ordre de la minute, cette phase est utili- ces effets, en connaître l'origine et les précautions à prendre
sée en tomodensitométrie. afin de les limiter.
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 6
Produits de contraste
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Chapitre 6 IMAGERIE MÉDICALE
Produits de contraste
et présenter un risque (fiche de recommandation « produits perte de conscience, pouls imperceptible, pâleur, cyanose,
de contraste et thyroïde » en ligne : www.sfrnet.org) de : sueurs, effondrement de la tension artérielle, arrêt cardiaque
– hyperthyroïdie chez un porteur de nodules thyroïdiens réversible ou non.
autonomes ; Les réactions peuvent être immédiates (pendant l'injection,
– crise thyrotoxique chez un hyperthyroïdien ; au cours de l'examen) ou retardées (jusqu'à une semaine).
– gêner un traitement à l'iode radioactif ;
Que faire en cas de réaction d'hypersensibilité
– gêner une scintigraphie de la thyroïde.
immédiate, majeure ?
Quels sont les risques en cas d'extravasation ? Il faut :
Accident peu fréquent, l'extravasation (passage du produit – arrêter l'injection, arrêter l'examen ;
en dehors de la lumière d'une veine) peut être tolérée si elle – appeler le médecin (urgentiste, médecin réanimateur) ;
est limitée mais elle peut être à l'origine de sérieuses com- – rester près du malade et préserver la voie d'abord ;
plications du fait des propriétés physico-chimiques des pro- – préparer le matériel d'urgence et de réanimation ;
duits de contraste iodés (fiche de recommandation – commencer les gestes de soins et d'urgence le plus rapide-
« prévention de l'extravasation » en ligne : www.sfrnet.org) : ment possible.
– syndrome compressif des structures vasculaires et
nerveuses ; Remarque : il y a situation d'urgence chaque fois que le
– nécrose tissulaire. pronostic vital du patient est en jeu.
À chaque pose de voie veineuse, le manipulateur appliquera
les mesures préventives adaptées : La gravité de la situation nécessite de :
– bien choisir la veine ; – agir sans délais ;
– utiliser un cathéter de bon calibre plutôt qu'une aiguille ; – posséder les gestes d'urgence (réanimation cardiopulmo-
– tester la veine avant de brancher l'injecteur automatique naire ou RCP qui associe les compressions thoraciques et
et adapter le débit ; une ventilation artificielle) ;
– surveiller le patient et le point de ponction. – disposer et connaître le matériel d'urgence (laryngoscope,
canule de Guedel, insufflateur manuel, masques).
Selon l'arrêté du 3 mars 2006 relatif à l'attestation de forma-
3.5. Réaction d'hypersensibilité
tion aux gestes et soins d'urgence (AFGSU), la formation des
aux produits de contraste iodés
personnels des établissements de santé et médico-sociaux
Contexte doit être assurée de manière systématique en vue de la
L'« hypersensibilité » est un terme général qui regroupe l'en- « prise en charge, seul ou en équipe, d'une personne en situa-
semble des réactions de type « allergique », sachant qu'il faut tion d'urgence mettant en jeu le pronostic vital ou fonction-
distinguer les réactions non allergiques des réactions nel » (http://www.secourisme.net).
allergiques.
Comment limiter le risque de choc anaphylactique ?
Les réactions d'hypersensibilité non allergiques proviennent
de la toxicité des PCI (c'est le cas le plus fréquent). Plusieurs études ont établi que certains patients pouvaient
Les réactions d'hypersensibilité allergiques relèvent de méca- être considérés comme « sujets à risque » et qu'il existait
nismes immunologiques. une relation entre le stress du patient et les réactions
Sur le plan clinique, les symptômes peuvent aller de la simple d'hypersensibilité.
réaction cutanée au choc anaphylactique. Une conduite préventive permettant de réduire le risque et
L'iode seul n'est jamais en cause, mais la structure du d'augmenter l'efficacité de la prise en charge doit être
PCI qui contient des zones de forte réactivité chimique adoptée.
hydrophobe réagissant avec les parties lipophiles des pro- Elle débute par l'interrogatoire du patient par le médecin
téines circulantes et des protéines des cellules de surface, recherchant des facteurs de risque :
entraînant la libération de médiateurs chimiques dont – les facteurs liés au patient : anxiété, spasmophilie, sensibilité
l'histamine. particulière, fragilité (âge, dénutrition, déshydratation) ;
(Consulter la fiche « produits de contraste et allergie » en – les états pathologiques : diabète, affection cardiaque,
ligne : www.sfrnet.org.) hypertension artérielle, insuffisance rénale ;
– les traitements médicamenteux : biguanides, β-bloquants,
Signes diurétiques, hypotenseurs.
Les manifestations cliniques peuvent être localisées (œdème En ce qui concerne la préparation du patient (fiche de
laryngé, bronchospasme) ou généralisées (collapsus cardio- recommandation « produits de contraste et jeûne » en ligne :
vasculaire). Le choc avec collapsus cardiovasculaire est la www.sfrnet.org) :
complication la plus redoutée ; il débute au cours même de – la prémédication n'est absolument pas recommandée,
l'injection, tout au plus dans les premières minutes et se sauf cas très particuliers sur avis médical ;
poursuit par un certain nombre de signes traduisant la gra- – le jeûne n'est pas recommandé, sauf dans les cas d'exa-
vité de la réaction : érythème, œdème, sensation de lipothy- men interventionnel (il faut autant que possible veiller à la
mie intense, douleurs au creux épigastrique, vomissements, bonne hydratation du patient).
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 6
Produits de contraste
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Chapitre 6 IMAGERIE MÉDICALE
Produits de contraste
Pour plus de précisions Les études cliniques ont rapporté la « faible fréquence des
– La série chimique des lanthanides comporte un groupe de
effets indésirables » qui se limitent à des cas de céphalées,
15 éléments métalliques de numéro atomique allant de 57 à 71. de vertiges ou de nausées mais toujours d'intensité modérée.
– « Paramagnétique » se dit d'un élément qui « acquiert » une Par ailleurs, aucun effet sur les paramètres cardiovasculaires
aimantation de même sens que le champ magnétique dans n'a été décrit et l'injection de ces produits ne provoque pas
lequel on le plonge. d'effet irritant. En cas d'extravasation, les réactions inflam-
– Le gadolinium a un effet paramagnétique très élevé : matoires observées sont comparables à celles provoquées
10,8 magnétons de Bohr (unité de moment magnétique)
alors que celui du fer n'est que de 5,6.
par un soluté isotonique.
Les réactions graves de type choc anaphylactique sont très
exceptionnelles mais restent probables comme pour toute
La fixation de l'ion gadolinium Gd3 + à un « ligand » com- injection de médicament.
portant trois charges négatives permet de :
– supprimer la toxicité du gadolinium ; Risque de fibrose systémique néphrogénique
– conserver ses propriétés paramagnétiques ; Début 2006, des données internationales de pharmacovigi-
– améliorer sa pharmacocinétique. lance signalent un lien entre une exposition aux produits de
La molécule résultante est appelée « chélate » et permet contraste à base de gadolinium et la survenue d'une fibrose
l'administration et l'élimination du gadolinium au niveau de néphrogénique systémique (FNS) chez des patients atteints
l'organisme. d'une insuffisance rénale.
En IRM, le produit est « non spécifique » d'une pathologie ou Une centaine de cas a été rapportée au plan mondial dont
d'un organe. quelques-uns en France.
La FNS a été décrite uniquement chez des patients atteints
Pour plus de précisions d'insuffisance rénale.
– Un ligand est un atome, ion ou molécule possédant des apti- L'Agence européenne d'évaluation des médicaments a, en
tudes à se lier à un ou plusieurs atomes. conséquence, établi des recommandations par rapport à l'uti-
– Un chélate est un produit résultant des liaisons entre un lisation des produits de contraste contenant du gadolinium.
atome central et plusieurs sites liants d'un ligand. L'ANSM rappelle que « tout effet indésirable, grave ou inat-
– La constante de stabilité est le rapport entre la capacité du
tendu, doit être déclaré aux centres régionaux de pharmaco-
complexe à garder sa structure originale et le risque de disso-
ciation du complexe. vigilance » (www.informationhospitaliere.com).
Pour les produits de contrastes en IRM, différents complexes Pour plus de précisions
de gadolinium sont mis à disposition par les laboratoires La fibrose néphrogénique systémique est une maladie rare
spécialisés (tableau 6.3). décrite pour la première fois en 1997. Elle se caractérise par
l'épaississement de la peau et du tissu sous-cutané au niveau
4.3. Tolérance des membres et du tronc qui peut conduire à une diminution de
la mobilité articulaire et à des contractures invalidantes.
Tolérance générale Environ 5 % des patients présentent une évolution rapidement
Les études pharmacologiques (étude de la toxicité) et les progressive d'issue parfois fatale.
études cliniques (sur les patients) ont démontré l'excellente
tolérance des produits de contraste en IRM.
Cette tolérance est déterminée par : 5. Produits adaptés à l'échographie
– la nature non ionique du chélate ;
– la relativement faible charge osmotique (nettement infé- L'échographie est une technique d'imagerie présentant un
rieure à celle induite par les produits de contraste iodés) certain nombre d'avantages, le premier étant celui de ne pas
compte tenu des doses administrées ; exposer le patient aux radiations ionisantes. Les indications
– l'élimination complète et sous forme inchangée du produit. en sont donc nombreuses.
Chercher à renforcer le signal pour améliorer les renseigne-
Tableau 6.3 Produits de contraste disponibles sur le marché ments fournis par l'image échographique et optimiser le dia-
pour l'IRM. gnostic est légitime. Les laboratoires ont donc mis sur le
marché des produits de contraste spécifiques à l'échogra-
Chélate Noms du médicament
phie. Comment ces produits sont-ils adaptés à la technique
Gadopentétate de méglumine Magnevist® d'imagerie ? comment sont-ils tolérés ? sont les questions qui
Gadotérate de méglumine Dotarem® se rapportent à leur utilisation en pratique.
Gadotéridol Prohance®
Gadodiamide Omniscan®
5.1. Argumentaire
L'examen Doppler mesure la réflexion d'un signal par un
Gadobénate de diméglumine Multihance®
tissu ou un liquide en mouvement (cœur, vaisseaux). Il est
Gadobutrol Gadovist® une composante importante des techniques échogra-
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IMAGERIE MÉDICALE Chapitre 6
Produits de contraste
phiques modernes ; la morphologie du patient ou les carac- La concentration peut être de 200, 300 ou 400 mg/mL sui-
tères hémodynamiques de certains territoires étant à vant la quantité d'eau utilisée pour la dilution. La viscosité du
l'origine des limites de la technique. produit est proportionnelle à sa concentration et sa tempé-
L'objectif recherché est de mettre en valeur les flux sanguins rature mais reste inférieure à celle des produits de contraste
même très faibles et d'éliminer les signaux parasites. iodés ; de même son osmolalité ne provoque pas un appel
L'injection intravasculaire d'un produit de contraste adapté d'eau important.
augmente l'échogénicité du sang, et le signal ultrasonore
Sonovue®
est amplifié en intensité et en durée. La détection d'anoma-
lies vasculaires sur l'image est donc améliorée et la fiabilité Le Lévovist® contient de l'air alors que le Sonovue®
du diagnostic meilleure. contient un gaz à faible solubilité : l'hexafluorure de
Le renforcement du signal échographique renvoyé par le flux soufre (SF6). Les microbulles de gaz sont enrobées d'une
sanguin est obtenu par la présence de « microbulles » membrane de phospholipides qui confère au produit
contenues dans le produit injecté, celles-ci renvoient l'éner- une grande stabilité.
gie ultrasonore dans toutes les directions et créent notam- La concentration en SF6 est extrêmement faible puisqu'elle
ment un phénomène de rétrodiffusion. est de 8 μL pour 1 mL de solution. Les caractéristiques
Ces bulles sont évidemment extrêmement petites (< 10 μm) physico-chimiques du produit sont particulièrement
pour franchir les capillaires pulmonaires et éviter tout risque adaptées aux nouveaux logiciels de techniques d'imagerie
de micro-embolie. échographique.
Pour que le produit soit performant, les microbulles gazeuses 5.3. Préparation et administration
doivent être contenues dans une solution à la fois stable,
injectable par voie intraveineuse et bien tolérée par Avant l'administration du produit par voie intraveineuse, ces
l'organisme. microparticules doivent être mises en suspension. La prépa-
Plusieurs produits ont été mis au point par des laboratoires ration doit être extemporanée et nécessite le respect strict
spécialisés dans le domaine de l'imagerie médicale, mais on d'un protocole indiqué par le fabricant.
en citera en particulier deux : Schéma général du procédé :
– le premier, plus ancien (1996), est un composé de micro- – vérification d'usage du matériel, des produits et des
particules de galactose (Lévovist®) ; conditionnements ;
– le second, plus récent (2001), est un composé d'hexafluo- – mise en suspension du produit en utilisant uniquement le
rure de soufre (Sonovue®). matériel et les flacons présents dans le kit ;
Ces produits sont constitués de microbulles « encapsulées ». – agiter vigoureusement jusqu'à dissolution du lyophilisat
(quelques secondes).
Le produit, l'eau pour préparation injectable, le matériel
Remarque : les caractéristiques du produit de contraste ne pour la préparation et l'administration sont réunis dans des
seront pas suffisantes si les paramétrages de l'échographe coffrets de type « kit complet », permettant une préparation
ne sont pas adaptés. dans des conditions de sécurité.
Après leur injection dans la circulation générale, les
5.2. Propriétés physico-chimiques microparticules se dissolvent et libèrent les microbulles
qui vont amplifier les échos renvoyés pas les territoires
Lévovist®
vasculaires.
Le Lévovist® se présente sous la forme de granules composés
de microparticules de galactose associées à une très faible
5.4. Pharmacodynamie
concentration d'un acide gras physiologique, l'acide palmi-
tique (figure 6.14). Le Lévovist® n'est pas toxique, car il est composé de subs-
tances d'origine naturelle (le galactose est un sucre présent
dans l'alimentation). Après injection, il est métabolisé par le
foie puis éliminé.
CH2OH
L'hexafluorure de soufre se dissout dans le sang et est ensuite
O
expiré rapidement (100 % du produit est éliminé dans les
15 minutes qui suivent l'injection).
OH H H Dans les deux cas, les effets secondaires (nausées, céphalées,
sensation de malaise) sont en général sans gravité, leur fré-
quence est minime et ils régressent spontanément.
H
Cette très bonne tolérance est confirmée par les essais
OH OH
cliniques.
De façon générale, les produits de contraste utilisés en
échographie sont bien tolérés. Ils ne sont ni néphro-
H OH toxiques ni cardiotoxiques et les réactions d'hypersensibi-
Figure 6.14 Structure chimique du galactose (C6H12O6). lité sont rares.
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Médecine nucléaire
Chapitre 7
Généralités en médecine
nucléaire
Carole Dreyer et Claudine Zorn
émettre un signal quantitativement mesurable. L'isotope le Notons au passage que le becquerel (symbole Bq) est une
plus utilisé est l'iode 125, émetteur gamma de période unité permettant de mesurer la radioactivité. Son nom fait
60 jours. Cela nous permet ainsi un comptage précis et sen- honneur à Henri Becquerel qui a découvert la radioactivité
sible des hormones, des vitamines B12 avec le test de naturelle en 1896. 3,7.1010 désintégrations par seconde, soit
Schilling utilisant le cobalt 57, des marqueurs tumoraux, des 3,7.1010 Bq, correspondent à 1 Ci, nommé ainsi en hommage
médicaments… à Pierre et Marie Curie.
En hématologie isotopique, ces techniques in vitro per- Une seconde application thérapeutique consiste à traiter
mettent également, par dilution, la détermination des des affections de la membrane synoviale contenue dans les
volumes sanguins, essentiels dans le diagnostic des polyglo- articulations, des rhumatismes, de la polyarthrite rhuma-
bulies, des anémies, des dysprotéinémies et des hypovolé- toïde… On réalise alors une synoviorthèse isotopique par
mies. En effet, le nombre d'hématies par unité de volume de injection intra-articulaire d'un radio-isotope. Ces radio-iso-
sang n'a aucune signification sans la connaissance du volume topes émetteurs β− utilisés peuvent être le sulfure de rhé-
de sang. Dans différentes situations pathologiques, la varia- nium 186, le citrate d'erbium 169 ou le citrate d'yttrium 90.
tion du volume plasmatique peut entraîner des erreurs d'es- Ce geste provoque une cytolyse des tissus inflammés et de
timation du volume globulaire quand seule la numération la synoviale grâce aux rayonnements β−. Le choix d'un de
est prise en considération. Ces volumes sont le plus souvent ces radio-isotopes se fait en tenant compte de l'énergie
déterminés grâce au technétium 99. du β− émis et donc de son parcours moyen dans les tissus
mous et de la taille de l'articulation à traiter.
D'autres exemples peuvent illustrer cette radiothérapie
1.3. Techniques in vivo interne métabolique :
À visée thérapeutique – l'injection d'iode 131 associée à la méta-iodo-benzyl-
Ces applications à visée thérapeutique consistent à admi- guanidine (MIBG) afin de traiter les neuroblastomes et
nistrer à un patient une quantité assez importante de phéochromocytomes ;
radioactivité sous une forme particulière choisie, injectable – l'injection de microsphères chargées d'yttrium 90 par voie
ou per os, pour que la concentration radioactive soit maxi- intra-artérielle, dans les vaisseaux alimentant une tumeur
male au niveau du tissu que l'on veut détruire. Le radio-iso- hépatique. Ce traitement par radioembolisation nécessite
tope utilisé doit posséder un caractère suffisamment la collaboration du secteur interventionnel ;
ionisant afin de pouvoir détruire la cellule cible en y dépo- – l'injection d'anticorps marqués à l'yttrium 90 (Zevalin®)
sant un maximum de dose. On parle de radiothérapie qui représente une thérapeutique possible du lymphome
interne métabolique. Le rayonnement émis est dans ce cas malin non hodgkinien (LMNH) à cellule B ;
essentiellement de nature β− et concerne plus rarement le – l'injection de strontium 89, de samarium 153 qui permet
rayonnement α. Le transfert linéique d'énergie noté TLE, un traitement palliatif des métastases osseuses
qui correspond à la quantité d'énergie déposée par unité de douloureuses ;
longueur, doit être bien plus élevé que celui du rayonnement – l'injection du radium 223, connu sous le nom d'alpharadin,
gamma utilisé à visée diagnostique (voir chapitre 13). permet une fixation sur la corticale osseuse. Étant un
Cette technique à visée thérapeutique s'exerce dans la des- mimétique du calcium, le rayonnement α émis par ce
truction des résidus thyroïdiens après chirurgie du cancer radiopharmaceutique agit comme une microradiothéra-
et pour certaines hyperthyroïdies (maladie de Basedow). pie sur les cellules métastatiques osseuses. Le TLE de cette
Dans ce premier exemple, l'administration de la radioactivité particule est encore plus élevé que celui de la particule β−
se fait per os sous la forme d'une capsule d'iode 131 (iodure (strontium 89 et samarium 153), ce qui favorise une dimi-
de sodium 131I, émetteur β− et γ associé qui permet une nution de la myélotoxicité.
acquisition scintigraphique). La dose est adaptée à chaque Bien que requérant d'évidentes mesures de radioprotection,
patient en tenant compte de la pathologie, du taux de cap- tous ces traitements ont l'avantage d'une grande simplicité
tation de l'iode par la thyroïde et du poids de cette glande. et d'une facilité d'application comparativement au geste
Étant donné que l'iode est nécessaire à la synthèse des hor- chirurgical, en entraînant la destruction sélective du tissu
mones thyroïdiennes, cet atome d'iode radioactif sera direc- pathologique. Les applications sont multiples et en constant
tement capté et métabolisé dans la thyroïde. Il se produit développement.
ainsi une irradiation interne sélective, préservant les
organes voisins. L'iode 131 émet deux types de rayonne- À visée diagnostique
ment : le rayonnement γ et le rayonnement β−. C'est ce der- Ce domaine est celui de l'imagerie scintigraphique qui
nier rayonnement qui est utile dans la destruction du tissu consiste à administrer un radio-isotope à l'homme dans le
résiduel puisqu'il possède un parcours moyen de l'ordre de but d'obtenir une image fonctionnelle métabolique à dif-
2 mm au sein de la cellule. Si l'activité prescrite est impor- férentes échelles : les récepteurs, les cellules, le tissu, un
tante (> 740 MBq), le patient sera placé en isolement dans organe, un ensemble d'organes, le corps en entier. Le radio-
une chambre plombée pendant les trois premiers jours de isotope employé doit avoir un rayonnement suffisamment
son traitement afin de protéger son entourage des rayonne- pénétrant pour pouvoir être détecté en ressortant du
ments émis par l'iode 131. patient et peu ionisant afin de limiter le dépôt d'énergie le
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Médecine nucléaire Chapitre 7
Généralités en médecine nucléaire
long de leur parcours. Le TLE de ce rayonnement est alors charges. Le nombre de nucléons est noté A : il correspond au
faible (voir chapitre 13). L'énergie d'émission de ce rayonne- nombre de masse. Le nombre de neutrons est noté N et on
ment gamma doit être comprise entre 60 et 500 keV et le obtient donc l'égalité suivante : N = A − Z.
radio-isotope ne doit pas avoir d'émission parallèle de parti- Les masses du proton et du neutron sont à peu de chose près
cules fortement ionisantes comme les rayonnements α et β. égales (mp = 1,6726.10–27 kg et mn = 1,6750.10 −27). Or la
La scintigraphie visualise, par détection externe, la réparti- somme des masses des constituants est supérieure à la masse
tion des atomes radioactifs émetteurs gamma, éventuelle- du noyau. Ce défaut de masse correspond à l'énergie de liai-
ment couplés à une molécule spécifique. Cette molécule son nécessaire pour assurer la cohésion du noyau.
spécifique, également nommée vecteur, permet de diriger Pour chaque type de noyau, on peut ainsi définir un couple
les atomes radioactifs vers un organe cible. (A, Z). On écrit symboliquement le noyau , où X corres-
Cette dernière peut être de différente nature : pond au symbole de l'élément chimique auquel appartient
– une molécule, comme l'hydroxyméthylène diphospho- le noyau.
nate utilisée pour l'exploration osseuse ; Un élément chimique est défini par son numéro atomique Z.
– une hormone, comme la somatostatine utilisée pour la Deux noyaux possédant le même nombre de protons
mise en évidence de tumeurs possédant des récepteurs à (même Z), mais un nombre de masse différent (A ≠) sont
cette dernière ; appelés isotopes. Deux isotopes possèdent les mêmes pro-
– une particule, comme les macro-agrégats d'albumine priétés chimiques du fait de leur nombre égal d'électrons mais
humaine utilisés afin d'explorer la perfusion pulmonaire. leurs propriétés physiques diffèrent car leur nombre de neu-
On suit ainsi le devenir de cette molécule marquée, qui trons n'est pas identique. Exemple : le carbone et .
n'est autre que le radiopharmaceutique, en détectant la Autour du noyau se trouve donc le cortège électronique,
radioactivité qui lui est liée. On apprécie alors son métabo- composé d'électrons chargés négativement et dont la masse
lisme, cette molécule étant le traceur du phénomène que est bien plus faible que celle du proton ou du neutron
l'on souhaite étudier. (9,1.10− 31 kg).
Le patient, ou plus spécifiquement l'organe examiné, devient Un atome est électriquement neutre, ce qui veut dire qu'on
alors lui-même une « source lumineuse radioactive ». y trouve le même nombre de protons et d'électrons. Les élec-
Actuellement sur le marché, de nombreux atomes radioac- trons gravitent autour du noyau en formant ce que l'on
tifs sont proposés par divers laboratoires, mais depuis 1967 appelle le nuage électronique structuré en niveaux d'énergie.
le marqueur radioactif le plus fréquemment utilisé est le Chaque couche électronique peut accueillir un nombre
technétium 99 métastable dont la période est de déterminé d'électrons. Les trois premières couches électro-
6,02 heures. Le technétium 99 m est un radionucléide émet- niques sont appelées couches K, L et M et peuvent contenir
teur gamma dont l'énergie émise est de 140 keV. Il est au maximum respectivement 2, 8 puis 18 électrons. Le
obtenu lors de la désintégration radioactive d'un élément nombre d'électrons maximum par couche est donné par 2n2
parent : le molybdène. On parle de générateur molybdène/ où n correspond au numéro de la couche concernée
technétium. (figure 7.2).
Ce marqueur radioactif associé à une molécule précise per- L'énergie d'un atome peut varier, car les électrons peuvent
mettra d'obtenir des images de répartition, mais également passer d'une couche électronique à une autre d'énergie diffé-
des images de la physiologie des organes, des représenta- rente. Selon les cas, on aura soit restitution d'énergie, soit la
tions de débits, de flux artérioveineux, de débit sanguin céré- transition nécessitera un apport d'énergie. Cependant, un
bral et autre… atome ne peut exister que dans certains états d'énergie bien
Les images sont obtenues grâce à l'enregistrement radioactif définis ; on dit que l'énergie d'un atome est quantifiée ou
par les gamma caméras. Ces appareils peuvent effectuer des encore que les niveaux d'énergie sont discrets.
balayages du corps entier, réaliser des champs statiques et
dynamiques ou encore des acquisitions tomographiques e
M e e
permettant des reconstructions dans tous les plans de
électronique
e L e e
Nuage
l'espace. e Electron
e e K e e
e
e e
2. Radioactivité e
P Proton
Noyau
e e
2.1. Atome
Un atome peut se définir comme la plus petite partie d'un
e
e N Neutron
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Chapitre 7 Médecine nucléaire
Généralités en médecine nucléaire
On peut ainsi représenter les énergies d'un atome sous forme La radioactivité naturelle découverte en 1896 par Henri
d'un diagramme énergétique : Becquerel peut être définie comme la propriété qu'ont cer-
– l'état stable est l'état de plus basse énergie : c'est l'état tains éléments (éléments pères) de se transformer spontané-
fondamental ; ment en un autre élément (élément fils) par désintégration
– les autres états sont dits excités ; du noyau atomique. Cette transformation s'accompagne de
– lorsque l'électron n'est plus lié à l'atome, c'est-à-dire l'émission d'une particule (α ou β) ainsi que la plupart du
lorsqu'il a eu un apport suffisant d'énergie pour être libéré, temps d'un rayonnement γ de type onde électromagné-
on dit que l'atome est ionisé. tique. Les rayonnements gamma ont une énergie supérieure
Les travaux de Planck, à la fin du xixe siècle, ont démontré à 105 eV et leur longueur d'onde est inférieure à 10− 11 m.
que l'énergie lumineuse était transportée par des photons. Le technétium 99 métastable (99mTc) est un isotope remar-
L'énergie de ces photons correspond à un quantum d'éner- quable, ce qui explique sa large utilisation en médecine
gie bien précis. Lorsqu'un électron passe d'un niveau d'éner- nucléaire (figure 7.4).
gie E2 (couche électronique L) à un niveau d'énergie inférieur En plus d'avoir le même Z que le technétium 99, il est son
E1 (couche électronique K), on aura restitution de l'énergie isomère à vie longue, c'est-à-dire qu'il est capable de se
sous forme d'émission d'un photon d'énergie : maintenir anormalement longtemps dans un état d'excita-
tion avant de retourner à un état stable par émission d'un
E = E2 − E1 = hc/λ
rayonnement gamma. Le 99mTc se désexcite et cède au milieu
Avec : h = 6.626.10 J.s : constante fondamentale de Planck ;
− 34
extérieur son excès d'énergie sous forme d'un rayonne-
c = 3.108 m.s− 1 : célérité de la lumière dans le vide ; λ : lon- ment γ pur afin d'aboutir au noyau fils. C'est un phénomène
gueur d'onde de la lumière dans le vide (en m). secondaire à l'émission de la particule β−. Ces noyaux pré-
Par ailleurs, pour qu'un électron passe d'un niveau d'énergie sentent ainsi un grand intérêt pour les explorations scinti-
E1 à un niveau d'énergie E2, cela nécessite un apport d'éner- graphiques du fait de leur émission γ non accompagnée de
gie, on parle alors d'absorption du photon. Cependant ce rayonnement corpusculaire, ce qui limite l'irradiation à
photon ne pourra être absorbé et le transfert électronique l'organisme.
ne se fera que si le photon a une énergie au moins égale à la Le 99mTc est obtenu au sein même des services de médecine
différence d'énergie des deux niveaux considérés (figure 7.3). nucléaire par l'intermédiaire des générateurs de molybdène/
Lors de transitions électroniques au sein des couches pro- technétium. Le molybdène 99, précurseur du technétium 99,
fondes de l'atome, ce sont la plupart du temps des photons X est lui-même produit dans un réacteur nucléaire par bom-
qui sont émis. Leur longueur d'onde varie de 10− 8 à 10− 11 m bardement d'une cible d'uranium 235 par des neutrons.
et leur énergie de 102 à 105 eV. Tout comme dans l'atome vu précédemment, l'énergie du
noyau est quantifiée, cela implique que chaque radionu-
2.2. Stabilité du noyau et radioactivité cléide ne pourra émettre qu'un certain nombre de photons
Un noyau est dit stable lorsqu'il garde sa cohésion et ne gamma d'énergie déterminée correspondant aux transitions
subit aucune modification spontanée au cours du temps. Les énergétiques nucléaires. Ce rayonnement est caractéristique
noyaux stables ont pratiquement autant de protons que de de chaque isotope. Cette propriété permet donc, à partir
neutrons pour un nombre de masse inférieur à 20 et un léger d'un rayonnement gamma émis, de retrouver l'isotope en
excès de neutrons pour un nombre de masse supérieur à 20. question.
Certains noyaux peuvent cependant se décomposer spontané-
ment : on dit qu'ils sont instables ou radioactifs. En principe,
ces noyaux présentent une des caractéristiques suivantes :
– excès de neutrons par rapport au nombre de protons ;
– excès de protons par rapport au nombre de neutrons ;
– nombre de masse trop élevé ;
– excès d'énergie interne.
Absorption Emission
-
- -
- -
Noyau Noyau
+ +
- - - -
- -
- -
- -
Figure 7.3 Transitions électroniques avec émission ou absorption d'un Figure 7.4 Transmutations du molybdène 99 au technétium 99 en pas-
photon. sant par le technétium 99 m.
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Médecine nucléaire Chapitre 7
Généralités en médecine nucléaire
L'élément fils obtenu peut également, lors de certaines – capture d'un électron du cortège électronique par le
désintégrations, être radioactif à son tour et aboutir, plus ou noyau qui permet la transformation d'un proton en
moins vite, à un noyau stable. neutron.
Lors de toute transformation, on a conservation du nombre Équation de la réaction :
de charge, du nombre de nucléons et de l'énergie totale du A
X + -01 e ® A
Y +g
Z -1
système. Z
A
Z X ® AZ’’Y + za P + g 2.3. Décroissance radioactive
Avec : A = A′ + a et Z = Z′ + z. La désintégration d'un noyau radioactif est un phénomène
En fonction des particules émises, on distingue différents spontané et imprévisible. Cependant, pour chaque type de
types d'émissions radioactives (figure 7.5). noyau instable, on peut définir une probabilité de désinté-
gration par unité de temps. Cette probabilité est notée λ et
Radioactivité α correspond à la constante radioactive, propre à chaque
La radioactivité α s'applique principalement pour les noyaux atome. Lorsque la constante radioactive d'un atome est
lourds qui contiennent un grand nombre de protons et de grande, la période de celui-ci sera forcément faible et
neutrons. On aura désintégration du noyau père avec émis- inversement.
sion d'un noyau d'hélium 24He. L'activité A d'un échantillon d'éléments radioactifs corres-
Équation de la réaction : pond au nombre de désintégrations par unité de temps.
A-4 L'unité de l'activité est le becquerel et un becquerel corres-
A
Z X® Y + 24 He + g
Z -2 pond à une désintégration par seconde (ancienne unité le
Radioactivité β− curie : 1 mCi = 37 MBq).
Ce type de radioactivité est propre aux noyaux instables At = λ N(t) = Aoe− λt = Aoe− t/τ
ayant un excès de neutrons. Un neutron du noyau père va Avec : At = l'activité au temps t (Bq) ; Nt = le nombre de
se transformer en un proton avec émission d'un électron ou noyaux radioactifs au temps t ; λ = la constante radioactive
particule β−. (s− 1) ; Ao = l'activité au temps to (Bq) ; τ = 1/λ : constante de
Équation de la réaction : temps (s).
A
X® A
Y + -01 e + g La demi-vie ou période (notée T en s) d'un noyau radioactif
Z Z +1
est la durée nécessaire pour que son activité soit divisée par
Radioactivité β+ deux, c'est-à-dire le temps au bout duquel la moitié des
On observe ce phénomène pour les noyaux ayant un excès noyaux se seront désintégrés :
de protons. Cet excès de protons peut être corrigé de deux T = ln2/λ = τ ln2
façons : Dans un souci de radioprotection pour le patient, il est inté-
– transformation d'un proton en neutron dans le noyau, ressant en médecine nucléaire d'utiliser des radioéléments
accompagnée de l'émission d'un positon ou particule β+, dont la période est relativement courte.
antiparticule de l'électron ; c'est-à-dire une particule de Les isotopes les plus couramment utilisés sont indiqués dans
même masse mais de charge opposée. le tableau 7.1.
Équation de la réaction :
Tableau 7.1 Principaux radio-isotopes utilisés en médecine
A
Z X® A
Y + +01 e + g
Z -1
nucléaire.
Énergie
Radio- Énergie
N Zone de radioactivité α Période β− pour 131I et
isotopes gamma
β+ pour 18F
é
radioactivité ß -
tab
201
Tl 73,5 heures 75 keV,
135 keV,
es
167 keV
ed
I 13 heures 159 keV,
n
123
Zo
+ 530 keV
Zone de radioactivité ß 131
I 8 jours 364 keV 340 keV,
610 keV
Isotones (même N)
67
Ga 78 heures 93 keV,
184 keV,
296 keV
Isotobares (même A)
111
In 2,8 jours 172 keV,
Isotopes (même Z) 247 keV
Z 81m
Kr 13 secondes 190 keV
100
18
F 110 minutes 511 keV 634 keV
Figure 7.5 Diagramme de stabilité.
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Figure 7.9 Sorbonne blindée, de marque Comecer (A). Équipement du service de médecine nucléaire du CHU de Strasbourg. Marquage des vecteurs
au sein de la sorbonne (B).
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Généralités en médecine nucléaire
radioactif de 18F. Ce radiomarquage est effectué au sein d'un guines et enfin de marquer les cellules d'intérêt, qui seront
automate de production. Le 18F-FDG est livré « prêt à l'em- réinjectées au patient. La collaboration d'un laborantin est
ploi » dans les services de médecine nucléaire. indispensable dans ces étapes de séparations cellulaires.
Pour certains examens, il peut également être nécessaire de Les principaux médicaments radiopharmaceutiques utili-
procéder à des marquages cellulaires. Dans ce cas, il convient sés en médecine nucléaire sont retranscrits sous forme de
de réaliser préalablement un prélèvement sanguin au patient, tableau en distinguant le vecteur du marqueur
puis de procéder à la séparation des différentes cellules san- (tableau 7.2).
Tableau 7.2 Récapitulatif des principales utilisations de marqueurs et vecteurs ainsi que des exemples d'activités injectées et
d'indications.
Examen Vecteur Marqueur Activité Indications
Scintigraphie osseuse MDP (méthylène diphospho- 99m
Tc 700 MBq Algodystrophie, ostéomyélite, fracture,
nate) ou HMDP (hydroxymé- recherche de métastases osseuses,
thylène diphosphonate) ostéosarcomes, maladie de Paget…
Scintigraphie Chlorure de thallium 201
Tl 110 MBq à l'effort et Maladie coronarienne
myocardique 40 MBq au repos
Tétrofosmine ou sestamibi 99m
Tc 300 MBq à l'effort et Ischémie myocardique, infarctus du
800 MBq au repos myocarde
Scintigraphie des cavités Pyrophosphate stanneux 99m
Tc 800 MBq Mesure de la fraction d'éjection ventricu-
cardiaques laire et du débit cardiaque, bilan avant
chimiothérapie ou opération chirurgicale
Perfusion pulmonaire Macroagrégats d'albumine 99m
Tc 240 MBq Embolie pulmonaire, cancer bronchique,
humaine emphysème, bilan avant lobectomie
Ventilation pulmonaire Pertechnétate de sodium 99m
Tc 370 MBq dans le circuit
entraînent 37 MBq au
niveau des alvéoles
81m
Kr
Scintigraphie Pertechnétate de sodium 99m
Tc 130 MBq Ectopies thyroïdiennes, goitre et nodules
thyroïdienne Iodure de sodium 123
I 10 MBq thyroïdiens, hyperthyroïdie
Scintigraphie MIBI 123
I + 99mTc 50 MBq d'123I et Hyperparathyroïdie
parathyroïdienne (méthoxy-isobutyl-isonitrile) 700 MBq de 99mTc
Scintigraphie cérébrale ECD (ethyl cysteinate dimer) ou 99m
Tc 800 MBq/500 MBq Recherche d'anomalies de perfusion
HMPAO (hexaméthyl-propy- cérébrale, d'ischémie
lène amine-oxyme)
ECD/HMPAO + ioflupane 99m
Tc + 123I 800/500 MBq de 99mTc et Diagnostic différentiel entre tremblement
(transporteur dopamine) 150 MBq d'123I et maladie de Parkinson
Scintigraphie rénale DMSA (dimercaptosuccinic 99m
Tc 37 MBq Étude de la morphologie du cortex rénal,
acid) localisation de rein ectopique
DTPA (diethylene-triamine 99m
Tc 200/370 MBq Étude de la perfusion rénale, de la
penta-acetic acid) ou fonction rénale et des voies urinaires,
MAG3 détermination du débit de filtration
(mercapto-acétyl-tri-glycine) glomérulaire
Scintigraphie à la MIBG MIBG 123
I 185 MBq Recherche de phéochromocytome ou de
(méta-iodobenzylguanidine) neuroblastome
Octréoscan Pentétréotide 111
In 200 MBq Recherche de certaines tumeurs
neuro-endocrines, réceptrices à la
somatostatine
Scintigraphie Iodocholestérol 131
I 40 MBq Hypercorticisme, hyperaldostéronisme,
corticosurrénalienne tumeur corticosurrénalienne
Lymphoscintigraphie Nanocolloïdes 99m
Tc 4 × 4 MBq Recherche du ganglion sentinelle
mammaire
TEP au 18F-FDG FDG (fluorodéoxyglucose) 18
F 300 MBq Oncologie (métabolisme glucidique),
neurologie (perfusion cérébrale)
Tissus inflammés Citrate de gallium 67
Ga 170 MBq Recherche de lésions inflammatoire
ou infectés (sarcoïdose, infections…), de lymphome
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Médecine nucléaire Chapitre 7
Généralités en médecine nucléaire
Les effluents liquides radioactifs sont stockés dans des cuves – la contamination interne : présence de substances
de décroissance reliées aux éviers « actifs ». Le service dis- radioactives à l'intérieur du corps. Elle se concrétise lors de
pose d'au moins deux cuves fonctionnant alternativement l'ingestion quand ces substances sont déposées sur un ali-
(remplissage/stockage), situées dans un local indépendant. ment ou objet porté à la bouche, lors de l'inhalation et lors
L'activité volumique doit être inférieure ou égale à 10 Bq/L d'un passage cutané s'il existe une plaie ou par blessure par
avant évacuation. Un registre est tenu et réservé à la gestion un objet contaminé.
des cuves (figure 7.11). Une contamination est confirmée lorsque l'activité mesurée
Les patients injectés et donc radioactifs sont très fréquem- par le contaminomètre est supérieure à 2 fois l'activité du
ment amenés à vider leur vessie avant de réaliser les images. bruit de fond. Des procédures de décontamination, basées
L'élimination du radiopharmaceutique utilise majoritaire- sur les recommandations de l'Institut de radioprotection
ment la voie urinaire, c'est pourquoi le service dispose de et de sûreté nucléaire (IRSN), sont mises en place dans les
« toilettes chaudes », réservées à ces patients. Une fosse de services de médecine nucléaire afin de pouvoir réagir au plus
décroissance de type fosse septique est interposée entre ces vite et de manière adaptée dans un souci de radioprotection
sanitaires et le collecteur de l'établissement pour éviter un (figure 7.12).
rejet direct dans le réseau d'assainissement. Toute contamination nécessite un rapport d'incident
interne. En cas de suspicion de dépassement des valeurs
4.3. Que faire en cas de contamination ? limites fixées pour les travailleurs exposés aux rayonnements
En médecine nucléaire, on utilise des sources non scellées, ionisants, une déclaration auprès de l'Autorité de sûreté
c'est-à-dire des substances radioactives dont la présentation nucléaire (ASN) est obligatoire.
et les conditions d'emploi ne permettent pas de prévenir
toute dispersion de matière radioactive. Il existe donc un 4.4. Niveaux de référence diagnostiques (NRD)
risque de contamination. Cette dernière peut se présenter en médecine nucléaire
sous deux formes : Comme pour tout autre secteur d'imagerie diagnostique
– la contamination externe : dépôt de substances radioac- (radiologie de projection, TDM, imagerie interventionnelle),
tives sur la peau et les muqueuses découvertes. Les cir- l'IRSN fixe et met à jour périodiquement des NRD, tout en
constances de contamination externe les plus fréquentes tenant compte des recommandations internationales de la
correspondent aux incidents lors de l'injection du radio- Commission internationale de protection radiologique
pharmaceutique (désadaptation de l'aiguille, résistance à (CIPR).
l'injection, matériel défectueux), lors d'éclaboussures aux Ces NRD sont des indicateurs permettant d'apprécier
mains et au visage ; l'activité administrée au patient pour les explorations les
Figure 7.11 Logigramme décrivant la procédure à suivre concernant le tri des déchets radioactifs.
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Médecine nucléaire Chapitre 7
Généralités en médecine nucléaire
plus fréquentes. En médecine nucléaire, les NRD sont poitrine et sous le tablier plombé. Il est obligatoire de le
basés sur la moyenne des activités administrées dans les porter dès la zone surveillée. Ce dernier est associé au
différents services de médecine nucléaire à l'échelle natio- port de deux bagues à l'index de chaque main, indispen-
nale. À titre d'exemple, la scintigraphie du squelette au sable pour bénéficier d'une mesure précise de l'exposition
99m
Tc, qui représente l'exploration la plus répandue, cor- des extrémités. Ces dispositifs de mesure sont mensuels,
respond à un NRD de 700 MBq pour un adulte de poids individuels et nominatifs et permettent une lecture diffé-
standard. rée. À cela s'ajoute une dosimétrie active ou opération-
Tout dépassement régulier de ces NRD mérite des actions nelle avec le port d'un dosimètre opérationnel placé au
correctives et une démarche d'optimisation afin de gagner même niveau que le dosimètre passif corps entier. Il s'agit
en qualité dans les pratiques, tout en conservant une image d'un petit boîtier électronique fournissant en temps réel
scintigraphique exploitable. une lecture directe et en continue de la dose cumulée (par
exemple du début à la fin du poste ou depuis le début
4.5. Moyens de radioprotection d'une tâche), du débit de dose et est doté d'une alarme de
Pour le personnel dépassement de dose. Le port de ce dernier est obligatoire
Les moyens de radioprotection mis en œuvre dans un ser- dès la zone contrôlée verte. Tous ces dispositifs per-
vice de médecine nucléaire sont les suivants : mettent de mesurer l'exposition du personnel et de s'assu-
– interdiction de boire et de manger dans les zones régle- rer qu'elle ne dépasse pas les limites réglementaires ;
mentées (surveillées et contrôlées) afin de prévenir tout – les trois règles, la distance, le temps et les écrans :
risque de contamination interne ; – il est nécessaire pour les manipulateurs de rester à dis-
– porter des gants afin de se protéger de toute contamina- tance d'une source qui peut correspondre au patient
tion externe. Les gants de la sorbonne permettent d'évi- lorsque ce dernier est injecté, la dose de rayonnement
ter une éventuelle contamination cutanée et empêchent délivrée étant inversement proportionnelle au carré
le passage de l'air de la sorbonne vers l'extérieur. Le main- de la distance. Si la distance par rapport au patient est
tient de la surpression dans l'enceinte est alors assuré doublée, le débit de dose est divisé par 4 à partir d'un
(voir plus loin figure 7.14) ; mètre de distance,
– contrôler la non-contamination des surfaces à l'aide – il convient également de réduire au strict nécessaire la
d'un compteur de manière quotidienne ou plus si présence auprès d'une source radioactive. La dose déli-
nécessaire ; vrée est dans ce cas directement proportionnelle à la
– localiser la contamination à l'aide du même compteur ; durée d'exposition,
– mise en place d'une dosimétrie passive avec le port du – l'utilisation d'écrans plombés permet de se protéger des
dosimètre passif corps entier positionné au niveau de la rayonnements gamma. On retrouve le tablier plombé
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Chapitre 7 Médecine nucléaire
Généralités en médecine nucléaire
apportant une protection de 0,5 mm de plomb, avec aiguille à ponction lombaire et une pince Kocher de manière à
une préférence pour un ensemble veste et jupette cha- ce que les doigts de la personne qui prélève ne se trouvent pas
subles pour une ergonomie et une radioprotection opti- dans le cône d'irradiation, zone où il n'y a pas de protection
male. Mais aussi les paravents et murs plombés, le plombée (figure 7.14). Le prélèvement tout comme l'injec-
protège-thyroïde, les lunettes et gants plombés, la vali- tion du médicament au patient étaient manuels.
sette de transport plombée, les protège-seringues plom- Actuellement plusieurs solutions s'offrent à nous. À titre
bés, les enceintes plombées où sont préparés les d'exemple :
radiopharmaceutiques, les pots plombés et les pou-
belles plombées.
À la TEP, le rayonnement gamma étant beaucoup plus éner-
gétique (511 keV) que celui des principaux isotopes utilisés
en médecine nucléaire conventionnelle, une adaptation des
différents écrans doit être prise :
– d'une manière générale, l'épaisseur des différents écrans
est augmentée afin de garantir une atténuation suffisante
du rayonnement (figure 7.13). L'épaisseur de la sorbonne
basse énergie est de 6 mm de plomb, alors que celle de la
sorbonne haute énergie passe à 40 mm de plomb.
– les protège-seringues constitués de plomb en médecine
nucléaire conventionnelle, sont alors composés d'un
alliage de tungstène, de nickel, de molybdène et de fer
appelé Wolfmet à la TEP-TDM ; ceci confère à ces protège-
seringues une densité 50 % plus élevée que le plomb et
donc une meilleure protection.
En revanche, à la TEP-TDM, l'intérêt du tablier plombé est
bien moindre qu'en médecine nucléaire monophotonique.
En effet, le tablier ne permet qu'une atténuation très modé-
rée du rayonnement gamma de 511 keV (inférieure à 10 %
pour un tablier de 0,5 mm de plomb) et par conséquent, un
gain relativement faible en matière de radioprotection com-
paré à la contrainte du port de cet équipement.
La diminution des doses reçues par le manipulateur, au niveau
du corps entier et surtout au niveau des extrémités, a été pos-
sible grâce à l'évolution des dispositifs pour le prélèvement et
l'injection des médicaments radiopharmaceutiques utilisés à la Figure 7.14 Prélèvement manuel du 18F-FDG au sein d'une enceinte
TEP-TDM. Initialement, lors du prélèvement, on employait une haute énergie.
Figure 7.13 Comparaison des moyens de radioprotection entre la médecine nucléaire conventionnelle et la TEP-TDM.
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Médecine nucléaire Chapitre 7
Généralités en médecine nucléaire
– le prélèvement peut être effectué automatiquement. suivantes : les locaux où sont détenues ou utilisées les
Dans ce cas, l'enceinte blindée haute énergie doit être sources radioactives doivent être regroupés et situés à
dotée d'un automate de mise en seringue. Après avoir l'écart des circulations générales, un sas vestiaire pour le
installé les tubulures dans la pompe de l'automate, placé personnel est aménagé de telle sorte pour séparer dans
la seringue avec son protège-seringue dans le porte- deux secteurs distincts les vêtements de ville et les vête-
échantillon de l'activimètre ainsi que le pot de 18F, l'auto- ments de travail. Ce dernier comporte une douche et un
mate conditionne le radiopharmaceutique en seringue contaminomètre mural afin de contrôler l'absence de
de 5 mL. Le prélèvement est déclenché par l'intermé- contamination externe des mains, des pieds puis du reste
diaire d'un écran tactile ; du corps. Le revêtement du sol qui remonte sur les plinthes
– l'injection, associée à ce prélèvement automatique, peut est imperméable, sans joint pour faciliter la décontamination.
basculer du mode manuel au mode semi-automatique. Les locaux sont mis en dépression grâce à une ventilation
Un piston avec avancée automatique permet de chasser le indépendante du système général. Le renouvellement d'air
18
F contenu dans la seringue mais aussi de rincer cette der- est de 10 volumes/heure pour le laboratoire chaud et au
nière afin d'assurer l'injection de l'intégralité de l'activité minimum de 5 volumes/heure pour les autres locaux. Les
prélevée initialement (figure 7.15) ; éviers disposent de robinets à commande non manuelle.
– l'administration (prélèvement et injection) est réalisée via Certains sont identifiés « actifs » lorsqu'ils sont reliés aux
un injecteur automatique. Ce dernier est mobile et se cuves de décroissances et sont alors disposés à recevoir des
raccorde directement à la voie veineuse mise en place au effluents liquides contaminés.
préalable au patient. Suite à l'installation du pot de 18F et
des différents consommables, ce dispositif fractionne, Pour le patient
mesure et injecte l'activité nécessaire selon le poids du La justification : une activité qui utilise les rayonnements
patient. ionisants est justifiée seulement si les bénéfices qu'elle apporte
L'aménagement d'un service de médecine nucléaire est éga- sont supérieurs, notamment en matière sanitaire, sociale, éco-
lement conçu de manière à répondre aux règles de radio- nomique ou scientifique par rapport aux risques inhérents à
protection en vigueur. Les principales dispositions sont les cette exposition. Tout acte non justifié est interdit.
Figure 7.15 Enceinte blindée haute énergie de marque Tema Sinergie® disposant d'un automate de dispensation (A). Piston assurant une injection
semi-automatique (B).
Équipement du service de médecine nucléaire du CHU de Strasbourg-Hautepierre.
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MÉDECINE NUCLÉAIRE
Chapitre 8
Technologie des appareillages
Carole Dreyer et Claudine Zorn
Détecteurs Détecteurs
Résultats Collimateur
Résultats
S S
A B
Figure 8.3 Intérêt du collimateur : il va permettre de détecter uniquement les photons émis parallèlement aux septas.
A. Distribution du photon gamma sur l'ensemble de la source. L'image radiante obtenue sur le détecteur n'est pas conforme à la réalité.
B. Seuls les photons gamma émis dans l'axe du collimateur sont captés par le détecteur. L'image radiante est plus conforme à la réalité.
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Technologie des appareillages
Collimateurs à canaux obliques ou en éventail ou fan beam Dans ce cas, le respect de la distance focale est nécessaire
Dans ce cas-là, les canaux sont obliques et non plus paral- pour ne pas déformer l'image.
lèles entre eux. Il existe deux types de collimateurs à canaux
obliques, à savoir : Collimateurs sténopés ou pin hole
– collimation à canaux convergents, dont l'objectif princi- Ils se composent d'un seul trou et sont utilisés pour l'explo-
pal est d'augmenter le champ de la caméra ; ration de petits organes (ex. : la thyroïde) dans la mesure où
– collimation à canaux divergents, qui permettent un ils permettent d'agrandir l'image par rapport à l'organe étu-
agrandissement de l'image. Ce type de collimateur est dié. Leurs structures impliquent également une inversion de
dédié aux explorations cérébrales. l'image. Plus le trou sténopéique est fin, meilleure sera la
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Technologie des appareillages
résolution spatiale de l'image. Par contre le nombre de pho- En effet, le photon gamma incident va être dévié après inte-
tons qui traversent le trou sera réduit et la statistique de raction avec un électron de l'atome d'iodure de sodium et
comptage s'en ressentira. Il est alors nécessaire d'allonger la son origine ne pourra être retrouvée dans la masse du
durée d'acquisition. cristal.
En pratique, ces différentes géométries sont choisies selon En revanche, dans le cas idéal, lorsque le photon gamma
l'organe exploré et concernent les collimateurs dits de basse interagit avec les atomes d'iodure de sodium par effet pho-
énergie. toélectrique, on aura émission d'un photon à chaque fois
On distingue trois principales catégories de collimateurs qu'un photoélectron sera expulsé afin de combler l'orbitale
selon l'épaisseur des septas. sous-jacente. Ce photon va à son tour provoquer l'excitation
Le choix du collimateur tient compte de l'énergie de l'isotope des impuretés de thallium qui, en se désexcitant, vont
incriminé. Plus son énergie est élevée, plus l'épaisseur des sep- émettre des photons lumineux auxquels le cristal est trans-
tas doit être importante afin de stopper efficacement les pho- parent et les photomultiplicateurs sensibles.
tons diffusés. L'épaisseur est calculée pour entraîner une On observe ainsi ce que l'on appelle des réactions en cas-
atténuation d'au moins 95 % de l'énergie des photons les tra- cade. L'ensemble des photons lumineux émis est appelé
versant. On retrouve les collimateurs de basse énergie, gerbe scintillante : c'est la scintillation (figure 8.6). Les lon-
moyenne énergie et haute énergie. Le poids d'un collimateur gueurs d'onde de ces photons lumineux oscillent entre
varie de 50 à 100 kg en fonction de l'épaisseur des septas. 315 et 550 nm.
La modification de ces paramètres (épaisseur des septas, dia- Le nombre de photons lumineux produits par le cristal est
mètre, nombre et longueur des canaux) rend possible la réa- proportionnel à l'énergie des photons gamma incidents et
lisation d'un grand jeu de collimateurs (tableau 8.1). donc à l'énergie perdue par ces derniers dans le cristal ; on
parle de linéarité du cristal.
Cristal
Le cristal d'iodure de sodium dopé au thallium présente de
Pour la gamma caméra d'Anger, la conversion du rayon nombreux avantages :
gamma en un signal électrique se réalise de manière indi- – sa masse volumique est élevée, d'où la prédominance des
recte. On parle de conversion indirecte. En effet, une étape interactions par effet photoélectrique ;
intermédiaire est nécessaire et fait intervenir un cristal scin- – il est transparent aux photons lumineux émis après désex-
tillant solide à cristaux minéraux. Ce dernier est le plus sou- citation des atomes de thallium ; ceci implique qu'un
vent constitué d'iodure de sodium contenant des grand nombre de photons lumineux va atteindre les
impuretés ou activateurs au thallium (NaI-Tl). Ces impu- photomultiplicateurs.
retés augmentent la probabilité d'interaction avec les pho- Néanmoins, il présente une grande sensibilité aux chocs, aux
tons gamma. La taille de ce cristal varie et peut atteindre une variations de température et à l'humidité. Une variation
superficie de 50 × 60 cm2 et une épaisseur de 25 mm. supérieure à 1 °C par heure peut provoquer une cassure du
La fonction du cristal est de transformer les photons gamma cristal. Il faut se soumettre à ces contraintes d'utilisation.
incidents en photons lumineux qui seront par la suite cap- Différentes propriétés caractérisent le cristal : efficacité géo-
tés par les photomultiplicateurs. Cette transformation est métrique de détection, efficacité intrinsèque de détection,
basée sur des interactions photons–matière, de type effet épaisseur du cristal, résolution en énergie, temps mort.
photoélectrique ou effet Compton, sachant que l'effet Efficacité géométrique de détection : la résolution est
photoélectrique est prédominant pour les énergies infé- affectée par l'épaisseur du cristal. Le photomultiplicateur
rieures à 500 keV et les milieux à numéro atomique élevé reçoit la lumière émise par le cristal dans un certain angle qui
(figure 8.5). dépend de la hauteur à laquelle la scintillation s'est produite.
L'effet Compton ou diffusion est un effet indésirable et nui- Lorsque le cristal est épais, ces angles varient beaucoup selon
sible à l'image. la position de la scintillation. La résolution géométrique est
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Rappel
L'indice de réfraction est une grandeur sans dimension carac-
téristique d'un milieu qui décrit le comportement de la
Figure 8.6 Réactions en cascade au sein du cristal après interaction avec
lumière dans celui-ci.
le photon gamma incident.
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issus du cristal (figure 8.7). Une tête de détection comporte Chaque dynode possède une valeur de potentiel plus impor-
une soixantaine de photomultiplicateurs. tante que sa précédente. L'écart de potentiel entre chaque
dynode est d'une centaine de volts.
Pour aller plus loin Le photomultiplicateur permet d'amplifier et d'accélérer les
La photocathode émet ces électrons selon un rendement quan- électrons grâce au champ électrique, d'un gain d'environ
tique défini par R (λ). 106–107, ceci justifie une alimentation par un circuit haute
R(λ) = nombre de photoélectrons émis sur le nombre de pho- tension extérieur.
tons lumineux incidents. Finalement, ces électrons atteignent l'anode, d'où la création
R(λ) dépend de :
– l'efficacité de conversion de la photocathode ;
d'une brève impulsion électrique de l'ordre de la nanoseconde.
– la transmission du verre d'entrée du photomultiplicateur ; Le photomultiplicateur peut prendre en compte une nou-
– la longueur d'onde λ des photons lumineux incidents. velle impulsion lumineuse au bout de 10 à 20 nanosecondes.
Ce temps relativement bref permet d'éviter les temps morts
et offre alors un taux de comptage élevé. La rapidité et la
Ces photons lumineux vont frapper une photocathode sensibilité d'un photomultiplicateur sont deux notions très
constituée d'une fine couche de métal photosensible appo- importantes. On parle alors de mesure d'un flux lumineux.
sée dans une fenêtre de verre. Ce phénomène va générer des En résumé, le photomultiplicateur permet de convertir un flux
photoélectrons de même énergie que les photons lumineux de photons lumineux en un signal électrique mesurable.
incidents. Ces photoélectrons (ou électrons) sont donc
arrachés à ce métal par effet photoélectrique. Circuits de positionnement
Ces électrons produits vont ensuite être dirigés grâce à Lorsqu'une scintillation se produit dans le cristal, un certain
l'électrode de focalisation puis accélérés par un champ nombre de photomultiplicateurs captent une plus ou moins
électrique vers la première dynode. grande quantité de lumière en fonction de leur proximité. Ils
Ces électrons vont alors être amplifiés grâce à un ensemble vont alors délivrer des signaux électriques d'amplitude pro-
de dynodes adoptant une position et une forme optimisée portionnelle à l'intensité de la lumière perçue. À partir de
pour une efficacité de collection de ces électrons. ces signaux, les circuits de positionnement vont alors, par
La première dynode frappée par un électron produit plu- l'intermédiaire d'une matrice de résistances, définir les
sieurs autres électrons qui vont à leur tour frapper la deu- coordonnées spatiales (x,y) de l'endroit où cette scintillation
xième dynode. Chaque électron arrivant sur cette deuxième a eu lieu, coordonnées qui permettent ainsi d'afficher un
dynode va lui-même produire plusieurs nouveaux électrons. point sur l'écran. La localisation de la scintillation se fait par
En moyenne, un électron incident entraîne la production de calcul du barycentre sur l'ensemble du détecteur ou en se
cinq à six électrons secondaires. Ces derniers sont alors de limitant aux photomultiplicateurs les plus proches de la
plus en plus nombreux. Ce phénomène en cascade s'amplifie scintillation (figure 8.8). Ce calcul a lieu pour chaque scintil-
grâce à la différence de potentiel croissante qui règne dans lation produite et permet ainsi d'attribuer une valeur pour
le photomultiplicateur. chaque pixel composant la matrice image. S'affiche alors à
Figure 8.7 Accélération et amplification du nombre d'électrons entre les différentes dynodes du photomultiplicateur.
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l'écran une image de projection de la concentration de tra- > 140 + 7 %, c'est-à-dire que seules les impulsions comprises
ceur radioactif dans l'organe exploré. Le signal est directe- entre 130 keV et 150 keV seront prises en compte (figure 8.9).
ment numérisé en sortie du tube photomultiplicateur. Lorsqu'on réalise une acquisition en double isotope, il convient
alors de régler deux fenêtres : une pour chaque isotope. Il faudra
Circuits de spectrométrie
alors veiller à ce que ces deux fenêtres ne se chevauchent pas, afin
Remarque : dans le cristal, le photon gamma incident peut de ne pas polluer les deux images acquises simultanément.
interagir soit par effet photoélectrique (cas idéal), soit par
effet Compton (diffusé).
1.3. TEMP-TDM
Afin de pallier le phénomène de diffusé, des circuits électro- Les premières caméras d'acquisition TEMP-TDM (tomogra-
niques, appelés circuits de spectrométrie, ont été mis en phie par émission monophotonique–tomodensitométrie)
place. Cette installation a pour but de ne prendre en compte ont été mises sur le marché au début des années 2000.
que les photons gamma ayant été totalement absorbés par le Il s'agit d'une gamma caméra couplée à un scanner X
cristal (effet photoélectrique) par l'intermédiaire d'une (figure 8.10A). Même si les premières générations incluaient un
fenêtre énergétique. On parle de collimation énergétique. Il scanner à rotation lente, car solidaire aux têtes de détection,
s'agit donc de délimiter les bornes entre lesquelles on va désormais c'est un scanner désolidarisé possédant une vitesse de
mesurer les impulsions électriques. En pratique, ces fenêtres rotation, des caractéristiques et des images de qualité, compa-
sont réglées afin de tolérer en moyenne une marge de 7 à 15 % rables aux scanners diagnostiques actuels. La voie est également
de part et d'autre du pic photoélectrique. Les autres impul- ouverte à l'imagerie scanographique injectée à des phases dis-
sions non contenues dans cet intervalle seront éliminées. tinctes et à l'acquisition cardiaque synchronisée. Cette association
Plus la fenêtre énergétique est étroite, meilleure est la réso- de deux modalités différentes a été déterminante pour parer à la
lution en énergie, mais ceci au détriment de la résolution en principale gêne rencontrée lors de l'interprétation des examens :
sensibilité de l'image scintigraphique. L'idéal serait un spectre la précision dans la localisation des hyperfixations. Grâce à ce sys-
d'énergie ayant l'allure de la figure 8.9, à savoir une droite tème d'imagerie hybride, l'exploitation des résultats scintigra-
verticale passant par une énergie fixe. phiques par les cliniciens a été facilitée dans la mesure où le
Or, dans le cas des désintégrations monophotoniques, le scanner apporte les informations anatomiques complémen-
rayonnement diffusé Compton est inévitable avec le cristal, taires (repères osseux, musculaires…). L'image anatomique
d'où l'intérêt d'un bon réglage de la fenêtre énergétique. La (TDM) est superposable à l'image fonctionnelle (TEMP) afin de
résolution en énergie du cristal est caractérisée par la largeur former une image de fusion TEMP-TDM (figure 8.10B). Ce gain
à mi-hauteur du spectre en énergie. diagnostique est ressenti pour l'ensemble des explorations scinti-
Chaque isotope possède sa propre fenêtre spectrométrique. graphiques, essentiellement pour l'exploration osseuse.
Par exemple, lors d'une acquisition scintigraphique avec Un autre avantage de la TEMP-TDM est la possibilité d'établir
l'élément 99mTc ayant un pic photoélectrique à 140 keV, la une cartographie des différentes densités du patient qui permet
fenêtre d'acceptation sera en général de 140 − 7 % < fenêtre par la suite de corriger les images scintigraphiques, en corrigeant
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Figure 8.10 Gamma caméra hybride de marque Siemens, équipement du service de médecine nucléaire du CHU de Strasbourg (A) permettant une
fusion d'images issues de deux modalités différentes (B).
l'atténuation des rayonnements gamma émis par le patient Contrairement à la gamma caméra d'Anger, la caméra à
(voir plus loin Correction d'atténuation à la TEP-TDM). L'intérêt semi-conducteurs converti directement les photons
est d'augmenter le rapport signal sur bruit de l'image scintigra- gamma en signal électrique. On parle de conversion directe.
phique, intérêt précieux en ce qui concerne les localisations de Ce mode direct utilise le principe d'ionisation d'un solide en
petits foyers profonds qui, sans correction d'atténuation, peuvent créant des paires électron-trou dans un semi-conducteur.
se noyer dans le bruit de fond environnant. Ces paires sont ensuite collectées par un champ électrique
établi entre le détecteur (figure 8.11A). Le courant établi est
1.4. Caméra à semi-conducteurs proportionnel à l'énergie des photons incidents.
La caméra à scintillation est arrivée à ses performances Ces semi-conducteurs sont en grande majorité composés de
limites : rapidité du cristal, électronique associée complexe… CdZnTe : cadmium–zinc–tellure (CZT). Cette matière leur
Une alternative à la détection des rayonnements gamma a confère une densité élevée ainsi qu'un numéro atomique
vu le jour au début des années 2000. élevé, favorable à l'effet photoélectrique (tableau 8.2).
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Ils sont configurés en matrice de détecteurs où chacun cor- lectriques de deux isotopes différents d'énergie proche :
respond à un point de l'image et sont reliés par voie électro- par exemple entre le pic photoélectrique du 99mTc à
nique de calcul (circuit intégré). 140 keV et celui de l'123I à 159 keV (figure 8.11C). La résolu-
Cette technologie à conversion directe présente quelques tion spatiale s'en trouve améliorée ;
avantages : – l'ensemble est plus compact grâce à la densité élevée.
– le détecteur bénéficie d'un fort pouvoir d'arrêt pour Actuellement, ces semi-conducteurs sont surtout utilisés pour
une faible épaisseur grâce au numéro atomique élevé et à les explorations myocardiques. Ils sont disposés en modules
la densité élevée (90 % des photons de 140 keV sont arrê- de petite dimension, sur plusieurs rangées et sont associés à
tés pour une épaisseur de 6 mm). La sensibilité est dans une collimation soit parallèle, soit sténopéique. Pour cette der-
ce cas améliorée. Par ailleurs, même si l'épaisseur devait nière collimation, l'acquisition de la perfusion ventriculaire
être plus importante, cela ne nuirait pas pour autant à la gauche se fait de façon stationnaire, contrairement au mode
résolution spatiale (ce qui n'est pas le cas pour le cristal tomographique utilisé par les caméras à scintillation
scintillant) ; (figure 8.12). Lors des acquisitions, le patient peut être installé
– la résolution en énergie est nettement améliorée, le ren-
dement étant bien supérieur. À titre de comparaison,
1 600 charges sont récupérées par photon de 140 keV en Tableau 8.2 Comparaison des caractéristiques physiques entre
mode indirect alors que 30 000 charges sont récupérées en CdZnTe et NaI.
mode direct (figure 8.11B). Cette différence s'explique par
CdZnTe NaI
la limite du rendement lumineux du cristal et de l'effica-
Densité d = 5,81 g.cm− 3 Densité d = 3,7 g.cm− 3
cité des photomultoplicateurs. Grâce à cette meilleure
résolution en énergie pour le mode direct, l'image scinti- Cd Zn Te Na I
graphique s'en trouve plus contrastée ; Numéro Numéro Numéro Numéro Numéro
– la collimation électronique est également améliorée. atomique atomique atomique atomique atomique
Z = 48 Z = 30 Z = 52 Z = 11 Z = 53
Une meilleure distinction est faite entre deux pics photoé-
Figure 8.11 Comparaison entre les détecteurs à conversion indirecte et directe : principes physiques de détection (A) ; résolution en énergie (B) ;
collimation électronique (C).
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Chapitre 8 MÉDECINE NUCLÉAIRE
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en décubitus dorsal, ventral ou alors en position assise selon les le nombre de coups par pixel va être moins important chez
différentes configurations proposées par les constructeurs. l'enfant à matrice équivalente.
L'équipement de ces nouveaux détecteurs permet de dimi- La diminution de la taille de la matrice pour un même champ de
nuer la durée d'acquisition, de réduire les activités injec- vue permet ainsi d'augmenter le nombre de coups par pixel, ce
tées au patient, d'obtenir des installations de plus petites qui favorise le contraste (au détriment de la résolution spatiale).
tailles parfois mobiles mais restant dédiées à un organe
(essentiellement myocardique mais aussi cérébrale). La pers- 2.2. Mode dynamique
pective des constructeurs permettra des caméras couplées à Dans ce cas, l'injection du produit radioactif s'effectue
un scanner diagnostique ainsi que la diversification des conjointement au lancement de l'acquisition des images.
champs d'application en améliorant les performances des Contrairement à l'acquisition statique qui permet l'étude de
détecteurs et de l'électronique associée. distributions stables dans le temps, cette acquisition permet
l'étude de phénomènes transitoires, par exemple, la phase
vasculaire lors d'une angioscintigraphie du membre supé-
rieur ou inférieur au 99mTc-HMDP. Il s'agit d'une acquisition
2. Les différents modes d'acquisition séquentielle d'images dont le nombre et la durée sont définis
et leurs paramètres par l'opérateur, le détecteur restant fixe.
Cette technique permet également, après traitement numé-
2.1. Mode statique ou planaire rique, de réaliser des courbes activité/temps en fonction des
C'est le mode d'acquisition le plus simple. Dans ce cas, le différentes régions d'intérêt.
détecteur conserve une position fixe par rapport au patient, Les paramètres d'acquisition restent les mêmes qu'en mode
l'injection du traceur radioactif étant réalisée préalablement. statique, auxquels s'ajoutent également le nombre d'images
Ce mode d'acquisition est utilisé pour la scintigraphie thyroï- et la durée de chacune d'elles, ainsi que le nombre de
dienne, pulmonaire, osseuse précoce…Pour une gamma séquences dynamiques (comportant des temps différents)
caméra double tête, une acquisition de deux images sta- qui peuvent être enchaînées.
tiques est réalisable de manière simultanée.
Le plus souvent, on a recours à plusieurs incidences pour l'étude 2.3. Mode balayage
d'un organe. Par exemple, pour la scintigraphie pulmonaire, on Ce type d'acquisition est utilisé lorsqu'il est nécessaire d'étudier
étudie la ventilation et la perfusion pulmonaire selon six inci- l'ensemble du corps. C'est le cas de la scintigraphie osseuse
dences minimum : face antérieure, face postérieure, oblique dans le cadre d'un bilan d'extension et donc de recherche de
postérieure droite (OPD), oblique antérieure gauche (OAG), métastases osseuses ou encore lors de la scintigraphie à la
OPG, OAD, auxquels peuvent se rajouter les deux profils. MIBG-123I pour la recherche de localisations secondaires.
Les paramètres qui entrent en compte lors de ce type d'ac- Lors de cette acquisition, le patient reste allongé sur la table
quisitions sont : d'examen qui se déplace progressivement. Les têtes de détec-
– le choix de l'isotope associé à sa fenêtre spectrométrique ; tion s'adaptent automatiquement à l'épaisseur du patient afin
– le zoom et donc le champ de vue de la caméra ; de se positionner au plus près de celui-ci sans le toucher. On
– la durée d'acquisition en mode pré-temps ou le nombre de effectue alors un balayage de la tête jusqu'aux pieds du patient.
coups à atteindre en mode pré-coups ; La caméra double tête réalise l'acquisition de la face antérieure
– la taille de la matrice. et de la face postérieure simultanément. Ce balayage permet
Par exemple, pour les enfants, il est intéressant d'utiliser une de reconstituer les images de projections antérieures et posté-
taille de matrice plus petite que pour les adultes (128 × 128 rieures du corps entier du patient dont la dimension est supé-
au lieu de 256 × 256). Comme l'activité injectée est moindre, rieure à la taille du champ de vue du détecteur (figure 8.13).
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Gamma-caméra mono-tête
têtes à 180°
têtes à 90°
Figure 8.13 En haut, à gauche, photo d’une gamma caméra monotête de marque Philips ADAC. En dessous, photo d’une gamma caméra double tête
(tête à 180°) de marque Siemens.
Ces deux appareils équipaient le service de médecine nucléaire du CHU de Strasbourg-Hautepierre. À droite, exemple de reconstruction en mode balayage.
En bas, scintigraphie myocardique de perfusion à l’effort et au repos au Thallium : mise en évidence d’une ischémie antéro-apicale ventriculaire gauche
réversible.
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Figure 8.15 Coupe axiale de deux foyers radioactifs à gauche. Épandage de ces deux foyers radioactifs suivant quatre directions (image centrale).
Épandage de ces deux foyers radioactifs suivant quinze directions à droite.
X
Filtre "passe bas"
=
Filtre de HANN
16 projections
En résumé
L'avantage de la rétroprojection filtrée réside dans sa rapidité
d'exécution.
L'utilisation des filtres permet d'obtenir des images de bonne
qualité. Pourtant l'artéfact en étoile persiste, d'autant plus
que le nombre de projections est faible. Cet artéfact n'est que
minimisé. De plus, de nombreuses approximations ne sont
pas prises en compte en pratique, c'est le cas des fluctuations
statistiques ou encore des perturbations physiques (atténua-
tion, diffusion).
Une approche alternative pour la reconstruction des images
tomographiques existe, il s'agit des méthodes itératives.
Figure 8.17 Épandage des trente projections filtrées.
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Figure 8.24 Plus le nombre d'itérations est élevé, meilleure est la restitution des hautes fréquences.
L'augmentation du nombre de sous-ensemble accélère la vitesse de reconstruction.
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Technologie des appareillages
– les paramètres dits « intrinsèques » qui prennent unique- naux qui permet d'obtenir le spectre de différents isotopes
ment en compte la tête de détection sans les (figure 8.26). C'est un paramètre très important car l'élimina-
collimateurs. tion du diffusé au sein de l'image en dépend. De plus, lors de
À l'heure actuelle, les différents constructeurs préconisent l'acquisition en double isotope, il est important d'avoir une
certaines méthodes à entreprendre pour réaliser les divers bonne résolution en énergie afin de ne pas polluer les diffé-
contrôles sur les appareils. Ainsi ces contrôles varient d'un rentes images acquises avec différents isotopes entre elles.
appareil à l'autre. Ceci est d'autant plus important que l'énergie des deux iso-
Tout d'abord le champ de vue de la caméra doit être uni- topes en question est proche.
forme : soumis à une quantité équivalente de photons sur La surface d'entrée des photomultiplicateurs est relative-
toute la surface du champ, la réponse du système tête de ment grande (6–7 cm), il existe alors plusieurs positions
détection plus collimateur doit être la plus uniforme pos- d'entrée du photon lumineux dans ce dernier. Selon l'endroit
sible. Une table de correction d'uniformité est déterminée où se produit l'interaction, l'énergie peut varier. De plus un
à partir d'une source plane uniforme. Ce contrôle est réalisé photon peut également se situer entre deux photomultipli-
quotidiennement, en mode planaire, collimateur en place, à cateurs. Une correction spectrométrique est nécessaire
l'aide d'une galette de Cobalt 57 (Eγ = 122 keV) dont l'éner- afin d'adapter les fenêtres spectrométriques d'un photomul-
gie est voisine de celle du 99mTc (Eγ = 140 keV). tiplicateur à un autre pour en moduler les réponses.
Pour contrôler l'uniformité intrinsèque de la caméra, on uti- Le temps mort est un autre paramètre qui influe sur la qua-
lise une source ponctuelle de 99mTc (activité et forme spéci- lité des images. En effet, lorsque trop d'événements sont
fiées par le constructeur) placée à grande distance du perçus par le détecteur en même temps, ce dernier sature et
détecteur (collimateur retiré) afin d'évaluer la réponse de ce pendant un certain temps, appelé « temps mort », le détec-
dernier. Ce contrôle est mensuel. teur ne compte pas, alors que la radioactivité augmente.
La linéarité spatiale est un autre paramètre qui permet Cela entraîne une perte de comptage et donc une baisse de
d'évaluer une gamma caméra. Elle doit être contrôlée chaque l'indice de sensibilité.
année. Pour cela, on dispose d'une mire avec quatre qua- En somme, toute image uniforme d'un objet émettant un
drants à barres de plomb que l'on pose soit directement sur flux uniforme de photons cache un certain nombre de cor-
le cristal, soit sur le collimateur, au contact de laquelle on rections comme la correction spectrométrique, de linéarité
dépose une source uniforme de même taille. Après acquisi- et d'uniformité. Les contrôles qualité de chaque installation
tion statique, on contrôle à l'écran la visibilité de toutes les sont indispensables pour garantir la qualité de l'image scinti-
barres parallèles et on compare cette acquisition aux graphique. Le manipulateur participe à ces contrôles et veille
contrôles qualité précédents de manière à s'assurer que la au bon fonctionnement et à la sécurité des installations.
discrimination entre chaque barre soit toujours identique.
La résolution spatiale d'une gamma caméra est en moyenne 4.2. Liés au radiotraceur
de 7 à 8 mm, contre 1 mm pour le scanner (figure 8.25). Selon les examens effectués, le radiotraceur utilisé varie. Le
Lors de l'installation de la gamma caméra par les construc- médicament radiopharmaceutique choisi va ainsi se fixer sur
teurs, une correction de linéarité est effectuée afin de contrer l'organe que l'on souhaite étudier, mais il va également se
la distorsion de l'image suite à une variation de concentra- fixer sur d'autres organes en perturbant plus ou moins
tion des coups. Une matrice de correction rectifie l'image, l'image souhaitée. En effet, cette fixation sur un autre
essentiellement perturbée en bord de champ, là où la den- organe non étudié entraîne :
sité des photomultiplicateurs est plus faible.
La résolution intrinsèque en énergie est une troisième Coups
caractéristique à prendre en compte et à contrôler semes-
30000
triellement. Elle est définie comme la capacité de séparer
deux photons gamma d'énergies différentes, mais très
proches. Ce test est réalisé à l'aide d'un analyseur multica-
20000
Largeur à mi-hauteur du
pic photoélectrique
E (keV)
0
100 200 300
Espacement Espacement
Figure 8.26 La résolution en énergie correspond au pourcentage de la
de 3 mm de 5 mm
largeur à mi-hauteur du pic photoélectrique par rapport à l'énergie du
rayonnement (Re en % = ΔE/E).
Elle doit être inférieure à 12 % sur une gamma caméra avec un cristal de
Figure 8.25 Fantôme à barres. NaI.
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MÉDECINE NUCLÉAIRE Chapitre 8
Technologie des appareillages
Figure 8.27 TEP-TDM de marque Siemens (équipement du service de Tableau 8.3 Exemples d'isotopes utilisables en TEP-TDM.
médecine nucléaire du CHU de Strasbourg).
Libre
parcours
Équation de désintégration : Mode de Périodes Énergie du moyen du
Isotopes
production (en min) positon positon
18
9 F ® 188 O + 01 e +n ( neutrino ) dans l'eau
(en mm)
Le positon émis va ensuite s'annihiler avec un électron de la 18
F O(p,n)18F
18
109,8 634 keV 0,6
matière. La rencontre entre la particule de matière (élec- 11
C N(p,α) C
14 11
20,4 960 keV 1,12
tron) et l'antimatière (positon) va générer la création de
deux photons gamma de 511 keV chacun. L'énergie de ces
13
N O(p,α)13N 10
16
1 200 keV 1,44
photons gamma émis est fixe et découle de la formule sui-
15
O N(d,n) O
14 15
2 1 730 keV 2,22
vante : E = m0c2 où m0 est la masse de l'électron et c est la 68
Ga Générateur 68 1 899 keV 2,4
vitesse de la lumière, soit : E = 0,9.10− 31 × (3.108)2 = 511 keV. 68
Ge
L'émission de ces deux photons se fait en parallèle opposé, 82
Rb Générateur 1,3 3 350 keV 4,7
c'est-à-dire à 180° (± 0,5) afin de respecter les principes de 82
Sr
conservation de la quantité de mouvement et de la charge
électrique (e− ; e+).
On aura alors disparition de la matière et apparition d'éner- Le 18F est certes l'isotope émetteur de positons le plus utilisé
gie (figure 8.28). en TEP-TDM. Sa période est compatible avec une synthèse
Deux facteurs physiques limitent la résolution spatiale à la de la molécule vectrice sur le lieu de production (cyclotron)
TEP (≈ 4 mm) : associée à une livraison et une administration au patient
– le lieu d'émission du positon et le point d'annihilation ne dans le service de médecine nucléaire.
sont pas confondus. Le parcours moyen du positon issu Cependant d'autres isotopes, ayant chacun leur indication,
du 18F dans l'eau est de 0,6 mm. Cette distance séparant peuvent être utilisés. Pour la plupart des isotopes émetteurs
ces deux phénomènes est directement en lien avec l'éner- de positons, la limite d'utilisation est due à leur demi-vie très
gie initiale du positon (634 keV pour le positon du 18F) et courte qui nécessite alors la présence d'un cyclotron dans le
est propre à chaque positon. Le positon effectue des colli- service (tableau 8.3). Remarquons au passage que le 68Ga et
sions successives avec les atomes du milieu, ce qui le ralen- le 82Rb sont des isotopes émetteurs de positons, issus d'un
tit progressivement avant son appariement. Le libre générateur par filiation radioactive.
parcours moyen entraîne une erreur de positionnement 5.3 Radiopharmaceutiques utilisés
de la molécule traceuse à l'origine de l'émission puisqu'on
ne reconstruit pas directement la distribution spatiale du
Fluoro-désoxy-glucose (FDG)
radiopharmaceutique mais celle des annihilations ; Métabolisme glucidique cellulaire
– la faible variation de l'angulation des trajectoires des Une cellule normale capte le glucose par l'intermédiaire de
deux photons de 511 keV (180° ± 0,5) limite la résolution transporteurs membranaires appelés GLUT1, GLUT2,
spatiale essentiellement en périphérie du champ de vue. Si GLUT3 et GLUT4. Intégré dans la cellule, le glucose va être
l'annihilation se produit alors que la paire (e+ e−) a une transformé en glucose-6-phosphate par l'intermédiaire d'une
énergie cinétique non nulle, l'émission photonique ne sera enzyme appelé hexokinase. Plusieurs réactions chimiques
pas strictement colinéaire. suivent, faisant intervenir différentes enzymes pour aboutir à la
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production d'adénosine triphosphate (ATP) utilisée par la cel- Néanmoins, le 18F-FDG est un traceur peu spécifique, dans la
lule, de lactate, de CO2 et d'H2O. C'est l'ATP elle-même qui va mesure où il va également se fixer sur les sites inflamma-
réguler la glycolyse, grâce à son action inhibitrice sur la phos- toires ou infectieux, qui présentent eux aussi un métabo-
phofructokinase (PFK), enzyme favorisant la dégradation du lisme glycolytique plus important. Il est ainsi conseillé de
glucose en lactate. Pour rappel, la glycolyse est une voie méta- réaliser l'examen TEP-TDM quelques semaines après la der-
bolique d'assimilation du glucose et de production d'énergie. nière cure de chimiothérapie ou dernière séance de radio-
Dans une cellule tumorale en revanche, on observe une thérapie afin d'éviter les faux positifs.
augmentation de l'activité enzymatique de l'hexokinase et Des exemples de fixations pathologiques du 18F-FDG sont
donc une augmentation de la production de fructose 6-P présentés à la figure 8.30.
dont la fabrication est favorisée par la PFK. La glycolyse est
Diversification des radiopharmaceutiques
ainsi accélérée afin de répondre aux besoins énergétiques
accrus de cette cellule pour pouvoir proliférer. La TEP permet de quantifier in vivo, de manière non inva-
De plus, les transformations oncogéniques ayant eu lieu au sive, des processus biochimiques variés à une échelle molé-
sein de la cellule tumorale induisent l'augmentation de culaire. Ces dernières années, différents vecteurs spécifiques
l'expression des transporteurs de glucose, notamment à une biodistribution se sont développés. Le tableau 8.4
GLUT1 et GLUT4. illustre diverses possibilités (à l'heure actuelle, uniquement
La captation de glucose ainsi que la glycolyse sont donc aug- certains d'entre eux possèdent une AMM en France).
mentées dans une cellule tumorale. 5.4. Technologie des installations TEP-TDM
Captation cellulaire du FDG Cristal et couronne de détecteurs
Le FDG est un analogue du glucose en impasse métabo- Les cristaux scintillants utilisés sont capables d'interagir
lique intracellulaire ; ainsi le FDG va pénétrer dans la cellule avec les photons gamma de 511 keV. Le cristal « idéal » doit
de la même manière que le glucose, néanmoins son devenir certes être de petite taille, mais doit également posséder plu-
va différer de celui du glucose. En effet, le FDG va unique- sieurs propriétés pour aboutir à une bonne résolution spa-
ment subir la première phase métabolique : dégradation en tiale ainsi qu'une bonne efficacité de détection :
FDG-6-P par l'intermédiaire de l'hexokinase puis il se retrouve – la densité et le coefficient d'atténuation linéaire du cris-
piégé dans la cellule et s'y accumule. Suite au marquage du tal doivent être élevés afin d'optimiser la probabilité que
FDG par le 18F, le tissu tumoral peut ainsi être détecté et les photons interagissent dans le petit volume de cristal. La
visualisé grâce à leur surconsommation du glucose sensibilité du cristal est alors meilleure ;
(figure 8.29). Les images TEP offrent un reflet fidèle de l'acti-
vité métabolique de la cellule. Ceci explique la place impor-
tante qu'occupe l'indication oncologique lors des
explorations à la TEP-TDM au FDG.
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Tableau 8.4 Exemples de radiopharmaceutiques émetteurs de – la photofraction doit également être élevée, c'est-à-dire
positons. que la probabilité que la première interaction dans le cris-
Domaine tal se fasse par effet photoélectrique soit élevée ;
Isotope Traceur – le rendement lumineux ou rendement de scintillation du
d'application
18
F Fluoro-DOPA Synthèse cristal doit être bon : ceci facilite l'analyse des photons inci-
dopaminergique dents ; la résolution en énergie sera d'autant meilleure ;
Choline Tumeur de la – la décroissance de la luminescence doit être rapide afin de
prostate, minimiser le temps mort du cristal : un maximum de coïn-
hépatocarcinome cidences aléatoires vont être rejetées et un grand nombre de
Fluoro-uracile Évaluation de la photons vont être pris en compte par unité de temps ; ce
réponse facteur favorise la sensibilité du cristal (tableau 8.5).
chimiothérapeu- Des fibres optiques s'immisçant entre les cristaux scintillant
tique font office de guide de lumière.
FNa Synthèse osseuse À titre d'exemple, un agencement des détecteurs consti-
15
O Eau marquée Mécanismes de tuant l'anneau TEP est présenté à la figure 8.31.
perfusion Dans ce cas, l'unité de détection est formée d'un bloc de
11
C Acétate Métabolisme cristaux (38 × 38 mm) suivi de quatre photomultiplicateurs
oxydatif tumoral ou (PM ou diode à avalanche). Un ensemble de huit unités de
du myocarde détection forme le module de détection.
Méthionine Métabolisme L'ensemble des 35 modules mis côte à côte forme la cou-
tumoral des acides ronne de détection ayant un champ de vue de 60 cm. Cette
aminés et transport couronne se situe dans le même axe que le couple « tube à
Palmitate Métabolisme rayons X–détecteur » formant quant à lui la partie scanner
myocardique des avec un champ de vue de 50 cm (figures 8.32 et 8.33). Cette
acides gras disposition en anneau offre une sensibilité optimale pour la
Thymidine Mécanisme de détection simultanée des deux photons gamma émis.
prolifération Actuellement, la largeur de la couronne peut atteindre
cellulaire
40 cm. La localisation de l'origine de la scintillation au sein de
Tyrosine Métabolisme ces modules de détection repose sur le même principe que
tumoral
celui de la caméra d'Anger (coordonnées spatiale par la
13
N Ammoniaque Perfusion méthode des barycentres).
myocardique
Glutamate Métabolisme Détection en coïncidence
tumoral La détection en coïncidence des deux photons de 511 keV,
82
Rb – Perfusion provenant d'une même annihilation, est dite simultanée à
myocardique condition que ces deux photons soient enregistrés dans un
68
Ga DOTATOC ou Tumeurs intervalle de temps précis appelé fenêtre de coïncidence ou
DOTATATE ou neuroendocrines fenêtre temporelle. Cet intervalle de temps varie de 4 à
DOTANOC 10 nanosecondes selon le réglage des appareils (rappelons
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Couronne de détection
Photomultiplicateurs => 35 modules
Un module
=> 2 x 4 Unités de détection
Figure 8.32 TEP-TDM de marque General Electric (équipement du service de médecine nucléaire du CHU de Strasbourg-Hautepierre).
Il est composé de la partie scanner avec son tube à rayons X (A) et de la couronne de détection (B).
Figure 8.33 TEP-TDM de marque Siemens (équipement du service de médecine nucléaire du CHU de Strasbourg-Hautepierre).
Couronne de détection et photomultiplicateurs associés.
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que la vitesse de propagation d'un photon γ de 511 keV est Coïncidences aléatoires ou fortuites
de 3.108 m/s et qu'il faut 3 ns pour parcourir 90 cm). Deux photons provenant de l'annihilation de deux positons dif-
En revanche, si l'un des deux photons d'annihilation arrive férents peuvent tout de même être détectés simultanément.
sur le détecteur après le temps déterminé par la fenêtre de Cette coïncidence est dite aléatoire ou fortuite. Ce phénomène
coïncidence, l'événement à l'origine ne sera pas pris en est néfaste étant donné qu'il ne provient pas d'un événement
compte. Cette information est rejetée (figures 8.34 et 8.35). unique alors qu'il est comptabilisé en tant que tel. La localisation
Contrairement à la TEMP où la collimation est physique de l'annihilation sera erronée, d'où l'importance de réduire au
(pour mémoire les collimateurs sont en plomb), en TEP la maximum la largeur de la fenêtre de coïncidence (figure 8.36).
collimation est électronique. C'est pourquoi la TEP est envi- Des corrections basées sur l'estimation de la localisation de ces
ron 100 fois plus sensible que la TEMP. coïncidences sont utilisées. Cette estimation est tout simple-
Coïncidences vraies ment soustraite au moment de la reconstruction des données.
Les coïncidences vraies correspondent aux types de coïnci- Technologie « temps de vol » (time of flight ou TOF)
dences détectées permettant une information utile et cor- Sans la technologie TOF, on peut mesurer une ligne de
recte afin de localiser l'annihilation le long de la ligne de réponse sur laquelle a eu lieu l'annihilation mais sans
réponse (line of response ou LOR) reliant les deux détecteurs. connaître sa position précise. La probabilité d'émission est
Coïncidences diffusées uniforme le long de la ligne de réponse. La multiplication
des lignes de coïncidence permet alors la localisation spa-
Les photons de 511 keV émis sont susceptibles d'être diffu-
tiale des sources émettrices de photons.
sés par les électrons de la matière. Il s'agit de la diffusion
Avec la technologie TOF, sachant que les photons se pro-
Compton. Si l'un des deux photons d'annihilation subit
pagent à la vitesse de la lumière, la mesure de la différence
cette interaction, une coïncidence diffusée sera alors enre-
des temps d'arrivée ou « temps de vol » des deux photons
gistrée par les détecteurs. La ligne de réponse est alors erro-
émis simultanément permet de localiser la position de l'an-
née, la résolution spatiale diminue tout comme le rapport
nihilation sur la ligne de réponse (figure 8.37A). La probabi-
signal sur bruit. Ce phénomène est d'autant plus fréquent
lité d'émission tient compte de la distribution de la
que le patient est corpulent.
résolution temporelle Δt du système. L'emplacement de
Figure 8.34 Enregistrement ou non d'un événement, en fonction du temps nécessaire pour détecter le deuxième photon, et de la largeur
de la fenêtre de coïncidence.
Figure 8.35 Prise en compte de l'événement seulement si les deux détecteurs stimulés enregistrent les deux photons gamma quasiment simultané-
ment (fenêtre d'acceptation de 4 à 10 nanosecondes).
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coïncidence vraie
A
Ligne de réponse (LOR) B
coïncidence diffusée
coïncidence fortuite
F
onse (LOR)
Ligne de rép
l'annihilation sur la ligne de réponse est bien plus précis. La chaque LOR. La TDM permet de nous donner cette information.
fenêtre temporelle passe alors à 400 picosecondes. En effet, il convient de réaliser une acquisition hélicoïdale, avec
Le temps de vol permet de diminuer la dispersion du bruit ou sans injection, en respiration libre. On obtient ainsi une car-
statistique dans l'image reconstruite en réduisant le taux de tographie des coefficients d'atténuation tissulaires du corps
coïncidences fortuites. Le rapport signal sur bruit est amé- (acquises à 80 keV puis extrapolées linéairement à 511 keV) grâce
lioré et la résolution spatiale est ainsi augmentée d'où une au principe d'atténuation des rayons X. On peut alors corriger
meilleure détectabilité des petites lésions (figure 8.37B). De l'acquisition TEP, qui est une image d'émission, grâce à la TDM,
plus, le temps de vol permet de diminuer la durée d'acquisi- qui est une image de transmission, en prenant en compte les
tion des pas TEP et de réduire l'activité injectée au patient, obstacles traversés par les photons gamma. Ce procédé procure
optimisant la radioprotection du patient et du personnel. une image TEP avec correction d'atténuation (CA), qui per-
Le concept du temps de vol date des années 1980. Or il a fallu met une meilleure visualisation des structures profondes.
attendre la mise au point d'une électronique et de cristaux L'avantage de l'utilisation du scanner comme correction d'atté-
plus rapides, du type lutetium oxyorthosilicate (LSO) ou lute- nuation est de pouvoir fusionner l'image TEP et l'image scano-
tium–yttrium oxyorthosilicate (LYSO), disposant d'une durée graphique, offrant une localisation plus précise sur l'image
de décroissance de la scintillation plus réduite, pour voir appa- morphologique des anomalies scintigraphiques (figure 8.38).
raître les premières installations TEP-TDM TOF vers 2006.
Correction d'atténuation Pour aller plus loin
Selon la masse volumique des organes et des tissus traversés, Avant les appareils de génération TEP-TDM, on utilisait des
les rayonnements photoniques sont plus ou moins atténués sources radioactives externes émettrices γ (en remplacement
avant d'atteindre les détecteurs pour chaque ligne de des X issus du scanner) pour réaliser la correction d'atténua-
réponse. Cela signifie qu'en fonction des tissus traversés, la tion. Le 68Ge (germanium) ou le 137Cs (césium) tournaient
autour du patient. La durée d'acquisition des images était tri-
probabilité pour que les photons γ atteignent le détecteur plée (à savoir 40 min) par rapport à la durée actuelle avec le
varie. La quantité de photons γ parvenant aux détecteurs se couple TEP-TDM. De plus, l'obligation de renouveler régulière-
traduit par la formule suivante : ment les sources selon leur période était très handicapante.
N = N0e− μD Des années 1980 aux années 2000, l'acquisition TEP pouvait
Avec : N = nombre de photons atteignant le détecteur ; être réalisée selon deux modes différents : le mode 2D ou 3D.
En 2D, les couronnes de détecteurs étaient séparées par des sep-
N0 = nombre de photons réellement émis ; μ = valeur moyenne
tas, d'où une sensibilité plus faible compensée par une durée
des coefficients d'atténuation tissulaires se trouvant sur la d'acquisition rallongée et une activité injectée au patient plus
ligne considérée ; D = distance entre les deux détecteurs. importante (5,5 MBq/kg). Ce mode d'acquisition était destiné
Cette valeur N est indépendante de la distance entre le lieu de aux patients corpulents afin de limiter les fausses coïncidences.
l'annihilation et le détecteur pour une ligne de réponse exami- En 3D, les septas sont rétractés, d'où une sensibilité plus impor-
née. En connaissant ainsi la masse volumique de chaque tissu, on tante, une durée d'acquisition et une activité injectée (4 MBq/
kg) diminuées. Ce mode était réservé aux patients plus fins.
peut retrouver le nombre de photons réellement émis pour
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MÉDECINE NUCLÉAIRE Chapitre 8
Technologie des appareillages
Figure 8.37 Principe de mesure du temps de vol (A) ; diminution de la dispersion du bruit avec TOF comparativement à une coupe reconstruite sans
TOF (B).
Figure 8.38 Image du corps entier en coupe frontale avec correction d'atténuation (A). Image du corps entier en coupe frontale sans correction
d'atténuation (B).
La visualisation des structures profondes est meilleure sur l'image TEP avec correction d'atténuation.
Standardized uptake value (SUV) Le SUV se définit comme étant le rapport entre la fixation dans
SUV est l'abréviation de standardized uptake value, signifiant un tissu d'intérêt (en kBq/mL) à un instant donné par rapport
valeur de captation normalisée. Elle permet de caractériser à la dose injectée au patient (en kBq) et son volume (en mL).
quantitativement la captation du radiopharmaceutique et Or, en admettant que le patient a une masse volumique
est utilisée en TEP-TDM de manière quotidienne. de 1 g/mL, le SUV correspond alors au rapport entre la
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Technologie des appareillages
fixation dans un tissu d'intérêt et la dose injectée nor- de ces nodules ; ainsi, ces nodules n'apparaîtront pas aux
malisée par le poids. mêmes endroits sur les coupes TDM et sur les coupes TEP ;
En simplifiant on obtient la formule suivante : – quantitatif : le volume de la tumeur se trouvant aug-
fixation dans le tissu d'intérêt (k Bq/mL) menté à cause des mouvements respiratoires, on aura
SUV = également une baisse de la valeur du SUV. Cette diminu-
dose injectée (k Bq)/poids (g)
tion du SUV peut être particulièrement gênante lorsque
On constate alors que cet indice est une quantité sans unité. l'enjeu de l'examen TEP est de déterminer le caractère
Si le traceur se répandait de manière uniforme dans l'en- malin ou non de petits nodules pulmonaires.
semble du corps humain, le SUV serait identique en n'im- Pour remédier à ces artéfacts, une synchronisation respira-
porte quel endroit du corps et sa valeur serait égale à un. toire peut être réalisée.
Tout écart de répartition du traceur se traduit par une Exemple de technique permettant la synchronisation respira-
variation du SUV, proportionnellement à l'importance de toire : il convient de placer sur le torse du patient allongé sur la
l'écart. table d'examen un prisme sur lequel se trouvent deux mar-
Pourtant, il est important de garder à l'esprit que cette valeur queurs réfléchissants qui doivent être dirigés en regard de la
de SUV tient compte de différents phénomènes aléatoires et caméra infrarouge située au bout de la table (figure 8.39).
la formule définissant le SUV comporte un certain nombre Ainsi la caméra va filmer les mouvements respiratoires du
d'approximations. Voici quelques exemples : patient et les transmettre à la console d'acquisition qui va
– l'atténuation des photons gamma de 511 keV entraîne découper les cycles respiratoires en phases (six à huit
une sous-estimation de la mesure de concentration du phases en général) (figure 8.40). Ces phases peuvent être
traceur, la correction d'atténuation n'étant pas parfaite ; définies en fonction soit du temps, soit de l'amplitude du
– une correction de diffusion introduit des approximations mouvement respiratoire.
et des erreurs d'estimation de l'activité persistent ; Des algorithmes de recalage sont ensuite appliqués afin de
– les organes mobiles entraînent un flou cinétique. Les réaligner les images synchronisées. On pourra ainsi visualiser
mesures de concentration du traceur pour ces organes sous forme de film les mouvements respiratoires du patient
sont sous-estimées étant donné que le signal est réparti (figure 8.41).
sur un plus grand volume dû aux mouvements. Notons Cette synchronisation est intéressante lors des simulations de
tout de même que les synchronisations respiratoires et radiothérapie à la TEP-TDM de manière à tenir compte, lors
cardiaques lors des acquisitions minimisent cette de la délinéation de la tumeur, des mouvements respiratoires
sous-estimation. du patient, inéluctables lors des séances de radiothérapie.
Tous ces phénomènes, même s'ils sont minimes, affectent les
valeurs du SUV. Synchronisation cardiaque
Pourtant le SUV est un index utile. La solution apportée est Les battements cardiaques, tout comme les mouvements
de normaliser ou simplifier la fixation du radiotraceur, facili- respiratoires, sont inévitables et engendrent des artéfacts
tant l'interprétation des images. au niveau des images TEP. Pour éviter ce phénomène, une
Les méthodes d'acquisition, de traitement d'images doivent synchronisation cardiaque consiste à enregistrer un élec-
suivre le même protocole, être reproductibles afin de mini- trocardiogramme du patient pendant toute la durée de
miser les variables (injecter la même activité par kilo, tenir l'examen. Ces informations permettent de découper le cycle
compte de la décroissance radioactive…). cardiaque (intervalle R-R) en différentes phases (six à douze
Le SUV permet alors de comparer l'intensité de fixation du en général) et de rejeter les cycles inutiles en cas de pro-
radiotraceur au sein de la tumeur entre différents patients blèmes rythmiques.
ou à différents stades de la prise en charge thérapeutique Cette synchronisation réalisée sur 10 minutes correspond en
pour un même patient. En pratique, une valeur de SUV moyenne à 650 cycles cardiaques, découpés chacun en six à
supérieure à 2,5 caractérise un territoire franchement douze phases. À chaque nouveau cycle, les informations obte-
pathologique en termes carcinologiques. nues lors de chaque phase sont redistribuées respectivement au
sein des images obtenues précédemment. À la fin de l'acquisi-
Synchronisations respiratoire et cardiaque tion, les images correspondant à chaque phase contiennent
Synchronisation respiratoire assez d'informations pour être visualisées avec une bonne résolu-
Contrairement aux acquisitions scanographiques classiques, tion et sensibilité (figure 8.42 ; voir plus haut Mode synchronisé).
une acquisition TEP-TDM ne peut être réalisée en apnée Cette technique permet également d'obtenir une cinéma-
compte tenu de sa durée. De ce fait, les mouvements respira- tique des battements cardiaques.
toires sont inévitables et entraînent des artéfacts qui peuvent
rendre l'exploitation des images TEP plus ou moins difficile. Simulations pour la radiothérapie
Ces artéfacts sont de deux ordres : Avant de débuter tout traitement par radiothérapie, une
– qualitatif : les mouvements respiratoires peuvent entraî- simulation est nécessaire afin de déterminer la position du
ner une déformation de la tumeur, une augmentation de patient tout au long de son traitement, la balistique, la dose
sa taille ou, s'il s'agit de petits nodules pulmonaires, à délivrer à la tumeur en épargnant au mieux les tissus sains
peuvent entraîner une modification de positionnement environnants…
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Technologie des appareillages
1 2 3 4 ... 8 1 2 3 4 ... 8
...
Figure 8.40 Dans cet exemple, un cycle de la courbe de la fréquence respiratoire est découpé en huit phases ou bins.
Au fur et à mesure des cycles, les images de chaque phase ont de plus en plus d'information et s'affinent.
Figure 8.41 Champ pulmonaire non synchronisé. On observe un agrandissement de la lésion sur les images TEP par rapport aux images scanogra-
phiques ainsi qu'un décalage dans le sens antéropostérieur et cranio-caudal. Champ pulmonaire synchronisé : les images TEP et scanographiques
sont superposables.
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Chapitre 8 MÉDECINE NUCLÉAIRE
Technologie des appareillages
La simulation est la plupart du temps réalisée au scanner Le volume à irradier comprendra la tumeur, c'est-à-dire le
mais peut également l'être à la TEP-TDM. GTV pour gross tumor volume, l'envahissement métabolique
Cette technique permet d'apporter des informations com- associé ainsi qu'une marge de sécurité pour aboutir au PTV,
plémentaires qui contribuent à l'amélioration de la qualité c'est-à-dire planning target volume. Les organes critiques,
des traitements par radiothérapie, dans la mesure où il s'agit comme les poumons, la moelle épinière, l'œsophage, feront
d'une imagerie fonctionnelle et métabolique et non unique- l'objet d'une attention particulière et seront également maté-
ment anatomique comme au scanner. rialisés par le radiothérapeute (figure 8.46 ; voir chapitre 12).
Des accessoires supplémentaires sont indispensables : un Grâce aux contours tracés par le médecin et au logiciel infor-
plan dur sur lequel sera installé le patient, les mêmes acces- matique prévu à cet effet, les lasers vont se repositionner
soires de contention que ceux utilisés lors de chaque séance pour définir sur le patient le nouvel isocentre qui sera tatoué
de radiothérapie (Kneefix®, Posibras®, masque personnalisé, et qui servira de repère lors de sa première séance de
cales…), les différents lasers pour s'assurer de la rectitude du radiothérapie.
patient (figure 8.43). La simulation à la TEP-TDM permet de mieux cibler le
Positionné et aligné à l'aide des lasers, on définit alors sur volume à irradier et ainsi d'optimiser la qualité du traite-
le patient un point de centrage en fonction de la zone à ment radiothérapeutique du patient.
traiter (par exemple au milieu de la ligne bi-mammelonnaire
chez un patient atteint d'un cancer du poumon). Il est néces- 5.5. Modalités d'examen au 18F-FDG
saire de repérer ce point de tatouage ainsi que la hauteur de De manière à ce que l'examen TEP-TDM au 18F-FDG se
la table à l'aide de billes métalliques qui seront visibles sur déroule dans des conditions optimales, il est nécessaire de
les images (figure 8.44). respecter une certaine préparation du patient, en particu-
Le radiothérapeute pourra délinéer sur les images TEP, lier s'il est diabétique. En effet, cet examen nécessite une
après seuillage de ces dernières, le volume à irradier glycémie capillaire inférieure à 1,3 g/L. Pour ce faire, plu-
(figure 8.45). sieurs recommandations lui sont données :
Figure 8.42 Fusion des images TEP et scanographiques cardiaques dans les trois plans de l'espace.
Figure 8.43 Plan dur et Posibras® installés sur la table d'examen du TEP-TDM du CHU de Strasbourg-Hautepierre pour réaliser une simulation de
radiothérapie.
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MÉDECINE NUCLÉAIRE Chapitre 8
Technologie des appareillages
Figure 8.45 Application d'un seuillage variant de 20 à 50 % du SUV max. selon les praticiens sur l'ensemble du volume étudié.
Ce procédé permet de diminuer le bruit de fond afin de faciliter le contour des lésions.
Figure 8.46 Image TEP en coupe coronale et axiale présentant un patient atteint d'une néoplasie pulmonaire.
Les différents volumes à traiter ainsi que les organes critiques (ici les poumons et la moelle épinière) sont représentés.
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Technologie des appareillages
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MÉDECINE NUCLÉAIRE Chapitre 8
Technologie des appareillages
est intégré dans l'IRM ; les acquisitions TEP et IRM peuvent distancés d'environ 3 mètres et connectés par un lit d'exa-
ainsi avoir lieu en parallèle. men unique capable de pivoter sur 180° et permettant le
déplacement du patient d'un appareil à l'autre sans que sa
6.2. Les différentes architectures TEP-IRM position soit modifiée (figure 8.48B). Les acquisitions sont
Actuellement, il existe trois architectures différentes permet- réalisées de manière séquentielle, la durée totale de l'examen
tant la réalisation d'une TEP-IRM. De la plus ancienne à la TEP-IRM dépasse généralement l'heure d'examen (80 minutes
plus récente, on retrouve : en moyenne). Ici, des éléments isolent l'électronique et le
– l'architecture « côte à côte » ; système de détection TEP du champ magnétique de l'IRM et
– l'architecture alignée ou en tandem ; d'autres modifications de ces composants ont été mises en
– l'architecture intégrée. place pour diminuer le risque d'interférences réciproques.
TEP-IRM « côte à côte » Architecture hybride : TEP-IRM intégrée
Dans ce cas, il n'y a pas de matériel spécialement dédié, mais Dans ce cas, les deux modalités sont regroupées en un seul
simplement l'agencement des deux salles IRM et TEP-TDM et même appareil (figure 8.48C). L'anneau de détection
l'une à côté de l'autre avec un système de lit amovible qui TEP est intégré à l'intérieur d'un système IRM. Actuellement,
permet de transférer le patient d'une salle à l'autre sans les constructeurs exploitent des IRM à 3 teslas. L'exploitation
modifier la position du patient et sans perdre les repères de simultanée des deux appareils permet de gagner du temps
la table (figure 8.48A). par rapport aux autres configurations. Une technologie de
Cette technique permet l'utilisation indépendante de la TEP- détection utilise des photodiodes de silicium à avalanche
TDM et de l'IRM. La contrainte de cette configuration reste qui mesurent le flux électronique créé par les photons
davantage d'ordre organisationnel. L'intérêt de cette archi- après leur interaction avec des couches semi-conductrices
tecture réside dans l'exploitation d'une TEP-TDM dont la qui, elles, sont peu sensibles au champ magnétique. Cette
partie scanner servira à la correction d'atténuation. technologie ne permet cependant pas d'exploiter le phé-
TEP-IRM en configuration alignée nomène de temps de vol du fait de la trop faible résolution
Dans ce type d'installation on retrouve dans une même salle temporelle des photodiodes en silicium par rapport aux
d'examen un anneau TEP et une IRM. Les deux appareils sont photomultiplicateurs traditionnels. Une technologie plus
récente (2014) et plus sensible associant du silicium à une
couche épaisse de cristal scintillant (25 mm) permet
d'atteindre une résolution temporelle compatible avec le
principe de détection par temps de vol.
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Chapitre 8 MÉDECINE NUCLÉAIRE
Technologie des appareillages
avec un scanner. Il est raisonnable de penser que ce pro- tions pulmonaires. Au niveau organisationnel, une telle tech-
blème sera résolu dans un avenir proche. nologie nécessite un personnel paramédical polyvalent
capable de réaliser en toute sécurité une exploration TEP et
6.4. Avantages et perspectives IRM. Au niveau médical, une organisation multidiscipli-
La TEP-IRM semble intéressante dans le suivi et les bilans naire (radiologues, médecins nucléaires) est nécessaire.
d'extension de patients atteints de cancers pour lesquels
l'IRM apparaît indispensable et plus performante que le Bibliographie
scanner (tumeurs de la région pelvienne, de la sphère ORL, Bendriem B. Les détecteurs de positons. Caméra PET-Caméra PET-
cérébrales et mammaires). Cette technique peut ainsi facili- SPECT. Revue de l'ACOMEN 1998 ; 4(1) : 34–40.
Bushberg JT. Boone JM. The essential physics of medical imaging :
ter la délimitation des zones d'intérêt lors des planifications
Lippincott Williams & Wilkins ; 2011.
de radiothérapie. Des perspectives sont également citées Calzada M, Keller I, Potier L, et al. Médecine nucléaire et imagerie mul-
en neurologie et en cardiologie. timodalités des tumeurs endocrines. Médecine Nucléaire 2010 ;
Au niveau organisationnel, la TEP-IRM permet théoriquement 34(8) : 444–50.
une prise en charge plus rapide de la pathologie du patient De Dreuille O, Maszelin P, Foehrenbach H, et al. Principe et technique
ainsi qu'un gain de temps en limitant le nombre de déplace- de la tomographie par émission de positons (TEP). EMC-Radiologie
2004 ; 1(1) : 2–35.
ments pour le patient. Elle permet également de limiter l'irra-
Paulus MJ, Sari-Sarraf H, Simpson ML, et al. Simultaneous CT and
diation du patient, l'IRM étant une technique non irradiante. SPECT tomography using CZT detectors. U.S. 4 juin 2002. Patent
no 6, 399, 951.
6.5. Inconvénients et limites Peyret O, Mestais C, Verger L. Vers les gamma-caméras à semi-
La TEP-IRM peut être réalisée uniquement chez un patient conducteurs. Revue de l'ACOMEN 1999 ; 5(129-136) : 15.
coopérant et capable de rester immobile plus de 45 minutes Rankowitz S, Robertson JS, Higinbotham WA, et al. Positron scanner
du fait de sa durée d'examen relativement longue. Les for locating brain tumors. Upton, NY : Brookhaven National Lab ;
1961.
contre-indications restent les mêmes que pour une IRM Ratib O, Lord M, Becker M, et al. Applications cliniques de l'imagerie
standard, ce qui implique des interdictions ou précautions hybride TEP-IRM. Médecine Nucléaire 2012 ; 36(10) : 605–14.
supplémentaires par rapport à la TEP-TDM classique. Elle n'a Warburg O, et al. On the origin of cancer cells. Science 1956 ; 123(3191) :
pas prouvé de grand intérêt en ce qui concerne les explora- 309–14.
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Radiothérapie
Chapitre 9
Spécificités de la radiothérapie
Élisabeth Moerschel
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Radiothérapie Chapitre 9
Spécificités de la radiothérapie
363
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Chapitre 9 Radiothérapie
Spécificités de la radiothérapie
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Radiothérapie Chapitre 9
Spécificités de la radiothérapie
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Chapitre 9 Radiothérapie
Spécificités de la radiothérapie
– l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de 4.2. Organisation des soins
santé (Afssaps) devenue l'Agence nationale de sécurité du Le service de radiothérapie ne se limite pas au plateau tech-
médicament et des produits de santé (ANSM) selon la loi nique (salle de traitement, scanner dédié, unité de radiophy-
du 29 décembre 2011 ; sique), il comporte un ensemble de structures destinées à
– l'Institut de veille sanitaire (InVS) ; l'accueil, à la prise en charge et au suivi des patients.
– la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO).
Accueil et secrétariat
C'est l'espace incontournable qui constitue le pilier et le
4. Organisation du service noyau central pour la communication entre le personnel
de radiothérapie soignant, les correspondants extérieurs, les patients, les
familles, les transporteurs, les organismes de Sécurité
4.1. Plateau technique sociale…
Salles de traitement
Unités de consultation
Il s'agit des locaux équipés des appareils de traitement et
de tous les accessoires nécessaires (moyens de contention). Les bureaux de consultations médicales (et paramédicales),
Chaque salle est rattachée à un poste de commande et de rattachés à des salles de soins polyvalentes pour le suivi
contrôle, une salle d'attente, des cabines de déshabillage, ins- médical et les examens cliniques, sont des lieux privilégiés
tallés à proximité. dans la relation soignant–soigné pour :
L'architecture de ces salles intègre obligatoirement les – informer le patient sur les modalités du (des) traitement(s) ;
mesures de radioprotection (portes blindées actionnées – le suivi et la surveillance régulière au cours du traitement ;
électriquement, chicane à l'entrée de la salle) pour la radio- – l'information du patient sur l'existence et les modalités
protection des personnels, ainsi que les contraintes liées à la d'accès des soins de support ;
circulation des patients (lit d'hôpital, brancards, chaise – discuter avec le patient de la nécessité de structures de
roulante). soins qui peuvent être associées à la prise en charge de la
maladie.
Unité de préparation des traitements
Lieu d'acquisition des données (images) en vue de la dosimé- Pour en savoir plus
trie et du traitement, ces salles dotées anciennement de Les soins de support tels qu'ils sont définis dans la circulaire
simulateurs sont équipées aujourd'hui dans tous les centres du plan cancer représentent l'ensemble des soins, à la fois
de scanners dédiés. techniques et psychosociaux, nécessaires aux personnes
La préparation des traitements comporte également des atteintes de maladies graves (www.e-cancer.fr/Patients-et-
proches/Qualite-de-vie/Soins-de-support/Definition).
laboratoires pour la confection des protections plombées ou Ils ne constituent pas une nouvelle spécialité mais un réseau de
des moyens de contention personnalisés. différentes compétences proposées au patient pour améliorer
sa qualité de vie pendant la maladie et les traitements. Les com-
Unité de radiophysique pétences relèvent de professionnels formés à la prise en charge
L'unité de radiophysique est un espace équipé de postes de la douleur, aux soins palliatifs, à l'accompagnement, à la
nutrition, aux soins esthétiques… L'objectif commun est la
informatiques installés en réseau avec les salles de prépara-
prise en charge plus « globale » du patient atteint d'un cancer.
tion et de traitement.
Cet espace est réservé aux médecins prescrivant les volumes
pour le traitement, aux radiophysiciens et techniciens char- Remarque : le lecteur trouvera à la fin du chapitre 14 une
gés de la dosimétrie. courte bibliographie portant sur les chapitres 9 10 à 14.
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RADIOTHÉRAPIE
Chapitre 10
Accélérateur linéaire médical
Élisabeth Moerschel
1. Avènement des accélérateurs pour atteindre des énergies de plusieurs milliers de giga-
électronvolts (GeV) dans les centres de recherche.
En radiothérapie, les volumes à traiter et les doses à délivrer Les avancées technologiques ont principalement été liées
sont prescrits uniquement par le médecin. La balistique et la aux découvertes et aux travaux se rapportant à la produc-
dosimétrie relèvent de la compétence de la personne spécia- tion de courants haute fréquence et d'ondes radars pen-
lisée en radiophysique médicale mais c'est le manipulateur dant la Seconde Guerre mondiale.
qui, dans la pratique, utilise les appareils produisant des Les années 1950 ont vu naître les prototypes des premiers
radiations ionisantes pour le traitement des malades. accélérateurs médicaux capables de produire des rayonne-
Pour la sécurité des patients, et une bonne compréhension de la ments plus énergétiques. En France, il a fallu attendre les
prescription, le manipulateur doit intégrer des notions de tech- années 1970 et les accélérateurs modernes pour développer
nologie et maîtriser les paramètres d'installation se rapportant à des techniques de traitement plus sophistiquées.
ces appareils de haute technicité. Il est notamment intéressant Le but des hautes énergies en physique fondamentale est de
pour lui de comprendre pourquoi les accélérateurs ont été rete- provoquer des collisions afin d'étudier les constituants de la
nus, quelles sont leurs performances et combien leur fonction- matière. Mais pour les applications médicales, l'idée était de
nement reste complexe. La surveillance, les réglages et la mettre à profit l'accélération de particules pour la création
maintenance sont bien entendu confiés à des spécialistes. de faisceaux de particules de haute énergie ou de faisceaux
de photons, permettant de maîtriser le dépôt d'énergie à
1.1. Problématique diverses profondeurs et de limiter l'irradiation cutanée lors
Les temps de pose trop longs et une irradiation trop forte des traitements de tumeurs profondes.
des tissus sains traversés pour irradier des tumeurs pro- Pour les applications scientifiques et médicales, différents
fondes étaient les inconvénients majeurs de la radiothérapie types d'accélérateurs ont été construits. On peut les classer
de basse énergie. Les possibilités de traitement et les perfor- selon :
mances de la radiothérapie dans le cadre de traitements – le champ électrique accélérateur qui peut être continu ou
curatifs étaient donc limitées. alternatif ;
La nécessité de produire des rayonnements plus énergé- – la trajectoire des particules accélérées qui peut être linéaire
tiques donc plus pénétrants, mieux ciblés et donc mieux ou circulaire.
tolérés, paraissait évidente mais les limites étaient alors liées Les premiers accélérateurs circulaires de type bêtatron,
à la physique et à la technologie. considérés comme performants à l'époque, ont rapidement
En complément : les tubes classiques produisant des rayons X été supplantés par les accélérateurs linéaires d'électrons
ne permettaient pas des tensions supérieures à 300 kV et les appelés aussi Linac (linear accelerator) ; ces derniers sont
sources radioactives de cobalt étaient à l'origine de faisceaux actuellement les plus compétitifs et composent la plus forte
dont la géométrie (pénombre) et l'énergie (Eγ1 = 1,17 MeV, proportion du parc des équipements en radiothérapie.
Eγ2 = 1,33 MeV) n'étaient pas optimales. En outre, ces tech-
nologies ne permettaient de produire que des photons.
2. Technologie des accélérateurs
Rappel linéaires d'électrons
La pénombre géométrique se situe au niveau des limites du
champ déterminé par l'ouverture du collimateur, elle résulte L'accélérateur linéaire d'électrons de type médical classique
du fait qu'une source ne soit pas ponctuelle (voir chapitre 1, utilise :
figure 1.23) et induit une irradiation au-delà de ces limites. – un champ électrique alternatif pour accélérer les électrons et
les amener à des vitesses proches de la vitesse de la lumière ;
– un champ magnétique qui permet de focaliser les élec-
1.2. Évolution trons et de modifier leur trajectoire en vue de la genèse
Depuis le premier cyclotron dans lequel E.O. Lawrence a des faisceaux d'irradiation.
communiqué une énergie de 80 keV à des protons, la perfor- Les électrons sont accélérés dans un tube à vide, en ligne
mance des accélérateurs de particules n'a cessé d'augmenter droite. Une onde électromagnétique se propage dans le tube
Guide des technologies de l'imagerie médicale et de la radiothérapie
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Chapitre 10 RADIOTHÉRAPIE
Accélérateur linéaire médical
en même temps que les particules qui subissent une accélé- 2.2. Production des électrons : canon
ration tout au long du parcours par transfert d'énergie. à électrons
Pour des raisons techniques et physiques, la section accéléra- La première étape dans la genèse de faisceaux d'électrons ou
trice sera partagée en portions, elles-mêmes divisées en cavi- de photons d'énergie très élevée est précisément la produc-
tés qui serviront de guide d'onde. tion des électrons.
Les électrons ayant acquis l'énergie souhaitée pourront être Le système de production des électrons appelé canon
directement utilisés pour les traitements ou viendront frap- à électrons (electron gun) est fondé sur l'effet thermoélec-
per une cible afin de produire des photons. tronique suivi d'une pré-accélération des électrons
L'avantage majeur des accélérateurs est donc de produire dans une structure comparable à un tube cathodique
des rayonnements d'énergie élevée bien définie, permettant (figure 10.2).
le dépôt de dose à différentes profondeurs grâce à la possibi-
lité de choix entre électrons et photons et entre les diffé-
Tube à vide
rentes énergies proposées par le constructeur.
Il s'agit d'un tube très résistant (céramique) à l'intérieur
2.1. Synoptique d'un accélérateur duquel règne un vide poussé. Ce tube comporte plusieurs
Les accélérateurs linéaires d'électrons se composent de plu- éléments qui jouent un rôle essentiel dans la production des
sieurs structures, chacune ayant un rôle bien défini (figure 10.1) : électrons et la définition de leur énergie initiale.
– le canon à électrons où sont produits les électrons ; Cette contrainte d'opérer dans un vide poussé est très
– une portion où les électrons seront regroupés en « paquets » ; importante : elle impose que, dans certaines parties de l'ac-
– la section accélératrice dans laquelle transitent les élec- célérateur, tous les éléments possèdent des surfaces parfaite-
trons et l'onde électromagnétique ; ment nettoyées et dégazées et qu'ils soient insérés dans des
– le système annexe de production de l'onde électromagné- chambres à vide pompées et surveillées en continu. En effet,
tique (magnétron ou klystron) ; si le parcours des électrons se faisait dans l'air, il serait per-
– des dispositifs assurant l'alimentation et le contrôle du turbé, car ces derniers auraient tendance à interagir avec les
système ; molécules présentes.
– des équipements assurant la création et l'entretien du vide ;
– des dispositifs permettant la déviation et le tri des électrons ; Cathode
– des dispositifs qui génèrent des faisceaux d'électrons ou de Il s'agit d'une plaque de tungstène chauffée par un filament
photons ; spiralé, porté à incandescence par effet Joule, ce qui permet
– des instruments de mesures afin de garantir la qualité des de produire les électrons en très grand nombre. La cathode
faisceaux. est reliée au pôle négatif de la haute tension.
Genèse des
faisceaux
Modulateur
Y
STATIF
X
FIXE
Z
0
Production de l'onde Axe de rotation Axe du faisceau Table de traitement
hyperfréquence du bras
Isocentre
BRAS
TOURNANT
Système informatique de
contrôle de gestion Système d'imagerie
et de commande
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Accélérateur linéaire médical
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Chapitre 10 RADIOTHÉRAPIE
Accélérateur linéaire médical
Architecture du système
La section accélératrice correspond à un cylindre métallique
dont les dimensions ont été calculées pour servir de guide
d'onde :
Figure 10.3 Cavités de groupement. – le diamètre de la section (entre 20 et 30 cm) est adapté
aux fréquences ;
2.4. Accélération des électrons : section – les longueurs des cavités sont de l'ordre de la longueur
accélératrice d'onde de l'onde ; exemple : à une fréquence de 3 000 MHz
La section accélératrice permet le passage simultané de est associée une longueur d'onde de 10 cm (λ= c/ν =
l'onde haute fréquence et des électrons avec transfert d'éner- 3.108/3.109 = 0,1 m) ;
gie de l'onde vers les électrons donc accélération de ceux-ci. – le diamètre et la longueur des cavités sont également
À cet effet, deux types de structures sont proposés. calculés de manière à ce qu'il y ait résonance pour la fré-
L'accroissement de l'énergie des électrons se traduit par quence de l'onde dont l'amplitude est alors augmentée.
l'augmentation de leur vitesse jusqu'à une valeur de l'ordre Les caractéristiques géométriques sont donc déterminantes
de 98 % de la vitesse de la lumière, puis ces derniers devien- pour la propagation de l'onde et l'accélération des électrons,
draient relativistes (augmentation de la masse). C'est pour- mais la structure de la section accélératrice doit également
quoi il faut contrôler les transferts d'énergie de manière à être conçue de manière à ce que l'onde haute fréquence et
limiter les vitesses de phase de l'onde à des valeurs d'abord les électrons soient synchrones afin que le transfert de l'éner-
inférieures puis égales à c. gie soit optimal.
- + t 0+ T
0
Champ positif (+) + 0 0 t 0+ T
t 0 + T 3/4
- -
T)
0
te
t 0+ T/2 t 0 + T 3/4
rio
Pé
+ t0
de
0 + 0 t 0+ T/4
Pé
Vers la tête
4 3 2 1 0 4 32 1 0 de déviation
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 10
Accélérateur linéaire médical
Selon les constructeurs ou les appareils, on distingue deux la distance parcourue par l'onde qui se propage à la vitesse v
types de structures, les deux étant fondées sur l'application pendant une période, soit λ = v.T).
d'une onde électromagnétique avec transfert d'énergie aux On peut alors observer que l'architecture du système (voir
électrons qui arrivent dans la section. figure 10.4) permet aux électrons d'entrer dans une cavité au
moment où le champ électrique a une amplitude maximale
positive et de quitter la cavité lorsque ce dernier devient nul
Pour aller plus loin
ou négatif (tableau 10.2).
Les électrons qui deviennent de plus en plus rapides traverse-
ront les cavités de plus en plus vite, or leur déplacement doit
Les électrons sont ainsi accélérés continuellement, cavité par
rester synchrone avec l'onde haute fréquence, il est donc néces- cavité, tout le long de l'axe de la section (tableau 10.3).
saire de rallonger les cavités dans la première portion afin que C'est l'addition des accélérations successives qui conduit à
la durée de la traversée des cavités reste identique. La longueur la vitesse élevée des électrons.
des cavités sera stabilisée lorsque les électrons auront acquis Une vingtaine de cavités permet de parvenir au résultat
une vitesse proche de la vitesse de la lumière. escompté, à savoir des électrons très énergétiques ayant
atteint une vitesse contrôlée, proche de la vitesse de la
lumière.
Structure à onde progressive Les électrons provenant du canon avaient une énergie de
L'accélération des électrons sera obtenue par le biais du quelques dizaines de keV mais, du fait de l'accélération obte-
champ électrique de l'onde haute fréquence qui transite nue dans les premières cavités, celle-ci a augmenté jusqu'à
dans la section. des valeurs de l'ordre du MeV.
Sur une période (la période est l'intervalle de temps au bout En fin de structure, un dispositif nommé « charge » permet
duquel l'amplitude se reproduit à l'identique), le champ élec- d'éviter la création d'une onde réfléchie en absorbant la puis-
trique va successivement présenter deux alternances oppo- sance résiduelle de l'onde ; en effet, toute l'énergie transpor-
sées et passer par les valeurs positives, nulles, négatives, tée par l'onde n'a pas été intégralement transmise aux
nulles (voir figure 10.4). électrons.
Cette alternance s'opère dans chaque cavité mais avec un
Structure à onde stationnaire
déphasage de π.
Ainsi, sur une période, dans la cavité ➀, le champ électrique Le principe de l'accélération des électrons par transfert
sera successivement accélérateur, nul donc sans influence, d'énergie est maintenu, toutefois, dans ce cas, on a supprimé
ralentisseur, puis à nouveau nul, accélérateur… le dispositif appelé « charge » pour favoriser au contraire la
Tout l'intérêt consiste dans le fait que les électrons (regrou- création de l'onde réfléchie qui va se superposer à l'onde
pés par paquets) se retrouvent à l'entrée de la cavité ➀ uni- incidente mais dans le sens contraire.
quement aux temps t0, t0 + T, t0 + 2 T, etc. pour bénéficier L'interférence des deux ondes produit un système d'onde
pleinement de l'accélération (tableau 10.1). spatialement stationnaire mais qui oscille dans le temps
En même temps, la structure de la section accélératrice est caractérisé par la formation de nœuds et de ventres : aux
conçue de manière à ce qu'il y ait quatre cavités dans une nœuds, distants de λ/2, l'intensité du courant est nulle, alors
longueur égale à la longueur d'onde (la longueur d'onde est qu'aux ventres, situés à mi-distance des nœuds, son ampli-
tude est maximale.
Tableau 10.1 Influence du champ électrique sur les électrons Tableau 10.2 Variation du champ électrique dans les quatre
dans la cavité ➀ sur une période. premières cavités sur une période.
Cavité ① : Cavité ① : valeur Cavité ① : Valeur du champ
Cavité ① Cavité ② Cavité ③ Cavité ④
temps du champ influence électrique
t0 Champ positif Accélération À t0 + 0 − 0
Une période t0 + T/4 Champ nul Aucune À t0 + T/4 0 + 0 −
(T) t0 + 2 T/4 Champ négatif Ralentissement À t0 + T/2 − 0 + 0
t0 + 3 T/4 Champ nul Aucune À t0 + 3 T/4 0 − 0 +
t0 + 4 T/4 Champ positif Accélération À t0 + T + 0 − 0
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Chapitre 10 RADIOTHÉRAPIE
Accélérateur linéaire médical
On peut reprendre les tableaux précédents pour exprimer important de l'onde stationnaire vers les électrons ; on
l'influence des ondes incidente et réfléchie et la résultante peut dire que « le rendement global » est augmenté.
sur les électrons dans les premières cavités de la section accé-
lératrice (tableau 10.4). Comment assurer la précision des énergies ?
À chaque quart de période, les champs respectifs de l'onde En effet, de nombreuses interférences, certaines incontrô-
incidente et de l'onde réfléchie avancent d'une cavité à lables, vont perturber le fonctionnement de l'ensemble et les
l'autre mais dans le sens opposé. énergies obtenues ne répondront pas à la précision des
Au final, on observe qu'une cavité sur deux ne joue aucun calculs.
rôle dans l'accélération des électrons (tableau 10.5) ; ces cavi- Rappelons également que le but essentiel recherché en
tés, dont les dimensions doivent être adaptées, sont appe- radiothérapie externe est le contrôle du dépôt de dose en
lées « cavités de couplage ». profondeur grâce à des rayonnements quasi monochroma-
Le champ électrique étant théoriquement doublé dans les tiques d'énergie bien définie. C'est pourquoi, à ce niveau, un
cavités accélératrices, la structure à onde stationnaire est système de contrôle et de régulation des énergies s'impose ; il
au final plus efficace tout en étant plus courte, ce qui repré- se fera notamment par le contrôle automatique de la fré-
sente certainement un critère de choix. quence au niveau des cavités par prélèvements et mesures
En effet, malgré la complexité du système, ce type de struc- « d'échantillons » d'onde puis ajustements des réglages.
tures est retenu par les constructeurs pour les avantages qu'il
offre : Comment limiter les échauffements ?
– la longueur de la section est diminuée du fait des dimen- Hautes énergies, fortes puissances sont des objectifs à atteindre
sions des cavités et le dispositif d'absorption de la puis- et la technologie le permet mais non sans créer quelques
sance résiduelle n'est plus nécessaire ; échauffements au niveau de la structure décrite. Cette der-
– toute la puissance de l'onde produite est utilisée puisque nière est donc équipée de tubes circulants sur toute la lon-
la puissance résiduelle n'est pas absorbée en fin de struc- gueur, assurant le refroidissement (généralement en épingle,
ture, ce qui se traduit par un transfert d'énergie plus ce qui permet l'entrée et la sortie au même niveau).
Tableau 10.4 Variation du champ électrique résultant dans les quatre premières cavités sur une période.
Temps Onde Cavité ① Cavité ② Cavité ③ Cavité ④
À t0 Incidente + 0 − 0
Réfléchie + 0 − 0
Résultat Accélération Vitesse inchangée Décélération Vitesse inchangée
→ ←
À t0 + T/4 Incidente 0 + 0 −
Réfléchie 0 − 0 +
Résultat Vitesse inchangée Vitesse inchangée Vitesse inchangée Vitesse inchangée
À t0 + T/2 Incidente − 0 + 0
Réfléchie − 0 + 0
Résultat Décélération Vitesse inchangée Accélération Vitesse inchangée
← →
À t0 + 3 T/4 Incidente 0 − 0 +
Réfléchie 0 + 0 −
Résultat Vitesse inchangée Vitesse inchangée Vitesse inchangée Vitesse inchangée
À t0+ T Incidente + 0 − 0
Réfléchie + 0 − 0
Résultat Accélération Vitesse inchangée Décélération Vitesse inchangée
→ ←
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 10
Accélérateur linéaire médical
Options
C'est, notamment, au niveau de la structure accélératrice
qu'un choix de paramètres s'offre au constructeur et donc à
l'utilisateur, paramètres qui détermineront les énergies
utilisables :
– dimensions et organisation des cavités et donc encombre-
ment de l'appareil ;
– caractéristiques de l'onde (valeur du champ électrique,
fréquence).
Magnétron
Le magnétron a été développé dans les années 1930 et
notamment pendant la guerre pour améliorer la technologie
des radars. Il est également utilisé aujourd'hui dans les
micro-ondes.
Il s'agit d'un tube à vide dans lequel les électrons sont sou-
mis à un champ magnétique de manière à modifier leur
trajectoire. Ce dispositif permet d'obtenir un courant de
très haute fréquence ; l'onde électromagnétique produite,
caractérisée par sa longueur d'onde, est « prélevée » et « gui-
Figure 10.5 Les deux physiciens ayant identifié les ondes électromagné- dée » vers la section accélératrice où elle est injectée et dans
tiques : Heinrich-Rudolf Hertz (A) et James-Clerck Maxwell (B). laquelle elle se propage (figure 10.7).
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Accélérateur linéaire médical
Cavité 1
Pour plus de précisions
Le klystron a été conçu spécialement pour des applications
industrielles, médicales et scientifiques. Il a été mis au point
pour équiper des accélérateurs de particules auxquels il four- Anode
nit une puissance élevée tout en étant peu encombrant et
Faisceau Cathode
simple d'utilisation. Il présente de nombreux avantages : bon d'électrons
rendement, longue durée de vie, dimensions et poids réduits, Filament
blindage incorporé, raccordements simples, refroidissement
par circulation d'eau.
Figure 10.8 Klystron.
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 10
Accélérateur linéaire médical
Ce système est bien entendu complexe mais déterminant, Afin d'obtenir un faisceau le plus monoénergétique possible,
sachant qu'il est le garant du niveau d'énergie communiqué il faut imposer un tri aux électrons pour arrêter ceux qui ont
aux électrons. Il représente le chef d'orchestre pour tous les une énergie soit trop élevée, soit trop faible, et ne conserver
éléments liés à l'accélération des électrons. Sa sensibilité et que ceux ayant l'énergie voulue.
son rôle déterminant exigent le respect strict des règles Si la déviation permet de passer du faisceau horizontal au fais-
d'utilisation (mise sous tension, préchauffage). ceau vertical tout en focalisant les électrons, le principe du
« deux en un » est de profiter du système pour effectuer ce tri.
2.7. Déviation et tri des électrons : tête Ainsi, par l'application d'un champ magnétique responsable
de déviation de la déviation à 270° et grâce à la fente d'énergie qui opère
À ce stade (au bout du parcours dans la section accéléra- le tri, il est possible d'obtenir un faisceau d'électrons d'éner-
trice), nous avons un faisceau d'électrons de très haute éner- gie encore plus uniforme.
gie (plusieurs MeV), regroupés en paquets, en faisceau étroit, On peut rappeler qu'un champ magnétique ne fait que dévier
linéaire et horizontal. la trajectoire d'une particule chargée, il ne l'accélère pas.
Pour le traitement des patients, il faut : En pratique, si la force exercée par le champ magnétique sur
– un faisceau parfaitement orienté, dont l'axe doit être per- les électrons est la même, leur trajectoire sera différente
pendiculaire à celui de la section accélératrice et se selon leur vitesse à l'arrivée : on observe un cercle plus petit
confondre avec celui du dispositif de limitation du faisceau pour les électrons « plus lents » et une boucle plus large pour
(le collimateur) ; c'est pourquoi, il faut le dévier ; les électrons « plus rapides » (voir figure 10.9) (à petite
– des électrons d'énergie élevée, parfaitement définie pour vitesse, petit rayon et grande courbure).
les traitements aux électrons ou aux photons, de spectre Avec m (la masse de la particule), B (la force du champ
étroit ; par conséquent, il faut opérer un tri des électrons. magnétique), q (la charge de la particule) fixes, la variable de
La partie qui fait directement suite à la section accélératrice l'équation est la vitesse. Plus une particule est lente et plus sa
est la partie « déviation tri » qui représente la première étape trajectoire sera courbée (la trajectoire se rapproche d'un
de la tête radiogène. (Nous arrivons au cœur des opérations cercle). À l'inverse, plus une particule est rapide et plus le
conduisant à la genèse du faisceau qui sera dirigé vers le rayon de courbure est élevé : la trajectoire se rapproche de
patient pour son traitement.) celle d'une droite.
À l'issu de ces boucles, il suffit de placer un obstacle sur le
Focalisation trajet des électrons indésirables et le tri peut s'opérer facile-
Un système d'électro-aimants impose au faisceau une boucle ment, ces derniers étant absorbés par des plaques métal-
de 270° pour lui donner une direction perpendiculaire à sa liques situées de part et d'autre d'un passage appelé « fente
ligne d'arrivée, cette déviation assure les modifications de d'énergie ».
trajectoires nécessaires pour amener les électrons à la foca- La fente d'énergie permet la sélection des électrons et donc
lisation sur un axe bien défini, celui du dispositif de limita- la définition de l'énergie. Deux positionnements sont pos-
tion du faisceau (le futur axe du faisceau) (figure 10.9). sibles : une ouverture plus étroite en régime électrons, une
Tri ouverture plus large en régime photons.
Malgré les différentes techniques mises en jeu lors de l'accé-
lération des électrons, le faisceau sortant de la section Pour aller plus loin
accélératrice présente encore un spectre en énergies. Des En sortie de section, les électrons, soumis à un champ magné-
électrons d'énergies différentes se présentent ensemble à tique, subissent des forces exercées sur eux ; or il existe une
l'entrée du système. relation directe entre le champ magnétique et donc les forces
centrifuges et centripètes qui vont s'exercer sur les électrons.
C'est pourquoi le courant à appliquer dans les bobines d'induc-
tion est déterminant.
Des capteurs sont placés à ce niveau permettant le contrôle de
la position réelle des électrons et donc de leur énergie, contrôle
pouvant être suivi de nouveaux réglages. Les signaux captés sur
les bords de fente sont envoyés vers le modulateur au niveau
duquel la régulation s'opère ; celle-ci sera répercutée sur l'onde
haute fréquence et sur l'énergie des électrons.
Sortie
La fente d'énergie correspond également à la « fenêtre de
sortie », terme employé pour désigner le fait que les élec-
trons vont quitter la partie où règne le vide.
Les électrons qui n'ont pas la bonne énergie étant arrêtés,
Figure 10.9 Principe de la déviation tri. ceux ayant l'énergie souhaitée traversent soit une feuille de
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Chapitre 10 RADIOTHÉRAPIE
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« Mylar » (film polyester créé par Dupond de Nemours), soit reste néanmoins la plus onéreuse et la plus complexe
une fine lame d'aluminium (0,2 mm) qui protège le vide mais (figure 10.10A)
permet le passage des électrons dans la structure suivante.
Système à diffusion
2.8. Genèse des faisceaux de traitement : tête Ce procédé utilise de fines lamelles de métal d'épaisseur uni-
radiogène forme, créant la diffusion des électrons et donc l'élargisse-
L'intérêt des accélérateurs médicaux étant d'offrir la possibi- ment du faisceau à la base. Une première feuille, plus dense,
lité de traitements aux électrons ou aux photons, il s'agit, au placée près de la fenêtre de sortie assure une simple diffusion
niveau de la tête radiogène, de transformer le faisceau d'élec- selon un angle convenable ; la seconde, placée un peu plus
trons produit en un faisceau adapté au traitement prescrit loin, agit préférentiellement sur la partie centrale du fais-
tant du point de vue de sa qualité que de ses dimensions : ceau. Il en résulte une bonne homogénéité du faisceau, une
– le mode électrons désigne le fait d'utiliser les électrons faible proportion de rayons X parasites, moyennant un sys-
ayant l'énergie et la direction souhaitée pour le traitement ; tème relativement simple à mettre en place (figure 10.10B).
mais, après le passage de la fenêtre de sortie, le faisceau Mode « photons »
d'électron est quasiment filiforme et ne convient pas pour
Comment produire des photons ?
le traitement d'un volume, c'est pourquoi il est nécessaire
« d'élargir » le faisceau ; L'interposition d'une cible de tungstène dans le faisceau
– le mode photons désigne le fait de produire des rayons X ; d'électrons accélérés permet la production des rayons X
il est dans ce cas nécessaire d'interposer une cible sur le (phénomène décrit dans le chapitre 2), mais considérant les
trajet des électrons produits. hautes énergies des électrons produits dans l'accélérateur, et
La tête radiogène comporte donc les éléments nécessaires à la faible épaisseur de la cible, l'émission se fera préférentielle-
la production du faisceau thérapeutique ainsi que des dispo- ment suivant la direction d'incidence, c'est-à-dire que les
sitifs indispensables pour garantir la qualité du faisceau. photons émis seront orientés selon l'axe du faisceau d'élec-
trons, du côté opposé à l'impact.
Mode « électrons »
Différents moyens sont à la disposition des constructeurs
pour réaliser l'élargissement du faisceau d'électrons afin Pour aller plus loin
de pouvoir couvrir des surfaces utiles de 30 × 30 cm. Selon les lois de la physique, en présence d'électrons très éner-
gétiques (quelques MeV) et d'une cible de numéro atomique
Système à balayage élevé (Z = 74 pour le tungstène), la perte d'énergie par rayonne-
Ce procédé utilise deux paires d'électro-aimants (quadripôle ment est prédominante. L'électron en passant à grande vitesse
dans le champ électrique d'un noyau perd de la vitesse et donc
de balayage) qui imposent au faisceau un balayage selon de l'énergie retrouvée sous la forme de rayons X.
deux directions perpendiculaires dans un plan, suivant un L'essentiel de la conversion ayant lieu dans les premiers milli-
tracé comparable au balayage sur un écran de moniteur. mètres de la cible, le choix d'une épaisseur de quelques milli-
L'avantage du système réside dans le fait que le faisceau mètres est un bon compromis pour atténuer une partie du
d'électrons est dirigé vers le plan d'utilisation sans obstacle et faisceau de rayons X et stopper complètement les électrons du
ne génère donc pas de rayons X indésirables. Cette solution faisceau incident.
faisceau électronique
Electro-aimants
Système de diffusion
A Champ d'électrons B
Figure 10.10 Les deux systèmes possibles pour « élargir » le faisceau d'électrons.
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 10
Accélérateur linéaire médical
Le porte-cible (parfois nommé barreau ou barillet) se trouve L'homogénéité du faisceau sera assurée par un cône égali-
après la fenêtre de sortie, il comporte un trou pour le pas- sateur placé sur le trajet des photons. En effet, après la cible,
sage des électrons en mode électrons et la cible pour le le faisceau, n'est pas homogène, il comporte en son centre
régime photons (figure 10.11). Il est également équipé d'un des photons plus énergétiques donc plus pénétrants, ce qui
circuit de refroidissement. n'est pas satisfaisant sur le plan dosimétrique. La présence du
Il peut effectuer des mouvements de translation en fonc- cône dans le faisceau aura pour effet une atténuation
tion de la programmation des faisceaux de traitement. Un décroissante des photons, de l'axe vers les bords (figure 10.11).
dispositif à liaison mécanique rend possible de manière
Géométrie des faisceaux
simultanée le positionnement de la cible escamotable et
l'élargissement de la fente d'énergie (l'élargissement de la En mode électrons comme en mode photons, l'objectif est
fente a pour conséquence l'augmentation de l'intensité du de produire des faisceaux calibrés, bien dirigés vers le
flux des électrons venant frapper la cible et donc le rende- patient afin de répondre à la prescription médicale et à la
ment photonique). dosimétrie prévisionnelle. Mais on imagine aisément que la
production des radiations s'accompagne de rayonnements
multidirectionnels, pour la plupart indésirables, notamment
Quelles sont les particularités du faisceau de photons ? par rapport à la radioprotection du patient. Un système de
Les caractéristiques du faisceau de photons (intensité, éner- blindage et de collimateurs permettra de diriger le rayonne-
gie) dépendront essentiellement de l'énergie des électrons ment utile vers le patient et d'absorber le reste. (On peut
mais aussi de l'épaisseur de la cible et des matériaux qui la rappeler que le terme de collimateur fait référence à un
constituent (numéro atomique, température de fusion et appareillage de visée pour le tir.)
conductivité thermique). Le collimateur délimite le faisceau d'abord grâce à une archi-
Le spectre d'énergie des photons sera particulièrement tecture pyramidale fixe, puis grâce à deux paires de mâchoires
large car bien que les électrons possèdent une énergie défi- mobiles permettant de réaliser les dimensions voulues pour
nie, les diverses interactions au sein de la cible seront à l'ori- l'irradiation (figure 10.12A).
gine de photons d'énergie très variables (l'énergie maximale (Le dispositif de limitation du faisceau étant un paramètre à
pouvant être communiquée aux photons sera celle des élec- programmer, il est étudié plus loin : voir Géométrie des accé-
trons incidents). lérateurs linéaires.)
Par convention, l'énergie des photons produits est exprimée Pour plus de performance, les constructeurs ont développé
en mégavolts (MV) et non en méga-électronvolts (MeV), des collimateurs à lames, focalisées, commandées séparé-
faisant référence à la tension accélératrice à l'origine de ment et permettant de donner aux champs des formes com-
l'énergie des électrons venus frapper la cible. plexes tout en limitant la pénombre (figure 10.12B).
Faisceau électronique
Cible
Diffuseur d'électrons
Blindage
Cônes égalisateurs
e-
Collimateurs primaires
RX
Chambre d'ionisation de contrôle
Machoires mobiles
Champ d'irradiation
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Accélérateur linéaire médical
A B
Figure 10.12 Collimateur (A) et collimateur multilames (B).
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Accélérateur linéaire médical
Ouverture du collimateur
La partie mobile du collimateur, qui constitue le dispositif de
limitation du faisceau, est constituée de quatre mâchoires
qui permettent des champs carrés ou rectangulaires, symé-
triques ou non selon leur position par rapport à l'axe du fais-
ceau. (Les champs asymétriques sont déterminés par les
mouvements indépendants des mâchoires.)
L'ouverture du collimateur est notée X pour un côté, Y pour
l'autre, elle détermine les dimensions du champ d'irradia-
tion à l'isocentre. Les champs symétriques sont réglables de
20 × 20 mm à 400 × 400 mm (figure 10.15).
Ce paramètre notifie les longueur et largeur des champs
d'irradiation.
C'est un paramètre qui comporte plusieurs variables, c'est
Figure 10.13 Exemple d'appareillage équipant une salle de traitement. pourquoi il doit faire l'objet de vérifications scrupuleuses et
d'une extrême vigilance de la part du manipulateur :
– les unités de mesure sont à vérifier sur chaque appareil car,
selon les constructeurs, les dimensions s'expriment en cen-
timètres ou en millimètres ;
– X et Y qui se déclinent respectivement en X1, X2 pour la
largeur et Y1, Y2 pour la longueur du champ peuvent être
inversés selon les constructeurs ou en présence d'une rota-
tion de collimateur de 90°, ce qui peut induire des confu-
sions à l'installation.
Il est donc important pour le manipulateur de ne pas se limi-
ter aux paramètres X et Y, mais d'intégrer la projection du
champ par rapport à l'anatomie du patient et de faire le lien
entre les grands axes du patient et ceux du collimateur
(figure 10.16 et tableau 10.6).
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Chapitre 10 RADIOTHÉRAPIE
Accélérateur linéaire médical
X2
STATIF
FIXE
Y1 Y2
Axe de rotation Table de traitement
du bras
Isocentre
X1
BRAS
TOURNANT
Déplacement latéral
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Accélérateur linéaire médical
– éviter l'absorption du rayonnement par des parties non Un système de coordonnées (x,y,z) permet le déplacement
radiotransparentes qui pourraient se trouver sur le trajet longitudinal, vertical et latéral de la table (voir figure 10.15)
des faisceaux d'irradiation ; par rapport aux plans de référence qui sont trois plans fixes,
– éviter les déformations de la table en respectant les pro- perpendiculaires entre eux, contenant chacun l'isocentre
cédures d'installation et la limite de poids du patient à ne (voir figure 10.17).
pas dépasser (130 kg).
Pour aller plus loin
Rotations de la table
Le manipulateur doit être extrêmement vigilant par rapport au
En radiothérapie, les tables offrent la possibilité de pivoter système de coordonnées de la table. En effet, si en général x, y,
autour de deux axes distincts (figure 10.15). z correspondent respectivement au déplacement latéral, verti-
La rotation isocentrique est celle où la table tourne autour cal, longitudinal, on peut trouver des logiciels ou des centres
d'un axe vertical passant par la source lorsque le bras est à 0°. pour lesquels la relation entre les coordonnées et les déplace-
ments de la table est différente. Il doit donc vérifier en perma-
Dans ce cas, c'est l'ensemble pied et plan qui pivote en bloc. nence l'adéquation entre les directions de la table, le système de
La rotation du plan de la table est celle où la table tourne coordonnées et le cas clinique.
autour d'un axe vertical passant par le milieu du support ou
pied de table. Le plan de table pivote, le pied reste fixe. Cette
rotation est notamment utilisée : 3.4. Plans de référence
– par certains constructeurs pour dégager la table de l'es- Plan horizontal
pace « restreint » de l'appareil pour l'installation du patient Il correspond à une surface plane, horizontale, parallèle à la
(rotation de 90°) ; table, contenant l'axe de rotation du bras.
– pour inverser le sens de la table et profiter des fenêtres de La position de ce plan par rapport aux plans antérieur et
tables les mieux adaptées (rotation de 180°) ; postérieur du patient allongé peut varier, à condition d'utili-
– pour des centrages sophistiqués. ser le mouvement vertical de la table.
Il peut donc se retrouver en dehors du patient quand la table
Mouvements de la table est près du sol ou dans le patient dans les situations de cen-
Centrer le patient par rapport à la source consiste à placer un trage où il va coïncider au plan coronal (ou frontal) défini.
point défini sur ou dans l'anatomie du patient à l'isocentre. Cette Ce plan est matérialisé par un laser latéral horizontal qui se
opération peut s'effectuer grâce aux mouvements de la table projette sur le patient (figure 10.17A).
dans les trois directions de l'espace comme si le patient était sur
un tapis volant mais horizontalement rigide et totalement maî- Remarque : la distance variable entre le plan de table et
trisé (voir figure 10.14). À chaque déplacement de la table, l'isocentre, définie par le mouvement vertical de la table,
chaque point lié au patient se déplace par rapport à la source. correspond au paramètre noté hauteur table.
A B
C D
Figure 10.17 Les trois plans de référence et les projections laser sur le patient.
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Chapitre 10 RADIOTHÉRAPIE
Accélérateur linéaire médical
Pour plus de précisions ceaux, caractérisés par leur nature (photons, électrons), leur
La valeur de la hauteur table est égale à 0 quand la surface de la
énergie et leur ouverture, sont dirigés sur le volume à traiter ;
table est à l'isocentre. Donc, quand la table s'éloigne de l'isocentre néanmoins, avant d'arriver sur le patient, ils peuvent encore
(elle descend), la valeur absolue augmente et, inversement, quand subir des corrections.
la table se rapproche de l'isocentre (elle monte et le patient se rap- L'intervention à ce niveau sur les faisceaux se fera au moyen
proche de la source) la valeur absolue de hauteur table diminue. de « modificateurs de faisceaux », l'objectif étant d'optimiser
le traitement du point de vue de la dosimétrie.
Plan vertical axial
4.1. Définitions
Il correspond à une surface plane, verticale, perpendiculaire
à la table, contenant l'axe du faisceau passant par la source. On appelle « modificateurs de faisceaux », tout objet,
La position de ce plan par rapport au plan transverse appareil ou système capable d'apporter un changement au
(plan axial) du patient allongé peut varier, à condition niveau du faisceau d'irradiation tel qu'il a été programmé au
d'utiliser le mouvement longitudinal de la table (direc- niveau du collimateur. Ce changement peut être effectif sur
tion cranio-caudale). le plan de la géométrie du faisceau (dimensions) et/ou sur le
Ce plan est matérialisé par un laser latéral vertical qui se pro- plan de la dosimétrie.
jette sur le patient (figure 10.17B).
4.2. « Caches »
Plan vertical longitudinal Argumentaire et définition
Il correspond à une surface plane, verticale, perpendicu- À la sortie du collimateur, le faisceau ne peut donner que
laire à la table, contenant l'axe de rotation du bras et l'axe du des champs carrés ou rectangulaires, non conformes au
faisceau ; il est en même temps perpendiculaire aux deux volume planifié par le médecin prescripteur. Il faut donc
plans précédents. opter pour une ouverture de collimateur adaptée au plus
La position de ce plan par rapport au plan sagittal du grand axe du volume et mettre en place des « protec-
patient allongé peut varier, à condition d'utiliser le mouve- tions » pour éviter d'irradier les structures saines ou
ment latéral de la table (direction droite/gauche). sensibles.
Ce plan est matérialisé par un laser longitudinal vertical qui Les systèmes proposés ont évolué ; ils sont de plus en plus
se projette sur le patient (figure 10.17C). performants sur le plan de la protection tout comme de la
Finalité : isocentre manipulation.
L'épaisseur des caches est fonction de l'énergie des faisceaux
Les trois plans de référence contiennent un point commun :
et de la densité des matériaux utilisés. (Elle s'appuie sur la
l'isocentre (figure 10.17D).
principe de la couche de demi-atténuation ou CDA, où
Les trois plans sont matérialisés sur le patient par les trois
l'épaisseur de matériau provoque une atténuation de 50 %.)
lasers.
Les trois plans sont fixes par rapport à la géométrie de l'ap- Caches standard
pareil mais peuvent être déplacés dans l'anatomie du patient Afin de limiter les champs d'irradiation au strict nécessaire,
grâce aux mouvements de la table (figure 10.18). l'utilisation de caches plombés a, dans un premier temps,
été le seul moyen disponible. Ces « caches », en forme de
4. Modificateurs de faisceaux parallélépipèdes droits (≈ 6 cm d'épaisseur) mis à disposi-
tion par le constructeur, étaient placés sur un support
Grâce aux paramètres de la table, le patient est « placé » très (porte-cache) à la sortie du collimateur pour absorber le
précisément par rapport à l'isocentre de l'appareil. Les fais- rayonnement indésirable (figure 10.19).
Figure 10.18 Les mouvements de la table (commandés par la manipulatrice) font varier l'isocentre (qui est un point fixe lié à la géométrie de l'appa-
reil) dans l'anatomie du patient.
Sur le patient, on remarque les marques de centrage et la projection des faisceaux laser matérialisant les plans de référence.
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 10
Accélérateur linéaire médical
Le grand défaut de ces protections provenait de leurs Le terme « focalisé » fait référence au fait que les bords
bords à angles droits, responsables d'une importante internes du cache sont biseautés, parallèles aux limites du
pénombre de transmission (voir plus haut Géométrie des faisceau, ce qui entraîne une réduction considérable de la
faisceaux). Par ailleurs, ils ne répondaient pas à la protection pénombre de transmission (figure 10.20B).
souhaitée et à l'utilisation de champs de forme complexe.
Caches personnalisés Collimateur multilames
Face à la pénibilité de la manutention et au risque d'erreur
La nécessité d'utiliser des caches adaptés à la morphologie
inhérent à la confection et à l'utilisation des caches personna-
et au cas pathologique de chaque patient, avec des bords
lisés, les constructeurs proposent depuis les années 1990 des
qui suivent la divergence du faisceau, a abouti à la confec-
« collimateurs multilames » (multileaf collimator ou MLC).
tion de caches personnalisés et focalisés.
Dispositif d'abord rajouté et maintenant intégré à la tête de
traitement, le MLC est constitué de plusieurs lames mobiles
Pour plus de précisions
indépendantes les unes des autres.
La confection de ces caches relève de la compétence du manipu-
lateur qui doit respecter différentes étapes :
Les lames viennent compléter le dispositif de limitation du fais-
– définition de la protection lors de la plainification du ceau (l'ouverture du collimateur), elles sont réparties sur deux
traitement ; côtés opposés (figure 10.21A). Elles permettent la construction
– découpage d'un polystyrène en intégrant tous les facteurs de de champs complexes, en intégrant les protections nécessaires
proportionnalité (distance source–porte-cache, distance au traitement, (figure 10.21B). Ce dispositif est une nouvelle
source–film) ; marche vers l'optimisation de la radioprotection du patient.
– coulage, dans le moule de polystyrène, d'un alliage
(Cerrobend®) dont la température de fusion a l'avantage
d'être très basse (70 °C), constitué de plomb, de bismuth,
d'étain et de cadmium ;
– refroidissement et fixation sur une plaque de plexiglas adap-
tée au porte-cache placé à la sortie du collimateur ;
– étiquetage et identifiction du cadre.
Cette activité nécessite une parfaite maîtrise des coefficients
d'agrandissement et des conditions de projection des caches
dans le faisceau. La forme et l'envergure du cache sont directe-
ment liées à la distance du cache par rapport à la source ainsi qu'à
la direction du faisceau (antéropostérieur ou postéro-antérieur).
L'épaisseur (du fait de l'alliage utilisé) est fixée à 8 cm.
A B
Figure 10.20 Cache personnalisé pour champ complexe (A). Projection des caches (B). À gauche un cache à bord droit, à droite un cache à bord
focalisé.
À noter la présence d'une pénombre beaucoup trop importante avec des caches à bord droit.
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Chapitre 10 RADIOTHÉRAPIE
Accélérateur linéaire médical
Figure 10.21 Position des lames pour protection au cours d'une irradiation de loge prostatique (A), MLC vu du dessous (B).
Le déplacement et la position des lames sont le résultat Ce matériau « équivalent tissu », appelé « bolus » et placé sur
d'une programmation informatique et d'un système la peau va être à l'origine d'une :
motorisé. Elles se déplacent indépendamment les unes des – atténuation du faisceau ;
autres, dans un même plan, selon une même direction, per- – augmentation du diffusé dans la matière ;
pendiculairement à l'axe du faisceau. – augmentation de la dose à la surface.
La performance des collimateurs multilames est remar-
quable à différents points de vue : Matériaux utilisés
– la focalisation est optimale et la pénombre de transmis- Différents matériaux peuvent être utilisés à condition qu'ils
sion très réduite (≈ 5 mm) ; répondent aux performances requises pour la dosimé-
– l'architecture du système est conçue pour limiter le risque trie et pour la manipulation. La qualité de ces substances
de fuite entre les lames et assurer une protection perfor- sera de :
mante après les lames (< 2 %) ; – être le plus proche possible de la densité de l'eau (équiva-
– la précision du système répond aux exigences de la radiothé- lent tissu) ;
rapie avec des couvertures de champ adaptées aux besoins – avoir une épaisseur définie et uniforme ;
(le recours aux caches personnalisés devient très limité) ; – être ajustable et malléable pour s'adapter à différentes sur-
– le système est étudié pour répondre à la « modulation faces du corps ;
d'intensité » (radiothérapie conformationnelle avec modu- – ne pas se déformer à l'usage ;
lation d'intensité ou RCMI) (voir chapitre 12, En pratique : – permettre une mise en place aisée et reproductible ;
modalité de traitement, radiothérapie conformationnelle – répondre aux exigences de l'hygiène hospitalière.
avec modulation d'intensité) ; Différentes solutions non satisfaisantes ont été testées (tissu
– la mise en place des protections est facilitée pour le mani- éponge, sacs de farine, compresses enduites de corps gras…),
pulateur par la commande des lames à distance ; il est jusqu'à ce que les fabricants proposent des produits relative-
libéré également des tâches de l'atelier de confection des ment performants :
caches mais la vigilance doit être extrême en matière de – plaques de cire à modeler (trempées dans l'eau chaude,
vérification des champs de traitement. elles ramollissent et peuvent être modelées à la forme
désirée, la forme étant conservée après refroidissement) ;
4.3. « Bolus » – plaques Superflab® composées d'un gel synthétique
souple qui leur permet de s'adapter à la conformation des
Argumentaire et définition
régions anatomiques du patient avec une très bonne uni-
La qualité des faisceaux utilisés en radiothérapie externe ne formité d'épaisseur.
satisfait pas toujours aux besoins dosimétriques. La peau et
les premiers centimètres traversés ne doivent pas toujours En pratique
être sous-dosés y compris dans les traitements utilisant les Le manipulateur, ayant bien intégré les exigences de la dosi-
rayonnements de haute énergie avec de forts rendements en métrie, et les risques liés aux activités de soins, doit mettre
profondeur ; il faut dans certains cas cliniques augmenter la en œuvre :
dose à la surface et dans les premiers plans traversés. – la « préparation » du bolus (taille, forme, épaisseur) ;
En appliquant le principe de l'atténuation des faisceaux dans – la « fixation » (au moyen de ruban adhésif ou collé à
la matière, on peut imaginer qu'en plaçant une couche demeure sur un masque) ;
« équivalent tissu » sur la peau, les courbes isodoses seraient – les vérifications des paramètres définis par le physicien
« ramenées » vers la surface. (état du bolus, épaisseur, respect des distances) ;
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 10
Accélérateur linéaire médical
Argumentaire 100
En pratique courante de la radiothérapie externe, nombreux
sont les cas où l'axe du faisceau dirigé sur le volume à traiter 4
n'est pas strictement perpendiculaire à la surface d'entrée 90
(au champ d'irradiation). Dans ce cas, les courbes isodoses
se déforment pour « suivre » l'obliquité de la surface d'en- 80
trée (figure 10.24). 8
Par rapport à un point situé sur l'axe du faisceau à une pro-
fondeur donnée : 70
– les courbes isodoses « remontent » du côté où l'épaisseur
traversée est supérieure (du fait de plus d'atténuation) ; 12
60
– les courbes isodoses « descendent » du côté où l'épaisseur
traversée est inférieure (du fait de moins d'atténuation).
Angle isodose
La dose n'est donc pas homogène au niveau du plan perpen-
50
diculaire à l'axe passant par ce point. 16
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Chapitre 10 RADIOTHÉRAPIE
Accélérateur linéaire médical
Figure 10.24 Résultat dosimétrique avec utilisation du filtre en coin dynamique pour le traitement du sein gauche.
informatisée, mais une vigilance particulière était nécessaire mation des isodoses décrites précédemment par le biais
pour vérifier à chaque utilisation le bon positionnement du d'une modulation de la fluence du faisceau.
filtre par le biais de la rotation du collimateur.
Contrôles
Dans ce cas, l'angle isodose n'était pas déterminé par l'épais-
seur du filtre mais par la durée (nombre d'unités moniteur) Quel que soit le système utilisé, le manipulateur est chargé
de l'irradiation avec et sans filtre. pour chaque traitement de vérifier l'adéquation entre :
Les appareils de traitement installés depuis les années 2000 – la rotation du collimateur et la position du filtre (des
et équipés de collimateur multilames n'ont plus recours à lames) par rapport aux volumes concernés par l'irradia-
des filtres physiques ou mobiles mais au filtre dynamique ou tion ;
« filtre virtuel » (figure 10.24). – le nombre d'unité moniteur et l'utilisation ou non d'un
Comme son nom l'indique, l'irradiation peut être program- filtre.
mée « avec filtre » mais sans présence réelle d'un filtre. Il faut Des erreurs à ce niveau peuvent entraîner des conséquences
pour cela que la programmation du faisceau intègre le mou- dramatiques, surtout si elles sont répétées.
vement des lames pendant l'irradiation. En effet, si l'irradia-
tion débute en position champ ouvert et que les lames se Remarque : le lecteur trouvera à la fin du chapitre 14 une
ferment au cours de l'irradiation, on peut retrouver la défor- courte bibliographie portant sur les chapitres 9 à 14.
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RADIOTHÉRAPIE
Chapitre 11
Dosimétrie en radiothérapie
Élisabeth Moerschel
La production des radiations ionisantes relève de l'utilisa- Dans le domaine de la radiothérapie, le but de la dosimétrie
tion d'appareillages lourds et très complexes ; les progrès de est de calculer la dose absorbée dans les tissus, afin de pré-
l'électronique, de la physique et de l'informatique per- voir les effets du traitement sur les tissus sains et tumoraux.
mettent d'en assurer le contrôle mais l'exposition du patient En phase de simulation, c'est elle qui détermine la balistique
à ces radiations impose une parfaite adéquation entre la (voir chapitre 12, Simulation virtuelle et dosimétrie informati-
dose prescrite et la dose réellement délivrée. Ce sera l'une sée) et le plan de traitement à partir de la prescription
des vocations de la dosimétrie pour laquelle on peut rappe- médicale.
ler, dans un premier temps, les principaux fondements : L'ensemble de ces opérations est actuellement facilité par
définition, justification, compétences et instruments de l'imagerie médicale, les systèmes en réseaux, les fusions
mesure. d'images, les logiciels de calcul.
1.3. Compétence
1. Fondements La dosimétrie est une discipline qui nécessite des compé-
tences particulières à différents niveaux (technologique,
1.1. Définition
mathématique physique, environnemental, clinique).
La dosimétrie se définit comme la métrologie (science des En radiothérapie, la dosimétrie est placée sous la responsabi-
mesures) et la modélisation (représentation) de l'énergie lité du physicien formé à l'utilisation médicale des radiations
associée aux radiations ionisantes. ionisantes. Sous son contrôle, certaines tâches pourront être
D'une manière générale, la dosimétrie consiste à mesurer les confiées au « dosimétriste », nouveau métier, accessible au
doses reçues par les personnes exposées (travailleurs, public, manipulateur en radiothérapie après une expérience profes-
patients) aux rayonnements ionisants. « C'est en radiothéra- sionnelle et un temps de formation.
pie l'ensemble des opérations qui permettent de connaître la Au quotidien, pour l'application des traitements, il est cer-
dose de rayonnements et sa répartition dans le corps, les tainement nécessaire pour le manipulateur d'avoir des
différents tissus et le cancer traité. La dosimétrie commence notions de dosimétrie pour comprendre les enjeux et les
par le contrôle physique des appareils de traitement en contraintes d'une balistique.
radiothérapie externe et des sources radioactives en curie-
thérapie. » (Source : Le dictionnaire des cancers, FNCLCC : 1.4. Instruments de mesure
Dosimétrie). Pour la dosimétrie dans les faisceaux de photons et d'élec-
En radiothérapie, la dosimétrie comporte deux aspects : trons issus des accélérateurs médicaux, plusieurs types de
– elle consiste à déterminer les caractéristiques des faisceaux détecteurs peuvent être utilisés (chambres d'ionisation, dosi-
de rayonnements, c'est-à-dire leur calibration ; mètres thermoluminescents, dosimètres à semi-conducteurs,
– elle consiste à calculer la dose en tout point d'un volume films radiographiques).
défini (patient, tumeur, organes sains), c'est la dosimétrie Chaque centre doit être équipé au minimum de deux cap-
clinique en vue de la planification. teurs (l'un de référence, étalonné par un centre agrée, l'autre
Sur le site de la Fédération nationale des centres de lutte pour les mesures de routine), de « fantômes » et d'une chaîne
contre le cancer, la définition donnée de la dosimétrie est la de mesure.
suivante : « calcul des doses de rayons à appliquer à la zone à L'acquisition, la gestion et l'utilisation de cette instrumenta-
traiter et de la durée du traitement lors d'une radiothéra- tion sont sous la responsabilité du physicien.
pie » (www.e-cancer.fr/Dictionnaire/D/dosimetrie). Le « fantôme » est un dispositif réel utilisé « à la place » d'un
organisme vivant, pour les mesures des radiations ionisantes.
1.2. Argumentation Ce dispositif doit être conçu pour les faisceaux de photons et
À partir du moment où les effets des radiations ionisantes d'électrons de haute énergie. Il doit être maniable et fiable.
sur l'organisme ont été démontrés, le but de la dosimétrie est Différents types de dispositifs sont utilisés :
d'évaluer le risque de complications suite à une exposition – des systèmes de plaques d'épaisseurs différentes (1, 2, 3, 5,
(médicale ou non) et de prendre les dispositions nécessaires 10 mm), empilables, de densité homogène, avec possibilité
si elles existent. d'insertion d'un capteur cylindrique pour les mesures ;
Guide des technologies de l'imagerie médicale et de la radiothérapie
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Chapitre 11 RADIOTHÉRAPIE
Dosimétrie en radiothérapie
Doses relatives en %
100
80
air
60
40
e z
20
fantôme
5 10 15 20 25
Profondeur en cm R = Dz / De x 100
6 MV 18 MV
Figure 11.1 Courbes et définition du rendement en profondeur.
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 11
Dosimétrie en radiothérapie
On observe ensuite, dans les premières couches de matière Quelle est l'influence de l'énergie ?
traversées, une augmentation de la dose ; cette augmenta- Lorsque l'énergie des photons incidents augmente, l'angle de
tion est consécutive aux phénomènes physiques, notam- diffusion des photons secondaires diminue. De même, les
ment au parcours moyen des électrons secondaires. Plus électrons secondaires sont plus pénétrants du fait de l'éner-
l'énergie moyenne des photons premiers va être importante, gie qui leur est communiquée. Par conséquent, la dose à la
plus le parcours moyen des électrons secondaires va être surface devient plus faible et l'équilibre électronique sera
important et focalisé dans la direction des photons atteint plus en profondeur (tableau 11.1).
incidents.
L'équilibre électronique est atteint lorsque dans une Quelle est l'influence de l'ouverture du collimateur ?
tranche d'épaisseur, le nombre d'électrons arrachés est équi- Lorsque l'ouverture du collimateur augmente, le volume de
valent au nombre d'électrons arrêtés (figure 11.2). matière irradiée, c'est-à-dire le volume diffusant, augmente ;
le rendement augmente simultanément.
Pour aller plus loin Quelle est l'influence de la distance ?
Le flux des photons incidents n'est pratiquement pas atténué
La variation de la distance entre la source et la surface d'entrée
car leur transfert linéique d'énergie (TLE) est faible. Il y a tout
de même une probabilité assez régulière d'interactions avec le induit des facteurs d'influence divers (éloignement, géométrie
milieu par unité de longueur (voir chapitre 13, Répartition des du faisceau, angles de diffusion) ; en définitive, lorsque cette
interactions). distance augmente le rendement en profondeur est meilleur.
Les électrons expulsés lors des effets physiques, possèdent un
TLE plus élevé, ils seront peu pénétrants avec une portée rela 2.2. Dose dans un plan perpendiculaire à l'axe
tivement constante. Dans les premières tranches d'épaisseur, La dose absorbée est mesurée dans un plan perpendiculaire
le nombre d'électrons est croissant puis, à une certaine pro
à l'axe du faisceau, à une profondeur de référence, dans un
fondeur, il y aura autant d'électrons arrachés et mis en mouve
ment que d'électrons arrêtés, d'où l'expression « équilibre milieu équivalent tissu, sur les médianes à différentes dis-
électronique ». tances de l'axe.
La profondeur de l'équilibre électronique est de ce fait plus Lorsque le milieu est traversé par un faisceau de photons de
grande quand l'énergie des photons incidents est plus élevée. haute énergie, on observe dans ce plan un décroissement
de la dose absorbée à proximité des bords du faisceau ainsi
qu'une dose quantifiable en dehors de ces limites.
Progressivement, le flux de photons incidents décroît. Le flux
de photons et d'électrons secondaires, passé par un maxi-
mum, décroît également. Tableau 11.1 Comparatif entre deux faisceaux issus d'un
Le faisceau est maintenant atténué de manière exponen- accélérateur Axesse®*.
tielle, l'atténuation étant liée aux paramètres du faisceau (on Profondeur de Atténuation
Dose à la
peut rappeler que : atténuation = absorption + diffusion). Énergie
surface
l'équilibre ou profondeur
Le dernier constat est que la dose est encore conséquente à électronique du 50 %
une assez grande profondeur dans l'eau. Rayons X 6 MV 40 % 16 mm 16 cm
Rayons X 25 % 32 mm 20 cm
Variation du rendement en profondeur 18 MV
Il est effectivement important de connaître les variations * Afin que les résultats soient comparables, l'étude doit être réalisée à champ
induites par différents paramètres caractérisant le faisceau. fixe (10 × 10 cm) et à une distance source–surface de l'eau de 90 cm.
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Chapitre 11 RADIOTHÉRAPIE
Dosimétrie en radiothérapie
Axe du faisceau
e
n
tré
io
iat
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ed
ir r
c
d'
fa
r
p
Su
am
100 %
Ch
100 %
80 % 80 %
% 20 %
profondeur
100
60 %
80
40 %
20
0 cm
La diminution de la dose en bordure de faisceau résulte du – le plan (horizontal) perpendiculaire à l'axe pour l'étude de
fait que : la pénombre (figure 11.3) ;
– la distance entre la source et le point de mesure a – plus couramment, le plan (vertical) parallèle à l'axe pour
augmenté ; l'étude des faisceaux (figure 11.4).
– la contribution du rayonnement diffusé a diminué. Cette représentation a abouti à des cartes isodoses consti-
La dose en dehors de l'axe est le résultat des pénombres géo- tuées de courbes reliant les points recevant une même dose
métriques et de diffusion. (à la manière des courbes de relief sur les cartes géogra-
Ces mesures déterminent le profil de dose du faisceau qui phiques). Ces courbes appelées « isodose de base » ren-
nous donne un aperçu précis de la pénombre physique seignent très précisément sur l'atténuation du faisceau et la
(figure 11.3). répartition de la dose dans la matière.
La dosimétrie informatisée a évidemment révolutionné
2.3. Dose dans le volume irradié cette approche et permis de dépasser toutes les limites dans
Principes de base la modélisation.
Dans l'application thérapeutique des faisceaux de rayonne-
ments ionisants, il est nécessaire de pouvoir calculer la dose
en tout point du volume irradié. On peut alors imaginer la
combinaison entre le rendement en profondeur (dose sur 3. Dosimétrie des faisceaux
l'axe du faisceau) et les profils de dose (dose dans tous les d'électrons
plans perpendiculaires à l'axe). Ainsi, partant de l'axe du fais-
ceau, on obtient des surfaces (à la manière de boîtes Les appareils de radiothérapie modernes offrent particuliè-
gigognes) contenant les points recevant une même dose, on rement le choix entre des traitements aux rayons X et des
les appelle « surfaces isodose ». traitements aux électrons.
La spécificité reconnue des électrons, résidant dans leur
Courbes isodoses forte capacité à induire de multiples interactions (voir cha-
À l'ère du crayon et du papier millimétré, la représentation pitre 13, Particules chargées), entraîne des résultats dosimé-
de ces surfaces étant difficile, on a retenu leur intersection triques sensiblement différents : résultats qui justifient leur
avec un plan contenant l'axe du faisceau : utilisation pour des localisations superficielles.
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Dosimétrie en radiothérapie
6 MV 18 MV
6 4 2 0 2 4 cm 6 4 2 0 2 4 cm
0 0
100
4 4 100
90
80 90
8 8
70
80
12 12
60
70
16 50 16
60
20 40 20
50
cm
cm
40
Figure 11.4 Courbes isodoses de base comparatives pour des faisceaux de rayons X respectivement de 6 et 18 MV, de section 10 × 10 cm, sur les-
quelles on retrouve l'axe du faisceau et la profondeur de l'équilibre électronique.
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Chapitre 11 RADIOTHÉRAPIE
Dosimétrie en radiothérapie
9 MeV
4.2. Hétérogénéités
L'atténuation d'un faisceau est également fortement liée à la
densité tissulaire. À une certaine profondeur, la dose sera
6 4 2 0 2 4 cm très différente selon que le faisceau a traversé de l'air, de l'os
ou des tissus mous.
Les logiciels de dosimétrie introduisent des corrections qui
prennent en compte les hétérogénéités tissulaires dans les
90 calculs.
80
50 Remarque : le lecteur trouvera à la fin du chapitre 14 une
30 courte bibliographie portant sur les chapitres 9 à 14.
10
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RADIOTHÉRAPIE
Chapitre 12
Application aux traitements
en radiothérapie externe
Élisabeth Moerschel
CANCER
(Initiation, Promotion)
Facteurs Facteurs
exogènes endogènes
Facteurs Troubles de
biologiques la réparation de l’ADN
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 12
Application aux traitements en radiothérapie externe
1. Médecin
traitant
2. Médecin
7. Radiothérapeute spécialiste
Patient
3. Médecin
6. Oncologue radiologue
5. Anatomo
-pathologiste 4. Chirurgien
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Chapitre 12 RADIOTHÉRAPIE
Application aux traitements en radiothérapie externe
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 12
Application aux traitements en radiothérapie externe
Pour le patient, l'acquisition de ces images ne représente pas tout sous-dosage dans les mêmes proportions augmente le
une grande contrainte par rapport aux différents bilans déjà risque de récidive de la maladie.
réalisés en amont ; de plus, sa présence n'est plus nécessaire Au vu de ces risques, chaque prescription comporte donc le
durant tout le travail d'études des coupes, de tracé des contours, difficile compromis à trouver entre :
d'étude dosimétrique et de préparation du traitement comme – détruire les cellules cancéreuses pour contrôler la maladie ;
c'était le cas en simulation classique. En effet, avant l'utilisa-
– préserver les cellules saines pour limiter les complications.
tion de l'imagerie en coupes, la préparation du traitement et la
définition des volumes étaient réalisées au simulateur (appareil La définition des doses relève uniquement de la compé-
de radiologie classique qui possédait la configuration géomé- tence médicale.
trique d'un appareil de traitement). Le centrage était finalisé Elle associe obligatoirement la dose totale à l'étalement et
par le médecin avec la participation du manipulateur, l'en- au fractionnement.
semble des opérations s'effectuait sur le patient. Les trois paramètres offrent au radiothérapeute la possibilité
d'introduire également dans la prescription la notion de trai-
tement curatif ou palliatif, et donc d'opter pour des traite-
Les différents contours feront l'objet de reconstructions qui
ments « adaptés » à chaque patient.
permettront de visualiser :
– le volume à traiter dans différents plans de coupes
(figure 12.4) ; Dose totale
– la totalité du volume de manière tridimensionnelle dans La dose totale correspond à la dose qui doit être délivrée de
l'anatomie du patient. la façon la plus homogène possible à l'ensemble du PTV
Le résultat est double : avec la distinction nécessaire dans le cas où le volume plani-
– la prescription des volumes est totalement personnalisée fié comporte plusieurs volumes partiels nécessitant des
pour chaque patient ; niveaux de dose différents.
– les supports produits objectivent les volumes d'une La dose totale est déterminante pour atteindre les objectifs
manière extrêmement précise. de la radiothérapie.
Étant donné les valeurs nécessaires, elle sera exprimée en
2.3. Prescription de la dose grays (Gy) ou centigrays.
Des études ont démontré que tout surdosage supérieur à Elle est variable et sera fonction du type histologique du
5 % est susceptible d'entraîner de graves complications et cancer, des cas cliniques et des traitements annexes.
Figure 12.4 Délinéation de la loge prostatique sur une série de coupes dans le plan transverse.
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Chapitre 12 RADIOTHÉRAPIE
Application aux traitements en radiothérapie externe
Pour donner un ordre de grandeur, la dose curative dans la Le patient, bien informé des modalités du traitement, parti-
plupart des localisations cancéreuses se situe entre 50 et cipera activement à son installation.
80 Gy et autour de 45 Gy pour les territoires ganglionnaires.
Étalement 3.1. Objectifs et contraintes (problématique)
L'étalement concerne la durée totale du traitement entre la Comme annoncé précédemment, la prescription médicale
première et la dernière séance. Il peut s'exprimer en nombre de des volumes s'effectue en deux temps : le premier, plus abs-
jours (y compris ceux où il n'y a pas de séance) ou, le plus sou- trait, se concrétise par le deuxième, plus concret, qui consiste
vent, pour la radiothérapie externe, en nombre de semaines en un tracé précis des contours des structures, sur des coupes
(en radioprotection le mois est un repère plus classique). obtenues sur un appareil d'imagerie dédié à la radiothérapie.
La notion d'étalement vient obligatoirement compléter la L'installation du patient doit donc faire l'objet d'une déci-
valeur de la dose totale dans la prescription de la dose, vu sion dès le premier positionnement du patient sous l'appa-
l'importance du facteur temps en radiobiologie. reil d'imagerie. Celle-ci doit intégrer tous les paramètres de
(Une dose de 10 Gy délivrée en deux séances n'aura pas les reproductibilité et de confort et devra être retranscrite très
mêmes effets biologiques qu'une dose de 10 Gy délivrée en précisément.
une semaine.) Objectifs
Cette notion est donc indispensable pour évaluer l'efficacité
L'objectif visé est de répondre aux critères de la radiothéra-
biologique.
pie « conformationnelle » qui consiste en un centrage extrê-
Fractionnement mement précis sur le volume planifié.
Le fractionnement vient compléter la notion d'étalement ; il Le premier impératif est de rendre « accessible » le territoire
précise le nombre de séances effectives contenues dans la à traiter et d'« écarter » les structures saines (par exemple les
durée totale du traitement, il indique donc indirectement la bras au-dessus de la tête pour l'irradiation d'une localisation
dose par séance. thoracique).
Un traitement peut être multifractionné, c'est-à-dire qu'il Le deuxième impératif est d'immobiliser le patient puisqu'il
peut comporter deux à plusieurs séances par jour. ne doit pas bouger pendant toute la durée de la séance
(10 minutes environ au total).
En pratique Le troisième est d'intégrer d'emblée la notion de reproduc-
Que le support soit papier ou numérique, la prescription se tibilité, sachant que les séances de traitement seront répé-
présente fréquemment sous forme de tableau, regroupant tées, et que tous les points liés au patient doivent se retrouver
tous les éléments nécessaires (tableau 12.1). strictement au même endroit, à chaque séance, dans la
Le plan de traitement est la partie de la prescription médi- configuration géométrique de l'appareil et par conséquent
cale qui définit l'articulation entre les différentes étapes du par rapport à la source d'irradiation.
traitement : les changements de techniques, les réductions
de volumes… Contraintes
Les contraintes sont liées au patient et à la technique
d'irradiation
3. Installation du patient
– le problème vis-à-vis du patient est le compromis à trouver
En radiothérapie, l'installation du patient est réalisée sous entre confort et immobilité ; en effet, s'il ne doit pas bou-
contrôle médical. Elle résulte d'une réflexion menée parallè- ger pendant la séance, sa position doit être confortable : il
lement à la prescription des volumes ; elle doit intégrer les ne doit pas avoir froid, il ne doit pas avoir mal ;
critères d'efficacité et de qualité du traitement mais aussi de – pour ce qui concerne la technique d'irradiation, la tête ou
faisabilité, de reproductibilité et de confort du patient. les membres du patient doivent se retrouver dans un posi-
L'installation du patient nécessite une extrême rigueur et tionnement précis, parfois difficile à réaliser, souvent dif-
beaucoup de conscience professionnelle de la part du mani- ficile à reproduire (c'est le cas des traitements au niveau du
pulateur qui doit bien connaître les objectifs à atteindre et cou où le moindre « écart » de positionnement entraîne
les contraintes à gérer. une erreur de centrage).
Tableau 12.1 Exemple donné à titre indicatif pour illustrer le contenu de la prescription médicale.
Description du volume Distinction des volumes Étalement Fractionnement : nombre de séances/dose
Dose totale en grays
clinique planifiés en semaines par séance
Loge prostatique PTV1 75 8 10/2 Gy
Loge prostatique PTV2 55 6 5/2 Gy
Vésicules séminales
Loge prostatique PTV3 45 5 25/1,8 Gy
Vésicules séminales
Relais ganglionnaires
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 12
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Quels sont les paramètres du bon positionnement intégrant – effectuer des marquages indélébiles sur la peau du patient
le confort et la reproductibilité ? pour indiquer le centrage et la délimitation des faisceaux ;
Le patient doit être parfaitement aligné, dans ce cas : – utiliser des moyens de contention adaptés, efficaces, per-
– le plan sagittal du patient est parallèle au plan vertical lon- sonnalisés, confortables, peu absorbants… : c'est le cas des
gitudinal de référence dans la géométrie de l'appareil ; masques thermoformés utilisés pour les localisations au
– le plan frontal du patient est parallèle au plan horizontal niveau de la tête et du cou,
passant par l'isocentre et donc parallèle à la table ; – étudier la réplétion des organes creux et opter pour le
– le plan axial du patient est parallèle au plan vertical pas- meilleur compromis (vide/plein).
sant par l'isocentre et perpendiculaire aux précédents.
En pratique
La position est conforme si la tête et les membres sont dans
la position prescrite et s'il n'y a pas de torsion au niveau du On peut prendre pour exemple trois localisations classiques
rachis. de positionnement et d'utilisation de moyens de
contention.
3.2. Solutions Localisation au niveau du cou
Positionnement du patient – Quels sont les impératifs ?
Il sera d'abord clairement défini par le médecin prescrip- – Le cou doit être dégagé, les épaules ne doivent pas se
teur qui précisera si le patient doit être en décubitus dorsal retrouver dans les faisceaux, la position de la tête (exten-
ou en procubitus. Son choix sera guidé par des critères ana- sion) doit être reproductible.
tomiques (gravité des organes). – Quels sont les moyens pour atteindre l'objectif fixé ?
Confort physique du patient – Les bras sont le long du corps bien tirés vers les pieds
(des poignées peuvent être fixées à la table).
Il sera géré par le manipulateur par différentes actions :
– Une cale et un masque seront utilisés pour fixer définiti-
– donner les bons conseils au patient pour ne dévêtir que la
vement la position de la tête (figure 12.6).
région concernée ;
– L'avantage du système est également de pouvoir dessiner
– utiliser des protections de table pour éviter le contact direct ;
les repères sur le masque et non sur la peau du patient.
– utiliser des fins matelas en mousse pour les patients
maigres ou très souffrants (à discuter avec le médecin et le
physicien) ;
– utiliser les cales de maintien ou de soutien pour limiter la
« tension » dans certaines parties du corps (figure 12.5).
Reproductibilité
Elle peut être obtenue grâce à différents principes que le
médecin prescripteur va introduire d'emblée et que le mani-
pulateur va mettre en œuvre :
– opter pour un positionnement « simple », neutre, facile-
ment descriptible et reproductible ;
– opter pour un alignement strict, ce qui signifie que les
trois plans anatomiques du patient (frontal, axial, sagit-
tal) doivent être parallèles aux trois plans de référence
(horizontal, vertical transverse, vertical longitudinal) liés à Figure 12.5 Installation confortable et reproductible du patient (instal-
la géométrie de l'appareil et matérialisés par les lasers ; lation au Primus®).
Figure 12.6 Masque thermoformé pour la reproductibilité du positionnement de la tête et un jeu de cales pour la nuque (moyens de contention
personnalisés).
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Chapitre 12 RADIOTHÉRAPIE
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Localisation au niveau du pelvis – Placer une cale sous la tête, sous les genoux pour réduire
– Quels sont les impératifs ? la lordose, stabiliser le rachis.
– Le patient doit être en rectitude stricte, sans torsion au – Placer les avant-bras sur un repose-bras : soit en abduc-
niveau des épaules ou du bassin. tion à 90° (incompatible avec le centrage au scanner)
– La position des membres doit être fixe et reproductible. soit relevés au-dessus de la tête (figure 12.8) (parfois dif-
– Quels sont les moyens pour atteindre l'objectif fixé ? ficile à obtenir chez les patientes opérées).
– Placer un coussin sous la tête, sous les genoux, sous les Dans tous les cas, la description de l'installation doit être
pieds pour réduire la lordose, stabiliser le rachis et fixer parfaitement précise, lisible, compréhensible de tous
l'écartement des pieds (figure 12.7). (tableau 12.2).
– Placer les mains sur la poitrine pour libérer l'espace entre Dans la plupart des centres, elle est complétée par des pho-
le pelvis et les faisceaux. tos prises sous différents angles (collées dans un dossier ou
insérées dans le fichier numérique du patient).
Localisation au niveau du thorax
– Quels sont les impératifs ?
– Le patient doit être en rectitude stricte, sans torsion au 4. Définition de la position
niveau des épaules ou du bassin, le plan antérieur du de l'isocentre
thorax doit être horizontal (cette position limite les
divergences incontrôlées des faisceaux dans l'orga- La bonne maîtrise des techniques d'irradiation constitue une
nisme). Position recommandée pour le traitement des absolue nécessité pour la qualité des traitements classiques
seins. d'abord, puis pour l'adaptation aux techniques de traite-
– Les bras ne doivent pas se retrouver dans les faisceaux ment dites « innovantes ».
d'irradiation (ils seront placés au-dessus de la tête pour
4.1. Technique DSP
faciliter le centrage au scanner). Position recommandée
pour le traitement des localisations thoraciques. Les premiers traitements en radiothérapie reposaient sur
– Quels sont les moyens pour atteindre l'objectif fixé ? l'utilisation d'un ou tout au plus deux faisceaux pour un
– Utiliser un plan incliné sous le thorax, qui doit être même volume. Il apparaissait donc plus simple d'utiliser la
réglable pour s'adapter aux différentes morphologies ou peau (la surface d'entrée) comme référence, la distance
corpulences (figure 12.8). entre la source et la peau étant facilement mesurable pour
reproduire l'installation.
Figure 12.8 À gauche plan incliné et appui-bras, à droite cale pour la nuque et repose-bras (bras au-dessus de la tête).
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La technique DSP (distance source–peau) consiste à placer La profondeur (p) est la distance entre le point d'entrée et
le centre du champ (marqué à la peau), par le biais des dépla- l'isocentre (figure 12.9B).
cements de table, au niveau de l'isocentre → l'isocentre est
alors situé sur la peau du patient.
Cette technique est possible, quelle que soit la direction des
5. Simulation virtuelle et dosimétrie
faisceaux (rotation du bras), le point d'entrée étant toujours à informatisée
100 cm de la source. Mais dans le cas d'un traitement utilisant
plusieurs faisceaux convergents, le centrage de chaque faisceau La dosimétrie ne peut être dissociée de la simulation vir-
nécessite des déplacements de table (le manipulateur doit ren- tuelle, car elles vont ensemble influencer la balistique. En
trer dans la salle de traitement pour ajuster le centrage). effet, au vu des indications et des objectifs de la radiothéra-
pie, précision et efficacité sont les critères de qualité d'un
Pour plus de précisions traitement, tant du point de vue du centrage des faisceaux
La distance entre la source (point de départ du faisceau) et la sur les volumes que du point de vue de la dose délivrée.
peau du patient est indiquée par le télémètre : graduations cen- L'arrivée sur le marché des logiciels de dosimétrie et l'utilisa-
timétriques lumineuses qui se projettent sur la peau quelle que tion systématique des scanners, à partir des années 1980, ont
soit la position de la table. modifié la méthodologie de la préparation des traitements.
Dans la pratique actuelle, pour les besoins de la radiothéra-
4.2. Technique DSA pie conformationnelle, la simulation virtuelle et l'étude dosi-
métrique ont pris une place décisive. Elles relèvent de la
Le développement des traitements utilisant plusieurs fais-
compétence de la personne spécialisée en radiophysique qui
ceaux convergents a vu naître parallèlement la technique
garantit que la dose délivrée aux différents volumes répond
DSA (distance source–axe) ou technique « isocentrique »
à la prescription médicale.
qui consiste à placer un point défini dans l'anatomie du
patient (le centre du PTV ou le milieu du patient) à l'iso-
centre → l'isocentre sera situé à l'intérieur du patient. (Le 5.1. Définitions
terme « axe » fait référence à l'axe de rotation du bras qui Simulation virtuelle : étape de la préparation du traitement
contient l'isocentre.) qui fait suite à la prescription du traitement, au choix d'ins-
Dans ce cas, la table (le patient) ne sera pas déplacée entre tallation du patient, à l'acquisition des images en coupes et à
les différents faisceaux ; la tête de traitement de l'appareil (la la délinéation des volumes. Elle consiste à mettre en place
source) tourne autour de l'isocentre. Il en résulte que, pour des faisceaux de la manière la plus pertinente possible.
chaque faisceau dirigé vers le même volume cible, le point L'ensemble des opérations ne s'effectue pas réellement sur le
d'entrée est à une distance différente de la source. La DSP patient mais « virtuellement » sur les données anatomiques
varie d'un faisceau à l'autre. enregistrées sur des supports numériques. Le traitement
La DSP sera égale à la DSA diminuée de la profondeur (p) de n'est pas encore réel, il n'est pas encore effectif, mais il peut
l'isocentre (figure 12.9A). déjà être étudié.
Dosimétrie informatisée : étape de la préparation du traite-
ment qui permet d'analyser précisément la répartition de la
Application pratique dose dans les volumes grâce à des outils mathématiques et
On peut noter pour un faisceau : DSP = DSA − p informatiques. L'objectif est d'étudier la pertinence de la balis-
Quand la rotation du bras est à 0° : ε = p + HT
tique dont on peut rappeler que l'objectif est de concentrer la
Avec : ε = épaisseur du patient, HT = hauteur table.
dose sur le volume planifié et limiter l'irradiation des tissus sains.
DSP
Air
DSA
p
Patient
Isocentre
HT
A B
Figure 12.9 L'isocentre est à la profondeur (p) dans le patient, la valeur de la DSP est inférieure à 100 (A). L'isocentre est dans le patient, les DSP sont
différentes pour chaque faisceau (B).
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pour le traitement des localisations semi-profondes et pro- – l'utilisation de technique DSP ou isocentrique,
fondes, les rayons X d'énergie comprise entre 6 et 20 MV ont – l'utilisation de faisceaux fixes ou rotatifs,
été reconnus comme étant les plus performants. – l'utilisation de la stéréotaxie,
Dans tous les cas, la dose au niveau des structures placées – l'utilisation de la tomothérapie.
dans le faisceau avant le volume cible reste proportionnelle- À noter que les rotations du statif de l'appareil et le position-
ment élevée. Le fait de multiplier les faisceaux convergeant nement de la table définissent l'entrée et la sortie du faisceau
vers le volume cible permet de diviser cette dose. et donc les structures traversées (figure 12.10).
Pour chacun des faisceaux, le traitement pourra encore être opti-
Dosimétrie
misé par le centrage (plus précis, il permet de réduire la section
des faisceaux), la pondération, l'utilisation de modificateurs de Pour chaque simulation de traitement, le logiciel de dosimé-
faisceaux ou de la modulation d'intensité, l'asservissement, etc. trie permettra de visualiser la répartition de la dose au moyen
des cartes isodoses dans les différents plans anatomiques du
Simulation du traitement patient (figure 12.11). Ces cartes prennent en compte l'en-
À ce stade de la préparation du traitement, le positionne- semble des faisceaux : le résultat est exprimé au moyen de
ment du patient est arrêté. courbes de couleurs différentes où chacune englobe un
Pour la simulation d'un traitement, les choix porteront sur la volume recevant un même pourcentage de la dose.
technique d'irradiation :
– du point de vue des faisceaux : Pour en savoir plus
– leur qualité (nature et énergie du rayonnement), Les cartes isodoses sont le résultat de l'addition des courbes
– leur nombre, leur porte d'entrée, leur direction (rotation isodoses provenant de tous les faisceaux.
du bras), Chaque faisceau (selon sa qualité) en pénétrant dans la matière
(plus ou moins dense) est atténué et donne lieu à des courbes
– leur contribution à la dose totale (la pondération), isodoses qui traduisent cette atténuation.
– leur dimension (ouverture du collimateur, protections), Lorsqu'un point d'une courbe d'un faisceau (par exemple de
– l'utilisation de modificateurs de faisceaux ; valeur 60 %) rencontre un point d'une autre courbe, d'un autre
– du point de vue de la technique (notamment) :
Figure 12.10 Exemple de simulation pour faisceaux fixes : volume planifié en rouge abordé par deux faisceaux opposés (antéro-postérieur et pos-
téro-antérieur) et volume planifié réduit en bleu abordé par quatre faisceaux obliques.
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Chapitre 12 RADIOTHÉRAPIE
Application aux traitements en radiothérapie externe
Histogrammes dose-volume
1,0
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
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dans le chapitre 11, Dosimétrie en radiothérapie. L'addition de tée : elle démontre le processus qui permet de limiter la dose
soit deux faisceaux opposés de 180°, soit quatre faisceaux aux portes d'entrée et de la cumuler au centre du volume
orthogonaux (ou opposés deux par deux) peut être représen- (figure 12.14).
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 12
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Figure 12.16 Exemple de vue d'un champ antérieur de traitement (A : DRR. B : beam eye view ou champ vue de la source).
Des « vues » des champs de traitement (vue de la source) qui 6.1. Principe de la radiothérapie
sont des images, reconstruites à l'issue des opérations réali- conformationnelle avec modulation d'intensité
sées en simulation virtuelle, précisent les limites des fais- La radiothérapie conformationnelle avec modulation d'inten-
ceaux (digital reconstructed radiography ou DRR) sité (RCMI) est une radiothérapie conformationnelle 3D
(figure 12.16). (RTC-3D) au cours de laquelle la fluence (quantité de photons
Des cartes isodoses rendent compte de la balistique retenue par unité de surface) de chacun des faisceaux est modulée.
et du résultat dosimétrique (figure 12.17). Les collimateurs multilames offrent la possibilité de réaliser
cette modulation en combinant l'utilisation des lames et le
6. En pratique : modalité facteur temps. En effet, habituellement, les limites du champ
d'irradiation sont déterminées pour toute la durée d'une
de traitement, radiothérapie séance, la modulation d'intensité intègre le fait que les lames
conformationnelle avec peuvent être déplacées au cours d'une séance, ce qui crée
des variations de dose sur l'ensemble du champ.
modulation d'intensité13 Le but de la RCMI est d'obtenir des distributions de doses de
Depuis 2006, l'Institut national du cancer (INCa) soutient le niveau élevé recouvrant le volume cible et épargnant au
développement et l'installation d'équipements innovants en mieux les organes sains. Elle se distingue de la RTC-3D par
radiothérapie en France via une dynamique de financements l'étape de planification inverse et par les techniques
incitatifs par appels à projets. d'irradiation.
Dans ce cadre, la Haute Autorité de santé a, notamment, évalué Cette technique nécessite (tableau 12.5) :
la radiothérapie conformationnelle avec modulation d'inten- – les outils de la RTC-3D ;
sité. Elle a rendu un avis favorable concernant cette technique – un système de planification inverse de traitement ;
dans certaines indications, en s'appuyant sur des données cli- – des outils de transferts (réseau) et d'automatisation des
niques et sur l'avis des professionnels de santé impliqués. traitements ;
– un contrôle qualité rigoureux.
Méthodologie :
Éric Lim.
13 – contour des volumes cibles et organes à risque ;
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Chapitre 12 RADIOTHÉRAPIE
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– définition des contraintes sur le volume cible et les organes Le système de planification inverse possède deux
à risque ; composantes :
– mise en place de la balistique ; – le modèle d'optimisation qui décrit les buts du plan de
– planification inverse : optimisation, minimisation de la traitement matérialisé par une fonction d'objectifs conte-
fonction objectif ; nant les contraintes de doses ;
– séquençage des fluences modulées ; – un algorithme d'optimisation qui permet de calculer les
– calcul de la distribution de dose ; intensités de faisceaux élémentaires en respectant les
– validation par le médecin ; objectifs fixés.
– contrôles avant traitement. Les paramètres de l'irradiation, l'orientation et les facteurs
d'intensité propres à chaque faisceau (carte d'intensité) sont
6.2. Planification inverse définis automatiquement par le programme de dosimétrie :
En RTC-3D, la planification directe répond à la question : par des cycles de calculs successifs, il définit un plan de trai-
Quelle est la distribution de dose dans une région irradiée tement optimisé de manière à réaliser la meilleure approche
lorsqu'un groupe de paramètres donnés (angle de bras, colli- de la dose prescrite en fonction des contraintes fixées. La
mateur, etc.) est utilisé ? La distribution de dose est calculée dose à la tumeur et les contraintes de doses permettent
et évaluée à l'aide d'HDV ; les meilleurs paramètres sont d'établir une fonction objectif. À partir de celle-ci, l'ordina-
recherchés par une méthode « essai–erreur ». teur effectue des calculs et, par itérations, tente de s'appro-
En RCMI, la planification inverse est utilisée pour répondre à cher au plus près de cette fonction.
la problématique : Quels sont les paramètres de traitement
afin que les objectifs et contraintes, physiques ou biolo- 6.3. Comparaison RTC-3D et RCMI
giques, soient respectés ? On constate, lors d'un traitement en RTC-3D (figure 12.18A),
que la prostate est recouverte par des isodoses de traitement
Tableau 12.5 Récapitulatif des outils de la RCMI. formant un rectangle et, de ce fait, irradiant une bonne par-
Technologies développées Objectifs opérationnels tie du rectum. En revanche, en RCMI (figure 12.18B), on
observe que les isodoses élevées épousent le contour de la
Systèmes d'imagerie en coupes Définition pertinente du PTV
(TDM, IRM) prostate et par la même occasion épargne mieux le rectum.
Fusion d'images Ces comparaisons ont démontré que la RCMI du cancer de
la prostate permettait une meilleure couverture des volumes
cibles tout en préservant au mieux les tissus sains.
Figure 12.18 Dosimétrie d'une localisation prostatique en RCT-3D (A). Étude dosimétrique prostatique en RCMI (B).
Les isodoses élevées sont représentées par les couleurs chaudes et celles moins élevées par les froides. La prostate, organe cible, est représentée par le
contour bleu et le rectum (organe à risque) par le contour noir.
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 12
Application aux traitements en radiothérapie externe
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Chapitre 12 RADIOTHÉRAPIE
Application aux traitements en radiothérapie externe
Pour aller plus loin : le gradient de dose (Gy/mm) nelle. L'utilisation d'une matrice de détecteurs, avec l'aide
Le gradient de dose est la variation de la dose absorbée d'une
ou non d'un fantôme, constitue une de ces méthodes.
zone par rapport à une zone adjacente. Cette variation est la Dans ce cas, le physicien prévoit grâce au TPS un plan de
conséquence volontaire de la technique RCMI rotationnelle, traitement en RCMI. Il recalcule ce plan sur le scanner de la
basée sur la modulation de la fluence des faisceaux. Le gradient matrice de détecteurs. Celle-ci est irradiée à l'aide des arcs de
de dose peut être très important (figure 12.22) notamment traitement lors du contrôle qualité. Le physicien se charge de
dans les cas où le PTV est proche d'un organe à risque en série comparer les données et apprécie, notamment, l'index
(canal médullaire, tronc cérébral). Cela constitue à la fois la force
et la faiblesse de la technique : en théorie l'organe à risque est
gamma. Il valide ou invalide la mise en traitement.
mieux protégé, mais une erreur de positionnement est poten-
tiellement plus délétère en RCMI rotationnelle qu'en RTC-3D. Pour aller plus loin : l'index gamma, un indice d'évaluation
L'index gamma permet de comparer deux distributions de
dose, l'une étant considérée comme la distribution de référence
et l'autre étant celle à évaluer. Le principe est le suivant : la dif-
férence dose calculée/dose mesurée est évaluée pour chaque
point. Un écart inférieur à 3 % est considéré comme acceptable.
Par contre, si l'écart est supérieur à 3 %, le logiciel de mesure
recherche autour du point en question les points qui reçoivent
la même dose. Si la distance entre ces points est inférieure à
3 mm, cela est considéré comme correct. Au global, 95 % des
pixels doivent respecter ces critères pour que le plan de traite-
ment soit validé par le physicien.
Avant le traitement
Plus le gradient de dose est grand, plus la précision du
repositionnement du patient avant le traitement est
importante : les tolérances de variations de positionnement
entre l'imagerie du jour et celle de référence sont alors de
l'ordre de 2 mm. (Ces marges sont plus importantes pour la
RTC-3D, en raison des limites de l'imagerie portale réalisée en
mégavolts.)
Dans certains cas, il est extrêmement important de tenir
compte de la position des organes dans le corps, le reposi-
Figure 12.21 Patient allongé pour un traitement en RCMI rotationnelle
(Elekta). tionnement osseux n'y suffit pas (prostate, utérus, pou-
mons). On utilise alors des systèmes d'acquisition volumique
pour faire de la radiothérapie dite guidée par l'image (image-
guided radiation therapy ou IGRT : voir plus loin Systèmes
d'aide au positionnement et radiothérapie guidée par l'image).
À titre d'exemple, dans le cas d'un traitement de la prostate,
le positionnement de l'organe tient compte de la dilatation
du rectum et de la réplétion de la vessie. Le contrôle de ces
critères n'est envisageable qu'avec une acquisition volu-
mique, l'acquisition planaire mettant en évidence essentiel-
lement les repères osseux.
En cours de traitement
Cette technique nécessite un contrôle permanent du fais-
ceau. Mais, contrairement à la RTC-3D, il est impossible
Figure 12.22 Coupe axiale avec visualisation du gradient de dose pour d'utiliser l'imagerie portale pour vérifier le bon positionne-
une radiothérapie sur métastase hépatique. ment des lames du MLC, puisque celles-ci sont en mouve-
ment permanent. La surveillance se fait donc par l'appareil
de traitement lui-même.
Surveillance et contrôle À l'occasion de plusieurs points de contrôle, la position des
Contrôle qualité lames, la position du statif, la vitesse de rotation et le débit
L'objectif du contrôle qualité est de comparer la répartition de dose sont vérifiés. Si un des paramètres (position d'une
de la dose planifiée par le système de planification du traite- lame par exemple) diffère légèrement du plan de traitement,
ment (TPS) avec la répartition de la dose mesurée. Il existe l'accélérateur va adapter lui-même le débit de dose et la
plusieurs méthodes de contrôle qualité d'une RCMI rotation- vitesse de rotation. Si un des paramètres ne respecte pas la
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 12
Application aux traitements en radiothérapie externe
Pour aller plus loin : les faibles doses RCMI avec faisceaux Step and shoot
stationnaires Slidingwindow
Dans la mesure où le rayonnement X est émis durant toute la
durée de l'arc et le nombre d'unités moniteur (UM) délivrées RCMI rotationnelle VMAT (volumetric modulated arc therapy)
est plus élevé en RCMI qu'en RTC-3D, certaines zones anato- IMAT Elekta®
miques – non irradiées par les techniques conventionnelles –
RapidArc®, DCA®, Varian®
se trouvent être faiblement irradiées. Les effets à long terme
de ces faibles doses ne sont pas encore connus mais sont l'objet mARC® (modulated arc) Siemens
de questionnements. RCMI hélicoïdale Tomothérapie
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Chapitre 12 RADIOTHÉRAPIE
Application aux traitements en radiothérapie externe
Objectif
Cette radiothérapie hélicoïdale garantit au patient un meil-
leur ciblage du tissu tumoral à irradier, tout en limitant
l'exposition des organes sains à proximité. Cette technologie
est destinée à des localisations et des traitements complexes
tels que les tumeurs de la sphère ORL.
Cette « radiothérapie guidée par l'image » améliore la préci-
sion du traitement.
L'appareil de tomothérapie, avec sa possibilité d'image-
rie 3D en temps réel et en position de traitement, per-
met de délimiter précisément les contours de la tumeur ;
elle objectivera par exemple l'amaigrissement du
patient, les modifications anatomiques ou la réduction
de la tumeur.
Ces informations ouvrent des possibilités quant à l'adapta-
tion des traitements en cours, c'est ce qu'on appelle la radio-
thérapie adaptative.
Les études montrent que l'utilisation des capacités du sys-
tème permet une réduction significative du volume des tis-
sus irradiés à la dose élevée offrant la possibilité d'employer
des stratégies d'escalade de dose.
Figure 12.24 Principe de fonctionnement de la « tomothérapie ».
Conclusion
Grâce à la RCMI, il est possible de faire varier la forme de la
de vérifier le positionnement du patient et plus précisé- région irradiée. Par conséquent, l'irradiation de tumeurs
ment des structures anatomiques concernées ; concaves devient une réalité, ce qui était impossible en
– la transmission des coordonnées de décalage à la table qui RTC-3D. La RCMI est une technique permettant de sculp-
se repositionne automatiquement si nécessaire pour le ter de façon précise le volume d'irradiation.
« recalage » du centrage ; La RCMI permet, d'une part, une meilleure préservation des
– l'irradiation, qui est réalisée selon un mode spiralé du fait tissus sains (rectum pour le traitement de la prostate, glandes
des mouvements simultanés de la table sur laquelle le salivaires et parotides pour la sphère ORL) et, d'autre part,
patient est allongé (celle-ci se déplace dans le sens longitu- une escalade de dose au niveau du volume cible.
dinal à l'intérieur de l'anneau), et de l'accélérateur de parti- Les tumeurs prostatiques et de la sphère ORL représentent la
cules qui tourne au sein de l'anneau en délivrant les grande majorité des indications. Les tumeurs du sein et tho-
rayons X. Chaque séance quotidienne peut au total durer raciques sont problématiques en raison des mouvements
une trentaine de minutes. dus à la respiration.
Enfin, un contrôle de qualité précis et rigoureux de toute la
chaîne de traitement est nécessaire afin de garantir un traite-
ment en toute sécurité.
Pour plus de précisions
L'irradiation est effectuée par modulation d'intensité grâce au
déplacement programmé et contrôlé des lames du collimateur 7. En pratique : modalité de
pendant l'irradiation (64 lames de 10 cm de hauteur).
Au cours de chaque rotation, le faisceau peut être modulé, voire
traitement stéréo-radiothérapie15
interrompu afin d'adapter la forme et l'intensité du faisceau Étymologiquement, stéréotaxie signifie « ordonnancement
selon la distribution de la dose voulue.
dans l'espace ». La stéréotaxie est utilisée en neurochirurgie et
Le faisceau permet une irradiation de 40 cm de largeur sur 1 à
5 cm d'épaisseur. permet d'atteindre une zone définie du cerveau de façon
Le système permet jusqu'à 160 cm de longueur de traitement extrêmement précise. L'idée de départ d'un traitement de sté-
en continu. réo-radiothérapie provient donc de la stéréotaxie : il s'agit de
La couverture de la région à traiter est obtenue par superposi- définir la position d'une structure du corps grâce à un repère
tion des spires de l'hélice selon la programmation des para- orthonormé 3D (selon trois axes, perpendiculaires entre eux),
mètres tels que le pas de l'hélice et l'épaisseur de coupe.
solidaire du patient afin de l'atteindre de façon très précise et
En mode imagerie, l'énergie du faisceau sera réduite.
La petite taille de l'accélérateur, l'énergie relativement faible du la moins invasive possible (figures 12.25 et 12.26).
faisceau d'irradiation, le blindage plombé dans l'anneau, et le
système beam stop placé derrière les détecteurs font que la
radioprotection au niveau de la salle de traitement ne demande
pas des moyens colossaux. 15
Vanessa Schwartz.
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Application aux traitements en radiothérapie externe
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Chapitre 12 RADIOTHÉRAPIE
Application aux traitements en radiothérapie externe
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 12
Application aux traitements en radiothérapie externe
Contraintes
– Durée de la séance : de 20 minutes jusqu'à 1 heure si plu-
sieurs localisations.
– Immobilité requise : bon état général du patient obliga-
toire – patient très coopérant et dans de bonnes condi-
tions psychologiques en raison des particularités
d'installation.
– Complexité organisationnelle pour un service (par
exemple, irradiation en conditions stéréotaxiques d'un
foie : mise en place de fiduciaires, injection de produit de
contraste au scanner de centrage, compression abdomi-
nale, scanner 4D…).
– Particularités de la délinéation : davantage d'organes à
risque à délinéer, création de planning organ at risk volume Figure 12.29 Simulation de mise en place de diodes sur un masque
(PRV). de contention.
– Présence médicale à chaque séance.
rentes profondeurs, en fonction de différents paramètres,
sont effectuées au moyen de « fantômes » à plaques, à eau
8. Traitement et surveillance ou matriciels).
La sécurité de la radiothérapie est assurée par la dosimétrie
La surveillance clinique est assurée par le médecin radiothé- in vivo (figure 12.29).
rapeute et les contrôles qualité sont organisés par le
radiophysicien. Pour plus de précisions
C'est le manipulateur qui a en charge la réalisation du traite-
Des accidents de surdosages en radiothérapie ont conduit les
ment selon les modalités définies et validées en simulation autorités de santé à prendre des mesures pour améliorer la
virtuelle. Différents moyens sont disponibles pour assurer la sécurité des patients.
qualité du traitement et la sécurité du patient. La dosimétrie in vivo, utilisée en routine dans certains centres
depuis longtemps, est devenue obligatoire. Elle consiste à
8.1. Médecin radiothérapeute mesurer directement sur le patient la dose qui lui est réelle-
Le médecin valide le traitement, la dosimétrie prévisionnelle ment délivrée au moyen de :
– dosimètres thermoluminescents (technique avec lecture
et la conformité de l'installation par rapport à sa prescrip- différée) ;
tion. Il assure la surveillance clinique et le suivi du traite- – détecteurs semi-conducteurs placés sur la peau du patient
ment par le biais de consultations régulières (hebdomadaires) (technique de mesure en temps réel avec comparaison immé-
pour juger de l'efficacité et de la tolérance de la radiothéra- diate à la dose prescrite).
pie (réponse tumorale, effets précoces). Placés sur la peau du patient, sur l'axe, à l'entrée et à la sortie du
Le médecin proposera au patient des soins de support pour faisceau, les détecteurs mesurent la dose et permettent de véri-
fier l'adéquation entre le nombre d'unités moniteur calculés par
améliorer son confort de vie. rapport à la dose prescrite et la dose réellement délivrée.
« Les mesures in vivo consistent à réaliser des mesures de dose
Pour plus de précisions absorbée sur le patient pendant son irradiation, à l'aide de
On appelle soin de support tout type de soins mis en œuvre détecteurs placés en des sites facilement accessibles tels que la
pour améliorer la qualité de vie du patient. Ce concept d'origine peau ou les cavités naturelles du corps. On pourra réaliser trois
anglo-saxonne s'inscrit dans le schéma de la prise en charge types de mesures :
globale du patient. Les soins de support apparaissent en France – mesure de la dose à l'entrée du faisceau ;
dans le cadre du plan cancer 2003–2007, et ils sont toujours – mesure de la dose à la sortie du faisceau ;
évoqués dans le dernier (2014–2019). Ils visent à améliorer la – mesure de doses internes, par mesures intracavitaires dans
coordination des soins et devraient apporter des réponses aux quelques cas particuliers ou plus généralement par calcul à
besoins des malades : sur le plan diététique, pour des soins partir des doses mesurées à l'entrée et à la sortie. » (Guide pour
esthétiques, pour une prise en charge psychologique, etc. la mise en œuvre en radiothérapie externe de l'assurance de
qualité par mesures in vivo par dosimètres thermolumines-
cents et semi-conducteurs. Rapport SFPM no 18-2000.)
Ce contrôle représente l'ultime barrière permettant de déceler
8.2. Personne spécialisée en radiophysique une divergence de dose dont il faudra, si c'est le cas, déterminer
médicale l'origine.
Le physicien (professionnel de la santé) assure la surveillance
et la qualité des traitements du point de vue de la dosimé-
trie par le biais de l'organisation des contrôles et des main-
tenances (quotidiens, mensuels, semestriels, etc. ; internes et 8.3. Manipulateur
externes) garantissant le bon fonctionnement des appareils Le manipulateur réalise l'irradiation selon le plan de traite-
et la calibration des faisceaux (les mesures de dose à diffé- ment planifié.
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Chapitre 12 RADIOTHÉRAPIE
Application aux traitements en radiothérapie externe
Figure 12.30 DRR de référence (A). Image en temps réel du champ de traitement (ces deux vues sont superposables pour définir la qualité du
positionnement) (B).
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RADIOTHÉRAPIE Chapitre 12
Application aux traitements en radiothérapie externe
8.4. Systèmes d'aide au positionnement et précis. Ces derniers ne pourraient pas se faire avec une image-
radiothérapie guidée par l'image16 rie planaire.
Les techniques évoluant, et les marges d'erreur étant de plus La comparaison de l'image du jour et de l'image de référence
en plus petites en RCMI et stéréo-radiothérapie, la nécessité peut se faire selon différents critères : osseux, tissus mous,
d'une imagerie de contrôle et de systèmes de repositionne- recalage sur des fiduciaires (clips, grains d'or…). Certaines
ments plus pointus est incontournable. L'image-guided radia- permettent de voir avec précision la position de l'organe
tion therapy (IGRT) consiste à réaliser une imagerie de ciblé et de l'atteindre de façon plus sûre.
contrôle avant chaque séance afin de vérifier le reposition-
nement. Il existe aujourd'hui des équipements d'imagerie Remarque : le lecteur trouvera à la fin du chapitre 14 une
3D (tableau 12.8) qui sont adaptées aux repositionnements courte bibliographie portant sur les chapitres 9 à 14.
Vanessa Schwartz.
16
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Radiobiologie et radioprotection
Chapitre 13
Radiobiologie
Élisabeth Moerschel
Figure 13.2 Équipements radiologiques mobiles ayant permis de radiographier plus de 900 000 blessés entre 1916 et 1918.
A. « Une petite curie ».
B. Examen radiologique d'un blessé.
Source : reproduit avec l'autorisation de la revue Le Manipulateur.
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Radiobiologie et radioprotection Chapitre 13
Radiobiologie
425
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Chapitre 13 Radiobiologie et radioprotection
Radiobiologie
2.2. Effets chimiques Les sucres et les phosphates sont les montants de l'échelle
Les effets chimiques concernent les interactions qui font formée par la molécule, tandis que les liaisons entre les bases
suite à la mise en mouvement des électrons. Ceux-ci, du fait en sont les barreaux.
de leur énergie, sont capables de provoquer des lésions au Modalités des interactions au niveau moléculaire
niveau moléculaire (et dans le cas de tissus vivants, il s'agit Effets directs
essentiellement de la molécule d'acide désoxyribonucléique
À l'échelle moléculaire, on peut observer différentes lésions
ou ADN).
résultant d'un dépôt d'énergie très localisé au niveau de
En outre, la cellule comporte une forte proportion d'eau : la
l'ADN – des ruptures simples ou doubles de brins, des modi-
probabilité que le dépôt d'énergie suite à une irradiation
fications chimiques des bases ou des sucres, des pontages
s'opère au niveau des molécules d'eau est donc importante.
intramoléculaires ou intermoléculaires –, l'énergie prove-
Au niveau des effets chimiques, on distinguera donc les
nant directement des particules sorties des phénomènes
effets directs (lésions directement provoquées au niveau de
physiques (figure 13.8).
la molécule d'ADN), des effets indirects (lésions qui font
suite au phénomène de la radiolyse de l'eau). Effets indirects
Rappels sur les constituants du tissu vivant Dans ce cas, les lésions au niveau de la molécule d'ADN sont
provoquées par les produits issus de la radiolyse de l'eau.
À l'échelle du vivant, la molécule d'ADN représente la pièce
En effet, à la différence de l'électrolyse qui produit des ions,
maîtresse d'une cellule puisqu'elle contient l'information
l'irradiation de l'eau produit des radicaux libres de plus
génétique et permet la multiplication cellulaire. Dans le
haute réactivité chimique puisqu'elle retire un électron à un
noyau de la cellule, l'ADN, associé à des protéines, est orga-
couple stable (figure 13.9).
nisé en chromosomes.
On appelle radical libre un atome ou une molécule ayant un
Les molécules d'ADN sont les plus grosses molécules du
électron non apparié.
monde du vivant. La molécule d'ADN est composée de deux
Les radicaux libres sont généralement obtenus par rupture
chaînes de nucléotides ou « brins » organisés en double
de liaisons chimiques provoquée par un fort dépôt d'énergie
hélice (figure 13.7).
(de l'ordre de centaines de KJ/mol).
Chacun des brins est constitué d'un enchaînement de bases :
Immédiatement, selon les phénomènes initiaux, différents
adénine (A), thymine (T), cytosine (C), guanine (G), reliées
événements vont s'enchaîner. Ils se répartissent en des étapes
entre elles par des sucres (désoxyriboses) et des acides phos-
successives récapitulées dans le tableau 13.1.
phoriques. Une base plus un sucre et un phosphate consti-
En effet, les radicaux libres, très réactifs, vont rapidement se
tuent un nucléotide.
combiner avec des atomes ou des molécules environnantes,
ce qui aboutit à la production de produits réactifs (radicaux
libres) ou toxiques (eau oxygénée) pour la molécule d'ADN.
Résultats au niveau de la molécule d'ADN
Les radicaux libres, comme les substances issues des recom-
binaisons, sont la plupart toxiques et donc néfastes pour les
tissus biologiques, car ils sont capables de dénaturer les pro-
téines, l'ADN ou les membranes cellulaires par oxydation ou
Figure 13.7 Représentation de la molécule d'ADN. réduction.
P P
D G C D
P P
D T A D
P P
D G C D
P P
D T A D
P P
D G C D
P P
D T A D
P P
D G C D
P P
D T A D
électrolyse radiolyse
IONS EAU RADICAUX LIBRES
OH- HO.
H.
Pour aller plus loin Les premiers constats ont d'emblée permis une première dis-
Différentes lésions peuvent être observées :
tinction : en effet si, dans certains cas, on déplore la mort
– lésion monobrin : les lésions monobrins peuvent consister cellulaire avec des effets délétères consécutifs sur les organes,
en la perte d'une base, d'un nucléotide (rupture d'un brin) ou dans d'autres, l'irradiation n'aurait pas eu d'impact sur la vie
la modification d'une base. La création d'un pontage intra- cellulaire.
brin entre deux molécules de thymine peut également surve- L'hypothèse à avancer serait que, aux plus fortes doses, les
nir. Ces lésions provoquent des anomalies de code génétique lésions de l'ADN sont à l'origine de mort cellulaire, mais que
et des anomalies de transcription ;
– lésion double brin : elle correspond à une rupture complète
les effets sur les cellules peuvent aussi être nuls et, en l'occur-
(ou cassure) au niveau des « montants » (sucres et phos- rence, les lésions de l'ADN auraient été réparées.
phates) de la molécule d'ADN. Cet événement conduit obliga- Plus tardivement, la recherche a également dû conclure
toirement à la perte d'une séquence de nucléotides et donc qu'une irradiation peut certainement entraîner des « muta-
d'information génétique ; tions » au niveau cellulaire.
– pontage intermoléculaire : les lésions de l'ADN peuvent être
plus complexes et impliquer d'autres structures sous la forme 3.1. Réparation
de pontages. Les protéines ou les molécules d'ARN peuvent
être concernées par ce pontage. Dans les deux cas, il y aura À condition que les lésions de l'ADN ne soient pas trop
des anomalies de fonctionnement des mécanismes de trans- importantes, et grâce à la présence permanente d'enzymes,
cription et de réplication. la cellule a le pouvoir de réparer les lésions.
Ce phénomène a été mis en évidence par l'observation du
nombre de brins lésés immédiatement, puis plusieurs heures
3. Effets cellulaires suite après l'irradiation.
à une irradiation Néanmoins, le mécanisme de réparation peut s'avérer insuf-
fisant ou inefficace dans le cas de lésions trop multiples et
Les premières études à l'échelle cellulaire sont réalisées dans trop complexes et suite aussi à la saturation du potentiel
les années 1900 à l'Institut du radium sachant que, du fait de enzymatique.
la cinétique cellulaire, ces études nécessitent une analyse sur C'est ainsi que l'on peut observer des réparations dites
un plus long terme. « fidèles » et des réparations dites « fautives ».
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Radiobiologie et radioprotection Chapitre 13
Radiobiologie
Réparation fidèle
La réparation fidèle aboutit à une molécule d'ADN à l'iden-
tique, mais nécessite différentes étapes et différents enzymes
(figure 13.10) :
– la lésion est d'abord « reconnue » par l'endonucléase ;
– la lésion est alors excisée par l'exonucléase ;
– un nouveau fragment est synthétisé par la polymérase ;
– la lésion est restaurée ad integrum et fixée par la ligase.
Réparation fautive Figure 13.11 Mutation de la mouche drosophile étudiée par H. Muller.
La réparation fautive aboutit à une molécule d'ADN ayant
subi des modifications qui vont se répercuter au niveau de la
cellule et de son fonctionnement ; on peut dans ce cas parler Pour en savoir plus
de « mutation ». Hermann Joseph Muller, né à New York (1890–1967), a dirigé
l'Institut génétique de Moscou et collaboré avec l'université
d'Edimbourg, puis il a occupé le poste de professeur de zoologie
Pour en savoir plus à Indiana. Il est connu pour avoir réussi à provoquer avec les
L'intégrité de l'ADN est en fait normalement, et en permanence, rayons X la mutation de gènes chez la mouche drosophile
compromise par des anomalies spontanées. Pour une cellule de (figure 13.11). Il reçoit le prix Nobel de médecine en 1946.
mammifère, plusieurs milliers de lésions de l'ADN peuvent sur-
venir du seul fait du métabolisme. On estime qu'il persiste en
moyenne une mutation résiduelle par cellule et par jour.
Ces lésions résiduelles sont vraisemblablement impliquées
3.2. Mort cellulaire
dans les phénomènes de vieillissement et de cancérogenèse. Il faut des doses élevées pour que la mort cellulaire soit
immédiate. Le plus souvent, les cellules continuent de fonc-
tionner mais perdent la capacité de se diviser, l'extinction
La mutation peut donner lieu à une cellule non reconnue par cellulaire est alors différée.
le système immunitaire qui peut tout simplement l'éliminer. Les meilleurs outils d'analyse pour étudier la mortalité cellu-
Au niveau somatique, la mutation peut aussi entraîner des laire suite à une irradiation sont les courbes de survie cellu-
anomalies qui évoluent vers la cancérisation, on parle de laire. Elles permettent d'étudier la proportion des cellules
« mutation maligne ». survivantes (en ordonnée) suite à une irradiation en fonc-
Il est néanmoins difficile de mettre en évidence des cancers tion de la dose (en abscisse) (figure 13.12). Elles présentent
radio-induits, car ils ne se différencient pas des cancers natu- les caractéristiques suivantes :
rels. Le meilleur moyen de conclure à des cancers radio-induits – elles expriment la relation entre la proportion de cellules
est l'épidémiologie analytique ; ce type d'études a malheureu- survivantes et la dose, avec N0 le nombre initial de cellules,
sement fait ses preuves suite aux événements tragiques N le nombre de cellules survivantes et D la dose ;
d'Hiroshima, de Nagasaki et de Tchernobyl, mais également – en coordonnées semi-logarithmiques, la courbe est une
chez des patients traités aux radiations ionisantes. droite de pente (θ) ;
Au niveau des cellules germinales, la mutation sera trans- – D37 ou D0 est appelée dose létale moyenne, c'est la dose
mise à la descendance et peut être à l'origine d'anomalies pour laquelle 37 % des cellules survivent. D37 permet d'ap-
héréditaires de différents types, mutation d'un gène si le précier la radiosensibilité des cellules.
caractère nouveau est dominant ou anomalie chromoso- Ces courbes montrent que la proportion de cellules survi-
mique quantitative. vantes à une irradiation diminue lorsque la dose augmente.
Des études et des enquêtes ont été menées sur les popula- La courbe est une fonction exponentielle décrite par la rela-
tions irradiées, mais il est difficile de mettre en évidence les tion S = N/N0 = e− θD (figure 13.12).
effets génétiques : ils s'expriment tardivement, parfois même
sur plusieurs générations, exceptées les anomalies chromo-
somiques quantitatives.
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Chapitre 13 Radiobiologie et radioprotection
Radiobiologie
N/No
1 N = No . e- Ø.D
No
Ø
37%
0,1
No/2
37% 0,01
0,001
Do Dose (D)
Do Dose (D)
Coordonnées linéaires Coordonnées semi-logarithmiques
N/No N/No
TLE faible TLE élevé
1
37%
1
0,1
37%
0,1
0,01
0,01
0,001 0,001
Do Dose en Gy Do Dose en Gy
Figure 13.13 Comparatif entre courbes de survie cellulaire avec des rayonnements de TLE différents.
En réalité, pour des cellules de mammifères, la courbe de sur- une majoration de la mortalité cellulaire du fait d'une aug-
vie cellulaire est « biphasique », elle comporte un épaulement mentation des lésions et donc un dépassement des capaci-
au départ et une partie distale qui tend à devenir rectiligne. tés à la réparation.
On peut constater par exemple que dans le cas d'un rayon- En radiobiologie, la réalisation de courbes de survie cellulaire
nement de TLE faible, la courbe présente un léger plateau au permet par ailleurs de déterminer la radiosensibilité des cel-
début (figure 13.13). Cet épaulement traduit une forte pro- lules saines ou d'origine tumorale le plus souvent par la
portion de cellules survivantes aux faibles doses. méthode de clonage in vitro.
On peut en déduire qu'aux faibles doses, pour les rayonne- Ces études présentent un intérêt majeur pour les domaines
ments au faible TLE, les possibilités de réparation sont effec- de la radiothérapie et de la radioprotection.
tives. Une autre interprétation (inspirée de la théorie de la Le cycle cellulaire, qui comporte plusieurs phases, par
cible) explique qu'à faible dose, la probabilité qu'un événe- exemple a été l'objet d'études apportant la conclusion que
ment létal survienne dans la cellule peut être nulle. les cellules en phases G2 et M étaient les plus radiosensibles
C'est la preuve que les courbes de survie cellulaires per- (le volume en ADN est doublé et la cellule se prépare à la
mettent d'apprécier le degré d'influence des paramètres de mitose en G2 ; la division cellulaire se déroule en phase M)
l'irradiation sur la mortalité cellulaire et les capacités à la (voir figure 13.2).
réparation. L'étude de la radiosensibilité des cellules a permis de
Les courbes de survie cellulaire permettent d'étudier constater également qu'elle diffère d'une lignée à l'autre.
d'autres paramètres d'influence d'une irradiation comme le De façon générale, moins une cellule est différenciée,
débit de dose ou la présence d'oxygène dans le milieu plus elle est radiosensible (c'est le cas des cellules
irradié. En effet, leur augmentation respective entraînera souches).
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Radiobiologie et radioprotection Chapitre 13
Radiobiologie
3.3. Récapitulatif des effets cellulaires Pour chaque type d'effet, il paraît évident que la dose sera
Les lésions de l'ADN conduisent selon leur intensité à diffé- le facteur déterminant, mais il faudra intégrer d'autres
rentes alternatives (figure 13.14) : facteurs comme le volume de tissu irradié ou les moda-
– soit les lésions sont parfaitement réparées et la cellule lités de l'irradiation (interne/externe, fractionnement,
poursuit son rôle physiologique ; étalement) pour appréhender les répercussions d'une
– soit les lésions sont réparées mais au prix de exposition aux rayonnements ionisants sur un organisme
malformations ; vivant.
– soit l'importance des lésions aboutit à la mort cellulaire. 4.2. Radiosensibilité des tissus
Les manifestations observées au niveau des tissus sont
variables, complexes et multifactorielles et sont, notam-
4. Effets tissulaires suite ment, liées au type de cellules. En effet, les tissus sains sont
bi-compartimentaux, c'est-à-dire constitués de cellules
à une irradiation souches et de cellules différenciées de sensibilité
L'extinction ou la modification d'une lignée de cellules aura différente.
forcément des répercussions sur le rôle physiologique d'un Les effets biologiques des radiations sont directement liés au
tissu ou d'un organe. La complexité des études réside main- taux de renouvellement cellulaire et à la maturité des cel-
tenant dans le fait que, en plus des paramètres liés à l'irradia- lules qui sont d'autant plus sensibles qu'elles sont peu diffé-
tion, il faut intégrer la notion de radiosensibilité des tissus. En renciées et qu'elles se divisent beaucoup.
effet, chaque structure anatomique comporte une organisa- Les tissus les plus sensibles sont les gonades, le tissu hémato-
tion et des liens complexes, chaque catégorie de cellules pré- poïétique et les épithéliums.
sente sa propre sensibilité, ce qui représente autant de Les tissus les moins sensibles sont les muscles et le tissu
facteurs déterminants dans la réponse des tissus suite à une nerveux.
irradiation. Les cellules cancéreuses sont plus sensibles que les cellules
saines. Elles ont, de plus, moins de capacités à réparer, on
4.1. Types d'effets parle de l'effet différentiel.
Les manifestations observées au niveau des tissus découlent
directement des effets cellulaires, elles seront secondaires à
des lésions létales ou non létales.
C'est pourquoi il faut distinguer :
– les effets déterministes, liés aux lésions létales, apparais- Pour aller plus loin
sant obligatoirement au-dessus d'une dose seuil ; Un facteur de correction, noté WT, prenant en compte la sen-
– les effets probabilistes (aléatoires ou stochastiques), liés sibilité des tissus, apparaît comme indispensable pour éva-
aux mutations non létales, répondant aux lois du hasard luer l'impact d'une dose de rayonnements sur les tissus
vivants.
avec une dose seuil non ou mal connue.
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Chapitre 13 Radiobiologie et radioprotection
Radiobiologie
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Radiobiologie et radioprotection Chapitre 13
Radiobiologie
Figure 13.17 Brûlures au travers du kimono chez une femme exposée à des retombées radioactives à Hiroshima (A). Alopécie et érythème cutané
secondaires à une radiothérapie au niveau du cou à droite (B).
Différents stades
L'érythème est le premier degré de gravité, il correspond à Figure 13.18 Effets cutanés (télangiectasies, radiodermite chronique)
une rougeur congestive, sensible mais peu douloureuse. dans le creux axillaire suite à une radiothérapie (on aperçoit les points
L'épidermite sèche se traduit par un amincissement de de tatouages).
l'épiderme accompagné d'une rougeur et d'une
desquamation. La fibrose cutanée est un effet tardif très courant en radio-
L'épidermite exsudative, plus grave, est le résultat d'une thérapie externe. Du fait des doses utilisées, elle s'installe
interruption de l'intégrité de l'épiderme ; en plus de l'inflam- dans les mois qui suivent l'arrêt du traitement et correspond
mation, il y a suintements, la lésion devient douloureuse et à la formation d'un tissu fibreux aux dépens du tissu conjonc-
peut s'infecter. tif. Cliniquement, cela se traduit par une perte d'élasticité, un
La dermite, stade qui relève d'une prise en charge thérapeu- tissu rétractile et induré provoquant une sensation de tirail-
tique, signifie qu'il y a abrasion complète de l'épiderme avec lements occasionnels ou permanents selon les territoires et
nécrose cutanée. l'ampleur.
À long terme, selon le degré de gravité initial et l'étendue des Les troubles de la pigmentation reflètent une atteinte au
lésions, la cicatrisation peut se faire, naturellement ou avec niveau des mélanocytes, la partie exposée conserve une légère
l'aide de soins adaptés aux brûlures. Néanmoins la peau pigmentation ; ils peuvent également aboutir à une achromie.
exposée ne restera pas indemne ; toutes les études font état Les télangiectasies, dilation des petits vaisseaux cutanés,
d'effets tardifs, objectivables. sont inesthétiques mais surtout fragilisent la peau
La mémoire tissulaire se rapporte au fait qu'une peau ayant (figure 13.18).
souffert d'une exposition aux rayonnements ionisants, La radiodermite chronique est un effet qui peut apparaître
même si la cicatrisation s'est bien déroulée, restera toujours plusieurs années après une exposition ; elle combine des alté-
plus fragile face aux agressions ultérieures (radiations ioni- rations vasculaires et glandulaires à la fibrose du tissu conjonc-
santes, ultraviolets, chlore, blessure physique). tif pour aboutir à des lésions ulcérantes et traînantes.
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Chapitre 13 Radiobiologie et radioprotection
Radiobiologie
Le cancer radio-induit de survenue tardive (5 à 10 ans) Tableau 13.3 Récapitulatif des effets sur la pilosité en fonction
représente un risque non négligeable. de la dose (en fractionné).
Classification des effets cutanés Dose Effets
Effets Effets tardifs
fractionnée en précoces
Les différents types de lésions au niveau des tissus cutanés précoces (années)
grays (semaines)
sont au final directement liés à la dose (tableau 13.2).
D < 2 Néant
Fractionnement D < 30 Néant, mais
On sait que le fractionnement des doses permet la répa- peau fragilisée
Néant Alopécie
ration, le seuil de tolérance d'un tissu sera alors augmenté. D > 50 Alopécie
Ce principe est particulièrement appliqué en radiothérapie. définitive
En revanche, il faut rappeler que le derme, du fait d'un
renouvellement très lent, possède une grande mémoire tis- sécrètent une substance appelée mucus, elles sont dotées de
sulaire et que les doses répétées s'accumulent. Une dose sans villosités ou de cils suivant leur fonction.
expression clinique, mais renouvelée, peut donc être à l'ori- Leur renouvellement constant et particulièrement fréquent
gine de lésions tardives ; cela a été très bien décrit par les (de l'ordre de 1 à 3 jours), ce qui explique leur grande
premiers radiologues ou constaté plus récemment chez cer- radiosensibilité.
tains patients, secondairement à des angioplasties Elles assurent un rôle de protection mais surtout d'échanges
(l'angioplastie relève de la cardiologie interventionnelle, avec (absorption, sécrétion) et de régulation.
parfois de nombreux temps de scopie). L'appareil digestif, l'appareil respiratoire, l'appareil urogénital
Cas particulier de la pilosité sont particulièrement concernés. Leur atteinte à divers
degrés laisse prévoir le type et l'importance des complica-
Le système pileux est directement rattaché au revêtement
tions physiopathologiques.
cutané et à ses composants. Par ailleurs, l'image de la per-
sonne irradiée « ayant perdu ses cheveux » est dans tous les Appareil digestif
esprits. C'est pourquoi il faut rétablir quelques vérités. L'appareil digestif comporte plusieurs étages de sensibilité
D'abord la chute des poils, barbe ou cheveux ne concerne différente, néanmoins, le facteur aggravant commun est le
que les régions directement concernées par les rayonne- volume de tissus concerné. En plus de la dose, on peut donc
ments ionisants, enfin celle-ci n'est pas toujours définitive. définir un pourcentage de volume limite par organe.
Sachant que le cycle du cheveu se décline en une période de
croissance, une période de repos puis une période de déclin
Rappel
avant la chute normale, l'irradiation du cuir chevelu ou d'une Soixante pour cent du volume du rectum ne doit pas dépas-
région à pilosité entraînera une alopécie environ 3 semaines ser 50 % de la dose prescrite en radiothérapie (dose limitée à
après l'exposition (tableau 13.3). 70 Gy en 35 fractions).
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Radiobiologie et radioprotection Chapitre 13
Radiobiologie
Tableau 13.4 Récapitulatif des complications digestives en fonc- La muqueuse utérine ou endomètre mais aussi les
tion de la dose et de la région concernée. muqueuses présentes au niveau des autres parties de l'ap-
Dose Effets pareil génital féminin ou masculin sont le siège d'une
Effets Effets tardifs
fractionnée en précoces inflammation à partir de 30 Gy, celle-ci devient particuliè-
précoces (années)
grays (semaines) rement douloureuse et invalidante si la dose doit dépasser
D < 5 Nausées Néant 50 Gy et si elle porte sur des structures plus externes
5 < D < 10 Néant Néant, mais (vulve, pénis) en radiothérapie. Les séquelles à long terme
10 < D < 30 Dysphagie muqueuse seront directement liées à la dose et donc aux possibilités
Radiomucite Diarrhées fragilisée de cicatrisation.
D > 45 = nausées, Dysphagie, Atrophie, fibrose
érythème, gastrite, Ulcérations
5.3. Gonades
douleurs diarrhées, Troubles du Il s'agit des organes qui sont le siège des cellules
rectite transit reproductrices :
– les testicules chez l'homme, qui contiennent les tubes
séminifères au niveau desquels se produisent les
Tableau 13.5 Récapitulatif des complications respiratoires en
fonction de la dose.
spermatozoïdes ;
– les ovaires chez la femme, qui contiennent les follicules
Dose fractionnée en renfermant chacun un ovule dont l'un sera amené à matu-
Effets précoces Effets tardifs
grays
ration avant d'être libéré à chaque cycle ovarien.
D < 5 Néant À noter que les glandes génitales sécrètent les hormones qui
D > 20 Trachéite, alvéolite Risque infectieux jouent également un rôle capital dans la fonction de
D > 40 = toux, douleur, Fibrose = pneumo- reproduction.
expectoration pathie radique
Chez l'homme
La spermatogenèse est l'ensemble des phénomènes qui à
Si l'on reste dans le contexte des muqueuses, ce sont donc partir de cellules souches (spermatogonies) aboutit aux
essentiellement la trachée, les bronches et les bronchioles gamètes masculins (spermatozoïdes) ; elle s'étend sur
qui sont concernées mais on peut inclure les alvéoles qui 74 jours environ, en continu à partir de la puberté.
sont le siège des échanges gazeux, également revêtues d'un On dit que la spermatogenèse est « centripète », car on
épithélium sécrétant, à renouvellement rapide. peut observer toute la lignée de cellules séminales aux dif-
L'irradiation d'une partie des poumons est souvent le férents stades, de la périphérie vers le centre du tube
dilemme rencontré par le radiothérapeute dans le traite- séminifère.
ment des cancers au niveau thoracique (tableau 13.5). En cas d'irradiation, des doses très faibles entraîneront une
baisse transitoire du nombre de spermatozoïdes mais n'au-
ront pas d'impact sur la fonction endocrinienne (sécrétion
Rappel de testostérone) (tableau 13.6).
L'irradiation des deux poumons ne peut dépasser la dose de
La radiosensibilité des testicules est liée à celle des spermato-
22 Gy en fractionné.
La pneumopathie radique survient à 8 Gy dans le cas d'une gonies, les cellules différenciées étant un peu plus résistantes ;
exposition unique. et, fait exceptionnel, le fractionnement de la dose majore les
La fibrose pulmonaire peut être tolérée si elle est limitée à un effets, car la répétition des irradiations touchera un plus
petit volume. grand nombre de cellules souches.
Exemple : en radiothérapie, la recommandation est que pour
Tableau 13.6 Récapitulatif des effets sur les gonades en fonction
20 % du volume, la dose doit rester inférieure à 30 % de la
de la dose.
dose et, pour 30 % du volume, la dose doit rester inférieure à
20 % de la dose. Dose en grays Chez l'homme Chez la femme
D > 0,5 Oligospermie Néant
Appareil urogénital transitoire
La paroi de la vessie et des uretères est formée de muscles D > 2,5 Azoospermie
Stérilité temporaire Stérilité temporaire
lisses tapissés de muqueuses n'ayant pas de fonction sécré- Aménorrhée
toire. (À noter que le volume de la vessie est variable et fonc- D > 6
tion de son remplissage.) D > 12 Stérilité définitive Ménopause artificielle
L'irradiation de la vessie entraîne une cystite à partir de Stérilité définitive
30 Gy (en fractionné) du fait de la perte de cellules épithé-
liales. La cystite devient chronique et irréversible si la dose Chez la femme
dépasse 50 Gy. Là aussi, d'éventuelles lésions peuvent être L'ovogenèse correspond à la formation des ovules. Elle
acceptées à condition qu'elles ne concernent qu'une petite débute en réalité pendant la vie embryonnaire de la femme
partie de la structure. avec la multiplication des cellules souches (ovogonies) ; ces
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Chapitre 13 Radiobiologie et radioprotection
Radiobiologie
dernières s'accroissent et amorcent la méiose (formation des www.sfen.org). Ces études démontrent également que le risque
ovocytes I) qui va rester bloquée. Avant la naissance, tout le est nettement plus élevé chez les jeunes de moins de 15 ans.
stock d'ovocytes est constitué et il faut attendre la puberté En France, ce risque n'a pas pu être démontré selon un article
pour que l'évolution reprenne. Périodiquement, un ovo- de l'Institut national de veille sanitaire (www.invs.sante.fr).
cyte II, prêt à rencontrer un spermatozoïde, est libéré par le
follicule mûr au cours de l'ovulation. 5.4. Glandes salivaires
Selon la dose, une irradiation des ovaires peut se solder
Glandes exocrines, elles sont réparties autour de la cavité buc-
par une stérilité temporaire ou définitive accompagnée
cale et sécrètent la salive. Les principales sont les parotides, les
d'un déficit de la fonction endocrinienne (sécrétion d'œs-
glandes sous-maxillaires et sublinguales, mais une série de
trogène par le follicule) (tableau 13.6).
petites glandes est également contenue dans la muqueuse
La radiosensibilité des ovaires est liée à la destruction des fol-
buccale. Leur rôle est d'aider à la mastication et la déglutition,
licules renfermant les ovocytes. Ainsi, la dose pouvant pro-
d'aider à l'effet gustatif et à la digestion, d'assurer la protection
voquer la castration diminue quand l'âge augmente.
des dents par un effet bactéricide. On peut en déduire que leur
Récapitulatif des effets atteinte aura des conséquences lourdes pour l'alimentation et
Il faut noter la particulière radiosensibilité des gonades qui par conséquent sur l'état général de la personne irradiée.
impose des mesures strictes de radioprotection en radiolo- Ces structures sont préoccupantes en radiothérapie, car les
gie avec, nécessairement, la prise en compte de l'âge de localisations au niveau de la sphère ORL sont fréquentes et le
l'individu. risque de complications, du fait de la proximité et de la radiosen-
sibilité des glandes salivaires, est omniprésent. À chaque traite-
Reins ment, une protection optimale doit être organisée (tableau 13.7).
L'irradiation des reins à une dose qui dépasserait 30 Gy en
fractionné entraînera une radionéphrite responsable d'une Tableau 13.7 Récapitulatif des effets sur les glandes salivaires en
fonction de la dose.
insuffisance rénale sévère.
Une atrophie très localisée, secondaire à l'irradiation d'une Dose fraction- Conséquences
Symptômes
petite portion d'un rein, peut être acceptée. née en grays cliniques
En radiothérapie, la dose moyenne aux reins droit et gauche D > 20 Gonflement des glandes Diminution de
doit rester inférieure à 20 Gy (revue Cancer-Radiothérapie de Épaississement de la l'appétit
salive
2010).
20 < D < 50 Réduction de la Gêne pour la
Foie production de salive mastication et la
Le renouvellement cellulaire du foie est plutôt lent, ce qui sapidité des aliments
explique son apparente tolérance face à une irradiation. On D > 50 Asialie Anorexie et risque
ne relève pas de signes fonctionnels dans les premières d'infection
semaines d'un traitement, mais une dose de 40 Gy sur la buccodentaire
totalité du foie, en fractionné, provoquera une hépatite évo-
lutive à caractère différé pouvant entraîner la mort. En radio-
thérapie normofractionnée, la dose sur le foie ne doit pas
5.5. Squelette
dépasser 30 Gy (revue Cancer-Radiothérapie de 2010). Argumentaire
Thyroïde Le squelette est composé de l'ensemble des os reliés entre
eux par les articulations, ce qui nous conduit à une pre-
Glande endocrine dont la production d'hormones stimule le mière distinction du point de vue des structures.
métabolisme et la croissance, elle est très souvent citée pour En radiothérapie, les articulations sont considérées d'emblée
le risque de développement d'un cancer suite à une exposi- comme des structures à risque de complications, c'est pour-
tion accidentelle aux radiations ionisantes, mais certaines quoi elles seront épargnées autant que possible.
études sont controversées.
L'irradiation de la thyroïde à une dose qui dépasserait 40 Gy
en fractionné entraînera, après un temps de latence variable, Rappel
une hypothyroïdie (principe appliqué dans le traitement Quarante-cinq pour cent du volume des têtes fémorales
des hyperthyroïdies). Par ailleurs, il est indéniable, dans le (souvent concernées dans les localisations pelviennes) ne
cadre des effets stochastiques, que le risque de cancer existe doit pas dépasser 10 % de la dose en radiothérapie.
aux faibles doses.
La deuxième distinction, obligatoire en radiobiologie, concerne
la vie de l'os avec la période de croissance pendant laquelle
Pour plus de précisions l'activité mitotique est importante et la période de maturité
Le risque de cancer a été mis en évidence parmi la population de pendant laquelle le renouvellement cellulaire est ralenti.
Biélorussie contaminée par de l'iode radioactif à la suite de l'ac-
Tous ces éléments laissent présager de l'impact d'une irradia-
cident de Tchernobyl (Société française de l'énergie nucléaire :
tion du squelette (tableau 13.8).
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Radiobiologie et radioprotection Chapitre 13
Radiobiologie
Rappel
Cas particulier de la moelle osseuse Le système nerveux comporte principalement deux types de
cellules :
La moelle osseuse se répartit au niveau du bassin et des – les neurones transmettent l'influx nerveux, véritable
membres (40 %), des vertèbres (10 %), des os du thorax réseau électrique entre le système nerveux central et l'en-
(25 %), de la tête (25 %). semble des organes ; ils assurent, de manière directe ou
Étant donné que la moelle osseuse est le siège de l'hémato- indirecte, toutes les fonctions vitales et tous les messages
poïèse et que de nombreuses observations ont prouvé sa sensoriels ;
grande radiosensibilité, sachant également que la destruc- – les cellules gliales (gliocytes) forment la névroglie. Leur
tion de la moelle osseuse entraîne une mort certaine en nombre est beaucoup plus important que celui des neu-
rones, elles ne transmettent pas l'influx nerveux, leur fonc-
l'absence de greffe (voir plus loin Cas de l'irradiation globale),
tion est d'assurer le bon fonctionnement, la protection et
il est nécessaire de la considérer séparément et de lui accor- le soutien des neurones. La névroglie est constituée de
der une attention particulière. quatre types de cellules (les oligodendrocytes qui forment
la myéline, les astrocytes, les épendymocytes, les cellules
microgliales).
Rappel
L'hématopoïèse est l'ensemble des phénomènes qui
concourent à la fabrication et au remplacement continu et Classification des effets
régulé des cellules sanguines, ces dernières appartenant à Les effets seront donc directement liés aux caractères phy-
trois grandes lignées : érythrocytes, thrombocytes, siologiques des cellules du système nerveux (tableau 13.9).
leucocytes.
La durée de vie de ces cellules est très courte : Tableau 13.9 Récapitulatif des complications au niveau du sys-
– 120 jours pour les globules rouges (1 % de renouvellement tème nerveux central en fonction de la dose et de la structure
par jour) ; concernée.
– quelques jours à quelques semaines selon le type pour les
Dose Effets précoces Effets tardifs
globules blancs ;
– une dizaine de jours pour les plaquettes (10 % de renouvel- fractionnée Moelle Moelle
en grays Cerveau Cerveau
lement par jour). épinière épinière
Par ailleurs, leur nombre circulant est très important : D < 10 Néant
– 4.106 à 5.106/mm3 globules rouges ; D < 20 Œdème Néant
– 4 000 à 10 000/mm3 globules blancs ; cérébral
– 150 000 à 400 000/mm3 plaquettes. Vomissements
Le tout implique une très forte activité au niveau du tissu
D > 45 Œdème Néant Néant
hématopoïétique et donc une grande radiosensibilité.
D > 50 cérébral Encéphalite Myélite
Vomissements
Paralysie
Fièvre, troubles,
Dans les cas d'exposition partielle, l'impact d'une irradiation convulsions
sera contrôlé au moyen d'une numération formule sanguine
(NFS).
Les perturbations seront plus précoces pour les cellules Spécificités des effets liés au système nerveux central
ayant une durée de vie courte (leucocytes) et plus consé- Pour ce qui concerne le cerveau, la tolérance directement
quentes lorsque le volume de moelle irradiée est liée au volume irradié est encore plus évidente. Ainsi, l'irra-
important. diation de la totalité de l'encéphale est très rapidement
Pour des doses supérieures à 30 Gy, l'hématopoïèse restera marquée par les signes d'un œdème cérébral, en revanche,
définitivement déficitaire au niveau de la portion de moelle dans le cas d'une irradiation très localisée, elle peut
irradiée. atteindre 70 Gy. D'autres signes peuvent être objectivés
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Chapitre 13 Radiobiologie et radioprotection
Radiobiologie
comme des troubles moteurs, des troubles de la vue, de la peut s'installer à partir de 2 Gy en dose unique ou chronique,
parole… c'est donc la dose à ne pas dépasser.
Pour ce qui concerne la moelle épinière, des myélopathies Les études épidémiologiques récentes confirment les diffé-
réversibles peuvent apparaître à des doses inférieures à rences profondes entre cataracte des sujets âgés, proportion-
45 Gy. Elles se manifestent essentiellement par des signes de nelle à l'âge, et les cataractes sous-capsulaires postérieures
paresthésie quelques semaines après une irradiation et des irradiés, d'autant plus fréquentes chez le sujet jeune.
seraient dues à la démyélinisation.
Dans les deux cas, le caractère gravissime des lésions réside 5.7. Cœur et les vaisseaux
dans le fait qu'elles entraînent des complications irréver- Argumentaire
sibles ; elles sont donc particulièrement redoutées en radio- Bien qu'il s'agisse de structures vitales, elles peuvent être
thérapie ou un surdosage est possible dans le cas de jonctions ramenées, du point de vue de la radiobiologie, aux caracté-
de champs mal contrôlés. ristiques des différents tissus qui les composent :
– fibres musculaires ;
Cas particulier de l'œil – tissu conjonctif ;
L'œil est un organe complexe, car il comporte différents tis- – tissu endothélial ;
sus de sensibilité très différente que l'on peut regrouper en – enveloppe séreuse.
vue de la classification des effets (figure 13.19 et
tableau 13.10) : Radiosensibilité du cœur
– les milieux transparents (humeur aqueuse, cristallin, Les lésions cardiaques ne s'observent que pour des doses
humeur vitrée) ; relativement élevées en radiothérapie (D > 60 Gy), et cela
– les membranes (sclérotique, choroïde, rétine). d'autant plus que le volume irradié est important.
Il faut relever que l'élément le plus radiosensible de l'œil Organe richement vascularisé, les lésions seraient davantage
est donc le cristallin. Le délai d'apparition de la cataracte dues à une altération de son capital vasculaire.
est fonction de la dose mais, du fait de l'absence de répara- Le cœur est disposé dans une cavité séreuse, le péricarde,
tion, les effets d'une irradiation s'accumulent, l'opacification feuillet pariétal, constitué de fibres collagènes. En cas d'irra-
diation localisée, fractionnée, en radiothérapie notamment
(D > 40 Gy), une péricardite (inflammation chronique)
compartiment peut s'installer dans les mois qui suivent.
antérieur
compartiment
moyen Rappel
En radiothérapie : 30 % du volume du cœur ne doit pas
dépasser 40 % de la dose prescrite.
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Radiobiologie et radioprotection Chapitre 13
Radiobiologie
– l'irradiation peut être programmée en radiothérapie avant 6.3. Irradiations répétées à faibles doses
une greffe de moelle osseuse (irradiation corporelle totale) ; Pour les expositions naturelles ou artificielles (en dehors
– l'irradiation peut être répétée, à très faible dose, comme des accidents), les études épidémiologiques n'ont pas
par exemple dans la pratique professionnelle pour le per- permis de mettre en évidence une augmentation de can-
sonnel exposé. cers, mais en radiobiologie et en radioprotection, les
expositions professionnelles ou médicales demeurent
6.1. Syndrome d'irradiation globale aiguë
préoccupantes.
La survenue des signes cliniques et les effets secondaires sont Les expositions répétées à des faibles doses posent encore de
directement liés à la dose et à l'index mitotique des tissus vu nombreuses interrogations ; tout au plus, on peut affirmer
précédemment (tableau 13.11). qu'elles s'inscrivent dans le domaine des effets aléatoires
avec un risque d'apparition tardif.
Tableau 13.11 Récapitulatif des complications en fonction de la Ces effets ne sont pas directement appréciables chez un
dose dans le cas d'une exposition accidentelle, corps entier. individu mais sont évalués par l'étude et l'observation du
Dose unique taux d'apparition de cancers ou de malformations sur une
Effets précoces Effets tardifs
en grays population donnée.
D < 0,25 Aucun signe ni clinique ni biologique Par mesure de précaution, on considère que toute dose,
1 < D < 2 Leucopénie Néant aussi faible soit-elle, peut entraîner un risque accru de
Nausées cancer.
D < 4 Leucopénie, Nécessité de prise en
thrombopénie charge thérapeutique
Vomissements, diarrhées
Pour plus de précisions
céphalées
Une étude a été menée dans l'État indien du Kerala, connu pour
D = 4,5 Aplasie médullaire Mort à 30 jours dans sa très forte radioactivité naturelle. Commandée par le gouver-
vomissements, diarrhées 50 % des cas nement central de New Delhi et réalisée par le Centre régional
Hyperthermie, asthénie de cancérologie, elle a porté sur 100 000 personnes habitant
D < 10 Aplasie médullaire Mort inévitable en dans des régions où la radioactivité naturelle varie entre 15 et
(infection, hémorragie) l'absence de 75 millisieverts (mSv). Les taux de fréquence de cancer ont été
traitement comparés à ceux observés dans un autre groupe de 300 000 habi-
D < 12 Syndrome w (diarrhées, Mort en 1 à tants du Kerala, résidant dans des zones où la radioactivité
crampes, hémorragies) 2 semaines naturelle est proche de la moyenne mondiale. Le résultat est
net : aucun cancer supplémentaire (source : Grenier E. Faibles
D > 50 Syndrome neurovasculaire létal en quelques jours doses de radioactivité : une révolution dans la radioprotection.
(convulsions, coma) Fusion no 77 ; 1999).
Des études épidémiologiques portent également sur des terri-
toires proches des usines de traitements des déchets nucléaires
en France ; elles ne démontrent pas d'augmentation du taux
6.2. Irradiation corporelle totale médicale d'incidence de cancers.
But du traitement D'après l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
(IRSN), l'exposition médicale est la principale source d'exposi-
Le but de ce type d'irradiation programmée, réalisée en tion pour l'homme. Les études de poste ont démontré des
radiothérapie externe avant une greffe de moelle osseuse, expositions régulières pour les médecins en radiologie inter-
est de détruire la moelle pathogène et favoriser la prise du ventionnelle ou des chirurgiens au bloc opératoire.
greffon (la destruction des tissus immunocompétents per- Le secteur médical a été historiquement le premier à utiliser
met de prévenir le risque de rejet). des sources de radiations ionisantes mais aujourd'hui de nom-
breuses applications se sont répandues dans différents
Les greffes de moelle sont indiquées dans le traitement de domaines comme l'industrie ou l'agroalimentaire.
certains cancers et maladies hématologiques.
Protocoles
Différents protocoles existent et peuvent être opposés : les 7. Cas de l'irradiation in utero
irradiations fractionnées (12 Gy en trois à six séances) et
celles non fractionnées (une seule séance de 10 Gy). L'irradiation in utero fait référence à l'irradiation de l'em-
Une enquête menée auprès des centres de radiothérapie qui bryon ou du fœtus chez la femme enceinte. Dans ce cas, le
pratiquent cette technique délicate révèle que les traite- premier paramètre à intégrer concerne le stade de la gros-
ments sont majoritairement fractionnés jusqu'à six séances à sesse, en effet le risque radique n'est pas le même selon le
raison de 2 Gy par séance, avec ajout de protections pulmo- degré de développement du fœtus.
naires à partir de 8 Gy. Il faut également évaluer, pour déterminer la gravité des
Quel que soit le protocole, les effets cellulaires et tissulaires effets, les modalités et les circonstances de l'irradiation :
correspondent à ceux décrits, mais ils vont être contrôlés par – exposition accidentelle, avec une dose unique et un débit
la prise en charge médicale et la greffe de moelle osseuse. de dose élevés (explosion nucléaire) ;
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Chapitre 13 Radiobiologie et radioprotection
Radiobiologie
– exposition accidentelle, avec une dose unique et un débit – pour la période d'organogenèse, le risque semble directe-
de dose faibles (examen radiologique) ; ment s'orienter vers les malformations des organes ou du
– exposition répétées dans le cas de la pratique squelette ;
professionnelle. – pour la période fœtale, une exposition aux radiations ioni-
santes augmenterait fortement le risque de retard mental
7.1. Différents stades de développement ou staturo-pondéral ;
du fœtus – à ces risques, s'ajoute toujours celui de développement
Période préimplantatoire d'un cancer.
L'ovocyte est fécondé par un spermatozoïde, ce qui Les données actuelles sont assez claires sur les retards men-
déclenche la poursuite de la méiose et les premières divisions taux ou l'apparition de cancers chez les personnes irradiées
cellulaires ; le pré-embryon atteint ensuite la paroi utérine où in utero, suite à des explosions nucléaires, à des doses supé-
il se fixe, c'est la nidation. L'ensemble du processus dure rieures à 1 Gy (aucune anomalie n'est décrite pour des doses
14 jours environ. inférieures à 0,5 Gy).
En revanche, aucune malformation congénitale n'a pu être
Période d'organogenèse confirmée chez les survivants à Hiroshima et Nagasaki, de
L'embryon se développe, les organes se forment (le cœur, le même pour les expositions in utero d'origine médicale ou
tube neural, le foie, les membres) ; il atteint 3 cm en professionnelle.
8 semaines environ.
Période fœtale
En 1 mois, l'embryon va tripler de volume, il passe au stade 8. Cas de l'irradiation de tissus
fœtal. Les cellules nerveuses se développent, le squelette et cancéreux
les articulations deviennent fonctionnels, le visage se forme.
C'est une longue période de croissance et de développe- Considéré globalement, le tissu cancéreux est une popula-
ment qui s'installe (différenciation des organes sexuels, tion cellulaire en croissance (le nombre de cellules qui
maturation des organes, du système nerveux, des fonctions naissent est supérieur au nombre de cellules qui meurent).
sensorielles). La réponse tumorale à une irradiation peut être examinée
À 9 mois, son cerveau continue de se développer, tous ses par l'étude comparative de courbes de croissance tumorale
sens sont actifs, les alvéoles pulmonaires vont se déployer avec et sans traitement.
dès la naissance, le bébé est prêt à naître.
8.1. Courbes de croissance tumorale
7.2. Risques L'évolution locale d'une tumeur solide peut être étudiée au
L'analyse des différentes périodes de la grossesse et les études moyen de courbes de croissance tumorale. Elles expriment la
de physiopathologie s'y rapportant ont permis d'identifier croissance de la tumeur (en nombre de cellules) en fonction
les risques en cas d'irradiation : du temps. Elles sont très utiles pour déterminer l'évolutivité
– pour la période préimplantatoire, c'est la loi du tout ou d'un cancer : le temps de doublement (temps mis par la
rien, soit les divisons cellulaires n'ont pas été affectées et tumeur pour doubler de volume) peut être très variable d'un
celles-ci se poursuivront sans problème jusqu'à terme, soit cancer à l'autre.
elles ont été stoppées et l'œuf fécondé sera éliminé Ces études permettent d'observer rapidement les répercus-
naturellement ; sions d'une irradiation (figure 13.20).
RI
évolution évolution
avec traitement
Taille de la tumeur (échelle logarithmique)
sans traitement
retard de croissance
Temps
440
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Radiobiologie et radioprotection Chapitre 13
Radiobiologie
8.2. Quelles sont les caractéristiques des cellules – de la dose totale et l'homogénéité de sa distribution dans
cancéreuses face à une irradiation ? le volume tumoral ;
Le tissu cancéreux a la particularité de : – de l'étalement et le fractionnement de la radiothérapie ;
– être très prolifératif, donc par rapport à l'index mitotique – du volume tumoral initial (nombre de cellules cancéreuses) ;
(nombre de cellules effectivement capables de se diviser), – du type histologique du cancer en présence (sa radiosensi-
il devrait être radiosensible ; bilité ou radiorésistance).
– être très vascularisé, ce qui signifie également qu'il est La dose totale est un paramètre essentiel de la prescription
bien oxygéné ; or la présence d'oxygène augmente les médicale, le taux d'éradication des cellules cancéreuses étant
effets d'une irradiation ; pratiquement nul en dessous d'une dose seuil. De même,
– posséder un mauvais environnement nutritionnel, ce l'augmentation de la dose entraîne une prolongation du
qui laisse présager qu'il est peu apte aux réparations. retard de la croissance tumorale.
Par conséquent, l'irradiation d'un tissu cancéreux sera plus La difficulté est que dans la plupart des traitements, la dose
efficace comparée à celle d'un tissu sain ; ainsi, lorsqu'une qui doit être délivrée à une tumeur est limitée par les lésions
tumeur entourée de tissu sain est traitée par des radiations, pouvant être provoquées aux tissus sains à proximité. Le
un fractionnement adapté permet l'effet différentiel : le challenge pour le médecin prescripteur est alors de trouver
fractionnement sera favorable aux tissus sains grâce aux le meilleur compromis entre une efficacité maximale sur la
capacités de réparation et défavorable aux cellules tumo- maladie et une toxicité minimale sur l'organisme.
rales plus sensibles et moins aptes à réparer. (L'étalement standard est de 9 à 10 Gy par semaine sur 5 à
8 semaines de traitement selon les localisations.)
8.3. Quelle dose pour le contrôle tumoral ?
Il faut savoir que la radiocurabilité (destruction des cellules
cancéreuses et contrôle de la maladie par les radiations) est Remarque : le lecteur trouvera à la fin du chapitre 14 une
tributaire : courte bibliographie portant sur les chapitres 9 à 14.
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RADIOBIOLOGIE ET RADIOPROTECTION
Chapitre 14
Radioprotection
Élisabeth Moerschel
1.2. Principes
2. Historique
La radioprotection fait appel à trois grands principes :
– la justification : aucune pratique impliquant des exposi- La radioprotection s'est imposée naturellement par rapport
tions aux rayonnements ne doit être adoptée à moins à l'utilisation croissante des radiations ionisantes et au
qu'elle n'apporte un avantage suffisant aux individus constat des risques associés. Au cours du siècle dernier, elle a
Guide des technologies de l'imagerie médicale et de la radiothérapie
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Chapitre 14 RADIOBIOLOGIE ET RADIOPROTECTION
Radioprotection
profité régulièrement de l'évolution des connaissances scien- – les effets déterministes ont été déduits des observations
tifiques (physique des radiations, radiobiologie, dosimétrie) de personnes exposées à des doses élevées (accidents
et des moyens technologiques pour permettre aux autorités nucléaires, radiothérapie) ;
d'adapter périodiquement la réglementation. – les effets stochastiques ont été évalués à partir d'études
épidémiologiques analytiques (accidents nucléaires,
2.1. Naissance du principe de radioprotection exploitation industrielle).
Au début du xxe siècle, au vu des effets secondaires à l'utili- La CIPR comprend une commission principale et, depuis
sation répétée des rayonnements ionisants, les médecins 2005, cinq comités (groupes de travail). Son but n'est pas de
radiologistes ont compris la nécessité de « mesurer » les fournir des textes réglementaires, mais des propositions et
radiations ionisantes et de « rationaliser » leur utilisation. des principes qui peuvent être repris par les institutions à
À leur initiative, différents débats et congrès ont été organi- l'échelle des États.
sés en Europe afin de confronter les pratiques.
Au premier congrès international de radiologie (Londres, Chronologie des principales publications de la CIPR
1925), sur proposition d'Antoine Béclère (1856–1939), le – 1928 : premières recommandations destinées à éviter les effets
« Roentgen » est défini comme unité internationale et la déterministes chez les radiologues avec notamment la défini-
création d'une Commission internationale des unités de tion de la première limite à ne pas dépasser, appelée « dose
mesures est proposée. érythème » et fixée à 55 roentgens (soit 550 mSv/an actuels).
Le deuxième congrès (Stockholm, 1928) a vu naître la – 1958 (publication no 1) : tournant majeur et nouvelles
Commission exécutive des congrès internationaux de radiolo- recommandations parmi lesquelles l'abaissement des
gie, la Commission des unités et mesures et le concept d'un limites à 50 mGy/an, suite aux conclusions résultant du
Comité de protection qui deviendra la Commission interna- suivi des survivants des explosions nucléaires au Japon, qui
tionale de protection radiologique (CIPR) (figure 14.1). ont établi le risque génétique et de cancérisation.
– 1977 (publication no 26) : nouvelles bases ayant permis les
2.2. Commission internationale de protection
directives à l'échelle européenne dont l'introduction de
radiologique : ses avancées facteurs de pondération.
Son statut, sa vocation – 1990 (publication no 60) : nouvelle estimation des risques suite
Depuis sa création en 1928, la CIPR est toujours affiliée à la à la réévaluation des études dosimétriques effectuées au Japon
Société internationale de radiologie, mais son champ d'ac- aboutissant, notamment, à l'abaissement des limites autori-
tion va bien au-delà du domaine médical. sées pour la population générale et pour les travailleurs.
La CIPR est une association internationale non gouverne- – 2007 (publication no 105 Protection radiologique en méde-
mentale qui énonce des recommandations concernant les cine, traduite et mise à disposition sous couvert du Pr Jean-
situations d'exposition de l'homme et de l'environnement Marc Cosset, Institut de radioprotection et de sûreté
aux radiations ionisantes, ces recommandations étant basées nucléaire – IRSN) : « Dans ses Recommandations, la
sur des évaluations de risque (voir chapitre 13, Effets tissu- Commission a formulé un ensemble de principes qui s'ap-
laires suite à une irradiation) : plique aussi bien aux situations planifiées, accidentelles ou
Figure 14.1 1928, congrès de Stockholm. Participation d'Antoine Béclère (à droite sur la photo), président de l'Académie de médecine et représen-
tant la délégation française.
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RADIOBIOLOGIE ET RADIOPROTECTION Chapitre 14
Radioprotection
existantes. Ces Recommandations clarifient comment les aux radiations ionisantes. L'évaluation de ce risque est régu-
principes fondamentaux (justification, optimisation de la lièrement corrigée en fonction de l'avancement des études
protection et respect des limites de dose) s'appliquent aux et de la recherche.
sources de rayonnement et à l'individu et, également, Pour plus d'efficacité, un réseau officiel, international, com-
comment les principes relatifs aux sources (justification et posé d'organismes reconnus, compétents et indépendants,
optimisation des protections) s'appliquent à toutes les s'est organisé autour du même objectif pour aboutir à la
situations d'exposition. » réglementation nationale (tableau 14.1).
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Chapitre 14 RADIOBIOLOGIE ET RADIOPROTECTION
Radioprotection
3.3. Quels sont les principaux textes (À consulter : réglementation métrologique, tableau fixant
en application ? les unités de mesures légales, administration de la qualité et
En application des directives Euratom, imposant à tous les de la sécurité, ministère des Affaires économiques.)
membres de l'Union européenne d'appliquer les recomman- 4.1. Schéma général d'une irradiation
dations de la CIPR 103, parue fin 2007, la France dispose d'un
délai de 4 ans à compter du 17 janvier 2014 pour transposer Pour bien comprendre les différents niveaux de mesures ou
cette nouvelle directive en droit national (tableau 14.2). de calculs, on peut reprendre le schéma décrivant l'enchaîne-
ment des événements suite à une exposition aux radiations
ionisantes, avec les transferts d'énergie entre le rayonnement
Pour plus de précisions
incident et la matière (figure 14.3 et voir chapitre 13).
La transposition des directives a nécessité antérieurement,
Les grandeurs dosimétriques sont définies par la CIPR et la
pour l'application de la CIPR 9 :
– des ajustements au niveau du Code de la santé publique ainsi Commission internationale des unités radiologiques (International
que du Code du travail ; Commission on radiation units and measurements ou ICRU).
– la loi no 2001-1 du 3 janvier 2001 permettant au gouverne-
ment français de transposer les directives par ordonnance 4.2. Énergie du rayonnement
(www.legifrance.gouv.fr : ordonnance no 2001-270 du L'énergie qualifie le rayonnement ionisant ; elle est liée à la
28 mars 2001 relative à la transposition de directives com-
vitesse de l'onde ou des particules qui le constituent. Dans le
munautaires dans le domaine de la protection contre les
rayonnements ionisants). système international d'unités, une énergie cinétique s'ex-
prime en joules (J), mais pour les phénomènes qui se
déroulent à l'échelle atomique on retient l'électronvolt.
4. Dose et exposition
Définition physique
Les différentes autorités nationales unissent leurs compétences
L'électronvolt correspond à l'énergie cinétique d'un électron
pour élaborer la réglementation et les normes à appliquer ; accéléré par un potentiel de 1 volt, ce qui représente une
celles-ci reposent sur des notions de mesures et de doses. énergie de 1,6.10− 19 J.
Des systèmes permettant de bien encadrer les mesures et les doses
« reçues » par un individu exposé aux radiations ont été néces-
saires. Ces systèmes de mesures ou de calculs, très évolutifs, per- L'énergie du rayonnement est déterminante pour sa capacité
mettent en définitive de mieux appréhender les risques encourus. à provoquer des ionisations et son pouvoir de pénétration.
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RADIOBIOLOGIE ET RADIOPROTECTION Chapitre 14
Radioprotection
Figure 14.3 Représentation du transfert d'énergie suite à une exposition aux radiations ionisantes.
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Radioprotection
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RADIOBIOLOGIE ET RADIOPROTECTION Chapitre 14
Radioprotection
Tableau 14.5 Valeurs du facteur de pondération WT, selon les recommandations CIPR 60 (1990).
Valeurs WT WT = 0,20 WT = 0,12 WT = 0,05 WT = 0,01 WT = 0,05 WT = 1
Gonades Moelle osseuse Vessie Peau Autres tissus Corps entier
Côlon Seins Surface des os
Tissus
Poumons Foie
et organes
Estomac Œsophage
Thyroïde
Bilan (0,20 × 1) + (0,12 × 4) + (0,05 × 5) + (0,01 × 2) + (0,05 × 1) = 1
Tableau 14.6 Valeurs du facteur de pondération WT, selon les recommandations CIPR 103 (2007).
Valeurs WT WT = 0,12 WT = 0,08 WT = 0,04 WT = 0,01 WT = 0,012 WT = 1
Moelle osseuse Gonades Vessie Peau Autres tissus Corps entier
Côlon Foie Surface des os
Poumons Œsophage Glandes
Tissus et organes
salivaires
Estomac Thyroïde Cerveau
Sein
Bilan (0,12 × 5) + (0,08 × 1) + (0,04 × 4) + (0,01 × 4) + (0,12 × 1) = 1
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Chapitre 14 RADIOBIOLOGIE ET RADIOPROTECTION
Radioprotection
Pour plus de précisions La dose équivalente (St) et la dose efficace collective (S) cor-
Dans le cas d'une exposition interne, due à l'intégration de
respondent respectivement à la dose équivalente moyenne
substance radioactive, l'irradiation corporelle va diminuer pro- ou à la dose efficace moyenne d'un groupe, multipliée par le
gressivement, elle va dépendre de : nombre de personnes dans le groupe. Si la dose de chaque
– la décroissance radioactive déterminée par la période spéci- individu est connue, la dose collective est la somme des
fique des radioéléments introduits (Tr : temps nécessaire à la doses individuelles sur une période donnée.
désintégration de la moitié des noyaux) ; L'unité de la dose collective est l'homme sievert. La notion
– la décroissance biologique déterminée par l'élimination du radio-
nucléide par l'organisme selon les voies excrétrices (Tb : temps
de dose collective est particulièrement adaptée à la radio-
nécessaire à l'élimination de la moitié de la radioactivité). protection des travailleurs.
De manière globale, on utilise la notion de période effective
qui correspond au temps nécessaire pour diminuer d'un fac-
teur 2 la radioactivité d'un radioélément introduit dans l'orga- 5. Réglementation et normes
nisme : Te = Tr × Tb/Tr + Tb.
Le risque d'exposition aux rayonnements ionisants ne peut
être totalement éliminé puisqu'il y a l'exposition naturelle à
Afin d'évaluer les risques que représente une contamination
laquelle on ne peut se soustraire et celle liée à l'activité
interne, il faut évaluer la répartition des radionucléides dans
humaine devenue nécessaire. En revanche, sachant que les
l'organisme et les effets de l'irradiation engagée au moyen de
risques pour la santé de l'homme en cas d'exposition (même
fonctions mathématiques.
aux faibles doses) sont réels, toute exposition, si elle ne peut
La dose efficace engagée E(t) est la somme des doses équiva-
être évitée, doit être maîtrisée et contrôlée.
lentes H(t) engagées.
Les institutions vont donc s'attacher d'abord à évaluer le
La dose équivalente engagée est l'intégrale sur le temps du
risque, puis à mettre en place la réglementation par l'inter-
débit de dose équivalente au tissu ou un organe particulier,
médiaire de textes législatifs et de normes permettant de
reçu par un individu à la suite de l'incorporation de matière
limiter l'exposition et organiser la surveillance des
radioactive où (t) est le temps d'intégration en années
personnes.
(50 ans pour les adultes et jusqu'à l'âge de 70 ans pour les
enfants).
L'unité de dose engagée est le sievert. 5.1. Quelle est l'importance de l'irradiation
médicale ?
4.9. Dose efficace collective Différentes publications, portant sur l'irradiation de l'homme
Notion très importante en radioprotection, elle permet dans son environnement, convergent sur un point : l'exposi-
d'estimer le risque encouru par l'ensemble d'une popula- tion médicale est la principale source d'exposition artifi-
tion exposée. cielle (figure 14.4).
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RADIOBIOLOGIE ET RADIOPROTECTION Chapitre 14
Radioprotection
Le nombre d'examens radiologiques pratiqués dans le R. 4451-11 du Code du travail). Sur la base de ces analyses,
monde a pratiquement triplé en 15 ans. L'exposition médi- l'employeur procède au classement radiologique du
cale a induit une augmentation de près de 50 % de la dose travailleur :
moyenne annuelle reçue par habitant (de 0,83 mSv à 1,3 mSv – catégorie A ou personnes les plus exposées qui, dans les
entre 2002 et 2007) ; les examens de scanographie repré- conditions normales de leur travail, sont susceptibles de
sentent 10 % des actes réalisés et 58 % de la dose délivrée à la recevoir une dose supérieure à 6 mSv/an ou 3/10e d'une
population. des limites annuelles d'exposition. Les femmes enceintes
À partir de ce constat, on peut comprendre les campagnes ou allaitantes, ainsi que les travailleurs de moins de 18 ans
de sensibilisation et la mobilisation des pouvoirs publics ne peuvent relever de cette catégorie ;
pour le respect de la réglementation en matière de radiopro- – catégorie B ou travailleurs moins exposés qui ne relèvent
tection, notamment par rapport à la radioprotection des pas de la catégorie A, car les conditions de travail sont
patients. telles qu'elles ne peuvent pas entraîner le dépassement de
La médecine est également le secteur dans lequel on observe 3/10e d'une des limites annuelles d'exposition.
régulièrement les plus fortes expositions professionnelles, Dès lors qu'il est classé en catégorie A ou B, le travailleur
bien que leur nombre soit en diminution (tableau 14.7). bénéficie d'un suivi dosimétrique individuel et d'une surveil-
lance médicale renforcée.
5.2. Quelles normes en cas de risque Le public comporte toutes les personnes non particulière-
d'exposition ? ment exposées.
L'objectif est de définir des niveaux de doses limites tels
Doses limites
que le risque d'apparition de cancer suite à une irradiation
ne dépasse pas le risque naturel de développer un cancer. La Les limites de doses sont définies à la fois par catégories de
CIPR fonde ses recommandations sur des évaluations de personnes et pour les organes sensibles plus directement
risque provenant de plusieurs sources, mais surtout sur des concernés lors d'une exposition (tableau 14.8).
études épidémiologiques.
Ces limites ne s'appliqueront ni à l'exposition naturelle, ni 5.3. Comment gérer le risque professionnel ?
aux expositions médicales. En effet, il n'a jamais été démon- Quel que soit le risque dans le travail, la sécurité des per-
tré que le risque d'apparition de cancer était plus important sonnes repose avant tout sur l'organisation du travail et la
dans les régions où le taux de radioactivité est au-dessus de formation du personnel. Pour ce qui concerne la radiopro-
la moyenne et pour les expositions médicales, le bénéfice tection, le balisage des zones à risque est une des premières
l'emporte sur le risque. En revanche, ces limites seront mesures de prévention face au risque d'exposition. Le suivi
modulées selon trois catégories de personnes. régulier et bien encadré des personnes travaillant dans les
différentes zones viendra renforcer cette mesure.
Catégories de personnes
À des fins de mise en place de la surveillance de l'exposition Zonage radiologique
du travailleur, l'employeur procède à une analyse des postes La délimitation de zones de travail autour de toute installation
de travail qui est renouvelée périodiquement et qui doit radiologique est obligatoire et codifiée, elle est réalisée au moyen
comprendre une étude dosimétrique de ces postes (article de signalétiques de couleurs bien visibles (figure 14.5). Ce
Tableau 14.7 Répartition des expositions professionnelles par intervalle de dose efficace (en mSv).
Nombre de
Secteur
personnes < Seuil E<1 1<E<6 6 < E < 15 15 < E < 20 E > 20
d'activité
suivies
Activités 222 975 180 897 39 066 2 750 250 6 6
médicales
et vétérinaires
Industrie 68 509 47 287 14 416 5 938 865 2 1
nucléaire
Source : IRSN 2013.
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Chapitre 14 RADIOBIOLOGIE ET RADIOPROTECTION
Radioprotection
Suivi et surveillance
Les travailleurs classés ne peuvent exercer qu'à condition de :
– être en possession d'un certificat médical spécifiant l'ab-
sence d'inaptitude ;
– se présenter aux visites médicales périodiques (au mini-
mum une fois par an) ;
– faire l'objet d'une surveillance individuelle des
expositions.
La surveillance individuelle des expositions est réalisée grâce
aux mesures effectuées à l'aide de dosimètres qui doivent
être adaptés aux conditions d'exposition.
La dosimétrie passive consiste à porter un dosimètre :
– personnel ;
– durant toute la durée du travail, sur une période définie
(1 mois pour les travailleurs de catégorie A, 3 mois pour les
travailleurs de catégorie B) ;
Figure 14.5 Signalisation de la salle de radiologie dans le couloir du – capable de mesurer des doses à partir de 0,10 mSv quel
service. que soit le rayonnement ;
– utilisé pour une mesure en temps différé ;
alisage permet la maîtrise de la circulation des personnes dans
b – utilisant différentes technologies : films photographiques
les zones à risque, en réservant l'accès aux personnes habilitées. remplacés progressivement par les technologies TLD
Le décret no 2010-750 du 2 juillet 2010 du Code de la Santé (thermo luminescent dosimeter) ou OSL (optically stimula-
publique indique que : ted luminescence) ;
« Après avoir procédé à une évaluation des risques et recueilli – placé au niveau de la poitrine pour les mesures corps
l'avis de la personne compétente en radioprotection, l'em- entiers (sous les équipements de protection) ;
ployeur détenteur, à quelque titre que ce soit, d'une source – complété de dosimètres d'extrémités (doigt, poignet)
de rayonnements ionisants délimite : lorsque l'exposition est inhomogène.
1° Une zone surveillée, dès lors que les travailleurs sont sus- La dosimétrie active (ou opérationnelle) consiste à porter un
ceptibles de recevoir, dans les conditions normales de travail, dosimètre :
une dose efficace dépassant 1 mSv par an ou bien une dose – individuel ;
équivalente dépassant un dixième de l'une des limites fixées – activé au cours de la durée d'une « opération » ;
à l'article R. 4451-13 ; – électronique avec écran d'affichage ;
2° Une zone contrôlée dès lors que les travailleurs sont sus- – avec alarme sonore ou visuelle : le travailleur est informé
ceptibles de recevoir, dans les conditions normales de travail, en temps réel de la dose reçue pour une activité ; il peut
une dose efficace de 6 mSv par an ou bien une dose équiva- ainsi optimiser sa pratique ;
lente dépassant trois dixièmes de l'une des limites fixées à – à lecture immédiate (les résultats étant périodiquement
l'article R. 4451-13. » transmis au fichier central SISERI de l'Institut national de
Les nouvelles dispositions concernant le zonage conduisent recherche et de sécurité ou INRS).
en radiologie conventionnelle à :
– évaluer le risque en tenant compte de l'activité réelle réali- Pour en savoir plus
sée et définir un zonage adapté : zone surveillée, zone Le système d'information de la surveillance de l'exposition aux
contrôlée, zone spécialement réglementée ; rayonnements ionisants (SISERI) a été mis en place par l'IRSN
– hiérarchiser le risque en fonction des domaines d'activité dans un but de centralisation, de consolidation et de conserva-
et des équipements radiologiques ; tion de l'ensemble des résultats des mesures individuelles de
– introduire les concepts de zone contrôlée jaune ou orange, l'exposition des travailleurs en vue de les exploiter à des fins
statistiques ou épidémiologiques. Ces résultats sont également
de dimensions très variables selon l'activité radiologique ; restitués sous certaines conditions aux médecins du travail et
– mettre en œuvre une meilleure signalétique et informa- aux personnes compétentes en radioprotection, afin d'optimi-
tion du risque aux accès des salles de radiologie. ser la surveillance médicale et la radioprotection des travail-
leurs (http://www.siseri.com).
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Radioprotection
tion des personnels et des patients, mais il ne doit pas perdre 6.1. Trois règles de base
de vue les règles de base incontournables. Ces règles sont Distance
transversales, elles concernent l'organisation des locaux et du
travail en général. Il sait que la formation, l'implication et la La protection est d'abord assurée par la distance : toute per-
communication lui permettront d'optimiser sa pratique dans sonne non classée (a priori non formée) restera « éloignée » des
ce domaine. sources d'irradiation, grâce à la conception des locaux et au
La nomination d'une personne compétente en radioprotec- zonage ; les personnes affectées aux travaux utilisant les rayon-
tion (PCR) est une obligation réglementaire du Code du tra- nements ionisants (donc régulièrement formées) intégreront,
vail (article R. 4456-1) pour tout établissement détenant ou autant que possible, la notion d'éloignement de la source de
manipulant des sources de rayonnement ionisant. Depuis la rayonnements (par l'utilisation de pinces longues, par le réglage
création de la fonction de PCR en 1967, la réglementation a de paramètres liés à la distance, par la vigilance).
pris en compte l'évolution des missions sur le terrain.
Pour plus de précisions
Dans l'air, un faisceau de photons ne subit pratiquement pas
Pour en savoir plus d'interaction, le nombre N traversant une unité de surface est
conservé mais, à cause de la forme pyramidale du faisceau, la
Personne compétente en radioprotection (lexique ASN) : fluence énergétique diminue lorsqu'on s'éloigne de la source.
« La personne compétente en radioprotection (PCR) est dési- La dose diminue suivant la règle de l'inverse du carré de la dis-
gnée par l'employeur des personnes soumises à des rayonne- tance (quand la distance double, la dose est divisée par quatre).
ments ionisants dans le cadre de leur travail. Sous la Il est recommandé de profiter de cette règle en se plaçant tou-
responsabilité de l'employeur, la PCR participe à l'élaboration jours le plus loin possible de la source d'irradiation.
du dossier de déclaration ou d'autorisation, évalue la nature
et l'ampleur des risques auxquels sont confrontés les travail-
leurs et l'organisation de la radioprotection (participation aux Interposition d'écrans
analyses de postes de travail, à la définition des objectifs de
dose, à la délimitation des zones réglementées, à la vérifica- Lorsqu'on ne peut pas s'éloigner, l'interposition d'écrans
tion de la pertinence des mesures de protection mises en adaptés à l'activité d'une source radioactive ou à la nature et
œuvre…). La PCR réalise les contrôles internes de radiopro- à l'énergie du rayonnement représente le deuxième rempart
tection et le suivi de la réalisation des contrôles externes de possible, l'objectif étant d'absorber tout ou la plus grande
radioprotection par un organisme agréé. Elle surveille la
partie du rayonnement.
radioprotection des travailleurs (mise en place et suivi d'une
dosimétrie adaptée à l'exposition des travailleurs sur pres- Les murs en béton très épais ou enrichis de matériaux au
cription de la médecine du travail). Enfin, la PCR participe à la numéro atomique élevé, les portes plombées, les enceintes
définition et à la mise en œuvre de la formation à la sécurité de confinement, les conteneurs pour les substances radioac-
des travailleurs pour ce qui concerne leur radioprotection et tives, les paravents plombés (figure 14.6A), les tabliers plom-
participe à la gestion des dépassements des valeurs limites bés (figure 14.6B), etc. sont autant de dispositifs s'avérant
d'exposition des travailleurs. »
efficaces en radioprotection.
Figure 14.6 Manipulatrices au scanner protégées par la vitre plombée (A). Tablier plombé porté en salle de radiologie par le personnel
soignant (B).
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Chapitre 14 RADIOBIOLOGIE ET RADIOPROTECTION
Radioprotection
Pour plus de précisions nisme agrée, aura un statut de référent ; elle sera capable de
Pour un matériau donné, le plomb par exemple, et pour un fais-
recenser les situations à risque, d'œuvrer pour l'optimisation
ceau de photons d'énergie donnée, on peut définir l'épaisseur des pratiques, d'être l'intermédiaire entre les différentes
qui permet d'atténuer le faisceau de moitié. Cette épaisseur est instances.
appelée « couche de demi-atténuation » (CDA).
Il n'existe pas de couche d'arrêt total du rayonnement, mais il Contrôles de qualité
suffit de multiplier les couches de demi-atténuation pour arri- Selon la réglementation tout employeur est chargé d'organi-
ver à une dose négligeable. L'épaisseur de l'écran est fonction ser des contrôles portant sur :
du coefficient massique d'atténuation, lié lui-même au numéro
– l'environnement (contrôle d'ambiance, contrôle des
atomique de l'élément utilisé comme écran.
Par exemple, un tablier de 0,5 mm de plomb arrêtera plus de locaux) ;
rayons X qu'un tablier de 0,25 mm, mais le choix se fera évi- – la conformité des installations et le fonctionnement des
demment en fonction de l'énergie, un tablier de 0,25 mm peut appareillages ;
suffire s'il s'agit d'arrêter des rayons X de basse énergie – l'efficacité et la performance des protections ;
(< 40 keV). Il faut préciser qu'au-delà de 100 keV, le tablier – le respect des procédures et des consignes de sécurité.
plombé peut aussi s'avérer inefficace (à discuter avec la per-
Les contrôles sont effectués par l'INRS ou par un organisme
sonne compétente en radiophysique médicale).
agréé au rythme annuel pour la plupart.
Une liste de contrôles se rapportant aux spécificités des ins-
Réduction du temps d'exposition tallations doit être effectuée ; elle implique l'employeur, la
Lorsqu'on ne peut pas s'éloigner et que l'interposition personne spécialisée en radiophysique médicale et la per-
d'écrans se complique, le dernier recours est de réduire le sonne compétente en radioprotection ainsi que les autorités
temps d'exposition. administratives.
La réduction de la durée de l'exposition peut être obtenue En pratique, les contrôles sont divisés en :
de manière significative si les gestes à accomplir sont parfai- – contrôles externes : obligatoirement réalisés par l'IRSN ou
tement préparés et maîtrisés d'une part et si l'opération est par un organisme agréé ;
effectuée en collaboration d'autre part. – contrôles internes : réalisés sous la responsabilité du chef
d'établissement soit par la personne ou le service compé-
Pour plus de précisions tent en radioprotection, soit par les organismes en charge
La dose reçue par une personne exposée aux rayonnements des contrôles externes précités.
ionisants augmente lorsque la durée de l'exposition augmente Les contrôles externes et internes font l'objet de rapports
(principe appliqué en radiothérapie ou curiethérapie). écrits, mentionnant la date, la nature et la localisation
Le débit de dose s'exprime en grays par minute ou par heure des contrôles, les noms et qualités de la ou des personnes
mais à débit constant, le fait d'augmenter la durée de l'irradia-
tion augmente inévitablement la dose et on obtient un effet
les ayant effectués ainsi que les éventuelles non-confor-
cumulatif même aux faibles doses. mités relevées.
Ces rapports sont transmis au titulaire de l'autorisation ou
au déclarant de l'installation contrôlée ainsi qu'au chef d'éta-
6.2. Mesures complémentaires blissement. Ils sont conservés par ce dernier pendant une
Les différentes recommandations et les textes législatifs se durée de 10 ans.
rapportant à la radioprotection intègrent au fur et à mesure Le chef d'établissement tient ces rapports à disposition des
des notions simples, mais déterminantes pour optimiser les agents de contrôle compétents et du comité d'hygiène, de
pratiques et limiter les expositions. sécurité et des conditions de travail ou, à défaut, des délé-
gués du personnel (extrait de l'arrêté du 26 octobre 2005).
Formation du personnel
Tous les personnels de catégorie A suivent une formation Pratique professionnelle
initiale en radioprotection qui leur fait prendre conscience Les spécialités médicales font l'objet de mesures impliquant
du risque et leur enseigne les règles et les pratiques adaptées directement les manipulateurs :
à la spécialité exercée (radiologie, radiothérapie, médecine – la mise en place des niveaux de référence diagnostiques
nucléaire, industrie). Ils doivent être capables d'analyser fixant, pour les examens exposant aux rayonnements ioni-
une situation, mais aussi être disposés à la communication sants les plus courants et/ou les plus irradiants, les valeurs
interservices. de dose pour la radiologie et les activités administrées
La formation continue doit être envisagée par l'employeur pour la médecine nucléaire ;
(au rythme de 3 ans pour la radioprotection des travailleurs, – la feuille de route des mesures nationales pour la radiothé-
10 ans pour la radioprotection des patients). rapie comportant 32 mesures, présentées le jeudi
La réglementation prévoit également pour chaque établisse- 29 novembre 2007, par la ministre de la Santé Mme
ment la présence d'une personne compétente en radio- Roseline Bachelot, suite aux accidents de radiothérapie
protection (PCR) désignée par l'employeur. La PCR, qui aura d'Épinal et Toulouse, particulièrement axées sur la sécurité
suivi une formation complémentaire dispensée par un orga- des traitements.
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RADIOBIOLOGIE ET RADIOPROTECTION Chapitre 14
Radioprotection
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Glossaire
Français Anglais contrast signal sur bruit contrast to noise ratio
accélérateur linéaire médical medical linear accelerator contraste de phase phase contraste
aimant permanent permanent magnet convertisseur analogique analogic digital converter (ADC)
numérique
aimant supraconducteur superconducting magnet
correction d'atténuation attenuation correction
amplificateur de brillance image intensifer
couple écran-film screen-film radiography
angiographie par temps de vol time of flight angiography
(TOF-MRI) décroissance decay
antenne réceptrice receiver coil distance source–axe (DSA) source axis distance (SAD)
arceau mobile C-arm distance source–peau (DSP) source skin dstance (SSD), source
surface distance (SSD)
arcthérapie dynamique intensity modulated arc therapy
modulée (IMAT) domaine de Fourier K space
artéfact d'angle magique magic angle artefact Doppler couleur color flow Doppler
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Glossaire
image vue du faisceau Beam eye view (BEV) radiothérapie par modulation intensity-modulated radiation
d'intensité therapy (IMRT)
imagerie d'harmoniques harmonic imaging
radiothérapie peropératoire intraoperative radiation therapy
imagerie de combinaison compounding imaging (IORT)
imagerie de flux flow imaging radiotherapie stéréotaxique stereotactic radiosurgery,
imagerie de tenseur de diffusion diffusion tensor imaging (DTI) stereotactic body radiation therapy
imagerie fonctionnelle functional imaging radiation ionisante ionizing radiation
imagerie par résonance magnetique resonance imaging rapport signal sur bruit signal to noise ratio (SNR)
magnétique (IRM) (MRI) rayons X X rays
images fantômes ghost images RCMI (radiothérapie conforma- volumetric modulated arc
impédance acoustique acoustic impedance tionnelle avec modulation therapy (VMAT)
impulsion radiofréquence (RF) radiofrequency pulse d'intensité) rotationnelle
index de dose scanographique computed tomography dose reconstruction itérative iterative reconstruction (IR)
index rendu de surface surface rendering
interpolation linéaire linear interpolation rendu de volume volume rendering
inversion-récupération inversion recovery réseau phasé phased array
isocentre isocenter résonance magnétique nucléaire nuclear magnetic resonance
longueur d'onde wavelenghts rétrodiffusé backscatter
longueur du train d'écho echo train length (ETL) rétroprojection filtrée filtered backprojection (FBP)
manipulateur en électroradiolo- radiographer (UK), radiotechno- scanner X à faisceau conique Conebeam computed tomogra-
gie médicale (MER) logist (US) phy (CBCT)
médecin physician scanner X multicoupes multislice CT (MSCT)
médecine nucléaire nuclear medicine scanner X, scanographie computed tomography (CT)
mouvements browniens Brownien motion sonde échographique ultrasound transducters
niveaux de référence diagnos- diagnostic reference level source d'irradiation radiation source, irradiation
tiques (NRD) source
numérisation digitalization statif (de l'accélerateur linéaire gantry
ondes radiofréquence (RF) radiofrequency waves ou du scanner X)
peau skin stimulations nerveuses peripheral nerve stimulation
périphériques (PNS)
pénombre physique penombra
suréchantillonnage oversampling
phénomène d'entrée de coupe flow-related enhencement
(IRM) synchronisation cardiaque cardiac gating
photomultiplicateurs photomultiplier tubes synchronisation respiratoire respiratory gating
physicien physicist taux de comptage count-rate
plan de Fourier Fourier space, K-space temps d'acquisition acquisition time
planning de traitement treatment planning temps d'écho echo time (TE)
pondération (image) image weighted temps d'inversion inversion time (TI)
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Glossaire
Français Anglais transfert linéaire d'énergie (TLE) linear energy transfer (LET)
temps de répétition repetition time (TR) transformée de Fourier Fourier transform
tenseur de diffusion diffusion tensor (imaging)(DTI) transformée de Radon radon transform
TEP par temps de vol time of flight PET volume clinique clinical target volume (CTV)
tomographie par émission postron emission tomography volume irradié irradiated volume (IV)
de positron (TEP) (PET) volume planifié planed volume
tomographie par émission single photon emission computed volume planifié d'irradiation planning target volume (PTV)
monophotonique (TEMP) tomoraphy (SPECT)
volume cible target volume
tomothérapie helical intensity-modulated
radiotherapy, tomotherapy volume traité treated volume (TV)
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