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La classe accompagnée
Enseignante d'espagnol dans un collège à Rennes, Gwendoline pratique la classe
accompagnée depuis deux ans. La prof a adapté ce concept inventé par Alan Coughlin, prof
d'anglais en collège. Les apprentissages y sont organisés sous la forme d'un projet final afin
que les élèves puissent comprendre le sens de leur travail.
Présenté au début de chaque projet, l'objectif à atteindre est découpé en quatre parties
regroupant diverses activités inscrites sur une feuille de route. Pour le projet « avant et
maintenant », ses élèves de quatrième, qui avaient, par exemple, pour mission de réaliser
un autoportrait, devaient, entre autres, commenter une photo d'eux à l'oral, écrire un
autoportrait ou participer à un jeu sur leurs traits de caractère.
Pendant la classe accompagnée, chacun peut effectuer le contenu d'une partie dans l'ordre
et au rythme qu'il souhaite. Différentes ressources (ordinateurs, fiches explicatives,
dictionnaires, MP4, jeux de société, etc.) sont à la disposition des élèves pour effectuer des
recherches et mener à bien leur travail. À chaque partie terminée et validée, l'élève peut se
proposer comme expert, et aider ses camarades à terminer leur partie ou la corriger.
L'enseignante intervient en début, en cours et en fin de séance pour corriger ou guider
chacun en fonction de ses difficultés.
« Les élèves sont plus actifs et impliqués, apprennent à faire des choix par eux-mêmes,
avancent à leur rythme et suivant le type de mémorisation qui leur convient, dans un cadre
bien établi et rassurant : chercher et trouver par soi-même permet de mieux retenir ce qu'on
apprend, considère l'enseignante. La collaboration valorise même les élèves en difficulté,
qui peuvent expliquer aux autres ce qu'ils ont compris, et avoir avec moi des temps
individualisés pendant que les autres sont en groupe. Ils trouvent du sens à ce qu'ils font. »
Les quiz interactifs
EM Strasbourg, PSB, Neoma ou Skema, entre autres, plusieurs grandes écoles utilisent
des outils numériques simples pour tester les élèves pendant leur cours. Si les outils varient
(téléphone, boîtier électronique ou simples QR code indiqués sur une feuille de papier), le
principe est le même : les étudiants doivent, pendant une session, répondre en temps limité
à des questions simples projetées sur un tableau à propos des notions qui viennent d'être
abordées. Une fois le temps écoulé, le pourcentage de bonnes réponses s'affiche, les
scores étant suivant les cas anonymes ou non.
Un outil idéal pour rendre le cours plus interactif. Et vérifier en temps réel que les notions
enseignées sont bien assimilées en repérant et en se concentrant sur celles qui posent des
difficultés, voire susciter des débats sur les sujets évoqués.
Baptisé adaptive learning, un dispositif mis en place par l'école de commerce Essca vise,
quant à lui, à personnaliser l'enseignement grâce à un quiz piloté par un algorithme.
Disponible sur la plateforme de l'école, ce « test de positionnement » est proposé aux
étudiants entre deux séances de cours. En fonction des réponses, un algorithme répartit la
classe en trois groupes de niveau. Moins l'étudiant est performant, plus il devra s'entraîner.
La programmation permet aussi de réorienter les étudiants dans un autre groupe en fonction
des progrès ou des difficultés rencontrées. Premier avantage : assimiler les notions à
connaître à son rythme. Mais le test s'adapte aussi aux différents types de mémorisation en
proposant des exercices, des vidéos, des podcasts ou des lectures afin de varier les sources
de contenus.
Apprendre à apprendre
Une fois qu'un enseignant a transmis des connaissances, encore faut-il que les élèves
sachent comment les retenir. Enseignante en physique-chimie dans un lycée corse, Marie-
Catherine a proposé à ses élèves de seconde une méthode de mémorisation s'appuyant
sur les apports des sciences cognitives afin qu'ils deviennent plus autonomes pour retenir
leurs leçons à la maison. Baptisé Apprendre à apprendre, son programme se décline en
plusieurs étapes. Avant tout, l'enseignante commence par expliquer aux lycéens comment
fonctionne leur cerveau, avant de leur exposer des outils de mémorisation adaptés.
Avant une séquence d'apprentissage, les élèves utilisent chez eux un outil numérique pour
prendre connaissance de l'essentiel des cours par de courtes vidéos, puis vérifier la
compréhension des notions exposées grâce à des QCM autocorrigés. Une fois en classe,
ils participent à la conception de nouveaux QCM liés à ces mêmes notions et reviennent sur
les points difficiles à cette occasion. Après le cours, ils doivent rédiger des fiches de
mémorisation sous la forme d'une carte mentale, sorte de schéma organisant en images et
en symboles les éléments principaux du cours. Lors du cours suivant, ils confrontent leurs
cartes à celles de leurs camarades. Une bonne façon d'accompagner les élèves pour
optimiser leur travail personnel de devoirs à la maison.
https://www.lepoint.fr/education/innovations-a-l-ecole-transformer-les-salles-de-classe-25-
08-2020-2388854_3584.php#
Loin des pupitres strictement alignés en rang d'oignons devant l'ancestral tableau noir, les
salles de classe peuvent être réorganisées pour s'adapter au mieux aux apprentissages.
Modification de l'agencement, mobilier ou outils innovants, et même étude en extérieur,
plusieurs dispositifs existent pour améliorer la concentration et l'autonomie, développer le
travail collectif ou mieux mettre en pratique les connaissances théoriques. Et ainsi optimiser
le temps passé en cours. Tour d'horizon des innovations à copier.
Les classes flexibles
Concept originaire d'Amérique du Nord, les classes flexibles1 proposent d'aménager une
salle de classe différemment. Première étape : se doter d'un mobilier innovant répondant
aux principes de base de l'ergonomie, qui, désormais banalisée dans les entreprises, peine
encore à passer les portes de l'école. En lieu et place des inconfortables et rigides chaises
en bois sur lesquelles les élèves sont contraints de rester sans bouger six heures par jour,
des galettes sur les chaises, poufs, ballons de Pilates, tabourets en forme de sablier ou
culbuto et autres assises variées sont installés devant les tables ou au sol. L'objectif ?
Travailler plus confortablement, diminuer l'agitation et favoriser ainsi sa concentration. Des
tables amovibles et adaptables en fonction des activités permettent aussi d'enrichir les
modes d'enseignement. Mais la classe flexible ne se réduit pas à un nouveau mobilier. Une
fois les notions théoriques délivrées en classe entière, la classe dispose d'espaces répartis
par activité, qui permettent aux élèves de circuler et de s'installer de façon autonome par
petits groupes à l'endroit le plus adapté à la mise en pratique de ce qu'ils viennent
d'apprendre.
L'apprentissage en extérieur
Pratiquée depuis les années 1950 en Allemagne, en Suède ou encore au Danemark, la
classe en extérieur développerait les capacités physiques sensorielles et sociales à vitesse
grand V. Selon les enseignants qui y ont eu recours, les élèves se montreraient par la suite
bien plus concentrés et moins agités que leurs pairs restés en salle de classe. Pas question
de reproduire forcément la configuration d'un cours à l'air libre. Le principe : organiser des
activités, sans perdre de vue le programme. Au Royaume-Uni, le choix est d'ailleurs laissé
aux professeurs de l'aborder, dans les proportions de leur choix, en extérieur.
« L'environnement n'est plus un objet de connaissance, mais un outil pédagogique à part
entière », affirme Matthieu Chéreau, coauteur de L'enfant dans la nature – Pour une
révolution verte de l'éducation. Au Danemark, une organisation a élaboré en 2006 un guide
téléchargeable sur Internet destiné aux enseignants : son contenu allie théorie en classe et
exploitation des connaissances assimilées dans la nature. Et si la campagne environnante
– ou les herbes folles aux abords de l'enceinte de l'école – permet aussi de sensibiliser les
élèves à l'environnement, la ville offre un terrain de jeu passionnant pour travailler sur le réel
(étude des transports, de l'urbanisme ou encore mathématiques).
La disposition en îlots
Délaissant les rangées de tables alignées en rang d'oignons, certains enseignants se
tournent vers une disposition en îlots des salles de classe. Répartis au hasard, par affinités,
par niveau, parce qu'ils rencontrent une difficulté identique, ou en mixant les élèves plus
avancés avec ceux qui le sont moins, les élèves sont réunis en groupe de quelques
personnes. Enseignante dans une classe multiniveau allant du CE2 au CM2, Magali* a mis
en place cette organisation pour permettre un apprentissage différencié et fondé sur la
coopération. Partagée en trois secteurs géographiques (CE2, CM1 et CM2), sa classe
accueille des groupes de travail qui comptent chacun un chef d'îlot, chargé de faire respecter
les règles de fonctionnement. Formé en fonction de critères multiples (points forts et points
1 https://www.lasalledesmaitres.com/amenagement-classe-flexible/
faibles, taille, sexe, tempérament, centres d'intérêt, affinités), chaque groupe est composé
de quatre élèves. À chaque séance, l'enseignante fournit à chaque îlot trois niveaux
d'exercice. L'élève peut choisir le niveau d'exercice ou faire les trois suivant son degré
d'avancement. Pour y parvenir, il travaille en coopérant avec ses camarades : aide (l'élève
travaille seul mais en demandant l'appui des autres en cas de difficulté), tutorat (un élève
avancé aide un élève en difficulté), entraide (plusieurs élèves travaillent sur un même
exercice) ou collaboration (un groupe travaille individuellement pour un projet commun), les
formes de travail collectif varient au gré de la demande du professeur. Chaque élève a aussi
la permission de se déplacer pour aller chercher de l'aide auprès d'un camarade d'un autre
groupe, et peut demander à changer d'îlot. De son côté, l'enseignante est libérée pour
remédier à une difficulté auprès d'un élève ou proposer une séance précise à un îlot.
« Grâce à ces différents dispositifs, non seulement chaque élève effectue un travail
différencié adapté à ses possibilités, mais il est en outre étayé par ses pairs », estime
Magali. Autonomie et maturité en progression, gain de confiance en soi, meilleure
connaissance des besoins et difficultés de chacun, climat de classe plus serein, les bienfaits
sont multiples.
L'utilisation du numérique
Tableaux interactifs, logiciels ou capsules vidéo… Le numérique et l'informatique s'installent
progressivement dans les salles de classe, complétant l'enseignement traditionnel. Conçu
par l'académie de Nancy-Metz en collaboration avec le CNRS et l'université de Lorraine, le
logiciel LyText est un dispositif de soutien à la préparation au baccalauréat de français 2 en
aidant l'élève à mieux construire son analyse des textes littéraires. Utilisable à distance pour
préparer une séance en amont, l'outil permet une manipulation active par le lycéen du texte.
Rassemblant des dizaines de textes au programme, LyText permet de visualiser le texte
tout en l'écoutant afin de découvrir l'extrait à son rythme et suivant l'approche la plus utile
pour lui. Première étape, « la découverte », qui rassemble différentes questions destinées
à effectuer une première compréhension du texte en faisant appel à la réaction spontanée
et subjective de l'élève. En deuxième lieu, l'élève est guidé pour mieux observer le texte
dans le détail : d'abord grâce à un lexique qui lui donne le sens des termes les plus difficiles ;
mais surtout par le biais d'un surlignage automatique des éléments importants, organisés
par catégorie. Champs lexicaux, figures de style, structure du texte… sont autant d'éléments
grisés pour aider à la compréhension. Enfin, une série de questions facilite sa
compréhension. « Le vrai plus de ce logiciel est l'étape de l'observation des éléments qui
composent le texte. D'habitude chronophage et fastidieuse pour l'élève, l'observation est
plus rapide. Le surlignage en simultané des différents éléments utiles à l'analyse permet
aussi de lui faire prendre conscience qu'il doit systématiser son analyse pour pouvoir
interpréter le texte, estime Marie, professeur de français au lycée. Reste au prof à l'aider
ensuite à les hiérarchiser pour qu'il choisisse les éléments les plus pertinents pour son
commentaire. »
2 https://lytext.atilf.fr/
https://www.lepoint.fr/education/innovations-a-l-ecole-apprendre-en-s-amusant-26-08-2020-
2389075_3584.php
Les défis
Créé en 2013 par l'institutrice Ange Ansour et le chercheur en éducation François
Taddei, Savanturiers est un programme éducatif développé au sein du Centre de
recherches interdisciplinaires, qui promeut l'apprentissage par la recherche à l'école. Le
principe : s'appuyer sur les méthodes scientifiques d'investigation pour mieux apprendre à
travers des projets pédagogiques, des formations et des ressources et méthodologies
scientifiques. Dernier dispositif en date : les défis. Chaque semaine, pendant le confinement,
les enseignants ambassadeurs et mentors scientifiques savanturiers ont imaginé des défis
scientifiques à effectuer seul, en famille ou avec sa classe. Comment plonger un mouchoir
dans l'eau sans le mouiller pour les 5-7 ans, comment tester le cerveau de ses proches pour
les 8-10 ans, ou l'optique, la magie du quotidien pour les 11-13 ans, les énigmes étaient
reparties par tranche d'âge. Les chercheurs en herbe avaient une semaine pour trouver la
solution avant d'obtenir la résolution.
https://www.lepoint.fr/education/innovations-a-l-ecole-decouvrir-le-monde-de-l-entreprise-27-08-
2020-2389200_3584.php
Souvent critiquée pour ne pas confronter les élèves au monde professionnel, l'Éducation
nationale pourrait développer des initiatives couramment pratiquées dans les grandes
écoles, afin que les élèves se frottent à des situations concrètes. Inventaire à la Prévert des
dispositifs pédagogiques qui pourraient être reproduits au collège ou au lycée.
Ils analysent ensuite des fiches métiers issues de différentes ressources (Apec, Pôle emploi,
etc.) afin de comprendre la réalité du marché de l'emploi pour ce métier. Un dispositif qui
permet de découvrir un métier de l'intérieur et de s'orienter vers des activités porteuses.
D'autres écoles proposent en outre de suivre pendant une semaine entière un professionnel
dans toutes ses activités pour se frotter à la réalité du terrain.
Proposée par l'école de commerce Neoma, une séance de réalité virtuelle permet de se
rendre virtuellement dans un magasin. Au programme : visite des espaces non autorisés au
public et écoute des collaborateurs afin d'en comprendre concrètement l'organisation.
Adaptable à partir du collège, le dispositif, qui rend accessible des entreprises normalement
fermées aux consommateurs, permettrait aux élèves de découvrir de l'intérieur les grands
groupes présents aux quatre coins du monde… en restant dans une salle de cours.