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L’entreprise en difficulté
Sommaire
Chapitre 1 – Les procédures amiables --------------------------------------------------------------- 5
Section 1 - La prévention ----------------------------------------------------------------------------------------- 5
Préambule
Les entreprises, comme tout organisme, naissent, vivent et disparaissent.
Nous avons vu par exemple dans les modules précédents qu’une entreprise individuelle commerciale se
crée au moment de l’inscription du commerçant au registre du commerce, obligatoire dans les quinze
jours du commencement de son activité. Puis le commerçant exerce son activité. Et quand il arrête cette
dernière, pour prendre sa retraite par exemple, il demande sa radiation ce qui a pour effet de faire
disparaître l’entreprise.
Pour les personnes morales, une société commerciale par exemple, la décision d’arrêter l’activité se
prend en assemblée générale, dite de « dissolution » (sous-entendu du « contrat de société ») parce
que l’activité projetée ne permet pas d’obtenir les résultats escomptés ou parce que, sauf décision de
prorogation, la durée prévue dans les statuts est expirée. Au cours de cette assemblée générale, un
liquidateur est désigné (pour une SARL ou une SA, il s’agira le plus souvent du gérant lui-même ou du
PDG). Ce liquidateur est chargé des opérations de liquidation (vente des actifs, paiement des créanciers,
etc.) qui précèdent l’assemblée de liquidation qui lui donne quitus et procède à la répartition du bonus
entre les associés. La radiation du registre des sociétés marque la fin de la personne morale.
Les entreprises, personnes juridiques physiques ou morales, peuvent donc disparaître pour des raisons
qui ne sont pas forcément liées à des difficultés économiques particulières. De plus si elles sont
confrontées à une telle situation, elles peuvent toujours anticiper et, en cas de difficultés insurmontables,
procéder comme on vient de le rappeler, sans aucune procédure judiciaire.
Mais beaucoup d’entreprises ont du mal à anticiper et, face à des difficultés insurmontables, peuvent se
trouver contraintes au « dépôt de bilan » et à la liquidation judiciaire.
Le système économique actuel très concurrentiel nécessite de prévenir les difficultés pouvant déboucher
sur une fermeture de l’entreprise, préjudiciable pour les partenaires et l’ensemble du corps social.
Le législateur conscient des conséquences de la défaillance des entreprises a donc mis en place des
systèmes amiables de prévention et de traitement dans le but d’en limiter les répercussions
dommageables pour les créanciers de l’entreprise (fournisseurs, salariés, banques).
La loi de sauvegarde des entreprises du 26 juillet 2005 et la loi du 22 octobre 2010 ont réformé en ce
sens les lois de 1985 et 1994.
Elles s’appliquent aux personnes juridiques morales de droit privé et aux personnes physiques
exerçant une activité professionnelle indépendante, donc à tous les entrepreneurs : commerçants,
artisans, agriculteurs et professionnels libéraux.
Le tableau ci-dessous représente le régime général applicable aux entreprises en difficulté. Ce régime
comprend deux grands volets (le traitement amiable d’un côté et les procédures judiciaires de l’autre)
composés pour chacun de trois parties.
L’ENTREPRISE EN DIFFICULTE
Le traitement amiable Les procédures judiciaires
Préambule.
Cette première phase du régime du traitement des difficultés concerne essentiellement les sociétés
commerciales, tenues de prévoir une information prévisionnelle, soumises à la procédure de l’alerte et
pouvant bénéficier de la conciliation (ce régime est également applicable aux professionnels personnes
physiques).
Section 1 - La prévention
Toutes les entreprises sont tenues de respecter les obligations comptables et financières destinées à
informer les tiers (en particulier les organismes sociaux ou fiscaux) de leur situation.
Toutes les sociétés commerciales (y compris les EURL) doivent déposer (dans le mois, sauf sanction
pénale de 1 500 euros) au greffe du tribunal de commerce, non seulement leurs statuts au moment
de leur immatriculation, mais ensuite toutes les modifications de ces derniers (augmentation de capital
par exemple), les comptes annuels, le rapport de gestion, l’affectation du résultat et le procès-
verbal de l’assemblée générale qui décide de l’avenir de la société si les capitaux propres sont devenus
inférieurs à la moitié du capital social.
Elles doivent également fournir des annexes au bilan faisant état des cautionnements, avals et
garanties donnés par elles ainsi qu’un état des sûretés qu’elles ont consenties.
Par ailleurs, certaines sociétés ont obligation de nommer un commissaire aux comptes, professionnel
indépendant investi d’une mission légale permanente de contrôle et de surveillance, chargé de certifier
les comptes sociaux (il est également chargé de déclencher la procédure d’alerte étudiée plus loin et de
révéler au procureur de la République les faits délictueux dont il a connaissance au cours de sa mission).
Toutes les sociétés anonymes ont cette obligation et, pour les autres (SARL, SNC, etc.), toutes celles
dans lesquelles deux des trois seuils suivants sont dépassés :
- 1 550 000 euros au total du bilan,
Dans ces sociétés le commissaire aux comptes doit établir un rapport annuel qui doit également être
déposé au greffe du tribunal de commerce.
Les sociétés commerciales qui emploient au moins 300 salariés ou qui ont réalisé un chiffre
d’affaires hors taxes d’au moins 18 millions d’euros sont tenues d’établir dans les quatre mois de
l’ouverture de l’exercice :
- le plan de financement et le compte de résultats prévisionnels de l’exercice en cours,
Dans les quatre mois qui suivent la clôture du premier semestre elles doivent également établir :
- la situation de l’actif réalisable et disponible et du passif exigible du premier semestre de
l’exercice écoulé,
Ces documents sont communiqués dans les huit jours de leur établissement au commissaire aux comptes
et au comité d’entreprise.
Si elles contrôlent de manière exclusive ou conjointe une ou plusieurs autres entreprises ou si elles
exercent une influence notable sur ces dernières (groupe de sociétés), elles doivent établir et publier des
comptes consolidés (de « to consolidate », grouper) c’est-à-dire les comptes regroupés, agrégés, de
toutes les sociétés du groupe.
C) Les sanctions
Le président du tribunal de commerce peut également leur adresser une injonction de faire à bref délai
et sous astreinte. Il peut, en cas de non-réponse, demander des renseignements sur la situation exacte
de l’entreprise à son commissaire aux comptes, aux représentants du personnel, aux administrations
publiques, aux services chargés de la centralisation des risques bancaires et des incidents de paiement.
En outre, depuis le décret du 11 décembre 2006, le fait de ne pas satisfaire à l’obligation de dépôt est
punissable d’une amende de 1 500 euros, doublée en cas de récidive.
Section 2 - L’alerte
La mesure d’alerte est destinée à attirer l’attention des dirigeants en cas d’évolution inquiétante de
l’entreprise.
Elle concerne toutes les sociétés qui ont l’obligation de désigner un commissaire aux comptes.
C’est une des missions de ce dernier (la mission d’alerte à la charge de l’expert comptable, un moment
envisagée dans la loi de 2005, n’a pas été retenue).
Il est rémunéré par la société qui l’a nommé pour remplir un rôle de contrôle et de certification des comptes ainsi que
d’information à l’occasion de ses investigations, d’alerte au dirigeant s’il relève un fait de nature à compromettre la
continuité de l’exploitation et de révélation des faits délictueux au procureur de la République.
La procédure d’alerte peut aussi être déclenchée par d’autres personnes (le président du tribunal de
commerce, les associés, les institutions représentatives du personnel, un Groupement de prévention
agréé, etc.).
Lorsque le commissaire aux comptes relève, à l’occasion de l’exercice de sa mission, des faits
(convergents et significatifs) de nature à compromettre la continuité de l’exploitation (fonds de
roulement insuffisant, suppression du soutien de la société mère, perte importante de marchés, etc.), il
doit en informer le dirigeant, par exemple dans la SARL le gérant, dans la société anonyme le président
du conseil d’administration.
S’il ne répond pas ou si sa réponse ne semble pas satisfaisante au commissaire aux comptes, celui-ci
peut lui demander par courrier de convoquer le conseil d’administration (avec envoi de la copie de sa
lettre au président du tribunal de commerce).
Si le commissaire aux comptes estime que la continuité de l’exploitation est toujours compromise il peut
demander la convocation immédiate de l’assemblée générale des actionnaires pour laquelle il établira un
rapport spécial.
Enfin s’il considère que l’assemblée générale n’a pas pris les décisions qui s’imposent, il en informe le
président du tribunal de commerce.
Le tableau ci-dessous récapitule les trois étapes de l’alerte par le commissaire aux comptes dans la SA.
Dans les autres sociétés (SARL avec commissaire aux comptes notamment) deux phases seulement sont
prévues : le CAC demande aux dirigeants de fournir des explications et il communique la réponse aux
représentants du personnel et au président du tribunal de commerce ; en cas de non réponse ou de
réponse insatisfaisante, le CAC demande la convocation d’une assemblée générale devant laquelle il
présente un rapport et en informe le président du tribunal de commerce.
2) Dans les quinze jours, réponse du dirigeant par lettre recommandée avec accusé de réception.
1) En l’absence de réponse ou en cas de réponse insatisfaisante le CAC invite le dirigeant, par lettre
recommandée avec copie au président du tribunal de commerce, à réunir le CA ou le directoire.
Etape 2 2) La délibération du CA ou du directoire doit avoir lieu dans les 40 jours du déclenchement de la
procédure.
3) Si le CAC estime que les décisions prises en AG ne permettent pas d’assurer la continuité de
l’entreprise il en informe le président du tribunal de commerce et lui communique tous les documents
utiles.
Figure 2. Les 3 phases des 3 étapes de l’alerte par le CAC dans les SA
Le président du tribunal de commerce, informé par le commissaire aux comptes ou par les documents
déposés par l’entreprise au greffe (il dispose maintenant de la possibilité d’adresser une injonction de
faire en cas de non-dépôt des comptes annuels), peut convoquer les dirigeants afin qu’ils prennent les
mesures pour redresser la situation.
Il peut même poursuivre les investigations s’ils ne se rendent pas à sa convocation (à noter que ce rôle
est rempli par le président du tribunal de grande instance pour ce qui concerne les sociétés civiles, les
associations, et les professionnels indépendants non commerçants).
La procédure d’alerte peut être déclenchée par le comité d’entreprise ou par les associés.
Le comité d’entreprise (obligatoire dans les entreprises qui emploient plus de 50 salariés) peut déclencher
la procédure d’alerte lorsqu’il a connaissance de faits de nature à affecter de manière
préoccupante la situation économique de l’entreprise.
Après décision et rapport établi en réunion de comité d’entreprise, ce dernier demande des explications
au dirigeant qui doit les lui apporter à la réunion qui suit.
Si la réponse n’a pas rassuré le comité d’entreprise, celui-ci établit un nouveau rapport pour la rédaction
duquel il peut s’adjoindre les services d’un expert-comptable et il saisit les organes dirigeants (le conseil
d’administration par exemple) qui doivent statuer dans le mois.
Le droit d’alerte peut également être exercé par les associés eux-mêmes (dans la société anonyme ils
doivent représenter au moins 5 % du capital social) qui peuvent deux fois par exercice poser par écrit
des questions au dirigeant sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. Le
dirigeant doit répondre dans le délai d’un mois.
La procédure d’alerte peut enfin être déclenchée par un groupement de prévention agréé (les GPA ont été
créés en 1984) quand l’entreprise y a adhéré.
La mission du GPA est de fournir des analyses sur les données comptables et financières et de proposer
au chef d’entreprise l’intervention d’un expert.
Section 3 - La conciliation
A) L’ouverture de la conciliation
L’ouverture de la conciliation est demandée par le chef d’entreprise au président du tribunal de commerce
(ou au président du tribunal de grande instance s’il s’agit d’une entreprise non commerciale) en cas de «
difficulté juridique, économique ou financière, avérée ou prévisible » et s’il « ne se trouve pas
en état de cessation de paiement depuis plus de 45 jours ».
L’état de cessation de paiement est celui du débiteur qui ne peut plus faire face à son passif exigible avec
son actif disponible. Il s’agit donc d’une situation beaucoup plus grave que nous analyserons plus loin
dans le cadre du redressement judiciaire. Retenons pour l’instant que si le débiteur se trouve dans cette
situation de cessation de paiement depuis plus de 45 jours il ne peut plus demander l’ouverture d’une
conciliation.
- l’état des créances et des dettes avec la liste des principaux créanciers,
Si l’ouverture de la conciliation est possible, le président du tribunal désigne un conciliateur (payé par
l’entreprise et pour 4 mois maximum prorogeables un mois) dont la mission est « de favoriser le
fonctionnement de l’entreprise et de rechercher la conclusion d’un accord avec les créanciers »
(mais il ne peut pas demander une suspension provisoire des poursuites judiciaires déjà engagées par
eux).
Le conciliateur peut être un mandataire de justice ou une personne retenue en raison de ses
compétences.
La mission de conciliation a pour but de déboucher sur un accord financier entre les créanciers et le
débiteur (échelonnements, délais, etc.).
Si un accord comportant les délais et/ou remises consentis intervient entre le débiteur et les créanciers, il
sera signé par ces derniers. Il ne s’appliquera qu’aux signataires.
Cet accord, constaté par le président a force exécutoire entre les parties.
Sur demande du débiteur il peut également être homologué par le président du tribunal.
Dans ce cas il est déposé au greffe et publié au BODACC (Bulletin officiel des annonces civiles et
commerciales).
L’homologation suspend les poursuites individuelles des créanciers signataires (et seulement eux) à
l’encontre du débiteur.
Si le débiteur ne respecte pas l’accord, les délais de paiement accordés sont déchus et en cas d’ouverture
d’une procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire, un privilège (situé après les
super-privilèges et les frais de justice) est accordé aux personnes qui ont consenti un nouvel apport en
trésorerie pour assurer la poursuite de l’activité de l’entreprise et sa pérennité.
La société X… (nom et adresse) a comme activité………… Elle emploie……… Ses implantations sont les suivantes…………
Elle est confrontée actuellement à plusieurs difficultés qui se sont accentuées ces derniers mois (exemples).
L’évolution du chiffre d’affaires, défavorable, n’a pas permis de dégager des résultats satisfaisants. Face à cette
situation, le dirigeant a élaboré un plan de restructuration destiné à permettre la pérennité de l’entreprise, sur les
bases suivantes………… La restructuration envisagée ne peut être conduite que si elle est accompagnée sur le plan
financier par un accord avec les principaux créanciers. C’est pourquoi la requérante demande qu’il vous plaise :
- d’ouvrir une procédure de conciliation ;
- lui donner acte qu’elle déclare ne pas être en état de cessation des paiements,
- désigner pour une durée de quatre mois aux fonctions de conciliateur tel professionnel qu’il vous plaira afin d’assister
la société dans les négociations avec ses principaux créanciers et dans les mesures de restructuration nécessaires à sa
pérennité.
Présentée
Le…………………….à………………………
À l’appui de la présente requête la société X… dépose les pièces suivantes (extrait d’immatriculation au registre du
commerce, état des créances et des dettes accompagnées d’un échéancier ainsi que la liste des principaux créanciers,
état actif et passif des sûretés ainsi que celui des engagements hors bilan, comptes annuels, tableau de financement
ainsi que la situation de l’actif réalisable et disponible et du passif exigible des trois derniers exercices).
ORDONNANCE
Nous, Président du Tribunal de Commerce de…………………………………………
Vue la demande d’ouverture d’une procédure de conciliation figurant dans la requête présentée par la société X………,
Décidons l’ouverture d’une procédure de conciliation au bénéfice de cette société,
Désignons M.……………… à compter de ce jour aux fonctions de conciliateur pour une durée de quatre mois, qui pourra
être éventuellement renouvelée pour un mois, avec la mission d’assister la société X……… dans les négociations avec
ses principaux créanciers.
C) Le mandataire ad hoc
Il est enfin à noter dans le cadre de la conciliation, ou même avant, que le débiteur peut demander au
président du tribunal la désignation d’un mandataire ad hoc (c’est-à-dire en latin : « pour cela »),
spécialiste indépendant dont la mission, qui reste confidentielle, sera de l’assister et de l’aider à résoudre
certaines difficultés.
L’ordonnance qui le désigne définit les termes de sa mission, sa durée et le montant de sa rémunération.
Nous les étudierons dans cet ordre ainsi que, dans une section 4, les sanctions applicables aux dirigeants
qui ont commis des fautes graves.
Section 1 - La sauvegarde
À un niveau de difficulté plus important pour l’entreprise, si par exemple un accord n’a pas pu être trouvé
à l’issue de la phase de conciliation, un régime de sauvegarde est mis en place. Il s’agit d’une procédure
« collective » puisqu’elle concerne le débiteur et ses créanciers (fournisseurs, banque, salariés, etc.).
La loi de 2005 précise à cet égard que le débiteur ne doit pas être en situation de cessation de paiement.
Il doit seulement justifier de difficultés qu’il n’est pas en mesure de surmonter seul et qui sont de
nature à le conduire à la cessation des paiements.
La procédure de sauvegarde s’applique aux personnes juridiques morales de droit privé (sociétés,
coopératives, associations, comités d’entreprise, etc.) et aux personnes physiques exerçant une
activité professionnelle indépendante, donc à tous les entrepreneurs : commerçants, artisans,
agriculteurs et professionnels libéraux.
Dans cette procédure le débiteur souhaite se mettre sous la sauvegarde de la justice (un peu comme
dans le régime de la sauvegarde de justice pour les majeurs incapables vue au module 4 - Les personnes
juridiques). En conséquence, seul le débiteur peut demander l’ouverture de cette procédure destinée à «
faciliter la réorganisation de l’entreprise afin de permettre la poursuite de l’activité
économique, le maintien de l’emploi et l’apurement du passif ».
A) Le jugement d’ouverture
Le débiteur expose la nature de ses difficultés et joint à sa demande au président du tribunal un certain
nombre de documents de même nature que ceux demandés pour une requête de conciliation : comptes
du dernier exercice, une situation de trésorerie datant de moins de huit jours, un compte de résultat
prévisionnel, le nombre de salariés, l’état chiffré des créances et des dettes, etc.
Après examen de ces documents, un premier jugement ouvre la procédure. Ce jugement désigne les
organes de la procédure et organise la période d’observation.
- un représentant des salariés est désigné par le comité d’entreprise, les délégués du
personnel ou par les salariés. Son rôle est de contrôler l’état des créances salariales.
- des contrôleurs (un à cinq) peuvent être désignés par le juge-commissaire parmi les
créanciers pour surveiller le déroulement de la procédure,
Il faut par ailleurs considérer que le débiteur lui-même est aussi un organe de la procédure car il
continue, (même assisté ou surveillé par l’administrateur judiciaire) à administrer et à gérer
son entreprise.
Enfin, pour les entreprises importantes (CAHT de 2 à millions d’euros et plus de 150 salariés) et ayant un
commissaire aux comptes, la loi prévoit la création de deux comités de créanciers (un est composé
des établissements de crédit, l’autre des principaux fournisseurs de l’entreprise représentant plus de 3 %
du total des créances).
LA SAUVEGARDE
Le représentant du personnel Par le comité d’entreprise ou les Vérification du relevé des créances
délégués du personnel salariales
On distingue :
- les administrateurs judiciaires qui ont pour rôle d’assister et de surveiller le débiteur,
- les mandataires judiciaires représentant les créanciers qui ont pour rôle la défense des intérêts des
créanciers et qui deviennent liquidateurs en cas de liquidation judiciaire.
2. La période d’observation
Pendant cette période, l’administrateur judiciaire établit, avec le débiteur, un rapport précisant
l’origine, l’importance et la nature des difficultés rencontrées et dresse un bilan économique et
social de l’entreprise. Ce dernier servira à définir les dispositions du plan de sauvegarde.
- il n’y a pas déchéance du terme des créances, c’est-à-dire que le jugement d’ouverture ne
rend pas les dettes exigibles avant l’arrivée de leur terme et que les délais prévus entre les
créanciers et le débiteur ne sont pas modifiés,
- les créances postérieures au jugement sont payées à leur échéance uniquement si elles
sont liées aux besoins de la vie courante du débiteur ou de la procédure ou si elles sont nées en
contrepartie d’une prestation fournie au débiteur pour son activité professionnelle (en cas de non-
paiement elles seront payées en priorité sur les créanciers antérieurs). Si ce n’est pas le cas leur
paiement est également interdit.
- les salariés bénéficient d’un super privilège pour les 60 derniers jours de travail ou
d’apprentissage (ils sont payés immédiatement avant les autres créanciers) et d’un privilège pour
les six derniers mois de salaire.
B) Le plan de sauvegarde
Nous avons déjà noté que, pendant la période d’observation, un bilan économique et social est élaboré
par l’administrateur et par le débiteur.
Le tribunal arrête le plan de sauvegarde après avoir entendu les différentes parties et nomme
l’administrateur ou le mandataire judiciaire en tant que commissaire à l’exécution.
Si la cessation des paiements est constatée au cours de l’exécution du plan, le tribunal peut prononcer la
résolution de ce dernier et la liquidation judiciaire au vu du rapport de l’administrateur.
Applicable depuis mars 2011, la sauvegarde financière accélérée permettait déjà une prise en compte
rapide de la situation de l’entreprise et d’éviter la suspension du paiement des créances chirographaires
antérieures. La demande d’ouverture d’une procédure de sauvegarde financière accélérée ne pouvait être
faite que par une entreprise déjà engagée dans une procédure de conciliation et ayant élaboré un plan de
sauvegarde, qui n’était pas en cessation de paiement mais qui justifiait de difficultés qu’elle n’était pas en
mesure de surmonter et qui employait plus de 150 salariés (ou dont le chiffre d’affaires était supérieur à
20 millions d’euros).
Cette procédure, toujours valable, d’une durée de deux mois maximum, ne concernait que les créanciers
financiers (établissements de crédit, créanciers obligataires, etc.) dont les créances antérieures étaient
gelées alors que les fournisseurs et autres cocontractants du débiteur étaient payés à l’échéance prévue
sans suspension des poursuites éventuellement engagées et sans déclaration des créances.
L’ordonnance du 12 mars 2014 a créé la procédure de sauvegarde accélérée d’une durée de trois
mois, qui élargit la procédure de sauvegarde financière accélérée aux entreprises qui ne sont pas en
situation de cessation de paiement ou dont l’état de cessation de paiement est récent (moins
de 45 jours).
Cette procédure, qui, comme la sauvegarde classique, interdit le paiement des créances nées avant
son ouverture et déclarées au mandataire judiciaire, nécessite :
- que le débiteur, dont les comptes doivent être établis par un expert-comptable, ait
préalablement obtenu l’ouverture d’une procédure de conciliation,
- qu’il ait élaboré un plan pouvant être soutenu par les créanciers,
- qu’il emploie plus de 20 salariés, réalise plus de 3 000 000 d’Euros de CAHT, ait un total de
bilan supérieur à 1 500 000 Euros ou établisse des comptes consolidés (Décret du 30 juin 2014).
- le maintien de l’emploi,
Elle s’applique aux personnes juridiques morales de droit privé et aux personnes physiques
exerçant une activité professionnelle indépendante, donc à tous les entrepreneurs :
commerçants, artisans, agriculteurs et professionnels libéraux.
Après avoir défini la situation de cessation de paiement nous étudierons le régime de l’ouverture de la
procédure puis celui du redressement.
A) La cessation de paiement
La situation de cessation de paiements est définie comme l’impossibilité de faire face au passif
exigible avec l’actif disponible (article 631-1 du code de commerce).
L’actif comprend les liquidités existant en caisse et à la banque, les valeurs réalisables, les réserves de
crédit (découvert bancaire par exemple).
La seule constatation d’un état déficitaire ne constitue donc pas cessation des paiements. Il faut que le
déséquilibre entre le passif et l’actif mette le débiteur dans l’impossibilité de payer ses dettes
à moins d’utiliser des moyens frauduleux ou de céder des actifs indispensables.
Quoi qu’il en soit, la situation de cessation des paiements oblige le débiteur à une déclaration dans un
délai de 45 jours (sinon il peut être frappé d’une interdiction de diriger une société ou d’exercer une
profession indépendante) par dépôt (d’où l’expression « dépôt de bilan ») au greffe du tribunal
compétent des pièces suivantes :
- la situation de trésorerie,
- le nombre de salariés,
L’ouverture de la procédure peut également être demandée par un créancier ou par le Ministère public.
B) L’ouverture de la procédure
Le tribunal, dans son jugement d’ouverture, nomme les organes de la procédure. Il fixe également la
durée de la période suspecte et de la période d’observation.
Les organes désignés par le tribunal sont les mêmes que ceux de la sauvegarde :
- le juge commissaire,
- l’administrateur judiciaire (qui peut être chargé de surveiller, d’assister le débiteur ou de gérer
seul l’entreprise),
Le tribunal fixe également la date de la cessation des paiements (au maximum à 18 mois avant la date
de la déclaration) déterminant la période suspecte et ouvre la période d’observation.
2. La période suspecte
Le jugement d’ouverture fixe la date d’ouverture de la période suspecte. Cette période s’étend de la
date de cessation des paiements à la date du jugement d’ouverture.
Il s’agit de la période pendant laquelle le débiteur a rencontré les difficultés qui l’ont amené à
sa situation de cessation de paiement. Il a pu, pendant cette période effectuer un certain nombre
d’actes plus ou moins douteux destinés à prolonger son entreprise (ventes à perte par exemple) ou au
contraire à favoriser certains créanciers au détriment d’autres.
C’est pourquoi cette période suspecte fait l’objet d’une particulière attention et permet au tribunal de
revenir sur certaines catégories d’actes accomplis par le débiteur.
Pour déterminer sa durée, le tribunal peut retenir la date à laquelle le débiteur a déclaré sa cessation de
paiement. Mais il peut aussi, en cas de doute, remonter encore plus dans le passé et la fixer à une date
de 18 mois antérieure au jugement (s’il ne fixe pas de date, cette dernière sera celle de la déclaration
de cessation des paiements par le débiteur).
Afin de reconstituer l’actif du débiteur, certains actes effectués par lui pendant cette période seront
annulables par le tribunal soit de droit (obligatoirement) soit facultativement.
En cas d’annulation les créanciers devront rembourser à l’entreprise les sommes qu’ils ont perçues. Il
s’agit en effet d’actes considérés comme faits au détriment de certains créanciers de l’entreprise et leur
remboursement pourra servir à payer ces derniers.
- les contrats dans lesquels les obligations du débiteur excédent notablement celles de l’autre
partie (ventes à perte),
- les paiements pour dettes échues effectués à compter de la date de cessation des paiements et
les actes à titre onéreux accomplis à compter de cette même date, si ceux qui ont traité avec le
débiteur ont eu connaissance de la cessation des paiements.
3. La période d’observation
Le jugement d’ouverture, publié au JAL et au BODACC, détermine la période d’observation de six mois
renouvelables une fois. Pendant cette période, l’administrateur judiciaire peut être autorisé par le juge
commissaire à procéder aux licenciements économiques qui présentent un caractère urgent,
inévitable et indispensable.
Avec le concours du débiteur, il est chargé de dresser le bilan économique et social (environnemental le
cas échéant) de l’entreprise précisant l’origine, l’importance et la nature des difficultés, avec un
inventaire des biens du débiteur. Il rédigera un rapport sur ces éléments.
Il doit par ailleurs verser aux salariés, immédiatement après le jugement d’ouverture et en cas de non
paiement, une somme au moins égale à un mois de salaire. À défaut de disponibilités les salaires sont
réglés par l’AGS (Association pour la gestion du régime d’assurance des créances des salariés).
- il n’y a pas déchéance du terme des créances, c’est-à-dire que le jugement d’ouverture ne
rend pas les dettes exigibles avant l’arrivée de leur terme et que les délais prévus entre les
créanciers et le débiteur ne sont pas modifiés,
- les créances postérieures au jugement sont payées à leur échéance uniquement si elles
sont liées aux besoins de la vie courante du débiteur ou de la procédure ou si elles sont nées en
contrepartie d’une prestation fournie au débiteur pour son activité professionnelle (en cas de non-
paiement elles seront payées en priorité sur les créanciers antérieurs). Si ce n’est pas le cas leur
paiement est également interdit.
- les salariés bénéficient d’un super privilège pour les 60 derniers jours de travail ou
d’apprentissage (ils sont payés immédiatement avant les autres créanciers) et d’un privilège pour
les six derniers mois de salaire.
C) Le plan de redressement
Le jugement arrêtant le plan prévoit si c’est possible la continuation de l’entreprise (avec éventuellement
cession partielle ou cession totale de l’entreprise si le débiteur est dans l’impossibilité d’en assurer lui-
même le redressement).
L’administrateur judiciaire (ou le mandataire judiciaire) est chargé de veiller à son exécution en tant que
commissaire à l’exécution du plan.
Si le débiteur n’exécute pas ses engagements dans les délais fixés, le tribunal prononce la résolution du
plan et si la cessation de paiements est constatée il décide une liquidation judiciaire.
La liquidation judiciaire peut être directement demandée dans les 45 jours de la cessation des paiements
(ou suite à la conversion d’une procédure de sauvegarde ou de redressement qui n’a pas été respectée
ou qui n’a pas porté ses fruits) dans les mêmes conditions que pour le redressement judiciaire.
Elle est également décidée, sans période d’observation, en cas de cessation des paiements ou de
cessation d’activité, « pour les entreprises dont le redressement est manifestement impossible et la
situation irrémédiablement compromise ».
Elle est destinée à mettre fin à l’activité de l’entreprise ou à réaliser le patrimoine du débiteur par une
cession globale ou séparée de ses droits et de ses biens.
La liquidation judiciaire s’applique aux personnes juridiques morales de droit privé et aux personnes
physiques exerçant une activité professionnelle indépendante, donc à tous les entrepreneurs :
commerçants, artisans, agriculteurs et professionnels libéraux.
Quand le redressement ou la liquidation ont pour origine des fautes de gestion prévues par la loi, des
sanctions particulières sont encourues par leurs auteurs.
Il appartient à cet égard au tribunal de commerce ou au tribunal de grande instance saisi d’une demande de
sauvegarde ou de redressement de décider au regard des pièces produites si un redressement est possible et, sinon,
de prononcer immédiatement la liquidation judiciaire.
Ainsi la cour d’appel de Bordeaux a confirmé le 4 avril 2005 le jugement qui a prononcé la liquidation judiciaire d'une
entreprise dont la situation était irrémédiablement compromise et sans espoir de redressement : l'entreprise ne
pouvait compter que sur un chiffre d'affaires moyen de 60 à 70 000 euros alors que le passif se chiffrait, dans la
meilleure des hypothèses, à 84 000 euros et que les charges d'exploitation étaient évaluées à plus de 100 000 euros.
De plus, aucun plan de redressement n'était en l'espèce proposé et d'après les bilans produits, la moitié du capital
social n'avait jamais été appelée.
A) L’ouverture de la procédure
Le tribunal statue sur la demande en chambre du conseil (à huis clos) et dans son jugement d’ouverture
détermine la procédure applicable et la date de cessation des paiements déterminant la période suspecte.
Il décide du maintien éventuel de l’activité pendant six mois et désigne les organes de la procédure :
- un juge commissaire,
Par ailleurs :
- un à cinq contrôleurs sont choisis parmi les créanciers et nommés sur leur demande.
B) La liquidation
Le débiteur est dessaisi de l’administration et de la disposition de ses biens. S’il s’agit d’une société,
celle-ci est dissoute.
Le jugement d’ouverture suspend et interdit toute poursuite individuelle des créanciers antérieurs. Il rend
exigibles les créances non échues.
Le liquidateur :
- établit un rapport sur la situation du débiteur,
- vérifie les créances qui doivent être déclarées dans les deux mois de la publication du jugement,
Le juge commissaire veille au déroulement rapide de la procédure, décide de l’admission ou du rejet des
créances et autorise la vente des biens du débiteur.
Après avoir vérifié les créances le liquidateur procède aux opérations de cession de toute ou partie de
l’entreprise ou à sa mise en location-gérance et, avant la clôture de la procédure, règle les créanciers.
a) La cession ou la location-gérance
La cession de l’entreprise, totale ou partielle doit assurer le maintien d’activités susceptibles
d’exploitation autonome. Les offres d’acquisition reçues par le liquidateur doivent émaner de tiers (non
de dirigeants ou de parents ou alliés jusqu’au 2e degré du débiteur).
Dans le cadre d’un plan de cession, le tribunal peut autoriser une mise en location gérance pour une
durée maximale de deux ans au bout de laquelle le locataire gérant doit acquérir le fonds.
– les créances garanties par une hypothèque, un nantissement sur outillage ou sur matériel, un
privilège spécial,
– les créances garanties par un privilège spécial mobilier ou par un privilège général,
– les créances chirographaires (les créanciers chirographaires ne disposent d’aucune garantie).
c) la clôture de la procédure
Le tribunal prononce la clôture de la liquidation judiciaire, en général dans les deux ans (sauf procédure
simplifiée) :
- quand il n’existe plus de passif exigible,
- quand la poursuite des opérations est impossible du fait de l’insuffisance de l’actif (la clôture
sera alors prononcée « pour insuffisance d’actif »).
Après le jugement de clôture les créanciers non payés ne peuvent plus poursuivre le débiteur sauf faillite
personnelle, banqueroute ou fraude de ce dernier (voir ci-après).
La liquidation judiciaire simplifiée est applicable obligatoirement aux petites entreprises ayant un
seul salarié et dont le chiffre d’affaires hors taxe n’excède pas 300 000 €.
Elle peut aussi être appliquée aux entreprise de moins de cinq salariés, dont le chiffre d’affaires hors
taxes est égal ou inférieur à 750 000 euros et qui ne disposent pas de biens immobiliers.
Elle est prononcée dans l’année, le tribunal déterminant les biens du débiteur pouvant faire l’objet d’une
vente de gré à gré dans les trois mois au-delà desquels le liquidateur procède à la vente aux enchères
des biens restants.
Après la période d’observation, en cas de sauvegarde, les coobligés et les personnes physiques (donc pas les
personnes morales) ayant consenti un cautionnement ou une garantie autonome peuvent se prévaloir des dispositions
du plan favorables au débiteur.
À l’inverse, en cas de redressement, aucune caution personne physique ou morale ne peut se prévaloir des
dispositions du plan de redressement. La caution devra donc participer à l’extinction de la dette et il en est de même
en cas de liquidation.
Enfin la caution qui a payé à la place du débiteur avant l’ouverture d’une procédure de sauvegarde, de redressement
ou de liquidation est devenue créancière de ce dernier et doit donc déclarer sa créance dans les deux mois comme les
autres créanciers.
Toute procédure de règlement des difficultés de l’entreprise constitue une sanction patrimoniale pour les
entrepreneurs personnes physiques dont le patrimoine sera affecté par les mesures prises, surtout en cas
de liquidation.
Leurs dirigeants en revanche, simples mandataires (gérants pour les SARL, présidents, directeurs
généraux, membres du conseil d’administration pour les SA), ne le sont pas (mais ils perdent leur place
en cas de liquidation judiciaire).
De leur côté les associés dont la responsabilité est limitée au montant de leur apport ne peuvent pas
perdre plus que le montant de ce dernier (sauf les associés en nom collectif à qui les procédures de
règlement s’appliquent personnellement).
Dans certains cas cependant (des fautes ont été commises) des sanctions patrimoniales peuvent être
prises à l’encontre des dirigeants des personnes morales.
Enfin, pour les dirigeants des personnes morales comme pour les entrepreneurs personnes physiques,
des sanctions pénales sont prévues pour des faits graves.
Nous étudierons tout d’abord les sanctions patrimoniales qui frappent, au patrimoine seulement, les
entrepreneurs personnes physiques puis celles applicables aux dirigeants de sociétés, la faillite
personnelle qui concerne les deux et enfin les sanctions pénales qui peuvent frapper les deux en cas
de graves malversations.
Rappelons cependant qu’ils peuvent, à condition d’avoir procéder aux déclarations obligatoires, bénéficier
des dispositions de la loi du 4 août 2004 protégeant leurs biens non affectés à leur activité
professionnelle (Module 5, le patrimoine et la propriété, chapitre 1).
Dans les sociétés à responsabilité limitée les dirigeants ni les associés ne peuvent être mis en cause sauf
en cas de faute.
S’ils ont commis des fautes de gestion, les sanctions patrimoniales contre les dirigeants de sociétés sont
le comblement de passif et l’obligation au paiement des dettes de la société.
1. Le comblement de passif
L’action en comblement de passif vise les dirigeants d’une personne morale qui a fait l’objet d’une
procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire.
Si une insuffisance d’actif est apparue, due à une faute de gestion, le tribunal peut décider que les
dettes de la personne morale seront supportées en tout ou partie par le ou les dirigeants ayant
contribué à la faute de gestion.
Notons cependant à cet égard que la loi énonce, afin de ne pas décourager les apporteurs de crédit aux
entreprises, que les créanciers ne peuvent pas être tenus pour responsables des préjudices subis par les
autres créanciers du fait des concours qu’ils ont consentis (sauf fraude, immixtion dans la gestion ou
garanties disproportionnées).
En cas de liquidation judiciaire une nouvelle sanction patrimoniale, l’obligation au paiement des
dettes de la société (donc de l’ensemble du passif et non pas seulement d’une partie comme c’est
souvent le cas dans le comblement de passif), a été instituée par la loi si le dirigeant a commis les fautes
suivantes :
- disposer des biens de la personne morale comme de ses biens propres,
- avoir fait des actes dans un intérêt personnel sous couvert de la personne morale,
La condamnation au paiement des dettes sociales exclue l’action en comblement de passif mais peut
donner lieu, à titre complémentaire, à la faillite personnelle.
C) La faillite personnelle
Le tribunal de commerce (ou de grande instance) peut, dans les trois ans du jugement d’ouverture
d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire, être saisi d’une requête de mise en
faillite personnelle du débiteur par le mandataire judiciaire, le liquidateur, le ministère public ou par la
majorité des créanciers nommés contrôleurs.
La faillite personnelle (de « faillire », manquer) sanctionne les dirigeants ou les entrepreneurs
personnes physiques ayant commis des fautes graves.
1. Les fautes
– avoir, dans l’intention d’éviter ou de retarder l’ouverture d’une procédure, fait des achats en
vue d’une revente au-dessous du cours ou employé des moyens ruineux pour se procurer des
fonds,
– avoir souscrit pour le compte d’autrui des engagements trop importants eu égard à la situation
de l’entreprise,
– avoir payé ou fait payer, après cessation des paiements, un créancier au préjudice des autres,
2. La sanction
D’une durée maximale de 15 ans, la faillite personnelle emporte interdiction de diriger, gérer,
administrer ou contrôler directement ou indirectement toute entreprise commerciale ou
artisanale, agricole ou toute personne morale ayant une activité économique.
Elle emporte également déchéance de certains droits : radiation des listes électorales et suppression du
droit de vote dans les assemblées des personnes morales.
La personne qui ne respecte pas la sanction s’expose à une condamnation à 2 ans de prison et à 375 000
euros d’amende.
Le 6 mars 2008 la cour d’appel de Nîmes, attendu que « les éléments de fait invoqués par Monsieur Jean-Gilles X. ne
sont pas suffisamment crédibles eu égard aux pièces régulièrement communiquées par le liquidateur à la liquidation
judiciaire de la société FV Diffusion et que les constatations faites par l’Administration fiscale qui, lors du contrôle
qu’elle a effectué, a relevé une comptabilité incomplète et irrégulière ainsi que de faux documents comptables », a
confirmé la décision de première instance condamnant Monsieur Jean-Gilles X., dirigeant de la SARL FV Diffusion, à la
faillite personnelle pour une durée de dix ans pour avoir « fait tenir une comptabilité manifestement incomplète ou
irrégulière au regard des dispositions légales ».
D) La banqueroute
La banqueroute est la principale sanction pénale frappant les dirigeants des personnes morales et les
personnes physiques entrepreneurs. Le mot vient de l’expression « banca rotta » (ou banc rompu) qui,
en Italie, désignait la destruction à coup de hache du banc ou de l’étal du commerçant malhonnête.
- exclusion des marchés publics pour cinq ans au plus, interdiction d’émettre des chèques pour
cinq ans au plus,
- avoir tenu une comptabilité manifestement incomplète ou irrégulière au regard des dispositions
légales,
- s’être abstenu de tenir toute comptabilité lorsque les textes applicables en font obligation.
C’est pourquoi le tribunal correctionnel de Paris a relaxé le 2 avril 2010 Bernard Tapie, accusé de banqueroute. En
effet, la sentence arbitrale rendue en juillet 2008 dans l’affaire Adidas, donnant raison à l’homme d’affaires et
condamnant le Crédit Lyonnais à lui verser la somme de 285 millions d’euros, annulait les décisions précédentes et ne
rendait plus possible l’accusation de banqueroute contre lui puisque l’élément préalable (redressement ou liquidation
judiciaire) n’existait plus.