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enjeux et perspectives
Abstract :
The logistics sector represents an important stake for Morocco
both in terms of economic growth and in terms of national
competitiveness. It also represents social and sustainable development
issues in the context of urban congestion, pollution and road safety.
Morocco has deployed several strategies aiming at upgrading and
improving the competitiveness of strategic sectors for the national
economy. Agriculture, maritime fishing, industry, internal trade are
all examples of sectors covered by structural reforms.
Within the frame of this work, we will present the main thrusts of
the national logistics strategy with an emphasis on the emergence of
an actor who plays a major role in boosting the sector, namely the
logistics service provider (LSP).
To achieve this, we have structured this contribution into three
axes. The first one presents the current state of the logistics sector in
Morocco, based on ministerial statistics. The second axis focuses on
the challenges of this sector for the Moroccan economy and presents
the main thrusts of the logistics strategy. Finally, the third axis is
devoted to describing the activity of LSPs operating in Morocco.
47
Introduction
Depuis des décennies, le Maroc a adopté la voie de l’ouverture
économique et de la libéralisation grâce aux multiples accords de
libre-échange avec de nombreux partenaires tel que l’Union
Européenne, les Etats-Unis, la Turquie, etc. Si ces accords sont
porteurs de nouvelles opportunités pour l’économie marocaine, ils
présentent également certaines contraintes et menaces liées à la
compétitivité des produits marocains aussi bien sur le marché national
que celui international. Conscient de ces enjeux, le Maroc a déployé
plusieurs stratégies visant la mise à niveaux et l’amélioration de la
compétitivité des secteurs stratégiques pour l’économie nationale.
L’agriculture, la pêche maritime, l’industrie, le commerce interne sont
autant d’exemples de secteurs visés par des réformes structurelles.
Parallèlement à ces stratégies et en vue de maximiser leur impact,
une stratégie nationale pour le développement du secteur de la
logistique a été mise en place. En effet, le secteur de la logistique
représente un enjeu important pour le Maroc aussi bien en termes de
croissance économique qu’en termes de compétitivité nationale. Il
représente également des enjeux sur le plan social et le développement
durable dans le cadre des aspects liés à la congestion urbaine, à la
pollution et à la sécurité routière. Dans le cadre de ce travail, nous
allons présenter les grands axes de la stratégie nationale de la
logistique en mettant l’accent sur l’émergence d’un acteur qui joue un
rôle majeur dans la dynamisation du secteur à savoir le prestataire de
services logistiques (PSL).
Pour ce faire, nous avons structuré cette contribution en trois axes.
Le premier présente l’état actuel du secteur de la logistique au Maroc
en s’appuyant sur des statistiques ministérielles. Le deuxième axe met
l’accent sur les enjeux de ce secteur pour l’économie marocaine et
présente les grands axes de la stratégie logistique. Enfin, le troisième
axe est consacré à la description l’activité des PSL opérant au Maroc.
1. Repères sur l’état actuel du secteur de la logistique au
Maroc
Selon les estimations du Ministère de l’Equipement, du Transport
et de la Logistique, les coûts totaux de la logistiques au Maroc
s’élèvent à environ 20% du PIB. Ce ratio est supérieur à celui des pays
de l’Union Européenne y compris ceux qui l’ont intégré en 2004 dont
le ratio se situe entre 10 et 16%. Des grands pays émergents comme le
Mexique, le Brésil et la Chine ont, quant à eux, des coûts logistiques
48
de l’ordre de 15 à 17% du PIB. Le Maroc possède donc un potentiel
de gain de points de PIB qui proviendrait d’une logistique plus
efficiente et performante. Selon le Ministère du Commerce et de
l’Industrie marocain, les coûts logistiques représentent la moitié aux
deux tiers du coût du travail au Maroc. Leur part dans la valeur
ajoutée totale créée varie, suivant les secteurs, entre 25% et 60%.
Eu égard à ces données, on peut remarquer que le Maroc est
relativement en retard par rapport à ses concurrents directs sur le
marché européen. Le prix et la faible qualité du transport interne
conjuguées au prix élevé de la traversée Tanger-Algésiras rendent
difficilement compétitifs les exportations en provenance de la région
Sud (Souss par exemple). Le coût de ce segment est si important qu’il
correspond environ au coût de la distance Istanbul-France. Le passage
du détroit de Gibraltar constitue également un souci important pour les
exportateurs marocains. En effet, le coût de la traversée des 15
kilomètres séparant le Maroc de l’Europe correspond à près de la
moitié de la traversée de l’Espagne, soit 600 à 700 kilomètres. Dans
ces conditions, le marché potentiel du Maroc se réduirait
considérablement si des mesures concrètes pour mettre à niveau le
secteur ne sont pas déployées.
Par ailleurs, dans plusieurs secteurs d’activités, les entreprises
marocaines sont confrontées à des coûts logistiques bien supérieurs à
ceux de leurs concurrents. D’après l’enquête menée en 2008 par la
société Géomar sur les chaînes logistiques, le transport des produits
marocains du textile-habillement à destination des Etats-Unis est plus
de deux fois supérieur que celui des produits en provenance de la
Chine ou de la Thaïlande. Les coûts logistiques dans ce secteur restent
encore élevés pour l’exportateur marocain. Ils atteignent près de 8,5%
de la valeur des exportations ou 23,45% de la valeur ajoutée8.
L’industrie automobile enregistre également des coûts logistiques
élevés. Ainsi, selon le rapport de la Banque Mondiale (2006) ces coûts
s’élèvent à 23,6% dans le secteur des faisceaux et câbles et ce en
raison du poids important des expéditions d’urgence qui est souvent la
conséquence de dysfonctionnements dans les flux de transport ou dans
les opérations administratives. Les coûts liés au stockage des matières
premières (les connecteurs) contribuent aussi de manière significative
à l’augmentation des coûts logistiques.
8
Statistiques de la Banque Mondiale, octobre 2006.
49
Toutefois, grâce aux réformes engagées pour développer le secteur
de la logistique, le Maroc est classé au 62ème rang en 2014 selon
l’Indice de Performance Logistique9 (IPL) de la Banque Mondiale
alors qu’il occupait la 94ème place en 2007. Le Maroc se positionne
ainsi en tête des pays du Maghreb et non loin de certains pays
émergents comme le Mexique (49èmerang), l’Argentine (56ème rang),
ou le Brésil (57ème rang) (cf. Tableau 1) :
50
à la pollution et la sécurité routière. Dans ce sens, et en vue de
développer les échanges extérieurs, le commerce interne et préparer le
pays à l’intégration rapide aux marchés internationaux, le Maroc a
lancé en 2008 la Stratégie Nationale pour le Développement de la
Logistique sur la période 2010-2015. Cette stratégie s’est traduite par
la signature en 2010 d’un Contrat-Programme logistique entre l’Etat et
la Confédération Générale des Entreprise du Maroc (CGEM). ). Ainsi,
le Maroc a démarré plusieurs chantiers de taille visant le
développement des infrastructures de transport (autoroutes, routes,
ports, chemins de fer, aéroports, etc.) et la mise à niveau des services
logistiques. Le pays a aussi lancé des réformes pour la libéralisation
des modes de transport (routier, portuaire, maritime et aérien).
Parallèlement à cette nouvelle stratégie et afin de maximiser son
impact, le Maroc a mis en place plusieurs stratégies sectorielles
notamment : la stratégie pour le développement de l’activité agricole
(Plan Maroc Vert), celle relative à la pêche maritime (Plan Halieutis),
la stratégie pour la croissance du commerce intérieur (Plan Rawaj), le
Plan du secteur énergétique ou encore le Pacte National pour
l’Emergence Industrielle qui vise le développement du secteur de
l’industrie.
Parmi les objectifs de la stratégie logistique, on relève l’ambition
du pays d’accélérer la croissance économique de 0,5 point de PIB par
an à l’horizon 2015. Cette croissance correspond à une plus-value
globale de 40 Milliards de dirhams sur la même période. La stratégie
vise également de réduire le poids des coûts logistiques dans le PIB et
le diminuer de 20% à 15%. Ce ratio observé dans les pays émergents
devrait permettre d’améliorer la compétitivité de l’économie
nationale. On note par ailleurs, la volonté de la Stratégie Logistique de
contribuer au développement durable au Maroc à travers la baisse de
35% des émissions de CO2, la réduction de 30% du nombre de
tonnes/kilomètres en 2015 et décongestion des routes et des villes.
Pour atteindre ces objectifs, plusieurs axes de développements ont
été définis. Il s’agit notamment de l’optimisation et la massification
des flux de marchandises, la construction et de la mise en œuvre d’un
réseau national intégré de zones logistique multi-flux (ZLMF), le
développement des compétences à travers un plan national de
formation dans les métiers de la logistique et enfin la mise en place
d’un cadre de gouvernance du secteur. Ces objectifs constituent un
réel potentiel pour relancer le secteur de la logistique au Maroc.
51
2.1. L’optimisation et la massification des flux de marchandises
Différentes solutions ont été développées afin de garantir
l’optimisation et la massification des flux de marchandises. Il s’agit
principalement des actions suivantes :
- la massification des flux de marchandises autour des
plateformes logistiques ;
- l’augmentation de la capacité de stockage et la rationalisation
de leur localisation ;
- l’utilisation du mode de transport le plus adéquat et de
solutions de transport multimodal ;
- une meilleure planification des points d’entrée et sortie des
différentes marchandises d’import/export ou domestiques.
Pour concrétiser ce projet, un contrat d’application a été établi pour
les secteurs d’activités où les flux logistiques sont importants. C’est le
cas des hydrocarbures, des produits agricoles, des matériaux de
construction, des flux d’import/export et de la distribution nationale.
A fin 2013, trois projets de contrats d’application ont été lancés. Il
s’agit en premier lieu du contrat relatif à l’optimisation de la
compétitivité logistique des flux import/export qui s’est fixé comme
objectifs prioritaires la réduction des coûts logistiques
d’imports/export, l’amélioration de la fiabilité des chaînes logistiques
pour ce type de flux et la réduction de l’impact des opérations
d’import/export sur l’environnement. On trouve, en second, lieu le
contrat d’application pour l’optimisation de la compétitivité logistique
des flux de matériaux de construction avec un objectif de réduction du
coût logistique estimé à 15% de la valeur des matériaux. Le troisième
contrat d’application concerne l’optimisation des flux du commerce
intérieur. Il s’articule autour de trois axes majeurs constituant les
principaux leviers de développement de la compétitivité logistique des
flux de distribution interne. Il s’agit de la massification des flux et de
la promotion de la sous-traitance, l’accompagnement et la
modernisation du commerce traditionnel et enfin, la contribution à la
structuration de la logistique urbaine. Les résultats escomptés de la
mise en œuvre de ce contrat concerne l’amélioration du pouvoir
d’achat des ménages pour qui les coûts logistiques des biens de
consommation sont estimés à environ 10% du leur budget. Il s’agit
également de garantir la sécurité sanitaire des consommateurs via le
respect de la chaîne du froid dans les activités de transport,
manutention et stockage et de baisser l’impact sur l’environnement
52
par la réduction du nombre de « tonnes par kilomètres » et la
réduction des émissions des gaz à effet de serre.
2.2. Le développement de zones logistiques multi-flux
Pour atteindre la rationalisation et la massification de l’ensemble
des flux logistiques, le pays a prévu la mise en place d’un réseau de
plateformes logistiques pour les activités de groupage et de
dégroupage de marchandises. Ces plateformes logistiques qui se
situent à proximité des opérateurs économiques et des consommateurs
vont permettre la canalisation et la concentration des flux nécessaires
au développement d’une offre compétitive de services logistiques.
Afin d’assurer le développement de ces plateformes, l’Etat a mis en
place un Schéma National Intégré ayant pour objectif la construction
de plateformes logistiques de plusieurs types, notamment des
plateformes conteneurs, des plateformes de distribution et de sous-
traitance logistique, des plateformes de matériaux de construction, des
plateformes céréalières ainsi que des plateformes d’agro-
commercialisation. La superficie globale du foncier mobilisé par
l’Etat pour la réalisation des ZLMF est de 3 300 hectares dont 2 080
hectares à l’horizon 2015. Le tableau 2, ci-après, résume les objectifs
et les services offerts par les différentes ZLMF.
Par ailleurs, et dans le cadre de la mise en place du Schéma
National des Zones Logistiques, la plateforme logistique de la
nouvelle ville de Zenata a vu le jour. Il s’agit de la plus grande
plateforme programmée dans le cadre du schéma national de ZLMF
avec une superficie de 323 ha sur laquelle seront construites trois
types de plateformes logistiques : une plateforme dédiée aux flux
conteneurs d’une superficie de 200 ha, une plateforme céréalière de 14
ha et une plateforme consacrée aux services de distribution et de sous-
traitance logistique sur 109 ha. La zone logistique de Zenata est
desservie par le réseau routier et l’autoroute et traversée par la ligne
ferroviaire Casablanca-Rabat. Par ailleurs une ligne routière et
ferroviaire dédiée sera réalisée pour connecter directement la zone au
port de Casablanca. La première tranche de la plateforme de Zenata
est opérationnelle depuis 2011. Elle a été aménagée sur 28 ha par la
SNTL. La deuxième tranche qui est destinée principalement aux PSL
privés comprend 10 entrepôts de 6000 m² chacun. Elle a été achevée
en décembre 2013.
Parmi les zones logistiques Multi-Flux (ZLMF) du royaume, on
peut citer le projet phare du Grand Casablanca dont le schéma
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d’aménagement du territoire prévoit la mise en place, dans cette
région, en plus de la zone de Mita en cours de développement par
l'ONCF sur 32 ha, de huit ZLMF (Zenata, Oulad Hadda, Deroua,
Nouaceur, Oulad Saleh, Bouskoura, Lakhyayata et Nouvelle Ville de
Sahel Lakhyayta), sur une superficie totale de 978 ha dont 607 ha en
2015, et couvrant l’ensemble des cinq grands types de plateformes
logistiques retracées dans le tableau suivant :
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groupage/stockage, y
compris flux imports
(faibles)
• Fonction de market
place (marché de
gros)
Plateformes de stockage de
céréales, pour optimiser les
achats, sécuriser
- Transfert des céréales des
silos portuaires de transit
l’approvisionnement
aux silos de stockage
(import) et optimiser la
primaire
supply chain (domestique et
import) : - Magasinage/ensilage au
Céréales niveau des silos de stockage
- Stockage à proximité des primaire
ports pour optimiser les
achats et sécuriser - Transbordement pour
l'approvisionnement éclatement vers les bassins
de consommation
- Mise en réseau pour le
transbordement - Services auxiliaires
ferroviaire
- Plateformes focalisées - Opérations de stockage et
sur les matériaux de base, manutention des
semi-finis ou finis, marchandises
servant à la construction
Matériaux de (ex. : acier, ciment, sable,
- Transformation des produits
de base ou semi-finis
construction verre)
- Flux important, - Espace de vente (market
place)
combinant import et
domestique, en forte - Certification et contrôle des
croissance normes de qualité
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convention cadre de coopération a été signée entre le Ministère de
l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la
Formation des Cadres, le Ministère de l’Equipement, du Transport et
de la Logistique, la Fondation Tanger Med, les Universités de
Valenciennes et du Hainaut Cambrésis et l’Ecole Nationale des Ponts
et Chaussées. Le secteur a connu aussi la création de plusieurs centres
d’excellence spécialisés en logistique et supplychain notamment le
centre Tamayuz Supply Chain développé par la SNTL et le Centre
d’Excellence Logistique (CELOG) développé par l’ESITH.
Selon les le rapport de l’AMDL (2016), en compte que le nombre
d'étudiants suivant une formation dans les métiers logistiques a atteint
les 7.325, dont 2.890 dans les établissements privés et 4.435 dans les
établissements publics, contre 2.500 étudiants en 2010, soit une
évolution de 193%. Selon la même source en dénombre en 2015
qu’environ 120 établissements disposent au moins d’une formation en
logistique, dont 67 établissement privés et 23 publics, offrant environ
220 filières en la matière dont 150 filières destinées à l’enseignement
supérieur et 70 à la formation professionnelle.
Pour intégrer la logistique verte, on assiste à la marge de la COP22
à l’adoption d’une charte marocaine en faveur de la logistique verte
(2106). D’après la dite charte, le ministère de tutelle s’est engagé
d’une part à implémenter des plans de formation «Green Logistics»
pour améliorer l’image et la performance des activités de logistique en
termes de conduite du véhicule, de stationnement ou de mode de
chargement et de déchargement des marchandises. Et d’autre part, à
soutenir les pôles de recherche impliqués dans les thématiques
spécifiques à la logistique verte.
Afin de mettre à la disposition du secteur de la logistique des
compétences et des qualifications professionnelles adéquates, on
assiste à la mise en place d’un Board National de Coordination de la
Formation en Logistique (BNCFL) dont l’objectif est d’assurer une
permanente coordination et concertation entre les représentants de
l’offre et de la demande de formation en logistique.
2.4 La gouvernance du secteur
Afin d’assurer la mise en œuvre de la stratégie logistique, l’Etat a
procédé à la création, en 2012, de l’Agence Marocaine pour le
Développement de la Logistique (AMDL). Cette agence est chargée
de la réalisation des études stratégiques et des plans d’action devant
développer le secteur de la logistique. L’AMDL compte parmi ses
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missions la coordination de la mise en œuvre des plans d’actions
sectoriels associant les acteurs publics et les opérateurs économiques
privés. L’objectif est d’améliorer, de structurer et de développer les
chaînes logistiques des principaux flux de marchandises. Elle a
également pour mission d’identifier l’assiette foncière nécessaire pour
le développement des zones d’activités logistiques et de suivre de près
la construction de ces zones. L’Agence se consacre également à
appuyer le développement des communautés logistiques au niveau des
régions. L’AMDL a par exemple pris part et soutenu en 2013 les
efforts visant la naissance du premier Cluster logistique dans la région
de Souss-Massa-Drâa dénommé « Logipole » en partenariat avec les
Iles Canaries et ce dans le cadre d’un projet de coopération financé par
l’Union Européenne. Outre ces différentes missions, l’Agence
consacre également une importance capitale au volet communication
pour promouvoir la stratégie logistique du Maroc au niveau national et
international et ce entre autres par des participations aux salons et
foires internationaux spécialisés en logistique voir même
l’organisation des manifestations régionales de sensibilisation au
profit des acteurs du secteur de la logistique. A ce sujet, il est à
souligner que les axes de la stratégie de l’ALDM consistent en
développement des zones logistiques, l’optimisation des chaines
logistiques, la bonne gouvernance du secteur, le développement des
compétences et l’émergence de logisticiens performants.
Un autre organisme est chargé de la gouvernance du secteur de la
logistique au Maroc, il s’agit de l’Observatoire Marocain de la
Compétitivité Logistique (OMCL). Les principales missions de cette
entité consistent à mesurer la performance des systèmes logistiques,
garantir la veille et constituer une force de proposition pour améliorer
la compétitivité logistique et enfin assurer le suivi la mise en œuvre de
la stratégie logistique à travers la collecte d’informations sur le secteur
et l’établissement et la publication de manière régulière les indicateurs
mesurant les progrès réalisés au niveau du secteur. L’OMCL dont le
président est désigné par la Confédération Générales des Entreprises
du Maroc (CGEM) collabore avec l’AMDL qui lui fournit l’assistance
nécessaire pour les aspects systèmes d’information, sourcing et
communication. Par ailleurs, une convention de partenariat entre l’Etat
et la CGEM a été signée pour définir les modalités de fonctionnement
de l’Observatoire. La convention définit les engagements des parties
prenantes notamment en termes de garanties de l’indépendance et de
58
l’objectivité de l’OMCL, de mobilisation et de pérennité des moyens,
de contribution active à la facilitation de l’accès aux informations, etc.
Outre la mise en place d’un Board National de Coordination de la
Formation en Logistique (BNCFL) et afin de mettre en place un
dispositif de normes et références de bonnes pratiques visant la
modernisation et le développement de la compétitivité du secteur
logistique, on assiste à la création en 2015 de la Commission de
normalisation de la logistique (CNL).
Après la présentation des caractéristiques du secteur de la
logistique au Maroc et les enjeux de son développement, nous
présentons dans les développements suivant les acteurs du secteur en
distinguant deux catégories de PSL : les opérateurs étrangers et les
opérateurs marocains.
3. Les acteurs du secteur de la prestation logistique au Maroc
Le marché de la prestation logistique au Maroc est structuré autour
d’opérateurs nationaux et d’opérateurs étrangers qui exercent au pays
via leurs filiales marocaines. Ainsi, les axes de développement du
secteur de la logistique au Maroc, présentés auparavant (la
construction de ZLMF, l’optimisation et la massification des flux de
marchandises, le développement des compétences dans les métiers du
transport et de la logistique, la gouvernance du secteur) sont en
mesure de contribuer à accroître le niveau de professionnalisme dans
les métiers de la logistique et de créer des opportunités d’affaires pour
les acteurs désireux de se moderniser et de développer des services
apportant une réelle valeur ajoutée.
Avant de présenter les principales composantes des PSLs étrangers
et nationaux, nous tenons à souligner que les services offerts par les
PSLs au Maroc ont largement évolué en nombre et en services
proposés. En effet selon le dernier rapport de L’AMDL (2016), on est
passé de 10 PSLs avant 2010 à plus de 30 PSLs en 2016, avec une
diversité des services logistiques proposés. Cette diversité en termes
des différents services logistiques dans le marché marocain est
retracée dans les tableaux (4 et 5) suivants :
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Transport Messagerie
International
Organisation
Forwarding
Exécution
Retour de
National
Périodes
Express
Express
Freight
fonds
Nombre des PSLs
7 6 6 1 1 1
Avant 2010
Nombre des PSLs
29 21 19 4 3 4
En 2016
Evolution en effectifs 22 15 13 3 2 3
60
Tableau 5 : Evolution des PSLs en entreposage
Préparatio
Stockage non Stockage Services à
Périodes n des
frigorifique frigorifique VA
commandes
Nombre des PSLs
6 0 6 7
Avant 2010
Nombre des PSLs
18 2 19 21
En 2016
Evolution en effectifs 12 2 13 14
62
Chemins de Fer) situé dans la zone port sec Mita à Ain Sebâa
(Casablanca). Il a collaboré avec de grandes entreprises marocaines
telles que la SONASID, la SAMIR, Autoroutes du Maroc, l’OCP ou
encore l’ONDA. Le tableau 4 présente une liste des principaux PSL
étrangers qui opèrent au Maroc.
63
64
Nous pouvons remarquer qu’un certain nombre de PSL étrangers
sont présents depuis plusieurs années au Maroc. Ils n’ont cessé
d’élargir leur offre de services logistiques afin de satisfaire les besoins
de leurs clients. A titre d’exemple, malgré la dernière crise financière
internationale, DHL a investi entre 2008 et 2009 plus de 40 millions
de Dh pour la construction d’un espace multimodal de 7 000 m² à
l’aéroport Mohammed V de Casablanca. Par ailleurs, si la majorité de
la clientèle de ces prestataires est étrangère, de nombreuses grandes
entreprises marocaines n’hésitent pas à confier la gestion de certains
maillons de leur chaîne logistiques à ces prestataires. Ceci peut être
expliqué par la renommée mondiale de ses acteurs et leur expertise
dans la gestion des activités logistiques.
La dynamique en marche du secteur de la logistique au Maroc a
permis également le développement de services de prestations
logistiques par des opérateurs marocains.
3.2. Les opérateurs nationaux
L’offre en services logistiques des prestataires marocains est peu
variée en comparaison à l’offre des opérateurs étrangers. Elle est
principalement orientée vers les activités de transport et de stockage.
Contrairement aux PSL étrangers qui bénéficient d’une importante
flotte et d’une large présence à l’international, leur permettant
d’assurer tout type de transport, l’accès des PSL marocains aux
marchés internationaux reste limité. Seules TIMAR et la SNTL
assurent à travers leurs propres flottes ce type de service. Par ailleurs,
grâce à leur longue expérience confortée dans le secteur de la
prestation logistique, les PSL étrangers proposent des services à forte
valeur ajoutée contrairement aux prestataires nationaux qui se limitent
aux prestations logistiques classiques de transport et d’entreposage.
Pour pallier ce manque de savoir-faire logistique, certains PSL
marocains ont initié des rapprochements avec des PSL étrangers. Il
s’agit notamment de la joint-venture entre la SNTL et l’opérateur
privé Damco qui vise à offrir aux acteurs de l’industrie marocaine une
prestation logistique intégrée et des solutions personnalisées de
gestion de la chaîne logistique. Toutefois, le partenariat entre les deux
prestataires a été dissout en 2014, après seulement deux ans d’activité
en raison de difficultés financières. Le tableau 5 retrace les principaux
prestataires logistiques nationaux opérant au Maroc.
65
66
La Voie Express, créé en 1997, dispose d’un large réseau, composé
de 22 agences situées dans les principales villes du Maroc. Le
prestataire opère dans le transport, la distribution de marchandise, la
messagerie et la logistique intégrée. Il dispose de quatre plateformes
logistiques d’une superficie globale de 90 000 m² à Casablanca, Rabat
et Tanger. La Voie Express compte plus de 4 300 clients dont des
multinationales comme Procter& Gamble, Kraft Foods, GSK, etc. En
2012, le prestataire a réalisé 100 millions de dirhams de chiffre
d’affaires.
Marotrans et Logismar sont des filiales du Groupe Mabya Holding
qui gère plusieurs sociétés au Maroc comme Real Food Industries,
Bedel, Maroc Buns Industries, etc. Alors que Marotrans opère dans le
transport de marchandises, Logismar est spécialisée dans le stockage
frigorifique.
High Logistics est un prestataire logistique qui offre à ses clients
des activités d’entreposage, de gestion des stocks et de co-packing.
Crée en 2008, le prestataire dispose d’un espace de stockage dans la
zone industrielle d’Ain Sêbaa de plus de 35 000 m².
L’Office National des Chemins de Fer (ONCF) bénéficie du
monopole dans le transport ferroviaire au Maroc. Il assure le transport
de tous types de marchandises principalement dans les secteurs de
l’agriculture et de l’agroalimentaire, le secteur des minerais, du ciment
et celui de l’énergie. Depuis le lancement de la stratégie logistique en
2008, l’Office s’est engagé à accélérer le développement des plans
logistiques sectoriels, notamment pour les céréales et les
hydrocarbures. Il s’est engagé également dans le projet de
construction et d’exploitation du réseau de terminaux à conteneur
multimodaux (ports secs) qui joue le rôle de hub de traitement des
conteneurs aussi bien à l’import qu’à l’export. Ces terminaux sont
connectés aux principales plateformes logistiques. A cet effet, le
premier terminal est opérationnel depuis 2008. Il s’étale sur une
superficie de 8 hectares et dispose d’une voie ferrée de 600 km reliée
au réseau ferroviaire. D’autres terminaux sont en cours de réalisation
comme le terminal de Jorf Lasfar, celui de Marrakech, Fès ou encore
Nador.
La société Marocaine des Transports Rapides Carre (SMTR) a été
créée en 1947 pour devenir ensuite une filiale du groupe ONCF depuis
1976. Grâce à un large réseau d’agences composé de 45 agences
réparties sur l’ensemble du territoire national, la SMTR compte à son
67
actif plus de 3000 clients et réalise un chiffre d’affaires annuel de plus
de 100 millions de dirhams. Elle exploite plus de 15 000 m² de surface
d’entreposage. En 2009, l’ONCF transfert à la SMTR son service
Porte à Porte ainsi que sa messagerie par train et autocar.
La CTM Messagerie, filiale du groupe Compagnie de Transport
Marocaine (CTM), a été créée en 1999 est un acteur majeur du
transport de voyageurs au Maroc depuis sa naissance en en 1919. En
plus de la messagerie, l’entreprise est spécialisée dans le transport de
marchandises ainsi que la location de camions. Avec TIMAR, la CTM
est le seul prestataire logistique coté en bourse.
C’est grâce à cette diversité de prestataires logistiques nationaux et
internationaux que le Maroc a développé un leadership dans le secteur
logistique. Ce qui a amené certains opérateurs économiques de classes
mondiales dans plusieurs secteurs économiques à développer au
Maroc des bases logistiques reliant l’Afrique aux marchés mondiaux.
On peut citer à titre d’illustration Bombardier (l’aéronautique),
Peugeot-Citroën (l’automobile), Décathlon (la distribution) et Sanofi
(les produits pharmaceutiques).
68
Conclusion
Si le marché de la prestation logistique en Europe et en Amérique
du Nord a atteint sa maturité, d’autres régions comme l’Amérique du
Sud, l’Asie-Pacifique et l’Afrique du Nord connaissent une
progression rapide de ce secteur et affichent un grand potentiel de
développement. En tant que pays émergent de l’Afrique du Nord, le
Maroc s’est engagé fortement, durant la dernière décennie, dans la
mise à niveau du secteur de la logistique. En effet, le développement
de ce secteur représente pour le pays des enjeux majeurs de croissance
économique et de compétitivité tant sur le marché national que celui
international.
Ainsi, les réformes mises en œuvre dans le cadre de la stratégie
nationale pour le développement de la logistique ont favorisé la
création d’une dynamique autour de ce secteur avec l’installation de
nombreux PSL étrangers et la diversification de l’offre des PSL
marocains. Ces acteurs qui accompagnent les stratégies de recentrage
des industriels et des distributeurs sur leur cœur de métier proposent à
leurs clients des services variés allant des activités basiques de
transport et d’entreposage aux activités à valeur ajoutée comme le co-
packing ou encore le co-manufacturing.
Certes la dynamique du secteur de la logistique a été cornée par
plusieurs réalisations positives qu’on peut résumer dans les points
suivants :
- Le secteur de la logistique et du transport au Maroc a contribué,
entre 2009 et 2014, à la création d’environ 11.800 emplois et son
chiffre d’affaires est passé de 17 milliard de DH en 2009 à près de 21
milliards de dirhams en 2014, soit une évolution moyenne annuelle de
5,2%. De même l’investissement dans le secteur a enregistré une
amélioration avec une moyenne annuelle de 5,5 milliards de DH
d’investissements aussi bien public que privé.
- Le secteur est passé d’une dizaine d’hectares de plateforme
logistiques en 2010 à plus de 550 hectares en 2016 avec une offre
variée et de plus en plus intégrée de prestation logistique permettant
au Maroc de bénéficier de la confiance des chargeurs de classe
mondiale et de se positionner sur le marché international notamment
celui de l’Afrique.
- Le marché de la logistique a connu une évolution considérable
marquée non seulement par la multiplication des opérateurs mais aussi
par la diversification de l’offre allant de la simple prestation de
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transport jusqu’à la prise en charge totale de la fonction logistique et
de la supplychain du client.
- Une réduction importante de certains coûts logistiques a été
enregistrée entre 2009 et 2014, notamment en matière d’entreposage.
En effet, la valeur locative des entrepôts par m2 est passée de 62 DH à
40 DH et le coût d’entreposage est passé de 3 DH par jour par palette
à 1,9 DH.
- Le secteur a connu aussi le renforcement qualitatif et quantitatif
de ces ressources humaines à travers une offre de formation concertée
et de plus en plus adaptée au besoin des opérateurs du secteur.
- C’est aussi grâce à la bonne gouvernance suite à la création de
l’AMDL, l’OMCL, le BNCFL et la CNNL et à la dynamique des
acteurs publics, privés nationaux et étrangers que le secteur de la
logistique marocain est passé au 4ème rang en matière de création
d’emplois dans le pays.
En dépit de toutes ces réalisation, le secteur demeure entaché de
certaines limites qui nécessitent des efforts d’amélioration, il s’agit
principalement de la faible intégration de technologies d’information
dans le secteur, de l’importance du secteur informel dans les services
de la messagerie et de la faible prise en compte des spécificités des
PME marocaines en termes de l’offre de prestations logistiques,
d’autant plus que la PME représente une population très importante
dans le tissu économique nationale et elle-même nécessite une réelle
mise à niveau de ses activités logistiques.
Au terme de ce travail, il est à souligner que l’ensemble de ce
dispositif autour de la logistique vise le développement d’une réelle
compétitivité logistique de l’économie marocaine qui se veut une
économie compétitive et attractive pour les investisseurs nationaux et
étrangers.
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Références :
• Banque Mondiale (2014), Connecting to Compete 2014 : Trande
Logistics in the Global Economy, 60 pages.
• Banque Mondiale (2006), La logistique du commerce et la compétitivité
du Maroc, 141 pages.
• Charte marocaine en faveur de la logistique verte ; Novembre 2016
• La stratégie logistique au Maroc : Bilan et perspectives de
développement, Agence Nationale de développement de la logistique ;
Juin 2016.
• La stratégie logistique au Maroc : Bilan et perspectives de
développement, Agence Nationale de développement de la logistique ;
Juin 2014.
• Site web de l’Agence Marocaine de Développement de la Logistique
(AMDL), http://www.amdl.gov.ma
• Site web du Ministère de l’Equipement du Transport et de la Logistique,
http://www.equipement.gov.ma
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