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Pilotage de la transformation 

:
Cet article a pour objectif de clarifier les conditions de la réflexivité dans des environnements
de collaboration ou de coopération inter-organisationnelle. Les terrains de recherche sont, d’une
part un consortium de coopératives agricoles, d’autre part une plate-forme collaborative de
traitement numérique de l’information touristique. Dans les deux cas, la conduite d’un changement
implique la mise en œuvre d’un travail de réflexivité, visant la fusion des coopératives dans le
premier cas, la refonte de la gouvernance de la plateforme numérique dans le second cas. Cela
implique de réaliser des transformations d’espace dans le champ des structures mentale.
La recherche montre que la structuration d’un espace efficient se construit si le dispositif
permet de projeter le travail de réflexivité dans cet espace. Le travail de réflexivité est une activité de
pensée permettant de prendre conscience une disposition du sujet visant à prendre conscience de
l’influence de soi dans la transformation de ses savoirs, de ses représentations et de ses pratiques.
La recherche montre le lien entre les opérations de la transformation et l’espace de leur
efficience. La recherche repart du concept de l’espace hodologique qui est un espace subjectif et non
objectif. Les recherches ont montré à cet égard que le comportement dans l’espace caractérise une
mobilité et une agilité des structures mentales. Le concept de l’espace hodologique permet de
considérer dans une même unité l’espace interne et externe et de procéder à des transformations
d’espaces dans le champ de la transformation des structures mentales au sein d’une organisation et
c’est à cet effet que ces transformations permettent d’obtenir un changement.
L’hypothèse de recherche de cet article est la suivante : Le dispositif clinique de la
transformation réunit les conditions de la réflexivité de la pensée si ce dernier potentialise et active
le processus de la transformation des perceptions dans un espace d’efficience, consécutivement des
représentations et des interprétations. Cette perspective implique de mettre en œuvre un dispositif
de travail en intersubjectivité contradictoire. C’est la condition d’efficacité du concept de réflexivité
dans son espace d’efficience. En effet l’acteur peut entrer dans un travail de réflexivité dès lors que le
dispositif permet d’opérer en intersubjectivité contradictoire. L’acteur devient sujet de son espace
d’efficience, dénommé espace hodologique. Il se met en mouvement et entreprend un processus de
transformation de ses structures mentales. On entend par intersubjectivité « le partage d’expérience

entre plusieurs personnes sur le plan affectif, cognitif ou physique ». L’intersubjectivité est un
élément clé des relations entre les acteurs concernés par le projet de l’entreprise ou de
l’organisation. Plusieurs auteurs en soulignent l’importance pour la réussite des changements en
entreprise. Tout d’abord en management de projet, il s’agit de forger pour le chef de projet le
partage de vision stratégique des acteurs. Une mise en commun du sens, des représentations, une
vision commune des objectifs, des moyens à mettre en œuvre et du périmètre du projet constituent
« une condition de la coopération des acteurs au projet ».
Le travail en intersubjectivité contradictoire vise l’élaboration d’une connaissance formelle
partagée par les acteurs, leur permettant de se faire une représentation du domaine des possibles.
C’est une condition de la réflexivité. En arrière-plan, elle permet une transformation des processus
opératoires de la création de la connaissance. Elle accompagne aussi la mise en œuvre d’un
processus d’apprentissage de la transformation.

Dans son traitement à la problématisation des conditions spatiales du travail réflexif, Daniel
Bonnet a mobilisé le concept de « la chréode ». Ce concept spécifie le fait que la structure nodale est
indissociable de la structure invariante de l’espace.

Des idées deviennent


lourdes et des fortunes aussi. Une
image me semblant plus parlante je
vous invite à interpréter celle-ci.
La nappe est la société. La
grosse boule est une idée ou un
objet. La petite bille c'est vous-
mêmes.

Selon cette image ci-dessus vous allez invariablement dévaler la pente pour rejoindre la
grosse boule. Il y a la gravité qui vous attire. Mais il y a aussi des forces qui s'y opposent et font de
vous un satellite qui, selon votre densité propre, votre vitesse de rotation et l'emplacement où vous
êtes aggloméré. Il reste une autre force difficile à mesurer car elle participe de votre conscience c'est
votre volonté. Elle va se manifester de manière positive ou négative. Cette volonté ou son absence
constitue en fait l'essentiel mais c'est une énergie sombre car il est difficile d'estimer à quel moment
elle va vous pousser les uns vers les autres pour donner du poids à un objet quelconque ou une
idée...
Dans les deux cas de recherche-intervention de cet article, les acteurs rencontrent des
difficultés à se projeter au-delà des limites de leur espace d’action puisqu’ils ne connaissent pas de
manière intelligible l’espace idéel. Pour chacun, sortir de la caverne implique de réaliser un travail
réflexif. Ce dernier impose le développement d’une méthode de modélisation de processus de
transformations mentales.

Pour bien comprendre le mécanisme on va prendre l’exemple d’un groupe en débat sur une
controverse. On peut à tout moment introduire une perturbation dans le débat qui va contribuer à
modifier le chemin. Il va de soi qu’il doit assumer le fait d’intervenir et d’agir, ce qui influence le
fonctionnement du système de transformations.

Le développement du travail réflexif nécessite un apprentissage visant le développement de


capacités d’abstraction réfléchissante. Il faut entrer dans un processus d’apprentissage de la
transformation. D’une part, les acteurs sont généralement centrés sur les états et les
configurations. D’autre part, il leur faut réaliser un travail de construction de processus opératoires
permettant d’extraire de la connaissance opérative. C’est cette extraction de connaissance qui
permet d’objectiver la connaissance figurative afin de franchir les différents paliers d’abstraction –
par exemple ne pas rejeter une proposition et envisager de travailler dessus, c’est-à-dire que la
proposition devient un objet de réflexion effective.

Au cours du travail de l’énantiose (Bonnet D., 2016), les schèmes opératoires ne sont pas
fixés. C’est le travail réflexif qui va permettre de les fixer. Chacun accède au travail réflexif par paliers.
Mais comme le montre la recherche, c’est l’intervention opportune d’un membre du groupe qui a
contribué à fixer une conscience groupale des productions du travail réflexif. Pour notre recherche,
c’est une idée-force. C’était inattendu.

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