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Attaches orthodontiques et modifications


de l’émail et de l’organe pulpodentinaire
J.-J. Aknin, A. Molle

Le collage des attaches en orthodontie a deux objectifs : premièrement, coller les brackets et les bagues
pour deux ans en moyenne, sans qu’ils ne se détachent ou qu’ils ne causent de dommages pour l’émail ou
l’organe pulpodentinaire pendant cette période ; et deuxièmement, pouvoir les déposer sans préjudice
pour l’émail, la dentine et la pulpe. Certaines études réalisées in vitro sur l’organe dentinopulpaire
suggèrent que les systèmes adhésifs pourraient fournir une biocompatibilité acceptable, et
n’entraîneraient pas de dommages pulpaires. Cependant, la restitutio ad integrum des tissus dentaires à
la fin d’un traitement n’est pas possible actuellement avec les résines composites classiques. En effet, en
ce qui concerne l’émail, de nombreuses études ont montré des pertes amélaires à chaque étape du
collage, c’est-à-dire au moment du nettoyage initial de la surface de l’émail, du mordançage, de la
dépose des attaches et de l’adhésif résiduel, et du polissage final. On remarque néanmoins des variations
importantes en fonction des méthodes utilisées. Face à ces difficultés, d’autres techniques de collage sont
apparues. D’une part, on remarque l’utilisation des adhésifs automordançants, qui engendrent moins de
pertes amélaires, mais pour lesquels nous ne disposons pas actuellement d’un recul clinique suffisant.
D’autre part, les ciments verres ionomères modifiés par adjonction de résine pourraient représenter une
solution d’avenir. Ils ne nécessitent en effet pas de mordançage à l’acide fort, et leur dépose est beaucoup
moins traumatisante pour l’émail. Enfin, les techniques de prophylaxie avant et pendant le traitement
seraient également intéressantes à développer puisqu’elles pourraient réduire l’apparition de
déminéralisation dont l’incidence peut aller jusqu’à 50% des patients.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Collage ; Émail ; Dentine ; Pulpe ; Mordançage ; CVIMAR ; Brackets

Plan ¶ Émail et dépose des attaches orthodontiques 7


Dépose mécanique conventionnelle, à la pince 7
¶ Introduction 1 Dépose électrothermique 8
Atteintes amélaires au moment de l’éviction de l’adhésif
¶ Émail 2 et du polissage 8
Propriétés physiques 2
¶ Devenir de l’émail 9
Structure histologique 2
Émail de surface 2 ¶ Devenir de la colle : colorations dentaires 9
¶ Dentine 2 ¶ Atteintes de l’organe pulpodentinaire 9
Composition chimique 2 Conséquences du collage sur la dentine 9
Propriétés physiques 2 ¶ Conséquences de la dépose des attaches sur l’organe pulpaire 11
Structure histologique 2 ¶ Conclusion 11
¶ Pulpe 2
Généralités - définition 2
Cellules
Matrice extracellulaire
3
3
■ Introduction
Vascularisation 3 Le collage en orthodontie a apporté de multiples avantages.
Innervation 3 Il y a exactement 40 ans, Newman en 1965 décrivait la pre-
Particularités de la dent temporaire 3 mière technique de collage et a apporté un progrès considérable
¶ Attaches orthodontiques et modifications de l’émail 3
au traitement orthodontique en terme de douleur d’insertion
quand on utilisait des bagues, en terme de tolérance et de
Atteinte de l’émail aux différentes étapes du collage 3
respect des tissus dentaire ou gingivaux et en terme d’esthétique
Utilisation des CVIMAR 4
et de confort (Aknin,1996). [1]
¶ Traitements visant à diminuer le risque carieux 5 Cependant, le collage présente des difficultés de mise en œuvre
Application topique des fluorures 5 liées à la multiplicité des produits et à leurs variantes proposées par
Élimination des excès de colle 6 les fabricants qui rendent difficile pour le praticien le choix de la
Conseils d’hygiène 6 technique de collage la mieux adaptée. Ces mêmes fabricants

Odontologie/Orthopédie dentofaciale 1
23-490-A-05 ¶ Attaches orthodontiques et modifications de l’émail et de l’organe pulpodentinaire

changent de produits fréquemment, les modes d’emplois sont peu La phase minérale est surtout composée de cristaux
explicites alors que selon les situations cliniques les techniques de d’hydroxyapatite qui sont plus petits que ceux présents dans
préparation doivent être individualisées. l’émail. L’eau est essentiellement présente dans les prolonge-
L’utilisation des résines pour le collage est encore répandue, ments odontoblastiques ou dans les tubules. Le reste se trouve
mais l’apparition des Ciments Verre Ionomères (CVI) et de leurs dans la coque hydratée des cristaux.
évolutions basées sur une adjonction de résine (CVIMAR) crée La phase organique est constituée en grande partie de
de nouvelles situations avec des échanges ioniques différents au collagène de type I qui représente la fraction protéique, mais
niveau des interfaces selon les matériaux utilisés. aussi de chondroïtine sulfate 4 et 6 en ce qui concerne la
Il nous semble très important d’avoir une bonne connais- fraction hydrocarbonée, ainsi que de cholestérol, de phospholi-
sance des mécanismes d’adhésion et de leurs effets sur l’émail pides et de mono-, di- ou tri-glycérides pour la fraction
et des modifications recherchées ou iatrogènes que le collage lipidique.
peut entraîner sur l’émail, et l’organe pulpodentinaire.
Propriétés physiques
■ Émail La dentine est de couleur jaunâtre : on la voit par transpa-
rence sous l’émail ; la dentine coronaire est plus dure que la
C’est le tissu qui recouvre la couronne de la dent. C’est le dentine radiculaire, et dans la couronne, la dentine est plus
tissu le plus dur et le plus minéralisé de l’organisme. Il repré- dure à la périphérie de la pulpe que sous l’émail ; la perméabi-
sente 97 à 98 % de la totalité de l’émail et est essentiellement lité de la dentine est de 66 soit 16 fois plus importante que celle
constitué de cristaux d’hydroxyapatite. Ceux-ci forment des de l’émail ; elle est relativement dense (2,14) ; elle est également
rubans longs et minces : les crystallites. L’émail contient relativement élastique ce qui confère à l’émail qui la recouvre
également d’autres ions : principalement des ions bicarbonates, une certaine résistance à la fracture, mais celle-ci diminue avec
mais aussi des ions fluor qui peuvent s’incorporer aux cristaux, la teneur en eau lorsque la dent est dévitalisée.
et d’autres en quantité minime (Na, mg, K, Cl, S, Zn, etc.)
La matrice organique de l’émail ne représente que 2 à 3 % du Structure histologique
poids total de l’émail. La majeure partie de cette matrice
organique est dégradée et réabsorbée par les améloblastes lors de La dentine n’est pas un tissu homogène : elle est formée de
la phase de maturation. La faible quantité restante est composée plusieurs couches distinctes.
de protéines et de lipides.
Manteau dentinaire
Propriétés physiques Il se trouve à la périphérie, c’est une couche de faible
épaisseur (de 5 à 30 µm mais qui peut aller jusqu’à 150 µ). Elle
Elles résultent de la très forte teneur en éléments minéraux de est moins minéralisée que la dentine sous-jacente. Les fibres de
l’émail. L’émail est : collagène sont également moins denses et elles sont disposées
• translucide, lorsqu’il est sain et parfaitement minéralisé ; perpendiculairement à la jonction amélodentinaire. Le manteau
• très dur (7 dans l’échelle de Moss) ; dentinaire est atubulaire. Au niveau de la racine, il prend le
• dense, en moyenne 2,9 ; nom de couche hyaline de Hopewell-Smith.
• très cassant ;
• radio-opaque et très vulnérable à l’attaque acide. Dentine circumpulpaire
Elle est sous-jacente au manteau dentinaire et est elle-même
Structure histologique constituée de trois éléments : les tubules, la dentine péritubu-
L’émail est constitué par des éléments minéraux appelés prismes laire et la dentine intertubulaire. Elle est formée de la dentine
d’émail, qui sont des regroupements de certains cristaux, séparés par primaire, qui est élaborée jusqu’à la formation de l’apex, et
la substance interprismatique qui est minérale et organique. Les limite la chambre pulpaire de la dent mature, et de la dentine
prismes ont une forme à peu près cylindrique. Les cristaux situés en secondaire qui se forme tout au long de la vie. L’apposition
leur centre ont une orientation parallèle au grand axe du prisme. Plus constante mais irrégulière de cette dentine secondaire, surtout
on s’éloigne du centre du prisme en se rapprochant de la substance au niveau du plafond et du plancher pulpaire, entraîne une
interprismatique et plus leur orientation est oblique. Les prismes ont réduction du volume de la chambre pulpaire. Lorsqu’il se
une épaisseur qui va de 3 µm au niveau de la jonction émail- produit une agression pathologique (carie, abrasion) ou théra-
dentine, jusqu’à 6 µm près de la surface externe. Au contraire, peutique (fraisage iatrogène), une dentine tertiaire va être
l’épaisseur de la substance interprismatique diminue lorsqu’on se produite par le tissu pulpaire, uniquement par les odontoblastes
rapproche de la surface externe. La substance interprismatique est affectés par l’agression. Elle comprend la dentine réactionnelle
constituée de glycoprotéines et de cristaux d’apatite légèrement et la dentine réparatrice.
angulés et beaucoup moins nombreux qu’à l’intérieur du prisme.
Prédentine
Émail de surface Elle tapisse la partie la plus interne de la dentine : c’est une
matrice non minéralisée. Si elle venait à se minéraliser, elle
En plus des périkématies, l’émail de surface est surtout deviendrait très vulnérable à la résorption par les odontoclastes :
marqué par les lamelles d’émail. Ce sont des fissures qui partent cette couche est donc très importante pour le maintien de
de la surface et se dirigent vers la jonction amélodentinaire. l’intégrité dentinaire.
Elles sont peu minéralisées. À la surface des dents qui viennent
juste de faire leur éruption ou des dents incluses, on remarque
de petites dépressions qui sont les empreintes des améloblasto- ■ Pulpe
mes. Elles disparaissent rapidement avec l’usure masticatoire.
Généralités - définition
■ Dentine La pulpe est un tissu conjonctif lâche spécialisé, situé au
centre de la dent. Elle assure les fonctions dentinogénétiques,
nutritives, neurosensorielles et défensives de la dent.
Composition chimique Sur une coupe histologique, on note quatre zones qui vont de
Elle contient environ 70 % d’éléments minéraux, 13 % d’eau l’extérieur vers l’intérieur : la zone odontoblastique ; la couche
et 17 % de matrice organique. La composition varie en fonction acellulaire de Weil ; la zone de Höhl riche en cellules ; la masse
de l’âge de la dent, puisque la dentine se minéralise tout au pulpaire centrale où se trouvent les principaux vaisseaux et les
long de la vie. nerfs.

2 Odontologie/Orthopédie dentofaciale
Attaches orthodontiques et modifications de l’émail et de l’organe pulpodentinaire ¶ 23-490-A-05

Comme tous les tissus conjonctifs, la pulpe est constituée de système sympathique. Les fibres nerveuses pénètrent par le
cellules et d’une matrice extracellulaire hydratée de faible foramen apical et cheminent dans le ou les canaux radiculaires.
intensité. Les ramifications terminales se situent au niveau de la couche
acellulaire sous les corps cellulaires des odontoblastes.
Cellules
Particularités de la dent temporaire
Odontoblastes
La dent temporaire présente des caractéristiques morphologi-
On décrit 4 stades de différenciation de l’odontoblaste : ques et physiologiques différentes des dents permanentes : [2]
• le préodontoblaste (ou odontoblaste présécréteur) ; • les couches d’émail et de dentine sont plus fines. L’émail,
• l’odontoblaste sécréteur qui produit la dentine. Ils sont plus mince, présente un degré de déminéralisation moins
organisés en une couche unique de cellules colonnaires important, c’est pourquoi la déminéralisation sera plus
allongées d’environ 50 µm de haut. Ils contiennent des rapide. De même, l’épaisseur de dentine est plus fine (notam-
organites en quantité importante ; ment entre la jonction amélodentinaire et l’extrémité des
• l’odontoblaste de transition. Cette phase de transition est cornes pulpaires), et elle présente davantage de défauts de
marquée par la diminution de l’activité sécrétrice des cellules. déminéralisation que celle des dents permanentes ;
La quantité d’organites a largement diminué par rapport au • la chambre pulpaire est beaucoup plus volumineuse ce qui
stade précédent, par l’intermédiaire de vacuoles autophagi- explique la rapidité de l’atteinte pulpaire au cours des
ques présentes dans le cytoplasme à proximité des mitochon- pathologies (cf. infra) ;
dries ; • le complexe dentinopulpaire est caractérisé par une plus
• les odontoblastes âgés sont légèrement plus courts et plus grande largeur des tubuli dentinaires, une vascularisation plus
serrés les uns contre les autres que les odontoblastes sécré- importante de la pulpe (plus grande résistance à la nécrose),
teurs. Au fur et à mesure que la dent vieillit, le volume de la et une physiologie pulpaire variable selon les stades physio-
pulpe diminue. Le nombre des odontoblastes diminue égale- logiques de la dent temporaire. La réponse inflammatoire
ment par apoptose dès que la synthèse de la dentine secon- pulpaire est en général plus importante qu’en denture
daire commence. permanente, et peut aboutir à des résorptions internes ;
Cellules de la couche sous-odontoblastique • au niveau des molaires temporaires, il existe des canaux
pulpoparodontaux qui mettent en communication le plan-
de Höhl
cher pulpaire, mince, et la zone interradiculaire ;
Cette couche est composée principalement de cellules fibro-
blastiques de morphologie arrondie ou ovoïde. Elle contient des
cellules filles non-odontoblastiques produites au cours de la ■ Attaches orthodontiques
dernière mitose des préodontoblastes. Ces cellules ne donnent
pas naissance à des odontoblastes, ce pourrait être des cellules et modifications de l’émail
de remplacement lorsque les odontoblastes primaires sont
détruits par une agression. Ceux-ci seraient responsables de la L’un des principaux soucis de l’orthodontiste est de retrouver
formation de dentine réparatrice. Cette couche de cellules une surface amélaire ad-integratum après la dépose des attaches,
contient également des cellules immunitaires dendritiques. ce qui ne semble pas possible actuellement avec les résines
composites classiques. Les ciments verres ionomères modifiés
Cellules de la pulpe centrale par adjonction de résine (CVIMAR), semblent, par leurs proprié-
Elles comprennent : les fibroblastes, dont la principale tés, répondre de façon satisfaisante au cahier des charges des
fonction est l’élaboration et le remaniement de la matrice colles, notamment en termes d’innocuité à l’égard de l’émail.
extracellulaire. Les cellules mésenchymateuses indifférenciées,
qui sont les précurseurs des cellules différenciées (surtout les Atteinte de l’émail aux différentes étapes
fibroblastes) du tissu conjonctif pulpaire. Les cellules immuno- du collage
compétentes. Trois types principaux ont été identifiés dans la
pulpe saine : Le mécanisme d’adhésion à l’émail repose sur un ancrage
• les macrophages ; micromécanique de l’adhésif qui pénètre dans les rugosités
• les cellules dendritiques ; créées par un mordançage à l’acide. Cette adhésion s’est avérée
• et les lymphocytes T (présents en moins grande quantité). efficace in vitro (Gwinett et Matsui, 1967 [3]) et durable (Retief,
1978 [3]).
Matrice extracellulaire
Nettoyage initial de la surface amélaire
Elle contient essentiellement des fibres de collagène, des et modification de la surface amélaire
glycoprotéines et des glycosaminoglycanes. On trouve égale-
ment des fibres élastiques mais en moins grande quantité, ainsi L’étalement de la colle au substrat dentaire est une condition
que des métalloprotéinases matricielles et des lipides. indispensable à une bonne adhésion. Pour que cet étalement
soit optimal, il faut augmenter la réactivité des surfaces dentai-
Vascularisation res, ce qui permet d’augmenter la mouillabilité. Hitmi et al.
(2002) [4] ont montré que la valeur de l’angle de contact (qui est
Le réseau vasculaire de la pulpe est extrêmement important. l’angle formé par la tangente de la goutte au pied la goutte, et
Les vaisseaux sanguins pénètrent dans la pulpe au niveau du l’horizontale) diminuait de moitié après un nettoyage initial des
foramen apical, sous la forme d’une ou deux artérioles. Le surfaces dentaires réalisé simplement avec une brossette enduite
retour veineux se fait également par le foramen. Il existe dans de ponce. Ce nettoyage initial a pour but de supprimer, avant
la pulpe des anastomoses artérioveineuses qui contribuent à la le mordançage à l’acide la pellicule d’émail organique et la
régularisation de la pression intrapulpaire. Des petits vaisseaux plaque bactérienne qui empêcherait tout contact intime du
lymphatiques naissent à la périphérie pulpaire dans la couche matériau à la surface dentaire. (Hitmi, 2004). [5]
sous-odontoblastique, et sortent par le foramen apical. Le
drainage s’effectue vers les ganglions sous-mentonniers et sous- Atteintes de l’émail
mandibulaires, puis vers les ganglions cervicaux.
Ce geste dont l’objectif ne semble donc plus contestable,
n’est néanmoins pas anodin pour la surface de l’émail. Les
Innervation travaux de Hosein et al. en 2004 [6] ont en effet montré que la
L’innervation des dents est assurée d’une part par des fibres perte amélaire lorsque ce nettoyage est réalisé à l’aide d’une
issues du nerf maxillaire supérieur et du nerf maxillaire infé- brossette enduite de ponce est en moyenne de 10,7 µm, mais
rieur, et d’autre part par des fibres vasomotrices issues du qu’elle semble réduite à 5 µm lorsqu’on utilise une meulette

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pénétrer beaucoup plus profondément, notamment lors des


attaques intraprismatiques (la perte pouvant alors aller jusqu’à
170 µm) (Hosein et al., 2004). [6]
Acide polyacrylique
Il est utilisé pour le conditionnement de la surface amélaire
avant le collage par des CVI ; modifié par adjonction de résine
(CVIMAR). On utilise de l’acide polyacrylique à 10 % pendant
environ 20 secondes (Hitmi et al. 2001). [10]
Silverman et al. (1998) [11] ne préconisent pas son utilisation,
cependant un étude in vivo réalisée par Gaworski et al. en
1999 [12] a montré que le taux de décollement des brackets
collés au Fuji Ortho LC (CVIMAR utilisé en orthodontie) sans
prétraitement à l’acide polyacrylique pouvait atteindre 24,8 %.
Selon Hitmi et al. (2001), [10] l’utilisation de l’acide polyacryli-
que comme traitement préalable permet d’obtenir une adhé-
Figure 1. Micrographie (x 700) d’une surface amélaire traitée par rence de l’ordre de 20 MPa, alors que sans prétraitement les
l’acide phosphorique à 37% pendant 30 s. On distingue les 3 types valeurs chutent de 50 %.
d’attaque. Type 1 : attaque intraprismatique ; Type 2 : attaque interpris- Modifications de l’émail. Sur le plan morphologique, aucune
matique ; Type 3 : attaque indifférenciée ; (Hitmi, 2004). modification de la surface amélaire ne semble être apportée par
le traitement à l’acide polyacrylique : aucune différence n’est
caoutchouc, ce qui confirme l’étude réalisée préalablement par notée entre la surface amélaire poncée et la surface amélaire
Thompson et al. (1981) [7] qui trouvaient des valeurs de pertes poncée et traitée par l’acide (Hitmi et al., 2000). [13] L’acide
amélaires respectivement de 14,38 µm et 6,90 µm pour la polyacrylique ne réalise pas un mordançage, il ne crée pas de
brossette enduite de ponce et la cupule en caoutchouc. À cette rugosités à la surface de l’émail. Hitmi et al. émettent l’hypo-
perte amélaire, il faut signaler aussi la présence de stries de thèse que l’acide pourrait modifier la chimie de la surface
l’émail générées par le brossage à la ponce (observations amélaire et ainsi favoriser l’adhésion des CVIMAR.
réalisées au microscope électronique à balayage JEOL). Le traitement de l’émail à l’acide polyacrylique aurait une
action plus écologique que le traitement à l’acide
Mordançage de l’émail orthophosphorique.
L’émail non traité est lisse, donc non rétentif. Il est donc Utilisation d’un adhésif automordançant et atteinte
préalablement traité à l’aide d’une solution acide, ce qui permet de l’émail
la création d’un relief favorable à l’ancrage de la colle sous
Leur principe d’action repose sur une déminéralisation et une
forme de brides résineuses (ancrage micromécanique), en
infiltration simultanée de la résine (Hitmi et al. 2002). [4] Leur
obtenant une surface rugueuse après dissociation des prismes
utilisation a été proposée par Degrange [14] en mai 1999 dans le
d’émail. Ceci optimise l’adhérence à l’émail en augmentant
cadre du collage en orthodontie.
l’énergie de surface et donc la mouillabilité de l’adhésif.
Les avantages de ces adhésifs automordançants sont indénia-
Atteintes de l’émail bles, Ils ont une efficacité comparable aux colles nécessitant un
mordançage préalable à l’acide orthophosphorique, mais surtout
Les cristaux formant les prismes sont dissous sélectivement
l’attaque est beaucoup moins agressive qu’avec un mordançage
par l’acide selon leur position dans le prisme. L’étude de la
à l’acide orthophosphorique. On note en effet des variations
morphologie de ces prismes montre différentes orientations des
significatives entre les pertes d’émail observées à la suite d’un
cristaux qui sont donc attaqués de façon différente, créant ainsi
mordançage à l’acide orthophosphorique à 37 % et celles
une surface cratériforme, la périphérie ou le cœur des prismes
obtenues après utilisation d’un adhésif automordançant. Après
ayant disparu (Hitmi et al. 2002). [4] Ces destructions préféren-
nettoyage et etching conventionnel, les pertes cumulatives
tielles créent selon Silverstone (1975) [8] trois types de
étaient en moyenne de 30 µm à 170 µm en cas d’attaque
reliefs (Fig. 1) :
sélective en profondeur interprismatique, alors qu’avec un
type I : il correspond à une attaque intraprismatique, le cœur
adhésif automordançant, elles ne sont que de 0,03 à 0,74 µm
des prismes est dissous, la substance interprismatique est
(Hosein et al., 2004). [6]
indemne. On voit alors apparaître une structure en nid
Atteinte de l’émail.
d’abeilles ;
• La déminéralisation procurée par les adhésifs automordan-
type II : dissolution de l’émail interprismatique. On voit alors
çants est moins agressive sur l’émail que celle de l’acide
se former une structure en doigt de gant ;
orthophosphorique et respecte mieux l’intégrité amélaire.
type III : l’attaque est indifférenciée (type I et type II) l’émail
• Le risque de rupture cohésive dans l’émail lors de la dépose
traité présente une irrégularité de surface, l’émail paraît coagulé ;
des attaches est moindre qu’avec une résine nécessitant un
La perte amélaire pendant le mordançage dépend de l’acide
traitement acide. Le décollement se fait plus fréquemment au
utilisé, de sa constante de dissociation, de sa concentration, du
niveau de l’interface émail-adhésif.
temps d’application à la surface de l’émail, et enfin de l’orien-
• De ce fait, en fin de traitement, la dépose est facile et le
tation des prismes amélaires.
nettoyage de la colle est plus aisé. Larmour et Strippus
Acide orthophosphorique (2003) [15] ont montré que lors de la dépose des attaches
orthodontiques collées à l’aide d’un SAM (Système Automor-
C’est l’acide le plus fréquemment utilisé préalablement au
dançant), il y a moins de rétention de colle sur la surface
collage avec des résines composites classiques. Actuellement il
amélaire que lors du collage à l’aide d’un adhésif
est admis de l’utiliser à un titrage à 37 % pendant 15
conventionnel.
à 30 secondes. (Roulet et Degrange, 2000). [9] Il n’est cependant
pas possible en orthodontie d’obtenir un temps d’attaque précis
et identique pour toutes les dents lors d’un multicollage des Utilisation des CVIMAR
brackets. Le mordançage à l’acide orthophosphorique est la Les CVIMAR sont actuellement une alternative très intéres-
technique la plus efficace pour la préparation de la surface de sante aux composites de collage. Ils combinent les propriétés
l’émail, mais c’est une technique agressive, puisque ce mordan- des ciments verres ionomères avec la résistance des composites
çage entraîne une perte de la couche superficielle de l’émail qui due à la polymérisation des composants résineux. Ils procurent
peut atteindre 8 à 15 µm (Hitmi et al., 2002), [4] avec en plus donc une force d’adhésion supérieure aux ciments verres
des variations importantes à la surface de l’émail. Il est en effet ionomères traditionnels, et présentent l’avantage de ne pas
possible, de manière beaucoup plus localisée et sélective, de entraîner de modification des surfaces dentaires après la dépose

4 Odontologie/Orthopédie dentofaciale
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des attaches orthodontiques (Komori et al. 1997). [16] Outre les manque de coopération rencontré plus fréquemment chez les
nombreux avantages qu’ils présentent, ils sont également patients les moins âgés.
capables de relarguer des ions fluorures sans faire diminuer la Boersma et al. [23] ont étudié la prévalence des caries sur les
force d’adhésion du ciment, ou encore de se recharger en ions surfaces dentaires des patients portant des appareils orthodon-
fluorures à partir de sources externes pour en relarguer (Jacquot tiques. Des zones de déminéralisations ont été retrouvées en
et Panighi, 1997). Pascotto et al. [17] ont montré qu’ils pou- moyenne chez 30 % des patients examinés (40 % des hommes
vaient réduire la déminéralisation de l’émail autour des brackets en moyenne contre 22 % des femmes), et plus fréquemment au
orthodontiques, particulièrement au niveau des surfaces dentai- niveau des molaires et des prémolaires que des incisives et des
res présentant un risque important de développer des caries. Ils canines.
encouragent donc leur utilisation comme matériau de collage Les auteurs ont également montré une corrélation entre
lors des traitements orthodontiques. Foley et al. [18] proposent l’apparition de white spots après dépose des attaches, et la
également leur utilisation en tant que ciment de scellement des présence de lactobacilles avant la dépose. Pour ces auteurs
bagues orthodontiques. cependant, la présence de Streptococcus mutans, l’âge, la durée du
Les CVIMAR sont des matériaux biocompatibles qui présen- traitement, la catégorie socioprofessionnelle et les habitudes
tent une adhésion intrinsèque à l’émail sans déminéralisation alimentaires des patients n’auraient montré aucune corrélation
préalable (Cook, 1990) et sans rétention micromécanique. Ils avec la prévalence des caries.
présentent une excellente tolérance à l’humidité et présentent De plus, Matasa (1995) [24] souligne que certaines résines
un potentiel d’interaction ionique (relargage ions F-, Ca2+ , utilisées pour le collage ont une matrice polymérique qui peut
Al3+ ) avec leur environnement. Pour optimiser le collage des abriter et nourrir une grande variété de micro-organismes
aérobies et anaérobies, spécifiques du milieu buccal ou oppor-
attaches orthodontiques, le traitement de surface à l’acide
tunistes, parmi lesquels Streptococcus mutans. Leur accumulation
polyacrylique reste cependant nécessaire. Les CVIMAR associés
peut entraîner une rupture du collage, et éventuellement
à l’adhésif automordançant permettent une facilité de dépose
l’attaque de l’émail dentaire. Ainsi l’utilisation de colles ayant
des attaches et de nettoyage de la colle. Ceci permet un meilleur
des propriétés antibactériennes pourrait réduire ce phénomène.
respect de l’intégrité amélaire et un moindre risque de générer
Willmot (2004) [25] a mesuré l’évolution de ces white spots
une rupture cohésive dans l’émail lors de la dépose des attaches.
après traitement orthodontique. Il a montré que la taille de ces
Les CVIMAR présentent cependant une adhérence statistique-
déminéralisations postorthodontiques diminuait durant les
ment inférieure aux colles résineuses qui restent encore recom- 6 mois suivant la dépose des attaches, approximativement de la
mandées dans les zones de fortes contraintes occlusales. Sachant moitié par rapport à la taille d’origine. L’utilisation de dentifrice
que la pratique orthodontique quotidienne nécessite une à base de fluor ou de rinçage fluoré pendant ce laps de temps
adhérence de 14 MPa, l’adhérence moyenne des CVIMAR est de ne semble pas influencer les résultats.
15,1 MPa, (Hitmi, 2004). [5] Les résines offrent une adhérence La présence de ces lésions après la dépose des attaches
moyenne de 20 MPa (25 MPa avec Transbond XT et acide orthodontiques est assez décourageante pour une spécialité dont
orthophosphorique, Hitmi 2004). [5] Si le bracket est collé près le but est d’augmenter l’esthétique faciale et dentaire.
d’une zone cervicale où l’épaisseur d’émail est réduite ou dans
une zone dysplasique où l’on est proche de la dentine, l’utilisa-
tion de CVIMAR lors des procédures de collage est particulière- ■ Traitements visant à diminuer
ment indiquée alors que des résines classiques peuvent être
retenues pour le collage des molaires inférieures. le risque carieux
Précautions et conséquences du collage Application topique des fluorures
Accumulation de plaque et déminéralisation Bien que les orthodontistes aient depuis longtemps reconnu
ce problème de déminéralisation, cela reste un effet secondaire
Les thérapeutiques orthodontiques utilisant des appareillages
gênant majeur. C’est pourquoi les applications topiques de fluor
fixes rendent l’hygiène buccale plus compliquée pour les
ont été massivement utilisées afin de prévenir l’apparition des
patients. En effet, les attaches orthodontiques augmentent le
white spots (Todd et al., 1999). [26] Geiger et al. (1992) [27]
risque de rétention de plaque bactérienne. Gwinnett et Ceen rapportent une diminution de 25 % du nombre de patients
(1979) [19] ont noté une augmentation significative de la présentant des déminéralisations grâce à l’utilisation d’un bain
quantité de plaque au niveau des faces gingivales des brackets de bouche fluoré. De même, Stratemann et Shannon [28] ont
tout en empêchant son élimination totale en diminuant l’action montré que seulement 2 % des patients ayant un régime fluoré
bénéfique du brossage, de la mastication et du flux salivaire. De développent des lésions contre 58 % pour les patients n’ayant
plus d’après Smales (1981), [20] la plaque s’accumule plus pas d’apport fluoré. Mais même si l’on a démontré que ces
facilement au niveau des résines de collage qu’au niveau de techniques sont efficaces, elles conservent un inconvénient
l’émail. majeur : elles nécessitent la participation active des patients.
Cette difficulté à obtenir une élimination totale de la plaque Ainsi Geiger et al. [27] ont montré que seulement 50 % des
bactérienne peut engendrer un déséquilibre entre les processus patients suivaient correctement le traitement dans le cadre d’un
de déminéralisation et de reminéralisation, qui va conduire à rinçage fluoré, ainsi qu’une nette association entre l’augmenta-
l’apparition de zones de déminéralisation de l’émail ou « white tion des lésions et la diminution des doses de fluor appliquées
spots ». L’incidence des déminéralisations après port d’un d’une part, et de la coopération des patients d’autre part. Il était
appareillage fixe peut aller jusqu’à 50 % des patients. (Hallgren donc nécessaire de développer des thérapeutiques préventives
et al., 1993). [21] ne nécessitant pas la participation des patients (Fig. 2).
Dans une étude portant sur deux groupes d’adolescents et de Selon Todd et al. (1999), [26] les colles relarguant du fluor sont
jeunes adultes, Kukleva et al. (2002) [22] ont étudié l’influence relativement efficaces pour diminuer la déminéralisation autour
de l’âge sur la prévalence de ces déminéralisations. Le premier des attaches orthodontiques. Il y a deux facteurs importants qui
groupe était constitué de 22 personnes âgées de 11 à 15 ans, et confirment l’efficacité de ce type de colles : la force de collage
le deuxième de 20 personnes âgées de 19 à 24 ans. Les obser- doit être adéquate, et elles doivent relarguer du fluor de façon
vations ont duré 18 mois, et après dépose des brackets, 51,61 % soutenue. Selon ces mêmes auteurs, l’action des résines compo-
des surfaces vestibulaires des patients du premier groupe sites relarguant du fluor sur la déminéralisation est incertaine,
présentaient des déminéralisations, contre 6,92 % des surfaces et la force de collage serait moins importante que celle obtenue
vestibulaires du deuxième groupe. Ces résultats montrent donc avec les résines composites conventionnelles. Les CVI hybrides
que les plus jeunes patients présenteraient un risque plus seraient cependant plus efficaces. Ils ont la capacité de capter du
important de développer ces zones de déminéralisation dans les fluor et de le libérer de façon continue par la suite. La force de
régions adjacentes aux brackets, certainement à cause de la collage obtenue avec ces ciments serait comparable à celle des
résistance plus faible des tissus dentaires à la carie, et du résines composites. Cependant, ils ne peuvent protéger qu’une

Odontologie/Orthopédie dentofaciale 5
23-490-A-05 ¶ Attaches orthodontiques et modifications de l’émail et de l’organe pulpodentinaire

60
Pourcentage de patients avec lésions

50

40

30

20 Figure 3.
A, B, C. Suppression des excès de
composite avant polymérisation sur
bracket APC, (3M).
10
0 25 50 75 100 125
Pourcentage pour 10 ml de dose journalière
recommandée
Figure 2. Graphique montrant la diminution de l’incidence des lésions
en fonction du pourcentage de la dose journalière recommandée en
solution de rinçage fluoré (i.e. 10 ml), (Geiger et al., 1992).

Tableau 1.
Concentration en fluor (en nmol/mg) au niveau de la plaque dentaire
collectée autour des brackets orthodontiques collés avec un CVI ou un Ces applications de vernis peuvent avoir lieu :
composite chez 8 enfants (Hallgren et al., 1993). • avant le mordançage (selon Zachrisson en 1976, [30] l’une des
Temps Ciment-verre-ionomère Composite premières étapes d’un traitement orthodontique est d’instau-
3 jours 15,93 0,36
rer un programme de fluoration afin de prévenir les lésions
iatrogènes dues au traitement) ;
8 jours 4,3 0,20
• pendant le mordançage (Meng et al. en 1997 [31] ont montré
1 mois 2,36 0,07 que lorsqu’on incorporait du fluorure de sodium à 1,23 % à
6 mois 1,02 0,09 l’acide orthophosphorique au moment du mordançage on
retrouvait du fluor dans l’émail sans que cela ne modifie la
force de collage ou ne fragilise l’émail) ;
surface limitée de l’émail exposée autour des brackets, et les • ou bien après le mordançage. Cependant Meng et al.
patients avec une hygiène insuffisante peuvent développer des (1998) [32] ont montré que l’application de fluor après le
zones de décalcification entre la base du bracket et la gencive mordançage entraîne une diminution de la force de collage et
marginale (Tableau 1). serait responsable de plus de fractures de l’émail au moment
Brudevold et al. (1967) [29] ont observé que l’efficacité des de la dépose des attaches. Bryant et al. (1985), [33] d’après leur
applications topiques de fluor était directement en relation avec étude in vitro, suggèrent l’application topique des fluorures
le temps d’exposition des surfaces dentaires. Une longue période sept jours avant le collage des attaches : l’émail peut ainsi
d’exposition augmente la quantité de fluor retenue par l’émail, capter le fluor sans que cela ne perturbe l’adhérence.
et permet la formation de cristaux de fluoroapatite qui rendent
l’émail plus résistant aux attaques acides. Élimination des excès de colle (Fig. 3)
Ainsi, Todd et al. (1999) [27]ont testé l’efficacité des applica-
tions professionnelles de vernis fluoré autour des attaches Quel que soit le type de colle utilisé, il est indispensable
orthodontiques. Elles fourniraient en effet une protection contre d’éliminer les débordements avant la prise afin qu’ils ne
la déminéralisation, et autorisent l’utilisation de résines constituent pas un facteur de rétention de plaque bactérienne.
composites pour le collage. Plusieurs études confirment l’hypo- Les résines peu ou pas chargées et photopolymérisables sont
thèse que les vernis fluorés augmentent la quantité de fluor plus faciles à éliminer, car moins visqueuses, et parce qu’elles
déposée dans l’émail. L’étude in vitro de Todd et al. [26] a porté offrent un temps de travail plus long. L’inconvénient majeur est
sur trois groupes de dents extraites indemnes de caries : un le risque de faire glisser l’attache de sa position considérée
groupe de contrôle, non traité, un groupe de dents non fluorées comme optimale. Les CVIMAR sont à ce niveau également très
sur lesquelles a été appliqué un vernis placebo, et un groupe intéressants car il peut être envisagé de les polymériser partiel-
test, avec application de vernis fluoré. Tous les groupes ont été lement pendant 5 secondes puis d’éliminer les excès (Bishara et
placés dans un milieu artificiel cariogène pendant une heure al. 2000). [34]
deux fois par jour et pendant 37 jours, et brossés avec une De plus le joint périphérique ne doit pas prendre la forme
brosse à dent de dureté moyenne. d’un bourrelet qui créerait des zones « aveugles » en contre-
Les résultats ont montré que les dents traitées avec une seule dépouille, qui entraînent l’accumulation de plaque en dépit
application de vernis fluoré ont développé 50 % de moins de d’une hygiène correcte. Idéalement, selon Palot et al., [35] ce
déminéralisation que les dents non traitées. D’autre part, joint doit avoir la forme d’un biseau aigu pour faciliter le
l’utilisation d’un vernis non fluoré afin de fournir un « manteau passage du flux salivaire et le brossage.
protecteur » à l’émail s’est avérée inefficace, voire contre-
indiquée, puisque dans cette étude, les auteurs ont remarqué Conseils d’hygiène
une aggravation de la déminéralisation dans ce groupe de dents.
En conclusion, les vernis contenant du fluor pourraient être La prévention de la déminéralisation au niveau des attaches
utilisés en prévention afin d’inhiber la déminéralisation autour orthodontiques repose avant tout sur l’éducation et la motiva-
des attaches orthodontiques, particulièrement chez les patients tion du patient à une hygiène buccodentaire rigoureuse.
peu coopérants avec une hygiène insuffisante et qui, seuls, ne Kossack et al. (2005) [36] ont testé pendant 6 mois l’efficacité
réaliseraient pas régulièrement les rinçages fluorés prescrits. de différentes méthodes de nettoyage buccal afin d’améliorer

6 Odontologie/Orthopédie dentofaciale
Attaches orthodontiques et modifications de l’émail et de l’organe pulpodentinaire ¶ 23-490-A-05

l’hygiène dentaire des patients portant des appareils multi- rétentions mécaniques, le site de rupture au moment de la
attaches. Chez les patients avec une bonne hygiène, aucune dépose se situe préférentiellement au niveau de l’interface
amélioration ne fut observée avec aucun des compléments au attache/adhésif ou dans l’adhésif. L’utilisation de brackets
brossage. Cependant chez les patients avec une hygiène insuf- biplots permet facilement de faire intervenir ce site de rupture.
fisante, l’utilisation de brossettes interdentaires ou de fil
interdentaire en complément de la brosse à dent s’est avérée Brackets céramiques
efficace pour prévenir l’accumulation de plaque dentaire. Ils diffèrent beaucoup des autres attaches. Ils présentent
l’avantage d’être esthétiques, chimiquement inertes, ne sont pas
altérés à l’air ou aux sécrétions buccales, ils sont biocompatibles,
■ Émail et dépose des attaches n’entraînent pas d’allergie, ne se tachent pas et ne se décolorent
orthodontiques pas. Ils peuvent être constitués d’oxyde d’alumine ou d’oxyde
de zirconium. Les attaches céramiques peuvent adhérer par
La dépose comprend la dépose des attaches elles-mêmes, ce liaison mécanique, dans ce cas la force d’adhésion est normale
qui nécessite la mise en œuvre de forces nécessaires pour les (selon Swartz [38]), ou par liaison chimique (la céramique est
déloger de leur support amélaire, et la dépose de tout adhésif recouverte d’une couche moléculaire de plastique par silanisa-
résiduel, afin de restituer la surface amélaire telle qu’elle était tion), et l’adhésion de ces attaches à l’interface adhésif/attache
avant le collage, en veillant à ne pas entraîner de lésions de devient excessive et lors du décollement (en fin de traitement
l’émail (Kapoor, 1997). ou lors d’un décollement accidentel), le site de rupture se situe
La dépose des attaches comprend trois temps successifs alors à l’interface adhésif/émail entraînant des pertes amélaires.
(Chabre, 1986) : [37] Cette procédure de silanisation des brackets serait maintenant
• la dépose proprement dite ; peu fréquente et les scellements par CVI ou CVIMAR sont ici
• l’élimination de l’adhésif résiduel ; fortement indiqués. Par ailleurs, les attaches céramiques sont
• le polissage de la surface amélaire. beaucoup plus susceptibles de se fracturer que les attaches
métalliques quel que soit le type de dépose. En effet elles sont
Dépose mécanique conventionnelle, caractérisées par une dureté exceptionnelle, bien supérieure à
celle des attaches métalliques, mais en termes de résistance au
à la pince choc et de résistance à la fracture, la dureté et la nature du
C’est la technique la plus souvent recommandée par les matériau le rendent beaucoup plus cassant : elles sont rigides,
fabricants. On utilise une pince à déposer les attaches, droite ou fragiles et non ductiles. Or toute fracture (partielle ou totale) est
angulée. Le principe d’une dépose atraumatique repose sur indésirable car elle implique des difficultés d’élimination des
l’application d’une force douce de pelage au niveau de la base fragments restés collés à l’émail. Il est alors nécessaire de
de l’attache. Par cette compression mésiodistale de la base, la déposer ces fragments à l’aide d’ultrasons ou de fraises diaman-
rupture du joint collé se ferait préférentiellement dans l’adhésif tées avec, surtout en ce qui concerne la fraise diamantée, un
plutôt que dans l’émail. Swartz [38] ne recommande pas d’exer- risque important de léser l’émail et de chauffer les tissus
cer de force de rotation sous peine d’augmenter le risque de dentaires.
lésions amélaires en augmentant les tensions transmises au Pour finir, Swartz [38] déconseille le placement des attaches
niveau du joint adhésif/émail. Il est également conseillé céramiques sur les dents inférieures car elles augmentent de
d’utiliser des mors étroits plutôt que des mors larges, car ainsi façon considérable le risque d’usure des dents antagonistes par
la surface de contact entre les mors et l’interface joint/adhésif les attaches. Pour cet auteur, cela est définitivement contre-
est plus petite, la force de dépose nécessaire est donc moins indiqué en cas de supraclusion.
importante (réduction de 20 %) et la surface amélaire est moins
sollicitée. Au moment de la dépose il est souvent demandé au Brackets plastiques
patient, si la dent est douloureuse, de serrer sur un morceau de Ils sont de plus en plus utilisés ; surtout pour pallier les
coton. Si la dent est très mobile un risque de luxation reste difficultés rencontrées lors de l’utilisation des brackets cérami-
possible. Habituellement, il est conseillé de serrer sur les ailettes ques, car leur utilisation n’entraîne ni fracture, ni abrasion de
du bracket (bracket siamois biplot). Ceci a pour conséquence de l’émail.
diminuer l’espace entre ces ailettes dans le sens mésiodistal, tout
en déformant la base du bracket, ceci entraîne le décollement
sans exercer de traction sur la dent elle-même. L’utilisation de Atteintes amélaires en fonction de la technique
brackets monoplots ou trop rigides rend impossible cette de dépose
technique. Il y a différentes formes cliniques de lésions amélaires
Les pinces à griffes de par leurs appuis dentaires présentent engendrées par la dépose des attaches : cela peut aller des
un risque de rayer l’émail en laissant des sillons profonds à sa simples « cracks » de l’émail (Zachrisson et Arthun, 1979 [39]),
surface. Il convient donc d’éviter au maximum le contact dont l’étiologie peu connue semble être multifactorielle,
amélaire. Les pinces à décoller les attaches avec appui dentaire jusqu’aux fractures amélaires (qui peuvent aller jusqu’à la
sont à rejeter car elles risquent de léser l’émail en divers jonction amélodentinaire, Viazis et al., 1990 [40]), en passant par
endroits : les arrachements de prismes amélaires (Retief, 1974 [41] :
• au niveau du bord libre, fracture par les mors d’appui ;
Winchester, 1992 [42]).
• sous l’attache, risque d’arrachement de prismes d’émail ;
Selon Zachrisson et al. (1980), [43] une dépose d’attaches
• au voisinage de l’attache, risque de rayer la surface amélaire.
douce ne peut être à l’origine d’une augmentation significative
Cependant, bien que cette méthode soit largement recom-
des craquelures amélaires. On retrouve en effet très fréquem-
mandée, il est nécessaire de retenir deux inconvénients
ment des cracks au niveau des dents d’adolescents non traitées,
majeurs : le risque de fracture des attaches, et le risque de
le plus souvent au niveau des canines maxillaires et des incisives
fracture de l’émail dû aux sollicitations importantes que subit la
centrales, et surtout au niveau des deux tiers cervicaux des faces
surface amélaire au moment de la dépose.
vestibulaires (sauf en ce qui concerne les incisives mandibulai-
res, où ils se trouvent plus fréquemment au niveau du tiers
Atteintes amélaires lors de la dépose en fonction
occlusal). En effet les cracks amélaires peuvent également être
du type d’attache utilisé induits pas des chocs thermiques subis par les dents notamment
On distingue plusieurs types de brackets. au moment de l’alimentation. Ils conseillent donc de bien
examiner la surface amélaire avant le traitement afin de
Brackets métalliques s’assurer que les lésions ne sont pas consécutives à la dépose et
Ils peuvent être utilisés dans la majorité des cas, ils sont en de bien faire remarquer aux patients leur existence pour éviter
acier inoxydable ; les attaches métalliques présentant des les problèmes ultérieurs.

Odontologie/Orthopédie dentofaciale 7
23-490-A-05 ¶ Attaches orthodontiques et modifications de l’émail et de l’organe pulpodentinaire

Cependant, d’après Artun (1997) [44] le risque d’induire des Il existe différentes méthodes de dépose de l’adhésif résiduel
craquelures à la surface de l’émail est surtout très important lors et de polissage.
d’une dépose à la pince des attaches céramiques. • Les instruments tels que les pinces à couper les ligatures, les
Le risque de lésions amélaires est présent chaque fois que le ciseaux à composites, les pinces à gratter les résines de collage
site de rupture se situe au niveau du joint adhésif/émail ou sont à proscrire puisqu’elles rayent profondément l’émail, et
directement dans l’émail. selon Gwinnet et Gorelick (1977) [49] ces rayures persistent
même après un polissage soigneux. De plus, ces auteurs
Dépose électrothermique déconseillent l’emploi d’instruments manuels en alliage acier,
La technique consiste à apporter de la chaleur à l’interface car les matériaux dont ils sont constitués sont plus durs que
attache/adhésif au travers des attaches, à l’aide d’un courant l’émail (leur dureté varie de 7 à 9 selon l’échelle de Mohs,
électrique de caractéristiques particulières, afin de modifier les alors que celle de l’émail est de 5), et peuvent donc l’endom-
caractéristiques physiques de l’adhésif. La séparation attache/ mager.
colle se fait donc sans force, l’émail n’est pas sollicité (le site de • Les instruments rotatifs.
rupture se situe au niveau du joint attache/adhésif). C Les fraises diamantées sont trop agressives, même pour des
L’élévation de température obtenue serait insuffisante pour granulométries fines, et il est fortement déconseillé de les
entraîner des lésions pulpaires ou pour déformer l’attache (elle utiliser. En effet elle provoquent d’importantes rayures (la
pourra être réutilisée). En ce qui concerne les brackets en dureté du diamant est de 10 selon l’échelle de Mohs, c’est
céramique, Bishara et al. (1990) [45, 46] ont montré que l’inci- la plus élevée) (Palucha, 2002 [50]). L’élimination complète
dence des fractures de ces brackets était nulle lors de la dépose des rayures obtenues est impossible, même après polissage
à l’aide de cette technique (contre 35 % lors d’une dépose (Zachrison et Artun, 1979 [51]).
conventionnelle à la pince). Toujours selon les mêmes auteurs, C Les fraises en carbure de tungstène : selon Campbell
les temps de dépose nécessaires par les techniques électrother- (1995) [52] et Hosein et al. (2004), [6] la technique la plus
miques ou mécaniques à la pince sont à peu près identiques. appropriée pour déposer l’adhésif résiduel serait l’utilisation
Bishara et Trulove (1990) [45, 46] suggèrent l’utilisation de cette de fraises en carbures de tungstène (8 ou 12 pans) à grande
technique pour déposer les brackets céramiques. Ils ont en effet
vitesse. Il y a apparition de rayures discrètes parallèles dans
remarqué une diminution du nombre de fractures des attaches
la surface de l’émail, qui peuvent être éliminées (dans leur
lors de la dépose, et affirment que le temps nécessaire ne diffère
quasi-totalité) par polissage (Zachrisson et Artun, 1979). [51]
pas de façon significative par rapport à l’utilisation de pinces.
Cependant, ceci n’est valable que pour la série de brackets Campbell et Hosein [52] préconisent donc ensuite l’utilisa-
Starefire ceramic (« A » Compagny / Johnson & Johnson, San tion de pointes et cupules en caoutchouc (Dentsply Inter-
Diego, Calif.), dont la conception autorise l’utilisation de cette national, York, Pa), suivie d’une pâte à polir pour obtenir
technique. une surface douce avant le polissage final, qui sera réalisé
Dans les inconvénients de cette technique on peut cependant à sec à l’aide de cupules vertes et grises, pour obtenir un
noter le risque d’apparition de douleur et de formation de cracks aspect clinique final glacé à l’émail. Selon Hosein et al., la
dans l’émail à la suite du choc thermique. Cette technique est perte minimum d’émail est remarquée lorsque l’on utilise
peu utilisée par les orthodontistes. un adhésif automordançant pour le collage et lorsque au
moment de la dépose, le polissage de l’émail est effectué
Dépose au laser par une fraise en carbure de tungstène tournant à faible
La dépose est réalisée par illumination de l’attache par le vitesse.
laser. Comme pour la dépose électrothermique, les forces C En 1977, Gwinnett et Gorelick [49] reconnaissaient déjà
nécessaires sont moins importantes que lors d’une dépose l’intérêt des fraises en carbure de tungstène pour la dépose
mécanique, et le risque de lésions amélaires est en conséquence de tous les types de résines. Pour eux, leur efficacité est
diminué. Cependant il reste un risque d’élévation de la tempé- augmentée lorsqu’elles travaillent à grande vitesse
rature pulpaire (qui ne dépasserait pas le seuil de tolérance (20 000 tr/min) plutôt qu’à vitesse lente (2 000 tr/min),
thermique), et d’induire des cracks à la suite du choc thermique. mais en contrepartie, les vitesses rapides entraînent plus de
Cette technique est peu utilisée par les orthodontistes. dommages amélaires. Les « scratches » produites par les
Dépose aux ultrasons fraises sont atténués par le polissage, mais les facettes et les
larges fissures persistent.
Avec cette technique la force appliquée est également moins
C Les fraises acier : le retrait de l’adhésif à l’aide de fraises
importante. De plus le site de rupture se situe au niveau de
acier à vitesse lente est difficile (Palucha, 2002). De plus,
l’interface attache/adhésif ce qui laisse penser que cette techni-
que est peu traumatisante pour l’organe dentaire (son innocuité selon Retief et Denys (1979) [53] et Zarrinnia et al.
reste cependant encore à prouver). Selon Bishara et Trulove (1995), [54] l’élimination des rayures qu’elles provoquent à
(1990), [45, 46] il serait possible avec les ultrasons de déposer la la surface de l’émail est compliquée.
totalité de l’adhésif sans léser la surface amélaire. Cependant • Les disques Sof-lex®/3M™ : leur utilisation selon la séquence
cette technique reste coûteuse, le temps de dépose est allongé médium/fine/superfine se montre assez efficace, mais cela
ce qui augmente l’inconfort du patient, et elle peut engendrer seulement pour des faibles quantités d’adhésif (Palucha,
des sensibilités dentaires. Cette technique est peu utilisée par les 2002). [50] En effet selon Retief et Denys (1979) [53] et Zarrin-
orthodontistes. nia et al. (1995), [54] lorsque des quantités plus importantes
de colle sont à déposer, la technique s’avère lente et, de
Atteintes amélaires au moment de l’éviction surcroît, produit des facettes à la surface amélaire.
de l’adhésif et du polissage C Les ultrasons : Krell et al. (1993) [55] suggèrent l’utilisation
d’une « technique combinée ». D’abord les brackets sont
La quantité d’adhésif présent à la surface de l’émail après la
déposés à l’aide d’une pince, puis l’adhésif résiduel est
dépose des attaches est variable en fonction de la localisation
éliminé à l’aide des ultrasons. Ils montrent qu’ainsi les
du site de rupture : elle est plus importante lorsqu’il se situe à
l’interface attache/adhésif. Quoi qu’il en soit cet adhésif doit pertes amélaires sont minimisées.
être déposé à son tour. Le problème est que grâce au mordan- • De tous les protocoles de dépose de l’adhésif résiduel, aucun ne
çage il a pu pénétrer à l’intérieur de l’émail formant des « tags » permet de récupérer une surface amélaire intacte, comme elle l’était
résineux. La profondeur de ces languettes de résine varie selon avant le traitement. Pour toutes ces différentes techniques,
les auteurs : de 10 à 25 µm pour Gwinnet et Matsui (1967) [47], l’efficacité de l’élimination de la colle et l’innocuité à l’égard de
à 80 µm en moyenne pour Dietrich, 1981). [48] Malheureuse- l’émail sont inversement proportionnelles à la taille, la forme et la
ment il n’existe aucun instrument qui, en extirpant ces résidus distribution de particules abrasives employées, et à la vitesse de
de colle, laisserait la surface amélaire intacte. rotation et la pression appliquées.

8 Odontologie/Orthopédie dentofaciale
Attaches orthodontiques et modifications de l’émail et de l’organe pulpodentinaire ¶ 23-490-A-05

Figure 4. Variations de l’épaisseur de l’émail en fonction du site de Figure 5. Schéma illustrant la pénétration des monomères dans la
collage de l’attache. dentine déminéralisée via les tubules (perméabilité intratubulaire) et via
les espaces entourant les fibres de collagène de la dentine intertubulaire
(perméabilité intertubulaire), (Nakabayashi et Pashley, 1998).
■ Devenir de l’émail
Physiologiquement, il existe à la surface de l’émail humain C soit l’émail et le cément se trouvent bord à bord : c’est la
un équilibre dynamique entre microdéminéralisation et reminé- normalité ;
ralisation. Tant que cet équilibre est respecté, les lésions C soit le cément recouvre légèrement l’émail ;
carieuses sont contrôlées. Silverstone en 1977 [56] et Albert et C soit, c’est le cas le plus défavorable, il existe une plage de
Grenoble en 1971 [57] ont montré que l’émail mordancé non dentine non recouverte par le cément ou l’émail. Dans ce
recouvert de résine était capable de se reminéraliser et que les cas-là, lors du collage des attaches dans une zone cervicale,
caractéristiques de l’émail redevenaient normales dans un délai
il y a un risque pour que les matériaux se trouvent au
de 48 à 96 heures.
contact de la dentine.
Diedrich (1981) [48] considère que la diminution de l’opacité
• La dentine peut également être concernée lorsque l’émail
amélaire et le retour de sa brillance et de sa transparence sont
des signes évidents de la reminéralisation complète de l’émail. présente des microfissures, ou des fêlures, ce qui le rend
Cependant ces constats cliniques ne sont pas confirmés micro- perméable aux matériaux qui peuvent atteindre la dentine.
morphologiquement, et la surface de l’émail n’est pas complè- Puisque les matériaux s’infiltrent dans le substrat dentinaire,
tement reminéralisée même après un délai de 4 mois. il est important d’étudier les réactions qu’ils provoquent au
La dépose des adhésifs résiduels laisse toujours des imperfec- niveau de l’organe dentinopulpaire.
tions et des irrégularités à la surface de l’émail, même après un
polissage soigneux. Cependant elles seront atténuées voire Conséquences du collage sur la dentine
éliminées totalement grâce à l’usure dentaire.
Après élimination des cristaux d’hydroxyapatite par l’attaque
de l’acide, la matrice dentinaire a été décrite comme pouvant
■ Devenir de la colle : colorations collapser rapidement si elle est séchée à l’air. De par l’anatomie
et l’histologie de la dentine, lorsque le collage se fait sur celle-
dentaires ci, les matériaux pénètrent dans les canalicules (espaces intratu-
bulaires) et les espaces intertubulaires. La pénétration des les
Pour Gwinnett et Gorelick, [49] les adhésifs peu ou pas chargés espaces intertubulaires nécessite une humidité qui sert à
ayant une résistance à l’abrasion très faible, leur élimination par maintenir en place le réseau tridimensionnel de collagène et qui
l’usure va être assez rapide. Pour ces mêmes auteurs les adhésifs libère les espaces intertubulaires. La résine s’infiltre dans les
ne subiraient pas de décolorations sous réserve de se trouver canalicules et latéralement dans leurs anastomoses (zone
dans un environnement buccal propre. En revanche pour intertubulaire) en formant des « agrafes de résine » (Degrange,
d’autres auteurs, ces résidus d’adhésifs seraient susceptibles de 1999 [14]), encore appelées « tags de résine », ce qui participe à
changer de teinte, entraînant des décolorations inesthétiques à la rétention. (Fig. 5)
la surface des dents. La pénétration des résines dans les espaces La diffusion des matériaux est fonction de leur poids moléculaire :
interprismatiques jaunit dans le temps et laisse apparaître, l’infiltration des monomères de bas poids moléculaire (comme
longtemps après la dépose ces dyschromies inesthétiques. l’HydroxyEthyl MétAcrylate HEMA, polymère hydrophile incorporé
dans les CVIMAR) peut être beaucoup plus importante que celle des
■ Atteintes de l’organe monomères de haut poids moléculaire.
Cette infiltration est également dépendante de la mouillabi-
pulpodentinaire lité de la surface dentinaire considérée (mouillabilité et interpé-
nétration sont deux facteurs interdépendants et indispensables
Toutes les études de la revue de littérature portent sur le à l’adhésion). En effet, pour qu’il y ait une bonne pénétration
collage sur la dentine. On peut donc penser qu’ils ne s’appli- du matériau, il faut qu’il y ait un contact intime entre la
quent pas au collage en orthodontie qui s’effectue sur l’émail. dentine et le produit de collage. Pour étudier ce facteur, on
Cependant dans plusieurs cas la dentine peut être concernée : étudie l’angle de contact du liquide sur la dentine déminérali-
• dans les cas d’anomalie génétique de l’émail : hypoplasie de sée, qui est un substrat poreux. L’évolution de cet angle de
l’émail ou amélogénèse imparfaite. S’il reste de l’émail, il est contact est fonction de l’étalement du liquide et de la variation
souvent de mauvaise qualité, fragile, poreux, et les matériaux du volume de liquide à la surface de la dentine, qui, en
de collage peuvent facilement atteindre la dentine ; l’absence d’évaporation, est due à la pénétration de ce liquide
• lorsque le collage est réalisé au niveau cervical. À ce niveau dans le substrat.
de la dent, l’épaisseur d’émail est moins importante, la Plusieurs facteurs influencent la mouillabilité, en particulier le
proximité avec la dentine est plus grande (Fig. 4). séchage de la dentine (Hitmi, 2004 [5]) : le séchage de la dentine
À ce niveau, il peut également y avoir des défauts de recou- mordancée augmente de façon importante l’angle de contact.
vrement de la dentine par l’émail ou le cément. Il y a en effet Celui-ci augmente également avec la durée du séchage. Il y a
trois types de jonction émail-cément : diminution des espaces interfibrillaires par la création d’un

Odontologie/Orthopédie dentofaciale 9
23-490-A-05 ¶ Attaches orthodontiques et modifications de l’émail et de l’organe pulpodentinaire

n’affecte que très légèrement la pulpe dentaire, cependant un


temps prolongé d’etching a comme conséquence une défaillance
de la circulation pulpaire.
D’autres auteurs ont étudié la cytotoxicité des systèmes
adhésifs automordançants. Ainsi De Souza Costa et al.
(2001), [59] ont étudié dans leur expérience la réponse pulpaire
après coiffage pulpaire direct avec un adhésif automordançant
en comparaison avec un groupe témoin où le coiffage est réalisé
à l’hydroxyde de calcium. En regard de l’exposition pulpaire,
lorsque le coiffage était réalisé avec le système adhésif, ils ont
observé une inflammation faible à modérée, avec vasoconstric-
tion ou vasodilatation des vaisseaux en regard de ce site. Avec
le temps, on remarque une phagocytose des particules de
matériau présentes au niveau de ce site pulpaire par les macro-
phages et les cellules géantes multinucléées.
La réponse inflammatoire chronique déclenchée par les
fragments de matériau déplacés dans la pulpe n’a pas permis la
réparation pulpaire et la formation d’un pont dentinaire.
Cependant, pendant l’expérience il n’a été observé aucune
lésion périapicale, aucun épaississement ligamentaire et la
lamina dura est restée intacte (même à long terme).
Figure 6. Micrographie de la surface dentinaire mordançée à H3PO4 et
non séchée. On remarque le réseau tridimensionnel de collagène et les
porosités interfibrillaires maintenues par la présence d’humidité (Hitmi,
Cytotoxicité des colles et adhésifs
2004). Les matériaux composites dentaires et les adhésifs relarguent
des monomères à cause des procédés de dégradation et de la
polymérisation incomplète. Il a été démontré que ces substances
pouvaient être cytotoxique pour l’organe dentinopulpaire.
La cytotoxicité est habituellement indiquée par la diminution
de la prolifération cellulaire, de l’activité mitochondriale, et de
la synthèse des protéines et des acides nucléiques. Spagnuolo et
al. (2004) [60] ont étudié la cytotoxicité d’un co-monomère, le
Triéthylène-glycol-diméthacrylate (TEGDMA) en examinant la
nécrose (phénomène passif de mort cellulaire) et l’apoptose
(phénomène actif) induites par ces matériaux sur des cellules
pulpaires humaines. Ils ont montré que le pourcentage de
cellules en nécrose et en apoptose dépendait linéairement des
concentrations en TEGDMA.
Demarco et al. (2001) [61] ont étudié la cytotoxicité de deux
systèmes adhésifs (Clearfil Liner Bond et Scotchbond Multi-
purpose). Ces deux matériaux ont été appliqués en coiffage
pulpaire direct. Une inflammation pulpaire légère et la forma-
tion d’un pont dentinaire furent observées après 90 jours sur
50 % des spécimens traités avec Liner Bond 2. Les pulpes traitées
avec Scotchbond Multi-Purpose ont présenté des inflammations
Figure 7. Micrographie de la surface dentinaire mordançée à H3PO4 et légères à sévères, et aucune formation de tissu minéralisé ne fut
séchée à l’air pendant 5 s. On remarque sans humidité, le collapsus du détectée. Aucune bactérie ne fut relevée dans aucun des spéci-
réseau de collagène et l’absence de réseau interfibrillaire (Hitmi, 2004). mens. Selon cette étude il serait donc possible d’obtenir une
guérison pulpaire à plus on moins long terme après un coiffage
pulpaire direct avec un adhésif, ce qui veut dire que ces produits
collapsus du réseau de collagène, ce qui rend la dentine moins appliqués sur la dentine (ou a fortiori l’émail) ne présenteraient
perméable. Ceci aura pour conséquence une diminution de qu’une très faible cytotoxicité.
l’adhésion du matériau de collage à la dentine (Fig. 6 et 7). Dans leur étude, Muray et al. (2003) [62] ont étudié la bio-
compatibilité de 5 systèmes adhésifs. Ils comparent les domma-
Conséquences du mordançage ges pulpaires occasionnés en étudiant la survie des
Les agents de conditionnement utilisés avec les résines odontoblastes, la régénération dentinaire ou la formation de
composites sont actifs biologiquement et peuvent avoir un effet dentine réactionnelle. Les réactions pulpaires observées avec
néfaste sur l’organe dentinopulpaire, mais aucune étude n’a tous les systèmes adhésifs furent généralement minimes, bien
montré les effets immédiats des matériaux d’etching appliqués que quelques systèmes aient permis une microcolonisation
sur une épaisseur fine et constante de dentine. Dans leur bactérienne dans 32 % des restaurations, et que d’autres aient
expérience sur des incisives de rats, Ivanyi et al. (2001) [58] ont entraîné une inflammation pulpaire dans 27 % des cas. Ces
essayé de montrer l’effet du mordançage sur la microcirculation observations suggèrent donc que les systèmes adhésifs fournis-
pulpaire. Ils ont ainsi établi que l’application d’acide phospho- sent une biocompatibilité acceptable.
rique à 36 % (comme cela est indiqué par les fabricants) altérait Huang et al. (2002) [63] ont, eux, comparé la cytotoxicité de
la circulation sanguine. Par microscopie vitale, ils ont étudié les différents matériaux à base de résine : 2 CVIMAR (Fuji II LC et
variations de diamètre des vaisseaux avant, et 5, 15, 30, Fuji IX) ; un compomère (Dyract) et deux résines composites
60 minutes après que l’acide ait été appliqué sur la dentine. Ils (Tetric et Superfil). Les effets de ces résines sur les cellules
ont alors pu remarquer une vasodilatation, bien que ces pulpaires humaines ont été évalués par des analyses de la
variations ne soient statistiquement pas significatives par cytotoxicité et de l’activité mitochondriale. Les résultats ont
rapport aux groupes de contrôle traités avec une solution saline. montré que tous ces matériaux étaient cytotoxiques pour les
Ces résultats suggèrent que le temps d’exposition à l’acide est cellules pulpaires humaines. En outre, Superfil, Fuji IX et Tetric
crucial pour la microcirculation pulpaire, c’est-à-dire que le inhibent l’activité mitochondriale. Il a également été démontré
conditionnement acide réalisé comme cela est indiqué par les que la résine Superfil était le matériau le plus toxique parmi
fabricants (15 à 20 secondes) sur une mince couche de dentine tous les produits testés. On peut dire que la cytotoxicité dépend

10 Odontologie/Orthopédie dentofaciale
Attaches orthodontiques et modifications de l’émail et de l’organe pulpodentinaire ¶ 23-490-A-05

du matériau testé, mais que les compomères et les CVIMAR au sein du matériau sont peu connus, ils continuent d’être un sujet
pourraient réagir plus favorablement. de recherche scientifique important, il est certain qu’une seconde
En conclusion cette cytotoxicité reste faible et dans le cadre génération de CVIMAR apportera des résultats encore plus intéres-
du collage en orthodontie, puisque l’inflammation pulpaire sants pour l’odontologie en général et pour l’ODF en particulier.
générée, lorsqu’elle existe, est réversible et ne met pas en jeu .

l’intégrité de l’organe dentinopulpaire. Rappelons que le collage


en ODF reste généralement éloigné de la dentine donc généra- ■ Références
lement sans risque sur la vitalité pulpaire.
[1] Aknin JJ. Attaches orthodontiques et modification de l’émail et de
Influence des lampes à polymériser l’organe pulpo-dentinaire. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris),
Odontologie, 23-490-A-05, 1996: 4p.
Le choix de la lampe à polymériser semble jouer un rôle dans [2] Portier R, Bandon D, Brun-Croese N, Tardieu C. Thérapeutiques
la cytotoxicité des systèmes adhésifs. Yap et al. (2004) [64] ont dentino-pulpaires des dents temporaires. Encycl Méd Chir (Elsevier
fait des tests avec trois types de lampes : des LED, des lampes SAS, Paris), Odontologie, 23-410-G-10, 1997: 9p.
halogènes basse intensité, et des lampes halogènes haute [3] Retief DH. The mechanical bond. Int Dent J 1978;28:18-27.
intensité. Ils ont obtenu moins de cytotoxicité sur les échan- [4] Hitmi L, Attal JP, Degrange M. Les différentes familles de colles
tillons polymérisés avec les lampes halogènes basse intensité. composites: présentation et expérimentation. Orthod Fr 2002;73:39-
Leur étude montre également que la cytotoxicité liée aux LED 58.
est très opérateur-dépendante. [5] Hitmi L. Étude et optimisation de l’adhésion à l’émail et à la dentine.
Dans une autre étude Danesh et al. (2004) [65] ont évalué [thèse doctorat d’université], Paris VII, 2004.
l’augmentation de température dans la chambre pulpaire induite [6] Hosein I, Sherrif M, IrelandAJ. Enamel loss during bonding, deboning,
par deux types de lampes : une lampe halogène classique et une and cleanup with use of a self-etching primer. Am J Orhtod Dentofacial
lampe à arc plasma. Les résultats montrent que l’élévation de Orthop 2004;126:717-24.
température est moins importante avec une lampe à arc plasma. [7] Thompson RE, Way DC. Enamel loss due to prophylaxis and multiple
bonding/debonding of orthodontic brackets. Am J Orthod 1981;79:
282-95.
■ Conséquences de la dépose [8] Silverstone LM, Saxton CA, Dogon IL, Fejerskov O. Variation in the
pattern of acid etching of human dental enamel examined by scanning
des attaches sur l’organe pulpaire electron microscopy. Caries Res 1975;9:373-87.
[9] Roulet JF, Degrange M. Collage et adhésion, la révolution silencieuse.
La dépose des résidus de colle à l’aide de fraises nécessite
Paris: Quintessence Internationale; 2000.
l’utilisation d’un spray d’eau pou éviter les élévations de
[10] Hitmi L, Muller C, Mujajic M, Attal JP. An 18-month clinical study of
température qui sont préjudiciables pour la pulpe.
bond failures with resin-modified glass ionomer cement in orthodontic
Lors de la dépose des attaches à l’aide d’ultrasons ou par la practice. Am J Orthod Dentofacial Orthop 2001;120:406-15.
technique électrothermique, il y a un risque d’élévation de la [11] Silverman E, Cohen M. Etching versus nonetching. Am J Orthod
température intrapulpaire. Dentofacial Orthop 1998;114:21A [abstract].
Avec les ultrasons, cette élévation de température ne dépas- [12] Gaworski M, Weinstein M, Borislow AJ, Braitman LE. Decalcification
serait cependant pas le seuil de tolérance thermique. and bond failure: a comparison of a glass ionomer and a composite resin
En ce qui concerne la dépose électrothermique, l’élévation de bonding system in vivo. Am J Orthod Dentofacial Orthop 1999;116:
température resterait également faible, ce que Sheridan et al. 518-21.
(1986) [66] expliquent par le fait que la chaleur serait en grande [13] Hitmi L, Attal JP, Degrange M. Influence du traitement de surface de
partie absorbée par l’adhésif. Cependant l’épaisseur des tissus l’émail sur les caractéristiques énergétiques de la surface. J Edg 2000;
dentaires est à prendre en compte : l’élévation de la température 41:89-104.
au niveau de la pulpe des incisives mandibulaires dont l’épais- [14] Degrange M. Le point sur les adhésifs. Clinic (Paris) 1999;20:523-33.
seur amélodentinaire est faible sera nettement plus importante [15] Larmour CJ, Stirrups DR. An ex vivo assessment of a bonding techni-
que l’élévation de température au niveau des prémolaires et que using a self-etching primer. J Orthod 2003;30:225-8.
molaires qui sont beaucoup plus volumineuses. Sheridan [66] [16] Komori A, Ishikawa H. Evaluation of a resin-reinforced glass ionomer
préconise donc l’utilisation d’un spray d’eau afin de prévenir cement for use as an orthodontic bonding agent. Angle Orthod 1997;
cette transmission de chaleur à la pulpe en expliquant qu’ainsi 67:189-96.
l’élévation de la température pulpaire est inférieure à 1 °C. [17] Pascotto RC, De Lima Navarro MF. Capelozza Filho l, Aparecido Cury
En dessous du seuil d’élévation thermique de la pulpe, il est J. In vivo effect of a resin-modified glass ionomer cement on enamel
possible d’observer, à l’échelle microscopique, des modifications demineralization around orthodontic brackets. Am J Orthod
pulpaires minimes et aléatoires (excluant dans tous les cas la Dentofacial Orthop 2004;125:36-41.
nécrose) (Zach et Cohen, 1965 [67]) : [18] Foley T, Aggarwal M, Hatibovic-Kofman S. A comparison of in vitro
enamel demineralizatio potential of 3 orthodontic cements. Am
• rupture d’alignement des odontoblastes ;
J Orthod Dentofacial Orthop 2002;121:526-30.
• réaction inflammatoire modérée ;
[19] Gwinnett AJ, Ceen RF. Plaque distribution on bonded brackets: a
• formation de dentine réactionnelle.
scanning microscope study. Am J Orthod 1979;75:667-77.
Lorsque l’élévation de température dépasse le seuil d’élévation [20] Smales RJ. Plaque growth on dental restorative materials. J Dent 1981;
thermique, la nécrose est observée dans tous les cas. Cependant, 9:133-40.
Spierings et al. (1985) [68] avancent que le degré de traumatisme [21] Hallgren A, Oliveby A, Twetman S. Fluoride concentration in plaque
thermique subi par la pulpe dépend des capacités individuelles adjacent to orthodontic appliances retained with glass ionomer cement.
de récupération tissulaire. Caries Res 1993;27:51-4.
[22] Kukleva MP, Shetkova DG, Beev VH. Comparative age study of the
risk of demineralization during orthodontic treatment with brackets.
■ Conclusion Folia Med 2002;44:56-9.
[23] Boersma JG, Van der Veen MH, Lagerweij MD, Bokhout B, Prahl-
L’avenir des techniques de collage appartient aux CVIMAR qui sont Andersen B. Caries prevalence measured with QLF after treatment with
des matériaux biocompatibles qui dépassent le seul cadre de l’odon- fixed orthodontic appliances: influencing factors. Caries Res 2005;39:
tologie, ils sont utilisés en chirurgie orthopédique. Leurs qualités 41-7.
principales sont leur adhésion aux structures dentaires et leur [24] Matasa CG. Microbial attack of orthodontic adhesives. Am J Orthod
structure qui favorise les échanges d’ions. Ils présentent un risque très Dentofacial Orthop 1995;108:132-41.
réduit pour l’émail dentaire et ne nécessitent pas de mordançage à [25] Willmot DR. White lesions after orthodontic treatment: does low
l’acide orthophosphorique à 37 %, l’utilisation de l’acide polyacryli- fluoride make a difference? J Orthod 2004;31:235-42.
que en remplacement de cet acide fort, n’est pas nocive pour l’émail. [26] Todd MA, Staley RN, Kanellis MJ, Donly KJ, Wefel JS. Effect of a
La qualité d’adhésion bien que suffisante est, cependant, un peu fluoride varnish on demineralization adjacent to orthodontic brackets.
inférieure aux résines de collage habituelles. Les phénomènes ioniques Am J Orthod Dentofacial Orthop 1999;116:159-67.

Odontologie/Orthopédie dentofaciale 11
23-490-A-05 ¶ Attaches orthodontiques et modifications de l’émail et de l’organe pulpodentinaire

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J.-J. Aknin, Chef du département d’orthopédie dentofaciale (Drjjaknin@aol.com).


A. Molle.
Faculté d’odontologie de Lyon, 11, rue Guillaume-Paradin, 69732 Lyon cedex 08, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Aknin J.-J., Molle A. Attaches orthodontiques et modifications de l’émail et de l’organe pulpodentinaire.
EMC (Elsevier SAS, Paris), Odontologie/Orthopédie dentofaciale, 23-490-A-05, 2005.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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