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Introduction :

Les produits pharmaceutiques et les médicaments sont des préparations médicales utilisées dans la
médecine moderne et traditionnelle, qui sont indispensables pour prévenir et traiter les maladies ainsi
que pour protéger la santé publique.
L'utilisation de produits inefficaces, de qualité inférieure ou dangereux peut causer l'échec
thérapeutique, aggraver la maladie, entraîner une pharmacorésistance, voire se révéler mortelle. Un tel
usage sape également la confiance du public envers les systèmes et les personnels de santé, ainsi que
les entreprises qui fabriquent et distribuent les médicaments.

Assurer l'accès régulier à des médicaments de qualité, sûrs et abordables reste une difficulté pour de
nombreux pays. Le Bureau régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale fournit une expertise et
un appui technique aux États Membres de la Région dans les domaines suivants : assurance de la
qualité, réglementation et législation, innocuité et efficacité des médicaments

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Antibiotique
molécule naturelle ou semi-synthétique détruisant ou bloquant la croissance des bactéries

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Un antibiotique[1] (du grec anti : « contre », et bios : « la vie ») est une substance naturelle ou
synthétique qui détruit ou bloque la croissance des bactéries. Dans le premier cas, on parle
d'antibiotique bactéricide et dans le second cas d'antibiotique bactériostatique. Lorsque la
substance est utilisée de manière externe pour tuer la bactérie par contact, on ne parle pas
d'antibiotique mais d'antiseptique.
Gélules d'amoxicilline, l'un des antibiotiques les plus prescrits au monde, appartenant à la famille
des bêta-lactamines

Un antibiotique peut être à la fois bactéricide et bactériostatique, tout dépendant de sa dose.

Un grand nombre des antibiotiques existants sont constitués de molécules naturelles,


fabriquées par des micro-organismes : des champignons ou d'autres bactéries. Ces dernières
les produisent pour éliminer les bactéries concurrentes avec lesquelles elles sont en
compétition dans leur biotope. Cependant, seul un petit nombre des antibiotiques naturels est
utilisable en thérapeutique humaine, pour des raisons de disponibilité dans l'organisme ou
d'effets indésirables. Un grand nombre de molécules aujourd'hui sur le marché sont des
molécules de synthèse, dérivées ou non d'antibiotiques naturels, en particulier pour contourner
les problèmes de résistance.
Les antibiotiques agissent de manière spécifique sur les bactéries, en bloquant une étape
essentielle de leur développement : synthèse de leur paroi, de l'ADN, des protéines, ou
la production d'énergie, etc. Ce blocage se produit lorsque l'antibiotique se fixe sur sa cible,
une molécule de la bactérie qui participe à l'un de ces processus métaboliques essentiels. Cette
interaction entre l'antibiotique et sa cible est très sélective, spécifique des bactéries et ces
composés ne sont en général actifs ni sur les champignons ni sur les virus. Il existe d'autres
molécules actives sur ces autres types d'agents infectieux que l'on appelle
des antimycosiques ou des antiviraux, distincts des antibiotiques.
L'introduction généralisée des antibiotiques après la Seconde Guerre mondiale a été l'un des
progrès thérapeutiques les plus importants du XXe siècle. Les traitements antibiotiques ont fait
progresser l'espérance de vie de plus de dix ans, soit plus qu'aucun autre traitement médical[2].
Cependant, l'usage généralisé, voire abusif de certains antibiotiques, y compris en traitement
préventif, curatif ou en complément alimentaire dans l'alimentation animale, dans
les piscicultures, en médecine vétérinaire et humaine, ou encore comme pesticides pour le
traitement des végétaux (contre le feu bactérien par exemple) a introduit une pression de
sélection qui a conduit au développement de populations de micro-
organismes antibiorésistants et à une baisse générale de l'efficacité thérapeutique. En milieu
hospitalier, ceci conduit à une augmentation du risque nosocomial, faute de traitement adapté
contre certains germes particulièrement résistants.
GénéralitésModifier
DéfinitionModifier
De manière simplifiée un antibiotique est, dans le domaine médical, « une substance chimique
organique d’origine naturelle ou synthétique inhibant ou tuant les bactéries pathogènes à
faible concentration et possédant une toxicité sélective ». Par toxicité sélective, on entend que
celle-ci est spécifique des bactéries et que la molécule antibiotique n'affecte pas l'hôte infecté,
au moins aux doses utilisées pour le traitement.
Plus généralement, pour les microbiologistes et les chimistes, un antibiotique est une
substance anti-bactérienne[3].
Il a existé des variantes dans cette définition qui diffèrent par la présence ou non des concepts
de toxicité sélective, d’origine microbienne et de limitation de cible aux seules bactéries.

Les antiseptiques ne sont pas des antibiotiques. Leur fonction est de tuer un maximum
de germes (bactéries, champignons, virus), leur mode d'action n'est pas spécifique, ils ne
s'utilisent que localement en application externe et mal employés (trop concentrés par
exemple) ils peuvent provoquer des lésions et/ou retarder la cicatrisation.
Les antibiotiques ne sont généralement pas actifs contre les virus. Un produit luttant contre les
virus est un antiviral. Toutefois, des études en cours tendent à démontrer une certaine
efficacité de quelques antibiotiques dans des cas particuliers comme l'effet de
la teicoplanine sur la maladie à virus Ebola[4].
DécouverteModifier

Alexander Fleming, découvreur de la pénicilline en 1928

Article connexe : Découverte de la pénicilline.

Le premier antibiotique identifié fut la pénicilline. Si dès la fin du XIXe siècle Ernest


Duchesne découvrit les propriétés curatives de Penicillium glaucum, la découverte de la
pénicilline est à mettre au crédit de Sir Alexander Fleming qui s’aperçut en 1928 que certaines
de ses cultures bactériennes dans des boîtes oubliées avaient été contaminées par les
expériences de son voisin de paillasse étudiant le champignon Penicillium notatum et que
celui-ci inhibait leur reproduction. Mais l’importance de cette découverte, ses implications et
ses utilisations médicales ne furent comprises et élaborées qu’après sa redécouverte, entre les
deux grandes guerres notamment à la suite des travaux de Howard Walter Florey, Ernst
Chain, et Norman Heatley (en) en 1939.
structure de la pénicilline

En 1932, Gerhard Domagk met au point chez Bayer AG le Prontosil, un sulfamidé, le premier


antibiotique de synthèse. C’est toutefois la découverte subséquente, à l'Institut Pasteur, dans le
laboratoire de chimie thérapeutique dirigé par Ernest Fourneau, des propriétés antibiotiques
du sulfanilamide, agent actif du Prontosil, (découverte publiée en 1935 par Jacques et Thérèse
Tréfouel, Federico Nitti et Daniel Bovet) qui ouvrira effectivement la voie à
la sulfamidothérapie[5]. Ce premier antibiotique de synthèse a ouvert une voie nouvelle dans
la lutte contre de nombreuses maladies qui étaient considérées comme incurables auparavant.
René Dubos isole en 1939 la tyrothricine (un mélange de tyrocidine et de gramicidine) à partir
du Bacillus brevis dont il avait observé l’action antibactérienne. L’importance de cette
découverte ne fut pas tant d’ordre thérapeutique que théorique : si la gramicidine fut
effectivement le premier antibiotique commercialisé, son utilisation fut limitée à une
application locale — en topique — ; toxique en intraveineuse, la gramicidine s’avéra en
revanche très efficace pendant le second conflit mondial pour guérir les blessures et les
ulcères. Comme Howard Florey lui-même devait le rappeler plus tard, la découverte de la
gramicidine fut une étape déterminante en cela qu’elle encouragea les recherches autour des
applications thérapeutiques de la pénicilline qui avaient souffert jusque-là de plusieurs
déconvenues[6].
En 1944, Selman A. Waksman, Albert Schatz et E. Bugie découvrent la streptomycine, le
premier antibiotique ayant un effet sur le bacille de Koch, rendant ainsi possible le traitement
de la tuberculose. En 1952, commercialisation sous la marque Ilosone de l’érythromycine,
premier macrolide connu, nouvellement isolée par J. M. McGuire, de la firme Eli Lilly. En
1956 est découverte la vancomycine. Suivent alors le développement des quinolones à partir
de 1962 et leurs dérivés, les fluoroquinolones dans les années 1980.
Au début des années 1970, la recherche sur les antibiotiques se ralentit fortement, l'arsenal
thérapeutique de l'époque permettant alors de traiter efficacement la plupart des infections
bactériennes.

L'émergence des résistances de plus en plus nombreuses va modifier ce tableau et stimuler la


reprise des travaux. En 2000, le linézolide (approuvé par la FDA le 18 avril 2000) est mis sur
le marché américain. Le linézolide correspond à une nouvelle classe de composés, les
oxazolidinones. C'est la première fois en 20 ans qu'une nouvelle classe de composés
antibiotiques est introduite dans la pharmacopée.
Globalement, en un demi-siècle, les antibiotiques ont augmenté de plus de dix ans l’espérance
de vie de ceux qui y ont accès, soit plus qu'aucun autre traitement[2]. Comparativement, un
médicament qui guérirait 100 % des cancers n’augmenterait l’espérance de vie que de cinq
ans[réf. nécessaire].
Les antibiotiques ont en particulier fourni des traitements efficaces pour la plupart des grandes
maladies infectieuses bactériennes. Combinés à la vaccination ils ont contribué à faire
largement disparaître les grandes maladies épidémiques, au moins dans les pays
développés : tuberculose, peste, lèpre, typhus, fièvre typhoïde... Ils sont également utilisés
dans les cas de choléra en complément de la réhydratation des malades.
Le mode d’action des antibiotiquesModifier
Article détaillé : Famille d'antibiotiques.

Il existe plus de 10 000 molécules antibiotiques connues (voir liste d'antibiotiques), la plupart


d'entre elles sont des produits naturels, synthétisés par des procaryotes, des champignons, des
végétaux supérieurs, des animaux ou des lichens.
Le principe d'action des antibiotiques consiste à bloquer sélectivement une étape d'un
mécanisme essentiel à la survie ou à la multiplication des micro-organismes. Le mécanisme
ciblé par l'antibiotique est le plus souvent spécifique des bactéries et n'a pas d'équivalent chez
les eucaryotes et en particulier chez l'humain. Ainsi, idéalement, l'antibiotique tue ou bloque
la multiplication des bactéries mais n'a pas d'impact sur les cellules du patient traité. Il existe
ainsi quelques grandes familles de mécanisme d'action pour les antibiotiques, ce qui permet
de les regrouper en grandes classes décrites ci-après.
Inhibition de la synthèse de la paroi bactérienneModifier

structure du peptidoglycane présent dans la paroi des bactéries et qui contribue à sa solidité
mécanique. Les antibiotiques de la famille des bêta-lactames comme la pénicilline bloquent la
synthèse de ce polymère et fragilisent la cellule
Article connexe : bêta-lactame.

Certaines bactéries sont protégées de l'environnement extérieur par une paroi, qui doit croitre
quand la bactérie se divise. Cette paroi contient en particulier une couche
de peptidoglycane plus ou moins épaisse, un polymère spécifique comportant des acides
aminés et des sucres. Il existe une machinerie de synthèse qui fabrique les composants de
cette paroi et qui est composée d'enzymes et de systèmes de transport acheminant les
composants à la surface cellulaire.
Il existe un ensemble d'antibiotiques qui bloquent différentes étapes de cette machinerie. Le
blocage de la synthèse de la paroi fragilise fortement l'enveloppe externe des bactéries, qui
deviennent très sensibles à des stress extérieurs (pression osmotique, température, stress
mécanique) provoquant la lyse cellulaire. In vitro, on peut maintenir ces cellules sans paroi
avec un stabilisant osmotique, on obtient alors un protoplaste.
Ces antibiotiques agissent sur des cibles extracellulaires. Ils n'ont donc pas besoin de pénétrer
dans la cellule, ce qui les rend insensible aux mécanismes de résistance liés à la perméabilité
ou à l'efflux (voir plus bas). En revanche, ils ne sont en général actifs que sur les germes en
croissance. Les bactéries quiescentes (qui ne se divisent pas) ne sont pas perturbées par
l’action de ces molécules, parce que le peptidoglycane n'est produit que lors de la croissance
cellulaire, pour s'adapter à l'augmentation du volume précédant la division cellulaire.
Les principaux antibiotiques ayant ce mode d'action correspondant à la famille appelée
les béta-lactames (pénicillines et céphalosporines)[7]. Ceux-ci agissent sur les enzymes de la
machinerie de synthèse du peptidoglycane que l'on appelle pour cette raison les « protéines
fixant la pénicilline » (penicillin binding proteins ou PBP).
La catégorie des antibiotiques inhibant la synthèse de la paroi bactérienne comprend entre
autres :

 la bacitracine
 les pénicillines: amoxicilline
 les céphalosporines
 les glycopeptides comme la vancomycine
Action sur la membrane des cellulesModifier
L'existence d'une membrane plasmique intacte est nécessaire à la survie bactérienne. Son rôle
est double, d'une part elle permet de séquestrer métabolites et ions nécessaires à l'intérieur du
cytoplasme, d'autre part, elle permet de maintenir un gradient de protons entre l'intérieur et
l'extérieur de la cellule, généré par la chaîne respiratoire et le cycle de Krebs et qui permet le
stockage de l'énergie cellulaire. Ce gradient de protons alimente l'ATP synthase qui fabrique
l'ATP. Toute perturbation de l'imperméabilité de la membrane rompt ces confinements,
l'énergie chimiosmotique est dissipée et le contenu du cytoplasme fuit dans le milieu
extracellulaire. Il existe un certain nombre de molécules antibiotiques qui agissent sur la
membrane des cellules, soit en agissant comme des détergents qui désorganisent les lipides,
soit en formant un pore (un trou) dans la membrane qui va permettre la fuite des composés
cellulaires.
Parmi ces composés attaquant la membrane des cellules bactériennes, on trouve :

 la polymyxine qui est un surfactant (détergent) interagissant avec les lipides membranaires et


qui désorganise la bicouche phospholipidique membranaire. Ceci détruit l’intégrité de la
membrane, les éléments hydrosolubles sortent de la cellule. Cette molécule est efficace sur les
cellules en croissance et au repos ;
 la gramicidine, un peptide qui s'insère dans la membrane en formant un pore cylindrique
permettant la fuite des cations.
Inhibition de la synthèse des acides nucléiquesModifier

Structure de l'ADN gyrase complexée à l'ADN et à la ciprofloxacine (vert), un antibiotique de la famille


des quinolones
Article connexe : quinolone.

La synthèse des acides nucléiques, ADN et ARN est absolument vitale pour les cellules, sans
elle, la division cellulaire et la fabrication des protéines est impossible. Un certain nombre de
composés peuvent bloquer de manière directe ou indirecte ces voies de biosynthèse des acides
nucléiques et ont en conséquence une activité antibiotique.
Chez les bactéries, le ou les chromosomes sont souvent circulaires et se trouvent dans un état
topologique particulier caractérisé par un surenroulement négatif. Ce surenroulement négatif
est essentiel à la réplication de l'ADN (et aussi à la transcription de l'ARN) et constitue une
caractéristique de l'ADN bactérien. C'est l'ADN gyrase qui introduit ce surenroulement
négatif dans l'ADN. Cette enzyme, de la famille des topoisomérases est essentielle à la survie
des bactéries, mais n'a pas d'équivalent chez les eucaryotes. Il existe des antibiotiques qui
bloquent l'action de l'ADN gyrase, il s'agit des aminocoumarines et des quinolones[8]. Plus
récemment, ces dernières ont été supplantées par les fluoroquinolones, molécules de synthèse
permettant de contourner les mécanismes de résistance aux quinolones.
D'autres molécules bloquent la réplication de l'ADN en introduisant des pontages covalents
entre des bases voisines, soit sur le même brin soit entre les deux brins de l'ADN. Ces
pontages déforment l'ADN, peuvent empêcher l'ouverture des brins et bloquent l'action de
différentes enzymes agissant sur l'ADN. Ceci a en particulier pour conséquence d'empêcher la
progression de la fourche de réplication et du réplisome et rendent donc la réplication
impossible.
Ces molécules, comme la mitomycine ou l'actinomycine, si elles ont bien une activité
antibiotique sur les bactéries, ne sont pas utilisées comme telles chez l'humain car elles ne
sont pas sélectives et agissent aussi sur l'ADN des cellules eucaryotes. Leur capacité à ponter
également notre ADN bloque aussi la réplication de nos propres cellules, ce qui leur confère
en plus des propriétés antimitotiques chez l'humain. Pour cette raison, on les a utilisées
en chimiothérapie anticancéreuse.
Il existe enfin des inhibiteurs spécifiques de l'ARN polymérase bactérienne qui bloquent
la transcription des gènes et la synthèse des ARN messagers. Parmi ces antibiotiques, on
trouve en particulier la rifampicine qui est aujourd'hui utilisée en association avec d'autres
antibiotiques pour le traitement de la tuberculose.
Inhibition de la synthèse protéiqueModifier

Structure de la petite sous-unité du ribosome bactérien complexée avec la streptomycine (sphères


mauves, au centre).

La synthèse des protéines est un processus essentiel des cellules vivantes. L'acteur central de


ce processus dans lequel l'ARN messager est traduit en protéine est le ribosome,
l'organite cellulaire qui est responsable de cette étape. Les détails du mécanisme
de traduction et les ribosomes des bactéries sont sensiblement différents de ceux des
eucaryotes. Il existe un grand nombre de molécules antibiotiques qui exploitent ces
différences et sont capables de bloquer sélectivement la traduction des protéines chez les
bactéries, mais pas chez l'humain ou l'animal.
De fait, approximativement la moitié des antibiotiques utilisés en thérapeutique (disposant de
l'AMM) ont pour cible le ribosome bactérien. Ces antibiotiques se répartissent en plusieurs
classes, de nature chimique et de mode d'action différents. La plupart interagissent avec
l'ARN ribosomique. Enfin, certains antibiotiques bloquent la traduction en inhibant l'action
des facteurs de traduction associés au ribosome.
 Les aminoglycosides ou aminosides (exemples : streptomycine, gentamicine, amikacine) se
fixent sur la petite sous-unité des ribosomes (30 Svedberg) au niveau du site du décodage
des codons, empêchent la traduction de l’ARNm et conduisent à des erreurs de lecture.
 Les phénicols (exemples : chloramphénicol, thiamphénicol) bloquent la formation de la liaison
peptidique. Ils se fixent sur la grande sous-unité du ribosome bactérien (50 Svedberg) mais
pas sur celle des ribosomes eucaryotes.
 Les cyclines (exemples : tétracycline, doxycycline, auréomycine) : en se fixant sur la sous-
unité (30 S), elles bloquent l’élongation de la chaîne polypeptidique.
 Les macrolides et kétolides (exemples : érythromycine, azithromycine) agissent sur la partie
50 S du ribosome et bloquent l’élongation de la chaîne polypeptidique.
 La puromycine mime l’extrémité d’un ARNt, prend sa place dans le ribosome et bloque
l’élongation de la chaîne polypeptidique.
 L'acide fusidique bloque l'action du facteur de traduction EF-G qui permet la translocation
(progression) du ribosome sur l'ARN messager.
Inhibition du métabolisme des folatesModifier

structure du sulfanilamide, un antibiotique sulfamidé et analogie avec le PABA, précurseur des folates
Article connexe : vitamine B9.

Une autre classe importante d'antibiotiques interfère avec la production de métabolites


essentiels, bloquant la synthèse de différents constituants essentiels de la cellules : lipides,
acides aminés, nucléotides.

Une voie particulièrement importante qui est fréquemment ciblée est celle de la synthèse des
folates (vitamine B9). Ses dérivés, notamment le dihydrofolate et le tétrahydrofolate,
interviennent dans des réactions de transfert de groupements à un atome de carbone (méthyle,
formyle) et en particulier dans des réactions de méthylation. Ces réactions sont essentielles à
la synthèse de la thymine et par voie de conséquence, celle de l'ADN. Ces transferts de
carbone dépendant du folate interviennent également de façon centrale dans le métabolisme
de certains acides aminés : méthionine, glycine, sérine et donc indirectement dans la synthèse
des protéines.
Plusieurs classes de composés antibiotiques ciblent différentes étapes de cette voie des
folates :

Les sulfamidés et le sulfanilamide sont des analogues structurels de l'acide p-


aminobenzoïque ou PABA. Ce dernier composé est l'un des éléments qui interviennent dans
la synthèse des folates chez les bactéries et chez les plantes. Le sulfanilamide est un inhibiteur
de la dihydroptéroate synthase et bloque la synthèse du dihydrofolate.
Le triméthoprime intervient en aval dans la voie, en inhibant la synthèse
de tétrahydrofolate par la dihydrofolate réductase. Le triméthoprime est sélectif de la
dihyrdrofolate réducate des bactéries et n'inhibe pas l'enzyme humaine, ce qui rend possible
son utilisation thérapeutique comme antibiotique (contrairement au méthotrexate, qui inhibe
la dihydrofolate réductase humaine et est utilisé comme anticancéreux)
ThérapeutiqueModifier
Sur les milliers d'antibiotiques connus, seulement un peu plus d'une centaine sont efficaces et
utilisables pour des applications médicales et font donc partie de la pharmacopée moderne.
Les autres sont trop toxiques, trop instables ou ont une biodisponibilité insuffisante chez
l'humain. Les antibiotiques actuellement utilisés sont le plus souvent des molécules dérivées
de produits naturels, dont on a légèrement modifié la structure pour améliorer leurs propriétés
thérapeutiques ou contourner les problèmes de résistance. D'autres enfin ne sont plus utilisés
parce que les bactéries pathogènes y sont devenues résistantes, c'est par exemple le cas de
la streptomycine qui était autrefois utilisée pour traiter la tuberculose.
Près de la moitié des antibiotiques utilisés en thérapeutique ciblent le ribosome bactérien et
environ un quart d'entre eux sont des bêta-lactames, qui ciblent la synthèse de la paroi
bactérienne. Si on regarde les prescriptions, on constate que ce sont les bêta-
lactames (pénicillines et céphalosporines) qui sont les antibiotiques les plus utilisés, en
particulier par les médecins généralistes. En France, ils représentent près des deux tiers des
doses définies journalières utilisés, devant les macrolides (~15 %)[9].
Indications des différents antibiotiquesModifier

Exemple d'antibiogramme. Sur une boite de culture, on dispose des disques imprégnés d'une solution de
chaque antibiotique. Après incubation, on observe des disques d'inhibition de croissance. Plus le
disque est grand, plus l'antibiotique correspondant est efficace.

Face à une infection bactérienne, le choix d'un antibiotique à utiliser dépend d'un ensemble de
paramètres. Deux types de critères doivent être pris en compte : ceux qui dépendent du germe
responsable lui-même et ceux qui dépendent du patient et du site de l'infection. Les premiers
sont liés au spectre d'activité des différents antibiotiques, il est en effet nécessaire d'utiliser
une molécule qui soit efficace sur le germe responsable de l'infection, en particulier lorsqu'on
a affaire à des bactéries multirésistantes. Les seconds concernent l'interaction du médicament
antibiotique avec le patient. Ceci concerne par exemple la capacité de l'antibiotique à atteindre
efficacement le site de l'infection, l'existence d'un terrain allergique à certains antibiotiques ou
encore la toxicité du composé utilisé (voir plus bas).
Les différents antibiotiques disponibles possèdent des spectres d'activité variés, certains étant
plus actifs sur les bactéries gram positives ou gram négatives, sur les
germes aérobies ou anaérobies ou encore sur les bactéries capable de pénétrer à l'intérieur des
cellules infectées. Pour déterminer les antibiotiques efficaces, en particulier en cas d'échec du
traitement de première intention, on réalise souvent un test antibiogramme : le germe
responsable est mis en culture dans une boîte de gélose Müller-Hinton contenant plusieurs
pastilles d’antibiotique qui vont inhiber plus ou moins le développement du micro-organisme,
ce qui permet de comparer la sensibilité des bactéries à tel ou tel antibiotique.
Pour les infections sévères ou difficiles, on peut être amené à utiliser des combinaisons
d'antibiotiques (poly-antibiothérapies). C'est en particulier le cas actuellement pour le
traitement de la tuberculose, en raison des résistances acquises par le bacille de Koch pour
lequel on utilise dans la phase initiale une
quadrithérapie : isoniazide, rifampicine, pyrazinamide et éthambutol[10].
Enfin, en raison de l'émergence progressive de germes multirésistants, certaines molécules de
génération récente sont réservées au traitement d'infections « difficiles », résistantes aux
traitements traditionnels utilisés en première intention. C'est en particulier le cas des
carbapenems comme l'imipenem ou des oxazolidinones comme le linezolide. Cette restriction
a pour objectif de retarder la propagation de résistance à ces nouveaux composés et donc de
prolonger l'efficacité de l'arsenal thérapeutique disponible.
Paramètres d'activitéModifier
L'analyse de l'activité d'un antibiotique donné sur une bactérie a conduit à définir un certain
nombre de paramètres qualitatifs et quantitatifs. Le premier d'entre eux est le spectre d'activité
qui définit la liste des espèces bactériennes sur lesquelles un antibiotique agit. Le spectre est
propre à chaque antibiotique, et peut varier dans le temps à la suite de l'apparition de
nouvelles résistances chez les différentes espèces bactériennes. L'autre concept majeur
en antibiothérapie est celui de concentration minimale inhibitrice ou CMI (en anglais MIC,
pour Minimal inhibitory concentration). Dans la pratique, on définit la CMI comme la
concentration minimale d'antibiotique permettant d'inhiber (bactériostase) totalement la
multiplication bactérienne, après 18 à 24 heures de contact à 37 °C. Ceci se décline en
plusieurs variantes :
 la CMI50 est la plus faible concentration inhibant, en 18 à 24 heures, la multiplication de
50 % des bactéries ;
 la CMI90 est la plus faible concentration inhibant, en 18 à 24 heures, la multiplication de
90 % des bactéries.
On définit également la concentration minimale bactéricide (CMB), qui est la plus faible
concentration permettant de détruire ou de tuer (bactéricidie) 99,99 % des bactéries après 18 à
24 heures de contact avec l'antibiotique. La CMI et la CMB sont caractéristiques d'un
antibiotique pour une souche donnée. L'analyse de la concentration minimale bactéricide et de
la concentration minimale inhibitrice (CMB/CMI) permet de caractériser l'effet de
l'antibiotique étudié sur une souche bactérienne donnée. Lorsque le rapport CMB / CMI = 1,
l'antibiotique est dit « bactéricide absolu », s'il est proche de 1, l'antibiotique est dit
« bactéricide », s'il est supérieur à 2, l'antibiotique est dit simplement « bactériostatique ». En
dépit d'efforts de standardisation des méthodes de détermination des CMI, il subsiste des
différences d'un auteur à l'autre qui sont liées à la variabilité des conditions expérimentales
utilisées : divers facteurs peuvent jouer : Composition des milieux, taille de l'inoculum,
souches de phénotypes différents, etc.
Il existe également d'autres paramètres qui servent à caractériser le mode d'action d'un
antibiotique et en particulier sa pharmacologie chez le patient :
 la concentration sérique maximale après l'administration de l'antibiotique, ou C max ;
 l'index thérapeutique sérique est égal à Cmax / CMI50. Plus ce paramètre est élevé, plus
l'antibiotique sera efficace ;
 le temps d'antibiotique utile est la durée pendant laquelle la concentration sérique d'un
antibiotique donné est supérieure à sa CMI pour un germe donné. Il correspond à la durée
pendant laquelle il va avoir une activité sur les bactéries infectieuses dans l'organisme du
patient ;
 le Tmax est le temps qu'il faut attendre pour atteindre la concentration sérique maximale C max ;
 la surface sous la courbe est un très bon indicateur de l'activité d'un antibiotique. On trace la
courbe de l'évolution de la concentration de l'antibiotique dans le temps ; on place la ligne
horizontale qui correspond à la CMI90. La surface sous la courbe est celle comprise entre la
courbe des concentrations et la ligne de la CMI90. La surface sous la courbe est propre à un
antibiotique pour un germe donné.
Effets secondairesModifier
MécanismesModifier
Plusieurs mécanismes peuvent expliquer les effets indésirables liés à la prise d'antibiotique,
parmi lesquels on trouve :

 Immunotoxicité : le médicament joue alors le rôle d'élément sensibilisateur. Les principales


classes d'antibiotiques concernées sont les bêta-lactamines et les sulfamides. On distingue
selon la classification de Gell et Coombs, les réactions
o de type 1 provoquant des phénomènes anaphylactiques, asthme, choc
anaphylactique). Les pénicillines peuvent induire des réactions anaphylactiques
avec une prévalence de 0,01 %[11] (réf. 1968 mais largement citée dans la
littérature)
o de type 2 (cytopénie, anémie hémolytique...),
o de type 3 (vascularite immuno-allergique...),
o de type 4 (hypersensibilité retardée).
 Réactions anaphylactoïdes : la perfusion trop rapide de vancomycine peut entraîner un
syndrome dit de l'Homme Rouge (Red Man Syndrome), lié à un phénomène d'histamino-
libération.
 Troubles métaboliques :
o L'acide fusidique ou la rifampicine peuvent entraîner une hyperbilirubinémie.
o L'amphotéricine B augmente le risque d'hypokaliémie.
 Interactions médicamenteuses (induction et inhibition enzymatique) :
o Certains antibiotiques sont des inhibiteurs enzymatiques. C'est le cas des
macrolides, de certaines cyclines telle la doxycycline, du métronidazole, de certains
anti-fongiques azolés (fluconazole, itraconazole, kétoconazole, miconazole). Ils
peuvent alors entraîner un surdosage des antivitaminiques K (AVK), de la
théophyline, des dérives de l'ergot de seigle (ergotisme, nécrose des extrémités),
risque majorée d'hypoglycémie (avec les azolés).
o Certains antibiotiques sont des inducteurs enzymatiques [12]. C'est le cas de
la rifampicine, de la rifabutine. Ils peuvent alors diminuer le taux
des œstroprogestatifs, majorer l'hépatotoxicité de l'isoniazide..
 Phototoxicité des fluoroquinolones, des cyclines ou du voriconazole.
ToxicitéModifier
Certains antibiotiques ne sont pas totalement spécifiques des bactéries et ont une certaine
toxicité sur les cellules humaines, en particulier en cas de surdosage. C'est en particulier le cas
pour certains antibiotiques qui ciblent la synthèse des protéines et le ribosome, comme les
aminoglycosides. Il existe en effet une assez grande similarité de fonctionnement entre le
ribosome des bactéries et celui qui est présent dans les mitochondries des animaux, ce qui, à
forte dose, peut conduire à une inhibition des ribosomes mitochondriaux et donc à un effet
toxique. Ce mécanisme est responsable de la nephrotoxicité des aminoglycosides à trop forte
dose[13] (voir plus bas).
Certains antibiotiques peuvent aussi réduire l'efficacité du système immunitaire chez la souris
et altérer les cellules épithéliales chez l'homme[14].
Manifestations pulmonairesModifier
Des bronchospames, des insuffisances respiratoires aigües[Combien ?] peuvent être liés à des
réactions anaphylactoïdes.
Des pneumopathies interstitielles immuno-allergiques peuvent être provoquées par les bêta-
lactamines, les sulfamides ou les cyclines. On décrit aussi des pneumopathies alvéolaire
aigües[15] liée à la prise de bêta-lactamines ou de cyclines. Les nitrofurantoïnes peuvent
rarement provoquer des pneumopathies interstitielles desquamations[16]. Les sulfamides et les
bêta-lactamines peuvent induire des angéites leucocytoclasiques[16].
Manifestations rénalesModifier
Néphropathie toxique : on observe des nécroses tubulaires aigües notamment provoquées par
les aminosides (prévalence entre 7 % et 25 %, la gentamicin (26 %) étant plus néphrotoxique
que la tobramycin (12 %)[17]), les céphalosporines, l'amphotéricine B (une dysfonction rénale
est observée dans 60 % à 80 % des cas, mais dans une large mesure, ces perturbations sont
transitoires[18]) et les polymyxines[19],[20], des néphropathies tubulo-interstitielles provoquées
par les bêta-lactamines, les sulfamides, la rifampicine, les fluoroquinolones,
les glycopeptides et les nitrofurantoïnes[19].
Des néphropathies immuno-allergiques peuvent être provoquées par de très nombreuses
classes d'antibiotiques[21]. Les bêta-lactamines et la rifampicine[21] sont les plus souvent
incriminées.
À noter les cristalluries provoquées par les fluoroquinolones ou les sulfamides,
les nitrofurantoïnes[19], et les lithiases rénales provoquées par les pénicillines,
les céphalosporines, les nitrofurantoïnes ou la sulfadiazine[22]. On décrit aussi
des glomérulonéphrites induite par la rifampicine ou l'isoniazide ou par la prise de
cyclines[19].
Manifestations neurologiquesModifier
Les aminosides présentent une toxicité cochléo-vestibulaire. Celle-ci est cumulative et
irréversible en cas de traitement prolongé[23]. Précisément, on note une vestibulo-toxicité de
l'ordre de 15 % des patients traités[24] (certaines études rapportent une vestibulotoxicité de
10 % pour les streptomycine[25], et de 20 % pour la gentamicine).
Une hypertension intra-crânienne peut être liée à la prise de fluoroquinolones,
de tétracyclines, des nitrofurantoïnes, du sulfaméthoxazole[26].
Des troubles neuro-sensoriels sont possibles après la prise de fluoroquinolones[27]. Indiquons
que rarement l'hydroxyquinoléine peut entraîner des neuropathies sensitives ainsi que des
névrites optiques[28], et l'imidazolé (auquel les quinoléines sont associées dans le traitement
des amoeboses intestinales), peut entrainer, à forte dose, une neuropathie sensitive.
De façon assez peu spécifique, insomnies et vertiges peuvent être observés après la prise de
nombreuses classes d'antibiotiques.

Manifestations hématologiquesModifier
Comme d'autres médicaments, les antibiotiques peuvent parfois induire des syndromes
hématologiques[29] :
Cytopénies observées avec les bêta-lactamines, les sulfamides et sont en général réversibles.
On estime à 1 % la prévalence d'une neutropénie induite par la prise de bêta-lactamines, chez
les patients ayant une fonction hépatique normale et pour une prise de moins de 10 jours[30].
À noter, les effets myélotoxiques des oxazolidinones, notamment pour les traitements au long
cours[31]
Des anémies hémolytiques (immune, déficit en G6PD) sont décrites après la prise
de sulfamides, de céphalosporines. La sulfasalazine peut provoquer une anémie
mégaloblastique
Les sulfamides peuvent entraîner une agranulocytose, une anémie hémolytique, une aplasie
médullaire. Le chloramphénicol provoque rarement une aplasie médullaire ou une anémie
sidéroblastique.
Des coagulopathies sont décrites, en particulier des hypoprothrombinémies à la suite de la
prise de bêta-lactamines, de cyclines mais aussi la prise de sulfamides, de chloramphénicol.
La dapsone peut provoquer une méthémoglobinémie.
Par ailleurs, selon un mécanisme allergique, les antibiotiques peuvent induire un syndrome
d'hypersensibilité médicamenteuse, lequel s'accompagne en règle générale
d'une hyperéosinophilie.
Manifestations hépatiquesModifier
Parmi les effets secondaires documentés au niveau hépatique, on peut citer[32] :
Hépatites cytolytiques avec les kétolides, l'isoniazide, la rifampicine,
Hépatites cholestatiques avec l'amoxicilline-acide clavulanique, l'érythromicine
L'acide fusidique ou la rifampicine peuvent entraîner une hyperbilirubinémie.
AllergiesModifier

Rash en réaction à l'administration d'amoxicilline.

Les antibiotiques sont parmi les médicaments ceux pour lesquels les réactions allergiques sont
les plus fréquentes[33]. C'est en particulier le cas des bêta-lactames et des macrolides.
L'allergie à l'un des antibiotiques d'une famille rend probable l'existence d'une allergie aux
autres antibiotiques de la même classe. En revanche, il n'y a pas de raison qu'il existe des
allergies croisées entre molécules de classes différentes, compte tenu des différences
importantes de structure chimique, de mode d'action et de biodisponibilité. Les allergies aux
pénicillines sont particulièrement fréquentes mais peuvent disparaître après plusieurs
années[33].
Les manifestations allergiques peuvent inclure des éruptions cutanées (rash), de l'urticaire, de
l'œdème, de la gêne respiratoire et plus rarement des manifestations plus graves (œdème de
Quincke, choc anaphylactique...). Indiquons l’effet Antabuse qui peut être provoqué par
les imidazolés.
Système digestifModifier
Des nausées, des vomissements peuvent être observées avec toutes les classes d'antibiotiques.

Chez l'humain, le tube digestif contient une flore intestinale commensale importante qui


contribue au processus de digestion. Les traitements antibiotiques et en particulier ceux
utilisant des composés à large spectre tuent non seulement les bactéries pathogènes
responsables des infections, mais de manière collatérale certaines de ces bactéries
commensales. Ceci conduit à un déséquilibre momentané de la flore bactérienne digestive et
peut ainsi causer des troubles du transit intestinal plus ou moins importants qui se manifestent
en général par des diarrhées pendant la durée du traitement.
Des diarrhées motrices sont essentiellement observées après la prise de macrolides ou d'acide
clavulanique[34]. Les tétracyclines peuvent entraîner des œsophagites[35]
Plus rarement, et jusqu'à deux mois après l'arrêt du traitement, cela peut faciliter aussi la
recolonisation du tube digestif par des bactéries pathogènes[36]. Certaines de ces bactéries sont
susceptibles de favoriser des infections bénignes ou graves, par exemple Clostridium
difficile ou Klebsiella Oxytoca.
L'administration ou la consommation de probiotiques tels
que Lactobacillus et Bifidobacterium, pourrait permettre de réduire le risque de
développement d'une infection à C.  difficile lors d'une antibiothérapie[37]. Une telle
administration n'a cependant pas pour l'instant démontré d'impact significatif en termes de
morbi-mortalité des infections digestives graves à C. difficile (colite pseudomembraneuse).
Ces « substances d'origine microbienne » ont en commun l'absence de démonstration d'une
activité clinique spécifique[38].
Antibiotiques et cancerModifier
Une étude épidémiologique a aussi mis en évidence[39],[40] que la prise d'antibiotiques était
statistiquement associée à une augmentation modeste mais significative du risque de
contracter certains cancers chez les participants ayant eu des prescriptions répétées
d'antibiotiques[40]. Cette augmentation était de 20 à 50 % du risque relatif par rapport aux
personnes non-exposées (comparée à 2300 % pour l'usage du tabac dans le cancer du
poumon). Ces études montrent aussi qu'il n'y a pas de lien causal direct et cet effet n'est pas
clairement expliqué[41].
Antibiotiques et obésitéModifier
Des nourrissons exposés aux antibiotiques dans les premiers six mois de leur existence
montrent une augmentation de 22 % du risque d'obésité à un âge plus avancé. Cette étude
épidémiologique suggère que l'antibiothérapie élimine des espèces
bactériennes commensales du microbiote intestinal humain essentielles à l'équilibre
nutritionnel[42].
Résistance aux antibiotiquesModifier
Article détaillé : Résistance aux antibiotiques.

Lorsqu'une population de bactéries est soumise à l'action d'un antibiotique dans son milieu,
elle subit une pression de sélection, qui favorise les cellules qui sont les mieux capables de
résister à l'effet de ces molécules. Petit à petit, l'émergence de modifications génétiques
permettant un niveau de résistance plus élevé se trouve ainsi sélectionnée. L'action des
antibiotiques sur les bactéries induit ainsi un processus d'évolution darwinienne « en
accéléré » que l'on peut observer à l'échelle de temps humaine. Les premiers antibiotiques ont
été introduits à la fin des années 1930; et aujourd'hui, la résistance à ces composés de
première génération pénicilline, streptomycine, s'est très largement répandue chez les
bactéries, si bien que l'on a cessé de les utiliser à des fins thérapeutiques. Le tableau suivant
indique les dates d'introduction des grandes familles d'antibiotiques dans l'arsenal
thérapeutique et les dates d'apparition des premières résistances sur des souches cliniques[43].

Apparition des
Année
Antibiotique premières
d'introduction
résistances

Sulfamides 1936 1940

Pénicilline G 1943 1946

Streptomycine 1943 1959


Chloramphénicol 1947 1959

Tétracycline 1948 1953

Erythromycine 1952 1952

Ampicilline 1961 1973

Ciprofloxacine[44] 1987 2006

De nombreux antibiotiques sont des produits naturels ou dérivés de produits naturels, souvent
synthétisés par des bactéries elles-mêmes pour éliminer leur compétiteurs dans le milieu
environnant. Ces bactéries productrices d'antibiotiques ont en général développé en même
temps des mécanismes de résistance leur permettant d'éviter les effets du composé qu'elles
produisent. Des gènes de résistance aux antibiotiques pré-existaient donc souvent dans la
biosphère bactérienne, avant leur utilisation par l'humain. L'émergence plus ou moins rapide
de résistance chez les organismes pathogènes n'est donc pas surprenante, elle est souvent liée
soit à l'acquisition par transfert d'un de ces gènes de résistance, soit à une adaptation d'un de
ces gènes de résistance à une modification des molécules utilisées. Ainsi, l'amélioration
progressive des bêta-lactames par l'industrie (exemple : céphalosporines de 1re, de 2e puis
de 3e génération) s'est accompagnée d'une évolution concomitante des bêta-lactamases qui se
sont progressivement adaptées aux nouveaux composés, sous l'effet de la pression de
sélection.
Mécanismes de résistanceModifier

Rifampicine fixée à sa cible, l'ARN polymérase bactérienne. La surface de l'enzyme est indiquée en
vert. Les mutations conférant la résistance à la rifampicine correspondent aux acides aminés en rouge

Il existe différents mécanismes de résistance, certains généraux qui fonctionnent contre un


large spectre d'antibiotiques et d'autres très spécifiques d'un seul. Il existe également des
mécanismes de transfert d'une espèce à une autre, ce qui favorise la dissémination de la
résistance et qui sont présentés plus bas. Dans tous les cas, le mécanisme aboutit à une action
fortement réduite de l'antibiotique sur sa cible ou à une perte d'effet de cette action. Il existe
une grande variété de mécanismes d'action que l'on peut regrouper dans les grandes catégories
suivantes :

Mutation de la cible de l'antibiotiqueModifier


Chaque antibiotique agit en se fixant sur une cible précise dans la cellule : paroi, ribosome...
La présence d'une modification consécutive à une mutation modifie le site de fixation et
empêche ainsi la liaison de l'antibiotique. C'est un des mécanismes de résistance à
la streptomycine, l'un des premiers antibiotiques utilisés pour traiter la tuberculose. C'est aussi
l'un des principaux mécanisme de résistance à la rifampicine qui est l'un des antibiotiques qui
a remplacé la streptomycine. On observe des mutations de l'ARN polymérase bactérienne qui
bloquent la liaison de la rifampicine. Les acides aminés mutés sont situés à proximité
immédiate du site de fixation (voir figure à droite).
Modification de la cible de l'antibiotiqueModifier
Une enzyme spécifique effectue une modification chimique covalente de la cible, par exemple
une méthylation, ce qui inhibe la fixation de l'antibiotique, comme dans le cas précédent, mais
sans qu'il y ait altération du génome. Ce type de mécanisme est rencontré dans la résistance
aux macrolides, où il existe une méthylase qui confère la résistance en modifiant l'ARN
ribosomique au niveau du site de liaison de l'antibiotique.
Surexpression de la cible de l'antibiotiqueModifier
En produisant davantage de la macromolécule ciblée, la bactérie arrive à maintenir
suffisamment d'activité biologique pour se développer, malgré la présence de l'antibiotique.

Contournement métaboliqueModifier
La bactérie active une voie métabolique alternative qui prend le relai de voie métabolique
bloquée par l'antibiotique. La fonction biologique est ainsi maintenue.

Modification de l'antibiotiqueModifier
De nombreuses souches résistantes fabriquent une enzyme qui modifie ou qui clive la
molécule d'antibiotique, la rendant inactive. C'est le mécanisme principal de résistance aux β-
lactamines (famille de la pénicilline et des céphalosporines) qui implique les enzymes de la
famille des β-lactamases.
Réduction de la perméabilité membranaireModifier
La bactérie « ferme » les pores membranaires par lesquels l'antibiotique pénètre dans la
cellule. Ces pores sont normalement constitués par des protéines qui forment des canaux et
que l'on appelle des porines. Les bactéries résistantes réduisent leur nombre de porines[45].
Efflux des antibiotiquesModifier
Les bactéries sont capables d'éliminer les antibiotiques par pompage actif hors de la cellule,
qui « recrache » littéralement les composés toxiques au dehors. C'est l'un des principaux
mécanismes de résistance de Pseudomonas aeruginosa, pathogène opportuniste responsable
de nombreuses infections nosocomiales.
Défense altruisteModifier
Des bactéries très résistantes sont capables de synthétiser l’indole en très grande quantité pour
subvenir aux besoins des bactéries sensibles. Ce composé organique possède une double
fonction de résistance : efflux des antibiotiques et activation d’une voie métabolique
empêchant la synthèse de radicaux libres qui peut être favorisée par l’antibiotique[46].
Résistance naturelleModifier
On peut parler de résistance naturelle si toutes les souches d’une même espèce sont résistantes
à un antibiotique. C’est l’expression d’une propriété innée reflétant l’empêchement d’accéder
à la cible ou l’absence de la cible. Exemple : l'imperméabilité des parois des bactéries Gram-
ou leur absence de paroi.

On rencontre ce type de résistance chez les souches sauvages, n'ayant jamais été en contact
avec un antibiotique.

Résistance acquiseModifier
ChromosomiqueModifier
La résistance acquise survient lorsqu'un individu d'une population de bactéries normalement
sensibles devient résistant. Cette résistance lui confère un avantage sélectif qui lui permet de
se multiplier en présence de l'antibiotique, tandis que les autres sont inhibées ou tuées.
L'apparition de la résistance est en général la conséquence d'une mutation qui apparaît dans
le chromosome, c'est pourquoi on parle de résistance chromosomique. En conditions
normales, l'apparition de mutation est un processus spontané avec des fréquences d’apparition
variables, comprises entre 10−6 et 10−9, suivant l'antibiotique, la souche et la nature du
mécanisme de résistance. C’est un événement rare. L’antibiotique n’est pas l’agent mutagène,
il sélectionne seulement les mutants devenus résistants. Cela peut conduire à la résistance
simultanée à toute une famille d'antibiotiques.
La mutation peut par exemple se produire dans le gène qui code la protéine ciblée par
l'antibiotique. La protéine mutante ne fixe plus aussi bien l'antibiotique qui ne peut plus agir.
Les mutations apparaissent de manière indépendante, donc les risques de sélectionner
simultanément par mutation spontanée des résistances multiples à plusieurs antibiotiques sont
très faibles. Une double résistance multiplie les probabilités d’apparition de résistance à
chaque molécule, c’est-à-dire 10−12 à 10−18.
La résistance chromosomique est en général largement confinée à l'espèce chez laquelle elle
apparaît, car elle n'est pas facilement transférable à une autre cellule, faute de mécanisme
spécifique de transfert.

PlasmidiqueModifier
Les plasmides sont des petits ADN circulaires capables de réplication autonome dans les
bactéries, à côté du chromosome. Les plasmides naturels portent en général un certain nombre
de gènes et en particulier des gènes de résistances à des antibiotiques, ainsi que des gènes de
transfert permettant le passage du plasmide d'une bactérie à une autre. Ce transfert s'effectue
en général par conjugaison, un processus par lequel la bactérie émettrice fabrique un pilus,
sorte de filament creux au travers duquel l'ADN du plasmide est injecté pour passer dans une
autre cellule bactérienne. La synthèse du pilus est en général aussi sous le contrôle de gènes
portés par le plasmide.
Il peut s'agir d'un transfert entre bactéries de la même espèce, mais aussi entre bactéries
d'espèces voisines. Ce mécanisme de conjugaison est un mécanisme de transfert actif d'ADN
très efficace et permet une propagation rapide des résistance. Souvent, plusieurs gènes de
résistance sont regroupés sur le même plasmide qui est ainsi transféré de cellule en cellule.

Le premier cas de résistance fut observé en 1951 sur un patient japonais. Il souffrait d'une
infection à Shigelle (une entérobactérie, c’est-à-dire un bacille gram négatif, mobile). La
Shigelle provoquait une dysenterie qui pouvait être soignée par des sulfamidés, mais elle était
devenue résistante à ces sulfamidés. Les chercheurs ont démontré que cette résistance était
accompagnée par des résistances in vitro à d’autres antibactériens.
Ils ont isolé dans le tube digestif d’autres malades, des souches d’Escherichia coli (une autre
Entérobactérie, très répandue dans l’eau, le sol, le lait et les selles) qui avaient acquis une
résistance aux sulfamidés par un transfert horizontal entre les deux espèces.
Il existe d'autres mécanismes de transfert d'ADN entre espèces bactériennes qui permettent la
propagation de gènes de résistance aux antibiotiques entre bactéries. Ces mécanismes ne sont
toutefois pas spécifiques des plasmides et peuvent également intervenir pour le transfert de
résistances chromosomiques.

 La transduction : le vecteur est un virus bactériophage. En se répliquant, le phage intègre une


partie du génome bactérien. En quittant la cellule, il emporte des gènes supplémentaires
(bactériens) qui pourront être transfectés dans une autre bactérie. Ce système est efficace, mais
les échanges sont limités en taille (le phage ne peut pas transférer un long morceau d'ADN
bactérien) aux organismes proches phylogénétiquement pour la reconnaissance
phage/bactérie.
 La transformation : la bactérie acquiert et incorpore de l’ADN exogène nu présent dans son
environnement. Cela peut être de l’ADN d’une bactérie morte qui, une fois capté, permet
l’expression de ses gènes par la nouvelle bactérie. C’est un événement très rare qui existe chez
les bactéries Gram positives.
Résistances acquises courantesModifier
Le pneumocoque (Streptococcus pneumoniae) a développé une résistance par modification
d’une protéine membranaire spécifique où se fixent les pénicillines (la PLP) imposant des
doses plus élevées d’antibiotique (typiquement, l’amoxicilline), voire contraignant à prescrire
une céphalosporine de 3e génération (souvent la ceftriaxone). Les résistances en France sont
documentées depuis 1978. En 2000, on comptait environ 50 % de souches résistantes, en
particulier dans les grandes villes. La résistance au Streptococcus pneumoniae est suivie en
France par le Centre national de référence des pneumocoques, AP-HP Hôpital européen
Georges-Pompidou, et il publie son rapport dans le Bulletin épidémiologique
hebdomadaire ou BEH (voir lien en bas d'article).
Les staphylocoques méti-résistants, particulièrement redoutables, sont insensibles aux
pénicillines (chez eux aussi par modification de leurs PLP), mais aussi par production d’une
bêta-lactamase et d’une méticilinase. Les infections à staphylocoque méti-R sont typiquement
des infections nosocomiales sévères, responsables d’une lourde mortalité. Les glycopeptides
sont une alternative thérapeutique classique. La production de bêta-lactamase concerne
plusieurs souches bactériennes : gonocoques, haemophilus
influenzae,anaérobies, entérocoques.
La surconsommation : un problème de santé publiqueModifier
En médecine humaineModifier
Les spécialistes critiquent dans ce contexte la prescription parfois trop à la légère (fréquente)
de certains antibiotiques (surprescription), y compris quand ils sont inefficaces (contre
les virus par exemple).
Le phénomène serait aussi amplifié :

 par l’usage de doses trop faibles (y compris dans des médicaments en vente libre) [47]
 ou sur une durée trop courte (moins de 8 jours), ou trop longues
 ou par l'absorption de petites quantités d'antibiotiques contenues dans certains aliments,
notamment des viandes ou poissons d'élevage.
Les antibio-résistances ont conduit les épidémiologistes et les autorités sanitaires à préconiser
un usage plus raisonné des antibiotiques (un peu à la manière de la gestion internationale
concertée par l’OMS des médicaments antipaludéens).
Les antibiotiques sont sans effet sur les virus ; toutefois, il arrive que ceux-ci soient prescrits
dans le cas où l’organisme est affaibli, pour éviter que celui-ci ne devienne vulnérable à
des surinfections bactériennes. Cependant, nombreux (en France) sont les médecins qui
prescrivent systématiquement des antibiotiques pour des affections virales, alors qu'ils ne
seront pas efficaces et qu'ils ne font que renforcer la résistance des bactéries aux antibiotiques.
Ces résistances aux antibiotiques deviennent extrêmement préoccupantes, elles sont l'objet
d'avertissements réguliers des agences gouvernementales et internationales. Par exemple :

 plus d'un tiers des affections au staphylocoque doré sont désormais impossibles à traiter avec
les antibiotiques, causant amputations et décès. Il est probable que les 3/4 des 4 200 décès par
an, en France, pour infections nosocomiales soient le fait de bactéries multirésistantes aux
antibiotiques[48].
 la résistance du pneumocoque à la pénicilline G est passée en France, de 0,5 % à 45 % entre
1984 et 2001. La France — qui est un des pays les plus grands consommateurs
d'antibiotiques[9] — compte le plus grand nombre d’échecs thérapeutiques contre des
pneumocoques totalement résistants à la pénicilline [49].
En 2015 a été publiée par l'Institut National de la Veille Sanitaire l'Étude Burden BMR sur la
morbidité et la mortalité des infections à bactéries multi-résistantes aux antibiotiques en
France en 2012. Cette étude chiffre à 158 000 (127 000 à 245 000) les infections à BMR
survenues en 2012, dont près de 16 000 infections invasives. Les SARM et entérobactéries
résistantes aux C3G étaient responsables de 103 000 (90 000 à 172 000) infections, soit 65 %
(70 à 75 %) du total. Le nombre de décès attribués à ces infections était de 12 500 (11 500 à
17 500), dont 2 700 liés à des infections invasives[50].
En médecine vétérinaireModifier
En 1997, 48 % du total des ventes européennes d'antibiotiques est destiné à un usage
vétérinaire[réf. nécessaire]. En 2013, d'après l'OMS, au moins 50 % des antibiotiques mondiaux
sont destinés aux animaux[51].
Les antibiotiques peuvent être utilisés en élevage comme médicaments vétérinaires, à des fins
curatives ou préventives, ainsi qu'à des fins de «facteurs de croissance » :

 pour protéger les élevages (porcins, bovins, volailles) des maladies[52], de manière


systématique, avant même que ces animaux ne deviennent malades (comme s'il s'agissait d'un
aliment naturel qui jouerait un rôle de prévention) ;
 ou même comme « stimulateurs de croissance » de ces animaux[53],[54],[55], pour augmenter de
façon importante la rentabilité de l'élevage[56].
Ces additifs antibiotiques pour l’alimentation animale sont interdits en Europe depuis
le 1er janvier 2006 (la Suède l'avait interdit depuis 1986[57]) mais toujours autorisée à visée
préventive et curative, notamment collectivement pour un groupe d'animaux, du fait de la
promiscuité dans l'élevage industriel qui rend impossible le traitement individuel[56]. Ils sont
autorisés au Canada[58] mais les agriculteurs de la filière avicole ont décidé d'arrêter de les
utiliser[59] ; ils sont aussi autorisés aux États-Unis[60].
Consommation dans le mondeModifier
 Aux États-Unis, 80 % des antibiotiques vendus le sont pour des animaux (2 % pour
les animaux domestiques et 98 % pour l'élevage)[60],[61].
 Au Royaume-Uni l'étude de 358 fermes laitières (7 % du cheptel des vaches britanniques) a
montré qu'en 2017, 25 % de ces exploitations ont consommé 50 % des antibiotiques totaux ;
Le suivi de 81 000 vaches laitières a montré que l'injection concerne 78 % de tous les
antibiotiques utilisés ou vendus en élevage et que « d’énormes quantités d’antibiotiques sont
administrées via les pédiluves » dont contre la dermatite digitale. Afin de réduire rapidement
la consommation d’antimicrobiens, une application téléchargeable (Dairy Antimicrobial
Usage Calculator[62]) a été créée pour aider les vétérinaires et aux éleveurs à avoir un usage
plus responsable des médicaments.
Au Royaume-Uni entre 2015 et 2017 les antibiotiques vendus pour animaux de rente ont
baissé (62 mg/kg à 45 mg/kg), soit un peu moins vite qu'en France[63].
 Les animaux les plus exposés sont les lapins, les poules et les porcs[64].
En FranceModifier
699,09 t d'antibiotiques ont été vendus en 2013 à destination des animaux (1,25 pour les
carnivores domestique, 98,75 % pour l'élevage)[65], il s'agit du plus faible volume depuis 1999
(début du suivi national des ventes d'antibiotiques) avec une baisse de 46,7 %. Cette baisse de
volume est a pondérer avec le fait que les antibiotiques récents sont plus actifs avec des doses
moindres[56]. C'est pourquoi on calcule l'exposition des animaux aux antibiotiques avec la
mesure ALEA (Animal Level of Exposure to Antimicrobials) qui prend en compte la
posologie (durée et dosage du traitement) des animaux d'une espèce sous antibiotiques (poids
vif traité) que l'on divise par la masse de la population animale concernée totale
(potentiellement traitable). Ainsi, un ALEA de 0,305 pour les bovins signifie que les
traitements antibiotiques ont traité 35 % du poids vif des bovins, l'indice peut donc être
supérieur à 1 selon le nombre et la durée des traitements[65],[66]. L'exposition en 2013 est en
baisse de 5,5 % par rapport à 1999 toute espèce confondue mais augmente notamment pour
les bovins (+14,7 %) et les volailles (+30 %) tandis qu'elle diminue pour les porcs (-25 %) et
les lapins (-50 %)[65].
Poids vif traité et ALEA pour les différentes espèces en
France en 2013[65]

Ve
Ovi
aux Ch
ns
voi ats Che Pois Au
Bovi Lap & Porc Vola Tota
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ns ins Ca s illes l
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Poid
s vif
trait 2 83 2 73 2 04 18  8 36
525  104  108  8 0 273  231 
é 9 59 0 60 3 14 30 3 43
249 770 806 27 824 361
(ton 3 7 7 0 8
nag
e)

ALE 0,30 2,6 0,6 0,3 0,1 2,7 0,4 0,95 0,11 0,5 0,55
A 5 28 68 66 78 01 04 1 7 25 0

a. ↑ Estimation, traitements de groupe uniquement (les sachets repas, boli et pâtes orales ont été
exclus de l'analyse)
Chaque année, la Direction générale de l’alimentation contrôle plus de 20 000 prélèvements
de produits animaux ou d’origine animale pour rechercher d’éventuelles traces de résidus de
médicaments vétérinaires.

Fin 2017, une association Adelie a été créée par six organisations professionnelles
vétérinaires[67] pour gérer les échanges de données (données sur les cessions d’antibiotiques)
entre la profession vétérinaire et la DGAL[68]. Cette plate-forme informatique devra refléter
les processus “métier” des vétérinaires pour toutes leurs activités, à la suite d'un décret
(du 1er avril 2017) qui vise notamment à évaluer les quantités d’antibiotiques cédés par les
ayants droit du médicament vétérinaire[69].
Et début 2018 afin de freiner l'usage abusif d'antibiotique en élevage, l’École nationale
vétérinaire de Toulouse (ENVT) et l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) ont
créé une unité « Innovations thérapeutiques et résistances » (InTheRes, basée à Toulouse),
dédiée à la recherche d'alternatives innovantes sous la direction du Pr Alain Bousquet-
Mélou[70].
L'antibiorésistance a aussi pour conséquence le passage de gènes résistantes à l'humain
(pollution des eaux et sols par les excréments, cuisson pas assez forte pour les détruire) et la
présence d'antibiotiques dans la viande si le délai légal de fin de traitement avant abattage n'a
pas été respecté. D'après la Direction générale de l'alimentation, cela se produisait déjà avec
moins d'un prélèvement positif sur deux cents en 1998 (ce qui n'est pas négligeable à l'échelle
nationale)[71].
AlternativesModifier

Les alternatives aux antibiotiques sont peu nombreuses.

BactériophagiquesModifier
Les bactériophagiques sont des médicaments à base de cocktails de phages ou bactériophages,
des virus qui dévorent la bactérie cible. Découverts par le Français Félix d'Hérelle en 1916, ils
ont été immédiatement utilisés, notamment pour traiter les blessés de la Première Guerre
mondiale, jusqu'à l'essor des antibiotiques qui étaient plus faciles d'emploi et qui les ont
remplacés. Les bactériophagiques sont cependant encore en usage dans l'ancien bloc
soviétique. La phagothérapie fait l'objet de nombreuses recherches partout dans le monde. En
France ils ne peuvent être prescrits que dans le cadre d'une ATUn (Autorisation Temporaires
d'Utilisation nominative).
Il existe une synergie lorsque l'on combine les traitements par antibiotique et par
bactériophagique[72],[73].
PolymèresModifier
Nature Microbiology a publié en 2016 une étude consacrée à l'emploi de polymères
microscopiques en forme d'étoiles pour tuer des bactéries résistantes aux antibiotiques. Ces
polymères SNAPP (structurally nanoengineered antimicrobial peptide polymers) sont formés
de courtes chaînes protéiques. Ils se sont révélés efficaces pour détruire des bactéries à Gram
négatif. Le polymère était par contre inoffensif pour l'organisme. Il n'induirait pas de
résistance chez les microbes[74].
Thérapie à l'aide de CRISPR/Cas9Modifier
Une découverte récente d'un outil moléculaire trouvé initialement chez les bactéries pourrait
s'avérer être un espoir thérapeutique. La technologie CRISPR se sert d'une enzyme
appelée Cas9 qui agit à la façon de ciseaux moléculaires pouvant couper des séquences
spécifiques de l'ADN. L'enzyme est en mesure de trouver une séquence cible grâce à un ARN
guide pouvant être construit de sorte qu'il corresponde à la séquence cible que l'on désire
éditer[75].
L'idée serait donc de concevoir un système CRISPR qui viserait uniquement les gènes de
résistances bactériens dans le but de supprimer les parties du génome responsables de
résistances aux antibiotiques. Le point fort de cette méthode est qu'elle permettrait de
s'adapter constamment aux nouveaux gènes de résistances qui apparaissent avec l'évolution
des bactéries. Des études suggèrent[75] que cette technologie pourrait vaincre la résistance à
la Méthicilline chez le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) MRSA, responsable
d'infections dans les hôpitaux.
Cette méthode prometteuse se veut non seulement efficace mais également peu coûteuse. Par
exemple, le coût associé aux éléments nécessaires pour faire une expérience à base de
CRISPR revient à un coût d'environ trente dollars contre un coût annuel aux États-Unis de
trente milliards de dollars pour remédier aux infections associées à des résistances
bactériennes aux antibiotiques[75].
ÉligobiotiquesModifier
D'autres antibiotiques, baptisés éligobiotiques[76] (du latin eligo, élire, choisir), seraient
capables de ne détruire que certaines bactéries sélectionnées, contrairement aux antibiotiques
qui s'attaquent à des classes plus larges de bactéries. Ils pourraient notamment éliminer de
manière ciblée les bactéries devenues résistantes aux antibiotiques traditionnels.
HistoriqueModifier
Les antibiotiques avant les sulfamides et la pénicillineModifier
Depuis l'antiquité on a pu recourir empiriquement à des moisissures se développant sur le
pain, le soja... pour soigner des infections ; c'est cependant après l'adoption de la théorie des
germes, puis sous l'impulsion de la théorie de l'évolution[77], que commence véritablement
l'histoire de ce qui allait s'appeler les antibiotiques[78] : les micro-organismes ayant été
identifiés comme causes de maladies, les scientifiques se mirent à chercher des substances qui
pourraient en inhiber, partiellement ou totalement, le développement. La diffusion des
antibiotiques à partir de la fin des années 1940 eut un impact considérable sur la santé des
populations, la pratique médicale et la recherche scientifique. Leur utilisation en médecine
vétérinaire ainsi qu'en agriculture conduisirent à des changements également conséquents.
Certaines observations, fortuites ou provoquées, incitèrent différents scientifiques à identifier
des bactéries inoffensives qui pourraient s’opposer au développement de bactéries
pathogènes. En 1877 déjà, Pasteur et Jules Joubert observèrent que l’injection à des rats d’une
solution contenant de l’anthrax ainsi que diverses bactéries du sol ne conduisait pas les rats à
développer la maladie du charbon. Par ce travail, Pasteur apporta la première description
claire et univoque de l’antagonisme microbien que d’autres avaient pu indiquer avant lui. En
outre, il entrevit les possibilités thérapeutiques de ce phénomène[79] J.-A. Auzias-Turenne,
mort en 1870, avait déjà prôné l’utilisation des antagonismes microbiens à des fins
thérapeutiques. Ses idées à ce sujet se trouvent dans son ouvrage posthume La
Syphilisation[80]. En 1885, Arnaldo Cantani traita des cas de tuberculose pulmonaire par des
pulvérisations de Bacterium termo dans les poumons[81]. En 1887, Rudolf Emmerich montra
quant à lui que des animaux auxquels on avait préalablement injecté le streptocoque ne
développaient pas le choléra.En 1888 Victor Babeş montre que certaines bactéries
saprophytes inhibent le développement de Mycobacterium tuberculosis[82]. En 1889,
Bouchard montra que l’injection de Pseudomonas aeruginosa prévenait le développement de
l’anthrax chez les rats[83].
C’est en 1888 qu’une substance antibactérienne fut extraite de Bacillus pyocyaneus par E. von
Freudenreich. En 1889, Rudolf Emmerich et Oscar Löw effectuent des essais cliniques sur
une substance antibiotique, la pyocyanase produite par Bacillus pyocyaneus une bactérie
appelée aujourd’hui Pseudomonas aeruginosa[84]. Instable et toxique, le médicament fut
abandonné (mais connut quelques applications sous forme de pommade pour les dermatoses)
[85].
Plusieurs centaines d’exemples d’antagonisme microbien furent ainsi mis en évidence sans
avoir de suite pratique[86]. Cela est en partie dû à l’attention accordée alors à une autre voie de
recherche, chimiothérapique, à la suite de la découverte de l’arsphénamine (Salvarsan). Par
ailleurs l’utilisation des bactériophages, découverts en 1917 par Félix d'Hérelle et employés
immédiatement à des fins thérapeutiques, semblait également une voie prometteuse.
Origine de la dénomination « antibiotique »Modifier
Si le terme d’antibiose fut proposé en 1889 par Paul Vuillemin, en opposition au phénomène
de symbiose, pour décrire le phénomène d’antagonisme entre deux espèces microbiennes, la
paternité du terme antibiotique (sous forme adjective ou substantive) est discutée : certains en
créditent René Dubos (dès 1940)[87], d’autres Selman A. Waksman (en 1941, à la suite de sa
découverte de la streptomycine qualifiée par lui de « médicament antibiotique » ; voire dès
1932[88]).
Waksman proposa en 1947 les définitions suivantes afin de diminuer les ambiguïtés sur le
sens du terme antibiotique :
 antibiotique : « inhibition de la croissance ou des activités métaboliques de bactéries ou
d’autres micro-organismes par une substance chimique d’origine microbienne »
 une substance antibiotique biochimique ou un antibiotique biochimique : « une substance
chimique d’origine microbienne, possédant des propriétés antibiotiques »[89], définition qui
exclut les antibiotiques chimiques contenant de métaux lourds toxiques
(ex. : mercurescéine en solution aqueuse du mercurochrome, ou autres organomercuriels tels
que dans l'ancienne formule du mercryl, ou calomel (chlorure mercureux), de moins en moins
utilisés en raison de la toxicité durable de certains de leurs composants et de leur
caractère sensibilisant (Le Mercurochromet, la Mercurescéine sodiquet, le Mercryl laurylé ou
mercurobutol, le Merfènet teinture composé de borate de phénylmercure), le Merseptyl ou le
thiomersal (= mercurothiolate de sodium) se sont avérés sensibilisants et facteurs
de dermatoses[90]
L’apparition d'antibiotique de synthèse mena à une nouvelle définition énoncée en 1957 par
Turpin et Velu :

« Tout composé chimique, élaboré par un organisme vivant ou produit par synthèse, à
coefficient chimiothérapeutique élevé dont l’activité thérapeutique se manifeste à très
faible dose, d’une manière spécifique, par l’inhibition de certains processus vitaux, à
l’égard des virus, des micro-organismes ou même de certaines cellules des êtres
pluricellulaires[91]. »
On relèvera dans cette définition la mention d’usages à destination non seulement de
bactéries, mais aussi de virus, et même d’êtres pluricellulaires qui pourrait surprendre tant les
récentes campagnes à destination du public — du moins en France — ont rappelé la
destination exclusivement antibactérienne des antibiotiques. De nos jours plusieurs définitions
coexistent, elles différent par la présence ou non des concepts de toxicité sélective, d’origine
bactérienne et de limitation de cible aux seules bactéries.

Notes et références
Annexes

Dernière modification il y a 2 mois par WikiCleanerBot

PAGES ASSOCIÉES
 Pénicilline
antibiotique utilisé dans le traitement d'infections bactériennes
 Antibiotique bêta-lactamine
 Famille d'antibiotiques

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Conclusion de la partie sur les médicaments

En conclusion, les médicaments par leur composition et leur mode d’action sont des ensemble
complexes qui possèdent des bénéfices mais aussi des contraintes.

L’efficacité des médicaments, malgré qu’elle soit en partie remise en question en ce moment, est
démontré depuis longtemps et des tests cliniques sont effectuées régulièrement pour mesurer
l’efficacité de celui-ci. Par exemple, un test clinique a mise en évidence que la concentration de CRP
(une protéine) est proportionnel au degré d’inflammation et que l’administration d’anti-
inflammatoire comme la prednisone 30 mg par jour pendant 14 fait chuter la concentration de CRP
de 63%.

Cependant les médicament peuvent également avoir des effets néfastes pour l’organisme, il est donc
nécessaire de suivre l’évolution d’un médicament dans son utilisation et ses effets, c’est la
pharmacovigilance.

Les médicaments sont donc plus bénéfique que les aliments dans le traitement d’une maladie, en
effet les médicaments sont plus efficaces et ont un plus larges spectre d’action.

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