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LE MYTHE D'APHRODITE

Joseph Caccamo

Collège européen de Gestalt-thérapie | « Cahiers de Gestalt-thérapie »

2011/2 n° 28 | pages 27 à 38
ISSN 1277-6874
ISBN 9782913706517
DOI 10.3917/cges.028.0027
Article disponible en ligne à l'adresse :
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Le mythe d’Aphrodite
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« Autrefois, avant la naissance du monde, il n’y avait dans
l’espace immense qu’un œuf gigantesque. Un jour, comme il
arrive à tous les œufs arrivés à maturité, ce dernier se fendit
en deux. Il en sortit un génie ailé qui souleva le haut de la
coquille et repoussa l’autre moitié sous ses pieds : le ciel et la
terre étaient formés. Et le génie, premier être vivant venu au
monde, c’était l’Amour. »
Les poètes et les artistes représentent souvent l’Amour
comme un petit enfant joufflu et espiègle qui passe son
temps à tourmenter avec ses flèches le cœur des pauvres
amants.
Mais la réalité - mythologique s’entend - est tout autre !
Les mythes ne sont que des focalisations en récits de
croyances qui ont nourri et formé, parfois formaté, l’esprit
humain pendant des millénaires. C’est pourquoi au départ de
notre réflexion sur le concept d’amour, il ne m’a pas paru
inutile pour nous, thérapeutes, d’aller visiter l’un des plus
anciens et des plus célèbres de ces mythes.

Les naissances d’Aphrodite

Alors que les dieux de l’Olympe grec ont une naissance, la


déesse Aphrodite, l’équivalent de la Vénus latine, en a
plusieurs qui sont même contradictoires. Joseph CACCAMO
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Selon Homère, elle est la fille de Zeus et d’une océanide,


une des filles d’Ochéanos (l’Océan). Elle s’appelle Dionè, mais
est inconnue par ailleurs. Or Dionè n’est que le nom féminin
de Zeus (dieu). Elle serait donc issue directement du « père
lumière », Dieu/Zeus, sans passer par une vraie mère, ce qui
est un premier sujet d’étonnement. Cette fille de Zeus sera
appelée Pandémos, celle du peuple, la déesse terrestre qui
résidera dans l’île de Rhodes, c’est-à-dire l’île des roses.
D’autre part, dans sa Théogonie, histoire de la naissance
des dieux, le poète Hésiode nous dit que le dieu Cronos
mutile son père Ouranos en lui coupant le sexe et le répand
en morceaux sur la terre. Du sang coule sur le ventre de Rhéa,
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la Terre, et il donne naissance aux Erynnies, déesses de la
vengeance. Quant au sperme, il se répand sur la mer et c’est
de cette «écume», comme il est dit pudiquement, que naît la
déesse de l’amour (Aphro-ditè = née de l’écume). Elle serait
là directement née du Ciel, Ouranos, bien avant Zeus et les
douze principaux dieux de l’Olympe.
En fait, ces naissances diverses correspondent à des
manières différentes d’appréhender l’Amour selon les situa-
tions et le point de vue où l’on se place. Socrate, dans Le
Banquet, dit même qu’Aphrodite est «Amètor», c’est-à-dire
sans mère car c’est elle qui serait à l’origine de toute création.
Il reprend là plutôt l’origine céleste. Ce qui est étonnant de
constater, c’est que dans les deux versions on mentionne
surtout un père et pas de vraie mère. Ce qui déjà nous inter-
roge sur l’origine de l’Amour vu par les Anciens.
Dans la deuxième naissance, elle apparaît comme une
extraterrestre venue apporter la vie sur terre, c’est pourquoi,
étant elle-même source de toute vie, elle ne peut avoir de
mère terrestre.

L’Aphrodite terrestre

Sans l’amour en effet, point de création du monde, de la


nature, des hommes et même des dieux. Tout être vivant est
soumis à son pouvoir, comme le chante le poète latin épicu-
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rien Lucrèce au début de son grand poème sur La Nature. Et


Aphrodite va incarner non seulement la vie mais aussi la
beauté : sous ses pieds, lorsqu’elle sera transportée à Paphos,
poussent l’herbe et les fleurs. Car dans la conception du
monde grec, laissée par les philosophes Stoïciens, l’univers est
créé selon une harmonie impensable pour un être humain : il
est le Cosmos, c’est-à-dire le beau, le paré (cf. cosmétique).
Lorsqu’elle paraît dans l’Olympe, tous les dieux en sont
muets d’admiration. Les dieux, mais pas les déesses… Héra,
l’épouse de Zeus, sera en rivalité permanente avec elle mais
sera aussi sa victime puisque mue par la jalousie de l’amour.
Elle va représenter l’amour « orthodoxe », dans la légalité des
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liens conjugaux, à l’inverse d’Aphrodite.
Athéna, Artémis et Hestia seront les seules à ne pas
connaître ce sentiment et à lui résister. Athéna, c’est normal,
car elle est née directement du cerveau de Zeus libéré par un
bon coup de hache d’Héphaïstos, c’est une intellectuelle.
Artémis n’est qu’une sauvage, ne s’intéressant qu’aux
animaux et à la chasse. Quant à Hestia, la Vesta des Latins,
tout le monde sait que les prêtresses à son service étaient
tenues à la virginité sous peine d’être enterrées vivantes.
Le paradoxe c’est que cette beauté, si raffinée, si délicate,
on la marie au plus laid des dieux, le bossu Héphaïstos.
L’amour est aveugle ! Ce qui ne l’empêche pas de coucher
avec le plus beau des dieux, Arès (Mars), avec lequel elle sera
prise au piège par une ruse de son époux. Celui-ci, ayant eu
vent de la trahison, tisse un filet invisible pour emprisonner
les deux amants. Il ameute alors tous les dieux de l’Olympe
qui accourent, mais pas les déesses, par solidarité féminine ;
et le soleil, s’étant levé ce jour-là plus tôt que de coutume,
éclairera la scène qui provoque le rire inextinguible des
dieux. Aphrodite ne pardonnera jamais ce mauvais tour à la
race du soleil et, de honte ira se cacher dans les forêts
épaisses du Caucase.
Donc on voit défiler à travers ces épisodes, au fur et à
mesure, toutes les caractéristiques de l’amour associé à la
beauté, la création, la vie, la mort, la vengeance, la jalousie,
la honte etc. Avec Arès, elle aura trois rejetons : Déimos
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(l’épouvante), Phobos (la fuite : l’amour peut faire fuir) et


aussi Harmonie (quand même !).
Quand l’amour se manifeste sous l’aspect de la pulsion et
de la force brute, Aphrodite est appelée Pandémos, la
vulgaire. Ses épithètes sont alors éloquentes : Androphonos,
la tueuse d’hommes, ou bien Epithymbia, celle au-dessus des
tombeaux, ou encore Hétaïra/Pornè, la protectrice des courti-
sanes, ou Scotia, la sombre. Ses vengeances sont terribles : ce
pauvre Hippolyte, fils de Thésée, sera déchiqueté sur les
rochers uniquement parce qu’il sacrifie à sa rivale Artémis et
non à elle ! Elle inspire à Phèdre un amour incestueux pour
son beau-fils. Quant à la mère de cette dernière, Pasiphaé,
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fille de Minos et descendante de la race maudite d’Hélios (le
soleil), elle s’accouplera au taureau de Crète et de ses amours
monstrueuses naîtra le minotaure. La pauvre Phèdre, dans la
tragédie de Racine, a bien compris cette malédiction à
laquelle elle ne pourra échapper :
« Je reconnus Vénus et ses feux redoutables…
C’est Vénus tout entière à sa proie attachée… » Racine
De même, elle transforme en rocher la femme qui a
dévoilé sa cachette, elle force les filles du Roi de Chypre à se
prostituer. Et c’est elle qui va déclencher la guerre de Troie à
cause du jugement de Pâris.
Elle ne connaît pas non plus de limites familiales. L’inceste
est la règle : elle couche avec Eros qui est son fils. Arès est dit
parfois son amant, parfois son fils. Elle ne néglige pas les
humains : Anchise, père d’Enée, entre autres…
Tout cela par amour ? Il n’en est jamais question ! Une
seule fois la déesse de l’amour sera prise à son propre piège :
elle tombera amoureuse d’Adonis qu’elle disputera à sa mère
Myrrha. Encore un inceste ! Une seule exception cependant :
Zeus, son propre père, la poursuit de ses assiduités. Elle lui
échappe et lui présente à sa place la Terre mère. Quel beau
geste et quelle délicatesse pour une déesse si impulsive et si
peu scrupuleuse ! C’est en tout cas de cette union, dit-on
dans certaines traditions, que naîtra la race humaine. Nous
l’avons échappé belle ! Nous avons failli naître tous de
l’inceste ! Elle ne le fait certes pas par vertu mais par amour,
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sans doute pour les humains…


On voit donc bien que ce type d’amour, pulsion de vie ou,
dit autrement, libido, qui ne connaît pas de limites, qui
donne la vie mais aussi la mort, l’effroi mais aussi l’harmonie,
est bien issu de la Terre. Dont sont issus aussi les humains, qui
y sont soumis.

L’Aphrodite céleste

Que l’amour naisse d’une castration, d’une émasculation


(Cronos qui mutile son père Ouranos), cela nous interpelle.
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Cette origine est en fait la plus ancienne. Elle vient d’Asie et
du Moyen Orient où la déesse de l’amour portait plusieurs
noms selon les régions : Astartè, Ishtar, etc. Astartè est
appelée aussi dans les textes assyriens «reine du Ciel».
Dans ce mythe, tout se présente comme si cet amour, dès
qu’il atteint la terre des hommes, devenait stérile, il s’associe
à la castration du pouvoir créateur, exactement à l’inverse du
premier mythe, ainsi qu’à la mort, au renoncement sur le plan
physique ou moral. Cronos empêche son père de procréer,
mais lui-même se prive de sa descendance pour garder tout le
pouvoir pour lui, en dévorant ses enfants, à l’exception de
Zeus sauvé par la pierre que Rhéa lui a mise dans la bouche à
la place de son fils. C’est la mutilation d’Ouranos par son fils
Cronos qui permettra à l’amour de naître, mais cet amour est
un amour qui ne peut donner des fruits : il dévore et il tue la
vie. Le meurtre du père était fréquent chez les dieux, bien
avant Oedipe. Pulsion de vie/pulsion de mort. Tout cela se
retrouve dans le mythe : EROS rencontre THANATOS.
Cela se retrouve aussi dans le culte de la femme « non
productrice » qui a essaimé dans tout le bassin méditerra-
néen : c’est le culte de la Vierge propagé par les Phéniciens à
Carthage, Marseille et en Gaule, repris plus tard par les
peuples Celtes, par exemple à Erice en Sicile où il y avait des
prêtresses prostituées sacrées (Aphrodite avait comme
surnom Ericine) et à Olbia (Hyères). Ces cultes ont été les seuls
à pratiquer longtemps des sacrifices humains comme s’en
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indignait encore Jules César lorsqu’il arriva en Gaule.


Ce qu’il faut savoir, c’est que ce culte de la
Vierge passera sans autres problèmes dans la tradition
chrétienne où Marie sera elle aussi appelée «reine du ciel»,
comme Astarté, la Vénus assyrienne, et même «mère DES
dieux» dans un texte ancien des litanies, transformé en
« mère DE Dieu ». Sa statue remplacera progressivement sur
les autels celle de Vénus tandis que les vierges vestales
dédiées au culte d’Hestia (Vesta) seront remplacées par les
religieuses. L’existence mystérieuse des vierges noires qui ne
sont que des copies de statues pré-chrétiennes et en particu-
lier de la déesse de l’initiation Isis en est le témoignage le plus
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éloquent. Le noir est en effet la couleur de l’initiation qui
commençait toujours par une immersion dans les ténèbres de
la mort symbolique.
Voilà comment le dogme de « l’immaculée conception »
prend ses racines dans le mythe méditerranéen, le fils qu’elle
mettra au monde ne pouvant être le fils de la chair mais
seulement avant tout un fils « conçu de l’esprit », c’est-à-dire
« selon l’esprit ».
Cet amour donc, lorsqu’il n’est pas dévoration, a été aussi
compris comme un renoncement au désir de possession et
même parfois jusqu’au renoncement à la vie. C’est ce dernier
type d’amour qui a fasciné les mystiques. C’est pourquoi
Aphrodite « connaît » aussi, au sens biblique, le dieu Hermès,
dieu de la connaissance ésotérique d’où naîtra l’hermaphro-
dite, l’androgyne. L’amour est alors aussi don et connais-
sance.

On voit comment cette double tradition des deux


naissances rend compte des différents types d’amour vécus
pas les humains. Depuis la pulsion la plus animale au renon-
cement ultime et au sacrifice dans l’amour.
Je suis persuadé qu’il n’y a pas d’évolution possible
dans une thérapie avant que le patient ne se sente quelque
part, lui aussi, « aimé ». Aimé pour soi, sans que le thérapeute
en attende un bénéfice personnel quelconque, accueilli tel
qu’il est, compris et soutenu. Ici il ne s’agit plus de technique
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ni de savoir-faire, mais de savoir « être avec ». N’oublions pas


que thérapein en grec signifie être au service de… avant
même de signifier « soigner », le thérapon étant chez Homère
le serviteur. La vraie mutation vers le changement possible se
fait à ce niveau-là.
De quel amour s’agit-il alors ? Du premier ou du
deuxième ? Je laisse à chacun le soin de trouver sa réponse…

Joseph CACCAMO

gestalt-thérapeute, thérapeute familial et


de couple.
Professeur agrégé de grammaire. A ensei-
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gné pendant 35 ans le latin, le grec et le
français dans des Universités à l’Étranger et
en France.

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! Voyage au long cours
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! Lui et moi
! Au fil des séances nous naviguons
! Dans la mer de toutes les confluences
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! Où nombre de navires gisent entiers
! En apparence…
!
Tant de colères enfouies derrière son visage
!
Empreint de sourires nichés dans l’enfance…
!
Un père aux départs au loin sans mouchoirs
!
! Pour cueillir les pleurs ou s’agiter
! Une mère habituée à cacher ses frustrations, ses peines
! D’être laissée avec trois enfants, que des gars !
! Qu’as-tu enfoui au fond de toi de si difficile à atteindre
! Peu de messages tu perçois de ton corps
!
! Tu aimais le dessin mais n’as pu suivre tes penchants
! Tu es dans un rôle d’exécutant, toi le diplômé
! Tu n’arrivais pas à avoir des projets
!
Cela reste difficile…
!
De tout cela tu es corseté, enserré, muselé,
!
Avec toujours cette figure souriante pour en parler
!
! Et comme tu m’apparais gentil avec tes collègues, serviable,
! aidant,
! Quelque part je suis presque dans l’admiration
!
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!
! Aider à ce que sa famille s’en sorte dans un travail
! Auquel tu n’étais pas préparé, t’y tenir sans baisser les bras
! Faire une thérapie par-dessus le marché, je finis par me dire
! Que tu es quand même costaud et non pas seulement fuyant
! devant tes difficultés
! Que j’aurai certainement à apprendre à partir de notre
! travail :
! Si loin, et si proches !
!
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! Si par souci de toi, je me démarque
! C’est repli aussitôt dans tes ports
! Où à nouveau, nous nous blottissons
! La peur fige nos voiles
! Me fige aussi
! Je me sens mal, m’encalamine à mon tour.
! Une anse paisible appelée « supervision » me ramène à de
! meilleurs courants :
! Oui, j’avoue je tenais trop la main sur le gouvernail,
! Ce « sans projets pour lui » m’emmenait sur les falaises
! abruptes
! D’avoir un projet pour lui. Être encore dans ces eaux troubles,
! après tant d’années !
!
Sans parler de nos histoires au goût âpre de maltraitance
!
Où je finissais par me mélanger les pinceaux…
!
!
! Que faire sinon qu’attendre
! Toute vigie dehors !
! Qu’un alizé libérateur fait de patience,
! D’indulgence envers lui, aussi bien qu’envers moi,
! Sache dégager notre esquif
!
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!
! Depuis quelque chose bouge chez lui, je me laisse entraîner
! Dans une sienne direction,
! J’accompagne
! Il accède à une gestuelle plus féline
! Un parler plus coloré :
! -J’ai filé en sucette, dit-il pour dire quand il fuit le conflit
! Nous en rions ensemble
! Une fluidité du Self de bon augure
!
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! Ne nous faut-il pas rejoindre le petit enfant en toi
! Celui qui avait si peur du monde de l’école
! Qu’il mettait déjà une armure,
! Pour retrouver la confiance en l’autre ?
! Long et prenant voyage…
! Pour que s’établisse le lien
! Au père…
!
!
! Bernard BÉREAU
! Gestalt-Thérapeute à Rennes.
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