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CHAPTER 14
Automatisation des terminaux, monitoring des
navires, quels enjeux de sécurité ?
Paul TOURRET
Directeur de l’Institut Supérieur d’Économie Maritime (ISEMAR),
France
Abstract: For different reasons the ships are both traced and sometimes directly
controlled by their shipowners, in particular to impose the routing and bunkers
consumption. Inside ports, the terminals are affected by a vague automation where
human labour mutates the gear to computerised monitors. The arrival of new
technologies in the maritime industry is facing new challenges in a world that is very
attentive to security issues.
Résumé : Pour différentes raisons, les navires sont à la fois tracés et parfois
directement contrôlés par leurs armateurs, notamment pour imposer le routing et la
consommation des soutes. Dans les ports, ce sont les terminaux qui sont touchés
par une vague automatisation où le travail humain mute des engins vers les moniteurs
informatisés. L’arrivée des nouvelles technologies dans l’industrie maritime est donc
confrontée à des défis nouveaux dans un monde très attentif aux enjeux de sécurité.
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Il n’est donc pas question ici de la fiabilisation sécuritaire des informations liées aux
tracking et au tracing des navires et des marchandises ni de la chaîne d’information
liée au fonctionnement des communautés portuaires.
Selon l’armateur français, son « Fleet Navigation & Support Center » est un centre
d’assistance et de conseil à la navigation. « Cette structure quasi unique au monde
permet d’optimiser les routes, vitesses et consommations des navires, tout en assurant
la sécurité des équipages et de la marchandise ». Il est donc opérationnel en
permanence avec pour personnel des navigants CMA CGM offrant une interface
entre les bords et les différentes sections du management de l’armement.
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Le « roboship » est-il plus compliqué qu’un cargo de l’espace reliant à une station
orbitale ? En tout cas il évoluera dans un environnement plus compliqué par les
éléments naturels (mer, vent) et les autres engins présents dans l’eau. Pour le sujet
qui nous intéresse, il sera à l’évidence un colossal défi de protections des données,
d’autant plus important qu’il faudra protéger l’ensemble du navire et des risques (de
sécurité) qu’il représente pour son environnement naturel ou humain.
Le terminal à conteneurs automatisé n’est pas une vue futuriste. Depuis une dizaine
d’années, l’automatisation a été introduite dans les terminaux et le mouvement
s’intensifie. Aujourd’hui, dans certains terminaux, la gestion des parcs à conteneurs
(stockage, mouvement) se fait avec des équipements totalement automatisés. Les
mouvements entre l’entreposage des conteneurs et les portiques de quai se font
dans certains terminaux par des véhicules automatisés (AGV, straddle carrier). Reste
une ultime étape avec l’automatisation du portique de quai avec le navire, qui est
néanmoins en phase de test à Rotterdam.
Quelques réflexions
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La cybersécurité ne manque pas de rappeler la variété des agressions que peut subir
n’importe quel système d’échange de données, notamment s’il possède un système
ouvert via internet. Le danger peut venir de la simple envie de nuisances à l’action
délibérée (trafic illicite, motivation politique).
A priori, l’automatisation sera basée sur des systèmes fermés, mais le monde digital
ne manque pas de failles. Le challenge sera d’autant plus démultiplié que la
digitalisation concerne le mouvement d’objet physique. Si le terminal est cantonné à
un périmètre restreint, le navire est détourné mais capable d’une mise en danger
massive. À cela s’ajoutera le coût économique de la rupture dans la chaîne logistique
ou du dysfonctionnement provoqué aux systèmes automatisés en mer ou dans les
ports.
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