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1. INTRODUCTION .................................................................................................................. 1
2. COMPTABILITÉ ..................................................................................................................12
I. Introduction ................................................................................................................................................ 25
I. Introduction ................................................................................................................................................ 38
8. LE CAPITAL ........................................................................................................................95
V. Problèmes dans l’organisation – Carence Art. 731b CO, renvoi à l’art. 819 CO) ........................................ 171
II. Conditions des actions en réparation du dommage causé à la société ...................................................... 173
III. Mise en œuvre des actions en réparation du dommage causé à la société .............................................. 179
Dans le cas le plus simple, c’est une personne physique qui est titulaire de l’entreprise. Dans
ce cas, on a à faire avec une entreprise individuelle (EI).
Caractéristiques de l’EI :
- souvent utilise pour professions libérales, artisans
- but, en principe, lucratif
- pas de formalités de création et pas de capital minimum; il suffit d’exercer l’activité
- la/le titulaire « est » l’entreprise individuelle
- nom de l’entreprise individuelle comprend obligatoirement celui de la ou du titulaire
- la/le titulaire répond de toutes les dettes de l’entreprise individuelle sur sa fortune
personnelle
- obligation d’inscription RC si CHA > CHF 100’000
L’avantage de l’EI est qu’il n’y a pas des formalités de constitution. Dès lors qu’une personne
exerce une activité à son propre compte, elle agit en tant qu’EI (même si la personne ne le sait
pas). Il y a cependant une obligation d’inscription au RC si la chiffre des affaires (CHA) est
supérieure à CHF 100'000. La raison étant que la/le titulaire répond de toutes les dettes de
l’entreprise individuelle sur sa fortune personnelle. Il faut donc avoir des coordonnées de
contact pour ses EI. Actuellement, il y a environ 160'000 des EI inscrites au RC en Suisse.
Société simple (CO 530)
La société simple (ss) est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent
d'unir leurs efforts ou leurs ressources en vue d'atteindre un but commun.
La société simple est la « mère » de toutes les sociétés et la société « par défaut », mais ni
« sujet » au sens de 2 LFus (Rechtsträger) ni même « entité juridique » (Rechtseinheit) au
sens de ORC 2 lit. a
Le but d’une société simple peut être économique ou idéal. Elle a donc un champ d’application
très large. Il va de l’achat en commun d’un billet de loterie jusqu’au consortium de construction.
La formation d’une société simple n’est pas soumise à des formalités de création et il ne faut
pas avoir un capital minimum. Il suffit de réaliser les conditions et qu’il n’y ait aucune autre
forme donnée à l’entité.
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La société simple n’agit pas dans son propre nom. Si les associés agissent au nom des autres
associés, il s’agit d’une représentation civile. La société simple présuppose une responsabilité
personnelle directe et illimitée des associés qui répondent de toutes les dettes de « la société »
(i.e. conclues au nom de tous les associés) sur leur fortune personnelle.
Normalement, aucune entreprise n’est exploitée par une société simple. Si on veut exercer
une entreprise, on trouve généralement une autre forme juridique.
L’inscription au RC est impossible (champ d’application trop vaste). Ainsi, le nombre de
sociétés simples est inconnu.
Société en nom collectif [SNC] (commerciale) – art. 552 CO
La SNC est une société que contractent deux ou plusieurs personnes physiques, sous une
raison sociale et sans restreindre leur responsabilité envers les créanciers de la société, pour
exploiter une entreprise en la forme commerciale.
Fondamentalement, il s’agit d’une entreprise exploitée par deux ou plus personnes physiques,
qui toutes répondent de manière illimitée des dettes de la société. Le but d’une SNC
commerciale est en principe lucratif.
Le but d’une SC est en principe, lucratif. Le champ d’application est le même qu’EI ou SNC +
nécessité de financement.
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La SA est une société avec la personnalité juridique, formée sous une raison sociale, qui
répond seule de ses engagements; capital fixe, divisé en actions qui confèrent le sociétariat a
un ou plusieurs actionnaires (même très nombreux); (seule) obligation des actionnaires est de
faire un apport de nature financière.
La SA est une entité juridique distincte de ses associes, avec lesquels elle n’entretient que des
liens financiers (capitalistes). Le but d’une SA est, en principe, lucratif.
Entité juridique distincte de ses associes, avec lesquels elle entretient des liens financiers et
de nature personnelle.
Adaptée à toute forme d’activité (économique) qui nécessite un financement faible ou moyen
(PME, entreprise familiale).
Organisation complexe :
- assemblée des associes prend décisions importantes
- gérants (en principe les associes eux-mêmes) gèrent et représentent la SARL
- organe de révision contrôle comptabilité
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Société coopérative [Coop] (CO 828)
La Coop est une société avec personnalité juridique, formée sous une raison sociale, qui
répond en principe seule de ses dettes ; poursuit principalement le but de favoriser ou de
garantir, par une action commune, des intérêts économiques déterminés de ses membres.
Entité juridique distincte de ses associes, avec lesquels elle entretient des liens de nature
personnelle (obligation de fidélité, plus autres obligations statutaires à la charge des associes)
7 associes au moins, mais pas de capital minimum; formalités de fondation moins strictes,
mais inscription RC indispensable pour l’existence de la société.
organisation complexe :
- assemblée des associes prend décisions importantes
- administrateurs gèrent et représentent la Coop
- organe de révision contrôle comptabilité
Les contrats qu’on vu jusqu’ici étaient des contrats ponctuels d’échange. Les intérêts en
question se balançaient dans le sens que le vendeur veut vendre cher et l’acheteur veut faire
payer peu. Les contrats dans la matière du DS sont plutôt des contrats de collaboration, qui
sont plus durables. La durabilité exige qu’on puisse adapter le contrat en cas de besoin. On
verra donc les mécanismes qui permettent aux parties de modifier leur contrat au fur et à
mesure du temps. De plus, les sociétés vont être en contact avec des tiers (fournisseurs,
créanciers etc.).
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III. Les sociétés et leur destination
À quoi servent les différentes sociétés ?
Point de départ : personne physique qui exploite une entreprise. Cette personne est
responsable pour les dettes qui résultent des contrats qu’elle passe avec ces cocontractants.
Di un groupe d’entrepreneurs se met ensemble, il doit s’entendre sur les termes de leur relation
entre eux. À l’égard des tiers, ils sont personnellement responsables pour les dettes de
l’entreprise.
Ensuite, il y a la possibilité de ne pas traiter tous les associés de la même manière. La société
en commandite permet à certains associés de limiter leur responsabilité.
Lorsqu’on a commencé à faire des opérations qui dépassant les moyens d’une personne
isolée (ou d’un petit groupement), il faut une autre forme d’organisation. La SA a une pluralité
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de « financiers » limitant leur responsabilité à un montant déterminé. La gestion est confiée à
un spécialiste. Cela permet aux investisseurs de calculer leur risque (leur responsabilité est
limitée à leur apport à la société) et aux entrepreneurs d’amasser beaucoup d’argent pour
financer des grandes entreprises.
Or, l’association coopérative permettait de gagner des bénéfices d’escale (l’union fait force).
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Dans ce cours, on ne s’intéresse qu’aux groupements de personnes fondés sur un contrat
Contrairement aux sociétés qui doivent adapter leur volonté au cours de temps, les fondations
en une volonté rigide, à savoir le but assigné par le fondateur au moment de la fondation.
2.2. Fondée sur les personnes
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Cf. image ci-dessus.
La société en commandite par actions est très rare. Seulement dix en Suisse.
La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent d'unir leurs
efforts ou leurs ressources en vue d'atteindre un but commun. (art. 530 al. 1er CO)
1. L’élément personnel
La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes…
Cet élément est vrai sans réserve pour les sociétés de personnes (société simple, SNC et SC).
Une SA ou une Sàrl peut être constituée d’une seule personne. Pour constituer une Coop, il
faut être au moins sept personnes.
L’élément personnel permet de distinguer de délimiter les sociétés par rapport aux
établissements (c’est-à-dire les personnes morales fondées sur le patrimoine ; i.e. la
fondation)
2. L’élément contractuel
La société est un contrat qui règle :
- les drotis et obligations des associés (aspect contractuel)
- l’organisation de la société (aspect institutionnel)
Même les sociétés unipersonnelles (possible pour la SA et la Sàrl) doivent avoir des statuts
(donc élément institutionnel du « contrat »).
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3. La poursuite d’un but commun (animus societatis)
… en vue d’atteindre un but commun
On peut distinguer:
- l’objectif de la société (son but immédiat).
o P. ex. fabriquer des chaussures
- son but final: économique (lucratif ou coopératif) ou idéal
o P. ex. générer un avantage économique pour les associés/actionnaires (but
lucratif)
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2. En fonction de la nature du but
Association se trouve dans le CC, parce qu’elle a un but idéal et pas économique. Les autres
sociétés ont typiquement un but économique.
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5. En fonction du régime de responsabilité
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2. COMPTABILITÉ
I. Droit comptable
Titre trente-deuxième: De la comptabilité commerciale et de la présentation des comptes
Nouvelle teneur selon le ch. I 2 de la LF du 23 déc. 2011 (Droit comptable), en vigueur depuis
le 1er janv. 2015 et 1er janvier 2016 (pour certaines dispositions)
Sociétés « 20/40/250 » (= 20 mio total bilan, 40 mio ch. affaires, 250 EPT)
normes particulières (IFRS, Swiss GAAP…) (CO 962 ss)
Sociétés cotées, grandes coopératives ou grandes fondations
III. Bilan
Bilan = Photo de la situation
Définition : Le bilan recense à un instant donné l'ensemble des emplois d'une entreprise
(l'actif) et de ses ressources (le passif). Par définition, ceux-ci ne peuvent qu'être
comptablement équilibrés. […].
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1. Éléments (aperçu)
Éléments du patrimoine (« réels »)
Inscrits à l’actif
Actifs
+ Eléments permettant de corriger (à la baisse) la valeur des actifs
- Amortissements
- Corrections de valeur
Inscrits au passif
Fonds de tiers
- Dettes
- Provisions
Postes comptables (à l’opposition des postes réels)
Inscrits au passif:
postes valeur ≥ 0
- parts sociales/capital
- réserves, bénéfice
postes ≤ 0
- pertes
2. Eléments du patrimoine
1. Les actifs
Art. 959 al. 2 CO
2. L’actif comprend les éléments du patrimoine dont l’entreprise peut disposer en raison
d’événements passés, dont elle attend un flux d’avantages économiques et dont la valeur peut
être estimée avec un degré de fiabilité suffisant. Aucun autre élément du patrimoine ne peut
être porté au bilan.
Actif circulant = trésorerie et les actifs qui seront vraisemblablement réalisés au cours des
douze mois suivant la date du bilan
Actif immobilisé = tout le reste
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2. actif immobilisé:
a) immobilisations financières,
b) participations,
c) immobilisations corporelles,
d) immobilisations incorporelles,
e) capital social ou capital de la fondation non libéré.
Exemple : Matériel informatique d’une valeur de 20'000 qui doit être remplacé après deux
ans.
T-Account An 0
Actif Passif
Trésorerie 20’000
Matériel Informatique 20’000
Après un an, on déduit l’amortissement du montant pour lequel le matériel est inscrit au bilan :
T-Account : Fin de l’an 0
Actif Passif
Trésorerie 20’000
Matériel Informatique 10’000
Après deux ans, le matériel informatique doit être remplacé (il ne vaut plus rien). Il n’apparaît
donc plus au bilan.
T-Account : Fin de l’an 1
Actif Passif
Trésorerie 20’000
2.2. Amortissement indirect
On laisse la valeur initiale de l’actif inscrit au bilan, mais déduit l’amortissement.
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Exemple : Matériel informatique d’une valeur de 20'000 qui doit être remplacé après deux
ans.
T-Account An 0
Actif Passif
Trésorerie 20’000
Matériel Informatique 20’000
Après un an, on laisse le matériel informatique inscrit pour CHF 20'000 mais, on en déduit
l’amortissement de CHF 10'000 :
T-Account : Fin de l’an 0
Actif Passif
Trésorerie 20’000
Matériel Informatique 20’000
Amortissement - 10’000
Après deux ans, le matériel informatique doit être remplacé (il ne vaut plus rien). Il n’apparaît
donc plus au bilan.
T-Account : Fin de l’an 1
Actif Passif
Trésorerie 20’000
Matériel Informatique 20’000
Amortissement - 20’000
Correction de valeur indirecte : on garde la somme initiale, mais inscrit une c.v. (montant
négatif) au bilan.
3. Les fonds de tiers
3.1. Les dettes
Art. 959 al. 5 CO – Définition des fonds de tiers
5. Les capitaux étrangers comprennent les dettes qui résultent de faits passés, qui entraînent
un flux probable d’avantages économiques à la charge de l’entreprise et dont la valeur peut
être estimée avec un degré de fiabilité suffisant.
Art. 959 al. 6 CO – Classement des fonds des tiers en longue et courte terme
6. Les capitaux étrangers à court terme comprennent les dettes qui seront vraisemblablement
exigibles dans les douze mois suivant la date du bilan ou dans le cycle normal des affaires.
Toutes les autres dettes sont classées dans les capitaux étrangers à long terme.
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il comporte au moins les postes ci-après, indiqués séparément et selon la structure suivante:
1. capitaux étrangers à court terme:
a. dettes résultant de l'achat de biens et de prestations de services,
b. dettes à court terme portant intérêt,
c. autres dettes à court terme,
d. passifs de régularisation;
2. capitaux étrangers à long terme:
a. dettes à long terme portant intérêt,
b. autres dettes à long terme,
c. provisions et postes analogues prévus par la loi;
[…]
Exemple :
Actif Passif
Dette exigible en 2 mois
Dette exigible en 2025
3.2. Les provisions
On craint qu'on aille devenir débiteur ou bien qu’un élément des actifs aille perdre
sensiblement de valeur.
Exemple :
Actif Passif
Actifs 100’000 20’000 Dettes
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Amortissements - 10’000 10’000 Provision
Corrections de valeur - 10’000
Fortune nette = [100'000 – 10'000 – 10'000] – [20'000 + 10’000]
Fortune nette = [80’000] – [30’000]
Fortune nette = 50’000
3. Postes comptables
1. Fonds propres
NB : Les fonds propres comprennent différents « sous-postes » que nous examinerons
ultérieurement: les parts sociales (ou le capital), les réserves et/ou le bénéfice.
Exemple :
Actif Passif
Actifs 60’000 20’000 Fonds de tiers (FT)
Corrections de valeur - 10’000 30’000 Fonds propres
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L'idée du droit comptable suisse est de protéger les créanciers. Le législateur permet d'inscrire
des actifs au prix d'achat. Un immeuble acheté en 1900 pour 50'000 reste ainsi dans le bilan
pour autant, malgré le fait que la valeur de marché est de 2'000'000 CHF.
NB: la surévaluation peut résulter d’une surévaluation des amortissements ou des corrections
de valeur ou du maintien d’amortissements ou corrections de valeur qui ne se justifient plus
(960a al. 4 CO)
Situation comptable
Actif Passif
Actifs 30’000 25’000 Fonds de tiers (FT)
5’000 Fonds propres
Situation réelle
Actif Passif
Actifs (valeur réelle) 55’000 25’000 Fonds de tiers (FT)
30’000 Fonds propres
(valeur réelle)
Donc :
Actif Passif
Actifs 30’000 25’000 Fonds de tiers (FT)
Fonds propres
5’000 - Autres
Actifs non-inscrits au bilan 25’000 25’000 - Réserve latente
3.2. Réserve latente : passif surévalué
La loi permet le maintien de provisions qui ne se justifient plus (960e al. 4 CO)
Situation comptable
Actif Passif
Actifs 70’000 10’000 Dettes
50’000 Provision
10’000 Fonds propres
Situation réelle
Actif Passif
Actifs 70’000 10’000 Dettes
10’000 Provision
(valeur réelle)
50’000 Fonds propres
(valeur réelle)
Donc :
Actif Passif
Actifs 70’000 10’000 Dettes
10’000 Provision
(valeur réelle)
Fonds propres
10’000 - Autres
40’000 - Réserve latente
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NB : la loi ne tolère pas les pertes latentes
Situation comptable
Actif Passif
Actifs 65’000 25’000 Fonds de tiers (FT)
40’000 Fonds propres
Situation réelle
Actif Passif
Actifs (valeur réelle) 30’000 25’000 Fonds de tiers (FT)
5’000 Fonds propres
(valeur réelle)
Donc :
Actif Passif
Actifs (valeur réelle) 30’000 25’000 Fonds de tiers (FT)
5’000 Fonds propres
(valeur réelle)
35’000 Perte cachée
(fonds propres
Inexistants)
INTERDIT
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Évolution défavorable 1/2 : comparaison des « photos »
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4.2.1. Apports et parts sociales
Si apports = parts sociales :
Part sociale : poste comptable lié à un associé, qui peut, mais ne doit pas nécessairement
correspondre à la contre-valeur de l’apport; c’est un poste fixe, susceptible d’être
modifié « ponctuellement » à la clôture de l’exercice et/ou en fonction de décisions des
associés. La part sociale est toujours inscrite au passif du bilan.
La valeur de la participation d’un associé dans une société correspond à sa part sociale
augmentée des bénéfices ou diminuée des pertes qui lui incombent.
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Répartition proportionnelle
Répartition libre :
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4.3. Protection des créanciers
« Pay-in »1/2 : Les associés apportent uniquement des actifs
« Pay-out »
Avant le « pay-out »:
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Après le « pay-out »
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3. REGISTRE DE COMMERCE
I. Introduction
Définition: CO 927 (adopté, non encore en vigueur)
Le registre du commerce est un ensemble de bases de données gérées par l’Etat. Il vise
notamment à enregistrer et à publier les faits juridiquement pertinents concernant des entités
juridiques en vue de contribuer à la sécurité du droit et à la protection des tiers.
Par entités juridiques au sens du présent titre, on entend:
1. les entreprises individuelles;
2. les sociétés en nom collectif;
3. les sociétés en commandite;
4. les sociétés anonymes;
5. les sociétés en commandite par actions;
6. les sociétés à responsabilité limitée;
7. les sociétés coopératives;
8. les associations;
9. les fondations;
10. les sociétés en commandite de placements collectifs;
11. les sociétés d’investissement à capital fixe;
12. les sociétés d’investissement à capital variable;
13. les instituts de droit public;
14. les succursales
Le RC relève du droit fédéral, mais il est largement mené par des autorités cantonales.
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Obligatoire Facultatif
existe sous une forme existe sous une forme
juridique déterminée juridique déterminée
seulement si inscrit sous seulement si inscrit sous
Constitutif cette forme; cette forme ;
doit s’inscrire – mais pas peut ne pas figurer au RC
obligatoirement sous cette
forme juridique
existe sous une forme existe sous une forme
juridique déterminée juridique déterminée
Déclaratif indépendamment de toute indépendamment de toute
inscription ; doit figurer au inscription ;
RC peut ne pas figurer au RC
1. Inscription constitutive
Une entité pour laquelle l’inscription est constitutive n’a pas d’existence en tant que personne
morale avant l’inscription. Il est possible que l’inscription de l’entité (sous une forme ou sous
une autre) soit obligatoire sans être constitutive.
Art. 52 CC - De la personnalité
1. Les sociétés organisées corporativement [= sociétés qui ont la personnalité morale], de
même que les établissements ayant un but spécial et une existence propre, acquièrent la
personnalité en se faisant inscrire au registre du commerce.
2. Sont dispensés de cette formalité les corporations et les établissements de droit public ainsi
que les associations qui n’ont pas un but économique [c’est-à-dire qui n’exploitent pas une
entreprise en la forme commerciale].
L’inscription de toute association est déclarative, même si elle a un but économique (mais
obligatoire si entreprise en la forme commerciale).
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L’inscription constitutive concerne les entités dans le cadre rouge :
2. Inscription obligatoire
Dans certains cas la loi prévoit l'inscription obligatoire pour protéger les tiers.
cf. aussi art. 931 al. 1 CO (adopté mais non encore en vigueur)
Toute personne physique qui exploite une entreprise et qui, au cours du précédent exercice, a
réalisé un chiffre d’affaires d’au moins 100’000 francs doit requérir l’inscription de son
entreprise individuelle au registre du commerce au lieu de l’établissement. Sont libérés de
cette obligation les membres des professions libérales et les agriculteurs lorsqu’ils n’exploitent
pas une entreprise en la forme commerciale.
Éléments constitutifs d’une entreprise en la forme commerciale
Art. 2 lit. b ORC
[On entend par] entreprise : une activité économique indépendante exercée en vue d’un
revenu régulier.
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1) Activité indépendante (c’est-à-dire ≠ travailleur)
Assumer le risque économique :
- investissements pour l’activité
- frais généraux
- locaux commerciaux
- personnel
- clientèle
- risque lié à l’encaissement
Les critères ne sont pas une checklist, mais l'entité des critères doit être apprécié dans un cas
d'espèce.
La professeure défend, avec une partie de la doctrine, la vision qu’on devrait utiliser le même
critère pour distinguer les SNC et SC commerciales / non commerciales.
3) Régularité du revenu
A distinguer de l’affaire ou du mandat ponctuel
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- Plomb, qui exploitait un cirque, était obligé de s'inscrire au RC, même s'il restait en
Suisse que pour trois mois, puisqu'il vendait des billets chaque soir.
Attention :
Traditionnellement les professions libérales et les entreprises agricoles étaient exclues de
l’obligation de s’inscrire. La raison pour les professions libérales était qu’on choisit p. ex. son
avocat à cause de sa personne et non pas à cause de ses finances. Quant aux entreprises
agricoles, on partait de l’idée que les paysans pratiquent avant tout l’autosuffisance.
La jurisprudence récente va dans le sens d’une obligation d’inscription même dans ces cas
(cf. toutefois CO 931 non encore en vigueur : « Sont libérés de cette obligation les membres
des professions libérales et les agriculteurs lorsqu’ils n’exploitent pas une entreprise en la
forme commerciale. »)
3. Inscription facultative
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… et déclarative
Les entités dont l’inscription est facultative et déclarative s’inscrivent parfois quand même, afin
de bénéficier d’une protection de leur raison sociale.
Entreprises individuelles
Les entreprises individuelles qui n’ont pas un chiffre d’affaires de CHF 100'000 :
(cf. aussi art. 931 al. 2 CO non encore en vigueur : « Les entreprises individuelles […] qui ne
sont pas soumises à l’obligation de s’inscrire peuvent requérir leur inscription au registre du
commerce. »)
Associations n’exploitant pas d’entreprise commerciale
L’association est une entité juridique au sens de l’ORC (art. 2 lit. a ch. 8 ORC). Le RC sert à
l’identification des entités juridiques (art. 1 ORC). Donc, on peut inscrire une association. Ceci
découle aussi de l’art. 61 al. 1 (et al. 2 ch. 1 a contrario) CC.
Art. 61 al. 1 et 2 CC
1. L’association dont les statuts ont été adoptés et qui a constitué sa direction peut se faire
inscrire au registre du commerce.
2. Est tenue de s’inscrire toute association:
1. qui, pour atteindre son but, exerce une industrie en la forme commerciale (inscription
obligatoire);
2. qui est soumise à l’obligation de faire réviser ses comptes.
Les instituts de droit public peuvent éventuellement bénéficier du régime de la LFus si elles
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sont inscrites.
… et constitutive
SNC non commerciale
Art. 553 CO - Sociétés n’exerçant pas une activité commerciale
Si la société n’exploite pas une industrie en la forme commerciale, elle n’existe comme société
en nom collectif que du moment où elle se fait inscrire sur le registre du commerce.
L’inscription est constitutive dans le sens que sans inscription, il s’agit d’une société simple.
L’inscription engendre donc la soumission au régime des SNC, au lieu du régime des ss (et
autres effets).
SC non commerciale
Art. 595 CO - Sociétés n’exerçant pas une activité commerciale
Si la société n’exploite pas une industrie en la forme commerciale, elle n’existe comme société
en commandite que si elle se fait inscrire sur le registre du commerce.
L’inscription est constitutive dans le sens que sans inscription, il s’agit d’une société simple.
L’inscription engendre donc la soumission au régime des SC, au lieu du régime des ss (et
autres effets).
4. Inscription exclue
Société simple (ATF 79 I 181)
Donc, si la société simple exploite une entreprise, le TF prône l’inscription des membres sous
raison individuelle
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2. Information sur la responsabilité
3 systèmes de base :
- responsabilité des seuls associés
- responsabilité de la société et des associés (à titre subsidiaire)
- responsabilité de la seule société
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Prétention des créanciers
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Parenthèse : Représentation commerciale et représentation de la société simple
Statut juridique des personnes ayant qualité pour représenter la société
Associés ou organes ( art. 55 CC): (= « parties » de la société)
- associé (société simple)
- associés indéfiniment responsables (pour les SNC et les SC)
o CO 563, CO 603
- gérants (pour les SARL)
o CO 814
- administrateurs (pour les SA, SCPA, Coop)
o CO 718, CO 765, CO 898
***
Représentant civil
Etendue des pouvoirs (lié au statut du représentant)
Associés de société simple
Présomption de pouvoir de représenter dans la mesure où pouvoir d’administrer, i.e. gestion
courante de la société: CO 543 III à 535 I et II)
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Associés, gérants, administrateurs
À l’égard des tiers de bonne foi : tous les actes que peut impliquer le but de l’entreprise, i.e.
tous les actes qui ne sont pas exclus par le but de l’entreprise.
(CO 564, CO 603 + 564, CO 718a I, CO 764 II + 718a I, CO 814 IV + 718a I, CO 899 I)
Fondés de procuration
À l’égard des tiers de bonne foi: tous les actes que peut impliquer le but de l’entreprise, i.e.
tous les actes qui ne sont pas exclus par le but de l’entreprise ; aliéner et grever des immeubles
seulement avec pouvoirs exprès (CO 459)
Mandataires commerciaux
À l’égard des tiers de bonne foi: tous les actes que comporte habituellement l’entreprise ou les
opérations qui lui ont été confiées (CO 462); engagements de change, emprunts ou plaider
seulement avec pouvoirs exprès
***
Représentant civil
cf. procuration
Dépassement de pouvoirs
Si représentant agit pour le compte du représenté et dépasse les pouvoirs, le représenté est
lié à moins que le tiers ait connu le dépassement ou ait dû éprouver des doutes sérieux à ce
sujet (mauvaise foi qualifiée)
Abus de pouvoirs
Si représentant agit pour son propre compte et abuse de ses pouvoirs :
- « les exigences quant à l'attention requise du tiers s'en trouvent […] augmentées; une
négligence même légère peut déjà faire admettre la mauvaise foi, en particulier lorsque
le tiers conclut l'affaire en ne prêtant pas attention à des indices objectifs d'abus,
laissant entrevoir que le représentant agit contre les intérêts du représenté. » (ATF 119
II 23, consid. 3.c.aa).
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1. La poursuite se continue par voie de faillite, soit comme «poursuite ordinaire par voie de
faillite» (art. 159 à 176), soit comme «poursuite pour effets de change» (art. 177 à 189), lorsque
le débiteur est inscrit au registre du commerce en l’une des qualités suivantes:
1. chef d’une raison individuelle (art. 934 et 935 CO1);
2. associé dans une société en nom collectif (art. 554 CO);
3. associé indéfiniment responsable dans une société en commandite (art. 596
CO);
4. membre de l’administration d’une société en commandite par actions (art. 765
CO);
5. …
6. société en nom collectif (art. 552 CO);
7. société en commandite (art. 594 CO);
8. société anonyme ou en commandite par actions (art. 620 et 764 CO);
9. société à responsabilité limitée (art. 772 CO);
10. société coopérative (art. 828 CO);
11. association (art. 60 CC2);
12. fondation (art. 80 CC).
[…]
3. Effets de publicité
Effet de publicité positif
Art. 933 I CO – 936b I nCO
Ce qui est inscrit est connu : « dès lors qu’un fait a été inscrit au registre du commerce, nul ne
peut se prévaloir de ne pas en avoir eu connaissance ».
Effet de publicité négatif
Art. 933 II CO – 936b nCO):
Ce qui aurait dû être inscrit et ne l’est pas ne peut être opposé à un tiers (sauf s’il en a une
connaissance certaine) : « lorsqu’un fait dont l’inscription est requise n’a pas été enregistré, il
ne peut être opposé à un tiers que s’il est établi que celui-ci en a eu connaissance ».
Effet de foi publique ?
Art. 936 II nCO
Un tiers est-il en droit de se fier à une fausse inscription ?
« Quiconque s’est fondé de bonne foi sur un fait erroné inscrit au registre du commerce est
protégé dans sa bonne foi lorsqu’aucun intérêt prépondérant ne s’y oppose »
Effet guérisseur limité
L’inscription d’une personne morale, alors même que les conditions ne sont pas réalisées,
n’empêche pas l’acquisition de la personnalité morale
Autre effet
LFus 69 : possibilité d’utiliser le transfert de patrimoine
V. Procédure d’inscription
36
Pouvoir de cognition du RC (art. 940 CO – 937 nCO)
1/ libre pouvoir de cognition pour les exigences formelles de registre
Exemple : l'élection d'un administrateur était faite d'une manière qui était probablement
irrégulière. C'est un problème des associés que le fonctionnaire du RC ne doit pas
résoudre. Néanmoins, le TF a élargi la cognition aux questions fondamentales du droit des
sociétés.
37
4. DROIT DES SOCIÉTÉS SIMPLES
I. Introduction
Particularité du contrat de société simple
La place du droit de la société simple dans le CO se trouve dans le chapitre « contrats ». Elle
se distingue d’un contrat synallagmatique par le fait que les cocontractants (associés)
poursuivent un but commun. De ce but commun découle aussi une obligation de fidélité entre
les associés.
Il s’agit d’une société de personnes (comme la SNC et la SC). La société simple n’a pas la
personnalité juridique à l’égard des tiers. Les tiers contractent donc directement avec les
associés.
1. Éléments constitutifs
Art. 530 CO
1. La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent d’unir leurs
efforts ou leurs ressources en vue d’atteindre un but commun.
2. La société est une société simple, dans le sens du présent titre, lorsqu’elle n’offre pas les
caractères distinctifs d’une des autres sociétés réglées par la loi.
Conditions
- Contrat
- 2 personnes ou plus
- But commun
- Union d’efforts ou ressources
- Seulement si pas d’autre type de société (caractère subsidiaire al. 2)
38
l’obligation d’apport.
Or, une société simple doit consister d’au moins deux personnes. Elle suppose aussi un but
commun, qui peut être économique ou idéal, pour autant qu’il est dans les limites de l’art. 20
CO. Or, il doit y avoir un animus societatis, c’est-à-dire la volonté de collaborer pour atteindre
le but commun. Finalement, les parties au contrat doivent s’engager d’unir leurs efforts. Cela
implique que chaque associé doit fournir un apport (art. 531 al. 1 CO). La notion d’apport doit
être compris au sens large et peut être fourni en travail.
L’art. 530 al. 2 CO dispose que la société simple est subsidiaire aux autres formes sociales
prévues par la loi.
1.1. Contrat
Forme
La loi ne prévoit aucune exigence de forme (art. 11 al. 1 CO). Le contrat peut donc être exprès
(oral ou écrit) ou tacite (actes concluants).
Il y a cependant des exigences particulières pour certains apports (p.ex. un contrat prévoyant
l’obligation de faire un apport en propriété d’un immeuble ou l’obligation d’un associé de
reprendre un immeuble à la liquidation nécessite un acte authentique).
Eléments essentiels du contrat (voir la suite)
- Les parties doivent être d’accord sur le cercle des personnes liées, qui doit être de
deux ou plusieurs personnes. Il faut un accord des volontés de tous les associés (p.
ex. : ATF 4C.24/2000 : crédit hypothécaire octroyé à une « société simple », mais un
des « associés » ne signe pas).
- But commun et volonté de s’obliger à le poursuivre en commun (animus societatis)
- Obligation d’apport = union d’efforts ou ressources
- Pas nécessaire de vouloir les conséquences de la conclusion du contrat (i.e.
responsabilité solidaire, etc.)
1.2. Deux personnes ou plus
Il peut s’agir de toute sorte de personne, comme :
- Des personnes physiques
- De groupement de personnes
o avec quasi-personnalité (SNC ou SC)
sans quasi-personnalité (autre société simple ou bien communauté des
héritiers). Dans ce cas, chaque membre du groupement est lié individuellement.
- De personnes morales.
1.3. But commun
Dans les limites de l’art. 20 CO. Le but peut être idéal ou économique
Animus societatis
L’animus societatis est la volonté de poursuivre le but commun. C’est le critère qui distingue
la société simple des contrats bilatéraux (rapport d’échange). Accord de collaboration (et non
rapport d’échange).
Le TF regarde une série d’indices quant à ce critère. Les éléments ne sont pas des conditions
nécessaires, mais doivent être appréciés d’une manière globale :
« Cette volonté résulte de l'ensemble des circonstances et non pas de la présence ou de
l'absence de l'un ou l'autre élément » (ATF 99 II 303, 305 – prêt partiaire ou société simple)
Indices
Participation à la formation de la volonté (sur pied d’égalité)
39
Aucune partie ne doit recevoir des instructions de l’autre.
- ATF 127 III 519, 524 – relation entre architectes et ingénieurs dans un concours. Le TF
a décidé que les ingénieurs ont reçu des instructions des architectes. Il n’y avait donc
pas une société simple, mais un contrat synallagmatique, par lequel les ingénieurs ont
fourni un service aux architectes.
Participation aux bénéfices et aux pertes
La participation aux pertes permet de distinguer le contrat de société simple d’un contrat de
travail partiaire (notamment un contrat de travail partiaire, où l’employé participe aux bénéfices
en tant que bonus). Des contrats de travail partiaire ne prévoient généralement pas une
participation aux pertes.
Partage de la substance même de l’entreprise
1.4. Apports
Art. 531 al. 1 et 2 CO - Apports
1. Chaque associé doit faire un apport, qui peut consister en argent, en créances, en d’autres
biens ou en industrie [droit impératif].
2. Sauf convention contraire, les apports doivent être égaux, et de la nature et importance
qu’exige le but de la société.
D’après la doctrine majoritaire, l’alinéa 1 est du droit impératif. Cependant, la notion d’apport
est très large. Il suffit par exemple de fournir du travail ou de consentir à contribuer aux pertes.
L’alinéa 2 est clairement du droit dispositif. C’est uniquement le régime par défaut, qui
s’applique si le contrat n’y déroge pas.
Nature des apports :
Quoad dominium : biens remis à titre de propriété
Quoad usum : permettre à la société son utilisation
Quoad sortem : mettre à disposition de la société sa valeur économique
- Par exemple, un actionnaire peut mettre à disposition le droit de vote découlant de ses
actions (société simple entre actionnaires)
Apport en industrie (i.e. en travail) : Seulement travail à titre gratuit. Si rémunération,
ce n’est plus un apport.
Autres (ex. participer aux pertes…)
1. Action de « la société » pour faire exiger les apports (décision unanime sans l’associé
concerné)
2. Actio pro socio : Un des associés peut demander à un autre (qui ne s’est pas exécuté)
de faire son apport. Donc un associé peut agir « au nom » de la société. L’art. 82 CO ne
s’applique pas, sauf cas exceptionnel.
1.5. Subsidiarité
Délimitation par rapport à la SNC
Une SNC est commerciale lorsqu’elle exerce une entreprise en la forme commerciale.
40
L’inscription d’une SNC commerciale au RC est obligatoire, mais seulement déclarative. En
revanche, l’inscription d’une SNC non commerciale est constitutive, mais facultative. Ainsi,
sans inscription, il s’agit d’une société simple.
On est face à une SNC commerciale (et pas une société simple) si :
- Exploitation d’une entreprise
- Tous les membres sont des personnes physiques
On est face à une SNC non commerciale (et pas une société simple) si :
- Tous les membres sont des personnes physiques
- La société est inscrite au RC en tant que SNC
Délimitation par rapport à la SC
On est face à une SC commerciale (et pas une société simple) si :
- Exploitation d’une entreprise
- Il a un ou plusieurs personnes physiques qui sont indéfiniment responsables (associé
indéfiniment responsable, AIR). Ainsi, dès lors qu’il y a une personne morale
indéfiniment responsable, il ne peut s’agir d’une SC.
- Il y a des associés commanditaires, c’est-à-dire avec une responsabilité limitée à
l’égard des tiers. Les commanditaires peuvent être des personnes morales.
On est face à une SC non commerciale (et pas une société simple) si :
- Inscription au RC en tant que SC
- Il a un ou plusieurs personnes physiques qui sont indéfiniment responsables (associé
indéfiniment responsable, AIR). Ainsi, dès lors qu’il y a une personne morale
indéfiniment responsable, il ne peut s’agir d’une SC.
- Il y a des associés commanditaires, c’est-à-dire avec une responsabilité limitée à
l’égard des tiers. Les commanditaires peuvent être des personnes morales.
Délimitation par rapport à la SA, SCPA, SARL et la Coop
Inscription au RC : Avant leur inscription au RC, ces sociétés sont des sociétés simples (à
moins de réaliser les conditions d’une SNC)
Délimitation par rapport à l’association
Existence de statuts dont résulte la volonté de « s’organiser corporativement », c’est-à-dire de
constituer une personne morale.
1. Formation de la volonté
Art. 534 CO - Décisions de la société
41
1. Les décisions de la société sont prises du consentement de tous les associés.
2. Lorsque le contrat remet ces décisions à la majorité, celle-ci se compte par tête.
Types de décisions :
Décisions prises par chaque associé
Décisions prises à l’unanimité seul
Art. 535 al. 1 et 2 CO
Modifications du contrat (art. 534 CO) Décisions de gestion courante
Y compris :
Art. 535 al. 1 et 2 CO
- modification du régime de l’art. 535 al. 1
CO 1. Tous les associés ont le droit
- Admission de nouveaux associés (art. d’administrer, à moins que le contrat ou une
542 CO) décision de la société ne l’ait conféré
- Dissolution de la société par volonté exclusivement soit à un ou plusieurs d’entre
unanime (art. 545 al. 1 ch. 4 CO) eux, soit à des tiers.
- Liquidation de la société (art. 550 CO)
2. Lorsque le droit d’administrer appartient à
tous les associés ou à plusieurs d’entre eux,
Décisions (de gestion) importantes (art. chacun d’eux peut agir sans le concours des
535 al. 3 CO) autres; chacun des autres associés gérants
- Y compris nomination d’un mandataire peut néanmoins s’opposer à l’opération
général avant qu’elle soit consommée.
Tout est du droit dispositif et peut donc être modifié.
1.1. Délimitation entre décisions courantes/importantes
Comment fait-on la délimitation entre les décisions importantes et les décisions courantes à
l’intérieur du but social ?
Délimitation
Volonté des associés
Examiner chaque opération individuellement selon la nature et l’importance de l’acte juridique
- Type et importance de la société
- Contenu de la décision (but, conséquences financières, risques)
- Pouvoir d’appréciation pour la décision
- Caractère plus ou moins exceptionnel de la décision
1.2. Décisions sociales (modifications du contrat + décisions importantes)
Compétence (CO 534)
- Tous les associés (assemblée des associés)
- Décision à l’unanimité
Limites
- Décisions en cas de conflit d’intérêts qualifié (exclusion, procès, etc.)
o (cf. devoir de fidélité)
- Associé adoptant un comportement contraire au contrat de société ou refusant son
consentement de manière abusive
Dérogations possibles
- Extension/réduction du cercle des décisions importantes
- Majorité plutôt qu’unanimité
- Calcul de la majorité (par tête, en fonction des parts, durée au sein du sociétariat, etc.)
1.3. Gestion courante
Régime légal
42
Chaque associé a la compétence de prendre des décisions de gestion courante ; droit acquis
(CO 535 I/II + 539 I)
+ Droit de veto (CO 535 II) => avant que l’opération soit consommée
Liberté contractuelle
On peut prévoit que seulement certains associés ont la compétence de prendre des décisions
de gestion courante. On peut donner le pouvoir de gestion à un tiers. Des autres régimes
envisageables sont la gestion collective ou commune, gestion par secteurs, etc.
2. Relations « financières »
2.1. Acquisition de droits et obligations (CO 544)
Les actifs de la société simple sont la propriété commune des associés. Les fonds propres
consistent des apports.
2.2. Bénéfice qui, par sa nature, revient à la société (art. 532 CO)
L’associé qui a lui-même réalise un bénéfice qui revient à la société doit le verser aux actifs
de la société
Art. 532 CO
Les associés sont tenus de partager entre eux tout gain qui, par sa nature, doit revenir à la
43
société.
2.3. Activités pour le compte de la société (art. 537 CO)
Art. 537 CO
1. Si l’un des associés a fait des dépenses ou assumé des obligations pour les affaires de la
société, les autres associés en sont tenus envers lui; ils répondent également des pertes qu’il
a subies et qui sont la conséquence directe de sa gestion ou des risques inséparables de
celle-ci.
L’art. 537 CO s’applique uniquement aux rapports internes.
Conditions
Opérations conformes au but de la société
- Dépenses et pertes générées par l’associé
La prétention pour pertes est réduite ou exclue en cas de responsabilité partielle ou totale de
l’associé (CO 44 I).
Rémunération supplémentaire de l’associé gérant ?
Principe : pas de rémunération pour le travail personnel (CO 537 III)
Mais on peut prévoir une indemnisation. Dans ce cas les art. CO 537 III cum 538 III CO
s’appliquent.
2.4. Responsabilité interne (art. 538 CO)
Art. 538 CO - Diligence requise
1. Chaque associé doit apporter aux affaires de la société la diligence et les soins qu’il
consacre habituellement à ses propres affaires.
2. Il est tenu envers les autres associés du dommage qu’il leur a causé par sa faute, sans
pouvoir compenser avec ce dommage les profits qu’il a procurés à la société dans d’autres
affaires.
3. L’associé gérant qui est rémunéré pour sa gestion a la même responsabilité qu’un
mandataire.
A. Conditions (art. 538 al. 2 CO)
Il s’agit d’une responsabilité contractuelle ordinaire, donc d’une lex specialis à l’art. 97 CO. Les
conditions sont un acte de gestion de l’associé, un dommage, un lien de causalité naturelle et
adéquate entre l’acte et le dommage et une faute.
B. Niveau de diligence (condition de faute)
L’associé non rémunéré (art. 538 al. 1 CO) : Sa diligence est interprétée à l’aune de
celle qu’il porte pour ses propres affaires (diligentia quam in suis).
L’associé rémunéré (CO 538 III) : Responsabilité analogue au mandataire (CO 398 I)
44
C. Majeure
L’art. 538 al. 2 CO prévoit que : « [L’associé] est tenu envers les autres associés du dommage
qu’il leur a causé par sa faute, sans pouvoir compenser avec ce dommage les profits qu’il a
procurés à la société dans d’autres affaires ». L’associés est donc responsable si un acte
d’administration amène un dommage à la société. Il doit y avoir un lien causal naturel et
adéquat entre l’acte de gestion et le dommage. Or, il faut que l’associé ait agi de manière
fautive.
Un associé non rémunéré démontre un manque de diligence, c’est-à-dire agit de manière
fautive, lorsqu’il n’a pas apporté aux affaires de la société « la diligence et les soins qu’il
consacre habituellement à es propres affaires » (art. 538 al. 1 CO, diligentia quam in suis).
La diligence requise d’un associé rémunéré est analogue à celle requise d’un mandataire (art.
538 al. 3 CO. La faute de l’associé rémunéré s’apprécie donc d’après la diligence qu’on
requiert d’un travailleur (art. 312e CO, par renvoi de l’art. 398 al. 1 CO).
D. Action en responsabilité
Seuls les associés peuvent invoquer l’art. 538 CO, à l’exclusion des créanciers de la société.
La responsabilité de l’associé qui a causé un dommage est une créance sociale. Chaque
associé peut faire valoir la créance, moyennant une actio pro socio (admise dans la doctrine).
La prétention doit être versé, le cas échéant dans la caisse sociale.
Un associé actionné ne peut pas opposer les profits procurés à la société (CO 538 II in fine)
L’associé actionné peut faire valoir la faute concomitante des autres associés pour
réduire/supprimer l’indemnité due (CO 44 I)
2.5. Partage des bénéfices et pertes (CO 533, 549)
1. Prévue par le contrat → sinon à parts égales (régime par défaut, art. 533 al. 1 CO)
2. S’il y a une clé de répartition qui est prévue uniquement pour les bénéfices, elle vaut aussi
pour les pertes (si rien n’a été prévu pour les pertes). Il en va de même inversement, si
seulement une clé de répartition pour les pertes a été prévue.
CO 533 III : Possibilité de dispenser de contribuer aux pertes. Selon la loi c’est pour les
associés qui ont fait un apport en industrie (travail sans contrepartie). Selon la doctrine
majoritaire, on peut l’appliquer aux autres apports. Le critère c’est que la personne n’ait pas
reçu une contrepartie pour son apport.
45
1. Représentation
Art. 543 CO - Représentation
1. L’associé qui traite avec un tiers pour le compte de la société, mais en son nom personnel,
devient seul créancier ou débiteur de ce tiers.
2 Lorsqu’un associé traite avec un tiers au nom de la société ou de tous les associés, les
autres associés ne deviennent créanciers ou débiteurs de ce tiers qu’en conformité des règles
relatives à la représentation.
3. Un associé est présumé avoir le droit de représenter la société ou tous les associés envers
les tiers, dès qu’il est chargé d’administrer.
1.1. Représentation indirecte (art. 543 al. 1 CO)
C’est le cas quand un des associés traite en son propre nom (mais pour le compte de la
société) avec un tiers. En première étape, le représentant est lié personnellement. Dans une
première étape, il faudra faire une cession et/ou une reprise de dette :
46
Majeure représentation directe
Pouvoir de représentation
L’art. 543 al. 3 CO prévoit que : « Un associé est présumé avoir le droit de représenter la
société ou tous les associés envers les tiers, dès qu'il est chargé d'administrer ». Cet article
pose donc la présomption que ce qui vaut dans les rapports internes vaut aussi dans les
rapports externes. Cette présomption est irréfragable envers un tiers de bonne foi. L’art. 535
al. 1 prévoit que, sauf disposition ou décision sociale contraire, chaque associé peut
administrer les affaires de la société, c’est-à-dire prendre les décisions de gestion courante.
En cas de protection des tiers de bonne foi (CO 33 III cum CO 34 III ou CO 543 III) :
Possibilité pour les associés de se retourner contre le faux représentant (CO 538 II)
B. Révocation des pouvoirs de représentation
CO 34 I par analogie : « le représenté a en tout temps le droit de restreindre ou de révoquer
les pouvoirs ».
2. Actes illicites
Quid si un des associés commets un acte illicite ?
Exceptions :
- Responsabilité collective aux conditions de CO 50
- Responsabilité causale du propriétaire d’ouvrage au sens de CO 58
47
contraires sont réservées [il s’agit d’une convention entre les associés et le tiers].
Chaque associé à une responsabilité personnelle, solidaire et illimitée. Le créancier peut
choisir l’associé le plus solvable et ensuite l’associé qui payé le tout peut se retourner contre
les autres associés.
Majeure
À teneur de l’art. 544 al. 3 : « Les associés sont solidairement responsables des engagements
qu’ils ont assumés envers les tiers, en agissant conjointement ou par l’entremise d’un
représentant; toutes conventions contraires sont réservées ». Quant à la solidarité, l’art. 143
al. 1 CO explique qu’ : « [i]l y a solidarité entre plusieurs débiteurs lorsqu’ils déclarent s’obliger
de manière qu’à l’égard du créancier chacun d’eux soit tenu pour le tout. ». De plus, l’art. 144
al. 1 indique que : « Le créancier peut, à son choix, exiger de tous les débiteurs solidaires ou
de l’un d’eux l’exécution intégrale ou partielle de l’obligation. ». Il y a donc une responsabilité
solidaire, personnelle et illimitée des associés à l’égard des tiers.
3.2. Dettes personnelles d’un associé
Art. 544 al. 2 CO
2. Les créanciers d’un associé ne peuvent exercer leurs droits que sur sa part de liquidation,
à moins que le contrat de la société n’en dispose autrement.
En cas de liquidation de la société simple, le créancier peut revendiquer une part du produit
de liquidation.
4. Légitimation active
Comment peut la société simple, qui n’est pas une personne morale, faire valoir ses
prétentions contre des tiers ?
L’art. 544 al. 1 CO dispose que les associés ont la propriété en main commune des biens et
créances. En conséquence, les associés agissent conjointement –pour faire valoir les droits
réels ou créances - en consorité active nécessaire (CPC 70 I ).
48
Art. 545 al. 1 ch. 1 CO : Dissolution pour réalisation ou impossibilité du but
Réalisation du but (CO 545 I ch. 1 in initio)
Situation s’apparente à un « contrat exécuté » ; n’a plus de raison d’être
1. Décision formelle
a) En principe, prise de la décision à l’unanimité
b) Les associés peuvent y déroger dans le contrat de société – prise de la décision à la
majorité possible
2. Tacitement : cessation délibérée et prolongée des activités sans opposition d’un des
associés
Art. 545 al. 1 ch. 6 cum art. 546 CO : Dissolution en cas de dénonciation
Vaut pour :
- Sociétés constituées pour une durée indéterminée (y compris sociétés constituées
pour une durée déterminée qui ont continué après la cause de dissolution: CO 546 III)
- Sociétés constituées pour la vie d’un associé
Droit de dénonciation peut être écarté conventionnellement
Limite: CC 27.
Pas de justification requise, mais dénonciation selon les règles de la bonne foi
La société prend à l’expiration du terme prévu (délai légal 6 mois et pour la fin de l’année si
comptes annuels)
Art. 545 al. 1 ch. 7 et al. 2 CO : Dissolution pour justes motifs (droit impératif)
49
Dissolution par jugement (fin de la société quand jugement est en force)
Suppose justes motifs (al. 2)
2. Conséquences de la dissolution
Pas de fin immédiate de la société sauf exceptions
- plus qu’un seul associé
- pas de patrimoine social (société tacite)
La conséquence de la dissolution est que la société entre dans la phase de liquidation. C’est
un changement de but de la société (-> mettre fin aux relations contractuelles, réaliser actifs,
payer dettes, répartition)
50
1. Entrée
Régime légal
Art. 542 al. 1 CO
1. Aucun associé ne peut introduire un tiers dans la société sans le consentement des autres
associés.
L’art. 542 al. 1 CO concrétise le fait que l’entrée d’un nouvel associé suppose un nouveau
contrat au sens de l’art. 530 CO. Évidemment, on peut prévoir que les modifications du contrat
sont décidées autrement que à l’unanimité. Il s’ensuit que l’art. 542 al. 1 CO est aussi du droit
dispositif.
Obligation d’apports à charge du nouvel associé
Liberté de la forme du contrat d’entrée (sauf dérogation au régime légal et apports
d’immeubles/créances)
Rapports internes
Règle par défaut: Présomption que le nouvel associé participe aux bénéfices et pertes dès
son entrée et selon les règles applicables (CO 533).
Rapports externes
Règle par défaut : Responsabilité du nouvel associé limitée aux dettes après l’entrée
Possible de convenir que le nouvel associé réponde solidairement des dettes préexistantes
(reprise cumulative de dettes).
2. Sortie
Régime légal
Pas de régime légal. Il y a donc deux possibilités.
1. On peut prévoir un droit de sortie (ou exclusion) conventionnels
2. On peut procéder à la dissolution et ensuite continuer la société avec les associés
restants.
Rapports internes
Prévu dans la convention
Règle par défaut: Présomption de participation aux bénéfices et pertes jusqu’à la sortie
Rapports externes
Responsabilité pour les dettes antérieures à la sortie maintenue (jusqu’à prescription de la
créance).
Pas de responsabilité pour les dettes après la sortie
51
3. Transfert
Régime légal
Nécessite :
1) Contrat de cession en la forme écrite (CO 165 I) entre l’associé sortant et entrant.
2) Sauf convention contraire, consentement unanime des associés (CO 542 I). Sinon, le
contrat de cession est quand même valable, mais l’associé entrent a une « sous-
participation » (CO 542 II). En pratique, un associé sous-participant peut seulement
exiger le versement de ses droits financiers.
Rapports internes
Répartition des parts aux bénéfices et pertes selon le contrat de cession
Rapports externes
- Le nouvel associé reprend toutes les dettes sociales afin de libérer l’associé sortant
(CO 181 I).
- L’associé sortant demeure obligé solidairement pendant trois ans vis-à-vis des tiers
(CO 181 II).
52
5. SOCIÉTÉ EN NOM COLLECTIF (SNC)
La SNC est traitée dans les art. 552 à 593 CO
La SNC est dotée d’une quasi-personnalité morale. Elle est ainsi un sujet de droits et peut
conclure des obligations en son nom. En revanche, la SNC n’est pas la propriétaire des biens
mis en commun.
SNC commerciale
Il y a une présomption qu’il y ait une activité commerciale, c’est-à-dire une entreprise.
L’inscription de la SNC commerciale au RC est obligatoire (art. 552 al. 2 CO), mais seulement
déclarative. Puisque l’inscription est obligatoire, elle peut être fait de l’office par le préposé du
registre. Dans ce cas, il peut exiger une amende d’ordre.
SNC non-commerciale
Malgré la lettre de l’art. 552 al. 1 CO, il peut y avoir des SNC qui n’exercent pas une entreprise.
Dans ce cas, l’inscription au RC est constitutive (art. 553 CO) et facultative. Sans inscription,
la société existe en tant que société simple.
2. Éléments constitutifs
2.1. Une société…
Un contrat par lequel 2 ou plusieurs personnes conviennent d’unir leurs efforts ou leurs
ressources en vue d’atteindre un but commun (CO 530)
2.2. …plus les particularités suivantes :
1. Tous les associés sont des personnes physiques
2. Aucun associé ne limite sa responsabilité à l’égard des tiers
3. La société choisit une raison sociale (nom commercial) sous laquelle elle traite avec les
tiers
4. La société exploite une entreprise en la La société n’exploite pas d’entreprise, mais
forme commerciale elle est inscrite au RC (inscription
facultative)
SNC commerciale (art. 552 CO) SNC non commerciale (art. 553 CO)
La SNC commerciale doit s’inscrire au Si la SNC non commerciale n’est pas
53
RC (art. 552 al. 3 CO, inscription inscrite au RC (elle n’y est pas obligée), elle
obligatoire) reste une société simple
Majeure
L’art 530 al. 1 CO prévoit que : « La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs
personnes conviennent d'unir leurs efforts ou leurs ressources en vue d'atteindre un but
commun. » Une société consiste d’au moins deux personnes. Elle suppose aussi un but
commun, qui peut être économique ou idéal, pour autant qu’il est dans les limites de l’art. 20
CO. Or, il doit y avoir un animus societatis, c’est-à-dire la volonté de collaborer pour atteindre
le but commun. Finalement, les parties au contrat doivent s’engager d’unir leurs efforts. Cela
implique que chaque associé doit fournir un apport (art. 531 al. 1 CO). La notion d’apport doit
être compris au sens large et peut être fourni en travail.
Ladite société est une société au nom collectif si tous les associés sont des personnes
physiques, qui ne limitent pas leur responsabilité à l’égard des tiers. Or, il faut que la société
interagisse avec des tiers sous une raison sociale (art. 552 al. 1 CO).
SNC commerciale : Si la société exploite une entreprise au sens de l’art. 2 lit. b ORC, elle
doit se faire inscrire au RC (inscription obligatoire) (art. 552 al. 2 et titre marginale CO). La
doctrine considère que l’obligation d’inscription naît lorsque la société a un chiffre d’affaires
supérieure à CHF 100'000 par an (art. 36 al. 1 ORC par analogie).
SNC non commerciale : Si la société n’exerce pas une entreprise au sens de l’art. 2 lit. b
ORC, avec un chiffre d’affaires supérieure à CHF 100'000 lors de la dernière exercice (art. 36
al. 1 ORC par analogie), elle n’existe comme SNC que si elle est inscrite au registre du
commerce (art. 553 CO, inscription constitutive).
La faillite de la société n’entraîne pas celle des associés et la faillite de l’un des associés
n’entraîne pas celle de la société (art. 571 CO).
Le débiteur de la société ne peut compenser une créance de celle-ci avec ce que lui doit un
associé et un associé ne peut opposer à son créancier la compensation avec ce que ce dernier
doit à la société (art. 573 CO).
En revanche, sur certains points, la SNC est « transparente ». En effet, ce n’est pas la société,
mais ses associés qui sont propriétaires en main commune de son patrimoine et ses associés
qui sont sujets fiscaux.
La SNC a une quasi-personnalité juridique. Elle a une autonomie patrimoniale et peut être
actionné sous sa raison sociale.
54
La SNC est engagée par des actes juridiques faits en son nom – c’est-à-dire sous sa raison
sociale - par une personne habilitée de la représenter. Un engagement de la société est donc
soumis à trois conditions :
1. Personne habilité pour représenter
2. Pouvoir de représentation
3. Action au nom de la société
1.1. Personne habilitée pour représenter la SNC
Les personnes habilitées à représenter la SNC sont désignés par les statuts ou une décision
sociale.
A. Les associés
Art. 563 CO - Droit de représenter la société
Si le registre du commerce ne contient aucune inscription contraire, les tiers de bonne foi
peuvent admettre que chaque associé a le droit de représenter la société.
Si la SNC est inscrite au RC, on présume que tous les associés peuvent la représenter, sous
réserve d’une indication contraire figurant au RC. Les tiers peuvent se fier aux indications du
RC (art. 933 CO).
L’art. 563 CO prévoit le système ex lege. Les parties peuvent toutefois y déroger et prévoir par
exemple la représentation par certains associés seulement ou un régime de signature
collective. Ceci présumé une modification du contrat ou une décision sociale (importante) au
sens de l’art. 534 CO. Sauf dérogation dans le contrat social, une telle décision doit être prise
à l’unanimité.
Chaque associé a le droit, par une simple déclaration, de demander la révocation de la qualité
de représentant d’un autre associé (en cas de litige : jugement déclaratif).
L’art. 556 al. 1 CO (droit impératif), prévoit que tous les associés doivent signer la requête
portant sur une modification de l’inscription au RC. Afin d’éviter des problèmes qui en résultent,
le juge peut prononcer un retrait provisoire de la qualité de représentant – qui est inscrit dans
le RC - s’il y a des justes motifs et péril en la demeure (art. 565 al. 2 CO).
Des justes motifs sont par exemple l’incapacité ou un manquement grave aux devoirs (faute
n’est pas requise). Cf. notamment l’art. 539 al. 3 CO par analogie.
55
2. Communication au fondé de procuration – Contrat avec le fondé de pouvoir
- L’art. 566 CO prévoit que : « Il ne peut être désigné de fondé de procuration ni de
mandataire commercial pour toutes les affaires de l’entreprise qu’avec le
consentement de tous les associés gérants [ayant qualité pour représenter la société],
mais chacun d’eux a qualité pour le révoquer avec effet à l’égard des tiers. »
Dans quel monde est-ce que le texte de l’art. 566 à une relation avec une communication qui
devrait être faite au fondé de procuration ????
3. Inscription au registre du commerce doit être requise par tous les associés (art. 556 al. 1
CO)
Dans tous les cas, la révocation doit être communiquée au fondé de procuration par n’importe
quel associé (art. 566 in fine CO). La révocation est opposable aux tiers, après l’inscription au
RC, ou, à défaut, si elle est communiquée aux tiers.
La révocation de la qualité de représentant doit être inscrite au RC (radiation). Ceci est le cas
même si cette qualité n’a jamais été inscrite (art. 461 CO). Une radiation doit être requise par
tous les associés (art. 556 al. 1 CO).
C. Représentants civils
Personnes engagées par la société pour agir en son nom.
Dispositions qu’on peut inscrire au RC
Art. 555 - Représentation
Ne peuvent être inscrites sur le registre du commerce, en matière de droit de représentation,
que les dispositions qui confèrent ce droit à l’un des associés seulement ou à quelques-uns
d’entre eux, ou celles qui portent que la société sera représentée par un associé conjointement
avec d’autres associés ou avec des fondés de procuration.
En sus de ces options prévues par la loi, la doctrine majoritaire admet que la société peut être
représentée uniquement par des fondés de procuration, à l’exclusion des associés. Or, elle
admet aussi qu’un fondé de procuration peut avoir une signature individuelle.
56
1. Les associés autorisés à représenter la société ont le droit de faire au nom de celle-ci tous
les actes juridiques que peut impliquer le but social [= tous les actes qui ne sont pas
manifestement exclus par le but social].
2. Toute clause limitant l’étendue de ces pouvoirs est nulle à l’égard des tiers de bonne foi.
Les associés « sont » la société. Ils peuvent ainsi (presque) tout faire. Certains actes sont
cependant exclus pour une société ou une personne morale. Ainsi, une SNC ne peut pas se
marier, adopter un enfant etc.
B. Règlementation ex lege – Fondé de procuration
Art. 459 CO - A. Fondé de procuration / II. Étendue de la procuration
1. Le fondé de procuration est réputé, à l’égard des tiers de bonne foi, avoir la faculté de
souscrire des engagements de change pour le chef de la maison et de faire, au nom de celui-
ci, tous les actes que comporte le but du commerce ou de l’entreprise [= tous les actes qui ne
sont pas manifestement exclus par le but social].
SAUF :
2. Le fondé de procuration ne peut aliéner ou grever des immeubles, s’il n’en a reçu le pouvoir
exprès.
C. Restrictions pouvant être inscrites au registre du commerce (associés et fondés de
procuration)
Signature collective : cf. supra et art. 555 CO
La question de la signature limitée à la succursale est problématique in concreto, car elle n’est
pas mentionnée dans l’art. 555 CO. De plus, elle est de manière générale peu utile en pratique.
D. Autres restrictions (associés et fondés de procuration)
Il n’y a aucune limite à la possibilité de prévoir des restrictions qui ne sont pas inscrites au RC
(liberté contractuelle).
Attention : Les restrictions non inscrites au registre du commerce ne sont pas opposables
aux tiers de bonne foi. La bonne foi n’est détruite que par une connaissance
certaine de la restriction (art. 933 al. 2 CO par analogie)
E. Représentation sans pouvoirs
Une représentation sans pouvoirs + autorisation ou ratification = équivaut à représentation
avec pouvoirs.
57
représenter] faits en son nom.
2. Il suffit que l’intention d’agir pour la société résulte des circonstances.
Par un fondé de procuration
Principe général de l’art. 32 al. 1 CO :
1. Les droits et les obligations dérivant d’un contrat fait au nom d’une autre personne par un
représentant autorisé passent au représenté.
1.4 Responsabilité extracontractuelle de la SNC (art. 567 CO)
A. D’un associé
Art. 567 al. 3 CO - Actes accomplis au nom de la société et actes illicites
3. La société répond du dommage résultant d’actes illicites qu’un associé commet dans la
gestion des affaires sociales
La responsabilité pour acte illicite est soumise à quatre conditions :
1. Acte illicite
2. Associé
3. Agissant pour la société
4. Dans son domaine de compétence
Majeure :
D’abord responsabilité en principe : L’art. 41 al. 1 CO prévoit la responsabilité de celui qui, par
un acte illicite cause un dommage. Le dommage se calcule comme la différence entre le
patrimoine actuel, mesuré après l'événement dommageable, et son état hypothétique,
sans l'événement dommageable. Il faut d’ailleurs que l’acte illicite est une condition sine
qua non du dommage et entre donc dans la chaine causale naturelle. De plus, la causalité
doit être adéquate, c’est-à-dire que le dommage doit entrer le champ raisonnable des
possibilités objectivement prévisibles. Or, il faut qu’il y ait un manquement à la diligence
dû, soit une faute, de la part du responsable.
Puis imputation à la SNC : À teneur de l’art. 567 al. 3 CO, la SNC répond du dommage,
lorsqu’il a été causé par un associé, agissant pour la société et dans son domaine de
compétence.
D’un fondé de procuration
Art. 55 al. 1 CO
1. L’employeur est responsable du dommage causé par ses travailleurs ou ses autres
auxiliaires dans l’accomplissement de leur travail, s’il ne prouve qu’il a pris tous les soins
commandés par les circonstances pour détourner un dommage de ce genre ou que sa
diligence n’eût pas empêché le dommage de se produire.
Le créancier social peut directement faire valoir ses prétentions sur l’ensemble du patrimoine
social.
Les dettes sociales incombent donc en premier lieu à la SNC. Les associés ont une
responsabilité personnelle subsidiaire, qui est illimitée. Les associés sont solidairement
responsables des dettes de la SNC (art. 568 al. 1 et 2 CO). Cf. suite.
2.2. Créanciers personnels d’un associé
58
Art. 572 al. 1 CO - Situation des créanciers personnels d’un associé
1. Les créanciers personnels d’un associé n’ont, pour se faire payer ou pour obtenir des
sûretés, aucun droit sur l’actif social.
Cf. aussi art. 570 al. 1 CO : « Les créanciers de la société sont payés sur l’actif social
à l’exclusion des créanciers personnels des associés. »
2. [Les créanciers personnels d’un associé] n’ont droit, dans la procédure d’exécution, qu’aux
intérêts, aux honoraires, aux bénéfices et à la part de liquidation revenant à leur débiteur en
sa qualité d’associé.
Ils doivent attendre la dissolution et liquidation de la société et bénéficieront de ce qui leur sera
remis à l’issue de la liquidation, i.e.
- la part sociale, diminuée d’éventuelles pertes ou augmentée du bénéfice en cours
- le dividende de liquidation relatif aux créances de l’associé contre la société (p.ex.
intérêts ou honoraires)
procédure : voir ci-après CO 575
Ceci même si ces derniers sont entrés dans la société postérieurement à la naissance de la
créance.
59
Cas particulier : faillite société + faillite
associé => art. 218 al 1 LP. On ne peut
demander que le solde non payé dans la
faillite société
60
2. Formation de la volonté
2.1. Règles de compétence pour différents types de décisions (idem société
simple)
Décisions sociales
Art. 534, par renvoi de l’art. 557 CO
Gestion courante Gestion extraordinaire
Art. 535 al. 1 et 2, par renvoi de l’art. 557 CO P. ex. art. 535 al. 3, par renvoi de l’art. 557
CO
Modification du contrat
P. ex. art. 542 al. 1, par renvoi de l’art. 557
CO
Compétence individuelle gérants*
Unanimité*
Droit de véto gérants*
*droit dispositif
Délimitation entre gestion courante et gestion extraordinaire
- volonté des associés
- type et importance de la société
- contenu de la décision (but, conséquences financières, risques)
- pouvoir d’appréciation pour la décision
- caractère plus ou moins exceptionnel de la décision
2.2. Personnes ayant la qualité pour gérer
A. Attribution du pouvoir de gestion (i.e. du pouvoir de prendre des décisions de gestion
courante
61
[…]
3. Le consentement unanime des associés est nécessaire pour nommer un mandataire
général, ou pour procéder à des actes juridiques excédant les opérations ordinaires de la
société; à moins toutefois qu’il n’y ait péril en la demeure.
B. Révocation du pouvoir de gestion (i.e. du pouvoir de prendre des décisions de
gestion courante)
Art. 539 CO, par renvoi de l’art. 557 al. 2 CO - Révocation et restriction du pouvoir de
gérer
1. Le pouvoir de gérer conféré à l’un des associés [où à un tiers gérant avec pouvoir général]
par le contrat de société [où par la loi] ne peut être révoqué ni restreint par les autres associés
sans de justes motifs. [=> cet alinéa ne s’applique qu’à l’hypothèse d’une action en révocation
par un associé. Les associés ensemble peuvent toujours prendre une décision ensemble ou
modifier le contrat, sans avoir besoin des justes motifs, art. 535 al. 1 CO (par renvoi de l’art.
557 al. 2 CO)].
2. S’il y a de justes motifs, la révocation peut être faite par chacun des autres associés, même
si le contrat de société en dispose autrement [droit impératif].
3. Il y a lieu, en particulier, de considérer comme un juste motif le fait que l’associé gérant a
gravement manqué à ses devoirs ou qu’il est devenu incapable de bien gérer.
Il s’ensuit qu’un associé sans rémunération doit apporter la diligentia quam in suis. Un associé
avec rémunération doit faire preuve de la même diligence qu’un mandataire. L’art. 398 al. 1
CO (responsabilité du mandataire) renvoie au rapport de travail (art. 321e al. 1 CO). Il doit
faire preuve de la même diligence qu’une personne diligente placée dans les mêmes
circonstances.
B. Sanction
Art. 538 al. 2 CO, par renvoi de l’art. 557 al. 2 CO – Sanction
2. Il est tenu envers les autres associés du dommage qu’il leur a causé par sa faute, sans
62
pouvoir compenser avec ce dommage les profits qu’il a procurés à la société dans d’autres
affaires.
4. Rapports financiers
4.1. Comptabilité annuelle
Art. 558 al. 1 CO
1. À la fin de l’exercice, les bénéfices ou les pertes ainsi que la part de chaque associé sont
déterminés sur la base des comptes annuels.
Dans la société simple, on ne pourrait aussi jamais établir une comptabilité, jusqu’au moment
de la liquidation.
4.2. Apports
A. Principe
L’apport correspond aux prestations (biens, services, etc) que l’associé remet à la société sans
contreprestation de celle-ci.
Art. 531 al. 1 et 2 CO, par renvoi de l’art. 557 al. 2 CO - Apports
1. Chaque associé doit faire un apport, qui peut consister en argent, en créances, en d’autres
biens ou en industrie.
2. Sauf convention contraire, les apports doivent être égaux, et de la nature et importance
qu’exige le but de la société.
3. L’apport ne doit pas être activable au bilan du tout. Il y a des possibilités suivantes sans
activation au bilan :
- Apport en industrie (travail)
- apports en usage: p.ex. mise à disposition de locaux
- apports en destination: p.ex. l’associé permet à la société de construire des
appartements sur sa parcelle en vue de leur vente ultérieure au profit de la société
4.3. Part sociale
A. Principes
La part sociale n’a pas d’existence réelle; il s’agit d’un poste comptable qui « garde en
mémoire » la valeur des contributions de l’associé à la société.
B. Comptabilisation (fondation)
63
C. Pourquoi les apports et les parts sociales ne doivent pas correspondre
Liberté contractuelle
Les parts sociales jouent un rôle dans les rapports entre associés (notamment pour les intérêts
sur parts ou pour déterminer ce que touchent les parties lors de la liquidation, etc.).
Si la part sociale n’est pas équivalente à l’apport effectué, cela peut désavantager (si la valeur
de la part est inférieure à celle de l’apport) respectivement avantager l’associé concerné (dans
le cas contraire).
Le législateur favorise la liberté contractuelle ; il part de l’idée que les parties peuvent se
protéger elles-mêmes en négociant le contrat.
64
B. Travail et honoraires
Art. 537 aI. 3 CO, par renvoi de l’art. 557 al. 2 CO
3. Il n'a droit à aucune indemnité pour son travail personnel.
La loi présume qu’il faut rémunérer le « capital » immobilisé des associés; l’objectif est de les
inciter à laisser des actifs dans la société.
NB : les intérêts, qui courent durant tout l’exercice, sont inscrits sur le bilan de clôture
(souvent 31.12). Les intérêts sont une charge; ils vont diminuer le bénéfice ou augmenter les
pertes de l’exercice.
65
de la perte au bilan de l’année précédente afférente à la part sociale; les pertes subies
pendant l’exercice en cours (en l’an x) n’ont aucune incidence sur le calcul des intérêts de l’an
x.
Une fois établis, les bénéfices ou les pertes sont répartis entre les associés en application de
l’art. 533 CO (par renvoi de l’art. 557 al. 2 CO).
NB :
- aussitôt le bénéfice réparti, chaque associé dispose d’une créance équivalente à
l’encontre de la société
- les associés ne sont pas tenus de reconstituer leurs parts sociales en faisant des
apports supplémentaires en cas de pertes (cf. CO 560 II)
4.6. Modifications de la part sociale au début d’un nouvel exercice (bilan d’ouverture
année x+1)
A. Principe
Les parts sociales sont déterminées par le contrat ou décision sociale. En général, leur
66
modification suppose une décision unanime des associés.
B. Réduction de la part sociale
Pas de présomption de réduction en cas de pertes (CO 560 II: règle dispositive).
L’objectif de l’art. 559 al. 3 CO est d’augmenter les fonds propres de la société. La réserve en
faveur des autres associés s’explique par le fait que les droits sociaux peuvent être fixés en
fonction des parts sociales et/ou que l’augmentation d’une part sociale peut donner lieu à des
déséquilibres dans les relations entre les associés.
NB: les intérêts, honoraires et bénéfices ne forment pas un bloc qui devrait être toujours traité
de manière identique.
67
2e hypothèse : Art. 559 al. 3 in fine CO
Si un associé ne prélève pas ses honoraires, intérêts et bénéfices sans explicitement se
réserver le droit de le faire plus tard, sa part sociale s’augmente. Cependant, les autres
associés peuvent s’y opposer. Dans ce cas, cet associé dispose ensuite aussi d’un compte
courant auprès de la société dont celui-ci peut demander le remboursement total ou partiel à
tout moment.
68
s’intéresser à une autre entreprise à titre d’associé indéfiniment responsable ou de
commanditaire, ni faire partie d’une société à responsabilité limitée.
NB : Cette obligation est plus étendue que celle applicable dans la société simple (interdiction
de faire des affaires qui seraient contraires ou préjudiciables au but de la société : art. 536
CO).
5.2. Droit aux renseignements
Art. 541 CO, par renvoi de l’art. 557 al. 2 CO
1. Tout associé, même s'il n'a pas la gestion, a le droit de se renseigner personnellement sur
la marche des affaires sociales, de consulter les livres et les papiers de la société, ainsi que
de dresser, pour son usage personnel, un état sommaire de la situation financière.
2. Toute convention contraire est nulle.
*Le contrat peut changer la majorité requise pour l’admission de nouveaux associés et même
conférer à chaque associé (ou à certains d’entre eux) le droit de faire entrer un nouvel associé.
Le contrat peut encore prévoir un droit d’entrée pour des personnes désignées (p.ex. un ou
plusieurs héritiers).
Par transfert d’une part sociale – les deux conditions
1. Cession de la part sociale par un associé à un tiers (au sens des art. 164ss CO)
2. Accord des autres associés (art. 542 cum 557 al. 2 CO)
2. Sortie
Le droit de la SNC ne prévoit pas de droit de sortie légal, même en cas de justes motifs ;
dès lors, à défaut de droit de sortie contractuel, il faut penser à la dissolution par dénonciation
ou pour de justes motifs (CO 574 => CO 545 I ch. 6 et 7)
2.1. Droit de sortie conventionnel
Art. 576 CO - Sortie d’un ou plusieurs associés - Convention
S'il a été convenu, avant la dissolution, que nonobstant la sortie d'un ou de plusieurs associés
la société continuerait, elle ne prend fin qu'à l'égard des associés sortants; elle subsiste avec
les mêmes droits et les mêmes engagements.
Cette disposition confirme l’admissibilité d’un droit de sortie conventionnel et définit certains
de ses effets.
Ex. d’autres effets: responsabilité de l’associé subsiste après sortie (CO 568 III), droit à
indemnité de sortie (CO 580).
NB: la sortie (prévue par contrat ou décision sociale) est aussi admise lorsqu’elle ne laisse
subsister qu’un seul associé (celui-ci devient titulaire d’une entreprise individuelle) => CO 579
I p.a.
69
2.2. Exclusion par le juge (justes motifs)
Art. 577 CO - Exclusion par le juge
Lorsque la dissolution pourrait être demandée pour de justes motifs se rapportant
principalement à un ou à plusieurs associés, le juge peut, si tous les autres le requièrent,
prononcer l’exclusion, en ordonnant la délivrance à l’associé ou aux associés exclus de ce qui
leur revient dans l’actif social.
NB: l’exclusion est aussi admise lorsqu’elle ne laisse subsister qu’un seul associé (celui-ci
devient titulaire d’une entreprise individuelle) => cas prévu par CO 579 II
2.3. Exclusion par les autres associés (faillite ou saisie part sociale)
Art. 578 CO - Exclusion par les autres associés
Lorsqu’un associé est déclaré en faillite ou que le créancier d’un associé demande la
dissolution de la société après avoir fait saisir la part de liquidation de son débiteur, les autres
associés peuvent exclure celui-ci en lui remboursant ce qui lui revient dans l’actif social.
Objectif: éviter la dissolution de la société demandée par le créancier de l’associé (cf. CO 575
I ou II)
NB: l’exclusion est aussi admise lorsqu’elle ne laisse subsister qu’un seul associé (celui-ci
devient titulaire d’une entreprise individuelle) => CO 579 I
3. Indemnité de sortie
Principe : L’associé qui sort de la société – à sa demande ou ensuite d’une exclusion – a
droit à une indemnité de sortie.
Détermination
Art. 580 CO - Somme due à l’associé sortant
1. La somme qui revient à l’associé sortant est fixée d’un commun accord.
2. Si le contrat de société ne prévoit rien à cet égard et si les parties ne peuvent s’entendre, le
juge détermine cette somme en tenant compte de l’état de l’actif social lors de la sortie et, le
cas échéant, de la faute de l’associé sortant.
1. Indemnité fixée par contrat à liberté contractuelle
limite CO 20 & CC 27 : il faut éviter que l’associé soit bloqué dans la société parce que
son indemnité est punitive ou que l’exclusion conduise à une expropriation abusive de
l’associé ou encore qu’elle constitue un cadeau aux associés qui soit destinée à léser
les créanciers de l’associé (cf. règles sur l’action révocatoire LP 285 ss)
2. à défaut de convention
2.1. valeur de la participation (PS + part de bénéfice – part de pertes)
prise en compte de la valeur d’exploitation (going concern) et non de la valeur de liquidation
mais en tenant compte d’éventuelles réserves latentes qui augmentent la valeur de la
participation. (NB: si la valeur de la participation est négative, l’associé sortant peut devoir
verser une « indemnité » à la société)
2.2 prise en compte d’autres éléments pour augmenter (mérite particulier) ou réduire (faute)
l’indemnité
70
V. Fin de la société
La fin de la société suppose généralement 2 étapes :
1. la dissolution de la société
- est une étape ponctuelle, qui est le moment où le but de la société change: au lieu de
la poursuite du but social d’origine, les associés vont désormais avoir pour but de
mettre fin aux relations de la société avec les tiers et entre eux
2. la liquidation de la société
- elle est effectuée par les liquidateurs (qui représentent et gèrent la société pendant
cette phase). la liquidation, qui s’étend généralement dans le temps, est la phase finale
lors de laquelle on réalise les actifs de la société, on paye ses dettes puis on répartit le
solde du patrimoine social entre les associés et on radie la société du RC.
1. Dissolution
1.1. Causes de dissolution
A. En général
2 causes spécifiques à la SNC…
Art. 574 CO
1 La société est dissoute par l'ouverture de sa faillite. […]
71
masse ou au créancier de mettre la main sur la part de liquidation de l’associé poursuivi.
Dès lors, cette option présente seulement de l’intérêt si la part de liquidation de l’associé (PS
+ bénéfices - pertes) a une valeur positive.
2. Liquidation
2.1. Liquidateurs
A. Désignation
Art 583 CO
La liquidation est faite par les associés gérants [ayant qualité pour représenter la SNC], à
moins que des empêchements inhérents à leurs personnes ne s’y opposent et que les
associés ne conviennent de désigner d’autres liquidateurs.
2. À la demande d’un associé, le juge peut, pour de justes motifs, révoquer des liquidateurs
et, au besoin, en nommer d’autres.
3. Les liquidateurs sont inscrits sur le registre du commerce [en cette qualité], même si la
représentation de la société n’est pas modifiée.
72
Le représentant des héritiers d'un associé ne devient pas liquidateur ex lege, même si l’associé
avait qualité pour représenter la SNC
C. Révocation
Les associés peuvent convenir par décision sociale (sauf convention contraire, à l’unanimité)
de changer l’attribution de la qualité de liquidateur et ainsi de retirer le pouvoir de liquider à un
associé (et aussi de le décharger de l’obligation de liquider).
L’art. 583 al. 2 CO prévoit que le juge « peut » révoquer un liquidateur pour des justes
motifs. C’est donc une compétence du juge et non des associés individuellement,
contrairement au retrait de pouvoir de gestion et retrait pouvoir de représentation en cours de
vie sociale.
Dans les rapports externes, les liquidateurs ont la même position que les associés ayant
qualité pour représenter la société en cours de vie sociale.
Autres restrictions peuvent être librement convenues, mais ne sont pas opposables aux tiers
de bonne foi
E. Imputation des actes illicites des liquidateurs à la société
Art. 585 al. 5 CO
5. La société répond du dommage résultant d’actes illicites qu’un liquidateur commet dans la
gestion des affaires sociales.
Quatre conditions
acte illicite – liquidateur – agissant pour la société – dans son domaine de compétence
(même réglementation que pour les associés)
73
F. Pouvoir de gestion (rapports internes)
Art. 585 al. 2 CO
2. [Les liquidateurs] représentent la société pour les actes juridiques impliqués par la
liquidation; ils peuvent plaider, transiger, compromettre et même, en tant que de besoin,
entreprendre de nouvelles opérations.
Sous l’angle des rapports internes, les liquidateurs peuvent faire tout ce qui est nécessaire
pour la liquidation (y compris actes de « gestion extraordinaire » tels que décision de vente en
bloc de tous les actifs sociaux). Les associés peuvent conclure une convention contraire.
A. Liquidation externe
1ère étape: réalisation des actifs
2ème étape: désintéressement des créanciers
𝑨𝒄𝒕𝒊𝒇𝒔 à 𝒅𝒊𝒔𝒑𝒐𝒔𝒊𝒕𝒊𝒐𝒏
= 𝑫𝒊𝒗𝒊𝒅𝒆𝒏𝒅𝒆 𝒅𝒆 𝒍𝒊𝒒𝒖𝒊𝒅𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏
𝑴𝒐𝒏𝒕𝒂𝒏𝒕 𝒕𝒐𝒕𝒂𝒍 𝒅𝒆𝒔 𝒄𝒓é𝒂𝒏𝒄𝒆𝒔
Rappel :
74
Dès la dissolution de la société, les créanciers peuvent poursuivre les associés à titre
personnel pour l’ensemble de la créance (CO 568 III), sauf en cas de faillite de l’associé et
de la société, auquel cas on peut seulement demander dans la masse de l’associé le non-
payé dans la faillite de la société (LP 218 I)
Ces prétentions personnelles sont particulièrement utiles lorsque la société est surendettée.
NB: le créancier ne peut pas être payé deux fois; s’il est payé par l’associé, ce dernier est
subrogé aux droits du créancier à l’égard de la société (CO 149 I); si le créancier est payé par
la société, cela éteint ses prétentions à l’égard de l’associé (CO 147 I).
B. Liquidation interne
1ère étape: répartition des bénéfices ou pertes
2ème étape: attribution des actifs à l’associé concerné
Si un associé a déjà supporté plus de pertes que celles qui sont à sa charge,
- parce que sa part sociale était plus importante que les pertes à supporter finalement
(cf. ici exemple de l’associée 2) et/ou
- parce que les créanciers – qui sont libres de choisir leur débiteur – s’en prennent
principalement à lui,
il dispose d’un droit de recours contre ses coassociés à hauteur du trop-payé (CO 148 II
et III par analogie)
NB: il n’y a pas de solidarité entre les coassociés (l’associé ayant trop payé ne peut réclamer
à chacun de ses coassociés que sa part des pertes; cela étant, ce qui ne peut être récupéré
de l'un des associés se répartit par portions égales entre tous les autres associés.
- Un associé qui a été recherché pour une dette sociale dispose d’un recours interne.
Celui est limité envers chaque associé au pourcentage des pertes qui a été convenu
dans le contrat social. Un partage égal est présumé, s’il n’y a pas de disposition
contraire. Il s’ensuit qu’il n’y pas de solidarité interne.
75
6. SOCIÉTÉ EN COMMANDITE (SC)
I. Définition et constitution
1. Bases légales et définition
La SC est réglée aux art. 594 à 619 CO.
A l’exception des règles sur leur définition (CO 594 et CO 595), toutes les règles du droit de la
SC (CO 596 à CO 619) sont applicables indifféremment aux SC commerciales et aux SC non
commerciales.
2. Éléments constitutifs
2.1. Une société…
Un contrat par lequel 2 ou plusieurs personnes conviennent d’unir leurs efforts ou leurs
ressources en vue d’atteindre un but commun (CO 530)
2.2. …plus les particularités suivantes :
1. Au moins un associé indéfiniment responsable (responsabilité illimitée à l’égard des
tiers). Cet associé doit être une personne physique.
2. Au moins un associé commanditaire
C’est-à-dire une personne physique, morale (ou quasi-personne morale comme une
SNC ou une autre SC) qui limite sa responsabilité à l’égard des tiers à concurrence d’un
montant défini (commandite)
3. La société choisit une raison sociale (nom commercial) sous laquelle elle traite avec les
tiers
4. La société exploite une entreprise en la La société n’exploite pas d’entreprise, mais
forme commerciale elle est inscrite au RC (inscription
facultative)
SC commerciale (art. 594 CO) SC non commerciale (art. 595 CO)
La SNC commerciale doit s’inscrire au Si la SNC non commerciale n’est pas
RC (art. 552 al. 3 CO, inscription inscrite au RC (elle n’y est pas obligée), elle
obligatoire) reste une société simple, avec la
76
particularité que la limitation de
responsabilité n’est pas opposable aux tiers
qui l’ignorent.
4. Caractéristiques
La société dispose de la quasi-personnalité juridique. Ainsi, à l’égard des tiers, elle apparaît
comme une personne morale et une entité distincte de ses associés.
Elle peut, sous sa raison sociale, acquérir des droits et s’engager, actionner et être actionné
en justice (art. 602 CO - cf. II. Rapports externes).
En revanche, sur certains points, la SC est « transparente ». En effet, ce n’est pas la société,
mais ses associés qui sont propriétaires en main commune de son patrimoine et ses associés
qui sont sujets fiscaux.
77
A. Règlementation ex lege
Art. 603 CO - Représentation
La société est représentée par l’associé ou les associés indéfiniment responsables,
conformément aux règles applicables aux sociétés en nom collectif.
cf. aussi les restrictions qui peuvent être inscrites au RC et celles qui ne peuvent pas l’être (cf.
slides SNC)
1.3. Actes faits en son nom
Art. 567 al. 1 et 2 CO, par renvoi de l’art. 603 CO - Actes accomplis au nom de la société
1. La société acquiert des droits et s’engage par les actes d’un associé gérant faits en son
nom.
2. Il suffit que l’intention d’agir pour la société résulte des circonstances.
1.4. Imputation à la SC des actes illicites des associés
Art. 567 al. 3 CO (applicable par analogie)
La société répond du dommage résultant d'actes illicites qu'un associé commet dans la gestion
des affaires sociales.
4 conditions
acte illicite – associé – agissant pour la société – dans son domaine de compétence (ce qui
fera la différence entre la responsabilité pour les AIR et les commanditaires, ce sont les
domaines de compétence respectifs)
78
- la part sociale, diminuée d’éventuelles pertes ou augmentée du bénéfice en cours
- le dividende de liquidation relatif aux créances de l’associe contre la société (p.ex.
intérêts ou honoraires)
Procédure: voir CO 619 II => CO 575 I/ II (dissolution), CO 575 III (paiement créance) et CO
578 (exclusion associe insolvable) (cf. droit SNC)
Ceci même si ces derniers sont entrés dans la société postérieurement à la naissance de la
créance.
Art. 604 CO
L’associé indéfiniment responsable ne peut être personnellement recherché pour une dette de
la société avant que celle-ci ait été dissoute ou ait été l’objet de poursuites infructueuses.
79
créancier peut seulement rechercher la faillite ou pour toute autre cause ; CO 619 et
société, à l’exclusion des associés. CO 574 avec renvoi à CO 545), le créancier
peut demander le paiement de l’entier de la
Exception : le créancier peut demander aux créance à la société et à tous les AIR.
AIR en faillite de payer la dette de la société Cas particulier : faillite société + faillite
associé => art. 617 CO et art. 218 al 1 LP.
On ne peut demander que le solde non payé
dans la faillite société
4. Responsabilité du commanditaire
4.1. Notion de commandite
La commandite est un montant fixe - inscrit au RC - que le commanditaire s’engage, à l’égard
des créanciers, à verser à la société en commandite (et à le lui reverser s’il lui a été restitué)
dans la mesure où cela est nécessaire pour couvrir les créances desdits créanciers.
La commandite peut être versée (on dit « libérée ») à n’importe quel moment de la vie de la
société.
4.2. Principe : limitation de la responsabilité au montant inscrit
Art. 608 al 1 CO - Étendue de la responsabilité
1. Le commanditaire est tenu envers les tiers jusqu’à concurrence de la commandite inscrite
sur le registre du commerce.
Variation de la commandite au cours du temps
Art. 612 CO – Augmentation de la commandite
1. Celui qui entre en qualité de commanditaire dans une société en nom collectif ou en
commandite est tenu jusqu’à concurrence de sa commandite des dettes nées antérieurement.
- [Les anciens créanciers bénéficient d’une augmentation de la commandite].
2 Toute convention contraire entre associés est sans effet à l’égard des tiers.
80
A. Responsabilité limitée à un montant plus élevé
Art. 608 al. 2 CO
2. Si le commanditaire lui-même ou la société, au su du commanditaire, a indiqué à des tiers
un montant plus élevé de la commandite, le commanditaire répond jusqu’à concurrence de ce
montant.
B. Commanditaire traité comme un AIR à l’égard des créanciers
Art. 605 CO – Cas du commanditaire qui représente la société « comme un AIR »
Le commanditaire qui conclut des affaires pour la société sans déclarer expressément n’agir
qu’en qualité de fondé de procuration ou de mandataire est tenu, à l’égard des tiers de bonne
foi, comme un associé indéfiniment responsable, des engagements résultant de ces affaires.
La loi ne fixe pas de limite minimum a la commandite. De par sa fonction, elle doit cependant
être supérieure à CHF 0.-
La loi ne fixe pas non plus de limite maximum – les parties sont libres de fixer le montant qui
leur convient.
4.5. Commandite, apport et part sociale
Le commanditaire s’engage à l’égard de ses coassociés à faire un apport à la société.
Lorsqu’il fait ledit apport, la société « crédite » la valeur de l’apport au commanditaire en lui
reconnaissant une part sociale. La part sociale est prise en compte pour déterminer si la
commandite a été « libérée » (sous réserve de CO 596 III).
La loi part implicitement de l’idée que la valeur de l’apport (promis aux associés) est identique
au montant de la commandite (promise aux tiers).
Mais
- la valeur de l’apport peut être plus basse que le montant de la commandite (la
commandite a alors principalement une fonction de garantie à l’égard des créanciers)
ou
- la valeur de l’apport peut être plus élevée que le montant de la commandite (la
commandite a alors principalement une fonction de limitation de la responsabilité du
commanditaire à l’égard des tiers)
4.6. La libération et la restitution de la commandite : en général
La libération de la commandite peut se faire :
A. en effectuant un apport
B. en renonçant à prélever des intérêts, bénéfices et honoraires qui viennent « grossir »
la part sociale
C. à la demande des créanciers, des liquidateurs ou de l’administration de la faillite
A. La libération de la commandite par un apport
seuls les associés (et non les créanciers) peuvent exiger que le commanditaire remette les
apports à la société
81
Pour réduire le problème d’évaluation, la loi exige la publicité des apports autres que les
apports en espèces :
Art. 596 al. 3 CO
Si la commandite n'est pas ou n'est que partiellement versée en argent comptant, l'apport en
nature [ou les autres apports] et la valeur qui [leur] est attribuée sont expressément déclarés
et inscrits sur le registre du commerce.
L’inscription au registre n’est pas une condition de validité de l’apport; elle permet simplement
un renversement du fardeau de la preuve de la valeur de l’apport ; à défaut d’inscription, le
commanditaire qui veut se prévaloir de la libération doit apporter la preuve de l’apport et de sa
valeur. Si l’apport est inscrit, c’est le créancier qui doit prouver, le cas échéant, que l’évaluation
est fausse.
B. Libération de la commandite par augmentation de la part sociale suite à
l’incorporation des intérêts, bénéfices et honoraires
En principe (voir ci-après pour le cas où il y a des pertes), le commanditaire peut, comme les
AIR, choisir entre :
1. prélever les intérêts, bénéfices et honoraires
- immédiatement (diminution de l’actif et suppression des créances) ou
- ultérieurement (créances transformées en compte courant commanditaire)
2. ne pas les prélever ; dans ce cas :
- les autres associés peuvent s’opposer à ce que ces montants soient incorporés dans
la part sociale (=> créances transformées en compte courant commanditaire)
- s’ils y renoncent, sauf convention contraire, les montants seront seulement
ajoutés à la part sociale si et dans la mesure où la part sociale du commanditaire
n’est pas libérée; le solde est incorporé au compte courant commanditaire
- Art 601 al. 3 CO
Si le montant inscrit de la commandite n'a pas été intégralement versé ou a été réduit,
les intérêts, bénéfices et, le cas échéant, les honoraires ne peuvent […] être ajoutés [à
la part sociale] qu'à concurrence de ce montant.
C. La libération de la commandite à la demande des créanciers, des liquidateurs ou de
la masse en faillite
Art. 610 CO - Responsabilité du commanditaire - Actions des créanciers
1. Pendant la durée de la société, les créanciers sociaux n’ont aucune action contre le
commanditaire.
2. Si la société est dissoute, les créanciers, les liquidateurs ou l’administration de la faillite
peuvent demander que la commandite soit remise à la masse en liquidation ou en faillite, en
tant qu’elle n’a pas été apportée ou qu’elle a été restituée au commanditaire.
[à la condition que les créanciers bénéficiaires n’aient pas été entièrement couverts; les
créanciers peuvent choisir de poursuivre le commanditaire ou des AIR]
82
Le créancier n’a pas le droit de demander le paiement de sa créance au commanditaire ; il
peut seulement lui demander de libérer le solde non libéré de sa commandite.
83
2. si l’on déduit la valeur de la prestation sans contreprestation de la somme de la
valeur des apports du commanditaire et des montants qui sont venus grossir sa part
sociale, on obtient un montant inférieur à celui de la commandite
C. Restitution de la commandite : distribution d’un bénéfice inexistant
Art. 611 CO
1. Le commanditaire ne peut toucher des intérêts ou bénéfices que dans la mesure où il n’en
résulte pas une diminution de la commandite.
2. Le commanditaire qui a perçu indûment des intérêts ou bénéfices est tenu à restitution. L’art.
64 est applicable
CO 611, qui concerne exclusivement les rapports externes veut éviter que le commanditaire
« reprenne » ce qu’il a mis dans la société sous couvert d’un prélèvement de bénéfice alors
que ce dernier n’existe pas :
L’art 611 CO vise seulement le cas dans lequel les comptes ont été mal tenus et font apparaître
un bénéfice inexistant, lequel est distribué aux associés
En effet, si le bénéfice au bilan existe réellement (c’est-à-dire si les comptes ont été
correctement tenus et font apparaître un tel bénéfice) et que la société se contente de
distribuer ledit bénéfice à ses associés, il n’est pas possible de « diminuer la commandite »
(i.e. de restituer au commanditaire des actifs qui « couvrent sa part sociale ») en versant un
bénéfice au commanditaire, puisque, par définition, ledit bénéfice vient « en sus » de la part
sociale du commanditaire.
« L’art. 64 est applicable » veut dire qu’un commanditaire, qui a perçu des intérêts de bonne
foi et s’en est dessaisi n’est pas tenu de les restituer.
D. Restitution de la commandite : paiement d’intérêts en cas de pertes
L’art 611 CO, qui concerne exclusivement les rapports externes (pour les rapports internes voir
ci-après), veut éviter que le commanditaire « reprenne » ce qu’il a mis dans la société en
prélevant des intérêts alors que la société fait des pertes :
l’état de fait de la restitution est réalisé indépendamment de ce que le commanditaire
prélève les intérêts, qu’ils soient laissés dans la société sous forme de compte courant ou
intégrés dans la part sociale.
84
Rappel : le versement sans contreprestation pose seulement problème lorsque le
montant « restant » dans la société ne couvre pas la commandite
NB : dans les rapports entre associés, il n’y a aucun problème à ce qu’un commanditaire se
voie restituer tout ou partie de sa commandite; dès lors, du point de vue des associés,
le fait de créditer à un commanditaire des intérêts sur sa part sociale en cas de pertes
de la société ne pose aucun problème et ne donne droit à aucune compensation de la
part des associés (au contraire, c’est le commanditaire qui est lésé par rapport à ses
coassociés s’il ne se voit pas créditer les intérêts)
2. Formation de volonté
2.1. Gestion de compétence
85
Art. 599 CO
La société est gérée par l’associé ou les associés indéfiniment
responsables.
Situation du commanditaire :
Art. 600 al. 1 et 2 CO
1. Le commanditaire n’a, en cette qualité, ni le droit ni l’obligation de
gérer les affaires de la société.
2. Il ne peut non plus s’opposer aux actes de l’administration qui rentrent
dans le cadre des opérations ordinaires de la société.
Modification
du contrat et
Décisions prises à l’unanimité des AIR + commanditaires
gestion
extraordinaire
3. Rapports financiers
3.1. En général
Cf. slides SNC
3.2. Cas particuliers
A. Correspondance entre part sociale et valeur de l’apport
Cf. slides SNC pour la comptabilisation des parts sociales (en bref, la valeur des apports ne
doit pas correspondre à la part sociale).
Rapports internes :
Dans les rapports internes, dans la SC comme dans la SNC, les parties sont libres de fixer
la valeur des parts sociales. Les parts sociales jouent un rôle dans les rapports entre
associés (notamment pour les intérêts sur parts ou pour déterminer ce que touchent les parties
lors de la liquidation, etc.).
Si la part sociale n’est pas équivalente à l’apport effectué, cela peut désavantager (si la valeur
de la part est inférieure à celle de l’apport) respectivement avantager l’associé concerné (dans
le cas contraire). Le législateur favorise la liberté contractuelle ; il part de l’idée que les parties
peuvent se protéger elles-mêmes en négociant le contrat.
Rapports externes :
Le principe de la responsabilité limitée du commanditaire fait que les créanciers ont intérêt à
ce que la part sociale ne soit pas surévaluée par rapport à la valeur des apports faits à la
société.
NB : Comme les associés de la SNC; les AIR de la société en commandite répondent de
manière illimitée sur leur patrimoine privé; dès lors comme pour les associés de la
SNC, le législateur se désintéresse de la manière dont les AIR d’une SC évaluent leurs
parts sociales.
86
Le CO ne s’oppose pas à la surévaluation de la part sociale du commanditaire, mais prévoit
que les apports qui ne sont pas faits en numéraire, doivent être inscrits au RC (CO 596 III).
B. Intérêts sur la part sociale du commanditaire en cas de pertes
CO 558 II, qui prévoit par défaut un intérêt de 4% sur les parts sociales est applicable aux AIR
et aux commanditaires.
NB : CO 533 II n’est pas applicable: pertes et bénéfices peuvent être répartis selon des
critères différents si l’équité l’exige.
87
Principe : Les règles applicables à la SNC sont applicables à la SC (CO 598 II), sauf en
ce qui concerne l’augmentation de la part sociale, laquelle n’est pas augmentée
au-delà du montant de la commandite (CO 601 III).
C’est sous réserve d’une convention contraire, p.ex. lorsque la commandite est inférieure à la
part sociale parce qu’elle vise avant tout à limiter la responsabilité du commanditaire qui veut
s’engager de manière plus importante dans la société en cours d’existence.
AIR Commanditaire
V. Fin de la société
1. Dissolution
1.1. Causes de dissolution
Cf. SNC :
Art. 619 CO
1. Les dispositions régissant la société en nom collectif sont applicables à la dissolution et à
88
la liquidation de la société en commandite […].
2. Si un commanditaire est déclaré en faillite ou si sa part dans la liquidation est saisie, les
dispositions concernant les associés en nom collectif s’appliquent par analogie. Toutefois, la
société n’est pas dissoute par la mort ou la mise sous curatelle de portée générale d’un
commanditaire.
2. Liquidation
2.1. Procédure de liquidation
Cf. SNC (art. 619 al. 1 CO)
Pour garantir que tel est le cas, il faut délimiter d’une part la masse des actifs devant profiter
à tous les créanciers, d’autre part la masse des actifs – constituée d’ un éventuel solde de
commandite plus élevée – qui profite aux seuls créanciers antérieurs à la
réduction/suppression de la commandite.
89
90
7. INTRODUCTION SA ET SÀRL
I. Importance pratique et caractéristiques générales
SA
La SA est la forme juridique la plus utilisée en Suisse. Il y a environ 218’000 SA en Suisse
(début 2019). Le chiffre augmente légèrement depuis 1991. En 2018, environ 3000 SA ont été
constituées.
La société à la fonction de « bonne à tout faire ». On peut utiliser cette forme pour des PME
aussi bien que pour des grandes multinationales. Le droit de la SA est le plus souple, il peut
s’adapter à toutes formes de commerce et d’industrie.
Depuis la révision de 1991, le droit de la SA distingue les grandes entreprises et les PME. La
révision de 1991 a aussi posé des exigences plus strictes par rapport à la révision et le capital
minimal. Cela a amène à l’utilisation plus marquée de la Sàrl :
SARL
Forme juridique en progression constante depuis 1991. De son introduction en 1936 jusqu’en
1991, il n’y avait que 3000 Sàrl. Au début de 2019, il y avait 198’000 Sàrl en Suisse. En 2018,
environ 9'500 Sàrl ont été fondées.
Aujourd’hui on fonde donc plutôt des Sàrl que des SA. La Sàrl est la forme conçue plutôt pour
des PME. Néanmoins, il y a des grandes entreprises qui sont organisées comme Sàrl (p. ex. :
Caterpillar).
La Sàrl est peu/pas adapté lorsqu’il y a beaucoup d’associés. La LFus permet cependant de
facilement transformer une Sàrl en SA.
Définitions
SA
Définition SA (P-CO 620 – approuvé par les deux Chambres)
1. La société anonyme est une société de capitaux que forment une ou plusieurs personnes
ou sociétés commerciales. Ses dettes ne sont garanties que par l’actif social.
1bis. Les actionnaires ne sont tenus que des prestations statutaires.
+ Cette nouvelle disposition parait bizarre aux yeux de la professeure. Jusqu’à
maintenant, les obligations statutaires étaient exclues. Or, le droit public imposait deux
obligations aux actionnaires :
o Obligation de libérer le capital
o Obligations de transparence
2. Est actionnaire quiconque détient au moins une action de la société.
91
Sàrl
Art. 772 CO - Définition Sàrl
1. La société à responsabilité limitée est une société de capitaux à caractère personnel que
forment une ou plusieurs personnes ou sociétés commerciales. Son capital social est fixé dans
les statuts. Ses dettes ne sont garanties que par l'actif social.
2. Chaque associé détient au moins une part sociale du capital. [Lien obligatoire entre
sociétariat et détention d’une part sociale.] Les statuts peuvent prévoir l'obligation, pour les
associés, d'effectuer des versements supplémentaires ou de fournir des prestations
accessoires. [= i.e. obligations statutaires permises]
Caractère personnel
- Il y a des obligations plus étendues que pour la SA, notamment un devoir de fidélité.
- Les statuts peuvent prévoir des obligations. De plus, le caractère personnel de la Sàrl
prévoit que les associés peuvent refuser une personne qu’ils ne veulent pas dans leur
sociétariat
- Le sociétariat va de pair avec l’obligation de gérer (Selbstorganschaft)
o C’est du droit dispositif, la majorité des Sàrl ont adopté un système de
Drittorganschaft
2. Principales différences
Droits et obligations des associés
- Obligation légale de fidélité des associés SARL (inexistant dans SA)
- Obligations statutaires des associés permis dans SARL/exclu dans SA
Organisation de la société
- identité associés-gérants (Selbstorganschaft) SARL (droit dispositif)/ organe de
gestion élu (Drittorganschaft) SA
92
III. Systématique du CO
1. La SA dans le CO
Dernière grande révision date de 1991 (précédente 1936) ; depuis 1991, nombreuses
modifications mineures
L’ORab change toute une série des dispositions dans le CO. Elle était adoptée suite à
l’acceptation de l’initiative Minder. Elle restera en vigueur jusqu’à l’entrée en vigueur du
nouveau droit de la SA.
2. La SARL dans le CO
La Sàrl n’existait pas dans le Co de 1881. Elle était introduite lors de la révision de 1936.
Le droit de la Sàrl est souvent révisé « par renvoi » lors de la révision du droit de la SA . Tel
était par exemple le cas en 1991. Cette dernière révision a amené à la « découverte » de la
Sàrl. La révision du droit de la SA qui est actuellement en cours va aussi toucher le droit de la
Sàrl par renvoi.
Le droit de la Sàrl à proprement parler a été révisé par la modification du CO du 16 déc. 2005
(entrée en vigueur 1.1.2008).
Structure
93
I. Dispositions générales
II. Droits et obligations des actionnaires associés
III. Organisation de la société
IV. Réduction du capital-actions
V. Dissolution et départ de la société
VI. Responsabilité
VII. Participation de corporations de droit public
VIII. Institutions de droit public non soumises au CO
Structure du cours
Partie I : Les statuts (i.e. la « constitution » d’une SA/SARL)
Partie II : Le capital
Partie III : Le pouvoir dans la SA et la SARL
Partie IV : La protection des actionnaires ou associés et des créanciers
94
8. LE CAPITAL
I. Notion de capital
Capital-actions et capital social
capital-actions (SA)/ capital social (SARL)
(obligatoire: cf. CO 620, 772)
Le capital est divisé en actions/parts sociales qui ont une « valeur nominale » (CO 620, 772).
Le montant minimum du capital est de CHF 100'000 pour la SA (CO 621) et de CHF 20’000
pour la SARL (CO 773). En revanche, il n’y a pas de montant maximum du capital.
Délimitation du capital et de la valeur d’une société
Le capital est un poste comptable faisant partie des fonds propres. Le capital ne correspond
pas à la valeur de la société, pas plus que la valeur nominale d’une action ne correspond à la
valeur d’une action
Exemple :
La valeur nominale d’une action Nestlé est de CHF 0,1. La valeur boursière d’une action était
de CHF 101,62 le 3 décembre.
95
1. Capital initial et apports
1.1. Cas classique : capital initial corresponde aux apports
Le capital initial correspond généralement, mais pas toujours, au montant des apports. Dans
ce cas, on dit que les actions (qui composent le capital) sont libérées « au pair ». On demande
aux sociétaires d’apporter autant des apports que la valeur nominale des actions/ parts
sociales qu’on va leur remettre.
96
L’entité antérieure a été apporté à la nouvelle société P SA. CHF 1'584'745.57 restent dans la
propriété de Mme C, ils sont donc une créance de la société vers C. Les CHF 300'000 restants
sont ce que la société reçoit « pour elle ». Les actions sont libérées « au pair », car l’apport de
CHF 300'000 corresponde exactement au montant du capital.
1.2. Autres cas :
Lors de la fondation, il peut arriver que les apports soient plus importants que le montant du
capital.
Le bilan d’ouverture suivant montre un capital de CHF 20'000, le capital minimal d’une SARL.
Lors de la fondation de cette société, les associés ont apporté CHF 50'000.
Quand on apporte à la société un montant plus important que le capital (nouvellement créé),
on dit que les actions (nouvellement) émises sont libérées « au-dessus du pair ». Si les actions
sont émises au-dessus du pair, le montant du capital ne correspond pas aux apports des
actionnaires.
La différence entre la valeur des apports et le montant du capital s’appelle un agio. L’agio doit
être inscrit en tant que tel dans le bilan de la société.
Lors de la fondation d’une nouvelle société, ce cas est plutôt l’exception. En revanche, lorsque
le capital est augmenté en cours de vie sociale, il arrive fréquemment que les actions soient
émises au-dessus du pair.
2. Modification du capital
Le capital est en principe un montant fixe. Il peut être changé, mais uniquement au terme d’une
procédure compliquée d’augmentation ou de réduction :
2.1. Augmentation du capital
Pour la SARL
La seule manière de changer le montant du capital est d’entreprendre une procédure dite
augmentation ordinaire (art. 781 CO). L’augmentation ordinaire se fait par une décision de
l’Assemblée des associés (AA), modifiant les statuts.
Pour la SA
Il y a trois procédures qui permettent d’augmenter la valeur du capital d’une SA :
1. Augmentation ordinaire (art. 650 ss CO, décidée par l’assemblée générale (AG).
97
3. Augmentation conditionnelle (art. 653 ss CO)
Une augmentation conditionnelle suppose une clause dite de « capital conditionnel »
dans les statuts qui autorise les titulaires de droits d’option ou de conversion à
augmenter le capital de la société.
Des droits d’option sont souvent remises à un travailleur de la société. En remettant
l’option au travailleur, on lui permet de demander d’acquérir une nouvelle action de la
société, s’il le souhaite et si les conditions sont remplies. Le cas échéant, il faudra créer
cette action. En exerçant son droit d’option, le travailleur augmente le capital social.
Les obligations convertibles sont des bonds qui sont émis aux créanciers. Les
créanciers obligataires ont le droit d’échanger l’obligation contre une action
nouvellement créée. Là aussi, l’exercice du droit de conversion augmente le capital de
la société.
L’augmentation du capital a lieu au moment d’exercice du droit d’option ou de
conversion. Le RC est rectifié tous les trois mois.
98
3. Fonctions du capital
3.1. Le capital comme instrument de protection des créanciers
Les sociétés de capitaux sont des personnes morales. Les créanciers traitent donc
directement avec la société. Ils ont le droit de revendiquer le paiement de leurs créances de
la part de la société. En revanche, il n’y a aucune responsabilité, ni primaire, ni subsidiaire des
associés d’une SARL ou une SA.
Afin de protéger les créanciers, le législateur a prévu des mesures :
2) Prévoir des mécanismes pour mettre fin à l’aventure lorsque les intérêts des
créanciers sont en jeu
IV. Règles sur le « pay-out » (réserves légales, dividendes, rachat d’actions ou parts
sociales propres, réduction du capital)
- protection des créanciers (2) assurer un retour sur investissement aux actionnaires ou
associés sans léser les créanciers:
99
Les règles sur le Pay-in
1. règles sur la souscription
2. règles sur le prix d’émission
3. règles sur la libération du capital
3.1. apport minimum
3.2. modes de libération
Art. 629 CO
1. La société est constituée par un acte passé en la forme authentique […]
2. Dans cet acte, les fondateurs souscrivent les actions et constatent que:
1. toutes les actions ont été valablement souscrites [c’est-à-dire qu’on ne peut pas
émettre des actions sans apport correspondant]
2. les apports promis correspondent au prix total d’émission
3. […]
Pour la Sàrl cf. art. 777 CO – texte identique, sauf « actions » remplacé par « parts sociales »
L’obligation de souscription est une obligation particulière. L’obligation ne peut pas être
soumise à des conditions (obligation inconditionnelle) et elle est irrévocable :
100
2. Règles sur le prix d’émission
Art. 624 CO/ 774 al. 2 CO
SA : « Les actions ne peuvent être émises qu’au pair ou à un cours supérieur. […] »
Sàrl : « Les parts sociales doivent être émises à leur valeur nominale au moins. »
Une émission « au pair » veut dire que les actions sont émises à la valeur nominale. Si on les
émet à un cours supérieur, c’est-à-dire que les souscripteurs apportent plus que la valeur
nominale des action, on parle d’émission « au-dessus du pair »). Une émission au-dessus du
pair engendre un agio. L’agio est le montant de la différence entre la valeur d’émission (= prix
demandé pour ces actions lors de leur émission) et la valeur nominale.
Puisqu’on ne peut pas émettre des action en-dessous de valeur nominale, un agio négatif
(disagio) est interdit.
Exemple : P SA
101
2. Dans tous les cas, un montant de 50 000 francs au moins doit être couvert par les apports
effectués.
N.B : si le capital de la société est inférieur à CHF 250'000, il faut libérer plus que 20% (20%
de CHF 250'000 sont CHF 50'000), afin d’avoir le minimum de CHF 50'000.
La créance contre les actionnaires subsiste en cas de faillite de la société.
Pour la Sàrl : application de ces règles par renvoi des art. 777c al. 2 C0, art. 781 CO et art.
73 al. 2 ORC)
A. Apport en espèces
Art. 633 CO
1. Les apports en espèces doivent être déposés auprès d’un établissement soumis à la loi
fédérale du 8 novembre 1934 sur les banques et les caisses d’épargne et être tenus à la
disposition exclusive de la société. [Le dépôt doit se faire lors de la signature de l’acte
constitutif].
2. Cet établissement ne remet cette somme qu’après l’inscription de la société au registre du
commerce.
Le législateur a prévu un système de consignation. Les apports à une société sont versés sur
un compte de consignation auprès d’une banque. La banque ne libère les fonds qu’une fois la
société a été constitué. Cela assure que les actionnaires / associés versent bien le montant à
lequel ils ont souscrit.
Le projet de révision prévoit qu’on peut avoir son capital en monnaie étrangère et libération en
monnaie étrangère.
102
B. Apport en nature
Objet possible (cf. art. 634 P-CO, actuellement dans une directive concernant l’ORC)
Qu’est-ce qui est susceptible d’être apporté ?
L’objet d’un apport doit réunir les conditions suivantes :
1. il peut être porté à l’actif du bilan (on doit pouvoir préciser la valeur) :
2. il peut être transféré dans le patrimoine de la société :
- Donc pas des restrictions légales ou contractuelles à l’utilisation
3. la société peut en disposer librement comme propriétaire une fois inscrite au registre du
commerce, ou a le droit inconditionnel, s’il s’agit d’un immeuble, d’en requérir l’inscription
au registre foncier;
4. il peut être réalisé par transfert à un tiers.
Exigences légales
1. contrat d’apport (écrit/authentique) (CO 634 ch. 1, ORC 43 al. 3 lit. a)
2. Rapport des fondateurs ou, en cas d’augmentation du capital, du conseil. Le rapport doit
décrire la nature, l’état et le bien-fondé de l’évaluation des apports en nature).
(CO 635, CO 652e, ORC 43 al. 3 lit. c)
3. Attestation de vérification (CO 635a, CO 652f, ORC 43 al. 3 lit. d: rapport complet et exact)
Un réviseur doit vérifier la plausibilité du rapport.
4. inscription dans les statuts (CO 628 : objet et estimation de l’apport, nom de l’apporteur et
actions qui lui reviennent)
- cf. aussi la « déclaration I » pour le RC, qu’il n’y ait pas des autres apports en nature
que ce qui sont mentionnés dans les statuts (ORC 43 I lit. h)
- (cf. statuts P SA art. 5bis)
5. inscription au registre du commerce (ORC 45 al. 2 lit. a, 48 al. 2) (cf. extrait)
6. disponibilité de l’objet apporté dès fondation/inscription de l’augmentation (CO 634 ch. 2)
Le législateur craignait donc que les fondateurs éluderaient les règles sur les apports en
nature.
103
Étape 1 : apport en espèces Étape 2 : achat immédiat d’un immeuble
Une reprise de bien amènerait donc à la même situation qu’on avait si l’actionnaire / associé
avait directement contribué l’immeuble.
suppression selon le projet de révision, les règles sur la reprise de bien sera
probablement supprimé, afin de permettre aux actionnaires / associés de faire des
« apports en nature » par reprise de bien.
La société à une dette envers un tiers. Le titulaire de la dette accepte d’échanger sa dette
contre des actions nouvellement émises. Les conditions de la compensation (art. 120ss CC)
doivent être réunies.
Doit être mentionné dans rapport de fondateurs (CO 635) et être vérifié par un réviseur (CO
635a).
La libération par incorporation des réserves requiert une mention spéciale dans le rapport
d’augmentation établi par les gérants (art. 652e ch. 3 CO), qui doit attester de la libre
disponibilité des réserves incorporées. Le rapport doit être vérifié par un réviseur agréé (art.
652f CO).
104
Si les règles de forme des apports en nature / reprise de bien n’ont pas été respectées, le
transfert est nul (nullité absolue). Ainsi, le transfert de propriété n’a pas eu lieu. Il faut en
principe restituer la chose.
4.2. Obligation de libérer
Peut arriver si l’apport en nature était nul ou surévalué. La société peut revendiquer que
l’actionnaire libère le solde de sa souscription (art 680 al. 1 CO a contrario)
4.3. Responsabilité des fondateurs (CO 753)
Si, du fait de la violation des règles sur la fondation, il y a une moins-value de la société.
Qualité pour agir (cf. CO 756/757)
La personne lésée est donc la société. Mais les fondateurs sont souvent dans le conseil
d’administration de la société. Ainsi, on a étendu le champ des gens ayant qualité pour agir :
Ont la qualité pour agir la société, les actionnaires et les créanciers (dans la faillite seulement).
Si un actionnaire agit, les dommages-intérêts vont dans les poches de la société.
Si un créancier agit, les règles sur la faillite s’appliquent.
Qualité pour défendre
Fondateurs au sens large, cela n’inclut pas seulement les gens qui ont souscrit aux actions,
mais aussi l’organe de révision, le notaire, la banque en cas de consigne fautive etc.
Conditions de fond
Violation d’un des devoirs mentionnés à CO 753 ch. 1 à 3
Faute (négligence pour ch. 1 et 2; faute intentionnelle pour ch. 3)
Lien causalité naturel + adéquat
Dommage
4.4. Action en dissolution (art. 643 al. 3 et 4 CO)
Un créancier peut demander la dissolution, s’il y a eu des vices graves lors de la fondation.
Le délai est de trois mois. À cause de ce délai, cette action n’est jamais utilisée en pratique.
4.5. Actes faits au nom de la société en formation (CO 645)
Dans la situation que les fondateurs sont en train de fonder une société, mais font déjà des
contrats.
Il y a une responsabilité personnelle de leurs auteurs, sauf acceptation du contrat par la société
dans les 3 mois dès la fondation. Le cocontractant ne peut pas s’opposer à la reprise du
contrat.
Délimitation CO 645/CO 628
Une reprise de bien qui est conclu avant la fondation est toujours un acte fait au nom de la
société en formation (CO 645).
L’art. 645 CO s’applique cumulativement à l’art. 628 CO. C’est-à-dire qu’il y a une
responsabilité de l’auteur du contrat et qu’on doit aussi respecter les règles posées par l’art.
628 CO.
105
L’idée c’est que le capital est un moyen pour assurer une répartition des droits convenables
entre les associés.
Structure du chapitre :
1. Valeur nominale et valeur réelle des actions/parts sociales
2. Augmentation du capital et droit de souscription préférentiel (DPS)
1. Valeur nominale
SA : Art. 620 CO
Le capital-actions est divisé en actions. Ainsi, la somme des valeurs nominales des actions =
montant du capital-actions
A. Le poids de vote
Règle de base pour la SA
Art. 692 al. 1 CO
1. Les actionnaires exercent leur droit de vote à l’assemblée générale proportionnellement à
la valeur nominale de toutes les actions qui leur appartiennent.
106
D. La valeur des actions/PS
(p.r. à valeur société)
1.2. Règlementation de la valeur nominale des actions au fil du temps
L’abaissement de la valeur nominale était de diminuer des valeurs boursières, afin de
permettre à chacun de participer à des sociétés.
SA
Avant 1991: CHF 100.- minimum
- (ev. réduction en dessous de cette valeur en cas d’assainissement)
Depuis 1.1.2008: CHF 100.- minimum (plusieurs parts par associé admis)
- (jusqu’à CHF 1.- en cas d’assainissement)
1.3. Valeur « réelle »
La valeur d’une action est difficile à déterminer. La valeur réelle qu’on utilise dans ce cours est
la valeur de substance (fortune sociale). Cette valeur ne doit pas correspondre à la valeur
boursière, voire des autres méthodes de calcul.
Calcul de la fortune sociale
𝐹𝑜𝑟𝑡𝑢𝑛𝑒 𝑠𝑜𝑐𝑖𝑎𝑙𝑒 = 𝐴𝑐𝑡𝑖𝑓𝑠 ∗ − 𝐹𝑜𝑛𝑑𝑠 𝑑𝑒 𝑡𝑖𝑒𝑟𝑠 ∗
* Pour calculer la fortune sociale, il faut utiliser la valeur réelle des actifs. Sauf indications
contraire dans l’énoncé, on peut partir de l’idée que la valeur comptable est la valeur réelle.
En revanche, si on a des indications quant à un accroissement de valeur ou des
amortissements excessifs, il faut le prendre en compte. La même chose vaut pour des
provisions excessives.
Autre formule :
𝐹𝑆
× 𝑉𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑛𝑜𝑚𝑖𝑛𝑎𝑙𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑖𝑑é𝑟é𝑒𝑠
𝐾
107
𝑉𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑛𝑜𝑚𝑖𝑛𝑎𝑙𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑖𝑑é𝑟é𝑒𝑠
𝐹𝑆 ×
𝐾
2. Augmentation du capital
2.1. SA
Augmentation ordinaire 650 + 652ss CO
1. Décision de l’AG
2. Exécutée par le CA
Les règles quant à la SA s’appliquent aussi à la SARL, par renvoi de l’art. 781 al. 5 ch. 2 CO.
Il s’agit d’un droit et pas d’une obligation. Aucun actionnaire n’a donc l’obligation de souscrire
les actions nouvellement émises. Pour la SA, cette règle est du droit impératif (art. 680 al. 1
CO). Pour la SARL, l’obligation de souscrire des parts sociales lors d’une augmentation du
capital peut être conçue comme prestation accessoire dans les statuts (art. 796 CO).
Le droit de la SARL connaît aussi l’institution des versements supplémentaires, qui permet de
demander des fonds dans une société qui va mal. En cas d’assainissement de la SARL, il faut
passer par les versements supplémentaires. Il est exclu de passer par l’obligation de
souscription à ce moment-là (art. 796 al. 4 CO).
3.2 Exception – Suppression du DPS
108
Le DPS n’est pas absolu, la prévoit des exceptions, mais à des conditions strictes. Le renvoi
de l’art. 781 al. 5 ch. 2 CO, qui renvoie au droit de la SA pour la SARL, est applicable aux
exceptions aussi.
À teneur de l’art. 652b al. 2 CO : « Sont notamment de justes motifs: l’acquisition d’une
entreprise, ou de parties d’entreprise ou de participations à une entreprise ainsi que la
participation des travailleurs. Nul ne doit être avantagé ou désavantagé de manière non fondée
par la suppression du droit de souscription préférentiel ». La notion de juste motif fait allusion
à des « bonnes raisons » (critère objectif). En revanche, un besoin absolu n’est pas
nécessaire. Or, puisque nul ne doit être avantagé ou désavantagé, les nouvelles actions
doivent être émises à leur valeur réelle (« au-dessus du pair »). Il ne peut d’ailleurs pas s’agir
d’actions à droit de vote privilégié. Cela ressort aussi du fait que le respect de l’égalité de
traitement non justifié est une condition de validité de toute décision d’une assemblée générale
(art. 706 al. 2 ch. 3 CO). Or, comme toute décision d’une assemblée générale, la suppression
du droit de souscription préférentiel doit être proportionnel (art. 706 al. 2 ch. 2 CO). Il découle
du principe de la proportionnalité que la société avoir un intérêt à la suppression du droit de
109
souscription préférentiel. Or, la suppression doit être apte à atteindre l’intérêt poursuivi et la
mesure doit être dans un rapport raisonnable avec ledit intérêt (proportionnalité au sens étroit).
Il s’ensuit qu’il faut agir de la manière la moins dommageable possible. Finalement, la décision
ne peut pas être arbitraire.
L’assemblée générale ne peut supprimer le droit de souscription préférentiel que pour une
augmentation déterminée (décision ponctuelle).
En cas d’augmentation autorisée, l’AG peut déléguer l’autorité de prévoir des exceptions au
conseil d’administration (ATF 121 III 219, JdT 1996 I 162, UBS c. BK Vision). Il faut que
l’assemblée générale ait suffisamment défini les conditions dans lesquelles le conseil
d’administration peut prévoir des exceptions.
La décision de l’assemblée générale doit être prise par une majorité qualifiée de « deux tiers
des voix attribuées aux actions représentées et la majorité absolue des valeurs nominales »
(art. 704 al. 1 ch. 6 CO).
3.3. Nul ne doit être désavantagé – En détail
X. SA avec des actions avec une valeur nominale de CHF 100. On fait une augmentation « au
pair », c’est-à-dire d’émettre des actions pour une valeur nominale égale au capital apporté
par les nouveaux souscripteurs. En l’espèce, le prix de souscription pour une nouvelle action
est donc de CHF 100.
A. Le problème
L’action individuelle perde donc de valeur. Si les anciens actionnaires souscrivent aux
nouvelles actions proportionnellement à leur participation antérieure, cela n’a aucune
incidence. La « perte » qu’ils font sur leurs anciens actions est équilibré par le gain sur les
nouvelles.
Mais si on est face à une suppression du DPS, l’actionnaire ancien subirait une perte financière
et en proportion de participation. Pendant qu’on ne peut pas éviter la perte en droits de vote
relatifs, le législateur voulait éviter la perte financière. C’est exactement cela que veut dire
« nul ne doit être désavantagé ».
B. La solution – L’agio
On prévoit un agio. Les actions ne vont pas être émise au pair, mais en dessous du pair. On
demande les souscripteurs d’apporter plus, afin de permettre de maintenir le rapport entre la
valeur nominale et la valeur réelle de chaque action.
110
𝐹𝑆𝐴𝑣𝑎𝑛𝑡 𝑎𝑢𝑔𝑚𝑒𝑛𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑉𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑒 𝑙 ′ 𝑎𝑝𝑝𝑜𝑟𝑡 𝑞𝑢′ 𝑖𝑙 𝑓𝑎𝑢𝑡 𝑑𝑒𝑚𝑎𝑛𝑑𝑒𝑟 𝑎𝑢𝑥 𝑛𝑜𝑢𝑣𝑒𝑎𝑢𝑥 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑛𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠
=
𝐶𝑎𝑝𝑖𝑡𝑎𝑙𝑎𝑛𝑐𝑖𝑒𝑛 𝑉𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑛𝑜𝑚𝑖𝑛𝑎𝑙𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑛𝑜𝑢𝑣𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠
C. Disagio interdit
L’art. 652b al. 2 CO ne protège pas les souscripteurs des nouvelles actions. En cas de capital
sous-couvert, la loi impose même de désavantager les actionnaires nouveaux, en interdisant
d’émettre des actions en dessous du pair.
Dans cette situation, les anciens actionnaires ont gagné, parce que leurs actions deviennent
plus valables. En revanche, les nouveaux actionnaires perdent, car leurs actions – avec une
valeur nominale de CHF 100, ne valent que CHF 66.6. Néanmoins, on ne peut pas prévoir un
prix d’émission plus bas que la valeur nominale (art. 624 / art, 774 al. 2 CO).
Ainsi, on est obligé de désavantager les nouveaux actionnaires !
111
De la conditions « nul ne doit être avantagé ou désavantagé… ». Un actionnaire existant va
toujours perdre en poids de vote lors d’une augmentation de capital avec suppression de DPS.
En revanche, on ne peut pas supprimer le DPS pour émettre actions à droit de vote privilégié
au profit du nouvel actionnaire. Cela aggravait en fait le désavantage pour l’actionnaire existant
d’une manière disproportionnée.
3.4. Violation des règles sur le DPS
Puisque la suppression des DPS relève d’une décision de l’AG, il faut agir en annulation de la
décision devant le juge. La base légale de l’annulation est CO 706/CO 808c.
L’annulation du juge aurait un effet ex tunc. Il s’agit d’une décision cassatoire qui aura un effet
erga omnes.
112
Influence sur la valeur des actions :
Avant l’augmentation : Après l’augmentation :
- Valeur nominale CHF 1’000 - Valeur nominale CHF 1000
- Valeur réelle ~ CHF 3’500 - Valeur réelle ~ CHF 1’300
Situation de Ringier
Ringier avait donc le choix de souscrire de nouvelles actions (à un coût de CHF 2'401'000) ou
de perdre CHF 743'000 et son poids de vote dans sa société.
Solution au problème
La société a besoin de CHF 5’250'000. La valeur réelle des anciennes actions était d’environ
CHF 3475. Ringier argumentait qu’on devrait augmenter le capital au-dessus du pair, à un
montant qui corresponde à la valeur réelle des actions.
Action en annulation
Ringier invoquait :
- violation principe d’égalité de traitement
o l’augmentation de capital a un effet différent pour le minoritaire qui est placé
devant le choix souscrire pour CHF 2.4 mio ou de perdre CHF 740'000 que pour
l’actionnaire majoritaire.
- lésion du droit au bénéfice et produit de liquidation
- abus de droit
Considération du TF
113
Égalité de traitement
Le TF défend une vision formelle : tous les actionnaires sont traités également puisque le
DPS maintenu pour tous
En 1991, lors de la révision du CO, l’art. 706 al. 2 ch. 3 CO a été introduit :
Art. 706 al. 2 ch. 3 CO : « entraînent pour les actionnaires […] un préjudice non [justifié] par
le but de la société »
114
Mars 2012 : Adoption d’un contre-projet indirect à l’initiative Minder, mais pas de
position commune sur l’initiative
3 mars 2013 : adoption initiative Minder (contre-projet indirect tombe)
Janvier 2014 : entrée en vigueur ORAb
Novembre 2016 : (nouveau) message sur la révision du droit de la société anonyme
Juin 2018 : examen du projet et décision du CN
Décembre 2108 : CE renvoie projet à sa commission…
1.2. Terminologie
La loi de la SA parle de réserve générale, pendant que la loi comptable distingue les réserves
issues du bénéfice (RIB) et les réserves issues du capital (RIK).
Majeure : L’art. 671 al. 1 CO dispose que : « 5 % du bénéfice de l’exercice sont affectés
à la réserve générale jusqu’à ce que celle-ci atteigne 20 % du capital-actions libéré ».
Le terme réserve générale désigne les réserve issues du bénéfice (RIB) et les réserves
issue du capital (RIK). L’attribution de l’art. 671 al. 1 CO – la première attribution à la
RIB – suppose une exercice bénéficiaire. En revanche, il n’importe pas si une perte
reporté subsiste sur le bilan. Or, lorsque les réserves (RIB + RIK) dépassent la moitié
du capital, aucune attribution n’est nécessaire (cf. art. 671 al. 3 CO).
Exemple
La société X. SA a un bénéfice de CHF 200'000 (produits – charges = CHF 200'000)
Actif Passif
Actifs 1’200’000 500’000 Prêt banque
500’000 Capital
200’000 Bénéfice
En l’espèce, la société n’a pas encore des réserves. La première condition est donc remplie.
Or, il y a un bénéfice de CHF 200'000. La deuxième condition est donc remplie.
Par conséquence, la société doit attribuer 5% de son bénéfice à des réserves issues du
bénéfice (5% de CHF 200'000 = CHF 10'000). La société doit donc créer un poste RIB au
passif. Il s’agit d’une permutation de passifs C’est-à-dire qu’il y aura CHF 10'000 moins de
bénéfices sur le bilan, mais un poste RIB pour un montant de CHF 10'000 apparait :
Actif Passif
Actifs 1’200’000 500’000 Prêt banque
115
500’000 Capital
10’000 RIB
190’000 Bénéfice
Majeure
L’art. 671 al. 2 ch. 3 CO prévoit une deuxième attribution aux réserves issues du bénéfice
lorsqu’un dividende de plus de 5 % du capital est versé et que le montant des réserves issues
du bénéfice et des réserves issues du capital cumulées n’atteignent pas encore la moitié du
capital (montant RIB + RIK < ½ K). L’attribution est de 10 % du montant qui dépasse les 5%
ou d’une somme inférieure à ce montant lorsque celle-ci suffit pour que RIK+RIB soient portées
à ½ K.
Exemple 1
Une société présente le bilan suivant :
Actif Passif
Actifs 1’200’000 500’000 Prêt banque
500’000 Capital
300’000 Bénéfice reporté
(- 100'000) Perte d’exploitation
Actif Passif
Actifs 1’160’000 500’000 Prêt banque
500’000 Capital
260’000 Bénéfice reporté
(- 100'000) Perte d’exploitation
Actif Passif
116
Actifs 1’160’000 500’000 Prêt banque
500’000 Capital
1’500 RIB
258’500 Bénéfice reporté
(- 100'000) Perte d’exploitation
Exemple 2
1.5. Réserve issue du capital : par exemple l’agio (671 al. 2 ch. 1 CO)
117
Exemple : Achat d’Ionbox par Helvelox
Bilan Helvelox avant toute opération
Actif Passif
Actifs 2'000’000 1’000’000 Capital
200’000 RIB
800'000 Autres réserves
Total 2'000’000 2'000’000 Total
118
2. Introduction sur règles sur le pay-out
La société peut librement utiliser son patrimoine pour l’activité sociale.
3. Dividende
Le dividende est la manière « naturelle » pour la société de rendre des moyens à ses
actionnaires / associés. Cependant, un dividende peut léser l’intérêt des créanciers d’avoir une
substance suffisante dans la société. Le prélèvement des dividendes est donc réglementé.
3.1. Conditions formelles
A. Comptes
Établis par le conseil d’administration/les gérants
- (716a I ch. 6; 810 II ch. 5; 662ss CO → 959 ss CO (dès 1.1.13)
Vérifiés par l’organe de révision, sauf « opting out »
- (728a I; 729a I CO; 818 I CO → droit SA)
Approuvés par l’assemblée générale/l’assemblée des associés
- (698 II ch. 3 et 4 CO; 804 II ch. 4 et 5 CO)
En présence du réviseur si contrôle ordinaire
- (731 CO; 818 I CO → droit SA)
119
Excursus : Le projet admet un dividende intermédiaire, c’est-à-dire avant la clôture des
comptes.
Art. 675a P-CO – Dividendes intermédiaires
1. L’assemblée générale peut décider de verser un dividende intermédiaire
2. Les comptes intermédiaires doivent être vérifiés par l’organe de révision avant que
l’assemblée générale ne statue. (CN : ajouter « Il est possible de renoncer à la vérification si
tous les actionnaires approuvent le versement du dividende intermédiaire »).
3. Les dispositions relatives aux dividendes s’appliquent également (art. 660 al.1 et 3, 661,
671 à 674, 675 al. 2, 677, 678, 731 et 958e).
120
C. Autres réserves (moins importantes dans le cadre de ce cours)
Réserve pour actions propres (RAP) : art. 671a CO (pour la Sàrl, par renvoi des art. 783
al. 4 et 801 CO)¨
Réserve pour réévaluation (Rréév) : art. 671b CO (pour la Sàrl par renvoi de l’art. 801
CO)
3.3. Exemple
FLD = fonds libres disponibles. On ne peut verser un dividende que sur les FLD
Exceptions
SA : 20% en relation avec clauses d’agrément - 685b I
- (révision: idem 736 ch. 4 CO)
Sàrl : 35% si les parts sociales sont acquises à la suite d’une restriction du transfert ou de
la sortie ou de l’exclusion d’un associé (art. 783 CO)
C. Fonds propres librement disponibles suffisants
FLD : exactement la même notion que pour les dividendes
121
Il faut avoir assez des fonds pour acheter les actions, c’est-à-dire :
𝐹𝐿𝐷 > 𝑀𝑜𝑛𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑟𝑎𝑐ℎ𝑒𝑡é𝑠
Puisqu’on n’est pas dans une situation de clôture de comptes, ni dans la situation de
versement d’un dividende, il n’y pas lieu de faire des attributions aux réserves.
4.2. Conséquences
A. Situation des actions et effet comptable
Le législateur, ne veut pas que la société se contrôle soi-même.
Art. 659a CC
1. Le droit de vote lié aux actions propres et les droits qui leur sont attachés sont suspendus.
2. À raison de la détention de ses propres actions, la société affecte à une réserve séparée un
montant correspondant à leur valeur d’acquisition.
- Cette règle est devenue inefficace suite à la révision du droit comptable. Cf. art. 959a
al. 2 ch. 3 lit. e CO :
- Cette divergence entre droit de la SA et droit comptable sera éliminé par le projet, qui
prévoit une règle analogue à l’art. 959a al. 2 ch. 3 lit. e CO à son art. 659a al. 4 P-CO.
122
Les actions rachetées ont une valeur de CHF 0. Puisqu’on a dépense de l’argent dans la
trésorerie, on a moins d’actifs. Il faut ensuite équilibrer le bilan au passif. Il y a techniquement
« une perte » ou une diminution du bénéfice. Cependant, le législateur permet d’inscrire cela
comme poste négatif intitulé « propres parts du capital ».
B. Conséquence d’une violation des règles sur le rachat des actions ou parts sociales
Si la société dépasse le taux de rachat admissible (p. ex. 10%, voire 20% du capital-actions
pour la SA), l’opération de rachat n’est pas nulle, mais engage la responsabilité des
administrateurs. On parle d’une violation d’une règle d’ordre.
On revanche, si on dépasse les FLD (met la société en situation de perte), l’opération est nulle.
5. Réduction du capital
5.1. Types
Dans le cadre de ce cours, on ne parle pas de la réduction « accordéon » constitutive, car elle
est très problématique.
5.2. Délimitation : réduction constitutive – réduction déclarative
Réduction déclarative : la réduction déclarative a pour objectif de faire disparaître des
pertes au bilan qui « grignotent » le capital. C’est une simple
opération comptable.
123
Réduction constitutive : Il y a effectivement un pay-out. C’est-à-dire on libère
effectivement des fonds propres
Toutes les réductions du capital qui ne se contentent pas de supprimer des pertes au bilan,
qu’elles impliquent ou non une restitution de fonds aux actionnaires, doivent être qualifiées de
réduction constitutive. Autrement dit, toute réduction du capital qui n’est pas purement une
réduction déclarative est qualifiée de réduction constitutive.
5.3. Raison d’être de la réduction accordéon
Dans cette situation, les actifs couvrent tout juste les fonds de tiers et la société, et donc les
actions, ne valent plus rien. La réduction (déclarative) va permettre d’annuler les actions
existantes (ce qui n’enlève rien à personne, puisque les actions ne valent plus rien). Lors de
l’augmentation du capital, on remettra de nouvelles actions aux souscripteurs (qui peuvent
être des anciens actionnaires, mais aussi des tiers) qui bénéficieront ainsi – seuls – de
l’ensemble de la valeur qu’ils auront remis à la société
124
- (art. 733 CO)
Après le 3e avis, délai de 2 mois pour que les créanciers souhaitant être payés ou garantis
s’annoncent.
Paiement ou octroi de sûretés. C’est la société (et pas le créancier) qui décide si elle veut
payer les créances ou bien offrir des sûretés.
Acte authentique constatant respect des prescriptions (art. 734 CO)
Inscription de la réduction au RC (avec les nouveaux statuts)
- (SA: 55 ORC/Sàrl: 77 ORC à 55 ORC)
Versements aux actionnaires
Les créances doivent être entièrement couvertes par le « capital-actions réduit » (art. 732 al.
2 CO). Ce texte, peu clair dans la version française, veut dire que les dettes soient couvertes
nonobstant la réduction du capital-actions. C’est-à-dire que la réduction du capital ne peut pas
aboutir à un surendettement.
Il est d’ailleurs interdit de faire de versements aux actionnaires qui impliqueraient la restitution
du capital restant après réduction. C’est-à-dire que la réduction du capital ne peut pas amener
à des pertes qui « grignotent » le capital.
Lors d’une réduction constitutive simple, on peut (mais on ne doit pas) restituer aux
actionnaires aussi les actifs correspondant aux réserves liées (pour la réserve pour actions
propres, à condition de supprimer les actions propres – détenues par les filiales – y relatives)
A l’issue de la réduction, les actifs doivent (au moins) couvrir les fonds de tiers et le capital
réduit.
D. Exécution de la réduction
125
On peut soit annuler les actions correspondantes à la valeur réduite, ou bien on peut diminuer
la valeur nominale de toutes les actions. C’est le choix de la société.
Cela vaut aussi bien pour la réduction constitutive que pour la déclaration déclarative.
5.5. Réduction déclarative simple
Sert à mettre en conformité la valeur du capital (et ainsi la v.n. des actions) avec la réalité.
Puisqu’il s’agit d’une opération comptable, la procédure prévue par le législateur est moins
lourde.
A. Procédure
Rapport de révision par expert-réviseur agréé (SA: art. 732 al. 2 CO)
Modification des statuts par l’AG/AA sur la base du rapport, en présence de l’expert-réviseur
agréé (art. 732 al. 1 et al. 2)
Avis aux créanciers (3x) ;(art. 733 CO)
Délai de 2 mois pour que les créanciers souhaitant être payés ou garantis dsannoncent
Paiement ou octroi de sûretés
Acte authentique constatant respect des prescriptions (art. 734 CO)
Inscription réduction au RC (SA: 56 ORC/Sàrl: 78 ORC)
Versements aux actionnaires
L’objectif de la réduction déclarative simple est de supprimer des pertes au bilan ; elle ne doit
pas nécessairement supprimer l’ensemble des pertes au bilan, mais elle ne peut en aucun cas
aller au-delà de la suppression des pertes.
126
On diminue le capital au minimum et ensuite on l’augmente toute de suite, au même montant
qu’il avait antérieurement. Cela implique que les actionnaires /associés libèrent le montant de
l’augmentation. Cette démarche permet de supprimer des pertes du bilan qui grignotent le
capital. La réduction accordéon déclarative est ainsi favorable aux tiers, parce qu’il y a
finalement plus des moyens dans la société
A. Procédure (732 al. 1 i.i.; 732a al. 1 CO)
Décision de réduction AG/AA
Procédure complète liée à l’augmentation
Sàrl : 782 al. 4 CO renvoie au droit SA
B. Limites matérielles
- Le capital peut être réduit jusqu’à CHF 0.-
- La réduction ne peut dépasser les pertes au bilan/pertes après versements
supplémentaires (cf. réduction déclarative)
- Admis pour sociétés surendettées
6. Distributions illicites
En règle générale, l’opération est nulle
127
société.
4. L’obligation de restitution se prescrit par cinq ans à compter de la réception de la prestation.
L’art. 678 al. 1 CO s’applique aux versements de dividendes ou les rachats de parts sociales
qui n’ont pas respectés les règles légales. On utilise donc les formes de versement aux
actionnaires prévues par la loi, par exemple le dividende, mais on viole les règles relatives à
ces formes.
L’art. 678 al. 2 CO vise les cas tous les cas où on ne respecte pas les règles du « pay out »,
en se cachant derrière un contrat disproportionné. Plus généralement, l’art. 678 al. 2 CO vise
le cas où la société fait un pay-out aux actionnaires en dehors de toute forme prévue par la
loi. On parle de dividende caché.
Ont la qualité pour agir la société ou à chacun des actionnaires (art. 678 al. 3 CO).
On a le droit de rechercher les bénéficiaires des versements qui sont, de plus, des actionnaires
et les membres du CA ou des personnes qui sont proches des actionnaires ou d’un membre
du CA. En revanche, une prestation indu à une autre personne, par exemple un directeur qui
n’est pas actionnaire, ni membre du CA ou proche d’une actionnaire ou un membre de CA ne
peut être tenu de restituer la prestation par le billet de l’art. 678 CO.
Art. 678 CO se distingue de la restitution réciproque des prestation, qui serait la conséquence
habituelle de la nullité. L’art. 678 prévoit une qualité d’agir des actionnaires et non seulement
de la société. L’actionnaire ne doit restituer ce qu’il a reçu de la société de mauvaise foi. On
protège donc un actionnaire minoritaire qui a reçu un dividende trop élevé qui ne pouvait s’en
rendre compte. De plus, il y a une prescription de 5 ans. L’art. 678 CO est donc plus favorable
à l’actionnaire que la règle générale.
Projet :
On ajoute le cercle des personnes qui ont la qualité de défendre : On y ajoute les personnes
qui s’occupent de la gestion et les membres du conseil consultatif.
3.2. Responsabilité des organes
Permet de s’adresser aux responsables de l’opération illicite, pour qu’ils réparent le dommage
causé éventuellement à la société.
128
Ont la qualité pour défendre les membres du CA ainsi que les autres dirigeants.
D. Responsabilité du réviseur
Si un réviseur manque à ses devoirs dans le cadre d’un pay-out, par exemple en n’indiquant
pas aux actionnaires qu’il n’y a pas suffisamment des FLD, peut aussi être recherché.
1.2. Obligations liées à la situation des pertes en capital (art. 725 al. 1 CO)
A. Obligations du CA / des gérants
Convocation d’une AG/AA + proposition de mesures d’assainissement (CO 725 I; id SARL
renvoi CO 820)
NB: AG n’est pas obligée de suivre propositions du CA. Souvent, au niveau des compétences,
le CA pourrait agir seul (par exemple remplacer la direction). Il doit quand même convoquer
une AG est dire aux actionnaires ce qu’il envisage de faire.
B. Réviseur - (Contrôle ordinaire seulement)
129
Le réviseur qui constate que le CA/les gérants ne s’acquittent pas de leur obligation de
convoquer l’AG/AA doit faire les avis au CA/gérants (CO 728c I; id. SARL renvoi CO 818) et,
le cas échéant, à l’AG/AA (CO 728c II; id. SARL renvoi CO 818)
1.3. Sanctions en cas de non-respect
A. Responsabilité des membres du CA (CO 754)
Cf. l’art. 754 CO (supra)
En cas de violation de la loi, comme le fait de ne pas convoquer une AG/AA est un
manquement aux devoirs au sens de l’art. 754 CO. Le CA / les gérants sont donc responsables
du dommage qui en découle.
En revanche, il est très difficile de rechercher les dirigeants en disant qu’ils ont pris des
mauvaises décisions de stratégie. La causalité du dommage est presque impossible à établir.
B. Responsabilité de l’organe de révision (CO 755)
Cf. les obligations du réviseur (supra). Un manquement à ces obligations est une violation de
la loi.
130
Réviseur (contrôle ordinaire seulement) qui constate que le CA/les gérants ne s’acquittent
pas de leur obligation de dresser le bilan intermédiaire doit faire les avis au CA/gérants (CO
728c I; idem pour la SARL, par renvoi de l’art. 818 CO) et, le cas échéant, à l’AG/AA (CO 728c
II; idem pour la SARL, par renvoi de l’art. 818 CO)
Si le CA / les gérants ne déposent pas le bilan lorsqu’ils constatent le surendettement, ils sont
responsables des pertes de la société après cette date. Cela s’applique même si les pertes ne
sont pas imposables au CA / aux gérants. Si par exemple, une société décide de continuer
ses affaire malgré un surendettement, mais doit fermer les portes une semaine après à cause
du coronavirus, on peut tenir les dirigeants responsables pour les pertes qui en résultent. La
causalité est très facile à établir : si on avait déposé le bilan lorsqu’on aurait dû le faire
(exécuter son obligation légale) on n’aurait plus subi des pertes à partir de cette date.
Cette action est souvent intentée en pratique. Elle est très dangereuse pour les membres du
CA, les gérants et les réviseurs. Il convient donc de déposer rapidement le bilan si on constate
un surendettement.
131
leur créance soit placée à un rang inférieur à celui de toutes les autres créanciers de la société
dans la mesure du surendettement. Les créanciers forment volontiers une « quatrième classe
de créanciers »
4. Ajournement de la faillite
L’ajournement de la faillite est une autre manière d’éviter la faillite. Une société qui est en
situation de surendettement doit aller déposer son bilan chez le juge. Au même temps, la
société peut demander un ajournement de la faillite, si elle peut rendre vraisemblable qu’elle
peut se sortir du surendettement par la continuation de ses activités.
On peut imaginer par exemple que la société ait des projets qui commencent bientôt ou des
contrats importants qui vont bientôt être signés.
Le juge apprécie et décidera ensuite si on peut ajourner la faillite. Le juge prend en compte
tous les intérêts en cause, mais notamment ceux des créanciers.
132
9. DROITS ET OBLIGATIONS DES
ACTIONNAIRES ET ASSOCIÉS
I. Obligations
1. SA
Obligations prévues par la loi Obligations découlant des statuts
Libérer les actions (art. 680 CO) C’est en principe interdit par la loi de prévoir
- C’est la seule obligation dont des obligation dans les statuts. Des
l’inexécution peut conduire à l’exclusion éventuelles dispositions (p. ex. obligation de
de l’actionnaire (art. 681s CO) versement supplémentaire) qui se trouvent
Obligations de transparence (art. 679i ss dans les statuts sont nulles.
CO)
- Obligation des actionnaires de Cependant, les actionnaires peuvent
s’annoncer et d’annoncer leurs ayant conclure un contrat séparé où ils prévoient
droits économiques certaines obligations
- Règles de droit public, notamment en
matière de blanchiment d’argent et de
financement du terrorisme.
2. Sàrl
Quatre obligations prévues par la loi Obligations découlant des statuts
Obligations de libérer les parts-sociales (art. Versements supplémentaires (art. 795ss
777c al. 1 CO) CO)
- lors de la fondation d’une Sàrl, il faut - D’après la loi, sont des versements
immédiatement et intégralement libérer supplémentaires toutes les obligations
les parts-sociales. qui sont déclenchés par des pertes en
capital.
Obligations de transparence (art. 790a CO)
- cf. supra
Obligation de fidélité des associés envers la Prestations accessoires (art. 796 CO)
Sàrl (art. 803 CO) - Par exemple droit de préemption ou
- Le devoir de fidélité est un devoir très d’emption
large. Beaucoup des composantes du - Peut aussi être une obligation de
devoir de fidélité peuvent être fournier des matières premières par
supprimés dans les statuts. exemple.
- On ne peut pas supprimer l’obligation - On peut aussi prévoir des interdictions
de sauvegarder le secret des affaires. de faire concurrence
- Exemple d’une prestation accessoire
financière : contribuer à une
augmentation du capital pour conquérir
un nouveau marché
Les associés ont – ex lege – l’obligation de
gérer la société (art. 809 al. 1 CO). On parle
de Selbstorganschaft. Ce régime est du droit
dispositif, on peut très bien passer à un
régime de Drittorganschaft.
133
Délimitation entre prestations accessoires financières et versements supplémentaires :
D’après la loi, sont des versements supplémentaires toutes les obligations qui sont déclenchés
par des pertes en capital. Ce sont donc des versements qui ont pour but de « sauver » la
société. La délimitation est surtout importante en cas de faillite, car les associés sont tenus de
faire les versements supplémentaires dans ce cas.
II. Droits
1. Classements des droits
1.1. En droits patrimoniaux et droits sociaux (pertinent pour ce cours)
Le tableau n’est pas exhaustif.
Différences Sàrl - SA
La Sàrl prévoit la possibilité pour les associés de sortir de la société (droit mixte, art. 822 CO).
Les associés ont le droit (et aussi l’obligation) de gérer la Sàrl, sauf convention contraire (art.
809 al. 1 CO). Le troisième différence est que la SA conaît des contrôles spéciales qui
n’existent pas pour la Sàrl (art. 697a ss).
134
B. Distinction des droits en fonction des conditions de leurs suppression
2. Droits patrimoniaux
Art. 660 al. 1 et 2 CO
1. Tout actionnaire a droit à une part proportionnelle du bénéfice résultant du bilan, pour autant
que la loi ou les statuts prévoient sa répartition entre les actionnaires.
2. Il a droit, lors de la dissolution de la société, à une part proportionnelle du produit de la
liquidation, à moins que les statuts ne règlent autrement l’emploi de l’actif de la société
dissoute.
2.1. Les trois « droits au dividende »
A. Droit à la poursuite d’un but lucratif
On peut très bien fonder une SA de but non lucratif. En revanche, on ne peut pas imposer à
un actionnaire la suppression ou la limitation du bit lucratif pendant la vie de la société. La
suppression requiert le consentement de tous les actionnaires ou associés.
(art. 706 al. 2 ch. 4 CO ; idem pour la SARL via CO 808c)
En pratique, le problème se pose souvent dans les groupes de sociétés. Une société qui
appartient à un grand groupe peut décider de ne plus générer elle-même un bénéfice, mais
de travailler au profit de la société mère. Un actionnaire de la société fille peut agir en
annulation d’une telle décision.
B. Droit au versement d’un dividende lors d’un exercice donnée
Proportionnel aux versements effectués dans la SA (CO 661);
Proportionnel à val nom. parts sociales + versements supplémentaires pour la Sàrl (CO 798
III)
135
C. Droit à la créance
Après la décision de l’AG/AA
- À partir de la décision de l’AG/AA, le dividende est une créance de l’actionnaire /
associée contre la société. La société ne peut donc plus unilatéralement la supprimer
ou modifier.
3. Droits mixtes
Droit préférentiel de souscription (art. 652b CO)
Droit au libre transfert des actions ou parts-sociales (art. 684 al. 1 CO)
4. Droits sociaux
4.1. Information des actionnaires d’une SA
En trois niveaux :
A. Information de base
B. Informations sur demande – Droit au renseignement
C. Contrôle spécial
A. Information de base
La société doit fournir ces informations spontanément.
136
Action en justice en cas de refus (art. 697 al. 4 CO)
Pas de délai, mais un intérêt à l'information reste requis
Étapes de la procédure :
0. En tant qu’étape préalable, il faut que l’actionnaire ait demandé des renseignements au
sens de l’art. 697 CO et que la demande a été refusé. Il n’est pas nécessaire que
l’actionnaire ait agi en justice pour contester le refus (art. 697 al. 4 CO).
1. L’actionnaire doit proposer à l’AG d’instituer un contrôle spécial (art. 679a al. 1 CO). On
peut faire la proposition sans qu’il faille l’inscrire à l’ordre du jour
2. Si l’AG accepte (art. 679a al. 2 CO) : action devant le juge pour que le juge désigne un
contrôleur spécial (action en désignation). Le juge précise aussi la mission précise du
contrôleur. La qualité pour agir incombe à la société ou à l’actionnaire.
Si l’AG refuse (art. 679b CO) : Des actionnaires représentant 10% au moins du capital-
actions ou des actions d’une valeur nominale de 2 millions de CHF peuvent, dans les trois
mois, introduire une action en institution d’un contrôleur (art. 679b al. 1 CO). Ils doivent
rendre vraisemblable une violation de la loi ou des statuts qui a causé un préjudice à la
société ou aux actionnaires (art. 679b al. 2 CO).
3. Le juge désigne l’expert indépendant après une audition de la société et des requérants
(art. 697c CO)
4. Le contrôleur spécial effectue son contrôle dans un délai utile (art. 697d al. 1 CO). La
société est tenue de collaborer avec le contrôleur spécial (art. 697d al. 2 CO). Dans le
cadre de son mandat, le contrôleur peut en principe exiger de voir tous les documents.
5. Le contrôleur fait un rapport au juge. Son rapport est détaillé, mais tient compte du secret
des affaires (art. 697e CO).
6. La société a ensuite la possibilité de se prononcer sur le rapport et d’indiquer si et en quoi
l’autocensure du contrôleur ne suffit pas pour protéger le secret des affaires (art. 697e al.
2 CO). En cas de désaccord entre le contrôleur et la société, c’est le juge qui tranche.
7. Le rapport épuré est soumis aux requérants et la société pour une prise de position. Les
requérants peuvent poser des questions supplémentaires (art. 697e al. 3 CO).
8. Le CA soumet le rapport du contrôleur à l’AG (art. 697f CO)
137
4.2. Information des associés d’une Sàrl
En deux niveaux :
A. Information de base
B. Informations sur demande – Droit au renseignement
Puisque le droit aux renseignements et le droit à la consultation sont beaucoup plus vastes
dans le cadre d’une Sàrl, le législateur estime qu’il n’y a pas besoin d’un régime de contrôle
spécial.
Les associés d’une Sàrl ont un devoir de fidélité. Le régime est donc différent :
A. Information de base
Rapport de gestion – comptes annuels + évtl. rapport annuel (CO 801a)
+
Rapport de révision
B. Information sur demande
Droit au renseignement et consultation (CO 802)
En cas de refus :
- Recours à l’AA si refus des gérants
- Action en justice en cas de refus (CO 802 IV)
138
10. ACQUISITION, PERTE ET TRANSFERT
DU SOCIÉTARIAT
I. Transfert dans la SA
1. Notion générales
1.1. Actions d’une SA
Les vecteurs du sociétariat dans la SA sont les actions. L’« action » à plusieurs fonctions.
Premièrement, elle est synonyme de la place de l’actionnaire, soit l’ensemble des droits et
obligations qui sont liés au sociétariat. Deuxièmement, l’action est une papier-valeur, un titre,
qui incopore l’ensembe des droits et obligations du sociétariat.
139
Dans un troisième étape, les banques ont décidé de ne plus garder toutes les actions
individuelles dans le dépôt collectif. Les sociétés ont donc émis un seul certificat global qui
incorporait toutes les actions. Les actionnaires étaient propriétaires d’une quote-part du
certificat global.
Dans un quatrième temps, on a complètement arrêté d’établir des papiers-valeurs. Les actions
sont simplement des droits-valeurs. Les banques détiennent une listes des actionnaires. Dans
le plan des droits valeurs. Cela a posé des problèmes sur le plan des droits réels.
Pour cette raison, le législateur a mis en place le régime des titres intermédiés. Ce régime est
superposé les anciennes systèmes. Il englobe les autres solutions. On a institue des
dépositaires centraux où toutes les actions, de n’importe quel type (action individuelle,
certificat global ou droits-valeurs) sont déposées. Le dépositoire central distribue les droits aux
banques qui sont liés à son système. Les banques distribuent les droits entre les actionnaires
qui ont un dépôt chez elles.
Le régime des titres intermédiés est entre les droits réels et les droits de créance. On a la
sécurité du droit d’un droit de propriétaire, mais la facilité de transférer l’action comme un droit
de créance.
2. Introduction au transfert
2.1. Acquisition du sociétariat
Il y a acquisition originaire lors de la création d’une nouvelle place de sociétariat, c’est-à-
dire lors de la souscription d’actions nouvelles (lors de la fondation ou une augmentation du
capital).
140
2.2. Structure du transfert du sociétariat
Transfert spécial
transfert ordinaire
(stt non conventionnel; cf. aussi CO 685b
(conventionnel)
IV)
Relation horizontale Relation horizontale
Cas de figure : Cas de figure :
- transfert pour cause de mort (CC 560), - vente, donation, etc.
- transfert en lien avec une adjudication
(LP 126, LP 258) Régime applicable :
- transfert dans le cadre d’une fusion Le transfert de la qualité d’actionnaire
(LFus 22), dépend de :
- transfert par décision judiciaire, etc… - Validité du contrat
- « habit juridique » de l’action
Régime applicable : - Existence de restriction à la
- les règles spéciales applicables au type transmissibilité (cf. relation verticale)
de transfert s’appliquent quel que soit
l’habit juridique de l’action
Relation verticale Relation verticale
Voir aussi effet de restrictions statutaires à la Restrictions à la transmissibilité
transmissibilité d’action nominatives. - Restrictions légales pour actions
(sociétariat) nominatives
o Ou au porteur non entièrement
libérées
- Restrictions statutaires pour actions
nominatives
141
II. Transfert ordinaire
1. Relation horizontale
Il faut commencer par définir le « habit juridique » de l’action :
142
3. Relations verticale UNO - Restrictions légales
3.1 Principe
Le principe fondamental en droit des sociétés de capitaux est la libre transmissibilité des
actions. Si la loi prévoit autre chose, il s’agit des exceptions au principe :
Aucune disposition légale pour les actions au porteur (i.e. «places de sociétariat»), tellement
le principe est évident.
3.2. Exception : restrictions légales à la transmissibilité (transfert ordinaire)
A. Actions nominatives
Art. 685 CO - Restriction légale
1. Les actions nominatives (i.e. « places de sociétariat ») qui ne sont pas intégralement
libérées ne peuvent être transférées qu’avec l’approbation de la société […].
2. La société ne peut refuser son approbation que si la solvabilité de l’acquéreur est douteuse
et que les sûretés exigées par la société n’ont pas été fournies.
Cette règle permet à la société de refuser, si les conditions (cumulatives) de l’art. 685 al. 2 CO
sont réunies, un acquéreur. La ratio legis est la suivante. Le transfert de la place de sociétariat
engendre le transfert de tous les droits et obligations liés au sociétariat. En cas d’action non
entièrement libérées, l’actionnaire est débiteur du reste de son apport. En tant qu’obligation
liée au sociétariat, celle-ci passe de l’aliénateur à l’acquéreur. Évidemment, la société a un
intérêt légitime de ne pas avoir un débiteur insolvable.
La société a le droit, mais pas une obligation de refuser un actionnaire.
La restriction légale fonctionne comme une condition au transfert. Ainsi, sans l’approbation de
la société, la titularité du sociétariat ne passe pas à l’acquéreur.
Doctrine majoritaire
application par analogie CO 685 aux actions au porteur
143
4. Relation verticale DUE - Restrictions statutaires au
transfert d’actions NOMINATIVES
Les actions au porteur (« places de sociétariat ») ne subissent pas des restrictions
statutaires ! Il s’agit d’une silence qualifiée du législateur
Les restrictions statutaires de la transmissibilité ne sont pas valables si elles ne sont pas
inscrites dans les statuts (art. 627 ch. 8 CO). Les restrictions statutaires s’appellent aussi
« clauses d’agréement », car elles permettent à la société d’agréer ou non un nouvel
actionnaire.
La ratio legis des restrictions de transmissibilité est d’empêcher les hostile takeovers. Cela
permet à la société de travailler de manière harmonieuse avec un sociétariat plus ou moins
stable.
Les restrictions valent aussi pour la constitution d’un usufruit (art. 685a al. 2 CO), mais non
pas pour la constitution d’un droit de gage. Si la société entre en liquidation, la ratio legis ne
faut plus de sens. Les restrictions statutaires tombent alors (art. 685a al. 3 CO).
4.1. Source historique de la règlementation actuelle
A. Problèmes avant 1991
Avant 1991, il y avait deux problèmes majeurs :
1. la société anonyme pouvait refuser l’agrément d’un acquéreur d’actions nominatives sans
indication de motifs
2. l’aliénateur qui avait cédé ses actions à un acquéreur qui n’était pas agréé par la société
restait titulaire des droits sociaux et pouvait continuer à les faire valoir quand bien même il
avait été payé pour les actions transférées, l’acquéreur non agréé devenait titulaire des
créances résultant des droits financiers à l’égard de la société (dividende décidé par AG).
phénomène dit de la « dissociation des droits »
Les objectifs du droit de 1991 étaient donc de limiter les motifs de refus de transfert et d’éviter
la dissociation des droits, tout en évitant une complication supplémentaire du commerce des
actions cotées en bourse.
B. Solution
On a prévu deux régimes distinctes pour les actions non cotées et les actions cotés.
144
Conditions refus : Conditions refus :
Art. 685b al. 1 à 3 et 7 CO Art. 685d al. 1 et 2 CO
4 DT
Conséquences du refus Conséquences du refus
Art. 685c al. 1 et 3 CO Art. 685e à 685g CO
La société dispose d’un délai de 3 mois pour refuser suite à une demande de reconnaissance
(art. 685c al. 3 CO). Après l’écoulement de ce délai, elle perd tout droit de refuser le transfert.
Compétence : CA, sauf dispositions statutaire attribuant la compétence à l’AG (art. 716
CO). L’attribution à l’AG est uniquement possible dans les sociétés non cotées.
A. Juste motif prévu par les statuts
La notion de juste motif est définie à l’alinéa 2 :
Art. 685b al. 2 CO - Actions nominatives non cotées en bourse - Motifs de refus
2. Sont considérés comme de justes motifs les dispositions concernant la composition du
cercle des actionnaires qui justifient un refus eu égard au but social ou à l’indépendance
économique de l’entreprise.
Il s’agit des motifs objectifs. Les motifs doivent s’inscrire dans un rapport avec le but ou
l’indépendance de la société.
145
Le principal juste motifs est le transfert du sociétariat à un concurrent.
Un autre motif peut être que l’acquéreur potentiel n’a pas la qualification professionnelle dans
une SA qui les requiert (p.ex. SA d’avocats, société de révision)
Orientation politique (ou religieuse) :
§ 3 I c Statuts de la Neue Zürcher Zeitung AG
Der Verwaltungsrat kann einen Erwerber von Aktien als Aktionär ablehnen, wenn er
keine der folgenden Eigenschaften nachweist:
o Mitgliedschaft bei der Freisinnig-Demokratischen Partei der Schweiz (FDP)
oder der Liberalen Partei der Schweiz (LPS).
o Bekenntnis zur freisinnig-demokratischen Grundhaltung, ohne Mitglied einer
anderen Partei zu sein.
Est-il un juste motif de ne pas faire partie du cercle familial ? D’après la professeure et une
patrie de la doctrine, le caractère familial n’a pas d’influence sur l’activité de la société. Ainsi,
l’appartenance à une famille n’est pas admissible.
Est-ce que le fait de pas avoir la nationalité Suisse peut-il être un juste motif ? La réponse est
que ça dépend. Si la loi prévoit qu’une certaine activité ne peut être exercée que par des
nationaux Suisses (p. ex. ancien législation sur les banques), ce motif pourrait être admissible.
Il faut que le juste motif soit prévu précisément dans les statuts !
B. Escape clause
La loi prévoit la possibilité pour la société de refuser une personne qu’elle ne veut absolument
pas dans son actionnariat, même sans juste motif.
L’escape clause est une « “motif légal ». Son invocation suppose une clause d’agrément dans
les statuts, mais pas une indication précise qu’on se réserve le droit d’invoquer une escape
clause.
Si la société décide de reprendre les actions pour son propre compte, les règles sur le rachats
d’actions s’appliquent (notamment l’art. 659 CO). Il s’ensuit qu’il faut avoir des FLD suffisants
et qu’on ne peut racheter plus que 20 % du capital (art. 659 al. 2 CO).
En contrepartie, la société doit proposer à l’aliénateur de reprendre les actions à la valeur
réelle. Il s’agit d’une offre que la société doit faire à l’aliénateur, que ce dernier peut accepter
ou refuser. S’il accepte l’offre, la société devient actionnaire. S’il refuse, il garde ses actions et
reste actionnaire de la société comme auparavant.
Le calcul de la valeur réelle n’a pas de méthodologie légale. Normalement, la valeur est
déterminée de commun accord entre la société et l’aliénateur. Il ne s’agit ni de la valeur de
liquidation, ni du prix offert pour l’achat. En cas de désaccord, l’aliénateur peut demander au
juge de déterminer la valeur réelle des actions.
C. « Clause anti-fiduciaire » (art. 685 al. 3 CO)
À l’origine, le but de cette dispositions visait à éviter des contournements des motifs statutaires
en achetant des actions par le billet d’un tiers fiduciaire. Aujourd’hui, la clause anti-fiduciaire
est abstraite. C’est-à-dire qu’on peut refuser un acquéreur « caché » sans savoir si on pourrait
lui refuser pour un juste motif s’il achetait directement les actions.
146
Il n’est pas nécessaire d’indiquer une « clause anti-fiduciaire » spécifiquement dans les
statuts. Il s’agit d’un motif légal, que la société peut invoquer ex lege. Cependant, il faut une
clause d’agrément dans les statuts qui indique que la société se réserve le droit de refuser des
acquéreurs.
4.3. Régime applicable aux actions nominatives non cotées – Conséquences
d’un refus de l’agrément
Art. 685c al. 1 et 3 CO
1. Tant que l’approbation nécessaire au transfert des actions n’est pas donnée, la propriété
des actions et tous les droits en découlant restent à l’aliénateur.
[…]
3. L’approbation est réputée accordée si la société ne la refuse pas dans les trois mois qui
suivent la réception de la requête ou rejette celle-ci à tort.
Il s’agit d’une restriction légale à la transmissibilité des actions. Sous ce régime, aucune
dissociation est possible, puisque le transfert est impossible sans l’approbation.
4.4. Régime applicable aux actions nominatives cotées
Il y a une certaine incohérence si une société côte ses actions en bourse, mais veut au même
temps limiter la transmissibilité. Le législateur s’est donc montré plus restrictif.
A. Motifs
Art. 685d al. 1 et 2 CO– Actions nominatives cotées en bourse - Conditions de refus
1. La société ne peut refuser comme actionnaire l’acquéreur d’actions nominatives cotées en
bourse que si les statuts prévoient une limite en pour-cent des actions nominatives jusqu’à
laquelle un acquéreur doit être reconnu comme actionnaire, et que cette limite est dépassée.
2 La société peut en outre refuser l’inscription au registre des actions si, sur sa demande,
l’acquéreur n’a pas déclaré expressément avoir acquis les actions en son propre nom et pour
son propre compte.
Délai : la société dispose de 20 jours pour refuser suite à une demande de reconnaissance
(art. 685g CO) ; elle perd tout droit de refuser après l’écoulement de ce délai.
147
Les conséquences sont différentes pour les actions cotées en bourse que pour les actions non
cotées. Pour ces dernières, l’aliénateur et l’acquéreur doivent être en contact. Il est ainsi
possible de prévoir que la validité du transfert est soumise à l’agrément. En cas de refus, on
peut communiquer à l’acquéreur que le transfert n’a pas pris place. Pour les sociétés cotées
en bourse, cela n’est pas possible.
Afin que la société puisse exercer son droit d’agrément, même si l’action a été achète en
bourse, la loi prévoit une obligation d’annoncer les transferts :
À l’aide de l’obligation d’annoncer, la société sait toujours que les actions ont été transférées
à un acquéreur et que l’aliénateur n’est plus propriétaire. Les droits de l’aliénateur s’éteignent
donc tout de suite, puisque le transfert est valable et la société le sais. Le problème de la
dissociation, à savoir que l’aliénateurs continue à voter alors même qu’il a cédé ses actions
est complétement éliminé.
En revanche, il arrive fréquemment que la société sait uniquement que l’aliénateur ne doit plus
voter, sans savoir qui est l’acquéreur. Les acquéreurs ne sont pas obligés d’annoncer leur
identité à la société. Il y a plein des actionnaires qui profitent uniquement du droit de dividende,
sans annoncer leur identité pour pouvoir voter.
2. mais pour pouvoir exercer tous les droits attachés à ses actions, l’acquéreur doit
requérir son agrément et être approuvé par la société
La restriction statutaire fonctionne comme une condition à l’exercice du droit de vote et des
droits liés. C’est-à-dire que sans l’approbation, l’acquéreur est actionnaire « sans droit de
vote ». Il s’ensuit que ce qui est limité par la clause d’agrément, ce n’est pas la transmissibilité,
148
mais l’exercice de certains droits attachés aux actions
Conclusion : Il s’ensuit que la société, par son refus de l’agrément, ne peut pas empêcher le
transfert des actions, mais seulement suspendre le droit de vote de l’acquéreur.
Si la société refuse l’agrément mais l’actionnaire n’accepte pas l’offre que la société acquiert
ses actions, le droit de vote et les droits liés sont suspendus.
Le texte de l’art. 685c al. 4 CO n’est pas très claire. On pourrait en déduire qu’il y ait une
149
dissociation entre les droits patrimoniaux et les droits sociaux, ce qui serait contraire à la
volonté du législateur. Il faut donc interpréter l’art. 685c al. 4 CO à l’aide du texte plus clair de
l’art. 685f CO (applicable en principe aux sociétés cotées en bourse).
IV. Procédure
1. Reconnaissance et inscription au registre des
actionnaires
Une demande d’agrément prend souvent la forme de demande d’inscription au registre des
actionnaires.
L’inscription au registre des actionnaires a lieu après vérification que toutes les conditions pour
devenir actionnaire (evt. actionnaire sans droit de vote) sont réalisées.
Par abus de langage, on demande « l’inscription au registre des actionnaires » quand on veut
demander sa reconnaissance en qualité d’actionnaire (p.ex. art. 685d al. 2 CO).
Cette action est applicable pour les restrictions légales et statutaires, tant pour les sociétés
cotées que pour les sociétés non cotées.
150
Aussi bien l’acquéreur que l’aliénateur ont la qualité d’agir.
L’action tend à la reconnaissance de l’acquéreur par la société comme actionnaire (avec droit
de vote). Le jugement est formateur et pas constatoire. Cela a pour conséquence que
l’actionnaire ne peut pas encore utiliser son droit de vote pendant la procédure. La loi a choisi
cette option, défavorable à l’actionnaire, pour maintenir la sécurité de droit. On ne voulait pas
devoir annuler toutes les décisions de la société pendant a durée de la procédure.
Les PS peuvent être émises sous forme de titres (pas de papiers-valeur) ou ne pas être
émises. Les PS ne peuvent pas constituer de titres intermédiés.
1. Transfert ordinaire
Le transfert d’une PS suppose nécessairement une cession :
Cession d’une PS :
Le contenu du contrat de cession est fixé par la loi. Le contrat générateur d’obligations doit
être passé par écrit et contenir les mêmes renvois aux droits et obligations statutaires que le
contrat de souscription (art. 785 al. 2 CO). Si ces exigences ne sont pas satisfaites, le contrat
est nul.
Restriction à la transmission ex lege (art. 786 al. 1 CO)
Art. 786 al. 1 CO
1. La cession de parts sociales requiert l’approbation de l’assemblée des associés. Cette
dernière peut refuser son approbation sans en indiquer les motifs.
L’AA doit donner son approbation pour chaque cession. Le refus est possible sans indication
de motifs.
Compétence : C’est l’AA qui est compétente. Il s’agit d’une décision importante au sens de
l’art. 808b CO. Cet article prévoit une majorité qualifiée (2/3 voix présentes ou
représentées, ½ K)
Les statuts peuvent assouplir ou aggraver conditions d’agrément (CO 786 II)
Délai pour approuver : 6 mois
Effet d’un refus: pas de transfert sans approbation
2. Transferts spéciaux
Art. 788 CO
1. Lorsque des parts sociales sont acquises par succession, par partage successoral, en vertu
du régime matrimonial ou dans une procédure d’exécution forcée, l’ensemble des droits et
obligations qui y sont attachés passent à l’acquéreur sans l’approbation de l’assemblée des
associés.
2. Pour pouvoir exercer son droit de vote et les droits qui y sont attachés, l’acquéreur doit
151
toutefois être reconnu en tant qu’associé avec droit de vote par l’assemblée des associés.
3. L’assemblée des associés ne peut lui refuser la reconnaissance que si la société lui propose
de lui reprendre ses parts sociales à leur valeur réelle au moment de la requête. L’offre peut
être faite pour le propre compte de la société, pour le compte d’autres associés ou pour celui
de tiers. Si l’acquéreur ne rejette pas l’offre de reprise de la société dans le délai d’un mois
après qu’il a eu connaissance de la valeur réelle, l’offre est réputée acceptée.
4. La reconnaissance est réputée accordée si l’assemblée des associés ne la refuse pas dans
les six mois suivant le dépôt de la demande.
5. Les statuts peuvent renoncer à l’exigence de la reconnaissance.
Restriction transmission ex lege (CO 788)
Refus possible avec offre de reprise (escape clause)
Compétence : C’est l’AA qui est compétente. Il s’agit d’une décision importante au sens de
l’art. 808b CO. Cet article prévoit une majorité qualifiée (2/3 voix présentes ou
représentées, ½ K)
Registre des parts sociales (CO 790) : équivaut à registre des actions
Application de l’art. 685f al. 4 CO par analogie en cas de refus illicite d’agrément
Ces règles, d’un caractère de droit public, ont été introduit pour rendre transparent l’ayant droit
derrière des participations.
On a instauré un registre pour les détenteurs des actions au porteur qui est similaire au registre
des actionnaires :
Art. 697i al. 1 (en vigueur jusqu’au 30 avril 2021)
1. Quiconque acquiert des actions au porteur d’une société dont les titres ne sont pas cotés
en bourse est tenu d’annoncer cette acquisition, soit son prénom et son nom soit sa raison
sociale, ainsi que son adresse dans un délai d’un mois à la société.
Il y a donc une obligation des s’identifier. La loi prévoit aussi l’obligation d’annoncer des
changements.
Si une personne détient seul ou de concert plus que 25% du capital-actions (respectivement
du capital social) ou du droit de vote, elle doit annoncer, dans un délai d’un mois à la société
l’identité (nom, prénom et adresse) de la personne physique pour le compte de laquelle il agit
en dernier lieu (ayant droit économique).
- (CO 697j, applicable à la Sàrl par renvoi de l’art. 790a CO)
152
Cette obligation vaut pour n’importe quel type d’action / de PS (actions au porteur/actions
nominatives/parts sociales). La loi prévoit aussi l’obligation d’annoncer des changements.
Sanctions
Suspension du droit de vote et péremption des droits patrimoniaux jusqu’à réparation de
l’omission (art. 697m qui s’applique aussi pour les Sàrl, par le renvoi de l’art. 790a CO).
La liste des actionnaires au porteur (jusqu’au 30 avril 2021) et des ADE est à tenir par la société
(CO 697l, SARL via CO 790a). La loi prévoit l’obligation de conserver les pièces.
153
11. ORGANISATION
Ce cours va se focaliser sur les SA non cotées et les Sàrl. La réglementation pour les SA
cotées est différente et sera modifié par le projet de révision qui est actuellement entreprise.
154
Les membres de l’assemblée générale sont les actionnaire de la SA. Les actionnaires peuvent
être des personnes physiques ou morales. Il peut y avoir qu’un seul actionnaire.
Le Conseil d’administration peut être constitué d’une ou plusieurs personnes physiques. Les
membres du conseil d’administration peuvent être des actionnaires ou des tiers.
155
L’organisation légale (art. 809 al. 1 CO) prévoit la Selbstorganschaft, c’est-à-dire que tous les
associés exercent collectivement la gestion. Il s’agit du droit dispositif.
En cas de Selbstorganschaft, le pouvoir de gestion d’un associé peut être révoqué par le juge
pour justes motifs à la demande d’un autre associé (art. 815 al. 2 CO).
Organisation statutaire
D’après l’art. 809 al. 1 in fine CO, les statuts d’une Sàrl peuvent prévoir une autre organisation.
L’organisation statutaire peut rapprocher la Sàrl d’une société des personnes ou d’une SA. La
graphique ci-dessus prévoit une organisation proche de la SA (Drittorganschaft).
156
On peut même prévoit que l’assemblée des associées élit les gérants, mais nomme tous les
associés comme gérants (comme sous le régime légal). Cela permet de révoquer plus
facilement un gérant (art. 815 al. 1 CO)
Exception :
La jurisprudence prévoit une compétence d’urgence du CA en cas de défaillance de l’AG (ATF
116 II 320). Cette compétence d’urgence permet d’étendre les pouvoirs de représentation du
CA fixés à l’art 718 al. 1 CO.
Donc le fait de soumettre une décision à l’AA ne permet pas aux gérants de se décharger de
leur responsabilité. La raison étant que l’AA est un organe irresponsable et le législateur voulait
157
éviter que plus personne n’est responsable.
Art. 698 CO
1. L’assemblée générale des actionnaires est le pouvoir suprême de la société.
2. Elle a le droit intransmissible:
1. d’adopter et de modifier les statuts;
2. de nommer les membres du conseil d’administration et de l’organe de révision;
3. d’approuver le rapport annuel et les comptes consolidés;
4. d’approuver les comptes annuels et de déterminer l’emploi du bénéfice résultant du
bilan, en particulier de fixer le dividende et les tantièmes;
5. de donner décharge aux membres du conseil d’administration;
6. de prendre toutes les décisions qui lui sont réservées par la loi ou les statuts.
Art. 804 CO
1. L’assemblée des associés est l’organe suprême de la société.
2. Elle a le droit intransmissible:
1. de modifier les statuts;
2. de nommer et de révoquer les gérants;
3. de nommer et de révoquer les membres de l’organe de révision et le réviseur des
comptes de groupe;
4. d’approuver le rapport annuel et les comptes consolidés;
5. d’approuver les comptes annuels et de déterminer l’emploi du bénéfice résultant du
bilan, en particulier de fixer les dividendes et les tantièmes;
6. de déterminer l’indemnité des gérants;
7. de donner décharge aux gérants;
8. d’approuver la cession de parts sociales ou de reconnaître un acquéreur en tant
qu’associé ayant le droit de vote;
[…]
13. d’approuver les activités des gérants et des associés qui sont contraires au devoir de
fidélité ou à l’interdiction de faire concurrence, pour autant que les statuts renoncent à
l’exigence de l’approbation de tous les associés;
[…]
18. de prendre les décisions sur les objets que la loi ou les statuts lui réservent ou que les
gérants lui soumettent.
3 L’assemblée des associés nomme les directeurs, les fondés de procuration et les
mandataires commerciaux. Les statuts peuvent aussi conférer ce droit aux gérants.
L’art. 804 al. 3 CO prévoit une compétence qui revient par défaut à l’AA, mais que les statuts
peuvent transmettre aux gérants (compétence transmissible).
2. Types d’assemblée
158
2.1. Assemblée générale ordinaire (AGO)
Où on approuve les comptes. Doit se dérouler dans les six mois qui suivent l’exercice.
2.2 Assemblée générale extraordinaire (AGE)
Toutes les assemblées générales où n’approuve pas les comptes sont des AGE.
2.3. Assemblée universelle (art. 701 CO)
C’est une assemblée qui peut se dérouler spontanément, c’est-à-dire sans convocation. Cela
est admissible si deux conditions sont réunies :
1. la totalité des actionnaires est présente ou représentées
2. Aucun d’eux n’objecte à la tenue d’une AG
Une assemblée universelle valablement constituée peut prendre tout type de décision qu’une
AGO peut prendre.
3. Déroulement
Réunion des actionnaires / associés ou de leurs représentants (art. 689 al. 2 CO)
Pour la SA, le principe est une réunion physique dans un endroit fixe à un moment fixe. La
possibilité de donner des instructions à un représentant, par écrit ou même via un plateforme
de vote, permet néanmoins un certain degré de flexibilité.
Pour la Sàrl, la possibilité de tenir un vote par voie de circulation est prévue par la loi (art. 805
al. 4 CO)
Pour la situation actuelle, le Conseil fédéral a disposé la règle suivante, pour que les SA
puissent tenir leurs AG dans le délai de six mois.
4. Convocation
4.1. Compétence de convoquer
A. Par les administrateurs, les liquidateurs ou – au besoin – par l’organe de révision
Art. 699 al. 1 CO
1. L’assemblée générale est convoquée par le conseil d’administration et, au besoin, par les
réviseurs. Les liquidateurs et les représentants des obligataires ont également le droit de la
convoquer.
Ainsi, l’AG d’une SA est en principe convoquée par les administrateurs. Le CA a d’ailleurs la
159
compétence intransmissible de préparer l’AG (art. 716a al. 1 ch. 6 CO).
L’art. 805 al. 1 CO prévoit une règle analogue pour la Sàrl.
B. Droit des actionnaires à la convocation
Art. 699 al. 3 CO
3. Un ou plusieurs actionnaires représentant ensemble 10 % au moins du capital-actions
peuvent aussi requérir la convocation de l’assemblée générale. […]
Cette règle est relativement impérative, dans le sens qu’on peut – dans les statuts – baisser
le pourcentage nécessaire, mais non pas l’augmenter.
Pour la Sàrl, cette règle s’applique par renvoi de l’art. 805 al. 5 ch. 1 CO.
Si le CA n’agit pas dans un délai convenable, les actionnaires peuvent recourir au juge, qui
instruira au CA de convoquer l’AG (art. 699 al. 4 CO)
4.2. Autres dispositions
A. Inscription d’un objet à l’ordre de jour
Art. 699 al. 3 CO
3. […] Des actionnaires qui représentent des actions totalisant une valeur nominale de 1 million
de francs peuvent requérir l’inscription d’un objet à l’ordre du jour. La convocation et
l’inscription d’un objet à l’ordre du jour doivent être requises par écrit en indiquant les objets
de discussion et les propositions.
De plus, des actionnaires détenant 10 % du capital, qui peuvent donc convoquer une AG,
peuvent a fortiori inscrire un objet à l’ordre du jour.
Pour la Sàrl, l’art. 805 al. 5 CO opère un renvoi à l’art. 700 CO.
D. AG universelle
Art 701 CO
160
1. Les propriétaires ou les représentants de la totalité des actions peuvent, s’il n’y a pas
d’opposition, tenir une assemblée générale sans observer les formes prévues pour sa
convocation.
2. Aussi longtemps qu’ils sont présents, cette assemblée a le droit de délibérer et de statuer
valablement sur tous les objets qui sont du ressort de l’assemblée générale
L’art. 701 CO est applicable à la Sàrl par le renvoi de l’art. 805 al. 5 CO.
5. Tenue
5.1. Cadre
Art. 700 al. 3 et 4 CO
3. Aucune décision ne peut être prise sur des objets qui n’ont pas été dûment portés à l’ordre
du jour, à l’exception des propositions déposées par un actionnaire dans le but de convoquer
une assemblée générale extraordinaire, d’instituer un contrôle spécial ou d’élire un organe de
révision.
4. Il n’est pas nécessaire d’annoncer à l’avance les propositions entrant dans le cadre des
objets portés à l’ordre du jour ni les délibérations qui ne doivent pas être suivies d’un vote.
En principe, seulement les décisions par rapport aux objets inscrits à l’ordre du jour (OJ)
peuvent être prises. L’art. 700 al. 3 prévoit cependant trois exceptions (objets pour lesquels on
peut prendre des décisions sans que l’objet soit inscrit à l’OJ) :
1. Convocation d’une AGE
2. Contrôle spécial
3. Nommer un réviseur
On peut voter sur des propositions des actionnaires faites lors de l’AG, lorsqu’elles entrent
dans le cadre d’un objet figurant à l’OJ. Il est toujours possible de délibérer sur n’importe quel
objet, sans pour autant prendre une décision.
Lors d’une AG universelle (qui est donc spontanée), les restrictions ne s’appliquent pas ; l’AG
peut décider sur tous les objets dans sa sphère de compétence (art. 701 al. 2 CO).
Toutes ces règles s’appliquent à la Sàrl par renvoi de l’art. 805 al. 5 CO.
5.2. Participation
Peuvent participer à une AG tous les actionnaire. Ils peuvent participer en personne ou en
envoyant un représentant (art. 689 al. 2 CO).
Le réviseur doit aussi être présent en cas de contrôle ordinaire. L’unanimité des actionnaires
peut cependant renoncer à sa présence (art. 731 al. 3 CO).
6. Décisions
6.1. Droit de vote
Le droit de vote fait partie des droits sociaux des actionnaires / associés.
A. Principe
En principe, il est proportionnel à la valeur nominale des actions / parts sociales détenues :
161
Art. 692 al. 1 CO
1. Les actionnaires exercent leur droit de vote à l’assemblée générale proportionnellement à
la valeur nominale de toutes les actions qui leur appartiennent.
i. Clause de plafonnement
Art. 692 al. 2 CO: « 2. Chaque actionnaire a droit à une voix au moins, même s’il ne
possède qu’une action. La société peut toutefois limiter, dans les statuts, le nombre de
voix attribué au porteur de plusieurs actions. »
Art. 806 al. 1 in fine CO : « …Chaque associé a droit à une voix au moins. Les statuts
peuvent toutefois limiter le nombre de voix des titulaires de plusieurs parts sociales. »
Une clause de plafonnement permet de disperser le pouvoir au sein d’une société. Elle doit
être prévue dans les statuts.
On peut prévoir une limite en pourcent (en fonction des votes représentés à une assemblée
ou de toutes les parts) ou en nombre de voix.
En cas de clause de plafonnement, les actions qui vont au-delà du seul statutaire ne peuvent
pas voter.
Dans les cas où le privilège de vote est inapplicable, on calcule le droit de vote en fonction de
la participation financière.
Art. 807 CO
1. Les statuts peuvent prévoir l’institution, en faveur des associés, d’un droit de veto contre
certaines décisions de l’assemblée des associés. Ils doivent définir les décisions contre
162
lesquelles le droit de veto peut être exercé.
- Sont visées les décisions de l’AA. Il faut lister précisément les types de décisions qui
sont sujets au véto dans les statuts
2. L’introduction subséquente d’un droit de veto requiert l’approbation de tous les associés.
3. Le droit de veto est incessible [le droit est donné ad personam].
Si l’associé titulaire d’un droit de véto exerce ce droit, cela empêche la décision en question.
L’associé titulaire du droit de véto ne peut pas voter sur son propre droit de véto (art. 806a
CO). Il ne pourra pas non plus exercer son droit lorsqu’il faut l’objet d’une procédure en
exclusion pour justes motifs (art. 823 CO).
6.2. Interdictions de vote
A. Conflits d’intérêts
Art. 695 al. 1 CO « Les personnes qui ont coopéré d’une manière quelconque à la gestion
des affaires sociales ne peuvent prendre part aux décisions qui donnent ou refusent
décharge au conseil d’administration. »
Dans la SA, le cas de décharge est le seul cas d’interdiction de vote pour conflit d’intérêts.
L’interdiction de vote interdit à un membre du CA de laisser représenter ses actions par un
tiers pour se donner décharge, ainsi que de voter des actions des tiers qu’il représente à l’AG
pour se donner décharge.
En revanche, les membres du CA peuvent participer à leur propre élection au CA et aux votes
concernant leur propre révocation.
Art. 806a al. 1 CO : « Les personnes qui ont coopéré d’une manière quelconque à la gestion
des affaires ne peuvent prendre part aux décisions qui donnent décharge aux gérants ».
Pour la Sàrl, l’interdiction de vote va plus loin : l’associé qui cède toutes ou une partie de ses
parts sociales pour que la Sàrl puisse les acheter (rachat de PS propres) n’a pas le droit de
vote lors de la décision (compétence intransmissible de l’AA) du rachat (art. 806a al. 2 CO).
Or, si l’AA décide si un associé a le droit de procéder à une activité contraire au devoir de
fidélité (p. ex. concurrence), c’est-à-dire un vote en dérogation du devoir de fidélité, l’associé
en question n’a pas le droit de vote (art. 806a al. 3 CO).
B. Actions propres / parts sociales propres
Il convient de rappeler que les actions / parts sociales propres sur le bilan d’un société ne
peuvent être votées par la société même.
La majorité par défaut est la majorité absolue des voix représentées. La majorité absolue veut
dire qu’il faut avoir 50% plus une des voix présentes ou représentées. Cela implique que des
abstentions équivalent à des non.
Art. 703 CO
Si la loi ou les statuts n’en disposent pas autrement, l’assemblée générale prend ses décisions
et procède aux élections à la majorité absolue des voix attribuées aux actions représentées.
L’art. 808 CO prévoit précisément la même règle pour la Sàrl.
En cas de conversion des actions au porteur en actions nominatives, la majorité simple des
voix exprimées suffit (art. 704a CO).
163
Le projet de révision du droit de la SA prévoit que seulement les voix exprimées seront prises
en compte pour toutes les décisions non importantes.
Pour des décisions importantes (énumérées aux art. 704 et 808b CO), la loi prévoit une double
majorité : une majorité qualifiée de 2⁄3 des voix représentées et la majorité du capital
représenté.
En pratique, il faut toujours d’abord vérifier si des dérogations au régime légal sont prévus
dans les statuts. Ensuite, il faut voir si on est dans l’hypothèse d’une décision importante (art.
704 et 808b CO) ou, pour une SA sous l’hypothèse de l’art. 704a CO. Si aucun cas spécial
s’applique, la majorité absolue de l’art. 703 CO (pour la Sàrl art. 808 CO) est déterminante.
6.4. Majeures pour la prise d’une décision
A. SA
Les majorités requises pour la prise de décision d’une assemblée générale sont en premier
lieu définies dans les statuts (cf. art. 703 et 704 al. 2 CO). À défaut de règles statutaires, la loi
prévoit des majorités différentes selon le type de décision. Les décisions importantes (art. 704
al. 1 ch. 1 à 8 CO) doivent être prise par une majorité absolue de « deux tiers des voix
attribuées aux actions représentées et la majorité absolue des valeurs nominales
représentées » (art. 704 al. 1 CO). Pour toutes les décision qui ne sont pas des décisions
importantes et pas soumis à un régime de majorité statutaire, l’art. 703 CO est applicable. À
teneur de l’art. 703 CO : « Si la loi ou les statuts n’en disposent pas autrement, l’assemblée
générale prend ses décisions et procède aux élections à la majorité absolue des voix
attribuées aux actions représentées ».
Quant aux voix, l’art. 692 al. 1 CO consacre le principe suivant : « Les actionnaires exercent
leur droit de vote à l’assemblée générale proportionnellement à la valeur nominale de toutes
les actions qui leur appartiennent ».
- Exceptions :
o Clauses de plafonnement
o Droit de vote privilégié
o Interdictions de voter
B. Sàrl
Les majorités requises pour la prise de décision d’une assemblée des associées sont en
premier lieu définies dans les statuts (cf. art. 808 et 808b al. 2 CO). À défaut de règles
statutaires, la loi prévoit des majorités différentes selon le type de décision. Les décisions
importantes (art. 808b al. 1 ch. 1 à 11 CO) doivent être prise par une majorité absolue de
« deux tiers des voix représentées et la majorité absolue du capital social pour lequel le droit
de vote peut être exercé » (art. 808b al. 1 CO). Pour toutes les décision qui ne sont pas des
décisions importantes et pas soumis à un régime de majorité statutaire, l’art. 808 CO est
applicable. À teneur de l’art. 808 CO : « Si la loi ou les statuts n’en disposent pas autrement,
l’assemblée des associés prend ses décisions et procède aux élections à la majorité absolue
des voix représentées ».
Quant aux voix, l’art. 806 al. 1 première phrase CO consacre le principe suivant : « Le droit de
vote de chaque associé se détermine en fonction de la valeur nominale des parts sociales qu’il
détient ».
- Exceptions :
o Clauses de plafonnement
o Droit de vote privilégié
o Droit de véto
o Interdictions de voter
164
7.1 Introduction
A. Sanctions possibles
Annulation des décisions (CO 706, CO 706 a / renvoi CO 808 c)
Action CO 691 III (Participation sans droit à l’AG/AA) (renvoi CO 805 V ch. 9)
Nullité des décisions (CO 706 b / renvoi CO 808 c)
Action en constatation d’une décision prise
NB: Mesures provisoires si décision suppose inscription au RC
2. Décision prise par une AG dont un actionnaire s’est vu refuser le droit de vote sans juste
motif alors que sa participation aurait pu être déterminante (HGer AG, RNRF 83 367ss)
- Décision annulable pour irrégularité de procédure, qui a un effet causal (art. 706 CO)
3. Décision prise par une AG à laquelle tous les actionnaires n’ont pas été convoqués dans le
cas où la participation de l’actionnaire qui n’a pas été invité n’aurait rien changé au résultat
(ATF 137 III 460).
- La décision est nulle, car le défaut de convocation est un vice procédural grave. L’AG
est considérée non avenue. Le fait que sa participation n’aurait pas changé le résultat
n’a pas d’influence, d’après le TF, car l’actionnaire n’avait pas la possibilité de participer
à la formation de volonté. En plus, la nullité s’impose, car un actionnaire non convoqué
peut être en ignorance complète sur l’AG, ce qui lui prive de la possibilité d’agir en
annulation.
4. Décision de l’AG qui supprime le droit préférentiel de souscription pour de justes motifs.
- Décision valable
5. Décision selon laquelle les actions ordinaires sont transformées en actions privilégiées sans
que cela ne soit justifié par l’intérêt social (HGer SG, SGGGVP 2000 N 55)
- Art. 706 al .2 ch. 3 CO : Annulable
6. Décision prise par une AG à l’unanimité qui crée une inégalité de traitement non justifiée
par l’intérêt social
- Art. 706 al .2 ch. 3 CO : Annulable
- Mais aucun actionnaire peut contester la décision (sous réserve d’erreur essentielle),
car il serait contraire à la bonne foi de voter pour une décision et de la contester ensuite.
165
de l’assemblée générale qui violent la loi ou les statuts; l’action est dirigée contre la société.
L’art. 706 al. 2 CO prévoit un catalogue non exhaustif des décisions annulables.
Qualité pour agir : tout intéressé qui a un intérêt juridique digne de protection (par exemple
un créancier)
Qualité pour défendre : Société
Effet : déclaratif, la décision n’a pas d’effet depuis le début
Délai : aucun
7.4. Action de l’art. 691 al. 3 CO (Participation sans droit à l’AG/AA) (renvoi CO
805 V ch. 9)
Il s’agit d’une lex specialis à l’action en annulation de l’art. 706 CO.
Si un tiers a participé à l’AG / AA, le fardeau de la preuve est renversé : il faut que la société
(défenderesse de l’action) prouve que le tiers n’a eu aucune influence. Il ne s’agit pas d’une
preuve « mathématique », mais aussi qualitatif (influence sur le débat etc.)
166
Qualité pour agir : CA, actionnaire / associé
Qualité pour défendre : Société
Effet : constitutif, erga omnes
Délai : Délai de péremption de 2 mois à partir de la décision
7.6. Blocage du registre du commerce (art. 162 ORC)
Art. 162 al. 1 ORC
1. Si des tiers forment opposition par écrit contre une inscription, l’office du registre du
commerce sursoit à l’inscription au registre journalier (blocage du registre).
Ensuite, la personne ayant demandé le blocage dispose d’un délai de 10 jours pour introduire
requête en mesures provisoires :
Qualité pour agir : personne ayant demandé le blocage
Qualité pour défendre : Société
Conditions de fond : le requérant rend vraisemblable qu'une prétention dont il est
titulaire est l'objet d'une atteinte ou risque de l'être et cette atteinte risque de lui causer
un préjudice difficilement réparable (art. 261 CPC)
III. CA / gérants
1. Composition
Art. 707 al. 1 CO
1. Le conseil d’administration de la société se compose d’un ou de plusieurs membres.
Les membres de l’administration d’une SA ou d’une Sàrl doivent être des personnes
physiques (art. 707 al. 3 CO ; art. 809 al. 2 CO). Même lorsque les associés d’une Sàrl sont
des personnes morales et la Sàrl exerce le régime légale de Selbstorganschaft, la gestion doit
être assurée par une personne physique qui représente la personne morale.
Dans la SA, les actionnaires n’ont en principe aucun droit d’être représenté au CA. L’art. 709
al. 1 CO (droit impératif) prévoit la seule exception légale, à savoir s’il y a différents catégories
d’actions. Peu importe si les différences concernent le droit de vote ou les droits patrimoniaux.
Afin que l’art. 709 al. 1 CO s’applique, il faut que – cumulativement – il y a plusieurs catégories
d’actions au sein de la société et que ces catégories sont soumises à un traitement différent
en ce qui concerne le droit de vote ou les droits patrimoniaux.
167
Art. 709 CO - Représentation de catégories et de groupes d’actionnaires
1. S’il y a plusieurs catégories d’actions en ce qui concerne le droit de vote ou les droits
patrimoniaux, les statuts assurent à chacune d’elles l’élection d’un représentant au moins au
conseil d’administration.
2. Les statuts peuvent prévoir des dispositions particulières pour protéger les minorités ou
certains groupes d’actionnaires.
L’AG a la compétence intransmissible d’élire les membres du CA. La doctrine propose ainsi la
concrétisation suivante de l’art. 709 al. 1 CO : la minorité a le droit de proposer un membre du
CA, que l’AG élit ensuite formellement. Il s’agit d’une « proposition impérative », car
matériellement l’AG est tenue d’accepter la propositions, sous réserve de justes motifs. Afin
de faire une proposition, les actionnaires minoritaires vont devoir se réunir avant l’AG, afin de
convenir sur un candidat.
2. Attributions
L’administration représente la société envers les tiers (art. 718 al. 1. CO ; art. 814 CO)
L’administration gère également les affaires de la société « dans la mesure où il n’en a pas
délégué la gestion ». (art. 716 al. 2 CO ; art. 809 al. 1 CO).
Le CA / les gérants ont certaines compétences inaliénables et intransmissibles (art. 716a al. 1
CO ; art. 810 al. 2 CO). Font partie de ces compétences la haute direction et la haute
surveillance de la société, les rapports avec l’AG / AA et l’avis au juge en cas de
surendettement.
3. Devoirs
Devoir de diligence (CO 717 I/CO 812 I)
Devoir de fidélité (CO 717 I/CO 812 II)
- Sàrl + interdiction de faire concurrence (CO 812)
Egalité de traitement (CO 717 II/CO 813)
4. Organisation
L’administration agit « conjointement ». C’est-à-dire que les décisions sont prises à la
majorité :
L’art. 809 al. 4 CO prévoit une règle identique pour les Sàrl.
La répartition des tâches au sein du CA est possible. Elle incombe au CA même (art. 716a al.
2 CO).
168
Art. 716b al. 1 CO
1. Les statuts peuvent autoriser le conseil d’administration à déléguer tout ou partie de la
gestion à un ou plusieurs de ses membres ou à des tiers conformément au règlement
d’organisation.
Il est possible de déléguer des tâches à une direction, si les conditions suivantes sont réunies :
il doit s’agir d’une tâche délégable, la délégation doit être permise par les statuts et le CA doit
établir un règlement d’administration. Or, la compétence d’élire des directeurs est une
compétence intransmissible et inaliénable du CA.
Le CA a plusieurs responsabilités dans les rapports avec la direction :
- Cura in eligendo (choisir des personnes compétentes)
- Cura in instruendo (donner des instructions pertinentes)
- Cura un custodiendo (surveiller la gestion par la direction)
On peut prévoir une « président à double casquette », qui est à la fois CEO et président du
CA.
Qualité pour agir : personne lésée; si dommage à la société: société, actionnaire, créancier
Qualité pour défendre : organe de gestion
5.2. Nullité des décisions (art. 714 CO, pour la Sàrl, renvoi de l’art. 816 CO)
Seulement dans des cas très graves
169
2. En cas de contrôle ordinaire, l’organe de révision doit être présent à l’assemblée générale.
Celle-ci peut renoncer à la présence de l’organe de révision par une décision prise à
l’unanimité.
3. Si le rapport de révision n’a pas été présenté, les décisions d’approbation des comptes
annuels et des comptes de groupe ainsi que la décision concernant l’emploi du bénéfice sont
nulles. Si les dispositions concernant la présence de l’organe de révision ne sont pas
respectées, ces décisions sont annulables.
170
4. Possibilités statutaires
4.1. Opting out ou opting down
Des PME, dont l’effectif ne dépasse pas dix emplois à plein temps en moyenne annuelle
peuvent renoncer au contrôle (= opting out) ou – a fortiori - faire appel à un réviseur non qualifié
(= opting down). Le consentement de l'ensemble des actionnaires est nécessaire.
NB: Chaque actionnaire a le droit d'exiger un contrôle restreint (effectué par un réviseur agréé)
au plus tard dix jours avant l'assemblée générale et mettre ainsi fin à l’opting out ou opting
down (art. 727a al. 4 CO)
4.2. Opting up
De passer d’un contrôle restreint à un contrôle ordinaire.
L’opting up suppose une décision de l’AG/AA ou une disposition des statuts (art. 727 al. 3 CO).
Or la loi prévoit qu’un contrôle ordinaire doit être fait sur demande d’actionnaires/associés
représentant 10% du capital-actions/capital social (art. 727 al. 2 CO, renvoi à l’art. 818 CO).
Dans une Sàrl, un contrôle ordinaire peut aussi être exigé par tout associé tenu à des
versements supplémentaires (art. 818 al. 2 CO). Le même droit est attribué à l’associé ayant
quitté la société et dont l’indemnité n’a pas été entièrement versée (art. 825a al. 4 CO).
En cas de défaillance d’un organe prescrit par la loi, il faut aller vers le juge. En fait, l’AG a la
compétence intransmissible d’élire des organes, on ne peut pas pallier la défaillance d’une
autre manière. Le juge doit prendre la mesure la moins incisive possible. La dissolution de la
société est une ultima ratio.
171
12. RESPONSABILITÉ
I. Introduction
1. Normes applicables
172
II. Conditions des actions en réparation du dommage
causé à la société
Conditions des actions prévues à CO 753, CO 754 et CO 755
1. Observations préliminaires
1.1. Cas visé dans ce chapitre du cours
Les art. 753 à 755 CO visent deux états de fait assez différents :
1. celui où la société subit un dommage et
2. celui où le dommage est subi directement par un-e actionnaire, respectivement une
créancière ou un créancier de la société
Cela résulte notamment de la comparaison des notes marginales de ces dispositions avec
celles des art. 756 ss CO, lesquelles concernent exclusivement le cas où le dommage est subi
par la société.
Comme l’indique le titre de cette présentation, elle se concentre sur le cas où le dommage
est subi par la société (voir aussi la présentation sur l’action en réparation du dommage subi
par les actionnaires/les créanciers ainsi que celle sur les concours d’actions)
1.2. Exemples de dommages causés à la société
la société, qui ne peut plus récupérer ce
Le souscripteur remet un apport montant auprès du souscripteur subit un
→
surévalué à la société dommage correspondant à la
surévaluation
L’administratrice la société, qui ne peut plus récupérer ce
- a consenti des dividendes cachés à → montant auprès des actionnaires subit un
certains actionnaires/ associés dommage correspondant au trop-payé
NB : dans tous les exemples, la société subit des pertes et s’appauvrit (il y a un damnum
emergens) ; théoriquement le dommage subi par la société peut aussi résulter de ce qu’elle
ne réalise pas un profit qu’elle devrait réaliser (lucrum cessans), mais cela est beaucoup
plus rare et plus difficile à prouver.
1.3. Dommage à la société lèse automatiquement les actionnaires et créanciers
A. Situation des actionnaires.
Lorsque la société subit un dommage la situation des actionnaires se péjore
automatiquement :
- Tant que la société n’est pas surendettée, le dommage subi par la société entraîne un
dommage (par ricochet) concret pour les actionnaires; celui-ci correspond à la baisse
173
de la valeur de la participation des actionnaires
- La valeur de la participation d’un-e actionnaire ne descend jamais au-dessous de
zéro, de sorte que dès que la société est surendettée, l’actionnaire ne peut plus subir
de dommage (concret) supplémentaire ; cela étant, théoriquement du moins, la
situation d’un-e actionnaire d’une société très surendettée est moins bonne que celle
d’un-e actionnaire qui est seulement juste surendettée
B. Situation des créanciers
Lorsque la société subit un dommage la situation des créanciers se péjore automatiquement :
- Tant que la société n’est pas surendettée, les créanciers voient la solvabilité de leur
débitrice diminuer, mais leurs créances restent couvertes par les actifs de la société;
leur dommage n’est donc pas concret à ce stade
- Le dommage des créanciers devient effectif lorsque la société est surendettée et que
les actifs ne suffisent plus à couvrir toutes les créances; au mieux, les créanciers
reçoivent une fraction de leurs créances
C. Exemple
X SA, société active dans la production de montres, a un capital de CHF 100’000.-, divisé en
1000 actions de CHF 100.-. Ses fonds propres s’élèvent à CHF 150’000.-; ses fonds de tiers
à CHF 100’000.-.
La valeur de la société est donc de CHF 150'000. Une action à une valeur réelle de CHF 150.
Les créances sont couvertes à 100%, il y a CHF 250'000 d’actifs pour couvrir CHF 100'000 de
dettes.
L’administratrice place une partie substantielle des liquidités de la société dans des produits
dérivés. La spéculation échoue et la société perd CHF 200’000.- dans l’affaire.
Le dommage pour la société est de CHF 200'000 (énoncé). La valeur réelle d’une action est
désormais CHF 0. Les actionnaires ont donc un dommage indirect de CHF 150 par action, soit
un dommage total de CHF 150'000 pour toutes leurs actions.
La couverture des créances se réduit aussi : Il y a CHF 250'000 d’actifs pour CHF 300'000 de
250′ 000
créances. Le degré de couverture est donc de 300′ 000 = 83,3%. Le dommage indirect que
subissent les créanciers est donc de 16,7% de la valeur de leur créance, soit CHF 50'000 en
total. On suppose que les actifs n’ont pas changés, et que la dette de spéculation s’inscrit
comme dette à côté des autres fonds des tiers (inchangés).
174
2. Structure des actions
Les normes de responsabilité sont structurées de la même manière que les règles de
responsabilité « habituelles » (art. 41 et 97 CO).
Art. 754 Art. 754 al. Art. 755
Art. 41 CO Art. 97 CO Art. 753 CO
al. 1 CO 2 CO CO
Personne
Personne Personne
ayant
Fondatrice ou qui qui
Auteur Pas de Cocontract délégué
fondateur s’occupe s’occupe
possible restriction ant(e) des
(sens large) de la de la
tâches de
gestion révision
gestion
Délégation
illicite/
Violation devoirs Violation Violation
Chef de Violation violation
Acte illicite énumérés à 753 ch. 1 devoirs de règles sur
responsabilité du contrat choix,
à ch. 3 gestion la révision
instructions,
surveillance
Intention ou
Intention Intention Intention Intention
négligence (à Intention ou
ou ou ou ou
Faute prouver) négligence
négligence négligence négligence négligence
Intention nécessaire (présumé)
(à prouver) (présumé) (présumé) (présumé)
pour ch. 3
Naturel et Naturel et Naturel et Naturel et Naturel et
Lien causal Naturel et adéquat
adéquat adéquat adéquat adéquat adéquat
Damnum Damnum Damnum Damnum Damnum
emergens emergens Damnum emergens emergens emergens emergens
Dommage / / / / / /
(Lucrum (Lucrum (Lucrum cessans) (Lucrum (Lucrum (Lucrum
cessans) cessans) cessans) cessans) cessans)
NB : comme vu précédemment, ces normes sont applicables par renvoi de CO 827 pour la
Sàrl
175
agissant de quelque autre manière illégale lors de l’approbation d’une telle mesure;
2. en faisant inscrire, intentionnellement ou par négligence, la société au registre du
commerce au vu d’une attestation ou de quelque autre document qui renfermerait des
indications inexactes;
3. en concourant sciemment [intentionnellement] à ce que soient acceptées des
souscriptions émanant de personnes insolvables.
Organes au sens matériel : obligations liées aux tâches déléguées. Il faut donc examiner
l’étendue précise de la délégation.
Organe de fait : obligations liées aux tâches assumées de facto. Si la loi implique
obligation d’agir dans une telle fonction assumée, la violation du devoir peut résulter
d’une omission, p.ex. ne pas déposer le bilan ou ne pas avoir fait payer les cotisations
sociales)
4.3. Intention ou négligence
On attend d’une personne qui assume des fonctions de gestion qu’elle se comporte « comme
une personne raisonnable placée dans les mêmes circonstances », cela signifie :
- qu’on attend d’elle qu’elle ne viole pas la loi; il en résulte que toute violation est fautive,
à moins que la personne ait pris les mesures qui étaient en son pouvoir pour empêcher
la violation
- on ne pardonnera pas l’ignorance d’une personne qui a assumé des fonctions de
176
gestion ; si ponctuellement, elle ignore quelque chose qu’elle devrait savoir, elle doit
demander des explications – si elle ne comprend pas suffisamment les fonctions de
gestion, elle doit renoncer à son mandat car le fait d’accepter un mandat, alors qu’on ne
dispose pas des connaissances suffisantes est en soi considéré comme une faute
- le fait de disposer de connaissances particulières en lien avec la violation est de nature
à aggraver la faute
- on ne peut pas se disculper en indiquant qu’on était absent ou qu’on n’était pas
disponible
- le fait de démissionner pour éviter d’être responsable peut être considéré comme une
faute si on pouvait éviter le dommage en ne démissionnant pas
2. Règlement d’organisation
Le règlement d’organisation doit fixer les modalités de la gestion, déterminer les postes
nécessaires, en définir les attributions et régler en particulier l’obligation de faire rapport.
Le CA peut être tenu de renseigner sur son contenu sur requête d’actionnaires ou créanciers
avec intérêt digne de protection
Il n'est pas nécessaire que ce document soit formellement désigné comme étant un règlement
d'organisation, mais il faut qu'il résulte d'une décision du conseil d'administration valablement
prise et constatée par procès-verbal.
5.2. Conditions matérielles
1. Fonctions pouvant être déléguées
Toutes les fonctions sauf
- fonctions intransmissibles et inaliénables du CA prévues à l’art. 716a CO
- autres fonctions non délégables.
o Certaines fonctions ne peuvent jamais être déléguées, p.ex. décider d’une
augmentation du capital autorisé).
o Pour d’autres, cela dépend des circonstances particulières de la société
concernée (ce qui est OK dans une multinationale, ne l’est pas nécessairement
dans une petite société)
177
6. Responsabilité de la personne ayant délégué une tâche
NB: CO 754 II est formulée comme une norme d’exculpation et laisse entendre qu’il y a
obligation de réparer le dommage causé par un tiers, à moins de prouver que l’on a respecté
les trois curae.
Il est plus cohérent avec le système général de la responsabilité du droit de la société anonyme
de traiter cette disposition comme une norme de responsabilité pour les manquements en
matière de délégation: i.e. vérifier s’il y a eu violation des règles sur la délégation et si cette
violation était fautive in casu.
L’auteur possible est ainsi toute personne (membre d’un organe) qui a délégué des fonctions.
Le chef de responsabilité non-respect des conditions formelles et/ou matérielles de la
délégation.
L’auteur doit agir fautivement (intentionnellement ou par négligence). Cependant, l’intention /
négligence est présumée. Cf. supra 4.3. concernant la responsabilité de l’administrateur.
Autres obligations
- vérification du rapport de fondation et attestation (CO 635a)
- vérification du rapport d’augmentation et attestation (CO 652f)
- attestation réalisation conditions de reévaluation (CO 670)
178
- vérification bilan intermédiaire (CO 725 II)
- attestation couverture des créances en cas de réduction (CO 732 II)
- attestation avant répartition anticipée des actifs (CO 745 III)
7.3. Faute : Intention ou négligence
Appréciation par rapport au comportement d’un réviseur diligent placé dans les mêmes
circonstances (cf. supra 4.3. concernant l’art. 754 al. 1 CO par analogie)
Les dispositions pertinentes se trouvent aux art. 756 à 758 CO. Ces articles s’appliquent
exclusivement en cas de dommage subi par la société (cf. note marginale).
179
- le cas visé par CO 693 III ch. 4 reste rare
- l’action est très peu vraisemblable en cas d’identité entre actionnaires majoritaires et
membres du Conseil d’administration
- l’action reste peu vraisemblable, même lorsqu’il n’y a pas une telle identité, puisque
dans ce cas on préfèrera changer les membres du CA afin que le nouveau CA prenne
la décision d’agir
Dans l’hypothèse où l’action décidée par l’AG est dirigée contre des organes qui restent en
place, l’AG désigne une curatrice ou un curateur pour représenter la société (CO 693 III ch. 4
s’applique à cette désignation si société avec actions à droit de vote privilégié: ATF 132 III
707).
B. Principales exceptions opposables à l’action de la société
i) Décharge
Art. 758 CO - Effet de la décharge
1. Pour les faits révélés, la décharge donnée par l’assemblée générale est opposable à la
société et à l’actionnaire qui a adhéré à la décharge ou qui a acquis les actions
postérieurement en connaissance de celle-ci.
2. Le droit des autres actionnaires d’intenter action s’éteint six mois après la décharge.
Pour que la décharge soit efficace, i.e. pour qu’elle puisse valoir reconnaissance négative de
dette et être valablement opposée à une action en responsabilité, il faut que l’AG ait voté la
décharge en ayant connaissance de toutes les circonstances pertinentes relatives à l’opération
concernée (acte et conséquences). Cela implique aussi qu’elle ait été informée de la situation
de conflit d’intérêts dans lequel se trouvait l’administrateur ayant conclu une transaction avec
la société.
ii) Décharge
Pour les faits révélés*, la décharge donnée par l’assemblée générale est opposable à
180
l’actionnaire qui a voté la décharge (art. 758 al. 1 CO).
Pour les faits révélés*, la décharge donnée par l’assemblée générale est opposable à
l’actionnaire qui n’a pas voté la décharge à moins que l’action ne soit introduite dans un délai
de péremption de six mois depuis le vote de l’assemblée générale (art. 758 al. 2 CO).
* Faits révélés : Pour que la décharge soit efficace, i.e. pour qu’elle puisse valoir
reconnaissance négative de dette et être valablement opposée à une action en
responsabilité, il faut que l’AG ait voté la décharge en ayant connaissance de toutes
les circonstances pertinentes relatives à l’opération concernée (acte et conséquences).
Cela implique aussi qu’elle ait été informée de la situation de conflit d’intérêts dans
lequel se trouvait l’administrateur ayant conclu une transaction avec la société.
1.3. Qualité pour agir des créanciers ?
Il résulte de CO 756 (qui contient sur ce point un silence qualifié), que tant que la société
n’est pas en faillite, les créanciers n’ont pas qualité pour agir en réparation du dommage
causé à la société.
(voir aussi CO 757 I, 1e phrase: Dans la faillite de la société lésée, les créanciers sociaux ont
aussi le droit de demander le paiement à la société de dommages-intérêts. Il en résulte a
contrario que cette possibilité n’existe pas hors faillite)
La ratio legis (qui n’est pas 100% convaincante) est que le dommage indirect des créanciers
devient seulement effectif au moment où la société est surendettée.
181
consentement, faute concomitante
- c’est la masse en faillite qui peut exercer toutes les actions des créanciers en priorité
(CO 757 I)
- si la masse renonce, chaque créancier peut exercer « son » action (cf. 757 al. 2)
NB: le renvoi de CO 757 II à la LP concernant la couverture prioritaire des créanciers ne
fait pas de sens, dès lors que chaque créancier ne réclame que la réparation de son propre
dommage
NB: seules les exceptions opposables à tous les créanciers (p.ex. consentement de tous
les créanciers au dommage, qui est rare en pratique) peuvent être opposées à cette prétention.
2.3. La prétention de la collectivité des créanciers
La prétention de la collectivité des créanciers est exercée en priorité par l’administration de
la faillite conformément à l’art. 757 al. 1 CO.
NB: de facto, pour éviter de payer des frais de justice pour des démarches qui ne leur
182
profiteront pas, les créanciers cessionnaires réclameront rarement l’ensemble du dommage
subi par la masse, mais se contenteront de réclamer la partie du dommage de la collectivité
des créanciers qui correspond aux pertes subies par eux.
2.4. Quid des actionnaires ?
Selon l’ATF 117 II 432, une fois la faillite prononcée, il n’y a pas de place pour l’exercice d’une
action en responsabilité par les actionnaires.
Dans des arrêts plus récents, le TF rappelle le texte de CO 757 II 1e phrase (qui fait état d’un
exercice possible de l’action par les actionnaires), mais n’explique pas vraiment comment les
actionnaires pourraient agir (LP 260 n’est pas conçu pour eux, le dommage de la collectivité
des créanciers ne comprend pas un éventuel dommage subi par les créanciers,…)
il est vrai que la question est plus théorique que pratique
Fixation d’un prix d’émission trop bas lors d’une augmentation autorisée du capital avec
suppression du droit préférentiel de souscription
le dommage correspond à la dilution de la valeur des actions de l’actionnaire privée
de son droit préférentiel de souscription
Le dommage de l’actionnaire est indépendant d’un dommage subi par la société (qui voit sa
fortune augmenter lors de l’augmentation du capital et qui reçoit la contreprestation convenue,
i.e. le prix d’émission fixé, pour les actions nouvelles); le dommage ne frappe que les
anciennes actionnaires de la société.
183
Répartition inégalitaire de l’actif net de liquidation entre les actionnaires
le dommage correspond à la différence entre ce que devait recevoir l’actionnaire et ce
qu’elle a effectivement reçu
Le dommage ne concerne que l’actionnaire défavorisée; il n’est pas la conséquence d’un
dommage subi par la société.
1.2. Exemples de « dommage direct » des créanciers
« Oubli » d’un créancier lors de la liquidation de la société
le dommage correspond à la valeur de ce que le créancier aurait obtenu si sa créance
avait été prise en compte lors de la liquidation et ce qu’il peut récupérer
Le dommage ne concerne que le créancier « oublié » lors de la liquidation; il n’est pas la
conséquence d’un dommage subi par la société
Prêt de fonds à une société surendettée qui peut résulter soit de bilans ou d’attestations de
révision trompeuses, soit du fait que le créancier ignore le surendettement (ce cas est présenté
plus en détail ultérieurement)
184
bilans ou de fausses attestations de révision) qui impactent spécifiquement les
actionnaires/créanciers concernés parce qu’elles et ils prennent des dispositions en se
fondant sur cette information;
- de violations d’autres normes du droit commun destinées à protéger spécifiquement
les personnes lésées (p.ex. règles sur les assurances sociales destinées à protéger
les travailleurs, soit une catégorie particulière de créanciers)
- ou encore de comportements (p.ex. manque de surveillance) qui favorisent
indirectement les actions/omissions précitées
La FS d’après le bilan présenté est donc de CHF 4'000'000. La valeur réelle d’une action (on
suppose qu’il y ait 100'000 action d’une valeur nominale de CHF 1) est de CHF 40.
L’investisseur souscrit donc 100'000 nouvelles actions pour CHF 40 chacune. Son
investissement total est de CHF 4'000'000.
La FS après l’augmentation est de CHF 5'000'000. La valeur réelle (v.n. = CHF 1) d’une action
5′ 000′ 000
est donc de CHF 25 = 200′ 000 . La participation de l’investisseur vaut en réalité CHF
2'500'000. Il subit donc une perte de CHF 1'500'000 (4'000'000 – 2'500'000).
185
La société ne subit aucun dommage en lien avec cette augmentation, au contraire.
186
Dans une telle situation, deux actions sont a priori possibles, étant précisé que l’investisseur
ne peut faire valoir que l’une d’entre elles (il n’a pas le droit à une double réparation du
dommage) :
Comme la société n’est pas en faillite, l’investisseur doit agir en se fondant sur CO 756 et
les dommages-intérêts vont à la société.
En procédant de la sorte, on peut réparer le dommage subi par la société (et le dommage
indirect des actionnaires) et supprimer son dommage direct (le prix payé pour les actions
nouvellement émises est en effet correct si la société récupère le dommage subi
préalablement).
Du point de vue du bien de tous, cette manière de faire est préférable puisqu’elle supprime
non seulement le dommage de la société, mais aussi celui de l’investisseur.
Du point de vue de l’investisseur, cette manière de faire présente les désavantages liés à une
mise en œuvre par un actionnaire minoritaire selon CO 756 (cf. présentation mise en œuvre
de l’action en réparation du dommage causé à la société).
187
prix surfait si le bilan avait fait état de la situation financière réelle)
Elle est particulièrement peu efficace lorsqu’il n’y a pas une, mais de nombreuses personnes
qui ont été lésées directement.
« Quasi-Subsidiarité » de l’action directe
Compte tenu de ces éléments, lorsque tant les conditions d’une action en réparation du
dommage direct que celles d’une action en réparation du dommage causé à la société sont
réalisées, le TF a décidé de donner la priorité à l’action en réparation du dommage causé
à la société.
NB : dans le cas présenté, il y aurait concours entre l’action directe et l’action en réparation
du dommage causé à la société (« action indirecte » de l’actionnaire) dès lors que
l’investisseur a été trompé sur la base d’un faux bilan et que le droit pénal (CP 251) proscrit
l’utilisation de faux dans les titres; cette norme du droit commun est destinée à protéger tout
un chacun et, notamment, les investisseurs
Exemple 2 (dommage d’un créancier)
Le prêt à une société surendettée (cas d’école du dommage direct et indirect du créancier)
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Admettez que l’administratrice de A SA ait pu et dû établir les bilans d’exploitation et de
liquidation de la société au 30.6.2019.
Si elle l’avait fait à ce moment-là, la société aurait cessé ses activités alors qu’elle avait des
pertes de CHF 1’100’000.-
À ce moment-là, les créanciers de la société auraient été couverts à concurrence de 95% (il y
avait 1’900’000.- d’actifs pour 2’000’000.- de dettes)
6 mois plus tard, la situation de la société s’est détériorée. Elle a subi des pertes
supplémentaires de CHF 900’000.-, qu’elle n’aurait pas subies si la société avait déposé son
bilan au 30.6.
Il s’agit là d’un dommage de la société qui a été causé par le retard dans le dépôt du bilan.
Le retard dans le dépôt du bilan impacte indirectement les créanciers de la société; au 31.12,
leurs créances ne sont plus couvertes qu’à concurrence de 50% (1’000’000.– d’actifs pour
2’000’000.- de dettes); ils subissent chacun un dommage indirect correspondant pour chacun
des créanciers à 45% de la valeur de leur créance.
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2’000’000 d’actifs pour 3’000’000 de dettes)
[à ce stade, leur dommage indirect est de 28,33% de la valeur de leur créance, soit les
95% touchés si la faillite avait été prononcée en temps utile moins les 66,66% qu’ils
toucheraient si la société était liquidée le 1er janvier]
Pour les anciens créanciers, l’ensemble du dommage subi (95% de leur créance perdue en
raison du retard dans le dépôt du bilan) résulte de l’accumulation de pertes par la société: il
s’agit d’un dommage indirect.
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défaut d’une telle cession le nouveau créancier n’est pas légitimé pour agir)
NB: le dommage subi par la communauté des créanciers comprend l’ensemble du dommage
subi par tous les créanciers (ici: 100% de la créance du nouveau créancier + 95% des
créances des anciens créanciers)
Le nouveau créancier peut agir en réparation de son dommage direct (sans même avoir
besoin d’attendre la faillite de la société et sans nécessiter aucune cession d’action de la part
de la masse en faillite)
- si on lui a présenté un faux bilan (il y a alors la violation d’une norme du droit commun
– CP 251 – destinée aussi à protéger le créancier)
- s’il a demandé des renseignements sur la situation financière de la société et
qu’on lui a menti (il y a alors culpa in contrahendo)
Il ne peut pas agir en réparation de son dommage direct s’il a présumé (comme le ferait
toute personne raisonnable à sa place) qu’une société dont les organes n’ont pas demandé
au juge de prononcer la faillite en vertu de CO 725 II n’est pas surendettée. Dans ce cas, en
effet, il s’appuie sur une norme du droit de la société anonyme qui est une norme de
protection double; CO 725 II est en effet destinée à protéger à la fois la société (contre une
accumulation de pertes) et les créanciers.
Exemple 3 – ATF 141 III 112 (dommage d’un créancier)
Etat de fait
Contrat de travail prévoyant couverture 80% salaire par assurance maladie (CO 324a IV) sous
forme d’indemnités journalières pour une période allant jusqu’à 723 jours après un délai
d’attente de 7 jours.
D SA prélève cotisations, mais ne les verse pas à l’assurance maladie (compétence du CA).
C tombe malade, l’assurance maladie ne lui verse pas les prestations dues.
Prétention (contractuelle) de C contre la société à hauteur des prestations non versées par
l’assurance maladie. La société, qui tombe en faillite, n’est pas en mesure de verser ce
montant.
C agit contre les administrateurs A et B en demandant le paiement des indemnités journalières
(action en réparation de son dommage direct).
Les administrateurs sont d’avis qu’il n’est pas légitimé, faute d’avoir obtenu la cession de
l’action de la communauté des créanciers (CO 757); en d’autres termes, ils estiment qu’il devait
agir en réparation du dommage causé à la société.
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donc un dommage équivalent aux indemnités journalières (sous déduction des primes
d’assurance maladie non versées).
Exercice de l’action
Comme la société était en faillite, CO 757 était applicable.
Dans un premier temps, l’action en réparation du dommage aurait pu être exercé par
l’administration de la faillite. Comme l’administration de la faillite n’a pas exercé l’action, D
aurait pu demander la cession de l’action. Ici, D n’a visiblement pas choisi ce chemin et il ne
peut plus le prendre car la faillite est close (cf. Consid. 5.3.3.).
Exercice de l’action:
Le créancier peut agir.
Vu le concours d’actions, il faut se poser la question de savoir s’il peut se prévaloir d’un acte
illicite, d’une culpa in contrahendo ou de la violation d’une norme du droit de la SA qui est
destinée à protéger exclusivement les créanciers.
In casu, il y a violation de normes du droit commun (159 CP et 87 al. 3 LAVS) destinées à
protéger spécifiquement les travailleurs; on est donc en présence d’un acte illicite au sens de
CO 41. En conséquence, l’action est ouverte.
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