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Athène : sans « s », licence poétique
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léger, frivole ; fier sans raison de l’être
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l’orateur est Démosthène qui invite les Athéniens à se méfier des propositions de Philippe, roi de Macédoine, père du futur Alexandre le
Grand. Il rédigera des discours contre Philippe : Les Philippiques.
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qui contraint impérieusement et péniblement
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l’orateur
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déesse de la fertilité chez les Romains, assimilée à la Déméter grecque.
L.A. le pouvoir des fables
Récit au passé simple, rupture à la fin avec présent de narration : l'auditoire de La Fontaine et de l'orateur
se mêlent en une seule et même réaction.
Nous sommes dans la seconde moitié du XVIIe siècle, un écrivain de la cour de Louis XIV, Jean de La
Fontaine, publie un recueil intitulé Fables . Parmi elles, se distingue « Le Pouvoir des Fables » qui met en avant
la légitimité de cet art. Elle raconte l'histoire d’un orateur grec (qui ressemble fort à Démosthène) tentant de
convaincre les Athéniens de se méfier des propositions de Philippe, roi de Macédoine. Il n’arrive à toucher la
foule qu’en utilisant la fable. Nous étudierons tout d'abord la façon dont est construit le récit et enfin la façon
dont l'auteur s'y prend pour défendre sa thèse.
La démonstration de l’efficacité de la fable se renforce dans la seconde partie du récit, grâce notamment
à une mise en abyme.
En effet Jean de La Fontaine insère dans sa fable, la fable contée par l’orateur et qu’il rapporte au
discours direct. Dès lors, les voix de l’orateur et du fabuliste se mêlent. cet effet de « double énonciation » est
renforcé par la reprise de questions rhétoriques proches, dans les deux niveaux de récit : « Que fit le
harangueur ? », « Ce qu’elle fit ? ». Le fabuliste interpelle son lecteur, l’orateur son public. Les rimes de type
"abbba" permettent de délimiter un espace clos pour la fable insérée de Démosthène et limitent la confusion des
voix. Pour renforcer encore la persuasion, aux deux voix de l’orateur et du fabuliste vient se mêler la voix de
Cérès rapportée au discours indirect libre « Quoi, de contes d’enfants … ».
De la même façon que toute fable se termine sur une moralité, nous terminerons ce commentaire sur la
maxime qui nous intéresse ici : celle à la gloire de la fable. Nous avions été préparés à cette maxime car nous
avons déjà remarqué que le discours recherché et éloquent de l’orateur n’est rapporté que de façon brève et
simpliste, la fable sur Cérès bénéficie, elle, du discours direct. Cette morale est écrite en deux temps. L'auteur
s'implique d'abord puis ensuite il donne la maxime générale. L'implication de l'écrivain est importante car une
morale doit s’appliquer à tous : « Nous sommes tous d’Athène en ce point ; et moi-même ». En utilisant
l’hyperbate, il souligne son appartenance au « Nous » ce qui donne plus de poids à sa parole car il s’identifie au
lecteur et inversement. De plus, l’opposition dans les deux derniers vers entre "vieux" et "enfant" est dépassée et
les mêle dans le même groupe et laisse donc penser que ces deux-là ont besoin des mêmes choses. Enfin,
"moralité" vient rimer avec "conté" ce qui fait penser qu'une morale, une leçon, peut se trouver dans un texte tel
qu'une fable.
La démonstration de la fable repose donc sur une mise en abyme habile et une implication du fabuliste
dans sa morale, ce qui lui ôte toute dimension critique. C’est avant tout un constat sur la nature humaine.
Jean de La Fontaine explique donc ici pourquoi il a choisi la fable comme mode d’expression. Celle-ci
compose avec la nature humaine, toujours un peu enfantine et qui goûte plus que la morale l’histoire. En
racontant de manière très rythmée une histoire dans laquelle s’insère une fable, il démontre doublement
l’efficacité de celle-ci.