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Chapitre II.

Pharmacognosie Générale

II.1. Méthodes de recherche des principes actifs

Il existe plusieurs manières pour obtenir des principes actifs.

II.1.1. A partir des végétaux

II.1.1.1. Méthode empirique: étude des plantes utilisées en médecine


traditionnelle

La médecine traditionnelle existe depuis toujours, elle est la somme totale des
connaissances, compétences et pratiques qui reposent, rationnellement ou non, sur les
théories, croyances et expériences propres à une culture et qui sont utilisées pour maintenir les
êtres humains en santé ainsi que pour prévenir, diagnostiquer, traiter et guérir des maladies
physiques et mentales.

II.1.1.2. Chimiotaxonomique: s’adresser aux plantes d’un même taxon (famille,


genre,…)

La chimiotaxonomie a pour objectif d'établir des rapports entre la composition


chimique des espèces vivantes et leur classification systématique (taxonomie). Elle s'applique
surtout aux plantes, riches en métabolites secondaires.

II.1.1.3. Le hasard ...!

En effet, lors d’une collecte effectuée au hasard, les plantes de petite taille ou peu
abondantes sont rarement récoltées, car non disponibles en quantité suffisante pour alimenter
des collections destinées au criblage. Sans le hasard, la découverte de la Pénicilline par
I.FLEMING, suite à une pollution par P. notatum.

II.1.2. A partir d’autres sources

µ–organismes, Champignons et Bactéries (antibiotiques = 30 % des médicaments), et


biotechnologies animales et végétales: préparation d’enzymes et autres protéines à l’état pur
(insuline humaine par Colibacille, …).

II.2. Culture des plantes médicinales

II.2.1. Les plantes sauvages ou de cueillette


Circonstances principales : pour la cueillette des plantes sauvages :

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- si les plantes sont très abondantes à l'état sauvage ;


- dans le cas des plantes dont la culture est difficile ;
- en cas de demande réduite.
Inconvénients des plantes sauvages :
-dispersion géographique,
- irrégularité de leur croissance, qualité inégale,
-nécessite une main-d'œuvre abondante et qualifiée.

II.2.2. Les plantes de culture: la majorité des cas les plantes médicinales
 Avantage
-matière première abondante, homogène et de bonne qualité (possibilité d'amélioration);
-récolte aisée, souvent mécanisée;
-frais de main-d’œuvre réduite;
-parfois traitement du matériel végétal au voisinage des champs de culture évitant l'altération
des drogues.

 Inconvénient
-Contamination plus facile par les parasites.

II.3. Récolte - Conservation – Standardisation et Normalisation des Drogues végétales

II.3.1. Période de la récolte

Certaines études scientifiques, en rapport avec des notions de chronobiologie, ont permis
de définir le moment optimal de la récolte, afin de garantir la qualité de la matière première.
On préfère récolter:

 Les racines durant le repos végétatif (automne, hiver).

 Les parties aériennes, le plus souvent au moment de la floraison.

 Les feuilles, juste avant la floraison.

 Les fleurs à leur plein épanouissement, voire en bouton.

 Les graines, lorsqu'elles ont perdu la majeure partie de leur humidité naturelle.

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II.3.2. Conservation

La stabilisation des plantes fraiches est une opération qui vise à conserver à ces produits
toutes leurs propriétés initiales, tant sur le plan des principes actifs thérapeutiques (alcaloïdes,
oligo-éléments, vitamines, huiles essentielles, polyphénols, etc.), mais aussi d'autres
propriétés telles que le goût, les couleurs et les odeurs.
Le plus généralement, pour stabiliser les plantes, on les sèche à l'air. Si les drogues sont des
parties fragiles de plantes, comme les feuilles ou les fleurs, l’opération se déroulera à l’ombre.
Par contre, dans le cas d’écorce ou de racine, c’est alors au soleil qu’il faudra placer ces
dernières. Bien que largement répandue, cette technique présente de nombreux inconvénients
liés essentiellement à la lenteur de l'opération qui entraîne des dégradations, des décolorations
et des désodorisations.
Une autre manière de mener cette étape est d’utiliser un air chaud et sec. Cette fois le temps
de séchage est ramené à quelques heures.
En général la teneur en eau admise doit être inférieure à dix pour-cent. Au-delà le risque de
dégradation enzymatique des principes actifs ou de développement fongique devient non
négligeable
Les procédés pour stabiliser les plantes visent à inactiver les enzymes qu'elles contiennent, la
dénaturation des enzymes est obtenue à une température spécifique à chaque enzyme.
D’autres procédés qui font appel à la chaleur humide, à la vapeur d'eau, voire à la vapeur
d'alcool.

II.3.3. La standardisation

Elle consiste à garantir une qualité pharmaceutique constante pour un médicament à


base de plantes. Standardiser consiste donc à uniformiser les procédures de qualité à toutes les
étapes de fabrication, depuis la drogue de départ jusqu’à l’extrait, afin d’aboutir à un standard
spécifié. Tous les paramètres influant sur la qualité du produit (extrait, produit fini) doivent
être définis et respectés et concernent la drogue de départ (son origine, ses procédés de
culture, la partie de la plante, son identité, sa pureté, sa teneur en principe actif), mais aussi la
nature et la concentration du solvant d'extraction, ainsi que le procédé de fabrication
(macération/percolation, température, durée, pression lors de la fabrication, procédé de
séchage, contrôles en cours de fabrication).

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II.3.4. Normalisation

Normaliser consiste à créer une norme déterminée dans le cas d'une drogue ou d'un
extrait, en précisant à la fois une teneur minimale, mais aussi une teneur maximale, rapportée
à la substance ou à un groupe de substances déterminant pour l'activité.

La normalisation de plantes médicinales consiste d'abord :


- choisir l'espèce végétale à normaliser,
- compte tenu de son intérêt commercial et surtout thérapeutique ;
-définir la nature de la drogue et ses qualités par un ensemble de caractères morphologiques et
anatomiques, de propriétés physico-chimiques et pharmacologiques.

Pour les plantes les plus importantes, les normes et les essais sont inscrits dans des
recueils appelés Pharmacopées (plantes officinales) :
Ex. la Pharmacopée Française IXe Édition, la Pharmacopée européenne, les Pharmacopées
nationales. Pour les autres, ils sont établis par divers organismes de standardisation comme
l'A.F.N.O.R. en France (Association Française de Normalisation) ou I.S.O sur le plan
international (International Standardization Organization).

Les essais préconisés par la pharmacopée se résument en :

 Essais botaniques : examen macro et microscopique recherche des éléments


Caractéristiques.

Une fois identifié, le végétal est dénommé à l’aide de la nomenclature universelle, avec
son système binominal et en latin. Le contrôle organoleptique s’effectue à l’échelle humaine
principalement à l’aide de certains sens dont est doté l’être humain : la vue, l’odorat, le goût et
le toucher. Il doit être suivi, pour éviter toute erreur possible, du contrôle microscopique.

 Essais physicochimiques : Qualitatifs et Quantitatifs


Qualitatifs = caractérisation du P.A. = coloration, précipitation, fluorescence, CCM,
CLHP, …).
Quantitatifs = dosage des P.A. totaux, d’un P.A. particulier par des méthodes
analytiques variées (colorimétriques, spectrométriques, gravimétriques, titrimétriques).

Les premières sont les réactions chimiques d’identité. Elles se réalisent facilement et
rapidement sur des constituants présents en quantité importante. Leur but est, à l’aide de

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produits chimiques, de faire apparaître une coloration ou une précipitation qui sera alors
spécifique de certaines classes de substances chimiques : alcaloïdes, flavonoïdes, coumarines,
saponosides, etc.

Ensuite se placent les analyses chromatographiques. Ce sont des techniques de séparation


des constituants, entraînés par un éluant sur un support solide par migration. Elles permettent,
à l’aide de témoins, d’identifier les composés des drogues végétales.

 Essais biologiques : Toxicité (aiguë, chronique). Contrôle de l’activité sur organes


isolés.

Ces tests sont rarement effectués, ils comprennent deux types d’essais:
L’étude de la toxicité:
 Toxicité aiguë (détermination de la dose minimale mortelle; de la dose létale 50); est
effectué notamment pour les drogues à hétérosides cardiotoniques et l'Aconit.
 Toxicité chronique à moyen et à long terme.

Ainsi que le contrôle de l’activité qui se résume en essais, in vitro et in vivo, sur cellules
animales et végétales (plantes anti-tumorales) et une recherche de l'activité antimicrobienne
par inhibition de croissance de certains germes (végétaux producteurs d'antibiotiques).

II.3.5. Plan d'étude d'une monographie

A) Définition

Nom français

Nom latin

Famille,

Drogue, tableau.

Le nom international d’une plantes, exprimé en latin, comprend le nom de genre, suivi du
nom d’espèce, ainsi que l’initiale ou de l’abréviation du botaniste qui est le premier a décrit la
plante en question. Éventuellement, il est complété par celui de la sous-espèce ou de la
variété. La famille botanique est généralement précisée.
 Au niveau du genre
On peut citer par exemple le genre Lavandula ou Mentha.

 Au niveau de l’espèce et des sous-espèces


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Deux espèces ou sous-espèces très voisines, appartenant au même genre.


Exemple d’espèces : lavande vraie (Lavandula angustifolia Mill.) et lavande aspic (Lavandula
latifolia Medik.).
Exemple de sous-espèces : bergamote (Citrus aurantium L. ssp bergamia ) et orange amère
(Citrus aurantium ssp aurantium L.).

 Au niveau de la variété
Au sein d’une même espèce, il peut exister des variétés.
Exemple : l’espèce basilic (Ocimum basilicum) est morphologiquement et chimiquement très
hétérogène et se subdivise en de nombreuses variétés difficiles à différencier (O. basilicum
var. basilicum, O. basilicum var.difforme Benth., O. basilicum var glabratum Benth….)

La précision de cette dénomination est importante et des différences au niveau de la


composition chimique peuvent apparaitre en fonction de l’origine botanique.

B) Étude botanique

Description de la plante,

Origine,

Récolte, caractères de la drogue,

Macroscopiques et organoleptiques,

Microscopiques,

Falsifications.

C) Étude chimique

Eau,

Matières minérales,

Substances diverses,

Principe actif : pour cent n'est pas égal à formes, structure.

D) Action physiologique

Toxicité,

Action sur les fonctions et organes.

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E) Essai

Botanique, Physico chimique, Physiologique.

F) Emplois

Indications thérapeutiques, Emplois (posologie).

II.4. Méthode d’extraction, de purification et d’identification des principes actifs issue


de plantes médicinales

Un procédé de séparation est une technique ou une technologie permettant de transformer


un mélange de substances en deux ou plusieurs composants distincts.

Les buts de ce type de procédé peuvent être divers:

 Purification: des impuretés doivent être extraites du composé d'intérêt


 Concentration: élimination d'une partie du solvant
 Fractionnement: séparation d'un mélange complexe en plusieurs mélanges différents.

Le principe d'un procédé de séparation est d'utiliser une différence de propriétés entre le
composé d'intérêt et le reste du mélange. Plus la différence de propriété sera grande, plus la
séparation sera aisée.

II.4.1. Extraction

L’extraction est une technique permettant de séparer sélectivement un ou plusieurs


omposés d'un mélange sur la base de propriétés chimiques ou physiques.

Le choix de la méthode d’extraction dépendra des paramètres suivants:

 Nature des PA (thermofragilité, réactivité, polarité…)

 Nature et état de la matière végétale (partie végétale)

 Technique et paramètres d’extraction (Température, Quantité de solvant, durée de


l’extraction…).

Les PA sont au départ contenus dans une matière première solide, donc on doit réaliser
d’abord une extraction solide-liquide puis une purification par une extraction liquide-liquide.

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II.4.1.1. Extraction solide-liquide

Il s'agit d'extraire une substance présente dans un solide pour la faire passer dans un
solvant. Les cas les plus simples correspondent à la décoction, l’infusion et la macération. En
chimie organique, on utilise parfois un appareil plus efficace, le kjeldahl qui fonctionne en
continu.

Paramètres intervenants lors de l’extraction solide-liquide:

 Etat de division de la matière première et porosité de la masse: pour favoriser la


dissolution et la diffusion des PA il faut que la matière première soit divisée en
particules suffisamment fines mais sans excès

 Renouvellement du solvant ; extractions par simple contact, contacts multiples,


contre-courant. Le but est d’assurer une diffusion totale des PA,

 Température : en général les PA sont plus solubles à chaud qu’à froid dans les solvants

 Appareil de Soxhlet

Le Soxhlet est constitué d’un (Figure 1):

Ballon contenant une réserve de solvant.


Extracteur proprement dit permettant le contact entre le solvant et le solide dans une
cartouche poreuse.
Siphon qui permet l’évacuation de la solution vers le ballon.
Réfrigérant à eau qui permet la condensation des vapeurs de solvant dans la cartouche.

Le solide est toujours en contact avec le solvant pur grâce au remplissage régulier de la
cartouche, ce qui présente les meilleures capacités de solubilisation des composés à extraire.

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Figure II.1. Schéma d’un appareil de Soxhlet.

Le Soxhlet permet:

 Le lavage d’un composé solide par un solvant dans lequel il est totalement insoluble.
Les impuretés sont extraites vers le ballon et le solide pur est récupéré dans la
cartouche.
 La recristallisation d’un composé par un solvant dans lequel il est modérément
soluble. Les impuretés insolubles restent dans la cartouche tandis que le composé
cristallise dans le ballon récepteur par refroidissement lorsque la solution est assez
concentrée.

Techniques utilisées pour la séparation des principes actifs:

Les principes actifs d'une plante médicinale sont des agents chimiques capables d'une
activité. La présence de ces composants souvent en quantité extrêmement faible dans la plante
impose des séparations, généralement, délicates. La décoction, l’infusion et la macération sont
les méthodes de séparation les très utilisées pour l’extraction globale des principes actifs et
qui sont suivies par des série de séparation chromatographique pour atteindre une matière
pure d’un principe actifs.

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a) Décoction

La décoction est une méthode d'extraction des principes actifs d'une préparation
généralement végétale par dissolution dans un solvant approprié (généralement l’eau), ce qui
suppose que ces substances ne soient pas thermolabiles. Elle s'applique généralement aux
parties les plus dures des plantes : racines, graines, écorce, bois.
La décoction est utilisée en herboristerie, en teinture, en brasserie et en cuisine.
La décoction consiste à chauffer l'élément avec de l'eau, jusqu'à ce que cette dernière
soit bouillante, pour en extraire les principes actifs.
Cette technique permet une extraction des principes actifs plus complète que
l'infusion mais ne s'applique pas partout, car la température peut modifier ou dégrader
certains principes actifs.

Figure II.2. Décoction de gousse de vanille dans de l'eau chaude.

b) Infusion

L’infusion est une méthode d'extraction des principes actifs ou des arômes d'un
végétal par dissolution dans un liquide initialement bouillant qu'on laisse refroidir. Le terme
désigne aussi les boissons préparées par cette méthode, comme les tisanes, le thé par exemple.
Le solvant n'est pas nécessairement de l'eau, il être également une huile ou un alcool.

Figure II.3. Infusion de feuilles de thé dans de l'eau chaude.

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c) Macération

La macération consiste à laisser tremper une plante sèche dans un solvant approprié
pendant plusieurs heures, jours, voire semaines.

Figure II.4. macérat de rose et de lavande

L'intérêt de la macération est généralement la conservation des principes actifs durant


le procédé. Le macérat peut ensuite être utilisé sous forme de cataplasme.

II.4.1.2. Extraction liquide-liquide

L'extraction liquide-liquide est une mise en œuvre de l'extraction par transfert entre
deux phases liquides. Le produit extrait ne change pas de phase: un mélange binaire ou plus
dont on veut effectuer la séparation est mis en contact avec un autre liquide non miscible
appelé solvant et retenu pour sa capacité à extraire sélectivement l’un des éléments du
mélange. Après l'opération, on récupère deux phases séparées par décantation : l'extrait formé
du solvant enrichi en soluté, et le raffinat, soit le mélange appauvri en soluté. Cette opération,
ordinaire dans l'industrie chimique, permet de séparer des produits ayant des températures
d'ébullition très voisines (donc une distillation trop délicate) mais ayant des propriétés
physico-chimiques différentes. Au laboratoire, c'est aussi une technique de purification très
employée: dans une ampoule à décanter, les deux liquides séparent les solutés en fonction de
leur solubilité dans chaque solvant.

Types d’extraction liquide-liquide

Il existe deux types d’extraction liquide-liquide.

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 Extraction liquide-liquide discontinue

Elle est réalisée grâce à des ampoules à décanter. Il existe plusieurs modèles d’ampoules à
décanter. Celles ayant la tubulure au-dessus du robinet sont les plus utilisées, car elles
permettent de mieux visualiser l’interface et donc de mieux séparer les deux phases.

 Extraction liquide-liquide continue

Lorsque le produit à isoler est relativement soluble dans la phase à extraire, l’extraction
discontinue peut se révéler insuffisante. On peut alors utiliser une méthode d’extraction en
continu. Le solvant est recyclé et passe continuellement à travers la solution à extraire.

II.4.2. Purification d’extraits de plantes

II.4.2.1. Techniques de filtration

Le but de la filtration est de séparer les constituants d’un mélange liquide-solide par
passage à travers un milieu filtrant. Cette opération est beaucoup plus rapide que la
sédimentation, elle est donc plus utilisée.

On récupère après filtration soit un solide (après une cristallisation), soit un liquide
(récupération d’eaux usées avant traitement et après sédimentation), soit un liquide et un
solide à la fois (opération de recristallisation).

On distingue:

a) Filtration gravimétrique (par gravité)

Le mélange est soumis uniquement à la pression atmosphérique. Le liquide passe à


travers le support filtrant, qui peut être du sable par exemple, tandis que le solide est récupéré
sur le support filtrant.

La filtration gravimétrique présente les inconvénients suivants:

La filtration est lente.

La difficulté de récupération de la phase solide isolée, surtout lorsqu’elle est peu abondante.

La séparation est incomplète: le solide retient une quantité non négligeable de liquide.

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b) Filtration sous vide

La vitesse de filtration est augmentée par la création d’une dépression en aval du matériau
filtrant. C’est le mode de filtration utilisé d’une manière courante pour les verres frittés et les
membranes filtrantes. Des entonnoirs spéciaux adaptés sur une fiole à succion, dans laquelle
on crée une dépression, sont utilisés. L’entonnoir est adapté sur la fiole par l’intermédiaire
d’un cône en caoutchouc, qui collera à la fiole et l’entonnoir lorsque la dépression est établie.

c) Filtration sous pression

La vitesse de filtration est augmentée en exerçant une pression sur le liquide à filtrer en
amant du matériel filtrant représenté par une membrane filtrante. La filtration sous pression
évite le moussage et l’évaporation du solvant; elle est d’un emploi fréquent dans l’industrie.
Ce système de filtration sous pression avec membranes filtrantes existe également sous forme
de cartouches filtrantes (millipore) adaptable sur une seringue pratique pour la filtration des
petits volumes de solution à filtrer.

d) Ultrafiltration

C’est une séparation de macromolécules en solution dans une phase dispersante. Il s’agit
d’une membrane avec une porosité très faible (25 nm) qui peut retenir les protéines et les
acides nucléiques. Elle permet la concentration des solutions de macromolécules et
l’élimination de la plupart des contaminants de petite masse moléculaire (sels, glucides…).

II.4.2.2. La centrifugation

La sédimentation est une technique d’analyse permettant de séparer une dispersion


d’un solide au sein d’un liquide ou une dispersion d’un liquide au sein d’un autre liquide non
miscible et de densité différente. Cette séparation peut se faire d’elle-même sous l’action de la
pesanteur lorsque la dispersion est formée d’une substance plus dense que le liquide
(décantation). La centrifugation permet de remplacer l’accélération de la pesanteur (g) par une
accélération centrifuge développée par un rotor tournant à grande vitesse (6 à 10000 tours par
minute).

La centrifugation permet de séparer des constituants de taille et de masse très différentes


contenus dans un liquide. Les constituants contenus dans un échantillon sont soumis à deux
forces:

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 La gravité: C’est la force qui s’exerce du haut vers le bas.


 La poussée d’Archimède: C’est la force qui s’exerce du bas vers le haut.

II.4.3. La chromatographie

La chromatographie est une méthode de séparation des constituants présents dans des
mélanges variés. Elle sert en analyse pour purifier, identifier et quantifier des composés au
sein d’échantillons divers. Le principe de base repose sur les équilibres de concentration qui
apparaissent lorsqu’un composé est mis en présence de deux phases non miscibles, l’une dite
stationnaire, est emprisonnée dans une colonne ou fixée sur un support et l’autre, dite mobile,
se déplace au contact de la première. Si plusieurs composés sont présents, ils se trouvent
entraînés à des vitesses différentes, provoquant leur séparation.
Les méthodes chromatographiques peuvent être classées selon la nature de la phase mobile
en:
Chromatographie en phase gazeuse (CPG).
Chromatographie en phase liquide (CPL):
 Chromatographie sur couche mince (CCM).
 Chromatographie de partage centrifuge (CPC).
 Chromatographie liquide haute pression (ou performance) (HPLC).

Suivant le type de chromatographie, elle peut servir à identifier (CCM, HPLC, CPG), à
séparer ou à purifier les composés d’une réaction (chromatographie sur colonne, HPLC).
Cette technique peut également, grâce à un témoin, permettre de quantifier un produit (CPG,
HPLC).

II.4.3.1. La chromatographie d'adsorption

C'est la méthode la plus ancienne et "encore" la mieux connue. La séparation entre les
molécules est fondée sur le processus répété d'adsorption et désorption par la phase
stationnaire. Dans les premières études les phases stationnaires « modèles d’études » étaient la
silice et la cellulose. En conséquence, les phénomènes étudiés correspondaient
essentiellement à des interactions de type liaison hydrogène. D’autres phases ont été utilisées
depuis avec des mécanismes d’échange impliquant des liaisons Van der Waals, hydrogène et
des interactions hydrophobe.

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II.4.3.2. La chromatographie de partage

La séparation est fondée sur les différences de solubilité des molécules à séparer entre
phase mobile et phase stationnaire liquide (phase qui imprègne ou qui est greffée sur un
solide).
On multiplie ici les partages entre phases de la même façon que si l'on disposait de plusieurs
milliers d'ampoules à décanter contenant deux solvants non miscibles.

II.4.3.3. La chromatographie d'affinité

Très utilisée par les biochimistes, elle consiste à fixer par exemple une enzyme sur la
phase stationnaire de façon à complexer sélectivement les substrats correspondants (ou vice
versa). Il s’agit là d’une association entre une molécule polyfonctionnelle et une phase
stationnaire comportant des sites stériquement définis et de capacité d’échange multiple. Il
s’agit souvent d’un système coopératif d’interactions différentes (ioniques, hydrophobe, Van
der Waals, hydrogène), liaisons parfaitement positionnées dans l’espace.

II.4.3.4. La chromatographie d'échange d'ions

La phase stationnaire est un solide à la surface duquel se trouvent des groupements


ionisés : échangeur d'ions. Un soluté ionisé de charge opposée se trouvera d'autant plus retenu
que sa charge sera plus forte. La phase stationnaire solide est généralement poreuse et
renferme dans ses pores une phase liquide qui peut jouer un rôle très important dans les
séparations.

II.4.4. Identification des principes actifs issus de plantes

La chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (CG/SM) est


une méthode d’analyse d’une très grande sélectivité puisqu’elle associe les caractéristiques de
la chromatographie qui permet de séparer les différents constituants d’un mélange à une
analyse par spectrométrie de masse qui fournit une analyse élémentaire de ces constituants.
La méthode est basée sur la séparation des constituants à l’aide de la CPG et leur
identification par le biais de la SM. Les spectres de masse obtenus sont ensuite comparés avec
ceux des produits de référence contenus dans les bibliothèques informatisées disponibles,
commerciales (NIST/EPA/NIH Mass Spectral Library, Wiley Registry of Mass Spectral Data,
contenant plusieurs milliers de spectres.

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Lorsqu’un ou plusieurs constituants de l’huile essentielle sont inconnus dans les


bibliothèques de comparaison et qu’ils ne sont pas décrits dans la littérature. Il est alors
nécessaire de les purifier par distillation fractionnée ou par des techniques
chromatographiques préparatoires telles la Chromatographie sur Couche Mince (CCM), la
Chromatographie liquide sur Colonne ouverte (CC), la Chromatographie Liquide Haute
Performance (CLHP) ou encore la Chromatographie en Phase Gazeuse Préparatoire (CGP).

Dans la source d’ionisation les molécules sont bombardées à l’aide d’électrons, conduisant
ainsi à la formation des ions en phase gazeuse. Les ions sont ensuite dirigés vers la partie
analytique de l’appareil. Il existe plusieurs analyseurs de masse mais les plus utilisés pour
l’analyse des huiles essentielles sont le "quadripôle " et le " piège à ion " ou " ion trap ". Le
quadripôle ainsi que l’" ion trap " utilisent la stabilité des trajectoires pour séparer les ions
selon le rapport masse sur charge (m/z). Les spectres de masse ainsi obtenus sont ensuite
comparés avec ceux des produits de référence contenus dans les bibliothèques.

II.5. Activités biologiques

L’utilisation des plantes dans le traitement des troubles de santé est connue depuis la plus
haute antiquité. Jusque dans les années 90, 80% des remèdes étaient préparés à partir de
plantes. Celles-ci restent encore aujourd’hui une source incontournable de molécules d’intérêt
pouvant agir d’une manière efficace comme agents anticancéreux ou anti-infectieux.

L’étude des activités biologiques des huiles essentielles est l’un des principaux moyens de
valoriser commercialement les principes actifs issus des plantes.

II.5.1. Méthodes d’évaluation des activités biologiques des huiles essentielles

II.5.1.1. Activité antimicrobienne

Les huiles essentielles sont recherchées pour leurs propriétés bactériostatiques, c’est-à-
dire, leur capacité à inhiber la croissance bactérienne, ou pour leurs propriétés à provoquer la
mort des bactéries c’est à dire l’effet bactéricide. Le principal problème à surmonter lors de
l’utilisation des huiles essentielles est lié à leur insolubilité dans les milieux biologiques qui
sont aqueux. Pour résoudre ce problème plusieurs auteurs suggèrent l’utilisation des solvants
organiques comme l’acétone, le DMSO, le DMF, ou l’utilisation des produits émulsifiants
comme le tween 20 ou tween 80. Les deux méthodes les plus usitées pour les évaluer sont la
diffusion sur gel et la dilution en milieu liquide.

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a) Méthode de diffusion sur gel

Des disques de papier buvard imprégnés des matrices à tester, sont déposés à la surface
d’un milieu gélosé, préalablement ensemencé avec une culture pure de la souche à étudier.
Dès l’application des disques, la matrice diffuse de manière uniforme si bien que sa
concentration est inversement proportionnelle à la distance du disque. Après incubation, les
30 disques s’entourent de zones d’inhibition circulaires correspondant à une absence de
culture. Pour les tests standards, nous considérons qu’une huile essentielle, fraction ou
molécule est active contre une souche donnée si le diamètre d’inhibition (D.I.) est supérieur
ou égal à 15 mm. Cette technique est la plus couramment mise en œuvre en tant que méthode
de screening, elle présente les avantages d’être rapide, d’une grande simplicité de mise en
œuvre et de nécessiter une faible quantité de matrice. S’agissant des inconvénients de la
méthode, les huiles essentielles très visqueuses souffrent d’un problème de diffusion sur le
gel, en conséquence le diamètre d’inhibition sera faible voir nul même si elles possèdent un
fort pouvoir bactéricide.

b) Méthode de dilution en milieu liquide

Cette méthode consiste à mettre un inoculum bactérien standardisé au contact de


concentrations croissantes de matrice à tester, selon une progression géométrique de raison 2.
L’inoculum bactérien est distribué de façon égale dans une série de tubes (méthode de macro-
dilution) contenant la matrice testée. Après incubation, la Concentration Minimale Inhibitrice
(CMI) est indiquée par le tube qui contient la plus faible concentration de matrice où aucune
croissance n’est visible. Pour les tests standards, nous considérons qu’une huile essentielle,
fraction ou molécule est active pour une souche donnée pour une CMI inférieure à
1000μg/ml. Cette technique, complémentaire de la méthode de diffusion, donne directement
la CMI mais, par rapport à la méthode précédente, elle présente l’inconvénient d’être une
grande consommatrice de matrice.

II.5.1.2. Activité anti-oxydante

La mesure du potentiel antioxydant est abordée généralement en déterminant les


produits résultant de l’oxydation ou en évaluant l’aptitude à piéger des radicaux de modèles
réactionnels. Le premier mode, nécessite une connaissance préalable des composés issus de
l’oxydation. En effet ces méthodes recherchent certains groupements fonctionnels (aldéhydes,

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cétones, dicarbonylés...) dans les dérivés des constituants d’origine. Le second relie la
quantité de radicaux piégés à celle d’antioxydant utilisé.

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