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Licence Fondamentale : Gestion des Entreprises

Thème :

La caisse de compensation ,

Réalisé par : Encadré par :


Mr .Mohamed Bouzahzah

Année universitaire : 2015-2016

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DEDICACE

nous dédions ce travail à :

o Nos chers parents, nos frères, pour leurs grands Soutien, pour

construire notre avenir.

o Nos amis, nos camarades de classe et tous ceux qui ont contribué de

prés ou de loin à l’élaboration de ce modeste travail.

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REMERCIEMENT :

C’est avec un grand plaisir que nous consacrons ces lignes en signe de gratitude et de

reconnaissance à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à l’élaboration de ce

travail.

Tout d’abord je tiens à remercier Monsieur Mohamed Bouzahzah , notre encadrant qui

a veillé à ce que ce travail soit fait dans les meilleurs conditions, et sans lui ce mémoire

n’aurait jamais vu le jour.

En fin, nous tenons à remercier tout le corps professoral et le doyen de la Faculté des

Sciences Juridiques Economiques et Sociales de Salé pour leurs travail considérable afin

d’assurer une formation solide et de qualité au étudiants.

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SOMMAIRE
DEDICACE 2
REMERCIEMENT  3
Sommaire 4
INTRODUCTION 6
CHAPITRE I L’historique du système de compensation et les réformes récentes 7
Section 1 : Historique de la caisse de compensation et ces finalités : 7
1- Historique 7
2- Les finalités de ce système : 12
Section 2 : Compensation en chiffres et réformes  13
1- Compensation en chiffres  13
1.1- Poids de la charge de compensation 13
1.2- Charge de la compensation par produit 14
1.3- Répartition de la charge de compensation par catégorie de 15
bénéficiaires
1.4- Charge de la compensation par ménage 17
1.5- Balance entre les recettes issues des produits compensés et la 18
charge de compensation
2- Les réformes récentes : 19
2.1- Introduction 19
2.2- Réforme progressive des subventions 22
CHAPITRE II : Le système de compensation à l’international 24
Section 1 : Le système de compensation à l’international 24
1- L’expérience brésilienne : "Bolsa Família : une nouvelle génération de 24
programmes sociaux au Brésil"

2- L’expérience brésilienne : "Bolsa Família : une nouvelle génération de 25


programmes sociaux au Brésil"
3- L’expérience indonésienne : transferts monétaires inconditionnels 28
destiné aux pauvres
4- L’expérience Turque : transferts monétaires conditionnels 30
Section 2 : Le système de compensation à l’international cas d’IRAN 32
1- Le contexte économique iranien 32
2- La réforme du système de subvention des prix 32
3- Les principaux points de désaccord et leur résolution. 33
4- Le ciblage initial 33
5- Le rythme de mise en œuvre et Montant du transfert 34
5.1- Le rythme de mise en œuvre 34
5.2- Montant du transfert 34
6- Différences avec un revenu de base 35
7- Observations finales 35
CHAPITRE II : Synthèses et proposition de réformes 37
1- Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) 38
2- Le fonds d’appui à la cohésion sociale : 39
3- Fonds d’entraide familiale (FEF) : 43

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4- Promotion de l’économie sociale et solidaire : 43
5- Femmes veuves : 44
6- Impôt de solidarité sur la fortune : 47
7- Le financement d’un revenu de base par l’impôt sur le revenu. 48
Conclusion 49
Bibliographie 50

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INTRODUCTION

La compensation est le mécanisme par lequel l’Etat subventionne le prix d’un certains
nombres des produits.
Alors La caisse de compensation c’est l’un des outils principaux et indispensables de l’Etat
pour la mise en œuvre de la politique gouvernementale de stabilisation des prix ainsi que le
maintien du développement humain.
Au Maroc, Le système de compensation institué par les pouvoirs publics vers la fin des
années trente constitue une composante importante du système marocain de protection
sociale. Les objectifs qui lui ont été assignés consistent en la stabilisation des prix des
produits de base, la sauvegarde du pouvoir d’achat des consommateurs et le développement
économique de certains secteurs.
Pour simplifier cette notion partons d’un exemple simple, une bouteille de gaz qui coûte 105
DH mise en vente à 40 DH chez l’épicier du coin, l’Etat se charge à payer la différence de
65 DH.
Il s’agit donc d’un projet qui nécessite un grand souffle, ce qui nous amène à poser la
problématique suivante :
La Caisse de compensation sert-t-elle toujours à quelque chose? Son rôle est-il encore adapté
à la situation actuelle du Maroc ? Ne vaut-il pas mieux revoir sa mission et ses prérogatives ?
Et comment les réformes entreprirent par le gouvernement actuel impacte t-ils le
développement humain (IDH).
Pour répondre à ces questions, nous allons présenter dans un premier chapitre Le système de
compensation depuis sa création (historique) et les réformes récentes par le gouvernement
BENKIRANE.
Le deuxième chapitre sera consacré à la présentation du système de compensation à
l’international voir les expériences des autres pays et ou on va se focaliser sur le cas iranienne
Le troisième et le dernier chapitre proposera Les moyens qui peuvent remplacer le rôle de la
caisse de compensation au Maroc.

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CHAPITRE I
L’historique du système de compensation et les
réformes récentes

La caisse de compensation est un établissement publics marocain créer par le dahir du 25


février en 1941, dans le but de subventionner les prix des produits de base (Farine ; Gaz ;
Pain ; Sucre), à fin d’aider les marocains les plus pauvres, considérée comme sensible par le
gouvernement marocain à fin d’éviter les troubles sociaux.
Les activités de la Caisse consistent principalement au soutien des prix des produits
suivants:
 Le sucre.
 Les produits Pétroliers et Gaz Butane.
 Le sucre et les huiles commercialisées dans les provinces sahariennes.

Section 1 : Historique de la caisse de compensation et ces finalités :
1- Historique
A l’origine, le système de subvention instauré aux années quarante avait pour objectifs la
régularisation de l’approvisionnement du marché des produits de base et la protection du
pouvoir d’achat des citoyens par la maîtrise des niveaux des prix et des flux d’importation et
d’exportation.
Le tableau ci- après montre l’évolution du système de compensation au Maroc :

MESURES PRISES REFERENCE TEXTE


DATE

6 caisses de péréquation (sucre, fer, carburant, œufs,


Avant 1941 bois, légumes)

Création de la Caisse de Compensation Dahir du 25 février 1941


1941

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Subvention de la farine, pain, huiles, matières grasses
1941

Subvention du charbon
1942

Subvention du transport de l’orge et du mais


1944

Subvention sucre et du lait en boîte et transport du lait


1945 frais

 Arrêt compensation du transport de l’orge et du


mais
1946
 Compensation du matériel agricole, semences et
engrais

Subvention ponctuelle de la culture du coton sur une


1947 année

Subvention ponctuelle des semences de blé destinées


1948 aux fellahs sur une année

Subvention ponctuelle sur une année des semences des


1949 légumineuses

Décision de suppression de la Caisse de Compensation


et son remplacement par un bureau de liquidation de la
1949 Caisse, décision non effective et non appliquée
totalement

Instauration d’une politique d’encouragement à la


production laitière par l’octroi de subventions aux
1952 coopératives

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Caisse de péréquation des huiles alimentaires
1953

 Compensation des produits pétroliers


 Primes versées à la congélation des viandes de
mouton
 Encouragement de certaines industries via l’octroi
de ristournes/intérêts, ristournes de prix /KWh et
1955 remboursement de la taxe statistique à
l’exportation (textile, verrerie, armement,
tanneries, entrepôts frigorifiques).

1956 Remise en place de la Caisse de Compensation Dahir de juillet 1956

1956 Compensation des produits pétroliers

Remboursement des charges à l’exportation supportées


par certains produits artisanaux : babouches, tapis de
Avant 1959 laine filées à la main, vannerie

Couverture des déficits d’exploitation des charbonnages


1959
nord africains

Arrêt de versement des primes à la congélation des


1961
viandes de mouton
1965 Arrêt de la subvention du charbon

30 juin 1966 Arrêt de l’aide aux produits artisanaux exportés

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Création du B.A.R.S (bureau d’approvisionnement des
régions sahariennes) qui sera chargé de la logistique des
1967 subventions d’huile, de sucre et de farine destinés aux
provinces sahariennes

Arrêt de couverture des déséquilibres d’exploitation des


1971
charbonnages nord africains
Août 1972 Subvention du beurre

1er septembre
Subvention aux producteurs de lait
1973

1er décembre
Subvention aux huiles alimentaires
1973

 Subvention des engrais d’importation et de


production locale
 Subvention du conditionnement des huiles
1974 alimentaires
 Subvention du carburéacteur destiné aux vols
charters et touristiques de toutes les compagnies
aériennes et destiné aux vols réguliers de la RAM
et de la Royal Air Inter
1975 Arrêt de l’aide à l’industrie
Décision n° 22 de M. le
28 avril 1975 Subvention du ciment
Premier Ministre
Dahir du 19 septembre
1977 Réorganisation de la Caisse de Compensation
1977

Subvention du carburéacteur destiné aux vols cargos pour


1977 le transport des produits agricoles périssables

Arrêt de subvention des engrais par la Caisse de


Compensation de FERTIMA et subvention directe par
1980 l’OCP
Continuité de la compensation de la SCE

1981 Subvention sur une année du gasoil agricole

1982 Arrêt de subvention du beurre

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Arrêt de la subvention du lait sauf le lait en poudre
1983
Libéralisation des prix du ciment
1986
Suppression de la compensation des emballages des huiles
Juin 1989
alimentaires
1er juillet 1990 Libéralisation du secteur des engrais
Décembre Arrêt de la subvention du carburéacteur destiné à la RAM
1994 et aux compagnies de transport aérien
Instauration d’un système d’indexation des produits
Janvier 1995
pétroliers
Instauration d’un système de restitution du sucre par les Décision N° 2/2 du 11 mars
1999
industries 1999
1er novembre
Décompensation des huiles alimentaires
2000
2000 Arrêt du système d’indexation des produits pétroliers
Suppression de la subvention allouée au carburéacteur Décision n° 2/4 de M. le
8 août 2005
destiné aux vols cargos Ministre des AEG
28 février 2006 Abandon de la restitution du sucre par les chocolateries,
biscuiteries, confiseries, glaces et dérivés de lait et Décision 2/4
pâtisseries industrielles
Instauration d'une subvention forfaitaire en faveur du
07 mars 2006 Décision N° 2/7
sucre brut d'importation
Structure des prix de la 1
1er août 2006 Suppression de la subvention du pétrole lampant
ère quinzaine août 2006
1er juin 2008 Subvention du gasoil de pêche côtière Décision N°2/ 3
31 décembre Baisse du taux de restitution du sucre par les industries de
Décision N°2/7
2008 boissons gazeuses
Subvention du fuel ONEE spécial
2008
15 octobre Arrêté n° 2380-06 de M. le
Subvention du fuel ONEE spécial
2009 Ministre des AEG
Décision ministérielle n°
Juillet 2011 Subvention du gasoil destiné à la pêche hauturière
1/3 bis du 15 juillet 2011
Structure des prix de la
1er Juillet 2012 Arrêt de subvention du gasoil de pêche hauturière 2ème quinzaine de juillet
2012
Décision de M. Chef de
16 septembre Indexation partielle des prix de certains produits liquides :
Gouvernement n° 3.69.13
2013 essence super, gasoil 50 ppm et fuel oïl n°2
du 19 août 2013
1er janvier Remboursement de la TVA sur les frais de transport du gaz Décision conjointe N° 1/2
2014 butane du 23/4/2013
Décision de M. Chef de
1er février
Arrêt compensation super sans plomb et fuel oïl n° 2 Gouvernement n° 3.01.14
2014
du 15 janvier 2014

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Baisse de la subvention unitaire du gasoil 50 ppm Décision conjointe n° 31.14
16 février 2014 trimestriellement par palier du 15 janvier 2014

Décision de M. Chef de
Gouvernement n° 3.208.14
29 Mai 2014 Décompensation fuel ONEE 29 Mai 2014 complétant la
décision n° 3.01.14 du 15
janvier 2014
Accord d’homologation des
26 décembre prix des produits pétroliers
Arrêt de compensation du gasoil 50 ppm
2014 avec les distributeurs des
produits pétroliers
Accord d’homologation des
prix des produits pétroliers
01 décembre avec les distributeurs des
Libéralisation des prix des carburants
2015 produits pétroliers
du 26/12/2014

Ce système englobe l’ensemble des produits suivants : le sucre, le pain, les huiles
alimentaires, les produits pétroliers et autres bonbonnes de gaz butane etc. Cet exemple
basique souligne le caractère inégalitaire de la compensation : que vous soyez pauvre ou
riche, vous êtes subventionné du même montant, et ici le ciblage joue son rôle.

2- Les finalités de ce système :


Le système a une finalité sociale et économique. La fonction sociale est remplie à travers la
préservation du pouvoir d’achat des populations en limitant, au niveau local, la répercussion
de la hausse des cours de certains produits sur les marchés internationaux.
Quant à l’objectif de développement économique, il devait être atteint grâce à deux leviers :
La fixation des prix de vente de certains produits agricoles, notamment la betterave à sucre, la
canne à sucre et le blé tendre, dans le but de garantir un revenu minimum aux agriculteurs
opérant dans ces filières ;
La garantie d’un niveau de rentabilité aux entreprises opérant dans certains secteurs d’activité
à travers des structures de prix arrêtées par l’Etat (sucreries, minoteries et sociétés
pétrolières).

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Section 2 : Compensation en chiffres et réformes 
1- Compensation en chiffres :
1.1- Poids de la charge de compensation

Quelques indicateurs témoignent du poids de la charge de compensation. Entre 2009 et 2013,


cette charge a évolué, par rapport aux agrégats ci-après, comme suit :

Tableau 1 : Poids de la charge de compensation par rapport à des agrégats en %


Agrégat de référence 2009 2012 2013*
PIB 1,7 6,8 5,1
Dépenses d'investissement de l'Etat 26,5 115,9 104,1
Masse salariale de l'Etat 16,2 58,4 45,0
Déficit budgétaire de l'Etat 76,9 92,9 95,0
Recettes IS 28,9 130,2 108,9
Recettes TVA6 31,7 107,6 84,4
Recettes IR 45,8 176,2 133,6
Valeur des exportations 10,8 30,4 24,2

La charge de compensation ne cesse de marquer la structure du budget de l'Etat. En moyenne,


sa part dans les dépenses totales représente 12,6 % entre 2005 et 2012 contre 3,4 % sur la
période 2001-2004. Par rapport au PIB, elle a fortement augmenté ces dernières années pour
représenter 6,8 % en 2012 et 5,1 % en 2013 contre une moyenne de 2,7 % sur la période
2005-2010 et 0,9 % entre 2001 et 2004.
 En 2012, la charge de compensation a dépassé, pour la première fois, les dépenses
d'investissement de l'Etat de près 16 %, soit 6 milliards DH, et a représenté 97,8 % des
recettes touristiques en devises.
 En 2013, la charge de compensation a dépassé les recettes fiscales au titre de l'impôt
sur le revenu. Elle a représenté 84,4 % du produit de la TVA revenant à l'Etat et 108,9
% des recettes de l'impôt sur les sociétés, alors qu'en 2009, son poids ne dépassait pas
46 % de chacun des deux impôts IS et IR et était à moins de 32 % de la TVA.
 En 2013, la charge de compensation a représenté l'équivalent de 24,2 % de la valeur
des exportations et de 77,6 % des recettes touristiques en devises contre
respectivement 10,8 % et 23,2 % en 2009.
La situation de l'exécution de la loi de finances 2013, fait ressortir une dépense au titre de la
compensation de 49,5 milliards DH couvrant à la fois la charge rattachable à cet exercice et
un montant de 10 milliards DH d'arriérés à fin 2012.

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La charge de compensation ne cesse de marquer la structure du budget de l'Etat. En moyenne,
sa part dans les dépenses totales représente 12,6 % entre 2005 et 2012 contre 3,4 % sur la
période 2001-2004. Par rapport au PIB, elle a fortement augmenté ces dernières années pour
représenter 6,8 % en 2012 et 5,1 % en 2013 contre une moyenne de 2,7 % sur la période
2005-2010 et 0,9 % entre 2001 et 2004.
 En 2012, la charge de compensation a dépassé, pour la première fois, les dépenses
d'investissement de l'Etat de près 16 %, soit 6 milliards DH, et a représenté 97,8 % des
recettes touristiques en devises.
 En 2013, la charge de compensation a dépassé les recettes fiscales au titre de l'impôt
sur le revenu. Elle a représenté 84,4 % du produit de la TVA revenant à l'Etat et 108,9
% des recettes de l'impôt sur les sociétés, alors qu'en 2009, son poids ne dépassait pas
46 % de chacun des deux impôts IS et IR et était à moins de 32 % de la TVA.
 En 2013, la charge de compensation a représenté l'équivalent de 24,2 % de la valeur
des exportations et de 77,6 % des recettes touristiques en devises contre
respectivement 10,8 % et 23,2 % en 2009.
La situation de l'exécution de la loi de finances 2013, fait ressortir une dépense au titre de la
compensation de 49,5 milliards DH couvrant à la fois la charge rattachable à cet exercice et
un montant de 10 milliards DH d'arriérés à fin 2012.

La loi de finances pour l'année 2014 prévoit, au titre de la charge de compensation, un


montant de 41,6 milliards de DH. Les crédits ouverts en 2014 sont répartis en 36,6 milliards
DH pour les produits pétroliers, 3 milliards DH pour le sucre et 2 milliards DH pour la farine.

1.2- Charge de la compensation par produit


La répartition de la charge de compensation, par produit, sur la période de 2009 à 2014.
S’établit comme suit :

Année Produits Sucre Farine Total


pétroliers
2009 7.417 2.649 2.175 12.241
2010 24.282 3.263 2.467 30.012
2011 43.499 4.998 3.366 51.863
2012 48.237 5.027 3.000 56.264
2013 38.800 3.600 2.000 44.400
2014 36.650 3.000 2.000 41.650

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 En 2012, la charge de compensation a été de 56,3 milliards DH contre une enveloppe
de 32,5 milliards DH prévue dans la loi de finances. Ceci a eu pour effet de creuser le
déficit budgétaire par rapport au PM dont le taux a atteint 7,3 % contre 2,2 % en 2009.
 En 2013, la charge de compensation a totalisé 44,4 milliards DH dont 38,8 milliards
pour les produits pétroliers, 3,6 milliards pour le sucre et 2 milliards pour la farine.
Elle est globalement en baisse de 21,1 % par rapport à l'année précédente, du fait à la
fois du repli des cours mondiaux, du taux de change favorable du dollar, du
ralentissement de la demande et des mesures prises par le gouvernement.
En outre, le système a généré, dans un contexte d'envolée des cours, des arriérés de paiement
importants vis-à-vis des opérateurs, notamment du secteur pétrolier. A fin 2012, ils ont atteint
le montant de 19 milliards DH pour redescendre à 9 milliards DH à fin 2013.
Les produits pétroliers fortement compensés en 2013, sont le gasoil pour 16,3 milliards DH, le
gaz butane pour 15,2 milliards DH. le fuel ONEE pour 5.1 milliards DH et le fuel
Comme le montre le tableau ci-dessous, le taux de subvention unitaire, en 2012 et 2013, par
rapport au prix de vente varie selon les produits compensés. Il oscille entre deux extrêmes : 10
% pour l'essence et 224 % pour le gaz butane.

Tableau 3: Part de la subvention par rapport au prix de vente en %

Produit 2012 2013


Gaz butane 224 201
Gasoil 50 38
Essence 20 10
Fuel industriel 54 33
Fuel ONEE 175 154
Fuel spécial ONEE 195 176

1.3- Répartition de la charge de compensation par catégorie de bénéficiaires

La répartition de la charge de compensation, par catégorie de bénéficiaires, fait ressortir les


chiffres suivants pour les années 2012 et 2013 :

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Tableau 4 : Répartition de la charge de compensation par catégorie de bénéficiaires en millions
DH

Catégorie/ Secteur bénéficiaire 2012 2013 Moyenne


en %
Agriculture et pêche maritime 13.245 11.200 24,3
Transport 9.285 7.000 16,2
Industrie, mines & secteur tertiaire 6.609 4.500 11,0
ONEE 7.196 5.150 12,3
Ménages / résidentiels 19.929 16.550 36,2
Total 56.264 44.400 100,0

La répartition entre les catégories de bénéficiaires figurant au tableau ci-dessus a été effectuée
sur la base de l'enquête du ministère chargé de l'énergie achevée en juillet 2012 qui a porté sur
la consommation énergétique par secteur d'activité.
Il se dégage des chiffres du tableau ci-avant que les catégories de bénéficiaires de la
compensation s'établissent, par ordre décroissant, comme suit :

- Ménages : 36,2 % ;
- Agriculture et pêche maritime : 24,3 % ;
- Transport : 16,2 % ;
- ONEE : 12,3 %.
- Industrie, mines et secteur tertiaire : 11,0 % ;

Les totaux figurant au tableau ci-dessus incluent les subventions dont bénéficient les
provinces du Sud en raison de la structure des prix qui leur est spécifique. Ces subventions ont
évolué comme suit :
- 2010 : 0,7 milliard DH ;
- 2011 : 1,6 milliard DH ;
- 2012 : 1,9 milliard DH ;
8 Répartition des subventions allouées au sucre faite sur la base de l'hypothèse que 50 %
bénéficient à l'amont agricole et 50% aux ménages
- 2013 : 1,1 milliard DH.

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La charge de compensation inclut également les subventions dont bénéficie le secteur public
(Etat, collectivités territoriales, établissements et entreprises publics), au titre de ses
consommations en carburant et combustibles pour les besoins de l'exploitation et du parc des
véhicules et ce, hors fuel ONEE. Les montants de ces subventions ont évolué comme suit :
- 2011 : 1,6 milliard DH ;
- 2012 : 1,6 milliard DH ;
- 2013 : 1,1 milliard DH.

1.4- Charge de la compensation par ménage

Sur la base estimative de 6,8 millions de ménages9 dont 1,8 million utilisent un véhicule de
tourisme, le tableau ci-après fait ressortir, au titre de 2012 et 2013, le montant de la
subvention directe dont bénéficient chaque ménage et sa répartition par produit compensé :

Tableau 5 : Subvention par ménage en DH

Produit compensé 2012 2013


Montant Montant Montant Montant
annuel mensuel annuel mensuel
Gaz butane 1.372 114 1.321 110
Farine 441 37 294 24
Sucre 368 31 265 22
Total par ménage sans véhicule (A) 2.181 182 1.880 156
Essence — Gasoil (B) 2.815 235 2.063 172
Total par ménage avec véhicule (A+B) 4.996 417 3.943 328

Il se dégage des chiffres du tableau ci-dessus qu'en moyenne, chaque ménage a bénéficié de
ce qui suit :
2012 :
 Ménage sans véhicule : 2.181 DH par an, soit 182 DH par mois ;
 Ménage avec véhicule : 4.996 DH par an, soit 417 DH par mois
2013 :
 Ménage sans véhicule : 1.880 DH par an, soit 156 DH par mois ;
 Ménage avec véhicule : 3.943 DH par an, soit 328 DH par mois.

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Le gaz butane représente la part la plus importante des subventions dont bénéficient les
ménages sans véhicules avec 63 % et 70 %, respectivement en 2012 et 2013.
Concernant les ménages avec véhicules, le gasoil et l'essence constituent la part prépondérante
avec 56 % et 52 %, respectivement en 2012 et 2013.
Ces calculs ont été faits sur la base d'une hypothèse que 80 % des véhicules classés de
tourisme et immatriculés par le ministère du transport (2,2 millions à fin 2012) appartient à
des ménages, soit 1,8 million. Le reste appartient au secteur public et aux entreprises. Le
calcul a également tenu compte du fait que 68 % des véhicules de tourisme consomment du
gasoil et 32 % fonctionnent à l'essence.
Les ménages bénéficient également, de façon indirecte, de la sous-tarification des services de
transport et d'électricité du fait de la compensation des produits pétroliers que les secteurs
concernés consomment.

1.5- Balance entre les recettes issues des produits compensés et la charge de
compensation

Dans les pays qui subventionnent les produits pétroliers, il est d'usage d'établir une balance
entre les taxes perçues sur les ventes de ces produits et les subventions versées.
Durant la période de 2009 à 2013, les recettes fiscales et autres ressources de la Caisse de
compensation ont évolué comme suit :

Tableau 6 : Balance de la charge de compensation en millions DH

Impôt 2009 2010 2011 2012 2013


Droits de douane et PFI sur le sucre 1.165 1.503 1.837 1.891 1.294
TVA à l'intérieur sur le sucre 137 259 277 321 320
TIC sur produits énergétiques 11.708 12.308 12.943 13.323 13.014
TVA sur les produits énergétiques à l'import 3.967 6.920 9.363 10.595 9.652
TVA à l'intérieur sur les produits énergétiques 105 236 628 392 530
Recettes de péréquation 1.171 1.123 1.141 1.162 1.206
Taxe parafiscale à l'importation 120 123 168 189 160
Recettes de restitutions sur le sucre 74 78 81 87 90
Total des recettes (A) 18.447 22.550 26.438 27.960 26.266
Charge de la compensation (B) 12.241 30.012 51.863 56.264 44.400
Balance (B-A) +6.206 -7.462 -25.425 -28.304 -18.134

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Alors que le solde net de la compensation était en faveur du budget de l'Etat pour plus de 6,2
milliards en 2009, il est devenu négatif à partir de 2010 et n'a cessé de s'amplifier d'année en
année pour atteindre un pic de plus de près de 28,3 milliards de DH en 2012, puis 18,1
milliards DH en 2013.
Les recettes fiscales sur les produits compensés par rapport au PIB ont évolué, sur la période
de 2009 à 2013, comme suit :

Tableau 7 : Recettes fiscales / PIB en milliards DH

Recettes fiscales sur % du PIB


Année produits compensés
2009 17,2 2,3
2010 21,2 2,8
2011 25,2 3,1
2012 26,5 3,2
2013 24,9 2,8

2- Les réformes récentes :


2.1- Introduction

La hausse du prix des carburants au Maroc a relancé le débat sur l’utilité de la caisse de
compensation, son rôle et aussi son objectif. La politique des subventions remplie t’elle
l’ensemble de ses fonctions ? À savoir stabiliser les prix, maintenir le pouvoir d’achat des
consommateurs mais aussi, et principalement, réduire les inégalités sociales.
Ce n’est pas pour justifier ces dernières décisions, mais il est important de rappeler que le
gouvernement actuel d’ABDELILLAH BENKIRANE arrive à un moment particulièrement
difficile sur le plan économique et social. Non seulement il hérite d’un exercice qui a
enregistré le plus lourd déficit budgétaire depuis une dizaine d’années (7%), lui laissant par
conséquent une très faible marge de manœuvre, mais en plus la crise internationale n’a pas
fini de déployer ses effets sur l’économie marocaine et plus précisément la hausse du prix des
produits pétroliers.
Depuis sa création en 1941, la caisse de compensation a toujours tenu une place importante
dans le budget de l’Etat, passant de 8 milliards de Dirhams en 2004, à 52 milliards de
Dirhams en 2011, soit une augmentation de 44 milliards de Dirhams en l’espace de 7 ans. En
faisant des comparaisons avec les dépenses d’exploitation et d’investissement des ministères
les plus budgétivores, le constat est encore plus effarant, c’est 90% de ce qu’alloue le Maroc

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au secteur de l’éducation nationale, plus d’une fois et demie ce qu’il consacre à la Défense
nationale, près de trois fois ce qu’absorbe le ministère de l’intérieur et quatre fois ce que le
secteur de la santé exige.
Aujourd’hui, l’Etat ne peut plus se permettre de faire sortir des milliards de dirhams pour
payer l’enveloppe réservée à la caisse de compensation, d’autant plus qu’elle ne remplie pas
sa fonction la plus importante, à savoir venir en aide à la classe sociale la plus défavorisée.
La réforme de la politique des subventions n’est plus une option parmi d’autres, c’est une
urgence !!
Pour bien expliquer le rôle de la caisse de compensation, il est important que cette dernière
trouve un équilibre entre sa fonction économique et sociale:
Pour ce qui est du rôle économique, oui la caisse de compensation participe à la stabilité des
prix de première nécessité en stabilisant le prix des produits subventionnés, à savoir la farine,
le sucre, le gaz butane et le carburant. Mais la question qui se pose est :

« Qui profite réellement des subventions ? » (Socialement).

SOURCE: MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES ET GÉNÉRALES, GESTIONNAIRE DE


LA CAISSE DE COMPENSATION – ANNÉE 2011

En effet, 13% de la population qui représente la classe riche profite de 42% des subventions,
tandis que la classe pauvre qui est de 34% ne bénéficie que de 7%. Par ailleurs, ce système de
subventions profite aux entreprises qui détournent les produits subventionnés et plus
précisément les produits pétroliers destinés à l’usage domestique vers un usage industriel.

Page 20
Comme nous l’avons bien remarqué le plus gros problème de la caisse de compensation est sa
défaillance au niveau de la politique de ciblage, sachant qu’il y a un déséquilibre énorme entre
les bénéficiaires des subventions de la caisse de compensation. Pour cela l’Etat se trouve dans
l’obligation de créer un programme de ciblage qui répondra aux demandes de la catégorie
sociale la plus défavorisée.
Trop longtemps repoussée, la réforme de la Caisse de compensation est désormais inscrite à
l’ordre du jour. Le système de compensation doit désormais, au-delà de la simple préservation
du pouvoir d’achat, avoir pour ambition une double finalité : la réduction des inégalités
sociales et l’éradication de la pauvreté.  Cela fait 10 ans que les gouvernements se suivent et
se ressemblent, tous ont parlé d’une réforme au niveau de la caisse de compensation mais
aucun d’eux ne veut s’approprier cette responsabilité de peur de faire un mauvais pas quelque
part et se perdre en chemin. Aujourd’hui, BOULIF fait augmenter le Gasoil à 8,15 DH/litre au
lieu de 7,15 DH/litre (hausse de 1 DH par litre), l’Essence à 12,18 DH/litre au lieu 10,18
DH/litre (hausse de 2 DH par litre), le Fioul industriel à 4666,04 DH/tonne au lieu de 3678
DH/tonne (hausse de 988,04 DH/tonne). A mon avis, cette hausse touchera en premier lieu la
classe aisée, ainsi que les entreprises qui profitent et consomment la plus grande part des
produits subventionnés et plus précisément les produits pétroliers. Mais cette hausse pourrait
avoir un impact direct sur le pouvoir d’achat de la classe pauvre et moyenne, sachant que
l’essence sert de matière de consommation intermédiaire pour beaucoup d’autres éléments de
première nécessité.
Bref, avec une économie qui dépend directement de la pluie, du tourisme et de la demande
européenne qui ont tous répondu absent à l’appel. Avec une hausse des prix des carburants
qui risque d’augmenter le prix des produits de première nécessité et toucher directement le
pouvoir d’achat des consommateurs qui ne verront pas leurs salaires augmenter contrairement
aux taxes et impôts. La population a commencée de penser qu’ABDLILAH BENKIRANE est
entrain de scier la branche sur laquelle il est assis.

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2.2- Réforme progressive des subventions

Suite à l’ajustement des prix en 2012 et à l’application du système d’indexation en 2013, les
subventions unitaires des carburants ont été progressivement supprimées. Ces subventions
s’étaient élevées en 2012 à 4 DH/L pour le gasoil, 2,3 DH/L pour le supercarburant, 2498
DH/T pour le fuel N2 à usage industriel, 4166 DHT et 5084 DH/T respectivement pour le fuel
N2 et le fuel spécial destinés à la production de l’électricité.

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Réduction de la charge de compensation
Suite à l’effet conjugué de la mise en place du système d’indexation des carburants et la
baisse des cours des produits pétroliers sur le marché international, la charge de compensation
globale a baissé de 56,6 MMDH en 2012 à 32,7 MMDH au titre de l’année 2014.

A noter que la réforme du système de compensation des produits pétroliers a permis d’une
part, d’éviter le dépassement des plafonds arrêtés par les lois de finances, et d’autre part,
d’apurer les arriérés cumulés lors des années antérieures au titre de la compensation

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CHAPITRE II
Le système de compensation à l’international

Section 1 : Le système de compensation à l’international


Les expériences internationales en matière de réforme du système de subvention des prix de
produits pétroliers et alimentaires, constitue pour le Maroc des références et des leçons à bien
étudier afin d’en tirer les points positifs et d’éviter ceux négatifs.

1- L’expérience brésilienne : "Bolsa Família : une nouvelle génération de programmes


sociaux au Brésil"

Les dix premières années du XXIe siècle ont été des années de changements attendus depuis
longtemps au Brésil. Le pays présente une distribution des revenus parmi les plus inégales du
monde. Malgré les changements de régime politique et la croissance économique, les
indicateurs qui les mesurent, comme le coefficient de Gini, sont restés stables entre les années
1970 les années 1990. Au niveau de développement du pays, mesuré par exemple par le
revenu par habitant, la proportion de pauvres était relativement élevée, révélant un pays plus
injuste que pauvre. Mais au cours de la première décennie du second millénaire, on a assisté à
une réduction graduelle et constante des inégalités de revenu qui, associée à la croissance
économique, a réduit la pauvreté au Brésil de façon significative.
Les deux tiers de la baisse récente des inégalités de revenu peuvent être expliqués par
l’amélioration des revenus du travail, liée à une augmentation significative du salaire
minimum, le dernier tiers étant lié aux programmes de transferts de revenus vers les plus
pauvres. A partir du milieu des années 1990, le gouvernement a commencé à chercher une
meilleure réponse aux problèmes des plus vulnérables en se focalisant sur les programmes de
transfert conditionné de revenu. L’exigence de contreparties inclue dans ces derniers est
devenue la référence pour les actions gouvernementales dans leur politique de combat contre
la pauvreté. Au moment de son lancement en 2003, le programme Bolsa Família a profité à
3,6 millions de familles (soit 14,4 millions de personnes) avec un financement de 3,4 milliards
de Reais, soit seulement 1,6% des dépenses sociales (représentant 0,5% du PIB) selon les
données du ministère du Développement social et de la Lutte contre la faim et du ministère de
la Planification, du Budget et de la Gestion. Le programme, qui visait les plus pauvres et s'est

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rapidement développé- la couverture des bénéficiaires a augmenté -, a eu un impact
significatif sur les inégalités de revenu et la pauvreté au Brésil.
Les programmes de transfert conditionné de revenu du type Bolsa Familia représentent une
importante innovation dans la politique sociale brésilienne en ce sens que celle-ci n’a pas
seulement pour objectif d’alléger la pauvreté avec le transfert de revenus mais aussi de
combattre ses causes à l’aide de conditionnalités qui génèrent des incitations à des
investissements en capital humain.  Cette conception, qui déplace l’accent de l’assistance
sociale vers le développement social, est la caractéristique d’une nouvelle génération de
programmes sociaux. Le programme Bolsa Familia s’appuie ainsi sur le transfert de revenu,
les conditionnalités et les programmes complémentaires. Les transferts de revenus permettent
de lutter contre la pauvreté de façon immédiate, alors que les conditionnalités cherchent à
renforcer l’accès aux droits sociaux de base dans les domaines de l’éducation, la santé et
l’assistance sociale.
 L’expérience brésilienne est intéressante en raison des défis d'un pays aussi grand et
diversifié et par le fait que de tels programmes sont le résultat d’un processus d’apprentissage
dans la conduite de la politique sociale plutôt que l'option idéologique d’un Etat néolibéral
comme l’avait suggéré le débat des années 1990 sur ce sujet. Par ailleurs, bien que les
ressources du programme Bolsa Familia ne représentent qu’un faible pourcentage du PIB,
celui-ci s'avère efficace dans la mesure où l’on observe une diminution significative des
inégalités et de la pauvreté au Brésil au cours de la période d’augmentation de la couverture et
des avantages.

2- L’expérience mexicaine : " Le Progresa-Oportunidades"

Le Progresa-Oportunidades attribue des aides financières directes (145 pesos mensuels en


2004, soit un peu plus de 11 dollars US) et des compléments alimentaires aux familles
sélectionnées afin de contribuer à l’amélioration de la quantité, de la qualité et de la diversité
de leur alimentation, de sorte que leur niveau nutritionnel s’en trouve relevé.
La composante de santé du programme poursuit quatre stratégies, qui concernent
principalement la prévention :
 fournir gratuitement le « paquet de base » des services de santé   ;
 Prévenir la dénutrition des enfants dès la période de gestation grâce à des
compléments alimentaires ;

Page 25
 Inciter les familles et la communauté à prendre leur santé en main, grâce à une
formation en santé, nutrition et hygiène ;
Et renforcer l’offre de services pour satisfaire la demande supplémentaire (mais cela ne
dépend pas du programme).
Les bourses d’éducation du Progresa s’adressaient à chaque jeune de moins de 18 ans inscrit
dans un établissement public pour les niveaux compris entre la troisième année du primaire et
la troisième année du secondaire. Celles qui ont été créées dans l’étape
d’Oportunidades concernent le lycée et les jeunes entre 14 et 20 ans. Les bourses sont
attribuées pour les dix mois du cycle scolaire. Leur montant augmente avec le niveau suivi et
il est plus élevé pour les filles. À ces bourses individuelles s’ajoutent 130 pesos annuels pour
l’acquisition de fournitures scolaires. Cet argent est destiné en priorité aux dépenses liées aux
études (vêtements, chaussures, papeterie, transport).
Cependant, le total familial de ces allocations ne doit pas dépasser un maximum établi à 1 500
pesos par mois. La fixation de ce maximum a pour but d’éviter la dépendance envers les
aides, mais signifie également que celles-ci doivent se maintenir en dessous de la ligne de
pauvreté, alors fixée à 1 738 pesos. Le but duProgresa-Oportunidades est en effet
d’encourager chaque famille à s’efforcer de sortir de la pauvreté, ou du moins d’améliorer sa
situation  .
Cette approche familiale de la pauvreté excluait au départ les vieillards sans ressources et
isolés ; le programme finit par les intégrer progressivement (aussi bien des hommes que des
femmes) en leur attribuant 250 pesos mensuels en 2006, qui pourraient tenir lieu de petite
retraite. Il semblerait qu’en milieu rural, tous les foyers, jeunes ou vieux, avec ou sans enfants
répondant aux critères d’extrême pauvreté reçoivent désormais l’allocation de base du
programme.
Les bourses éducatives et le soutien monétaire familial sont distribués tous les deux mois (le
délai peut être rallongé pour des raisons administratives) dans des lieux choisis pour leur
caractère central (le marché du chef-lieu d’une municipalité, par exemple, qui permet en outre
de s’approvisionner immédiatement en produits alimentaires frais), par une entreprise sous
contrat qui remet à chaque mère titulaire du programme l’argent en liquide (et, le cas échéant,
les compléments alimentaires) correspondant à l’ensemble des prestations. Le but explicite du
programme est d’améliorer la santé et l’alimentation des familles pauvres et de permettre à
leurs enfants (surtout les filles, qui accusent un certain retard) d’étudier de manière assidue.
Le programme reconnaît aux mères leur rôle central dans l’économie familiale, rejoignant
ainsi une démarche hygiéniste  .Le non respect de la coresponsabilité des familles conduit à la

Page 26
suspension des prestations. Mais au-delà de ces indications, d’autres questions se posent, qui
ont à voir avec la représentation que l’on se fait des différents membres de la famille, de leur
identité et de leur mode de vie. L’intromission du programme dans la vie privée n’est pas
exempte de préjugés. C’est le cas en particulier de la représentation des hommes dans ce
schéma familial centré sur la mère et ses enfants : le père est généralement perçu comme
alcoolique et ses fonctions productives sont éludées.
La conditionnalité de l’aide du Progresa-Oportunidades repose sur l’assiduité à l’école et sur
le suivi de santé familiale (à la fois la participation des mères aux séances mensuelles
d’éducation sanitaire et l’assistance aux visites médicales familiales), ce qui donne un
ascendant aux enseignants et aux médecins. L’énorme absentéisme scolaire dans les zones
rurales, causé essentiellement par le travail des enfants, justifie que l’attribution des bourses
scolaires soit soumise au contrôle de l’assiduité. Quant au service offert dans le domaine de la
santé, il s’agit surtout de prévention : mesurer et tenter de remédier à la dénutrition infantile,
prévenir le cancer de l’utérus chez les mères, réviser la dentition et la vue des enfants (sans
fournir ni lunettes ni prothèses dentaires), informer les mères sur les procédés hygiéniques,
alimentaires et contraceptifs  , ce qui contribue effectivement à changer les habitudes en
profondeur. Mais en ce qui concerne les maladies, l’assistance lors des accouchements ou de
petites opérations de chirurgie, de nombreux centres de santé ne disposent ni du matériel ni
des médicaments adéquats. Dans tous les cas, il s’agit d’établissements publics ouverts à toute
la population, mais les horaires d’accueil pour les « familles Progresa » les stigmatisent
comme étant un groupe qui ne peut prétendre qu’à un certain type de traitement et non quand
sa santé l’exige.

Il convient de considérer que, dans le domaine de la santé, les expectatives peuvent être
énormes et la déception plus grande encore. Comment peut-on répondre à une demande créée
chez des familles pauvres qui ne recouraient pratiquement jamais aux soins médicaux si on ne
développe pas le service en conséquence ? Des centres de santé débordés, des carences en
matériels et médicaments sont, encore aujourd’hui, monnaie courante. Là, le but du
programme de changer les mentalités risque de se heurter à ses propres limites.
Autre facteur limitant, les prestations de Progresa-Oportunidades sont attribuées pendant trois
ans, puis la situation socio-économique des familles bénéficiaires est évaluée afin que, le cas
échéant, l’aide soit reconduite. Ce délai de trois ans n’est raisonnablement pas suffisant pour
sortir une famille de l’extrême pauvreté. Si l’on ne considère que la scolarité, objectif central

Page 27
du programme, que signifie une bourse de trois ans alors même que son application est
désormais étendue à la totalité du cycle secondaire ?

3- L’expérience indonésienne : transferts monétaires inconditionnels destiné aux


pauvres

L’Etat indonésien avait mis un système de compensation des prix des produits pétroliers, et la
vérité des prix étaient largement supérieure aux prix de vente au public. En effet, l’Etat avait
compensé plus de 300% du prix de Kérosène, carburant social servant à l’éclairage et à la
cuisson, plus de 114% du prix des carburants utilisés par les transporteurs.
L’histoire de l’Indonésie a été marquée par des protestations violentes contre des tentatives de
hausses des prix du carburant. Cependant, en 2005, le gouvernement a réussi à augmenter les
prix de 29 % en mars et de 114 % en octobre, soit suppression totale de la subvention de prix
des carburants. Ainsi, les prix des carburants destinés aux industriels ont été indexés sur le
marché international.
Nul n’ignorait que la subvention des prix du carburant, bien qu’étant destinée aux pauvres,
était largement contreproductive et engendrait les problèmes habituels de contrebande, de
frelatage de carburant et de pénurie. En outre, elle n’avait pas pu empêcher les spéculations
sur les prix dans les zones les plus pauvres.
L’acceptation générale de la réforme et des véritables flambées des prix qu’elle a entrainée a
bénéficié de la crédibilité du gouvernement nouvellement élu et de la décision prise en 2006
de réorienter l’épargne issue de la réduction de la subvention vers la mise sur pied d’un
programme sans précédent de transferts monétaires inconditionnels destiné aux pauvres. Le
transfert a été versé directement aux ménages éligibles à travers un vaste réseau de services
postaux.
Le gouvernement a organisé des campagnes d’information sur toute l’étendue du territoire
national pour informer le public au sujet de ce mécanisme de compensation qui, pour les
pauvres, allait au-delà de la compensation des hausses des prix. Le gouvernement a également
organisé des évaluations continues de l’exécution des programmes de transferts monétaires et
a trouvé des solutions aux problèmes identifiés. La perception générale a longtemps été que
toute extension des dépenses des filets de sécurité existants risquerait d’être accaparée par les
ménages à revenus élevés. En outre, le gouvernement a puisé dans l’épargne réalisée pour
financer les programmes de réduction de la pauvreté dans les secteurs de l’éducation, du
développement rural et de la santé.

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Le gouvernement a indiqué que le programme de transferts monétaires deviendra conditionnel
après un an. Ainsi, le gouvernement est en train de passer des subventions généralisées des
prix à une assistance ciblée, tout en envisageant une stratégie de sortie.
Ce programme a permis d'éviter la répétition des actes de vandalisme, des morts et des
perturbations sociales généralisées qui accompagnaient les précédentes hausses des prix du
carburant.
En langage des chiffres, toute famille nécessiteuse bénéficie d’un montant forfaitaire de
transfert fixé à 50 000 roupies tous le trois mois (200 000 roupies par an), avec des montants
supplémentaires suivant le ménage :
• Femme enceinte ou allaitante: transfert additionnel de 800 000 roupies / an
• Enfants en âge préscolaire : transfert additionnel de 800 000 roupies /an
• Enfants de l’école primaire reçoivent un transfert additionnel de 400 000 roupies /an
Bien entendu que les montants supplémentaires sont à la base de trois enfants au maximum, et
que les transferts monétaires directs sont adressés à la mère ou la femme adulte responsable
des enfants dans la famille.
Les transferts monétaires conditionnels aux familles extrêmement pauvres, connu sous le nom
« programme Famille Espoir » sont perçus à condition de suivre la santé des femmes et des
enfants, et d’inscrire à l’école les enfants en âge scolaire.
Au plus de système des transferts monétaires (inconditionnels et conditionnels), le
gouvernement indonésien a réaffecté les économies vers trois autres programmes
complémentaires.
Il s’agit d’un Programme d’Education présenté sous forme des aides octroyés aux écoles pour
réduire la contribution financière des élèves et maintenir la qualité de l’éducation. Le second
est un Programme de Santé dans le but d’assurer la gratuité des soins de santé aux pauvres. Le
dernier Programme d’Infrastructure rurale sous forme des dons forfaitaires aux villages.
Le programme de transferts monétaires de l'Indonésie a ciblé les ménages pauvres et quasi-
pauvres, avec pour résultat plus de 20 millions de bénéficiaires confirmé (environ 1/3 de la
population), ce programme a permis à Indonésie de récolter des résultats très bénéfiques à
moyen terme en atteignant un taux de croissance économique supérieur à 6% et un niveau de
développement humain favorable.

Page 29
4- L’expérience Turque : transferts monétaires conditionnels
Le profil de pauvreté de la Turquie en 2004 a montré qu’un pourcentage relativement faible
de la population vit dans la pauvreté absolue (moins de 1%), mais qu’une plus grande frange
de la population (plus de 25 %) est relativement pauvre et risque de sombrer dans la pauvreté.
Les risques sont plus grands pour les populations rurales, ainsi que pour les ménages
nombreux et ceux moins éduqués, quels que soient leurs lieux de résidence. Un filet de
protection sociale, le « Programme d'atténuation des risques sociaux » (SRMP), dirigé par la
Direction générale de l’assistance sociale et de la solidarité (GDSAS), offre de l’aide sous
deux formes :
- Une sécurité sociale dépendante de la contribution du bénéficiaire.
- Une sécurité sociale et des services sociaux sans critère de contribution.

Les bénéficiaires de l’assistance sont les pauvres, les invalides, les enfants nécessitant une
protection, les personnes âgées nécessitant de l’aide, les veuves et les orphelins et les familles
dans l’impossibilité de payer les soins médicaux.

Le SRMP est composé de trois éléments principaux : le développement institutionnel, les


transferts monétaires conditionnels (TMC), et les initiatives locales. Les TMC sont octroyés
pour améliorer les performances en matière de santé et d’éducation. Les bénéficiaires
reçoivent un transfert monétaire mensuel pour une période de temps prédéterminée (de 9 à 12
mois selon les cas) afin de soutenir leurs efforts de scolarisation des enfants ou pour
promouvoir des examens médicaux préventifs pour les femmes enceintes. Des comptes
bancaires sont ouverts pour permettre à chaque bénéficiaire de recevoir les transferts
monétaires. Quand cela n’est pas possible, les bénéficiaires peuvent réclamer l’aide monétaire
dans les bureaux de poste. Les TMC ont remplacé un système de ciblage qui procédait par des
estimations ad-hoc de la richesse et du revenu des ménages sur la base des déclarations
individuelles, ne prenant ainsi pas en compte ceux qui tirent leur revenu du vaste secteur
informel du pays. Le test d’approximation des niveaux de revenu (PMT) est actuellement
employé pour cibler les bénéficiaires. Il repose le calcul d’un index simple fondé sur
l’observation réelle de critères (structure du ménage, emplacement et qualité de l'habitat,
propriétés de biens durables, etc.). Les conditions d’obtention des TMC sont liées aux
objectifs de réduction de la pauvreté avec des exigences spécifiques pour recevoir des
indemnités pour frais d’éducation, pour frais médicaux et/ou des indemnités de maternité
(santé). Le niveau des avantages est déterminé selon les contraintes budgétaires basées sur la

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valeur d’un « panier de consommation » comprenant les besoins en éducation et en santé
d’une famille, mais également selon le budget disponible en matière d’assistance sociale. Les
avantages sont ajustés annuellement selon l’indice des prix à la consommation pour la
Turquie. Sept autres catégories de « cibles » en matière d’éducation et de santé reçoivent des
prestations différenciées. Le système PMT/TMC, qui est conçu à partir d’un logiciel inspiré
par internet, a été initié en 2002, perfectionné en 2004 et utilisé par presque toutes les 1.000
agences locales du GDSAS à travers le pays. Le PMT est complété par des vérifications de
sécurité sociale centrales bimensuelles des bénéficiaires. En 2006, le système couvrait 2,5
millions d'enfants pour un montant de 212 millions de dollars d’aide versée.

Une récente étude d’impact comprenant des évaluations qualitatives et quantitatives montre
que le programme permet effectivement d’atteindre les plus pauvres, ainsi que les objectifs
d’assistance sociale qui lui ont été assignées. Les améliorations nécessaires devraient se
concentrer sur une meilleure coordination entre les ministères concernés, la réduction des
retards dans les paiements et la conception d’une stratégie de sortie. Les bénéficiaires
s’interrogent encore sur les critères de sélection et les conditions imposées. Prenant en compte
les leçons de la Turquie et le contexte du Maroc, les observations suivantes peuvent être faites
- Les TMC ne peuvent fonctionner seulement que là où les services sociaux existent et sont
fournis avec un niveau de qualité acceptable.
- Le PMT est efficace dans les pays où il y a un vaste secteur informel. - Les disparités
régionales dans l’éducation et les conditions socioéconomiques doivent se refléter dans les
niveaux de bénéfices fournis.
- Les données sur les indicateurs de base ainsi qu’une base de données de bonne qualité et
suffisamment exhaustive sont nécessaires pour faciliter la mise en œuvre et éviter des erreurs
de système.

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Section 2 : Le système de compensation à l’international cas d’IRAN
En remplaçant les subventions aux combustibles et aux aliments par des transferts directs à la
population, l’État iranien fournit depuis 2010 un revenu à chaque citoyen résidant dans le
pays. Comment l’Iran a instauré un revenu de base sans le vouloir ?
1- Le contexte économique iranien
Le pays est relativement riche et se développe mais avec beaucoup de pauvreté affligeant de
nombreuses couches de la population. Des politiques erronées sont en grande partie
responsables de l’état des choses mais des réformes récentes ouvrent des perspectives
prometteuses. La population s’élève à 75 millions dont les 2/3 sont des urbains. Le revenu par
habitant est d’environ 4.500 $ en 2002 avec un coefficient de Gini de l’ordre de 0,44. La
pauvreté a baissé, passant de 40% de la population en 1980 à 12% en 2009. La croissance est
restée modeste et l’inflation persistante. L’enseignement primaire est quasi universel avec 4
millions d’étudiants dont 2/3 de femmes. Les exportations de gaz rapportent environ 1.000 $
par habitant. Elles financent environ la moitié du budget de l’Etat.
Le pays est loin de garantir les droits sociaux garantis par la Constitution. De nombreux
Iraniens restent marginalisés et n’obtiennent pas leur juste part des aides de l’Etat. La majeure
partie de l’aide publique se fait par le biais de subventions pour les carburants, la farine, le
lait, l’huile, le sucre. L’énergie représente près de 90% des subventions, soit environ 30% du
PIB (100 milliards de $/an). Injuste et inefficace, ce procédé a conduit à une consommation
excessive d’énergie et à une forte contrebande avec les pays voisins. En outre, ce sont surtout
les riches qui en ont profité, 70% du total allant à 30% de la population.

2- La réforme du système de subvention des prix


Le 23 juin 2008, le Président Ahmadinejad a présenté son plan de remplacement des
subventions sur l’énergie et l’alimentation par une subvention en espèces directement versée
aux citoyens, accompagné par une réforme de la fiscalité, des douanes, des banques, des
assurances, afin de réduire les gaspillages et préserver l’environnement. À l’époque, il a invité
les citoyens nécessiteux (les déciles inférieurs) à remplir un formulaire sur leur situation
socio-économique. En raison de la crainte de nombreux passe-droits, la proposition de
réforme a généré une assez forte opposition obligeant le gouvernement à modifier son projet
initial finalement adopté en janvier 2010. Ainsi ont été changées les populations ciblées, le
rythme de mise en œuvre, le contrôle des ressources générées par la réduction des
subventions, successions de compromis pour vaincre les oppositions principales.

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Au final on est ainsi parvenu à un système ayant les caractéristiques d’un revenu de base pour
tous, même si cela n’a jamais été dans l’intention du législateur. Cette expérience est riche
d’enseignement car elle montre en quoi l’apport d’un revenu de base est à même de marier
justice et efficacité.

3- Les principaux points de désaccord et leur résolution.


Notons qu’il existe aussi en Iran divers autres programmes de transferts de fonds, par exemple
l’ouverture d’un compte d’épargne pour les nouveaux nés, à hauteur de 1.000$ apportés par le
gouvernement. Il est ensuite complété par des versements réguliers et si possible avec la
contribution des parents pour l’obtention d’un capital à l’âge de 18 ans.
Il est bon de rappeler aussi que le versement d’un revenu à tous figurait déjà en 2005 dans la
plateforme électorale du candidat Karoubi qui s’était engagé à verser à tout Iranien de plus de
18 ans 50 dollars par mois, financés principalement par les exportations de pétrole. Cette
proposition fut largement rejetée car considérée comme démagogue, faisant de chaque Iranien
un mendiant. Elle fut vite oubliée. Comme dans le plan Ahmadinejad on parle de subventions
en espèces, il ne s’agit plus d’une aumône dans l’esprit du plus grand nombre mais le moyen
de compenser la perte des subventions auxquelles ils étaient habitués. En outre la nouveauté a
résidé dans l’énormité des hausses de prix prévues, de l’ordre de plusieurs centaines de pour
cent. Pour éviter les troubles sociaux il a donc fallu distribuer une allocation en espèces
élevée. C’est ainsi que sur les économies générées par la suppression des subventions, l’Etat
en affecte 50%, soit environ 15% du PIB, aux versements directs aux ménages, l’autre moitié
étant versée à l’industrie et à l’agriculture pour compenser le handicap de la perte de
subventions.

4- Le ciblage initial
L’intention première a été de cibler les ménages gagnant moins que la moyenne nationale.
Pour en bénéficier les chefs de ménages ont dû venir s’inscrire de façon volontaire auprès de
30.000 centres. Les revenus déclarés ont ensuite été corroborés avec des indicateurs de
richesses (surface habitable par personne, possession d’une automobile, niveau de scolarité,
prêts familiaux, etc.). Les ménages ont alors été répartis en 3 groupes : les 4 déciles inférieurs
pour l’obtention du transfert le plus élevé, les 3 déciles intermédiaires recevant un peu moins,
les 3 supérieurs ne percevant rien.

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Devant le mécontentement de la population accusant le manque de fiabilité du classement
ainsi opéré et l’opposition des 30% les plus riches qui ne percevraient rien, il fut décidé de
faire machine arrière et d’accorder un droit universel. De l’enregistrement primaire seule
subsiste la composition du ménage, mise à jour automatiquement tous les six mois à partir des
informations fournies par l’état civil. En décembre 2010, 60 millions de personnes s’étaient
enregistrées et avaient fourni un compte bancaire, soit 80% de la population…Six mois après
le lancement du programme, à la mi-2011, ce nombre est passé à 72,5 millions, soit 97% de la
population.
5- Le rythme de mise en œuvre et Montant du transfert
5.1- Le rythme de mise en œuvre
Il était acquis que le prix des produits autrefois subventionnés devait approcher celui des prix
internationaux pour les produits échangeables (carburants et nourriture) et le coût de
production pour l’eau et l’électricité. Ainsi les prix en vigueur devaient fortement augmenter,
même de 10 fois dans certains cas, d’où l’importante question du rythme de mise en œuvre.
En allant trop vite, ne risquait-on pas de dérégler l’économie et de générer de l’inflation?
Aussi après un long débat et une certaine opposition entre le gouvernement et le Parlement,
une mise en œuvre progressive fut privilégiée, bien que certaines subventions aient été
coupées d’un seul coup.

5.2- Montant du transfert


C’était un sujet de discussion. Sur un budget de transfert de 100 Mds, 50% serait disponible
pour la distribution aux ménages comme nous l’avons vu précédemment. Cela permet une
distribution de 70$ par mois et par personne, mais si la mise en œuvre s’échelonne sur 5 ans,
14 $ seulement seraient alloués la première année, somme dérisoire dans un pays où le salaire
mensuel minimum est de 330 $.
En retardant le lancement de la réforme et en raccourcissant les étapes initialement prévues,
l’allocation a pu être portée à 45 $ par personne, somme suffisante pour assurer un soutien
populaire. Pour une famille de 4 personnes cela représente 180 $, soit plus de la moitié du
minimum mensuel de 2011 (330 $). En outre, la hausse parallèle des prix a favorisé des
groupes à faible revenu car bénéficiant moins des subventions supprimées sur les produits. Et
puis à la mi-2011, le versement a été porté à 72,5 $ (soit environ 22% du salaire minimum)
pour 97% de la population, selon une progression plus rapide que celle initialement prévue.

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6- Différences avec un revenu de base
Le revenu de base est un droit légal assurant à chacun un niveau de sécurité économique. En
Iran ce revenu calculé par personne (enfants compris) n’a nullement porté sur une allocation
fondée sur un droit à un revenu sans contrepartie, mais pour compenser la perte de
subventions. Il est né pour corriger les mauvaises allocations des ressources nationales et leur
répartition inéquitable. C’est ainsi que cette compensation a permis d’éliminer les subventions
sur les prix en général inefficaces.
Il profite à tout Iranien résidant en Iran excepté à ceux qui y renoncent volontairement car ils
en contestent le bien fondé. Pour autant, leur choix peut être annulé à tout instant. En sont
exclus les Iraniens vivant en dehors du pays car ils ne sont pas touchés par la hausse des
prix. En sont exclus de même, les étrangers résidant en Iran, principalement réfugiés
d’Afghanistan et d’Irak, pourtant subissant la hausse des prix de plein fouet. Jusqu’à présent
(2011) aucun débat public ne s’est engagé à ce sujet.
Bien que ce revenu soit personnel, il est versé au chef de famille. Ce choix est justifié par le
fait que le transfert étant de nature compensatoire, il doit aller à la personne responsable du
paiement des factures.
En Iran il n’y a pas eu de discussion sur la durée du versement. On peut présumer que les
transferts continueront aussi longtemps que l’Iran sera capable de produire assez de carburant,
ce qui devrait être le cas pour une décennie ou deux. Le risque le plus important serait celui
d’une baisse drastique des prix internationaux du pétrole (fort peu probable) ou plutôt de
sanctions entravant les exportations de pétrole.
Les principales oppositions à la réforme ayant principalement porté sur son calendrier et son
rythme d’adoption, aucune force d’opposition arrivée au pouvoir ne le remettra en cause.

7- Observations finales
1. Le remplacement des subventions sur les prix par le versement d’une subvention en espèces
a placé l’Iran au premier rang de tous les pays favorables au revenu de base. En proportion du
revenu moyen, le transfert est nettement plus élevé que celui versé par l’Alaska à ses
ressortissants. En outre les enfants touchent une somme identique à celle des parents. Le fait
que l’Iran soit un pays en développement du Moyen Orient, état islamique plutôt qu’un pays
européen développé, souligne la pertinence du revenu de base pour un large éventail de pays.
2. Fait le plus remarquable pour l’Iran, le revenu de base s’est mis en œuvre non par dessein
mais par défaut. Ce ne fut pas le résultat d’une politique délibérée mais le résultat fortuit d’un

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processus visant à réformer un système inefficace et inéquitable de subventions. Il apparaît
donc possible de l’instaurer dans le cadre de la poursuite d’un objectif différent.
3. Enfin les spécificités de l’expérience iranienne ne doivent pas être ignorées, celle d’une
politique de subvention qu’il convenait de réformer. L’exemple peut servir pour d’autres
pays. Il est donc impératif que l’impact de cette expérience soit l’objet d’une étude exhaustive
pour l’Iran, afin de l’aider à améliorer la gestion de son programme pour les mois à venir,
mais aussi pour sensibiliser les autres nations à cette initiative généreuse, susceptible d’avoir
un impact profond sur la vie de plusieurs millions d’individus.

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CHAPITRE II
Synthèses et proposition de réformes
Afin de s'affranchir de la « trappe à subventions », il convient d'engager un processus de
résilience sociale où se conjoignent protection contre les insécurités et les vulnérabilités et
renforcement par l'investissement social des capacités des populations défavorisées.
Pour enrayer la spirale des subventions, il faut investir dans le social (éducation, santé,
logement.). Cet investissement social place l'action de l'Etat dans une logique de prévention,
de solidarité intergénérationnelle et de préparation à l'avenir.
Briser le cercle vicieux de la compensation il semble impératif d'engager la réforme, au-delà
du ciblage fin et de l'institution d'une contribution solidaire directe en faveur des catégories
pauvres, sur un sentier plus vertueux combinant protection contre les insécurités et les
vulnérabilités, d'une part, et renforcement par l'investissement social des capacités des
populations défavorisées, d'autre part

Encadré 1

Il semble que le chef du gouvernement ABDELILLAH BENKIRANE ne veut en aucun cas toucher
au pouvoir d'achat des Marocains déjà affecté par la cherté du coût de la vie. Politiquement, l'initiative
en vaut certainement la chandelle. ABDELILLAH BENKIRANE, en politicien averti, sait mieux que
quiconque, que malmener le pouvoir d'achat des citoyens à l'heure d'une tension sociale de plus en
plus palpable, impactée notamment par une conjoncture économique délicate, serait lourd de
conséquences à tous les niveaux. Et le leader du PJD sait également qu'assurer au Royaume la
stabilité sociale et politique à l'heure d'un Printemps Arabe pas tellement endormi, n'a certainement
pas de prix !

Afin de renforcer la cohésion et la lutte contre la pauvreté, plusieurs programmes chargés de


l’action sociale ont été déjà lancé par les gouvernements marocains dans un but d’un meilleur
ciblage des personnes vulnérables.

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On distingue :
1- Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH)
2- Le Fonds d’appui à la cohésion sociale (RAMED, TAYSSIR).
3- Fond d’entraide familiale (FEF).
4- Promotion de l’économie sociale et solidaire.
5- Femmes veuves.
6- Impôt de solidarité sur la fortune.
7- Le financement d’un revenu de base par l’impôt sur le revenu.

1- Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH)


La mise en œuvre de la seconde phase de l'Initiative Nationale pour le Développement
Humain (2011-2015), chantier de Règne lancé le 18 mai 2005 par Sa Majesté le Roi, se
poursuit dans l’objectif de lutter contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale
principalement à travers la consolidation des capacités locales, l’amélioration des conditions
de vie et d'accès aux services et infrastructures de base et la création de projets générateurs de
revenus.
IL est à rappeler que cette seconde phase est réalisée à travers la poursuite de l’exécution des
quatre programmes lancés dès 2005, a savoir :
 La lutte contre l’exclusion sociale en milieu urbain.
 La lutte contre la pauvreté en milieu rural.
 La lutte contre la précarité.
Le programme transversal, visant l’accompagnement des acteurs en charge du développement
humain par le soutien des actions de formation et le renforcement de capacités et de
communication.
Ainsi que la réalisation du nouveau programme de mise à niveau territoriale lancée au profit
de 22 provinces enclavées et qui profitera directement à un million de bénéficiaires habitant
3.300 douars. La mise en œuvre de l’INDH, à travers les quatre programmes précités, s’est
traduite, au titre de l’année 2013, par la réalisation de 6.227 projets et actions de
développement pour un investissement global de 3,9 milliards de dirhams avec une
Contribution de l’INDH de 2,2 milliards de dirhams, soit un effet de levier de 43%. Le
nombre total de bénéficiaires de ces projets est de l’ordre de1.277.522 personnes.
S’agissant de l’année 2014, la mise en œuvre de ces programme s’est traduite, à fin août, par
le lancement de 4.065 projets et actions de développement au profit de 483.829 bénéficiaires

Page 38
et pour un montant global de 2,54 milliards de dirhams, dont la part de l’INDH s’élève à 1,43
milliards de dirhams.

2- Le fonds d’appui à la cohésion sociale :

Le Fonds d’appui à la cohésion sociale a été créé en 2012 afin de renforcer les actions sociales
en faveur des populations démunies.
Les volets d’intervention dudit Fonds, dont les ressources, au 19 septembre 2014, ont atteint
5,55 milliards de dirhams, portent sur la contribution au financement des dépenses afférentes
à la mise en œuvre du Régime d’assistance médicale (RAMED), au soutien à la scolarisation
et à la lutte contre la déperdition scolaire et à l’assistance aux personnes à besoins spécifiques.

Poursuite du programme RAMED

Le Gouvernement poursuit ses efforts en vue de la généralisation du RAMED qui


constitue l’une des composantes de la couverture médicale qui bénéficie aux personnes
démunies non couvertes par un régime d’assurance maladie et garantir ainsi un accès
équitable aux prestations de santé pour l’ensemble des citoyens, à travers la prise en charge
collective et solidaire des dépenses de santé. En effet, ce régime est financé principalement
par l’Etat et les collectivités locales ainsi que par une participation des PROJET DE LOI DE
FINANCES POUR L’ANNEE 2015
NOTE DE PRESENTATION 120 bénéficiaires aux frais inhérents aux prestations de soins et
d’une contribution annuelle au RAMED.
Ainsi, après l’expérience pilote du RAMED dans la Région de Tadla-Ailla et le lancement de
sa généralisation à l’ensemble du territoire national en mars 2012, au 22 août 2014, 2.690.641
foyers ont été immatriculés, soit 7,28 millions de bénéficiaires.
Il est à noter que depuis le lancement de l’expérience pilote du RAMED afin d’accompagner
la généralisation de ce régime, le budget du Ministère de la Santé a enregistré un
accroissement important au cours des dernières années, passant ainsi de 8 milliards de
dirhams en 2008 à près de 12,9 milliards de dirhams en 2014. De même, et en vue de
renforcer les ressources humaines, notamment en personnel médical et paramédical, ce
département ainsi que les Centres Hospitaliers Universitaires ont bénéficié de créations de
postes budgétaires importantes totalisant 18.547 postes au titre de la même période.

Page 39
Programme TAYSSIR

Dans un pays en développement qui présente des degrés de pauvreté et d’analphabétisme


assez élevés, l’engagement des parents pour la réussite éducative et sociale de leurs enfants
peut constituer un élément clé. Pour tester la réalité de l’accroissement des attentes éducatives
des familles pauvres marocaines, un programme expérimental a été mis en place dans une
région pauvre, le programme TAYSSIR. L’objectif était d’agir sur l’abandon scolaire en
neutralisant certains des facteurs qui réduisent la demande pour l’éducation, tels que les coûts
de scolarisation directs ou indirects. Les résultats montrent des attitudes favorables au
prolongement des études des enfants, et ce même en cas d’arrêt des subventions. Le niveau
d’instruction des parents ne semble pas affecter leurs attentes éducatives et l’arrêt des
subventions ne déclenche pas de revirement de leurs intentions. Enfin, l’étude révèle un
engagement beaucoup plus important de la part des mères, qui sont plus disposées que les
pères à investir et à utiliser au mieux les subventions.

Faisant partie du programme d’urgence du ministère de l’éducation nationale, TAYSSIR est


un programme de transferts monétaires conditionnels qui apporte une contribution financière
à des familles pauvres, à condition que leurs enfants utilisent le service d’éducation dispensé
par l’école publique. Le but est d’agir sur l’abandon scolaire en neutralisant certains des
facteurs qui réduisent la demande pour l’éducation, tels que les coûts de scolarisation directs
ou indirects. Ce programme s’inspire de certaines expériences réussies dans d’autres pays,
telles qu’Oportunidades au Mexique et Bolsa Familia au Brésil.

Le montant des bourses distribuées mensuellement (pendant 10 mois sur 12) aux élèves se
présentent comme suit :
 60 DH pour les élèves de 1ère et 2ème année du primaire ;
 80 DH pour les élèves de 3ème et 4ème année du primaire ;
 100 DH pour les élèves de 5ème et 6ème année du primaire ;
 140 DH pour les élèves du secondaire collégial.
Ce programme  a été mis en œuvre en deux phases, la première phase (pilote) sur deux ans
(2008-2010) sur un échantillon d’écoles primaires rurales de 274 écoles mères et Satellites),
ces écoles sont réparties sur 132 communes dans les cinq régions suivantes : l’Oriental,
Marrakech-Tensift-Al Haouz, Meknès-Tafilalet, Souss-Massa-Draa et Tadla-AZILAL. Le

Page 40
programme TAYSSIR cible dans sa première phase environ 300.000 élèves inscrits au
primaire issues de 160.000 ménages.
Selon la BANQUE MONDIALE, le défi  de la phase pilote  était de diminuer la valeur de
référence pour l’abandon scolaire par district scolaire de 23% en moyenne à moins de 16%
dans les districts en bénéficiant. Suite aux résultats encourageants acquis lors de la première
année de la phase pilote, une phase d’extension a été lancée en 2009-2010. Cette phase cible
un échantillon de 418 écoles réparties sur 110 communes rurales dans six régions : Tanger-
Tétouan, Taza Hoceima Taounate, Fès Boulmane, Gharb Chrarda Bni Hssen, Doukala Abda,
et Guelmim Esmara.

Le ciblage se fait par commune, les communes rurales sont ciblées en fonction de leur
appartenance au programme INDH, avec un taux de pauvreté supérieure à 30% et un taux
d’abandon scolaire supérieur à 5%. Toutes les écoles primaires localisées dans le territoire des
communes retenues et répondant à ces critères sont éligibles. Au niveau du ciblage des
ménages, l’enfant doit être inscrit à l’école bénéficiaire et âgé entre 6 et 15 ans. Un autre
critère pour bénéficier de ce programme est lié à l’assiduité de l’enfant, en effet l’élève ne doit
pas dépasser quatre absences par mois. Le montant alloué pour cette opération par mois
s’élève à 60 DH par enfant pour les deux premières années du primaire, 80 DH pour les deux
années qui suivent et 100 DH pour les deux dernières années du primaire et enfin 140 DH
pour les élèves aux collèges. Les bourses sont attribuées dix mois par an et les transferts
monétaires se font tous les deux mois par le biais des agences de Poste du Maroc selon deux
modes : des guichets fixes et des guichets mobiles pour les Douars éloignés (selon le

Page 41
Ministère de l’éducation nationale). Le budget alloué à ce projet selon l’exercice 2008 est de
54 Millions de Dirhams (soit environ 49 millions d’euros) et de 70MDH selon l’exercice
2009. En 2010, ce budget a connu une augmentation significative pour  atteindre une valeur
de 240 MDH. Après avoir lancé la phase d’extension, le budget alloué au programme
TAYSSIR a évolué pour atteindre  470 MDH en 2011 et 620 MDH en 2012.

Le nombre d’enfants bénéficiaire du programme TAYSSIR a connu une augmentation. En


effet, ce nombre est passé de 88.000 bénéficiaires durant l’année scolaire 2008-2009 pour
atteindre 705.000 bénéficiaires en 2011-2012. Le nombre de bénéficiaires a continué à
progresser pour atteindre 757.000 bénéficiaires durant l’année scolaire 2012-2013 selon le
Ministère de l’Education Nationale. Au titre de l’année scolaire 2013-2014, le nombre de
bénéficiaires du programme devrait atteindre près de 476.000 familles soit 825.000 élèves
bénéficiaires.

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3- Fonds d’entraide familiale (FEF) :

En vue de consolider la cohésion et la pérennité de la cellule familiale, le Fonds d’entraide


familiale a été mis en place à partir de l’année 2010. Ce fonds qui est financé par l’affectation
de 20% du produit des taxes judiciaires, est géré en partenariat avec la caisse de Dépôt et de
Gestion (CDG) et est destiné à effectuer des versements de l’avance au titre de la pension
alimentaire au profit de la mère démunie divorcée et de ses enfants, ayant droit à la pension
alimentaire, après dissolution des liens de mariage dans les conditions prévues par la
législation et la réglementation fixant les conditions et procédures pour bénéficier des
prestations dudit fonds.
PROJET DE LOI DE FINANCES POUR L’ANNEE 2015
NOTE DE PRESENTATION 123
Ainsi, depuis son démarrage en 2011, le FEF a exécuté jusqu’à fin mai 2014 par
l’intermédiaire de la CDG, 3.640 actes judiciaires pour un montant total de 28,51 millions de
dirhams.
Aussi et afin d’assurer une meilleure gestion de ce fonds, le Gouvernement œuvre en vue
d’alléger sa gestion administrative, notamment à travers la simplification des pièces
constitutives du dossier de la demande de la pension alimentaire et ce, en vue d’augmenter le
nombre des bénéficiaires de ladite pension. De même, les actions de communication auprès
des populations concernées par l’activité du Fonds d’entraide familiale seront renforcées.

4- Promotion de l’économie sociale et solidaire :

Le développement d’une Economie Sociale et Solidaire revêt une importance particulière au


niveau du programme Gouvernemental, compte tenu de son rôle important en matière de lutte
contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale.
Dans ce sens, l’action Gouvernementale repose sur les principaux leviers ci après
Consolidation de la coopération entre les différents acteurs de l’économie sociale et
amélioration de la complémentarité de ses composantes Amélioration de la gouvernance et de
l’environnement global du secteur à travers la valorisation des produits et services de
l’économie sociale et solidaire ainsi que la facilitation de leur accès aux marchés ;
Promotion des activités de l’Economie Sociale et Solidaire au niveau territorial afin de
contribuer à un développement socio-économique intégré au niveau local ; Développement

Page 43
d’un système d’information ainsi que des outils de suivi d’évaluation, de veille stratégique et
de la communication liés aux activités de l’économie sociale et solidaire.
L’année 2014 a été marquée par le suivi de la mise en œuvre du plan de développement
régional de l’économie sociale et solidaire de Rabat Salé ZEMOUR ZAER la mobilisation de
partenariat avec le PNUD et l’AECID ainsi que le renforcement de compétences humaines
des coopératives.
En outre, le Gouvernement a poursuivi la mise en œuvre du programme « Mourafaka » pour
l’accompagnement post-création des coopératives nouvellement crées, afin de leur garantir un
niveau d’entreprenariat et d’innovation compétitifs. Ce programme, qui s’étale sur la période
2011-2015, cible 2000 coopératives à raison de 500 coopératives par an bénéficiant d’un
accompagnement rapproché pendant les deux premières années de leur vie.
Le plan d’action retenu en 2015, porte notamment sur :
L’appui à la constitution des réseaux régionaux de l’Economie Sociale et Solidaire.

PROJET DE LOI DE FINANCES POUR L’ANNEE 2015


NOTE DE PRESENTATION 124

L’organisation des rencontres de sensibilisation et d’information


L’accompagnement de la Commercialisation des produits des coopératives au niveau des
réseaux de distribution tel que «Maroc TASWIQ » ; Le suivi du projet de loi n°112-12 relatif
aux coopératives en matière de sensibilisation, vulgarisation et de communication.

5- Femmes veuves :

Les femmes veuves en charge d’enfants scolarisés pourront faire une demande directement
auprès du caïdat ou d’une annexe administrative du lieu de résidence, indique un communiqué
du ministère de l’Intérieur qui précise qu’un récépissé est délivré à chaque demande. Pour
chaque enfant de moins de 21 ans ou en situation de handicap, dans ce cas là sans limite
d’âge, l’Etat va octroyer une aide de 350 dirhams, dans la limite de trois enfants par foyer.
L’allocation est plafonnée à 1050 dirhams maximum. A noter que cette nouvelle allocation ne
peut être cumulée avec une autre pension versée par l’Etat ou les collectivités (allocations
familiales, programme TAYSSIR, pension, bourses scolaires …) Après le dépôt de dossier,
c’est une commission qui sera chargée de valider la liste des bénéficiaires, après l’approbation

Page 44
par la commission centrale permanente. Le décret précise que ce sera la Caisse nationale de
retraites et d’assurances (CNRA) qui versera cette nouvelle allocation aux veuves.

Encadré 2
Les veuves en situation précaire recevront une allocation mensuelle

Dans sa présentation du PLF 2015 devant le parlement lundi 20 octobre, le ministre de l’Economie
et des finances a assuré que le gouvernement avait renforcé les programmes sociaux pour 2015.
Il a révélé que la mise en œuvre de l’allocation destinée aux veuves défavorisées était imminente.

Noyée dans l’exposé sur le PLF 2015 présenté par MOHAMMED BOUSSAID, c’est une véritable
avancée sociale passée inaperçue qui va voir poindre au Maroc dans les prochains jours.

Contacté par notre rédaction, le ministre des Affaires générales, Mohamed LOUAFA confirme
l’attribution imminente d’une allocation aux veuves démunies ayant à charge un à trois enfants
mineurs et scolarisés lorsqu’ils sont en âge de l’être.

Compris entre 500 DH ET 1000 DH, selon le nombre d’enfants a charge, elle devrait être versée à
au moins 200.000 veuves en situation précaire. La 1ére estimation faisait était de 332.000 veuves
mais interrogée par Médias 24, une source informée nous annonce un chiffre approximatif de
200.000 bénéficiaires.
Pour la percevoir, la demandeuse devra prouver que ses enfants sont « mineurs » et qu’ils sont
scolarisés dans le cadre de l’enseignement général ou technique. Les enfants de moins de 6 ans ne
sont soumis à aucune condition de scolarité.

Notons que selon nos sources, cette indemnité a été calculée minutieusement en fonction des
besoins des veuves comme les factures moyennes de bouteilles de gaz, d’électricité, ou le prix des
produits de première nécessité etc.

Rappelons que cette mesure avait été budgétisée dans le PLF 2014 pour un coût de départ de
3,9MM de DH mais qu’à l’heure actuellement nos interlocuteurs se disent incapables de nous
renseigner sur son coût faute le nombre exact de bénéficiaires potentiels exacts.

Malgré nos différentes sollicitations, aucun d’entre eux n’a été en mesure de nous renseigner sur la

Page 45
méthodologie employée pour cibler le profil des futures bénéficières.

L’indemnité sera financée par le fond d’appui à la cohésion sociale ( FACS) doté en 2015 d’un
budget total de 4MM de DH qui a pour vocation a financer des programmes d’aides au population
défavorisés .

La concrétisation effective de cette avancée sociale se fera par voie de décret .D’après nous source
l’adoption de ce décret aura lieu au conseil de gouvernement jeudi 23 octobre ou au plus tard à
celui du 30 octobre courant.
Dans son exposé lundi 20 octobre devant le parlement le ministre de l’économie et des finances a
on outre annoncé que le régime d’assistance médicale (RAMED) serait renforcé à l’horizon 2015
en bénéficiant désormais à 8,5 millions de personnes démunies.
Il a aussi assuré que concernant le programme d’aide scolaire «TAYSSIR», le nombre de ce
bénéficiaires devrait toucher en 2015 près de 812.000 élèves soit 494.000 ménages.

La vocation de TAYSSIR est de lutter contre l’abondant scolaire en motivant les parents avec
l’octroi d’une bourse versée sous certaines conditions de présence des boursières qui ne peuvent
pas être plus de 3 par ménages bénéficiaires.

AHMED EL KARIMI, directeur de l’action sociale au MEN, nous explique que ce programme a
permis de réduire de 57% le taux déperdition scolaire et que le taux de retour des abondons
scolaires est de 37%.

Concernant ces différents programmes d’aide sociale, le gouvernement compte passer pour plus
d’efficacité d’un ciblage géographique à un ciblage individuel des ménages démunis.

Ce chantier permettra de constituer un système de protection sociale axé sur l’utilisation d’une
banque de données permettant à chaque ministère concerné d’y puiser les informations dont il a
besoin pour améliorer leur action en faveur des personnes défavorisées.

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6- Impôt de solidarité sur la fortune :

Le Maroc peut s’inspirer de la France et utiliser lui-même l’ISF, L'impôt de solidarité sur la
fortune (ISF) est un impôt sur la fortune français payé par les personnes physiques et les
couples détenant un patrimoine net taxable supérieur (au sens strict) à un certain seuil d'entrée
au 1er janvier de l'année considérée (supérieur à 1,3 million d'euros au 1er janvier 2016).
Cet impôt progressif par tranches est assis sur la partie supérieure du patrimoine, au-delà d'un
seuil défini par le commencement de la première tranche, qui peut être différent du seuil
d'entrée à partir duquel le foyer est considéré comme assujetti, et qui peut également varier
d'une année à l'autre, suivant les années et les lois en vigueur (sauf en 2012 où un système de
taux fixe s'appliquant sur l'ensemble du patrimoine a été instauré, mais il a été suivi d'une
contribution exceptionnelle sur la fortune, pour correspondre en définitive cette année-là à un
impôt progressif par tranches). Au 1er janvier 2013, ainsi que pour les années suivantes, le
seuil d'entrée est fixé à 1 300 000 euros, et les taux vont de 0,5 à 1,5 %, la 1re tranche
s'appliquant à partir de 800 000 euros.
En 2013, 312 046 foyers français ont réglé l'ISF, pour des recettes s'établissant à 4,39
milliards d'euros à l'État (soit une moyenne d'environ 14 000 euros par foyer redevable). Cet
impôt français n'a pas cours dans les collectivités d'outre-mer (il reste applicable dans les
départements d'outre-mer).
L'ISF est un impôt déclaratif et auto liquidé. Il appartient aux personnes redevables de faire
elles-mêmes une estimation détaillée de la valeur de leurs biens au 1er janvier, de calculer le
montant de l'impôt et d'envoyer leur déclaration, accompagnée du paiement à l'ordre du
Trésor public, à la Direction générale des Finances publiques (DGFIP), et plus
particulièrement au service des impôts des entreprises dont dépend leur domicile
au 1er janvier, avant le 15 juin. Les services fiscaux peuvent contrôler la déclaration et
éventuellement proposer des rectifications pendant trois ans. Néanmoins en cas d'absence de
déclaration ou d'omission d'un bien le délai de reprise est de six ans.
L'ISF est souvent considéré comme une « exception française », vu son absence dans la
plupart des autres pays du monde, Souvent qualifié d'« impôt idéologique », il est critiqué
pour des raisons morales, fiscales ou économiques. Un de ses avantages économiquement est
d'inciter les détenteurs de patrimoine à ne pas laisser ceux-ci inemployés, c'est-à-dire soit de
les valoriser, soit de s'en séparer. Un de ses inconvénients est que la possession d'un
patrimoine ne garantit pas les revenus permettant de payer l'impôt .Ses défenseurs soulignent

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parfois l'aspect de redistribution de cet impôt, évitant des situations de blocage semblables à
celles de l'Ancien régime.

7- Le financement d’un revenu de base par l’impôt sur le revenu.

Il s’agirait de mettre en place un revenu de base financé par un impôt proportionnel qui
viendrait remplacer le système actuel du RSA, de la prime pour l’emploi et des exonérations
de cotisation patronales (réductions Fillon). Il y aurait par ailleurs un revenu de base enfant
plus faible – versé dés le premier enfant contrairement aux allocations familiales – qui
viendrait remplacer les allocations familiales – ainsi que le quotient familial dont bénéficient
les familles les plus riches. Ce revenu de base serait financé par un impôt proportionnel sur
l’ensemble des revenus. L’impôt serait individualisé (tout comme le revenu de base) et
idéalement prélevé à la source, comme l’est actuellement la CSG.
Par ailleurs, le système public d’assurance chômage, le système de retraite, l’assurance
maladie, l’aide pour le logement et les autres prestations particulières sont maintenus tels
quels (allocation adulte handicapé, aide personnalisée d’autonomie, etc.) mais leur mode de
financement est modifié : le chômage et la retraite – prestations contributives dont le montant
dépend de la cotisation – sont financés uniquement par cotisations sur les salaires tandis que
l’assurance maladie est universalisée et financée par une CSG assise sur tous les revenus.
Le financement par un impôt proportionnel donne une réponse aux sceptiques du revenu de
base qui demandent souvent « Mais pourquoi le distribue-t-on aussi aux plus riches ? ». Dés
lors que l’on considère le couple revenu de base + impôt proportionnel, on se rend compte
que celui-ci opère la même distribution que le ferait un impôt qui serait négatif en-dessous
d’un seuil de revenu et positif au-dessus, comme le montre le schéma suivant :

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Conclusion

Première proposition : pour nous l’Etat ne doit pas supprimer la caisse de compensation en
adaptant une politique mixte par le paie d’une politique budgétaire restrictive en augmentant
ces recettes par l’appliquation d’une nouvelle impôt (l’impôt de solidarité sur la richesse) et
une politique monétaire expansionniste en augmentant l’offre de monnaie qui va engendrer
une baisse du taux d’intérêt qui se traduira par une augmentation des investissements.
Pourquoi cette impôt de solidarité sur la richesse ?
On sait que les riches profitent de 80% des subventions, pour équilibrer l’Etat compense
perte en leurs appliquant cette nouvelle impôt est donc la survie de cette caisse.
Deuxième proposition pourquoi le Maroc ne s’inspire pas des expériences des autres pays en
appliquant le Transfert Monétaire Conditionnelle (TMC), qu’elle sera ce revenu minimum de
base si le Maroc décide d’adapter cette expérience et est ce qu’il serait capable de cibler la
population pauvres.

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Bibliographie

 Maroc solidaire
 La loi de finance 2015
 Projet de loi de finance 2016
 Le site de ministère de finance
 Le site d’office d’échange
 Le site HCP
 Le rapport des comptes Maroc
 Journaux (Médias 26)

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