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LA COUR PERMANENTE D'ARBITRAGE

Author(s): J. P. A. François
Source: Chronique de politique étrangère, Vol. 14, No. 4 (JUILLET 1961), pp. 527-533
Published by: Egmont Institute
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/44826339
Accessed: 31-12-2022 14:35 UTC

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LA COUR PERMANENTE D'ARBITRAGE

par J. P. A. François *

L'institution de la Cour Permanente de Justice Internationale après la


guerre mondiale a fait surgir la question de savoir s'il y avait lieu de maint
la Cour Permanente d'Arbitrage à côté de ce nouveau tribunal. Cette questio
une réponse affirmative. Depuis lors, la Cour d'Arbitrage a rendu, à plusieu
des services appréciables, mais c'est surtout depuis la deuxième guerre mon
le nombre d'affaires portées devant cette Cour a sensiblement diminué.
Le Conseil Administratif, réalisant cet état de choses, a pris, au cours de
du 2 décembre 1959, une résolution formulée comme suit :
« 1) Le Conseil exprime le vœu que les Hautes Parties Contractantes aux Co
pour le règlement pacifique des conflits internationaux de 1899 ou de 1907
le cas échéant et dans une plus large mesure que dans le passé, aux services
Les Membres du Conseil se chargent de transmettre ce vœu à leurs Gouv
respectifs.
» 2) Le Conseil charge le Bureau de mettre à l'étude, d'entente avec le Président,
la question de savoir de quelle manière la Cour Permanente d'Arbitrage pourrait jouer
un rôle plus actif dans le règlement pacifique des conflits internationaux. Le Bureau
fera au Conseil un rapport sur ce sujet lors de sa prochaine réunion. »
L'étude qui suit part du point de vue que les deux Cours ne doivent, en aucun cas,
être considérées comme deux entreprises concurrentielles. Il n'appartient certes pas
£ la Cour Permanente d'Arbitrage d'essayer de soustraire à la Cour Internationale
de Justice des affaires que les Gouvernements auraient tendance à soumettre à cette
dernière institution. Les grands avantages que présente une procédure internationale
portée devant une instance judiciaire permanente, telle que la Cour internationale,
ne peuvent être sous-estimés. Ces avantages se résument notamment en Io l'autorité
dont jouit dans le monde une sentence prononcée par un tel organisme, 2° la valeur
qu'il faut attacher au développement d'une jurisprudence uniforme et permanente,
et 3° la certitude d'éviter toutes difficultés pouvant surgir au moment de la composition
de l'organe devant régler le litige.
Toutefois, il s'est révélé dans la pratique qu'en bien des cas les Gouvernements
n'étaient pas disposés à soumettre leurs différends à la Cour internationale de Justice.
Les motifs dont s'inspirait cette attitude auraient-ils été également valables s'il s'était
agi de la Cour permanente d'Arbitrage? Le nombre peu élevé de cas portés devant
cette dernière Cour semble justifier une réponse affirmative, si ce n'était que peut-être
les différences fondamentales existant entre le fonctionnement des deux Cours seraient
insuffisamment connues de sorte que les Etats n'ont pu voir les avantages que pourrait
présenter, dans certains cas, le recours à la Cour permanente d'Arbitrage. D'ailleurs,
le fait que souvent on confie des litiges à des tribunaux d'arbitrage ou des commissions
de conciliation en dehors de la Cour permanente d'Arbitrage, pourrait être attribué
à un manque de connaissances des avantages que présenterait une procédure devant
cette dernière Cour.

* J. P. A. François, né le 5 juillet 1889 à La Haye. Docteur en droit en 1914; docteur ès sciences


politiques 1919 (Univ. Leyde). Secrétaire général du Bureau international de la Cour permanente d'Arbi-
trage, ancien jurisconsulte au Ministère des Affaires Etrangères, professeur extraordinaire à l'Ecole des
Hautes Etudes Commerciales de Rotterdam. (Annuaire de l' Institut de Droit International , 1959).

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Le Bureau de la Cour permanente d'Arbit


l'a chargé dans sa résolution consisterait e
Io) sur quels points fondamentaux le foncti
trage se distingue de celui de la Cour intern
2°) s'il serait souhaitable d'apporter à la p
des modifications telles que les Etats serai
des affaires à cette Cour.

1. DIFFÉRENCES FONDAMENTALES
ENTRE LES PROCÉDURES DES DEUX COURS

a. Influence des parties sur la composition du tribunal


En cas de procédure devant la Cour internationale de Justice, les parties vont se
trouver devant un tribunal dont la composition a été fixée d'avance et sur laquelle
elles n'ont pu exercer aucune influence, sous réserve des affaires où un juge ad hoc
est désigné lorsque la Cour ne compte pas, parmi ses membres, de juge de la nationalité
des parties ou de l'une d'elles, et laissant de côté les cas tout à fait exceptionnels de
la récusation d'un juge. A cet égard, la procédure de l'arbitrage présente une différence
fondamentale avec celle de la juridiction internationale car, en cas d'arbitrage, la sentence
est rendue par des juges du choix des deux parties. Cette procédure peut avoir l'avantage
que la confiance des parties en l'équité de la sentence se trouve être renforcée. Sans
vouloir prétendre que le moindre doute quant à la compétence et l'impartialité des juges
de la Cour internationale de Justice soit justifié, il peut se produire néanmoins qu'un
tribunal plus restreint, sur la composition duquel les parties ont pris une décision
d'un commun accord, puisse jouir d'une plus grande confiance qu'un tribunal comptant
quinze juges représentant tous les systèmes juridiques du monde. La préférence pour
un tribunal plus restreint pourrait se manifester notamment en cas de différends d'ordre
plutôt technique. Certes, de tels différends pourraient, le cas échéant, être réglés éga-
lement par un tribunal permanent, assisté d'experts, mais la pratique, nationale et
internationale, a démontré que les parties ont plutôt eu recours à l'arbitrage pour
des affaires de ce genre.

b. Le caractère « médiateur » de la décision

L'idée est assez répandue que le caractère médiateur de la décision arbitrale serait
l'élément fondamental de l'arbitrage. A cet égard, une certaine réserve s'impose.
L'arbitrage, d'après les Conventions de La Haye, s'effectue sur la base du respect
du droit. L'article 15 de la Convention de 1899 déclare en toutes lettres : « L'arbitrage
international a pour objet le règlement de litiges entre les Etats par des juges de leur
choix et sur la base du respect du droit. » Sur ce point il n'existe pas de divergence de
principe avec la juridiction de la Cour de Justice. Tout au plus pourrait-on soutenir
que l'ambiance dans laquelle l'arbitrage se déroule est plus propice à l'idée d'une décision
tant soit peu médiatrice que l'atmosphère strictement juridique de la Cour.
Dans les cas où les parties sont d'accord de régler leur différend ex aequo et bonoy
le tribunal arbitral est certainement un organe plus approprié que la Cour de Justice
qui, d'après l'article 38, par. 2, de son Statut peut également, à la demande des Parties,
prendre vine décision dans ce sens. Qu'il nous soit permis de citer à cet égard l'opinion
de l'ancien membre de la Cour Permanente de Justice Internationale et de la Cour
Internationale de Justice, M. Charles De Visscher. Dans le Cours Général qu'il a donné
à l'Académie de Droit International à La Haye en 1954 (Recueil des Cours 1954, II,
p. 551), l'éminent juriste, après avoir rappelé que la Cour, jusqu'à présent, a toujours
fait preuve d'une grande réserve vis-à-vis du règlement des différends ex aequo et bono
continue de la manière suivante :
« On doit comprendre cette réserve de la Cour. Le règlement d'équité entraîne
facilement celui qui s'en trouve chargé à devoir se placer dans un domaine qui, à un

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double point de vue, est différent de celui dans lequel le jug


D'une part, il offrira souvent - c'était le cas dans les affai
très hautement techniques qui exigent des connaissances
son objet même, la mission est toujours plus législative , so
que judiciaire. On n'en modifie pas le caractère intrinsèque
» En définitive, le règlement ex aequo et bono convient m
qu'à celle du juge. C'est que l'arbitre, dans une très large mesure, est l'homme de
confiance des deux parties. Le fait même qu'il tient de leur accord sa désignation et
tous ses pouvoirs, lui donne à cet égard une liberté d'action plus grande. En face de
la Cour de Justice qui tient de ses origines institutionnelles la fonction de dire le droit,
l'arbitrage conserve une mission importante, qui correspond d'ailleurs à la physionomie
que revêtent, à certains moments, les rapports entre Etats. Entendons par là ce moment
où la considération de leurs rapports politiques généraux prime dans l'esprit des parties
l'enjeu d'un différend particulier. Il en est ainsi, par exemple, quand les parties
témoignent du désir de mettre fin à des contestations anciennes, dépassées par la marche
des événements. A ce moment, l'insistance sur la stricte application du droit passe
dans leur esprit au second plan; elles entrevoient la possibilité d'un nouvel ajustement
de leurs intérêts; leurs pensées se détachent du passé pour se tourner vers l'avenir.
Souvent alors, plutôt qu'au juge elles recourent à l'arbitre ou à l'amiable compositeur. »
Il est peut-être utile de rappeler que la décision ex aequo et bono peut s'imposer
dans les cas où il s'agit d'un règlement de différends non-juridiques . L'Acte Général
pour le règlement pacifique de différends internationaux, revisé le 28 avril 1949, déclare
dans son article 21 que les différends non-juridiques seront soumis à un tribunal arbitral,
et l'Acte Général Européen du 29 avril 1957 se place sur le même point de vue. Or,
l'article 28 de l'Acte Général stipule :
« Dans le silence du compromis ou à défaut de compromis, le Tribunal appliquera
les règles de fond énumérées dans l'article 38 du Statut de la Cour internationale de
Justice. En tant qu'il n'existe pas de pareilles règles applicables au différend, le Tribunal
jugera ex aequo et bono. »
Et l'article 26 de l'Acte Général Européen est libellé comme suit :
« Dans le silence du compromis ou à défaut de compromis, le tribunal arbitral jugera
ex aequo et bono , compte tenu des principes généraux du droit international, sous réserve
du respect des engagements conventionnels et des décisions définitives des tribunaux
internationaux qui lient les parties. »

c. La publicité donnée à V affaire


La procédure de la Cour permanente d'Arbitrage est toujours moins spectaculaire
que celle de la Cour de Justice, ce qui peut présenter des avantages. Dans les cas,
par exemple, où il ne s'agit pas de questions d'un intérêt capital, une Partie, se rendant
compte qu'elle risque éventuellement de perdre, n'est pas toujours favorable à la
publicité qu'entraînera nécessairement une procédure devant la Cour de Justice. En
outre, le statut de la Cour permanente d'Arbitrage permet aux parties de stipuler à
l'avance que la sentence ne sera pas publiée.

d. Les frais de la procédure


Soit que les Parties portent leur différend devant la Cour permanente d'Arbitrage,
soit qu'elles s'adressent à la Cour internationale de Justice, l'outillage nécessaire aux
travaux - les locaux requis et les services du greffe - est mis gratuitement à leur
disposition. De même, dans les deux cas, les Parties doivent supporter elles-mêmes
les frais de leurs agents et avocats. Toutefois, l'institution d'une Cour permanente
par les Nations Unies a pour conséquence que le traitement des juges est à la charge
des Nations Unies, tandis que, en cas d'arbitrage, les parties en litige doivent, pour
chaque affaire, supporter en commun les frais de rémunération des arbitres. Ce serait

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toutefois aller trop loin que de dire que t


reviendrait plus cher qu'une procédure d
la procédure joue à cet égard un rôle impor
suivant.

e. Durée de la procédure
Il est inévitable qu'une procédure devant un tribunal de quinze juges - notamment
lorsqu'on tient compte des difficultés de langue - demandera plus de temps qu'une
procédure devant un tribunal arbitral de trois ou cinq membres. En outre, la pratique
a démontré que le rôle des affaires soumises à la Cour est souvent chargé de sorte que
- abstraction faite de la procédure sommaire, qui jusqu'à présent n'a pas été appliquée -
cette Cour ne pourra guère traiter une affaire peu de temps après qu'elle a été introduite
auprès d'elle. De façon générale, il peut être dit qu'une procédure arbitrale prendra
moins de temps qu'une procédure devant la Cour internationale de Justice.

/. Procédure entre un Etat et des sociétés de commerce


La possibilité existe de porter devant la Cour d'Arbitrage des différends entre Etats
et particuliers, notamment entre Etats et d'importantes sociétés de commerce. Il est
bien connu que la Cour internationale de Justice ne saurait être saisie de différends
de cet ordre, parce que sa juridiction est limitée aux différends entre Etats. Pour qu'elle
puisse statuer sur un différend entre un Etat et une personne privée ou une société
de commerce étrangère, il faudrait que l'Etat fasse sienne l'affaire en question. Pour
la Cour d'Arbitrage cette voie indirecte n'est pas de rigueur.
Il est vrai que l'article 37 de la Convention de La Haye pour le règlement pacifique
des conflits internationaux dit que l'arbitrage international a pour objet le règlement
de litiges entre les Etats . Mais l'article 47 autorise le Bureau à mettre ses locaux et
son organisation à la disposition des Puissances contractantes pour le fonctionnement
de toute juridiction spéciale d'arbitrage, et cet article ne stipule pas expressément
qu'il doit s'agir d'un arbitrage entre Etats.
La question a été soulevée en 1935. A l'occasion d'un arbitrage entre le Gouvernement
chinois et la « Radio Corporation of America », le surarbitre, le Professeur van Hamel,
s'était adressé le 7 juillet 1934 au Secrétaire général de la Cour permanente d'Arbitrage,
en le priant de bien vouloir mettre à la disposition du Tribunal l'organisation des
services administratifs de la Cour. Le Secrétaire général a répondu que le Bureau
serait très heureux de mettre ses locaux et son organisation à la disposition du Tribunal.
Il jugea toutefois opportun d'en informer le Conseil Administratif de la Cour per-
manente d'Arbitrage. Le Conseil s'est déclaré d'accord que l'article 47 soit également
appliqué aux arbitrages entre Etats et sociétés privées. Aussi le Secrétaire général,
en 1939, a-t-il autorisé formellement l'American Arbitration Association, sur la demande
de celle-ci, à publier que le Bureau de la Cour permanente d'Arbitrage était prêt à
mettre ses locaux et son organisation à la disposition d'une Puissance contractante
pour le règlement pacifique de conflits internationaux, même si l'autre Partie n'était
pas un Etat. L'American Arbitration Association a informé ses membres de la décision
prise, en leur recommandant le texte d'une clause d'arbitrage, approuvée par le Bureau,
à insérer désormais

g. Possibilité de régler les différends au moyen de la conciliation


En 1937, le Président d'une Commission de Conciliation a saisi le Secrétaire général
de la Cour permanente d'Arbitrage d'une demande tendant à mettre les locaux et
l'organisation du Bureau à sa disposition pour le fonctionnement de ladite Commission
de Conciliation.

Etant donné que la Convention de 1907 n'autorise le Bureau à mettre ses locaux
et son organisation à la disposition des Puissances contractantes que pour le fonction-

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nement de commissions internationales d'enquête et de juridic


le Secrétaire général a demandé au Président du Conseil Ad
des instructions à ce sujet.
Le Président a saisi les Gouvernements des Parties Contract
et il leur a demandé d'approuver que le Bureau Internation
à mettre ses locaux et son organisation à la disposition des C
qui en feraient la demande. Dans une circulaire en date d
a constaté que sa proposition avait été adoptée à l'unanim
La première Commission de Conciliation a commencé se
1937. Récemment trois cas de conciliation furent traités dans le cadre de la Cour.
Il s'agissait de deux différends entre les Gouvernements français et suisse, l'un concernait
la restitution par le Gouvernement français au Gouvernement suisse des frais d'interne-
ment d'une division polonaise pendant la deuxième guerre mondiale; l'autre avait
trait à des irrégularités qui, d'après le Gouvernement suisse, auraient été commises
par les autorités douanières françaises au détriment de la Suisse. En 1925, la France
et la Suisse avaient conclu un traité concernant le règlement pacifique des différends
qui surgiraient entre eux. Ces différends devaient être soumis à ime commission per-
manente de conciliation, avant de les faire trancher par la voie judiciaire ou par l'ar-
bitrage. Le 24 octobre 1955 la Commission a soumis aux deux Gouvernements son
rapport, adopté à l'unanimité. Les Gouvernements se sont mis d'accord sur la base
des propositions de la Commission, de sorte que les deux différends ont été réglés
grâce à l'intervention de la Commission.
Une autre commission de conciliation s'est réunie en 1956 sous les auspices de
la Cour Permanente d'Arbitrage, savoir la Commission permanente de conciliation
entre la Grèce et l'Italie. Il s'agissait de la destruction du navire grec « Roula », coulé
le 3 août 1940 (la Grèce étant encore neutre) par un sous-marin italien. Le Gouvernement
hellénique demanda une réparation de dommages causés par cette destruction. Le
20 mars 1956, la Commission soumit ses propositions aux deux Gouvernements.
Au mois d'octobre 1956, les deux Gouvernements communiquèrent au Président
de la Commission qu'ils acceptaient les conclusions de la Commission et que, sur
la base de ces conclusions, ils s'étaient mis d'accord.
Lorsqu'on considère le fait que les Etats sont en général peu disposés à soumettre
leurs différends à l'arbitrage, il ne peut être nié que la procédure de conciliation pourrait
devenir un des moyens pouvant contribuer à trouver des solutions qu'accepteraient
les deux parties en litige. Les résultats obtenus dans ces trois affaires récemment réglées
au Palais de la Paix sont certainement encourageants. Sous ce rapport on pourrait
citer ce que M. Hans Wehberg, Professeur de Droit International à l'Institut Univer-
sitaire de Hautes Etudes Internationales à Genève et Secrétaire Général de l'Institut
de Droit International fait observer, dans un article sur les Commissions de Conciliation
dans le droit des gens moderne, sur l'avantage de réunir, à côté des Tribunaux Arbitraux,
des Commissions de Conciliation au Palais de la Paix (Zeitschrift für Ausländisches
Öffentliches Recht und Volkerrecht, Festgabe für A. N. Makarov, août 1958, p. 587) :
« Du point de vue technique un Secrétariat Général bien outillé est important.
Seulement trois des Commissions de Conciliation, qui se sont réunies jusqu'à présent
( les Commissions dano-liathanienne, franco-suisse et gréco-italienne) ont profité
de la possibilité de prier le Bureau International de la Cour Permanente d'Arbitrage
à La Haye, de mettre à leur disposition ses locaux et son organisation. Il faut espérer
qu'à l'avenir les réunions au Palais de la Paix seront plus fréquentes. Un centre per-
manent pour le Secrétariat des Commissions de Conciliation ne peut que présenter
des avantages, d'autant plus que le milieu de La Haye se prête d'une façon excellente
au travail des Commissions de Conciliation. »

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2. MODIFICATIONS A APPORTER ÉVENTUELLEMENT


A LA PROCÉDURE D'ARBITRAGE

a. La liste des Membres


Aux termes de l'article 23 de la convention de 1899 (art. 44 de 1907), le tribunal
sera constitué sur la base d'un choix fait parmi la liste des membres de la Cour per-
manente d'Arbitrage, au nombre de quatre par pays. La question peut être posée
de savoir si éventuellement il serait préférable de laisser les parties en litige entièrement
libres dans leur choix des arbitres.
De l'avis du Bureau, il conviendrait de répondre négativement à cette question.
D'autres organisations ont également appliqué ce système comportant l'établissement
d'une liste qui facilitera la formation d'un tribunal dans un cas donné. Quant à la Cour
permanente d'Arbitrage, cette liste en est un élément important. Ce groupe de juristes
éminents de réputation internationale des divers pays est le pilier fondamental de
toute l'organisation. L'importance en a été reconnue lorsqu'on s'est préoccupé de
l'élaboration du Statut de la Cour permanente de Justice internationale et qu'il a fallu
trouver un organisme qui pourrait être chargé de réunir dans les divers pays les candidats
à la fonction de juge de cette Cour : c'est alors que les groupes nationaux des membres
de la Cour permanente d'Arbitrage paraissaient représenter par excellence les person-
nalités requises à cet effet.
Afin d'éviter une trop grande rigidité dans les choix des arbitres, notamment en cas
d'arbitrage spécial où l'on désirerait voir également siéger au tribunal des experts,
qui ne seraient pas inscrits sur la liste de la Cour, l'article 26 de la convention de 1899
(art. 47 de 1907) pourrait être appliqué. Ces arbitrages « spéciaux », visés par ces articles,
dont plusieurs ont été mentionnés dans les Rapports du Conseil administratif, ne dif-
fèrent pas, quant à leur fond, des arbitrages dont le tribunal a été constitué confor-
mément aux dispositions de l'article 23 (resp. 41). Ils ne touchent d'ailleurs pas au
principe que les membres de la Cour entrent en ligne de compte en premier lieu lorsqu'il
s'agit de former un tribunal.

b . Les dépenses de la Cour


Le fonctionnement de la Cour, tel qu'il est conçu aujourd'hui, réduit au minimum
les frais que les Etats participants ont à supporter en commun. Il va de soi que ces
dépenses peuvent être nettement inférieures à celles d'une institution telle que la Cour
internationale de Justice : si le budget de cette dernière organisation - supporté
par les Nations Unies - s'élève à $ 710.000, - , les frais annuels de la Cour permanente
d'Arbitrage sont actuellement de S 27.974, - . Ce montant est réparti entre les Hautes
Parties Contractantes selon le barême fixé par l'Union Postale Universelle. Les pays
de la première catégorie paient 25 unités; une unité égale à présent un montant de
$ 44, - . Les pays de la septième catégorie paient une seule unité. L'augmentation
du nombre de membres fera encore baisser le montant de la contribution annuelle.

c . Langue
Les Etats qui soumettent un litige à un tribunal déterminent dans un compromis
la langue dont il sera fait usage (art. 52 de la convention de 1907). La langue dont
se sert le Bureau pour sa correspondance et pour la rédaction des documents officiels,
et le Conseil Administratif dans ses réunions, est le français. Toutefois, des facilités
sont accordées à ceux qui préfèrent se servir d'une autre langue, si l'usage de la langue
française se heurte à des difficultés (voir procès-verbal de la réunion du Conseil admi-
nistratif du 26 novembre 1958). Il serait possible de mettre d'autres langues au même
pied que la langue française, mais cela entraînerait une augmentation des frais généraux.

d. Lieu de réunion des tribunaux à? arbitrage


Aux termes de l'article 52 de la convention de 1907, un tribunal d'arbitrage peut
avoir son siège en dehors du Palais de la Paix. Il est toutefois évident que les tribunaux

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LA COUR PERMANENTE D'ARBITRAGE 533

ne peuvent vraiment profiter des facilités prévues en ce qu


les services du greffe que s'ils se réunissent au Palais de la

e. Constitution des tribunaux ď arbitrage


La procédure de constitution des tribunaux d'arbitrage est
(de la convention de 1899) et 45 (de la convention de 1907).
contre l'arbitrage le fait que ce système n'était pas en mesu
un accord entre les Parties sur la composition du tribunal.
zt sens ont amené la Commission du Droit International de l'O
Unies à élaborer pendant sa session de 1958 un règlement pou
circonstances la désignation des membres du tribunal en stipu
entre les parties le Président de la Cour internationale de Ju
désignation. Ces règles n'ont pas partout été accueillies fav
cette procédure paraissait porter atteinte à un aspect essentie
la désignation des membres du Tribunal par les parties mê
sur ce point, le Bureau estime que vu les objections soulevée
ne pas modifier la procédure existante. Les parties qui sont p
telle qu'elle est décrite ci-dessus peuvent insérer irne clause sp
la convention arbitrale qu'elles concluent avec la partie adver
souhaitable de donner un caractère coercitif à une telle procédur
qui seraient portées devant la Cour d'arbitrage.

CONCLUSION

Pour conclure le Bureau estime qu'il ne s'impose pas d'apporter des modifi
à la procédure de la Cour permanente d'Arbitrage actuellement en vigueur, m
les activités de cette Cour pourraient utilement être soutenues et éventuellement é
en

Io) essayant d'augmenter le nombre des Hautes Parties Contractantes conformément


à la recommandation formulée par le Conseil Administratif au cours de sa réunion
du 2 décembre 1959, et en
2°) attirant l'attention des Hautes Parties Contractantes sur l'existence et les activités
de la Cour en relevant notamment les différences de procédure entre la Cour inter-
nationale de Justice et la Cour permanente d'Arbitrage selon les lignes tracées dans
la présente note.

La Haye, le 3 mars 1960.


J. P. A. FRANÇOIS *

* La responsabilité des articles signés incombe exclusivement à leurs auteurs

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