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NOTES DE COURS
(2ème version)
Décembre 2021
i
1. Introduction
La compréhension des principes économiques est la base d’une meilleure gestion des exploitations
agricoles. Il est donc nécessaire de baser la méthode de gestion sur les sciences économiques dans
toute la mesure du possible. L’exploitant agricole doit tenir compte des prix pour orienter ses choix.
La théorie de la production agricole fournit des schémas qui permettent de dégager un petit nombre de
règles importantes pour la gestion. Partant des quantités physiques de facteurs de production mises en
jeu dans le processus de production, il est possible de situer la différence maximum entre le produit
brut et les charges, c'est-à-dire le profit maximum.
Cette partie du cours est consacrée au calcul du revenu et du profit agricoles.
de maximiser leur profit (revenu monétaire net) n’est pas vérifiée. En effet, l’exploitant agricole est
souvent obligé de concilier plusieurs objectifs. Ces objectifs sont souvent différents d’une exploitation
à l’autre. Même à l’intérieur d’un même ménage, lorsqu’il y a individualisation de la production, les
objectifs diffèrent d’un membre à l’autre. Mais en général, beaucoup d’exploitants agricoles
poursuivent une certaine combinaison des objectifs suivants :
- assurer la sécurité alimentaire ;
- assurer un revenu monétaire en vue de faire face aux autres besoins matériels ;
- minimiser le risque ou tout simplement survivre dans un environnement incertain ;
- maximiser le temps de loisir et d’exercice d’activités annexes ;
- accroître le patrimoine du ménage pour assurer la survie pendant la période de vieillesse et
assurer le bien-être de l’ensemble des membres de la famille réduite ou élargie selon le cas ;
- accéder à un certain rang social au sein de la communauté.
Toutefois, nous allons démarrer l’analyse de la rationalité économique de l’exploitant en admettant
d’abord comme critère de choix la maximisation du revenu monétaire net (profit monétaire)
uniquement.
Trois raisons principales justifient ce choix :
1. premièrement, il n’existe pratiquement aucun doute que l’un des objectifs de tout exploitant
est la maximisation du profit monétaire et de nos jours, l’importance de cet objectif ne cesse
de croître avec le développement de l’économie du marché dans les milieux ruraux ;
2. deuxièmement, tous les autres objectifs pourraient être satisfaits indirectement avec la
maximisation du revenu monétaire net. Par exemple, les objectifs tels que l’accroissement du
patrimoine, l’amélioration du rang social de l’exploitant au sein de la communauté pourraient
être atteints grâce à la maximisation du profit monétaire. De la même manière, l’accumulation
du capital pourrait permettre à l’exploitant de se payer une assurance contre les sinistres
éventuels et assurer sa survie c'est-à-dire atteindre l’objectif de minimisation du risque ;
3. la troisième raison est qu’il est possible de considérer certains objectifs comme des contraintes
; l’objectif de sécurité alimentaire par exemple. On considère que les choix de l’exploitant sont
limités par son besoin de sécurité alimentaire. Dès que cet objectif est satisfait, il peut
poursuivre les autres. Une observation de la liste des objectifs précédemment indiqués permet
de constater qu’il est toujours possible de considérer chacun des objectifs énumérés ou
l’ensemble de tous les objectifs comme des contraintes. L’exploitant qui est assuré que ses
contraintes de sécurité alimentaire, de loisir et de rang social peuvent être satisfaites, peut
ensuite viser la maximisation de son profit monétaire résiduel.
En conclusion, le degré de pertinence du critère de maximisation du profit monétaire dépend, en
réalité, des données du terrain. A priori, il n’est pas possible d’affirmer que la maximisation du profit
monétaire est le critère primordial de l’exploitant. Toutefois, si les autres objectifs sont considérés
comme des contraintes à satisfaire obligatoirement, alors il peut paraître effectivement cohérent de
mettre l’accent sur ce critère.
On peut donc dire que l’exploitation agricole est une unité économique et sociale dans laquelle
l'exploitant pratique un système de production en vue de satisfaire ses objectifs socio-économiques et
culturels.
JOUVE (1994) donne une définition qui intègre les objectifs des paysans. Pour lui, un système de
production est un ensemble structuré de moyens de production (force de travail, terre, équipement,
etc.) combinés entre eux pour assurer une production végétale et/ou animale en vue de satisfaire les
objectifs et besoins de l’exploitation (ou du chef de l’unité de production) et de sa famille.
A la lecture de ces définitions, on peut aisément constater que les contraintes sociales auxquelles les
paysans africains font face sont occultées. C’est pourquoi, nous allons considérer le système de
production comme étant une combinaison cohérente, dans l’espace et dans le temps, de moyens de
production (force de travail, terre et capital d’exploitation) en vue d’obtenir différentes productions
agricoles, végétales ou animales pour la satisfaction des objectifs et besoins socio-économiques et
culturels de l’exploitation (ou du chef de l’unité de production) et de sa famille.
2.4. Gestion
Le concept de gestion peut se définir comme l’ensemble des activités liées à l’organisation et au
fonctionnement de l’exploitation agricole. Ces activités concernent :
- la détermination des objectifs de l’exploitation ;
- la prise de décision concernant le choix des spéculations, les techniques et technologies de
production à utiliser, les quantités à produire, les lieux et les périodes de vente ;
- l’exécution des décisions ci-dessus à travers l’organisation et l’allocation des ressources ;
- le contrôle du fonctionnement de l’exploitation.
Selon Chombart de Lauwe et al. (1963), la gestion est l’art des combinaisons rentables. Elle se
propose d’aider le producteur à choisir un système de production permettant d’obtenir, d’une façon
durable, un profit élevé, compte tenu du milieu, de la conjoncture et des possibilités de l’agriculture.
La gestion comporte trois aspects complémentaires d’analyse, de diagnostic ou prise de décisions et du
conseil.
Analyse
L’analyse de l’exploitation agricole se fait à deux niveaux : celui de l’exploitant et celui du conseiller
agricole (qu’il soit ingénieur ou technicien).
L’exploitant agricole est amené à prendre des décisions productives et à les mettre en action, selon ses
propres objectifs, engageant ainsi sa suivie et celle de sa famille. A ce niveau, toute l’organisation et le
fonctionnement de l’exploitation reposent sur la rationalité socio-économique et culturelle de
l’exploitant.
Le conseiller agricole doit analyser à la fois l’état de l’exploitation agricole et la rationalité de
l’exploitant, avant de donner un avis sur l’action de celui-ci : l’action du conseiller agit sur celle de
l’exploitant et non pas directement sur l’exploitation. Le conseiller doit rechercher les points faibles
de l’exploitation en procédant par comparaison des normes. La norme est la grandeur optimale d’une
donnée physique ou économique pouvant être utilisée comme référence. Dans le cas des méthodes
dites analytiques, les normes de comparaison ou normes-clés, sont les éléments clés des meilleurs
exploitations d’un groupe d’exploitation ayant à peu près le même système de production et choisies à
l’intérieur d’une région agricole ou zone agro-écologique. Au cours de l’analyse, on procède donc à
des mesures dans l’exploitation. Les informations recueillies sont enregistrées dans un document qui
traduit le système de production de l’exploitation : c’est la fiche d’exploitation.
La première activité du conseiller agricole est d’écouter l’exploitant, de comprendre les raisons de ses
choix techniques et économiques, de répertorier ses savoir-faire et d’en analyser le degré de
l’efficacité. Cette démarche place le conseiller en position de fournir un appui raisonné et concerté au
producteur. Elle se situe aux antipodes de celle symbolisée par la notion d’encadrement, selon laquelle
l’information ne circule que du haut en bas, en direction d’une paysannerie forcément ignorante, et
dont le droit à l’expression est systématiquement nié.
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Diagnostic
Les points faibles de l’exploitation étant déterminés par l’analyse, le diagnostic de l’exploitation en
fait une synthèse en établissant des priorités dans les mesures à prendre pour augmenter le profit. Le
diagnostic se présente donc sous la forme d’une note courte et précise.
Conseil
C’est le diagnostic qui sert au conseil à donner au producteur. Une grande difficulté est de tenir
compte du facteur temps car aujourd’hui les prix dansent comme des demoiselles : ce qui est vrai hier
avec le maïs à 150 FCFA le tongounlo ne le sera plus demain s’il n’est payé que 125 FCFA. C’est
pourquoi, la gestion consiste précisément à s’adapter aux variations de la conjoncture. Le seul moyen
d’être efficace dans un domaine aussi mouvant est de bien tenir compte des leçons de l’expérience.
D’une manière plus réaliste, on peut dire que la gestion conduit les exploitants, avec l’aide des
conseillers de gestion (et des spécialistes) à tirer, en coopération, les enseignements de leurs succès et
de leurs échecs. Rien n’est plus instructif que l’explication d’une erreur, non seulement pour celui qui
l’a faite, mais encore pour tous ceux qui seraient susceptibles de la commettre.
La productivité du travail est le rapport entre la production réalisée et la quantité du facteur travail
utilisée.
Dans l'agriculture, les travaux dépendent étroitement du cycle de production et sont par conséquent
très variés. Il est donc malaisé d'avoir des travailleurs spécialisés sauf pour des spéculations animales
dans les grandes exploitations où les opérations sont quotidiennement à peu près les mêmes. Le travail
agricole comporte des pointes saisonnières. Le travail pendant les périodes de pointe est par excellence
un facteur limitant et que l'organisation du travail de l'exploitation va consister principalement à
absorber les pointes saisonnières sachant bien sûr que le travail n'est pas un bien stockable. Point
d'organisation efficiente du travail de l'exploitation sans tenir compte de la distinction des travaux
différables des travaux non différables ;
On distingue la main-d'œuvre salariée, la main-d'œuvre occasionnelle payée à la tâche, la main-
d'œuvre familiale et l'entraide.
La main-d'œuvre est évaluée en homme-jour qui représente la quantité de travail fournie par un
homme en bonne santé en une journée. Généralement, il s'agit d'une journée de 8 h de travail. Le
nombre d'heures de travail par jour dépend de l'opération agricole. L'homme-jour agricole peut donc
être inférieur à 8 h de travail par jour.
La main-d'œuvre familiale n'est pas payée directement en espèces monétaires : elle reçoit des salaires
dits impayés.
cours de la campagne. Les facteurs fixes sont donc des facteurs physiques de production dont les
quantités ne peuvent être augmentées ou diminuées dans un délai très bref pour permettre une
augmentation ou une diminution presque immédiate de la production. Cette courte période est ici la
campagne agricole. Il est évident que nous ne pouvons considérer que les facteurs fixés dans une
campagne agricole resteront fixes dans leur intégralité et au même niveau pour les campagnes
agricoles suivantes. La période de temps suffisant pour que tous les facteurs fixes varient est appelée
longue période.
Par « dimension de spéculations pratiquées ou choisies », il faut entendre le nombre d’unités
techniques considérés (nombre d’hectares de maïs, nombre de vaches laitières, etc.)
Par « intensité des spéculations pratiquées ou choisies », il faut entendre les quantités plus ou moins
grandes de facteurs physiques de production par rapport une unité technique. On dira qu’une culture
de maïs est intensive si elle est pratiquée avec de grandes quantités de facteurs fixes et de facteurs
variables à l’hectare.
Quelques exemples de facteurs fixes (voir tableau 1)
Nous allons seulement insister sur la main-d’œuvre permanente et le capital fixe d’exploitation.
Main-d’œuvre permanente
Il s’agit des travailleurs que l’exploitant s’engage à rémunérer pour une période fixée à l’avance. Il en
est ainsi des travailleurs de la famille pour lesquels il existe un contrat tacite, et que l’exploitant fera
vivre sur l’exploitation et dont il pourra utiliser les services. Ces dernières charges peuvent ne pas être
payées mais les charges calculées des travailleurs de la famille sont bien des charges fixes. De même,
la rémunération du travail de direction est aussi une charge fixe.
Capital d’exploitation fixe
Nous classons ici le matériel spécifique ou polyvalent de l’exploitation, les installations, les éléments
de la traction animale, et les moteurs agricoles (semoirs tractés, batteuses, faucheuses, faneuses
faucheuse-lieuses, moissonneuses-batteuses, etc.). Les animaux de trait sont comptés dans le capital
fixe. Pour ces facteurs, nous convenons de considérer les charges annuelles comme des charges fixes,
tout au moins en ce qui concerne l’amortissement, l’entretien et l’intérêt. Ce ne sont donc pas les prix
d’achats de ces facteurs qui constituent les charges.
Tableau 1 : Charges fixes et charges variables
Assurances communes
Frais généraux Electricité dans une certaine mesure
Autres frais généraux
4.1.1. Premier élément des charges réelles : les matières premières ou approvisionnements
La plupart des matières premières et produits achetés par l'exploitation et qui sont des charges
variables. On peut citer :
- engrais ;
- pesticides ;
- liens et ficelle ;
- semences et plants ;
- carburants, lubrifiants et huiles ;
- aliments du bétail ;
- approvisionnements divers.
Ajoutons à cette liste le poste "amendements" qui figure dans la catégorie des charges fixes.
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4.1.2. Deuxième élément des charges réelles : les services fournis à l'exploitation ou frais
généraux
Il s'agit des charges fixes suivantes :
- assurances communes (incendie, responsabilité civile, tracteurs, à l'exclusion des assurances
spéciales couvrant les risques de mortalité du bétail, les dommages causés aux récoltes et de
l'assurance accidents du travail). En fait, l'assurance accidents du travail est comptée dans les
charges du travail. ;
- électricité ;
- autres frais généraux (taxe vicinale, taxes sur les véhicules à moteur, distribution d'eau, frais
de bureau, téléphone, cotisations aux organisations professionnelles, etc.) ;
- entretien des bâtiments (peintures, huisseries, revêtements intérieurs, etc.) ;
- entretien du matériel (même si un mécanicien est employé à plein temps à l'atelier de la ferme,
son salaire sera inscrit à ce poste, qui comprend en outre les frais de mécanicien, l'achat des
pièces de rechange et du petit outillage (outils d'atelier, pelles, fourches, etc.) etc.) ;
- Intérêt du capital emprunté ;
- Impôts et taxes
Remarque
L'impôt sur le revenu agricole et la contribution foncière n'entrent pas dans les charges de
l'exploitation : ils frappent le compte privé de l'agriculteur.
Ajoutons à ces charges les trois postes de charges variables suivantes :
- charges spéciales de la production animale : vétérinaire, saillie, etc. ;
- assurances spéciales : mortalité du bétail, mauvaise saison pluvieuse, etc ;
- travaux à l'entreprise : battages, moissonnage-battage, pressage de fourrages, traitements, etc.
4.1.5. Cinquième élément des charges réelles : l'amortissement du matériel et des installations
L'amortissement est une charge réelle qu'on calcule. Cette dépense d'un caractère particulier mérite
qu'on s'y attarde.
Il existe plusieurs méthodes du calcul de l'amortissement. Nous allons choisir les plus simples.
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On entend par "Ventes nettes d'animaux" la différence entre les ventes et les achats d'animaux au cours
de l'exercice. Puisque nous cherchons à connaître la production de l'exploitation, il est normal de
soustraire la valeur des animaux achetés car ils ne sont pas une production de l'exploitation. Prenons
l'exemple de 5 porcelets achetés à 10 000 FCFA et vendus à 25 000 FCFA après engraissement. Les
ventes nettes de porcs s'établissement comme suit :
(25 000 – 10 000) FCFA = 15 000 FCFA
Dans le courant de l'année, les génisses ont vêlé et sont devenues des vaches laitières.
La différence d'inventaire des animaux révèle dans ce cas une plus value de 160 000 FCFA. Cette
plus-value donnée par l'activité de l'exploitation au cheptel bovin va entrer dans le produit brut.
Le calcul du produit brut animal peut se faire de la manière suivante :
Produit brut animal = valeur productions animales vendues (lait, œufs, ou viandes, etc.) + valeur
productions animales autoconsommées (lait, œufs, ou viandes, etc.) + montant (ventes – achats)
de bétail + valeur du cheptel en fin d’exercice – valeur du cheptel au début d'exercice.
Variation d'inventaire des stocks de récoltes
Par simplification, la variation de stocks interviendra rarement dans le calcul du produit brut. C'est
pourquoi, dans les ventes des produits végétaux, il faut valoriser la quantité produite et stockée au
cours de l'exercice. On pourrait utiliser la formule suivante :
Produit Végétal en Valeur = Produit brut végétal = Somme de Quantité physique produite de
chaque culture (moins les pertes éventuelles) x prix de chaque unité de vente de chaque culture
Le prix est par définition la valeur d'une unité de bien ou de service. Il n'est donc pas bon d'utiliser le
concept du prix unitaire car le prix est toujours unitaire.
De même, le prix à estimer est le prix sortie ferme ou prix bords champ hors coût de
commercialisation. Si donc une partie de la production est vendue ailleurs qu’à la ferme, alors on doit
prendre en compte le coût de la commercialisation (transport, main-d'œuvre, communication, etc.).
Parfois, même si le produit est vendu à la ferme, le producteur peut avoir fait comme quelques petites
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dépenses comme les frais de communication avec ses partenaires économiques, etc. Il est important de
prendre en compte ses dépenses réelles.
Par exemple, prenons le cas d'un producteur de maïs qui a vendu 10 sacs de maïs sur un marché distant
à 312500 FCFA. Le prix d'un sac de maïs n'est pas égal à 312500/10. En effet, pour réaliser cette
transaction, le producteur a dépensé 3000 FCFA pour transporter les 10 sacs au marché distant. Son
propre transport aller-retour est estimé à 1000 FCFA. Il a dépensé 1000 FCFA pour les frais de
chargement et de déchargement. Il a dû passer toute la journée au marché pour réaliser cette
transaction et il était le seul à aller au marché. Son homme-jour est estimé à 4000 FCFA. Enfin, avant
de décider d'aller au marché, il avait appelé des amis commerçants pour s'informer sur les conditions
du marché. Cela lui a coûté 500 FCFA comme frais de communication.
La valeur nette des 10 sacs de maïs vendu est donc 312500 - 3000 - 1000 - 1000 - 4000 - 500 =
303000 FCFA. En conséquence, le prix bords champ hors coût de commercialisation d'un sac de maïs
à considérer est égal à 303000/10, soit 30300 FCFA et non 31125 FCFA (312500/10).
Par ailleurs, il est difficile d'avoir une réponse fiable à la question suivante qu'il ne faut pas poser à un
producteur quel que soit son niveau d'instruction : Quel a été le prix de vente de votre produit au cours
de la campagne passée ?
Pour donc déterminer le prix d'une unité d'un bien agricole échangé par un producteur au cours d'une
période (soit la campagne agricole, soit un cycle de production; soit une année d'exercice, etc.), il est
nécessaire de collecter des données sur chacune des transactions réalisées par le producteur au cours
de la période considérée
Dans ces conditions, voici les questions nécessaires à poser au producteur qui est ouvert au marché
dans le cas de la production du maïs par exemple :
1. Quelle a été la quantité de maïs produite sur chacune des parcelles sur lesquelles le maïs a été
produit au cours de la campagne agricole considérée ?
La quantité produite doit être fournie dans l'unité de mesure utilisée par le producteur. Les données
doivent être collectées sur chacune des parcelles de maïs. Ce qui suppose qu'il faut préalablement lister
toutes les parcelles et identifier celles qui ont porté le maïs au cours de période en question. Avec cette
question, le chercheur peut calculer plus tard la quantité totale de maïs produit par l’exploitant.
2. Quelle a été la quantité autoconsommée (toujours dans la même unité habituellement utilisée par le
producteur)?
3. Quelle a été la quantité offerte aux amis et autres proches ?
4. Quelle est la quantité encore en stock et provenant de la campagne ou période concernée ? En fait
dans un lieu de stockage, il peut y avoir du maïs provenant de plusieurs campagnes agricoles produit et
stocké. On doit donc faire attention à ce niveau pour ne pas attribuer la quantité du maïs produit dans
une campagne antérieure à celle de la campagne étudiée.
5. Avez-vous vendu une partie de la quantité du maïs produit au cours de la campagne ou période
considérée ?
6. Si Oui, en combien de transactions ? A ce niveau, il est nécessaire de lister les différentes
transactions réalisées dans la période considérée et qui concerne la production concernée.
Pour chacune des transactions listées, les principales données à collecter vont concerner le marché de
vente, la distance du marché du lieu de production, le mois et l'année dans lesquels la transaction a eu
lieu, la quantité vendue, le prix de vente ou le montant total de vente et les coûts de commercialisation,
le type d'acheteur (consommateur final, grossiste, détaillant, etc.).
Le chercheur va donc calculer le montrant total de vente, le coût total de commercialisation et la
quantité totale vendue. Connaissant ces trois paramètres, il va déterminer le prix d’une unité qui est le
montant total de vente moins coût total de commercialisation sur la quantité totale vendue. Ce prix est
le prix moyen de vente d'une unité du maïs. On pourrait donc utiliser ce prix pour estimer la valeur de
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la quantité de maïs des autres destinations de son utilisation à savoir : autoconsommation, don et
stockage. La quantité perdue ne fait pas partie du produit brut.
5.1.5. Ce qui ne doit pas figurer dans le produit brut : l'auto-approvisionnement et les ventes de
matériel
Il ne faut pas compter dans le produit brut les produits de l'exploitation qui ont été utilisés pour la
fabrication des autres produits. En comptant par exemple le fourrage consommé par les animaux dans
le produit brut, on fait une erreur de double emploi. En effet, il est compté une première fois comme
moyen de production de production et une deuxième fois comme produit transformé sous forme de lait
et de viande. Le même raisonnement est valable pour les semences produites par l'exploitation et qui
sont transformées en récoltes.
Les ventes de matériel ne font pas partie du produit brut car le matériel n'est pas une production de
l'exploitation. Les ventes et les achats de matériel sont seulement notés en observation dans la fiche de
collecte de données.
Mais quelle est l'utilité d'une productivité partielle d'un facteur de production ? En première
approximation, elle nous montre qu'un facteur de production est plus ou moins bien employé dans les
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exploitations ayant des systèmes de production comparables. Ainsi, avec deux exploitations A et B
ayant des dimensions et des systèmes de production comparables, si la productivité partielle par
hectare est 3,50 tonnes pour l'exploitation A et 2 tonnes pour l'exploitation B, l'emploi du facteur terre
est bien plus satisfaisant dans A que dans B. C'est là un renseignement très précieux pour l'analyse des
systèmes de production, mais cette façon de raisonner a de limites. En effet, la productivité partielle de
la terre consiste à rapporter la production obtenue à un seul facteur de production alors que cette
production a été obtenue avec le concours des trois facteurs de production.
- des revenus pour moderniser son exploitation par autofinancement dans le cadre de
l'industrialisation de l'agriculture ;
- un accroissement de sa fortune personnelle lui permettant l'achat de terres ou d'une voiture,
l'aménagement de la maison d'habitation, etc.
Une partie du revenu agricole est disponible en monnaie : c'est ce qui reste des ventes quand les
charges réelles ont été payées.
L'autre partie en nature est constituée par la valeur des produits autoconsommés par la famille, par la
variation d'inventaire des animaux et par le reste des produits de l'exercice non encore vendus.
On peut déterminer le revenu agricole par actif agricole ou unité travailleur. Pour l'obtenir, il suffit de
diviser le revenu agricole par le nombre d'actifs agricoles ou d'unités travailleurs. Pour savoir si ce
résultat est économiquement satisfaisant, il faudrait le comparer aux salaires versés aux ouvriers dans
d'autres activités de la région agricole : dans les usines, les magasins ou les administrations. Cependant
une telle comparaison doit être nuancée en fonction des nombreuses différences qui distinguent le
revenu agricole d'un salaire. Rappelons seulement qu'une partie du revenu agricole n'est pas disponible
pour la satisfaction immédiate des besoins familiaux. La part en nature du cheptel vif et les sommes
nécessaires à la modernisation de l'exploitation constituent en effet une épargne forcée qui pèse
lourdement sur le budget familial.
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é
et
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L'intérêt de cet indice est primordial, puisqu'il permet de comparer l'activité productive des
exploitations, avant toute utilisation de cette valeur créée durant le cycle ou l'année de production. Il
permet donc en particulier, de comparer des exploitations pratiquant des systèmes de production
différents, et dans le cas de systèmes de production semblables, des exploitations dont les situations
sont différentes vis-à-vis des rapports de production et de propriété (type de main-d'œuvre, de faire-
valoir, place de l'Etat, etc.).
La plupart du temps, quand on dit simplement "Valeur Ajoutée", il s'agit de la Valeur Ajoutée Brute.
Mesurer la valeur ajoutée de toutes les entreprises résidant sur le territoire national béninois depuis
plus d'un an permet, en faisant la somme, de connaître la valeur de la production du Bénin, appelée par
la Comptabilité Nationale P.I.B. (Produit Intérieur Brut). Ce Produit est brut car on fait la somme des
valeurs ajoutées brutes. Autrement dit, quand on parle de la "valeur ajoutée du Bénin pendant une
année", on parle du P.I.B. du Bénin. Le P.I.B. correspond donc à la somme de toutes les richesses
produites dans un pays par tous les agents économiques.
La Valeur Ajoutée ne représente pas encore la valeur du revenu finalement dégagé par l'exploitant.
Elle sert en effet, à rémunérer les différents acteurs intervenant directement et indirectement dans le
processus de production. On a :
- le propriétaire extérieur de la terre à qui l'exploitant doit verser une rente foncière (RF) ;
- les fournisseurs d'une partie du capital engagé (banque, caisses coopératives ou mutuelles de
crédit, prêteurs individuels, structures de micro-finance, etc.) auxquels l'emprunteur verse des
frais financiers. A ce niveau du calcul, ne sont pris en compte que le payement des intérêts (I)
et non pas le remboursement du capital : en effet, celui-ci a été investi dans l'achat de moyens
de production et il est donc intégré aux consommations intermédiaires (cas de crédits de
campagne) et aux amortissements (crédits à moyen et long terme) ;
- l'Etat ou les organisations professionnelles ou para-publiques auxquelles l'exploitant reverse
des impôts et taxes relatifs à la production (T). L'impôt sur le revenu n'est pas inclus dans
cette somme ;
- le paiement des salaires des travailleurs extérieurs (W) ;
- la rémunération du travail familial.
Après déduction de toutes ces charges en dehors du salaire familial, on obtient le revenu agricole net
restant pour la famille travaillant sur l'exploitation agricole.
C'est ce revenu agricole qui, en plus de rémunérer le travail familial, permet ou non à l'exploitant de
réaliser de bénéfice, ou/et de réserves indispensables aux futurs investissements pour renouveler ses
moyens de production et la fertilité de sa terre. Cela lui permet de se reproduire à l'identique
(reproduction simple), ou de se développer (reproduction élargie). Inversement, on peut mettre en
évidence la décapitalisation si ce revenu ne permet pas ce renouvellement.
Les amortissements qui sont des estimations de la consommation annuelle du capital fixe ne
correspondent pas à des dépenses immédiates mais constituent des provisions en vue de dépenses
futures. Ce flux monétaire est disponible pour l'exploitant. On définit alors Le Revenu Agricole Brut
(RAB) par la relation :
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On peut donc dire que le Revenu Agricole Net s'obtient après déduction de l'Amortissement du
Revenu Agricole Brut.
Les calculs qui aboutissent à l'évaluation de la valeur ajoutée puis du revenu agricole net reflètent
l'ensemble des charges réellement supportées par l'exploitant mais ne rendent pas compte des flux
monétaires effectifs. En effet, l'augmentation du cheptel inscrit dans le produit brut et les
amortissements qui sont des estimations de la consommation annuelle du capital fixe ne correspondent
pas à des recettes ou des dépenses immédiates.
Si on ne connaît pas la part des prélèvements familiaux destinés à couvrir les dépenses courantes, les
investissements en biens de consommation durables (habitats, véhicules) et le remboursement
d'emprunts liés à la consommation, on peut au moins calculer le revenu disponible, évaluation de la
quantité d'argent dégagée au cours d'un exercice pour vivre et investir sur l'exploitation.
5.5. Profit
Le profit est la différence entre le produit brut et les charges globales (charges réelles plus charges
calculées). Le profit est calculé si et seulement si toutes les charges réelles ou non sont déterminées.
Sinon, ce concept n'est pas approrié.
Le résultat négatif indique une perte. Un compte d'exploitation en perte signifie que les moyens mis à
la disposition de l'exploitation par l'agriculteur n'ont pas reçu leur juste rémunération. En théorie, la
perte se répartit sur chaque poste des charges calculées : fermage calculé, travail de direction, travail
familial, intérêt du capital. Mais principalement c'est le revenu de l'agriculteur et de la famille (ou
revenu agricole) qui est insuffisant, et ceci se traduit bien souvent par un niveau de vie trop bas.
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Ce taux peut être utilement comparé par l'agriculteur avec les taux de placement dans d'autres affaires.
Mais, dans toutes les comparaisons, on aura soin de tenir compte du risque encouru, qui n'est pas le
même pour un placement dans une fluctuante entreprise industrielle ou pour un placement en rente à
garantie de charge, etc.
Enfin, le propriétaire exploitant fera bien de calculer le taux de rentabilité totale (TRT) des capitaux
engagés dans l'exploitation agricole. C'est le rapport entre le revenu des capitaux et la valeur des
capitaux d'exploitation et du prix de la terre en propriété.
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Là encore, la comparaison du taux de rentabilité totale avec les taux d'intérêt obtenus dans d'autres
placements pourra fournir d'utiles indications à l'agriculteur sur la marche de son affaire. Mais, qu'il
n'oublie jamais (et il n'oublie bien rarement), que la terre est le plus sûr, sinon le plus rémunérateur des
placements.
6. Conclusion
Le calcul des résultats économiques de l'exploitation dépend étroitement de la qualité des données
collectées et des conditions du marché. Les prix décident presque de tout. La classification des facteurs
de production en facteurs fixes ou variables d'une part et la distinction des charges réelles des charges
fixes d'autre part sont délicats et exige une attention particulière dans la gestion des exploitations
agricoles.
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Références bibliographiques
Chombart de Lauwe J., Poitevin J. et Tirel J. C. (1963). Nouvelle gestion des exploitations agricoles. Paris :
Dunod.
Dufumier M. (1985). Système de production et développement agricole dans le Tiers-monde. Cahiers
Recherche-Développement, 6: 31-37.
Ferraton N., Touzard I. (2009). Comprendre l’agriculture familiale: diagnostic des systèmes de production.
Gembloux : Les presses agronomiques de Gembloux.
INSEE, 2016 : Statistiques, définitions, méthodes et qualité. Définitions mises à jour le 13/10/2016.
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