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Gestion des Exploitations Agricoles (1ère partie) : Notes de cours

Method · January 2022


DOI: 10.13140/RG.2.2.10792.90882

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Sylvain Kpenavoun Chogou


University of Abomey-Calavi
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REPUBLIQUE DU BENIN
----------------------------------
UNIVERSITE D’ABOMEY – CALAVI
-----------------------------------
FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES
-----------------------------------
ECOLE D'ECONOMIE, DE SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET DE
COMMUNICATION POUR LE DEVELOPPEMENT RURAL
----------------------------------

Gestion des Exploitations Agricoles


(1ère partie)

NOTES DE COURS
(2ème version)

Dr Ir. Sylvain KPENAVOUN CHOGOU


Enseignant-chercheur, Maître de Conférences
Agro-économiste
Expert en bases de données
Chef du Service des Statistiques
Rectorat de l'Université d'Abomey-Calavi
Email : kpenavoun@yahoo.fr

Décembre 2021
i

Table des matières


1. Introduction ......................................................................................................................... 1
2. Définition de quelques concepts ............................................................................................. 1
2.1. Qu'est ce qu'une entreprise .............................................................................................. 1
2.2. Exploitation agricole ...................................................................................................... 1
2.3. Système de production .................................................................................................... 2
2.4. Gestion ......................................................................................................................... 3
2.5. Facteurs de production .................................................................................................... 4
2.5.1. Facteur travail.......................................................................................................... 4
2.5.2. Facteur terre ............................................................................................................ 5
2.5.3. Facteur capital ......................................................................................................... 5
3. Notion de facteurs fixes et charges fixes, de facteurs variables et charges variables ...................... 5
3.1. Notion de facteurs fixes et charges fixes (ou coûts fixes) ..................................................... 5
3.2. Notion de facteurs variables et charges variables (ou coûts variables) ................................... 7
4. Charges réelles et charges calculées ........................................................................................ 7
4.1. Charges réelles ou dépenses que l'exploitant connaît bien .................................................... 7
4.1.1. Premier élément des charges réelles : les matières premières ou approvisionnements........ 7
4.1.2. Deuxième élément des charges réelles : les services fournis à l'exploitation ou frais
généraux .......................................................................................................................... 8
4.1.3. Troisième élément des charges réelles : les dépenses de main-d'œuvre............................ 8
4.1.4. Quatrième élément des charges réelles : le fermage réel ................................................ 8
4.1.5. Cinquième élément des charges réelles : l'amortissement du matériel et des installations .. 8
4.2. Charges calculées ........................................................................................................... 9
4.2.1. Première charge calculée : le fermage du propriétaire exploitant ...................................10
4.2.2. Deuxième charge calculée : la rémunération du travail de direction du chef d'exploitation10
4.2.3. Troisième charge calculée : la rémunération du travail familial (salaires familiaux) .........10
4.2.4. Quatrième charge calculée : la rémunération du capital propre d'exploitation..................11
5. Calcul économique : mesure des résultats de l’exploitation agricole ..........................................12
5.1. Produit Brut (PB) ..........................................................................................................12
5.1.1. Premier élément du produit brut facile à retrouver : les ventes ......................................12
5.1.2. Deuxième élément : l'autoconsommation fait partie du produit brut ...............................13
5.1.3. Troisième élément un peu compliqué : la variation d'inventaire ....................................13
5.1.4. Quatrième élément du produit brut : produits divers ....................................................15
5.1.5. Ce qui ne doit pas figurer dans le produit brut : l'auto-approvisionnement et les ventes de
matériel ..........................................................................................................................15
5.2. Productivité partielle et nette d'un facteur de production ....................................................15
5.2.1. Productivité partielle d'un facteur de production .........................................................15
ii

5.2.2. Productivité nette d'un facteur de production ..............................................................16


5.3. Marge brute ..................................................................................................................16
5.4. Revenu agricole ............................................................................................................16
5.4.1. Méthode classique du calcul du revenu agricole ..........................................................16
5.4.2. Méthode du calcul du revenu agricole par la Valeur Ajoutée ........................................17
5.5. Profit ...........................................................................................................................19
6. Conclusion .........................................................................................................................20
Références bibliographiques.....................................................................................................21
1

1. Introduction
La compréhension des principes économiques est la base d’une meilleure gestion des exploitations
agricoles. Il est donc nécessaire de baser la méthode de gestion sur les sciences économiques dans
toute la mesure du possible. L’exploitant agricole doit tenir compte des prix pour orienter ses choix.
La théorie de la production agricole fournit des schémas qui permettent de dégager un petit nombre de
règles importantes pour la gestion. Partant des quantités physiques de facteurs de production mises en
jeu dans le processus de production, il est possible de situer la différence maximum entre le produit
brut et les charges, c'est-à-dire le profit maximum.
Cette partie du cours est consacrée au calcul du revenu et du profit agricoles.

2. Définition de quelques concepts


2.1. Qu'est ce qu'une entreprise
Plusieurs théories différentes s'opposent sur cette question. Ces différentes théories insistent pour
chacune d'entre elles sur un aspect particulier de la vie et de l'activité de l'entreprise. L'approche néo-
classique de l'entreprise insiste sur l'aspect technologique : la fonction technique de production est
considérée comme essentielle à la définition d'une entreprise. L'entreprise est donc une unité
organisationnelle de production de biens et/ou de services jouissant d'une certaine autonomie de
décision, notamment pour l'affectation de ses ressources courantes. Les ressources comprennent les
biens et les services.
Un service est une activité humaine visant à satisfaire un besoin d’autrui. Il ne peut pas être stocké et il
doit être consommé au moment où il est produit.
Un bien peut être matériel ou immatériel. Un baril de pétrole est un bien matériel, une marque, ou un
procédé de fabrication, un brevet, sont des biens immatériels. Les biens et services peuvent être
marchands ou non marchands selon la manière dont ils sont financés. Les premiers sont financés
individuellement, les autres collectivement, par l’impôt par exemple.
Une distinction essentielle est celle qui sépare les biens de consommation et les biens de production.
Un bien de consommation est détruit, plus ou moins rapidement, pour satisfaire un besoin. Pour
certains biens, la destruction est immédiate (fruit d’ananas par exemple) : ce sont les biens non
durables. Pour d’autres la destruction est plus lente (une voiture, l’électroménager, l’étang piscicole,
etc.). Il s’agit de biens durables.
Un bien de production participe à la création d’autres biens. Il ne satisfait pas directement les besoins.
Cette opération de création d’un bien de production est un élément essentiel de la vie économique :
l’investissement. L’investissement est, dans une première approche, l’achat d’une machine, d’un outil,
d’un bien de production.
La quantité des ressources disponibles est l’alpha et l’oméga de l’économie. C’est d’elle que dépend
la valeur des biens et services. Depuis le XIXème siècle, tous les théoriciens s’accordent sur ce point.
Cette quantité des ressources disponibles est limitée. C’est pourquoi, elles doivent être bien utilisées et
c'est cela l’objet de l’économie.
L’objectif de toute entreprise est de maximiser son profit ou de minimiser les coûts de production.

2.2. Exploitation agricole


Selon Chombart de Lauwe et al. (1963), l'exploitation agricole est une unité économique dans
laquelle l'agriculteur pratique un système de production en vue d'augmenter son profit.
Mais, il est important de noter que dans certains milieux ruraux des pays en développement,
spécialement ceux de l’Afrique, l’hypothèse selon laquelle le seul objectif des exploitants agricoles est
2

de maximiser leur profit (revenu monétaire net) n’est pas vérifiée. En effet, l’exploitant agricole est
souvent obligé de concilier plusieurs objectifs. Ces objectifs sont souvent différents d’une exploitation
à l’autre. Même à l’intérieur d’un même ménage, lorsqu’il y a individualisation de la production, les
objectifs diffèrent d’un membre à l’autre. Mais en général, beaucoup d’exploitants agricoles
poursuivent une certaine combinaison des objectifs suivants :
- assurer la sécurité alimentaire ;
- assurer un revenu monétaire en vue de faire face aux autres besoins matériels ;
- minimiser le risque ou tout simplement survivre dans un environnement incertain ;
- maximiser le temps de loisir et d’exercice d’activités annexes ;
- accroître le patrimoine du ménage pour assurer la survie pendant la période de vieillesse et
assurer le bien-être de l’ensemble des membres de la famille réduite ou élargie selon le cas ;
- accéder à un certain rang social au sein de la communauté.
Toutefois, nous allons démarrer l’analyse de la rationalité économique de l’exploitant en admettant
d’abord comme critère de choix la maximisation du revenu monétaire net (profit monétaire)
uniquement.
Trois raisons principales justifient ce choix :
1. premièrement, il n’existe pratiquement aucun doute que l’un des objectifs de tout exploitant
est la maximisation du profit monétaire et de nos jours, l’importance de cet objectif ne cesse
de croître avec le développement de l’économie du marché dans les milieux ruraux ;
2. deuxièmement, tous les autres objectifs pourraient être satisfaits indirectement avec la
maximisation du revenu monétaire net. Par exemple, les objectifs tels que l’accroissement du
patrimoine, l’amélioration du rang social de l’exploitant au sein de la communauté pourraient
être atteints grâce à la maximisation du profit monétaire. De la même manière, l’accumulation
du capital pourrait permettre à l’exploitant de se payer une assurance contre les sinistres
éventuels et assurer sa survie c'est-à-dire atteindre l’objectif de minimisation du risque ;
3. la troisième raison est qu’il est possible de considérer certains objectifs comme des contraintes
; l’objectif de sécurité alimentaire par exemple. On considère que les choix de l’exploitant sont
limités par son besoin de sécurité alimentaire. Dès que cet objectif est satisfait, il peut
poursuivre les autres. Une observation de la liste des objectifs précédemment indiqués permet
de constater qu’il est toujours possible de considérer chacun des objectifs énumérés ou
l’ensemble de tous les objectifs comme des contraintes. L’exploitant qui est assuré que ses
contraintes de sécurité alimentaire, de loisir et de rang social peuvent être satisfaites, peut
ensuite viser la maximisation de son profit monétaire résiduel.
En conclusion, le degré de pertinence du critère de maximisation du profit monétaire dépend, en
réalité, des données du terrain. A priori, il n’est pas possible d’affirmer que la maximisation du profit
monétaire est le critère primordial de l’exploitant. Toutefois, si les autres objectifs sont considérés
comme des contraintes à satisfaire obligatoirement, alors il peut paraître effectivement cohérent de
mettre l’accent sur ce critère.
On peut donc dire que l’exploitation agricole est une unité économique et sociale dans laquelle
l'exploitant pratique un système de production en vue de satisfaire ses objectifs socio-économiques et
culturels.

2.3. Système de production


Au niveau de l’exploitation agricole, un système de production peut se définir comme une
combinaison cohérente, dans l’espace et dans le temps, de certaines quantités de forces de travail
(familiale, salariée, etc.) et de divers moyens de production (terres, bâtiments, machines, instruments,
cheptel, semences, etc.), en vue d’obtenir différentes productions agricoles, végétales ou animales
(DUFUMIER, 1985).
3

JOUVE (1994) donne une définition qui intègre les objectifs des paysans. Pour lui, un système de
production est un ensemble structuré de moyens de production (force de travail, terre, équipement,
etc.) combinés entre eux pour assurer une production végétale et/ou animale en vue de satisfaire les
objectifs et besoins de l’exploitation (ou du chef de l’unité de production) et de sa famille.
A la lecture de ces définitions, on peut aisément constater que les contraintes sociales auxquelles les
paysans africains font face sont occultées. C’est pourquoi, nous allons considérer le système de
production comme étant une combinaison cohérente, dans l’espace et dans le temps, de moyens de
production (force de travail, terre et capital d’exploitation) en vue d’obtenir différentes productions
agricoles, végétales ou animales pour la satisfaction des objectifs et besoins socio-économiques et
culturels de l’exploitation (ou du chef de l’unité de production) et de sa famille.

2.4. Gestion
Le concept de gestion peut se définir comme l’ensemble des activités liées à l’organisation et au
fonctionnement de l’exploitation agricole. Ces activités concernent :
- la détermination des objectifs de l’exploitation ;
- la prise de décision concernant le choix des spéculations, les techniques et technologies de
production à utiliser, les quantités à produire, les lieux et les périodes de vente ;
- l’exécution des décisions ci-dessus à travers l’organisation et l’allocation des ressources ;
- le contrôle du fonctionnement de l’exploitation.
Selon Chombart de Lauwe et al. (1963), la gestion est l’art des combinaisons rentables. Elle se
propose d’aider le producteur à choisir un système de production permettant d’obtenir, d’une façon
durable, un profit élevé, compte tenu du milieu, de la conjoncture et des possibilités de l’agriculture.
La gestion comporte trois aspects complémentaires d’analyse, de diagnostic ou prise de décisions et du
conseil.
Analyse
L’analyse de l’exploitation agricole se fait à deux niveaux : celui de l’exploitant et celui du conseiller
agricole (qu’il soit ingénieur ou technicien).
L’exploitant agricole est amené à prendre des décisions productives et à les mettre en action, selon ses
propres objectifs, engageant ainsi sa suivie et celle de sa famille. A ce niveau, toute l’organisation et le
fonctionnement de l’exploitation reposent sur la rationalité socio-économique et culturelle de
l’exploitant.
Le conseiller agricole doit analyser à la fois l’état de l’exploitation agricole et la rationalité de
l’exploitant, avant de donner un avis sur l’action de celui-ci : l’action du conseiller agit sur celle de
l’exploitant et non pas directement sur l’exploitation. Le conseiller doit rechercher les points faibles
de l’exploitation en procédant par comparaison des normes. La norme est la grandeur optimale d’une
donnée physique ou économique pouvant être utilisée comme référence. Dans le cas des méthodes
dites analytiques, les normes de comparaison ou normes-clés, sont les éléments clés des meilleurs
exploitations d’un groupe d’exploitation ayant à peu près le même système de production et choisies à
l’intérieur d’une région agricole ou zone agro-écologique. Au cours de l’analyse, on procède donc à
des mesures dans l’exploitation. Les informations recueillies sont enregistrées dans un document qui
traduit le système de production de l’exploitation : c’est la fiche d’exploitation.
La première activité du conseiller agricole est d’écouter l’exploitant, de comprendre les raisons de ses
choix techniques et économiques, de répertorier ses savoir-faire et d’en analyser le degré de
l’efficacité. Cette démarche place le conseiller en position de fournir un appui raisonné et concerté au
producteur. Elle se situe aux antipodes de celle symbolisée par la notion d’encadrement, selon laquelle
l’information ne circule que du haut en bas, en direction d’une paysannerie forcément ignorante, et
dont le droit à l’expression est systématiquement nié.
4

Diagnostic
Les points faibles de l’exploitation étant déterminés par l’analyse, le diagnostic de l’exploitation en
fait une synthèse en établissant des priorités dans les mesures à prendre pour augmenter le profit. Le
diagnostic se présente donc sous la forme d’une note courte et précise.

Conseil
C’est le diagnostic qui sert au conseil à donner au producteur. Une grande difficulté est de tenir
compte du facteur temps car aujourd’hui les prix dansent comme des demoiselles : ce qui est vrai hier
avec le maïs à 150 FCFA le tongounlo ne le sera plus demain s’il n’est payé que 125 FCFA. C’est
pourquoi, la gestion consiste précisément à s’adapter aux variations de la conjoncture. Le seul moyen
d’être efficace dans un domaine aussi mouvant est de bien tenir compte des leçons de l’expérience.
D’une manière plus réaliste, on peut dire que la gestion conduit les exploitants, avec l’aide des
conseillers de gestion (et des spécialistes) à tirer, en coopération, les enseignements de leurs succès et
de leurs échecs. Rien n’est plus instructif que l’explication d’une erreur, non seulement pour celui qui
l’a faite, mais encore pour tous ceux qui seraient susceptibles de la commettre.

2.5. Facteurs de production


La production est l’activité économique de base, c'est-à-dire l’opération qui va permettre la création de
biens et de services. Pour réaliser cette production, l’entreprise doit utiliser un certain nombre de
moyens (inputs ou intrants) appelés facteurs de production. Ceux-ci sont souvent classés en grandes
catégories telles que la terre, le travail et le capital. Ce que signifie terre, travail est assez évident, mais
le capital peut constituer un concept nouveau.

2.5.1. Facteur travail


Le travail comme la terre sont les facteurs de production originaires, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas été
produits, et plus particulièrement ils n'ont pas été produits à des fins économiques. Le travail
correspond à l’ensemble des activités intellectuelles et manuelles, organisées par les hommes pour
produire des biens et des services. Ces activités font l’objet d’une rémunération.
Le travail s’analyse selon deux aspects :
- un aspect quantitatif qui permet d’identifier l’effectif (tous les salariés liés à l’entreprise par un
contrat de travail explicite ou non à temps complet ou partiel et toute la main-d'œuvre
familiale) et la durée du travail (nombre d’heures de travail de chaque travailleur) au sein de
l’entreprise ;
- un aspect qualitatif qui se détermine par l’acquisition d’une formation (investissement dans la
ressource humaine qui permet à l’entreprise de disposer à tout moment d’un personnel
compétent et motivé).
On distingue la formation initiale (formation acquise avant l’entrée dans la vie active) et la formation
professionnelle continue (formation suivie tout au long de la vie professionnelle) ;
La mesure qualitative du travail permet d’apprécier l’efficacité de la main d’œuvre dans les
entreprises. Cette efficacité dépend d’une série de facteurs. Les plus importants sont :
- la qualification de la main d’œuvre (formation initiale, formation permanente et expérience) ;
- l’âge (l’efficacité croit puis décroit ensuite) ;
- le sexe (le niveau de qualification féminine reste inférieur, même si la tendance s’inverse ;
contraintes propres aux femmes – congés maternité, parentaux, cessation d’activité –) ;
- l’organisation du travail et la motivation des salariés.
L’instrument de mesure de la qualité du travail est la productivité du travail. On la mesure à plusieurs
niveaux : individuel, entreprise, branche d’activité (plusieurs entreprises) et global (national).
5

La productivité du travail est le rapport entre la production réalisée et la quantité du facteur travail
utilisée.
Dans l'agriculture, les travaux dépendent étroitement du cycle de production et sont par conséquent
très variés. Il est donc malaisé d'avoir des travailleurs spécialisés sauf pour des spéculations animales
dans les grandes exploitations où les opérations sont quotidiennement à peu près les mêmes. Le travail
agricole comporte des pointes saisonnières. Le travail pendant les périodes de pointe est par excellence
un facteur limitant et que l'organisation du travail de l'exploitation va consister principalement à
absorber les pointes saisonnières sachant bien sûr que le travail n'est pas un bien stockable. Point
d'organisation efficiente du travail de l'exploitation sans tenir compte de la distinction des travaux
différables des travaux non différables ;
On distingue la main-d'œuvre salariée, la main-d'œuvre occasionnelle payée à la tâche, la main-
d'œuvre familiale et l'entraide.
La main-d'œuvre est évaluée en homme-jour qui représente la quantité de travail fournie par un
homme en bonne santé en une journée. Généralement, il s'agit d'une journée de 8 h de travail. Le
nombre d'heures de travail par jour dépend de l'opération agricole. L'homme-jour agricole peut donc
être inférieur à 8 h de travail par jour.
La main-d'œuvre familiale n'est pas payée directement en espèces monétaires : elle reçoit des salaires
dits impayés.

2.5.2. Facteur terre


On peut considérer la terre et l'ensemble des ressources naturelles (forêt, eau, minerais, etc.) comme
facteur naturel de production. La terre remplit une fonction double, support indispensable à l'activité et
réserve rechargeable de fertilité. C’est un facteur essentiel en agriculture/élevage. On la mesure par la
superficie de la surface occupée.

2.5.3. Facteur capital


Le troisième facteur, le capital, est au contraire un facteur de production qui a été lui-même produit
dans des conditions et dans une optique économiques. Le capital est donc tout bien (différent d'un être
humain) utilisé dans le processus de production, qui n'est pas un don de la nature, mais qui a été
produit dans le passé.
Parfois le terme capital est utilisé pour désigner l'argent utilisé pour démarrer ou faire tourner une
affaire. On va l'appeler capital financier. On qualifiera de capital physique ou capital d'exploitation
tous les facteurs de production qui sont eux-mêmes des biens produits.
Le capital physique est composé du capital fixe et du capital circulant. Le capital fixe est l'ensemble
des biens de production durables qui sont utilisés pour plusieurs productions et durent dans le temps
mais ils s’usent ou deviennent obsolètes (ex : machine, ordinateur, tracteur, bâtiment, etc.). Le capital
circulant est l'ensemble des biens et services consommables détruits ou transformés au cours du
processus de production (matières premières, produits semi-finis, etc.).
Généralement, nous considérons les inputs et les outputs comme des flux et nous les mesurons comme
tels : une certaine quantité de travail par semaine et un certain nombre d'heures-machine par semaine
produisent une certaine quantité hebdomadaire d'output.

3. Notion de facteurs fixes et charges fixes, de facteurs variables et charges


variables
3.1. Notion de facteurs fixes et charges fixes (ou coûts fixes)
L’appareil de production est constitué de facteurs fixes dans le cadre de la campagne agricole ; ceux-
ci donnent naissance à des charges (c'est-à-dire la valeur de ces facteurs) fixes ou coûts fixes qui sont
indépendantes de la nature, de la dimension et de l’intensité des spéculations qui seront pratiquées au
6

cours de la campagne. Les facteurs fixes sont donc des facteurs physiques de production dont les
quantités ne peuvent être augmentées ou diminuées dans un délai très bref pour permettre une
augmentation ou une diminution presque immédiate de la production. Cette courte période est ici la
campagne agricole. Il est évident que nous ne pouvons considérer que les facteurs fixés dans une
campagne agricole resteront fixes dans leur intégralité et au même niveau pour les campagnes
agricoles suivantes. La période de temps suffisant pour que tous les facteurs fixes varient est appelée
longue période.
Par « dimension de spéculations pratiquées ou choisies », il faut entendre le nombre d’unités
techniques considérés (nombre d’hectares de maïs, nombre de vaches laitières, etc.)
Par « intensité des spéculations pratiquées ou choisies », il faut entendre les quantités plus ou moins
grandes de facteurs physiques de production par rapport une unité technique. On dira qu’une culture
de maïs est intensive si elle est pratiquée avec de grandes quantités de facteurs fixes et de facteurs
variables à l’hectare.
Quelques exemples de facteurs fixes (voir tableau 1)
Nous allons seulement insister sur la main-d’œuvre permanente et le capital fixe d’exploitation.
Main-d’œuvre permanente
Il s’agit des travailleurs que l’exploitant s’engage à rémunérer pour une période fixée à l’avance. Il en
est ainsi des travailleurs de la famille pour lesquels il existe un contrat tacite, et que l’exploitant fera
vivre sur l’exploitation et dont il pourra utiliser les services. Ces dernières charges peuvent ne pas être
payées mais les charges calculées des travailleurs de la famille sont bien des charges fixes. De même,
la rémunération du travail de direction est aussi une charge fixe.
Capital d’exploitation fixe
Nous classons ici le matériel spécifique ou polyvalent de l’exploitation, les installations, les éléments
de la traction animale, et les moteurs agricoles (semoirs tractés, batteuses, faucheuses, faneuses
faucheuse-lieuses, moissonneuses-batteuses, etc.). Les animaux de trait sont comptés dans le capital
fixe. Pour ces facteurs, nous convenons de considérer les charges annuelles comme des charges fixes,
tout au moins en ce qui concerne l’amortissement, l’entretien et l’intérêt. Ce ne sont donc pas les prix
d’achats de ces facteurs qui constituent les charges.
Tableau 1 : Charges fixes et charges variables

Facteurs fixes Charges fixes


Fermage ou rente
Terre Amendements (entretien et amélioration)
Impôts fonciers
Salaires permanents
Avantages en nature
Salaires familiaux
Sécurité sociale
Travail permanent Accidents du travail
Allocations familiales
Allocations vieillesse
Frais de formation
Travail de direction
Amortissements du matériel et des installations
Entretien du matériel et des installations
Loyer et charges locatives
Capital d’exploitation fixe
Intérêt du capital d’exploitation fixe non financé
par les emprunts
Petit outillage et matériel
Intérêts des emprunts
Frais financiers Agios (intérêts des retards de paiement)
Autres charges financières
7

Assurances communes
Frais généraux Electricité dans une certaine mesure
Autres frais généraux

3.2. Notion de facteurs variables et charges variables (ou coûts variables)


Les facteurs variables sont des facteurs qui peuvent être ajustés avant ou pendant la campagne
agricole ; ces facteurs entraînent des charges variables ou coûts variables qui dépendent directement
de la nature, de la dimension et de l’intensité des spéculations choisies. Il s’agit des facteurs de
production qui sont les plus aisément modifiables dans le système de production.
Quelques exemples de facteurs variables (voir tableau 2)
Tableau 2 : Facteurs et charges variables

Facteurs variables Charges variables


Engrais minéraux et organiques
Pesticides ou antiparasitaires
Liens et ficelles
Approvisionnements
Semences et plants
Carburants, lubrifiants et huiles
Approvisionnements divers
Aliments achetés des animaux domestiques
Frais du vétérinaire
Cheptel de rente (animaux élevés)
Frais de la saillie
Intérêt du cheptel de rente
Assurances spéciales Assurances spéciales annuelles
Frais de traitements phyto-sanitaires
Services externes fournis à l'exploitation par
Frais de labour, du semis, etc.
des entreprises de travaux
Frais de moissonnage, battage, etc.
Main d’œuvre temporaire Salaires des ouvriers temporaires
Capitaux circulants Intérêt des capitaux circulants

4. Charges réelles et charges calculées


Après la distinction fondamentale entre les charges fixes et les charges variables, il convient aussi de
faire la classification entre les charges réelles et les charges calculées.

4.1. Charges réelles ou dépenses que l'exploitant connaît bien


Ils appartiennent à la fois aux charges fixes et variables.

4.1.1. Premier élément des charges réelles : les matières premières ou approvisionnements
La plupart des matières premières et produits achetés par l'exploitation et qui sont des charges
variables. On peut citer :
- engrais ;
- pesticides ;
- liens et ficelle ;
- semences et plants ;
- carburants, lubrifiants et huiles ;
- aliments du bétail ;
- approvisionnements divers.
Ajoutons à cette liste le poste "amendements" qui figure dans la catégorie des charges fixes.
8

4.1.2. Deuxième élément des charges réelles : les services fournis à l'exploitation ou frais
généraux
Il s'agit des charges fixes suivantes :
- assurances communes (incendie, responsabilité civile, tracteurs, à l'exclusion des assurances
spéciales couvrant les risques de mortalité du bétail, les dommages causés aux récoltes et de
l'assurance accidents du travail). En fait, l'assurance accidents du travail est comptée dans les
charges du travail. ;
- électricité ;
- autres frais généraux (taxe vicinale, taxes sur les véhicules à moteur, distribution d'eau, frais
de bureau, téléphone, cotisations aux organisations professionnelles, etc.) ;
- entretien des bâtiments (peintures, huisseries, revêtements intérieurs, etc.) ;
- entretien du matériel (même si un mécanicien est employé à plein temps à l'atelier de la ferme,
son salaire sera inscrit à ce poste, qui comprend en outre les frais de mécanicien, l'achat des
pièces de rechange et du petit outillage (outils d'atelier, pelles, fourches, etc.) etc.) ;
- Intérêt du capital emprunté ;
- Impôts et taxes
Remarque
L'impôt sur le revenu agricole et la contribution foncière n'entrent pas dans les charges de
l'exploitation : ils frappent le compte privé de l'agriculteur.
Ajoutons à ces charges les trois postes de charges variables suivantes :
- charges spéciales de la production animale : vétérinaire, saillie, etc. ;
- assurances spéciales : mortalité du bétail, mauvaise saison pluvieuse, etc ;
- travaux à l'entreprise : battages, moissonnage-battage, pressage de fourrages, traitements, etc.

4.1.3. Troisième élément des charges réelles : les dépenses de main-d'œuvre


Charge fixe, le travail permanent entraîne les charges réelles suivantes :
- salaires des ouvriers permanents ;
- avantages en nature du personnel : nourriture, logement, vin, lait, maïs, etc. (les dépenses de
nourriture seront évaluées d'après un coût forfaitaire)
- cotisations patronales à la sécurité sociale ;
- assurances accidents du travail ;
- cotisations aux caisses d'allocations familiales et d'allocations vieillesse agricoles.
Charges variables, salaires des ouvriers temporaires.

4.1.4. Quatrième élément des charges réelles : le fermage réel


Ce poste ne présente généralement pas de difficulté. Lorsque la terre n'appartient pas à l’exploitant, il
doit verser une rente foncière au propriétaire qui peut revêtir diverses formes : rente à taux fixe –
fermage – en argent ou en nature, part de la récolte – métayage. Lorsque le fermage est payé en nature,
on évaluera la dépense réelle du fermier en multipliant les quantités de produit livrées au propriétaire
par le prix que le fermier aurait pu en tirer sur le marché.

4.1.5. Cinquième élément des charges réelles : l'amortissement du matériel et des installations
L'amortissement est une charge réelle qu'on calcule. Cette dépense d'un caractère particulier mérite
qu'on s'y attarde.
Il existe plusieurs méthodes du calcul de l'amortissement. Nous allons choisir les plus simples.
9

Méthode du pourcentage constant de la valeur d'achat


La première tâche consiste à évaluer le nombre d'années sur lesquelles on répartira l'amortissement.
Par la suite, on calcule l'amortissement annuel. Pour cela, on prendra pour base la valeur à neuf
actuelle si le type du matériel est encore en fabrication, et la valeur à neuf réévaluée dans le cas
contraire. On divisera la valeur à neuf par le nombre d'années d'amortissement pour trouver
l'amortissement de l'exercice.
Par exemple, un tracteur de 5 000 000 FCFA amortis en 10 ans donne 500 000 FCFA par an
d'amortissement.

Méthode du pourcentage constant de la valeur résiduelle


La méthode précédente, la plus simple, a l'inconvénient de ne pas épouser la dépréciation réelle du
matériel, dépréciation qui est plus rapide au début de l'existence du matériel (conformément aux
indications du marché d'occasion) qu'à la fin. Un tracteur de 2 000 000 FCFA qu'on amortit en 5 ans
par la méthode du pourcentage constant de la valeur à neuf actuelle vaut moins de 1 600 000 FCFA au
bout d'un an et plus de 400 000 FCFA après 4 ans.
On évite cet inconvénient par la méthode du pourcentage constant de la valeur résiduelle. Dans cette
méthode, l'amortissement est représenté par le pourcentage constant, non pas de la valeur à neuf
actuelle, mais de la valeur résiduelle, réévaluée s'il y a lieu. La valeur résiduelle est la valeur à neuf
actuelle moins le total des amortissements déjà effectués. La plus grande difficulté réside dans le choix
du pourcentage constant qui ne devrait pas être le même :
- suivant les matériels (le pourcentage sera plus faible pour un tracteur Diesel que pour un
tracteur à essence) ;
- suivant les durées d'utilisation du matériel (le pourcentage sera plus élevé pour un tracteur
utilisé intensément en grande exploitation, que pour le même type de tracteur un peu sous-
employé en petite exploitation).
Tout cela est un peu compliqué. Par mesure de simplification, on peut utiliser le pourcentage constant
de 20 % quel que soit le type de matériel et sa durée d'utilisation.
Ainsi, l'amortissement d'un tracteur acheté à 2 000 000 FCFA est de :
- 20 % de 2 000 000 FCFA soit 400 000 FCFA la première année ;
- 20 % de 1 600 000 FCFA (valeur résiduelle) soit 320 000 FCFA la deuxième année ;
- 20 % de 1 280 000 FCFA soit 256 000 FCFA la troisième année ;
- etc.
Remarque
Le petit outillage ne s'amortit pas. On porte au poste "entretien du matériel" les achats de petit
outillage de l'année. Etant donné qu'on emploie une méthode simplifiée, on n'amortit pas non plus le
cheptel de trait.
Question :
Qu'est ce qui peut expliquer que l'on constate que les charges réelles à l'hectare des exploitations
familiales sont en général plus élevées que celles des grandes exploitations ?

4.2. Charges calculées


Les dépenses (ou charges réelles) ne suffisent pas à faire marcher l'exploitation. On a besoin de
prendre en compte les charges calculées qui, comme l'on sait, constituent avec les charges réelles, les
charges globales de l'exploitation.
Pour que l'exploitation existe et puisse fonctionner, il faut lui apporter outre les dépenses déjà
énumérées (charges réelles), les trois facteurs de production suivants qu'on oublie trop souvent :
10

- de la terre et des bâtiments (en propriété ou en fermage) ;


- un capital d'exploitation (des machines, des animaux, des approvisionnements, de l'argent
frais) ;
- le travail du chef d'exploitation et celui des membres de la famille éventuellement.
Nulle part, on ne peut obtenir ces moyens de production pour rien : il faut payer un fermage pour la
terre et un intérêt pour se procurer des capitaux. Et chacun sait que tout travail, même celui du chef
d'exploitation et de sa famille mérite salaire. Les charges calculées ne sont rien d'autre que la valeur de
ces moyens de production mis à disposition de l'exploitation. Autrement dit, les charges calculées sont
les rémunérations des moyens de production que l'agriculteur ne paye pas réellement mais qui ne sont
pas gratuites pour autant.

4.2.1. Première charge calculée : le fermage du propriétaire exploitant


Il faut payer le droit de cultiver la terre en versant un fermage ou la rente foncière. C'est le loyer
qu'aurait payé le chef d'exploitation s'il n'était pas propriétaire exploitant. Donc lorsque l’exploitant est
lui-même propriétaire de la terre, un coût d’opportunité doit être considéré. Effectivement, ayant
acheté de la terre, l’exploitant a perdu l’opportunité d’utiliser l’argent dépensé dans ce but en vue
d’une autre opération, et se prive lui-même de bénéfices potentiels. Le coût d’opportunité n’est pas
une dépense réelle et doit être estimé. Il est estimé comme étant égal à l’intérêt que peuvent rapporter
des capitaux lorsqu’ils ont servi à l’achat de terres, c’est-à-dire le fermage. Donc, finalement, que
l’exploitant soit ou non le propriétaire de la terre qu’il cultive importe peu, le coût devant être pris en
compte étant identique.
On détermine donc le montant à l'hectare du fermage calculé, par comparaison avec des loyers
pratiqués dans la région pour des exploitations de surface équivalente situées sur des terres
comparables. Le fermage calculé s'obtient en multipliant le loyer à l'hectare par la surface agricole
utile propre de l'exploitation en hectares.

4.2.2. Deuxième charge calculée : la rémunération du travail de direction du chef d'exploitation


L'exploitation ne marche pas toute seule. L'agriculteur fournit un travail de direction difficile qui a sa
valeur. Il doit prévoir, organiser, commander, coordonner et contrôler. Par convention comptable, on
adopte généralement une rémunération forfaitaire de 5 % du produit brut. Ce sera la seule
rémunération du chef d'exploitation dans les grosses entreprises où il ne participe pas au travail
d'exécution. Mais, dans la majorité des cas, le chef d'exploitation travaille manuellement pendant tout
ou une partie du temps. Il faudrait lui attribuer en outre, comme aux autres travailleurs de la famille,
un salaire proportionnel au temps qu'il a passé aux travaux manuels, et ce salaire calculé s'ajoutera au
poste "salaires familiaux".

4.2.3. Troisième charge calculée : la rémunération du travail familial (salaires familiaux)


Personne ne contestera que le travail familial mérite un salaire normal au même titre que celui des
ouvriers agricoles. C'est pourquoi ce salaire familial est évalué et ajouté aux charges calculées de
l'exploitation. Pour calculer la rémunération du travail familial, il faut :
- évaluer le nombre de journées consacrées au travail dans l'exploitation par chaque membre de
la famille ;
- évaluer le nombre de journées de travail manuel du chef d'exploitation ;
- compter à la femme de l'agriculteur le temps consacré à l'exploitation et à la préparation de la
nourriture des ouvriers à l'exclusion de toux travaux ménagers ;
- enfin, multiplier le nombre de journées total de travail familial par le salaire journalier moyen
d'un ouvrier de la région ni nourri ni logé.
11

4.2.4. Quatrième charge calculée : la rémunération du capital propre d'exploitation


L'agriculteur fait un gros placement d'argent dans son exploitation. En dehors du capital foncier qui est
déjà rémunéré par le fermage, il faut un certain nombre de moyens de production, qui constituent le
capital d'exploitation. Il comprend :
- le cheptel mort (machines et installations) ;
- le cheptel vif (animaux) ;
- le capital "plantation" ;
- les capitaux circulants qui comprennent eux-mêmes :
 les avances aux cultures qui représentent la valeur des engrais, semences, traitements
et façons culturales déjà mis en terre à la fin de la période étudiée ;
 les stocks en magasin ;
 les sommes en caisse et en banque (fonds de roulement alimentant la trésorerie de
l'exploitation).
- le portefeuille agricole (parts de coopératives, etc.).
La rémunération du capital d'exploitation se fait souvent à 5 % l'an. Mais on peut tenir compte des
taux pratiqués dans la région agricole, notamment les taux d'emprunt des capitaux.
Pour évaluer le cheptel mort, il faut considérer la valeur d'inventaire actuelle pour le matériel de
grande valeur (valeur à neuf actuelle moins amortissement), la valeur d'occasion pour toutes les autres
catégories de matériels.
L'évaluation du cheptel vif (toutes catégories d'animaux de rente, de croît ou de trait) se fait selon le
prix que l'agriculteur pourrait en obtenir au jour de l'inventaire. Il faut éviter les estimations trop
optimistes qui peuvent conduire à une surévaluation du produit brut. Si le nombre de têtes de bétail est
très faible dans chaque catégorie, on pourra procéder à une estimation individuelle des animaux. Pour
le bétail et la basse-cour constituant des lots nombreux, on pourra se baser sur un prix unitaire moyen
par catégorie, au jour de l'inventaire.
L'évaluation de loin la plus délicate est celle des capitaux circulants et en particulier des avances aux
cultures. La méthode simplifiée des capitaux circulants va consister à se placer, quels que soient la
date de l'enquête et l'exercice choisi, dans la période qui précède les récoltes principales de la région
agricole. A ce moment, les stocks sont à leur point le plus bas : on pourra donc, en général, les
négliger.
On peut réaliser une évaluation grossière des avances aux cultures en les classons en trois catégories : -
engrais, semences et produits de traitements – façons culturales – fumier en terre.
En ce qui concerne les engrais, semences et produits de traitements qui constituent les éléments
importants des avances aux cultures, on peut en connaître aisément la valeur exacte.
Pour les façons culturales, on emploie la méthode dite des unités-types. On calcule la valeur de ces
avances pour un hectare de la culture la plus importante, considérée comme unité-type ; on obtient
ensuite celle des autres cultures d'après un barème établi en partant des temps standards de travail et de
traction.
On essayera d'évaluer grossièrement la valeur des fumiers. Si son marché existe, cela facilitera
l'estimation.
L'évaluation des disponibilités en caisse et en banque peut se faire par relevé de banque et de caisse à
la date de l'inventaire.
Le portefeuille agricole est constitué essentiellement des parts de coopératives souscrites par
l'agriculteur.
12

5. Calcul économique : mesure des résultats de l’exploitation agricole


Le calcul économique est l'ensemble des opérations effectuées par un agent économique pour obtenir
un résultat donné dans les conditions les meilleures possibles. Le calcul économique constitue donc le
moyen privilégié de (se) rendre compte de la validité des choix productifs effectués par l’exploitant
dans le cadre de l’agriculture. Son utilité est d’en fournir une vision synthétique, à travers quelques
indices bien choisis nous permettant d’évaluer la capacité du système de production mis en œuvre à se
reproduire, à accumuler et éventuellement à se modifier. Une modification consiste dans cette optique
en une réorientation technique des capacités d’accumulation dégagées pendant les exercices
précédents. Les calculs permettent, en outre, la comparaison de systèmes différents.
Dans l’élaboration de ces calculs, on ne devra jamais perdre de vue les objectifs recherchés qui sont de
deux ordres :
- la compréhension du fonctionnement technico-économique de l’exploitation ;
- la prise de décision pour l’exploitant, le choix premier étant de continuer ou d’arrêter l’activité
agricole.
Ces deux objectifs sont bien sûr liés, le second utilisant le premier.
Nous aborderons successivement :
- le produit brut ;
- la productivité brute et nette d'un facteur de production ;
- la marge brute ;
- le revenu agricole et le profit.

5.1. Produit Brut (PB)


C’est la valeur totale des biens et services produits sur l’exploitation au cours d’un exercice (année
campagne agricole : le choix n’est pas indifférent). Il ne se réduit pas à la production vendue ;
l’autoconsommation doit être précisément chiffrée. Le produit brut ne doit pas être non plus confondu
avec les recettes de l’exploitation ; les reports de stocks d’une année sur l’autre (stock de grains par
exemple) ne seront pas pris en compte.
Un produit ne donne donc par nécessairement lieu à une rentrée d'argent (Réthoré et Riquier, 1989).
C'est pourquoi le concept de chiffre d'affaire est moins utilisé en agriculture. Il faut toujours préférer
utiliser le concept du produit brut en lieu et place du chiffre d'affaire en agriculture.
Par exemple, les génisses conservées par l'exploitant pour renouveler le troupeau de vaches laitières
constituent un produit (elles sont apparues ou ont pris de la valeur pendant l'exercice) mais n'étant pas
vendues, elles ne font pas l'objet d'une recette (rentrée de trésorerie). Elles sont en stock.
Il en est de même pour les produits autoconsommés ou donnés (consommés par les membres du
ménage ou de la famille), des produits offerts à des amis sous forme dons et ceux utilisés par d'autres
secteurs de l'exploitation.
On distingue généralement dans le Produit Brut global de l’exploitation, le Produit Brut Végétal (PV),
le Produit Brut Animal (PA), et les Produits Divers (PD).
Produit Brut = Produit Brut Végétal + Produit Brut Animal + Produits Divers

5.1.1. Premier élément du produit brut facile à retrouver : les ventes


On peut distinguer trois catégories de ventes :
- les ventes de produits végétaux ;
- les ventes des produits animaux ;
- les ventes nettes d’animaux.
13

On entend par "Ventes nettes d'animaux" la différence entre les ventes et les achats d'animaux au cours
de l'exercice. Puisque nous cherchons à connaître la production de l'exploitation, il est normal de
soustraire la valeur des animaux achetés car ils ne sont pas une production de l'exploitation. Prenons
l'exemple de 5 porcelets achetés à 10 000 FCFA et vendus à 25 000 FCFA après engraissement. Les
ventes nettes de porcs s'établissement comme suit :
(25 000 – 10 000) FCFA = 15 000 FCFA

5.1.2. Deuxième élément : l'autoconsommation fait partie du produit brut


La famille et les ouvriers consomment des produits de l'exploitation ; la valeur de ces produits
représente l'autoconsommation. S'ils étaient vendus, ils constitueraient une recette pour l'agriculteur.
En première approximation, dans le cas d’une exploitation gouvernée par une rationalité
principalement marchande ou monétaire, on peut comptabiliser ces flux internes aux prix du marché,
plus précisément aux prix auxquels l’exploitant aurait vendu sa production.

5.1.3. Troisième élément un peu compliqué : la variation d'inventaire


Variation d'inventaire des animaux
La variation d'inventaire des animaux c'est-à-dire l’inventaire en début et en fin d’exercice permet de
prendre en compte l’augmentation du troupeau par la reproduction qui n’apparaît pas directement dans
les flux monétaires. La variation annuelle des cours s’intègre à cet agrégat (valeur du cheptel en fin
d’exercice – valeur début exercice).
Mais pourquoi ce calcul est nécessaire ?
Un agriculteur possède :
Au début de l'exercice A la fin de l'exercice
Nature Quantité Valeur (FCFA) Nature Quantité Valeur (FCFA)
Les 2 génisses devenues
Génisses 2 30 000 2 90 000
vaches
Vaches 5 275 000 Vaches 5 375 000
Valeur totale - 305 000 Valeur totale - 465 000

Dans le courant de l'année, les génisses ont vêlé et sont devenues des vaches laitières.
La différence d'inventaire des animaux révèle dans ce cas une plus value de 160 000 FCFA. Cette
plus-value donnée par l'activité de l'exploitation au cheptel bovin va entrer dans le produit brut.
Le calcul du produit brut animal peut se faire de la manière suivante :
Produit brut animal = valeur productions animales vendues (lait, œufs, ou viandes, etc.) + valeur
productions animales autoconsommées (lait, œufs, ou viandes, etc.) + montant (ventes – achats)
de bétail + valeur du cheptel en fin d’exercice – valeur du cheptel au début d'exercice.
Variation d'inventaire des stocks de récoltes
Par simplification, la variation de stocks interviendra rarement dans le calcul du produit brut. C'est
pourquoi, dans les ventes des produits végétaux, il faut valoriser la quantité produite et stockée au
cours de l'exercice. On pourrait utiliser la formule suivante :
Produit Végétal en Valeur = Produit brut végétal = Somme de Quantité physique produite de
chaque culture (moins les pertes éventuelles) x prix de chaque unité de vente de chaque culture
Le prix est par définition la valeur d'une unité de bien ou de service. Il n'est donc pas bon d'utiliser le
concept du prix unitaire car le prix est toujours unitaire.
De même, le prix à estimer est le prix sortie ferme ou prix bords champ hors coût de
commercialisation. Si donc une partie de la production est vendue ailleurs qu’à la ferme, alors on doit
prendre en compte le coût de la commercialisation (transport, main-d'œuvre, communication, etc.).
Parfois, même si le produit est vendu à la ferme, le producteur peut avoir fait comme quelques petites
14

dépenses comme les frais de communication avec ses partenaires économiques, etc. Il est important de
prendre en compte ses dépenses réelles.
Par exemple, prenons le cas d'un producteur de maïs qui a vendu 10 sacs de maïs sur un marché distant
à 312500 FCFA. Le prix d'un sac de maïs n'est pas égal à 312500/10. En effet, pour réaliser cette
transaction, le producteur a dépensé 3000 FCFA pour transporter les 10 sacs au marché distant. Son
propre transport aller-retour est estimé à 1000 FCFA. Il a dépensé 1000 FCFA pour les frais de
chargement et de déchargement. Il a dû passer toute la journée au marché pour réaliser cette
transaction et il était le seul à aller au marché. Son homme-jour est estimé à 4000 FCFA. Enfin, avant
de décider d'aller au marché, il avait appelé des amis commerçants pour s'informer sur les conditions
du marché. Cela lui a coûté 500 FCFA comme frais de communication.
La valeur nette des 10 sacs de maïs vendu est donc 312500 - 3000 - 1000 - 1000 - 4000 - 500 =
303000 FCFA. En conséquence, le prix bords champ hors coût de commercialisation d'un sac de maïs
à considérer est égal à 303000/10, soit 30300 FCFA et non 31125 FCFA (312500/10).
Par ailleurs, il est difficile d'avoir une réponse fiable à la question suivante qu'il ne faut pas poser à un
producteur quel que soit son niveau d'instruction : Quel a été le prix de vente de votre produit au cours
de la campagne passée ?
Pour donc déterminer le prix d'une unité d'un bien agricole échangé par un producteur au cours d'une
période (soit la campagne agricole, soit un cycle de production; soit une année d'exercice, etc.), il est
nécessaire de collecter des données sur chacune des transactions réalisées par le producteur au cours
de la période considérée
Dans ces conditions, voici les questions nécessaires à poser au producteur qui est ouvert au marché
dans le cas de la production du maïs par exemple :
1. Quelle a été la quantité de maïs produite sur chacune des parcelles sur lesquelles le maïs a été
produit au cours de la campagne agricole considérée ?
La quantité produite doit être fournie dans l'unité de mesure utilisée par le producteur. Les données
doivent être collectées sur chacune des parcelles de maïs. Ce qui suppose qu'il faut préalablement lister
toutes les parcelles et identifier celles qui ont porté le maïs au cours de période en question. Avec cette
question, le chercheur peut calculer plus tard la quantité totale de maïs produit par l’exploitant.
2. Quelle a été la quantité autoconsommée (toujours dans la même unité habituellement utilisée par le
producteur)?
3. Quelle a été la quantité offerte aux amis et autres proches ?
4. Quelle est la quantité encore en stock et provenant de la campagne ou période concernée ? En fait
dans un lieu de stockage, il peut y avoir du maïs provenant de plusieurs campagnes agricoles produit et
stocké. On doit donc faire attention à ce niveau pour ne pas attribuer la quantité du maïs produit dans
une campagne antérieure à celle de la campagne étudiée.
5. Avez-vous vendu une partie de la quantité du maïs produit au cours de la campagne ou période
considérée ?
6. Si Oui, en combien de transactions ? A ce niveau, il est nécessaire de lister les différentes
transactions réalisées dans la période considérée et qui concerne la production concernée.
Pour chacune des transactions listées, les principales données à collecter vont concerner le marché de
vente, la distance du marché du lieu de production, le mois et l'année dans lesquels la transaction a eu
lieu, la quantité vendue, le prix de vente ou le montant total de vente et les coûts de commercialisation,
le type d'acheteur (consommateur final, grossiste, détaillant, etc.).
Le chercheur va donc calculer le montrant total de vente, le coût total de commercialisation et la
quantité totale vendue. Connaissant ces trois paramètres, il va déterminer le prix d’une unité qui est le
montant total de vente moins coût total de commercialisation sur la quantité totale vendue. Ce prix est
le prix moyen de vente d'une unité du maïs. On pourrait donc utiliser ce prix pour estimer la valeur de
15

la quantité de maïs des autres destinations de son utilisation à savoir : autoconsommation, don et
stockage. La quantité perdue ne fait pas partie du produit brut.

5.1.4. Quatrième élément du produit brut : produits divers


On regroupe dans les produits divers, toutes les autres sources de produits :
- la transformation des produits agricoles si elle a lieu sur l’exploitation. Nous avons par
exemple le lait transformé en formage, la production de gari, d’huile de palme, la production
de poissons fumés, etc. Pour déterminer ce produit, il faut estimer ici également, les quantités
vendues, autoconsommées et les prix. Mais il faudrait mentionner que la matière première
n’apparaît pas dans l’indice (c’est une consommation intermédiaire non achetée/non fournie),
au même titre que par exemple les fourrages produits sur l’exploitation ;
- les prestations de services agricoles effectuées en dehors de l’exploitation (par exemple
labours rémunérés effectués sur d’autres exploitations, ou sur une partie de l’exploitation (par
exemple, gardiennage rémunéré de bétail n’appartenant pas à l’exploitant ; voir par exemple
les différentes formes de contrats de gardiennage et de confiage liant les éleveurs Peulh et
agriculteurs Baatombu dans le Nord du Bénin).

5.1.5. Ce qui ne doit pas figurer dans le produit brut : l'auto-approvisionnement et les ventes de
matériel
Il ne faut pas compter dans le produit brut les produits de l'exploitation qui ont été utilisés pour la
fabrication des autres produits. En comptant par exemple le fourrage consommé par les animaux dans
le produit brut, on fait une erreur de double emploi. En effet, il est compté une première fois comme
moyen de production de production et une deuxième fois comme produit transformé sous forme de lait
et de viande. Le même raisonnement est valable pour les semences produites par l'exploitation et qui
sont transformées en récoltes.
Les ventes de matériel ne font pas partie du produit brut car le matériel n'est pas une production de
l'exploitation. Les ventes et les achats de matériel sont seulement notés en observation dans la fiche de
collecte de données.

5.2. Productivité partielle et nette d'un facteur de production


5.2.1. Productivité partielle d'un facteur de production
En économie, la productivité est définie comme le rapport, en volume, entre une production et les
ressources mises en œuvre pour l'obtenir. La productivité partielle est le rapport entre la production et
la quantité physique d'un facteur de production nécessaire pour obtenir cette production pendant une
période de temps donné comme la campagne agricole. Lorsqu'on prend en compte tous les facteurs de
production, on parle de productivité totale des facteurs dont la mesure n'est pas si facile.
Puisqu'il y a trois facteurs principaux de production, il y a trois formes de productivité partielle :

Mais quelle est l'utilité d'une productivité partielle d'un facteur de production ? En première
approximation, elle nous montre qu'un facteur de production est plus ou moins bien employé dans les
16

exploitations ayant des systèmes de production comparables. Ainsi, avec deux exploitations A et B
ayant des dimensions et des systèmes de production comparables, si la productivité partielle par
hectare est 3,50 tonnes pour l'exploitation A et 2 tonnes pour l'exploitation B, l'emploi du facteur terre
est bien plus satisfaisant dans A que dans B. C'est là un renseignement très précieux pour l'analyse des
systèmes de production, mais cette façon de raisonner a de limites. En effet, la productivité partielle de
la terre consiste à rapporter la production obtenue à un seul facteur de production alors que cette
production a été obtenue avec le concours des trois facteurs de production.

5.2.2. Productivité nette d'un facteur de production


Alors pour échapper à ce reproche, il faut trouver une expression de la productivité qui tiendrait
compte des facteurs de production autres que celui qui est considéré. Aussi bien, pour le facteur travail
par exemple, on a imaginé la productivité nette du travail, c'est-à-dire le rapport entre d'une part, le
produit brut diminué de la valeur des facteurs extérieurs (ou produit net) et d'autre part, le facteur
physique travail. Par "valeur des facteurs extérieurs", il faut entendre la totalité des charges à
l'exception du travail. Alors la productivité nette du travail exprime la valeur ajoutée par le travail.
Cette productivité nette du travail peut être utile dans les études économiques quand il s'agit de
comparer la productivité du travail dans des systèmes de production très différents.

5.3. Marge brute


La capacité de production est la production maximum possible d'un appareil de production donné, à ne
pas confondre avec la production physique optimum. Dans une certaine mesure, l'insuffisance ou
l'excès des facteurs variables éloignera l'exploitation du niveau de production correspondant à la
capacité optimum de l'exploitation. Le choix des facteurs variables détermine donc l'emploi de
l'appareil de production. Dans l'industrie, on dit souvent que le sous-emploi de l'appareil de production
est le plus grand péché du directeur d'usine. La marge brute constitue un indice économique important
auquel on a souvent recours pour apprécier l'efficacité de l'activité de l'exploitation agricole dans
plusieurs domaines. En particulier, lorsqu'on cherche à comparer des spéculations ou groupes de
spéculations entre eux, cet indice paraît le plus approprié.
La marge brute de production est la différence entre le produit brut et les charges variables. Cette
définition est valable à l'échelle de l'unité économique : c'est la marge brute globale de l'exploitation ;
elle est aussi valable à l'échelle de l'unité technique de production, compte tenu du caractère spécifique
et proportionnel des charges variables : c'est alors la marge brute unitaire de la spéculation. Ainsi, la
marge brute d'une spéculation donnée est égale à la différence entre le produit brut et les charges
variables liées à cette spéculation. On calcule donc généralement la marge brute par hectare (ou par
arbre) et par unité d'élevage. La somme des marges brutes par spéculation donne la marge brute
globale de l'exploitation.

5.4. Revenu agricole


5.4.1. Méthode classique du calcul du revenu agricole
Le revenu agricole est ce qui reste à l'agriculteur quand il a payé ses charges réelles. Selon Réthoré et
Riquier (1989), le revenu agricole correspond à la différence entre le montant de la valeur de la
production réalisée dans l'exercice que l'on désigne par produit brut et ce qu'à coûté globalement cette
production que l'on désigne par charges réelles de l'exploitation.
Revenu agricole = Produit brut – charges réelles
Le revenu agricole répond très exactement à la question du père de famille : Combien d'argent et de
produits mon exploitation laisse-t-elle à ma disposition pour entretenir ma famille et constituer ma
fortune personnelle ?
L'agriculteur attend donc de son revenu agricole :
- des ressources pour son entretien et celui de sa famille ;
17

- des revenus pour moderniser son exploitation par autofinancement dans le cadre de
l'industrialisation de l'agriculture ;
- un accroissement de sa fortune personnelle lui permettant l'achat de terres ou d'une voiture,
l'aménagement de la maison d'habitation, etc.
Une partie du revenu agricole est disponible en monnaie : c'est ce qui reste des ventes quand les
charges réelles ont été payées.
L'autre partie en nature est constituée par la valeur des produits autoconsommés par la famille, par la
variation d'inventaire des animaux et par le reste des produits de l'exercice non encore vendus.
On peut déterminer le revenu agricole par actif agricole ou unité travailleur. Pour l'obtenir, il suffit de
diviser le revenu agricole par le nombre d'actifs agricoles ou d'unités travailleurs. Pour savoir si ce
résultat est économiquement satisfaisant, il faudrait le comparer aux salaires versés aux ouvriers dans
d'autres activités de la région agricole : dans les usines, les magasins ou les administrations. Cependant
une telle comparaison doit être nuancée en fonction des nombreuses différences qui distinguent le
revenu agricole d'un salaire. Rappelons seulement qu'une partie du revenu agricole n'est pas disponible
pour la satisfaction immédiate des besoins familiaux. La part en nature du cheptel vif et les sommes
nécessaires à la modernisation de l'exploitation constituent en effet une épargne forcée qui pèse
lourdement sur le budget familial.

5.4.2. Méthode du calcul du revenu agricole par la Valeur Ajoutée


La production utilise un certain nombre de biens et services achetés à l'extérieur de l'exploitation. On
distingue ceux qui sont entièrement transformés ou consommés au cours d'une période de production
(cycle de production ou année) : ce sont des consommations intermédiaires ; et des biens à durée de
vie pluri-annuelle dont il faut évaluer la dépréciation ou l'usure annuelle, c'est-à-dire l'amortissement.
Les consommations intermédiaires ont été les valeurs des biens et services utilisés et intégralement
consommés au cours d’un cycle de production (Ferraton et Touzard, 2009). Les services
correspondaient aux travaux que l’agriculteur ne pouvait pas réaliser lui-même faute de savoir-faire ou
d’équipement comme par exemple, la location de charrue avec son conducteur, le recours à la
moissonneuse d’un entrepreneur, le transport. Selon INSEE (2016), l'usure des actifs fixes mis en
œuvre et non prise en compte pouvait être enregistrée dans la consommation de capital fixe. Par
contre, les biens et services destinés à l'entretien des biens de capital fixe ont été aussi classés en
consommations intermédiaires, mais les dépenses destinées à prolonger la vie des biens en capital ou à
en accroître le rendement ont été inscrites en formation brute de capital fixe. Par ailleurs, les
consommations intermédiaires regroupaient aussi les achats de l'unité de production qui ont servi aux
exploitants agricoles et à leurs employés dans le cadre de leur activité professionnelle (vêtements
professionnels par exemple).
Les consommations intermédiaires en agriculture comprennent généralement les semences, les
engrais, les produits phytosanitaires, l'eau d'irrigation ou piscicole, l'alimentation pour bétail, les
produits et frais vétérinaires, le carburant, la location de moyen de production (tracteur, charrue,
animaux de trait, etc.), les frais d'entretien et de réparation du matériel.
Ces biens intermédiaires (consommations intermédiaires et amortissements) permettent de produire un
certain nombre de produits finis dont la valeur doit être supérieure à celle des moyens mis en œuvre
pour les fabriquer. Ce gain de valeur est appelé Valeur Ajoutée Nette. Lorsqu'on prend en compte
seulement les consommations intermédiaires, on a Valeur Ajoutée Brute. Donc la Valeur Ajoutée
Nette prend en compte l'usure des biens durables mesurée par l'amortissement. Il faut bien dire que,
très souvent, on oublie de préciser s'il s'agit de la Valeur Ajoutée Brute ou Nette.
La Valeur Ajoutée (VA) est donc la valeur du capital (consommations intermédiaires (CI) et
amortissements (Am)) qui a servi à la création d'une valeur supplémentaire après l'acte de production
(transformation de biens et services en d’autres biens et services par des moyens techniques divers).
Le calcul de la Valeur Ajoutée permet donc de mesurer la richesse créée par l’entreprise. La valeur des
biens et services produits (PB) est aussi appelée Chiffre d'Affaire (CA). On a :
18

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é
et
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L'intérêt de cet indice est primordial, puisqu'il permet de comparer l'activité productive des
exploitations, avant toute utilisation de cette valeur créée durant le cycle ou l'année de production. Il
permet donc en particulier, de comparer des exploitations pratiquant des systèmes de production
différents, et dans le cas de systèmes de production semblables, des exploitations dont les situations
sont différentes vis-à-vis des rapports de production et de propriété (type de main-d'œuvre, de faire-
valoir, place de l'Etat, etc.).
La plupart du temps, quand on dit simplement "Valeur Ajoutée", il s'agit de la Valeur Ajoutée Brute.
Mesurer la valeur ajoutée de toutes les entreprises résidant sur le territoire national béninois depuis
plus d'un an permet, en faisant la somme, de connaître la valeur de la production du Bénin, appelée par
la Comptabilité Nationale P.I.B. (Produit Intérieur Brut). Ce Produit est brut car on fait la somme des
valeurs ajoutées brutes. Autrement dit, quand on parle de la "valeur ajoutée du Bénin pendant une
année", on parle du P.I.B. du Bénin. Le P.I.B. correspond donc à la somme de toutes les richesses
produites dans un pays par tous les agents économiques.
La Valeur Ajoutée ne représente pas encore la valeur du revenu finalement dégagé par l'exploitant.
Elle sert en effet, à rémunérer les différents acteurs intervenant directement et indirectement dans le
processus de production. On a :
- le propriétaire extérieur de la terre à qui l'exploitant doit verser une rente foncière (RF) ;
- les fournisseurs d'une partie du capital engagé (banque, caisses coopératives ou mutuelles de
crédit, prêteurs individuels, structures de micro-finance, etc.) auxquels l'emprunteur verse des
frais financiers. A ce niveau du calcul, ne sont pris en compte que le payement des intérêts (I)
et non pas le remboursement du capital : en effet, celui-ci a été investi dans l'achat de moyens
de production et il est donc intégré aux consommations intermédiaires (cas de crédits de
campagne) et aux amortissements (crédits à moyen et long terme) ;
- l'Etat ou les organisations professionnelles ou para-publiques auxquelles l'exploitant reverse
des impôts et taxes relatifs à la production (T). L'impôt sur le revenu n'est pas inclus dans
cette somme ;
- le paiement des salaires des travailleurs extérieurs (W) ;
- la rémunération du travail familial.
Après déduction de toutes ces charges en dehors du salaire familial, on obtient le revenu agricole net
restant pour la famille travaillant sur l'exploitation agricole.

C'est ce revenu agricole qui, en plus de rémunérer le travail familial, permet ou non à l'exploitant de
réaliser de bénéfice, ou/et de réserves indispensables aux futurs investissements pour renouveler ses
moyens de production et la fertilité de sa terre. Cela lui permet de se reproduire à l'identique
(reproduction simple), ou de se développer (reproduction élargie). Inversement, on peut mettre en
évidence la décapitalisation si ce revenu ne permet pas ce renouvellement.
Les amortissements qui sont des estimations de la consommation annuelle du capital fixe ne
correspondent pas à des dépenses immédiates mais constituent des provisions en vue de dépenses
futures. Ce flux monétaire est disponible pour l'exploitant. On définit alors Le Revenu Agricole Brut
(RAB) par la relation :
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On peut donc dire que le Revenu Agricole Net s'obtient après déduction de l'Amortissement du
Revenu Agricole Brut.

Si l'on réussit à estimer le salaire familial, on peut calculer le profit.

Les calculs qui aboutissent à l'évaluation de la valeur ajoutée puis du revenu agricole net reflètent
l'ensemble des charges réellement supportées par l'exploitant mais ne rendent pas compte des flux
monétaires effectifs. En effet, l'augmentation du cheptel inscrit dans le produit brut et les
amortissements qui sont des estimations de la consommation annuelle du capital fixe ne correspondent
pas à des recettes ou des dépenses immédiates.
Si on ne connaît pas la part des prélèvements familiaux destinés à couvrir les dépenses courantes, les
investissements en biens de consommation durables (habitats, véhicules) et le remboursement
d'emprunts liés à la consommation, on peut au moins calculer le revenu disponible, évaluation de la
quantité d'argent dégagée au cours d'un exercice pour vivre et investir sur l'exploitation.

On peut aussi l'écrire sous la forme :

Contrairement aux amortissements, les annuités de remboursement des emprunts supérieurs à 1 an


(emprunts dont l'emploi normal est l'acquisition de moyens de production durables) correspondent à
des dépenses effectives.
Remarques
Les frais financiers ont été déjà pris en compte dans le calcul du revenu agricole net. Le capital des
emprunts d'une durée inférieure à 1 an (court terme ou crédit de campagne) est directement
comptabilisé dans les dépenses auxquelles il a servi (consommations intermédiaires essentiellement).
De la même façon, les intérêts sont déjà inclus dans le Revenu Agricole Net.
La comparaison entre RAD et RAB permet de déterminer si l'exploitation est en phase de croissance
(capitalisation). Dans ce cas, le RAD peut être inférieur au RAB de 10 %, parfois 20 % ou plus du fait
de l'accroissement du cheptel (croît interne) ou de l'importance d'emprunts à long terme destinés à
modifier l'appareil productif de l'exploitation (ou emprunts à moyen terme réservés à l'achat de bétail -
croît externe).

5.5. Profit
Le profit est la différence entre le produit brut et les charges globales (charges réelles plus charges
calculées). Le profit est calculé si et seulement si toutes les charges réelles ou non sont déterminées.
Sinon, ce concept n'est pas approrié.
Le résultat négatif indique une perte. Un compte d'exploitation en perte signifie que les moyens mis à
la disposition de l'exploitation par l'agriculteur n'ont pas reçu leur juste rémunération. En théorie, la
perte se répartit sur chaque poste des charges calculées : fermage calculé, travail de direction, travail
familial, intérêt du capital. Mais principalement c'est le revenu de l'agriculteur et de la famille (ou
revenu agricole) qui est insuffisant, et ceci se traduit bien souvent par un niveau de vie trop bas.
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On calcule fréquemment la rémunération du travailleur de la famille en retirant du revenu agricole les


intérêts des capitaux d'exploitation et les charges calculées de fermage, et en divisant le solde par le
nombre d'unités travailleurs de la famille.
Le profit positif est la sanction d'une bonne gestion. Puisque les charges calculées sont couvertes, on
est sûr que le travail de l'agriculteur et de la famille a trouvé un salaire au moins normal dans le revenu
agricole. Le profit apparaît donc comme un des moyens les plus efficaces de juger la gestion d'une
exploitation et c'est notamment sur ce critère qu'on pourra classer les agriculteurs et la valeur de leur
système de production.
Dans la pratique de la gestion, on exprime les résultats financiers et économiques de l'exploitation de
différentes manières pour faciliter la comparaison entre les exploitations.
Tout d'abord, on rapporte le profit à la surface agricole utile. Mais si cette méthode est pratique, elle
n'a pas de signification économique générale.
Bien plus suggestif est le taux de rentabilité des capitaux d'exploitation (TR) qui est le rapport entre les
revenus (profit plus intérêt du capital d'exploitation) et la valeur des capitaux d'exploitation.

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Ce taux peut être utilement comparé par l'agriculteur avec les taux de placement dans d'autres affaires.
Mais, dans toutes les comparaisons, on aura soin de tenir compte du risque encouru, qui n'est pas le
même pour un placement dans une fluctuante entreprise industrielle ou pour un placement en rente à
garantie de charge, etc.
Enfin, le propriétaire exploitant fera bien de calculer le taux de rentabilité totale (TRT) des capitaux
engagés dans l'exploitation agricole. C'est le rapport entre le revenu des capitaux et la valeur des
capitaux d'exploitation et du prix de la terre en propriété.
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Là encore, la comparaison du taux de rentabilité totale avec les taux d'intérêt obtenus dans d'autres
placements pourra fournir d'utiles indications à l'agriculteur sur la marche de son affaire. Mais, qu'il
n'oublie jamais (et il n'oublie bien rarement), que la terre est le plus sûr, sinon le plus rémunérateur des
placements.

6. Conclusion
Le calcul des résultats économiques de l'exploitation dépend étroitement de la qualité des données
collectées et des conditions du marché. Les prix décident presque de tout. La classification des facteurs
de production en facteurs fixes ou variables d'une part et la distinction des charges réelles des charges
fixes d'autre part sont délicats et exige une attention particulière dans la gestion des exploitations
agricoles.
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Références bibliographiques
Chombart de Lauwe J., Poitevin J. et Tirel J. C. (1963). Nouvelle gestion des exploitations agricoles. Paris :
Dunod.
Dufumier M. (1985). Système de production et développement agricole dans le Tiers-monde. Cahiers
Recherche-Développement, 6: 31-37.
Ferraton N., Touzard I. (2009). Comprendre l’agriculture familiale: diagnostic des systèmes de production.
Gembloux : Les presses agronomiques de Gembloux.

INSEE, 2016 : Statistiques, définitions, méthodes et qualité. Définitions mises à jour le 13/10/2016.
https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1052
Jouve P. (1994). Le diagnostic des conditions et modes d'exploitation agricole du milieu, de la région à la
parcelle. In Mercoiret M.R. (ed.), L’appui aux producteurs ruraux, guide à l’usage des agents de D veloppement
et des responsables de groupements. Paris : Karthala.
Réthoré A. et Riquier D. (1989). Gestion de l'exploitation agricole, éléments pour la prise de décision.
Paris : Lavoisier.

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