Evelyne JACQUEY
Marie Laurence KNITTEL
ATILF & Université de Lorraine
1 Nous adressons tous nos remerciements à Rafael Marín, qui a bien voulu relire et
commenter cette introduction.
4 Evelyne JACQUEY, Marie Laurence KNITTEL
2.2. L’aspect
Orthogonalement à la question de la nature lexicale ou grammaticale de
l’événement dénoté dans une nominalisation se pose la question de l’héritage
par la nominalisation de l’aspect lexical du verbe (ou du SV) d’origine.
3 Comme nous le verrons en 2.4., l'opposition de nombre a été associée à d’autres valeurs.
8 Evelyne JACQUEY, Marie Laurence KNITTEL
(31) Roumain45 :
a. sositul lui Ion cu întîrziere [Imperfectif]
arriver-Sup-ArtDef Jean-Gen avec retard
‘l’arrivée tardive (habituelle) de Jean’ [i.e. l’habitude de Jean d’arriver
en retard]
b. sosirea / sosirile lui Ion cu întîrziere [Perfectif]
arriver-Inf-ArtDef / arriver-Inf-Pl Jean-Gen avec retard
‘{l’arrivée / les arrivées} tardive(s) de Jean’
Les exemples qui précèdent montrent que les formes imperfectives se
caractérisent par une valeur de pluriactionnalité (Laca 2006a, b ; Lasersohn
1995 ; Van Geenhoven 2004) : elles peuvent en effet renvoyer à une plura-
lité d’événements, et notamment accéder à une interprétation habituelle sans
faire appel à la pluralisation, ce qui est attendu pour un nom massif. Pour le
français, il a également été observé que les nominalisations comptables,
donc perfectives, sont fréquemment utilisées pour exprimer une succession
d’événements (Knittel 2015). Les exemples qui suivent montrent par ailleurs
que le contraste interprétatif entre perfectif et imperfectif est observé en
hongrois entre les formes avec préverbes, perfectives, et celles qui en sont
dépourvues6.
(32) a. a könyv (egy év-en át való) olvasás-a [Imperfectif]
le livre-Nom (une heure-Sub pendant) lecture- Poss.3sg
‘la lecture (habituelle) du livre pendant une heure’
cf. b. Olvas-ta a könyv-et [Imperfectif]
lire-Passé.3sg le livre-Acc
‘Il lisait le livre.’
c. a könyv (egy év-en belül való) el-olvasás-a [Perfectif]
le livre-Nom (une heure-Sub en) Pv-lecture-Poss.3sg
‘la lecture du livre en une heure’
d. El-olvasta a könyvet [Perfectif]
Pv-lire-Passé.3sg le livre-Acc
‘Il a lu le livre.’
Il est d’ailleurs intéressant de constater que la valeur aspectuelle des
préverbes n’est pas uniformément conservée ; ainsi en russe, le préverbe na
marque bien la perfectivité des verbes, mais cette valeur disparaît dans la
4 Abréviations : ArtDef : article défini ; Pl : pluriel ; Nom : nominatif ; Gen : génitif ; Sub :
sublatif ; Inf : suffixe nominal infinitif ; Poss : suffixe possessif ; sg/pl : accord singulier /
pluriel ; Neu : neutre ; Nomin : suffixe de nominalisation ; Pv : préverbe ; Perf : perfectif ;
Prs : présent ; Refl : réfléchi.
5 Le choix du suffixe dans ces exemples est discuté à la fin de la section.
6 Comme leur nom l’indique, les préverbes sont des particules verbales, marquant la perfec-
tivité au niveau phrastique, cf. (32d).
12 Evelyne JACQUEY, Marie Laurence KNITTEL
7 Il est intéressant de constater que les articles ont également un rôle à jouer en français,
comme l’a montré Knittel (2010, 2014).
LES NOMINALISATIONS : PROPRIÉTÉS LINGUISTIQUES 13
8 Rappelons cependant que Fábregas, Leferman et Marín (2013) considèrent qu’il existe
des adjectifs correspondant à des états davidsoniens (cf. (14a)).
LES NOMINALISATIONS : PROPRIÉTÉS LINGUISTIQUES 15
(40)
NEC NES NRésultatifs
Structure aspectuelle + + –
– SPs temporels introduits par en ou
+ – –
pendant
+ +
– Adjectifs de fréquence –
[+Nsg] [+Npl]
Structure argumentale + – –
– Arguments obligatoires + – –
– Modifieurs agentifs + – –
– SP agentifs introduits par par + – –
– Subordonnées infinitives de but + – –
Les exemples (41), de Grimshaw (1990 :17), qui illustrent les propriétés
ci-dessus, mettent également en évidence la présence de propriétés morpho-
syntaxiques typiques qui permettent de repérer les noms d’événements
complexes, par ailleurs ambigus : l’impossibilité de pluraliser ces noms, et la
restriction des déterminants à l’article défini ou ø pour l’anglais.
(41) a. They studied assignments9. [NR]
‘Ils ont étudié le devoir.’
b. They studied {the / one / that / an} assignment. [NES]
‘Ils ont étudié {le / un / ce} devoir.’
c. They observed the assignment *(of the problem) (by the teacher)
‘Ils ont observé la distribution du devoir (par le professeur).’ [NEC]
d. *They observed assignments of the problem (by the teacher).
lit.: ‘Ils ont observé les distributions du devoir (par le professeur).’
[NEC]
e. Assignment of long problems always causes difficulties.
‘La distribution de longs problèmes cause toujours des difficultés.’
[NEC]
f. They observed {the / *one / *that / *an} assignment of the problem.
‘Ils ont observé {la / une / cette} distribution du devoir.’ [NEC]
Dans le cadre théorique de la syntaxe générative, ces propriétés se tra-
duisent par la présence, au sein de la nominalisation complexe, de projec-
tions syntaxiques correspondant à la dénotation d’événement (vP, Harley
2009, Alexiadou et Anagnostopoulou 2009, Alexiadou, Iordachioaia et
Soare 2010), à l’aspect (AspP, Egerland 1998, Borer 1993, 2005) et à
9 Assignment se traduit par devoir ou par distribution lorsqu’il s’agit d’un nom d’événe-
ment complexe.
16 Evelyne JACQUEY, Marie Laurence KNITTEL
3. PROCÉDÉS MORPHOLOGIQUES
Le procédé morphologique employé dans la nominalisation peut avoir
une influence sur les propriétés du nom qui en résulte, comme nous venons
de le voir pour le serbo-croate et l’espagnol. Arsenijević (2011) avance
même l’hypothèse que les unités qui semblent converties seraient en fait de
catégorie adjectivale, et non nominale. Ceci rappelle la difficulté d’analyser
les conversions N/V (déprime, chant), évoquée au début de cette présenta-
tion. Ces observations soulèvent la question de la morphologie et de son rôle
dans les nominalisations.
Les données exposées précédemment (cf. (5), (7)) mettent en évidence la
variété des suffixes employés pour nominaliser un verbe ou un adjectif. En
outre, la plupart de ces suffixes sont susceptibles de donner lieu à des noms
appartenant à différentes classes sémantiques. La suffixation en -eur, par
exemple, produit des noms d’instruments (aspirateur) ou d’agents (coiffeur)
(voir section 2.1.2) ; de même, -age permet de construire des noms d’actions
(démarrage) ou de lieux (garage), et -oir des lieux (dortoir) ou des instru-
ments (grattoir) (Namer et Villoing 2008 ; Fradin et Winterstein 2012).
À contrario, la question de la concurrence entre les suffixes doit être
évoquée, au vu d’exemples tels que les suivants :
(47) a. plissage / plissement
b. arrivage / arrivée
c. isolation / isolement
Pour ce qui est des déverbaux, cette question a fait l’objet de plusieurs
études, qui mettent en évidence la complexité du phénomène. Concernant
l’opposition entre -age et -ment, de nombreux facteurs ont en effet été
évoqués (Fradin 2014). Dubois (1962) suggère que le caractère transitif ou
intransitif du verbe de base (48) intervient dans le choix du suffixe. Plus
18 Evelyne JACQUEY, Marie Laurence KNITTEL
11 Parmi d’autres, Beauseroy et al. (2011) s’intéressent aux propriétés aspectuelles des no-
minalisations événementielles, Condette et al. (2012) à la structure argumentale des noms
déverbaux, Flaux et Stosic (à paraître) aux noms d’idéalité, Grabar et al. (2006), Namer
(2003) aux mécanismes morphologiques de construction des déverbaux, Koehl (2010,
2012) aux propriétés morphologiques et sémantiques des noms déadjectivaux suffixés en
français et en particulier sur le N-erie, Lecolle (2011) aux propriétés sémantiques et au
caractère néologique ou non des noms désadjectivaux en -aire formés par conversion.
12 Parmi d’autres, Ježek (2008) et Ježek et Melloni (2009) sur l’italien, Araújo et Correia
(2013) et Sklavounou (1997) sur le portugais.
13 Parmi d’autres, Bourigault et Condamines (1999) dans le domaine des transports, Fista et
al. (2011) dans le domaine du vocabulaire boursier, Lerat (2007) dans le domaine des
mesures des taux d’alcool dans le vin.
14 Parmi d’autres, le lexique Verbaction (Hathout et al. 2002 ; Tanguy et Hathout 2002) qui
comporte un peu moins de 10.000 paires de bases verbales et leurs noms déverbaux (ac-
cessible en ligne http://redac.univ-tlse2.fr/lexiques/verbaction.html), le lexique Nomage
(Balvet et al. 2012) qui comporte 737 noms déverbaux étiquetés sémantiquement à l’aide
de 5 classes aspectuo-sémantiques suite à l’annotation de la moitié du French TreeBank
environ, soit 11.800 occurrences de nominalisations, l’ensemble étant accessible en ligne
(https://sites.google.com/site/nomagesite/delivrables) ou encore le projet LEGERe pour
un lexique construit en français (Namer et al. 2009).
20 Evelyne JACQUEY, Marie Laurence KNITTEL
15 Cet outil faisait usage d’Alta Vista et de ses caractères génériques (joker).
22 Evelyne JACQUEY, Marie Laurence KNITTEL
4.4. Les corpus pour confronter, valider ou infirmer des hypothèses sur
les nominalisations
4.4.1. Nominalisations et structure argumentale
Dans le champ des recherches sur la structure argumentale des nominali-
sations, Condette et al. (2012) parmi d’autres se sont intéressés à l’hypothèse
de l’héritage de la structure argumentale dans le cas des noms construits
prédicatifs, dans un processus de validation « in vivo », c’est-à-dire sur les
occurrences effectives de nominalisations en corpus. Ces travaux s’ins-
crivent dans la lignée de travaux de même nature, réalisés pour d’autres
langues comme l’anglais avec Nomlex (Macleod et al. 1998) et NomBank
(Meyers et al. 2004), ou l’espagnol avec le projet Ancora (Taulé et al. 2008).
La particularité des travaux de Condette et al. (2012) est de viser dans le
même temps une modélisation de la structure argumentale des noms
déverbaux construits par nominalisation et de celle des verbes base corres-
pondants. C’est ainsi que la question de l’héritage de la structure argumen-
tale du verbe base est réinterrogée dans le processus de la nominalisation,
tout en prenant en compte la question de la polysémie des noms déverbaux
construits.
Plus spécifiquement, Condette et al. ont observé la réalisation de l’objet
direct du verbe base lorsque les noms construits dénotaient des événements
complexes au sens de Grimshaw (1990). Pour ce faire, ils ont procédé en 5
étapes successives : (1) au sein du FrenchTreeBank (Abeillé 2003), extrac-
tion d’un corpus de phrases contenant des noms déverbaux comportant les
suffixes connus, (2) élaboration du lexique de ces noms (656 lemmes et 742
acceptions) à partir des 4018 occurrences relevées, (3) élaboration du
lexique des verbes base correspondants (648 lemmes et 677 acceptions)16,
(4) association d’une structure argumentale à chaque acception des noms
déverbaux répertoriés et pour chaque acception de leurs verbes base, (5)
vérification effective des structures argumentales définies pour les déver-
baux dans leurs occurrences respectives en corpus.
Pour modéliser les structures argumentales, les auteurs se sont inspirés de
DicoValence (van den Eynde et Mertens 2006) pour les verbes et, pour les
noms, de la Lexicologie Explicative et Combinatoire (Mel’čuk et al. 1995) et
du Lexique Actif du Français (LAF) (Mel’čuk et Polguère 2007). Le lexique
ainsi produit est un lexique d’acceptions (unité lexicale ou lexie au sens de la
LEC). Par ailleurs, il rend compte de certaines alternances nom / verbe
jugées productives par les auteurs.
16 La nomenclature des unités nominales et verbales étudiées ici est similaire à celle du
projet Nomage (Balvet et al. 2012).
24 Evelyne JACQUEY, Marie Laurence KNITTEL
entre le verbe base et le nom. Les auteurs constatent des divergences qu’ils
jugent faibles (invervenir : accomplissement / intervention : activité) ou plus
importantes, de par le nombre de traits aspectuels altérés (se comporter : ac-
tivité / comportement : état). Parmi les divergences importantes, les auteurs
soulignent le cas du passage d’une catégorie simple à une catégorie com-
plexe, comme dans le cas de tasser (activité) / tassement (activité_état), ou
de accuser (achèvement_état) / accusation (achèvement). Les divergences
constatées peuvent aussi être dues à l’absence d’une catégorie aspectuelle
nominale dans le système aspectuel verbal : c’est le cas de la différence entre
exportation, associé à la catégorie aspectuelle habitude et exporter associé à
la catégorie aspectuelle activité.
L’étude de Beauseroy et al. (2011) porte sur l’hypothèse d’une corréla-
tion entre propriétés distributionnelles de déverbaux en corpus (détermina-
tion, nombre et modification adjectivale) et leur caractère événementiel
complexe. Alors que, selon Grimshaw (1990), seuls les déverbaux singu-
liers, précédés d’un déterminant défini et apparaissant avec leurs arguments
peuvent être considérés comme des noms événementiels complexes, l’étude
en corpus a démontré que ces critères correspondaient plutôt à une tendance
majoritaire. D’autres configurations morphosyntaxiques sont en effet pos-
sibles. La présence d’arguments n’est pas incompatible avec la pluralisation
(des démonstrations des différentes techniques de pêche), l’introduction par
un article indéfini est possible (un contrôle de leur situation), de même que
la pluralisation seule (observer les remontées du ballon).
Au-delà de la confrontation d’hypothèses aux usages, ce type d’étude
peut déboucher sur de nouvelles problématiques. Par exemple, l’observation
des conditions de la pluralisation par Beauseroy et al. (2011) met à jour de
nouvelles méthodologies, comme l’intérêt de la double annotation aspec-
tuelle réalisée dans les travaux de Balvet et al. (2012)17. Cependant, les
auteurs eux-mêmes émettent deux réserves. La première concerne la diffi-
culté d’appliquer les tests linguistiques courants, imaginés au départ pour
être utilisés avec des exemples construits. Par ailleurs, certaines occurrences
attestées peuvent être ambiguës malgré le contexte. Beauseroy et al. (2011)
soulignent effet que remontées dans Le bâtiment sera construit sur vide sani-
taire, pour éviter les remontées de la nappe phréatique, peut être interprété
comme « le fait de remonter » (événementiel) ou comme « ce qui remonte »
(résultatif). Une autre insuffisance de ces travaux est qu’ils ne peuvent pas
17 Dans cette étude, deux méthodes d’annotation ont été mises en œuvre et comparées :
attribuer une classe aspectuelle aux lexèmes à partir d’exemples construits et soumettre
les occurrences des nominalisations à une série de tests. Cette seconde annotation a été
réalisée par des annotateurs non linguistes. La comparaison des résultats de ces deux mé-
thodes montre un taux de convergence important (85%). En outre, ces deux méthodes se
complètent utilement : la première fournit des tests linguistiques et une ontologie aspec-
tuelle pour les verbes et les noms ; la seconde, empirique, a permis de raffiner notamment
l’ontologie.
LES NOMINALISATIONS : PROPRIÉTÉS LINGUISTIQUES 27
prendre en compte les nominalisations dénotant des objets, qui sont dépour-
vus de propriétés aspectuelles.
Cette dernière difficulté, de même que celle de la caractérisation des
lectures résultatives des nominalisations, fait l’objet des travaux de Ježek
(2008) et Ježek et Melloni (2009), qui, pour les données de l’italien, mettent
en œuvre une méthodologie davantage inspirée de la linguistique de corpus.
Tout d’abord, il s’agit d’appliquer des calculs statistiques pour extraire les
cooccurrents significatifs, verbes (anticiparer ‘devancer, anticiper, avancer,
annoncer’) ou adjectifs (brusco ‘brusque’), autour de déverbaux et de noms
simples dont l’une des interprétations au moins est événementielle. Ensuite,
les cooccurrents jugés significatifs autour des noms événementiels sont
clusterisés. Cette méthodologie fait ainsi apparaître 11 classes d’alternances
sémantiques.
assurance) ont été éliminées. Au travers de plusieurs études de cas, les au-
teurs sont parvenus, entre autres, à la conclusion que, dans les textes relevant
de domaines de spécialité, la notion de dynamicité des noms d’action devait
être affinée.
Du côté de l’étude des variétés stylistiques de l’oral, Bilger et Cappeau
(2004) ont constaté que les nominalisations (comme expectoration, alternant
avec toux, d’un registre plus familier) font partie des termes techniques
marquant un changement de registre de la part du locuteur. Ce changement
se manifeste lorsque celui-ci est amené à aborder des sujets comme son
activité professionnelle, entre autres, qui l’amènent à employer des tournures
spécifiques.
5. PRÉSENTATION DU NUMÉRO
L’article d’Elisa Bekaert et Renata Enghels se focalise sur les noms
dérivés de verbes exprimant la perception visuelle et auditive en espagnol,
qui ont été recherchés dans trois corpus : un sous-corpus extrait du CREA
(Corpus de Referencia del Español Actual) et annoté manuellement, un
second constitué par le CREA lui-même, non annoté, et enfin le Web, dans
lequel ont été relevées les séquences utilisées habituellement comme tests
linguistiques pour l’aspect. L’étude révèle que, comme les verbes correspon-
dants, les noms de perception visuelle et auditive présentent des propriétés
aspectuelles et sémantiques variées, et met l’accent sur le fait que, si certains
tests sont valides, d’autres sont moins fiables.
Prenant le contrepied des travaux qui mettent l’accent sur l’héritage des
propriétés des verbes par les noms qui en sont dérivés, Francine Gerhard-
Krait, Hélène Vassiliadou et Marie Lammert font l’hypothèse que le nom, en
l’occurrence déplacement, et le verbe (se) déplacer fonctionnent comme
deux unités autonomes dans les corpus observés (Frantext, Corpus Leipzig et
C-ORAL-ROM), et que le transfert des propriétés verbales n’est ni régulier,
ni prédictible. Seule subsiste dans les deux unités la notion de changement
de relation spatiale entre site et cible, qui relève de la sémantique
conceptuelle.
Le travail de Marie Laurence Knittel traite des noms comptables dérivés
de bases adjectivales, à partir de données extraites d’une portion du FrWac.
Il met l’accent sur la variété des lectures disponibles pour ces noms, qui
peuvent ou non renvoyer à des arguments de l’adjectif correspondant, et
montre que la classe sémantique de l’adjectif de base conditionne en grande
partie l’interprétation du nom qui en est dérivé. Pour finir, il met en parallèle
la polysémie des noms désadjectivaux (propriété vs occurrence) avec celle
des noms déverbaux (événement vs résultat).
Comme le précédent, l’article d’Aurore Koehl porte sur les noms
désadjectivaux, mais s’inscrit dans une perspective morphologique. À partir
de l’étude de données extraites du TLF, du Monde et d’Internet, l’auteur
étudie les valeurs des noms désadjectivaux suffixés, et met au jour les
conditions, à la fois formelles, sémantiques, historiques et morphopragma-
tiques, qui pèsent sur le choix des suffixes. Il présente la base de données
MORDAN, élaborée par l’auteur, qui permet d’observer et d’étudier les
LES NOMINALISATIONS : PROPRIÉTÉS LINGUISTIQUES 31
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