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SLAM MUSIQUE

Un papier, un stylo, un micro : voici les principaux instruments du slam, cet art oratoire entre
poésie et musique qui consiste à déclamer un texte dans un bar, face à un public à la fois jury et
acteur. Né aux États-Unis, le slam a traversé l’Atlantique au milieu des années 1990 et suscite
aujourd’hui un véritable engouement en France à tel point qu'il commence à se décliner sur
disques.

 C’est à Chicago, il y a environ vingt ans, que le terme “slam” voit le jour. Ouvrier en bâtiment et
poète anti-conformiste, Marc Smith décide de faire descendre la poésie de son piédestal en
organisant des joutes oratoires dans les bars de sa ville. Les premières slamming sessions ont
lieu en 1986 et voient s’affronter des poètes-boxeurs dans un combat où les mots remplacent les
poings. Ces sessions tirent leur nom du verbe to slam qui signifie claquer ou jeter, en référence
aux vers scandés par les poètes. Souvent comparé à du rap sans musique, le slam est en réalité
plus proche de l’esprit libertaire du jazz et du punk que de la mouvance hip-hop, dont il a
néanmoins conservé l’âme contestataire de ses débuts.

Slam à la française

En France, les premières soirées de “slam poésie” apparaissent au milieu des années 1990,
même si le terme n’est pas encore utilisé. Décidés à transformer un ancien repère
d’entraîneuses du quartier parisien de Pigalle en bar artistique, les propriétaires initient ces
scènes ouvertes poétiques en 1995. Écrivains, poètes, rappeurs, conteurs ou marginaux sont
rapidement conquis par ces soirées hebdomadaires qui leur offrent une tribune inédite pour
exprimer leurs revendications et leurs états d’âme. Quelques règles sont à respecter : le temps
de parole ne doit pas excéder trois minutes et l’utilisation d’instruments, de musiques ou de
déguisements est prohibée. Les participants forment un petit cercle quasi familial au sein duquel
figurent deux acteurs incontournables de la scène française actuelle du slam : Nada et Pilote le
Hot.

Mais, comme dans toute famille, les dissensions ne tardent pas à éclater et lorsque le Club-Club
ferme ses portes en 1998, chacun suit son propre chemin. Pilote le Hot ouvre sa propre scène
dans un autre bar parisien, tout en tentant de fédérer ce mouvement encore balbutiant par
l’intermédiaire de l’association Slam Productions. De son côté, Nada anime des soirées slam
dans un autre lieu et entreprend une démarche plus personnelle en réalisant des “one man
slam”. Art collectif pour les uns, performance poétique individuelle pour les autres, le slam à la
française se forge sa propre identité tout en attirant de plus en plus de monde.

Plusieurs poètes décomplexés n’hésitent plus à mélanger slam et musique sur CD, au grand
dam des puristes. En 2004, les slammeurs de Spoke Orchestra (trio auquel appartient Nada),
ont sorti l’album Interdit aux mineurs. Quittant momentanément l’univers du R&B, le duo franco-
camerounais des Nubians s’apprête de son côté à faire paraître Echoes, premier volet d’une
collection dédiée au spoken word. Tous ces projets ont la même ligne de conduite : mettre la
musique à l’entier service des mots.

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