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1- Le mouvement et le contraste :
La période dite classique correspond généralement à la deuxième moitié de 18ème
siècle, et vient bien évidemment à la suite de la période dite baroque. Cependant, on peut
déceler une évolution continue de la forme dans la musique instrumentale à partir de la
renaissance sur la base des notions de mouvements et de contraste.
En effet, la suite de danses (dans la renaissance puis au baroque) est une forme
musicale fondée sur la succession de différentes danses, de manière à créer le maximum de
différence lors du passage d’une danse à l’autre au niveau du caractère et de la vitesse.
Progressivement, l’élément de la danse disparait pour ne laisser que le « mouvement » avec
comme principale caractéristique la vitesse. On arriva ainsi à l’idéal paradigmatique de trois
mouvements successifs selon l’ordre : rapide, lent, rapide dans la musique baroque dans des
formes telles la sonate ou le concerto.
Il s’agit là certainement d’une spécificité occidentale, puisque c’est le contraste et la
rupture qui rythment l’évolution de la macro-forme, ce qui trahirait éventuellement une
certaine influence du théâtre.
La vitesse est également associée aux différents caractères : dramatique, contemplatif,
plein d’humour, héroïque, pathétique …. Et c’est bien dans la période classique et ses grandes
formes instrumentales que ces principes esthétiques et formels se sont le plus clairement
épanoui.
- Cinquième symphonie :
Le thème du premier mouvement de cette symphonie est certainement parmi les plus
célèbres de la musique classique. Certains aiment le considérer comme le thème du Destin,
bien que Beethoven n’eut laissé aucune note concernant ce sujet. Il est cependant indéniable
que l’acharnement rythmique du motif et la force avec laquelle il attaque l’émotion des
mélomanes est unique. En outre, ce motif -du moins sa pulsation rythmique- reste
omniprésent pendant tout le mouvement, donnant l’illustration parfaite de l’idéal d’organicité
dans la construction d’une œuvre d’Art.
Cette symphonie est très originale également puisqu’il n’y a pas d’arrêt entre le
troisième et le dernier mouvement. L’entrée triomphante de ce dernier mouvement est
préparée à la fin du troisième, dans un jeu de « perspective » sonore et émotionnelle tout à fait
inédit pour l’époque.
Si le premier mouvement traduirait l’attitude psychique de lutte (contre les coups du
destin), le dernier met en valeur une volonté humaine, victorieuse et jubilante jusqu’à
l’exaltation.
- Neuvième symphonie :
Le quatrième mouvement de cette œuvre gigantesque est célèbre par « l’Hymne à la
joie » sur un poème de Schiller. Le chant choral et soliste est introduit dans la symphonie, fait
inédit jusqu’à lors. Il s’agit d’un hymne à une joie universelle sans frontières ni limites. A
noter que le début du thème célèbre de ce mouvement est officiellement l’Hymne de l’union
européenne.
Le début du premier mouvement donne l’impression d’une lumière transcendante qui
descend du ciel, ou d’une révélation divine d’une lourde vérité. Les rôles des deuxième et
troisième mouvements -selon l’ordre classique- sont permutés ici, puisque le mouvement lent
succède au scherzo et non le contraire.
Le scherzo commence par un thème puissant et énergétique, avant l’apparition d’un
deuxième thème rappelant l’ambiance pastorale de la sixième symphonie pastorale. Le
troisième mouvement est une longue méditation qui se profile très progressivement, où le
temps devient presque figé, dans un contraste absolu avec le final.
3- Synthèse :
Les traits du romantisme se trouvent indéniablement au niveaux suivants :
- Sur le plan formel : le nombre de mouvements dans la sixième (5 au lieu de 4) ; le
passage sans pause entre les deux derniers mouvements de la cinquième et les trois
derniers mouvements de la sixième ; la permutation du mouvement lent et du
scherzo dans la neuvième. Ces changements sont suggérés par la logique d’écriture
propre à Beethoven et à ses besoins expressifs. Il n’a donc point hésité à bousculer
le moule classique dans une optique très individuelle.
- Les dimensions expressives et esthétiques nouvelles : En effet, la musique va de la
plus la plus fragile sensibilité jusqu’à la brutalité crue. La palette expressive de la
période classique se voit extrêmement dilatée, et pour cela, le compositeur a usé de
tous les moyens techniques nécessaires.
- La réaction à l’époque : il a pris position vis-à-vis de Napoléon par exemple, et a
été inspiré jusqu’à devenir peut-être l’un des principaux porte-parole de l’esprit
révolutionnaire titanesque de son époque. Cependant, ce serait injuste de réduire
Beethoven à ce type d’expression uniquement, car il fait preuve d’un lyrisme et
d’une tendresse -non moins romantiques d’ailleurs- dans d’autres œuvres comme
dans la « Lettre à Elise » ou dans le premier mouvement de la sonate dite « au clair
de lune ».