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Andrea PINNA
Professeur assistant à l’Université de Tilburg (1)
DOCTRINE
F3 7 2 7 Le recou rs à l’arbitrage p ou r résou dre 1des con flits tion al (CIO) qu i a réd igé la Ch arte olym p iqu e ou
A R B I T R A G E
en m atière sp ortive n e date p as d’au jou rd’h u i. On l’Agen ce m on diale an tidop age (AMA) qu i a récem -
en trou ve des traces dès la Grèce classiqu e, en p ar- m en t a d op té u n Cod e m on d ia l a n tid op age. Ces
ticu lier dan s les œ u vres h om ériqu es (2). Tou tefois, règles, qu i trou ven t leu r origin e dan s les décision s
les arbitres don t il était qu estion dan s l’An tiqu ité d ’organ isation s d e n atu re essen tiellem en t p rivée,
n ’étaien t in vestis qu e du p ou voir de ju ger si tel ou son t p ou rtan t d ’ap p lication gén érale et d éterm i-
tel sp ortif avait resp ecté les règles du jeu lors de la n en t, p ar exem p le, les con dition s de p articip ation
com p étition . Il n e s’agissait don c p as d’arbitrage au au x Jeu x olym p iqu es, les p rin cip es d e n ation alité
sen s ju ridiqu e, p u isqu e l’arbitre se situ ait h ors du sp ortive des ath lètes, les con dition s d’u n test an ti-
droit (3). Le fait qu e les organ es ap p elés à tran ch er d o p a ge et les sa n ctio n s d ’u n résu lta t p o sitif.
ces litiges aien t été organ isés com m e d es vérita- L’im p ortan ce et le n om bre de ces règles, ain si qu e
bles tribun aux, statuan t après les com pétition s, rap- la difficu lté de leu r ap p lication , on t don n é lieu à u n
p roch ait cep en d an t sen sib lem en t leu rs d écision s con ten tieu x con sidérable.
des sen ten ces arbitrales qu e n ou s con n aisson s (4).
S’agissan t sou ven t de litiges com p ortan t des élé-
En revan ch e, la résolu tion des con troverses rela- m en ts d’extran éité et ayan t u n e p ortée in tern atio-
tives à l’ap p lication de règles de droit en m atière n ale, l’idée de les sou straire au x ju ridiction s étati-
sp ortive est bien p lu s récen te. Cela s’exp liqu e p ar qu es p ou r les sou m ettre à l’arbitrage a rap idem en t
le fait qu e le droit du sp ort est lu i-m êm e u n e dis- vu le jou r. C’était, en effet, la seu le façon d’abou tir
cip lin e récen te, q u i n ’a tro u vé sa ra iso n d ’être à u n e in terp rétation et, su rtou t, à u n e ap p lication
qu’avec le dévelop p em en t du sp ort p rofession n el et un iform e des n orm es du sport in tern ation al (7). Un e
les im p ortan ts p rofits qu ’il en gen dre p ou r les dif- in stitution d’arbitrage com péten te pour tran cher les
féren ts op érateu rs d e ce m arch é. Ce p h én om èn e litiges d e n atu re sp ortive a égalem en t été con sti-
global a eu p ou r effet le dévelop p em en t, à côté des tu ée au cou rs des an n ées 80 sou s le n om de Tribu -
p u res règles d u jeu , d e règles d e d roit q u i en ca-
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d e litiges d e n atu re écon om iq u e en tre les d iffé- céd u re, d én om m ée p rocéd u re ord in aire (13). Cela
ren ts op érateu rs d u m ou vem en t sp ortif, con cer- s’exp liqu e p ar le fait qu e, s’agissan t d’u n arbitrage
n an t les con trats q u i y son t relatifs : con trats d e de n atu re tradition n elle, les p arties n e sen ten t p as
sp on sorin g, con trats relatifs au x droits de retran s- la n écessité de sou m ettre leu rs litiges à u n e in sti-
m ission d ’évén em en ts sp ortifs, con trats d ’agen t tu tion arbitrale sp écifiqu e et p réfèren t se tou rn er –
sp ortif, etc. L’arb itrage d e tels litiges n e p résen te lorsqu ’elles désiren t sou straire leu r litige au x ju ri-
q u e très p eu d e sp écificités p ar rap p ort à l’arb i- diction s étatiques – vers des form es d’arbitrage aux-
trage tradition n el (10). Le fait qu e le litige p orte su r qu elles elles son t p lu s h abitu ées. Il en résu lte qu e
la m atière sp ortive n e ren d p as cet arbitrage origi- ce n ’est p as en tran ch an t cette typ ologie de litiges
n al et n e ju stifie p as à lu i seu l l’existen ce d’u n e in s- qu e le TAS ju stifie de son existen ce.
titu tion arb itrale ad h oc. La seu le caractéristiqu e En revan ch e, dan s la résolu tion d’u n e au tre sorte
origin ale con siste dan s le fait qu e les con trats don - de litiges sp ortifs, la com p éten ce du TAS s’est révé-
n an t lieu au litige on t sou ven t p ou r objet, direct ou lée in d isp en sab le. En effet, ces d ern ières an n ées,
in direct, un ath lète et l’exercice de son activité. Un e l’arbitrage en m atière sp ortive s’est m an ifesté p rin -
telle circon stan ce peut in fluen cer, dan s certain s cas, cip alem en t d an s la résolu tion d e litiges con cer-
l’arbitrabilité du litige, con du ire à l’ap p lication de n an t les décision s des tribu n au x discip lin aires ou
lois de p olice ou , le cas éch éan t, s’op p oser à l’exe- d’in stan ces an alogu es des fédération s, des associa-
qu atu r d’u n e sen ten ce arbitrale en ap p lication de tion s ou d’au tres organ ism es sp ortifs. Les arbitres
l’exception d’ordre public in tern ation al (11). Pour n e son t ici ap p elés à statu er su r la validité de ces déci-
citer qu ’u n exem p le, le droit fran çais recon n aît u n e sion s qu i on t essen tiellem en t p ou r objet les san c-
loi de p olice dan s l’article 15-2 de la loi du 16 ju illet tion s p our dop age et, p lus gén éralem en t, les adm is-
1984 qu i disp ose dan s son p aragrap h e 3 qu e « u n sio n s, les exclu sio n s et les d isq u a lifica tio n s d es
a gen t sp ort if n e p eu t a gir q u e p ou r le com p t e sp ortifs d es com p étition s. Les arb itres son t d on c
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d ’u n e d es p arties au m êm e con trat, qu i lu i d on n e com p éten ts p ou r con n aître des recou rs p ou r excès
m an d at et p eu t seu le le rém u n érer. Le m an d at de p ou voir – en u tilisan t u n e form u lation fran çaise
p récise le m on tan t d e cette rém u n ération , qu i n e – con tre les décision s des organ ism es sp ortifs. Le
p eu t ex céd er 10 % d u m on tan t d u con trat con clu Co d e a rb itra l d u TAS d ésign e cette p ro céd u re
[...] ». Bien q u e la Cou r d e ca ssa tion n ’a it p a s com m e p rocédu re arbitrale d’ap p el (14). L’ap p ella-
exp ressém en t q u alifié cette d isp osition d e loi d e tion est m al ch oisie p u isqu e le TAS n e statu e p as
p olice, cela n e sem ble p as faire de dou te (12). Cette com m e deu xièm e degré de ju ridiction , m ais in ter-
lim itation trou ve à s’ap p liqu er qu an d bien m êm e vien t directem en t en p rem ière in stan ce, les diffé-
la loi applicable au con trat est un e loi étran gère, dès ren ts « tribu n au x » des organ ism es sp ortifs n ’étan t
lors qu e la situ ation ren tre dan s le ch am p d’ap p li- p as d e véritab les ju rid iction s (15). Cela s’exp liqu e
cation de la loi de police fran çaise. Cette n orm e éta- p ar le défau t d’in dép en dan ce qu i leu r est p rop re et
tiqu e fran çaise est en con tradiction avec les statu ts qu i résu lte du fait qu e, en réalité, ces tribu n au x se
des certain es fédération s in tern ation ales qui n e pré- p ron on cen t au n om d e l’organ ism e d on t ils fon t
voien t p as de lim itation du m on tan t de la com m is- p artie. Leu r décision est don c de n atu re p u rem en t
sion des agen ts sp ortifs. Tel est le cas des statu ts de discip lin aire.
(9) Articles 61 et s. des statu ts de l’UEFA. En revan ch e, le n ou veau statu t
Dep u is p lu sieu rs décen n ies, les deu x stru ctu res
de la Fédération in tern ation ale de football association (FIFA) ap p rou vé p yram idales et m on op olistiqu es du sp ort in tern a-
le 7 ju illet 2001 p révoyait la création d’u n e in stitu tion d’arbitrage in dé- tion al qu e son t les fédération s in tern ation ales et le
p en dan te du TAS, le Tribu n al arbitral du football (TAF) crée su r le m odèle
du Tribu n al arbitral du sp ort (article 63 du statu t). Su r cette qu estion , V. Com ité in tern ation al olym p iqu e (CIO) on t tâch é de
Vigoriti, FIFA, arb itrato, m etod i d i risolu zion e d elle con troversie, Riv. se p lacer au-dessus de l’État. Il s’agit aujourd’hui de
dell’Arbitrato, 2002, 653. Un e u ltérieu re m odification des statu ts est in ter-
ven u e le 19 octobre 2003. Désorm ais, le n ou vel article 59 des statu ts de stru ctu res p ara-étatiqu es – con stitu ées sou s form e
la FIFA com p orte u n e clau se com p rom issoire en faveu r du TAS.
(10) Su r cette sorte d’arbitrage, V. Vigoriti, L’arbitrato sp ortivo in m ate- (13) Selon les statistiqu es p u bliées su r le site www.tas-cas.org, le TAS a
ria econ om ica, Riv. dell’Arbitrato, 2000, 13 ; J.A.R. Nafziger, Resolvin g dis- été, en tre 1995 et 2001, saisi de 40 affaires ordin aires seu lem en t.
putes over fin an cial m an agem en t of athletes : En glish an d Am erican expe- (14) Cette p rocédu re est régie p ar les articles R. 47 et su ivan ts du Code
rien ces, 3 Vill. Sp orts & En t. L.J. 413 (1996). arbitral du TAS.
(11) Pou r u n e étu de détaillée du statu t de l’ath lète, cf. M. Baddeley, Le (15) À ce titre la term in ologie u tilisée p ar les an cien s statu ts de la FIFA
sp ortif, su jet ou objet ?, RDS (Revu e de droit su isse), 1996, II, p . 141-252. p ou r distin gu er ces deu x sortes d’arbitrage avait été m ieu x ch oisie. L’arti-
(12) E. Loqu in et G. Sim on , JDI 2001, 97, n ote sou s Cass. 1re civ., 18 ju illet cle 63 du statu t distin gu ait, en effet, la com p éten ce du TAF de statu er en
2000, Bism u th , Bu ll. civ. I, n o 217, p . 140. in stan ce u n iqu e et celle de statu er en in stan ce de recou rs.
au x ath lètes sain s q u i se m esu ren t avec l’ath lète tu els qu e l’on recon n aît à la ju stice arb itrale (27).
san ction n é. Devan t le refu s des au tres ath lètes de Parm i ceu x-ci on p eu t citer la rap id ité, la sim p li-
se con fron ter su r la p iste avec Reyn olds, il n e res- cité et le faible coû t de la p rocédu re, ain si qu e la
tait p lu s à celu i-ci qu ’à dem an der au x tribu n au x la com p éten ce p rofession n elle d es arb itres. On n e
rép aration du dom m age subi. Dan s un e décision de p eu t p as dire de m êm e p ou r la con fiden tialité, la
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p rem ière in stan ce, la IAAF fu t con dam n ée à p ayer sen ten ce ren d u e en ap p lication d e la p rocéd u re
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Reyn olds 27,356,008 de dollars, don t p lu s de vin gt arbitrale d’ap p el p ou van t en p rin cip e être ren du e
m illion s de p u n itive d am ages. La p rocédu re se ter- p u bliqu e. Mais les p arties p eu ven t con ven ir qu ’elle
m in a en 1994 avec l’an n u lation du ju gem en t p ou r restera con fiden tielle (28). Cette qu alité n ’est cep en -
cau se d ’in com p éten ce d e la Cou r d e l’Oh io et le d an t p as ressen tie com m e u n e exigen ce d an s u n
refu s d e la Cou r su p rêm e d e se p ron on cer su r la dom ain e où les décision s qui fon t l’objet du recours
qu estion (25). Il n ’en dem eu re p as m oin s qu e cette son t p u bliqu es et, sou ven t, largem en t m édiatisées
affaire a en traîn é u n ch an gem en t radical d’attitu de (29). Ou tre ces avan tages p rop res à l’arbitrage, il a
dan s la gestion du litige sp ortif de la p art des orga- été sou ten u q u e la com p éten ce d u TAS p ou rrait
n ism es in tern ation au x. p erm ettre l’h arm on isation d es d ifféren tes législa-
Au jou rd’h u i, ces dern iers n e ban n issen t p lu s le tion s et d on c d es solu tion s, en ab ou tissan t à u n
recou rs a u x trib u n a u x éta tiq u es p a r p rin cip e et droit u n iform e du sp ort in tern ation al (30).
n ’affich en t p lu s la volon té de se situ er h ors de tou t Malgré ces avan tages, l’arbitrage en m atière sp or-
d roit étatiqu e. Plu sieu rs élém en ts en tém oign en t. tive doit com p oser avec le p articu larism e des liti-
Par exem p le, le Code sp ortif in tern ation al de la FIA ges à tran ch er. Son efficacité dép en d largem en t de
a été m odifié pour recon n aître la possibilité d’in ten - la façon don t ces sp écificités son t p rises en con si-
ter u n reco u rs co n tre la d écisio n d u Trib u n a l dération .
d’ap p el n ation al et du Tribu n al d’ap p el in tern atio-
n al de cette association devan t les ju ridiction s éta-
I. LES SPÉCIFICITÉS DE L’ARBITRAGE EN
tiqu es ou arbitrales extérieu res à l’association (26).
M ATIÈRE SPORTIVE
La stratégie d u CIO et d es d ifféren tes féd ération s
in tern ation ales a con sisté à avoir recou rs à de véri- La p rocédu re arbitrale d’ap p el du TAS p résen te des
ta b les trib u n a u x d ’a rb itra ge, in d ép en d a n ts d es p articu larités très m arqu ées. Elles son t p rin cip ale-
organ es in tern es, à qu i com p éten ce est con férée, m en t de deu x sortes. D’u n e p art, les litiges n e son t
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p ar clau se com p rom issoire, de tran ch er les litiges au cu n em en t com p arab les à ceu x qu e les arb itres
en tre les fédération s et leu rs adh éren ts. L’in dép en - so n t a m en és à tra n ch er h a b itu ellem en t d a n s le
d a n ce d es cen tres d ’a rb itra ge et d es trib u n a u x cad re d e l’arb itrage in tern e et in tern ation al ( 31 ).
d’arbitrage est su scep tible de rédu ire sen siblem en t D’au tre p art, les p arties n e son t p as les op érateu rs
la com p éten ce des tribu n au x étatiqu es. du com m erce in tern ation al qu i recou ren t h abitu el-
La procédure arbitrale d’appel devan t le TAS n ’est lem en t à ce m ode de règlem en t des litiges. Ces sp é-
au tre q u e celle q u i a p ou r ob jet d e sou straire le cificités a p p ellen t u n e o rga n isa tio n n o u velle d e
recou rs con tre les décision s des organ ism es sp or- l’arbitrage et p osen t des qu estion s origin ales.
tifs à la con n aissan ce des juridiction s étatiques pour (27) Pou r leu r én u m ération , A. Sam u el, R. Gearh art, Sp ortin g arbitration
les sou m ettre à la ju stice p rivée. Les recou rs con tre an d th e in tern ation al Olym p ic Com m ittee Cou rt of arbitration of sp ort, 6
Jou rn al of In tern ation al Arbitration , 39 (1989) ; A.T. Polvin o, art. p réc. ;
ces d écision s con stitu en t le con ten tieu x essen tiel N.K. Raber, Disp u te resolu tion in Olym p ic sp ort : th e Cou rt of Arbitra-
qu e le TAS a été ap p elé à tran ch er. En tre 1995 et tion for Sp ort, 8 Seton Hall J. Sp ort L. 75 (1998) ; R.H. Mclaren , Th e Cou rt
of Arbitration for Sp ort : An in dep en den t aren a for th e world’s sp orts dis-
2001, la ch am bre arbitrale d’ap p el du TAS a été sai- p u tes, 35 Val. U. L. Rev. 379 (2001). Adde, p ou r u n e p ersp ective n atio-
sie d e 173 reco u rs. Il s’a git essen tiellem en t d e n ale, S. Haslip , In tern ation al sp orts law p ersp ective : a con sideration of
th e n eed for a n ation al disp u te resolu tion system for n ation al sp ort orga-
recou rs con tre d es exclu sion s et d isqu alification s n ization s in Can ada, 11 Marq. Sp orts L. Rev. 245 (2001).
p ou r dop age et con tre des décision s con cern an t la (28) Article R. 59 du Code de l’arbitrage en m atière du sp ort. Cela sign i-
n ation alité sp ortive des ath lètes. Les recou rs p ou r fie qu ’u n e p artie n e p eu t p as u n ilatéralem en t im p oser la con fiden tialité
au Tribu n al et à l’au tre p artie.
excès de p ou voir con stitu en t don c l’activité p rin ci- (29) Cela a p erm is la p u blication de deu x recu eils de sen ten ces du TAS.
p ale et essen tielle du TAS. C’est de cette exp érien ce Un p rem ier volu m e regrou p e les sen ten ces de 1986 à 1998 et a été p u blié
p ar les Edition s Stæ m p fli. Le secon d volu m e regrou p e les sen ten ces ren -
qu ’il sera qu estion dan s cet article. du es en tre 1998 et 2000 et a été p u blié p ar Klu wer Law In tern ation al. Un
recu eil avait déjà été p u blié en 1993, don t le con ten u a été, p ou r l’essen -
(25) Reyn olds v. IAAF, 23 F.3d 1110, 1113 (6th Cir.) ; Reyn olds v. IAAF, tiel, rep ris dan s le Recu eil 1986-1998.
115 S. Ct. 423 (1994). (30) Cette h arm on isation du droit est largem en t sou h aitée en m atière de
(26) Article 191 bis du Code sportif in tern ation al FIA : « Pour dissiper toute lu tte con tre le dop age, cf. F. Osch ü tz, Harm on isation of an ti-dop in g code
in certitu de, au cu n e disp osition du Code n e p ou rra em p êch er u n e p artie th rou gh arbitration : th e case law of th e Cou rt of Arbitration for Sp ort, 12
d’in ten ter des p ou rsu ites devan t u n e ju ridiction , sou s réserve tou tefois Ma rq . Sp orts L. Rev. 675 (2001-2002). Ad d e, B. Pfister, Die Dop in g-
de toute obligation acceptée par ailleurs, d’épuiser préalablem en t d’autres Rech tssp rech u n g des TAS, Sp u Rt (Zeitsch rift fü r Sp ort u n d Rech t) 2000,
m oyen s ou m écan ism es de résolution des litiges dispon ibles. » Sur l’actuel 133. Su r la qu estion en gén éral, J.A.R. Nafziger, Globalizin g sp orts law, 9
régim e du règlem en t des litiges, G. Kau fm an n -Koh ler, H. Peter, Form u la Marq. Sp orts L. J. 225 (1998-1999).
1 Racin g an d Arbitration : Th e FIA Tailor-Made System for Fast Track Dis- (31) Cf. R. H. Mclaren , Sp orts law arbitration by CAS : Is it th e sam e as
p u te Resolu tion , 17 Arb. In t’l 2, 173 (2001). in tern ation al arbitration ?, 29 Pep p . L. Rev. 101 (2001).
à la fois ju ge et p artie. La Cou r d’ap p el a p ou rtan t qu estion . Nom b reu x son t les p ays qu i, con traire-
eu la m aladresse d’ajou ter u n obiter d ictu m qu i a m en t au droit su isse, n e recon n aissen t p as l’arbi-
sem é le dou te : « L’arbitrage n ’est ad m is, au x ter- trabilité des litiges relatifs au droit du travail (45).
m es d e l’article 1442 d u n ou veau Cod e d e p rocé- Plu s gén éralem en t, les litiges d e n atu re d iscip li-
d u re civile, qu e p ou r le règlem en t d es litiges n és n aire on t égalem en t u n lien très étroit avec l’exer-
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soire, et qu ’en l’esp èce, le litige op p osan t l’asso- tion s, telles qu ’u n e su sp en sion , em p êch en t les ath -
ciation à d eu x d e ses m em bres est d e n atu re d is- lètes d ’exercer leu r activité p rofession n elle. Lors-
cip lin aire et n on con tractu elle ». Tou t le débat su r qu e ceu x-ci on t con clu u n con trat de travail avec
la n atu re de la san ction discip lin aire d’u n e associa- un club, la san ction disciplin aire pron on cée par un e
tion se trou vait ain si p osé et tran ch é d’u n trait de fédération sp ortive a u n im p act direct su r l’exécu -
p lu m e p ar la Cou r d’ap p el. La décision a été criti- tion de ce con trat. Un exem p le clair de ce typ e de
qu ée au m otif qu ’il n ’y a p as d’in com p atibilité de situ ation s est le con trat de travail qu i lie les cyclis-
p rin cip e en tre m atière discip lin aire et arbitrage (40). tes avec l’équ ip e don t ils fon t p artie. Il n ’est p as à
Tou tefois, la n atu re du p ou voir discip lin aire d’u n e exclu re, dan s u n e telle situ ation , qu e l’arbitrage qu i
association est tou jou rs d iscu tée en d octrin e. Si, p orte su r la validité de la m esu re discip lin aire soit
p ou r certain s, il revêt u n caractère con tractu el (41), con sid érée com m e ayan t trait à l’activité p rofes-
p ou r d’au tres, il est in stitu tion n el (42). La qu estion sion n elle et dès lors déclarée in arbitrable p ar les tri-
sem b le d o n c lo in d ’être réglée, n o ta m m en t en bu n au x.
Fran ce. Mais ce p ays n ’étan t qu e rarem en t l’État
Certain es d écision s d iscip lin aires ém an an t d es
d’accueil de la sen ten ce arbitrale, l’aptitude du litige
fédération s in tern ation ales doiven t être en térin ées
sp ortif à être sou m is à l’arbitrage sera, en p ratiqu e,
p ar les féd ération s n ation ales p ou r p ou voir avoir
rarem en t p osée à ces ju ridiction s.
effet dan s l’esp ace ju ridiqu e n ation al. C’est à cette
L’État d’accu eil d’u n e telle sen ten ce ren du e p ar con dition qu e la san ction p eu t être ap p licable au x
le TAS est assu rém en t la Su isse. Ce son t en effet les com p étition s organ isées p ar la féd ération n atio-
ju rid ictio n s su isses q u i so n t co m p éten tes p o u r n ale. Un con trôle in d ivid u el d e la d écision d e la
con n aître des recou rs en an n u lation con tre de tel- fédération n ation ale p ar les ju ridiction s de ce p ays
les sen ten ces, p u isqu e le siège d e cette ch am b re p ou rra être effectu é. Telle a été la solu tion adop tée
d ’arb itrage se trou ve à Lau san n e ( 43 ). Il fau d rait p a r les ju rid ictio n s fra n ça ises à l’o cca sio n d e
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ajou ter qu e rares son t les au tres p ays qu i p ou rron t l’affa ire d e d op a ge d e la skieu se Ch ristelle Gu i-
p rocéder au con trôle d’u n e sen ten ce ren du e p ar le gn ard (46). Celle-ci s’était vu e retirer la m édaille de
TAS. Du fait de la m atière p articu lière su r laqu elle b ron ze ob ten u e au x ch am p ion n ats d u m on d e d u
celu i-ci statu e, l’exigen ce d’exequ atu r est sou ven t ski au x États-Un is p ou r des faits de dop age et avait
ab sen te. Cep en d an t, b ien qu e cela n e rep résen te été su sp en du e p ar la fédération in tern ation ale. Si le
p as, à l’h eu re actu elle, l’activité p rin cip ale du TAS, trib u n al n ’était p as com p éten t p ou r ap p récier la
certain es sen ten ces, qu’il a vocation à ren dre, p our- décision de la fédération in tern ation ale, qu i a son
ron t faire l’objet d’u n exequ atu r. Tel est le cas des siège en Su isse, il a an n u lé la d écision d u p rési-
litiges con cern an t les con trats de travail en tre u n den t de la fédération fran çaise, en térin an t la su s-
m em bre du staff – u n en traîn eu r – et u n e fédéra- p en sion su r le territoire fran çais (47). La solu tion
tio n sp o rtive. Le CIO p o u rra co n n a ître d ’u n tel au rait été iden tiqu e si la décision de la fédération
litige, s’il p ren d n aissan ce au cou rs des Jeu x olym - in tern ation ale avait été con trôlée p ar le TAS. Les
p iqu es (44). Le TAS d evra, lors d e l’exam en d e la fédération s fran çaises délégataires d’un e m ission de
décision , p ren dre en con sidération la p osition du service p u blic disp osen t d’u n e sorte de m on op ole
p ays où la sen ten ce d evra être exécu tée, ce p ays de la san ction p ou r les com p étition s qu ’elles orga-
(40) Ch . Jarrosson , n ote p réc. V. égalem en t, E. Loqu in , J.-Cl.. Proc. civ.,
fasc. 1005, n os 26 et s. (45) Tel est le cas du droit italien , article 806 du Code de p rocédu re civile.
(41) R. Plaisan t, Rev. soc. 1980, 140 n ote sous Cass. 1re civ., 14 février 1979, Su r cette qu estion , A. Rigozzi, L’arbitrabilité des litiges sp ortifs, Bu ll. ASA
p réc. 2003, p. 501, spéc. p. 505-506, ain si que l’exem ple et la jurispruden ce cités.
(42) G. Corn u , RTD civ. 1973, 144, obs. sou s Cass. 1 re civ., 16 m ai 1972. En d o ctrin e, C. Pu n zi, L’a rb itra to n elle co n tro versie d i la vo ro , Riv.
(43) L’article R. 28 du Code d’arbitrage du TAS fixe le siège de l’arbitrage dell’Arbitrato 2001, p . 389. Tel est égalem en t le cas en droit fran çais où
en Su isse. Des qu estion s p lu s délicates se p osen t p ou r les ch am bres arbi- l’arbitrage des litiges in dividu els du travail p ar clau se com p rom issoire est
trales ad h oc in stitu ées p ar le TAS à l’occasion du dérou lem en t des Jeu x p roh ibé, article L. 511-1 alin éa 6 du Code du travail. En doctrin e, J.-M.
Olym p iqu es d’été et d’h iver. Su r cette qu estion , v. in fra. Olivier, Arbitrage en droit du travail, in Nou velles p ersp ectives en m atière
(44) L’article 74 de la Ch arte olym p iqu e a con féré au TAS com p éten ce d’arbitrage sou s la direction de Th . Clay, Droit & Patrim oin e, m ai 2002,
exclu sive p ou r con n aître d e tels litiges : « Tou t d ifféren d su rven an t à p . 52.
l’occasion des Jeu x olym p iqu es ou en relation avec ceu x-ci sera sou m is (46) Trib . ad m . Gren ob le, 2 ju illet 1991, Gu ign ard c/ Féd ération fran -
exclu sivem en t au Tribu n al arbitral du sp ort, con form ém en t au Code de çaise de ski, D. 1991, som m . 395 obs. J.-P. Karaqu illo. Déjà en ce sen s,
l’arbitrage en m atière de sp ort. » La qu estion se p ose de savoir si la clau se CE, 26 n ovem bre 1976, Fédération fran çaise de cyclism e, AJDA 1977, 139.
com p rom issoire trou ve ap p lication dan s les litiges h orizon tau x, en tre les (47) Il s’agissait d’u n e an n u lation p ou r in com p éten ce du p résiden t qu i
différen ts m em bres de l’association , et n on p as seu lem en t dan s les liti- n e disp ose p as de délégation de la fédération p ou r exercer seu l le p ou -
ges verticau x, en tre l’association et le sociétaire. voir discip lin aire.
Com m e on le rem arqu e, u n ch oix s’im p ose en tre le su rgit en tre eu x et ladite fédération sp ortive, tou t
siège réel d e l’arb itrage qu i a lieu d an s le village com m e la clau se com p rom issoire, in trodu ite dan s
o lym p iq u e et, le siège virtu el, d éterm in é p a r le les statu ts d’u n e société com m erciale, s’im p ose à
règlem en t d’arbitrage, la Su isse (57). l’action n aire dan s ses relation s avec la société. Il est
Tou t com m e la sp écificité du litige, la sp écificité d ifficile d e rech erch er l’o p p o sa b ilité d ’u n e telle
F3 7 2 7 des p arties à l’arbitrage sou lève des qu estion s in é- clau se en su ivan t les critères h abitu ellem en t rete-
A R B I T R A G E
con ven tion d ’arb itrage valab le. En m atière sp or- qu i est à son tou r sociétaire de la fédération in ter-
tive, cette con ven tion pren d toujours la form e d’un e n a tio n a le. N’exista n t p a s d e co n tra t en tre les
cla u se co m p ro m isso ire, p a r la q u elle les p a rties m aillon s extrêm es de l’organ isation du sp ort in ter-
ren on cen t à la p ossibilité de saisir les ju ridiction s n ation al, la clau se com p rom issoire n ’est p as op p o-
étatiqu es avan t la n aissan ce de tou t litige (59). Deu x sable san s ren voi exp rès dan s les statu ts de la fédé-
con d ition s d oiven t être rem p lies. D’u n e p art, la ration ou s’il n ’existe p as d’en gagem en t direct en tre
co n ven tio n n e d o it p a s être co n tra ire à l’o rd re le sp ortif et la fédération (64).
p u blic, ce qu i sign ifie qu e le litige doit être arbitra-
Ce qu i caractérise le p lu s l’arbitrage en m atière
ble (60). D’au tre p art, et c’est la con dition qu i n ou s
sp ortive est le fait q u e la clau se com p rom issoire
in téresse m ain ten an t, la clause com prom issoire doit
n ’est jam ais librem en t accep tée p ar l’ath lète. Elle
avoir été accep tée p ar les p arties, n otam m en t p ar
est tou jou rs im p osée p ar les fédération s sp ortives,
l’ath lète.
les com ités olym p iq u es ou les organ isateu rs d es
La clau se com p rom issoire est en p ratiqu e stip u - com p étition s. L’ath lète n e d isp ose d ’au cu n p ou -
lée de différen tes m an ières. Le p lu s sou ven t elle se voir de n égociation : soit il accep te les term es déci-
trou ve in scrite dan s les statu ts des différen ts orga- dés p ou r p ratiqu er son sp ort, soit il n e p ou rra qu e
n ism es sp ortifs, don t les p arties à l’arbitrage son t « p ratiqu er son sp ort en tou te m argin alité, d an s
m em bres. La clau se com p rom issoire s’im p ose alors
(61) Su r ces con dition s, X. Bou cobza, La clau se com p rom issoire p ar réfé-
(56) Su r cette qu estion , v. G. Kau fm an n -Koh ler, Le lieu de l’arbitrage à ren ce en m atière d’arbitrage com m ercial in tern ation al, Rev. arb. 1998, 495,
l’au n e de la m on dialisation . Réflexion s à p rop os de deu x form es d’arbi- qu i m et en éviden ce qu e c’est la règle m atérielle du for qu i déterm in e les
trage, Rev. arb. 1998, 517. con dition s qu e doit satisfaire u n e telle clau se com p rom issoire p ou r être
(57) Pou r le ch oix du siège virtu el et légal de l’arbitrage, Cou rt of Ap p eal, « op p osable » au x p arties.
New Sou th Wales, 1er sep tem bre 2000, An gela Ragu z v. Rebecca Su llivan , (62) Con tra, R. Wyler, La con ven tion d’arbitrage en droit du sp ort, RDS
Th e Ju do Federation of Au stralia In c. [2000] NSWCA (New Sou th Wales 1997. I. 1, p . 45-62.
Cou rt of Ap p eal) 240 ; 11 World Arb. & Mediation Rep . 299 (2000) ; Bu ll. (63) V. p ar ex. Cou rt of Ap p eal, New Sou th Wales, 1er sep tem bre 2000,
ASA 2001, p . 335. An gela Ragu z v. Rebecca Su llivan , Th e Ju do Federation of Au stralia In c.
(58) De su rcroît, les ath lètes n e son t p as tou jou rs m ajeu rs en vertu de [2000] NSWCA 240, p réc., p ou r u n e h yp oth èse où la clau se com p rom is-
leu r loi p erson n elle. Lorsqu e cela est le cas, des dou tes p eu ven t su rgir soire était directem en t in scrite su r le docu m en t p ar lequ el l’ath lète accep -
qu an t à la validité de la clau se com p rom issoire. tait sa désign ation p ou r rep résen ter l’Au stralie au x Jeu x Olym p iqu es de
(59) Le com prom is d’arbitrage, s’il n ’est techn iquem en t pas exclu, est pra- Sydn ey.
tiqu em en t in u sité. (64) Cf. Trib. féd. su isse, 7 février 2001, Stan ley Roberts c/ FIBA, Bu ll. ASA
(60) V. su p ra. 2001, p . 523.
recon n u qu e le TAS était u n e in stitu tion in dép en - son n alités in dépen dan tes des organ ism es désign an t
d a n te lo rsq u e le litige p o rté à sa co n n a issa n ce les au tres m em bres du CIAS (80). Les m em bres du
n ’avait au cu n lien avec le CIO. Il en résu ltait qu e CIAS son t désign és p ou r u n e p ériode ren ou velable
l’in d ép en d a n ce d u TAS p o u va it être rem ise en de qu atre an s. Lors de leu r désign ation , ils doiven t
question lorsque le CIO est p artie à l’in stan ce, c’est- sign er u n e déclaration solen n elle d’in dép en dan ce.
F3 7 2 7
à -d ire, lo rsq u e la d écisio n fa isa n t l’o b jet d ’u n Les m em bres du CIAS n e p euven t figurer sur la liste
A R B I T R A G E
recou rs en an n u lation ém an e d u CIO lu i-m êm e. des arbitres du TAS, n i agir com m e con seil d’u n e
Dan s ce cas, il au rait été im p ossible de recon n aître d es p a rties d a n s u n e p ro céd u re d eva n t le TAS.
au TAS la d ign ité d ’u n organ e d e ju stice p rivé et Selon l’article 3 de la con ven tion relative à la con s-
don c de con férer la valeu r de sen ten ce arbitrale à titu tion d u CIAS, le fin an cem en t d e cette fon d a-
ses décision s. Celles-ci n ’au raien t p as p u être ap p li- tion , qu i p rovien t des som m es p erçu es p ar le CIO
qu ées, n i en Su isse, n i à l’étran ger, à cau se du p rin - p ou r l’exp loitation des droits de télévision relatifs
cip e gén éral du droit qu i veu t qu e l’on n e p eu t p as au x Jeu x olym p iqu es, est assu ré p ar le CIO (4/ 12),
être à la fois ju ge et p artie. La con séqu en ce u ltim e p ar les Fédération s in tern ation ales olym p iqu es de
étan t qu e les ath lètes san ction n és au raien t p u sai- sp orts d’été (3/ 12) et d’h iver (1/ 12) et p ar l’ACNO
sir les ju ridiction s étatiqu es tellem en t crain tes (75). (4/ 12). Le CIAS a n otam m en t p ou r m ission de sau -
Cette solu tion est gén éralem en t accep tée, la déci- vegard er l’in d ép en d an ce d u TAS et les d roits d es
sion discip lin aire p rise p ar u n « tribu n al arbitral » p arties. Il est com p éten t p ou r adop ter et m odifier
in tern e à u n e association n e con stitu e p as u n e sen - le Cod e d e l’arb itrage en m atière sp ortive, p ou r
ten ce arbitrale (76). La règle qu i veu t qu e l’arbitre adm in istrer et fin an cer le TAS, p ou r établir la liste
soit u n tiers p ar rap p ort au x p arties au litige est si des arbitres du TAS pouvan t être choisis par les par-
éviden te qu e la doctrin e n ’a p as lon gu em en t ép i- ties, p ou r statu er en m atière d e récu sation et d e
logu é su r celle-ci (77). Ain si le recou rs ou vert con tre révocation des arbitres et p ou r n om m er le Secré-
u n e telle d écision est celu i gén éralem en t ou vert taire gén éral du TAS (81).
p ou r con tester la décision d’u n e association et n on Les effets de cette réform e su r l’in dép en dan ce du
p ar u n recou rs con tre u n e sen ten ce arbitrale (78). TAS n ’on t p as fait l’u n an im ité au sein d e la d oc-
Face au d an ger in d u it p ar l’arrêt Gu n d el, u n e trin e. Un certain n om bre d’au teu rs on t con sidéré
im p ortan te réform e du TAS est in terven u e (79). Les qu e l’organ isation actu elle était con form e au x exi-
p rin cip ales n ou veau tés on t con sisté dan s la créa- gen ces p osées p ar le Tribu n al fédéral dan s l’arrêt
S P É C I A L
tion p ar la Con ven tion de Paris, le 22 ju in 1994, du Gu n del (82). D’au tres son t p lu s scep tiqu es qu an t à
Con seil in tern ation al de l’arbitrage en m atière de l’efficacité d e la réform e en trep rise en 1994 ( 83 ).
sp ort (CIAS) et dan s la rédaction du Code de l’arbi- In dép en dam m en t de cette discu ssion doctrin ale et
tra ge en m a tière d e sp ort en tré en vigu eu r le des argu m en ts avan cés, le Tribu n al fédéral su isse a,
22 n ovem b re 1994. Au jou rd ’h u i, le CIAS est u n e ap rès avoir h ésité (84 ), tran ch é le d éb at, en affir-
fon dation de droit p rivé sou m ise au droit su isse. Il m an t clairem en t que le TAS est un e in stitution arbi-
est com p osé de 20 m em bres ju ristes désign és de la trale in d ép en d an te d u CIO et qu ’il ren d d on c d e
m an ière su ivan te : 4 m em bres p ar les Fédération s véritab les sen ten ces arb itrales, m êm e lorsq u e la
in tern ation ales olym p iqu es d’été (3) et d’h iver (1), décision su r laqu elle le TAS a été am en é à statu er
ch oisis en leu r sein ou en deh ors ; 4 m em bres p ar (80) Article S. 4 du Code de l’arbitrage.
l’Association d es Com ités n ation au x olym p iq u es (81) Pou r u n détail de l’organ isation et de la p rocédu re devan t le TAS,
J.M. Marxuach, The Court of Arbitration for Sp ort, 10 World Arb. & Media-
(ACNO), ch oisis en son sein ou en deh ors ; 4 m em - tion Rep . 71 (1999), Égalem en t p u blié dan s Mem orias del con greso in ter-
bres p ar le CIO, ch oisis en son sein ou en deh ors ; n acion al d e m etod os altern os : m ed iacion , evalu acion n eu tral y arb i-
traje, Revista del colegio de abogados de Pu erto Rico, octobre/ décem bre
4 m em b res p ar les 12 m em b res su sm en tion n és, 2001 p . 134.
ap rès des con su ltation s ap p rop riées, en vu e de sau - (82) J.-F. Pou dret, S. Besson , Droit com p aré de l’arbitrage in tern ation al,
Bru ylan t, LGDJ, Sch u lth less 2002, n o 106 ; Ph . Meier, C. Agu et, L’arbitra-
vegarder les in térêts des ath lètes ; 4 m em bres p ar bilité du recours con tre la susp en sion p ron on cée p ar un e fédération sp or-
tive in tern ation ale, Jd T 2002 p . 56 n ote 6 ; G. Sim on , L’arb itrage d es
(74) Arrêt p réc, con sid. 3b, p . 280. con flits sportifs, Rev. arb. 1995 p. 185 et s., spéc. p. 209 et s. ; Zen -Ruffin en ,
(75) Su r cette an alyse, V. Vigoriti, Il « Tribu n al Arbitral du Sp ort » : stru t- Droit du Sp ort, Sch u lth ess 2002, n o 1463 ; J. An derson , Takin g sp orts ou t
tu ra, fu n zion i, esp erien ze, Riv. dell’Arbitrato 2000, 425. of th e cou rts : altern ative disp u te resolu tion an d th e in tern ation al Cou rt
(76) J. Pau lsson , Arbitration in in tern ation al sp orts disp u tes, 8 Arb. In t’l of Arbitration for Sp ort, 10 J. Legal Asp ects of Sp ort, 123 (2000).
359 (1993) ; du m êm e au teu r, Arbitration of in tern ation al sp orts disp u - (83) M. Sch illig, Sch ied sgerich tsb a rkeit vo n Sp o rtverb ä n d en in d er
tes, 11-WTR En t. & Sp orts Law. 12 (1994). Sch weiz, th èse Zu rich 1999, p . 157 et s. ; M. Baddeley, L’association sp or-
(77) Cf. Ch . Jarrosson , La n otion d’arbitrage, p réc. n o 785 et la défin ition tive face au d roit, th èse Gen ève 1994, p . 272 et s. n ote 79 ; D. Han tke,
que l’auteur don n e de l’arbitrage : « l’arbitrage est l’in stitution par laquelle Brau ch en wir ein e Sp ort -Sch iedsgerich tsbarkeit ?, in Sp u Rt 1998 p . 187 ;
u n tiers, règle le différen d qu i op p ose deu x ou p lu sieu rs p arties, en exer- R. Wyler, La con ven tion d’arbitrage en droit du sp ort, RDS 1997, I p . 45
çan t la m ission ju ridiction n elle qu i lu i a été con fiée p ar celles-ci. » ; Ch . et s., sp éc. p . 60.
Jarrosson , Les fron tières de l’arbitrage, Rev. arb. 2001, p . 5, sp éc. n o 27. (84) Trib féd. su isse, 4 décem bre 2000, An drea Radu can c/ Com ité In ter-
Su r l’in dép en dan ce de l’arbitre, cf. Th . Clay, L’arbitre, th èse Dalloz, 2001, n ation al Olym p iqu e, Bu ll. ASA, 2001, p . 508, où le Tribu n al a exp licite-
n os 275 et s.. m en t p osé la qu estion de savoir si u n e décision du TAS, ten dan t à l’an n u -
(78) En droit fran çais, C. Paris, 3 décem bre 1986, p réc. lation d’u n e décision du Com ité in tern ation al olym p iqu e, disqu alifian t
(79) M. Reeb , Le Trib u n al Arb itral d u Sp ort (TAS), Recu eil TAS 1986- u n e ath lète p ou r dop age, p eu t être con sidérée com m e sen ten ce arbitrale
1998, p . XIII et s. au sen s de l’article 189 LIDP, m ais n ’y a volon tairem en t p as rép on du .
son t don c p as u n iform ém en t garan tis. Le systèm e tion de la Con ven tion EDH à l’arbitrage a récem -
du sp ort in tern ation al s’op p ose clairem en t au sys- m en t rebon di, ap rès l’arrêt Cubic de la Cour de cas-
tèm e am éricain qu i est in tégralem en t p lacé sou s sation fran çaise (102) et su rtou t ap rès l’arrêt Pelle-
l’égid e d e la Un ited Sta tes An ti-Do p in g Agen cy grin i de la Cou r eu rop éen n e des droits de l’h om m e
(USADA) (95). (103). Dan s ce d ern ier arrêt, la Cou r a san ction n é
F3 7 2 7 La ju risp ru d en ce d e la Co u r eu ro p éen n e d es l’Italie p ou r avoir violé l’article 6 de la Con ven tion ,
A R B I T R A G E
droits de l’h om m e a rap idem en t con sidéré qu e les en refu sa n t so n a p p lica tio n lo rs d e la d écisio n
garan ties d ’u n p rocès éq u itab le d e l’article 6 d e d’exequ atu r d’u n e décision de la Gran de Rote du
l’h om on ym e Con ven tion s’ap p liqu en t au con ten - Vatican an n u lan t u n m ariage religieu x. Cette solu -
tieu x d e p ou rsu ites d iscip lin aires, p arce q u ’elles tion tran sp osée à l’arbitrage im p oserait au ju ge éta-
relèven t d e la n o tio n d ’a ccu sa tio n en m a tière tiqu e, qu i con n aît la sen ten ce arb itrale lors d ’u n
p én ale (96). Il a égalem en t été décidé qu e les p ou r- exequ atu r ou d’u n recou rs en an n u lation , de véri-
su ites d iscip lin a ires d eva n t les ju rid ictio n s d es fier qu e les garan ties d’u n p rocès équ itable on t été
ordres profession n els son t des con testation s sur des resp ectées p ar l’arbitre. Cela sign ifie-t-il qu e, p ar ce
droits de caractère civil, lorsqu e la p ein e en cou ru e b iais, la p rocéd u re su ivie p ar l’organ ism e sp ortif
est la su sp en sion ou l’in terdiction d’exercice d’u n e p ou rrait être égalem en t con trôlée à la lu m ière de
activité p rofession n elle (97). Tou tefois, la Con ven - la Con ven tion eu rop éen n e des droits de l’h om m e ?
tion eu rop éen n e d es d roits d e l’h om m e et les Un e rép on se affirm ative n e s’im p ose p as. Con trai-
garan ties d’u n p rocès équ itable qu ’elle p révoit son t rem en t aux juridiction s ecclésiastiques, don t la p ro-
in ap p licables en m atière de san ction discip lin aire cédu re était en qu estion dan s l’affaire Pellegrin i, les
p ro n o n cée p a r u n e a sso cia tio n , n o ta m m en t en organ ism es du sp ort in tern ation al n e son t p as des
m atière sportive (98). Les in stan ces disciplin aires des ju ridiction s. Ce n ’est don c qu e la p rocédu re devan t
organ ism es sp ortifs, si elles ressem blen t de p rès à le TAS qu i p ou rra être con trôlée au regard des exi-
des ju ridiction s (99), n e son t p as établies p ar la loi, gen ces de la Con ven tion EDH. In directem en t, p ar
com m e le req u iert exp licitem en t l’article 6 d e la l’a d éq u a tion d e la p rocéd u re d eva n t le trib u n a l
Con ven tion eu rop éen n e d es d roits d e l’h om m e. arb itral, la façon d on t l’ath lète a p u organ iser sa
Nom breuses son t les juridiction s n ation ales qui on t, d éfen se est exa m in ée. Un e seu le fo is, à n o tre
dan s l’exercice de leu rs attribu tion s de con trôle des co n n a issa n ce, l’a p p lica tio n d es p rin cip es d e la
san ction s d iscip lin aires in fligées au x sociétaires, Con ven tion EDH a été in voq u ée d evan t le TAS,
S P É C I A L
p assé les décision s au crible des garan ties d’un p ro- m ais le collège arbitral n ’a sem ble-t-il p as rép on du
cès équ itable. Parm i ces garan ties, figu ren t le res- à ce m oyen (104). En tou te h yp oth èse, les tribu n au x
p ect des droits de la défen se et le resp ect du débat étatiqu es qu i au ron t à con n aître d’u n e sen ten ce du
con tradictoire (100). TAS, s’ils n ’ap p liq u aien t p as la Con ven tion EDH
L’article 6 de la Con ven tion EDH, n e sem ble p as d irectem en t, p ou rraien t cen su rer la sen ten ce qu i
n on p lu s s’ap p liq u er au cou rs d u con trôle d e la au rait bafou é de telles garan ties au titre de l’excep -
legal Persp ectives, Caven dish Pu blish in g, Lon don , 2001, p . 57 et s. ; M. K.
tion d’ordre p u blic in tern ation al.
Fitzgerald, Th e Cou rt of Arbitration for sp ort : dealin g with dop in g an d
du e p rocess du rin g th e Olym p ics, 7 Sp orts Law. J., 213, (2000). Des garan ties p articu lières d oiven t être accor-
(95) Sur les garan ties d’un procès équitable offertes par l’USADA, en m on - dées au x ath lètes en m atière de dop age. L’article 7
tra n t sa su p ério rité su r l’o rga n isa tio n d u sp o rt in tern a tio n a l, M. S.
Strau bel, Dop in g du e p rocess : A critiqu e of th e dop in g con trol p rocess d e la Co n ven tio n d u Co n seil d e l’Eu rop e d u
in in tern ation al sp ort, 106 Dick. L. Rev. 523 (2002).
(96) CEDH, 8 ju in 1976, En gel c/ Pays-Bas, AFDI 1977, 480 n ote R. Pel- (101) En ce sen s et en m atière sportive, Trib. féd. suisse, 11 juin 2001, Abel
lou x ; Cah iers de droit eu rop éen 1978, 368 n ote G. Coh en -Jon ath an . En Xavier c/ UEFA, ATF 127 III 429 ; Bu ll. ASA 2001, p . 566, san ction disci-
l’esp èce, il s’agissait d’u n e san ction m ilitaire p rivative de liberté. p lin aire p ou r agression légère d’u n arbitre p ar u n jou eu r p ortu gais lors
(97) Ju risp ru den ce con stan ce, v. p ar ex. CEDH 26 sep tem bre 1995, Dien - de la dem i-fin ale de l’Eu ro 2000 de football. Su r la qu estion de l’ap p lica-
n et c/ Fran ce, AJDA 1996, 378 n ote J.-F. Flau ss, arrêt ren du en m atière tion de la Con ven tion EDH à l’arbitrage, cf. Ch . Jarrosson , L’arbitrage et
d’in terdiction d’exercer la m édecin e p en dan t trois an s décidée p ar la sec- la Con ven tion eu rop éen n e des droits de l’h om m e, Rev. arb. 1989, 573, A.
tion discip lin aire du con seil n ation al de l’ordre des m édecin s. Mou rre, Le droit fran çais de l’arbitrage in tern ation al face à la Con ven -
(98) J.-W. Soek, Th e fu n dam en tal righ ts of ath letes in dop in g trials, art. tion eu rop éen n e d es d roits d e l’h om m e, Gaz. Pal. 1 er d écem b re 2000,
p réc. p . 16, égalem en t rep rodu it dan s A. Mou rre (dir.), Les cah iers de l’arbi-
(99) La qu alité de ju ridiction leu r est p ou rtan t sou ven t n iée p ar les ju ri- trage, Gaz. Pal. 2002, p . 22 et s. et la doctrin e citée en n ote 4.
diction s étatiqu es : v. p ar ex. CE, 14 m ai 1990, Cou dreau c/ Fédération (102) Cass. 1re civ., 20 février 2001, Bu ll. civ. I, n o 39, p . 24. Rev. arb. 2001,
fran çaise d’aérostation : « Ni la loi du 16 ju illet 1984 n i au cu n e au tre dis- p . 511 n ote Th . Clay. Cf. M.-L. Niboyet, In certitu de su r l’in ciden ce de la
p osition législative n e con fèren t u n caractère ju ridiction n el au x organ es Con ven tion eu rop éen n e de droits de l’h om m e en droit fran çais de l’arbi-
ch argés p ar les féd ération s sp ortives d ’exercer le p ou voir d iscip lin aire trage in tern ation al : l’arrêt Cu bic de la Cou r de cassation , in A. Mou rre
qu ’elles tien n en t de l’article 16 de cette loi ». (dir.), Les cah iers de l’arbitrage, Gaz. Pal. 2002, p . 35.
(100) Telle est la solu tion p ar exem p le en droit fran çais. Le Con seil d’État (103) CEDH, 20 ju illet 2001, Pellegrin i c/ Italie. Su r cet arrêt, L. Sin op oli,
a, à p lu sieu rs rep rises, eu l’occasion d’an n u ler des san ction s discip lin ai- Droit au p rocès équ itable et exequ atu r : Strasbou rg son n e les cloch es à
res p ron on cées p ar u n e fédération sp ortive en violation des droits de la Rom e (à p rop os d e CEDH Pellegrin i c/ Ita lie d u 20 ju illet 2001, aff.
défen se, CE, 23 m ai 1986, Lem aire, Rev. ju r. éco. Sp ort (Esp ort) 1987, n o 2, n o 30.882/ 96), Gaz. Pal. du 23 ju illet 2002, n os 202 à 204, Doctrin e, p . 2-
p . 119 s., obs. J. Carbajo ; CE, 25 ju in 1990, Tison , obs. D. 1991 som m . 393 12.
ob s. J.-F. Lach au m e ; CE 16 m ars 1984, Moreteau , Rec. Leb on p . 110, (104) TAS, 12 jan vier 2001, 2000/ A/ 289, Un ion Cycliste In tern ation ale
con cl. B. Gen evois ; D. 1984 som m . 483, obs. J.-P. Th éron ; CE, 10 avril (UCI) c/ C. & Fédération Fran çaise de Cyclism e (FFC), p réc.. Il s’agissait,
1991, Bideau lt, D. 1993 som m . 345 obs. J. Moran ge. En droit an glais, Cal- en l’esp èce, du p rin cip e de p rop ortion n alité en tre l’in fraction et la san c-
vin v. Carr [1980] AC 574, sp écialem en t l’obiter dictu m à p . 597. tion . Su r ce p rin cip e, v. in fra.
le droit étatiqu e est u n e réalité dep u is qu e la p ra- p ar la IAAF (119). Le m êm e con trôle est p arfois effec-
tiqu e sp ortive est deven u e u n e activité p rofession - tu é p a r les ju rid ictio n s a n gla ises ( 120 ). Un tel
n elle et écon om iqu e. Cela est d’au tan t p lu s im p é- con trôle s’im p ose à l’éviden ce, p arce qu e la déter-
ratif dan s les p ays où l’édu cation sp ortive et l’ép a- m in ation d e la d écision est faite p ar les organ es
n ou issem en t p ar le sp ort d es jeu n es gén ération s in tern es d’un e fédération ou association sportive en
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co n stitu en t d es resp o n sa b ilités d o n t l’Éta t s’est vertu d e ses p rop res statu ts. En d ’au tres term es,
A R B I T R A G E
ch argé (113). En cela, le collège arbitral doit se p la- l’organ ism e qu i p ron on ce la san ction est celu i-là
cer au m êm e n iveau q u e la ju rid iction n ation ale m êm e qu i l’a édictée. Il est dès lors ju stifié qu ’u n e
don t il usurp e la com p éten ce. Il s’agira don c de sui- au torité extern e et in dép en dan te con trôle n on seu -
vre les m o d a lités d e l’illéga lité in tern e telles lem en t la con form ité avec les statu ts, m ais égale-
qu ’ap p liqu ées p ar les ju ridiction s n ation ales. Il fau - m en t la con form ité d e la règle ap p liqu ée avec le
d ra a lors sa voir si, ou tre l’illéga lité d u fa it d u droit étatiqu e ap p licable et la p rop ortion n alité de
con ten u d e l’acte, les arb itres d evron t égalem en t la san ction p ron on cée avec la fau te rep roch ée.
apprécier la légalité des décision s au titre des m otifs Pou rtan t, il est en p ratiqu e in téressan t de rem ar-
et des bu ts de l’acte (114). Dan s de n om breu x sys- qu er qu ’u n tel con trôle a rarem en t eu lieu dan s les
tèm es ju ridiqu es, le con trôle des actes u n ilatérau x sen ten ces ren du es sou s l’égide du TAS. Au cu n e des
des association s, fédération s ou au tres organ ism es sen ten ces don t n ou s avon s eu con n aissan ce n ’a fait
sp ortifs est a p p rofon d i ( 115 ). Les ju rid iction s n e ap p lication des disp osition s du droit étatique ch oisi
s’arrêten t p as au con trôle restrein t au m otif qu e les p ar les p arties ou du droit de l’État où l’organ ism e
au torités en qu estion n e disp osen t p as d’u n p ou - sp ortif a son siège (121). Tou tefois, lorsqu e les arbi-
voir discrétion n aire, m ais effectu en t u n con trôle dit trages p résen ten t u n e n atu re p u rem en t in tern e à la
n orm al, de l’erreu r m an ifeste d’ap p réciation . Dan s ju rid iction su isse, les sen ten ces fon t cla irem en t
certain es h yp oth èses, le con trôle est égalem en t de a p p lica tio n d e ce d ro it ( 122 ). Les affirm a tio n s
plein e proportion n alité (116). Ce con trôle n e vise pas con cern an t le prin cipe de légalité et l’application du
à ap p récier l’op p ortu n ité de l’acte, m ais à ap p ré- droit n ation al on t été form ulées p ar le TAS, n on p as
cier la p rop ortion n alité de la san ction avec la fau te dan s l’exercice de sa fon ction ju ridiction n elle, m ais
rep roch ée à l’ath lète. dan s l’exercice de son p ou voir de délivrer u n avis
Les tribu n au x étatiqu es exercen t tradition n elle- ju rid iq u e n o n o b liga to ire. Il a été n o ta m m en t
m en t le con trôle de l’adéqu ation des san ction s dis- affirm é q u e les san ction s – d an s l’op tiq u e d e la
cip lin aires avec la faute rep roch ée. Tel est le cas des q u estion p osée, u n e d isq u alification à vie – son t
S P É C I A L
ju ridiction s fran çaises (117). Tel a égalem en t été le p ossibles u n iqu em en t si elles son t con form es au x
cas des ju ridiction s allem an des lors de l’affaire, très p rin cip es de droit n ation al et in tern ation al, p arm i
m édiatisée, qu i a con cern é Katrin Krabbe (118). La lesqu els les droits de l’h om m e (123).
Cou r d ’ap p el d e Mu n ich a an n u lé u n e d es d eu x Tou tefois, certain es sen ten ces du TAS on t sem -
(112) En p résen ce du ch oix des p arties p ou r u n e loi d’u n au tre p ays, c’est
blé refu ser d’effectu er le con trôle de la p rop ortion -
cette loi qu i p ou rrait trou ver ap p lication . Le Cod e civil su isse d isp ose n a lité d e la sa n ctio n p ro n o n cée d e fa ço n a u ssi
exp licitem en t qu e les décision s des association s n e doiven t p as u n iqu e-
m en t se con form er au x statu ts, m ais égalem en t au x disp osition s législa-
ap p rofon die (124). Dan s les affaires citées en n ote,
tives d’ordre p u blic. Article 75 du Code civil su isse : « Tou t sociétaire est u n n ageu r esp agn ol et u n n ageu r slovèn e on t été
au torisé de p ar la loi à attaqu er en ju stice, dan s le m ois à com p ter du
jou r où il en a eu con n aissan ce, les décision s au xqu elles il n ’a p as adh éré
disqu alifiés des ch am p ion n ats du m on de de cou rse
et qu i violen t des disp osition s légales ou statu taires ». lon gu e d istan ce où ils s’étaien t classés au x d eu x
(113) Cf. F. Rigau x, art. p réc., sp éc. n o 21. p rem ières p laces à la su ite d’u n con trôle p ositif à
(114) Il s’agit du con trôle de l’erreu r de droit, de l’erreu r su r la qu alifi-
cation ju ridiqu e des faits, de l’erreu r de fait et du détou rn em en t de p ou - la n an drolon e. Ils on t égalem en t en cou ru u n e su s-
voir. Su r ces con cep ts, v. R. Ch ap u s, Droit adm in istratif gén éral, T. 1, 15e p en sion discip lin aire d’u n e du rée de qu atre an s. Le
éd. 2001, n os 1056 et s.
(115) J.-M. Hu on de Kerm adec, Le con trôle de la légalité des décision s collège arb itral n ’a p as effectu é d e con trôle d e la
des fédération s sportives ayan t le caractère d’acte adm in istratif, RDP 1985,
p . 407-441 ; J.-M. Du val, Le droit p u blic du sp ort, Th èse PUAM 2002 ; B. (119) OLG Mu n ich , 28 m ars 1996, NJW 1996, 2351 ; Sp u Rt, 1995 n o 4, 162.
Ozdirekcan , La rép ression du dop age dan s le sp ort, Th èse PU du Sep ten - Pou rvoi rejeté p ar le Bu n desgericth of, BGH, 16 ju in 1997, in édit.
trion , 2002. (120) Ch an cery Division , 23 ju in 1997, Edwards v. BAF an d IAAF [1998] 2
(116) C’est la ten dan ce actu elle du droit fran çais p ou r tou s les recou rs CMLR 363.
con tre des san ction s p ron on cées à l’en con tre de p erson n es p rivées, cf. (121) Dan s TAS, ch am bre ad h oc, J.O. Sidn ey, 18 sep tem bre 2000, 2000/
M. de Sain t Pu lgen t, RFDA 1991, 613, con clu sion s sou s CE, Ass., 1er m ars 004, Com ité Olym p iqu e Con golais & Jesu s Kibu n de c/ Association In ter-
1991, Le Cu n , Rec. Lebon , p . 70 ; AJDA 1991, 358, C. Mau gü é, R. Sch wartz. n ation ale de Boxe Am ateur, Recueil TAS 1998-2000, p . 617, les arbitres on t
(117) CE, 13 m ars 1987, Le Sain , in édit au Rec. Lebon , D. 1987 som m . 462, affirm é : « Il est exact qu ’u n règlem en t sp ortif doit resp ecter n on seu le-
obs. B. Fau ch er ; CE, 22 octobre 1993, Loren tz c/ Fédération fran çaise de m en t la loi m ais égalem en t les p rin cip es gén érau x du droit. » Tou tefois,
karaté, taekwon d o et arts m artiau x affin itaires, in éd it au Rec. Leb on ; p u isqu e rien n ’a été p récisé qu an t au droit ap p licable, cela a con du it à
D. 1995, som m . p . 58, obs. J.-P. Karaqu illo, m ais sou s cou vert du con trôle u n con trôle de con form ité très su p erficiel.
de l’erreu r m an ifeste d’ap p réciation . Cass. 1 re civ., 16 m ai 1972, Bu ll. civ. (122) TAS, 21 décem bre 1995, 95/ 139, HC Y. c/ Ligu e Su isse de Hockey
I, n o 127, p . 113 ; JCP 1972. II. 17285, n ote R. Lin d on ; Cass. 1 re civ., su r Glace (LSHG), Recu eil TAS 1986-1998, p . 323.
28 octobre 1981, Bu ll. civ. I, n o 316 ; D. 1982, 381 n ote G. Sou si. (123) TAS, 10 n ovem bre 1986, Avis 86/ 02, Com ité in tern ation al olym p i-
(118) Su r cette affaire, J.A. Faylor, Th e dism an tlin g of a Germ an ch am - qu e, Recu eil TAS 1993, p . 462. Adde, TAS, 31 aoû t 1994, Avis 93/ 109, Fédé-
p ion : Katrin Krab b e an d h er ord eal with th e Germ an Track an d Field ration fran çaise de triath lon , Recu eil TAS 1986-1998, p . 467.
Association an d th e In tern ation al Am ateu r Ath letic Federation (IAAF), 17 (124) TAS, 29 février 2000, 99/ A/ 234, David Meca-Med in a c/ FINA et
Arb. In t’l 2, 163 (2001). 99/ A/ 235, Igor Majcen c/ FINA, in édits.