Vous êtes sur la page 1sur 13

LA SOLIDARITÉ NATIONALE, GENÈSE ET SIGNIFICATION D'UNE NOTION

JURIDIQUE

Jonas Knetsch

La Documentation française | « Revue française des affaires sociales »

2014/1 | pages 32 à 43
ISSN 0035-2985
DOI 10.3917/rfas.141.0032
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-francaise-des-affaires-sociales-2014-1-page-32.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)


Distribution électronique Cairn.info pour La Documentation française.
© La Documentation française. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


RÉSUMÉ

La solidarité nationale, genèse et signification d’une notion juridique


Cet article se veut une contribution à la réflexion sur la genèse et la place actuelle de
la  notion de solidarité nationale  dans le  système juridique français. Fruit d’un
débat d’idées à la fin du xixe siècle, la solidarité nationale semble avoir perdu de
sa force de conviction au fil des années. Le  recours excessif à cette expression,
dès lors qu’il s’agit d’atténuer les effets de certains événements d’ampleur natio-
nale ou de justifier une mesure politique impopulaire, a eu pour conséquence de
transformer la notion en une étiquette aux contours flous qui ne peut guère servir
de trame à l’action du législateur français. En raison de sa formulation imprécise
et au regard du contexte politique dans lesquelles elle est adoptée, la référence à
la solidarité nationale dans de nombreux textes de lois n’a qu’une portée limitée,
voire juridiquement inexploitable.

National solidarity, history and meaning of a legal concept


This article will contribute to current debate on both past and present perceptions
of national solidarity in the French legal system. The concept of national solidar-
ity emerged at the end of the 19th century but it would appear that its force of
conviction has waned over the years. The expression has now become somewhat
hackneyed in that it is used to either play down the impact of certain events at
national level or to justify unpopular policy. The vaguely defined term of “national
solidarity” can no longer serve as a blueprint for action by French legislation.
Because of its inaccurate formulation and the political context within which it is
© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)


adopted, reference to national solidarity in many legislative texts have only limited
scope – indeed, they may even be unusable from a legal point of view.

32  |  2014 - N°s 1-2 - RFAS

(RFAS) n° 1-2 - 2014 IV.indd 32 12/06/2014 09:54:51


La solidarité nationale, genèse et signification
d’une notion juridique

Jonas Knetsch*
© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

* Agrégé des facultés de droit, professeur à l’université de La Réunion.

RFAS - 2014 - N°s 1-2  |  33

(RFAS) n° 1-2 - 2014 IV.indd 33 12/06/2014 09:54:51


Introduction

« Appeler à la  solidarité nationale », « saluer un effort de solidarité nationale »,


« susciter un élan de solidarité nationale  »… ces formules consacrées sont
fréquemment employées, tant par les groupes d’intérêt divers que par les autorités
publiques elles-mêmes sans que l’on sache ce qu’il faut précisément entendre par
« solidarité » et ce qui se dissimule derrière son qualificatif « national ». Très présente
dans le  discours public actuel, la  solidarité nationale  fait partie des expressions
dont la signification ne se dévoile pas dans l’immédiat. Les initiatives étatiques,
telles que la  création d’un ministère de la  Solidarité nationale  dans le  premier
gouvernement de Pierre Mauroy (1981), l’appel à la  solidarité nationale  pour
justifier la réintroduction de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en 1989 et
l’invocation de la solidarité nationale, en 2000, pour instaurer l’aide médicale de
l’État au profit des plus démunis ont contribué à généraliser cette expression
symbolique à résonance positive dont les contours précis restent pourtant à définir.
Compte tenu de sa place dans le  discours politique, nous nous proposons
d’apporter une contribution au déchiffrage de la  notion de solidarité natio-
nale par une analyse de sa genèse et de sa place dans l’ordonnancement juri-
© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)


dique, notamment après sa consécration dans le préambule de la Constitution de
1946 1. Il s’agira de s’interroger sur le sens de cette expression et de voir dans
quelle mesure elle est à même de servir de fil directeur pour expliquer certaines
politiques législatives.

L’émergence de la solidarité dans le discours public

Expliquer le  rôle  de la  solidarité nationale  dans le  domaine politique se heurte
d’emblée à la  complexité sémantique de sa première composante, l’expression
de « solidarité ». L’ambiguïté de cette notion tient essentiellement à la  pluralité
d’acceptions qui résulte des différents emplois qui en ont été faits au fil des siècles
(Bigot, 2002). Initialement, la notion de solidarité est utilisée exclusivement dans
un sens juridique. Le droit romain connaissait, en effet, l’existence d’obligations
« corréales » qui pesaient sur une pluralité de débiteurs et dont la principale fonc-
tion était de fournir une garantie au co-contractant. Au Moyen Âge et sous l’ancien
droit, ce terme a laissé place aux expressions d’« obligations in solidum » ou de

1.  Alinéa 12 du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 : « La Nation proclame la solidarité et l’égalité
de tous les Français devant les charges qui résultent des calamités nationales. » Ce préambule, auquel renvoie
l’actuelle Constitution de 1958, fait partie intégrante des normes à valeur constitutionnelle, dénommées « bloc
de constitutionnalité ».

34  |  2014 - N°s 1-2 - RFAS

(RFAS) n° 1-2 - 2014 IV.indd 34 12/06/2014 09:54:51


« solidité » dont le régime était proche des obligations corréales du droit romain
(Lévy et Castaldo, 2010). Le terme de « solidarité » est plus récent, car il ne date
que du Code civil de 1804 dont les rédacteurs ont habilement consacré la fusion
de la corréalité romaine et de la figure du cautionnement mutuel (Mignot, 2002) 2.
À partir de la seconde moitié du xixe siècle, plusieurs auteurs vont s’affranchir
de la dimension purement juridique de l’expression de solidarité afin de la trans-
former en notion politique et sociale et de s’en servir comme élément explicatif du
développement des sociétés (Hounieu, 2003). À cette époque, la fraternité, notion
phare de la Révolution française, est de plus en plus ouvertement remise en ques-
tion par ceux qui n’y voient qu’un avatar de l’idée chrétienne de charité et qui,
dans un contexte politique marqué par un fort courant anticlérical, lui dénient
toute efficacité vis-à-vis des gouvernants (Borgetto, 1993).
Il revient sans conteste à Pierre Leroux, député socialiste jusqu’à son émigra-
tion en Angleterre, d’avoir transformé la  notion juridique de solidarité en prin-
cipe d’organisation sociale. Lui-même se vanta, en 1863, d’avoir « le  premier
emprunté aux légistes le terme de Solidarité, pour l’introduire dans la Philosophie,
c’est-à-dire, suivant [lui], dans la Religion », en voulant « remplacer la Charité du
Christianisme par la  Solidarité humaine » (Leroux, 1863). L’analyse de Leroux
repose tout d’abord sur une critique de la conception chrétienne de la charité qui
serait, selon lui, un « dévouement ignorant » (Leroux, 1840) pour l’humanité res-
sortant plus de la pitié que de l’amour. Selon une vision sociale fondée sur la cha-
rité, les liens entre les hommes seraient davantage le résultat d’un « devoir » que
d’un « sentiment direct de solidarité » (Leroux, 1840), devoir qui placerait les indi-
vidus dans des rapports sinon iniques, du moins hiérarchiques (Hounieu, 2003).
© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)


Les travaux de Pierre Leroux et sa conception de la solidarité en tant que prin-
cipe politique et social ont connu par la suite un accueil très positif par les auteurs
de la seconde moitié du xixe siècle. Auguste Comte et Émile Durkheim ont pour-
suivi la transformation de la notion de solidarité en l’intégrant dans le domaine
de la philosophie politique et en la plaçant au cœur de leurs œuvres respectives
et plus précisément comme clé de voûte de leurs doctrines sur la division du tra-
vail (Durkheim, 1893 ; Comte, 1864). Ces deux auteurs ont joué un rôle essentiel
dans la phase de développement et de théorisation de la notion. Dans sa thèse de
doctorat publiée en 1893 au sujet de la division du travail, Durkheim se demande
notamment pourquoi « tout en devenant plus autonome, l’individu dépend plus
étroitement de la société », avant de développer sa célèbre distinction entre solida-
rité mécanique et solidarité organique (Durkheim, précité).
Sous l’impulsion des travaux de Comte et Durkheim, mais aussi de Charles
Renouvier, Charles Secrétan et Henri Marion (Blais, 2007), les tentatives de déga-
ger une synthèse de l’idée de solidarité aboutissent progressivement à la forma-
tion d’une doctrine aux dimensions tant politiques que juridiques : le solidarisme.
Si aujourd’hui ce mouvement est surtout lié à la personnalité de Léon Bourgeois,
c’est d’abord le philosophe Alfred Fouillée qui va fournir, dans plusieurs ouvrages,
un résumé de la conception de solidarité et du rôle que cette notion devrait jouer

2. Article 1200 du Code civil : « Il y a solidarité de la part des débiteurs, lorsqu’ils sont obligés à une même
chose, de manière que chacun puisse être contraint pour la totalité, et que le paiement fait par un seul libère
les autres envers le créancier. »

RFAS - 2014 - N°s 1-2  |  35

(RFAS) n° 1-2 - 2014 IV.indd 35 12/06/2014 09:54:51


dans l’analyse sociale  (Fouillée, 1880 et 1906 ; Borgetto, 1993). La  notion de
solidarité lui sert notamment à élaborer l’image de la société comme organisme
contractuel, ou pour le  moins quasi-contractuel et, par là même, à développer
l’idée d’une dette sociale qui pèse à la fois sur les membres du corps social et sur
la  société incarnée par l’État. Rétrospectivement, la  doctrine d’Alfred Fouillée
apparaît comme un élément essentiel de l’élaboration définitive de la  doctrine
solidariste.
En effet, si les travaux de Fouillée ne peuvent être qualifiés de proprement
solidaristes (Borgetto, précité), ce sont les théories de Bourgeois qui marquent
le début de la doctrine solidariste au sens strict. Le succès qu’allaient rencontrer
les thèses de son ouvrage Solidarité s’explique, outre par le  rôle  de Bourgeois
dans la  vie politique de l’époque 3, par le  fait qu’il a su s’abstraire de la  sphère
de la  philosophie et des sciences sociales pour affirmer la juridicité d’un devoir
social de solidarité. « Le devoir social n’est pas une pure obligation de conscience,
c’est, déclare-t-il, une obligation fondée en droit, à l’exécution de laquelle on ne
peut se dérober » (Bourgeois, 1896). Tout en s’inspirant de la pensée de Fouillée,
les travaux de Bourgeois ont ceci de novateur qu’ils précisent les conséquences
qui découlent du devoir de solidarité. Puisque la  part contributive de la  dette
sociale  incombant à chaque individu n’est pas déterminable, il faut notamment
privilégier l’impôt progressif comme instrument d’acquitter sa part de la  dette
(Bourgeois, 1902). En contrepartie, il revient à la société d’instaurer un système
de mutualisation des risques sociaux tels que les accidents du travail, le chômage,
voire la maladie et la vieillesse (Bourgeois, 1906), l’État ne devant pas jouer un
rôle majeur dans cette conception de solidarité.
© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)


Cherchant à développer une troisième voie qui permette une conciliation entre
un individualisme libéral issu de la Révolution française et l’exigence de justice
proclamée par les thèses socialistes, la  doctrine solidariste et tout particulière-
ment la doctrine de Bourgeois ont influencé au plus haut point le débat d’idées et
le discours politique de la fin du xixe et du début du xxe siècle. La charité reléguée
dans la seule sphère privée, le principe de solidarité s’est transformé, depuis les
années 1860, en concept propre à guider l’action des pouvoirs publics et à confé-
rer aux citoyens de véritables droits sociaux (Borgetto, précité). Pour parvenir à
cette conclusion, Bourgeois se sert de la notion de quasi-contrat social qui n’est
pas sans rappeler celle qu’Ernest Renan élabore au sujet du concept de nation,
considérant qu’elle « est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment
des sacrifices qu’on a faits et ceux qu’on est disposé à faire encore » (Renan,
1882). Il n’est donc guère étonnant que la notion de solidarité se soit rapidement
dotée du qualificatif « national », devenant ainsi un « phénomène identitaire »
(Mignot, 2004).

3.  Rappelons que Léon Bourgeois, après avoir commencé sa carrière comme haut fonctionnaire dans le corps
préfectoral, occupa plusieurs portefeuilles ministériels avant d’être nommé en 1919 président de la Société des
Nations, ce qui lui valut le prix Nobel de la paix en 1920.

36  |  2014 - N°s 1-2 - RFAS

(RFAS) n° 1-2 - 2014 IV.indd 36 12/06/2014 09:54:51


L’apparition de la solidarité nationale dans le discours juridique

C’est dans un contexte marqué par un sentiment national accru et par des mou-
vements nationalistes aux aspirations politiques diverses que va émerger, dans les
dernières années du xixe siècle, la notion de « solidarité nationale ». À cette époque,
le sentiment national commence à se confondre avec l’idée de la République dont
on affirme aujourd’hui qu’elle a été, à l’origine, destinée à effacer le traumatisme
causé par la  défaite de 1870. Les rivalités entre la  France et l’Allemagne qui
suivent cette guerre et en particulier l’annexion de l’Alsace-Lorraine font naître,
des deux côtés du Rhin, des mouvements nationalistes fondés sur la priorité don-
née à la nation d’appartenance incarnée dans une structure étatique forte.
Aussi n’est-ce qu’une question de temps avant que la  notion de solidarité
« nationale » fasse son apparition dans les travaux parlementaires à l’appui d’ini-
tiatives législatives. C’est en 1894 qu’un député relève, pour la première fois, dans
le  rapport sur un projet de loi destiné à apporter un secours aux victimes des
cyclones et inondations qui avaient touché le Nord de la France, que certains par-
lementaires ont évoqué la solidarité nationale pour réclamer une aide aux victimes
(Boucher, 1894). Quelques années plus tard, le  gouvernement français s’appro-
prie cette référence (Clemenceau et Caillaux, 1907) pour justifier l’adoption de
lois de secours à la  suite des catastrophes de Bourbon-Lancy et de Mamers en
1904 4, des fourneaux en Savoie en 1907 5 ainsi que des inondations de janvier et
février 1910 6. Néanmoins, ces invocations ponctuelles de la solidarité nationale ne
permettent pas encore d’avoir une idée précise de son contenu juridique et d’en
apprécier la  portée réelle, aucune réflexion n’ayant été entreprise à ce moment
© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)


sur cette nouvelle notion. Il faudra attendre le début de la Première Guerre mon-
diale et la prise de conscience de l’ampleur des dommages causés par les affronte-
ments pour qu’un débat théorique se développe sur le rôle que la solidarité natio-
nale peut jouer dans la définition d’une politique législative.
Dans le cadre d’une série d’articles publiée sous le patronage du Comité natio-
nal d’action pour la  réparation intégrale  des dommages causés par la  guerre
(CNARIDG), plusieurs professeurs de droit dont Maurice Hauriou et Raymond
Carré de Malberg vont publier leurs réflexions sur le fondement de la réparation
des dommages de guerre. Carré de Malberg soutient que seule « la solidarité natio-
nale, qui unit entre eux tous les Français », est apte à fonder un système de répara-
tion intégrale (Carré de Malberg, 1915). Si certains de ses arguments sont, rétros-
pectivement, davantage marqués par l’air du temps que par une analyse politique
et juridique proprement dite, les propos de l’auteur ont eu le mérite de prendre
parti pour une transformation de l’idée de solidarité nationale en véritable prin-
cipe politico-juridique. Selon l’auteur, « cette idée, en attendant qu’elle  devienne
juridique par sa consécration législative, ne peut être, pour le moment, qu’une idée
morale et politique » (Carré de Malberg, précité).

4.  Loi du 14 juillet 1904 (JO 21 juillet 1904, p. 4554).


5.  Loi du 26 mars 1907 (JO 28 mars 1907, p. 2462).
6. Lois des 25  janvier, 11  février et 9  avril 1910 (JO 26  janvier 1910, p.  754 ; 12  février 1910, p.  1213 et
10 avril 1910, p. 3240).

RFAS - 2014 - N°s 1-2  |  37

(RFAS) n° 1-2 - 2014 IV.indd 37 12/06/2014 09:54:51


C’est finalement par la  loi du 17  avril 1919 qui organisa la  réparation des
dommages causés par la guerre de 1914-1918 que, conformément aux idées de
Carré de Malberg, la solidarité nationale a fait l’objet d’une consécration législative
proprement dite 7. Si, ultérieurement, la  notion de solidarité nationale  n’a cessé
d’être présente dans le discours politique, son inscription dans le préambule de
la  Constitution de la  IVe République marque son apogée depuis l’apparition de
la  notion quelque cinq décennies auparavant. L’alinéa 12 de ce texte proclame
la  « solidarité et l’égalité de tous les Français devant les charges qui résultent
des calamités nationales ». Bien que la  formule  employée par le  constituant ne
reprenne pas à l’identique les termes de l’expression, son adoption parachève
l’introduction dans le paysage juridique français de la solidarité nationale (Pontier,
1983 ; Hounieu, 2003).

Un surinvestissement de la notion de solidarité


nationale dans le discours juridique

Si, en 1946, l’alinéa 12 du préambule de la Constitution est devenu un fondement


nouveau de l’action normative (Dubreuil, 2008), sa portée juridique se heurte aux
imprécisions du texte et, surtout, à l’exigence d’une concrétisation législative. Face
à la formulation assez vague de cette disposition, les juges administratifs et consti-
tutionnels se sont alors efforcés, depuis la promulgation de ce texte, à en préciser
© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)


la valeur juridique. Cette tâche s’est avérée d’autant plus difficile que l’alinéa n’a
été ajouté que tardivement au projet de constitution et qu’il n’a donné lieu, au
sein de l’Assemblée nationale constituante de 1946, qu’à des discussions sur son
champ d’application, mais non sur le principe même qu’il proclame.
Les commentateurs du préambule  constitutionnel de 1946 sont unanimes à
penser que la mise en œuvre de l’alinéa 12 du préambule est subordonnée à une
action du législateur, et à attirer l’attention sur l’absence de valeur juridique auto-
nome. Confirmant cette lecture des textes, le  juge administratif s’est, lui aussi,
prononcé, à plusieurs reprises, dans le sens d’une impossibilité d’invoquer ce texte
en l’absence de dispositions législatives qui le mettent en œuvre. Dans un arrêt du
10 décembre 1962, le Conseil d’État a notamment décidé que « le principe ainsi
posé [par l’alinéa 12 du préambule], en l’absence de toute disposition législative
en assurant l’application, ne saurait servir de base à une action contentieuse en
indemnité 8 ». Cela signifie que la mise en œuvre du principe de solidarité natio-
nale de l’alinéa 12 de la Constitution de 1946 est soumise à l’existence de mesures
législatives et qu’en dehors de cette hypothèse, ce principe ne saurait être opposé
aux autorités administratives (Pontier, précité ; Hounieu, précité).
Quant aux décisions rendues par le  Conseil constitutionnel, elles vont dans
le même sens que celles du juge administratif, mais ont permis de préciser davantage

7.  Art. 1er de la loi sur la réparation des dommages causés par les faits de la guerre : « La République proclame
l’égalité et la solidarité de tous les Français devant les charges de la guerre » (JO 18 avril 1919, p. 4050).
8. Conseil d’État, 10  décembre 1962, Société indochinoise de constructions électriques et mécaniques, Rec.
p. 676.

38  |  2014 - N°s 1-2 - RFAS

(RFAS) n° 1-2 - 2014 IV.indd 38 12/06/2014 09:54:51


la teneur normative de l’alinéa 12 du préambule de 1946. En effet, le juge consti-
tutionnel entend réserver au législateur une liberté importante en matière de poli-
tique sociale pour transformer l’idée de solidarité nationale en mesures concrètes.
Celles-ci peuvent consister à mettre en place des dispositifs d’aide sociale ou alors
à adjoindre un mécanisme de prise en charge aux techniques de compensation
traditionnelles que sont les responsabilités civile et administrative.
À ce propos, le Conseil constitutionnel a précisé, dans un arrêt du 30 décembre
1987, que, lorsque le législateur met en application le principe de solidarité natio-
nale, « il lui est loisible de définir les modalités d’application appropriées à chaque
cas sans être nécessairement astreint à appliquer des règles identiques 9 ». Il revient
dès lors au seul législateur d’apprécier l’existence d’une « calamité nationale » et,
par là même, l’opportunité d’un dispositif de prise en charge. Par ailleurs, le légis-
lateur jouit d’une grande marge de manœuvre quant à l’étendue, à la forme et au
mode de financement de ce type de mesures 10.
À s’en tenir à ces solutions jurisprudentielles, la solidarité nationale considérée
comme principe juridique ne peut, dès lors, revêtir qu’une valeur explicative limi-
tée puisqu’elle est soumise à l’appréciation souveraine du pouvoir législatif dont
le fil directeur est plus ou moins lisible. Or, le législateur affaiblit encore davan-
tage la portée juridique de ce principe, lorsqu’il adopte des textes qui sont censés
mettre en œuvre l’alinéa 12 du préambule de 1946, mais n’ont pas de portée nor-
mative, car ils ne font que proclamer une solidarité nationale sans l’accompagner
de mesures indemnitaires concrètes.
Nous faisons ici référence aux lois qui affirment la prise en charge d’une cer-
taine catégorie de personnes par la solidarité nationale sans qu’elles soient pour
© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)


autant invocables par les justiciables. Contrairement aux hypothèses où le législa-
teur renvoie à des décrets d’application destinés à préciser une mesure législative,
il est, en effet, des textes de loi qui, sans contenir aucune prescription, se bornent
à formuler une « promesse » de la  solidarité nationale  vis-à-vis de bénéficiaires
déterminés. Ce phénomène, suscité par un législateur qui mise sur un certain effet
d’annonce du terme de solidarité, contribue ainsi à la prolifération de textes de lois
dépourvus de dimension normative. En effet, pour être qualifié de règle juridique,
un texte doit présenter, le  cas échéant en renvoyant à un réglement d’applica-
tion, une précision suffisante qui permet à un justiciable de formuler une préten-
tion sur son fondement et de la soumettre à un juge (Jestaz, 1986 ; de Béchillon,
1997). Aussi, dès lors qu’un texte de loi se contente d’affirmer une prise en charge
« par  la  solidarité nationale » sans apporter de précisions sur l’autorité chargée
de sa mise en œuvre, les conditions d’octroi des prestations et le financement de
celles-ci, il est impossible de lui reconnaître le caractère d’une règle de droit.
Une illustration par excellence d’une proclamation par voie législative de
la solidarité nationale est donnée par l’article 1er de la loi du 4 mars 2002 relative
aux droits des malades et à la qualité du système de santé qui a été adoptée en

9.  Conseil constitutionnel, 30 décembre 1987, no 87-237 DC, cons. 22.


10.  Cf. aussi récemment Conseil constitutionnel, 14 août 2003, no 2003-483, cons. 7 (« l’exigence constitution-
nelle résultant [de l’alinéa 11 du préambule de 1946] implique la mise en œuvre d’une politique de solidarité
nationale en faveur des travailleurs retraités ; [il] est cependant possible au législateur, pour satisfaire à cette
exigence, de choisir les modalités concrètes qui lui paraissent appropriées »).

RFAS - 2014 - N°s 1-2  |  39

(RFAS) n° 1-2 - 2014 IV.indd 39 12/06/2014 09:54:51


vue de briser la jurisprudence dite « Perruche » 11 de la Cour de cassation. La loi de
2002 visait en effet à empêcher l’allocation de dommages-intérêts aux enfants dont
le handicap prénatal n’avait pas été décelé au cours de la grossesse à la suite d’une
faute d’un professionnel ou d’un établissement de santé. Les parents d’enfants nés
après le 4 mars 2002 ne peuvent, dans un tel cas, « demander [qu’] une indemnité
au titre de leur seul préjudice ». Selon l’alinéa 3 de cet article, ce préjudice ne sau-
rait cependant « inclure les charges particulières découlant, tout au long de la vie
de l’enfant, de ce handicap ». Et le législateur de préciser que « la compensation de
ce dernier relève de la solidarité nationale ».
Faute d’un dispositif concret d’indemnisation, il n’était donc pas étonnant
que les commentateurs de la loi du 4 mars 2002 et les associations d’handica-
pés voyaient dans l’affirmation d’une « compensation » du handicap par la soli-
darité nationale une simple « espérance » et remarquaient qu’il fallait attendre
« ce qu’il advient de ces bonnes intentions » (Durry, 2002). Contrairement à ce que
l’on aurait pu penser, le législateur ne s’est pas décidé à créer un fonds d’indemni-
sation spécifique pour les enfants dont le handicap prénatal n’avait pas été décelé
pendant la grossesse par la faute d’un professionnel de santé, mais a institué, avec
la  loi du 12  février 2005, un dispositif de « compensation » pour l’ensemble  des
personnes handicapées. Ainsi, les préjudices, qui, auparavant, avaient été indem-
nisés au titre de la responsabilité civile ou administrative et dont la réparation a
été exclue par la loi du 4 mars 2002, sont désormais couverts par une « prestation
de compensation » dont peuvent bénéficier les moins de 20 ans en vertu d’une loi
du 19 décembre 2007, soit cinq ans et demi après la proclamation de la solidarité
nationale dans la loi du 4 mars 2002.
© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)


Nous avons choisi cet exemple 12 pour mettre en évidence que, parmi les
dispositions législatives non normatives, on ne recense pas uniquement des lois
symboliques ou des lois qui rappellent abstraitement des principes fondamentaux
(Conseil d’État, 1992). Des lois qui proclament la solidarité nationale au bénéfice
de certaines personnes sans prévoir de mesures d’indemnisation ni renvoyer à
des textes d’application ultérieurs, contribuent, elles aussi, au phénomène plus
ample de dégradation de la norme associé à la prolifération de lois exemptes de
toute normativité (Bécane et al., 2010). Loin de susciter des interrogations sur
le seul terrain de l’effectivité des règles du droit, cette dilution normative de l’action
législative est préoccupante parce qu’elle brouille la frontière entre droit et non-
droit au sein même du corpus des textes juridiques.
Si pour certains auteurs l’émergence de ce « droit mou » est un gage d’adapta-
bilité de la loi (Libchaber, 1999), il ne semble pas qu’en matière de solidarité natio-
nale, les textes non normatifs soient la marque d’une évolution positive. En effet,
même si l’exemple choisi montre qu’une loi de solidarité peut, plusieurs années

11.  La décision la plus emblématique a été rendue le 13 juillet 2001 par la Cour de cassation, réunie en assem-
blée plénière, c’est-à-dire dans sa formation la plus solennelle. Selon cette décision, « l’enfant né handicapé peut
demander la réparation du préjudice résultant de son handicap si ce dernier est en relation de causalité directe
avec les fautes commises par le médecin dans l’exécution du contrat formé avec sa mère et qui ont empêché
celle-ci d’exercer son choix d’interrompre sa grossesse ».
12.  Pour un exemple plus ancien, cf. article 1er de la loi du 26 décembre 1961 relative à l’accueil et à la réins-
tallation des Français d’outre-mer : « Les Français, ayant dû ou estimé devoir quitter, par suite d’événements
politiques, un territoire où ils étaient établis et qui était antérieurement placé sous la souveraineté, le protectorat
ou la tutelle de la France, pourront bénéficier du concours de l’État en vertu de la solidarité nationale. »

40  |  2014 - N°s 1-2 - RFAS

(RFAS) n° 1-2 - 2014 IV.indd 40 12/06/2014 09:54:52


après son adoption, accéder à la  normativité grâce à l’adoption de dispositions
législatives ou réglementaires complémentaires (Pomart, 2004), il n’empêche que
ces textes créent l’apparence d’un droit à indemnisation sans que celui-ci puisse,
dans l’immédiat, être invoqué devant les tribunaux. Outre le  fait que ces textes
sont ainsi une source d’insécurité juridique quant à l’étendue des droits des justi-
ciables, il n’est pas exclu qu’un juge, saisi par un bénéficiaire de la solidarité natio-
nale affirmée par le législateur, entende prêter un effet normatif à cette disposition
dont on pouvait penser qu’elle en était privée (Molfessis, 1997).

Conclusion

Expression née de la fusion d’idées philosophiques et sociologiques de la fin du


xixe siècle, la solidarité nationale a subi des transformations considérables dans
le discours politique et est aujourd’hui une notion disputée par différents acteurs
de la  vie politique. À l’origine invoquée pour les « calamités », telles qu’inonda-
tions, catastrophes minières et guerres, l’expression apparaît aujourd’hui essen-
tiellement comme une étiquette politique accolée à des revendications qui éma-
nent d’associations de victimes qui jouent le  rôle  de groupes de pression dans
le processus normatif, ou des mesures prises par l’État lui-même, lorsqu’il s’agit
de justifier des efforts financiers collectifs ou de reconnaître symboliquement
le soutien de la communauté sociale à une catégorie de personnes. L’ensemble de
© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)


ces facteurs ont fait que la notion de solidarité nationale a perdu au fil des années
son caractère exceptionnel et solennel (Pontier, 2001). Faute de contours suffisam-
ment précis, elle peine à convaincre en tant que principe guidant l’action politique.
La  faible  effectivité du principe constitutionnel de solidarité nationale  ainsi que
l’introduction par le législateur de dispositions non normatives accentuent encore
la relativité de sa valeur juridique en droit français. Toutes deux contribuent par
ailleurs à la dévaluation de la notion de solidarité nationale dans le discours public,
dévaluation qui trouve une cause supplémentaire dans la perméabilité des fron-
tières entre le politique et le juridique.
Au terme de cette étude, la  solidarité nationale  se présente comme le  fruit
d’étonnantes interférences entre la  sphère juridique, le  discours politique et les
débats d’idées ayant animé la fin du xixe siècle. Il n’en demeure pas moins que,
malgré sa genèse longue et mouvementée et sa consécration dans un texte ayant
valeur constitutionnelle, l’expression ne semble jamais avoir reçu un contenu nor-
matif suffisant pour la qualifier de concept juridique à part entière. Si la solidarité
nationale est incontestablement présente dans le discours et les textes juridiques,
l’on peine cependant à en identifier la portée juridique concrète et à n’y voir autre
chose qu’une « idée morale et politique », telle que déplorée par Carré de Malberg
en 1915.

RFAS - 2014 - N°s 1-2  |  41

(RFAS) n° 1-2 - 2014 IV.indd 41 12/06/2014 09:54:52


Références bibliographiques

Bécane J.-C., Couderc M., Hérin J.-L. (2010), La loi, Paris, Dalloz, coll. « Méthodes du droit »,
2e éd., 270 p.
De Béchillon D. (1997), Qu’est-ce qu’une règle de Droit ?, Paris, Odile Jacob, 302 p.
Bigot J.  (2002), « Essai de typologie de la  solidarité », Revue générale  de droit des assu-
rances, no 4, p. 802-807.
Blais M.-C. (2007), La  solidarité. Histoire d’une idée, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque
des idées », 347 p.
Borgetto M.  (1993), La  notion de fraternité en droit public français, Paris, LGDJ, coll.
« Bibliothèque de droit public », 689 p.
Boucher H. (1894), « Rapport sur le projet de loi tendant à ouvrir un crédit extraordinaire
pour secours aux victimes des cyclones et inondations de la région du Nord et des divers
orages qui ont sévi en France, dans le courant de l’année 1894 (annexe no 963) », Documents
parlementaires de la Chambre des députés, p. 1580, 3e col.
Bourgeois L. (1896), Solidarité, Paris, Armand Colin, 1re éd., 157 p. (rééd. Latresne, Le Bord
de l’eau, 2008).
Bourgeois L.  (1902), « L’idée de solidarité et ses conséquences sociales », in Bourgeois  L.,
© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)


Croiset A. (dir.), Essai d’une philosophie de la solidarité, Paris, Félix Alcan, coll. « Bibliothèque
générale des sciences sociales ».
Bourgeois L. (1906), Solidarité, Paris, Armand Colin, 3e éd., 253 p. (rééd. Villeneuve-d’Ascq,
Presses universitaires du Septentrion, 1998).
Carré de Malberg R. (1915), « Du fondement du droit à la réparation intégrale pour les vic-
times des dommages de guerre », Publications du Comité national d’action pour la répara-
tion intégrale des dommages causés par la guerre, fascicule H, p. 1-24.
Chevallier J.  (1998), « Vers un droit post-moderne  ? Les transformations de la  régulation
juridique », Revue du droit public et de la science politique en France et à l’étranger, no 3,
p. 659-690.
Clemenceau G., Caillaux J. (1907), « Présentation du projet de loi tendant à ouvrir un crédit
destiné à secourir les victimes de la catastrophe des Fourneaux (annexe no 674) », Documents
parlementaires de la Chambre des députés, p. 67.
Comte A. (1864), Cours de philosophie positive, tome 4 : Partie dogmatique de la philoso-
phie sociale, Paris, J. B. Baillière et fils, 2e éd., 520 p.
Conseil d’État (1992), « De la  sécurité juridique », in Conseil d’État (dir.), Rapport public
1991, Paris, Conseil d’État.
Dubreuil C. (2008), « L’alinéa 12 du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 », in
Gaudemet, Y. (dir.), Le  Préambule  de la  Constitution de 1946, Paris, Éditions Panthéon-
Assas, coll. « Colloques ».
Durkheim É. (1893), De la division du travail. Étude sur l’organisation des sociétés supé-
rieures, Paris, Félix Alcan, 471 p. (rééd. Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2007).
Durry G. (2002), « Responsabilité médicale et solidarité nationale », Risques, Les cahiers de
l’assurance, no 49, p. 113-118.

42  |  2014 - N°s 1-2 - RFAS

(RFAS) n° 1-2 - 2014 IV.indd 42 12/06/2014 09:54:52


Fouillée A. (1880), La science sociale contemporaine, Paris, Hachette, 424 p.
Fouillée A. (1906), La  propriété sociale  et la  démocratie, Paris, Félix Alcan, 206 p.  (rééd.
Latresne, Le Bord de l’eau, 2008).
Hounieu J.-P. (2003), La solidarité nationale en droit public français, thèse dactylographiée,
université Bordeaux IV, 1076 p.
Jestaz P. (1986), « La sanction ou l’inconnue du droit », Recueil Dalloz, no 33, p. 197-204.
Leroux P.  (1840), De l’humanité, de son principe et de son avenir, où se trouve exposée
la vraie définition de la religion, et où l’on explique le sens, la suite et l’enchaînement du
Mosaïsme et du Christianisme, Paris, Perrotin, 2 vol., 1008 p.  (rééd. Paris, Fayard, coll.
« Corpus des œuvres de philosophie en langue française », 1985).
Leroux P. (1863), La grève de Samarez. Poème philosophique, Paris, E. Dentu, 2 vol., 836 p.
(rééd. Paris, Klincksieck, coll. « Bibliothèque du xixe siècle », 1979).
Lévy J.-P., Castaldo A.  (2010), Histoire du droit civil, Paris, Dalloz, coll. « Précis Dalloz »,
1619 p.
Libchaber R.  (1999), « Qu’est-ce qu’une loi  ? », Revue trimestrielle  de droit civil, no  1,
p. 242-245.
Mignot M.  (2002), Les obligations solidaires et les obligations in solidum en droit privé
français, Paris, Dalloz, 857 p.
Mignot M. (2004), « De la solidarité en général, et du solidarisme contractuel en particulier
ou Le solidarisme contractuel a-t-il un rapport avec la solidarité ? », Revue de la recherche
juridique, droit prospectif, no 4, p. 2152-2197.
Molfessis N. (1997), « La distinction du normatif et du non-normatif dans les textes de loi
(ou comment le Conseil constitutionnel répond à la processivité constitutionnelle des requé-
rants) », Justices, Revue générale de droit processuel, no 5, p. 232-235.
Pomart C. (2004), « Les dispositions légales non normatives : une invitation à penser la nor-
© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)

© La Documentation française | Téléchargé le 20/09/2022 sur www.cairn.info (IP: 105.69.223.17)


mativité en terme de continuum », Revue de la recherche juridique, droit prospectif, no 3,
p. 1679-1697.
Pontier J.-M. (1983), « De la  solidarité nationale », Revue du droit public et de la  science
politique en France et à l’étranger, no 4, p. 899-928.
Pontier J.-M. (2001), « Alinéa 12 », in Conac G., Prétot X. et al. (dir.), Le  Préambule  de
la Constitution de 1946, Paris, Dalloz, coll. « Thèmes et commentaires ».
Renan E. (1882), Qu’est-ce qu’une Nation ? Conférence faite en Sorbonne, le 11 mars 1882,
Paris, Calmann-Lévy, 30 p. (rééd. Paris, Flammarion, coll. « Champs », 2010).

RFAS - 2014 - N°s 1-2  |  43

(RFAS) n° 1-2 - 2014 IV.indd 43 12/06/2014 09:54:52

Vous aimerez peut-être aussi