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À Toulouse, la justice gronde pour réclamer plus de moyens


Publié le mercredi 15 décembre 2021 à 17h00min
par Mathieu Michel

Plus d’une centaine de magistrats, avocats et greffiers répondaient à un appel national mercredi
15 décembre 2021 au tribunal judiciaire de Toulouse pour dénoncer leurs conditions de travail.
Selon eux, le manque de personnel entraîne une surcharge de travail et des délais de justice à
rallonge.

Robes rouges et robes noires peuplaient le hall du tribunal judiciaire de Toulouse ce mercredi 15 décembre. Les
professionnels de la justice avaient en effet répondus présents à l’appel national qui demandait de renvoyer les
audiences du jour. Objectif : dénoncer des conditions de travail qu’ils jugent inadaptées à une justice efficace. Et
l’on retiendra l’aspect unitaire de cette mobilisation, qui a regroupé magistrats, avocats, greffiers et contractuels.
Tous témoignaient d’un même problématique : le manque de personnel entraîne une surcharge de travail et des

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délais interminables. Une juge des affaires familiales explique ainsi : « Depuis 10 ans, on répète les mêmes
discussions, mais les proportions ne cessent de s’aggraver. » À en juger à l’applaudimètre, tout le hall du tribunal
semble partager ce constat.

La mobilisation du jour fait écho à la parution d’une tribune de magistrats et greffiers publiée dans Le Monde, le
23 novembre dernier. Elle a été écrite suite au suicide de Charlotte, magistrate de 29 ans, « envoyée de tribunaux
en tribunaux », épuisée. Parmi les 9000 magistrats de l’Hexagone, 5476 l’ont déjà signée. C’est donc avec une
émotion lourde que les interventions s’enchaînent au micro de l’Union syndicale de la magistrature.

« Souffrances morale, éthique et physique », détaille l’une. « Pas le temps de traiter les dossiers », raconte une
autre. Juges, procureurs et avocats se livrent sur leur rythme de travail, devant leurs confrères. Ils font état
d’arrêts maladies en masse et même de décès. Le tribunal toulousain compte neuf magistrats du parquet
(procureurs), dont deux, actuellement en congés maternité, ne sont pas remplacées. Ce qui oblige les sept
restants à se répartir les tâches. À proportions égales, la médiane des pays de l’Union européenne se situe à 34
procureurs, avancent les magistrats. Parmi les autres corps de métier, le tribunal compte 40 magistrats du siège
(juges), quand la médiane de l’Union européenne est à 65. Côté greffiers, 70 agents assurent le travail de 140,
toujours selon les chiffres des pays voisins.

Pas d’espoir suscité par les « États généraux de la justice »

Tous dénoncent une logique du chiffre, dans le même esprit que « la casse du secteur de la santé », relève une
avocate. « On subit le même management de gestion des services publics depuis les années 1990. » Ce traitement
à la chaîne limite en moyenne à trois minutes le temps de parole accordé aux justiciables. « On n’a pas le temps
d’entendre les gens », s’émeut une magistrate. Une autre avocate interroge : « Comment peut-on attendre des
justiciables qu’ils respectent la justice, si la justice ne les respecte pas ? ».

Ces professionnels réclament des moyens pour recruter du personnel. Des contractuels sont embauchés en
urgence, mais ils ne sont jamais renouvelés, selon un syndicaliste CFDT. Ils sont formés sur le tas, par leurs
confrères : « Ça prend du temps. Il faut les titulariser ! » Ce manque de personnel, unanimement pointé du doigt,
entraîne des délais jugés trop longs. Les dossiers les plus complexes datent de 2015. Pour les plus simples, il faut
compter un an, un temps déjà excessif pour des affaires de violences conjugales. Une juge témoigne ainsi qu’elle
doit prioriser ses dossiers, avec une question en tête : « Parmi les différents cas, qui ne va pas tuer sa
compagne ? »

Les manifestants n’attendent rien des États généraux lancés par Emmanuel Macron et Éric Dupond-Moretti en
octobre dernier. Chaque prise de parole s’accorde à dire qu’ils ne changeront rien : « Personne n’est dupe, les
moyens on les connaît depuis longtemps. » Certains refusent de cautionner leur « instrumentalisation
politique ». Ce jeudi 16 décembre, le Garde des Sceaux et le Premier ministre Jean Castex viendront inaugurer la
cour administrative d’appel. Pas sûr qu’ils soient accueillis à bras ouverts.

Mathieu Michel

Sur la photo : Dans le tribunal judiciaire de Toulouse, les interventions s’enchaînent au micro du syndicat
USM. Crédit : Tancrède Guillard.

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Source : https://www.touleco.fr/Toulouse-Rassemblement-de-la-justice-pour-denoncer-leurs,32805

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