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1. Concept de la grammaire
L'une des principales difficultés que pose le terme même de grammaire est qu'il se prête à
une importante polysémie; bien que les considérations historiques jouent à ce propos un
grand rôle, on prendra ici le parti, pour des raisons de simplicité, d'envisager ce terme de
manière essentiellement synchronique (avec les latitudes relatives qu'autorise normalement
ce point de vue). Dans l'acception la plus générale, on peut, en un premier temps, opposer
schématiquement la grammaire au dictionnaire. Alors que le dictionnaire est censé livrer la
liste des mots de la langue (accompagnés de leur sens), la grammaire se charge, en
principe, de décrire les moyens dont dispose la langue pour combiner ces unités afin
d'obtenir des segments d'ordre supérieur, à savoir les phrases, et ce, en rendant compte des
variations que les mots en question sont amenés à subir au cours de ce processus de
combinaison : on aura reconnu là la distinction classique entre les deux parties de la
grammaire que sont la syntaxe et la morphologie (domaines traditionnellement abordés dans
l'ordre inverse). Cette image théorique de la grammaire, avec divers aménagements,
reformulations, remaniements terminologiques, garde une bonne part de sa pertinence dans
la plupart des travaux qui se recommandent aujourd'hui de cette discipline.
Toutefois, sans quitter ce niveau purement introductif, une autre distinction fondamentale
reste à faire qui se manifeste dans l'opposition singulier/pluriel : il y a, en effet, grammaire et
grammaires.
Alors qu'on vient d'évoquer brièvement l'objet de la grammaire, on ne saurait oublier que
celle-ci s'offre sous la forme d'objets concrets (manuels, recueils, essais) dont la quantité et
la diversité ne sont certainement pas fortuites. En fait, cette variété (souvent déconcertante)
des grammaires peut s'articuler en deux niveaux. Tout d'abord, comme tout produit culturel,
la grammaire ne saurait se présenter sous la forme d'un modèle unique : elle fait l'objet
d'approches, de conceptions, de points de vue nécessairement variés qui se manifestent et
se regroupent sous la forme de tendances, d'écoles voire de théories. Ensuite, ces
tendances elles-mêmes donnent lieu à une multiplicité de discours à intention didactique qui
occupent le terrain de l'exploitation pédagogique : les " livres (ou manuels) de grammaire "
(dans ce cas, le terme de grammaire est parfois assorti d'adjectifs qui évoquent des
courants de la pensée linguistique : grammaire fonctionnelle, grammaire structurale, etc.).
Enfin, il est un sens du mot grammaire sans lequel aucune des acceptions précédentes
n'aurait sa raison d'être et que l'on peut reconstruire de manière hypothétique : tout locuteur,
quel que soit son niveau de culture, met en oeuvre dans ses échanges langagiers, un savoir
qui ne peut se concevoir que comme la connaissance implicite de mécanismes très
généraux (processus ou règles) que l'on caractérise aujourd'hui par la notion de compétence
linguistique, souvent interprétée dans le sens de " grammaire intériorisée " Ainsi, l'objet de la
grammaire (et a fortiori de toute grammaire) devrait, dans cette perspective, correspondre à
une entrepose visant à décrire, systématiser, codifier l'ensemble des mécanismes
constitutifs de ce savoir intériorisé et idéalisé.
Remarque
Il serait abusif de voir dans le début de ce siècle le point de départ d'une réflexion systématique sur la langue :
l'Antiquité, le Moyen Âge, l'époque classique, entre autres, ont connu des courants de pensée dont les
exigences sont parfois comparables à celles des théories modernes, bien qu'en général tributaires de
contextes philosophiques particuliers; ces travaux gardant toute leur pertinence dans le domaine de la
recherche fondamentale, il est parfois utile de désigner la linguistique du XXe siècle sous le nom de
linguistique moderne.
Remarque
Cette image, un peu trop schématique, résulte, en fait d'une attitude critique qui s'est souvent manifestée de
manière systématique; il existe, en réalité, quelques tentatives émanant de la démarche traditionnelle qui, sans
puiser directement leur réflexion dans le courant de la linguistique moderne, sont néanmoins parvenues à
éviter certains des défauts énumérés ci-dessus.
Remarque
Enfin, il faut préciser que dans le domaine des produits pédagogiques, les qualificatifs techniques qui
apparaissent avec le terme grammaire (structurale, fonctionnelle - le second ayant connu un grand succès)
peuvent difficilement être considérés comme renvoyant à l'orthodoxie d'une théorie linguistique particulière : de
fait, on ne connaît pas, à ce niveau, de grammaire " distributionnelle " alors que les principes et procédures du
distributionnalisme jouent un très grand rôle dans la plupart des ouvrages actuels.
La grammaire générative
Il est évident que l'enseignement de la grammaire ne va pas être le même selon que l'on
s'adresse à des apprenants de langue maternelle ou de langue étrangère.
Les élèves qui apprennent la grammaire de leur propre langue ont déjà un acquis de la
langue très important. Ils savent déjà s'exprimer dans leur langue et l'objectif sera davantage
de leur faire comprendre le fonctionnement d'un outil qu'ils utilisent déjà afin d'améliorer
encore l'utilisation de la langue maternelle.
Dans les petites classes, les programmes sont accès sur la découverte de la
morphosyntaxe, l'apprentissage et l'amélioration de l'orthographe. Au fur et à mesure que
l'on avance dans l'âge, les élèves sont davantage entraînés à la pratique de la rédaction
écrite, dissertations, ou sur l'exposé oral. La grammaire de texte prend alors plus
d'importance.
En L2, l'apprenant ne commence pas vraiment de zéro car ce qu'il a acquis dans sa langue
maternelle va lui servir, mais il doit apprendre à manier une nouvelle langue et pour cela il
devra commencer à comprendre comment elle fonctionne en apprenant, au départ, la
grammaire "de base".
Alors qu'on apprendra à un élève de L1 que je, tu, il... peuvent être regroupés sous le nom
de pronoms personnels, on apprendra à l'élève de L2: "les pronoms personnels en français
sont: je, tu, il..."
Et c'est là que l'on voit l'intérêt, au préalable, d'une maîtrise minimum du métalangage:
notions de pronom, adverbe, complément....
Les méthodes de FLE ont aujourd'hui intégré les différents points dont nous avant parlé.
Des objectifs communicationnels mais aussi, un retour à une partie consacrée à la
grammaire traditionnelle.
Voyons ce que l'on peut trouver aujourd'hui si l'on ouvre un manuel de FLE:
Des écoutes et des textes dans lesquels la grammaire est incluse de façon implicite
introduisent et accompagnent chaque unité didactique. La grammaire est donc, dans un
premier temps aperçue à travers la langue en usage.
Une page (ou des parties de grammaire) sont ensuite consacrées à l'étude de la grammaire
de manière plus théorique. Cependant, les règles de grammaire décrites sont toujours des
règles utiles pour la pratique et non de la théorie pour la théorie. De plus, la grammaire est
souvent simplifiée et si l'on nomme des exceptions à une règle, ce n'est uniquement parce
que ces exceptions se retrouvent très souvent dans le langage en pratique. Les points, peu
importants dans la pratique sont souvent omis.
Bref, en un mot, la grammaire que l'on trouve aujourd'hui dans les manuels de FLE et qui est
enseignée en cours de FLE, c'est une grammaire qui reste de type traditionnelle sans pour
autant vouloir être exhaustive et qui se veut tournée vers la pratique.
Mais c'est finalement au professeur à qui revient une grande responsabilité dans
l'enseignement de la grammaire. La mise en pratique des exercices proposés dans une
méthode, peut être très différente d'un professeur à l'autre.
Nous pensons pour notre part que le professeur ne doit pas perdre de vue que ce qui
compte en premier lieu, c'est atteindre les objectifs communicationnels et que la grammaire
doit être un outil pour atteindre ces objectifs mais jamais une fin en soi.
La grammaire doit être expliquée en classe et on doit s'assurer qu'elle a été comprise mais
nous pensons que l'on ne doit pas passer trop de temps, en classe, à faire des exercices
d'application directe qui pourraient être faits à la maison. Il vaut mieux, d'après nous, passer
plus de temps en classe à mettre en pratique la grammaire dans des situations concrètes de
communications. Le professeur a alors un rôle qu'aucun livre ne peut tenir car il ne s'agit
plus seulement de corriger des exercices d'application directe, type exercices à trous, mais
de motiver, diriger, conseiller et corriger l'élève dans une véritable situation de
communication intégrant de très nombreux outils linguistiques dont, bien sûr, fait partie la
grammaire.