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Loïse Lainé – Nina Raisson – Carla Liotard

GS 10 - Analyse et traitement des eaux usées


Travaux pratiques

TP3 – DEPHOSPHATATION PHYSICO-CHIMIQUE


L’objectif de ce TP est d’optimiser l’ajout de réactif pour procéder à la déphosphatation
physico-chimique d’un effluent de sortie de station d’épuration.

Parmi les réactifs utilisés pour la précipitation du phosphore dissous, le FeCl 3 est le plus
couramment utilisé du fait de son coût d’utilisation réduit. Nous allons donc tester le
rendement de précipitation suivant la quantité de réactif ajouté dans l’effluent et le pH
optimal.

Jar-test : recherche de la dose


1. Préparation des solutions

Nous allons chercher à optimiser au maximum l’élimination du phosphate à l’aide d’une


solution de FeCl3, dans une eau de sortie de STEU après traitement secondaire.

À partir de notre échantillon de d’effluent d’eau en sortie, contenant des phosphate à 5mg/L,
nous réalisons une série de 6 solutions filles en ajoutant différentes concentrations de FeCl3
afin de trouver la plus efficace.

Nous allons donc effectuer 6 solutions de 500 mL, en respectant les ratios molaires de Fe/P
suivant : 0 ; 0,3 ; 0,6 ; 1,2 ; 1,8 ; 2,4.

Sachant que :

𝑉(𝑃) = 500 𝑚𝐿

𝐶𝑚(𝑃) = 5𝑚𝑔/𝑙 = 5 × 10−3 𝑔/𝑙

𝐶𝑚(𝐹𝑒𝐶𝑙3) = 10𝑔/𝑙

𝑀(𝑃) = 31𝑔/𝑚𝑜𝑙

𝑀(𝐹𝑒𝐶𝑙3) = 55,8 + 3 × 35,5 = 162,3𝑔/𝑚𝑜𝑙

On cherche d’abord le nombre de mol de phosphate:

(𝐶𝑚 (𝐹𝑒𝐶𝑙3) × 𝑉) ÷ 𝑀 (𝐹𝑒𝐶𝑙3)


= 0,3
(𝐶𝑚 (𝑃) × 𝑉) ÷ 𝑀 (𝑃)

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𝐶𝑚 (𝐹𝑒𝐶𝑙3) × 𝑉
= 0,3
𝑛(𝑃) × 𝑀(𝐹𝑒𝐶𝑙3)

𝑛(𝑃) × 𝑀(𝐹𝑒𝐶𝑙3)
𝑉 = 0,3 ×
𝐶𝑚(𝐹𝑒𝐶𝑙3)

𝑚 2,5
𝑛(𝑃) = = = 8,06 × 10−2 𝑚o𝑙
𝑀 31

𝐶1 × 𝑉1  =  𝐶2 × 𝑉2
(𝐶2 × 𝑉2)
𝑉1  =  
𝐶1

𝑭𝒆 (8,06 × 10−2 × 162,3)


= 𝟎, 𝟑 → 𝑉(𝐹𝑒) = 0,3 × = 𝟑𝟗𝟐 µ𝑳
𝑷 10

𝑭𝒆 (8,06 × 10−2 × 162,3)


= 𝟎, 𝟔 → 𝑉(𝐹𝑒) = 0,6 × = 𝟕𝟖𝟓 µ𝑳
𝑷 10

𝑭𝒆 (8,06 × 10−2 × 162,3)


= 𝟏, 𝟐 → 𝑉(𝐹𝑒) = 1,2 × = 𝟏, 𝟓𝟕𝟎 𝒎𝐋
𝑷 10

𝑭𝒆 (8,06 × 10−2 × 162,3)


= 𝟏, 𝟖 → 𝑉(𝐹𝑒) = 1,8 × = 𝟐, 𝟑𝟓𝟓 𝒎𝑳
𝑷 10

𝑭𝒆 (8,06 × 10−2 × 162,3)


= 𝟐, 𝟒 → 𝑉(𝐹𝑒) = 2,4 × = 𝟑, 𝟏𝟒𝟎 𝒎𝑳
𝑷 10

Pour plus de simplicité, nous avons ajouté respectivement : 390 µL, 785 µL, 1,6 mL, 2,4 mL et
3,1 mL.

Après avoir introduit nos différents volumes de FeCl3 dans nos béchers, ils sont placés sur un
floculateur pour être agités rapidement durant une minute, puis plus doucement durant les
deux minutes qui suivent. L’agitation est ensuite stoppée durant 10 minutes.

Durant l’agitation, les phosphate et les ions fer à l’état liquide s’agrègent sous forme solide
afin de former des flocs en suspension dans nos solutions. Ce sont du FePO4, de
l’orthophosphate de fer.

𝐹𝑒 3+ (𝑙) + 𝑃𝑂43− (𝑙) ↔ 𝐹𝑒𝑃𝑂4 (𝑠)

L’attente de 10 minutes permet aux flocs de décanter au fond de nos bécher, ainsi notre
phosphate est éliminé, ou réduit en fonction du taux d’élimination, au niveau de la couche
supérieure de nos solutions.

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Puis nous procédons au prélèvement du surnageant de nos 6 solutions afin d’effectuer le


dosage des phosphate restés en suspension. On ne prélève que sur les quelques millimètres
de la couche surfacique afin d’obtenir un minimum de flocs encore en suspension dans la
solution, et afin de ne pas avoir à filtrer nos échantillons avant la mesure des phosphate.

2. Mesure des phosphate

Pour mesurer les phosphate dans nos 6 solutions, nous avons utilisé la micro-méthode
colorimétrique à l’aide du Spectroquant 14848, un kit prêt à l’emploi adéquat à une gamme
de 0,05 à 5 mg/L de phosphate.

Le mode opératoire de la mesure de phosphate est le suivant : 5 gouttes d’un premier


mélange liquide (P-2K) sont ajoutées dans notre tube de 5 ml d’échantillon, puis on mélange
le tout. Puis une cuillère rase d’un second mélange solide (P-3K) est ajoutée, ce qui, après un
mélange vigoureux, va donner une couleur bleue à notre solution.

On attend 5 minutes avant de faire la mesure de phosphate, et simultanément, on effectue


la mesure de pH pour chacun de nos échantillons. On obtient les résultats ci-dessous :

Rapport molaire Fe/P pH Phosphate mg/l Élimination %


0 7,7 4,93
0,3 7,37 4,87 1,2
0,6 7,03 4,37 11,4
1,2 6,66 2,38 51,7
1,8 6,36 1,01 79,5
2,4 6,17 0,53 89,3

4,93𝑚𝑔/𝑙 → 100 % 𝑃𝑂4−

4,37𝑚𝑔/𝑙 → 𝑥

(4,87 × 100)
𝑥=
4,93

𝑥 = 1,2 % 𝑑 ′ é𝑙𝑖𝑚𝑖𝑛𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑃𝑂4−

Nous avons calculé le pourcentage d’élimination des phosphate à partir du rapport molaire
égal à 0. En effet, s’il n’y a pas de FeCl3 ajouté, la concentration en Phosphate est égale à a
concentration initiale.

On a ensuite tracé le graphique du rendement d’élimination des phosphate et la variation de


pH en fonction du rapport molaire Fe/P pour pouvoir déterminer le rapport molaire qui
permettra la meilleure élimination des phosphate.

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Grâce à ce graphique, on remarque que le rendement d’élimination des phosphate augmente


quand le rapport molaire Fe/P augmente aussi. Plus le rapport molaire est grand, plus la
dégradation des phosphate est importante, elle atteint ainsi 90% pour un rapport molaire de
2,4.
On observe donc que c’est le rapport molaire de 2,4 qui permet la meilleure élimination des
phosphate.

On voit également sur ce graphique la variation du pH des solutions en fonction des différents
rapports molaires. On voit que plus le rapport molaire Fe/P est grand, plus le pH diminue.
L’ajout de fer dans les solutions a pour impact de faire diminuer le pH des solutions.

Nous allons maintenant chercher à déterminer le pH optimal pour que l’élimination des
phosphate soit la meilleure possible.

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Jar-test : recherche du pH optimal


1. Préparation des solutions
Nous allons maintenant reproduire la manipulation, mais nous ne cherchons plus à trouver la
dose de Fe/P optimale, mais à trouver le pH optimal pour effectuer l’expérience.
Nous avons donc gardé le même ratio molaire de Fe/P mais nous avons fait varier le pH entre
les différentes solutions.

Nous allons ajouter 3,1 mL de FeCl3 dans chacun des 6 béchers afin de respecter le ratio
d’élimination des phosphates le plus optimal, qui est Fe/P = 2,4 comme vu dans la partie
précédente.
Pour faire tester la variation du pH, nous plaçons respectivement chaque solution à des pH
de 4,5,6,7,8 et 9 après ajout du FeCl3.

Or nous avons observé que lors de l’ajout de 3,1 mL de FeCl3, pour respecter le rapport Fe/P
= 2,4, le pH diminuait de 1,5. Nous avons dû prendre cela en compte pour la stabilisation des
pH avant ajout du FeCl3. Nous avons donc essayé d’approcher au mieux ces valeurs à l’aide
de HCl et de NaOH.

Les pH obtenus après ajout du FeCl3 sont listés dans le tableau ci-dessous.

pH voulu pH obtenu
4 4,37
5 5,25
6 6,02
7 6,9
8 8,05
9 8,84

De la même manière que dans la manipulation précédente, nous avons placé ces solutions
sur un floculateur pour être agités rapidement durant une minute, puis plus doucement
durant les deux minutes qui suivent. L’agitation est ensuite stoppée durant 10 minutes pour
laisser décanter les flocs qui se sont formés.

2. Mesure des phosphates


Pour mesurer les phosphate, le même appareil et le même mode opératoire ont été utilisés.
Les deux produits sont donc introduits dans notre tube d’échantillon, on mélange
vigoureusement puis on attend 5 minutes avant de pouvoir mesurer le phosphate de nos
solutions.

Les données brutes des concentrations en phosphate et des pourcentages d’élimination sont
présentés dans le tableau ci-dessous.

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pH Phosphate mg/l % élimination

4,37 1,08 78
5,25 0,63 87
6,02 0,47 90,5
6,9 0,71 85,6
8,05 1,07 78,3
8,84 0,99 79,1

On observe que le taux d’élimination des phosphates le plus élevé est pour le pH de 6, suivis
des pH 5 et 7. Les résultats sont tout de même assez proches, donc il ne faut pas tirer de
conclusion trop vite sur la meilleure efficacité du pH 6.

On trace ensuite le graphique du rendement d’élimination des phosphates en fonction du


pH.

On voit grâce à ce graphique que l’élimination des phosphates et maximale (90.5%) pour un
pH = 6, mais qu’elle dépasse les 85% pour des pH compris entre 5 et 7.

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Questions :
1. Le ratio Fe/P expérimental est-il proche du ratio théorique ?
D’après l’équation de précipitation des phosphate par FeCl3, 𝐹𝑒 3+ (𝑙) + 𝑃𝑂43− (𝑙) ↔
𝐹𝑒𝑃𝑂4 (𝑠), une mole de 𝐹𝑒 3+ et une mole de 𝑃𝑂43− réagissent pour former une mole de
𝐹𝑒𝑃𝑂4. Ainsi le rapport Fe/P théorique est égal à 1.

Lors de ce TP, nous avons déterminer que le rapport molaire Fe/P permettant d’éliminer le
plus efficacement les phosphate était de 2,4.

On considère le facteur 2,4 comme étant très élevé, les rapports molaires théorique et
expérimental sont éloignés, on peut expliquer ces différences par des réactions parasites
ayant lieu lors de la réaction.

2. Quelles sont les réactions parasites qui peuvent se produire ?


Comme expérimentalement, le rapport molaire Fe/P est plus élevé que théoriquement, cela
veut dire que les ions Fe3+ font une réaction. On imagine qu’ils réagissent avec l’eau.

(𝐻2 0 → 𝐻 + + 𝑂𝐻 − ) × 3

𝐹𝑒𝐶𝑙3 → 𝐹𝑒 3+ + 3𝐶𝑙 −

𝐹𝑒𝐶𝑙3 + 3𝐻2 0 → 𝐹𝑒(𝑂𝐻)3 + 3 (𝐻 + + 𝐶𝑙 -)

Cette réaction avec l’eau consomme des FeCl3 qui ne peuvent plus réagir avec les phosphate
pour les éliminer. C’est pourquoi dans la pratique, il est indispensable d’introduire plus de
FeCl3 qu’il n’y a de phosphate pour avoir un rendement d’élimination correct.

3. Estimez la production de boues à la dose optimale de FeCl3


D’après l’équation 𝐹𝑒 3+ (𝑙) + 𝑃𝑂43− (𝑙) ↔ 𝐹𝑒𝑃𝑂4 (𝑠), le nombre de mole de phosphate qui
va être consommée est égal au nombre de mole de 𝐹𝑒𝑃𝑂4 qui va être produite. La production
de boue est égale à la masse de 𝐹𝑒𝑃𝑂4 créée.
Ainsi :
Nombre de mole de 𝑃𝑂43− au départ – nombre de mole à la fin de la réaction = nombre de
mole consommée = nombre de mole de 𝐹𝑒𝑃𝑂4
On commence par chercher le nombre de 𝑃𝑂43− au début :
𝑚(𝑃) 2.5 ∗ 10−3
𝑛(𝑃) = = = 8.06 ∗ 10−5 𝑚𝑜𝑙
𝑀(𝑃) 31

Dans les meilleures conditions expérimentales, nous avons obtenu une concentration finale
en 𝑃𝑂43− étant égale à 0.47 mg/L.
Concentration massique = concentration molaire * masse molaire
𝐶𝑜𝑛𝑐𝑒𝑛𝑡𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑚𝑎𝑠𝑠𝑖𝑞𝑢𝑒 (0.47∗10−3 )
→ 𝐶𝑜𝑛𝑐𝑒𝑛𝑡𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑚𝑜𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒 = 𝑀𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑚𝑜𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒
= 31
= 1.52 ∗ 10−5 mol/l

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Maintenant, on cherche le nombre de mole de 𝑃𝑂43− restant à la fin de l’expérience :


𝑛 = 𝐶 ∗ 𝑉 = 1.52 ∗ 10−5 ∗ 500 ∗ 10−3 = 7.6 ∗ 10−6 𝑚𝑜𝑙

On peut maintenant calculer le nombre de mole ayant été consommée durant la réaction :
n(𝑃𝑂43− consommé = 8.06 ∗ 10−5 − 7.6 ∗ 10−6 = 7.3 ∗ 10−5 𝑚𝑜𝑙

Comme une mole de 𝑃𝑂43− réagit pour former 1 mole de 𝐹𝑒𝑃𝑂4, on a nombre de mole de
𝐹𝑒𝑃𝑂4 𝑓𝑜𝑟𝑚é = 7.3 ∗ 10−5 𝑚𝑜𝑙

On va calculer la masse de 𝐹𝑒𝑃𝑂4 produite :

𝑚(𝐹𝑒𝑃𝑂4) = 𝑛(𝐹𝑒𝑃𝑂4)/𝑀(𝐹𝑒𝑃𝑂4 ) = 7.3 ∗ 10−5 ∗ 150.8 = 11 𝑚𝑔

Ainsi, lors de notre expérience qui a eu le meilleur rendement d’élimination des phosphate
grâce à la dose optimale de FeCl3, nous avons produit 11mg de boue.

4. Conclure sur la déphosphatation physico-chimique

La déphosphatation physico-chimique permet d’éliminer une grande proportion de


phosphate et donc de rendre à l’environnement une eau de meilleure qualité et éviter
l’eutrophisation des milieux à risque.
En revanche la déphosphatation physico-chimique consomme une grande proportion de
réactifs et notamment de chlorure de fer (FeCl3), ce qui a un coût pour les stations
d’épuration. L’utilisation de chlorure de fer fait diminuer le pH qui doit donc être surveillé et
contrôlé régulièrement.
De plus la réaction de déphosphatation physico-chimique produit de la boue qui doit être
évacuée et éliminée, ce qui rajoute un coût à la STEP.

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