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29/01/2020

Le savoir dans les sociétés antiques


Dans les sociétés antiques où l’on voit apparaitre les premières écoles, la scolarité
commence dès l'âge de 7 ans.
Cette scolarité est divisée en 3 temps :
1) Une formation des élèves auprès de maîtres spécialisés, comprenant l’apprentissage
de la lecture, de l’écriture, on apprend également à compter... Ce sont les savoirs
basiques qui sont transmis au cours de cette période que l’on appellerait aujourd’hui
enseignement primaire.
2) Un enseignement littéraire, que l’on pourrait aujourd’hui qualifier d’enseignement
secondaire. Cet enseignement se base surtout sur les ouvrages d’Homère, notamment
à travers l’Iliade et l’Odyssée. Ces livres représentaient en quelque sorte la Bible des
grecs. Sur la base de ces ouvrages, on inculquait des connaissances quant à la
civilisation, à la culture et à la religion. Les valeurs littéraires étaient également
esthétiques, liées à l’art.
3) Le troisième temps d’étude est la découverte de la rhétorique, c’est-à-dire l'art du
discours. Platon se moque des sophistes qui sont des maîtres de l’art des discours.
Dans la société grecque antique, la rhétorique, ainsi que le goût de l’art et des lettres,
sont réservés à l'aristocratie, à des propriétaires terriens. Le modèle moral de cette
culture est l'art, la belle vie. C’est une société de loisirs. Cependant, il faut aussi être
citoyen et participer aux décisions politiques de la cité. Le pouvoir est directement
exercé par les citoyens, sans représentant ni parlement. Pour être citoyen, il faut être
capable de tenir un discours, d’où la nécessité de maîtriser l’éloquence. Ce sont
essentiellement des jeunes citoyens grecs masculins qui apprennent la rhétorique. La
rhétorique implique la connaissance de la grammaire, de la poésie, il ne s’agit donc pas
seulement d’un art. La rhétorique est également la capacité à plaider sur la loi (ce serait
le rôle du juriste aujourd’hui).
Ce sont des sociétés constituées sur des lois humaines et la rhétorique aide à interpréter
la loi.
La société grecque repose donc sur trois types de savoir : élémentaire, littérature (culture
générale) et culture de la rhétorique. Le modèle culturel greco-latin va être la matrice du
modèle culturel européen (exemple : classicisme). Mais aujourd'hui nous ne sommes plus
dans ce modèle-là. Par exemple, nous n’avons plus d’esclavage, mais du salariat. Il va y avoir
une grande transformation du modèle occidental avec une fusion entre la culture et la science.
Dans le monde grec, on était soit dans la culture de l’art et des lettres, soit dans la culture
technique. Le travail ne pouvait pas être la culture, ni inversement. Aujourd’hui, c’est ce qui
oppose les théories appliquées et fondamentales. Depuis la révolution scientifique et
technique du XVIIe siècle, il va y avoir une grande transformation. La distinction entre culture
et technologie va être complètement transformée. Dans la société moderne, il y a eu une
disparition de la séparation entre la culture technologique et la culture scientifique et morale.
Savoir et saveur
La culture devient un élément du travail. Il subsiste un conflit entre les études
appliquées et les études fondamentales. Ce modèle scolaire impliquait un certain système de
valeurs et une certaine organisation de la société.
Le savoir ne s’acquiert plus par loisir mais par obligation. Il est instrumentalisé par la
production et en devient moins savoureux. Le savoir est savoureux car il permet l’éducation à
un certain art de vivre, mais son instrumentalisation nous prive de plaisir.
De ce point de vue-là, le savoir est ambiguë. Il peut être une jouissance comme une
souffrance. Ça ne peut pas être totalement un plaisir, car c'est sous condition de quelque
chose. Le savoir est ambivalent car il peut être une forme d'émancipation, mais en même
temps il est instrumentalisé dans la société comme un instrument de coercition, de pouvoir,
d'utilité.
Selon Platon, trois éléments mènent à la passion :
- La recherche du plaisir ;
- Le pouvoir politique (c’est-à-dire le pouvoir de dominer) ;
- La passion du savoir (St Augustin approfondit cette idée en reprenant Platon).
La quête du savoir peut lutter contre la souffrance de vivre. Il y a dans la recherche du
savoir une inquiétude, on se soucie de la vérité des choses du monde. La quête du savoir peut
être une façon de répondre à une certaine détresse. Le savoir prend un sens plus fort, prend
le sens d'une connaissance. Les enseignants ont un passion de la science et du savoir en tant
que tel.
Par ailleurs, les êtres humains ne sont pas tous en quête de savoir. Tout le monde ne veut
pas savoir car le savoir donne à voir une réalité sous un éclairage qui n'est pas heureux, le
savoir peut être une cause de tristesse. L'être humain redoute la connaissance de certaines
choses. Il peut donc y avoir une passion de l'ignorance.
Savoirs institutionnalisés et spontanés
On peut hiérarchiser le savoir. Tous les savoirs ne sont pas enseignés à l’école : il y a des
savoirs institutionnels et des savoirs spontanés (par exemple, la cuisine : on peut faire une
école hôtelière ou apprendre la cuisine chez nous de façon spontanée). Il y a une différence
entre le savoir spontané (tout le monde peut plus ou moins savoir) et le savoir institué (il est
plus construit, organisé et exclusive). Le savoir reconnu, légitimé dépend toujours du système
scolaire. Le savoir institutionnel est sous l’autorité des institutions (par exemple : pour
travailler dans un restaurant en tant que cuisinier, il faut un diplôme, alors si on veut faire un
repas chez nous il n’y en a pas besoin).
La différence entre savoir spontané et institutionnel repose dans ce degré de
formalisation. Le savoir spontané n'est pas forcément rigoureux : il y a beaucoup de vécu,
d'émotion, de circonstances d'existence, de hasard… On reçoit les choses dans le savoir
spontané, il peut être organisé, mais ce n’est pas nécessaire. Le savoir institué, quant à lui, est
tout de suite organisé.
Le savoir spontané est lié au gens que l'on a fréquenté (à des habitudes, à l'éducation que
l'on reçoit au quotidien, à l'habitus). Il est ainsi lié au milieu social et culturel dans lequel on a
grandi. Le savoir spontané peut être utile, mais pas transposable. Face au savoir spontané, il
peut y avoir aussi beaucoup de croyances (par exemple : on nous dit qu’il faut manger
beaucoup de viande car c’est bon pour la santé, certaines personnes vont y croire alors que
ce n'est pas forcément vrai), alors que dans le savoir institué on nous amène l'information
autrement (par exemple : il faut manger des protéines qui nous donnent de l'énergie...)
Les connaissances institutionnelles doivent être prouvées, argumentées, rigoureuses. La
science est une forme de savoir vérifiable liée à l'expérimentation. On doit aussi pouvoir
mesurer la dimension du phénomène à travers des calculs, la science va essayer de résoudre
rigoureusement les faits donc le savoir institué prend comme modèle la science qui est
organisé, rigoureuse et vérifiable. Donc le savoir peut être quelque chose d'utile, de libérateur
mais aussi aliénant, un instrument de domination.
Le savoir spontané n'est pas forcément organisé, il est fait de beaucoup de croyances, pas
vraiment rigoureuses. Il est mélangé d'opinions et les connaissances sont souvent informelles,
pas organisées, très subjectives : elles ont donc une valeur limitée, elles ne peuvent pas être
généralisées, explicitées. En revanche, à l'école ce n'est pas comme ça. On nous explique les
choses, on les organise, on les rend accessible. C’est un ensemble organisé, ordonné de
connaissances théoriques et pratiques. Elles sont donc le contraire, en un certain sens, des
croyances qui existent dans le savoir spontané. Le savoir institué est plus rigoureux car il est
construit sur des observations, des processus rigoureux. Les savoirs rigoureux remettent en
cause nos croyances d'un savoir spontané. Les deux savoirs peuvent converger mais aussi
diverger.
La science la plus formelle est celle des mathématiques. On mesure le degré de rigueur par
rapport à son degré mathématisable. On considère qu’un savoir est d'autant plus rigoureux à
partir du moment où il est calculable. La science rend calculable la réalité. Elle cherche à
donner des explications et tente d’établir des règles, des lois constantes.

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