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I. Anatomie de la bouche
A. La cavité buccale
Elle est le premier segment du tube digestif limitée en avant par les lèvres, latéralement par
les joues, en haut par le palais dur, en bas par le plancher buccal et en arrière par
l’oropharynx.
Les arcades dentaires divisent la cavité buccale en 2 parties :
L’une périphérique : le vestibule buccal,
L’autre centrale : la cavité buccale proprement dite contenant la langue mobile
En dehors de celles-ci, avec l’ostium du canal de STENON, la joue se poursuit en haut et en
bas par le vestibule, en avant par les faces internes des lèvres et l’orifice buccal.
En dedans des arcades on a :
Le palais osseux auquel fait suite le voile en haut et en arrière.
Le plancher buccal en bas (plancher antérieur et plancher postérieur)
Le frein lingual
L’ostium du canal de WARTHON
La langue avec ses portions fixe et mobile.
Les dents implantées sur les os maxillaires et mandibulaire avec les mouvements de l’ATM
assurent les différentes fonctions de : mastication, déglutition, phonation, respiration, ainsi
que l’esthétique (pour les dents antérieures).
Ensemble avec le parodonte ils constituent l’organe dentaire. 1
Figure 1 : Schéma représentant l’anatomie de la bouche2
2. LE PARODONTE :
Le parodonte est formé par quatre éléments : la gencive, le desmodonte, le cément et l'os
alvéolaire. Il est considéré comme l'appareil de soutien de la dent.
Le desmodonte, encore appelé ligament alvéolo-dentaire, permet d'unir le cément radiculaire
à l'os alvéolaire. Ces fibres jouent un rôle d'amortisseur pour la dent.
Le cément, est une substance ostéoïde recouvrant la dentine radiculaire. Il sert d'ancrage aux
fibres du ligament alvéolo-dentaire.
L'os alvéolaire est un os spongieux, entouré de deux corticales. Cet os alvéolaire dépend de la
présence ou non des dents, si celles-ci disparaissent il se résorbe, on dit souvent qu'il « naît et
meurt » avec elles.3
II. La maladie carieuse
A. DEFINTION:
La carie est une maladie infectieuse multifactorielle, chronique, caractérisée par la
destruction localisée des tissus dentaires par les acides produits par la fermentation
bactérienne des glucides dentaires.
B. ETIOPATHOGENIE
1. ETIOLOGIE
Actuellement, il est parfaitement établi que l'étiologie de la carie est multiple. Il est
nécessaire que 4 facteurs interviennent simultanément pour que la carie puisse se
développer. Trois de ces facteurs ont été décrits par Keyes. Son schéma illustre les
paramètres intervenant dans l'étiologie de la carie par des cercles dont l'intersection
(c.à.d. quand les trois conditions de survenue sont combinées) correspond à l'apparition
de la carie. Un quatrième facteur a été ajouté par König au diagramme de Keyes. Ces 4
facteurs sont l'hôte, la microflore, l'alimentation et le temps4
a) D’ordre général
1. L’ethnie (la race) : la sensibilité de chaque à la carie dentaire ne peut être
démontrée en raison d’une hybridation importante .5
2. L’hérédité : Généralement, on hérite génétiquement d’un terrain permettant à
certains de résister à la carie mieux que d’autres.6
3. L’âge : Les jeunes sont plus sujets à la carie car les dents sont relativement peu
minéralisées
Il existerait trois périodes critiques pour l’apparition de la carie :
- A environ 7 ans, pour la carie coronaire de la denture lactéale ;
- A environ 14 ans, pour la carie coronaire de la denture permanente ;
- Vers 30-40 ans pour la carie radiculaire. 7 8
4. Le sexe : Les femmes seraient plus sensibles à la carie que les hommes notamment
en période de grossesse où on observe des modifications hormonales.9
5. L’alimentation : La carie est liée à la civilisation moderne. Les facteurs alimentaires
sont responsables de la carie:
Le type d’aliments : L’alimentation riche en protides et en lipides protègent de
la carie, alors que les glucides sous toutes ses formes (sucre, amidon, farines de
céréales) sont les aliments les plus cariogènes
La consistance des aliments : Plus les glucides sont contenus dans une
substance molle (miel, caramel), plus ils collent aux dents, ce qui augmente la
cariogénie.
Les vitamines : Les avitaminoses D, B6, C (scorbut) entraînent une
augmentation du taux de carie.101112
6. Les maladies générales : Elles ne sont pas directement responsables de la carie mais
elles ont une action indirecte : par exemple le diabète sucré entraîne un taux anormal de
sucre, ce qui favorise l’apparition de caries. Certaines maladies ou certains traitements
médicamenteux peuvent entraîner une hyposialie ou asialie, ce qui fragilise les dents,
d’où augmentation des caries
7. Les facteurs socio-économiques : L’ignorance et le manque de sensibilisation de
certaines couches défavorisées de la population aboutissent à un manque flagrant
d’hygiène buccodentaire13
b) D’ordre local
Hote (dent)
Au niveau de l’organe dentaire plusieurs facteurs peuvent favoriser l’apparition de
caries. Certains sont exogenes comme de multiples obturations deja presentes en
bouche, les restaurations defectueuses, les bagues orthodontiques etc. ; d’autres sont
endogenes comme la morphologie dentaire avec des sillons profonds, les malpositions
dentaires, les rotations, etc
Bactéries
Certaines bactéries de la plaque comme les Streptococcus mutants et les Lactobacilles
sont acidogenes . N’importe lequel des glucides fermentescibles, le glucose, le
saccharose, le fructose ou l’amidon sous la forme raffinee, peut etre metabolise par ces
bacteries. Les Streptococcus mutans ont ete isoles Premier par Clark en 1924 et ont
longtemps ete consideres comme le facteur etiologique majeur de la carie dentaire . De
nombreuses etudes ont verifie la correlation existant entre le taux de Streptococcus
mutans en bouche et la prevalence carieuse . Le saccharose facilite l’implantation des
bacteries cariogenes dans la cavite buccale et engendre une augmentation du nombre de
Streptococcus mutans ausein de l’ecosysteme buccal .
Alimentation
Même si tous les sucres n’induisent pas le même risque carieux (le saccharose est
considéré comme le plus cariogène des sucres assimilables), il est à présent admis que
n’importe quel glucide fermentescible est susceptible d’induire des caries. Pendant
longtemps, les amidons étaient considérés comme non cariogènes. Si ceci est vrai
lorsqu’ils sont crus, cela ne l’est pas lorsqu’ils sont cuits. Ainsi l’amidon cuit (biscottes,
chips, etc.) est à l’origine de la formation de caries et en conséquence, les aliments
composés d’amidon et de saccharose (céréales par exemple) sont plus cariogènes que
ceux composent de saccharose seul
Le temps
En ce qui concerne le facteur temps, plus l’aliment cariogène séjourné longtemps en
bouche, plus les probabilités de développement rapide de la carie dentaire sont
augmentées. Les aliments les plus cariogènes sont donc les aliments sucres collants
dont le temps en bouche et au contact des dents est allonge (exemple des caramels). Le
facteur temps est donc intimement lie à la texture des aliments. La fréquence de
consommation est un facteur plus important que la quantité ingérée. La répétition des
prises alimentaires entraine une acidité continue en bouche avec le maintien d’un pH
buccal au-dessous du seuil critique. Ceci empêche l’action des systèmes tampons
salivaires, s’oppose au potentiel de reminéralisation des ions salivaires et favorise le
développement de bactéries cariogènes au sein de la plaque dentaire. Le grignotage ou
vagabondage alimentaire est donc délétère pour la santé buccodentaire1415
C. CLASSIFICATION
1. CLASSIFICATION SELON GREEN VARDIMAN BLACK
(1904)
La classification de Black a longtemps été la référence. Elle est faite pour les caries et
les autres pertes de substance (ex : fractures). Elle ne se limite pas à̀ la lésion carieuse.
Elle s’effectue selon le site topographique sans préjuger de la forme ni de la dimension
de la perte de substance : sa classification permet juste de comprendre le point de départ
de la lésion carieuse.
Elle est également couramment utilisée pour désigner les préparations et les
restaurations de ces pertes de substance. Elle comprend 5 classes numérotées en
chiffres romains (I à V).
• Les caries de Classe I sont les caries des sillons anatomiques des couronnes dentaires
: tous les sillons sur toutes les dents (sillons occlusaux des molaires et prémolaires,
sillons vestibulaires et linguaux des molaires et sillons palatins des incisives et canines)
Les caries de classe II et III intéressent les faces proximales des dents :
• Classe II pour les molaires et prémolaires (dents postérieures)
• Classe III pour les incisives et canines (dents antérieures)
• SITE 2 : concerne les zones de contact interproximal de toutes les dents (remplace les
classes II et III de Black)
• SITE 3 : concerne le tiers cervical de la couronne ou la racine en cas de récession
parodontale (remplace la cavité V de Black)
I. La maladie parodontale
A. DÉFINITION
Les maladies parodontales ou parodontopathies peuvent être définies comme des
maladies infectieuses multifactorielles. Elles sont caractérisées par des symptômes et
signes cliniques qui peuvent inclure une inflammation visible ou non, des saignements
gingivaux spontanés ou provoqués d’importance variable, la formation de poches en
rapport avec des pertes d'attache et d'os alvéolaire, une mobilité dentaire et peuvent
conduire à des pertes de dents.
Des indices cliniques et/ou épidémiologiques spécifiques ont été définis pour évaluer le
degré d'inflammation, la présence de plaque, la présence de tartre, le niveau de
l'attache clinique, les mesures de profondeur de poches. Ce sont principalement :
Les indices d'hygiène : l'indice d'hygiène buccale de Greene et Vermillion, l'indice
de plaque de Silness et Löe (PI), l'indice de plaque de O'Leary, l'indice de tartre de
Marthaler (CI).
Les indices d'inflammation : l'indice gingival de Löe et Silness (GI), l'indice de
saignement parodontal (SBI), l'indice PMA de Massler.
Les indices de besoins en traitement : l'indice parodontal des besoins de
traitement(PTNS), l'indice communautaire des besoins en soins parodontaux
(CPITN) ; cetindice est actuellement utilisé pour les enquêtes épidémiologiques, les
projets de santépublique et la promotion de la santé parodontale.
D. PATHOGENIE
1. Concept initial
Notre conception de l’origine et de l’évolution des maladies parodontales repose sur des
découvertes et des théories établies depuis le milieu des années 60.
Des premières études chez l’homme et l’animal ont mis en évidence à cette époque, le rôle
clé des bactéries dans l’initiation de la gingivite et de la parodontite. La plaque bactérienne se
révélait alors être le facteur direct et primaire à l’origine de la parodontite, éliminant ainsi
d’autres facteurs comme le trauma occlusal ou les conditions systémiques.
À la même époque Keyes et Jordan (1964) démontrèrent que la maladie parodontale pouvait
être transmise chez le hamster (en contaminant un animal sain avec de la plaque bactérienne
prélevée sur un animal malade). Puis la différenciation de la flore prélevée sur des sites
parodontaux sains de celle prélevée dans des poches profondes par Socransky et son équipe,
caractérisa « l’âge d’or de la microbiologie buccale ».
Enfin, dans les années 90, seules quelques bactéries furent identifiées comme pathogènes,
responsables des destructions parodontales, sur plus de 500 espèces rencontrées dans la cavité
buccale, entre autres Actinobacillus (aujourd’hui renommée Aggregatibacter)
Actinomycetemcomitans (Aa) et Porphyromonas gingivalis
(Pg). Des bactéries spécifiques gram négatives anaérobies étaient donc directement
incriminées.
3
Rappels de chirurgie dentaire [GROSSESSE ET CHIRURGIE DENTAIRE _ quelle prise en charge pour nos patientes _]
disponible sur http://chirdent.univlille.fr/fileadmin/user_upload/These/2017/Grossesse/co/01_RappelChirurgieDentaire.html
consulté le 31/12/2022
4
: étiologie de la maladie carieuse disponible sur https://cdn.website-editor.net/50befd41f5384db9b59f3b7296cd351f/files/
uploaded/ETIOLOGIE%2520DE%2520LA%2520LE%25CC%2581SION%2520CARIEUSE.50copies.pdf consulté le
01/01/2023
5
Recherches ethnologiques et statistiques sur les altérations du système dentaire
[Article] Magitot Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris
Disponible sur https://www.persee.fr/doc/bmsap_0301-8644_1867_num_2_1_4281 consulté le 08/01/2023
6
Risque élevé de carie dentaire.... Une affaire génétique ? https://www.orthodiet.org/fr/risque-eleve-de-caries-dentaires-
affaire-de-genetique Consulté le 08/01/2023
7
ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE DE LA CARIE DENTAIRE EN MILIEU SCOLAIRE A KATI (BILAN CAO, co ET
FREQUENCE GLOBALE) disponible sur http://www.santetropicale.com/Resume/14508.pdf consulté le 09/01/2023
8
Article original PREVALENCE DE LA CARIE DENTAIRE EN MILIEU SCOLAIRE DANS LE NORD-OUEST DE LA
COTE D’IVOIRE K.J. YAO, N.A. N’DA, N.M. KOFFI Med. Trop.2001 ; 61 : 148-152
9
BESOIN D'UNE SENSIBILISATION ORIENTEE EN SOINS DENTAIRES A YAOUNDE BENGONDO CH.* NGOA
S.** BENGONO G.* disponible sur http://www.santetropicale.com/Resume/39508.pdf consulté le 09/01/2023
10
[Article] Etiologie et prévention de la carie rapport d’un groupe scientifique de l’oms organisation mondiale de la santé
geneve 1972
11
Le rôle de l'alimentation dans la santé bucco-dentaire Fanny Galmiche disponible sur https://hal.univ-lorraine.fr/hal-
01739082/ consulté le 21/01/2023
12
[Article] Alimentation et carie dentaire : notes critiques par L.-M. SANDOZ
13
PSYCHOSOCIAL AND ECONOMIC STATUS OF THE PARENTS WITH CHILDREN WITH AND WITHOUT
TOOTH TRAUMAPsychiatria Danubina, 2016; Vol. 28, No. 4, pp 428-433 © Medicinska naklada - Zagreb, Croatia
14
Impact du xylitol sur le risque carieux - implications militaires article in Médecine et Armées · January 2010 disponible
sur https://www.researchgate.net/publication/235943546 consulté le 08/01/2023
15
Odontologie [23-010-A-30] Étiologie de la carie Michèle Muller : Maître de conférences des Universités
Département de santé publique France Laurence Lupi : Attaché hospitalo-universitaire Jean-René Jasmin : Professeur des
Universités, département d'odontologie pédiatrique Marc Bolla : Professeur des Universités, département de sciences
anatomiques Laboratoire de biomatériaux dentaires et d'odontologie expérimentale, faculté de chirurgie dentaire de Nice,
avenue Joseph-Vallot, 06108 Nice cedex 02 France
16
: Schéma de KEYES modifié par Newbrun revu par Reisne et Douglas disponible sur
https://www.researchgate.net/figure/Schema-de-KEYES-modifie-par-Newbrun-revu-par-Reisne-et-Douglas-
6_fig1_235943546 consulté le 08/01/2023
17
Auteur, d’aprés « International Workshop fort a classification of periodontal diseases and conditions », 1999
18
Classifications des lésions carieuses. De Black au concept actuel par sites et stades J.-J. Lasfargues, J.-J. Louis, R. Kaleka
EMC 23-069-A-10
19
PARODONTOPATHIES : DIAGNOSTIC ET TRAITEMENTS ANAES / Service des recommandations et références
professionnelles Mai 2002
20
Atlas de parodontogie les gingivites AICHA BENKAMOUCHE -BETCHEIN
21
Maladies gingivales induites par la plaque Dental plaque-induced gingival diseases F. Boschin (Assistant des Universités)
a, H. Boutigny (Maître de Conférences des Universités, praticien hospitalier) a,*, E. Delcourt-Debruyne (Professeur des
Universités, praticien hospitalier) a Sous-section de parodontologie, Faculté d’odontologie de Lille, Université « Droit et
Santé » de Lille II,
Place de Verdun, 59000 Lille, France
22
American academy of periodontology, « The American academy of periodontology 1996 annual report ».
23
Auteur, d’aprés « International Workshop fort a classification of periodontal diseases and conditions »,
24
Armitage, « Development of classification system for periodontal diseases and conditions », 1999
25
Parodontie : le rôle de l’inflammation Reconsidérer l’apparition et l’évolution des maladies parodontales Rubrique Gepi
coordonnée par C. et P. Mattout disponible sur https://www.gepi-mattout.com/wp-content/uploads/2016/10/Le-role-de-
linflammation-2009.pdf consulté le 16/01/2023