Vous êtes sur la page 1sur 4

Au nom d'Allah, le Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Eclaircissement sur une fatwa traitant la mourabaha de haram et de


ruse cachant le riba
Question:

Nous voudrions avoir un éclaircissement sur cette fatwa, qu'Allah vous


récompense.
Réponse:
Louanges à Allah, le seigneur des mondes, paix et bénédiction d'Allah sur
son Messager envoyé en guise de miséricorde pour l'univers, ainsi que sa
famille et ses compagnons.

1 sur 4
Avant de répondre, je pense qu'il est important de placer l'élément en
question dans l'ensemble duquel il est tiré que vous trouverez à travers
ce lien:
https://web.facebook.com/100063749490716/posts/623543129780665/?flite=scwspnss&_r
dc=1&_rdr

La définition donnée à la mourabaha dans ce post dit «qu'elle s'appuie


sur l'idée que la banque achète le bien ou le service, le revend
directement (sans même le posséder) à son client à un prix plus élevé».
Avant de discuter le jugement traitant la mourabaha de haram, c'est
cette conception qu'il faut discuter. En effet nous sommes d'accord que
la mourabaha dans laquelle la banque vend la marchandise sans la
posséder est illicite, et il y a malheureusement des cas où c'est
effectivement ce qui se fait dans la pratique. Mais dans la mourabaha
jugée licite par la majorité des ulémas, la banque ne revend la
marchandise qu'après l'avoir acquise et réceptionnée et dans ce cas on
ne doit pas parler de vendre sans posséder.
La fatwa est basée sur l'idée selon laquelle «au moment où la banque
conclut le contrat de vente avec son client, elle n'est pas propriétaire de
la maison, elle procède donc à la vente de ce dont elle n'a pas la
propriété». C'est vrai qu'au moment de la demande et de la promesse,
l'IFI n'est pas propriétaire, mais ce n'est pas à ce moment que la
marchandise est vendue au client. La marchandise est plutôt vendue au
demandeur après que l'IFI acquiert sa propriété et elle assume ainsi
toute la responsabilité d'un propriétaire vendeur.
Le hadith de Hakim Ibn Hizam cité pour argument prouve effectivement
l'interdiction de la vente d'une marchandise qui vous est demandée mais
que vous n'avez pas. Cependant, on déduit aussi du même hadith qu'une
fois que le vendeur acquiert la marchandise et la possède, il peut la
vendre au demandeur, puis que dans ce cas, il ne vend pas ce qu'il n'a
pas, mais ce qu'il a, or la raison de l'interdiction c'est le fait que le
vendeur vende ce qu'il n'a pas.
La mourabaha est traitée de ruse cachant un prêt à intérêt du fait que la
banque n'achète pas cette marchandise parce qu'elle en a besoin et
pour en devenir propriétaire, mais pour vendre! Ici, il faut souligner que
de la même façon qu'il est permis d'acheter pour son propre besoin, il
est aussi permis d'acheter pour vendre et c'est ce que font les
2 sur 4
commerçants en général. Le fait que l'acquisition de la marchandise par
la banque ne se fait que sur demande n'est pas une raison pour
l'assimiler au prêt à intérêt, car dans la mourabaha, la banque doit
assumer la responsabilité liée à la détention de la marchandise avant sa
revente et celle liée aux vices cachés qui pourraient être découverts
après la revente.
Notons que Cheik Fawzan auquel la fatwa est attribuée – qu'Allah le
protège - est un savant saoudien respectable. Il parait qu'il fait partie des
savants qui jugent la mourabaha illicite. En effet la licéité de la
mourabaha avec ordre d'achat ne fait pas l'unanimité des jurisconsultes.
Il y a une minorité qui ne l'approuve pas. Mais la majorité des
jurisconsultes la jugent licite, si les conditions de la vente sont
respectées. C'est le cas notamment de:
- l'Académie Internationale du Fiqh Islamique (résolution numéro
40-41) qui a dit: «la vente par mourabaha au donneur d'ordre
d'achat est licite lorsqu'elle porte sur une marchandise déjà
entrée en possession du vendeur et réceptionnée conformément
à la charia, à condition que le vendeur assume le risque de la
perte avant la livraison, et les conséquences du retour de la
marchandise pour cause de défectuosité non apparente et autres
raisons semblables qui justifient le renvoi de la marchandise après
livraison et pourvu que soient réunies les conditions de la vente et
en l'absence de tout empêchement».
- La Comité Permanent des Recherches Scientifiques et de la
Délivrance des Fatwas (en Arabie Saoudite) qui dit (Fatwa n° 2020,
vol: 13, p. 153): «Si un homme demande à un autre de lui acheter
un véhicule spécifié ou décrit précisément et promet de l'acheter
une fois acquis par son interlocuteur et si ce dernier achète le
véhicule et le réceptionne, il est permis dès lors à celui qui l'a fait
commander de l'acheter soit au comptant ou par tranches, quitte
à concéder un bénéfice déterminé. Cette opération ne consiste
pas à vendre ce que l'on ne possède pas car celui auquel on fait
commander une marchandise ne la revend qu'après l'avoir
achetée et réceptionnée. Il n'a pas à la vendre à son ami, par
exemple, avant de l'acheter ou après l'avoir achetée sans la
réceptionner car le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) a

3 sur 4
interdit la vente de marchandise immédiatement après leur achat
et avant que les commerçants ne les réceptionnent».
J'ai cité ces deux instance de fatwa à titre d'exemple, sinon la liste est
très longue.
Pour conclure, retenons que la mourabaha est une vente, or la vente est
autorisée par Allah: ﴾Allah a rendu licite le commerce et a interdit le
riba﴿ (Sourate Al-Baqara: 275). Si les conditions de la vente sont
respectées du point de vue charaïque, dont l'acquisition et la réception
de la marchandise par la banque, elle est licite et n'est pas une ruse
pour arriver au prêt à intérêt.
ALLAH EST LE PLUS SAVANT
Ecrit par Zabeirou Mahamadou
A Niamey, le 23 Janvier 2023

4 sur 4

Vous aimerez peut-être aussi