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Introduction
La finance islamique est née en tant que concept financier structuré dans les années
70. L’industrie de la finance islamique est présente actuellement dans plus de 75
pays, et pèse à fin 2013 plus de 1.800 milliards de dollars d’actifs1. Elle est en
progression annuelle à deux chiffres.
Source : http://www.courrierinternational.com/article/2012/05/03/l-egypte-flirte-avec-la-finance-islamique
De ce fait, les instruments utilisés par les banques islamiques présentent des
caractéristiques particulières. Ils peuvent être classés soit en instruments participatifs
soit en instruments de financement.
1
Source : Standards and Poor’s
3
Les instruments participatifs : Moudaraba (commandite) et Moucharaka
(association).
Les instruments de financement : Mourabaha (financement commercial),
Salam (financement agricole), Istisnaa (financement industriel), Ijara (location
avec ou sans option d’achat).
Ces spécificités ont poussé quelques banques islamiques, sous la direction de la BID
(Banque Islamique de Développement)2, à fonder en mars 1991 une organisation à
but non lucratif chargée de développer des normes comptables, d’audit et d’éthique
sous l’appellation FAS (Financial Accounting Standards) : Accounting and Auditing
Organization for Islamic Financial Institutions – AAOIFI ; trad. Organisation de la
Comptabilité et d’Audit des Institutions Financières Islamiques - OCAIFI).
Cette organisation, actuellement opérationnelle est sise à Bahreïn, elle est composée
d’un comité de supervision et d’un conseil des normes comptables chargés de
préparer, publier et amender les normes comptables des banques et institutions
financières islamiques.
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http://www.isdb.org
3
http://www.aossg.org
4
http://www.aossg.org/docs/Publications/AOSSG_MENA_Islamic_Finance_Survey%20Fin
dings_Nov_2013.pdf
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Chapitre 1
Les fondements de la finance islamique
1. La loi islamique ou « Charia »
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2. Les Principes de la Finance Islamique
D’un point de vue étymologique, le mot riba vient du verbe arabe « raba » & « arba »
qui signifie augmenter et faire accroître une chose à partir d'elle-même.
Le terme « Riba » désigne, dans le droit musulman, tout avantage ou surplus perçu
par l'un des contractants sans aucune contrepartie acceptable et légitime du point de
vue de la Charia. Le Riba est interdit par le Coran :
Riba-Al-fadl : il s’agit de tout surplus concret perçu lors d'un échange direct
entre deux choses de même nature qui se vendent au poids ou à la mesure.
Riba-Annassia : c’est le surplus perçu lors de l'acquittement d'un dû, dont le
paiement a été posé comme condition de façon explicite ou implicite dans le
contrat, en raison du délai accordé pour le règlement différé. Ce type de riba
est le plus répandu dans la société, notamment à travers les crédits, les prêts et
les placements proposés par les établissements bancaires classiques.
5
Sourate Al Bakara
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description etc.). Le Gharar peut donc être plus largement défini comme la vente de
biens dont l'existence et les caractéristiques ne sont pas certaines. On parle de Gharar
dans les cas suivants :
lorsque la vente porte sur une marchandise qui n'est pas déterminée de façon
précise,
lorsque la transaction est conclue sans que le prix de la marchandise ne soit
fixé de façon claire,
lorsque la transaction porte sur une marchandise déterminée que le vendeur ne
possède pas encore,
lorsque le transfert de propriété est conditionné par un évènement hasardeux.
Dans le même ordre d'idées, la Charia a interdit les transactions basées sur
le Quimar (pari) et/ou le Mayssir (spéculation). Etymologiquement, le Mayssir est un
jeu de hasard, dans le domaine économique, il désigne toute forme de contrat dans
lequel le droit des parties contractantes dépend d'un événement aléatoire.
L'interdiction du Haram signifie que le musulman ne peut commercer avec des biens
jugés illicites par la Charia. Ainsi, les jeux de hasard, les activités en relation avec
l’alcool, avec l’élevage porcin ou encore avec les activités liées à la pornographie
constituent des secteurs d’investissement prohibés dans l’Islam.
2.4. Le principe de Partage des Pertes et Profits (PPP/3P) ou Profit & Loss
Sharing (PLS)
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2.5. L' «Asset Backing »
L' « Asset Backing » ou adossement à un actif tangible, est l'un des principes qui font
de la Finance Islamique une finance reconnue pour son potentiel en termes de
stabilité et de maîtrise des risques. En effet, exiger que tout contrat soit rattaché a une
activité « palpable » rassure notamment quant aux problématiques de déconnexion de
la sphère financière par rapport à la sphère réelle.
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la banque islamique ne Si la banque
prête pas de l’argent à ses traditionnelle octroie un prêt,
clients mais établit avec le elle le transfère sur le
client un partenariat compte de son client et se
commercial qui peut prendre rémunère avec un intérêt.
Comptes différentes formes.
courants
Dans le cas ou le client
de la banque souhaite un prêt
pour une raison urgente
(mariage, décès), la banque
passe par un compte spécial et
ne prélève pas d’intérêt. En
arabe, ces prêts se nomment
Quard Hassan.
Moudaraba (commandite),
et Moucharaka (association).
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Chapitre 2
AAOIFI : l’organisation de la normalisation
comptable et les autres normalisateurs de la
Finance Islamique
A cette date, il n’existe aucune référence dans les normes IFRS pour traduire
comptablement certaines transactions des produits financiers islamiques qui se
distinguent, comme expliqué ci-dessus, des produits financiers conventionnels tant au
niveau de leurs structuration, que de leurs objectifs.
L’AAOIFI est une organisation internationale indépendante à but non lucratif. Elle a
pour mission l’élaboration et la publication des normes pour les institutions
financières islamiques, qu’il s’agisse des normes comptables et d'audit, ou des
normes de gouvernance et d'éthique, ou enfin des normes de la Charia.
L’AAOIFI a été fondée par cinq membres : l’Islamic Development Bank (IDB), les
banques Dallah Al Baraka, Dar Al Mal Al Islami, Al Rajhi Bank, et Kuwait Finance
Bank. Le dernier membre à avoir rejoint le groupe des membres fondateurs est la
Fondation malaise Al Bukhary en 2005.
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assurer la formation de cadres opérant dans le secteur de la finance islamique,
par le biais de la délivrance de deux certificats professionnels : le CIPA
(Certified Islamic Professional Accountant) et le CSAA (Certified Sharia’s
Advisor and Auditor) ;
se rapprocher des organismes de réglementation, des institutions financières
islamiques, des cabinets comptables et d’audit et des autres institutions
financières qui offrent des services financiers afin de mettre en place des
normes comptables et d'audit, ainsi que des états et des guides d’application
pour le secteur bancaire, et pour le secteur des assurances des institutions
financières islamiques6.
L'Assemblée générale se réunit au moins une fois par an, à l'invitation du président
du conseil d'administration, ou à la demande de 25 % des membres qui ont le droit de
vote.
6
www.aaoifi.com
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disposition des sources de financement pour l’AAOIFI et l’investissement de
ses ressources ;
nomination de deux membres parmi les membres du Conseil d'administration
au Comité exécutif ;
nomination du Secrétaire général.
Le Conseil Charia (Shari’a Board) est composé des membres nommés par le
conseil d'administration pour un mandat de quatre ans. Les membres ainsi nommés
sont choisis parmi les savants du fiqh qui représentent les conseils de surveillance de
la Charia dans les institutions financières islamiques membres de l’AAOIFI. Le
Conseil Charia a pour fonctions :
Le Conseil des normes (Accounting and Auditing Standards Board) est composé
de vingt membres à temps partiel et qui sont nommés par le conseil d'administration
pour un mandat de cinq ans. Le Conseil des normes a pour objectif d’:
élaborer, adapter et interpréter les états comptables et d'audit, les normes et les
lignes directrices pour les institutions financières islamiques ;
élaborer et adopter un code de déontologie et des normes éducatives liées aux
activités des institutions financières islamiques.
préparer et adopter la procédure régulière pour l'élaboration de normes.
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Le Conseil des normes se réunit au moins deux fois par an, et ses résolutions sont
adoptées à la majorité des voix des membres votants. En cas d'égalité des voix, le
président du Conseil des normes a voix prépondérante.
Les normes publiées par l’AAOIFI concernent aussi bien les volets Charia, que le
volet comptable, d’audit, de gouvernance, et de déontologie.
D’une manière générale, l'AAOIFI essaie de se conformer autant que faire se peut
aux normes IFRS (International Financial Reporting Standards) afin d'être en
adéquation avec les normes comptables internationales, et ce tant que les normes
IFRS ne s’inscrivent pas en opposition ouverte par rapport aux principes mêmes de la
Charia. Dans ce cas, l'AAOIFI adopte ses propres standards.
Les normes comptables publiées par l'AAOIFI sont les « Financial Accounting
Standards for Islamic Financial Institutions» (FAS).
Les FAS de l’AAOIFI publiées à date d’aujourd’hui, sont au nombre de 26, détaillées
dans le tableau ci-après.
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N° de la norme Titre de la norme
FAS 1 Les obligations de présentation et d’information des
états financiers des IFI
FAS 2 La Mourabaha et la Mourabaha avec ordre d'achat
FAS 3 Le financement par Moudaraba
FAS 4 Le financement par Moucharaka
FAS 5 L’information relative à la distribution des bénéfices
entre les actionnaires et les comptes d’investissement
FAS 6 Les droits des comptes d’investissements
FAS 7 Le Salam et le Salam parallèle
FAS 8 L’Ijara et l’Ijara avec option d’achat
FAS 9 La Zakat
FAS 10 L’Istisnaa et l’Istisnaa parallèle
FAS 11 Les provisions et les réserves
FAS 12 Les obligations de présentation et d’information des
états financiers des compagnies d’assurance
islamiques
FAS 13 Présentation des bases de fixation et d’allocation des
surplus des compagnies d’assurance islamiques.
FAS 14 Les fonds d’investissement
FAS 15 Les provisions et les réserves des compagnies
d’assurance islamique
FAS 16 Les transactions et opérations en monnaie étrangère
FAS 17 Les investissements
FAS 18 Les services financiers des banques islamiques
présentés par les banques traditionnelles
FAS 19 Les participations dans les compagnies d’assurance
islamiques
FAS 20 La vente à terme
FAS 21 L’information relative à la transformation des actifs
FAS 22 L’information sectorielle
FAS 23 La consolidation des états financiers
FAS 24 Les investissements dans les sociétés liées
FAS 25 Les investissements dans les Sukuks, les actions et
les instruments assimilés
FAS 26 Les immeubles de placement
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3.2. Les normes d’audit
Il s’agit des normes qui fixent les lignes directrices d’une mission d’audit externe
dans les IFI. Ce sont des normes qui aident l’auditeur à exprimer une opinion sur les
états financiers, afin de déterminer s’ils ont été établis conformément aux règles de la
Charia et aux principes et normes comptables de l’AAOIFI.
Dans un environnement financier islamique, un audit est conçu pour fournir une
assurance raisonnable (reasonable assurance) sur le fait que les états financiers pris
dans leur ensemble sont exempts d'anomalies significatives. Une assurance est dite
raisonnable lorsque l’auditeur s’assure que les opérations examinées lors de la
vérification sont conformes aux règles et principes de la Charia telles qu’elles sont
définies par le Conseil de surveillance de Charia (SSB).
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Il faut le distinguer des SAB (Shari’a Advisory Board) qui sont des comités ayant pour
fonction l’émission de fatwas sans pour autant exercer un contrôle pour s’assurer de la
conformité de l’institution financière aux principes de la Charia.
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L'auditeur doit donc connaître les règles et les principes de la Charia, sans fournir une
interprétation de ces règles et principes. Les fatwas, les décisions et les orientations
fournies par la SSB forment la base de vérification qui permet à l’auditeur d’estimer
le degré de respect des règles et principes de la Charia par les IFI.
Il s’agit des lignes directrices qui assurent le respect de la Charia et fixent les
processus de supervision interne et le cadre de contrôle pour les institutions
financières islamiques.
4. AAOIFI vs IASB
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Les normes AAOIFI ont été élaborées et publiées pour deux raisons principales :
parce que les normes IFRS / IASB ne peuvent toutes être adoptées par les
institutions financières islamiques (IFI), en raison des problèmes de conformité
par rapport à la Charia ou parce que les normes IFRS / IASB ne couvrent pas
entièrement les caractéristiques des IFI.
Exemple: IAS 18 (Revenu), IAS 23 (Coûts des emprunts).
Outre l’AAOIFI, il existe plusieurs autres normalisateurs qui peuvent être également
associés à l’industrie de la finance islamique.
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5.1. Le Malaysian Accounting Standard Board (MASB)8
Le MASB a fait le constat que la plupart des concepts comptables classiques et les
principes comptables généralement admis pouvaient être appliqués aux opérations de
la finance islamique mais avec des informations supplémentaires pour expliquer les
particularités des transactions islamiques. En effet, même la norme MASB i-1 (FRS
i-1) était en grande partie une répétition des dispositions de la norme FRS 101 :
« Présentation des états financiers », et FRS 108 :« Méthodes comptables,
changements d'estimations comptables et erreurs ».
8
Voir : http://www.masb.org.my
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5.2. L’Indonesian Accounting Institute (IAI)9
Basée à Jeddah, l’IIFA est un Shari’a Board qui regroupe des juristes musulmans
membres de l’Organisation de la Conférence Islamique.
Elle a pour rôle d’étudier et de formuler des avis juridiques (Fatwas) ayant pour
objectif de servir de position commune en matière d’économie, de finance et de
Banque. L’IIFA regroupe en son sein, des juristes musulmans particulièrement versés
dans le domaine des transactions et fortement impliqués dans des problématiques
économiques ou financières contemporaines.
9
http://www.iaiglobal.or.id/
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De nombreuses institutions financières islamiques font généralement appel à l’IIFA
par l’intermédiaire de leur Shari’a Board afin de s’assurer de la cohérence de leurs
règles de fonctionnement avec celles édictées par l’IIFA.
Basé à Kuala Lumpur depuis 2002, l’IFSB est un organisme regroupant les banques
centrales, les autorités monétaires ainsi que diverses organisations actives dans le
domaine de la régulation et la supervision des institutions agissant dans la sphère de
la Finance Islamique. L’ISFB a pour rôle de mettre en place un corpus de standards et
de bonnes pratiques qui viendraient en complément des règles de surveillance
édictées par le Comité de Bâle, les organisations internationales de contrôles des
activités de marchés (IOSC) et d’assurance (IAIS).
Le LMC a été créé en 2002 pour faciliter la mise en place d’un marché monétaire
interbancaire qui permettra aux institutions islamiques de gérer leur liquidité de façon
dynamique. Cette institution avait également comme objectif de réfléchir à la mise en
place d’un marché secondaire via lequel les institutions islamiques pourraient réaliser
des opérations de trésorerie de court terme Shari’a Compliant.
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Aujourd’hui, le LMC travaille à l’unification des règles de fonctionnement des
marchés financiers islamiques et à la création de marchés secondaires, de marchés
OTC, etc...
Etabli à Dubaï depuis 2005, ce centre joue le rôle de médiateur, mais statue
également sur les litiges qui opposent institutions financières islamiques nationales,
régionales et internationales.
Par le biais de toutes ces institutions réunies, la Finance Islamique est devenue, au fil
des années un acteur majeur dans la sphère financière mondiale.
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Chapitre 3
Le cadre conceptuel
Le normalisateur AAOIFI a prévu un cadre conceptuel qui fixe le cadre global des
aspects comptables de la finance dans un environnement islamique : les objectifs, la
mission, les utilisateurs, les principes…
les actionnaires ;
les déposants détenteurs de comptes d’investissement ou comptes Moudaraba ;
les détenteurs de comptes courants ou de comptes d’épargne ;
les institutions de la Zakat ;
et enfin les autorités de tutelle (banque centrale, régulateurs, conseil de la
concurrence…)
Les états financiers des IFI doivent comprendre des informations sur :
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3. Principes comptables
Les hypothèses comptables de base pour l’élaboration des états de synthèse sont au
nombre de quatre :
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Convention de la périodicité : les états financiers sont établis selon une
périodicité qui permet de renseigner sur les droits des différentes parties liées.
La périodicité adéquate à chaque entité comptable pour l’établissement de ses
états financiers est librement déterminée par elle, sans que toutefois, cette
périodicité excède l’année civile ou lunaire, et ce pour les besoins de calcul et
de paiement de la Zakat.
La fiabilité : une information est réputée fiable si elle répond aux critères
suivants :
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L’objectivité : l’objectivité est atteinte si les méthodes utilisées pour
l’évaluation, la comptabilisation et l’information aboutissent à des
résultats que des personnes indépendantes peuvent vérifier.
La neutralité : les informations contenues dans les états financiers doivent
être choisies et présentées sans parti pris.
Pour que l’information comptable soit pertinente et fiable, et qu’elle reflète l’image
fidèle qui est l’objectif des états financiers, certaines contraintes sont à prendre en
considération. Les normes AAOIFI retiennent trois contraintes :
4. Méthodes d’évaluation
le coût historique,
la juste valeur,
et la valeur probable de réalisation.
L’AAOIFI reste assez souple sur l’aspect de l’évaluation des différents éléments
d’actifs et de passif et se contente de préciser que l’entité a la liberté de choisir la
valeur de comptabilisation qui est à même de servir les principes comptables fixés par
le cadre conceptuel (pertinence, exhaustivité, image fidèle…).
Toutefois, l’AAOIFI prévoit que l’évaluation des investissements effectués par les
IFI dans le cadre de leurs fonctions en tant que gestionnaire des fonds
(commissionnaire ou moudarib) qui lui sont remis par le client, doit s’effectuer selon
la valeur probable de réalisation et non selon le coût historique.
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Chapitre 4
Mourabaha et Mourabaha avec ordre d'achat
Les opérations Mourabaha et Mourabaha avec ordre d’achat sont traitées par la
norme FAS 2 « Mourabaha et Mourabaha avec ordre d’achat ». Cette norme établit
les règles comptables conformes à la Charia concernant le processus de la Mourabaha
et de la Mourabaha avec ordre d’achat. Elle vise la comptabilisation, la mesure et la
communication des transactions relatives à la Mourabaha et la Mourabaha avec ordre
d’achat effectuées par les banques et institutions financières islamiques.
1. Définition
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Source : http://www.institut-numerique.org
La Mourabaha avec ordre d’achat diffère de la Mourabaha simple sur un seul point.
En effet, dans une opération de Mourabaha avec ordre d’achat c’est le client qui
demande à la banque d’acheter le bien, et s’engage à l’acquérir, alors que dans une
opération de Mouarabaha simple, la banque possède déjà le bien et le vend au client
qui en exprime le souhait. La Mourabaha avec ordre d’achat peut elle-même être
scindée en deux cas, avec obligation d’acquisition pour le client ou sans obligation
d’acquisition.
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Dans la pratique, c’est l’opération Mourabaha avec ordre d’achat qui est la plus
utilisée.
Nous avons clairement expliqué ci-avant que l’opération Mourabaha peut être
fondamentalement assimilée à une opération de négoce.
Le principe en FI est que l’on ne peut vendre ce que l’on ne possède pas et la vente
d’un bien non possédé fait partie des ventes avec incertitude (ventes interdites en FI).
Cette possession par la banque doit donc être traduite correctement au niveau des
comptes comptables.
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La norme FAS 2 préconise de comptabiliser l’acquisition les biens qui feront l’objet
d’un contrat Mourabaha au coût historique.
Si le contrat de vente final est conclu effectivement, le dépôt de garantie peut être soit
transformé en avance ou acompte, soit restitué en totalité au client.
le dépôt de garantie est remis à la banque en tant que dépôt dans un compte
courant ;
le dépôt de garantie est remis avec possibilité d’être utilisé par la banque dans
des investissements ou placements en attente de la conclusion du contrat de
vente finale. Dans ce dernier cas, un contrat Moudaraba est conclu entre la
banque et le client (ce cas de figure sera abordé lors du chapitre relatif à la
comptabilisation de l’opération Moudaraba).
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Comptes à débiter Comptes à créditer
Comptes de trésorerie Dépôts de garantie contrat Mourabaha
(CB)
ou
Fonds d’investissement Moudaraba
(CB)
Cette vérification est à effectuer aussi bien pour les comptes de stocks que pour les
créances clients Mourabaha.
Au moment de la vente
*pour la partie du profit qui ne concerne pas l’exercice (différence entre le prix de
vente de la banque et son prix d’acquisition étalé sur la durée du contrat).
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Encaissement de chaque tranche (exercices ultérieurs)
Comptes à débiter Comptes à créditer
Comptes de trésorerie Créances clients Mourabaha
Dans le cas d’une opération Mourabaha avec ordre d’achat et promesse de vente
ferme, le dépôt de garantie versé à la banque lors de la conclusion de la promesse de
vente reste acquis à la banque si le client se désengage.
Toutefois, la banque n’est habilitée à prélever sur le montant dudit dépôt de garantie,
que la quote-part des frais qu’elle a engagés pour l’acquisition du bien objet du
contrat, et la mise en place du contrat Mourabaha (frais d’étude, de contrôle,
d’enregistrement…).
La différence entre les frais engagés par la banque et le montant du dépôt de garantie
versé par le client (en cas de différence positive) est restituée au client. Si cette
différence est négative (les frais engagés par la banque sont d’un montant supérieur
au dépôt de garantie), la banque enregistre une créance vis-à-vis du client qui s’est
rétracté.
Le dépôt de garantie suffit à couvrir les charges déjà engagées par la banque ou
lui est supérieur.
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Comptes à débiter Comptes à créditer
*pour la part du dépôt de garantie qui excède les charges engagées par la banque.
Le dépôt de garantie ne suffit pas à couvrir les charges de la banque ou lui est
supérieur.
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4.1. Le recouvrement des créances Mourabaha
Dans les contrats de crédit conventionnel, il est usuel que les pénalités et intérêts de
retard, soient considérés comme des produits bancaires à part entière. Il n’en est pas
de même en FI qui :
40
En cas de recouvrement des créances en souffrance, le client est de bonne foi
41
4.2. L’escompte
Le 1er janvier 2017, le client connaît des difficultés de trésorerie liées à la perte d’un
contrat important, il ne peut donc honorer ses engagements vis-à-vis de la banque.
42
Ecritures comptables
Acquisition
Journal
Date Comptes Débit Crédit
15/12/2014 Stocks Mourabaha 180 000
Arrêté de l’exercice
Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2014 DEP stocks Mourabaha 10 000
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NB : le profit constaté d’avance durant l’année n relatif au financement Mourabaha
est calculé comme suit :
Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/01/2015 Comptes de trésorerie 3 333,33
Clients Mourabaha 3 333,33
Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2016 Produits constatés d’avance Mourabaha 10 000
Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/01/2017 Créances Mourabaha en souffrance 150 000
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En janvier 2017 :
Sur les 50 000 dhs de profit total constaté, la banque a déjà enregistré 2 années de
profit (2015 et 2016), il lui reste 3 années à encaisser soit 30 000 dhs, de même elle a
encaissé 24 mensualités en ce qui concerne les créances clients (3 333,33 x 24
= 80 000), il lui reste à encaisser 120 000 dhs, donc le total de la perte à subir par la
banque est de : 120 000 + 30 000 = 150 000 dhs.
45
Chapitre 5
Comptabilité Moudaraba
1. Définition
Une transaction Moudaraba est un partenariat dans lequel une ou plusieurs parties
(Rab al Mal ou sahib al mal) fournit (ou fournissent) le capital (al mal), à une autre
partie (le Moudarib) qui fournit la main-d'œuvre, l'expertise de gestion ou
l'entrepreneuriat.
Source :http://www.institut-numerique.org/wp-content/uploads/2013/10/Contrat-de-
Moudaraba.png
La Moudaraba est un partenariat à but lucratif entre le capital et le travail. Il est établi
entre les titulaires de comptes d'investissement considérés comme «des bailleurs de
fonds ou rab al mal» et la banque islamique considérée comme un «moudarib».
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La caractéristique distinctive de toute opération Moudaraba est que:
Un contrat Moudaraba peut également être conclu entre la banque islamique, en tant
que « bailleur de fonds », en son nom ou au nom des titulaires des comptes
d’investissements, et d’autres parties (propriétaires entreprises et autres artisans,
agriculteurs, commerçants, etc...). La Moudaraba diffère de la spéculation qui
comprend un élément d’incertitude.
2. Classification
Exemple : Si Rab al mal (RM) a investi 200 000 dhs, avec Moudarib (MU) avec un
ratio de partage des profits de 70/30 (70% pour RM et 30% pour MU), et si les
résultats de l'investissement sont un profit de 80,000 dhs, le MU obtiendra 30%, soit
24 000 dhs (30% x 80 000 dhs) et le Rab al Mal obtiendra 56 000 dhs (70% x 80 000
dhs).
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Toutefois, si l'investissement a entraîné une perte de 80 000 dhs, alors toute cette
perte sera supportée par le rab al mal. Le Moudarib perd son travail, si et seulement
s’il n'a pas été négligent.
Exemple : 2 Rabs al Mal investissent 200 000 dhs dans un fonds Moudaraba. RM1
investit 40 000 dhs et RM2 160 000 dhs (quote part 20/80). L'accord de partage des
bénéfices entre le rab al mal et le moudarib est de 70/30.
Si le fond réalise un bénéfice de 80 000 dhs, le moudarib obtient (30% x 80 000
dhs), soit 24 000 dhs et les 2 rab al mal se partageront 56 000 dhs. Ce montant est
alloué entre RM1 et RM2 en proportion de leur investissement en capital soit 11 200
dhs pour RM1 (20%) et 44 800 dhs pour RM2 (80%).
Si le résultat est une perte est de 40 000 dhs, le RM1 supporte 8 000 dhs de pertes et
RM2 supporte 32 000 dhs de pertes. Le moudarib perd son travail, s’il n'a pas été
négligent.
Exemple : Rab Al Mal (RM) fournit un capital de 100 000 dhs au Moudarib (MU1)
avec un ratio de partage de 70%/30%. Celui-ci remet à son tour au Moudarib 2
(MU2) la totalité du capital avec un taux de participation aux bénéfices de 60%/40%.
Si l'entreprise réalise un profit de 50 000 dhs, alors MU2 obtient 40% de revenus soit
20 000 dhs (50 000 x 0,4).
Sur les 30 000 dhs restants seront partagés entre MU1 et RM avec un ratio de partage
70% /30%. MU1 obtient 30% x30 000, soit 9 000 dhs et le RM obtient 70%x 30 000,
soit 21 000 dhs.
48
Toutefois, si les résultats de l'investissement sont une perte de 30 000 dhs, cette perte
est supportée par le rab al mal RM.
3. Comptabilisation
C’est les normes FAS 3 et FAS 6 qui traitent des règles de comptabilisation des
opérations de Moudaraba. La norme FAS 3 traite du cas où la banque est Rab al Mal,
et remet à une personne tierce (le Moudarib) les fonds pour les besoins
49
d’investissement. La norme FAS 6 traite du cas où la banque reçoit les fonds
d’investissement de ses clients et est considérée comme le Moudarib.
D’une manière courante, une opération Moudaraba passe par trois phases distinctes :
En mode de financement, il est admis que les fonds Moudaraba ou capital Moudaraba
soit remis au Moudarib en numéraires ou par apport en nature.
Remarque :
Si le capital Moudaraba est versé par tranches, chaque tranche est considérée
comme capital lorsqu’elle est payée.
Si le paiement du capital Moudaraba est conditionné par la survenance d'un
événement futur ou retardé jusqu’à une date ultérieure, le contrat Moudaraba
ne prend effet que lorsque le capital est effectivement versé au Moudarib.
50
1er cas : juste valeur = valeur nette comptable
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Comptes de financement Moudaraba Stocks (pour solde du compte)
(CB)
Et
Provisions dépréciation des stocks
(pour solde du compte)
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3ème cas : juste valeur < valeur comptable
52
Ecritures comptables
Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/01/2014 Comptes de financement Moudaraba 500 000
Pertes/ actifs remis Moudaraba 100 000
L’apport des titulaires des comptes d’investissement non restreints est enregistré dans
les comptes de la banque au coût historique à la réception des fonds. Les comptes
d’investissement non restreints sont enregistrés en hors bilan.
53
3.2. Arrêté comptable (évaluation du capital Moudaraba)
A la fin de chaque exercice social, les capitaux inscrits dans les comptes de
financement Moudaraba doivent être évalués pour s’assurer ou non de leur
dépréciation. Plusieurs cas peuvent se présenter :
si une perte partielle du capital est constatée avant la date d’effet du contrat
Moudaraba, deux cas se présentent :
54
3.2.2. La banque est le Moudarib
Si la banque est le Moudarib, elle ne constate dans ses comptes aucune perte tant
qu’elle n’est pas responsable de la perte des capitaux qui lui ont été confiés.
Dans ce cas les pertes et profits (la part de la banque) doivent être reconnus au cours
du même exercice social.
Dans ce cas la banque ne constate aucune perte dans ses comptes, et le Moudarib
garantit le capital perdu, et est tenu de verser l’intégralité du capital Moudaraba perdu
par sa faute à la banque.
56
Mais dans la pratique, les comptes d’investissements de la banque sont mélangés
avec ses propres comptes courants, et donc la banque est à la fois Moudarib et à la
fois Rab al Mal.
La banque constate alors dans ses comptes la part des bénéfices qui lui revient et une
créance à verser aux titulaires des comptes pour la part des bénéfices qui leur revient.
En cas de perte sur les comptes d’investissement, la banque (Moudarib) effectue une
compensation entre les pertes et les profits antérieurs non distribués, et opère ensuite
une compensation avec les provisions constituées antérieurement pour risque
d’investissement le cas échéant, si les profits antérieurs non distribués sont
insuffisants pour absorber les pertes).
Par ce choix, l’AAOIFI introduit une cinquième classe de bilan, outre les
quatre classes généralement admises et reconnues en environnement
comptable classique, qui sont : les comptes d’actif immobilisé, les comptes de
capitaux propres, les comptes de dettes et de créance et les comptes de
trésorerie.
58
Chapitre 6
Les opérations Moucharaka
Le traitement comptable des opérations Moucharaka a fait l’objet de la norme FAS 4
« Financement Moucharaka ». Cette norme fournit les règles concernant le processus
comptable lié à la Moucharaka. Elle vise la comptabilisation, la mesure et la
communication des opérations relatives à la Moucharaka effectuées par les banques
et institutions financières islamiques.
La norme FAS 4 ne traite pas de la comptabilisation des opérations portant sur les
titres de participation, les valeurs mobilières, les opérations de fusion et la
consolidation des comptes.
1. Définition
Pour BAM, On entend par Moucharaka « tout contrat ayant pour objet la prise de
participation, par un établissement de crédit, dans le capital d’une société existante ou
en création, en vue de réaliser un profit ».
59
Source : http://www.institut-numerique.org/ii1-les-produits-de-financement-
participatif-5266b925e6e65
2. Classification
Les participations de type Moucharaka ne peuvent être prises que dans des sociétés
de capitaux : S.A (Société Anonyme), S.A.R.L (Société À Responsabilité Limitée),
S.C.A (Société en Commandite par Actions), S.A.S (Société Anonyme Simplifiée).
60
3. Traitement comptable
la conclusion du contrat,
l’arrêté comptable,
et le dénouement du contrat.
Les apports dans une opération de financement Moucharaka peuvent être effectuées
soient en numéraires soient en nature. Dans le cas d’un apport en nature, les biens
sont évalués à leur juste valeur et non pas à leur valeur nette comptable.
61
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Comptes de financement Moucharaka Stocks (pour solde du compte)
(CB)
Et
Provisions pour dépréciation des
stocks (pour solde du compte)
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Comptes de financement Moucharaka Stocks (pour solde du compte)
(CB) Et
Et Gains/apports financement
Provisions pour dépréciation des Moucharaka* (CR)
stocks (pour solde du compte)
63
Juste valeur de la part vendue > coût historique de ladite part
Remarque : si l’autre partie n’a pas versé à la banque sa part dans l’opération
Moucharaka, il est alors constaté une créance envers l’associé.
La part de la BI dans les profits ou les pertes est évaluée à la fin de chaque exercice
comptable même si le contrat Moucharaka est conclu sur plus d'un exercice
comptable. On distingue trois cas de figure :
64
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Comptes d’associés, dividendes à Gains d’investissements/comptes de
verser sur opérations Moucharaka* financement Moucharaka (CR)
(CB)
*on constate une créance vis-à-vis de l’associé si ce dernier n’a pas versé à la
banque sa part du bénéfice.
Dans ce cas, c’est l’associé qui supporte la perte et elle est inscrite comme créance à
son encontre.
Exemple : Faiçal Bank (FB) décide de s’associer avec la banque Dallah Al Baraka
(DAB) pour importer des grues destinées au secteur du BTP. Ces grues de fabrication
allemande, dernière génération, seront revendues dans un pays arabe. Début mars
2014, FB apporte 40% des fonds requis pour cette acquisition et DAB les 60%
restants.
65
Le 15 mars 2014, FB et DAB achètent lesdites grues à un coût global de 1Mdhs, elles
les revendent le 30 avril 2014 à 1,2 Mdhs.
Le 2 mai 2014, DAB verse à FB sa part des bénéfices réalisés de cette opération
Moucharaka.
Dénouement Moucharaka
Journal
Date Comptes Débit Crédit
15/03/2014 Stocks 1 000 000
Distribution quote-part
Journal
Date Comptes Débit Crédit
02/05/2014 Gains/opérations Moucharaka 80 000
Dénouement Moucharaka
Journal
Date Comptes Débit Crédit
02/05/2014 Comptes de trésorerie 80 000
67
Chapitre 7
Les opérations Salam et Salam parallèle
C’est la norme FAS 7 qui aborde le traitement comptable des opérations Salam et
Salam parallèle. Cette norme établit les règles comptables de constatation
(comptabilisation), de mesure et de communication (divulgation) liées aux opérations
de financement basé sur le Salam effectuées par les banques et les institutions
financières islamiques.
1. Définition
Le Salam est une opération par laquelle une institution financière verse à l’avance, le
montant intégral correspondant à la livraison future d'une quantité définie de
marchandises. Dans la pratique, ce type de montage financier est très souvent utilisé
pour le financement des activités agricoles.
Le premier contrat conclu entre la banque (Moussalam Ilaih) et son client par
le biais duquel elle s’engage à acheter les marchandises (Moussalam Fih) en
contrepartie du paiement intégral du prix avec fixation de la date et du lieu de
livraison.
68
Un second contrat qui découle du premier est conclu, par le biais duquel la
banque revend la marchandise à un tiers avec des modalités de paiement
convenues à l’avance.
Pour qu’un contrat Salam soit valide, il doit respecter les conditions suivantes :
Le contrat Salam est comparable à un contrat forward qui donne le droit d’acheter un
bien à un prix et une date convenus dans le futur. Selon Cherif (2008), il existe
cependant deux différences fondamentales entre un contrat Salam et un contrat
Forward. Primo, à l’échéance le sous-jacent n’est pas toujours livré dans le cadre
d’un contrat forward. Secundo, dans le cadre d’un contrat forward le sous-jacent est
payé à maturité, ce qui n’est pas le cas du contrat Salam où le paiement est comptant,
et est effectué lors de la conclusion ou signature du contrat.
2. Classification
Les conditions de validité d’un contrat Salam restent applicables à un contrat Salam
parallèle.
69
Toutefois, il convient de noter que beaucoup de juristes musulmans ont interdit les
contrats de Salam parallèle arguant de l’existence d’un soupçon de Riba dans ce type
de transaction, puisqu’un seul bien ne peut faire l’objet de plusieurs contrats de vente
successifs.
3. Traitement comptable
3.1. Le capital
Le capital Salam peut être versé soit en numéraires soit en nature. Il est constaté à la
valeur historique (quand il est versé en numéraires) ou à la juste valeur (quand il est
versé en nature). Il est réévalué à la fin de chaque période comptable.
Comptabilisation initiale
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Investissements Salam (CB) Biens immobiliers*
Et Et
Amortissements des biens immobiliers Profit/retrait de biens immobiliers**
(CR)
* dans le cas où le capital est en en nature sous forme de biens immobiliers
**suite à l’évaluation du bien immobilier à la juste valeur, et dans le cas ou la juste
valeur est supérieure à la valeur nette comptable.
70
Compte à débiter Compte à créditer
Investissements Salam (CB) Biens immobiliers*
Et
Amortissements des biens immobiliers
Et
Perte/retrait de biens immobiliers**
(CR)
*dans le cas où le capital est en en nature sous forme de biens immobiliers
**suite à l’évaluation du bien immobilier à la juste valeur, et dans le cas ou la juste
valeur est inférieure à la valeur nette comptable.
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Investissements Salam (CB) Stocks*
Et Ou
Provisions/dépréciation stocks Profit/retrait Stocks**
Ou
Perte/retrait Stocks**
*dans le cas où le capital est en en nature sous forme de marchandises
**suite à l’évaluation de la marchandise à la juste valeur.
A la clôture de l’exercice
A la clôture de l’exercice, s’il apparaît que le bien objet du contrat (Al Moussalam
Fih) ne sera pas livré, soit totalement soit partiellement ; ou que sa valeur entre la
date de conclusion du contrat et la date de clôture de l’exercice a subi une baisse, il
convient de constater des provisions pour dépréciation du montant estimé de la perte.
A la date de livraison, la marchandise Salam, objet du contrat, peut être conforme aux
spécificités indiquées et convenues dans le contrat ou alors être non conforme.
71
3.2.1. La marchandise livrée est conforme aux conditions du contrat
Salam
La valeur de marché (ou juste valeur) < la valeur retenue au niveau du contrat
Salam, la différence est considérée comme perte.
72
A la clôture de l’exercice
A la clôture de l’exercice, la valeur des marchandises Salam est évaluée au plus faible
de la valeur historique et de la valeur probable de réalisation. Toute différence entre
cette la valeur probable de réalisation et la valeur nette comptable est alors inscrite en
pertes.
Si le contrat Salam est résilié totalement, une créance est inscrite en faveur de
la banque.
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Biens mobiliers* Dettes sur Salam parallèle (CB)
*lorsque le capital Salam est en nature sous forme de biens mobiliers.
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Biens immobiliers* Dettes sur Salam parallèle (CB)
*lorsque le capital Salam est en nature sous forme de biens immobiliers.
74
Les coûts engagés ou supportés pour l’obtention de la marchandise sont
inférieurs au montant reçu initialement
Exemple : Le 1er mars 2014, M. Hassan, un agriculteur, signe un contrat Salam avec
la Dubai Islamic Bank pour lui vendre 100 tonnes de blé à 2 000 dhs la tonne au
moment de la récolte. Les deux parties conviennent que ledit blé sera livré après la
moisson soit le 15 juin 2014. Le 15 juin, M. Hassan livre effectivement ce blé aux
spécificités convenues au niveau du contrat.
Ecritures comptables
Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/03/2014 Financement Salam 200 000
Ecritures comptables
Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/03/2014 Financement Salam 200 000
Supposons que M. Hassan n'a pas pu fournir la qualité du blé convenue et a proposé
de fournir du blé de moindre qualité, dont la valeur marchande est de 190 000
dirhams. Cette proposition a été acceptée par DIB.
Ecritures comptables
Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/07/2014 Marchandises (Blé) 190 000
76
Chapitre 8
Les opérations Ijara et Ijara mountahia bitamlik
Le traitement comptable des opérations Ijara et Ijara mountahia bitamlik a fait l’objet
de la norme comptable FAS 8 de l’AAOIFI, que la banque soit un bailleur ou un
locataire. Cette norme établit les règles comptables de constatation
(comptabilisation), de mesure et de communication (divulgation) des opérations de
location qui répondent aux exigences de la loi musulmane, effectuées par les banques
et institutions financières islamiques en tant que bailleurs ou en tant que locataires.
1. Définition
Le contrat Ijara est un contrat de location à durée déterminée par le biais duquel une
institution financière islamique met à la disposition de son client l’usufruit de ce bien
moyennant une redevance fixée. Le bailleur (la banque) garde la propriété de l’actif
avec les droits s’y attachant pendant la période de location (Ijara). Le droit de
propriété du bien revient à la banque durant toute la période du contrat, tandis que le
droit de jouissance revient au locataire.
77
La circulaire n°36 du 13 Septembre 2007 de la banque centrale du Maroc, dans son
article 1 donne de l’Ijara la définition suivante : « On entend par Ijara, tout contrat
selon lequel un établissement de crédit met, à titre locatif, un bien meuble ou
immeuble, identifié et propriété de cet établissement, à la disposition d’un client pour
un usage autorisé par la loi».
consister en une location simple ; il s’agit alors d’un contrat dit « Ijara
tachghilia » ;
être assorti d’un engagement d’acquisition ferme de la part du locataire à
l’issue d’une période convenue d’avance, et l’engagement ferme de la Banque
de lui céder ce bien à l’issue de la même période ; il s’agit alors d’un contrat dit
« Ijara wa iqtinaa ».
Il est à noter que la circulaire de BAM n’aborde pas le cas où la banque est locataire.
2. Classification
le contrat Ijara simple qui est un contrat de location sans option d’achat,
le contrat d’Ijara couplé à un contrat de Bai’ (contrat de vente) qui est donc un
contrat de location avec option d’achat. Pour la validité de ce dernier type de
contrat, les deux contrats (location/vente) doivent être conclus non pas
simultanément, mais l’un après l’autre.
3. Traitement comptable
Le bien acquis doit être comptabilisé à son coût historique qui englobe le prix net
d’achat et tous les frais accessoires d’achat (charges de transport, assurance, droits de
douane, et en général tout autre frais ayant une relation directe avec l’acquisition du
bien).
Quant aux charges directes supportées avant la conclusion du contrat, leur traitement
comptable diffère selon qu’elles sont significatives ou pas.
Si le montant des frais préliminaires est significatif, ces charges seront réparties sur
les exercices comptables concernés par le contrat de location. Si non, ces charges sont
à enregistrer au compte de résultat comme des charges de l’exercice.
Remarque : les actifs acquis pour les besoins de la location doivent figurer au bilan
dans la rubrique des investissements sous l’intitulé « Actifs loués ».
L’amortissement d’un bien acquis pour les besoins de l’Ijara est étalé sur la durée du
contrat d’Ijara, et non pas sur la durée de vie du bien. La valeur amortissable est la
valeur historique diminuée de la valeur résiduelle dudit bien à la fin du contrat Ijara.
79
Compte à débiter Compte à créditer
Dotations aux amortissements du bien Amortissement du bien acquis pour
acquis pour location Ijara (CR) location Ijara (CB)
Les exigences juridiques régissant les contrats Ijara imposent que les frais d’entretien
du bien loué soient à la charge du bailleur et non du locataire.
80
Le montant des frais de réparation et d’entretien est significatif
Il convient dés lors de constituer des provisions pour grosses réparations à étaler sur
la durée du contrat Ijara.
Les charges locatives sont à enregistrer en tant que charges au cours des exercices
comptables concernés.
81
La différence de traitement comptable réside au niveau de la comptabilisation des
amortissements des biens Ijara, et de la constatation du transfert de propriété à la fin
du contrat.
Les amortissements sont calculés sur la base de la valeur totale comptabilisée (valeur
résiduelle nulle).
82
o Le locataire a payé tous les loyers et a acquis le bien à la fin du contrat
Le prix de vente > Valeur comptable nette de l’actif loué ; la différence est
considérée comme un gain à comptabiliser au compte de résultat.
Le prix de vente < Valeur comptable nette de l’actif loué ; la différence est
constatée comme perte au compte de résultat.
Puisque la cession du bien Ijara est progressive, et s’effectue tout au long du contrat
Ijara, cela signifie que le bailleur (la banque) et le locataire (le client) sont tous les
deux propriétaires du bien à des quotes-part différentes.
84
De ce fait, la part de la BI dans les charges d’entretien est égale à la part de la BI dans
l’actif loué.
La base amortissable du bien loué, est la valeur de l’actif après cession, à étaler sur la
durée restante du contrat de location.
De plus, les cessions de l’actif loué sont constatées au fur et à mesure des cessions
contractuelles.
Ecritures comptables
Acquisition
Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/01/2014 Actifs acquis Ijara 300 000
Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/03/2014 Actifs loués Ijara Mountahia 300 000
Bittamlik
86
Transfert de la propriété à la fin du contrat de location
87
Ecritures comptables
3 800 000 80% 20% 140 000 112 000 100 000
Acquisition de l’actif
Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/01/2014 Actifs acquis pour location 1 000 000
88
Location de l’actif acquis
Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/02/2014 Actifs loués Ijara Mountahia 1 000 000
Bittamlik
Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2014 Comptes de trésorerie 140 000
Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2014 Dotations aux amortissements des actifs 100 000
loués Ijara Mountahia Bittamlik
89
Vente progressive
Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2014 Amortissement des actifs loués 100 000
Ijara Mountahia Bittamlik
90
Chapitre 9
Les opérations Istisnaa et Istisnaa parallèle
La norme FAS 10 présente le traitement comptable des opérations Istisnaa et Istisnaa
parallèle. Cette norme établit les règles comptables de constatation
(comptabilisation), de mesure et de communication (divulgation) relatives aux
transactions Istisnaa et Istisnaa parallèle effectuées par les banques et institutions
financières islamiques.
1. Définition
Les deux parties se mettent aussi d’accord sur le délai de livraison, le prix, la date et
les modalités de paiement. L’engagement des deux parties est irrévocable, même si le
paiement est différé.
2. Classification
Dans les montages financiers Istisnaa, on peut distinguer entre les opérations
d’Istisnaa simple et les opérations d’Istisnaa parallèle.
92
3. Traitement comptable
On distingue les charges liées au contrat Istisnaa qui ont lieu avant la conclusion du
contrat et celles qui ont lieu après la conclusion du contrat.
Toutes les dépenses engagées avant la conclusion du contrat Istisnaa sont considérées
comme des charges différées.
Les frais ainsi engagés sont considérés comme des charges de l’exercice.
93
Compte à débiter Compte à créditer
Charges Istisnaa/contrat non conclu Coûts différés Istisnaa (pour solde du
(CR) compte)
Les coûts d’un contrat Istisnaa comprennent les charges directes (matières premières,
main-d'œuvre….) engagées dans la fabrication du produit objet du contrat. Les coûts
indirects qu’on peut attribuer sur une base objective au bien fabriqué sont également
inclus dans l’estimation du coût global. Toutefois, les coûts d'administration générale,
de commercialisation, de recherche et développement ne sont pas inclus dans le coût
global du contrat Istisnaa.
Et
Compte à débiter Compte à créditer
Travaux en cours Istisnaa (CB) Coûts Istisnaa (pour solde du compte)
(CR)
94
3.1.2. Revenus et profits Istisnaa
Pour la constatation des revenus et des profits liés à une transaction Istisnaa, les
normes AAOIFI retiennent deux méthodes de comptabilisation : la méthode de
l’avancement des travaux, ou la méthode de l’achèvement des travaux. Toutefois,
dans le cas de l’Istisnaa parallèle, seule la méthode de l’avancement des travaux est
acceptée.
En utilisant cette méthode, les revenus et les profits liés au contrat Istisnaa sont
comptabilisés au fur et à mesure de l’avancement du contrat.
95
Tout dépassement des coûts estimés de réalisation d’un contrat Istisnaa est
comptabilisé en pertes tant que la banque n’a aucune assurance de pouvoir facturer à
son client ces coûts supplémentaires.
Cette méthode est utilisée lorsqu’on ne peut estimer d’une manière fiable, aussi bien
le pourcentage d'avancement des travaux, que les coûts estimés futurs restant à
engager pour exécuter le contrat. De ce fait, la constatation comptable des produits ou
des profits ne s’effectue qu'à la fin du contrat.
Le paiement du contrat Istisnaa peut être soit différé jusqu’à achèvement des
travaux (en totalité ou en partie), soit effectué par anticipation.
Les normes AAOIFI préconisent de constater des produits à recevoir, évalués comme
la différence entre le prix du contrat et les versements effectués au cours de la durée
du contrat.
96
Au cours des exercices suivants, la quote-part de chaque exercice des profits est
comptabilisée selon deux méthodes :
Le solde du compte « Produits à recevoir Istisnaa » est étalé sur la durée du contrat
Istisnaa.
Si le client paie par anticipation un contrat Istisnaa, la banque doit lui accorder un
rabais. Ce rabais peut prendre soit la forme d’une diminution de la valeur des
créances enregistrées suite à un contrat Istisnaa, soit d’une restitution du montant du
rabais au client.
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Rabais/contrat Istisnaa (CR) Comptes de trésorerie
97
3.1.4. Provisions pour dépréciations
Dans ce cas précis, deux étapes sont à constater, les procès verbaux de réception des
travaux du bien fabriqué et la réception finale du bien objet du contrat Istisnaa.
Les réceptions partielles sont comptabilisées comme des actifs au bilan de la banque
par la contrepartie de dettes à payer au Sani’i.
A l’achèvement des travaux du bien objet du contrat Istisnaa, il est enregistré dans les
comptes de la banque (selon la nature du bien immobilier) à la valeur historique
correspondant au solde du compte « Dépenses Istisnaa ».
98
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Stocks (CB)* Dépenses Istisnaa (pour solde du
compte) (CB)
*si le Masnoue est un bien mobilier.
Il arrive que le bien fabriqué ne réponde pas aux spécificités du contrat Istisnaa, dans
ce cas deux traitements comptables sont identifiés.
Et éventuellement
Compte à débiter Compte à créditer
Dotation aux provisions pour Provisions pour dépréciation des
dépréciation des créances Istisnaa créances Istisnaa (CB)
(CR)*
*pour la valeur estimée non recouvrable de la créance.
99
*pour la différence entre la valeur historique du bien fabriqué et sa valeur probable
de réalisation.
Ecritures comptables
Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/01/2014 Coûts Istisnaa 300 000
100
Constatation des paiements et créances
Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2014 Créances Istisnaa 280 000
Année 1
Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2014 Travaux en cours Istisnaa 75 000
Coûts Istisnaa 300 000
Année 2
Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2015 Travaux en cours Istisnaa 100 000
Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/01/2014 Coûts Istisnaa 300 000
102
Chapitre 10
Les Sukuks (FAS 17)
La norme FAS 17 est la norme AAOIFI qui traite des investissements en globalité
(investissements en Sukuks et en valeurs mobilières). Eu égard à l’importance des
Sukuks dans les montages financiers islamiques contemporains, seule la
comptabilisation des Sukuks sera abordée au niveau de ce chapitre.
1. Définition
Le Sukuk est un produit financier qui a une échéance fixée d'avance et est adossé à un
actif permettant de rémunérer le placement. Il est structuré de telle sorte que leurs
détenteurs courent un risque de crédit et reçoivent une part de profit et non un intérêt
fixe.
Selon l’AAOIFI, les Sukuks sont « des certificats de valeur égale représentant des
parts indivises dans la propriété des actifs corporels, usufruits et services ou (dans la
propriété) des actifs de projets particuliers ou activité d'investissement spéciales ».
Sukuks Ijara : l’actif sous jacent est géré par un contrat Ijara,
Sukuks Moudaraba : l’actif sous jacent est géré par un contrat Moudaraba,
Sukuks Moucharaka : l’actif sous jacent est géré par un contrat Moucharaka,
Sukuks Istisnaa : l’actif sous jacent est géré par un contrat Istisnaa,
Sukuks Salam : l’actif sous jacent est géré par un contrat Salam.
103
Schéma de structuration financière d’un Sukuk Ijara
2. Classification
3. Comptabilisation
104
Même si le fonds d’investissement Sukuk n’est pas doté de la personnalité morale, la
norme 14 de l’AAOIFI préconise la tenue d’une comptabilité distincte du fonds
Sukuk. Partant de ce principe, le fonds Sukuk a sa propre comptabilité, ses états
financiers, son propre auditeur et son propre Charia Board. Nous avons donc choisi
d’aborder la comptabilité des Sukuks au niveau du fonds d’investissement. Par
ailleurs, le choix a porté sur la présentation des schémas comptables d’un Sukuk
Ijara, qui reste l’un des types de Sukuks les plus utilisés.
Chez le fonds d’investissement, il y a lieu de comptabiliser cinq phases distinctes :
l’acquisition du bien à donner en location objet de l’émission Sukuk,
la constatation des produits et charges liés au Sukuk,
l’arrêté comptable,
la distribution du résultat net du fonds Sukuk,
et l’amortissement du Sukuk.
Il est recommandé de faire supporter les frais d’émission du Sukuk Ijara au SPV.
Toutefois, il est toléré, si la notice d’information le précise, que les souscripteurs du
Sukuk Ijara supportent les frais d’émission desdits Sukuks.
L’écriture comptable est donc (on suppose que les frais d’émission sont supportés par
le fonds Sukuk) :
105
3.2 . Produits et charges liés au Sukuk
Une fois la propriété du bien transférée aux porteurs de Sukuks, ils le louent (via le
SPV qui est l’entité morale de gestion des Sukuks) à la BI (ou à un tiers) qui verse
des loyers selon la périodicité convenue.
La gestion du Sukuk générera des frais de gestion facturés par le SPV, qui est le
mandataire des porteurs de Sukuks. La rémunération de ce mandat de gestion peut
être soit sous forme d’une rémunération fixe (commission) ou d’une participation aux
bénéfices nets dans le cadre d’un contrat Moudaraba.
Ils doivent être évalués, à la fin de chaque exercice comptable à leur juste valeur. Les
gains ou les pertes non réalisés à la suite de la réévaluation du portefeuille des Sukuks
doivent être comptabilisés dans le compte de résultat sous la rubrique « Profits ou
pertes non réalisés sur réévaluation des investissements ».
106
Cas 2. La juste valeur < la valeur comptable nette
Les investissements dans les Sukuks disponibles à la vente doivent être évalués à leur
juste valeur. Les gains ou les pertes non réalisés à la suite de cette réévaluation
doivent être constatés durant le premier exercice dans le compte de résultat par le
biais d’un compte bilantiel de Provisions « Provisions pour évaluation à la juste
valeur de l'investissement Sukuk détenu à la vente».
Lors des exercices comptables ultérieurs, les pertes sont constatées dans la limite du
solde du compte de provisions, et toute perte constatée excédant le montant de ce
solde est comptabilisée en perte.
Si lors des exercices comptables ultérieurs, il est constaté des profits suite à la
réévaluation des Sukuks, ces profits sont compensés avec les pertes cumulées
comptabilisées dans le compte de provisions constitué auparavant d’abord, et tout
profit supplémentaire est ajouté dans le compte de provisions pour réévaluation des
Sukuks au bilan.
107
détenus en vue de la vente (CB)
Cas 3. Exercice social n : la juste valeur < la valeur comptable nette et le solde
du compte de provisions pour juste valeur de l'investissement permet
d’absorber les pertes enregistrées
Cas 4. Exercice social n : la juste valeur < la valeur comptable nette le solde du
compte de provisions pour juste valeur de l'investissement ne permet pas
d’absorber les pertes enregistrées
Cas 5. Exercice social n : la juste valeur > la valeur comptable nette et le solde
du compte de provisions (pertes) pour juste valeur de l'investissement ne
permet pas d’absorber les profits enregistrés
Ce type de Sukuks reste évalué à son coût historique qu’il y ait probabilité de pertes
ou de profits latents. Toutefois, en cas de perte de valeur définitive et non temporaire,
les Sukuks détenus jusqu’à échéance doivent être évalués à la juste valeur. La
différence entre la valeur comptable et la juste valeur est à enregistrer dans le compte
de résultat, et les informations relatives à la juste valeur sont alors présentées dans les
notes explicatives annexes aux états financiers.
Le résultat à distribuer est la différence entre les produits (loyers perçus) et les
charges supportées (charges d’exploitation, amortissement des frais d’émission des
Sukuks, dotations aux provisions pour risques et charges éventuellement…) et bien
évidemment après prélèvement des impôts et de la Zakat (dont nous expliciterons le
fonctionnement au sein du chapitre 11).
109
Compte à débiter Compte à créditer
Résultat en instance d’affectation Dividendes à payer (CB)
(CB)
110
Et
Perte/investissements Sukuks (CR)
La banque peut choisir de reclasser ses investissements Sukuks d’une catégorie à une
autre, par exemple de « Sukuks détenus à des fins de transaction » à « Sukuks détenus
jusqu'à l'échéance » ou l’inverse. Pour ce faire, elle doit à la date du reclassement :
une perte (si la juste valeur < la valeur comptable) qui doit figurer au
compte de résultat.
Une provision (si la juste valeur > valeur comptable) qui doit s’ajouter au
compte « Provisions pour évaluation à la juste valeur des
investissements ».
111
Chapitre 11
La Zakat
Le traitement comptable de la Zakat a fait l’objet de la norme comptable FAS 9.
Cette norme est plus une norme qui explique la méthodologie de calcul de la Zakat
qu’une norme comptable à proprement parler.
Selon cette première méthode, la base de la Zakat est déterminée selon la formule ci-
après :
Selon cette seconde méthode, la base de la Zakat est déterminée selon la formule ci-
après :
112
Base Zakat = capital versé + réserves + provisions (hors celles déduites des actifs
financiers) + résultats non répartis + bénéfice net exercice + dettes non échues -
immobilisations nettes – actifs hors exploitation (actifs destinés à la location).
Les éléments d’actifs et de passif qui rentrent dans le calcul de la base de la Zakat ne
sont pas tous évalués à la valeur historique qui figure au niveau du bilan, certains,
pour les besoins de calcul de la Zakat doivent être évalués à la valeur probable de
réalisation. Le tableau ci-après retrace les valeurs à retenir pour chaque catégorie de
bilan afin de calculer le montant de la Zakat à verser.
113
Méthode 1 : actif net comptable Méthode 2 : fonds nets investis
114
3. Comptabilisation
Toutefois, les modèles des états financiers présentés par la norme FAS 1 incluent la
Zakat au niveau du compte de résultat, considérée comme une charge hors
exploitation, qui rentre en considération dans la détermination du bénéfice net. Elle
apparaît, pour le montant non décaissé de la Zakat, au niveau du bilan parmi les
dettes.
Toutefois, il il convient de noter qu’il existe plusieurs courants de pensée qui réfutent
cette méthode de comptabilisation de la Zakat.
Primo, et se basant sur la définition économico-financière d’une charge qui est une
dépense liée à une activité génératrice de revenus en vue d’assurer la continuité
d’exploitation d’une entité. En effet, sont considérées comme charges comptables
toutes les opérations qui ont pour conséquence d’appauvrir l’entreprise. Or, il
apparaît clairement que la Zakat n’est aucunement une dépense effectuée en vue
d’assurer une quelconque continuité d’exploitation, et que selon la finalité même de
la Zakat qui est de faire fructifier l’argent, on ne peut la considérer selon le seul point
de vue comptable comme une « charge ».
Secundo, classer le montant de la Zakat non payée au niveau du bilan passif comme
une dette, ne correspond pas à l’esprit même de la Zakat qui est celui de remplir une
obligation d’ordre spirituel. Et puisque le détenteur de l’ensemble des biens n’est
autre qu’Allah, et que tous les acteurs économiques ne sont que de simples agents qui
exécutent la volonté d’un Créateur, alors le paiement de la Zakat doit être classé
parmi les dividendes, comme un droit dû à un actionnaire, détenteur d’un droit de
propriété sur les actifs.
115
Chapitre 12
Les états financiers
Les états financiers ont fait l’objet de la norme FAS 1 « Présentation générale et
communication des états financiers des banques et institutions financières islamiques
(IFI) ».
Cette norme répertorie les états financiers que les banques et institutions financières
islamiques doivent publier régulièrement pour répondre aux besoins des utilisateurs
et qui sont :
1. le bilan,
2. le compte de résultat,
3. le tableau des flux de trésorerie,
4. le tableau des variations des capitaux propres,
5. le tableau des variations des comptes d’investissements non restreints,
6. le tableau des variations des comptes d’investissements restreints
7. l'état des emplois et ressources des fonds Zakat et charité,
8. l'état des emplois et ressources des fonds Quard,
9. et les notes annexes aux états financiers.
1. Le bilan
La définition du bilan fournie par l’AAOIFI ne diffère pas beaucoup de celle fournie
par les normes IFRS. La principale différence réside dans le contenu qui doit
respecter les principes de la Charia (la loi islamique).
Le bilan selon l’AAOIFI comprend quatre classes : les actifs, les passifs, les droits
des détenteurs des comptes d’investissements non restreints et les droits des
actionnaires.
116
1.1.1. L’actif
Selon la norme FAS 1, un actif est défini comme une ressource contrôlée par
l’entreprise du fait d’événements passés et dont des avantages économiques futurs
sont attendus soit individuellement soit en accord avec d’autres actifs.
1.1.2. Le passif
Le passif est défini comme une obligation actuelle de la BI. Cette obligation, résultant
d’événements passés, entrainera pour son extinction une sortie de ressources
représentatives d’avantages économiques, par le biais d’une transformation d’actifs
ou par le biais d’une présentation de services.
1.1.3. Les droits des titulaires des comptes d’investissement non restreints
et leurs équivalents
Il s’agit des fonds monétaires reçus par la banque pour les faire fructifier dans des
investissements, sans aucune restriction de la part des épargnants, diminués des
retraits effectués par les épargnants à la date d’établissement des états de synthèse
ainsi que des pertes cumulées, augmentée de leur quote-part dans les bénéfices. Ces
fonds peuvent être mélangés avec les fonds propres de la banque et sont investis
selon le principe de la Moudaraba.
Les capitaux propres sont définis comme l’intérêt résiduel dans les actifs de l’entité
après déduction de tous ses passifs y compris les droits des titulaires des comptes
d’investissement non restreints et leurs équivalents.
117
1.2. Modèle d’un bilan
118
Source : SUNIL KUMAR K. et IOANNIS A, 2008
119
2. Le compte de résultat
les produits,
les charges,
les pertes et profits,
la part dans le résultat des détenteurs des comptes d’investissement non
restreints,
et le résultat net.
Les produits sont définis soit comme, des accroissements d’actifs au cours de
l’exercice, soit des diminutions de passifs au cours de l’exercice, soit les deux,
résultant d’investissements conformes à la Charia. Ces accroissements ne
comprennent pas les apports des participants aux capitaux propres, les retraits ou les
dépôts des titulaires des comptes d’investissements non restreints, les retraits ou
dépôts des titulaires des comptes courants.
Les charges sont soit des diminutions d’actifs ou d’augmentation de passifs. Ces
diminutions ne résultent pas des distributions aux actionnaires, des retraits ou dépôts
des titulaires des comptes d’investissements non restreints, des retraits ou dépôts des
titulaires des comptes courants.
120
Les pertes sont constatées suite à la diminution de la valeur d’actifs nets détenus
durant une période déterminée, ou suite à des transactions licites décidées ou subies
ponctuelles (hors échanges entre l’entité et les actionnaires ou les détenteurs de
comptes d’investissement non restreints).
Les profits sont le fait d’augmentation de la valeur des actifs nets détenus durant une
période déterminée, ou suite à des transactions décidées ou subies licites ponctuelles
(hors échanges entre l’entité et les actionnaires ou les détenteurs de comptes
d’investissement non restreints).
Il s’agit de la part dans le résultat des détenteurs des comptes d’investissement non
restreints, suite aux investissements en mode de gestion Moudaraba effectués par la
banque durant une période déterminée.
Le résultat net est la valeur finale de l’augmentation ou de la baisse des droits des
actionnaires résultant des produits, des charges, des pertes et des profits d’une
période déterminée.
121
COMPTE DE RESULTAT SELON LES NORMES AAOIFI
Revenu Notes Année Année n-
n 1
122
Intérêts minoritaires
Bénéfice (perte) net (te)
Il comprend toutes les opérations monétaires effectuées soit en monnaie locale soit en
devises étrangères durant une période donnée liées à l’exploitation, au financement
ou à l’investissement.
Les notes jointes au présent état de la note à la note font partie intégrante des
états financiers.
Cet état retrace les apports des actionnaires, les distributions qui leur sont effectuées
ainsi que leur part dans le résultat net hors la part des titulaires des comptes
d’investissement non restreints.
124
Les notes jointes au présent état de la note à la note font partie intégrante des
états financiers.
126
Les notes jointes au présent état de la note à la note font partie intégrante des
états financiers.
Cet état retrace les montants collectés au titre de la Zakat et/ou de la charité
(Sadaqua), les utilisations qui en ont été effectuées, ainsi que le reliquat non utilisé de
ces fonds durant une période déterminée.
10
Selon le verset coranique n°60: « Les Sadaqâts ne sont destinés que pour les pauvres,
les indigents, ceux qui y travaillent, ceux dont les cœurs sont à gagner (à l'Islam),
l'affranchissement des jougs, ceux qui sont lourdement endettés, dans le sentier d'Allah, et
pour le voyageur (en détresse). C'est un décret d'Allah ! Et Allah est Omniscient et Sage »
(Sourate Tawba ; trad. Le repentir).
127
Zakat et charités non distribuées à la fin de
l’exercice
Les notes jointes au présent état de la note à la note font partie intégrante des
états financiers.
Cet état retrace la source des montants collectés au titre du fond Quard, les
utilisations qui en ont été effectuées, ainsi que le reliquat non utilisé de ce fonds
durant une période déterminée.
Les notes annexes doivent contenir toute information susceptible de donner plus
d’éclaircissements quant au contenu des rubriques des différents états financiers
présentés ci-dessus, et notamment, un bref aperçu sur l’historique de la banque, son
128
activité, ses choix comptables en matière d’amortissement, de provisions, son
exposition aux différents risques,….
Conclusion
Il est couramment admis que l’information financière diffusée par les sociétés
bénéficie d’une portée de taille dans la mesure où elle nourrit de très nombreuses
décisions économiques et politiques. De nos jours, la place croissante prise par les
investisseurs institutionnels a renforcé considérablement le rôle de la communication
financière en matière d’allocation des ressources.
C’est pour instaurer cette confiance et la conforter que les normes comptables sont
importantes. Pour accompagner les changements économiques et les pratiques de
commerce, les normes comptables doivent être évolutives et adaptables. Et pour
permettre aux utilisateurs de l’information financière une meilleure lecture et une
meilleure utilisation, les normes comptables doivent êtres spécifiques. Et vu la réalité
de globalisation que vit le Monde actuellement, les normes doivent être comparables
d’où tout l’intérêt de la normalisation.
La Finance Islamique est aux portes du Monde, le développement de certaines places
financières off shore, ne se fera pas sans le concours des capitaux étrangers et des
investisseurs étrangers. Or, la crise que connaît le monde occidental aujourd’hui ne
laisse pas le choix aux pays émergents ou en voie de développement que de se
tourner vers les pays qui ne souffrent pas de cette crise, à savoir les pays arabes du
Moyen Orient, qui n’ont cessé de bénéficier de la manne pétrolière depuis la guerre
du Golf.
Par ailleurs, la Banque Mondiale organise annuellement une conférence sur la
Finance Islamique, c’est donc reconnaître implicitement que cette nouvelle finance
prend de plus en plus de poids au sein de la communauté financière internationale.
Dans cette configuration, l’on ne peut que prendre conscience de l’importance de
préparer un cadre réglementaire favorable à l’installation des banques islamiques.
Un cadre réglementaire favorable, signifie revoir le cadre législatif certes, mais
également le cadre comptable, le cadre fiscal et le cadre d’audit spécifiques à la
finance islamique, et nécessaire à son développement.
Une BI ne pourra pas présenter d’états financiers « lisibles » s’il n’y a pas
reconnaissance des gains latents, car tout le montage de la Moudaraba, et donc de
129
l’utilisation des capitaux des déposants, repose sur la reconnaissance des gains
latents.
Par ailleurs, le nouveau métier des banques, n’est plus l’octroi de crédits, mais la
mise en place de la fonction commerciale de la banque, achat, vente, évaluation et
inventaire des stocks seront dorénavant (principalement) les nouveaux métiers de la
banque.
Le normalisateur islamique a repensé la fonction comptable comme un ensemble
cohérent et indissociable. Il a à ce titre non seulement édicté le cadre conceptuel et les
normes, mais s’est penché également sur le code moral et de déontologie de la
profession comptable, ainsi que le cadre réglementaire qui fixe les objectifs et des
notions de base de cette comptabilité. Le normalisateur islamique a reconnu que
certains utilisateurs des états financiers n’étaient pas en mesure d’obtenir
l’information financière qui les concerne, et ce en raison de la situation d’infériorité
dans laquelle ils se trouvent.
Dans un souci d’équité et de justice, le normalisateur islamique a reconnu le droit à
tous les utilisateurs des états financiers d’avoir accès à l’information financière, et a
même exigé que la manière de présenter cette information soit adaptée à leur niveau
de compréhension.
Toutefois, il convient de noter que le normalisateur AAOIFI adopte une position
souple. Il est prêt à appliquer les normes IFRS qui ne s’opposent pas aux
fondamentaux de la Charia, et souhaite pour celles qui sont en opposition des
adaptations à apporter.
Il s’inscrit de ce fait en opposition par rapport au principe généralement admis des
normes IFRS du « full IFRS ».
130
Bibliographie
Webographie
http://www.institut-numerique.org
http://www.qaradaghi.com
http://www.kawlfasil.com
http://www.alhawali.com
http://www.alukah.net
http://www.attaweel.com
http://www.islamlight.net
http://www.financeislamiquefrance.fr
http://www.doctrine-malikite.fr
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http://www.kantakji.com
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