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Sommaire

Introduction générale ………………………………………………………….... p.3

I. Chapitre 1. Les fondements et les spécificités de la finance islamique…... p.5


II. Chapitre 2. AAOIFI : organisation de la normalisation comptable et
les autres normalisateurs associés à l’industrie de la finance
islamique………………………………………………………………p. 12
III. Chapitre 3. Le cadre conceptuel ……………….……………………..p. 26
IV. Chapitre 4. Mourabaha et Mourabaha avec ordre d'achat ……………p. 32
V. Chapitre 5. Moudaraba …………………………………………………...p. 46
VI. Chapitre 6. Moucharaka ……………………………………………….p. 59
VII. Chapitre 7. Salam et Salam parallèle …..…………………………….p. 68
VIII. Chapitre 8. Ijara et Ijara muntahia bitamlik …………………………..p. 77
IX. Chapitre 9. Istisnaa et istisnaa parallèle …………………………………p. 91
X. Chapitre 10. Investissements en Sukuks ……….………………………p. 101
XI. Chapitre 11. Zakat ……………………………………………….......p. 112
XII. Chapitre 12. Les états financiers………………………………….….p. 116

Conclusion …………………………………………………………………….p. 129

Bibliographie …………………………………………………………….…….p. 131

1
2
Introduction
La finance islamique est née en tant que concept financier structuré dans les années
70. L’industrie de la finance islamique est présente actuellement dans plus de 75
pays, et pèse à fin 2013 plus de 1.800 milliards de dollars d’actifs1. Elle est en
progression annuelle à deux chiffres.

Source : http://www.courrierinternational.com/article/2012/05/03/l-egypte-flirte-avec-la-finance-islamique

Les IFI (Institutions Financières Islamiques) ont développé un certain nombre


d’instruments financiers conformes à la Charia, en application des principes de base
du Fiqh Al Mouamalat ou droit musulman des transactions, déclinés en une dizaine
de règles qui serviront de cadre aux opérations financières et commerciales.

Les fondements du Fiqh Al Mouamalat sont l’interdiction de l’intérêt (Riba), du


Gharar (tromperie/ambigüité) et du Mayssir (spéculation).

De ce fait, les instruments utilisés par les banques islamiques présentent des
caractéristiques particulières. Ils peuvent être classés soit en instruments participatifs
soit en instruments de financement.

1
Source : Standards and Poor’s

3
 Les instruments participatifs : Moudaraba (commandite) et Moucharaka
(association).
 Les instruments de financement : Mourabaha (financement commercial),
Salam (financement agricole), Istisnaa (financement industriel), Ijara (location
avec ou sans option d’achat).

Devant la particularité des transactions financières islamiques que ce soit au niveau


des structures du fonctionnement ou des objectifs, il était primordial de concevoir un
cadre comptable spécifique. Or, il n’existe aucune référence dans les normes IFRS
relative aux produits financiers islamiques.

Ces spécificités ont poussé quelques banques islamiques, sous la direction de la BID
(Banque Islamique de Développement)2, à fonder en mars 1991 une organisation à
but non lucratif chargée de développer des normes comptables, d’audit et d’éthique
sous l’appellation FAS (Financial Accounting Standards) : Accounting and Auditing
Organization for Islamic Financial Institutions – AAOIFI ; trad. Organisation de la
Comptabilité et d’Audit des Institutions Financières Islamiques - OCAIFI).

Cette organisation, actuellement opérationnelle est sise à Bahreïn, elle est composée
d’un comité de supervision et d’un conseil des normes comptables chargés de
préparer, publier et amender les normes comptables des banques et institutions
financières islamiques.

Selon une enquête menée par le groupe de travail de l’Asian-Oceanian Standard


Setters Group (AOSSG)3 et publiée en 20134, 64% des répondants ont considéré que
les normes FAS émises par l’AAOIFI s'appliquent dans leurs institutions. Par
ailleurs, 75% des répondants qui appliquent les normes FAS estiment qu’il convient
de conserver l’application de ces normes même si la tendance mondiale va vers
l’utilisation des normes IFRS.

2
http://www.isdb.org
3
http://www.aossg.org
4
http://www.aossg.org/docs/Publications/AOSSG_MENA_Islamic_Finance_Survey%20Fin
dings_Nov_2013.pdf

4
Chapitre 1
Les fondements de la finance islamique
1. La loi islamique ou « Charia »

En économie comme dans tout autre domaine de la vie du musulman,


la « Charia » fait figure de référence juridique, et indique ainsi la ligne de conduite à
suivre, aussi bien au niveau des relations des hommes entre eux, qu’au niveau des
relations entre les hommes et leur Créateur.

Les quatre principales sources de la Charia sont les suivantes :

Le Coran Il constitue la première source de la loi en Islam.


Toute règle tirée d'autres sources juridiques doit
impérativement être en totale conformité avec le
Coran.
La Sounna du Prophète Elle englobe l'ensemble des enseignements transmis
Mohammed (SAAWS) par le Prophète Mohammed (SAWS) via :
 ses paroles,
 ses actes,
 et son approbation tacite des actes d’autrui.
L'Ijmaa L’Ijmaa signifie le consensus des juristes musulmans
sur un point spécifique de droit. En pratique,
l'Ijmaa tient lieu de référence juridique, si aucun
élément du Coran ou de la Sounna n’y fait mention ou
ne s’y oppose.
Le Quiyass Ou « raisonnement par analogie», consiste à affecter,
sur la base d'une caractéristique sous-jacente
commune, la règle juridique d'un cas existant trouvé
dans les textes du Coran, de la Sounna et/ou de l'Ijmaa
à un nouveau cas dont la règle juridique n'a pas pu
être clairement identifiée, ou n’a pas été abordée
auparavant.
Source : élaboré par nos propres soins d’après http://fr.financialislam.com/la-
sharia.html

5
2. Les Principes de la Finance Islamique

La Finance islamique repose sur cinq principes fondamentaux, souvent qualifiés de


piliers du droit des transactions ou Fiqh Al Mouamalat. L'existence de contrats et
donc de produits spécifiques à la Finance Islamique ainsi que la proscription de
certaines produits de financement classiques découlent des ces piliers.

2.1. Prohibition du Riba

D’un point de vue étymologique, le mot riba vient du verbe arabe « raba » & « arba »
qui signifie augmenter et faire accroître une chose à partir d'elle-même.

Le terme « Riba » désigne, dans le droit musulman, tout avantage ou surplus perçu
par l'un des contractants sans aucune contrepartie acceptable et légitime du point de
vue de la Charia. Le Riba est interdit par le Coran :

« Ceux qui se nourrissent de l'usure ne se dresseront au jour du jugement


dernier que comme se dresse celui que le Démon a violemment frappé. Il
en sera ainsi parce qu’ils disent : la vente est semblable à l'usure. Mais
Dieu a permis la vente et a interdit l'usure5 ».

On distingue deux principaux types de Riba :

 Riba-Al-fadl : il s’agit de tout surplus concret perçu lors d'un échange direct
entre deux choses de même nature qui se vendent au poids ou à la mesure.
 Riba-Annassia : c’est le surplus perçu lors de l'acquittement d'un dû, dont le
paiement a été posé comme condition de façon explicite ou implicite dans le
contrat, en raison du délai accordé pour le règlement différé. Ce type de riba
est le plus répandu dans la société, notamment à travers les crédits, les prêts et
les placements proposés par les établissements bancaires classiques.

2.2. Interdiction du Gharar et du Mayssir

Le terme Gharar signifie que la transaction commerciale comporte un élément


aléatoire ou flou d'un échange ou de l'une de ses composantes (nature du bien, prix,

5
Sourate Al Bakara

6
description etc.). Le Gharar peut donc être plus largement défini comme la vente de
biens dont l'existence et les caractéristiques ne sont pas certaines. On parle de Gharar
dans les cas suivants :

 lorsque la vente porte sur une marchandise qui n'est pas déterminée de façon
précise,
 lorsque la transaction est conclue sans que le prix de la marchandise ne soit
fixé de façon claire,
 lorsque la transaction porte sur une marchandise déterminée que le vendeur ne
possède pas encore,
 lorsque le transfert de propriété est conditionné par un évènement hasardeux.

Le Gharar a été interdit par plusieurs sources de Charia, et en particulier par la


Sounna. Le prophète Mohammed (SAAWS) a dit: « L'Envoyé de Dieu a interdit de
vendre la portée d'une chamelle avant que celle-ci ne mette bas. » (rapporté par Al
Boukhari et Mouslim).

Dans le même ordre d'idées, la Charia a interdit les transactions basées sur
le Quimar (pari) et/ou le Mayssir (spéculation). Etymologiquement, le Mayssir est un
jeu de hasard, dans le domaine économique, il désigne toute forme de contrat dans
lequel le droit des parties contractantes dépend d'un événement aléatoire.

2.3. Interdiction du Haram (les activités illicites)

L'interdiction du Haram signifie que le musulman ne peut commercer avec des biens
jugés illicites par la Charia. Ainsi, les jeux de hasard, les activités en relation avec
l’alcool, avec l’élevage porcin ou encore avec les activités liées à la pornographie
constituent des secteurs d’investissement prohibés dans l’Islam.

2.4. Le principe de Partage des Pertes et Profits (PPP/3P) ou Profit & Loss
Sharing (PLS)

La Finance Islamique est souvent qualifiée de « participative » et se base sur le


Partage des Pertes et des Profits (« 3P »). Ce système permet d'associer le capital
financier au capital humain. En d'autres termes, un investisseur va confier ses fonds à
un entrepreneur avec qui il partagera les bénéfices selon un prorata prédéterminé.

7
2.5. L' «Asset Backing »

L' « Asset Backing » ou adossement à un actif tangible, est l'un des principes qui font
de la Finance Islamique une finance reconnue pour son potentiel en termes de
stabilité et de maîtrise des risques. En effet, exiger que tout contrat soit rattaché a une
activité « palpable » rassure notamment quant aux problématiques de déconnexion de
la sphère financière par rapport à la sphère réelle.

3. Les spécificités des IFI : Banque islamique vs. Banque classique

Qu’est ce qui différencie la finance islamique de la finance conventionnelle? Quelle


est la différence entre les banques islamiques et les banques conventionnelles? Cette
question cruciale a été analysée dans le tableau ci-dessous.

Aspect étudié Banques islamiques Banques classiques


 Les avis divergent  Les dépôts des clients
concernant l’importance des constituent une manne
dépôts dans les ressources de la importante pour la banque
banque islamique. Pour traditionnelle.
certains, cette manne ne
constituerait qu’une infime
partie de leurs ressources. Pour
d’autres, il s’agirait d’une
importante ressource financière
représentant jusqu'à 75% des
ressources mobilisées par
certaines IFI.
Comptes
courants  En FI, les comptes  Ils ne génèrent aucun
courants ne génèrent aucun intérêt produit (sauf si le
intérêt en contrepartie de la compte est un compte
gratuité de certains services bloqué) mais les services
(chèques, transferts de fonds bancaires sont pour la
etc.). plupart payants.

8
 la banque islamique ne  Si la banque
prête pas de l’argent à ses traditionnelle octroie un prêt,
clients mais établit avec le elle le transfère sur le
client un partenariat compte de son client et se
commercial qui peut prendre rémunère avec un intérêt.
Comptes différentes formes.
courants
 Dans le cas ou le client
de la banque souhaite un prêt
pour une raison urgente
(mariage, décès), la banque
passe par un compte spécial et
ne prélève pas d’intérêt. En
arabe, ces prêts se nomment
Quard Hassan.

 Il existe deux types de Dans le bilan des banques


comptes d’investissement : les conventionnelles, il n’existe
comptes « restreints » car le pas d’équivalent aux comptes
détenteur de ces comptes PSIA.
définit la méthode
d’investissement de ses actifs,
et les comptes « non-
restreints » car le client délègue
l’entière gestion de ses actifs à
la banque.

 Le déposant accepte que


Comptes la banque gère son argent en
d’investisements contrepartie d’une
ou Profit Sharing rémunération. Cette
Investment rémunération est basée sur le
Account profit réalisé par la banque.
(PSIA) Avec l’ensemble des dépôts, la
banque crée un ou plusieurs
fonds d’investissements dans
lesquels le dépositaire n’a
aucun droit de regard et de
gestion si le compte
9
d’investissement est non
restreint, et a un droit de
décision si le compte
d’investissement est restreint.

 Dans tout compte


 Ni le capital, ni le taux de traditionnel le capital est
rendement ne sont garantis. garanti. La banque doit, en
principe, pouvoir rembourser
Comptes une partie du capital de tous
d’investisements  les normes de Bâle II ses déposants à tout moment.
ou Profit Sharing sont applicables dans le cas des
Investment banques islamiques. En
Account revanche, la pondération des
(PSIA) risques des actifs des banques
islamiques diffère sensiblement
des banques conventionnelles.
Cela est notamment le cas pour
le calcul des fonds propres
réglementaires des comptes
PSIA. Il est donc préférable
pour les IFI d’utiliser des
techniques de rating interne
préconisées par les directives
de Bâle II.

Dans une banque islamique, le Les banques traditionnelles


déposant est un partenaire et ont avec leurs clients, des
non un créancier. Il pourra relations de créanciers/
Relation client s’agir d’un partage des risques débiteurs.
banque pour le déposant sur un compte
PPP ou d’un partenariat de la
banque pour un prêt non
rémunéré (Quard Hassan).

La banque islamique a une La banque traditionnelle a un


fonction d’intermédiaire rôle d’intermédiaire
Rôle et commercial car l’ensemble des financier. Elle collecte des
opérations des transactions financières sous- fonds et les utilise dans des
banques tend un actif tangible et lie opérations de prêts.
acheteur et vendeur.

Source : (tableau adapté) Cherif Karim (2008)


10
4. Les principaux produits financiers islamiques

Les produits financiers islamiques peuvent être répartis en instruments participatifs


ou en instruments de financement (une définition plus détaillée de la structuration
financière de ces produits sera donnée ultérieurement lorsque l’aspect comptable sera
abordé).

 Les instruments participatifs comprennent essentiellement :

 Moudaraba (commandite),
 et Moucharaka (association).

 Les instruments de financement englobent principalement :

 Mourabaha (financement commercial),


 Salam (financement agricole),
 Istisnaa (financement industriel),
 et Ijara (location).

11
Chapitre 2
AAOIFI : l’organisation de la normalisation
comptable et les autres normalisateurs de la
Finance Islamique
A cette date, il n’existe aucune référence dans les normes IFRS pour traduire
comptablement certaines transactions des produits financiers islamiques qui se
distinguent, comme expliqué ci-dessus, des produits financiers conventionnels tant au
niveau de leurs structuration, que de leurs objectifs.

Ces spécificités ont amené le monde des professionnels de la finance islamique à se


réunir afin de réfléchir à un référentiel comptable adapté. Cette réflexion a abouti à la
création de l’Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions
(AAOIFI).

Cependant, d’autres organismes de normalisation comptable des IFI sont apparus, et


se sont également penchés sur les spécificités comptables des transactions financières
islamiques, dont le plus actif reste sans contexte, la Malaysian Accounting Standard
Board (MASB) et l’Indonesian Accounting Institute (IAI).

1. L’AAOIFI : organisation de la normalisation comptable

L’AAOIFI est une organisation internationale indépendante à but non lucratif. Elle a
pour mission l’élaboration et la publication des normes pour les institutions
financières islamiques, qu’il s’agisse des normes comptables et d'audit, ou des
normes de gouvernance et d'éthique, ou enfin des normes de la Charia.

L’AAOIFI a été fondée par cinq membres : l’Islamic Development Bank (IDB), les
banques Dallah Al Baraka, Dar Al Mal Al Islami, Al Rajhi Bank, et Kuwait Finance
Bank. Le dernier membre à avoir rejoint le groupe des membres fondateurs est la
Fondation malaise Al Bukhary en 2005.

En tant qu'organisation internationale indépendante, l’AAOIFI est soutenue par les


membres institutionnels (200 membres provenant de 45 pays), y compris les banques
centrales, les institutions financières islamiques, et les autres participants à l'industrie
de la finance islamique à travers le monde entier.
12
L’AAOIFI a recueilli un large soutien en faveur de la mise en application de ses
normes qui se trouvent d’ores et déjà adoptées par le Royaume de Bahreïn, le centre
financier international de Dubaï, le Qatar, le Liban, le Soudan et la Syrie. Les
autorités compétentes de l'Australie, de l'Indonésie, de la Malaisie, du Pakistan, du
Royaume d'Arabie Saoudite, d'Afrique du Sud ont publié des lignes directrices qui
sont fondées sur les normes AAOIFI

A ce jour, l’AAOIFI a publié 88 normes: 48 normes relatives à la charia, 26 normes


comptables, 5 normes d'audit, 7 normes de gouvernance et 2 codes de déontologie.

1.1. Objectifs de l’AAOIFI

L’AAOIFI a pour mission de publier des normes adaptées à la finance islamique.


L'organisation développe et édite des normes dans différents domaines comme
l'audit, la gouvernance d'entreprise, la comptabilité, les codes de conduites ainsi que
la conformité avec les principes de la Charia. Selon les textes de l'institution, elle vise
à:

 développer les pratiques comptables, d’audit et bancaires relatives aux activités


des institutions financières islamiques;
 diffuser les principes comptables et d'audit relatives aux activités des
institutions financières islamiques et leurs applications à travers les formations,
les séminaires, les publications de bulletins périodiques, les recherches et tous
autres moyens ;
 préparer, promulguer et interpréter les normes comptables et d’audit pour les
institutions financières islamiques afin d’harmoniser les pratiques comptables
adoptées par ces institutions pour la préparation de leurs états financiers, et
d'harmoniser les procédures d'audit adoptées pour le contrôle des états
financiers établis par les institutions financières islamiques;
 réviser et amender les normes comptables et d'audit pour les institutions
islamiques financières pour faire face à l'évolution de la pensée et des pratiques
comptables et d'audit;
 préparer, émettre, revoir et ajuster les états financiers ainsi que les guides
d’applications relatifs aux banques, aux investissements et aux pratiques
d'assurance dans les institutions financières islamiques ;

13
 assurer la formation de cadres opérant dans le secteur de la finance islamique,
par le biais de la délivrance de deux certificats professionnels : le CIPA
(Certified Islamic Professional Accountant) et le CSAA (Certified Sharia’s
Advisor and Auditor) ;
 se rapprocher des organismes de réglementation, des institutions financières
islamiques, des cabinets comptables et d’audit et des autres institutions
financières qui offrent des services financiers afin de mettre en place des
normes comptables et d'audit, ainsi que des états et des guides d’application
pour le secteur bancaire, et pour le secteur des assurances des institutions
financières islamiques6.

1.2. Structure de fonctionnement

Concernant la structure de l’AAOIFI, elle se compose des organes suivants :

Assemblée générale (General Assembly) : l’Assemblée Générale a pour


missions :

 l’approbation des modifications des statuts de l’AAOIFI ;


 l’approbation des demandes d'admission de nouveaux membres de l'Assemblée
Générale ;
 la nomination des membres du Conseil d'administration (Board of Trustees) ;
 l’approbation du rapport du conseil d’administration, les états financiers et le
rapport de l’auditeur externe de l’AAOIFI ;
 l’approbation de la nomination de l’auditeur externe et fixation de ses
honoraires.

L'Assemblée générale se réunit au moins une fois par an, à l'invitation du président
du conseil d'administration, ou à la demande de 25 % des membres qui ont le droit de
vote.

Le conseil d’administration (Board of trustees) est composé de vingt membres à


temps partiel et est nommé par l'Assemblée Générale tous les cinq ans. Il s’occupe de
la :

6
www.aaoifi.com

14
 disposition des sources de financement pour l’AAOIFI et l’investissement de
ses ressources ;
 nomination de deux membres parmi les membres du Conseil d'administration
au Comité exécutif ;
 nomination du Secrétaire général.

Le Conseil Charia (Shari’a Board) est composé des membres nommés par le
conseil d'administration pour un mandat de quatre ans. Les membres ainsi nommés
sont choisis parmi les savants du fiqh qui représentent les conseils de surveillance de
la Charia dans les institutions financières islamiques membres de l’AAOIFI. Le
Conseil Charia a pour fonctions :

 l'harmonisation et la convergence dans les concepts et l'application entre les


conseils de surveillance des institutions financières islamiques pour éviter les
cas de contradiction ou d'incompatibilité entre les « fatwas » et les applications
dans ces institutions ;
 l'élaboration des instruments financiers Shari’a Compliant, permettant ainsi
aux établissements financiers islamiques de faire face aux évolutions en cours
des instruments et des formules dans les domaines de la finance, de
l'investissement et d'autres services bancaires ;
 l’examen des questions nécessitant de donner un avis basé sur la Charia ou
l’Ijtihad, ou de régler les points de vue divergents, ou d'agir comme un arbitre ;
 l’examen des normes de l’AAOIFI concernant la comptabilité, l'audit, le code
d'éthique et les déclarations connexes à travers les différentes étapes de la
procédure régulière, afin de s'assurer que ces questions sont en conformité avec
les règles et les principes de la Charia.

Le Conseil des normes (Accounting and Auditing Standards Board) est composé
de vingt membres à temps partiel et qui sont nommés par le conseil d'administration
pour un mandat de cinq ans. Le Conseil des normes a pour objectif d’:

 élaborer, adapter et interpréter les états comptables et d'audit, les normes et les
lignes directrices pour les institutions financières islamiques ;
 élaborer et adopter un code de déontologie et des normes éducatives liées aux
activités des institutions financières islamiques.
 préparer et adopter la procédure régulière pour l'élaboration de normes.

15
Le Conseil des normes se réunit au moins deux fois par an, et ses résolutions sont
adoptées à la majorité des voix des membres votants. En cas d'égalité des voix, le
président du Conseil des normes a voix prépondérante.

1.3. Les normes comptables, d’audit, de gouvernance et de déontologie des


IFI

Les normes publiées par l’AAOIFI concernent aussi bien les volets Charia, que le
volet comptable, d’audit, de gouvernance, et de déontologie.

1.3.1. Les normes comptables

D’une manière générale, l'AAOIFI essaie de se conformer autant que faire se peut
aux normes IFRS (International Financial Reporting Standards) afin d'être en
adéquation avec les normes comptables internationales, et ce tant que les normes
IFRS ne s’inscrivent pas en opposition ouverte par rapport aux principes mêmes de la
Charia. Dans ce cas, l'AAOIFI adopte ses propres standards.

Les normes comptables publiées par l'AAOIFI sont les « Financial Accounting
Standards for Islamic Financial Institutions» (FAS).

Les FAS de l’AAOIFI publiées à date d’aujourd’hui, sont au nombre de 26, détaillées
dans le tableau ci-après.

16
N° de la norme Titre de la norme
FAS 1 Les obligations de présentation et d’information des
états financiers des IFI
FAS 2 La Mourabaha et la Mourabaha avec ordre d'achat
FAS 3 Le financement par Moudaraba
FAS 4 Le financement par Moucharaka
FAS 5 L’information relative à la distribution des bénéfices
entre les actionnaires et les comptes d’investissement
FAS 6 Les droits des comptes d’investissements
FAS 7 Le Salam et le Salam parallèle
FAS 8 L’Ijara et l’Ijara avec option d’achat
FAS 9 La Zakat
FAS 10 L’Istisnaa et l’Istisnaa parallèle
FAS 11 Les provisions et les réserves
FAS 12 Les obligations de présentation et d’information des
états financiers des compagnies d’assurance
islamiques
FAS 13 Présentation des bases de fixation et d’allocation des
surplus des compagnies d’assurance islamiques.
FAS 14 Les fonds d’investissement
FAS 15 Les provisions et les réserves des compagnies
d’assurance islamique
FAS 16 Les transactions et opérations en monnaie étrangère
FAS 17 Les investissements
FAS 18 Les services financiers des banques islamiques
présentés par les banques traditionnelles
FAS 19 Les participations dans les compagnies d’assurance
islamiques
FAS 20 La vente à terme
FAS 21 L’information relative à la transformation des actifs
FAS 22 L’information sectorielle
FAS 23 La consolidation des états financiers
FAS 24 Les investissements dans les sociétés liées
FAS 25 Les investissements dans les Sukuks, les actions et
les instruments assimilés
FAS 26 Les immeubles de placement

17
3.2. Les normes d’audit

Il s’agit des normes qui fixent les lignes directrices d’une mission d’audit externe
dans les IFI. Ce sont des normes qui aident l’auditeur à exprimer une opinion sur les
états financiers, afin de déterminer s’ils ont été établis conformément aux règles de la
Charia et aux principes et normes comptables de l’AAOIFI.

N° de la norme Titre de la norme


Norme 1 Les objectifs et les principes de la
révision
Norme 2 Le rapport de l’auditeur externe
Norme 3 Les conditions contractuelles d’une
mission de révision
Norme 4 Le contrôle par l’auditeur du respect
des principes de la Charia
Norme 5 La responsabilité de l’auditeur par
rapport à la détection d’erreurs et de
fraudes lors de la révision des états
financiers.

Dans un environnement financier islamique, un audit est conçu pour fournir une
assurance raisonnable (reasonable assurance) sur le fait que les états financiers pris
dans leur ensemble sont exempts d'anomalies significatives. Une assurance est dite
raisonnable lorsque l’auditeur s’assure que les opérations examinées lors de la
vérification sont conformes aux règles et principes de la Charia telles qu’elles sont
définies par le Conseil de surveillance de Charia (SSB).

Le Conseil de surveillance de la charia (SSB : Shariah Supervisory Board)7 est le


comité ayant pour mission l’émission de fatwas et le contrôle de la conformité à
la Charia. Les membres de ce conseil sont nommés par les actionnaires à l'assemblée
générale annuelle. Ils sont au moins trois membres et sont des experts en droit et en
jurisprudence commerciale islamique.

7
Il faut le distinguer des SAB (Shari’a Advisory Board) qui sont des comités ayant pour
fonction l’émission de fatwas sans pour autant exercer un contrôle pour s’assurer de la
conformité de l’institution financière aux principes de la Charia.

18
L'auditeur doit donc connaître les règles et les principes de la Charia, sans fournir une
interprétation de ces règles et principes. Les fatwas, les décisions et les orientations
fournies par la SSB forment la base de vérification qui permet à l’auditeur d’estimer
le degré de respect des règles et principes de la Charia par les IFI.

En aucun cas, l’auditeur ne met en cause sa responsabilité pour l'évaluation de la


compétence des membres de la SSB.

3.3. Les normes de gouvernance

Il s’agit des lignes directrices qui assurent le respect de la Charia et fixent les
processus de supervision interne et le cadre de contrôle pour les institutions
financières islamiques.

N° de la norme Titre de la norme


Norme 1 La nomination du Charia Board, sa
constitution et ses rapports
Norme 2 L’audit Charia
Norme 3 L’audit Charia interne
Norme 4 Les comités d’audit et de gouvernance
des IFI
Norme 5 L’indépendance du Charia Board
Norme 6 Les principes de contrôle des IFI
Norme 7 La responsabilité sociale des IFI et les
obligations d’information y afférentes

3.4. Les codes de déontologie

L’AAOIFI a édicté deux codes de déontologie, le code déontologique des comptables


des institutions financières islamiques, et le code déontologique des employés des
institutions financières islamiques.

4. AAOIFI vs IASB

L’International Accounting Standards Board (IASB, qui succède à l’International


Accounting Standards Committee « IASC » depuis le 1er avril 2001, est un organisme
19
de normalisation comptable international privé et indépendant. Son siège est établi à
Londres. Il est placé sous la supervision de l'International Accounting Standards
Committee Foundation (IASCF) chargée notamment d'assurer son financement et la
désignation de ses membres.

L'International Accounting Standards Committee (IASC ; en français : le comité des


normes comptables internationales) est un organisme privé fondé le 29 juin 1973 à
Londres par les professionnels de la comptabilité. Les membres fondateurs sont
l'Australie, le Canada, la France, l'Allemagne, le Japon, le Mexique, les Pays-Bas, le
Royaume Uni, l'Irlande et les États Unis.

La création de l’IASC répond à l’objectif de :

 développer un ensemble unique de normes comptables de haute qualité,


compréhensibles et susceptibles de donner une information de haute qualité,
transparente et comparable pour permettre aux différents utilisateurs de ces
informations de prendre des décisions économiques ;
 promouvoir l’utilisation et l’application rigoureuse de ces normes ;
 travailler pour la convergence entre les normes comptables nationales et les
IFRS.

Les principaux éléments de divergence entre l’AAOIFI et l’IASB peuvent être


résumés au niveau des deux tableaux ci-après :

Tableau 1 : Différences entre AAOIFI et IASB relatives au champ d’application


des normes éditées

Normes AAOIFI (FAS) Normes IASB (IFRS)


Spécifiques à l'industrie de la finance Sont destinées à toutes les activités
islamique (banques islamiques, économiques et financières (banques,
Sukuks, assurances etc.) industries, services, etc.)

Basées sur le respect des principes de S’intéressent plus à la transcription de


la Charia). la logique économique des
transactions.

20
Les normes AAOIFI ont été élaborées et publiées pour deux raisons principales :

 parce que les normes IFRS / IASB ne peuvent toutes être adoptées par les
institutions financières islamiques (IFI), en raison des problèmes de conformité
par rapport à la Charia ou parce que les normes IFRS / IASB ne couvrent pas
entièrement les caractéristiques des IFI.
Exemple: IAS 18 (Revenu), IAS 23 (Coûts des emprunts).

 les normes AAOIFI sont spécifiques à des pratiques bancaires et financières


islamiques particulières non couvertes par les normes IFRS/IASB.
Exemple : la norme FAS 2 (Mourabaha et Mourabaha pour le Donneur d'Ordre
d'achat), la norme FAS 7 (Salam et Salam parallèle).

Tableau 2 : Différences entre l’AAOIFI et l’IASB relatives au type des normes


éditées

Normes AAOIFI (FAS) Normes IASB (IFRS)


Normes couvrant les champs de : Normes traitant juste de la
 la comptabilité, comptabilité.
 la Charia,
 l’Audit,
 l'éthique,
 et la gouvernance.

5. Les autres normalisateurs associés à l’industrie de la finance


islamique

Outre l’AAOIFI, il existe plusieurs autres normalisateurs qui peuvent être également
associés à l’industrie de la finance islamique.

21
5.1. Le Malaysian Accounting Standard Board (MASB)8

Le Malaysian Accounting Standards Board (MASB; trad. Le Conseil Malaisien de la


normalisation comptable) est une organisation indépendante chargée de développer et
de publier des normes comptables et de reporting financier en Malaisie. Depuis 1997,
le MASB s’est penché sur l’étude de l'information financière islamique, l’objectif
étant d’élaborer des normes spécifiques aux transactions et aux produits financiers
islamiques. En 2001, le MASB a émis la norme i-1 (plus tard FRS renumérotée i-1),
« Présentation des états financiers des institutions financières islamiques ».

Le MASB a fait le constat que la plupart des concepts comptables classiques et les
principes comptables généralement admis pouvaient être appliqués aux opérations de
la finance islamique mais avec des informations supplémentaires pour expliquer les
particularités des transactions islamiques. En effet, même la norme MASB i-1 (FRS
i-1) était en grande partie une répétition des dispositions de la norme FRS 101 :
« Présentation des états financiers », et FRS 108 :« Méthodes comptables,
changements d'estimations comptables et erreurs ».

En Septembre 2009, le MASB a émis un document (Statement of Principles) i-1


(SOP i-1) sur le reporting financier spécifique à la finance islamique, incitant
toutefois, les différents intervenants Malaisiens à appliquer les normes IFRS si elles
n’entraient pas en conflit avec les principes de la Charia. Pour faciliter l'application
des normes IFRS pour les transactions financières islamiques, le MASB a publié une
série de publications techniques (TR : « Technical
Release ») qui complètent les normes IFRS et doivent être lus en conjonction avec
lesdites normes.

A ce jour, le MASB a publié quatre publications techniques à savoir :

 TR i-1 : comptabilisation de la Zakat,


 TR i-2 : Ijara,
 TR i-3 : Présentation des états financiers des institutions financières
islamiques,
 et TR i-4 : contrats de vente conformes à la Charia.

8
Voir : http://www.masb.org.my

22
5.2. L’Indonesian Accounting Institute (IAI)9

L’Indonesian Accounting Institute (IAI ; trad. l’Institut Indonésien de la


Comptabilité) dispose dans sa structure organisationnelle d'un conseil de
normalisation comptable selon la Charia qui a pour rôle la formulation de normes
comptables conformes aux prescriptions de la Charia. À ce jour, l’IAI a publié une
norme pour la préparation et la présentation des états financiers conformément à la
Charia ainsi que huit autres normes comptables dites « Pernyataan Standar Akuntansi
Keuangan (PSAK) » :

 PSAK 101 : Présentation des états financiers islamiques ;


 PSAK 102 : Comptabilisation de la Mourabaha ;
 PSAK 103 : Comptabilisation du Salam ;
 PSAK 104 : Comptabilisation de l’Istisnaa ;
 PSAK 105 : Comptabilisation de la Moudaraba ;
 PSAK 106 : Comptabilisation de la Moucharaka ;
 PSAK 107 : Comptabilisation de l’Ijara ;
 PSAK 108 : Comptabilisation des opérations d'assurance (Takaful).

D’autres acteurs ou normalisateurs sont également associés à l’industrie de la Finance


Islamique, nous citerons notamment :

5.3. L’International Islamic Fiqh Academy (IIFA)

Basée à Jeddah, l’IIFA est un Shari’a Board qui regroupe des juristes musulmans
membres de l’Organisation de la Conférence Islamique.

Elle a pour rôle d’étudier et de formuler des avis juridiques (Fatwas) ayant pour
objectif de servir de position commune en matière d’économie, de finance et de
Banque. L’IIFA regroupe en son sein, des juristes musulmans particulièrement versés
dans le domaine des transactions et fortement impliqués dans des problématiques
économiques ou financières contemporaines.

9
http://www.iaiglobal.or.id/

23
De nombreuses institutions financières islamiques font généralement appel à l’IIFA
par l’intermédiaire de leur Shari’a Board afin de s’assurer de la cohérence de leurs
règles de fonctionnement avec celles édictées par l’IIFA.

5.4. L’Islamic Financial Services Board (IFSB)

Basé à Kuala Lumpur depuis 2002, l’IFSB est un organisme regroupant les banques
centrales, les autorités monétaires ainsi que diverses organisations actives dans le
domaine de la régulation et la supervision des institutions agissant dans la sphère de
la Finance Islamique. L’ISFB a pour rôle de mettre en place un corpus de standards et
de bonnes pratiques qui viendraient en complément des règles de surveillance
édictées par le Comité de Bâle, les organisations internationales de contrôles des
activités de marchés (IOSC) et d’assurance (IAIS).

5.5. L’International Islamic Financial Market (IIFM)

Créé à Bahreïn en 2001, il a pour principal objectif de définir le cadre conceptuel


nécessaire au développement des marchés monétaires et de capitaux islamiques.

Pour la bonne réussite de sa mission, l’IIFM a également comme tâches annexes :

 la promotion et l’harmonisation des avis juridiques émis dans le cadre de la


structuration de produits Charia ;
 l’implémentation des produits Charia à l’étranger.
 la promotion de la cotation transfrontalière de produits Charia ainsi que le
trading des produits financiers islamiques sur les marchés financiers.

5.6. Le Liquidity Management Center (LMC)

Le LMC a été créé en 2002 pour faciliter la mise en place d’un marché monétaire
interbancaire qui permettra aux institutions islamiques de gérer leur liquidité de façon
dynamique. Cette institution avait également comme objectif de réfléchir à la mise en
place d’un marché secondaire via lequel les institutions islamiques pourraient réaliser
des opérations de trésorerie de court terme Shari’a Compliant.

24
Aujourd’hui, le LMC travaille à l’unification des règles de fonctionnement des
marchés financiers islamiques et à la création de marchés secondaires, de marchés
OTC, etc...

5.7. L’International Islamic Rating Agency (IIRA)

Créée en 2002, l’IIRA a pour principal objectif l’évaluation et la notation des


institutions financières islamiques ainsi que les produits créés par ces dernières.
Cette évaluation intègre également une évaluation de la conformité par rapport à la
Charia de ces institutions et de leurs produits, ainsi que l’évaluation de la probabilité
de défaillance de ces institutions.

5.8. L’Intertational Arbitration and Reconciliation Center for Islamic


Financial Institutions (ARCIFI)

Etabli à Dubaï depuis 2005, ce centre joue le rôle de médiateur, mais statue
également sur les litiges qui opposent institutions financières islamiques nationales,
régionales et internationales.

5.9. Le General Council for Islamic Banks and Financial Institutions


(GCIBFI)

Créé en 2001 à Bahreïn, le conseil travaille à l’implication et à la participation des


banques et institutions financières dans les débats internationaux d’envergure relatifs
au domaine financier.

Par le biais de toutes ces institutions réunies, la Finance Islamique est devenue, au fil
des années un acteur majeur dans la sphère financière mondiale.

25
Chapitre 3
Le cadre conceptuel
Le normalisateur AAOIFI a prévu un cadre conceptuel qui fixe le cadre global des
aspects comptables de la finance dans un environnement islamique : les objectifs, la
mission, les utilisateurs, les principes…

1. Les utilisateurs des états financiers des IFI

Contrairement au monde occidental où la comptabilité est considérée comme un outil


de prise de décision pour les investisseurs et donc les initiés, le cadre conceptuel de
l’AAOIFI considère que les utilisateurs des états financiers des IFI ne sont pas
uniquement les investisseurs, mais également toutes les parties prenantes de ces
institutions, qui dans la majorité des cas, ne pourraient avoir accès à l’information
comptable d’une manière aisée car n’étant pas dans une situation leur permettant
d’obtenir facilement et clairement l’information comptable. A ce titre, il convient de
citer :

 les actionnaires ;
 les déposants détenteurs de comptes d’investissement ou comptes Moudaraba ;
 les détenteurs de comptes courants ou de comptes d’épargne ;
 les institutions de la Zakat ;
 et enfin les autorités de tutelle (banque centrale, régulateurs, conseil de la
concurrence…)

2. Objectifs de la comptabilité financière et des états financiers

Le normalisateur AAOIFI a fixé les objectifs et de la comptabilité et des états


financiers pour les institutions financières islamiques.

2.1. Objectifs de la comptabilité financière

Les objectifs de la comptabilité à prendre en considération pour l’élaboration des


normes sont au nombre de quatre :
26
 déterminer les droits et obligations de toutes les parties liées ;
 participer à la protection des actifs et des droits des différentes parties liées ;
 respecter les principes de la Charia au niveau de toutes les transactions
financières ;
 présenter des informations utiles à tous les utilisateurs des états financiers ce
qui leur permettra de prendre leurs décisions en connaissance de cause.

2.2. Objectifs des états financiers

Les états financiers des IFI doivent comprendre des informations sur :

 la conformité par rapport aux principes de la Charia, afin de pouvoir identifier


clairement au niveau des états de synthèse les dépenses et les revenus interdits
par la Charia, et le cas échéant, indiquer la manière dont ils ont été éliminés ;
 les ressources économiques de la banque islamique afin de permettre aux
utilisateurs des états financiers d’évaluer la capacité de la banque islamique à
supporter les pertes et les risques commerciaux, et le risque inhérent à ses
investissements, ainsi que le degré de liquidité de ses actifs et ses besoins en
liquidités pour faire face à ses autres obligations ;
 la méthode de calcul de la Zakat et la manière dont elle sera payée ;
 l'estimation des flux de trésorerie qui pourraient être réalisés par la banque
islamique, le temps de réalisation de ces flux et les risques associés à leur
réalisation. L'information doit principalement aider l'utilisateur à évaluer la
capacité de la banque islamique à générer des revenus et à les transformer en
flux de trésorerie, ainsi que l’existence de flux de trésorerie suffisants pour
assurer la distribution de bénéfices aux actionnaires et aux titulaires de comptes
d'investissement ;
 la mission de la banque islamique et de sa responsabilité quant à la protection
des fonds, et sa capacité à les investir à des taux de rendement raisonnables,
ainsi que des informations sur les taux de rendement des investissements de la
banque en distinguant entre les revenus revenant aux actionnaires et ceux
revenant aux titulaires des comptes d'investissement.
 la mission et les responsabilités sociales de la banque islamique.

27
3. Principes comptables

Le cadre conceptuel du normalisateur AAOIFI s’appuie pour l’élaboration des


principes comptables sur :
 les hypothèses de base,
 les caractéristiques qualitatives des états financiers,
 et les contraintes à respecter pour que l’information soit pertinente et
fiable.

3.1. Hypothèses comptables de base

Les hypothèses comptables de base pour l’élaboration des états de synthèse sont au
nombre de quatre :

 Convention de l’entité comptable : la banque islamique est considérée


comme une unité de comptabilisation distincte de ses actionnaires ou d'autres
personnes (physiques ou morales) qui ont fourni à la banque des fonds. Selon
l’AAOIFI : « Le concept de l'unité comptable exige l'identification des
activités économiques qui sont associées à l'institution financière islamique
comme une entité distincte et peuvent concerner les actifs de l'entité, passifs,
revenus, pertes et profits, le bénéfice net et la perte nette. Cette séparation
comprend également la séparation de la responsabilité de l'institution
financière islamique de celle de ses actionnaires ».

La notion d’entité comptable est différente de la notion de personne morale au


sens juridique du terme. Ainsi, le fonds Zakat, les fonds d’investissements,
n’ont pas de personnalité morale distincte mais sont, selon l’AAOIFI, des
entités comptables pour lesquelles des états financiers doivent être établis. De
même, plusieurs personnes morales peuvent ne représenter qu’une seule entité
comptable (cas d’une société mère avec ses filiales).

 Convention de la continuité de l’exploitation : les états financiers des entités


comptables sont établis dans la perspective d’une continuité d’exploitation
(réalisation de la stratégie, recouvrement des droits et paiement des
obligations), et ce, tant qu’il n’existe aucun facteur exogène qui renseigne sur
la cessation d’activité.

28
 Convention de la périodicité : les états financiers sont établis selon une
périodicité qui permet de renseigner sur les droits des différentes parties liées.
La périodicité adéquate à chaque entité comptable pour l’établissement de ses
états financiers est librement déterminée par elle, sans que toutefois, cette
périodicité excède l’année civile ou lunaire, et ce pour les besoins de calcul et
de paiement de la Zakat.

 Convention de l'unité monétaire : selon les normes de l’AAOIFI, l'utilisation


d'unités monétaires est un moyen d'évaluer les éléments de base des états
financiers. Elle soulève la question relative à la stabilité de l'unité de mesure au
vu du changement de son pouvoir d'achat (le pouvoir d'achat d'une unité
monétaire diminue au cours d'une période connaissant une augmentation du
niveau général des prix ou inflation et augmente pendant une période
connaissant une diminution du niveau général des prix ou déflation). Afin de
garantir les objectifs de la comptabilité financière, la stabilité du pouvoir
d'achat de l'unité monétaire a été retenue comme hypothèse de base.

3.2. Caractéristiques qualitatives de l’information financière

Les normes AAOIFI retiennent cinq caractéristiques qualitatives (ou principes


comptables) des états financiers :

 La pertinence : une information est pertinente si elle aide les utilisateurs à


évaluer correctement les alternatives à un maintien de leur relation avec
l’institution ou à nouer de nouvelles relations. Une information pertinente doit
obéir à trois critères :

 L’information est prévisionnelle,


 les prévisions peuvent être recoupées avec les réalisations,
 l’information doit être présentée au moment opportun, signifie qu’il
convient de choisir une période comptable qui ne soit ni trop courte, ni
trop longue pour traduire les informations comptables .

 La fiabilité : une information est réputée fiable si elle répond aux critères
suivants :

 L’image fidèle : pour être fidèle l’information comptable doit concorder


avec la réalité de la transaction transcrite.

29
 L’objectivité : l’objectivité est atteinte si les méthodes utilisées pour
l’évaluation, la comptabilisation et l’information aboutissent à des
résultats que des personnes indépendantes peuvent vérifier.
 La neutralité : les informations contenues dans les états financiers doivent
être choisies et présentées sans parti pris.

 La comparabilité : l’information doit être présentée de telle manière à permettre


aux utilisateurs des états financiers de comparer cette information d’une période à
une autre.

 La permanence des méthodes : l’entité doit présenter ses états financiers en


utilisant les mêmes méthodes comptables d’un exercice à un autre, à moins de
justifier qu’un changement de méthodes et l’application de nouvelles méthodes
comptables est plus à même de répondre aux exigences de l’image fidèle.

 La capacité des informations financières à être comprises et assimilées


(compréhensibilité) : les informations financières doivent prendre en
considération le fait que les états financiers sont souvent utilisés par des
utilisateurs non avertis. Il en découle que les informations doivent être présentées
de telle manière à ce qu’elles soient lisibles et compréhensibles par un utilisateur
n’ayant pas des connaissances en comptabilité.

Il est intéressant de noter à ce stade, que le normalisateur AAOIFI ne retient pas le


principe de prudence comme un principe comptable majeur. Bien au contraire, il
s’inscrit en totale opposition par rapport à ce principe séculaire en ce qui concerne
l’évaluation des résultats des fonds d’investissements.

Le normalisateur AAOIFI n’aborde le principe de prudence que comme un sous


jacent lors de l’évaluation des risques et défaillances.

3.3. Contraintes à respecter

Pour que l’information comptable soit pertinente et fiable, et qu’elle reflète l’image
fidèle qui est l’objectif des états financiers, certaines contraintes sont à prendre en
considération. Les normes AAOIFI retiennent trois contraintes :

 L’importance relative : les états financiers ne présentent que les informations


qui intéressent les utilisateurs desdits états. Une information comptable est
30
considérée comme importante si sa non prise en compte induit des
informations erronées ou non utilisables pour la prise de décision.

 Le rapport coût avantages : les avantages obtenus de l’information doivent


être supérieurs au coût qu’il a fallu consentir pour la produire.

 L’information suffisante : on considère qu’une information financière est


suffisante si elle satisfait à deux conditions : une bonne classification des
rubriques et des informations détaillées fournies en annexe.

4. Méthodes d’évaluation

Pour la mesure de la valeur des actifs, passifs, produits et charges, la norme


FAS 1 de l’AAOIFI retient trois valeurs possibles :

 le coût historique,
 la juste valeur,
 et la valeur probable de réalisation.
L’AAOIFI reste assez souple sur l’aspect de l’évaluation des différents éléments
d’actifs et de passif et se contente de préciser que l’entité a la liberté de choisir la
valeur de comptabilisation qui est à même de servir les principes comptables fixés par
le cadre conceptuel (pertinence, exhaustivité, image fidèle…).

Toutefois, l’AAOIFI prévoit que l’évaluation des investissements effectués par les
IFI dans le cadre de leurs fonctions en tant que gestionnaire des fonds
(commissionnaire ou moudarib) qui lui sont remis par le client, doit s’effectuer selon
la valeur probable de réalisation et non selon le coût historique.

Ce choix de la valeur probable de réalisation trouve son fondement dans :

 le besoin qu’ont les apporteurs de capital d’évaluer périodiquement la capacité


des IFI à gérer leurs fonds,

 l’application du principe d’équité en ce qui concerne la distribution des revenus


des comptes d’investissements entre les actionnaires des IFI et les détenteurs
des comptes d’investissement, surtout si ces derniers décident de se retirer
avant l’échéance de la période d’investissement convenue.

31
Chapitre 4
Mourabaha et Mourabaha avec ordre d'achat
Les opérations Mourabaha et Mourabaha avec ordre d’achat sont traitées par la
norme FAS 2 « Mourabaha et Mourabaha avec ordre d’achat ». Cette norme établit
les règles comptables conformes à la Charia concernant le processus de la Mourabaha
et de la Mourabaha avec ordre d’achat. Elle vise la comptabilisation, la mesure et la
communication des transactions relatives à la Mourabaha et la Mourabaha avec ordre
d’achat effectuées par les banques et institutions financières islamiques.

1. Définition

Dans le cadre d’une opération Mourabaha, l’institution financière émettrice joue le


rôle d’un intermédiaire commercial, achetant des marchandises nécessaires à ses
clients et les leur revendant avec paiement différé (ou pas) moyennant un profit. Pour
la banque centrale du Maroc, on entend par Mourabaha « tout contrat par lequel un
établissement de crédit acquiert, à la demande d’un client, un bien meuble ou
immeuble en vue de le lui revendre à son coût d’acquisition plus une rémunération
convenue d’avance ».

La norme FAS 2 définit la Mourabaha comme une opération de vente de


marchandises à son coût plus une marge bénéficiaire convenue. Sa caractéristique
principale réside dans le fait que «le vendeur doit informer l'acheteur du prix auquel il
a acheté le produit et doit prévoir un montant de bénéfice en sus de celui-ci ".

Figure : schéma représentatif de l’opération Mourabaha

32
Source : http://www.institut-numerique.org

L’opération Mourabaha se déroule selon les étapes suivantes :

 Le client choisit le bien à financer : demande un devis et constitue le dossier


de financement Mourabaha.
 Demande de financement du client : le client formule sa demande de
financement à la banque en fournissant un dossier constitué du devis en plus de
tous les justificatifs nécessaires.
 Acquisition par la banque du bien désigné et revente au client : via deux
contrats Mourabaha séparés (fournisseur/ banque, banque/client), la banque
acquiert le bien auprès du vendeur et le revend au client.
 Livraison du bien au client : la livraison se fait du fournisseur à la banque,
puis de la banque au client, elle est matérialisée par la signature d’un procès
verbal de réception.
 Le règlement du client à la banque : le règlement du client s’effectue en un
ou plusieurs versements pendant une durée convenue à l’avance.

La Mourabaha avec ordre d’achat diffère de la Mourabaha simple sur un seul point.
En effet, dans une opération de Mourabaha avec ordre d’achat c’est le client qui
demande à la banque d’acheter le bien, et s’engage à l’acquérir, alors que dans une
opération de Mouarabaha simple, la banque possède déjà le bien et le vend au client
qui en exprime le souhait. La Mourabaha avec ordre d’achat peut elle-même être
scindée en deux cas, avec obligation d’acquisition pour le client ou sans obligation
d’acquisition.

33
Dans la pratique, c’est l’opération Mourabaha avec ordre d’achat qui est la plus
utilisée.

2. Le traitement comptable de l’opération Mourabaha

Nous avons clairement expliqué ci-avant que l’opération Mourabaha peut être
fondamentalement assimilée à une opération de négoce.

La norme FAS 2 identifie cinq phases distinctes de comptabilisation des opérations


Mourabaha :
 la promesse de vente,
 l’acquisition du bien par la banque,
 l’avance client et/ou dépôt de garantie,
 l’arrêté comptable,
 et la conclusion ou dénouement du contrat.

2.1. La promesse de vente

La promesse de vente est comptabilisée en hors bilan.

2.2. L’acquisition du bien par la banque

En Finance Islamique, la possession au niveau du contrat Mourabaha, se traduit par


l’acquisition par la banque du bien avant sa revente. La possession est une étape
incontournable et obligatoire, qu’elle soit physique ou simplement juridique ou
documentaire (la possession juridique est tolérée lorsqu’il s’agit de la réception de
certains biens financés par crédit documentaire ou pour l’acquisition de biens
spécifiques ou pour des opérations d’import export).

Le principe en FI est que l’on ne peut vendre ce que l’on ne possède pas et la vente
d’un bien non possédé fait partie des ventes avec incertitude (ventes interdites en FI).

Cette possession par la banque doit donc être traduite correctement au niveau des
comptes comptables.
34
La norme FAS 2 préconise de comptabiliser l’acquisition les biens qui feront l’objet
d’un contrat Mourabaha au coût historique.

Comptes à débiter Comptes à créditer


Stocks Mourabaha Comptes de trésorerie
Ou
Fournisseurs

2.3. L’avance client et/ou dépôt de garantie

Le dépôt de garantie est un montant versé à la banque par le client lors de la


conclusion du contrat de promesse de vente Mourabaha. En cas de désistement du
client, le dépôt de garantie lui est restitué partant du principe qu’il n’y a pas un
engagement de la part du client pour acquérir le bien, et ce quelque soit les frais
engagés par la banque.

Si le contrat de vente final est conclu effectivement, le dépôt de garantie peut être soit
transformé en avance ou acompte, soit restitué en totalité au client.

Par ailleurs, lors de la conclusion du contrat de promesse de vente, le donneur d’ordre


d’achat (le client) doit préciser comment la banque peut utiliser le dépôt de garantie.

Deux cas peuvent se présenter :

 le dépôt de garantie est remis à la banque en tant que dépôt dans un compte
courant ;
 le dépôt de garantie est remis avec possibilité d’être utilisé par la banque dans
des investissements ou placements en attente de la conclusion du contrat de
vente finale. Dans ce dernier cas, un contrat Moudaraba est conclu entre la
banque et le client (ce cas de figure sera abordé lors du chapitre relatif à la
comptabilisation de l’opération Moudaraba).

35
Comptes à débiter Comptes à créditer
Comptes de trésorerie Dépôts de garantie contrat Mourabaha
(CB)
ou
Fonds d’investissement Moudaraba
(CB)

 le contrat final Mourabaha est conclu entre la banque et le client. Le client


souhaite que son dépôt de garantie soit transformé en avance sur le prix à
payer du contrat Mourabaha.

Comptes à débiter Comptes à créditer


Dépôts de garantie contrat Mourabaha Avance et acomptes sur opérations
(pour solde du compte) (CB) Mourabaha (CB)

 le contrat final Mourabaha est conclu entre la BI et le client. Le client souhaite


que le dépôt de garantie lui soit restitué.

Comptes à débiter Comptes à créditer


Dépôts de garantie contrat Mourabaha Comptes de trésorerie
(pour solde du compte) (CB)

2.4. Arrêté comptable

A chaque arrêté comptable, les actifs sont évalués :

 au coût historique avec constatation des pertes et dépréciations éventuelles (cas


de la Mourabaha simple) ;
 à la valeur probable de réalisation. La différence entre la valeur probable de
réalisation et la valeur comptable est inscrite dans un compte de provisions
(dans le cas d’une opération Mourabaha avec ordre d’achat mais sans
obligation d’achat).

A chaque arrêté comptable un inventaire (physique ou permanent) doit être établi, et


une évaluation du stock est effectuée. Eventuellement une écriture de dépréciation de
stock doit être comptabilisée, si la banque constate une perte de valeur de son stock.
36
 Si valeur probable de réalisation < valeur comptable

Cette vérification est à effectuer aussi bien pour les comptes de stocks que pour les
créances clients Mourabaha.

Comptes à débiter Comptes à créditer


Dotations aux provisions pour Dépréciation de stocks de biens
dépréciation de stocks Mourabaha (CR) Mourabaha (CB)
Et/ou Et/ou
Dotations aux provisions pour Dépréciation des créances clients
dépréciation des clients Mourabaha Mourabaha (CB)
(CR)

2.5. Réalisation de la vente par la banque (dénouement du contrat)

 Au moment de la vente

Comptes à débiter Comptes à créditer


Comptes de trésorerie * Ventes de biens et services Mourabaha (CR)
et
Clients Mourabaha**
* la partie encaissée de la vente
** pour le reliquat à encaisser sur les exercices ultérieurs.

Comptes à débiter Comptes à créditer


Profits/Mourabaha (compte de Profits constatés d’avance/Mourabaha*
résultat CR) (Compte de bilan CB)

*pour la partie du profit qui ne concerne pas l’exercice (différence entre le prix de
vente de la banque et son prix d’acquisition étalé sur la durée du contrat).

Comptes à débiter Comptes à créditer


Variation de stocks (CR) Stocks (pour solde du compte) (CB)

37
 Encaissement de chaque tranche (exercices ultérieurs)
Comptes à débiter Comptes à créditer
Comptes de trésorerie Créances clients Mourabaha

Comptes à débiter Comptes à créditer


Profits constatés d’avance (CB) Quote-part de l’exercice sur profit
Mourabaha* (CR)
*pour la partie qui concerne l’exercice.

3. Particularité de l’opération Mourabaha avec ordre d’achat

Dans le cas d’une opération Mourabaha avec ordre d’achat et promesse de vente
ferme, le dépôt de garantie versé à la banque lors de la conclusion de la promesse de
vente reste acquis à la banque si le client se désengage.

Toutefois, la banque n’est habilitée à prélever sur le montant dudit dépôt de garantie,
que la quote-part des frais qu’elle a engagés pour l’acquisition du bien objet du
contrat, et la mise en place du contrat Mourabaha (frais d’étude, de contrôle,
d’enregistrement…).

La différence entre les frais engagés par la banque et le montant du dépôt de garantie
versé par le client (en cas de différence positive) est restituée au client. Si cette
différence est négative (les frais engagés par la banque sont d’un montant supérieur
au dépôt de garantie), la banque enregistre une créance vis-à-vis du client qui s’est
rétracté.

 Le dépôt de garantie suffit à couvrir les charges déjà engagées par la banque ou
lui est supérieur.

38
Comptes à débiter Comptes à créditer

Dépôts de garantie contrat Mourabaha Les différents comptes de charge ayant


(pour solde du compte) (CB) enregistré la constatation initiale des
dépenses engagés (honoraires, assurances,
salaire versé au gestionnaire du dossier,
droits d’enregistrement….) (CR)
Et éventuellement
Comptes de trésorerie*

*pour la part du dépôt de garantie qui excède les charges engagées par la banque.

 Le dépôt de garantie ne suffit pas à couvrir les charges de la banque ou lui est
supérieur.

Comptes à débiter Comptes à créditer

Dépôts de garantie contrat Mourabaha Différents comptes de charges


(pour solde du compte) (CB)
Divers autres créditeurs Mourabaha*
(CB) ou
Ou
Dépôts de garantie contrat Mourabaha Différents comptes de charges
(pour solde du compte)
Comptes de trésorerie
*le surplus non couvert par le montant du dépôt de garantie est une créance à payer
par le client qui s’est désisté.

4. Quelques problèmatiques spécifiques à l’opération Mourabaha

Ce paragraphe abordera quelques problématiques qui ne sont pas spécifiques au


contrat Mourabaha, mais dont le traitement comptable est quant à lui particulier à ce
type de contrat.

39
4.1. Le recouvrement des créances Mourabaha

Dans les contrats de crédit conventionnel, il est usuel que les pénalités et intérêts de
retard, soient considérés comme des produits bancaires à part entière. Il n’en est pas
de même en FI qui :

 interdit la mention des pénalités au niveau du contrat Mourabaha,


 n’applique lesdites pénalités qu’à postériori (mais pas d’intérêts de
retards), et uniquement pour les débiteurs défaillants de mauvaise foi,
 ne considère les pénalités que comme un élément punitif, destiné à
pénaliser le débiteur défaillant de mauvaise foi,
 s’interdit la perception desdites pénalités qui seront reversées à des
associations de bienfaisance.

En FI, le traitement comptable de la défaillance du client diffère selon que le client


est de bonne ou de mauvaise foi, ce qui induira non seulement des écritures de
provisionnement différentes, mais également des montants provisionnés différents.

 Constatation du retard de paiement, le client est de bonne foi

Comptes à débiter Comptes à créditer


Créances Mourabaha en souffrance* Créances Mourabaha (pour solde du
(CB) compte) (CB)
Et
Profits constatés d’avance/Mourabaha
(pour solde du compte) (CB)
*ce montant comprend la créance à recouvrer sans application de la pénalité pour
défaut de paiement et en sus des quotes-parts des profits des exercices ultérieurs.

Comptes à débiter Comptes à créditer


Dotations aux provisions/ Provisions/créances Mourabaha* (CB)
Créances Mourabaha * (CR)
*pour la part de la créance que la banque estime irrécouvrable.

40
 En cas de recouvrement des créances en souffrance, le client est de bonne foi

Comptes à débiter Comptes à créditer


Comptes de trésorerie Créances Mourabaha en souffrance (pour
solde du compte)

Comptes à débiter Comptes à créditer


Provisions/créances Mourabaha Reprises provisions/créances Mourabaha
(CB) (CR)

 Le client est de mauvaise foi

Comptes à débiter Comptes à créditer


Créances Mourabaha en souffrance Créances client Mourabaha (pour solde du
(CB)* compte) (CB)
et
Créditeurs Mourabaha, pénalités à
reverser (organismes de bienfaisance et
caritatifs) (CB)**
et
Profits constatés d’avance/Mourabaha
(pour solde du compte) (CB)
*pour la valeur de la créance plus les pénalités appliquées plus la quote-part des
profits qui ne seront pas recouvrés
** pour la valeur des pénalités appliquées.

 Le client est de mauvaise foi et la perte de la créance est définitive

Comptes à débiter Comptes à créditer


Pertes/créances Mourabaha (CR) Créances Mourabaha en souffrance (pour
solde du compte) (CB)

Comptes à débiter Comptes à créditer


Provisions/créances Mourabaha Reprises provisions/créances Mourabaha
(pour solde du compte) (CB) (pour solde du compte) (CR)

41
4.2. L’escompte

Il est possible que la banque reçoive après la conclusion du contrat Mourabaha, un


escompte financier de la part du fournisseur (remises arrière ou remises hors
facturation). Le normalisateur AAOIFI recommande de ne pas considérer cet
escompte comme un produit de la banque, mais plutôt de réduire le coût d’acquisition
du bien Mourabaha, mais tolère toutefois de comptabiliser cet escompte directement
en produits.

La problématique du traitement comptable se pose lorsque les remises arrière sont


reçues par la banque après la conclusion du contrat Mourabaha, quant aux remises
reçues avant l’établissement du contrat, elles sont obligatoirement déduites de la
marge bénéficiaire de la banque.

Comptes à débiter Comptes à créditer


Quote-part de l’exercice sur profit Produits constatés d’avance Mourabaha
Mourabaha* (CR) (CB)
* pour la quote-part du profit ayant fait l’objet d’un escompte.

Exemple : un client souhaite acquérir un véhicule par financement Mourabaha, il


s’adresse pour ce faire à la banque Al Rajhi Bank (ARB). ARB accepte de financer le
client et établit un contrat Mourabaha dont les caractéristiques sont les suivantes :

 valeur de vente par la maison auto : 180 000 dhs,


 valeur de vente par ARB au client : 220 000 dhs,
 valeur du dépôt de garantie : 20 000 dhs (le client souhaite que ce dépôt lui soit
retranché du montant du financement à la date de conclusion du contrat).
 durée du contrat Mourabaha : 5 ans.

ARB acquiert le véhicule le 15 décembre 2014, le 25 décembre de la même année, le


véhicule a été endommagé et le montant des réparations se chiffre à 10 000 dhs. Le
1er janvier 2015, ARB cède le véhicule au client.

Le 1er janvier 2017, le client connaît des difficultés de trésorerie liées à la perte d’un
contrat important, il ne peut donc honorer ses engagements vis-à-vis de la banque.

42
Ecritures comptables

 Acquisition
Journal
Date Comptes Débit Crédit
15/12/2014 Stocks Mourabaha 180 000

Comptes de trésorerie 180 000


Date Comptes Débit Crédit
15/12/2014 Comptes de trésorerie 20 000

Dépôt de garantie 20 000

 Arrêté de l’exercice
Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2014 DEP stocks Mourabaha 10 000

Provisions pour dépréciation


stocks Mourabaha 10 000
 Cession du bien
Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/01/2015 Clients Mourabaha 200 000
Dépôt de garantie 20 000

Ventes Mourabaha 220 000


01/01/2015 Provisions pour dépréciation stocks 10 000
Mourabaha
Variation stocks Mourabaha 170 000

Stocks Mourabaha 180 000

01/01/2015 Profits Mourabaha 40 000

Produits constatés avance/Mourabaha 40 000

43
NB : le profit constaté d’avance durant l’année n relatif au financement Mourabaha
est calculé comme suit :

Profit année n = (Prix vente total – coût stock total)/durée contrat


= (220 000 – 170 000)/5 = 50 000/5 = 10 000
Profit années ultérieurs = profit total – profit année n
= 50 000 – 10 000 = 40 000

 Encaissement échéances mensuelles (année n)

Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/01/2015 Comptes de trésorerie 3 333,33
Clients Mourabaha 3 333,33

 Constatation quote- part profit (année n+1)

Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2016 Produits constatés d’avance Mourabaha 10 000

Profits Mourabaha 10 000

 Constatation de la défaillance du client

Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/01/2017 Créances Mourabaha en souffrance 150 000

Clients Mourabaha 120 000


Produits constatés
d’avance Mourabaha 30 000
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2017 DEP créances Mourabaha 150 000

Provisions/clients Mourabaha 150 000

44
En janvier 2017 :

Sur les 50 000 dhs de profit total constaté, la banque a déjà enregistré 2 années de
profit (2015 et 2016), il lui reste 3 années à encaisser soit 30 000 dhs, de même elle a
encaissé 24 mensualités en ce qui concerne les créances clients (3 333,33 x 24
= 80 000), il lui reste à encaisser 120 000 dhs, donc le total de la perte à subir par la
banque est de : 120 000 + 30 000 = 150 000 dhs.

45
Chapitre 5
Comptabilité Moudaraba

Les opérations Moudaraba font l’objet de la norme FAS 3 « Financement-


Moudaraba » et de la norme FAS 6 « Droits des titulaires des comptes
d’investissement et assimilés ». Ces deux normes fixent les règles concernant le
processus comptable lié à la Moudaraba. Elles visent la comptabilisation, la mesure et
la communication des opérations relatives à la Moudaraba effectuées par les banques
et institutions financières islamiques en tant qu’apporteurs de capitaux et en tant que
collecteurs de l’épargne de leurs clients.

1. Définition

Une transaction Moudaraba est un partenariat dans lequel une ou plusieurs parties
(Rab al Mal ou sahib al mal) fournit (ou fournissent) le capital (al mal), à une autre
partie (le Moudarib) qui fournit la main-d'œuvre, l'expertise de gestion ou
l'entrepreneuriat.

Source :http://www.institut-numerique.org/wp-content/uploads/2013/10/Contrat-de-
Moudaraba.png

La Moudaraba est un partenariat à but lucratif entre le capital et le travail. Il est établi
entre les titulaires de comptes d'investissement considérés comme «des bailleurs de
fonds ou rab al mal» et la banque islamique considérée comme un «moudarib».

46
La caractéristique distinctive de toute opération Moudaraba est que:

o le ratio de partage des bénéfices entre le Rab al Mal et le Moudarib


(banque islamique) est convenu à l'avance.
o Les pertes, autres que celles survenues en raison de la négligence ou de
la mauvaise gestion du Moudarib sont prises en charge par le Rab al
Mal, étant entendu que le Moudarib perd le bénéfice ou la rémunération
de son travail.

Si les pertes sont dues à une faute ou une négligence de la banque


islamique ou alors une violation de sa part des conditions contractuelles,
elles sont alors supportées par elle.

Un contrat Moudaraba peut également être conclu entre la banque islamique, en tant
que « bailleur de fonds », en son nom ou au nom des titulaires des comptes
d’investissements, et d’autres parties (propriétaires entreprises et autres artisans,
agriculteurs, commerçants, etc...). La Moudaraba diffère de la spéculation qui
comprend un élément d’incertitude.

Ce type de contrat peut être assimilé à une société en commandite ou le commandité


serait Rab al Mal et le commanditaire l’entrepreneur (Moudarib).

2. Classification

2.1. Selon le nombre des contractants

Une transaction Moudaraba peut revêtir plusieurs formes:

 Moudaraba bilatérale, qui lie un seul fournisseur de capital à un entrepreneur


(peut être une banque islamique).

Exemple : Si Rab al mal (RM) a investi 200 000 dhs, avec Moudarib (MU) avec un
ratio de partage des profits de 70/30 (70% pour RM et 30% pour MU), et si les
résultats de l'investissement sont un profit de 80,000 dhs, le MU obtiendra 30%, soit
24 000 dhs (30% x 80 000 dhs) et le Rab al Mal obtiendra 56 000 dhs (70% x 80 000
dhs).
47
Toutefois, si l'investissement a entraîné une perte de 80 000 dhs, alors toute cette
perte sera supportée par le rab al mal. Le Moudarib perd son travail, si et seulement
s’il n'a pas été négligent.

 Moudaraba multilatérale : elle lie au moins deux apporteurs de capitaux et un


entrepreneur, pratiquement ce type de Moudaraba est celui qui existe dans les
faits. Les bénéfices, déduction de la part de la banque, sont affectés aux
apporteurs de capitaux au prorata de leur capital apporté.

En pratique, dés lors qu’il y a beaucoup de titulaires de comptes


d'investissement (rabs al mal) la répartition des bénéfices devient très
complexe.

Exemple : 2 Rabs al Mal investissent 200 000 dhs dans un fonds Moudaraba. RM1
investit 40 000 dhs et RM2 160 000 dhs (quote part 20/80). L'accord de partage des
bénéfices entre le rab al mal et le moudarib est de 70/30.
Si le fond réalise un bénéfice de 80 000 dhs, le moudarib obtient (30% x 80 000
dhs), soit 24 000 dhs et les 2 rab al mal se partageront 56 000 dhs. Ce montant est
alloué entre RM1 et RM2 en proportion de leur investissement en capital soit 11 200
dhs pour RM1 (20%) et 44 800 dhs pour RM2 (80%).
Si le résultat est une perte est de 40 000 dhs, le RM1 supporte 8 000 dhs de pertes et
RM2 supporte 32 000 dhs de pertes. Le moudarib perd son travail, s’il n'a pas été
négligent.

 Re-moudaraba : l'entrepreneur conclut un autre contrat Moudaraba avec un


nouvel entrepreneur.

Exemple : Rab Al Mal (RM) fournit un capital de 100 000 dhs au Moudarib (MU1)
avec un ratio de partage de 70%/30%. Celui-ci remet à son tour au Moudarib 2
(MU2) la totalité du capital avec un taux de participation aux bénéfices de 60%/40%.
Si l'entreprise réalise un profit de 50 000 dhs, alors MU2 obtient 40% de revenus soit
20 000 dhs (50 000 x 0,4).
Sur les 30 000 dhs restants seront partagés entre MU1 et RM avec un ratio de partage
70% /30%. MU1 obtient 30% x30 000, soit 9 000 dhs et le RM obtient 70%x 30 000,
soit 21 000 dhs.

48
Toutefois, si les résultats de l'investissement sont une perte de 30 000 dhs, cette perte
est supportée par le rab al mal RM.

2.2. Selon les conditions imposées par le titulaire du compte


d’investissement

Lors de la conclusion d’une transaction Moudaraba, le client peut imposer des


conditions d’investissement à la banque, de ce fait on distingue :

 Moudaraba avec « Comptes d’investissements non affectés ou non


restreints » : dans ce type de contrat, le titulaire d’un compte d’investissement
autorise la banque islamique à investir les fonds de la manière qu’elle juge
appropriée, sans fixer aucune restriction quant à l'endroit où, comment et à
quelles fins les fonds seraient investis, étant entendu que lesdits
investissements sont conformes à la Charia. En vertu de cette disposition, la
banque islamique peut mélanger les fonds du titulaire du compte
d’investissement avec ses propres fonds ou d'autres fonds d’investissements
(par exemple, les comptes courants).

 Moudaraba avec « comptes d’investissements affectés ou restreints » : dans


ce type de contrat, le titulaire du compte d’investissement impose certaines
restrictions à la banque comme le lieu (où), comment et à quelles fins ses fonds
seraient utilisés. En outre, la banque islamique n’est pas autorisée à mélanger
ses fonds propres avec les fonds d’un compte d’investissement affecté.
De plus, il peut y avoir d'autres restrictions que les détenteurs de comptes
d’investissements affectés peuvent imposer. Par exemple, les titulaires de ces
comptes peuvent exiger que la banque islamique n’investisse pas leurs fonds
dans des opérations de vente à tempérament, ou sans caution ou garantie, ou
exiger que la banque islamique réalise l'investissement elle-même, sans
recourir à un tiers.

3. Comptabilisation

C’est les normes FAS 3 et FAS 6 qui traitent des règles de comptabilisation des
opérations de Moudaraba. La norme FAS 3 traite du cas où la banque est Rab al Mal,
et remet à une personne tierce (le Moudarib) les fonds pour les besoins
49
d’investissement. La norme FAS 6 traite du cas où la banque reçoit les fonds
d’investissement de ses clients et est considérée comme le Moudarib.

D’une manière courante, une opération Moudaraba passe par trois phases distinctes :

 l’apport ou souscription du contrat,


 l’arrêté de l’exercice,
 et la répartition du résultat et distribution des bénéfices (s’il y en a).

3.1. Apport Moudaraba

3.1.1. La banque est Rab al Mal

En mode de financement, il est admis que les fonds Moudaraba ou capital Moudaraba
soit remis au Moudarib en numéraires ou par apport en nature.

 Capital Moudaraba par apport en numéraires : lorsque le capital est versé au


Moudarib ou placé à sa disposition il convient de passer les écritures suivantes.

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de Financement Moudaraba Comptes de trésorerie
(CB)

Remarque :

 Si le capital Moudaraba est versé par tranches, chaque tranche est considérée
comme capital lorsqu’elle est payée.
 Si le paiement du capital Moudaraba est conditionné par la survenance d'un
événement futur ou retardé jusqu’à une date ultérieure, le contrat Moudaraba
ne prend effet que lorsque le capital est effectivement versé au Moudarib.

 Capital Moudaraba par apports en nature : si le capital Moudaraba est un


bien (biens commerciaux ou actifs non monétaires), il est évalué à la juste
valeur des actifs. Toute différence entre la juste valeur et la valeur comptable
doit être comptabilisé au niveau du compte de résultat de la banque.

50
 1er cas : juste valeur = valeur nette comptable

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de financement Moudaraba Actifs immobilisés (pour solde du
(CB) compte)
Et
Amortissements des comptes d’actifs
(pour solde du compte)

Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Comptes de financement Moudaraba Stocks (pour solde du compte)
(CB)
Et
Provisions dépréciation des stocks
(pour solde du compte)

 2ème cas : juste valeur > valeur comptable

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de financement Moudaraba Actifs immobilisés (pour solde du
(CB) compte)
Et ou
Amortissements des comptes d’actifs Stocks (pour solde du compte)
(pour solde du compte) et
Gains/actifs mis en financement
Moudaraba*
* pour la différence entre la valeur comptable et la juste valeur.

51
 3ème cas : juste valeur < valeur comptable

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de financement Moudaraba Actifs immobilisés (pour solde du
(CB) compte)
et ou
Amortissements des comptes d’actifs Stocks (pour solde du compte)
(pour solde du compte)
et
Pertes/actifs mis en financement
Moudaraba* (CR)
* pour la différence entre la valeur comptable et la juste valeur.

Remarque : les frais engagés avant la conclusion d’un contrat de financement


Moudaraba (études de marchés, études de faisabilité…) ne sont pas considérés un
capital Moudaraba sauf accord des deux parties.

Exemple : le 1/1/2014, la Banque Islamique de Bahreïn (BIB) a conclu un contrat de


financement Moudaraba pour 1 000 000 dhs avec la société « Société de Promotion
Immobilière (SPI) ». L'étude de faisabilité et les frais préliminaires ont été de l’ordre
de 50 000 dhs et ont été payés par la BIB. Le montant de 1 000 000 dhs a été remis à
SPI pour son utilisation dans un financement Moudaraba comme suit:

 Le 1/1/2014 : 200 000 dhs a été remis en espèces à SPI, en sus de


300 000 dhs (juste valeur) d'une grue dont la valeur comptable nette inscrite au
niveau des comptes de la BIB est de 400 000 dhs.
 Le 1/3/2014: la juste valeur de 200 000 dhs relative à des matériaux de
construction a été remise à SPI, la valeur comptable de ces matériaux était de
150 000 dhs.
 Le 1/4/2014, 300 000 dhs a été versée à la SPI en argent comptant par la BIB.

52
Ecritures comptables

Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/01/2014 Comptes de financement Moudaraba 500 000
Pertes/ actifs remis Moudaraba 100 000

Comptes de trésorerie 200 000


Actifs remis pour
financement Moudaraba 400 000

Date Comptes Débit Crédit


01/03/2014 Comptes de financement Moudaraba 200 000

Stocks 150 000


Profits/actifs remis pour
financement Moudaraba 50 000

Date Comptes Débit Crédit


01/04/2014 Comptes de financement Moudaraba 300 000

Comptes de trésorerie 300 000

3.1.2. La banque est le Moudarib

L’apport des titulaires des comptes d’investissement non restreints est enregistré dans
les comptes de la banque au coût historique à la réception des fonds. Les comptes
d’investissement non restreints sont enregistrés en hors bilan.

Quant la banque est le Moudarib, la réception des fonds se fait obligatoirement en


numéraires.

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésorerie Comptes d’investissement non
restreints (CB)

53
3.2. Arrêté comptable (évaluation du capital Moudaraba)

3.2.1. La banque est Rab al Mal

A la fin de chaque exercice social, les capitaux inscrits dans les comptes de
financement Moudaraba doivent être évalués pour s’assurer ou non de leur
dépréciation. Plusieurs cas peuvent se présenter :

 Il n’existe pas de pertes, il n’y a aucune écriture à constater,

 si une perte partielle du capital est constatée avant la date d’effet du contrat
Moudaraba, deux cas se présentent :

 la perte n’est pas due à la négligence du Moudarib

Compte à débiter Compte à créditer


Pertes/ financement Moudaraba (CR)* Comptes de financement Moudaraba
(CB)
*pour le montant de la perte enregistrée.

 la perte est due à une négligence du Moudarib

Cette perte est enregistrée comme créance due par le Moudarib.

Compte à débiter Compte à créditer


Créances/Comptes de financement Comptes de financement Moudaraba
Moudaraba suite à une perte (CB) (CB)

Remarque : si l'ensemble du capital Moudaraba est perdu sans négligence aucune du


Moudarib, la banque islamique supporte la perte en tant que Rab Al Mal, et le contrat
de Moudaraba est résilié.

A ce niveau, il convient de signaler que le normalisateur AAOIFI traite les cas de


l’évaluation des fonds Moudaraba avant le commencement des opérations de
placement, car après le début des placements, il s’agit tout simplement de constater
des pertes ou des profits liés à l’opération elle-même.

54
3.2.2. La banque est le Moudarib

Si la banque est le Moudarib, elle ne constate dans ses comptes aucune perte tant
qu’elle n’est pas responsable de la perte des capitaux qui lui ont été confiés.

3.3. Comptabilisation des bénéfices et des pertes

3.3.1. La banque est Rab al Mal

La problématique de constatation de la quote-part de la banque dans les pertes et


profits est relativement simple lorsque l’opération de financement Moudaraba est
conclue au cours d’un exercice social, elle se complique si la durée du contrat
Moudaraba s’étale sur plus d’un exercice.

3.3.1.1. Le contrat Moudaraba prend effet et se termine au


cours d’un même exercice social

Dans ce cas les pertes et profits (la part de la banque) doivent être reconnus au cours
du même exercice social.

 Le résultat est un bénéfice

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésorerie* Comptes de financement Moudaraba
Ou (pour solde du compte) (CB)
Créances sur financement Moudaraba et
(si le Moudarib n’a pas remis à la Profits/investissement Moudaraba
banque sa part) (CB) (CR)
*pour la valeur totale reçue correspondant au capital Moudaraba majoré des
profits réalisés.

 Le résultat est une perte non due à la négligence du Moudarib

Compte à débiter Compte à créditer


Pertes/investissement Moudaraba (CR) Comptes de financement Moudaraba
Et/ou (pour solde du compte) (CB)
Comptes de trésorerie*
55
*pour la différence entre le solde du compte financement Moudaraba et les
pertes constatées.

 Le résultat est une perte imputable à la négligence du Moudarib

Dans ce cas la banque ne constate aucune perte dans ses comptes, et le Moudarib
garantit le capital perdu, et est tenu de verser l’intégralité du capital Moudaraba perdu
par sa faute à la banque.

Compte à débiter Compte à créditer


Créances Moudaraba (CB) Comptes de financement Moudaraba
(pour solde du compte) (CB)

3.3.1.2. Le contrat Moudaraba s’étale sur plus d’un exercice


social

A la clôture de l'exercice comptable, il convient d’évaluer si les fonds Moudaraba


ont réalisé des pertes ou des profits même si l’opération de financement s’étale sur
plusieurs années.

 En cas de profits : et en totale opposition par rapport au principe de


prudence, la quote-part de la banque est estimée à hauteur des
bénéfices à distribuer, et doit être comptabilisée dans ses comptes.

 En cas de pertes : la quote-part des pertes de la banque islamique doit


être reconnue dans ses comptes comptables dans la limite du solde du
compte Moudaraba.

Les écritures comptables sont identiques à celles présentées au niveau de la première


section (contrat Moudaraba conclu pour une année sociale).

3.3.2. La banque est le Moudarib

La particularité de ce cas de figure, comme souligné auparavant, est que la banque ne


supporte les pertes et ne les constate dans ses comptes que si elle en est responsable.

56
Mais dans la pratique, les comptes d’investissements de la banque sont mélangés
avec ses propres comptes courants, et donc la banque est à la fois Moudarib et à la
fois Rab al Mal.

 Le résultat est un bénéfice

La banque constate alors dans ses comptes la part des bénéfices qui lui revient et une
créance à verser aux titulaires des comptes pour la part des bénéfices qui leur revient.

Compte à débiter Compte à créditer


Bénéfice à distribuer aux comptes Quote-part comptes investissements
d’investissement (CR) non restreints (CB)

 Le résultat est une perte

En cas de perte sur les comptes d’investissement, la banque (Moudarib) effectue une
compensation entre les pertes et les profits antérieurs non distribués, et opère ensuite
une compensation avec les provisions constituées antérieurement pour risque
d’investissement le cas échéant, si les profits antérieurs non distribués sont
insuffisants pour absorber les pertes).

Compte à débiter Compte à créditer


Profits non distribués des comptes Pertes/ comptes d’investissement non
d’investissement (CB) (pour solde du restreints (CR)
compte)
Et
Provisions pour pertes/
investissements non restreints (CB)**
** à hauteur des provisions constituées.

4. Présentation des comptes d’investissement dans les états financiers

En finance islamique, la présentation des comptes d’investissement au niveau des


états financiers de la banque, principalement du bilan revêt une importance majeure,
et est spécifique à l’industrie de la finance islamique. On distingue deux cas de
présentation selon que les comptes d’investissement sont restreints ou non.
57
Comptes d’investissements non restreints via un financement
Moudaraba (l’épargnant ou le client n’impose aucune contrainte à la
banque) : selon les normes de l’AAOIFI, si l’épargnant ou le client n’impose
aucune contrainte à la BI, les fonds d’investissement deviennent
juridiquement la propriété de la banque qui en a l’entière disposition sans
aucune interférence de l’apporteur de capital.

Comme les capitaux propres, les fonds d’investissement donnent lieu au


versement des profits générés par l’exploitation desdits investissements (si
profits il y a), qui seront ainsi partagés entre les actionnaires et les titulaires
des fonds d’investissement. Mais contrairement aux capitaux propres, les
fonds d’investissement ne donnent pas lieu à des titres de propriété du capital
de la BI.

Contrairement aux dettes, il n’y a aucune assurance de remboursement


intégral du capital investi des fonds d’investissement non restreints, car en cas
de pertes, les épargnants titulaires desdits fonds (Rab al Mal) sont les seuls à
les supporter, et la banque ne subit quant à elle aucune perte.

De ce fait, les comptes d’investissement non affectés gérés via un


financement Moudaraba sont présentés comme une classe indépendante au
niveau du bilan de la banque islamique. Ils sont classés entre les dettes et les
capitaux propres.

Par ce choix, l’AAOIFI introduit une cinquième classe de bilan, outre les
quatre classes généralement admises et reconnues en environnement
comptable classique, qui sont : les comptes d’actif immobilisé, les comptes de
capitaux propres, les comptes de dettes et de créance et les comptes de
trésorerie.

 Comptes d’investissements restreints via un financement Moudaraba


(l’épargnant ou le client impose une ou des contraintes à la BI) : dans ce
cas de figure, les fonds reçus par la BI sont inscris en hors bilan.

58
Chapitre 6
Les opérations Moucharaka
Le traitement comptable des opérations Moucharaka a fait l’objet de la norme FAS 4
« Financement Moucharaka ». Cette norme fournit les règles concernant le processus
comptable lié à la Moucharaka. Elle vise la comptabilisation, la mesure et la
communication des opérations relatives à la Moucharaka effectuées par les banques
et institutions financières islamiques.

La norme FAS 4 ne traite pas de la comptabilisation des opérations portant sur les
titres de participation, les valeurs mobilières, les opérations de fusion et la
consolidation des comptes.

1. Définition

Le financement Moucharaka est un partenariat entre une institution financière et une


entreprise sur la base duquel l’institution financière comme l’entreprise investissent
dans un projet. L’institution financière et son partenaire partagent les profits et les
pertes selon leurs apports respectifs dans le fonds Moucharaka (mais le contrat
Moucharaka peut prévoir des quotes-parts différentes des apports en capital).

Pour BAM, On entend par Moucharaka « tout contrat ayant pour objet la prise de
participation, par un établissement de crédit, dans le capital d’une société existante ou
en création, en vue de réaliser un profit ».

59
Source : http://www.institut-numerique.org/ii1-les-produits-de-financement-
participatif-5266b925e6e65

Le financement Moucharaka s’assimile à une association qui ressemble en apparence


à une société de fait. C’est un contrat de partenariat entre deux ou plusieurs parties. Il
met en relation généralement une institution financière (banque islamique) et un ou
plusieurs entrepreneurs, et où chaque partie peut réaliser un apport, soit en
numéraires soit en nature.

2. Classification

On distingue deux types de contrats Moucharaka :

 La Moucharaka Tabita (fixe) : la banque et le client demeurent partenaires au


sein de la société jusqu’à l’expiration du contrat Moucharaka.

 La Moucharaka Moutanakissa (dégressive) : la banque se retire de la société


créée au fur et à mesure de l’avancement du projet financé

Les participations de type Moucharaka ne peuvent être prises que dans des sociétés
de capitaux : S.A (Société Anonyme), S.A.R.L (Société À Responsabilité Limitée),
S.C.A (Société en Commandite par Actions), S.A.S (Société Anonyme Simplifiée).

60
3. Traitement comptable

Le financement Moucharaka passe, en termes de comptabilisation, comme


l’opération de financement Moudaraba par trois phases distinctes :

 la conclusion du contrat,
 l’arrêté comptable,
 et le dénouement du contrat.

Les écritures comptables présentent de ce fait beaucoup de similitudes.

3.1. Conclusion du contrat

Les apports dans une opération de financement Moucharaka peuvent être effectuées
soient en numéraires soient en nature. Dans le cas d’un apport en nature, les biens
sont évalués à leur juste valeur et non pas à leur valeur nette comptable.

 1er cas : les apports de la BI sont en numéraires

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de financement Moucharaka Comptes de trésorerie
(CB)

 2ème cas : les apports de la BI sont en nature

Là encore, il convient de distinguer trois cas :

 la juste valeur des biens apportés = la valeur nette comptable

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de financement Moucharaka Actifs immobilisés (pour solde du
(CB) compte)
Et
Amortissements des comptes d’actifs
(pour solde du compte)

61
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Comptes de financement Moucharaka Stocks (pour solde du compte)
(CB)
Et
Provisions pour dépréciation des
stocks (pour solde du compte)

 La juste valeur des biens apportés > la valeur comptable

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de financement Moucharaka Actifs immobilisés (pour solde du
(CB) compte)
Et Et
Amortissements des comptes d’actifs Gains/apports financement
(pour solde du compte) Moucharaka* (CR)
*pour la différence entre la valeur nette comptable des actifs et leur juste valeur.

Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Comptes de financement Moucharaka Stocks (pour solde du compte)
(CB) Et
Et Gains/apports financement
Provisions pour dépréciation des Moucharaka* (CR)
stocks (pour solde du compte)

 La juste valeur des biens apportés < la valeur nette comptable

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de financement Moucharaka Actifs immobilisés (pour solde du
(CB) compte)
Et
Amortissements des comptes d’actifs
(pour solde du compte)
Et
Pertes/apports financement
Moucharaka (CR)
62
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Comptes de financement Moucharaka Stocks (pour solde du compte)
(CB)
Et
Provisions pour dépréciations des
stocks (pour solde du compte)
Et
Pertes/apports financement
Moucharaka (CR)

3.2. Arrêté comptable

Lors de chaque arrêté comptable, il convient d’évaluer les comptes de financement


Moucharaka et de constater soit la perte, soit le profit liés à ce montage financier.
Cette évaluation diffère selon que le contrat de financement Moucharaka est fixe ou
dégressif.

3.2.1. Evaluation des comptes de financement Moucharaka

 Dans le cas d’une Moucharaka fixe : la part de la BI est évaluée au coût


historique ;
 Dans le cas d’une Moucharaka dégressive : la part de la BI est évaluée au
coût historique diminuée de la part cédée à la juste valeur.

Remarque : la différence entre la juste valeur et le coût historique de la part vendue


est considérée comme un gain ou une perte à constater au compte de résultat de la
banque. Trois cas peuvent se présenter :

 Juste valeur de la part vendue = coût historique de ladite part

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésorerie Comptes de financement
Moucharaka* (CB)
*pour la valeur au coût historique de la quote-part cédée.

63
 Juste valeur de la part vendue > coût historique de ladite part

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésorerie Comptes de financement Moucharaka
(CB)
et
Gains d’investissements/comptes de
financement Moucharaka* (CR)
*pour la différence entre la valeur historique et la juste valeur de la part cédée.

 Juste valeur de la part vendue < coût historique de ladite part

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésorerie Comptes de financement Moucharaka
et (CB)
Pertes d’investissements/comptes de
financement Moucharaka* (CR)
*pour la différence entre la valeur historique et la juste valeur de la part cédée.

Remarque : si l’autre partie n’a pas versé à la banque sa part dans l’opération
Moucharaka, il est alors constaté une créance envers l’associé.

3.2.2 Constatation du résultat d’un contrat Moucharaka

La part de la BI dans les profits ou les pertes est évaluée à la fin de chaque exercice
comptable même si le contrat Moucharaka est conclu sur plus d'un exercice
comptable. On distingue trois cas de figure :

 Cas d’un bénéfice

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésorerie Gains d’investissements/comptes de
financement Moucharaka (CR)

64
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Comptes d’associés, dividendes à Gains d’investissements/comptes de
verser sur opérations Moucharaka* financement Moucharaka (CR)
(CB)
*on constate une créance vis-à-vis de l’associé si ce dernier n’a pas versé à la
banque sa part du bénéfice.

 Cas d’une perte non due à la négligence de l’associé

Compte à débiter Compte à créditer


Pertes d’investissements/comptes de Comptes de financement Moucharaka
financement Moucharaka (CR)

 Cas d’une perte avec négligence de l’associé

Dans ce cas, c’est l’associé qui supporte la perte et elle est inscrite comme créance à
son encontre.

Compte à débiter Compte à créditer


Créances/pertes Moucharaka (CB) Comptes de financement Moucharaka
(CR)

3.1. Dénouement du contrat Moucharaka

Il s’agit de constater la sortie définitive du fonds Moucharaka et donc la fin du contrat


Moucharaka.

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésorerie Comptes de financement Moucharaka
(pour solde du compte) (CB)

Exemple : Faiçal Bank (FB) décide de s’associer avec la banque Dallah Al Baraka
(DAB) pour importer des grues destinées au secteur du BTP. Ces grues de fabrication
allemande, dernière génération, seront revendues dans un pays arabe. Début mars
2014, FB apporte 40% des fonds requis pour cette acquisition et DAB les 60%
restants.
65
Le 15 mars 2014, FB et DAB achètent lesdites grues à un coût global de 1Mdhs, elles
les revendent le 30 avril 2014 à 1,2 Mdhs.
Le 2 mai 2014, DAB verse à FB sa part des bénéfices réalisés de cette opération
Moucharaka.

C’est la banque DAB qui se charge de la gestion de l’opération puisqu’elle est


majoritaire.

Ecritures comptables chez DAB

Constitution du montage Moucharaka


Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/03/2014 Comptes de trésorerie 400 000

Financement Moucharaka 400 000

Dénouement Moucharaka
Journal
Date Comptes Débit Crédit
15/03/2014 Stocks 1 000 000

Comptes de trésorerie 1 000 000


Date Comptes Débit Crédit
30/04/2014 Comptes de trésorerie 1 200 000

Stocks 1 000 000


Gains/opérations Moucharaka 200 000

Distribution quote-part
Journal
Date Comptes Débit Crédit
02/05/2014 Gains/opérations Moucharaka 80 000

Comptes de trésorerie 80 000


66
Date Comptes Débit Crédit
02/05/2014 Financement Moucharaka 400 000

Comptes de trésorerie 400 000

Ecritures comptables chez FB

Constitution du montage Moucharaka


Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/03/2014 Financement Moucharaka 400 000

Comptes de trésorerie 400 000

Dénouement Moucharaka
Journal
Date Comptes Débit Crédit
02/05/2014 Comptes de trésorerie 80 000

Gains/opérations Moucharaka 80 000


Date Comptes Débit Crédit
02/05/2014 Comptes de trésorerie 400 000

Financement Moucharaka 400 000

67
Chapitre 7
Les opérations Salam et Salam parallèle
C’est la norme FAS 7 qui aborde le traitement comptable des opérations Salam et
Salam parallèle. Cette norme établit les règles comptables de constatation
(comptabilisation), de mesure et de communication (divulgation) liées aux opérations
de financement basé sur le Salam effectuées par les banques et les institutions
financières islamiques.

1. Définition

Le Salam est une opération par laquelle une institution financière verse à l’avance, le
montant intégral correspondant à la livraison future d'une quantité définie de
marchandises. Dans la pratique, ce type de montage financier est très souvent utilisé
pour le financement des activités agricoles.

Un montage Salam fait l’objet de deux contrats distincts.

 Le premier contrat conclu entre la banque (Moussalam Ilaih) et son client par
le biais duquel elle s’engage à acheter les marchandises (Moussalam Fih) en
contrepartie du paiement intégral du prix avec fixation de la date et du lieu de
livraison.

68
 Un second contrat qui découle du premier est conclu, par le biais duquel la
banque revend la marchandise à un tiers avec des modalités de paiement
convenues à l’avance.

Pour qu’un contrat Salam soit valide, il doit respecter les conditions suivantes :

 il doit être établi par écrit,


 le prix doit être payé au vendeur (client) intégralement dès la conclusion du
contrat,
 le délai et le lieu de livraison doivent être déterminés. Si le lieu de la livraison
n'a pas été fixé, la livraison est due au lieu de conclusion du contrat
 à peine de nullité, les caractéristiques des denrées ou autres biens qui ont fait
l'objet du contrat doivent être spécifiés, par quantité, qualité, poids ou mesure,
selon leur nature. Lorsque les biens vendus sont de ceux qui ne se comptent ni
ne se pèsent, il suffit que leur qualité soit déterminée exactement.

Le contrat Salam est comparable à un contrat forward qui donne le droit d’acheter un
bien à un prix et une date convenus dans le futur. Selon Cherif (2008), il existe
cependant deux différences fondamentales entre un contrat Salam et un contrat
Forward. Primo, à l’échéance le sous-jacent n’est pas toujours livré dans le cadre
d’un contrat forward. Secundo, dans le cadre d’un contrat forward le sous-jacent est
payé à maturité, ce qui n’est pas le cas du contrat Salam où le paiement est comptant,
et est effectué lors de la conclusion ou signature du contrat.

2. Classification

Il existe deux types de contrat Salam :

 le contrat Salam simple explicité ci-avant,


 le contrat Salam parallèle où la banque vend un bien ayant fait
initialement l’objet d’un contrat Salam, à une tierce partie moyennant
paiement immédiat, et livraison à une date convenue.

Les conditions de validité d’un contrat Salam restent applicables à un contrat Salam
parallèle.

69
Toutefois, il convient de noter que beaucoup de juristes musulmans ont interdit les
contrats de Salam parallèle arguant de l’existence d’un soupçon de Riba dans ce type
de transaction, puisqu’un seul bien ne peut faire l’objet de plusieurs contrats de vente
successifs.

3. Traitement comptable

Le traitement comptable de l’opération Salam concerne aussi bien le traitement du


capital versé que le traitement des biens acquis.

3.1. Le capital

Le capital Salam peut être versé soit en numéraires soit en nature. Il est constaté à la
valeur historique (quand il est versé en numéraires) ou à la juste valeur (quand il est
versé en nature). Il est réévalué à la fin de chaque période comptable.

 Comptabilisation initiale

Compte à débiter Compte à créditer


Financement Salam (CB) Comptes de trésorerie

Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Investissements Salam (CB) Biens immobiliers*
Et Et
Amortissements des biens immobiliers Profit/retrait de biens immobiliers**
(CR)
* dans le cas où le capital est en en nature sous forme de biens immobiliers
**suite à l’évaluation du bien immobilier à la juste valeur, et dans le cas ou la juste
valeur est supérieure à la valeur nette comptable.

70
Compte à débiter Compte à créditer
Investissements Salam (CB) Biens immobiliers*
Et
Amortissements des biens immobiliers
Et
Perte/retrait de biens immobiliers**
(CR)
*dans le cas où le capital est en en nature sous forme de biens immobiliers
**suite à l’évaluation du bien immobilier à la juste valeur, et dans le cas ou la juste
valeur est inférieure à la valeur nette comptable.

Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Investissements Salam (CB) Stocks*
Et Ou
Provisions/dépréciation stocks Profit/retrait Stocks**
Ou
Perte/retrait Stocks**
*dans le cas où le capital est en en nature sous forme de marchandises
**suite à l’évaluation de la marchandise à la juste valeur.

 A la clôture de l’exercice

A la clôture de l’exercice, s’il apparaît que le bien objet du contrat (Al Moussalam
Fih) ne sera pas livré, soit totalement soit partiellement ; ou que sa valeur entre la
date de conclusion du contrat et la date de clôture de l’exercice a subi une baisse, il
convient de constater des provisions pour dépréciation du montant estimé de la perte.

Compte à débiter Compte à créditer


Dotations pour dépréciation capital Provisions pour dépréciation capital
Salam (CR) Salam (CB)

3.2. Livraison de la marchandise Salam

A la date de livraison, la marchandise Salam, objet du contrat, peut être conforme aux
spécificités indiquées et convenues dans le contrat ou alors être non conforme.

71
3.2.1. La marchandise livrée est conforme aux conditions du contrat
Salam

Lorsque la marchandise livrée à la date convenue, et est conforme au contrat, la


norme FAS 7 préconise de la comptabiliser à son coût historique.

Compte à débiter Compte à créditer


Marchandises – Salam (CB) Financement Salam (CB) (pour solde
du compte)

3.2.2. La marchandise livrée n’est pas conforme aux conditions du


contrat Salam

Si la marchandise livrée n’est pas conforme aux conditions du contrat Salam et si


elle est échangée avec une marchandise d’un genre différent, on compare la valeur de
marché ou juste valeur du bien échangé avec la valeur initiale du contrat Salam. Deux
cas peuvent se présenter :

 La valeur de marché (ou juste valeur) = valeur retenue au niveau du contrat


Salam

Compte à débiter Compte à créditer


Marchandises – Salam* (CB) Investissements Salam (pour solde du
compte) (CB)
* pour la valeur retenue au niveau du contrat Salam.

 La valeur de marché (ou juste valeur) < la valeur retenue au niveau du contrat
Salam, la différence est considérée comme perte.

Compte à débiter Compte à créditer


Marchandises – Salam (CB) Financement Salam (pour solde du
et compte) (CB)
Pertes/financement Salam (CR)

72
 A la clôture de l’exercice

A la clôture de l’exercice, la valeur des marchandises Salam est évaluée au plus faible
de la valeur historique et de la valeur probable de réalisation. Toute différence entre
cette la valeur probable de réalisation et la valeur nette comptable est alors inscrite en
pertes.

Compte à débiter Compte à créditer


Dotations pour provisions Provisions pour dépréciations
Marchandises – Salam (CR) marchandises Salam (CB)

3.2.3. Défaillance du client (Al Mousallam Ileihi)

A la date déchéance du contrat Salam, le client peut se trouver dans l’incapacité de


livrer le bien objet du contrat Salam, trois cas peuvent se présenter :

 La banque accepte d’accorder un délai supplémentaire : la valeur de la


marchandise Salam reste celle inscrite initialement en comptabilité.

 Si le contrat Salam est résilié totalement, une créance est inscrite en faveur de
la banque.

Compte à débiter Compte à créditer


Créances Salam (client) (CB) Financement Salam* (CB)
* pour la valeur de la quote-part du contrat ayant donné lieu à résiliation.

 Le client (al-mousallam ileihi) est incapable de livrer la marchandise Salam


à cause de sa négligence

Si le client (al-mousallam ileihi) est incapable de livrer la marchandise à cause de sa


négligence et le contrat Salam prend fin, la BI inscrit dans ses comptes une créance à
recouvrer vis-à-vis du client, soit pour la valeur globale du contrat Salam ou en cas
d’existence d’une garantie, de la valeur après mise en cause de la garantie.

Compte à débiter Compte à créditer


Créances Salam (client Salam) (CB) Financement Salam * (pour solde du
compte) (CB)
73
4. Le Salam parallèle

Dans le cas de la conclusion d’un contrat de Salam parallèle, la banque devient le


client (Mussallam Ilaihi) qui s’engage à livrer à un tiers un bien déterminé objet du
contrat Salam à un prix convenu et à une date convenue. Les règles comptables du
Salam et d’évaluation de la marchandise Salam restent applicables.

4.1. Encaissement par la BI du capital Salam

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésoreries Dettes sur Salam parallèle (CB)

Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Biens mobiliers* Dettes sur Salam parallèle (CB)
*lorsque le capital Salam est en nature sous forme de biens mobiliers.

Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Biens immobiliers* Dettes sur Salam parallèle (CB)
*lorsque le capital Salam est en nature sous forme de biens immobiliers.

4.2. Dénouement du contrat

Lors du dénouement du contrat, la banque peut se trouver en présence de coûts des


marchandises supportés supérieurs ou inférieurs au prix reçu par l’acheteur.

74
 Les coûts engagés ou supportés pour l’obtention de la marchandise sont
inférieurs au montant reçu initialement

Compte à débiter Compte à créditer


Dettes sur Salam parallèle (pour solde Marchandises - Salam* (pour solde du
du compte) (CB) compte) (CB)
Et
Profits sur contrat Salam** (CR)
*pour le coût de la marchandise
*pour la différence entre la valeur convenue au niveau du contrat Salam et le
coût de la marchandise.

 Les coûts des marchandises supportés par la banque sont supérieurs au


prix reçu par l’acheteur

Compte à débiter Compte à créditer


Dettes sur Salam parallèle (pour solde Marchandises – Salam (pour solde du
du compte) (CB) compte) (CB)
et
Pertes/ investissements Salam (CR)

Exemple : Le 1er mars 2014, M. Hassan, un agriculteur, signe un contrat Salam avec
la Dubai Islamic Bank pour lui vendre 100 tonnes de blé à 2 000 dhs la tonne au
moment de la récolte. Les deux parties conviennent que ledit blé sera livré après la
moisson soit le 15 juin 2014. Le 15 juin, M. Hassan livre effectivement ce blé aux
spécificités convenues au niveau du contrat.

Ecritures comptables

Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/03/2014 Financement Salam 200 000

Comptes de trésorerie 200 000


15/06/2014 Marchandises (Blé) 200 000

Financement Salam 200 000


75
Le 1er mars 2014, M. Hassan, un agriculteur, signe un contrat Salam avec une banque
islamique pour vendre 100 tonnes de blé à 2 000 dirhams la tonne au moment de la
récolte. Selon le contrat conclu, la banque a fourni une machine coûtant 195 000
dirhams (valeur nette comptable) au prix de 200 000 au client (juste valeur), et dans
l'espoir que le blé se vendrait à 2 100 dirhams la tonne après livraison soit le 1er juillet
2014.

Ecritures comptables

Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/03/2014 Financement Salam 200 000

Biens immobiliers 195 000


Profit/retrait biens immobiliers 5 000
Date Comptes Débit Crédit
01/07/2014 Marchandises (Blé) 200 000

Financement Salam 200 000

Supposons que M. Hassan n'a pas pu fournir la qualité du blé convenue et a proposé
de fournir du blé de moindre qualité, dont la valeur marchande est de 190 000
dirhams. Cette proposition a été acceptée par DIB.

Ecritures comptables

Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/07/2014 Marchandises (Blé) 190 000

Financement Salam 200 000


Pertes/financement Salam 10 000

76
Chapitre 8
Les opérations Ijara et Ijara mountahia bitamlik

Le traitement comptable des opérations Ijara et Ijara mountahia bitamlik a fait l’objet
de la norme comptable FAS 8 de l’AAOIFI, que la banque soit un bailleur ou un
locataire. Cette norme établit les règles comptables de constatation
(comptabilisation), de mesure et de communication (divulgation) des opérations de
location qui répondent aux exigences de la loi musulmane, effectuées par les banques
et institutions financières islamiques en tant que bailleurs ou en tant que locataires.

1. Définition

Le contrat Ijara est un contrat de location à durée déterminée par le biais duquel une
institution financière islamique met à la disposition de son client l’usufruit de ce bien
moyennant une redevance fixée. Le bailleur (la banque) garde la propriété de l’actif
avec les droits s’y attachant pendant la période de location (Ijara). Le droit de
propriété du bien revient à la banque durant toute la période du contrat, tandis que le
droit de jouissance revient au locataire.

Les contrats Ijara fonctionnent selon le schéma ci-après :

77
La circulaire n°36 du 13 Septembre 2007 de la banque centrale du Maroc, dans son
article 1 donne de l’Ijara la définition suivante : « On entend par Ijara, tout contrat
selon lequel un établissement de crédit met, à titre locatif, un bien meuble ou
immeuble, identifié et propriété de cet établissement, à la disposition d’un client pour
un usage autorisé par la loi».

Selon BAM, le montage Ijara peut :

 consister en une location simple ; il s’agit alors d’un contrat dit « Ijara
tachghilia » ;
 être assorti d’un engagement d’acquisition ferme de la part du locataire à
l’issue d’une période convenue d’avance, et l’engagement ferme de la Banque
de lui céder ce bien à l’issue de la même période ; il s’agit alors d’un contrat dit
« Ijara wa iqtinaa ».

Il est à noter que la circulaire de BAM n’aborde pas le cas où la banque est locataire.

2. Classification

On distingue deux types de contrats Ijara :

 le contrat Ijara simple qui est un contrat de location sans option d’achat,
 le contrat d’Ijara couplé à un contrat de Bai’ (contrat de vente) qui est donc un
contrat de location avec option d’achat. Pour la validité de ce dernier type de
contrat, les deux contrats (location/vente) doivent être conclus non pas
simultanément, mais l’un après l’autre.

En ce qui concerne les contrats Ijara Mountahia Bittamlik, l’AAOIFI différencie


entre quatre types de contrats, selon l’option choisie pour transférer la propriété de
l'actif :

a) transfert par don;


b) transfert par la vente avec contrepartie symbolique ou avec contrepartie
monétaire spécifiée dans le contrat;
c) transfert par la vente avant la fin de la durée du bail pour un prix équivalent
aux versements Ijara restants; et
78
d) transfert par la vente progressive de l'actif loué.

3. Traitement comptable

3.1. Ijara tachghilia (location simple)

3.1.1. La banque est « bailleur »

La comptabilisation du processus Ijara suit plusieurs étapes, dont le traitement


comptable est détaillé ci-après.

 Acquisition du bien destiné à la location

Le bien acquis doit être comptabilisé à son coût historique qui englobe le prix net
d’achat et tous les frais accessoires d’achat (charges de transport, assurance, droits de
douane, et en général tout autre frais ayant une relation directe avec l’acquisition du
bien).

Quant aux charges directes supportées avant la conclusion du contrat, leur traitement
comptable diffère selon qu’elles sont significatives ou pas.

Si le montant des frais préliminaires est significatif, ces charges seront réparties sur
les exercices comptables concernés par le contrat de location. Si non, ces charges sont
à enregistrer au compte de résultat comme des charges de l’exercice.

Compte à débiter Compte à créditer


Actifs acquis et destinés à l’Ijara (CB) Comptes de trésorerie

Remarque : les actifs acquis pour les besoins de la location doivent figurer au bilan
dans la rubrique des investissements sous l’intitulé « Actifs loués ».

 Amortissement et dépréciation du bien acquis pour location

L’amortissement d’un bien acquis pour les besoins de l’Ijara est étalé sur la durée du
contrat d’Ijara, et non pas sur la durée de vie du bien. La valeur amortissable est la
valeur historique diminuée de la valeur résiduelle dudit bien à la fin du contrat Ijara.
79
Compte à débiter Compte à créditer
Dotations aux amortissements du bien Amortissement du bien acquis pour
acquis pour location Ijara (CR) location Ijara (CB)

En cas d’une probabilité de dépréciation définitive significative de la valeur restante


du bien après la durée du contrat, cette dépréciation est considérée comme une perte à
comptabiliser au cours de l’exercice comptable au cours duquel a eu lieu ladite
dépréciation.

Compte à débiter Compte à créditer


Pertes/biens acquis pour location Ijara Biens acquis pour location Ijara (CB)
(CR)

 Revenus de la location (loyers reçus)

Les revenus de la location Ijara figurent au niveau du compte de résultat « Revenus


Ijara ».

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésorerie Loyers Ijara (CR)

Cas particulier des frais d’entretien des actifs loués

Les exigences juridiques régissant les contrats Ijara imposent que les frais d’entretien
du bien loué soient à la charge du bailleur et non du locataire.

En ce qui concerne le traitement comptable, deux cas sont alors à distinguer :

 Le montant des frais d’entretien est non significatif

Il est alors constaté en charges

Compte à débiter Compte à créditer


Frais de réparation des biens Ijara Comptes de trésorerie
(CR)

80
 Le montant des frais de réparation et d’entretien est significatif

Il convient dés lors de constituer des provisions pour grosses réparations à étaler sur
la durée du contrat Ijara.

Compte à débiter Compte à créditer


Dotations aux provisions pour Provisions pour réparation des biens
réparation des biens Ijara (CR)** Ijara* (CB)
Charges constatées d’avance***
*pour le montant global de la réparation à effectuer
**pour la quote-part qui concerne l’exercice
*** pour la quote-part à étaler sur les exercices ultérieurs.

3.1.2. La banque est « locataire »

Les charges locatives sont à enregistrer en tant que charges au cours des exercices
comptables concernés.

Compte à débiter Compte à créditer


Redevances loyers des biens Ijara Comptes de trésorerie

NB : les frais préliminaires à la conclusion du contrat Ijara sont traités de la même


manière que présenté au niveau du paragraphe 3.1.1.

3.2. Ijara Mountahia bi Attamlik (location avec option d’achat)

Les normes AAOIFI, reconnaissent quatre types d’Ijara Mountahia bi atamlik. Le


traitement comptable de ces quatre types est identique en ce qui concerne tous les
étapes de vie du contrat, mais diffèrent en ce qui concerne la constatation de la
transaction d’achat/vente à la fin du contrat ainsi que la valeur à amortir.

3.2.1. La banque est le « bailleur »

Le traitement comptable des opérations d’achat du bien à louer, de constatation des


revenus Ijara, de traitement des frais de réparation est identique à ce qui a été exposé
au paragraphe 3.1.

81
La différence de traitement comptable réside au niveau de la comptabilisation des
amortissements des biens Ijara, et de la constatation du transfert de propriété à la fin
du contrat.

3.2.1.1. Ijara Muntahia bittamlik par don (contrat se terminant


par transfert de propriété par don)

 Amortissement des biens loués

Les amortissements sont calculés sur la base de la valeur totale comptabilisée (valeur
résiduelle nulle).

 Transfert de la propriété à l’échéance

A la fin du contrat Ijara et en vertu du contrat de donation, la banque constate la


sortie de son actif du bien loué, à condition que le locataire ait versé la totalité des
loyers convenus au niveau du contrat.

Compte à débiter Compte à créditer


Amortissements des actifs loués Actifs loués Mountahia bi
Mountahia bi Attamlik (CB) (pour Attamlik (CB) (pour solde du compte)
solde du compte)

3.2.1.2. Cas de l’Ijara Mountahia bittamlik avec contrepartie


monétaire symbolique ou non

 Amortissement des biens loués

Les amortissements sont calculés sur la base de la valeur historique diminuée de la


valeur résiduelle à la fin du contrat (prix de vente prévu).

 Transfert de la propriété du bien loué à l’échéance

Deux cas se présentent :

82
o Le locataire a payé tous les loyers et a acquis le bien à la fin du contrat

Compte à débiter Compte à créditer


Amortissements des actifs loués Actifs loués Mountahia bittamlik (pour
Mountahia bittamlik (pour solde du solde du compte) (CB)
compte) (CB) et
Comptes de trésorerie*
*pour la valeur de cession inscrite au niveau du contrat Ijara.

o Le locataire décide de ne pas acheter l’actif loué :

Deux cas peuvent se présenter :

 1er cas : le bailleur (la banque) applique le principe de la « promesse


non contraignante ». Dans ce cas, les actifs Ijara sont évalués à la
valeur probable de réalisation. Si cette valeur est inférieure à la
valeur comptable nette, la différence est constatée comme perte.

Compte à débiter Compte à créditer


Pertes/ actifs acquis Ijara (CR) Actifs loués Ijara Mountahia
et bittamlik (pour solde du compte) (CB)
Amortissements des actifs loués Ijara
Mountahia bittamlik (pour solde du
compte) (CB)

 2ème cas : le bailleur applique le principe de la « promesse


contraignante ». Les actifs acquis pour location doivent être évalués
à la valeur probable de réalisation. Si cette valeur est inférieure à la
valeur comptable nette, la différence est considérée comme créance
vis-à-vis du locataire.

Compte à débiter Compte à créditer


Créance/locataire Ijara (CB) Actifs loués Ijara Mountahia
et bittamlik (pour solde du compte)
Amortissements des actifs loués Ijara
Mountahia bittamlik (pour solde du
compte)
83
3.2.1.3. Ijara Mountahia bi atamlik avec cession avant la fin de
la durée du bail pour un prix équivalent aux versements Ijara
restants

La particularité de ce type de contrat Ijara réside dans la manière de comptabiliser le


transfert de propriété. La valeur de cession ou prix de vente du bien Ijara est celle de
tous les loyers restants à payer jusqu’à la fin du contrat.

Deux cas peuvent se présenter :

 Le prix de vente > Valeur comptable nette de l’actif loué ; la différence est
considérée comme un gain à comptabiliser au compte de résultat.

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésorerie Actifs loués Ijara Mountahia
et bittamlik (pour solde du compte)
Amortissement des actifs loués Ijara et
(pour solde du compte) Profits/cession biens Ijara (CR)

 Le prix de vente < Valeur comptable nette de l’actif loué ; la différence est
constatée comme perte au compte de résultat.

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésorerie Actifs loués Ijara Mountahia
et bittamlik (pour solde du compte)
Amortissement des actifs loués (pour
solde du compte)
et
Pertes/cession biens Ijara (CR)

3.2.1.4. Ijara Mountahia bittamlik avec vente progressive de


l'actif loué

Puisque la cession du bien Ijara est progressive, et s’effectue tout au long du contrat
Ijara, cela signifie que le bailleur (la banque) et le locataire (le client) sont tous les
deux propriétaires du bien à des quotes-part différentes.
84
De ce fait, la part de la BI dans les charges d’entretien est égale à la part de la BI dans
l’actif loué.

Charges réparation banque = charges de réparation * quote-part bien non cédée

La base amortissable du bien loué, est la valeur de l’actif après cession, à étaler sur la
durée restante du contrat de location.

De plus, les cessions de l’actif loué sont constatées au fur et à mesure des cessions
contractuelles.

Les écritures comptables sont identiques à celles exposées au niveau du paragraphe


3.2.1.3.

Exemple : le 1/1/2014, Al Hilal Bank (HB) a acquis un appartement à 300 000


dirhams financé par les « Comptes d’investissements non affectés » pour sa location à
la société « International Services » (IS) qui souhaite y établir son siège social. Le
31/03/2014, la banque conclut un contrat Ijara Mountahia Bittamlik avec IS, les
conditions de ce contrat sont les suivantes :

 Durée de location : 20 ans ;


 Mensualité de location : 5 000 dhs ;
 Les loyers sont payés avec des mensualités égales ;
 Le transfert de la propriété de l’appartement au client s’effectuera à la fin du
contrat de location ;
 Le prix de cession du bien loué à la fin du contrat est de 15 000 dirhams ;
 Le client supporte toutes les charges relatives à la contractualisation.

Ecritures comptables

 Acquisition
Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/01/2014 Actifs acquis Ijara 300 000

Comptes de trésorerie 300 000


85
 Conclusion du contrat Ijara

Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/03/2014 Actifs loués Ijara Mountahia 300 000
Bittamlik

Actifs acquis Ijara 300 000

 Encaissement des loyers (échéance mensuelle)

Date Comptes Débit Crédit


31/03/2014 Comptes de trésorerie 5 000

Loyers Ijara 5 000

 Amortissement de l’actif loué

Date Comptes Débit Crédit


31/12/2014 Dotations aux amortissements des actifs 14 250
loués Ijara Mountahia Bittamlik

Amortissement des actifs loués


Ijara Mountahia Bittamlik 14 250

Base amortissable Ijara = valeur bien Ijara – valeur résiduelle


= 300 000 – 15 000 = 285 000

Amortissement actif Ijara = base amortissable/durée du contrat


= 285 000/20 = 14 250

86
 Transfert de la propriété à la fin du contrat de location

Date Comptes Débit Crédit


01/01/2034 Amortissement des actifs loués 300 000
Ijara Mountahia Bittamlik

Actifs loués Ijara


Mountahia Bittamlik 300 000
01/01/2034 Comptes de Trésorerie 15 000
Cession actifs Ijara Mountahia
bittamlik 15 000

Exemple n° 2 : le 01/01/2014, Al Baraka Bank a acquis un appartement à


1 000 000 dirhams qu’elle loue à un client le 01/02/2014, via un contrat Ijara aux
conditions suivantes :

 Durée du contrat de location : 10 ans ;


 Loyers annuels : 140 000 dirhams ;
 Transfert de la propriété de l’appartement au client par la vente progressive en
contrepartie du paiement de 100 000 dirhams à la fin de chaque année.

87
Ecritures comptables

 Tableau d’amortissement du bien Ijara

Année Base Part Part du Loyers Revenus Amortissement


amortissable de la client annuel locatifs pour la BI
de l’actif BI dans de la BI
dans l’actif
l’actif loué
loué
1 1 000 000 100% 0% 140 000 140 000 100 000
2 900 000 90% 10% 140 000 126 000 100 000

3 800 000 80% 20% 140 000 112 000 100 000

4 700 000 70% 30000 140 000 98 000 100 000

5 600 000 60% 40% 140 000 84 000 100 000

6 500 000 50% 50% 140 000 70 000 100 000

7 400 000 40% 60% 140 000 56 000 100 000

8 300 000 30% 70% 140 000 42 000 100 000

9 200 000 20% 80% 140 000 28 000 100 000

10 100 000 10% 90% 140 000 14 000 100 000

11 0 0% 100% 140 000 00 0

 Acquisition de l’actif

Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/01/2014 Actifs acquis pour location 1 000 000

Comptes de trésorerie 1 000 000

88
 Location de l’actif acquis

Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/02/2014 Actifs loués Ijara Mountahia 1 000 000
Bittamlik

Actifs acquis pour location 1 000 000

 Encaissement des loyers

Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2014 Comptes de trésorerie 140 000

Revenus Ijara Mountahia


Bittamlik 140 000

 Amortissement de l’actif loué

Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2014 Dotations aux amortissements des actifs 100 000
loués Ijara Mountahia Bittamlik

Amortissement des actifs loués


Ijara Mountahia bittamlik 100 000

89
 Vente progressive

Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2014 Amortissement des actifs loués 100 000
Ijara Mountahia Bittamlik

Actifs loués Ijara


Mountahia Bittamlik 100 000
31/12/2014 Comptes de trésorerie 100 000

Cession actifs loués Ijara


Mountahia Bittamlik 100 000

90
Chapitre 9
Les opérations Istisnaa et Istisnaa parallèle
La norme FAS 10 présente le traitement comptable des opérations Istisnaa et Istisnaa
parallèle. Cette norme établit les règles comptables de constatation
(comptabilisation), de mesure et de communication (divulgation) relatives aux
transactions Istisnaa et Istisnaa parallèle effectuées par les banques et institutions
financières islamiques.

1. Définition

Le produit financier Istisnaa se définit comme étant l’opération par laquelle, le


donneur d’ordre (maître d’ouvrage ou Moustasni’i) commande au fournisseur (maître
d’œuvre ou Sani’i) de lui fabriquer une marchandise ou construire un ouvrage
technique dont les caractéristiques sont décrites dans un contrat, moyennant une
rémunération payable soit d’avance, soit de manière fractionnée ou à terme.

Les deux parties se mettent aussi d’accord sur le délai de livraison, le prix, la date et
les modalités de paiement. L’engagement des deux parties est irrévocable, même si le
paiement est différé.

Le rôle de la banque dans ce montage consiste à financer le coût de production d’un


bien déterminé que le bénéficiaire s’engage à payer en différé. Il s’agit d’une variante
qui peut s’apparenter au contrat Salam à la différence que l’objet de la transaction
91
porte sur la livraison, non pas de marchandises achetées en l’état, mais de biens ayant
subi un processus de transformation ; de plus, le paiement est immédiat dans un
contrat Salam, alors qu’il peut être différé dans un contrat Istisnaa.

Le contrat Istisnaa est particulièrement approprié pour le financement des


équipements, des bâtiments, des opérations d'assemblage industriel ou des projets qui
nécessitent une construction, une fabrication, ou une installation spécifiques.

2. Classification

Dans les montages financiers Istisnaa, on peut distinguer entre les opérations
d’Istisnaa simple et les opérations d’Istisnaa parallèle.

2.1. L’Istisnaa simple

La transaction d’Istisnaa simple se déroule selon les étapes suivantes :

 Etape 1 : le client conclut un contrat avec la banque islamique (fabricant) afin


qu’elle lui fabrique et lui livre des biens spécifiques.

 Etape 2 : le fabricant (banque) fabrique et livre le bien au client à la date


convenue du contrat.

 Etape 3 : le processus de paiement démarre selon les modalités convenues au


niveau du contrat.

2.2. L’Istisnaa parallèle

La transaction d’Istisnaa parallèle se différencie d’un montage Istisnaa classique par


l’ajout d’une étape supplémentaire : la banque conclut un contrat Istisnaa avec un
autre fabricant, qui va fabriquer et livrer les biens manufacturés demandés par le
client à la banque, à une date future convenue, à charge pour la banque de les livrer à
son client.

92
3. Traitement comptable

Les règles et traductions comptables de l’opération Istisnaa sont identiques selon


qu’il s’agisse d’une opération d’Istisnaa ou d’Istisnaa parallèle, sauf en ce qui
concerne la méthode de comptabilisation retenue que nous verrons ci-après.

3.1. Traitement comptable de l’Istisnaa (la banque islamique étant le


Sani’i vendeur du bien fabriqué)

Le traitement comptable des opérations Istisnaa comprend la comptabilisation des


dépenses, des recettes et des profits constatés d’avance.

3.1.1. Les charges Istisnaa

On distingue les charges liées au contrat Istisnaa qui ont lieu avant la conclusion du
contrat et celles qui ont lieu après la conclusion du contrat.

3.1.1.1. Les charges d’Istisnaa engagées avant la conclusion du


contrat

Toutes les dépenses engagées avant la conclusion du contrat Istisnaa sont considérées
comme des charges différées.

Compte à débiter Compte à créditer


Coûts différés Istisnaa (CB) Comptes de trésorerie

 Le contrat Istisnaa est conclu

Ces coûts différés sont transférées alors à un compte de travaux en cours.

Compte à débiter Compte à créditer


Travaux en cours Istisnaa (CB) Coûts différés Istisnaa (pour solde du
compte) (CB)

 Le contrat Istisnaa n’est pas conclu

Les frais ainsi engagés sont considérés comme des charges de l’exercice.
93
Compte à débiter Compte à créditer
Charges Istisnaa/contrat non conclu Coûts différés Istisnaa (pour solde du
(CR) compte)

3.1.1.2. Les charges d’Istisnaa engagées après la conclusion du


contrat

Les coûts d’un contrat Istisnaa comprennent les charges directes (matières premières,
main-d'œuvre….) engagées dans la fabrication du produit objet du contrat. Les coûts
indirects qu’on peut attribuer sur une base objective au bien fabriqué sont également
inclus dans l’estimation du coût global. Toutefois, les coûts d'administration générale,
de commercialisation, de recherche et développement ne sont pas inclus dans le coût
global du contrat Istisnaa.

Compte à débiter Compte à créditer


Coûts Istisnaa (CR) Comptes de trésorerie

Et
Compte à débiter Compte à créditer
Travaux en cours Istisnaa (CB) Coûts Istisnaa (pour solde du compte)
(CR)

Les décomptes provisoires donnent lieu à la constatation comptable de créances


envers le client.

Compte à débiter Compte à créditer


Créances Istisnaa (CB) Factures Istisnaa (CB)

En ce qui concerne la présentation de ces comptes au bilan, les comptes « Factures


Istisnaa » viennent en diminution des comptes « Travaux en cours Istisnaa ». A la fin
des travaux et donc du contrat Istisnaa, les comptes « Factures Istisnaa » annulent les
comptes « Travaux en cours Istisnaa ».

94
3.1.2. Revenus et profits Istisnaa

Pour la constatation des revenus et des profits liés à une transaction Istisnaa, les
normes AAOIFI retiennent deux méthodes de comptabilisation : la méthode de
l’avancement des travaux, ou la méthode de l’achèvement des travaux. Toutefois,
dans le cas de l’Istisnaa parallèle, seule la méthode de l’avancement des travaux est
acceptée.

3.1.2.1. La méthode de l'avancement des travaux

En utilisant cette méthode, les revenus et les profits liés au contrat Istisnaa sont
comptabilisés au fur et à mesure de l’avancement du contrat.

La quote-part du projet terminé Istisnaa est évaluée, et est comptabilisée comme un


revenu Istisnaa, l’AAOIFI n’apporte aucune précision quant à la méthode à retenir
pour évaluer l’achèvement des travaux, elle donne un exemple en annexe en retenant
comme moyen d’appréciation de l’évaluation de la part achevée du bien fabriqué : la
quote-part des travaux engagés sur la valeur totale estimée des travaux.

Revenu Istisnaa de l'exercice = Prix global contrat Istisnaa x Quote-part achèvement

Quote-part avancement du contrat = Total dépenses engagées/coût estimé du contrat


à la date de clôture de l’exercice

La partie du bénéfice est ainsi comptabilisée au débit du compte « Travaux en


cours Istisnaa », elle est calculée selon la formule suivante :

Bénéfice Istisnaa de l'exercice = (Prix global du contrat - Total coûts engagés au


cours d’un exercice) x Quote-part avancement

Compte à débiter Compte à créditer


Travaux en cours Istisnaa* (CB) Revenus Istisnaa** (CR)
Et
Coûts Istisnaa(CB)
*pour la valeur du bénéfice calculé selon la formule 2
**pour la valeur du revenu calculé selon la formule 1.

95
Tout dépassement des coûts estimés de réalisation d’un contrat Istisnaa est
comptabilisé en pertes tant que la banque n’a aucune assurance de pouvoir facturer à
son client ces coûts supplémentaires.

3.1.2.2. La méthode de l'achèvement des travaux

Cette méthode est utilisée lorsqu’on ne peut estimer d’une manière fiable, aussi bien
le pourcentage d'avancement des travaux, que les coûts estimés futurs restant à
engager pour exécuter le contrat. De ce fait, la constatation comptable des produits ou
des profits ne s’effectue qu'à la fin du contrat.

Il en découle que les coûts cumulés reportés dans la compte « Travaux en


cours Istisnaa » ne comprennent aucune part des bénéfices, mais juste le cumul des
frais engagés.

Compte à débiter Compte à créditer


Travaux en cours Istisnaa* (CB) Revenus Istisnaa** (CR)
Et
Coûts Istisnaa (CB)
* pour la valeur du bénéfice du contrat Istisnaa
**pour la valeur globale du contrat Istisnaa.

3.1.3. Comptabilisation du paiement

Le paiement du contrat Istisnaa peut être soit différé jusqu’à achèvement des
travaux (en totalité ou en partie), soit effectué par anticipation.

3.1.3.1. Paiement différé

Les normes AAOIFI préconisent de constater des produits à recevoir, évalués comme
la différence entre le prix du contrat et les versements effectués au cours de la durée
du contrat.

Compte à débiter Compte à créditer


Créances Istisnaa (CB) Produits à recevoir Istisnaa* (CB)
*pour la valeur des paiements reçus durant le contrat.

96
Au cours des exercices suivants, la quote-part de chaque exercice des profits est
comptabilisée selon deux méthodes :

 Sans tenir compte des paiements

Le solde du compte « Produits à recevoir Istisnaa » est étalé sur la durée du contrat
Istisnaa.

Compte à débiter Compte à créditer


Produits à recevoir* (CB) Revenus Istisnaa (CR)
*pour la quote-part de l’année.

 En tenant compte du paiement

Compte à débiter Compte à créditer


Produits à recevoir* (CB) Revenus Istisnaa (CR)
Et Et
Comptes de trésorerie Créances Istisnaa (CB)
*pour la valeur reçue en paiement.

3.1.3.2. Paiement anticipé

Si le client paie par anticipation un contrat Istisnaa, la banque doit lui accorder un
rabais. Ce rabais peut prendre soit la forme d’une diminution de la valeur des
créances enregistrées suite à un contrat Istisnaa, soit d’une restitution du montant du
rabais au client.

Compte à débiter Compte à créditer


Revenus Istisnaa (CR) Créances Istisnaa*(CB)
*pour la valeur du rabais.

Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Rabais/contrat Istisnaa (CR) Comptes de trésorerie

97
3.1.4. Provisions pour dépréciations

Des provisions pour dépréciation sont constatées lorsqu’il y a une indication


objective que le solde du compte « Travaux en cours Istisnaa » est inférieur à sa
valeur probable de réalisation, et si et seulement si la méthode adoptée est la méthode
de l’avancement des travaux.

Compte à débiter Compte à créditer


Dotations provisions dépréciation Provisions dépréciations travaux en
Travaux en cours Istisnaa (CR) cours Istisnaa (CB)

3.2. Traitement comptable de l’Istisnaa (la banque islamique étant


l’acheteur du bien ou Moustasni’i)

Dans ce cas précis, deux étapes sont à constater, les procès verbaux de réception des
travaux du bien fabriqué et la réception finale du bien objet du contrat Istisnaa.

3.2.1. Réceptions partielles

Les réceptions partielles sont comptabilisées comme des actifs au bilan de la banque
par la contrepartie de dettes à payer au Sani’i.

Compte à débiter Compte à créditer


Dépenses Istisnaa* (CB) Dettes Istisnaa (CB)
*pour la valeur des décomptes signés.

3.2.2. Livraison du bien fabriqué (Masnoue)

A l’achèvement des travaux du bien objet du contrat Istisnaa, il est enregistré dans les
comptes de la banque (selon la nature du bien immobilier) à la valeur historique
correspondant au solde du compte « Dépenses Istisnaa ».

Compte à débiter Compte à créditer


Immobilisations (CB)* Dépenses Istisnaa (pour solde du
compte) (CB)
*si le Masnoue est un bien immobilier.

98
Ou
Compte à débiter Compte à créditer
Stocks (CB)* Dépenses Istisnaa (pour solde du
compte) (CB)
*si le Masnoue est un bien mobilier.
Il arrive que le bien fabriqué ne réponde pas aux spécificités du contrat Istisnaa, dans
ce cas deux traitements comptables sont identifiés.

3.2.2.1. La banque refuse d’accuser réception du bien fabriqué

Si la banque refuse la réception du bien fabriqué pour cause de non-conformité, les


montants versés au Sani’i deviennent des créances dues par lui avec constatation
d’une provision pour créances irrécouvrables s’il apparaît qu’il existe un risque de
non recouvrement.

Compte à débiter Compte à créditer


Créances Istisnaa (CB) Dépenses Istisnaa (pour solde du
compte) (CB)

Et éventuellement
Compte à débiter Compte à créditer
Dotation aux provisions pour Provisions pour dépréciation des
dépréciation des créances Istisnaa créances Istisnaa (CB)
(CR)*
*pour la valeur estimée non recouvrable de la créance.

3.2.2.2. La banque accepte d’accuser réception du bien fabriqué

La valeur constatée en comptabilité du bien fabriqué est la plus faible de la valeur


historique et de la valeur probable de réalisation. La différence est une perte pour la
banque.

Compte à débiter Compte à créditer


Immobilisations Dépenses Istisnaa (pour solde du
Et compte) (CB)
Pertes/contrat Istisnaa* (CR)

99
*pour la différence entre la valeur historique du bien fabriqué et sa valeur probable
de réalisation.

Ou si le bien fabriqué est un bien mobilier

Compte à débiter Compte à créditer


Stocks Dépenses Istisnaa (pour solde du
Et compte) (CB)
Pertes/contrat Istisnaa* (CR)

Exemple : le 01/01/2014, Zaitouna Bank (ZB) a conclu un contrat Istisnaa avec la


société aéronautique du Maroc (SAM) pour la fabrication d’un matériel destiné à
augmenter la production des câbles. Le contrat a été négocié aux conditions
suivantes :

 Valeur du contrat : 500 000 dhs,


 Durée du contrat : 2 ans,
 Dépenses globales estimées du contrat : 400 000 dhs,
 Dépenses année 1 : 300 000 dhs,
 Factures Istisnaa année 1 : 280 000 dhs et année 2 : 220 000 dhs,
 Paiements Istisnaa année 1 : 230 000 dhs et année 2 : 250 000 dhs.

Ecritures comptables

 Engagement des dépenses Istisnaa

Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/01/2014 Coûts Istisnaa 300 000

Comptes de trésorerie 300 000


01/01/2014 Travaux en cours Istisnaa 300 000

Coûts Istisnaa 300 000

100
 Constatation des paiements et créances

Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2014 Créances Istisnaa 280 000

Factures Istisnaa 280 000


Date Comptes Débit Crédit
31/12/2014 Comptes de trésorerie 230 000

Créances Istisnaa 230 000

Méthode 1 : avancement des travaux :

Pourcentage avancement année 1 = 300 000/400 000 dhs = 75%


Revenus Istisnaa année 1= 75% x 500 000 = 375 000
Profits/contrat Istisnaa = (500 000 – 400 000) x 75% = 75 000

Année 1
Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2014 Travaux en cours Istisnaa 75 000
Coûts Istisnaa 300 000

Revenus Istisnaa 375 000

Année 2

Journal
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2015 Travaux en cours Istisnaa 100 000

Coûts Istisnaa 100 000


Date Comptes Débit Crédit
31/12/2015 Créances Istisnaa 220 000

Factures Istisnaa 220 000


101
Date Comptes Débit Crédit
31/12/2015 Comptes de trésorerie 250 000

Créances Istisnaa 250 000

A la fin de l’année 2, les comptes créanciers Istisnaa restent débiteurs de


20 000 dhs à verser par le client.

Méthode 2 : achèvement des travaux

Journal
Date Comptes Débit Crédit
01/01/2014 Coûts Istisnaa 300 000

Comptes Trésorerie 300 000


31/12/2014 Comptes de trésorerie 230 000

Avances/Créances Istisnaa 230 000


31/12/2015 Travaux en cours Istisnaa 400 000
Coûts Istisnaa 100 000

Revenus Istisnaa 500 000


Date Comptes Débit Crédit
31/12/2015 Créances Istisnaa 270 000
Avances/Créances Istisnaa 230 000

Travaux en cours Istisnaa 500 000


31/12/2015 Comptes de trésorerie 250 000

Créances Istisnaa 250 000

102
Chapitre 10
Les Sukuks (FAS 17)
La norme FAS 17 est la norme AAOIFI qui traite des investissements en globalité
(investissements en Sukuks et en valeurs mobilières). Eu égard à l’importance des
Sukuks dans les montages financiers islamiques contemporains, seule la
comptabilisation des Sukuks sera abordée au niveau de ce chapitre.

1. Définition

Le Sukuk est un produit financier qui a une échéance fixée d'avance et est adossé à un
actif permettant de rémunérer le placement. Il est structuré de telle sorte que leurs
détenteurs courent un risque de crédit et reçoivent une part de profit et non un intérêt
fixe.

Selon l’AAOIFI, les Sukuks sont « des certificats de valeur égale représentant des
parts indivises dans la propriété des actifs corporels, usufruits et services ou (dans la
propriété) des actifs de projets particuliers ou activité d'investissement spéciales ».

Dans la pratique, il existe au moins 14 modalités de structuration des Sukuks. Les


plus utilisées sont :

 Sukuks Ijara : l’actif sous jacent est géré par un contrat Ijara,
 Sukuks Moudaraba : l’actif sous jacent est géré par un contrat Moudaraba,
 Sukuks Moucharaka : l’actif sous jacent est géré par un contrat Moucharaka,
 Sukuks Istisnaa : l’actif sous jacent est géré par un contrat Istisnaa,
 Sukuks Salam : l’actif sous jacent est géré par un contrat Salam.

103
Schéma de structuration financière d’un Sukuk Ijara

2. Classification

L’AAOIFI classe les investissements Sukuks en trois catégories à savoir les :

 Sukuks détenus à des fins de transaction ;


 Sukuks disponibles à la vente ;
 Sukuks détenus jusqu'à l'échéance.

3. Comptabilisation

La comptabilité des Sukuks peut être appréhendée chez trois parties :

 Chez la banque islamique,


 Chez le Special Purpose Vehicle,
 Et chez le fonds d’investissements Sukuk.

104
Même si le fonds d’investissement Sukuk n’est pas doté de la personnalité morale, la
norme 14 de l’AAOIFI préconise la tenue d’une comptabilité distincte du fonds
Sukuk. Partant de ce principe, le fonds Sukuk a sa propre comptabilité, ses états
financiers, son propre auditeur et son propre Charia Board. Nous avons donc choisi
d’aborder la comptabilité des Sukuks au niveau du fonds d’investissement. Par
ailleurs, le choix a porté sur la présentation des schémas comptables d’un Sukuk
Ijara, qui reste l’un des types de Sukuks les plus utilisés.
Chez le fonds d’investissement, il y a lieu de comptabiliser cinq phases distinctes :
 l’acquisition du bien à donner en location objet de l’émission Sukuk,
 la constatation des produits et charges liés au Sukuk,
 l’arrêté comptable,
 la distribution du résultat net du fonds Sukuk,
 et l’amortissement du Sukuk.

3.1. L’acquisition du bien

La norme FAS 17 de l’AAOIFI recommande de comptabiliser à la date d'acquisition,


les investissements dans les Sukuks à leur coût d’acquisition (prix d’achat et toutes
charges directement rattachées à cette acquisition).

Il est recommandé de faire supporter les frais d’émission du Sukuk Ijara au SPV.
Toutefois, il est toléré, si la notice d’information le précise, que les souscripteurs du
Sukuk Ijara supportent les frais d’émission desdits Sukuks.
L’écriture comptable est donc (on suppose que les frais d’émission sont supportés par
le fonds Sukuk) :

Compte à débiter Compte à créditer


Frais d’acquisition des immobilisations Comptes de trésorerie
(éventuellement)
Et
Frais d’émission du Sukuk
et
Immobilisations corporelles

105
3.2 . Produits et charges liés au Sukuk

Une fois la propriété du bien transférée aux porteurs de Sukuks, ils le louent (via le
SPV qui est l’entité morale de gestion des Sukuks) à la BI (ou à un tiers) qui verse
des loyers selon la périodicité convenue.

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésorerie* Loyers (CR)
*pour le prix de la location.

La gestion du Sukuk générera des frais de gestion facturés par le SPV, qui est le
mandataire des porteurs de Sukuks. La rémunération de ce mandat de gestion peut
être soit sous forme d’une rémunération fixe (commission) ou d’une participation aux
bénéfices nets dans le cadre d’un contrat Moudaraba.

Compte à débiter Compte à créditer


Charges générales d’exploitation (CR) Comptes de trésorerie

3.3. Arrêté comptable


L’évaluation des investissements dans les Sukuks diffère selon les trois catégories de
Sukuks identifiés précédemment.

3.3.1 Sukuks détenus à des fins de transaction

Ils doivent être évalués, à la fin de chaque exercice comptable à leur juste valeur. Les
gains ou les pertes non réalisés à la suite de la réévaluation du portefeuille des Sukuks
doivent être comptabilisés dans le compte de résultat sous la rubrique « Profits ou
pertes non réalisés sur réévaluation des investissements ».

 Cas 1. La juste valeur > la valeur comptable nette

Compte à débiter Compte à créditer


Investissements Sukuks détenus à des Profits non réalisés/réévaluation des
fins de transaction (CB) investissements Sukuks (CR)

106
 Cas 2. La juste valeur < la valeur comptable nette

Compte à débiter Compte à créditer


Pertes non réalisées/réévaluation des Investissements Sukuks détenus à des
investissements Sukuks (CR) fins de transaction (CB)

3.3.2. Sukuks disponibles à la vente

Les investissements dans les Sukuks disponibles à la vente doivent être évalués à leur
juste valeur. Les gains ou les pertes non réalisés à la suite de cette réévaluation
doivent être constatés durant le premier exercice dans le compte de résultat par le
biais d’un compte bilantiel de Provisions « Provisions pour évaluation à la juste
valeur de l'investissement Sukuk détenu à la vente».

Lors des exercices comptables ultérieurs, les pertes sont constatées dans la limite du
solde du compte de provisions, et toute perte constatée excédant le montant de ce
solde est comptabilisée en perte.

Si lors des exercices comptables ultérieurs, il est constaté des profits suite à la
réévaluation des Sukuks, ces profits sont compensés avec les pertes cumulées
comptabilisées dans le compte de provisions constitué auparavant d’abord, et tout
profit supplémentaire est ajouté dans le compte de provisions pour réévaluation des
Sukuks au bilan.

 Cas 1. Exercice social 1 : la juste valeur > la valeur comptable nette


Compte à débiter Compte à créditer
Provisions pour évaluation à la juste Profit /investissements Sukuks détenus
valeur des investissements Sukuks en vue de la vente (CR)
détenus en vue de la vente (CB)

 Cas 2. Exercice social 1 : la juste valeur < la valeur comptable nette

Compte à débiter Compte à créditer


Pertes/investissements Sukuks détenus Provisions pour évaluation à la juste
en vue de la vente (CR) valeur des investissements Sukuks

107
détenus en vue de la vente (CB)

 Cas 3. Exercice social n : la juste valeur < la valeur comptable nette et le solde
du compte de provisions pour juste valeur de l'investissement permet
d’absorber les pertes enregistrées

Compte à débiter Compte à créditer


Provisions pour évaluation à la juste Investissements Sukuks disponibles à
valeur des investissements Sukuks la vente (CB)
détenus en vue de la vente (CB)

 Cas 4. Exercice social n : la juste valeur < la valeur comptable nette le solde du
compte de provisions pour juste valeur de l'investissement ne permet pas
d’absorber les pertes enregistrées

Compte à débiter Compte à créditer


Provisions pour évaluation à la juste Investissements Sukuks disponibles à
valeur des investissements Sukuks la vente (CB)
détenus en vue de la vente* (CB)
Et
Pertes/investissements Sukuks détenus
en vue de la vente (CR)**
*dans la limite du solde figurant dans les comptes
**pour la différence entre le solde du compte de provisions et la perte totale
estimée.

 Cas 5. Exercice social n : la juste valeur > la valeur comptable nette et le solde
du compte de provisions (pertes) pour juste valeur de l'investissement ne
permet pas d’absorber les profits enregistrés

Compte à débiter Compte à créditer


Investissements Sukuks disponibles à Provisions pour évaluation à la juste
la vente (CB) valeur des investissements Sukuks
Et détenus en vue de la vente* (CB)
Pertes/réévaluation Sukuks détenus à
la vente (CR)**
*apurement des pertes dans la limite du solde disponible
108
** pour la différence entre les pertes cumulées et le profit total.

 Cas 6. Exercice n : la juste valeur > la valeur comptable nette et le solde du


compte de provisions (pertes) pour juste valeur de l'investissement permet
d’absorber les profits enregistrés et il reste un reliquat de profit

Compte à débiter Compte à créditer


Investissements Sukuks disponibles à Provisions pour évaluation à la juste
la vente (CB) valeur des investissements Sukuks
détenus en vue de la vente* (CB)
Et
Provisions pour réévaluation Sukuks
détenus à la vente (CR)**
*apurement des pertes dans la limite du solde disponible
** pour la différence entre les pertes cumulées et les profits cumulés.

3.3.2. Investissements dans les Sukuks détenus jusqu'à l'échéance

Ce type de Sukuks reste évalué à son coût historique qu’il y ait probabilité de pertes
ou de profits latents. Toutefois, en cas de perte de valeur définitive et non temporaire,
les Sukuks détenus jusqu’à échéance doivent être évalués à la juste valeur. La
différence entre la valeur comptable et la juste valeur est à enregistrer dans le compte
de résultat, et les informations relatives à la juste valeur sont alors présentées dans les
notes explicatives annexes aux états financiers.

Compte à débiter Compte à créditer


Pertes/ investissements Sukuks Investissements Sukuks détenus
détenus jusqu’à l’échéance (CR) jusqu'à l'échéance (CB)

3.4. Distribution des dividendes

Le résultat à distribuer est la différence entre les produits (loyers perçus) et les
charges supportées (charges d’exploitation, amortissement des frais d’émission des
Sukuks, dotations aux provisions pour risques et charges éventuellement…) et bien
évidemment après prélèvement des impôts et de la Zakat (dont nous expliciterons le
fonctionnement au sein du chapitre 11).

109
Compte à débiter Compte à créditer
Résultat en instance d’affectation Dividendes à payer (CB)
(CB)

Compte à débiter Compte à créditer


Dividendes à payer (pour solde du Comptes de trésorerie
compte) (CB)

3.5. Echéance du Sukuk

En Sukuk Ijara, l’amortissement du Sukuk et son échéance équivaut à la cession du


bien immobilier objet du montage Sukuk. Les actifs sous-jacents sont revendus afin
de rembourser le principal du Sukuk. L'éventuelle moins- value réalisée à cette
occasion est supportée par les investisseurs porteurs de parts, et ce, afin de respecter
l'obligation de partage des profits et des pertes. En Sukuk Ijara, l’amortissement du
Sukuk est obligatoirement un amortissement in fine.
La différence entre la valeur comptable et la valeur de cession est considérée comme
un profit ou une perte à enregistrer au compte de résultat.

 Cas 1. Prix de cession > valeur comptable

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésorerie Immobilisations corporelles (pour
Et solde du compte)
Amortissement des immobilisations et
(pour solde du compte) Profit/investissements Sukuks (CR)

 Cas 2. Prix de cession < valeur comptable

Compte à débiter Compte à créditer


Comptes de trésorerie Immobilisations corporelles (pour
Et solde du compte)
Amortissement des immobilisations
(pour solde du compte)

110
Et
Perte/investissements Sukuks (CR)

4. Reclassement des investissements Sukuks

La banque peut choisir de reclasser ses investissements Sukuks d’une catégorie à une
autre, par exemple de « Sukuks détenus à des fins de transaction » à « Sukuks détenus
jusqu'à l'échéance » ou l’inverse. Pour ce faire, elle doit à la date du reclassement :

 Evaluer les Sukuks reclassés à la juste valeur à la date de reclassement et


appliquer ultérieurement les règles d’évaluation comptable relatives à la
nouvelle catégorie d’appartenance.

 Traiter la différence entre la juste valeur et la valeur comptable comme :

 une perte (si la juste valeur < la valeur comptable) qui doit figurer au
compte de résultat.
 Une provision (si la juste valeur > valeur comptable) qui doit s’ajouter au
compte « Provisions pour évaluation à la juste valeur des
investissements ».

111
Chapitre 11
La Zakat
Le traitement comptable de la Zakat a fait l’objet de la norme comptable FAS 9.
Cette norme est plus une norme qui explique la méthodologie de calcul de la Zakat
qu’une norme comptable à proprement parler.

1. Détermination de la base de calcul de la Zakat

Conformément au droit musulman des transactions, le taux de la Zakat est fixé à


2,5% sur une année lunaire, et à 2,5775% sur une année solaire.

Selon la norme FAS 9, il existe deux méthodes qui permettent de déterminer le


montant de la Zakat. Et conformément au principe d’équilibre du bilan (total actif =
total passif), ces deux méthodes aboutissent au même résultat.

1.1. Selon la méthode de l’actif net comptable

Selon cette première méthode, la base de la Zakat est déterminée selon la formule ci-
après :

Base Zakat = Comptes de trésorerie + créances (hors créances irrécouvrables) +


actifs acquis en vue de la revente + actifs financiers (investissements Moudaraba,
Mourabaha….) - provisions pour dépréciation actifs financiers
- dettes échues au paiement – autres dettes (intérêts minoritaires, droits des
détenteurs des comptes d’investissements non restreints, état, organismes de
bienfaisance ….)

1.2. Selon la méthode des fonds nets investis

Selon cette seconde méthode, la base de la Zakat est déterminée selon la formule ci-
après :

112
Base Zakat = capital versé + réserves + provisions (hors celles déduites des actifs
financiers) + résultats non répartis + bénéfice net exercice + dettes non échues -
immobilisations nettes – actifs hors exploitation (actifs destinés à la location).

2. Evaluation de la base de la Zakat

Les éléments d’actifs et de passif qui rentrent dans le calcul de la base de la Zakat ne
sont pas tous évalués à la valeur historique qui figure au niveau du bilan, certains,
pour les besoins de calcul de la Zakat doivent être évalués à la valeur probable de
réalisation. Le tableau ci-après retrace les valeurs à retenir pour chaque catégorie de
bilan afin de calculer le montant de la Zakat à verser.

113
Méthode 1 : actif net comptable Méthode 2 : fonds nets investis

Libellé du compte Valeur retenue Libellé du compte Valeur retenue


Comptes de Valeur probable Capitaux propres VNC
trésorerie de réalisation (capital versé)
(VPR)
Créances VPR Provisions (hors VNC
celles déduites des
actifs financiers)
Financement VPR Actifs hors VNC
Moudaraba exploitation
Financement VPR Immobilisations VNC
Moucharaka nettes
Financement VPR Dettes non échues VNC
Salam
Financement VPR
Istisnaa
Actifs destinés à VPR
la vente (actions,
marchandises,
valeurs
immobilières…)
Dettes échues Valeur nette
comptable (VNC)
Autres dettes VNC
(Etat, personnel,
organismes
sociaux,
organismes de
bienfaisance…)
Droits des VNC
comptes
d’investissement
Intérêts des VNC
minoritaires

114
3. Comptabilisation

La norme FAS 9 de l’AAOIFI ne spécifie pas précisément la méthode de


comptabilisation de la Zakat, ni à quel niveau du compte de résultat ou du compte du
bilan doit apparaître cette rubrique.

Toutefois, les modèles des états financiers présentés par la norme FAS 1 incluent la
Zakat au niveau du compte de résultat, considérée comme une charge hors
exploitation, qui rentre en considération dans la détermination du bénéfice net. Elle
apparaît, pour le montant non décaissé de la Zakat, au niveau du bilan parmi les
dettes.

Toutefois, il il convient de noter qu’il existe plusieurs courants de pensée qui réfutent
cette méthode de comptabilisation de la Zakat.

Primo, et se basant sur la définition économico-financière d’une charge qui est une
dépense liée à une activité génératrice de revenus en vue d’assurer la continuité
d’exploitation d’une entité. En effet, sont considérées comme charges comptables
toutes les opérations qui ont pour conséquence d’appauvrir l’entreprise. Or, il
apparaît clairement que la Zakat n’est aucunement une dépense effectuée en vue
d’assurer une quelconque continuité d’exploitation, et que selon la finalité même de
la Zakat qui est de faire fructifier l’argent, on ne peut la considérer selon le seul point
de vue comptable comme une « charge ».

Secundo, classer le montant de la Zakat non payée au niveau du bilan passif comme
une dette, ne correspond pas à l’esprit même de la Zakat qui est celui de remplir une
obligation d’ordre spirituel. Et puisque le détenteur de l’ensemble des biens n’est
autre qu’Allah, et que tous les acteurs économiques ne sont que de simples agents qui
exécutent la volonté d’un Créateur, alors le paiement de la Zakat doit être classé
parmi les dividendes, comme un droit dû à un actionnaire, détenteur d’un droit de
propriété sur les actifs.

115
Chapitre 12
Les états financiers
Les états financiers ont fait l’objet de la norme FAS 1 « Présentation générale et
communication des états financiers des banques et institutions financières islamiques
(IFI) ».

Cette norme répertorie les états financiers que les banques et institutions financières
islamiques doivent publier régulièrement pour répondre aux besoins des utilisateurs
et qui sont :

1. le bilan,
2. le compte de résultat,
3. le tableau des flux de trésorerie,
4. le tableau des variations des capitaux propres,
5. le tableau des variations des comptes d’investissements non restreints,
6. le tableau des variations des comptes d’investissements restreints
7. l'état des emplois et ressources des fonds Zakat et charité,
8. l'état des emplois et ressources des fonds Quard,
9. et les notes annexes aux états financiers.

1. Le bilan

1.1. Définition et contenu

La définition du bilan fournie par l’AAOIFI ne diffère pas beaucoup de celle fournie
par les normes IFRS. La principale différence réside dans le contenu qui doit
respecter les principes de la Charia (la loi islamique).

Le bilan selon l’AAOIFI comprend quatre classes : les actifs, les passifs, les droits
des détenteurs des comptes d’investissements non restreints et les droits des
actionnaires.

116
1.1.1. L’actif

Selon la norme FAS 1, un actif est défini comme une ressource contrôlée par
l’entreprise du fait d’événements passés et dont des avantages économiques futurs
sont attendus soit individuellement soit en accord avec d’autres actifs.

1.1.2. Le passif

Le passif est défini comme une obligation actuelle de la BI. Cette obligation, résultant
d’événements passés, entrainera pour son extinction une sortie de ressources
représentatives d’avantages économiques, par le biais d’une transformation d’actifs
ou par le biais d’une présentation de services.

1.1.3. Les droits des titulaires des comptes d’investissement non restreints
et leurs équivalents

Il s’agit des fonds monétaires reçus par la banque pour les faire fructifier dans des
investissements, sans aucune restriction de la part des épargnants, diminués des
retraits effectués par les épargnants à la date d’établissement des états de synthèse
ainsi que des pertes cumulées, augmentée de leur quote-part dans les bénéfices. Ces
fonds peuvent être mélangés avec les fonds propres de la banque et sont investis
selon le principe de la Moudaraba.

L’enregistrement des comptes d’investissement non restreints au niveau du passif,


n’entraîne pas pour la banque l’obligation de les restituer aux épargnants à leur valeur
nominale.

1.1.4. Les capitaux propres

Les capitaux propres sont définis comme l’intérêt résiduel dans les actifs de l’entité
après déduction de tous ses passifs y compris les droits des titulaires des comptes
d’investissement non restreints et leurs équivalents.

117
1.2. Modèle d’un bilan

Ci-après un modèle de présentation du bilan selon la norme FAS 1. Le compte de


bilan doit expressément mentionner que : « les notes jointes au présent compte de
résultat, de la note à la note font partie intégrante des états financiers ».

118
Source : SUNIL KUMAR K. et IOANNIS A, 2008

119
2. Le compte de résultat

Il se compose des rubriques suivantes :

 les produits,
 les charges,
 les pertes et profits,
 la part dans le résultat des détenteurs des comptes d’investissement non
restreints,
 et le résultat net.

2.1. Définition et contenu

Les différentes rubriques du compte de résultat peuvent être classées en sous


rubriques pour obtenir des indicateurs pertinents tels que revenus d’exploitation, ou
hors exploitation ….

2.1.1. Les produits

Les produits sont définis soit comme, des accroissements d’actifs au cours de
l’exercice, soit des diminutions de passifs au cours de l’exercice, soit les deux,
résultant d’investissements conformes à la Charia. Ces accroissements ne
comprennent pas les apports des participants aux capitaux propres, les retraits ou les
dépôts des titulaires des comptes d’investissements non restreints, les retraits ou
dépôts des titulaires des comptes courants.

2.1.2. Les charges

Les charges sont soit des diminutions d’actifs ou d’augmentation de passifs. Ces
diminutions ne résultent pas des distributions aux actionnaires, des retraits ou dépôts
des titulaires des comptes d’investissements non restreints, des retraits ou dépôts des
titulaires des comptes courants.

2.1.3. Les pertes et profits

120
Les pertes sont constatées suite à la diminution de la valeur d’actifs nets détenus
durant une période déterminée, ou suite à des transactions licites décidées ou subies
ponctuelles (hors échanges entre l’entité et les actionnaires ou les détenteurs de
comptes d’investissement non restreints).

Les profits sont le fait d’augmentation de la valeur des actifs nets détenus durant une
période déterminée, ou suite à des transactions décidées ou subies licites ponctuelles
(hors échanges entre l’entité et les actionnaires ou les détenteurs de comptes
d’investissement non restreints).

2.1.4. Quote-part des comptes d’investissements non retreints

Il s’agit de la part dans le résultat des détenteurs des comptes d’investissement non
restreints, suite aux investissements en mode de gestion Moudaraba effectués par la
banque durant une période déterminée.

2.1.5. Résultat net

Le résultat net est la valeur finale de l’augmentation ou de la baisse des droits des
actionnaires résultant des produits, des charges, des pertes et des profits d’une
période déterminée.

2.2. Modèle d’un compte de résultat

Ci-après un modèle de compte de résultat d’une banque islamique. Le compte de


résultat doit expressément mentionner que : « les notes jointes au présent compte de
résultat, de la note à la note font partie intégrante des états financiers ».

121
COMPTE DE RESULTAT SELON LES NORMES AAOIFI
Revenu Notes Année Année n-
n 1

Produits des vente à terme


Produits des investissements
Moins Quote-part des titulaires des comptes
d'investissements non affectés avant prélèvement
de la part de la BI
Quote-part de la banque en tant que Moudarib
Quote-part des titulaires des comptes
d’investissements avant la Zakat
Quote-part de la BI en tant qu’apporteur de capital
et Moudarib
Revenus des investissements propres de la BI
Revenus des investissements affectés en tant que
Moudarib
Revenus des investissements affectés en tant que
Mandant
Revenus des autres services bancaires
Autres revenus
Total des revenus bancaires
Charges générales et administratives
Dotations aux amortissements et provisions
Bénéfice (perte) avant impôts et avant Zakat
Zakat
Bénéfice avant part des minoritaires

122
Intérêts minoritaires
Bénéfice (perte) net (te)

3. Le tableau des flux de trésorerie

Il comprend toutes les opérations monétaires effectuées soit en monnaie locale soit en
devises étrangères durant une période donnée liées à l’exploitation, au financement
ou à l’investissement.

En Notes Exercice Exercice


N-1 N
Flux de trésorerie provenant des activités
opérationnelles
Résultat net
+ amortissement des immobilisations (y
compris celles louées)
+ Provisions (créances, dépréciation,
risques et charges…)
- Zakat versée
- Impôts payés
- Part des titulaires des comptes
d’investissement
+ Pertes et profits/cession
immobilisations
- Créances irrécouvrables
Solde de trésorerie des flux opérationnels

Flux de trésorerie provenant des activités


d’investissement
+ Cession des biens immobiliers
- Acquisition des biens immobiliers
- Achat valeurs mobilières
+ Δ portefeuille Moudaraba
+ Ventes marchandises
+ Ventes Istisnaa
123
+ Δ créances ventes à terme
Solde de trésorerie des flux
d’investissement
Flux de trésorerie provenant des activités
de financement
+ Δ comptes d’investissement non
restreints
+ Δ comptes courants
- Bénéfices distribués
+ Augmentation intérêts minoritaires
+ Δ Autres actifs
Solde de trésorerie des flux de
financement

Les notes jointes au présent état de la note à la note font partie intégrante des
états financiers.

4. Le tableau des variations des capitaux propres

Cet état retrace les apports des actionnaires, les distributions qui leur sont effectuées
ainsi que leur part dans le résultat net hors la part des titulaires des comptes
d’investissement non restreints.

En Notes Exercice n-1 Exercice n


Solde capitaux propres année n-1
+ Augmentation/diminution de
capital
+ Résultat net (hors part des
comptes d’investissement restreints)
- Distribution de dividendes
+ Affectation aux réserves (légales
et statutaires)
+ Autres (écarts de conversion, de
réévaluation, primes d’émission…)
Solde capitaux propres année n

124
Les notes jointes au présent état de la note à la note font partie intégrante des
états financiers.

5. Le tableau de variation des comptes d’investissements non retreints

Ce tableau retrace l’ensemble des investissements effectués par les détenteurs de


comptes d’investissement non restreints, les distributions effectués par la banque aux
titulaires de ces comptes et la quote-part qui leur revient dans le résultat net de la
banque.

NB : les normes AAOIFI n’ont fait aucune proposition en ce qui concerne la


présentation de cet état, mais on peut le présenter à notre avis de la même manière
que le tableau de variation des comptes d’investissements restreints (cf. paragraphe
ci-après).

6. Le tableau de variation des comptes d’investissements retreints

Ce tableau comprend pour une période déterminée:

 Les apports et retraits des titulaires des comptes d’investissement restreints,


 Les pertes, profits et résultats liés aux investissements restreints avant
prélèvement de la part de la banque,
 La rémunération de la banque en tant que gestionnaire du fond
d’investissement ou en tant que Moudarib.

En Notes Exercice n-1 Exercice n


Portefeuille actions
Investissements début année
(AxB)
A Nombre unités
d’investissement
B Valeur unitaire
+Acquisitions et dépôts
- Retraits
Résultat d’investissement
-Charges administratives
Rémunération banque (en
tant que mandant ou en tant
que Moudarib)
125
Investissements fin d’année
(AxB)
A Nombre unités
d’investissement
B Valeur unitaire
Portefeuille biens
immobiliers
Investissements début année
(AxB)
A Nombre unités
d’investissement
B Valeur unitaire
+Acquisitions et dépôts
- Retraits
Résultat d’investissement
-Charges administratives
Rémunération banque (en
tant que mandant ou en tant
que Moudarib)
Investissements fin d’année
(AxB)
A Nombre unités
d’investissement
B Valeur unitaire
Placements Mourabaha
Investissements début année
(AxB)
A Nombre unités
d’investissement
B Valeur unitaire
+Acquisitions et dépôts
- Retraits
Résultat d’investissement
-Charges administratives
Rémunération banque (en
tant que mandant ou en tant
que Moudarib)
Investissements fin d’année
(AxB)
A Nombre unités
d’investissement
B Valeur unitaire

126
Les notes jointes au présent état de la note à la note font partie intégrante des
états financiers.

7. L'état des emplois et ressources des fonds Zakat et Charité

Cet état retrace les montants collectés au titre de la Zakat et/ou de la charité
(Sadaqua), les utilisations qui en ont été effectuées, ainsi que le reliquat non utilisé de
ces fonds durant une période déterminée.

En Notes Exercice Exercice


n-1 n
Ressources des fonds Zakat et Charité
 Zakat à payer pour la banque
 Zakat à payer pour le compte des titulaires des
comptes d’investissements
 Dons
Total des ressources
Emplois des fonds Zakat et Charité10
 les pauvres et les indigents,
 les collecteurs de la Zakat (charges générales
et administratives)
 ceux dont les cœurs sont à gagner à l'Islam,
 l'affranchissement des esclaves,
 le paiement des dettes d’autrui,
 la charité au nom d'Allah,
 l’aide aux voyageurs en détresse.
Total des emplois

Excédents (ou déficit)

Zakat et charités non distribuées au début de


l’exercice

10
Selon le verset coranique n°60: « Les Sadaqâts ne sont destinés que pour les pauvres,
les indigents, ceux qui y travaillent, ceux dont les cœurs sont à gagner (à l'Islam),
l'affranchissement des jougs, ceux qui sont lourdement endettés, dans le sentier d'Allah, et
pour le voyageur (en détresse). C'est un décret d'Allah ! Et Allah est Omniscient et Sage »
(Sourate Tawba ; trad. Le repentir).
127
Zakat et charités non distribuées à la fin de
l’exercice

Les notes jointes au présent état de la note à la note font partie intégrante des
états financiers.

8. Le tableau des emplois ressources du fonds Quard

Cet état retrace la source des montants collectés au titre du fond Quard, les
utilisations qui en ont été effectuées, ainsi que le reliquat non utilisé de ce fonds
durant une période déterminée.

En Notes Exercice Exercice


n-1 n
Ressources des fonds Quard
 Part dans les comptes courants
 Revenus des activités contraires à la Chariaa
 Autres
Total des ressources
Emplois des fonds Quard
 Prêts pour les étudiants,
 Prêts pour les artisans,
 Extinction de dettes,
 Autres
Total des emplois
Excédents (ou déficit)

Solde des fonds Quard début de l’exercice


Solde des fonds Quard à la fin de l’exercice
Les notes jointes au présent état de la note à la note font partie intégrante des
états financiers.

9. Notes annexes aux états financiers

Les notes annexes doivent contenir toute information susceptible de donner plus
d’éclaircissements quant au contenu des rubriques des différents états financiers
présentés ci-dessus, et notamment, un bref aperçu sur l’historique de la banque, son

128
activité, ses choix comptables en matière d’amortissement, de provisions, son
exposition aux différents risques,….

Conclusion

Il est couramment admis que l’information financière diffusée par les sociétés
bénéficie d’une portée de taille dans la mesure où elle nourrit de très nombreuses
décisions économiques et politiques. De nos jours, la place croissante prise par les
investisseurs institutionnels a renforcé considérablement le rôle de la communication
financière en matière d’allocation des ressources.
C’est pour instaurer cette confiance et la conforter que les normes comptables sont
importantes. Pour accompagner les changements économiques et les pratiques de
commerce, les normes comptables doivent être évolutives et adaptables. Et pour
permettre aux utilisateurs de l’information financière une meilleure lecture et une
meilleure utilisation, les normes comptables doivent êtres spécifiques. Et vu la réalité
de globalisation que vit le Monde actuellement, les normes doivent être comparables
d’où tout l’intérêt de la normalisation.
La Finance Islamique est aux portes du Monde, le développement de certaines places
financières off shore, ne se fera pas sans le concours des capitaux étrangers et des
investisseurs étrangers. Or, la crise que connaît le monde occidental aujourd’hui ne
laisse pas le choix aux pays émergents ou en voie de développement que de se
tourner vers les pays qui ne souffrent pas de cette crise, à savoir les pays arabes du
Moyen Orient, qui n’ont cessé de bénéficier de la manne pétrolière depuis la guerre
du Golf.
Par ailleurs, la Banque Mondiale organise annuellement une conférence sur la
Finance Islamique, c’est donc reconnaître implicitement que cette nouvelle finance
prend de plus en plus de poids au sein de la communauté financière internationale.
Dans cette configuration, l’on ne peut que prendre conscience de l’importance de
préparer un cadre réglementaire favorable à l’installation des banques islamiques.
Un cadre réglementaire favorable, signifie revoir le cadre législatif certes, mais
également le cadre comptable, le cadre fiscal et le cadre d’audit spécifiques à la
finance islamique, et nécessaire à son développement.
Une BI ne pourra pas présenter d’états financiers « lisibles » s’il n’y a pas
reconnaissance des gains latents, car tout le montage de la Moudaraba, et donc de

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l’utilisation des capitaux des déposants, repose sur la reconnaissance des gains
latents.
Par ailleurs, le nouveau métier des banques, n’est plus l’octroi de crédits, mais la
mise en place de la fonction commerciale de la banque, achat, vente, évaluation et
inventaire des stocks seront dorénavant (principalement) les nouveaux métiers de la
banque.
Le normalisateur islamique a repensé la fonction comptable comme un ensemble
cohérent et indissociable. Il a à ce titre non seulement édicté le cadre conceptuel et les
normes, mais s’est penché également sur le code moral et de déontologie de la
profession comptable, ainsi que le cadre réglementaire qui fixe les objectifs et des
notions de base de cette comptabilité. Le normalisateur islamique a reconnu que
certains utilisateurs des états financiers n’étaient pas en mesure d’obtenir
l’information financière qui les concerne, et ce en raison de la situation d’infériorité
dans laquelle ils se trouvent.
Dans un souci d’équité et de justice, le normalisateur islamique a reconnu le droit à
tous les utilisateurs des états financiers d’avoir accès à l’information financière, et a
même exigé que la manière de présenter cette information soit adaptée à leur niveau
de compréhension.
Toutefois, il convient de noter que le normalisateur AAOIFI adopte une position
souple. Il est prêt à appliquer les normes IFRS qui ne s’opposent pas aux
fondamentaux de la Charia, et souhaite pour celles qui sont en opposition des
adaptations à apporter.
Il s’inscrit de ce fait en opposition par rapport au principe généralement admis des
normes IFRS du « full IFRS ».

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Bibliographie

 Normes comptables, d’audit et de gouvernance des institutions financières


islamiques, AAOIFI, édition 2007 ;
 Hossin Mohamed Samhan et Moussa Omar Moubarak (2008), « Comptabilité
des banques islamiques », édition Dar Almassira (ouvrage en arabe).
 Azzouz Elhamma (2014), « Maîtriser les normes comptables internationales
IAS-IFRS » Edition Universitaire Européenne ;
 Salima Bennani (2012), « Adaptation du plan comptable des établissements de
crédit et application des normes IFRS aux particularités de la Finance
Islamique ».
 Sayed Alwi Mohamed Sultan, éditions DE BOECK, juin 2012, « La
comptabilité pour les produits financiers islamiques ».
 Zainab Abd Rahman and Yusserie Zainuddin « Accounting treatment for
Mudarabah regarding unretsricted investments deposits in Malaysian Islamic
Banks ».
 Muhammad Akhyar Adnan and Nur Barizah Abu Bakar « Corporate Zakat : a
critical review for Accounting treatment ».

Webographie

http://www.institut-numerique.org
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