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access to Les Études philosophiques
la « naïveté » métaphysi
minée : l'Allemagne. M
est un auteur dont l'insi
ment ne cessent de no
Schelling. Et qui est S
22 ans ? Tout simpleme
C'est dire si une géné
nécessité de fournir un
et Ravaisson.
Ce n'est pas la première fois, bien sûr, qu'on s'intéresse aux rapports
de Ravaisson avec Schelling. Comme nous venons de le dire, J. Dopp,
analysant la formation de la pensée ravaissonienne, a bien montré le
rôle joué par les professeurs de Ravaisson lorsqu'ils l'initièrent à la
philosophie allemande ainsi qu'aux travaux d'érudition d'outre-Rhin5;
il a aussi relevé tout ce qui, dans le « premier Ravaisson », se rapportait
expressément à Schelling, sans oublier les faits marquants dans les rela-
tions personnelles entre les deux auteurs. Nous y reviendrons bientôt
nous-même, en complétant sur certains points l'exposé de J. Dopp.
D'autre part, D. Janicaud a lui aussi consacré de nombreuses pages6 à
ce problème du dialogue entre le philosophe français et le philosophe
allemand, en insistant sur le fait qu'il ne peut ici être question d'une
« influence » exercée sur le premier par le second, mais qu'il convient
seulement de parler, en reprenant les termes de Bergson dans sa Notice
célèbre sur Ravaisson, ď « affinité naturelle » ou de « communauté
d'inspiration »7.
Cela dit, le renouveau somme toute assez récent des études schellin-
giennes en France (voir notre note 3), parallèle au regain d'intérêt pour
les textes ravaissoniens, justifie peut-être que nous tentions de dresser
un bilan aussi complet que possible des échanges entre Schelling et Ravais-
son. Ce travail voudrait contribuer à l'étude des relations entre pensée
française et pensée allemande, par la mesure précise de l'impact qu'a
exercé une œuvre essentielle de la seconde sur une œuvre essentielle
3. Nous pensons ici à des travaux comme ceux de M. Jean-François Marquet, Liberté
et existence . Etude sur la formation de la philosophie de Schelling, Paris, Gallimard, 1973 ; de M. Jean-
François Courtine, Schelling et l'achèvement de la métaphysique de la subjecti(vi)té, Les
Etudes philosophiques , avril-juin 1974, p. 147-170; à des traductions comme celle de la Contri-
bution à l'histoire de la philosophie moderne , trad, franç. J.-F. Marquet, Paris, puf, 1983; à celles
rassemblées sous le titre ď Œuvres métaphysiques {Recherches sur V essence de la liberté humaine
de 1809, Aphorismes de 1805-1806, Conférences de Stuttgart de 1810, Leçons d* Erlangen de 1821),
trad, franç. par J.-F. Courtine et E. Martineau, Paris, Gallimard, 1980; et nous pensons bien
sûr aussi à la publication du Schelling de Heidegger, trad, franç. J.-F. Courtine, Paris, Galli-
mard, 1977.
4. Jugement de Schelling sur la philosophie de M. Cousin..., dans la Nouvelle Revue
germanique , 3e série, oct. 1835, p. 3.
5. Voir J. Dopp, op. cit., p. 11-66.
6. Voir D. Janicaud, op. cit ., p. 95-102.
7. H. Bergson, Œuvres , Paris, puf, 1959, p. 1458.
pu suivre en Allemagne u
Schelling que celui de n'i
compte de l'Académie des
vaux de Ravaisson , a en e
diant, aurait « poussé jusq
Comme le remarque J. D
de la plus haute invraise
l'intéressé, qui tenait po
matière de philosophie
de Schelling au milieu des
signalé au moins une fo
mystère, bien au contrair
cette même décennie.
Il n'en reste pas moins vrai que Schelling, d'une certaine manière,
est présent dans le premier travail que rédige Ravaisson : le mémoire
intitulé De la Métaphysique ďAristote (1834). Pour ce travail, en effet,
Ravaisson a utilisé le Manuel ď histoire de la philosophie de Rixner. Or, la
représentation qu'a celui-ci de l'histoire de la philosophie est celle d'un
dégagement progressif d'opinions diverses dont le point de conver-
gence est « la doctrine sublime que Schelling a formulée avec le plus
de bonheur» - telle est la thèse centrale de ce manuel, affirme J. Dopp13.
La philosophie de Schelling y est évoquée comme « la science absolue
qui se comprend elle-même » ; et l'œuvre de Hegel, en revanche, y est
considérée comme un simple prolongement de la pensée maîtresse de
Schelling 1 Autre ouvrage utilisé par Ravaisson : un manuel composé
par Tennemann, complété par Wendt (un ami de Schelling) et adapté
en français par Cousin. La présentation que Wendt y donne de la pensée
schellingienne est définie par J. Dopp comme « le lieu où Ravaisson a fait
pour la première fois connaissance avec Schelling »u. En fait, M. Dopp
suppose que Ravaisson n'a pas lu lui-même les grands textes schellingiens
disponibles à cette époque (mais pas encore traduits en français) : le
Systeme de /' idéalisme transcendantal> les Conférences sur la méthode des études
académiques , la Darstellung meines Systems der Philosophie . C'est l'absence
de référence à ces textes qui incline M. Dopp à penser que Ravaisson
ne connaît l'œuvre de Schelling que de seconde main. Argument invalidé
par M. Janicaud16, selon qui Ravaisson peut très bien avoir consulté
ces textes sans avoir souhaité en faire étalage, soucieux de s'en inspirer
et non de s'abriter derrière eux. Quoi qu'il en soit, une chose est sûre :
les manuels de Rixner et de Tennemann ont été déterminants pour
Yintroduction de Ravaisson à la philosophie de l'identité. Et même si
Ravaisson a lu personnellement - ch
lofons de Hegel sur V histoire de la philos
maticité de cet ouvrage. Un exemple :
le monde platonicien comme monde de
jusqu'à l'unité suprême qui est la commu
la pensée platonicienne est ainsi qualif
la pensée aristotélicienne étant le mo
science » devant constituer le lieu où
« On voit, commente J. Dopp, que ces
par la doctrine hégélienne de la dialec
réflexions de Ravaisson est de rester fidèle à l'idéalisme transcendantal
de Schelling : il conserve la doctrine des moments du développement
absolu, mais s'attache surtout au caractère esthétique de la dialectique
platonicienne, suivant en ceci le manuel de Rixner et, par son intermé-
diaire, YIdéalisme transcendantal et le Bruno de Schelling. Le point de vue
est secrètement anti-hégélien, »16
Mais il est encore une autre série de matériaux utilisés par Ravaisson
et où Schelling est discrètement présent : ce sont les recherches érudites
d'un Brandis ou d'un Trendelenburg. Brandis, en effet, a été marqué
par la pensée schellingienne et Trendelenburg s'est opposé nettement à
l'interprétation hégélienne de l'aristotélisme. D'une façon générale,
comme le souligne M. Pierre Aubenque dans une récente étude17, Ravais-
son était remarquablement au courant de tout ce qu'avaient fait les
Allemands sur Aristote, même s'il n'a pas toujours clairement classé
ses sources en fonction des tendances diverses et parfois contradictoires
qu'elles constituaient - et même si, en dernière instance, un « véritable
parti pris »18 d'anti-hégélianisme et une influence quelque peu subreptice
de Schelling ont orienté son mémoire de 1834. Cela dit, Ravaisson, dans
ce mémoire, ne s'étend pas sur le système schellingien, observant qu'il
n'est pas encore formulé entièrement ni surtout achevé. Par cette réserve,
Ravaisson évitait habilement les critiques de Schelling lui-même, dont
le caractère ombrageux supportait mal les gloses, jugées sans doute trop
insignifiantes, que l'on faisait un peu partout de son œuvre.
Nul doute que, toutes ces conditions étant réunies, le travail du jeune
Ravaisson ait pu trouver grâce aux yeux de Schelling. Celui-ci, en effet,
reçut le rapport de V. Cousin sur les mémoires mis au concours par l'Aca-
démie des sciences morales et politiques, et il prit la peine de communiquer
à Cousin ses réactions vis-à-vis de ce qu'il avait pu lire. On sait, par
22. Su r les informations que Ravaisson a pu tirer, à propos de ces leçons, des travaux
de Stahl, de Sengler et aussi de Kolloff, voir J. Dopp, op. cit., p. 132-142.
23. Voir la lettre de Schelling à Cousin, datée du 28 octobre 1838, dans Plitt, Aus Schei -
lings Leben. In Briefen , t. III, Leipzig, 1870, p. 142 : « Vous m'aviez fait espérer que M. Ravais-
son pourrait se charger de la traduction de mon premier ouvrage. D'après ce que m'en dit
M. Dubois, il n'y a plus lieu d'y penser. »
24. Voir J. Dopp, op. cit., p. 132, n. 15.
28. Voir J. Beaufret, Notes sur la philosophie en France..., op. cit., p. 18 : « Heidegger a une
estime spéciale pour Ravaisson. » A notre connaissance, J. Beaufret n'a nulle part développé
les motifs de cette estime, et il n'y a, dans les textes de Heidegger publiés jusqu'à ce jour,
aucune référence expresse à Ravaisson (alors qu'il y en a à Bergson).
29. J. Dopp, op. cit., p. 216.
30. Voir la Revue de Métaphysique et de Morale, 1932, p. 505-506. Le passage central de
cette lettre de Schelling : « Les marques de confiance que vous m'y témoignez prouvent le
haut intérêt que vous ne cessez d'attacher à la philosophie et ne voulant pas retarder plus
longtemps ma réponse, je vous dirai que je n'ai pas encore pu lire les deux opuscules que
vous avez bien voulu m'envoyer, celui sur les principes de Speusippe, et l'autre sur la nature
de l'habitude, sujets très intéressants sous plus d'un point de vue, mais je sais d'avance que je
n'aurai qu'à me louer surtout de la méthode progressive ou ascendante que vous paraissez
avoir employée dans le dernier, et dont vous connaissez parfaitement tous les ressorts et la
portée; je prévois qu'un jour nous serons d'accord sur les points essentiels de la philosophie,
et je vous prie d'en conclure que je verrai toujours avec le plus grand intérêt tout ce que vous
voudrez bien me communiquer. » Schelling achève sa lettre à Ravaisson en lui déclarant son
« amitié sincère » et son « estime tout à fait particulière ».
31. Treize ans plus tard, Ravaisson sera nommé inspecteur général de l'enseignement
supérieur, fonction qu'il cumulera, dès 1863, avec celle de président du jury de l'agrégation
de philosophie. On ne peut donc pas dire que le pouvoir officiel de Ravaisson dans le monde
philosophique ait été parfaitement limité par Cousin.
32. Cité dans J. Dopp, op. cit., p. 292.
33. Voir la Revue philosophique , 1952, p. 455-456. Extrait concernant Schelling : « Vous
savez déjà comment et pourquoi je suis à Munich, et non pas, selon mon premier projet, à
Heidelberg. J'ai préféré la plus grande ville, et aussi la plus philosophe, et je suis loin de me
repentir de ma résolution. J'ai trouvé ici Schelling, dans toute la force et la jeunesse de son
grand esprit, et j'ai pu étudier de près cette phase nouvelle et vraiment importante de la philo-
a / « Philosophie contemporaine »
de la première import
que celui-ci attribue a
viduelle qui les amène
la détermination sch
étant le christianisme
Mais il est un passage
la métaphysique ici en
contente pas d'ombres
habituelle chez Ravai
depuis Platon. Et Rav
sensibilité,demandait
qui existe, c'est-à-dir
pense, se touche dan
troublant glissement
probablement la form
légiée que Ravaisson
par ailleurs que la for
sément celle qui s'est t
Recherches sur l'essence
d I Quelques fragmen
de la liberté. Cette pa
- nous sommes à la co
du xixe siècle - d'une
seconde moitié du xix
gation métaphysique
Ravaisson, rien de p
systèmes qui réduisen
aveugle la haute doctr
degré et comme l'om
toute autre n'est qu'
réalité, être, c'est viv
fait, en dernière anal
expliquent seuls l'univ
dont la nature ne nou
liberté spirituelle; que
sous les désordres et
passent les phénomèn
tout est grâce, amour
Depuis la parution
généalogie.,, , ouvrag
matière d'études rava
jour ont été faites, d
gnage d'un regain d'in
de Boutroux, de Lach
ici le point sur ces no
pensables à toute rech
a J Textes de Ravaisso
La philosophie en Fra
- Testament philosoph
De /' habitude (1838).
1984.
L'art et les mystères grecs y Introduction de D. Janicaud (« Ravaisson et le
langage du visible »), Paris, Editions de L'Herne, 1985. (Contient :
Léonard de Vinci et l'enseignement du dessin, 1854; La Vénus de
Milo, 1892; Monuments grecs relatifs à Achille, 1895 ; Les mystères.
Fragment d'une étude sur l'histoire des religions, 1892; Les monu-
60. F. Ravaisson, La philosophie en France..., op. cit., p. 282-283. C'est nous qui soulignons.