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L'œuvre dramatique
Danielle Chaperon, © 2003-2004
Dpt de Français moderne – Université de Lausanne
Sommaire
I. La dramaturgie
1. Définitions
2. Double origine des instruments d'analyse
3. Utilité de la référence classique
4. Dramaturgie et narratologie
II. L'Action
1. La construction de l'action
1. L'inventio
2. Renversement ou conflit
2. Les moteurs de l'action
1. Les six fonctions de la structure actantielle
2. Exposition, nœud, dénouement
3. Le fil principal et les fils secondaires
4. L'intrigue
5. Les caractères
6. Les rôles: les personnages dans l'action
7. Utilité générale des structures actantielles
III. Le Drame
1. La dispositio
2. Montré et raconté
3. Le Mode
1. Showing et telling
2. Le point de vue
4. Le Temps:
1. La durée
2. L'ordre
3. La fréquence
5. L'Espace
1. Les omissions latérales
2. Le choix du lieu
3. La visibilité
4. L'étendue
5. La mobilité
6. Les personnages et le lieu
6. Le tableau de présence
1. Continuité dramatique et discontinuité scénique
2. Présences et absences
3. Distribution des scènes
4. Le tableau de présence et les structures
actantielles
7. Espace/temps diégétique
IV. L'acte de Présentation
1. L'elocutio
2. La voix des personnages
3. La voix du présentateur
4. Le lecteur réel et le spectateur fictif
V. 5. Esthétique et évolution des formes
1. Mode dramatique et genre théâtral
2. Histoire du genre
Bibliographie
I. La dramaturgie
I.1. Définitions
Le mot dramaturgie est un terme dont l'extension est plurielle. Les
dictionnaires autorisés distinguent le plus souvent deux définitions
concentriques et en quelque sorte emboîtées. Le mot dramaturgie peut
s'appliquer en effet: 1° à l'étude de la construction du texte de théâtre, de
son écriture et de sa poétique et 2° à l'étude du texte et de sa ou ses
mise(s) en scène tels qu'ils sont liés par le processus de la représentation.
Le présent cours (ainsi que celui qui est consacré parallèlement au mode
dramatique [Le mode dramatique]) s'intéressera exclusivement au premier
de ces deux domaines d'étude. Nous renvoyons pour ce qui concerne la
dramaturgie articulant le texte et la mise en scène à un cours spécifique [La
mise en scène].
II. L'Action
II.1.1. L'inventio
Dans Discours du récit (Figures III) G. Genette ne développe guère
l'analyse de l'Histoire (c'est-à-dire celle des contenus narratifs), invitant le
lecteur à se reporter aux grammaires du récit de Propp, Brémond et
Greimas. Il est utile pourtant de rappeler de quelle manière les instruments
de la sémiotique narrative ou de l'analyse du récit ont été adaptés aux
contenus dramatiques, et surtout comment ils peuvent être traduits dans la
terminologie indigène.
Dans les causes d'une action, on remarque deux plans opposés: le premier et
principal est celui du héros, le second comprend les desseins qui nuisent au projet
du héros. Ces causes opposées produisent aussi des effets contraires, savoir des
efforts de la part du héros pour exécuter son plan, et des efforts contraires de la part
de ceux qui le traversent. Comme les causes et les desseins, tant du héros que des
autres personnages du poème, forment le commencement de l'action, les efforts
contraires en forment le milieu. C'est là que se forme le nœud ou l'intrigue, en quoi
consiste la plus grande partie du poème.
Aux XIXe siècle, le théâtre explorera un nouveau type de conflit, non plus
intersubjectif mais intrasubjectif: les conflits intérieurs. Freud distingue ce qu'il
appelle le drame psychologique (qui oppose deux mouvements intérieurs
conscients) et le drame psychopathologique (où s'affrontent un mouvement
conscient et une pulsion inconsciente). Dans la seconde moitié du XXe
siècle, le conflit disparaît à mesure que seront déconstruites
successivement les notions d'intrigue, de personnage et de dialogue.
Il s'agit, lors de l'analyse d'une œuvre dramatique (sur le plan de l' Action),
d'identifier les actants qui occupent ces six fonctions, actants qui peuvent être
des individus, des collectivités ou des entités abstraites. Un Sujet désire un
Objet, ce désir est conditionné par un Destinateur et entretenu pour le
bénéfice d'un Destinataire. La relation entre le Sujet, l'Objet, le Destinateur et
le Destinataire correspond à ce qu'Anne Ubersfeld appelle le triangle des
motivations. La partie inférieure du modèle, le triangle du conflit, identifie
les difficultés ou les obstacles qui empêchent la réalisation du désir. C'est à
ce niveau que s'affrontent, autour de l'entreprise du Sujet, des Opposants et
des Adjuvants.
III.1. La dispositio
Le Sujet, l'Action et l'Intrigue tels qu'ils ont été présentés ci-dessus
correspondent – en narratologie – au niveau de l' Histoire. La rhétorique
classique identifierait cette étape – le choix de ce que l'on veut montrer ou
dire – à l'inventio. La composition, dont le Drame est le résultat, serait alors
l'équivalent de la dispositio. Car des fils, des caractères, des incidents, voilà
qui ne fait pas encore un Drame – et qui pourrait tout aussi bien aboutir à
un Récit de type romanesque (ou épique). Pourtant, la contrainte
chronologique étant au théâtre très forte (quoique non absolue, voir III.4.),
l'invention de l'enchaînement logique des causes et des effets (l'intrigue) est
d'une certaine manière une première phase de la dispositio puisque l'ordre
de présentation des étapes de l'action est déjà en place. Rappelons qu'il
n'en est pas de même dans le roman, car rien n'empêche un narrateur de
revenir en arrière ou d'anticiper, et de disposer les faits dans l' ordre qui lui
plaît.
Cette contrainte chronologique qui pèse sur le mode dramatique, et qui lui
interdit en principe de représenter deux événements simultanés, avait été
remarquée par Aristote qui la mettait en contraste avec la liberté de
l'épopée: L'épopée a une caractéristique importante qui lui permet de
développer son étendue: s'il n'est pas possible d'imiter dans la tragédie
plusieurs parties de l'action qui se déroulent en même temps, mais
seulement celle que jouent les acteurs sur la scène, comme l'épopée est un
récit, on peut au contraire y traiter plusieurs parties de l'action simultanées,
et si ces parties sont appropriées au sujet, elles ajoutent à l'ampleur du
poème (Poétique, 59b 22). Pour Aristote ce renoncement aux prestiges de
l'ampleur contribue précisément à la beauté spéciale du mode dramatique
qui réside dans son extrême densité.
Le poète examine tout ce qu'il veut, et doit faire connaître aux spectateurs
par l'oreille et par les yeux, et se résout de le leur faire réciter, ou de le leur
faire voir dit l'Abbé d'Aubignac (La Pratique du théâtre). Le poète n'est pas
tenu d'exposer à la vue toutes les actions particulières qui amènent à la
principale: il doit choisir celles qui lui sont les plus avantageuses à faire
voir, soit par la beauté du spectacle, soit par l'éclat et la véhémence des
passions qu'elles produisent, soit par quelque autre agrément qui leur sont
attachés, et cacher les autres derrière la scène, pour les faire connaître au
spectateur par une narration, renchérit Corneille (Discours sur les trois
unités).
III.3. Le Mode
III.4. Le Temps
III.4.1. La durée
Le présentateur décrit des actions et rapporte des paroles en discours
direct. Conséquence de l'imitation par le moyen de personnages en action
et en paroles, la seule mesure du temps est au théâtre la vitesse de
prononciation des mots du discours. On ne peut que supposer que celle-ci
est la même dans le monde de la diégèse (dans lequel l'Action se déroule)
et dans le monde dramatique (du Drame). Le temps du drame n'est donc
pas – ou beaucoup moins – un pseudo-temps comme celui du récit
romanesque. Pour reprendre les termes de Genette, il n'y a formellement
dans le texte théâtral ni pause, ni sommaire: il n'y a que des scènes (le mot
utilisé en narratologie n'est évidemment pas choisi au hasard).
III.4.2. L'ordre
La succession de deux séquences dans le Drame, on l'a déjà dit, est
immédiatement interprétée comme une succession dans l'ordre
chronologique de l'Action. Il est difficile de s'émanciper de cet ordre linéaire,
et de procéder autrement que ne le fit le théâtre classique. Le régime
temporel de la forme dramatique est par conséquent, en ce qui concerne
l'ordre, fort peu varié: les anachronies dramatiques sont peu courantes car
elles sont toujours susceptibles d'être mal interprétées par le lecteur (mais
leur nombre augmente toutefois depuis les années 1980, comme dans
l'extraordinaire Demande d'emploi de Michel Vinaver).
III.4.3. La fréquence
De même, la fréquence dramatique semble assignée au singulatif, comment
en effet signaler que la scène qui est montrée a un caractère itératif. On
peut certes ruser, introduire une voix off, une figure de narrateur ou de
Lecteur (comme dans L'Histoire du Soldat de Ramuz), des intertitres ou
toute autre manière de commentaire. Ainsi pourraient être signalés des
itérations, des retours en arrière, ou être énoncés, sous forme
extradiégétique, des sommaires. C'est ce qui se passe souvent dans le cas
d'adaptation à la scène de textes romanesques, par exemple dans Les
Papiers d'Aspern, nouvelle de Henry James dramatisée par Jacques
Lassale: une voix off désigne certaines scènes comme étant itératives.
III.5. L'Espace
Au contraire de celle du Temps, la catégorie de l'Espace n'est pas étudiée
pour elle-même par la narratologie genettienne. Il semble en effet que cela
soit impertinent, dans le cadre du roman, de se poser la question du rapport
entre l'espace de l'Histoire et l'espace du Récit. On ne saurait en revanche,
dans le cadre de la dramaturgie, se priver d'étudier cette dimension dans la
mesure où l'espace est l'un des matériaux fondamentaux de la composition
dramatique, et puisque c'est sur elle que repose la distinction importante
entre la scène et le hors-scène.
Il faut donc avant toutes choses qu'il [l'auteur] considère exactement de quels
personnages il a besoin sur son théâtre, et qu'il choisisse un lieu où ceux dont il ne
saurait se passer, puissent vraisemblablement se trouver; car comme il y a des lieux
que certaines personnes ne peuvent quitter sans des motifs extraordinaires, aussi y
en a-t-il où d'autres ne se peuvent trouver sans une grande raison. [Le choix du lieu
étant fait, il faut] y accommoder le reste des événements [...], y ajuster le reste de
l'action.
Le choix du lieu (ou des lieux) que représente la scène résulte donc d'un
faisceau de raisons pratiques et de motifs symboliques. L'auteur se
facilitera certes la tâche en élisant des lieux neutres (une place, un corridor,
le palais à volonté des classiques), conventionnels voire quasi abstraits,
mais il rendra les sorties et les rentrées plus dramatiques si le lieu est
marqué (identifié par exemple au territoire de l'un des personnages, comme
le palais de Néron, la jardin d'Armide, le salon de Célimène) ou chargé
symboliquement (le temple, la ville assiégée, la forêt, le sérail). Dans
Athalie, la scène est située très subtilement dans un lieu à la fois marqué et
neutralisé, dans le temple de Jérusalem, dans un vestibule de
l'appartement du grand prêtre; on sait qu'au milieu du cinquième acte le
fameux temple maintenu, jusque-là dans le hors-scène, change subitement
de statut: ici le fond du théâtre s'ouvre. On voit le dedans du temple,
annonce le présentateur dans une didascalie.
III.5.3. La visibilité
Par analogie avec les questions d'ordre, de fréquence et de durée que l'on
peut se poser à propos de la dimension temporelle d'un récit ou d'un
drame, il est possible d'interroger la dimension spatiale des textes
dramatiques.
III.5.4. L'étendue
Sous le nom d'étendue nous pouvons décrire la taille ou l'envergure de
l'espace pris en charge par l'espace scénique – c'est-à-dire par le support
des actions qui peuvent être montrées. Il s'agit de rendre compte de
l'extension géographique de l'accès du présentateur à l'univers diégétique.
Cette étendue peut-être très restreinte comme dans le cas de l'unité de lieu
classique (unité générale de Corneille ou particulière de d'Aubignac); elle
peut être très vaste si les lieux, qui occupent alternativement l'espace
scénique accessible au point de vue du présentateur, sont très distants les
uns des autres (comme dans la dramaturgie baroque ou élisabéthaine).
III.5.5. La mobilité
La mobilité prend aussi en compte la géographie de l'Action et du Drame,
mais elle mesure spécifiquement non des distances (comme dans le cas de
la mesure de l'étendue) mais le nombre de changements de lieux qui
rythment la composition dramatique. Une pièce classique bornée à l'unité
de lieu particulier peut donc à bon droit être qualifiée d'immobile, alors que le
taux de changement (même s'il s'agit de changer d'appartement dans le
même palais, comme le Cinna de Corneille) en fera une œuvre
relativement mobile.
C'est par rapport à cet ensemble (diégétique mais aussi symbolique) que
les lieux et les moments du Drame vont prendre sens. On peut aussi se
demander quel est le poids symbolique accordé par chaque personnage à
ce moment-ci qu'il vit et à ce lieu-ci qu'il occupe. La scène thématise peut-
être pour lui des enjeux liés au temps (postérité, gloire, souvenir, regret,
attente, espérance, crainte de l'avenir, hantise du temps qui passe:
pensons à Andromaque) et spatiaux (conquête, fuite, emprisonnement,
pouvoir: pensons à Bajazet).
IV.1. L'elocutio
Les deux étapes de l'inventio (l'Action) et de la dispositio (le Drame)
forment ce que Diderot a judicieusement nommé le plan (c'est ce plan que
le tableau de présence enrichi, tel que nous l'avons décrit, présente de
manière synthétique). Reste à écrire les répliques, reste à faire parler les
personnages, en un mot, reste l'elocutio. Pour Diderot, fort classique pour
l'occasion, le plan et le dialogue sont deux étapes très distinctes de l'écriture
dramatique, qui exigent de l'auteur des compétences différentes – si
différentes qu'on s'explique aisément que maintes œuvres dramatiques
aient deux auteurs:
Est-il plus difficile d'établir le plan que de dialoguer? C'est une question que j'ai
souvent entendu agiter; et il m'a toujours semblé que chacun répondait plutôt selon
son talent que selon la vérité de la chose.
Un homme à qui le commerce du monde est familier, qui parle avec aisance, qui
connaît les hommes, qui les étudiés, écoutés, et qui sait écrire, trouve le plan difficile.
Un autre qui a de l'étendue dans l'esprit, qui a médité l'art poétique, qui connaît le
théâtre, à qui l'expérience et le goût ont indiqué les situations qui intéressent, qui sait
combiner des événements, formera son plan avec assez de facilité; mais les scènes
lui donneront de la peine. [....] J'observerai pourtant qu'en général il y a plus de
pièces bien dialoguées que de pièces bien conduites. Le génie qui dispose les
incidents paraît plus rare que celui qui trouve les vrais discours. Combien de belles
scènes dans Molière! On compte ses dénouements heureux [= bien faits].
Pour Diderot l'écriture du dialogue est plus facile car les caractères étant
donnés, la manière de faire parler est une. Pourtant l'exercice est soumis à
d'autres contraintes qu'à celle du caractère.
On va au théâtre pour retrouver la vie mais s'il n'y a aucune différence entre la vie en
dehors du théâtre et la vie à l'intérieur, alors le théâtre n'a aucun sens. Ce n'est pas
la peine d'en faire. Mais si l'on accepte que la vie dans le théâtre est plus visible, plus
lisible qu'à l'extérieur, on voit que c'est à la fois la même chose et un peu autrement.
À partir de cela on peut donner diverses précisions. La première est que cette vie-là
est plus lisible et plus intense parce qu'elle est plus concentrée. Le fait même de
réduire l'espace, et de ramasser le temps, crée une concentration.
Cette forme concentrée, parce qu'elle se tient au plus prêt des exigences
du mode, c'est ce que Peter Szondi appelle le drame absolu et qui ne se
réalise pleinement qu'à l'époque classique. Dans le même esprit François
Regnault ajoute:
Nous devons le théâtre de tous les temps à cette extraordinaire invention de faire
parler des personnages sur une scène dans des situations données. Le moment où
cette forme a triomphé le plus est le moment où l'on a décidé que les personnages
qui étaient là disaient cela en temps réel, sur le lieu théâtral: cela donne la règle des
trois unités qui est une invention géniale et qui n'a rien à voir avec ce que l'on en
raconte dans les classes concernant le Cardinal de Richelieu et des difficultés de
Corneille avec Le Cid. L'invention du théâtre classique français, qui a défrayé la
chronique dans toute l'Europe Occidentale pendant deux cents ans, est un théâtre
qui vous dit que l'espace et le temps sont infinis et que vous les avez, réduits sur la
scène, devant vous, pendant les deux heures de la représentation.
Reste que pour entériner ces changements, le genre théâtral peut soit se
rapprocher soit se libérer des contraintes spécifiques au mode dramatique.
Ces deux mouvements sont comme la diastole et la systole de la vie du
genre. Il est important de voir qu'ils ont tous deux leur limite (ou leur
danger): la sclérose pour l'une, la dissolution pour l'autre. Deux façons pour
le théâtre de mourir... et de renaître toujours.
Les pièces de l’époque sont toutes construites sur un même modèle, un canevas identique
constitutif de son identité. Elles démarrent sur un Prologue, puis vient l’entrée du Chœur («
parodos »), caution lyrique du spectacle, qui prend place dans l’orchestre. Ensuite,
s’enchaînent les actes ponctués par les interventions chantées du chœur. Enfin, le chœur fait
sa sortie et clôt la pièce (« exodos »). Il est d’ailleurs intéressant de remarquer qu’à ses
débuts, le théâtre incorpore déjà la danse et la musique dans sa matrice, sans cloisonner les
genres. De plus, le travestissement y est de mise puisque l’art de l’acteur était à cette époque
exclusivement masculin, ce qui impliquait que les rôles de femmes étaient tenus par des
hommes.
Ce type de structure archaïque n’existe plus aujourd’hui bien entendu quand bien même les
metteurs en scène continuent de monter des pièces de l’époque, que ce soit les tragédies de
Sophocle (Antigone, Œdipe Roi, Electre, Ajax…), d’Euripide (Les Bachantes, Les Troyennes,
Iphigénie en Tauride…), d’Eschyle (L’Orestie, Les Suppliantes, Les Perses…) ou les comédies
d’Aristophane (Lysistrata, L’Assemblée des Femmes, les Grenouilles, Les Oiseaux…). Un
autre phénomène, apparu au XXème siècle, continue de se propager : nombre d’auteurs
dramatique s’approprient certains mythes antiques pour en proposer de nouvelles versions,
travaillant sur l’idée de palimpseste : Brecht et Anouilh sur Antigone, Giraudoux sur Electre,
Heiner Muller avec Médée-Matériau par exemple.
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toute neuve : le...
Dans ce dossier
Les origines du théâtre : le Théâtre antique
Le Théâtre antique nous vient de Grèce, berceau de tout le théâtre occidental. Il est né
à l’époque archaïque, aux VIème et Vème siècle avant J-C, lors des célébrations
consacrées à Dionysos, Dieu du vin, des arts et de la fête. Il provient donc, à l’origine,
des dithyrambes, ces...
Le théâtre
l'art dramatique
Les oeuvres destinées à être représentées sur la scène des théâtres et dans lesquelles on
a voulu représenter une action (en grec drama, du verbe draô = j'agis) imaginaire ou
historique, définissent un genre de littérature nommé le genre dramatique. On parle d'art
dramatique pour désigner l'art du comédien, ou art de représenter sur la scène les ouvrages
dramatiques.
L'action représentée par les comédiens dans une pièce de théâtre, avec ses causes, ses
développements et ses conséquences, sert à mettre en relief les passions des personnages,
en excitant chez les spectateurs, soit la pitié, la terreur, l'indignation, soit la gaieté et le rire. De
cette diversité d'impressions, et de la différence qui peut exister entre les actions scéniques,
dont les unes sont héroïques et sérieuses, les autres communes et enjouées, résulte la
distinction des deux grands caractères que peuvent présenter les compositions dramatiques, le
tragique et le comique. Tragédie et la comédie classiques sont les types de ces compositions.
Au genre dramatique se rapportent également :
1° les pièces dans lesquelles le tragique et le comique ont été mélangés avec plus ou moins
d'habileté, et dans des proportions très variables, telles que l'hilarodie et le drame satyrique
des Anciens, la tragi-comédie et le drame des modernes;
2° celles qui, loin d'atteindre à la perfection de la tragédie et de la comédie, n'en ont été que
des ébauches ou des dégénérescences, d'une part les mystères du Moyen âge , de l'autre
les dicélies grecques, les atellanes romaines, les mimes, les sotties, moralités et farces, la
parodie, etc.;
3° celles où la musique a été associée aux paroles, par exemple, le drame (ou la tragédie)
lyrique ou opéra, l'opéra-comique, le mélodrame, le vaudeville.
4° celles des représentations scéniques qui représentent une action par des gestes (et des
mimiques) ou la danse, sans le secours de la parole : la pantomime et le ballet.
Les dénominations de drame religieux, drame historique, drame fantastique, drame pastoral,
etc., ne désignent pas des espèces particulières de compositions dramatiques, mais sont
relatives à la nature des sujets ou des personnages mis sur la scène. On a appelé drames
liturgiques les plus anciens drames religieux médiévaux, les Mystères.
A la différence de l'épopée, qui procède par voie de description et de récit, l'oeuvre dramatique
fait agir et parler sous nos yeux les personnages eux-mêmes, conformément à leur caractère.
L'action renferme une exposition, une intrigue, un noeud, et un dénouement, qui se fait par
reconnaissance ou par péripétie, et qui, s'il est malheureux, prend le nom de catastrophe. Elle
est soumise aux règles générales de la vraisemblance, de l'intérêt et de l'unité.
Quant à la forme, le drame de quelque étendue se divise en actes, séparés les uns des autres
par des entractes, et les actes comprennent un certain nombre de scènes. Il y a dialogue,
quand plusieurs personnages parlent entre eux; monologue, lorsqu'un seul personnage occupe
la scène, et y exprime ses pensées et ses sentiments.
L'histoire du théâtre
Le théâtre antique.
La plus ancienne forme connue de théâtre fut le dithyrambe, hymne chanté en l'honneur de
Dionysos par un chant accompagné de musique, de gestes et de danses. En 535 av. J.-C.,
Thespis récitait une ode avec des répons par un choeur dithyrambique; telle est la première
origine du dialogue. De ces éléments grossiers, Eschyle tira vers l'an 500 le drame tel que
nous le concevons encore aujourd'hui. Il employa le choeur simplement comme auxiliaire et le
tint à l'arrière-plan; il admit un second acteur sur la scène et introduisit le dialogue. On lui doit
l'invention des décors, des costumes et du machinisme. Trente ans plus tard, Sophocle
introduisit un troisième acteur et donna ainsi plus d'étendue au dialogue et plus de vivacité à
l'action. Vers l'an 440 av. J.-C., Euripide porta le théâtre tragique grec à son plus haut point de
pureté. Ses tragédies se composent d'une fable ou d'une série d'événements rattachés les uns
aux autres par des transitions naturelles. L'unité d'action, de lieu et de temps, n'était pas
toujours strictement observée, mais elle devint ensuite la règle principale admise par les
poètes classiques français. La tragédie grecque se composait souvent de trilogies ou 3 pièces
distinctes formant une action complète.
L'histoire primitive de la comédie est encore plus obscure que celle de la tragédie; on la divise
en trois périodes : celle de l'ancienne comédie; celle de la comédie moyenne et celle de la
nouvelle comédie. Dans la première, on ridiculisait, sous leurs vrais noms, des personnages
contemporains; le plus célèbre et le dernier représentant de ce genre fut Aristophane. Dans la
comédie moyenne, on ridiculisa, sous des noms fictifs, ces personnages réels, dont on
représentait les traits au moyen d'un masque, de vêtements, etc., ou par tout autre moyen sur
lequel le public ne pouvait se tromper. Dans la nouvelle comédie, que Ménandre porta à son
apogée, le personnage et le sujet étaient, I'un et l'autre, fictifs, la satire n'ayant plus d'autre
prétention que de châtier les vices en général.
Le théâtre romain dérive de celui des Grecs ; on y introduisit la farce, invention des
Toscans. Les seuls tragiques romains dignes de mention sont : Térence, Plaute et Sénèque.
Avec eux se termine le premier âge du drame ou âge classique.
Au XVe siècle, en commença à rire des histoires, germe du drame romantique qui devait
atteindre à une si merveilleuse perfection dans les mains de Shakespeare et de ses rivaux.
Pendant cette période, les Italiens et les Espagnols imaginèrent un genre qui participait de la
pantomime, de la farce et de la comédie d'intrigue, et qui avait pour canevas des anecdotes
courtes et simples. Ce genre fut imité et perfectionné par les Français, qui lui donnèrent plus
de variété et plus d'étendue.
Mairet, Rotrou, Corneille, et surtout Molière et Racine, créèrent de nouveau l'art dramatique au
point de vue de l'exécution comme à celui de la composition. Mais une disposition toute
matérielle de la scène nuisit à l'art et à ses effets d'ensemble. Par un usage né de l'amour du
lucre, les côtés de l'avant-scène étaient embarrassés de banquettes pour des spectateurs de
choix, c.-à-d. qui payaient cher; ces banquettes la rétrécissaient au point de laisser à peine aux
acteurs la place nécessaire pour se mouvoir. Quand ils étaient plu sieurs en scène, ceux qui
ne parlaient pas étaient obligés de se tenir au fond, et chacun s'avançait tour à tour pour dire
son rôle. De là l'usage chez les poètes de composer de longues tirades, afin que chaque
acteur pût se faire voir à son tour du public. Le théâtre n'était guère ainsi qu'une école de
déclamation; nous croyons reconnaître des traces de cette coutume jusque dans les meilleures
tragédies de Corneille et de Racine. Une autre conséquence fut que les acteurs prirent une
diction ampoulée, déclamatoire et guindée, malgré les conseils de Molière et de Racine.
Baron vint enfin : élève et ami de Molière, et par là plus digne encore de comprendre Racine, il
fit une révolution dans son art, en abandonnant la déclamation ampoulée et monotone, les cris
forcenés, la gesticulation désordonnée, pour le naturel et la simplicité, enfin en cherchant à
paraître le personnage qu'il représentait. Mais ses camarades, à l'exception de Mlle
Champmeslé, élève de Racine, ne voulant pas changer leur manière, l'ensemble nécessaire à
l'illusion dramatique ne fut pas obtenu de longtemps. Sur la fin de sa carrière, il fut secondé par
une autre actrice, Adrienne Lecouvreur, qui, comme lui, parla la tragédie, et fut énergique en
restant simple et naturelle; d'autres acteurs d'un heureux génie parurent successivement; la
critique se forma; les principes nouveaux de l'art dramatique furent posés, développés,
appliqués.
Le XVIIIe siècle produisit plusieurs grands acteurs, non seulement en France , mais en
Angleterre , où parurent les Garrick et les Macklin. Alors aussi on débarrassa la scène des
spectateurs qui l'encombraient; la décoration, longtemps insignifiante, devint magnifique dans
certaines pièces; les costumes, auparavant semblables à ceux de ville, sauf quelques
modifications du goût le plus hétéroclite, se rapprochèrent de la vérité historique, de manière à
faire concourir la satisfaction des yeux à l'illusion dramatique. La plupart de ces réformes
vinrent de Lekain, soutenu par Mlle Dumesnil et Clairon. Vers la fin du siècle on comptait
beaucoup d'acteurs capables d'animer des pièces froides et d'en dissimuler la médiocrité.
Au commencement du XIXe siècle, parut le plus parfait interprète qu'ait eu la tragédie en
France , Talma, qui, au rapport de ceux qui l'ont vu, ne semble pas pouvoir être surpassé.
Talma eut encore le bonheur d'être secondé par une grande tragédienne, Mlle Duchesnois.
Talma se fit admirer dans quelques rôles de l'ancienne tragédie française, et montra, en outre,
la puissante originalité de son génie dans quelques tragédies nouvelles, imitées de
Shakespeare, et où il rivalisa d'énergie et de science avec les grands acteurs anglais. A la fin
du XIXe siècle encore, la tragédie, surtout celle de Racine et de Corneille, a trouvé une
admirable interprète dans Mlle Rachel.
3° la déclamation.
La première loi de la représentation théâtrale étant de produire l'illusion, l'acteur doit paraître
dans un costume qui convienne au personnage dont il prend le nom. Cette partie de l'art est
très soignée depuis un 150 ans. Il est encore à désirer que la personne de l'acteur offre une
ressemblance de convenance avec le personnage, qu'il ait ce qu'on appelle le physique de
l'emploi. Ainsi, il sera toujours fâcheux qu'un héros soit petit et laid, qu'un vieil acteur joue un
personnage jeune, etc. Le comédien Larive disait que la beauté tragique est indispensable aux
héroïnes de théâtre :
"Si Didon, si Ariane sont laides, les spectateurs sont de l'avis d'Énée et de Thésée, et
l'on plaint moins l'amante abandonnée. "
Cependant la force et l'éclat du talent ont fait oublier un défaut de physique; Lekain, qui jouait
les premiers rôles tragiques, était petit et fort laid; mais il lui fut très difficile de faire oublier ces
désavantages naturels. En étudiant avec soin les portraits, le caractère, la démarche, les
habitudes de son modèle, on arrive à produire des illusions surprenantes : c'est ce que fit
Fleury, chargé du rôle de Frédéric II, dans une petite comédie, aujourd'hui à peu près oubliée,
Auguste et Théodore, ou les deux pages, jouée au Théâtre-Français en 1780. Pendant trois
mois il travailla, jusque dans les plus minces détails de la vie, à se transformer en son
personnage, vivant dans le costume et affectant toutes les habitudes du roi de Prusse ; le
succès qu'il obtint fut merveilleux. Mais au-dessus de cette imitation tout extérieure est l'effort
que fait un homme de génie pour créer en lui-même, par une forte méditation, la personne du
héros qu'il représente. Ainsi Talma, lorsqu'il étudiait un rôle, se pénétrait si profondément des
idées et des sentiments qui devaient en composer le caractère, qu'il ne pouvait plus, sans
effort, déposer ce rôle pour en prendre un autre : le personnage de théâtre était devenu en lui
presque au personnage réel.
"Le théâtre, disait-il, doit offrir à la jeunesse un cours d'histoire vivante."
La fidélité du costume n'est qu'un accessoire sans intérêt, si la partie vivante du rôle n'est pas
traitée avec vérité et avec harmonie : là est l'essence de l'art. Le visage de l'acteur, son attitude
et ses gestes doivent peindre trois choses : le caractère du personnage, qui ne change pas;
son état d'esprit actuel, provoqué par la situation dramatique combinée avec le caractère,
enfin les sentiments divers qu'une même situation éveille par la multitude des idées qui s'y
rattachent. Il ne faut pas néanmoins, comme l'a souligné Diderot, que l'acteur s'identifie avec
son rôle au point d'en être, pour ainsi dire, dupe; ce ne sont ni ses pensées propres, ni sa
conception qu'il exécute-: il joue, comme on dit, avec tant de justesse; tout doit donc être calcul
en lui; s'il oublie cela, il court risque de se compromettre; le fin de son art consiste à paraître
naturel sans cesser un instant d'être préoccupé de l'étude qu'il a faite du rôle, exactement
comme un chanteur de la musique que le compositeur lui a notée. Les prédicateurs, qui sont
des acteurs à leur façon, disent leurs sermons tels qu'ils les ont composés et appris; ils n'y
changent rien, bien que ce soit le fruit de leur génie, crainte de compromettre l'effet qu'ils se
proposent, et qui est de porter la conviction dans les cours. A plus forte raison ce principe est-il
de rigueur pour les comédiens : l'excellent acteur n'oublie pas qu'il joue un rôle, dans le
moment même où les spectateurs l'ont oublié.
"Un grand acteur est une seconde fois l'auteur de ses rôles par ses accents et sa
physionomie", dit Mme de Staël.
Nous appliquons la dernière expression à ce que l'on nomme le jeu muet, c.-à-d. les signes
d'intérêt qu'il doit donner à l'action quand il ne parle ou n'agit pas lui-même. La tragédie, pour
développer des sentiments et interpréter des situations, a besoin, par moments, de longues
tirades, qui sont des sortes de monologues en présence d'un ou de plusieurs interlocuteurs.
Savoir, dans ces passages, dialoguer avec les yeux, le visage, les gestes, c'est réellement la
marque d'un génie créateur. Remplir par une action naturelle et intéressante les instants de
silence, est une grande part de ce qu'on appelle une création de rôle. Talma excellait dans ce
genre, et l'on cita longtemps la manière dont il écoutait le long discours d'Agrippine (discours
de plus de 100 vers), au début de la 2e scène du 4e acte de Britannicus :
Approchez-vous, Néron, et prenez votre pince, etc.
Le respect, l'ennui, puis la lassitude se peignaient tour à tour sur son visage, dans sa
contenance, dans ses demi-gestes, dans ses mains, dans ses doigts, qu'il occupait par
instants à froisser ou arranger les pans ou les plis de sa toge.
C'est surtout par le geste que l'acteur crée, parce que l'auteur, d'ordinaire, le lui abandonne
entièrement; mais cependant il a encore une grande part de liberté dans le récit des paroles,
quoiqu'il n'ait rien à inventer dans le style. Le débit, qu'on appelle d'ordinaire déclamation, peut
changer entièrement le caractère de l'expression. Que les vers de Corneille soient lus d'une
voix un peu emphatique, ce style héroïque paraîtra hors nature; en les lisant avec simplicité, en
les abaissant, pour ainsi dire, d'un ton, on rencontre la combinaison du sublime avec le naturel.
Combien de pièces mal écrites, qui ne peuvent se soutenir à la lecture, ont fait illusion au
théâtre, grâce à l'habileté de l'acteur pour faire valoir, par son accent et son jeu, ce que l'auteur
avait indiqué sans savoir le développer! Si l'ouvrage est bien écrit, un comédien de talent
révèle des beautés auxquelles on aurait à peine songé.
L'inspiration naturelle peut produire de beaux mouvements; mais elle est inégale, et, pour
soutenir un grand rôle, l'acteur doit suivre une méthode qui supplée aux défaillances de
l'inspiration. La méthode a d'ailleurs cet avantage, que, si elle plaît moins au premier abord que
la spontanéité, elle va toujours en se perfectionnant, tandis que les bonnes fortunes de
l'inspiration vont en baissant, à mesure que l'âge et la pratique éteignent le feu des débuts. En
général, les acteurs d'un mérite tout spontané ont eu une décadence plus ou moins rapide; au
contraire, les acteurs qui ont eu de la méthode ont gagné de plus en plus les suffrages des
connaisseurs, et quelques-uns ont su plaire même après la perte de leurs facultés physiques.
Aujourd'hui, à l'heure des arts dits pluridisciplinaires, la définition de l'art du théâtre est de plus en
plus large (jusqu'à se confondre avec l'expression spectacle vivant). Mise dans les circonstances et les
situations créées ! Mais il peut y avoir également du théâtre sans texte écrit ou même sans aucune
parole. Le théâtre est donc joué pour faire face aux mystères et conflits qui inquiètent ; les
humains se sont-ils mis à jouer du théâtre.
Les gens de théâtre cherchent ainsi à créer un miroir social, un reflet plus ou moins caricatural de la
société, qui permet de mieux la comprendre, et de mieux dénoncer ses failles : Le théâtre est aussi
un miroir tendu à la nature : le spectateur, comme l'acteur, vient chercher une réponse, se construire
une identité.
Le théâtre peut aussi être un divertissement, sans autre objectif que de changer les idées à ses
spectateurs, par l'utilisation du comique notamment. Augusto Boal, qui aborda une manière de faire
du théâtre résolument politique, c'est-à-dire qu'il faisait jouer à des gens des situations conflictuelles
en changeant la position des personnages : par exemple, le directeur qui avait licencié tel salarié
jouait le rôle du salarié. Cela permettait selon lui de régler certains conflits.
La comédie se propose de « corriger les vices des hommes en les divertissant », dit Molière. Cet
auteur français célèbre, tout en faisant rire les spectateurs, tournait en ridicule les travers humains. Il
le dit lui-même : « On veut bien être méchant, mais on ne veut pas être ridicule ».
La tragédie tente, elle aussi, de corriger les vices des hommes, ou plutôt leurs passions, de deux
manières : d'abord en montrant les dégâts que peuvent provoquer les passions : dans les tragédies,
les passionnés se font tuer, tuent ou se suicident (comme dans Phèdre où cette dernière
s'empoisonne à cause d'un amour illégitime), deviennent fous, tel Oreste à la fin d'Andromaque de
Racine (hors de la scène, par respect de la règle de bienséance).
Ensuite, les dramaturges comptent sur la « catharsis » (du grec purification), ou purgation des
passions : les spectateurs d'une tragédie sont ainsi censés se purger, se purifier des passions en les
vivant par procuration, en éprouvant terreur et pitié, comme l'écrit Aristote dans sa Poétique.
Le rôle du théâtre : est-il simplement de raconter une histoire ou doit-il faire réfléchir le spectateur ?
Le théâtre est né en Grèce, où des concours tragiques existent depuis le VIe siècle av. J.-C. Il est
apparu à Rome à la fin du IIIe siècle av. J.-C. Les représentations font partie des « jeux », fêtes
officielles de la cité. Au Moyen Âge, des troupes itinérantes jouent des pièces de genre dit des «
Miracles » et des « drames liturgiques », d'abord dans les églises puis dans leurs porches, sur leurs
parvis et sur les places publiques. A l'aide de personnages caricaturaux, le théâtre peut critiquer les
mœurs : certaines personnes ont des traits de caractère particuliers, encore accentués. Molière a
dit : « Je ne sais s'il n'est pas mieux de travailler à rectifier et à adoucir les passions des hommes que
de vouloir les retrancher entièrement » La devise de la comédie apparaît dès les années 1620 en
France :
Cela change-t-il selon les époques et les genres ? La critique explicite ou implicite a-t-elle sa place aux
côtés de la catharsis ?
MOLIERE: dit "Rendre agréablement sur le théâtre les défauts de tout le monde." "C'est une étrange
entreprise de faire rire les honnêtes gens."
Le théâtre, un divertissement mais aussi un moyen d'éducation morale. Le théâtre a pour but
principal de divertir le public, de le détourner momentanément de ce qui l'occupe. Il arrive à cela
tout d'abord en suscitant des sentiments de joie ou de peine chez le spectateur. En effet, dans les
comédies ou dans les farces, on peint souvent la folie des hommes, de la société et leurs défauts avec
beaucoup d'humour et d'ironie. J’ai toujours dit que le théâtre c’est le père des arts et c’est le
véhicule de la culture de son peuple.
L'acteur de théâtre est difficile à définir car dans la vie quotidienne, tous sont acteurs à des degrés
divers. Les humains, vivant en société, deviennent nécessairement des acteurs sociaux, qui changent
de rôle constamment (au travail, en famille, entre amis, etc.). Ces rôles sont constituants, puisqu'ils
font partie de l'identité; et indispensables, puisqu'ils donnent de la cohérence à la société et une
place à chacun.
CHRISTIAN BIET , CHRISTOPHE TRIAU
Le théâtre au Moyen-Âge
- Le théâtre est un art très populaire pendant tout le Moyen-Âge. - Malheureusement, peu
de traces nous en sont restées parce que… o les textes étaient peu écrits, car la population,
en général, ne savait ni lire ni écrire. L’histoire et les dialogues étaient donc transmis de
bouche à oreille; o les gens de théâtre, acteurs et dramaturges, n’étaient pas considérés
comme des artistes sérieux; o les équipements étaient très temporaires : on prenait ce qui
était à sa portée.
Les genres - Le théâtre est soit comique ou solennel. - Il pouvait être religieux ou profane
(qui n’est pas religieux). - On y retrouve plusieurs genres.
Le mystère (ou mistère) - C’est une pièce de théâtre religieuse, remplie de réalité et de
surnaturel. - Au début, vers le Xe siècle, des saynètes font partie de la messe. On joue des
scènes de la naissance de Jésus, de l’ange qui s’adresse aux bergers et aux rois mages, de la
passion et de la résurrection du Christ. C’est très populaire à Pâques et à Noël. - Entre les XIe
et XVe siècles, l’Église offre à la population des fêtes-spectacles de plusieurs jours. Le public,
qui ne peut pas lire, s’instruit à l’Histoire sainte. - Les sujets sont tirés de la bible ou de la vie
des saints et des miracles accomplis. - Il y a de nombreux personnages : de 100 à 500 d’entre
eux, venant de la communauté environnante. Les rôles importants, comme celui du Christ
ou de Judas, sont transmis de père en fils.
Le fabliau - Le fabliau est une fable ou un petit récit : de petites histoires simples et
amusantes, très populaires au MoyenÂge. - Le but du fabliau est de faire rire le public. - Il
peut offrir une leçon morale à la fin. - Ces courts récits sont parfois écrits en vers, comme un
poème. - Il se moque souvent d’une situation ou de groupes de personnes : les moines, les
vilains, les paysans et les femmes. Il s’inspire de la vie de tous les jours.