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ETABLISSEMENT SPECIALISE DE LA FRANCOPHONIE

POUR L’ADMINISTARTION ET LE MANAGEMENT


(ESFAM)

Master 2 Management Public, Parcours Management et Gouvernance des Universités


2020-2021

Module : Principes du droit administratif

Devoir du groupe 3 (Groupe à distance ) portant sur le commentaire


de l’AFFAIRE İRFAN TEMEL ET AUTRES c. TURQUIE

Présenté par :
Afiyo Louise ASSIVON
Seilbek ASSANOV
Houessou E. SAGBO
AFFAIRE İRFAN TEMEL ET AUTRES c. TURQUIE

(Requête n° 36458/02)

STRASBOURG 3 mars 2009

À l’origine de l’affaire se trouve une requête (n° 36458/02) dirigée contre la


République de Turquie et dont dix-huit ressortissants de cet Etat.
(« les requérants ont saisi la Cour le 13 août 2002 en vertu de l’article 34 de la
Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Les requérants ont été représentés par Me M. Rollas, avocat à İzmir. Le
gouvernement turc (« le Gouvernement a été représenté, aux fins de la procédure
devant la Cour, par son agent.
Par une décision du 15 septembre 2006, le président de la deuxième section a
communiqué la requête au Gouvernement. Comme le permet l’article 29 § 1 de la
Convention, il a en outre été décidé d’en examiner conjointement la recevabilité et
le fond.
Par une lettre du 16 décembre 2008, le représentant des requérants a avisé la
Cour du décès de l’un d’eux, M. Hamit Çiftçi.

À l’époque des faits, les requérants étaient étudiants dans diverses facultés rattachées
à l’université d’Afyon Kocatepe, sise à Afyon (Turquie).
À différentes dates entre le 27 décembre 2001 et le 4 janvier 2002, ils
adressèrent au rectorat de l’université des pétitions demandant l’instauration de
cours de langue kurde comme modules facultatifs.
(Il s’agit là de la mise en œuvre par ces étudiants de leur droit de penser ainsi que de
leur droit à la liberté d’expression).
Vers cette même période, des étudiants de diverses universités en Turquie
présentèrent des pétitions similaires.
(Ce qui, en réalité, devrait être considéré comme une simple coïncidence et non
prise au degré auquel les autorités universitaires l’avait pris).
Par une décision prise le 18 janvier 2002 sur la base de l’article 9 d) du
règlement disciplinaire des établissements d’enseignement supérieur, le comité
d’administration de l’université d’Afyon Kocatepe, après avoir entendu les
observations en défense des requérants, exclut ceux-ci de l’université pendant deux
semestres à compter du semestre de printemps – à l’exception de M. Pulat, exclu
pendant un seul semestre parce qu’il avait éprouvé des remords – au motif que, bien
qu’individuelles a priori, les pétitions présentées étaient de style et de contenu
identiques et que leurs auteurs savaient que leurs actes étaient constitutifs d’une
infraction à l’égard de laquelle ils n’avaient manifesté aucun remords.
Après que les sanctions disciplinaires lui eurent été signifiées, les requérants
formèrent individuellement des recours devant le tribunal administratif de Denizli,
demandant l’annulation de ces sanctions et, au préalable, le sursis à leur exécution.
(Il s’agit ici précisément, de la mise en œuvre par les requérants de leur droit de
saisine du juge administratif pour excès de pouvoir et pour plein contentieux).
(Il faut rappeler que la saisie du juge administratif par les requérants met en
exergue le principe de deux ordres de juridiction dans un État démocratique
donné : l’ordre judiciaire et celui administratif dans lequel nous avons le tribunal

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administratif, la cour d’appel administrative et le conseil d’État. LE tribunal
ADMINISTRATIF, étant juges de droit commun du contentieux administratif en
premier ressort. LA COUR ADMINISTRATIVE D’APPEL, étant créées par la
loi du 31 Décembre 1987 en vue du désengorgement des formations
contentieuseset le conseil d’Etat, étant institué par la constitution du 22 Frimaire
an VIII c’est-à-dire du 14 Décembre 1799, et qui s’étant vue reconnaître des
attributions consultatives ainsi que celles contentieuses.

Ce qui n’étant pas encore une réalité au Togo dans notre pays. Puisque, le
contentieux administratif est confié à la chambre administrative de la Cour
d’appel et à la chambre administrative de la Cour suprême par L’ordonnance N°
78-35 du 7 Septembre 1978.

La chambre administrative de la Cour d’appel connaissant des recours de plein


contentieux en premier et dernier ressort tandis que la chambre administrative de
la Cour suprême, étant juge de cassation en matière de plein contentieux et
connaissant en premier et dernier ressort les contentieux de l’annulation).
Par des jugements rendus à diverses dates, le tribunal administratif de Denizli
rejeta les demandes de sursis au motif que les conditions posées par la loi nationale
n’avaient pas été satisfaites.
Le 24 octobre 2002, le tribunal administratif de Denizli donnant raison aux
autorités universitaires en estimant que, le rectorat de l’université avait reçu de
la préfecture d’Afyon des renseignements sur la nouvelle stratégie d’action du
PKK1 dans le cadre de sa campagne de désobéissance civile, consistant notamment
à réclamer un enseignement en kurde. L’administration avait donc estimé à bon
droit que les pétitions identiques présentées à peu près au même moment par
les requérants, dont les demandes étaient insistantes et menaçantes, s’inscrivaient
dans le cadre d’une action planifiée et organisée contraire à l’article 9 d) du
règlement disciplinaire des établissements d’enseignement supérieur.
Lequel jugement, le Conseil d’Etat ANNULERA d’ailleurs et RENVOYERA
l’affaire devant le juge de première instance en décembre 2003.
(On voit donc que de ces quelques lignes qui précèdent, il ressort que le juge
administratif du tribunal administratif n’a pas été à la hauteur de la tâche à lui
assigner jusqu’à ce qu’il ne soit rappelé à l’ordre par le conseil d’État).
Ainsi, par un jugement du 12 mai 2004, le tribunal administratif de Denizli
suivra la décision du Conseil d’Etat et annulera les sanctions disciplinaires prises
contre les requérants.
(Ce qui signifie peut-être qu’il s’était ravisé après avoir été sanctionné par le
conseil d’État à travers l’annulation de son jugement précédent).
Dans son jugement, il rappellera notamment que l’article 74 de la Constitution
donne aux ressortissants turcs le droit d’adresser aux autorités des pétitions se
rapportant à leur cas personnel ou à la chose publique.
Il relèvera en outre que, aux termes de l’article 4 a) de la loi sur l’enseignement
supérieur, celui-ci avait pour but de faire des étudiants des citoyens, c’est-à-dire en
particulier des personnes objectives, ouvertes d’esprit et respectueuses des droits

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de l’homme, épanouies physiquement, mentalement, psychologiquement,
moralement et émotionnellement, de manière équilibrée, contribuant au
développement et au bien-être du pays tout en acquérant les connaissances et
compétences nécessaires à leurs vocations futures.
Aussi les pétitions adressées par les requérants aux autorités pour demander des
cours de kurde facultatifs ne pouvaient-elle être qualifiées d’actes donnant lieu à
une division fondée sur la langue, la race, la religion ou la dénomination, au sens
de l’article 9 d) du règlement disciplinaire des établissements d’enseignement
supérieur et ne contrevenaient pas à l’un quelconque des buts de l’enseignement
supérieur énoncés à l’article 4 a) de la loi sur l’enseignement supérieur.
Le tribunal administratif de Denizli ajoutera que la dernière réforme législative
pertinente, qui remontait au 9 août 2002, autorisait l’instauration de cours privés de
manière à permettre aux ressortissants turcs d’apprendre les divers dialectes et
langues traditionnellement employés par eux dans leur vie quotidienne.
Parallèlement, les poursuites pénales ouvertes contre les requérants avaient
pris fin concomitamment à leur acquittement du chef d’assistance à une
organisation armée illégale.
(Ce qui veut dire que cette fois ci, le juge administratif a dit le droit. On voit
donc que la sanction du conseil d’État avait tout son sens et toute sa place. On
pourrait même se demander par quelle alchimie avait-il pu rendre ses précédentes
décisions) ?
L’article 9 d) du règlement disciplinaire des établissements d’enseignement
supérieur prévoit que tout étudiant se livrant à des activités donnant lieu à une
division fondée sur la langue, la race, la religion ou la dénomination doit être exclu
de son établissement pendant un ou deux semestres.
(Une telle disposition du règlement intérieur vise normalement à assurer une
sorte d’unité nationale au sein de l’établissement).
Les requérants se plaignent d’avoir été sanctionnés disciplinairement pour avoir
adressé aux instances universitaires des pétitions demandant l’instauration de cours
de kurde facultatifs. Ils estiment que ces sanctions ont porté atteinte à leur liberté
de pensée et d’expression et que leurs actions ne pouvaient raisonnablement être
constitutives d’une infraction pénale.
(Ce qui est une réalité. Puisqu’il s’agit d’une sanction illégale des autorités
universitaires, comme nous le voyons par exemple à l’université de Lomé où ça
arrive très fréquemment de voir lors des manifestations estudiantines des étudiants
brimés, brutalisés et interpelés par les forces de l’ordre et certains d’entre eux exclus
illégalement).
Ils voient en outre dans le rejet par le juge national de leurs demandes de sursis
à l’exécution de ces sanctions un refus de leur droit à l’instruction. Ils invoquent les
articles 7, 9 et 10 de la Convention et l’article 2 du Protocole n° 1 à la Convention.
L’article 2 du Protocole n° 1 prévoit, en sa partie pertinente, que « Nul ne peut se voir
refuser le droit à l’instruction (...)
Invoquant en particulier l’issue positive qu’a connue l’action formée par les
requérants devant le juge administratif, le Gouvernement soutient que leur
exclusion de l’université n’a ni atteint dans sa substance le droit garanti par l’article
2 du Protocole no 1 ni constitué un refus de leur droit à l’instruction.
(Le gouvernement est dans son rôle ici. Mais, de par ses propos, tout porte à
croire qu’il soutient et défend les autorités universitaires dans leur démarche. Ce
qui ne permet pas d’exclure l’hypothèse d’une certaine situation de sa politisation
de l’affaire).

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Les requérants s’en tiennent à leurs griefs. En particulier, ils estiment que les
sanctions disciplinaires dont ils ont fait l’objet au motif qu’ils avaient sollicité
l’instauration d’un cours facultatif de langue kurde – une demande légitime et
démocratique – étaient injustifiées et disproportionnées et qu’elles les ont privés
pendant une année de leur droit à l’instruction. Ils font valoir que, à la date où leurs
sanctions ont été annulées, ils les avaient déjà purgées.
Pour la Cour, l’exclusion des requérants de l’université pendant un semestre
ou deux a constitué une limitation à leur droit à l’instruction, nonobstant le fait
qu’ils ont eu accès à l’université et pu suivre le cursus de leur choix en fonction de
leurs résultats à l’examen d’entrée à l’université (voir, mutatis mutandis, Leyla
Şahin, précité, § 157).
(Décision juste).
Sur la question de la proportionnalité, la Cour constate que les requérants ont
été sanctionnés disciplinairement pour avoir simplement adressé des pétitions
exposant leurs vues sur la nécessité d’un enseignement en kurde et demandant
l’instauration de cours d’apprentissage de cette langue comme module facultatif,
sans avoir pour autant commis le moindre acte répréhensible. A cet égard, elle
relève, au vu du dossier, que les intéressés n’ont pas recouru à la violence ni troublé
ou tenté de troubler l’ordre public au sein de leur établissement.
(Constat exact).
La Cour en conclut que les requérants ont été sanctionnés pour les opinions
exprimées dans leurs pétitions. Pour elle, ni ces opinions ni leurs moyens de
diffusion ne pouvaient s’analyser en une activité susceptible de donner lieu à une
division fondée sur la langue, la race, la religion ou la dénomination au sens de
l’article 9 d) du règlement disciplinaire des établissements d’enseignement
supérieur. A cet égard, la Cour rappelle que la liberté d’expression, telle que
consacrée au paragraphe 1 de l’article 10, constitue l’un des fondements
essentiels de toute société démocratique, l’une des conditions primordiales de
son progrès et de l’épanouissement de chacun. Sous réserve du paragraphe 2 de
cet article, cette liberté vaut non seulement pour les « informations » ou « idées »
accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais
aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent. Ainsi le veulent le
pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture, sans lesquels il n’est pas de «
société démocratique » (voir, parmi de nombreux autres précédents, Oberschlick
c. Autriche (no 1), 23 mai 1991, § 57, série A no 204, et Nilsen et Johnsen c.
Norvège [GC], no 23118/93, § 43, CEDH 1999-VIII).
(Il s’agit là d’un désaveu de la décision de sanction des autorités universitaires
et de celles du juge administratif désavouées par le conseil d’État, donnant donc
raison et victoire aux requérants).
La Cour rappelle que le droit à l’instruction n’exclut pas en principe le recours
à des mesures disciplinaires, y compris l’exclusion temporaire ou définitive
d’élèves d’un établissement d’enseignement, en vue d’assurer l’observation de ses
règles internes (voir Yanasık c. Turquie, no 14524/89, décision de la Commission
du 6 janvier 1993, DR 74, p. 14, et Sulak c. Turquie, no 24515/94, décision
de la Commission du 17 janvier 1996, DR 84-A, p. 98).
(Ce qui met la lumière sur l’inopportunité de la sanction des autorités
administratives universitaires faisant grief).
Toutefois, pareilles règles ne doivent jamais atteindre la substance dudit droit
ou d’autres droits consacrés par la Convention et ses Protocoles ni se heurter à
eux (Campbell et Cosans c. Royaume-Uni, 25 février 1982, § 41, série A no

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48). En l’espèce, les requérants ont été exclus de l’université pendant un
semestre ou deux parce qu’ils avaient exercé leur liberté d’expression.
Au vu des circonstances particulières de la cause et pour les motifs
susmentionnés, la Cour considère que l’imposition des sanctions en question
ne pouvait passer pour raisonnable ou proportionnée. Ces sanctions ont été certes
ultérieurement annulées par les tribunaux administratifs pour illégalité, mais les
requérants avaient alors malheureusement déjà raté un ou deux semestres de leur
cursus, ce qui fait que l’issue des procédures judiciaires n’a pas permis de
redresser les griefs que les intéressés en avaient tirés.
(Le juge international, après avoir démontré l’inopportunité de la sanction
disciplinaire faisant grief, met en exergue son caractère disproportionnel).
Il y a donc eu violation de l’article 2 du Protocole n° 1 à la Convention.
(Ce qui se passe de tout commentaire).
Les requérants réclament 5 000 euros (EUR) chacun pour dommage matériel.
Cette somme représenterait leurs frais de subsistance occasionnés par le
prolongement de leurs études supérieures. Ils demandent en outre 10 000 EUR
chacun pour dommage moral.
Le Gouvernement conteste ces montants.
(Ce qui est tout à fait logique).
Ne voyant aucun lien de causalité entre la violation constatée – le refus de
leur droit à l’instruction – et le dommage matériel allégué, la Cour rejette cette
demande (voir, par exemple, Mürsel Eren, précité, § 56).
(Ce qui montre l’impartialité du juge international).
Cependant, la Cour constate que les faits dénoncés par les intéressés ont dû être
source pour eux d’un certain sentiment de frustration et d’angoisse. Elle estime
donc qu’une indemnisation s’impose. Statuant en équité, elle accorde à chaque
requérant la somme de 1 500 EUR.
(Le juge international affirme davantage ici son impartialité ainsi que sa
neutralité).
Les requérants réclament également 2 000 EUR pour leurs frais et dépens
devant le juge interne et devant la Cour. Ils demandent par ailleurs 75 000 EUR
pour les honoraires de leurs avocats. A l’appui de cette demande, ils ont
produit le barème des honoraires recommandés en 2007 par le barreau d’Izmir.
Ils n’ont cependant fourni aucune facture ni aucun autre justificatif pertinent.
Le Gouvernement conteste ces montants.
(Ce qui est fort et juste).
Faute pour les requérants d’avoir étayé leurs demandes à l’aide de justificatifs,
comme l’exige l’article 60 du règlement, la Cour ne leur accorde aucune
somme sous ce chef.
(Le juge international a dit le droit).

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